Picardie Nature 43
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P NA 7 U R E NO A3
. Janvier, Février, Mars 1989
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' |SSN0182 4201 COMMISSION PAHITAIRE N° 63860 9I 0  


			
 
IMUNIQUE .... COMMUNIQUE .... COMMUNIQUE .... COMMUNIQUE .... COMMUN
Si la menace des chasseurs de présenter une liste politique aux prochaines
élections européennes n'émeut pas du tout les protecteurs de la Nature, ces derniers
dénoncent par contre l'intitulé envisagé pour celte liste: "Chasse-Nature—Environne-
ment".
Avec une telle appellation racoleuse et usurpatrice, les chasseurs espèrent proba-
blement tromper le grand public et masquent des pratiques qui sont justement trop
souvent irrespectueuses de la Nature et de l'Environnement.
Par ailleurs, certains dirigeants des chasseurs picards déclarent publiquement
(Courrier Picard du I5/03/89) craindre "des opérations sauvages si une suite favorable
n'est pas donnée ai la manifestation du l8 février dernier". Ce faisant, ces dirigeants
cautionnent et encouragent de telles opérations a l'encontre de la société. De tels
appels déguisés a la violence ont déja, ces dernieres années, dans d'autres régions de
France, incité des extrémistes C1 passer a |’acte: attentats, coups et blessures, incendies
criminels, agressions diverses.
Ainsi en janvier I988, dans le Sud-ouest les batiments d'accueil de trois réserves
naturelles ont été incendiés. Le garde d'une de ces résen/es a eu son logement détruit
par les flammes, tous ses documents totalisant 20 années d'études ornithologiques sont
partis en fumée.
En janvier dernier, un garde d'une réserve de Gironde était agressé d'un coup de
couteau par un chasseur en infraction.
Le méme mois, dans le Pas de Calais celte fois, l'observatoire dela résen/e naturelle
du Platier d'©ye a été détruit par des explosifs.
Le G.E.P.O.P. condamne cette violence et estime que les dirigeants des chasseurs
ont une grande part de responsabilité dans ces actes.
Le G.E.P.©.P.
I
PICARDIE NATURE N° 43   3

CTIONS .... INFORMATIONS .... INFORMATIONS .... INFORMATIONS .... INFORIV
SANS PLOMB SEULEMENT demier. Elle interdit notamment de rejeter
des matières plastiques, des matériaux
Lc ¤1î¤îS¤¤ <1¤ 1’E¤vîr¤¤¤¤m¤¤t, Wrgînîa d’arrimage de marchandises -bois au autres
B<>¤<>m1<=y· vî~‘=¤t_¤’î¤a¤g9f¤fdë¤S 1¤¤¤fd dê maaaras naaamaa a moins de 40 km des
Ifendree une Steueneewlee qm vend exele côtes, ainsi que des déchets alimentaires non
sivement de l’essence sans plomb. D’apres , , . A
la compagnie pétrolière Comm, qui a Cu broyesa moins de 20 km. Il pourra en couter
droit aux félicitations ministérielles, c’est la Jusque 2000 hvree aux eenunevemme
première du genre en Europe.
Une équipe de spécialistes d’écologie
Pour encourager l’emploi de ce type de marine prévoit de veiller au respect de ces
Carburant le gouvernement nnmnniqne e dispositions en organisant en 1989
eeeere eeeenFue’ een? son demler eudgee 16 l’inspection régulière de 185 plages. Ils y
différentiel fiscal qui le rend sensiblement ,
moins Cher que Pcsscnœ normale ou le collecteront les dechets sur une bande de 5
Super. H a aussi Créé un Service metres de large: Nous les peserons et les
dqnformaüon du public, financé des «·Sc_ classerons, dit l’un d’eux, relèverons les
maîngs sans p10mb" au niveau local, ot codes et les numéros des bouteilles et autres
imposé dans les nouveaux contrats une emballages, et les comparerons avec les in-
clause obligeant les aires de services des formations dg ngijœ baoqoo dg do;méoS_
enterentee à en Vendre- Nous pourrons souvent en déduire le pays
d’origine, le fabricant et même le trans-
A dater du 1er octobre 1990, toutes les
voitures neuves devront pouvoir fonctionner pomme NOUS Uaesewfuons alors œ gue
à Pcsscnœ sans plomb- par rapport au Cakm_ nous saurons au ministere du Transport.
drier de mise en conformité avec la
réglementation communautaire, on ne D68 milliers d€ P0îSS0l1S, dû mammifères
pouvait aller plus vite. et d’oiseaux de mer ont eu à souffrir et à
mourir des déchets déchargés par les ba-
Serviee de Presse de eambesmde de teaux. Certes la nouvelle législation est la
Gm"de`Bremgne' bienvenue pour les défenseurs de
l’environnement, mais ce n’est qu’un pre-
CHASSE AUX MATIERES mier past les matières plastiques, disent—ils,
PLASTIQUES ne représentent que 50% des dechets
SUR LES PLAGES analyses sur les plages, et elles sont suscep-
tibles de flotter sur plus de 40 km.
La nouvelle réglementation sur la
prévention de la pollution de la mer par les Service de Presse de l’Amb0S5`ad€ de
déchets est entrée en vigueur le 31 décembre GP‘¢md€·BV€î08n€·
4   PICARDIE NATURE N° 43

 
IIATIONS .... INFORMATIONS .... INFORMATIONS .... INFORMATIONS .... INFOI
LE RAS·LE·B()L DE LA LPO SEPANSO avaient été incendiés. Les
  réserves naturelles sont ainsi prises en otage
Dans la nuit du 21 au 22 janvier, par les chasseurs locaux exacerbés par les
l’observatoire de la réserve naturelle du appels des responsables nationaux de la
Platier d’Oye située sur la commune de Oye chasse à manifester leur ras-le-bol.
Plage (62) a été détruit par un attentat à La LPO condamne cette violence et
l’explosif. Des inconnus, bien organisés ont tous les chasseurs qui consciemment ou
fait exploser une bouteille de propane à inconsciemment stigmatisent leurs adver-
l’aide de bouteilles incendiaires. Une saires héréditaires:
seconde bouteille de propane a pu être "Les Protecteurs de la Nature". Ne voit—on
désarmorcée à temps par les pompiers. Cet pas fleurir dans chacune de ces manifesta-
acte inqualifiable prive ainsi cette réserve de tions les calembours: "La chasse a l’écolo est
son observatoire qui permettait à tous les ouverte !". Elle estime que les organisateurs
visiteurs de découvrir librement la nature et des manifestations portent aussi une grande
les oiseaux. part de responsabilités dans ces actes.
L’Espace Naturel Régional, gestion- Allain BOUGRAIN—DUBOURG,
naire de la réserve du Platier d’Oye, ne peut _ Président de la LPO.
que s’élever très violemment contre cet acte
révoltant qui fait suite à plusieurs menaces.
CENTRE DE DOCUMENTATION
Le 29 Décembre dernier en effet, ECOJJHILOSGPHIQUE
l’Association des Chasseurs de Gibier d’Eau pour une écologie naturaliste
de la baie de Canche s’adressait à un ministre ët une êC¤ï<>gî€ de la Santé
en ces termes: "Si après Mars, le Maire      
d’Etaples met en pratique ce que Monsieur I  
CHIRAC a signé et fait paraître au J .0.   j
(décret de création de la réserve du Platier    
d’Oye) alors vous pouvez être certain qu’il y I      
aura des nuits chaudes, la moindre brise  
envolera pancartes et observatoires" SIC. . I  
prémonitoilïb mm ? Association loi 1901 dont les buts sont:
• Réunir et diffuser la documentation sur
` les aspects historiques, culturels, Philoso-
A Pautœ bout de la FRANCE- a phiques, littéraires et spirituels de
Bruges (Gironde) le 22 janvier, un garde de 1’éco1ogie et de la protection de la nature.
la SEPANSO, Yvan LE TELLIER étajt • Promouvoir l’éducation pour l’amour et
agressé d’un coup de couteau au moment où Ègznmîssancè de la NatÈmÉ’ le Respect de
. . . . ie, la conscience planetaire.
11 appréhendait un chasseur en infraction CE. D_E_P_ Le Chateau
dans la réserve naturelle. Il y atout juste 1 an, SIGOYER 04200 SISTERON
les bâtiments d’accueil des 3 réserves de la
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NE LIBRE .... TRIBUNE LIBRE .... TRIBUNE LIBRE .... TRIBUNE LIBRE .... TRIBI
LE COURLIS CORLIEU REPASSERA-T—IL ?
Voyant les zones de poses du Courlis corlieu se rétrécir à chaque migration à travers la
plaine maritime picarde, Ph. CARRUETTE, dans le dernier numéro de Picardie-Nature (n° 41),
lance un cri d’alarme: "L'année prochaine, la prairie aura peut-être cédé la place au mai's et, en
juillet-août, le fusil sera au rendez-vous... et le grand voyageur aura oublié de passer".
Il l'oubliera en fait si |’hom me continue son oeuvre de destruction. Heureusement un léger
espoirsemble pointeràl’horizon. C’est ainsi qu'à la demande du G.E.P.©.P. etdetoute la France,
d'autres organismes de l’Aisne, le Conseil d’Etat vient d'an nuler les arrêtés préfectoraux
autorisant la chasse au gibier d’eau pendant les mois de juillet et d'août, qui sont un véritable défi
au maintien et au renouvellement des espèces. Et en octobre 1987, la Ligue de Protection des
Oiseaux, présente au grand rassemblement international de Vaals (Pays-Bas), a pu apprécier
le revirement en ce sens de l’homme vis-à-vis de son environnement.
En Alsace, c’est l’existence même de la chasse qui est en partie contestée: plus de chasse
au renard, qu’on se contente de vacciner dans les fôrets pré-urbaines de Strasbourg (c’était
impensable il y a seulement un an I); chasse au gibier interdite dans les forêts de Neudorf et de
la Robertsau. Ainsi plusieurs milliers d’hectares de terre alsacienne ont été soustraits à la
pression cynégétique par plusieurs municipalités. Ces espaces libérés permettront le maintien
ou le retour d'especes menacées ou disparues. Ce fut notamment le cas du lynx dont Christian
KEMPF, fondateur du groupe "loutre" et du groupe "lynx", importatrois spécimens de Slovaquie,
en 1983, dans les montagnes vosgiennes (CF. Le retour des seigneurs dans nos forêts. .. éd. le
Sang de la Terre, 130 fr.) pour compenser la disparition du renard.
Quant à la mise en culture des espaces de nature, la tendance actuelle est celle d’un
revirement. Moins sensible aux catastrophes écologiques entraînées par un tel défrichement
(raréfaction d’oiseaux nicheurs et régression d'une flore rare), |’agriculteur l’est davantage aux
dépenses nécessaires pour en faire une terre arable, menacée de "rétrécissement" elle aussi,
par le gel de la CEE. Si bien que, en vertu de cette "déprise agricole", des marais aménagés
primitivement en vue de leur exploitation (tel le marais Vernier, situé en Normandie entre Rouen
et le Havre), se trouvent rendus, grâce au WWF (Fonds mondial pour la protection de la nature
et d'autres associations locales), à leurvocation naturelle. Sans attendre de telles "expériences",
il n’est pas étonnant que le GEPOP veuille préserver les marais picards de Moreuil, de Blangy-
Tronville et d’ai||eurs.
Mais, à long terme, on peut redouter des inconvénients bien plus graves qu’un faux profit.
Car, face aux atteintes toujours plus nombreuses de l’industrie, de la circulation automobile, du
tourisme, de la "moto verte", des travaux d’embe|lissement des sites, de l’emploi des
pesticides. . .qui favorisent une croissance exponentielle, c’est la destruction de l’environnement
lui-même qui menace la vie de l'homme.
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LIBRE .... TRIBUNE LIBRE .... TRIBUNE LIBRE .... TRIBUNE LIBRE .... TRIBUN
Aucune croissance ne peut se pousuivre indéfiniment sans faire disparaître les biotopes,
ces fragments de nature, de plus en plus réduits, qui restaurent les énergies. Notre génération
a rendu malades les lacs, les forêts, l’air... d’une façon inquiétante que la couche d’ozone, qui
protège des rayons ultra-violets, est déjà bien entamée...
On médite sur les conséquences à long terme de l’expansion économique. De ce manque
d’équilibre naturel on finit par prendre conscience, mais il manque le levier psychologique
capable d’entraîner la conviction. Heureusement, pour celui qui sait vivre à son contact, la nature
possède un "surplus de sens" qui parachève le questionnement scientifique. Elle lui présente un
ordre secret, articulé, infiniment varié, qui donne ce que certains appellent après Henri
POURRAT, l’essayiste auvergnat, "le sens de la nature". "Comme nous faisons toujours partie
dela nature, dit·i|, que nous le voulions ou non, il me semble qu’il est urgentde consexverce sens
vivant de la sève. C’est une façon de prendre les choses accordées aux herbes, aux arbres, à
toute la vie de la création". Elle confèrera peut-être à |'homme moins de pouvoirs, mais elle lui
donnera plus d"’être" dans une nature vivante où le corlieu, ce gitan de nos plaines humides,
comme dit Ph. CARRUETTE, aura plaisir à revenir à la belle saison.
Julien CREPIN
(Professeur de ph] losophie)
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PICARDIE NATURE Na 43   7

PICARDIE .... EN PICARDIE .... EN PICARDIE .... EN PICARDIE .... EN PICARDII
Je vous livre une anecdote qu'il m’a été demandé de vous conter, il paraît qu’elIe en vaut
la peine, ce qui prouve que je nage avec béatitude dans une ignorance sereine car je n’avais
trouvé là rien que de naturel.
En Août dernier, il m’est demandé de prendre en charge cinq jeunes Chouettes effraies.
Elles ne devaient avoir que quelques jours. Les parents avaient fait leur nid près d'une salle de
séjour sans se soucier de I’odeur très désagréable qu’iIs infligeaient aux propriétaires des lieux.
Ceux-ci firent rapidement un choix: ou la rue ou |’adoption, je préférais la seconde solution.
La ferme où les Effraies avaient vu le jour se trouve à dix kilomètres de chez moi. Dix
kilomètres en voiture ce n’est pas bien long. Ce n’était certainement pas I’avis du labrador, mon
compagnon de toujours: interminable.
Un maroilles bien fait mélangé à une boulette d’Avesnes le tout mis sous cloche en plein
soleil n’eut été qu’un aperçu bien faible des puissantes effluves qui se dégageaient par une
minuscule fissure du coffre de la voiture. La première portière entr'ouverte, le labrador reprit
connaissance, s’ébroua, renifla au grand air et se dit mais un peu tard qu’on ne |’y reprendrait
plus.
_ Il faisait presque noir, je parais au plus pressé: les cinq chouettes en
duvet dans une volière à l’abri des chats, un peu de viande et demain
Q   H on avisera.
\ U, Le lendemain, autour de la volière, deux souris à moitié éventrées. Je
A   n’osais trop croire que les parents avaient retrouvé leu rs enfants ou que
\\ ` (C 5 hf des parents adoptifs souhaitaient les nourrir et pourtant c'était bien ce
f   I qui se passait.
[ _ 47 Le nourrissage artificiel s'arrêta la et chaquejour, danslavolière ouverte
j   je trouvais les restes de rongeurs, sans compter quantité de pelotes de
  / j.` `_ rejection.
[  fi   2 ,; wi ·_ O Plusieurs mois après, tout ce petit monde est encore là, re
9.," ““1    venant chaque soir se manifester près de l’endroit où il a été
/         . Q nourri.
_ ,•/É:     fi ,,
' ···‘ ~ ’ Michel DUMOULIN
-—·<aî" / ' Neuville sur Ailette
  »’ n I 'II ·
  Q huau   (e vi age aux oiseaux)
' =j,'ÈÈ*'1
8   PICARDIE NATURE N° 43

 
°ICARDIE .... EN PICARDIE .... EN PICARDIE .... EN PICARDIE .... EN PICARDII
 
’ I
IMPLANTATION D UNE DECHETTERIE A NOYON.
I
D UNE ASSOCIATION DE DEFENSE.
Dans le précédent Picardie-Nature nous vous informions du recours déposé devant le
Tribunal Administratif d’AMlENS par une association de protection de Venvironnemént contre
l’implantation d’uné déchetterie à NOYON. L'association ne conteste pas l’utilité d’uné telle
installation (tri sélectif des déchets ménagers), mais son implantation en bordure d’un lotisse-
mént.
Vous trouverez ci-après une partie du jugement donnant raison provisoirement (ét
probablement définitivement) aux défenseurs du sité menacé.
Vu les autres pièces produites et jointes au dossier ;
Vu le code des tribunaux administratifs ;
Vu les avis d'audience notifiés conformément à l'article R. i62
du code des tribunaux administratifs, à Me LEPAGt—JESSUA, avocat à Paris,
représentant l'Association pour la Sauvegarde de l‘Environnement et du Cadre
de Vie du Noyonnais, MM. LEBAS, MAUDUIi et DANNE, à la Commune de NOYON et à
la Société GURDEBEKE ;
Après avoir entendu, à l'audience publique du 1b décembre 1988,
le rapport de M. ROUSTAN, Président, les observations de Me LEPAGE-JESSUA,
de Me VAN DEN HERRENEGHE, avocat à Amiens, représentant la Ville de NOYON et
de Me DOYEN, avocat à Amiens, représentant la Société GURDLBEKE et les con-
clusions de M. BILLAUD, Commissaire du Gouvernement ;
Considérant que le préjudice dont se prévalent les requérants, et
qui résulterait pour eux de l'exécution de l'arrêté en date du 24 juin 1988
par lequel le Maire de NOYON a accordé un permis de construire à la S.A.
GURDEBEKE, présente un caractère de nature à justifier le sursis à exécution
de cette décision ; que l'un au moins des moyens invoqués par les requérants
à |'appui du recours pour excès de pouvoir dirigé contre ladite décision
paraît de nature, en l'ètpt du dossier soumis au tribunal, à justifier son
annulation ; qu'il y a lieu, dans les circonstances de l’affaire, d’ordonner
le sursis à exécution de cet arrêté ;
` D E C I D E
— ARTICLE ler : Jusqu'à ce qu'il ait été statué sur la requête de n I
l'Association pour la Sauvegarde de l'Environnement et du Cadre de Vie du
Noyonnais, de MM. LEBAS André, MAUDUIT Bernard et DANNE Jacques, tendant à
l'annulation de l’arrêtê susvisé, en date du 24 juin 1388, il sera sursis à
l'exécuti0n de cet arrêté.
PICARDIE NATURE N° 43   9

DE L'ASS©CIATl©N .... LA VIE DE L'ASSOClATl©N .... LA VIE DE L'ASS©C|ATI©N.
Depuis quelques années, lors de certaines des sorties que nous organisons, des patients
de |’hôpital psychiatrique de Clermont de |'©ise nous accompagnent. Nous publions ci-après la
lettre que vient de nous envoyer le docteur Jean LEPRINCE psychiatre au centre hospitalier
spécialisé de Clermont.
Cher Monsieur,
` Au début de l'année 1989, je suis heureux de
vous dire que vos activités, en particulier celles que vous _
avez pu proposer à nos patients en 19B7 et 19BB, me semblent
dignes du plus grand intérêt et méritent tout le soutien que
l'on peut souhaiter.
_ En effet, indépendamment de votre action en
faveur de notre environnement et de la faune de nos côtes,
dont tout un chacun peut apprécier la valeur, je suis parti-
culièrement sensible à l'impact des activités·que vous propo-
sez à nos patients de l'hûpital psychiatrique. Cette oum ture
vers l'extérieur, cet art de regarder, cette nécessité de
s'ouvrir aux aléas d'un monde parfois hostile, soit par le
jeu des simples forces naturelles, soit par l'introduction
de forces industrielles mal contrôlées, les réactions de sur-
vie de la faune et de la flore au mileu de ces lieux ne
peuvent être que très hautement instructif et éducatif pour
nos participants, eu égard en particulier à la symptomatolo-
gie qu'ils présentent. Je n‘aurai garde d'oublier que le
contact avec la nature et l'effort physique que de telles
observations impliquent permettent au corps de participer
également à cet effort de compréhension de notre enviroîtnent.
Je vous remercie de ce que vous faîtes pour
la sauvegarde de la nature.
Je vous remercie de bien vouloir associer nos
patients è vos efforts.
J'espêre que vous accepterez dans les années
à venir, à nouveau, notre participation.
- 4 Bien cordialement à vous,
Docteur Jean LEPRINÉE
I
BILAN DE L ASSEMBLEE GENERALE
le 19 février dernier s'est tenue l’A.G. annuelle du G.E.P.O.P. .
Vous étiez nombreux (plus de 100 adhérents) ce jour là à vous être deplaces pour montrer aux
personnalités présentes le dynamisme de notre association. Le compte rendu de cette journee
sera publié dans le prochain PICARDIE NATURE. I
[Q   PICARDIE NATURE N° 43

 
ER .... AU CALENDRIER .... AU CALENDRIER .... AU CALENDRIER .... AU CALI
 
  I
 :Le GEPOP tiendra un stand à Espace 1901, parc des expositions à AMIENS.
  :Clrcu|t des larrls organisé par la Société Linnéenne.Sortie botanique essentiel-
lement.
Rendez-vousà 10h00 surle coteau de BOUCHON (route de VILLERS/A ILL IO. De
12h15 à 14h00, nous visiterons le larris de GRA 77'EPANCHE (entre ESTREES/
NOYE et GRA 7TEPANCHE). Nous terminerons par le larris de ST-AUB/N-
MONTENOK
- Repas tiré du sac.
Dlmanehe QQ Avril: Sortie ornithologique en forêt d’HlRSON, à la recherche du Cincle plongeur.
Nombreux rapaces à observer.
Rendez-vous à 10h00 à I’étang du Pas Bayard (forêt d'HlRSON - Voir plan).
Durée la journée, repas tiré du sac.
Dlmenehe 7 Mel: Sortie ornithologique en fin de journée à I’écoute des oiseaux chanteurs (Caille,
Perdrix, Gîdicnème), et à la recherche des Busards cendrés.VlGNACOUFlT
Rendez-vous à 19h30 à I ’égllse de Vlgnacourt.
geggl 11 Mel: Même type de sortie.AlFlAlNES
Rendez-vous à 19h30 à I’égIlse de LE MESGE (Près d$4iraines).
Dlmenehe 21 Mel: Sortie en Bale de Somme et visite de la réserve maritime. Nombreux oiseaux à
observer.
Rendez-vous à 8h30 Place du Clrque à AMIENS ou à 9h30 à la gare de
NO YELLES/MER.
Durée la journée, repas tiré du sac.
Dlmenehe g§ Mel: Sortie dans les marals de BOVES (près d’AMlENS) au lever du jour. Observation
de Blongios et d'autres espèces d‘oiseaux d’eau.
Rendez-vous à 6h00 à I 'égllse de BOVES.
 :Sortie ornithologique en Vallée de la Souche (AISNE).
Observation de Pie—grièche, Courlis et de plusieurs espèces de Rapaces.
Rendez-vous à 10h00 à I’égIIse de MARCHAIS (Est deLAON).
Durée la journée, repas tiré du sac.
 : Sortie en fin de journée à la recherche des Busards. Vallée de Evolssons.
Rendez-vous à 19h30 à I’égIIse de Frémontlers.
Dlmenehe 1§ ,jgIn:Sortie en Vallée de la BRESLE à la découverte des saumons et des truites de
mer. Visite de la station salmonicole d’EU guidée par Mr EUZENAT du Conseil
Supérieur de la Pêche.
Rendez-vous à la station salmonlcole à 10h00.
Durée la journée, repas tiré du sac.
PICARDIE NATURE No 43   7 7

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Sortie du 30 Avril Sortie du 11 Juin
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I2   p]CARD]E NAIURE ]\]° 43

JOURNEES EUROPEENNES DE L’OISEAU
BIRDWATCH
EUROPE ’89 3 ET 4 IUIN
JOURNEE MONDIALE DE L'ENVIRONNEMENT
Les Nations Unies ont choisi la date du 5 juin 1989 pour célébrer dans tous
les pays la journée mondiale de l 'Environnement. En France, deux journées
sont en fait prévues, il s’agit du 4 et 5 juin 1989. Le 4 est consacré
aux associations et le 5, aux professionnels des domaines de la formation et de
l’animation. Des manüestations seront organisées à cette occasion, elles seront
chapotées régionalement par un comité de pilotage.
Le G.E.RO.P s'est naturellemnt associé à cette heureuse initiative et se propose
de participer aux Journées Européennes de l ’Oiseau qui sont organisées
à cette occasion.
Notre association est membre du comité de pilotage. ·
Ces journées orgonlsées dons toute |'Europe,
ont pour objectif d'occueiIIIr le grdnd public
sur des sites ornithologiques et de lui montrer
les oiseoux qui y sont présents. En Frqnce, ....   ——~~ ~ '?1*""""î
c'est lo Ligue Frdnçolse pour lo Protection    
des Oiseoux (L.P.©) qui coordonne I'opérqtion. Ã  
En Picordle, le G.E.P.©.P s'est ossocié ou   ‘É\
  l
Groupe d'Etude Ornitnologique de I'©lse "îs; F
(GEOR 60) dfin d'offrir un nombre de points
sotisfoisonts et une couverture Io plus
étendue possible  
P1cAR¤u.= NATUREN’ 43   73

JOURNEES EUROPEENNES DE L’OISEAU
BIRDWATCH
EUROPE ’89 3 ET 4 JUIN
Ainsi, 13 points d’accueiI ont pu être organisés :
AllSlNl E
Plan d’eau de I’AiIette, rendez-vous le 4, a la mairie de Neuvil|e—sur—Aileite a 9 h 00
OHSE
* Etang de Commelles (Forêt de Chantilly) , rendez—vous le 3 ai 14h00 et le 4 a partir
de 10 h 00 entre le 3è" et le 4è'“° étang.
* Forêt de Neuville en Hez , rendez—vous le 3 au carrefour du Magasin a 14 h 00 et le 4
a 14 h 00 a la Maison forestière de Froidmont. _
* Etang de Wallu, rendez—vous le 3 a 14 h 00 et le 4 a 10 h 00 sur le site accés parla
RN2 a la hauteur du village (GR 11)
* Forêt de Thelle, rendez—vous le 3 a 14 h 00 et le 4 a 10 h 00 a la Maison Forestière
des Domaines, sur la D22, premier chemin a droite en venant du Nord
SO Ml M E
Cimetière de La Madeleine (Amiens), rendez-vous le 4 a 9 h 30 a |'entrée du cimetière
Vallée des Evoissons, rendez—vous ai 9 h 30 le 4, a la pisciculture de Famechon
Etang Saint-Margnent (Gamaches), rendez-vous le 4 a 9 h 30 sur le site
Marais de Boves, rendez—vous le 4 a 8 h 30 en face de l'ég|ise de Boves
Baie de Somme, rendez—vous le 4 a 9 h 30 a l'extrémité de l'esplanade Nord du Crotoy
" Marais du Hâble d'AuIt, rendez-vous le 3 et le 4 de 9 h 00 a 18 h 00 en face de la
réserve
Haute Vallée dela Somme, rendez—vous le 3 et 4 ai 10 h 00, 14 h 00 et 17 h 00, Ecole
du Sacrée Coeur ou a 9 h Salle des Fètes de Ham
Pour de plus amples informations nous écrire ou lire la presse locale qui en fera écho.
L. GAVORY
' en ces points deux types d'activité vous seront proposés: une sortie guidée aux horaires indiqués et
la présence d'un animateur tout au long de la journée.
74   Prc:Ak0us NATURE iv- 43

A   , ,_,· rh. _· 'rrq·`Ã. ?,;},; "/
·   .· PW f";=Q5'·-·  v 1' ‘j‘QlI:'•'É" 
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7 Wim w`   " X? 1
Vie ei mœurs au Pnoque Veau marin
Siaiui aoruel au Phoque Veau Marin en Baie ae Somme
Impressions ci'un sejour
C1 la ZEEHONDERN CRECHE ae PIETERBUREN I
(Ia clinique aes phoques aux Pays Bas)
PICARDIE NATURE N° 43   75

LA BAIE DES PHOQUES
par Philippe CAFiUE`l`|'E
A marée basse, la Baie de Somme est grandiose, offrant ses 8000 hectares a l’horizon.
Le soleil et le ciel clair accentuent la forme étrange des ripplemarks sur le sable, ces curieuses
frises naturelles, oeuvres dela mer. Certaines ondulations portent la décoration blanche du gel.
Des chenaux au profil changeant nous rappellent que la terre, sur ce lieu, est toujours
quotidiennement en partage égal avec la mer.
Au loin sur une pointe de sable cernée par |’eau des formes allongées ne troublent guère
ce paysage lunaire.
lls sont là! 6, 8_peut-être 9 phoques veaux-marins se reposent sur leur banc de sable
habituel. D’ordinaire, notre imagination les entraîne en arctique sur les icebergs mais pas sur la
côte picarde et pourtant ils sont la depuis toujours...
Grâce aux télescopes nous pouvons les observer de loin sans les déranger. Allongés sur
le sable, tantôt sur le ventre ou sur le flanc, ils savourent les rayons du soleil.
Avec nonchalance un phoque au pelage très clair se gratte délicatement le ventre avec
sa patte avant, véritable nageoire munie de griffes, dans une posture débonnaire.
D’autres roulent sur eux-mêmes comme des cylindres histoire de changer le côté à
chauffer. Chaque animal a un pelage différent, certains pouvant être reconnus facilement grâce
à des signes particuliers (tête sombre, taches sur le corps. . .) qufil faut cependant différencier des
variations de couleur lorsque le pelage est mouillé.
Un phoque quitte le reposoir et descend à l'eau. Nous sommes étonnés parla vitesse de
son déplacement, donnant l’impression d’une grosse chenille arpenteuse. Surpris, les autres
lèvent latéte puis se reposent calmement. Fausse alerte ..., mais la mer descend de plus en plus,
sa surface ondule, des vaguelettes apparaissent, le sable se dégage et le chenal se vide. Privés
de ce fossé sécurisant, les phoques n’attendront pas |’assèchement du chenal, ils quitteront leur
reposoir alors que le niveau d'eau est encore suffisant pour les conduire sur un nouveau banc
de sable qui, lui, restera entouré d'eau jusqu'à la prochaine marée.
Les phoques connaissent bien leur estuaire. L’été dernier, un phoque gris est venu se
joindre aux veaux-marins.
Plus gros, d'aspect différent (surtout la tête), il se tenait à |’écart du groupe. Lorsque le
niveau du chenal a baissé les veaux-marins, comme à leur habitude, ont quitté les lieux. Le
phoque gris est descendu tranquillement au bord du banc de sable. .. Et y est resté ! Coincé par
un niveau d'eau bien trop bas, il n’avait plus qu’à attendre |’arrivée de la prochaine marée.
S’avancer dans |’estuaire pourtenter d’observer les phoques est très dangereux, la baie
est en perpétuel mouvement ; le chenal repéré il y a quelques semaines peut s’étre déplacé plus
loin. Les baches sont parfois profondes et la mer remonte très vite ; s’aventurer sans être
accompagné par une personne habituée à fréquenter |’estuaire c’est prendre de très gros
risques.
Le moment le plus favorable pour les observer reste la marée montante qui progressive-
ment entoure puis recouvre le reposoir des phoques. Ceux-ci se laissent peu à peu submerger.
16   PICARDIE NATURE/\l° 43

L’arrivée du flot provoque une grande excitation chez ces mammifères marins qui se
tiennent déjà moins groupés ; certains courent sur le sable, d’autres relèvent Iatête et le bassin,
se tenant étirés en "croissant de lune".
A marée haute, les phoques pêchent très probablement isolément en eaux peu
profondes. On peut les observer depuis LE HOUHDEL capturant des poissons |orsqu’à marée
descendante ils se laissent porter parle courant dans le chenal. La tête hors de l’eau, on les voit
alors déguster des petits poissons plats.
Le phoque veau-marin peut rester dix minutes sous |’eau à la recherche de ses proies.
Les phoques sont men/eilleusement adaptés à la plongée, outre la forme hydrody-
namique d'un corps propulsé par de puissantes nageoires, leur système cardiocirculatoire
fonctionne de façon à réduire la consommation d’oxygène; ainsi le coeur qui bat à l’air libre à 70
pulsations/minute peut descendre à 10 pulsations sous |’eau.
Une épaisse couche de graisse les protège également du froid.
La nourriture est surtout constituée de poissons; des céphalopodes, des crustacés
complètent leur régime alimentaire.
Les jeunes, les premiers mois, s’en prennent plutôt aux crevettes et aux crabes. Un
phoque a été observé en train de se nourrir d'un cadavre de goéland, ce comportement est
exceptionnel d’après Mr VEDDER vétérinaire à la clinique de PIETERBUREN qui précise que
des phoques dans |’eau capturent des oiseaux marins posés ou en vol mais à priori cela semble
plus être un jeu qu’un véritable acte de prédation.
La période de reproduction se situe début septembre après la mue. A la différence des
phoques gris, chez les veaux-marins l’accoup|ement se fait dans l’eau. Comme chez certaines
espèces terrestres l’implantation de l’oeuf dans l’utérus est retardée et ne s’effectue que deux
à trois mois après la copulation.
La gestation réelle dure environ sept mois. Les jeunes naissent donc vers la fin du
printemps et en été (de mai àjuillet) à une période très favorable : abondance de nourriture et
eau à température clémente. La mise bas se fait à marée basse sur un banc de sable. Lorsque
la marée monte il n’y a pas d’inquiètude à avoir pour le petit veau marin déjà bien dégourdi, il nage
d’emblée au côté de sa mère qui, en plongée, le soutient avec ses pattes antérieures.Le jeune
veau-marin ne naît pas avec une fourrure blanche comme son cousin le phoque gris, il mue avant
la naissance etvient au monde avec une fourrure grise unie et luisante parfaitement imperméable
en laissant les résidus de la toison blanche dans l’amnios.
Au 19e siècle LABITTE a découvert cette "peau" flétrie sur les banc de sable de la Baie
prouvant cet aspect particulier de la reproduction ignoré des grands scientifiques de l’époque.
Aujourd’hui la reproduction n’a pas encore été prouvée avec certitude sur notre littoral même si
en 1988 un individu fut observé à |’écart du groupe avec un jeune nettement plus petit. De jeunes
individus peuvent en effet venir d’Angleterre notamment de la Baie de Wash dans le Worfolk.
C’est certainement le cas des jeunes animaux échoués sur les côtes du Pas de Calais.
Les phoques peuvent aussi étre observés d'un bateau.
Curieux, ils se dressent, la tête et le cou hors de l’eau, bien sortis comme un périscope, avec l’air
de se demander ce que peut bien leur vouloir cet intrus.
En Angleterre, de grosses barques chargées de touristes approchent à des distances non
perturbatrices les groupes de phoques. Les animaux sont en confiance et on se demande parfois
PICARDIE rvAru/2E rv~ 43   7 7

qui observe qui ! Curieux regard intelligent et malicieux que celui des phoques avec Ieurgros yeux Z
noirde jais, attendrissants et toujours voilés. Chose curieuse, tous les phoques pleurent, non pas
de chagrin, mais pour éliminer |’accumu|ation de sel dans les yeux (le canal qui relie les yeux aux
fosses nasales est absent chez ces animaux).
En cette fin de 20e siècle la seule colonie française stable de phoques veaux-marins est
située en Baie de Somme.
Des individus isolés ou de petits groupes instables se rencontrent le long des côtes normandes
(Baie des Veys) et du Nord-Pas-de-Calais. En Europe le bastion de l'espèce est en Angleterre
(20000 individus dont 6 à 7000 en Baie de Wash) ainsi qu’en Islande (12000 à 28000).Aux Pays-
Bas, les effectifs de la mer des Wadden restent faibles, bien qu’ayant remonté, du fait de la
pollution dans cette région (3 à4000 pour les côtes hollandaises, danoises et allemandes).
Mais cela, c'était avant |’épizootie d’origine virale et ses terribles ravages qui continuent
même si les médias n’en parlent plus.
Les foyers sains restent le réservoir islandais et   pour |'instant la petite colonie picarde.
Mais revenons en Baie de Somme. Alors que la mer redescend, les phoques remontent
un à un sur le reposoir de sable prenant appui sur la berge avec leurs pattes antérieures.
lls doivent arriver à l’heurejuste car le niveau d’eau descend rapidement et bientôt la berge
sera trop abrupte pour poouvoir remonter. Là encore ils hésitent, mais cette fois à quitter l’eau,
jouant dans les flaques comme dans une piscine, claquant violemment la queue sur l'eau.
Souvent, ils partagent le reposoir avec des Goélands argentés, bruns ou marins.
La Baie de Somme et la Picardie ont toujours possédé des richesses naturelles d'intérêt
national. N’oublions pas que ce sont les Picards qui y ont porté atteinte en massacrant bien des
animaux. Aujourd’hui c’est le grand retour, les phoques ont semble-t-il oublié et les hommes sont
devenus plus raisonnables et respectueux. A l'heure où l’on parle d’identité régionale, d’image
à redonner (je dirai plutôt à donner) à notre région, les mesures de protection et de connaissance
de notre patrimoine naturel, véritable vitrine régionale doivent être développées.
Si nous commençons maintenant, bien des pays et des générations envieront cette
richesse que nous avons su garder.
Pari d’avenir, pari d’êtres responsables !
Alors que le soleil se couche sur l’immensité marine, prodigieux paysage de feu et de
brumes voilées, les phoques vivent dans la baie, au rythme des marées, au rythme du temps qui
passe et qui les voit revenir.
18   PICARDIE NATURE N° 43

OPULATION DE PHOQUES
par Laurent GAVORY
et Olivier HERNANDEZ
L’utilisation de l’estuaire dela Somme par les Phoques veaux-marins n’a été appréhendée
de façon sérieuse qu’à partir de 1988.
Dans le cadre de cette étude différentes méthodes ont été employées.
La plus utilisée fut |’observation à partir d’un point fixe à l’aide de moyens optiques
conventionnels (jumelles — longues-vues). Lesquels présentent cependant |’inconvénient
d’engendrer une fatigue des yeux lors d’uti|isations prolongées.
Des suivis concertés ont également été réalisés. Ils consistent en une observation
simultanée en différents points, une liaison entre les observateurs étant généralement assurée
grâce à des postes radio (C.B.).
Enfin des observations ont été faites à partir d’un Zodiac en liaison permanente avec des
collaborateurs terrestres. Ce mode d’investigation s’est avéré particulièrement intéressant car
il permet une meilleure approche des Phoques et de leur environnement. Toutes les précautions
devant bien sûr être prises pour ne pas perturber les animaux.
Ces deux dernières méthodes sont très performantes et, bien qu’el|es nécessitent de gros
moyens matériels et une organisation relativement lourde, il est nécessaire d’y recourir pour
améliorer notre connaissance des Phoques de la Baie de Somme.
Toutes les observations effectuées font l’objet d’un report cartographique, puis sont
centralisées et analysées.
Les résultats obtenus sont envisagés de manière très succinte ci-après.
Utilisation de I’estuaire par les Phoques
La vie des Phoques fréquentant la Baie de Somme est réglée par le rythme des marées.
Globalement, les Phoques se dispersent et s’alimentent à marée haute tandis qu'ils se
rassemblent et se reposent à marée basse.
Marée montante et marée haute
Les animaux quittent leurs lieux de repos et profitent du flot pour gagner les secteurs de
pêche. On assiste alors à une dispersion des Phoques, |’élévation du niveau de l'eau rendant de
nombreuses zones accessibles.
Certains lieux de pêche régulièrementfréquentés ont été repérés : il s’agit souventde zones
peu profondes situées en fond de baie. Cependant ces endroits ne semblent pas accueillir la
totalité des effectifs et des indices laissent à penser qu’une partie de la population s’alimente en
dehors de |’estuaire, en milieu marin. Ce point est à approfondir. Il serait également interessant
de déterminer si les Phoques sont individuellement fidèles à leurs lieux de pêche. Seul un
marquage spécifique des animaux permettrait de répondre à cette interrogation.
Pendant toute cette phase, c’est à dire tant que l’estuaire est immergé les Phoques restent
dans |'eau et il est exceptionnel d’en observer posés, sur le sable.
PICARDIE NATURE N° 43   79

Marée descendante et marée basse
La phase d’alimentation se poursuit, et peut-être même s’intensifie, à marée descendante
tandis que les Phoques, se laissant dériver avec le reflux, semblent profiter des mouvements de
poissons engendrés par celui-ci.
Progressivement les animaux regagnent les bancs de sable plus au large. Là encore tous
les individus n’empruntent par les mêmes voies certains faisant une première halte sur un banc
appelé "reposoir intermédiaire", d’autres regagnant directement un autre banc, plus maritime
encore, que l’on désigne sous le nom de "reposoir de marée basse".
Ces bancs de sable fréquentés lors de phases de repos présentent deux caractéristiques
fondamentales qui assurent aux Phoques une fuite et une mise à l’eau rapide en cas de danger:
un relief accentué du banc (pente forte) et la proximité de zones en eau, suffisamment profondes.
Outre ces deux reposoirs quelques sites hébergent occasionnellement des Phoques mais
à marée basse la majorité des individus est généralement rassemblée au "reposoir de marée
basse"( Ft.M.B.).
Le suivi de ce site permet donc d’estimer les fluctuations d’effectifs de la colonie de Phoques
veaux-marins de la Baie de Somme. La tâche est cependant souvent compliquée en hiver par
les conditions météorologiques qui n’incitent pas les animaux à se prélasser à |’air libre (vent
froid, faible ensoleillement) sur le sable, ce qui rend moins évidente l’interprétation des données
obtenues pendant cette saison.
Variation des effectifs observés au reposoir de marée basse en 1988
Le H.M.B. accueille le maximum d'individus, cependant, _il est certain que les stationne-
ments qui y sont notés ne correspondent pas à chaque fois à l’effectif total présent en Baie.
En effet, son occupation, bien que régulière subit des variations brusques que l'on ne peut,
semble-t·il, pas imputer à une réelle variation de l’effectif. A l’heure actuelle, il est bien difficile
vu l’état de nos connaissances, d’exp|iquer certaines variations et nous ne pouvons réaliser
qu'une analyse globale.
La population de la Baie de Somme comptait en 1 988 de 10 à 1 2 animaux avec un maximum
en mai-juin atteignant 18 individus et une diminution apparente des effectifs en juillet puis en
automne.
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gg   PICARDIE NATURE N° 43

UN BATEAU POUR LES PHOQUES
OU
E VERT AU PAYS DES HOMMES
par Jean Luc MAURY
Huit heures du matin ce 19 Août, le "HAFtDEFi" appareille pour une mission de routine.
inlassablement, jour après jour, ce petit bateau de la taille des chalutiers de la Baie de Somme
sillonne la mer des WADDEN, au confins des Pays-Bas et de la frontière allemande. Son
équipage se consacre à |’obseIvation et à la surveillance de ces réserves naturelles protégées.
Ils sont deux aujourd’hui, sous le commandement de John DE BOER, responsable de ce
secteur, et qui nous a reçus à bord à la demande de Lenie’t HART, |’amie des Phoques, la bonne
fée de PIETERBUREN. Trois Français à bord du "HAFiDEFi", cela n’arrive pas tous les jours, et
nous sommes flattés d’inscrire nos noms sur le livre de bord.
Le temps est gris, pas vraiment estival, le vent s’est levé, annonciateur d’une pluie dont
tombent déjà les premières gouttes. Il fait meilleur dans la cabine, confortable et bien équipée.
Sur la table, le café fume déjà, alors que le port d’EEMSHAVEN vient à peine de disparaître
derrière nous. Nous sommes seuls en plein estuaire de I'EMS, nous dirigeant vers |'ouest de |'î|ot
de FtO`lTUMEFiOOG, dernier bastion Hollandais face à |’î|e allemande de BORKUM. Seuls en
mer des WADDEN ? Voilà qui n’est guère possible au pays des Oiseaux, Grèbes, Canards et
autres Limicoles dont les nuées innombrables peuplent ce site unique. Ce matin, ce sont les
Eiders qui sont les plus nombreux à saluer notre passage. John DE BOER, lui, entre en contact
radio avec des collègues de la marine ou de la Protection de la Nature, tout en observant les
alentours, sans oublierdetenir la barre ou de siroter son café ! L’ambiance est calme et détendue,
on attend. Pas très longtemps. C’est John qui le premier, malgré ses occupations multiples, les
a vus :"Là-bas, sur le banc de sable. Deux aduItes." Ce sont les premiers de Iajournée, c’est pour
eux que nous sommes là. Deux sentinelles que notre intrusion en territoire "veau marin" ne
semble guère déranger.
Mais voilà que les difficultés commencent, nous sommes près de nous échouer I Nous
venons en effet de quitter le chenal principal, la hauteur d’eau est inférieure à 1 mètre. Dans ce
site qui rappelle un peu la Baie de Somme, mais en beaucoup plus grand, John déploie toutes
ses astuces d’habitué des lieux, Iouvoie, ralentit, pousse les moteurs, fait marche arrière, pour
tenter de rejoindre une petite plate-forme plantée à cent ou deux cents mètres dela berge, et sur
laquelle nous devons déposer le ravitaillement des deux ou trois ornithologues qui assurent la
surveillance de FIOTTUMEFIROG. Quand il a usé toutes ses ruses et qu’iI sait qu’i| n’ira pas plus
loin, car le bateau gratte le fond et piaffe comme un taureau furieux, malgré le guidage de son
équipier qui, à bord du ZODIAC, zigzague (devant le bateau) et tente de trouver l'ouverture,
PICARDIE NATUREAP 43   27

montrant la profondeur d’eau à l’aide d’une longue perche, John décide de stopper les machines.
Son équipier revient au bateau, enfile sa combinaison (on est jamais trop méticuleux aux Pays-
Bas), charge le ravitaillement du poste de FIOTFUMEFIOOG, ainsi qu’une sorte de brancard en
filet de pécheur, et file vers le rivage, à quelques centaines de mètres, où se dessine déjà la
silhouette d’une LAND ROVER qui approche. Ces ornithos Hollandais ne se refusent rien !... Mais
on verra que, malgré l’exigui'té d’un banc de sable de quelques centaines de mètres de largeur,
une voiture peut se révéler indispensable.
Le ZODIAC a accosté. Le jeune second du HAFIDEFI est à terre, rejoint par deux
silhouettes. Après un bref conciliabule, la caisse de ravitaillement est hissée dans le véhicule.
On extrait alors de I'arrière de la LAND ROVER un fardeau pesant, transporté jusqu'à
|’embarcation à l’aide du brancard. Un signe dela main, et chacun reprend le chemin par où il
est venu : les omithologues traversent les dunes pour regagner |'unique maison de l’î|e et le
ZODIAC a remis le cap sur le HARDER, ce grand frère dont il suit habituellement le sillage.
Lorsqu’il arrive à une dizaine de mètres, nous distinguons enfin la masse brune gisant au milieu
du bateau : c’est un Phoque veau marin, dont I’immobilité nous apprend vite qu’il est mort.
L’équipe de ROTTUMEFIOOG l’a trouvé mort, échoué sur le sable, quelque temps plus tôt, et a
prévenu John par radio. Le voici maintenant sur le pont du HARDER, brièvement examiné puis
photographié: John possède ainsi d’innombrables clichés de ses protégés, qu’il nous fera
découvrir dans la cabine. De quoi est-il mort ? aucune trace apparente ne permet de le dire. Seul
le laboratoire de DRACHTEN, vers lequel il va être acheminé, pourra le déterminer.
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22   PICARDIE NATURE N° 43

Tous les cadavres de Veaux marins sont en effet soumis a l’autopsie: ainsi peut-on recenser en
partie les pertes naturelles, les méfaits dela pollution, et, depuis le début de |’année, les ravages
dûs à l’apparition du fameux virus. Les deux membres de I’équipage s’affairent autour du corps,
|’arrosent pour en détacher le sable, le roulent dans une grande toile plastique blanche, comme
on le ferait avec un corps d’accidenté, le calent dans un coin, Iavent le pont a grand renfort d’eau
javellisée, se désinfectent les mains et les pieds avant de regagner la cabine: tout au long de notre
séjour, nous pourrons constater que de strictes mesures d’hygiène sont observées, pour les
animaux comme pour les humains.
Le HARDEFI a levé I’ancre et longe maintenant le flanc sud de I’î|ot. John, qui connait les
habitudes de ses protégés, s’attend a une rencontre imminente. Il n’a pas tort : a quatre cents
mètres devant, un troupeau d’une vingtaine de Phoques veaux marins se distingue déjà à |’oei|
nu. John a empoigné ses jumelles, comme nous. Un peu a |'écart du groupe des formes plus
petites dévoilent la présence de deuxjeunes. Nous réduisons les gaz et approchons a trois cents
mètres environ, puis jetons l’ancre a nouveau. John disparaît dans la cambuse, et reparaît vêtu
d’une combinaison isolante, comme un plongeur sans bouteille. Sans autre forme de procès, il
passe par dessus la rambarde et se jette a |'eau. Son équipier le regarde s’é|oigner sans un mot,
on sent l’équipe bien rodée à cette manoeuvre. Courbe en deux, John longe la grève. Les
Phoques semblent tranquilles. Ont-ils vu le bateau, et l’homme qui en est descendu ? Les deux
cents derniers mètres sont les plus terribles. John s’est totalement immergé maintenant, et
progresse très lenteme nt, levant parfois la tête. Il n’est plus qu’à une vingtaine de mètres lorsque
nous le voyons s’arrêter longuement, puis rebrousser chemin. Revient·i| à bord, satisfait de cette
reconnaissance, ou a-t-il rencontré un problème ? Nous allons vite être fixés. Revenu à une
centaine de mètres du bateau, voilà qu'iI bifurque vers la terre et s’enfonce a l’intérieur de |’îIe.
Il a bientôt disparu derrière des accidents de terrain, comme englouti parle sable. Une longue
attente commence. Que fait-il ? Que s’est-il passé ? Nous pensons que, pour une raison ou une
autre, il a décidé d'aborder les Phoques par la terre, et non parla mer. Mais nous n’en sommes
pas sûrs. Nous sommes rivés à nos jumelles. Et puis tout vatrès vite. Nous n’avons même pas
vu John bondir : déja il lève un bras en direction du bateau, un animal emprisonné dans |’étau
de sesjambes. Dans la seconde même son équipier, avec lequel j’étais en train de parler, asauté
dans le ZODIAC, et filé rejoindre son camarade. De la troupe qui se prélassait un instant plus
tôt sur la berge, il ne reste plus que quelques têtes prudentes et curieuses qui observent |’homme
et sa capture. Tout ce petit monde s’est rué, dandiné, laissé glisser dans |’eau salvatrice, en un
énorme éclaboussement. Seul l’un des deux jeunes que John avait pris pour cible est resté
prisonnier de l’homme, qui n’a pu cependant s’emparer du second. Déjà il est chargé sur le
ZODIAC, dans une petite cage. Le voilà a bord du HARDEFI, un peu désorienté mais calme. Au
premier examen, il ne semble pas en trop mauvaise santé : seules deux petites plaies, d’origine
incertaine, sont visibles aux pattes, causant un risque d’infection, la pollution des eaux de la Mer
du Nord compliquant la cicatrisation.
PICARDIE NATURE NO 43 --———————-————-·-—-————-—-—-—-— 23

C’est pour cela que John a décidé de prendre ce jeune en charge. Je dois avouer que je me suis
_ demandé alors sur quels critères il se base, et quel objectif il recherche, lorsqu’il capture les
animaux: contrôle ? soins et traitement des malades ? protection contre le virus ? ll y a
probablement un ensemble de raisons de cet ordre qui dicte la conduite des Hollandais, mais il
est vrai que voir un jeune animal sauvage retiré de son environnement et séparé de ses
congénères est un acte qui interpelle, même si l’on a conscience que ce rapt est provisoire et qu'il
est accompli dans l’intérêt, ou pour la survie même de l’animal.
Notre jeune visiteur doit avoir faim. On lui propose, on lui impose même au moyen d'un
tuyau souple poussé loin dans sa gorge, un mets de choix, trois petites bouteilles de solution
hydratante et fortifiante, de quoi patienter jusqu’à l’arrivée au Centre de Soins de PIETERBU-
REN, où il vatrouver un nom et de nombreux petits pensionnaires de son espèce. Une fois repu,
EVERT (c’est le nom que lui donnera |’une des infirmière du Centre, le soir même) est admis à
se réchauffer dans la cabine comme un prince. Il ne parait pas trop affolé, nous regardant du coin
de |’oei|. Son poil sèche, les couleurs sont maintenant plus claires, il fait plus penserà une peluche
qu’à un "cousin" des Dauphins. John a décidé de rentrer plus tôt que prévu, car le vent prend de
la force et on craint du mauvais temps. Nous venons de rebrousser chemin lorsque nous
apercevons sur un banc presque submergé une troupe d’une vingtaine de Phoques dont les
derniers essaient encore de s’accrocher au sable en s’arc-boutant sur le fond, dressant tête et
membres postérieurs dans une pose comique. Ces gymnastes ont comme des gestes d'adieu,
peut—être savent-ils qu'un des leurs nous accompagne. Et c'est ainsi que nous prenons congé
ce jour là. A l’arrivée au port, l’un des "break" VOLVO du Centre de PIETERBUREN, joliment
coloré et orné d’une tête de Phoque, se distingue sur le débarcadère: les nouvelles vont vite, John
a déjà alerté le comité d’accueil par radio. Une demi—heure plus tard, EVERT se prêlasse autour
d'un petit bassin, dans le jardin de Lenie’t HART. Un examen a montré qu’il se porte assez bien,
et qu’i| pourra rejoindre son milieu naturel assez rapidement.
Bon séjour et bonne chance, EVERT !
24   PICARDIE NATURE N° 43

I
I
UN HOPITAL POUR LES PHOQUES ‘
par Jean Luc MAURY
Le Centre de Soins de PIETERBUREN se voit de loin ztel un moderne oriflamme, l'hélice î
d’une superbe éolienne guide le visiteur depuis des kilomètres, car nous sommes, ne pas
l’oublier, au coeur du "plat pays". Energie naturelle dans un lieu consacré au service dela nature, I
quelle meilleure enseigne ? Dans le village une simple rue, quelques commerces, rien qui
annonce un rendez-vous déjà célèbre, si ce n’est un poteau indicateur à chaque extrémité de la
voie unique. L'ensemb|e des bâtiments, implanté sur une surface de 1 500 m2 environ, n’a rien
de particulier, vu de l'extérieur. Bâti en 1978, il reprend l’architecture caractéristique des Pays-
Bas, briques brunes et larges baies vitrées. L’atmosphère est chaleureuse, des le hall ·
d’entrée : beaucoup de lumière, naturelle et artificielle, dans ce lieu d’accueil qui a été ajouté j
récemment au corps principal, devant l’afflux des visiteurs. Egayant les murs, à côté de quelques
panneaux présentant le Phoque et les dangers qui le guettent, de nombreux dessins ou textes
d’enfants témoignent du réel rayonnement de la crèche auprès du public scolaire, et de la I
population entière. Les premiers animaux que voit le visiteur sont aussi les plus atteints zcouchés
dans de petits compartiments entièrement carrelés, dans une petite pièce pouvant recevoir une
dizaine de pensionnaires, ils sont placés là en quarantaine. Ce sont souvent des individus très
jeunes, presque des bébés Phoques. Comme dans tous les autres quartiers de la crèche, .
l’hygiène est poussée au maximum : de petites rigoles permettentune évacuation rapide des
déjections et le public obsewe derrière de grandes baies vitrées, sans accès direct.
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PICARDIE NATURE N’ 43   25

Seul le personnel soignant est autorisé a pénétrer dans cette pièce, non sans s’étre
préalablement chaussé les pieds de petits sacs plastiques hermétiques, et plongé ensuite dans
un petit pédicuve d’eau javéllisée. Cest jeunes "patients" ne survivent malheureusement pas
tous ;c’est d’ai|leurs la seule pièce sans piscine, car la faiblesse des jeunes malades leur enlève
le goût des jeux dans l’eau. Un matin, nous avons trouvé un "box" vide, et appris la mort du petit
locataire que nous observions la veille. Un animal sur deux parvient à s'en sortir. Mais l’infirmerie
est toujours pleine. Lors de notre visite aux Pays—Bas, le Centre accueillait environ 90 Phoques,
dépassant de loin ses capacités, et obligeant le personnel à transformer des bureaux en
infirmerie de secours. A côté de la petite pièce consacrée aux animaux placés en quarantaine,
le visiteur découvre, avant de quitter le hall d’entrée une seconde pièce agrémentée, celle-ci, d'un
bassin rempli d’eau de mer (ou plutôt d’eau salée reproduisant les conditions du milieu marin).
Une quinzaine d’animaux se prélassent dans |'eau ou sur les bords. Certains ont des affections
aux yeux ou sur la peau, d’autres toussent, d’autres encore ne présentent pas de signes évidents
de maladie.
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Une porte donne sur |'extérieur bien exposée au sud, où les Phoques peuvent aller profiter du
soleil et d'un second bassin, beaucoup plus grand. Mais voila qu’un "infirmier" s’approche, un
seau à la main. C'est |’heure du repas. Sur les gradins du petit amphithéatre a ciel ouvert qui
surplombe tous les bassins extérieurs et offre au public une vue d’ensemb|e, on concentre son
attention sur la scène qui commence. Tel un berger, le "nourrisseur" repère ses   victimes et les
pousse vers un coin qu’il a délimité avec des barrières mobiles. Les plus coopératifs se dandinent
vers le lieu de repas, les plus récalcitrants sont saisis par les pattes arrières ettraînés vers le seau.
Accroupi sur l’anima| l’aide-soignant lui offre alors le hareng tout frais et de la meilleure qualité,
que |’on vient de sortirde la chambre froide (6 tonnes de poissons peuvent y être entreposées...).
Il faut parfois lui pousser le poisson au fond de la gorge, en prenant soin de lui immobiliser les
mâchoires. Plus ils sont malades, moins ils ont envie de nourriture : au début, c’est une simple
26   PICARDIE NATURE M 43

bouillie de poisson qui leur est administrée au moyen d’un entonnoir qui se prolonge par un fin
tuyau souple que l'on plonge dans la gueule de l'anima|. Chaque malade a droit à une ration
calculée avec précision, selon |’évo|ution de son état : il faut voir les "cuisiniers" s’affairer dans
le laboratoire au milieu des fiches de leurs petits patients, préparant chaque repas avec minutie
et |'hygiène la plus stricte, bien entendu, dans des installations modernes et bien conçues; A
propos de modernisme et du suivi des patients, précisons que dans une des salles de secrétariat,
au premier étage, nous avons pu voir plusieurs ordinateurs et imprimantes, indiquant que le cas
de chaque animal reçu au Centre est soumis aux traitements informatiques les plus modernes.
Mais le repas se termine. ll reste quelques poissons au fond du seau. Ceux-ci sont jetés
directement dans le bassin et les animaux les plus en forme ceux qui sont prêts à être rendus
a la vie sauvage, se feront un plaisir d’aller les pêcher au fond de |’eau, même si ces proies ne
sont pas vivantes. On peut aussi admirer une cinquantaine de Phoques répartis autour de trois
bassins extérieu rs longeant le bâtiment, et reliés àdes piéces ou des abris intérieurs, agrémentés
parfois de lampes à infra-rouge pour un peu plus de chaleur, et du plus bel effet, visibles d’assez
loin dans la campagne nocturne.
Un peu à |’écart, deux bassins abritent des hôtes exceptionnels, et non des "Vitulina" (nom
latin du Phoque veau-marin, Phoca vitulina), qui sont les clients principaux du Centre. Dans le
plus grand d'entre eux, cinq Phoques gris en pleine forme s’adonnent a leurs jeux favoris,
plongent, reparaissent, cachent un poisson sur le rebord de la piscine, le reprennent sous |’eau,
et ne semblent pas malheureux le moins du monde. Ils font à Piéterburen un petit séjour en
villégiature, destiné à les protéger du virus. Nul doute qu’i|s retrouveront vite leur milieu naturel.
Dans le bassin voisin, un hôte unique proteste car il est enfermé loin de son bassin dont on est
en train de renouveler |’eau. C’est un Phoque annelé, attendrissant par sa solitude et sa
magnifique robe claire.
Voilà donc, en quelques lignes, à quoi ressemble la vie a Piéterburen. C’est une ruche en
pleine elfewescence. Pendant les quelques jours que nous y avons passés, nous avons vu
défiler un public nombreux, souriant et amical. Quand il yatrop detravail et que personne netient
le comptoir du petit "magasin" où l’on peut acheter cartes, souvenirs, posters, tea·shirts, les
visiteurs font tinter la petite cloche qui orne le hall, et une hôtesse souriante accourt, dès qu'el|e
le peut. Car la quantité de tâches est écrasante. On fait souvent plusieurs choses à la fois.
Lorsque Lies, le vétérinaire, a répondu aux questions que nous avions a lui poser surl’épidémie,
elle était en train de vacciner plusieurs Phoques, a 10 heures du soir. C’est une course
perpétuelle, ponctuée par les sonneries ininterrompues du téléphone, les conversations dans
toutes les langues, les visites incessantes de journalistes ou d'officie|s. Certes |’épidémie qui a
ravagé les côtes de la Mer du Nord cet été fut responsable en partie de ce remue-ménage et
Lenie’t Hart nous disait que la vie normale du Centre est plus sereine. Mais il faut ajouterque nous
avons trouvé partout des sourires, et un accueil chaleureux et bon enfant. Dans les conditions
qui étaient celles du mois d’août, il fallait le faire. Nous avons remarqué aussi la jeunesse du
PICARDIE NATURE AP 43   27

personnel, constitué en grande partie d’étudiants bénévoles. Une douzaine de permanents fait
vivre le Centre durant toute l'année, et de mutiples compétences sont mises en oeuvre : les
services des gardes-côtes, bateaux et hélicoptères, un avion et un pilote privé qui vont prendre
livraison des animaux recueillis ou trouvés à |’étranger, tel le Phoque du Groenland échoué en
février sur nos côtes et pris en charge par les Hollandais à l’aéroport du Touquet, et les
laboratoires qui pratiquent les autopsies des animaux morts. Lenie’t Hart a su communiquer sa
passion pour les Phoques atout son entourage, et l’on sent bien, en observant l’intérêt manifesté
par les nombreux visiteurs, qu’un pays entier se sent concerné et soutien l’action du Centre de
Piéterburen, qui vit aussi grâce à l’appui moral et matériel de l'ensemble dela population, et des
acteurs économiques ou politiques.
En quittant Lenie’t et cette oasis qu’e||e a su créer pour des animaux qu’e|le aime et qui
sont si menacés, nous avions, avec le regret de n’avoir pu assister à l’acte principal de cette
grande aventure, le retour de Phoques guéris a leur milieu naturel, l’espoir aussi que la cause
principale de tous ces maux, à savoir les pollutions de toutes sortes, sources de déséquilibre sans
fin, soient un jour combatlues avec autant de détermination et d’efficacité que sont protégés et
soignés les hôtes du Waddenzee.
28   PICARDIE NATURE N° 43

I
Monsieur le Ministre de |'Environnement, .  @34;,;; 
j iii;   ^· r
Le Groupe Environnement, Protection, Ornithcicgie en , _%;;l\4   I
Pioordie (G.E.P.©.P.) et les signotoires du present qppel s'odressent o   '·
vous pour exprimer Ieurvolonté de preservotion du groupe de phoques Iïgîgs   Ãj·;" \ fu i
vequx morins (Phoco vituluno) fréquentont Io Boie de Somme. ~  ï;; I ;U, -,_  
, _ , _ Ãàïg·s·¤~»'Ã~«Q gi  É   
Lo survie de cette espece depend de Io conservotron des â'  
espoces qui |'obritent, c'est pourquoi nous vous demondons, Monsieur Ie   ·   -  »
Ministre, qu'une portie de Io Boie de Somme soit mise en Réserve Notureiie. `  ‘ M  <*’*i»‘. ' "
Les genérotions futures nousjugeront oussi sur le pqtrimoine que nous leur Ieguerons.
I
NOM ADRESSE SIGNATURE
A renvoyer à : G.E.P.0.P., Musée de Picardie - 80000 AMIENS
PICARDIE NATURE N° 43   29

NOM ADRESSE SIGNATURE
A renvoyer à : G.E.P.O.P., Musée de Picardie - 80000 AMIENS
30   PICARDIE NATURE N° 43

   ¤ndBÈIC|f| fgustgau ·
’ANTARO'I'I IIE
» SAI.I\IOIlIS L !
Il est un vaste continent,   —_ `x_'  en Nouvelle-Zélande, ont
éternellement blanc, où la ` _ ·   `A   signé une convention ouvrant
vie s’accroche, aux limites _ C, , ` ` l’Antarctique à une
du possible. L’Antarctique, ,,,.,. · ev`; _,__,_,;q__? exploitation prétendument
ce continent du bout du  fly contrôlée mais incontrôlable
monde, nous a révélé sa · · ‘,;..>*"" de ses ressources minières,
fragilité au cours de la 7 charbon, uranium ou pétrole.
mission de la Calypso en 1972 et 1973. Citoyens du monde entier, alerte ! La
Depuis 1959, trente-huit pays ont convention de Wellington est un véritable
ratifié le traité de l’Antarctique qui hold-up à 'l’échelle planétaire.
garantit la démilitarisation du continent Il s’agit d’éventrer le coffre-fort qui
en insistant sur son utilisation exclusive contient le plus fabuleux trésor : notre
à des fins de recherches scientifiques. ultime réserve d’eau douce... En
Mais ces bonnes résolutions qui otages : phoques, oiseaux, pingouins,
affirmaient la volonté de tous les pays baleines... Menacée : l’humanité
de préserver le dernier continent vierge entière. _
de notre planète ne pèsent pas lourd Il faut s’opposer ai tout prix, au nom
devant l’appétit des grandes compagnies des générations futures, à la Convention de
internationales : les représentants de Wellington. _
trente-trois pays, réunis à Wellington,
%¢
Faites signer cette pétition par au moins dix personnes
et envoyez-la à la Fondation Cousteau, 25, avenue de Wagram 75017 Paris
NoM et PRENOM ADRESSE PRECISE SIGNATURE

NoM ct PRENOM ADRESSE PRECISE ` SIGNATURE ·
< Oc LYP S 0 A retourner
à la Fondation Cousteau "Pétition Antarctique"
· A ‘ 25, Avenue de Wagram, 75017 Paris
(Une bonne idée .· envoyez le double photocopié de cette pétition à votre député ou à votre sénateur).

i
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NOM  
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Codé postol  
Villé
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