Bulletin SHF XXXX 98
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ISSN 0754-9962 Bull. Soc. Herp. Fr. (2001) 98 \

BULLETIN DE LA SOCIETE HERPETOLOGIQUE
DE FRANCE
2ème trimestre 2001 N ° 98
SOMMAIRE
• Nouvelle donnée sur la limite occidentale de répartition
Iberolacerta bommli (Lantz, 1927) (Sauria, Lacertidae)
Gilles POTTIER ...................................................................... 5-9
• Les Amphibiens Anoures dans la littérature et Fimaginaire
populaires du Viêt Nam
]érôme SUEUR ......................................................................... 11-18
• Identification de populations ovipares de Lacerta (Zootoca)
vivipara en Italie.
Sarnuele GHIELMI, Benoît HEULIN, Yarm SURGET-GROBA 8:
Claude-Pierre GUILLAUME . ................ . .................................. 19-29
• Tortues marines de la façade atlantique de l'Afrique. Genre
Lepidochelys. 1. Quelques données concernant la présence de
L olivacea (Eschscholtz, 1829) dans l'île de Bioko (Guinée
Équatoriale)
Iesus THOMAS, jacques FRETEY, Juan Antonio RAGA 8: ]avier
CASTR©VIE]O ........................................................................ 31-42
• Tortues marines de la façade atlantique de l'Afrique, genre
Lepidochelys. 2. Suivi et conservation de L. olivaceo
(Eschscholtz, 1829) (Cheloni, Chelonidae) à Sâo Tomé et
Principe
jacques FRETEY, jean-François DONTAINE 8: Alexis BTLLES   43-56
• In memoriam - Hubert Saint Girons ........................................... 57-60
• Analyses d'0uvrages ................ . ............................................... 61-62
• Congrès Testudo ........... . ,.......................................................... 63
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BULLETIN DE LA SOCIETE HERPETOLOGIQUE
DE FRANCE
 
2***1 trimester 2001 N° 98
CONTENTS
• New information on the western repartition of the endemic
Lizard of the Pyrénées, Iberolacerta bommli (Lantz, 1927)
(Sauria, Lacertidae) `
Gilles POTTIER ....................................................................... 5-9
• Amphibia Anura in Vietnamese folk literature and believes
Jérôme SUEUR ......................................................................... 11-18
• Identification of oviparous populations of Lacerta (Zootoca)
vivipara in Italy.
Samuele GHIELMI, Benoît HEULIN, Yann SURGET-GROBA 8:
Claude-Pierre GUILLAUME . ........ .. ......................................... 19-29
• Marine turtles of the Atlantic coast of Africa (Lepidochelys).
Some data on L. olivacea (Eschscholtz, 1829) on Bioko Island
(Equatorial Guinea).
Jésus THOMAS, jacques FRETEY, juan Antonio RAGA 8: Iavier
CASTR©VIE]© ........................................................................ 31-42
• Marine turtles of the African Atlantic coast, Genus
Lepidochelys. 2. Monitoring and conservation of L. olivacea
(Eschscholtz, 1829) (Cheloni, Chelonidae) on Sâo Tomé and
Principe
Jacques FRETEY, jean-François DONTAINE 8: Alexis BILLES   43-56
• In memoriam · Hubert Saint Girons ........................................... 57-60
• Reviews ................................................................................... 61-62
• Congress on Testudo .................................................................. 63
3

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Bull. Soc. Herp. Fr. (2001) 98 : 5-9
Nouvelle donnée sur la limite occidentale de répartition
du Lézard des Pyrénées
Iberolacertu bonnuli (Lantz, 1927) (Sauria, Lacertidae)
par
Gilles POTTIER
Laboratoire de Biogeogruphie et Ecologie cles Vertebres.
E. P. H. E. Université Montpellier II, 34095 Montpellier cedex 5 (France)
e t
Association Nature Midi—Pyrenees.
14 rue de Tivoli, 31068 Toulouse cedex (France)
Résumé - Cette note relate la découverte par l’auteur dans le massif du dpic du Midi
d’Ossau (département des Pyrénées-Atlantiques, France) du lézard en émique des
Pyrénées lberolacerta lwonnali, dont la limite occidentale de répartition était auparavant
assimilée au massif du pic d’Arriel. Située environ 8 km plus à l'ouest, la localité du
massif du pic du Midi d'©ssau représente la nouvelle Limite occidentale connue de
l'espèce.
Mots-clefs : France. Pyrénées. Distribution. Reptiles. lberolacerto honmzli.
Summary - New information on the western re artition of the endemic Lizard of
the Pyrénées, Iberolacerta bonnali (Lantz, 1927) ëauria, Lacertidae). ln this note, the
author relates the discovery, in the massif of pic du Midi d'Ossau (department of Pyrénées
Atlantiques, France) of the endemic lizard, lberolacerta bonrmli whose previous known
occidental linut was situated in the massif of pic d'Arriel. This new locality , at 8 km
more in the west in the massif ol pic d'Ossau, represents now the new occidental limit.
Key-words : France. Pyrénées. Distribution. Reptiles. Iberolacerta bonnali.
I. INTRODUCTION
Découvert en 1922 au lac Bleu de Bigorre (massif du pic du Midi de Bigorre,
département des Hautes-Pyrénées, France) par de Bonnal, Iberolucertu
lionnali a été initialement décrit par Lantz (1927) comme une sous-espèce
nouvelle du Lézard montagnard ibérique Lacertu inonticolu Boulenger, 1905.
Lantz a dédié à celui "qui n’a négligé aucun effort" pour lui procurer les 17
exemplaires de sa description (tous originaires du lac Bleu) un taxon qu'il
assigne au sous-genre Podarcis : Locerta (Podurcis) monticola bonnali.
Ce n’est que près d'un siècle plus tard que ce taxon sera distingué de Lacertu
rnonticola et élevé au rang spécifique (Arribas 1993a, Pérez—Mellado et al.
1993), avant d’être finalement scindé en trois espèces distinctes (Arribas
1993b, 1994a, Mayer 8: Arribas 1996), se répartissant d’ouest en est comme
5

suit: Lzzcertn bmmali Lantz, 1927 pour la partie de la cha’ù'1e située à l’ouest
du port de la Bonaigua (rive gauche de la Garonne), Lacerta amnica Arribas,
1993 de la Serra de Guarbes au massif du mont Valier et Lacerta eurclioi
Arribas, 1994 du massif du Montroig (= mont Rouch français) aux massifs du pic
de Tristaina (= pic de '1`ristagne ) et du pic de Saloria.
Le statut taxinomique et systématique des différentes formes du Lézard des
Pyrénées a souvent été discuté (Llorente et al. 1995, Crochet et al. 1996, lneich
1997, Perez-Mellado 1997a, 1997b, Barbadillo et al., 1999), et cet aspect ne
sera pas abordé ici. Arribas (1999) a récemment proposé de les assigner au
genre nouveau Iberolacerta, sous-genre nouveau Pyrenesaum.
Nous ne nous intéresserons ici qu'au taxon centro-occidental "b0nmzIi".
Une vingtaine d’années après sa découverte, trois nouvelles localités
imprécises, toutes découvertes par de Bonnal, sont publiées par Beck (1943) :
pic des Quatre Termes (Hautes-Pyrénées), Soum de Mariaude (Hautes-
Pyrénées) (N. D. A.: à interpréter très vraisemblablement comme ”Soum de
Mariande", montagne située à l’est-nord—est du pic des Quatre Termes), et pic
d’Arriel. Sommet frontalier situé entre le département des Pyrénées-
Atlantiques et la province de Huesca, cette dernière localité représente alors
la donnée la plus occidentale connue et, de nos jours encore, le massif du pic
d’Arriel est considéré comme le jalon de la limite ouest de l'aire de répartition
dïberolacerta boumzli.
En effet, et bien que les repères géographiques peu précis donnés par
certains auteurs (Michelot 8: Martinez-Rica 1989, Arribas 1994b) aient pu
laisser penser que l'espèce était connue du massif du pic du Midi d’Ossau,
Arribas et Martinez—Rica (1997) excluent ensuite clairement ce massif de l’aire
de répartition d’Ibemlaccrta bommli en donnant comme limite occidentale le
col du Pourtalet (col frontalier) et citant le massif du pic d’Arriel en tête de la
liste des massifs occupés par Yespèce d'ouest en est: ”Se extiende desde el
macizo de Arriel al oeste, hasta las montanas del Parque de Sant Maurici-
Aigüestortes al este, quedando su area comprendida entre los puertos del
Portalé (Huesca) y el de la Bonaigua (Lérida)”.
Ce point de vue a récemment été confirmé par Arribas (2000), qui affirme
dans un travail de synthèse consacré à ce taxon : "lberolacerta bommli is a
Central Pyrenean endemic which has been localized within 26 UTM squares
extending from the Arriel massif (east of the pass of El Portalé) in the west, to
the mountains of the Sant Maurici-Aigüestortes National Park (west of the
pass of La Bonaigua) in the east.”
Aucune des localités citées dans la littérature ne concerne donc aujourd’hui
de près ou de loin le massif du pic du Midi d’©ssau, entité orographique
particulièrement bien individualisée et séparée du massif du pic d’Arriel par
une vaste zone de pâturages peu élevée dont la ligne de crête s’abaisse à
1794 m au col du Pourtalet: les données les plus occidentales intéressent toutes
le massif du pic d’Arriel : pic d’Arriel (Beck, 1943), col d'Arrious (Ph. Orsini
in Naulleau 1990), ibôn de Arriel et lac d’Artouste (Arribas 1993b).
Cependant, un contact récent (19/07/2000) avec l'espèce vers 2300 rn
d’altitude près du col de Peyreget, au coeur même du batholite pic Peyreget —
6

pic du Midi d'Ossau, atteste de la présence d'llJsr0lacerta bonnalf en rive
gauche de la vallée du gave de Brousset, environ 8 km à l’ouest du massif du
pic d'Arriel, et apporte mie donnée nouvelle dans notre connaissance de la
limite occidentale de cet endémique pyrénéen.
II. DESCRIPTION DE LA LOCALITE D'OBSERVATION
ET DES INDIVIDUS CONTACTES
La localité d’observation est située environ 250 m au N-NW du col de
Peyreget, entre 2230 m et 2300 m d’altitude (W 3,085 gr. Lon., 47,595 gr. Lat.).
Ijhabitat est constitué par un éboulis à blocs moyens et gros dominants
(d’environ 50 cm à plus de 100 cm de diamètre), de nature rnagmatique (Bixel,
1970), dont le matériau est issu des contreforts sud du Petit Pic du Midi d’©ssau
(2807 m). Cet éboulis, d'orientation générale sud-sud-ouest et dont la pente
moyenne peut être estimée à environ 30%, prend place au sein d’une zone de
pelouse subalpine (contexte de transition entre étages subalpin et alpin).
Relativement ancien et fixé, il comporte en son sein quelques petites surfaces
éparses de pelouse et de végétaux ligneux bas tels que le Rhododendron
ferrugineux Rlwdodendrou fermgineum, le Génévrier nain funfpems nam: et la
Callune Cellumz vulgarfs.
Trois individus seulement ont été vus le 19 juillet 2000, entre 14h et 17h, à
savoir deux adultes (l’1.m d’ux photographié) et un jeune, les conditions
météorologiques de cette première observation (température élevée) pouvant
expliquer ce faible nombre de contacts.
Une seconde visite effectuée le 23 août 2000 par conditions météorologiques
malheureusement franchement défavorables (vent violent) n'a permis
d'observer en 4 h de temps que deux femelles adultes, capturées et relâchées
après avoir été mesurées et pesées :
La longueur extrémité du museau - cloaque est de 64 rnrn chez l’individu n°1,
62 mm chez l’individu n°2, la longueur de la queue étant de 92 mm (dont 58 mm
régénéré) chez l'individu n°1 et de 107 mm chez le n°2. Le poids mesuré est de
respectivement 5,6gr et 5,4gr.
Les 3 individus examinés (les 2 femelles citées plus haut et Yindividu
photographié) ne présentent pas de particularité en ce qui concerne la robe ou
l'écaillure, l’écaille rostrale étant notamment dans tous les cas en contact avec
l’écaille internasale. Le très faible nombre d’individus observés peut être
interprété comme l'indice d'une population d’effectif réduit, vulnérable,
vraisemblablement relictuelle et déconnectée du reste de l’aire de répartition
à en juger par sa situation géographique (massif isolé).
III. DISCUSSION ET CONCLUSION
De nombreuses localités nouvelles d’Iber0lacerta bvmmli ont été
découvertes au cours de la dernière décennie en France dans les Pyrénées-
Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne (Arribas 2000, 1999,
1994a, 1994b, 1993a, 1993b, M. Cheylan inédit, K. Le Feuvre inédit, A. Penloup
7

8: Ch. Leboulanger inédit, G. Pottier inédit, F. Salles / Parc National des
Pyrénées inédit, ].-P. Vacher inédit), qui révèlent une présence homogène du
taxon au sein de son aire de répartition française, où il semble répandu sur la
quasi totalité du domaine subalpin-alpin, du massif du pic du Midi d’Ossau à
la rive gauche de la Garonne.
Les recherches menées jusqu’à présent au sein des massifs français ou
frontaliers les plus occidentaux (pic d'Arlas, pic d'Anie ...) (Arribas com.
pers.) n’ayant cependant pas permis de contacter l’espèce, il est possible
qu’Iberoiucertu bommii ne s’étende pas en France au—delà du massif du pic de
Sesqués (2606 m) à l’ouest, où il est à rechercher dans la mesure où cette zone
présente un espace subalpin - alpin relativement important, connecté à celui du
massif du pic du Midi d’©ssau pm des reliefs .:1 priori suffisamment élevés (ne
s’abaissant pas a moins de 2000 m) pour avoir pu servir de voie de colonisation
au cours d’une période climatique plus favorable (l'espèce y est apparemment
absente aujourd’hui).
Notons qu’une première prospection menée le 13 /07 / 2000 au sud de ce massif
(lacs d’Ayous, lac Bersau, lac Castérau, col des Moines) a permis d’y constater
la présence du Lézard des murailles Podurcis mumlis jusqu’à 2200 rn au moins.
Remerciements. Mes remerciements vont au Dr. Oscar Arribas (Barcelone), qui
m'a aimablement informé du résultat de ses prospections dans les Pyrénées
occidentales, de même qu'au Dr. Marc Cheylan (E.P.H.E. Montpellier) pour sa
relecture du manuscrit original. Que soient également remerciées ici les
personnes, citées plus haut, m’ayant commtuiiqué leurs données de terrain.
lfobservation relatée ici a été effectuée dans le cadre d’une convention
d’étude entre le Parc National des Pyrénées (Tarbes), le laboratoire de
biogéographie et écologie des vertébrés de l’E.P.H.E. (Montpellier) et
Vassociation Nature Midi-Pyrénées (Toulouse).
IV. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Sauria: Lacertidaeë. Pëlrpetozou 13 (3/ 4): 99-131.
8

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Oliveira M.-E., Sofiartidou T.~S., Veith M. 8: Zuiderwijk A. (eds.}. p . 236-237. Societas
Europaea Herpetologica 81: Muséum National d'H1St0]IE Naturelle EÉEGB-SPN ), Paris.
496 p.
Perez-Mellado V. 1997b - Lacerta bormuli Lantz, 1927   191-198 in Salvador, A.
(Coordinateur), 1997 - Reptiles. In: Fauna lbérica, vol. . Ramos M.—A. ct ul. (eds,).
Museo Nacional de Ciencias Naturales. CSIC. Madrid. 705 p.
Perez-Mellado V., Barbadillo L.-j., Barahona F., Brown R.-P., Corti C., Guerrero F. 8:
Lanza B. 1993 - A systernaüc survey of the Iberian rock lizard Lacerta mouticola
Boulenger, 1905. ln: Lacertids of the Mediterranean region: a biological approach.
Valakos, Bôhme, Perez-Mellado et Maragou (eds) pp. 85-105. Hellenic Zoological
Society. Athens, Bonn, Alicante.
Manuscrit accepté le 7 avril 2001
9

10

Bull. Soc. Herp. Fr. (2001) 98: 11-18
Les Amphibiens Anoures dans la littérature et
Yimaginaire populaires du Viêt Nam
par
Jérôme SUEUR
Ecole Pratique des Hautes Etudes, Biologie et Evolution des Insectes,
Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, 45, rue Bujjfon,
F-75005 Paris (France) — E-mail : sueur@cimrs1.rnnhnJ‘r
Résumé - Evoqués dans de nombreux mythes, légendes, contes mais aussi poèmes,
maximes et jeux, les Amphibiens Anoures sont les animaux les tplus fréquemment cités dans
la littérature populaire du Viêt Nam. Tour à tour bien aiteurs, rusés, courageux,
maléfiques, idiots ou hideux, les Batraciens jouissent d'une importante symbolique double
et ambivalente. Uorigine de cette dualité est probablement à rechercher dans a biologie
arnphibie de ces animaux.
Mots·clés : Anoures. Viêt Nam. Littérature populaire. Imaginaire. Symbolisme.
Summary - Amphibia Anura in Vietnamese folk literature and believes. One of
the animals most frequently cited in Vietnamese folk literature are Amphibia Anura. They
appear in myths, legends, folk stories and also in poems, common sayings, songs and
games. They are albernatively presented as good, intelligent, brave or evil-minded, studpid
and ugly animals. This clichotomy of presentation has important syrnbolic value an its
origin is probably due to their main li e history traits.
Key-words : Anura. Vietnam. Folk litterature and believes. Symbolism.
I. INTRODUCTION
Dans le cadre de recherches sur Fimportance culturelle de quelques Insectes
du Viêt Nam (Sueur 1998, sous presse), nous avons été conduits à consulter la
bibliographie relative à l’irnportance symbolique des plantes et des animaux
de ce pays. Lors de ces lectures, il nous est apparu que les Amphibiens Anoures
revêtaient une grande importance dans la littérature et Pimaginaire
populaires de cette région de la Péninsule Indochinoise. Nous avons donc
relevé les allusions faites à ces animaux dans les mythes, les légendes, les
contes mais aussi dans les poèmes, les maximes, les chants et les jeux
vietnamiens. La Chine ayant occupé le Viêt Nam du IU siècle avant notre ère
au Xème siècle après notre ère, puis aux xvèms et XVHIÈIPE siècles, nous nous
sommes référés également à l’irnag1naire de la Chine ancienne pour compléter
les informations propres au Viêt Nam. Sans aucune prétention d’exhaustivité,
nous présentons ici le fruit de ces recherches bibliographiques.
11

II. LES TETARDS
Une fable, notamment racontée par Hüu Ngoc 8: Corrèze (1982), recourt à un
élément essentiel de la biologie des Amphibiens Anoures : la métamorphose et
particulièrement la régression histolytique de la queue des têtards. Elle met
en action deux personnages : un silure et une femelle de crapaud. Cette dernière
dépose ses œufs dans l'eau du silure. Les œufs deviennent têtards et ceux-ci se
mêlent aux alevins du silure. Celui—ci, qui ne sait plus les distinguer, emporte
tout ce monde frétillant. La femelle crapaud revenant peu de temps après
réclame ses petits au silure qui les lui refuse. L'affaire est portée au tribunal où
la rainette plaide pour la femelle crapaud et suggère tout simplement
d'attendre que les têtards perdent leur queue pour que l’on puisse enfin les
identifier : ”A quoi mènent tous ces procès ? Laissez le silure nourrir vos petits ;
ils vous reviendront quand ils auront perdu leur queue". C’est ce qui se réalise
et le silure, débouté, est cruellement condamné po1.u· son mensonge.
III. LES ADULTES
A. Mythes et légendes
1. La grenouille et le sexe féminin
Née du lombric pour les jôrai (Doumes 1969), la grenouille est, pour les
peuples des hauts plateaux du Sud, à l’origine des organes féminins de la
génération. En effet, primitivement, les humains étaient asexués, des créations
continuelles maintenaient l’espèce. Par la suite, le lézard servit d’image à la
naissance du sexe de l’homme et ce fut la grenouille qui donna le sexe de la
femme (Dam Bo 1950, Boulbet 1967).
2. Le crapaud et la pluie
Le chant ou la simple présence des Amphibiens Anoures est communément
signe de beau temps ou de pluie imminente (Wasserman 1990). Au Viêt Nam,
le crapaud n'échappe pas à cette fonction de météorologue. En ”grinçant des
dents”, il appelle l'ondée bienfaisante qui rendra bientôt les terres fertiles et
cultivables. Une légende explique pourquoi le crapaud a le pouvoir de faire
tomber l'eau et pourquoi on le surnomme l'©ncle du Dieu du Ciel, ”©ncle” étant
d’ailleurs le surnom affectueux donné aux personnes plus âgées n’appartenant
pas à la famille. Nous avons trouvé trois versions de cette légende : celle de
Hao Mai (s. d.), celle de Nguyên Cong Huân (1961) et celle de Hüu Ngoc et
Corrèze (1982). Ces trois versions présentent les faits selon la même logique. En
des temps très anciens, une longue période de sécheresse sévissait sur terre. Le
sol se fendillait, les plantes jaimissaient et dépérissaient et les animaux, qui
ne trouvaient plus d'eau pour s'abreuver, mourraient en grand nombre. lndigné
et révolté par cette situation, le crapaud, qui sans eau ne peut se reproduire,
décida d'aller trouver le Dieu du Ciel pour qu'il fasse éclater l'orage. En route
vers le Ciel, il rencontra d'autres animaux assoiffés qui lui proposèrent de
l'accompag:ner dans son expédition. Et c‘est ainsi que, selon les versions, le
crapaud, le renard, le tigre, l’ours et parfois le chat, le crabe ou les abeilles
12

arrivèrent aux portes de Thien Dinh, séjour de la Cour céleste où trône le Dieu
du Ciel. Seul le crapaud frappa à la porte et constatant Fimpudence de cet
”être minuscule et laid aux yeux ronds et proéminents, à la peau pustuleuse,
juché sur de courtes pattes tortes" (Hao Mai s. d.), l'Empereur envoya
successivement plusieurs sections de son armée chasser I'intrus. Selon les
versions, des coqs 1]), des chiens, des rats, des mouches ou bien même le Dieu du
Tonnerre tentèrent de chasser le crapaud. Mais, a chaque attaque, celui-ci
ordonna à 1'un de ses compagnons de les combattre : le renard mit à mal les coqs,
l'ours éloigna les chiens, le chat chassa les rats jusqu'au crapaud lui-même qui
mangea les mouches (Nguyen Cong Huân 1961). Mis en échec par l'équipée
animale, l'Empereur accorda alors une audience au crapaud qui lui demanda
de faire tomber la pluie. Les vannes célestes s'ouvrirent et arrosèrent d'un jet
salvateur la terre aride. Si pareille sécheresse venait à se renouveler,
l'Empereur pria le crapaud de l'appeler pour qu'il fasse tomber
immédiatement la pluie. C‘est pourquoi l’on dit que le chant du crapaud
annonce la pluie : il ordonne au Dieu du Ciel qu'il fasse tomber l‘eau. Ce
pouvoir fait de lui l'©ncle du Dieu du Ciel. Cette légende est aussi un motif de
crainte pour les enfants qui maltraitent les crapauds. Un dicton les menace
ainsi ”Le crapaud est l'©ncle du dieu du Ciel / Quiconque le bat sera foudroyé
par le Ciel" (Nguyen Cong Huân 1961).
Le crapaud se présente donc comme un sauveur. Malgré sa laideur, il sauve
les plantes et les animaux. Il est le porte-parole, celui qui prend les décisions.
Son rôle est celui d'un commandant, d'un général qui pense pour les autres et
dont la ruse a raison de l'Empereur. Enfin, la version de Nguyên Cong Huân
(1961) n'oublie pas de rappeler le rôle utile du crapaud — il mange les insectes
nuisibles - bienfait apprécié par les Vietnamiens. Cet auteur souligne que cette
légende doit être fort ancienne puisque le roi Lê Than Ton (1619-1662) écrivait
déjà à propos du crapaud les vers suivants : ”Dieu m'a créé avec une robe de
soie rugueuse. / Seul je m'assois au fond d'un puits solennel. / Quand j'ouvre la
bouche, quelques fourmis se font prendre / Et quand je grince des dents, tout
l'horizon est bouleversé".
Si le crapaud ne grince pas des dents, il vocalise ou coasse tout comme la
grenouille. Cette production sonore, présage de pluie, est à l’origine de la
représentation de batraciens sur les tambours de bronze des Muong dont la
percussion appelait le tonnerre et la pluie (Cuisinier 1948). De cette
association avec la pluie, l'humidité, le crapaud ou la grenouille sont
considérés comme des animaux de l'ombre, donc Yin (2) (Tournier 1991).
(1) Dans la Chine ancienne, le coq est d‘aiIleurs l'ennemi du crapaud. Ce dernier appartient avec le
lézard, le serpent, le scorpion et le mille-pattes aux "cinq venimeux".
(2) Dans la pensée taoiste, Yin et Yang sont les deux principes fondamentaux, opposés mais
complémentaires. Ils représentent, entre autres, les couples jour·nuit et mâ]e—femelle.
13

3. La grenouille et l'âme
Dam Bo (1950) nous enseigne que, pour les habitants de la région de Dalat,
la grenouille, au même titre que l’araignée, est une représentation de l’âme qui
s’échappe du corps humain lors du sommeil. Maltraiter l’un de ces animaux
lors de son escapade pourrait porter atteinte à la santé du dormeur. Ce sont les
rêves qui rendent compte de lîactivité nocturne de la grenouille ou de
l'araignée. Dam Bo (1950) rapporte une légende traduisant cette croyance. ll y
est question d’une araignée et d’une grenouille. Un vieillard et deux enfants
travaillaient dans les mêmes rizières. La nuit, tous se retrouvaient dans le
même abri pour dormir. Un jour, les deux enfants se battirent. L'un des deux
était bon tandis que l’autre était possédé par un mauvais esprit. Au cours de
leur sommeil, une araignée sortit du nombril de l’enfant sain cependant qu’une
grenouille était évacuée de l’anus du petit possédé. Les deux animaux
combattirent et la grenouille parvint à toucher l’araignée. L'enfant bon tomba
malade. Le vieux captura alors la grenouille. ll la mit dans l'eau ; le corps du
jeune possédé se glaça. Il la jeta dans le feu ; l'enfant mauvais mourut et
l'enfant bon guérit. Animal nocturne, mauvais côté de l’âme, la grenouille est
ici l’image du mal alors que l’araignée représente le bien. Le contact avec sa
peau, luisante et froide, peut-être chargée de venin, est fatal. Il faut la tuer
pour combattre le mal.
4. La grenouille et la lune
Les membres de l’ethnie des Tay-blancs du Nord du Viêt Nam ont recours à
la grenouille pour expliquer les éclipses lunaires, considérées comme plus
dangereuses que celles du soleil. Maspero (1971: 258) nous explique le
fonctionnement de ce mythe: "Il y a dans le ciel une grenouille énorme, la
Grenouille qui mange la Lune. Ordinairement le Seigneur de l'Etang Han la
tient enchaînée au fond de son étang ; mais quand ce dieu dort, elle réussit
parfois à rompre sa chaîne et à s'échapper ; elle se met alors à la recherche de
la lune et l`avale. Les Dames de la Lune courent éveiller le Seigneur de l'Etang
Han ; et, pour les aider, sur terre des jeunes filles frappent le mortier à riz avec
le pilon dès que l'éclipse commence : à ce bruit, le dieu endormi se réveille,
capture la grenouille, l'oblige à rendre la lune et l'enchaîne à nouveau".
En corollaire à cette histoire, on connaît deux traditions chinoises
(Chevalier 8: Gheerbrant 1982, Eberhard 1983, Steens 1996, Tournier 1991). La
première prétend que le crapaud avale la lune et la régurgite successivement
créant ainsi les phénomènes des éclipses et des phases lunaires. La seconde
raconte que la divinité Chang~e (ou Heng—ngo), avant de s’enfuir sur la lune,
vola un élixir d’immortalité à son mari, héros solaire. Pour la punir, celui-ci
la changea en crapaud à trois pattes. Cependant lorsque les époux se revoient,
le soleil vient cacher la lune comme lors des éclipses. Au même titre que la
cigale et que la tortue, la grenouille est donc un animal immortel. Par ailleurs,
de mœurs nocturnes, c’est assez logiquement qu’elle habite la lune. La lune
étant typiquement Yin, on retrouve ici l’appartenance de la grenouille à ce
principe de la pensée chinoise.
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5. Le crapaud écarlate et la richesse
Durand (1960) nous apprend qu’il existe dans Firnaginaire vietnamien un
crapaud écarlate au double symbole. Sa rareté en fait un objet de grande valeur
et un symbole de richesse. ll est aussi associé à la réussite comme en témoigne
le dicton :"Que le garçon de talent porte dans ses bras le crapaud écarlate”. Il
possède des vertus curaiives puisqu’il redonne des forces aux enfants malingres.
Qui plus est, attaqué, le crapaud écarlate fait face au prédateur et gonfle son
corps. Ce comportement de défense caractéristique des Bufonidae fait de lui un
animal courageux. Cest pourquoi l'on dit ”Audacieux comme le crapaud
écarlate". Ainsi, le crapaud est à nouveau présenté comme un animal
bienfaiteur. Mais on notera qu'en Chine ancienne, cette fois-ci non plus
écarlate mais à trois pattes, le crapaud est également associé à l'argent. Il
suggère à l’opposé des valeurs négatives telles que celles de l’avarice, du
pouvoir de l’argent ou de la réussite commerciale (Goidsenhoven 1971,
Tournier 1991). C’est en raison de son goût immodéré pour l’or que le crapaud se
laisse amadouer et capturer. Ainsi, selon une légende chinoise, le ministre du
Xème siècle Lieou-hai chassait le crapaud en l’appâtant avec des monnaies en
or et réussissait à se faire transporter sur le dos de l’animal en lui agitant
devant la gueule une canne où pendaient cinq pièces du précieux métal.
B. Contes
Des 130 contes annamites recueillis par Landes (1884), deux d’entre eux ont
pour personnage une grenouille. Le premier nous rapporte l’histoire d'un sage
bouddhiste tenté par la chair : "Il y avait autrefois un bonze très pieux. Au
passage d'un bac, Phât Bà se transforma en tme jeune fille pour éprouver sa
vertu. Elle se dépouilla devant lui de tous ses vêtements, mais le bonze
continua à réciter ses prières en la couvrant de son habit. l] résista neuf fois de
suite à cette tentation pendant neuf existences. Tant de vertu allait être
récompensée par sa transformation en Bouddha après une dixième existence,
mais à la dixième tentation il succomba et porta la main sur Phât ba. Celle-ci,
irritée, le jeta dans le fleuve où il fut transformé en grenouille. Cest pour cela
que lorsqu'on tue une grenouille, quand on va lui couper la tête, elle joint les
pattes". Le second conte est classique puisque ce sont les amours d'un jeune
garçon et d'u.ne grenouille qui, à l’étonnement de tous, se transforme en fée.
La morale qui combat les préjugés dictés par la laideur ou par la beauté se
retrouve dans un conte oral transcrit par Dournes (1977) dans son étude des
relations entre les jôrai et le monde de la forêt. Une jeune femme se désaltérant
d’eau stagnante pleine d’oeufs de batraciens donne naissance à un crapaud. Au
lieu de l’enterrer, comme sa laideur l'y encourageait, elle le garde et l’élève.
Or, celui-ci a la faculté de se transformer en un beau jeune homme, surpassant
alors tous ceux qui l'ont méprisé pour sa disgrâce et donnant raison au courage
de sa bonne mère.
Des contes populaires analysés par Zuchelli (1968), nous avons relevé deux
fonctions des batraciens. La première appartient aux métamorphoses
merveilleuses : une femme est changée en lotus pendant que son mari prend
l’apparence d'un crapaud. La seconde est de nature magique, c'est-à-dire
permettant d’obtenir des effets prodigieux à l’aide de moyens surnaturels : un
15

mandarin trouve dans le ventre d'une grenouille une perle précieuse qui servira
à soigner les yeux d’un roi. Par ailleurs, on notera que dans l’irnaginaire de la
Chine ancienne, la perle merveilleuse est souvent portée dans la gueule du
dragon ou du serpent (Tournier 1991).
De la province de Thanh-Hoà au sud de Hà Nôi, Degeorge (1925) nous fait
découvrir un conte dans lequel un crapaud sachant faire preuve d'intelligence
se montre plus fort que ses ennemis mortels, le tigre et le singe. Voici l’une de
ses ruses pour vaincre le dangereux félin. Le tigre défie le crapaud de sauter
plus loin que lui. Le crapaud laisse le tigre bondir en premier mais au moment
où celui-ci s’élance, il lui saisit la queue avec sa gueule et se trouve ainsi
projeté plus loin que le tigre. Mais il tombe sur tme pierre et du sang lui coule de
la gueule. Le tigre étonné l'interroge sur sa performance et lui demande
comment il est parvenu si vite au devant de lui. Le crapaud lui répond qu'il est
arrivé depuis tant de temps qu'il a même eu le loisir de chiquer du bétel (3}. Le
tigre s'avoue alors vaincu.
C. Chants, devinettes, maximes et proverbes
Les "ca dao" sont de courts poèmes-chansons traitant de thèmes généraux,
tels que la nature, l’amour ou la famille. Dans l’un deux, on retrouve le crapaud
comme avaleur d’astres : ”Au bord de la mare / Un crapaud / Les yeux au ciel /
Rêve / De gober les étoiles" (Collectif 1981 : 16, Hüu Ngoc 8: Corrèze 1982 :
271).
Evoquant la vie imaginaire d'un paysan tonkinois, Pham Quynh (1930) se
réfère au parler populaire : chansons, maximes, distiques, etc... Il cite
notamment cette maxime utile lorsque que l’on cherche à se moquer d'une
personne à l’esprit borné : "C'est une grenouille qui du fond d'un puits croit que
le Ciel n'est pas plus grand qu'un couvercle".
Des devinettes des Tay nung rapportées par Gansel (1986 : 111), nous
extrayons celle—ci : "Quelle est la bête qui plonge sous l'eau pour y pondre ses
œufs ? / Descendant à l'eau, le crapaud y pond ses œufs".
Dans une des devinettes données en exemples par Huard 8: Durand (1954 :
296), le "couvre-sein" est défini ainsi "Il ressemble à la grenouille, ses deux
bras entoiuent le cou des femmes, ses deux jambes entourent leur ceinture".
Maurice (1993: 676 et suiv.) a collecté des lois sous forme de périphrases
Mnong. D’un personnage qui incite les habitants à quitter leur chef et leur
village, on dit qu’"Il tue les petites grenouilles en encourageant la
paillote. .. " ; de celui qui empêche un mariage ou d’un fauteur de trouble, on
cite "La grenouille ne permet pas qu'on taille l`arbalète..." ; enfin, de
l’intraitable, on dit qu'"Il répond au coassement de la grenouille gonflée et au
chant des rainettes    
(3) Les feuilles de bétel sont mâchées avec des noix d'areC et de la chaux. Chiquer ce mélange
provoque une salivation rouge.
16

D.]eu
Ngô Qui Son (1985 : 60) nous informe des règles d’un jeu magique. Il s’agit
d'une invocation à l'âme de la grenouille. Un joueur tient le rôle de la
grenouille. ll s'agenouille, les mains touchent la terre et il coince trois
bâtonnets d‘encens entre ses dents. Un autre joueur frappe des mains et récite un
texte qui s’ouvre par les vers : ”Grenouille E O grenouille ! Tu es fraîchement
arrivée ici. / Raconte à ton maître quelques histoires. / Vie de grenouille,
misérable vie. / Pas de lit, ni de natte, grenouille s'étend sur la terre nue. /    
L'enfant le répète jusqu‘au moment où l'esprit de l'animal s'incarne dans le
patient qui bondit alors comme une grenouille. Pour désensorceler le sujet, on lui
asperge la figure d'eau froide.
IV. CONCLUSION
Ainsi, les Amphibiens Anoures se présentent dans Yimaginaire vietnamien
sous deux aspects symboliques antithétiques. Tout d’abord, il est bien souvent
question de viscosité, de pustules ou de bave. Les grenouilles et les crapauds
sont laids, vivent retirés, misérablement, et font preuve d’un esprit borné. Ils
sont symbole du mal et c'est être puni que de devoir prendre leur apparence.
Mais à l’inverse, pour montrer la bêtise des préjugés, le crapaud hideux se
transforme en fée ou en beau jeune homme- Sous sa carapace de verrues, le
batracien apparaît alors sous un meilleur jour. Il est justicier et bienfaiteur,
rusé et intelligent, courageux et audacieux. Et puis il apporte richesse et
guérison. Le voilà donc, cette fois, image du bien. Cette dualité n'est peut—être
que l’expression des traits principaux de la biologie de ces animaux : ternes ou
colorés, terrestres et aquatiques, cachés mais bruyants, actifs entre jour et nuit-
Les particularités morphologiques et biologiques principales des Amphibiens
Anoures sont d'ailleurs évoquées à plusieurs reprises dans les textes
populaires : milieu de vie, adaptation des pattes postérieures au saut,
alimentation, prédation, production sonore, ponte et métamorphose. Ainsi,
comme nous l’avions déjà noté pour les Cigales dont les usages culinaires,
médicinaux et symboliques dérivent à la fois de l’observation de leur
morphologie et de leur mode de vie (Sueur 1998). L’importance des
Amphibiens Anoures dans la culture vietnamienne n’est pas uniquement liée à
leur aspect général mais également à la connaissance de leur biotope, de leur
comportement, en un mot de leur biologie.
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Manuscrit accepté le 2 avril 2001
18

Bull. Soc. Herp. Fr. (2001) 98 : 19-29
Identification de populations ovipares de
Lacerta (Z00toca) vivipara en Italie.
par
samaeie onietmi (ll, same neuim (2), Yann sURc;er·o1z©BA (3)
et cieoaariene GUILLAUME (4)
(U Civico Museo Insubrico di Storia Naturale, iazza Giovanni XXIII-
P
21056 lnduno Olona (Va) (Italy)
(ZCNRS, UMR 6553, Station Biologique de Painipont,
35380 Paimpont (France)
(Bl CNRS, LIMR 6553, Laboratoire de Parasitologie Pharmaceutique,
Ao. du Pr. Léon Bernard, 35043 Rennes (France)
(4) EPHE, Laboratoire Biogéographie et Ecologie des Vertébrés, cc 094, LIM2,
34095 Montpellier (France)
Résumé - Le lézard Lacerta (Zootoca) vimpara présente im mode de reproduction vivipare
dans la plupart de ses populations. Plusieurïoupes de populations ovipares de cette
espèce ont ccgendant précédemment été iden ' és, en bordure méridionale de son aire de
répartition. ous présentons ici de nouvelles observations d’un mode de reproduction
ovipare chez des emelles (provenant de 3 populations du nor~d—ouest de l’ltalie et de 2
populations du nord-est e l’ltalie. Les populations ovipares du NE de l’ltalie sont
adjacentes au groupe ovipare précédemment identifié en Slovénie et dans les Alpes
Carniqâtes au sud de l'Autriche, tandis que les pbcêpulatîons oviplares du NW de l'Italie en
sont tr s éloignées. Nous soulignons la nécessi d'un échant onnage complémentaire
pïermettant d établir s’il existe - ou non — d'autres populations ovipares entre celles du
W et du NE de l'ltalie. La Àplossibilité d'1.1n contact géographique entre populations
ovipares et vivipares dans les pes italiennes est également discutee.
Mots~clés : Lacerta (Zootoca) vivipara. Oviparité. Viviparité. Biogéographie.
Summary · Identification of oviparous populations of Lacerta (Zootoca) vivipara
in Italy. The lizard Lacerta (Zootoca) uwipara breeds viviparouslïy in most of its
populations. However, oviparous populations have been foun in sou ernmost parts of
its range. Oviparous fema es are reported from two populations in northeastern, and
three in northwestrn Italy. Oviparous populations in northeastern Italy are very close
to those previously identified in Sloverua and in the Carnic Alps of southern Austria,
whereas those in northwestern Italy are very far from this group. Further sampling is
required to determine whether other oviparous populations are present between
northeastern and northwestern Italy, and the possibility of a contact zone between
oviparous and viviparous populations in the Italian Alps is discussed.
Key words : Lacerta (Zootocu) vioipara. Oviparity. Viviparity. Biogeography.
19

I. INTRODUCTION
Le lézard Lacerta (Zootocal vivipara est une espèce caractérisée par une
bimodalité de reproduction, c’est-à-dire par la coexistence de populations
ovipares et de populations vivipares. La plupart des populations de cette
espèce, depuis la France et les Iles Britanniques, jusqu’en Scandinavie et
jusqu’à l’est du continent Eurasiatique (Iles de Salchaline et Hokkaido) sont
vivipares. Des populations ovipares relictuelles ont cependant été identifiées
en bordure méridionale de l’aire de répartition de L.(Z.) vivipam, d'abord
dans la région Pyrénéo-cantabrique et en Aquitaine (Lantz 1927, Braiia 8: Bea
1987, Heulin 1988, Heulin 3:: Guillaume 1989) puis, plus récemment, en
Slovénie et dans les Alpes Camiques au Sud de l’Autriche (Bôhme et al. 1999,
Vogrin et at`. 1999, Heulin et at`. 2000, Mayer et al. 2000).
Cette distribution géographique particulière reflète vraisemblablement
l’existence d’i,u1e différence adaptative entre les deux formes reproductrices :
la possibilité d’accélérer le développement embryonnaire grâce à la
thermorégulation comportementale maternelle pourrait conférer un avantage
adaptatif aux populations vivipares sous les climats les plus froids (de haute
latitude et/ ou haute altitude) imposant des saisons d’activité courtes; tandis
que la possibilité de réaliser plusieurs pontes successives chaque armée
pourrait conférer un avantage adaptatif aux populations ovipares sous les
climats plus cléments permettant une saison d'activité plus longue (Heulin et
al. 1991, 1997, et voir Shine 1985 pour une revue de la question). Le fait
biogéographique le plus marquant en faveur d’une telle interprétation est
Yextraordinaire extension septentrionale, jusqu'à 69° de latitude Nord, de la
souche vivipare de L. (Z.) vivipara (Borkin et al. 1984). Plusieurs autres faits
obligent cependant à nuancer l’idée d’une limite éco-climatique (latitudinale
et/ou altitudinale) tranchée des deux formes reproductrices de L. (Z.)
vivipam. Ainsi sait—on d’u.ne part que la forme ovipare peut s’établir jusqu’à
plus de 2000m d'altitude dans les Pyrénées (Heulin 8: Guillaume 1989) et,
d’autre part, que les populations vivipares de Bulgarie sont localisées à des
latitudes comparables à celles des populations ovipares Pyrénéennes, et même
inférieures à celle des populations ovipares de Slovénie (Guillaume et al.
1997, Heulin et al. 2000). Il est donc vraisemblable qu’en plus des facteurs
adaptatifs, divers aléas de l'histoire biogéographique de l’espèce ont pu
contribuer à modeler les limites actuelles de répartition de ses populations
ovipares et vivipares. Uhypothèse actuellement en vigueur est que les
populations ovipares de L. (Z.) vivipam pourraient s’être isolées précocement
dans certains refuges méridionaux au cours des glaciations du Pléistocène,
tandis que les populations vivipares se seraient différenciées dans une autre
zone refuge puis auraient (re)colonisé les contrées septentrionales au cours des
périodes interglaciaires (Heulin et al. 1993, 1999, Guillaume et al. 2000,
Surget-Groba et al. 2001)
Il est donc essentiel, dans le cadre de cette problématique biogéographique,
d’étudier précisément les limites d’extension des populations ovipares et
vivipares sur la bordure méridionale de l’aire de répartition. Nous ne
20

disposions jusqu’à aujourd’hui que d’une connaissance extrêmement limitée des
caractéristiques reproductives et génétiques des populations italiennes de
L. (Z.) vivipara. Il s’agissait d'une part de deux observations de parturition
de femelles révélant l’existence d'un mode de reproduction vivipare à Valle
Formaza dans les Alpes du Tessin (Andreone 8: Sindaco 1998) et à Pramollo
dans les Alpes Carniques (Lapini comm. pers.), et d’autre part de nos données
de phylogénie moléculaire indiquant l’existence de populations vivipares
dans deux autres stations des Alpes italiennes (Surget-Groba et al. 2001). Nous
présentons ici des données révélant l’existence de populations ovipares de
L. (Z. ) vivfpam dans deux régions distinctes d'Italie.
II. MATERIEL- METHODES
Des femelles adultes de L. (Z.) vivipara ont été capturées en avril-mai
2000. Ces femelles présentaient au moment de leur capture les traces
caractéristiques d'accouplement, laissées par la morsure du mâle lors de la
copulation. Elles ont été gardées individuellement en terrariurn jusqu’à
l'obtention des pontes, dans des conditions d’élevage de laboratoire identiques
à celles utilisées lors de nos recherches précédentes (Heulin 1988, Heulin et al
2000). Un premier échantillon a été récolté au NW de l’Italie, en limite du
Piémont et de la Lombardie : 1 femelle à Oropa (45°37’N, 7°58'E, alt. 1180m),
1 femelle à Mottarone (45°52’N, 8°29’E, alt. 850m), 2 femelles dans la région
de Varese au Palude de Brabbia (45°47’N, 8°42’E, alt. 240m).Un deuxième
échantillon a été récolté au NE de l’ltalie, dans les Alpes Carniques :
1 femelle à Tarvisio (46°30'N, 13°36'E, alt. 800m) et 2 femelles à Fusine
(46°29'N, l3°-40'E, alt. 875111). En outre, 2 mâles adultes de Varese et rm mâle
adulte de Mottarone ont également été gardés en captivité.
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Figure 1 : Aire de rélpartition de Lacerm ( Zootocü} vivipara.
La flèche indique la ocalisation des dpopulations ovipares du sud—ouest de la France et du
nord de l’Es agne. La partie enca rée correspond à la carte détaillée (Italie du Nord -
Slovénie) prgentée sur a figure 2.
 
21


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Giovgie 19§9, Richarâ 8: Semenzato, 1992, Toxï1eP1996. gr
- Localisation des populations ovipares italiennes étudiées : 1 Oropa,
2 MottaroneVarese, 3 Varese, 4 Tarvisio, 5 usine.
- Autres pgpulaüons où un mode reproduction ovipare a été observé : en Slovénie OS
(d ’après " et al. 1999, Heuiin et al. 2000) et dans les Alpes Carniques Autrichienne
OA (d'après Mayer et al. 2000).
- Po ulations viviëares : identifiées par observation de parturition pour Valle Formaza
V5 (îàndreone 8: indaco 1998) et amollo V1 (Lzëîilrii comm. pers.) et d'après des
données de phylogénie moléculaire pour Paluzza V2, 'areggo V3 et Valle Piumogna V4
(voir texte).
La position de la zone d’étude par rapport à 1’aire de répartition de
l’espèce est présentée sur la carte de la figure 1, et Vemplacement des
populations italiennes échantillonnées est présenté plus précisément sur la
carte de la figure 2. Cette dernière carte répertorie aussi les populations de
Slovénie et du sud de l’Autriche où un mode de reproduction oviparea
précédemment été observé (obtention de pontes en élevage) (Bohme et al.
1999, Heulin et al. 2000, Mayer et al. 2000), ainsi que quelques populations
vivipares proches (voir discussion).
Une inspection fréquente des terrariurns (4 fois par jour) nous a permis de
collecter les pontes de chaque femelle juste après Foviposition. Les femelles
F5 et F6 de Varese et la femelle F7 de Mottarone ont été mises en présence de
mâles et se sont ainsi ré-accouplées (présence de nouvelles traces de morsures
cl’accouplement) au cours de la semaine suivant l’oviposition. Plusieurs pontes
successives ont été obtenues pour ces femelles (voir Tableau I).
Chaque ponte a été pesée, et le poids moyen des oeufs a été calculé en
faisant le rapport du poids total de la ponte sur le nombre d’oeufs. Un oeuf de
chaque ponte a été disséqué, pour déterminer le stade de développement
embryonnaire (table de Dufaure 8: Hubert 1961), au moment de l'oviposition.
Certains oeufs ont été fixés et conservés en collection pour d’autres analyses
22

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(étude de structure microscopique des coquilles en cours). Un nombre variable
d’oeufs de chaque ponte (effectifs: voir Tableau I) ont pu être incubés au
laboratoire. L'incubation des oeufs a été réalisée dans des boîtes plastiques
contenant du sable humidifié permettant de maintenir une humidité relative
proche de 100%. Les boîtes d'incubation contenant les oeufs des pontes des
femelles Fl à F4 on été maintenues à température constante de 22.5°C, dans une
enceinte thermorégulée. Les boîtes d’incubation contenant les oeufs des
femelles F5 à F7 ont été gardées à la température ambiante du laboratoire. Au
cours de cette période, les températures moyennes journalières du laboratoire
ont oscillé entre 20 et 25°C, avec tme amplitude thermique journalière moyenne
(différence jour/ nuit) de l’ordre de l°5C.
III. RESULTATS
Toutes les femelles ont pondu au laboratoire, ce qui montre qu’elles
proviennent de populations ovipares. Une première ponte de 4 à 8 oeufs a eu
lieu entre le 20 mai et le 21 juin. Les femelles F5, F6 et F7 déposèrent une
deuxième ponte entre le 14 juin et le 26 juillet et même, pour l'une d’entre elles
(F5), une troisième ponte le 6 juillet (Tableau I). Les oeufs fraîchement pondus
présentent une coquille blanche parcheminée, ont un poids moyen variant de
175 à 282 mg selon les pontes, et contiennent des embryons ayant atteint les
stades de développement 30 à 32 de la table de Dufaure et Hubert (1961). Nos
données ne révèlent pas de corrélation significative entre la taille corporelle
des femelles et le nombre d’oeufs par ponte, ni non plus entre le poids moyen et
le nombre d'oeufs des pontes (tests de corrélation r de Pearson, P > 0,05 dans
tous les cas). ll existe en revanche une corrélation significative entre le poids
moyen des oeufs et la taille de la femelle (r=0,9l ; P<0,05).
Les 3 oeufs de la femelle F4 et les 4 oeufs de la troisième ponte de la femelle
F5 sont morts au cours de la période d'incubation. Tous les autres oeufs incubés
(n=42) ont éclos dans nos élevages. La durée d'incubation a été de 33 à 35 jours
pour les pontes des femelles F1 à F3 incubées à une température constante de
22°5C en enceinte thermorégulée, et de 33 à 41 jours pour les pontes des femelles
F5 à F7 incubées à la température ambiante (moyennes de 22°4 à 23°6C) du
laboratoire (tab. I).
Les 42 nouveau—nés obtenus présentaient tous la coloration dorsale noire
caractéristique des juvéniles de L (Z.) vivipam. Leur longueur museau-cloaque
moyenne était de 21,5 mm (cart-type sd= 1,2; variation observée : 19 à
24 mm), leur longueur de queue moyenne de 30,6 mm (sd=2,9; variation
observée: 26 à 36 mm), et leur poids moyen de 255 mg (sd= 33; variation
observée : 189 à 300 mg).
Le poids moyen (ou la taille moyenne) des nouveau—nés d’une portée n’est
pas corrélé au poids moyen des oeufs de la ponte, ni à la taille de la femelle
ayant produit cette ponte (test r de Pearson, P > 0,05 dans tous les cas).
24

IV. DISCUSSION
Les femelles des cinq populations italiennes étudiées pondent des oeufs
protégés par une coquille parcheminée, contenant des embryons
incomplètement différenciés ; elles ont la faculté de déposer plusieurs pontes
successives chaque année. Ces caractéristiques correspondent à celles observées
dans les populations ovipares du sud-ouest de la France, d’Espagne et de
Slovénie (Braüa 8: Bea 1987, Heulin 8: Guillaume 1989, Heulin et al. 2000);
elles sont clairement différentes des caractéristiques observées dans les
populations vivipares de l’espèce où les femelles réalisent toujours une seule
gestation annuelle et où l’oeuf, enveloppé par une fine membrane transparente,
se développe complètement à l'intérieur de l’utérus maternel (Panigel 1956,
Heulin et al. 1991).
Compte tenu des faibles effectifs de femelles étudiées et du nombre limité
de populations italiennes échantillonnées, une comparaison statistique précise
des caractéristiques reproductives des populations ovipares d’Italie, de
Slovénie et de la région pyrénéo-cantabrique ne peut être effectuée. On
rnentionnera simplement que les valeurs extrêmes du nombre d’oeufs (4 à 8) par
ponte, du poids moyen des oeufs à la ponte (175 à 282 mg), du stade de
développement des embryons à l’oviposit·ion (30- 32 de la table de Dufaure 8:
Hubert 1961), et de la longueur museau—cloaque des nouveau-nés (19 à 24 mm)
caractérisant les populations ovipares italiennes, sont incluses dans la gamme
de variabilité observée pour ces paramètres dans les populations ovipares de
la région pyrénéo-cantabrique et de Slovénie (Braüa 8: Bea 1987, Heulin 1988,
Brafla et al. 1991, Heulin et al. 2000). On remarquera cependant que la durée
d’incubation à température constante de 22.5°C observée pour les pontes de
femelles italiennes (33-35 jours) est comparable à celle des pontes de femelles
Slovènes (33-37 jours), mais est légèrement supérieure à celle observée pour des
pontes de femelles pyrénéennes (27-33 jours) (Heulin et al. 2000). La gamme de
variabilité du poids des nouveau-nés semble aussi légèrement plus élevée dans
les populations d’Italie et de Slovénie (180 à 300mg dans ces deux cas) qu’elle
ne l’est (174 à 269 mg) dans les populations pyrénéennes (I-Ieulin et al. 2000).
On notera enfin que la production de plusieurs pontes annuelles successives ne
nécessite pas obligatoirement un ré-accouplement entre chaque ponte chez les
femelles ovipares pyrénéennes (Heulin 1988) et qu'il conviendra donc
d’évaluer si cette possibilité existe aussi chez les femelles ovipares de
Slovénie et d'Italie.
Des nouvelles recherches, portant sur de plus grands échantillons étudiés
en conditions standardisées, seront nécessaires pour déterminer s’il existe
réellement quelques différences reproductives entre les populations ovipares
franco—espagnoles et les populations ovipares slovéno-italiennes. Cette
éventualité ne doit pas étre négligée car l’on sait d'ores et déjà, grâce aux
analyses phylogénétiques moléculaires, qu’il existe une nette différenciation
génétique de ces deux groupes ovipares. Les analyses de séquences de l’ADN
mitochondrial ont en effet précédemment révélé que les populations ovipares
de Slovénie et des Alpes Carniques autrichiennes forment un clade se
25

branchant à la base de l’arbre phylogénétique de l’espèce, alors que les
populations ovipares franco-espagnoles et les populations vivipares
correspondent à deux autres clades occupant des branches supérieures de cette
arbre phylogénétique (Vogrin et al. 1999, Mayer et al. 2000, Surget-groba et
al. 2001). L'analyse récente des séquences d'ADN mitochondrial des cinq
populations ovipares italiennes de notre étude a montré que celles-ci sont
apparentées aux populations ovipares de Slovénie: elles forment ensemble un
clade monophylétique, distinct du clade ovipare franco-espagnol (Surget—
Groba, données non publiées).
L’existence au NE de l'Italie (Tarvisio, Fusine) de populations ovipares
apparentées phylogénétiquement aux populations de Slovénie n’est pas un fait
surprenant, compte tenu de la proximité géographique de ces deux groupes
(moins de 10 km entre la population de Fusine et la population ovipare
identifiée au NW de la Slovénie: fig. 2). En revanche, la découverte de
populations ovipares au NW de l'Italie étend considérablement vers l’ouest
l’aire de répartition de ce clade ovipare. Nous ignorons s’il existe —ou non-
d’autres populations ovipares entre celles du NW et celles du NE de l’Italie.
En particulier, le mode de reproduction des populations isolées du bassin du Pô
et de Vénétie n’est pas connu, et les informations concernant les populations des
Alpes italiennes sont elles-mêmes très fragmentaires. On peut signaler
l’observation de parturitions de femelles attestant de l’existence d'un mode de
reproduction vivipare à Valle Formazza (fig. 2: population V5) dans les
Alpes Tessinoise du Piémont (Andreone 8: Sindaco 1998) et à Pramollo (fig. 2 :
population V1) dans les Alpes Carniques italiennes (Lapini, comm. pers.),
Nous disposons aussi de données indirectes (i.e., déduites de la phylogénie
moléculaire) révélant l’existence d’autres populations vivipares proches :
l’analyse des séquences d’ADN mitochondrial (gène du cytoclrrome b) a révélé
des haplotypes caractéristiques de populations vivipares à Paluzza dans les
Alpes Carniques et à Chiareggo dans les Alpes Rhétiques en Italie (Surget—
Groba et al. 2001), ainsi qu’à Valle Piurnogna dans les Alpes du Tessin Suisse
(Surget-groba, données non publiée) (voir populations V2 à V4 dans la fig. 2).
Les stations vivipares des Alpes Tessinoises (V4 -V5) et nos stations
ovipares du Nord-Ouest de l’Italie (Oropa - Varese - Motaronne) sont
relativement proches (environ 70 km), mais sont cependant séparées par une
zone (basse vallée du Ticino) où l’espèce semble absente. Lacerta (Zootoca)
viuipara présente en revanche une distribution continue dans les Alpes
Carniques italiennes (Lapini et al. 1999), et l’on peut donc raisonnablement
supposer qu’une zone de contact entre ses populations ovipares et vivipares
existe dans cette région. On peut à ce propos souligner que la population
vivipare de Pramollo mentionnée ci—dessus est seulement distante d'une
quinzaine de kilomètres de notre station ovipare de Tarvisio, ainsi que de la
station ovipare des Alpes Carniques autrichiennes identifiée par Mayer et
al.( 2000). Une prospection attentive de cette région des Alpes Carniques sera
donc nécessaire pour définir avec précision l’étendue des éventuels contacts
ovipares/vivipares, et pour établir, à partir de marqueurs nucléaires (ADN et
26

enzymes) s’il existe des zones d'hybridations entre les deux formes- Cette
éventualité mérite d'être considérée avec attention dans la mesure ou l’on sait
qu’il est possible, en élevage, de réaliser de telles hybridations entre les
lézards des populations vivipares françaises et ceux des populations ovipares
pyrénéo—cantabriques (Arrayago et ol. 1996).
D’autres zones d’ltalie mériteront également une prospection attentive.
Cest notamment le cas des Plaines de Vénétie et du bassin du Pô qui recèlent
encore plusieurs petites populations isolées (fig. 2). L’étude de ces populations
fragrnentées présente un intérêt non seulement pour nos investigations
reproductives et phylogéographiques, mais aussi en terrne de biologie de la
conservation. Ces populations fortement menacées d’extinction sont en effet les
derniers témoins d’une aire de répartition beaucoup plus vaste qui, avant les
travaux " düassainissement " de cette région (drainage entrepris en 1940),
s’étendait dans l’espace compris entre le Pô et le massif Alpin (De Betta 1857,
1863, Massolongo 1859, Lessona 1878, Carnerano 1885, Vandoni 1914, Tortonese
1942, Lugaro 1957, Giovine 1989, Sahnaso 8: Osella 1989 Richard 8: Semenzato
1992, Baratelli 8: Ghielmi 1994, Semenzato et al. 1996, Lapini et al. 1999).
Remerciements. Cette recherche s’intègre dans un programme de
caractérisation des zones humides de la Ligue italienne de protection des
oiseaux (LIPU) et dans un programme de l’Institut Français de la biodiversité
("origine et distribution de la biodiversité"). Elle a également bénéficié d’un
soutien financier du CNRS (PICS N°1094), et de l’Ecole Pratique des Hautes
études (PPF ”populations fragmentées”).
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29

30

Bull. Soc. Herp. Fr. (2001) ; 98: 31-42
Tortues marines de la façade atlantique de l'Afrique.
Genre Lepidochelys. 1. Quelques données concernant
la présence de L. olivacea (Eschscholtz, 1829)
dans l'île de Bioko (Guinée Equatoriale)
par
Jesûs TOMAS (ll, ]acques FRETEY (2), juan Antonio RAGA (1)
et ]avier CASTR©VIE]O (3)
(1) Department of Anirnal Biology and Cavanilles Research lnstitute of
Biocliversity and Evolutionary Biology, University of Valencia ;
Dr. Moliner 50, 46100 Burjassot, Valencia, (Spain)
(2) Fédération française des Sociétés de Sciences naturelles,
Museum national cl’Histoire naturelle,
57 rue Cuvier, 75231 Paris cedex (France)
(3) Estaciôn Biolégica de Dorïana, CSIC, Avila. M" Luisa s/n 41013,
Sevilla (Spain)
Résumé - Les auteurs [présentent ici quel ues données préliminaires acquises entre 1996
et 1998 sur un chepte reproducteur de tllepidochelys o ivacea sur l'ile de Bioko (Guinée
Equatoriale}. Comme dans les pays voisins où Fesgèce est étudiée, les femelles adultes
semblent atteindre des tailles supérieures à celles es autres régions du monde. Il a été
dénombre sur 2 saisons 174 atterrissages pour 141 nids effectifs. Cette fréquentation sur
Bioko, quantitativement faible, offre cependant un intérêt certain pour la conservation de
l'espèce, laquelle est très affaiblie dans 'Océan Atlantique.
Mots-clés : Lepidochelys olivacea. Golfe de Guinée. Guinée Equatoriale. Bioko.
Reprod uciion. Biométrie.
Abstract - Marine turtles of the Atlantic coast of Africa (Lepidochelys). Some data
on L. olivacea (Eschscholtz, 1829) on Bioko Island (Equatorial Guinea}. The authors
present here some preliminary data collected on a thrivii;F(populati0n of Llïidochelys
olivacea between 19 6 and 1998 on Bioko Island (Equatori uinea). The ad t females
seem to reach, as thîy do in the neighbouring countries where the species is studied, a
larger size than the emales observed in other regions of the world. Over two seasons,
17 landjngs for only 141 nests with a clutch have been recorded. The nesling is rather
low on the island itself but does carry some sigpifîcance for the préservation of the
species which is severely depleted in the Atlantic ean.
Key~words: Lepidochelys olivacea. Gulf of Guinea. Equatorial Guinea. Bioko Island.
Reproduction. Biomeirics.
31

I. INTRODUCTION
Dans l'Atlantique, la répartition et les sites de nidification de
Lepidochelys oiivacea (Eschscholtz, 1829) sont encore mal connus. Par
ailleurs, quelques incertitudes subsistent quant à une limite exacte de
séparation entre L. olivacea, plutôt méridionale, et l’espèce proche L. kempii,
plutôt nordique et apparaissant parfois jusqu'à une latitude voisine de 4’7°N
avec des pontes quasi-exclusives dans le Golfe du Mexique (19 à 30°N) (Fretey
1999a). ]usqu'à une date récente, la communauté scientifique considérait que la
principale zone de ponte atlantique de L. olfvacea était la région des Guyanes
(plages de Baboensanti, Eilanti, Organabo, Malmanoury".), et maintenant
essentiellement dans l'île de Cayenne.
Le travail engagé en Afrique occidentale depuis 4 ans fait apparaître des
plages de nidification pour L. olivacea jusqu'alors complètement ignorées.
Fretey (1998a, 1998b, 1998c, 1998d, 1998e, 1998f, 1999b) fait Finventaire des
connaissances sur la présence de l'espèce et de ses lieux de reproduction dans les
pays situés sur la façade atlantique de l'Af1‘ique et en particulier dans les
pays d‘Afrique Centrale.
Divers auteurs ont cité L. olitmcea de l'île de Bioko (autrefois Fernando
Poo) : Eisentraut (1964), Butynski et Koster (1989), Castroviejo et al
(1994), Garcia (1996), Tomas et nil. (sous presse). Butynski (1996) n'a pas lui-
même observé la ponte de cette tortue, mais cite une photographie de ]. P.
Gonzalez Kirchner datant de 1990 et semblant prouver cette nîdifîcation. Il
faudra attendre le travail rationnel de l'un de nous (JT) pour avoir une réelle
confirmation, non seulement de la ponte de cette espèce au sud de Bioko, mais
également de son importance pour l'ensemble du Golfe de Guinée (Tomas 1998)
(Fig. 1).
II. SITE DE NIDIFICATION
La Guinée Equatoriale compte 4 entités géographiques séparées : Rio Muni
sur le continent, entre Cameroun et Gabon, l'ïle de Bioko, quelques îlots dans la
Baie de Corisco et l'île d.Annobon. La capitale, Malabo, est située au nord de
Bioko.
L'île de Bioko fait partie de la chaîne volcanique s'étendant en diagonale
du Lac Tchad à l'île britannique de Sainte—Hélène. Elle est la première
émergence insulaire à partir du Cameroun de cette chaîne incluant le
Mont Cameroun et qui comporte les îles de Prince (Principe), Saint-Thomas
(Sâo Tomé), Las Rolas et Annobon. Bioko est de toutes ces îles la plus grande
avec une superficie de 2.017 km2. Elle est de forme rectangulaire, mesurant
69 km du nord au sud et 32 km d'est en ouest. Partie du continent à la période
glaciaire, elle s'en est séparée à la fin du Pléistocène, entre '7 à 12 000 ans. Le
32

canal qui s'est formé entre cette île et le Mont Cameroun est large de 32 km et
atteint seulement une profondeur maxima de 60 m.
J ézfvkv CAMEROUN
JJ
Principe
équa!eur————i Sëv Tomé U°
GABON
9 Annobén
1n··e
Figure 1. Localisation de l'île de Bioko dans le Golfe de Guinée.
Au sud de l'île, 1'ensemble du site de nidification, entre la Punta Oscura et
la Punta Santiago, long de 19,3 km, peut être divisé en 6 zones distinctes :
Eaclju-Tudela (A = 1.593 rn), Moraca (B 2 2.827 m), Loté (C = 3.441 rn), Sihoalo-
Lovibo-Uatâ (D = 3.446 m), Molohobo (E = 2.881 rn), Moaba (F = 5.158 m). Les
plages les plus à l'0uest sont petites, constituées de galets et de sable, ont une
forte pente et une largeur généralement inférieure à 40 m. Les plages orientales
sont longues, de faible pente et mesurent plus de 100 m de large à marée basse.
33

Le sable est noir, d'orîgine volcanique. La granulométrie est en moyenne
inférieure à 1 mm, sauf sur Moaba où elle atteint 2 mm sur 1 km. La plage de
Loté (C) est presque entièrement composée de galets, la rendant peu propice à
la ponte de L. otivacea. A noter que quatre rivières importantes aux eaux
torrentielles sectionnent le site : Ole (ou Tudela), Eola (ou Bacha), Osâ,
Moaba (Tiburôn).
La zone d’étude, située à proximité de l'Equateur, est fortement pluvieuse.
La saison sèche est très brève et se limite seulement à la période comprise
entre janvier et début mars. Avec prédominance des vents secs de l'Harmattan
provenant du continent. Lors de la saison de ponte 1996/ 1997, seul le mois de
février a été sec et uniquement pendant 2 semaines. Lors de la saison suivante,
le nombre de jours de pluies a été très faible. La température moyenne sur le
littoral est de 25°C (Fig. 2).
Bahiâ
de Luba
° Luba
Gran Caldera . _
volcan ioa de Rlaba
San Carlos
. Moca
Punta Uœœ]
Oscura 9 m
§ s s
cu È E
5 O :2 Punta
É au ·
Du E Santiago
Figure 2. Zone d'étude au sud de Bioko.
 
34

Ill. METHODE
L'étude a été réalisée en 2 périodes correspondant à 2 saisons de ponte de
L. olimzcea : entre le 7 octobre 1996 et le 15 avril 1997, et entre le 15 septembre
1997 et le 7 mars 1998. Le suivi de chaque plage a été réalisé à environ 95% (cf.
Tableau I) avec 2 patrouilles par nuit pour chacune d'elles. Une patrouille
d'inspection des traces fut faite chaque matin afin de vérifier le comptage
nocturne des venues de tortues.
Vers la fin de la seconde saison de ponte, des problèmes politiques locaux
perturbèrent le bon déroulement de l’étude, et empêchèrent ensuite un suivi du
site pendant la saison 1998/ 1999.
Tableau I. Pourcentage des nuits d'étude pendant l'ensemble des 2 saisons de ponte.
1ère saison 2ème saison
29*39 1 6-1997 1997-1998
A   9653 %
-É_ 95 79 % 95 38% .
C 95,79 % 91 90%
_}— 95.79 9..  
  95 79 % 95 38%
F 95,79 % 94,80%
IV. RESULTATS
A. Biométrie
Lors des 2 saisons, seulement 4 femelles ont pu être baguées et aucune d’elles
n’a été revue ultérieurement. Trente tortues ont pu être mesurées. Quelques
femelles ont été mesurées par les gardes locaux du village d’Ureca qui tous ne
travaillaient pas de façon rigoureuse. N’ayant pas vu nous-mêmes les
individus notés de 86 et 88 cm (cités in Tomas et al., sous presse), nous devons
émettre un doute sur Yexactitude de ces données exceptiomielles. Cest
Tableau II. Comparaison des longueurs courbes (CCL) des dossières des femelles adultes
mesurées sur l'île de Bioko avec 'fférentes données biométriques en divers sites de ponte
dans l‘Atiantique et dans le Pacifique (* mensuration rectiligne, SCL).
Location  o erme cm Extrêmes cm N Source
Bio o 1996 9 - ,1 zt 4,76 63-78 Qàj 21 T
Bioko 1997 98 71 13 i 6 33 63-78 88 “ T
osta Rica Nancite 63.7  7,2-71,4* È orne `us&
Robinson 1984
Casta Rica Ilëëmî 65.2 57.0-725 53  iF2l§1
Mexico Oaxaca 62 98 54 0-67,0* 81 Frazier 1983
uyana e  Beac + 62-74* 241 Pritc ar  1969
Surinam (Eilanti, Bigi
Santi
Honduras côte Pacifi ue 1 58-74* W Pritchard 1969
Surinam 68,5 63-75 500 Reichart 1993
  70.86 64,5-82 29 Frete 1999- 
Sào Tomé 68.93 62-86 277 Frete^y et al. (à
 araitre
35

pourquoi ces mesures sont notées entre parenthèses dans le Tableau Il, lequel
compare les longueurs des femelles de Bioko avec celles d’autres régions.
B. Fréquentation des plages
Pendant les 2 saisons 1996/97 et 1997/ 98, un total de 174 montées à terre de
L. olimcea a été enregistré pour 141 nids réellement constatés (cf. Tableau III).
La plus grande partie des nids étaient localisés entre la ligne de marée haute
et le bord de la végétation, plus rarement sous cette végétation. On ne peut pas
définir une plage réellement préférentielle, même si le maximum d’activités
observé a été pour chaque année sur la plage de Sihoalo—Lovibo-Uatâ-
Le rythme intra-saisonnier des montées à terre des femelles apparaît dans
les Figures 1 et 2. Il est à noter que le pic de janvier est constant pour les 2
saisons, qu’aucun pic bien marqué n’apparaît en novembre ou décembre 1996,
alors qu’un grand pic de fin décembre se remarque pendant la saison 1997-98. A
signaler que pendant la saison 1997-98 eurent lieu 5 montées à terre en
septembre.
 
Tableau III. Atterrissages et pontes de L. olivacea dans la zone étudiée pendant les
saisons de ponte 1996/ 997 et 1997/ 1998.
 
  Montees à terre Ni  s
1996/97 1997/98 1996 97 1997/98
A 10 12 il 5
“ 17 21 13 21
C   1 îî
îîî  14 2
n 14 lü 14 IU
F 13 21 -î 1
Tvtal îEî 91 57 iîî
On peut estimer que ces données sous—évaluent quelque peu les activités
réelles de ce qui s’est réellement passé sur l’ensemble du site pendant les 2
saisons. Plusieurs facteurs d'erreurs sont à envisager :
A) Les montées à terre sans nid n'étaient pas notées au mois d'octobre 1996 ;
B) Les troubles politiques en 1997/ 1998 empêchèrent souvent le travail
nocturne de l’équipe
C) Les violentes pluies et les fortes marées communes à cette région ont
effacé bon nombre de traces
Si on regarde la fréquentation hebdomadaire de l’ensemble du site en
fonction des phases lunaires (Figures 3 et 4), on remarque malgré la faiblesse
des montées, quelques pics bien marqués en période de nouvelle lime.
36

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 gïthme hebdomadaire des montées à terre et des pontes pendant la saison
37

C. Ponte
La seule ponte ayant pu être examinée le 13 janvier 1997 comportait 110
œufs. Trois nids creusés les 9 novembre, 29 novembre et 21 décembre 1997 ont
éclos respectivement 73, 63 et 55 jours plus tard.
Le 18 décembre 1997, sortirent d'un nid 9, puis 6 tortues nouveau—nées. La
plupart des émergences avaient eu lieu la veille selon les nombreuses traces
marquant le sable aux alentours. L'examen de l’intérieur du nid profond de 44
cm fit découvrir un total de 101 œufs pouvant être classés en 3 catégories :
47 membranes vides, 47 embryons morts à différents stades, 7 tortues mortes à
l’écIosion. Par ailleurs, 3 nouveau-nées mortes pendant l'ascension et de
nombreuses fourmis ont été découvertes dans le puits du nid.
V. MENACES SUR UESPECE
La prédation des œufs par les 2 espèces de Crabes fantômes Ocypode cursor
et O. africmtus présentes sur le site, ainsi que par plusieurs espèces de
Formicidés, a été constatée, mais non quantifiée. On retrouve sur ces plages le
phénomène décrit en Guyane française par Fretey (1976) et au Costa Rica par
Cornelius (1986) selon lequel le tunnel creusé par les Ocypodes permet aux
Diptères d’atteindre les œufs et cl’y pondre. Le pourrissement des œufs
attaqués par les larves émet vers l'extérieur des effluves très attirantes pour
les Mammifères. Peut-être faut-il ainsi expliquer le déterrage occasionnel de
nids par les chiens errants du village d'Ureca dans les zones D et E et par le
singe Drill (Mzmdriltus Ieucophacus pmmsfs) dans les zones A et F. C’est, à
notre connaissance, l’un des rares cas constaté de Primate venant sur une plage
pour se nourrir d'œufs de tortues marines, alors que des singes amazoniens sont
connus pour leur consommation d’œufs de tortues fluviatiles du genre
Podncrtemis (Vogt com. pers,).
Contrairement à ce qui est noté par Mba Mba et al. (1998) sur la partie
continentale de la Guinée Equatoriale, il n’a pas été constaté sur Bioko de
prédation des nids par l’Athérure africain (Atherus nfrictmus) (Famille des
Hystricidae), pourtant bien présent aux alentours des plages. Le comportement
ovophage de ce Porc~Epic, au régime habituellement radivore et frugivore,
reste à confirmer.
En ce qui concerne la prédation des tortues nouveau-nées dans la plupart des
zones, les espèces les plus fréquemment observées sont les Ocypodes, le Vautour
des cocotiers (Gypohicmx mtgolmsis) et le Corbeau-pie (Corvus alims), celle
des Oiseaux restant diurne. Le Varan du Nil (Vamnus ufloticus), habituel et
redoutable prédateur des nids de tortues marines sur le continent, n'a été
observé que dans la zone A.
La pression humaine sur les tortues marines et les œufs a beaucoup baissé
depuis la mise en place du projet de l’association espagnole Amigos de
Donana. Les captures recensées de tortues par les pêcheurs, essentiellement en
provenance d’Annob6n, concernaient plus souvent Chelmzia mydas et
Eretmochelys imbricata que Lcpidvchalys olivacea. Il a cependant été
constaté la présence de viande de cette dernière espèce dans un restaurant de
38

Malabo en octobre 1997, reconnaissable à la peau restant sur les morceaux
découpés. Ce même mois, un individu a été observé par l'un de nous entortillé
dans un filet à une centaine de mètres de la côte, au sud-ouest de l'île.
VI. DISCUSSION
La venue des femelles pour la ponte semble augmenter à Bioko en période
de nouvelle lune, alors que sur les plages du Surinam, Schulz (1975) notait
surtout une augmentation des montées à terre lors du premier et du dernier
quartiers.
Le nombre d'ceufs compté dans 2 nids s’inscrit dans la fourchette habituelle de
30 à 168 (moyenne: 116) des pontes de l’espèce dans l’©céan Atlantique
indiquée par Reichart (1993). Le temps d'incubation varie habituellement au
Surinam de 51 à 61 jours. On peut supposer que la pluviométrie importante de
cette région du sud Bioko fait chuter la température du sable des plages, ce qui
entraine ipso facto ce développement embryonnaire lent de 63 et 73 jours.
Il est à noter que les données biométriques actuelles dans le Golfe de Guinée
(Cameroun, Sâo Tomé, Bioko) montrent des femelles généralement cle tailles
comparables à celles du Surinam, mais plus grandes que dans le Pacifique.
Plusieurs spécimens africains mesurés, dont une dossière vue à Douala et 1
mâle saotoméen vivant, dépassaient les tailles maximum habituelles connues
pour l'espèce : 82 et 86 cm. Dans ce contexte, les données de 86 et 88 cm
recueillies par les villageois d'Ureca ne sont pas aberrantes, même si un doute
doit subsister sur leur exactitude.
Selon Pritchard (1969), l'individu long de 80 cm signalé par Hughes et al.
(1967) d'Afrique du Sud serait en fait une Caretta canette présentant des
malformations kyphotiques. Caldwell et ai. (1969) mentionnent une femelle
surinarnienne dont la dossière atteignait 83 cm , ainsi que 3 mâles longs de 100,
100 et 94 cm. Ces dernières mesures, peut—on supposer, comprennent la longueur
de la tête et du cou en plus de la dossière. On peut s'interroger sur la validité
de ces mesures non reprises dans la littérature récente, chez Schulz (1975) ou en
particulier dans le synopsis sur l'espèce L. olivecea écrit par Reichart (1993).
Sur la façade atlantique de l’Afrique, la nidification de L. olivacea est
maintenant certaine en Guinée-Bissau, Sierra Leone, Côte d'Ivoire, Ghana,
Cameroun, Guinée Equatoriale (Bioko, Rio Muni, îlot Mbanye satellite de l’ïle
de Corisco), Sâo Tomé, Gabon, Congo Brazzaville, Angola (y compris dans la
Province du Cabinda). L’espèce est étrangement absente de Principe (Fretey et
ai'., à paraître). La ponte serait à confirmer au Libéria dont sont originaires 2
nouveau—nées conservées en collection (Brongersma, 1981-82). Des pêcheurs
ivoiriens de la région frontalière ont affirmé à l’un de nous (IF) que l’espèce
pondait sur les plages libériennes proches de la frontière. la nidification de
l’espèce signalée par Marquez (1990) en Namibie est remise en question par
Griffin (à paraître).
Environ 200 femelles nidifieraient chaque année sur l’île d’Adonga, dans
l’Archipe1 des Bijagos (Paris Ez Agardy 1993). Les observations de traces et de
39

tortues nouveau-nées sur l’îlot de Baki, en Sierra Leone (Fretey 8: Malaussena
1991) montrent mme activité de ponte également intéressante dans cette région.
La nidification au sud Cameroun est faible mais régulière (Fretey 1999b). La
fréquentation par les femelles de l’espèce des plages du sud Gabon, de la région
de Conkouaii au Congo, puis plus au sud jusqu’au delà de Luanda semble
intéressante et mériterait un meilleur suivi (Maloueki 1996, Fretey 1998a,
1998d).
A Sâo Tomé, il a été dénombré un total de 277 nids pendant la saison 98/ 99,
avec une concentration sur les plages du nord (Dontaine 1999). Avec quelque SO
à 90 nids annuels, le site de Bioko accueille donc environ un tiers du nombre de
nids de toutes les plages de Sâo Tomé. On peut s’interroger sur les facteurs
influant sur l'aire géographique cle nidification de L. olimcea dans l'ensemble
de cette région, laquelle exclut les plages de Principe comprise entre 2 zones
importantes de ponte, l’une au sud de l’île nordique (Bioko), 1’autre au nord de
l’île méridionale (Sâo Tomé). La présence de l’espèce dans cette partie du
Golfe de Guinée pourrait s’expliquer par les eaux sédimenteuses riches en
Invertébrés marins de l’Estuaire du Cameroun, mais cela n’élucide pas les
causes de l’absence à Principe.
A noter que contrairement à ce qu'ii était habituellement connu pour
l’espèce (Bustard 1972, Reichart 1993), celle—ci pond régulièrement dans
l’©uest africain presque exclusivement en milieu insulaire, sur des iles qui ne
sont pas toutes de grande taille comme par exemple l'îlot Mbanye dans la Baie
de Corisco (Formia 1999).
On peut s’interroger sur les mouvements migratoires atlantiques des
cohortes reproductrices nidifiant dans le Golfe de Guinée, en particulier au sud
de Bioko. Actuellement, aucune femelle baguée sur l’1.m des sites (Cameroun,
Bioko, Sâo Tomé) n’a été revue ailleurs le long des côtes ouest-africaines ou
dans une autre région de l’©céan Atlantique. Aucune femelle baguée dans
l'Atlantique Ouest (Surinam, Guyane française, Brésil) n'a non plus été
observée dans le Golfe de Guinée. Les études génétiques en cours (School of
Biosciences, Cardiff University, Royaume Uni) nous apporteront peut—être des
renseignements sur l'origine des populations africaines de L. olimcsa.
La population femelle nidifiant au Surinam, pays considéré comme
possédant les sites de ponte les plus importants de l'espèce dans tout l’©céan
Atiantique, est passée de 2450 à 500 entre 1967 et 1989. Bien qu’une
recolonisation actuelle des plages proches de Cayenne (Guyane française)
prouve que des mouvements cycliques et géographiques des femelles restent à
analyser dans l’ensemble de la région guyanaise, la situation de L. slivacca
dans l'©uest Atlantique reste préoccupante. La découverte d’une nidification
régulière sur l’üe de Bioko s’ajoutant à celle des pays voisins est donc très
intéressante, tant d’un point de vue biogéographique, que pour la conservation
de l'espèce.
Remerciements · Nous tenons à remercier ici Ramon Castelo, coordinateur du
Projet de Conservation et de Développement Ecologique au Sud de l’Ile de
40

Biolco, conduit par l'association Amigos de Dofiana. Nous exprimons toute
notre gratitude pour 1'aide financière apportée au projet par le programme
européen ECOFAC, ainsi que la collaboration des autorités de Guinée
Equatoriale, en particulier le ministère des Pêches et Forêts. Merci également
aux habitants d’U1·eca.
Le sjour sur place du premier auteur pour son travail de thèse a été
supporté par la Conselleria d'Educaciô i Ciència de Valence (Espagne).
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Manuscrit accepté le 25 moi 2001
42

Bull Soc. Herp. Pr. (2001) 98 : 43-56
Tortues marines de la façade atlantique de l‘Af1·ique,
genre Lepidochelys. 2. Suivi et conservation de
L. olivacea (Eschscholtz, 1829) (Cheloni, Chelonidae) à
Sâo Tomé et Principe
par
Jacques rRere1M1>,]ea¤-François DONTAINE f2) et Alexis B1LLesf3J
(1) Fédération jrançaise des Sociétés de Sciences naturelles
Muséum national d’l—1istoire naturelle - 57 rue Cuvier, Paris cedex 05 (France)
(2) Projecto '1`âtô, ECOFAC, CP 09 -
(Sao 1"omé e Principe via Lisbonne - Portugal)
(3) Cellule de Coordination ECOFAC, BP 15 115 Libreville (Gabon)
Résumé — Les auteurs confirment ici la présence de L. olivacea à Sao Tomé pour la
nidification. Vingbdeux plages ont été identifiées comme sites de ponte, en particulier
dans le nord de l ile. La taille deâlinâlividus adultes des 2 sexes, des aîorâues nouveauaêées
et des œufs est com arée avec c e ’autres a s. Un exem ' m‘ e e 86cm est cit ici
comme le record mlândial pour l’espèc. Degxyimmatures iiongues de 33 et 51 cm ont été
capturées, ce gui laisse supposer une aire de croissance dans la région. Le projet de
conservation T tô tente de supprimer la lîlière de la viande et de sauvegarder les nids par
leur transplantation en enclos.
Mots-clés : Golfe de Guinée. Sâo Tomé et Principe Lepidoclrelys olivacea. Sites de ponte.
Biométrie.
Summary — Marine turtles of the Atlantic coast of Africa, genus Lepidochelys. 2 .
Monitoring and conservation of L. olivacea [Eschscholtz, 1829) (Cheloni,
Chïganiillae} on Sâo Tomé anbdë Plilincipe. Nïting Tiny L. lrïlizêaâea oln E`àâcî1`I`ombîJs
con m . Twentydwo nesüng ac es, especi in t e nort o e is an , ave n
identilîed to be used for nesting. Sizes of a ult males and females, and of hatchlings and
eggs, are comïparable to those in other countries. A male of 86 cm is cited as the largest for
the species. wo immature turtles of 33 and 51 cm were caught suggesting a growth and
feedmg area in the region. The "Tàtô conservation prpliect" is attempting to end the turtle
meat industry and protect nests by relocating them to osed areas.
Key-words: Gulf of Guinea. Sâo Tomé and Principe. Lepidochelys olivacea. Nestîng sites.
Biometrics.
I. INTRODUCTION
Les données sur les tortues marines dans le Golfe de Guinée étaient jusqu’à
présent très fragmentées et souvent peu précises (Fretey 1998a).
43

L’espèce Lepidochelys olirmcea (Eschscholtz, 1829) est présente dans
1'©uest atlantique de 34°S jusque vers 21°N (Fretey 1999). Son cheptel de
femelles adultes lié principalement à la région guyanaise y est considéré
comme en danger d'extinction (Reichart 1993). Il apparaît donc comme
important de mieux connaître le statut des populations de l’Est atlantique, et
en particulier de pouvoir assurer un suivi des sites de nidification africains,
ainsi qu'u.ne protection des femelles adultes.
A Sâo Tomé et Principe , les tortues marines sont citées pour la première fois
en 1885 par S. R. Greef dans sa publication ” Ueber die Fauna der Guinea-
Inseln S. Tome und Rolas". Cet auteur note la nidification cle Chelonia mydas
et Eretmochelys imbricata, mais semble ignorer la présence de L. olimcsa.
Loveridge and Williams (1957), Sternberg (1981), Brongersma (1981),
Groombridge (1982, 1993), Mager (1985) ne feront que reprendre l'information.
Un premier inventaire des espèces présentes et des sites de ponte débutera
en octobre 1994 dans le cadre d’une collaboration entre le programme européen
ECOFAC (Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes Forestiers
en Afrique Centrale) et le Corps de la Paix.
David Graff, volontaire du Corps de la Paix, rédigera le résultat de ses
premières investigations (Graff 1995a). Il apparaîtra dans cette étude que
toutes les plages de l’île principale sont potentiellement des sites de ponte.
Par ailleurs, le constat est fait d’un déclin des tortues marines dans cette région
en raison d’une exploitation irrationnelle de la viande, des œufs et de l’écaille
au cours des dernières années. Cet auteur indique que Lcpidochclys olivacca
s'appelle "Tàtô" en langue locale Forro. Sa présence sur l‘île de Sâo Tomé est
confirmée lors de la capture d'une femelle au large de Ponta Branca le 5
novembre 1994. L'individu fut tout d'abord pris pour une Caretta caretta à
cause de sa grosse tête, puis correctement identifié ultérieurement sur
photographies. Il possédait 6 paires de costales et 4 paires dïnframarginales
avec présence de pores. Le même auteur découvre ensuite une tortue nouveau-
née de cette espèce avec 7 paires de costales, en décembre 1994, nageant près de
Praia Cruz.
]uste (1994) n`a pas pu prouver la présence de l'espèce (qu'il nomme
"Tartaruga bastarda" ou "Lepydochelys olimcea"[sic]) sur Principe bien qu'il
rapporte la capture en 1991 de 2 spécimens dont la description par des pêcheurs
correspond à L. olivacea. Juste conclut que l'espèce doit être sporadique dans
ces eaux.
Le projet Tàtô actuel, grâce à des appuis financiers extérieurs (Fonds
canadien, Union Européenne, sous tutelle du programme régional ECOFAC),
assure un suivi de quelques plages jugées prioritaires et permet une
identification de toutes les Tortues olivâtres capturées vivantes par les
pêcheurs. Ces dernières sont récupérées pour marquage et données biométriques
au marché ou sur les plages de ponte, puis relâchées après versement d’une
prime (Dontaine 8: Neves 1999).
44

Il. IDENTIFICATION
Un total de 527 Tortues olivâtres adultes des 2 sexes a été marqué en 1998 et
1999 à l’aide de bagues de type Monel (National Band and Tag Co)
(Tableau I). Deux individus immatures ont été bagués en janvier 1999.
Tggàeau I. Nombre de tortues adultes marquées mensuellement de août 1998 à novembre
  1998 1999
î août EEEIEEIIEK déc `anv év @1TmI rwv
? 3 28 É- 109 91 ï 24 11 34 13
? IK 13 ÉIKÉÉQÈ 2 1 É—ÉKÉK
III. BIOMETRIE ET ECAILLURE
Les agents du projet ont mesuré 417 femelles et 56 mâles (Fig. 1). Pour
l’ensemble des femelles examinées, la longueur courbe de la dossière (CCL) est
comprise entre 62 et 80 cm, avec une nette prédominance des longueurs de 69 à 72
cm (moyenne : 70,127 cm i 2,204). La longueur de la dossière des mâles varie de
64 à 86 cm (moyenne : 70,625 cm i 3,826). Le mâle exceptionnel de 86 cm a été
capturé au large de Santana le 13 Octobre 1998.
Deux immatures ont également été prises dans les filets : l'une, observée le
12 janvier 1999, avait une dossière longue de 51,0 cm et large de 54,0 cm;
l’autre, vue 13 jours plus tard mesurait respectivement 33,0 sur 34,0 cm.
La dossière de 263 tortues nouveau-nées originaires de 4 nids a été mesurée.
La longueur est de 38 à 44 mm (moyenne : 41, 8 mm i 13, 9). Leur poids est de
12,3 à 18,5 grammes (moyenne: 15,7 g :t 1,3).
Les individus adultes observés ont en règle générale une coloration jaune
verdâtre propre à l'espèce dans l'Atlantique. On peut cependant signaler qu'à
Sâo Tomé , il n‘est pas rare de rencontrer des tortues à tendance mélanique. Les
parties supérieures de la tête et des pattes, ainsi que la dossière, présentent
des tons tmiformes gris sombre (Pantone 419), gris chaud (Pantone 11), brun
verdâtre (Pantone 4485) jusqu’au noir (Pantone 5). Une coloration identique est
observée dans l'est du Pacifique (Pritchard, com. pers.)
Les tortues nouveau-nées sont uniformément vert olive ou gris terreux
(sèches) à brun noir (mouillées), avec un fin liséré pâle sur le bord postérieur
des pattes, ainsi que des taches claires sur les supralabiales ou quelques
plaques ventrales.
Comme très souvent chez L. ofivacea, les individus de Sâo Tomé présentent
un nombre irrégulier et parfois asymétrique de costales (Tableau II). Le jeu de
costales le plus commun semble 6 paires ou 6 et 7 plaques indifféremment à
gauche ou à droite, comme nous l’avons observé également dans d'autres
régions (e.g. Pritchard 1969a).
45

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U.):
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En ce qui concerne les vertébrales, le nombre habituel observé est 6 ou 7
(Tableau III). A noter chez la femelle adulte baguée ECO 2476 (PIT : 00 01 28
97 FFT) la division de la nuchale en 2 plaques subégales entre lesquelles
s'enclave postérieurement une petite plaque (post—nuchale ou 1èî`€
vertébrale ?) surnumeraire (Fig. 2). De telles aberrations de la plaque
Tableau III. Comparaison de la üéquence (%) des vertébrales chez différents individus
de Sao Tomé et dautres régions.
Nom re  everte r  es
ï 5  më- 
A -î-î 40 50 10 -î
-É-îîîî-îîüî-î-î
Éî-!-XEÃ ,1 57 1 ,  î-
-?--!- 20 2 27 9 ÉÉÀE-“
F   20 0 Xï§î 
G 17 9 42 1 38 8 1 1 -î-?-
  42,2 39,0 3,4 0.2
Sâo Tomé (en italique gras) : chez 10 tortues adultes (A) ; chez des nouveau—nées de 4 ni  s
(B : Praia Sâo Gabriel, n = 5; C : Micolô, n = 84; D : Praia Sâo Gabriel, n = 104; E : Praia
Sâo Gabriel, n = 70)
Sud Cameroun 2 chez 30 adultes (F)(Fretey, 1999)
Surinam : chez 487 nouveau-nées de 6 nids (G)(Frete , non publié) ; chez 474 spécimens,
femelles adultes et nouveau—nées de différents nids (I—?)(Pritc ard, 1969b).
V1 (É]
Cl'1  
Q C1 C'1
Q , C1
A
B
V1
C
Fi re 2. Aberrations de la plaque nuchale : A. Division en 3 plaques chez la femelle
acgilîte ECO 2476 observée sur a plage de Micolo ; B. Division transversale chez une
Tortue olivâtre nouveau-née du Surinam.
48

nuchale sont rares. L’un de nous (]F) a observé une nuchale subdivisée
transversalement chez une Tortue olivâtre nouveau-née du Surinam. Nous ne
trouvons une allusion aux possibles malformations de la plaque nuchale que
dans la thèse de P. C. H. Pritchard (1969a) sur le genre Lepidochelys. L’auteur
note: "The nuchal lamina may be split in occasional individuals from all
populations. Eradication of the seam between the nuchal and the first central
may also occur, giving the appearance of an absent nuchal. Both types of
variation are rare and were not studied quantitatively".
IV. REPRODUCTION
A. Accouplements
Seuls les accouplements à la surface de la mer ont été vus par des pêcheurs
locaux. Selon Pinformation fournie par les pêcheurs, les couples seraient
essentiellement observés au Nord-Ouest et au Nord-Est de l'ïle principale de
Sâo Tomé .
Les pêcheurs de Sâo Tomé capturent souvent ces couples entre août et
décembre, jusqu`à environ 15 km des côtes. Nous ignorons pour le moment si les
mâles sont également présents dans les eaux santoméennes entre janvier et
juillet. Quarante-neuf individus mâles ont pu être ainsi mesurés (Tableau I).
B. Sites de nidification
Graff (1995a, 1995b), d'après une enquête auprès des pêcheurs, indique que
les plages de Loxinga, Melâo et Micolé accueillent vraisemblablement des
pontes de cette espèce. Rosseel et Neves (1996) estiment que la nidification de
l'espèce, loin d’être occasionnelle, est au contraire très fréquente et régulière
sur les plages du nord de Sâo Tomé, entre Praia Governador et Praia Melâo.
Ces auteurs indiquent qu’un nid unique a été récolté au sud et qu'aucune donnée
ne confirme des pontes à I’est.
Rosseel in Fretey (1998a) cite l'observation et la transplantation de nids
sur les plages de Micolô, Iuventude, Boy, Grande, Fernâo Dias, Morro Peixe et
Sete Ondas.
Entre septembre et décembre 98, des pontes ont été constatées sur d'autres
sites tels que Praia Perigosa, P. Comprida, P. Sâo Gabriel, P. Sâo Carmo.
Praia Micolo semble la plage la plus fréquentée : 41 femelles y ont été
identifiées alors qu'elIes avaient pondu.
Pas de preuve à ce jour de nidification de l'espèce sur l'île satellite de Las
Rolas, au sud de Sâo Tomé. ni sur aucune plage de Principe (Principe).
Dans le contexte de nos connaissances actuelles, un total de 22 plages de
ponte de l'espèce est enregistré à Sâo Tomé : Conchas, Guegue, Tamarindos-
Comprida, Fernâo Dias, Micolô, Cobo-Juventude, Diego Nunes, Cruz, Gamboa,
Lagarto, Sâo Pedro—Ana Chaves, Brazil-Ana Chaves, Fortaleza, Perigosa,
Sâo Gabriel, Pantufo, Melâo, Manuel jorge, Pombas, Santana, Méssia Alves,
Amador-Sto Antonio (Fig. 3).
49

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Figure 3. Régartition despplages de ponte de L. offvacea au nord et à Fest de Sâo Tomé.
A. Praia das onchas ; B. raia Guégue ; C. Praia dos Tamariridos—ComIç€Irida ; D. Fernâo
Dias; E. Praia do Micolô ; F. Praia Cobô—]uventude; G. Praia Diolgo unes; H. Praia
Cruz; I. Praia Gamboa; ]. Praia Lagarto; K. Sâo Pedro-Brsi (Ana Chavez); L.
Fortaleza ; M. Perëosa ; N. Sâo Gabriel ; O. Pantufo ; P. Praia Melâo ; Q. Manuel Jorge;
R. Praia Pombas ; . Santana ;T. Praia Méssia Alves ; U. Praia Amador-Sto Antonio.
 
50

Lînventaire botanique sur le littoral est peu avancé. Le cocotier (Cocos
mecifèm) est présent en arrière de beaucoup de plages. Cardoso de Matos (1994)
cite en formation herbacée d'arrière-plages des touffes de Cypcrus sp.
(Cyperaceae) associées à lpomca bmsiifensis ainsi que Hydrocotylc
bomzriensis (Apiaceae).
Le sable des plages fréquentées par L. ofioocea présente des
caractéristiques différentes selon chaque site (Tableau [V).
 
Tableau IV. Caractéristiques physiques des sites de ponte.
 
 
PLAGES Granulométrie c n » e c n « e « esignation
Cailleux Munsell fran aise
  <1mrn 1= 69 10 ra 5/3 î! 
Juventu  2 >5mm P 67 7,5 YR 5 4 brun
fortement L 60 10 YR 8/ 8 jaune
co  uiller S 51 7 5 YR 3/ 2 brun rou e foncé
  <1mm Éîï 10 YR 5 3 îüüî
Com as 111   M 69   rose
Pants 6 <1¤‘¤m  
Fernao Diaz I   R 30 5 YR 4/ 2 y is rou e oncé
F€1‘111·10Dî¤2H   T31 7584 0  
Sâo a  rie <1mm N 60 7,5 YR 6 8 'aune rou e
Mico6v' a e <1mm P49 5YR 5/4  mnrou e
  <1mrn T 70 75 R 3 2  nm oncé
wo P6¤><€1 îüüiî N ·   aune rou e
Morro Peixe Il <1rnrn N 60 7 YR 6 8 `aune rou e
  <1¤1m KIÉ  `avns wu s
rvz <1m¤1 P 69  
Pef osa îQIî."•E¤î P 65  
Tamarin vs sîmm M 71  
C. Pontes
Selon les premières constatations (Rosseel in Fretey 1998a), le nombre
d’oeufs dans les nids examinés était compris entre 41 et 164. Sur un total actuel
de 228 nids transplantés, la moyenne d'oeufs par nid est de 115 (mini: 20 —
maxi: 175).
Quarante et un œufs examinés d’un nid creusé sur la plage de Micolo ont
montré un diamètre moyen de 36,90 mm i 0,702 (min. : 35,1 mm - maxi :
38,8 mm).
 
Tableau V. Caractéristiques des pontes dans différentes réglions (au Surinam et au
Guyana CIIBPIÈS Pritchar , 1969b et Schulz, 1975; en Australie 'après Bustard, 1972}.
 
Localisation Nombre d’oeufs  ar ·  nbe Diamètre des oeufs mm
M  enne Extrêmes N Mo enne Extrêmes N
St—Thomas 115 20 - 175 228 36 9 35 1 - 38 8 41
urinam 116 30 — 168 1154 40,0 3 ,0 — 41,0 100
  385 - 41 0 î
Austra ie 108 50-147 _] 8,8 38,5 — 41,0 _
51

Grâce au marquage, nous avons pu constater que certaines femelles
reviennent pondre d'une année sur l'autre. La poursuite du programme de
marquage-relecture permettra d'indiquer ultérieurement quel pourcentage de
femelles revient selon ce rythme.
V. PARASITES ET COMMENSAUX
Il a été observé la présence d’une Sangsue sur le plastron de la femelle
marquée ECO 1999 capturée le 14 décembre 1998 et de 2 Anatifes à l'aisselle
gauche d’une autre femelle capturée le 16 novembre 1999. L'identification des
2 organismes est en cours.
VI. EXPLOITATION
La viande et les œufs sont consommés. La carapace n'est pas utilisée en
tant que telle pour une vente comme objet décoratif, mais est cassée et vendue
avec la chair attenante. Les tortues vivantes, capturées en mer ou sur les
plages, sont vendues à un commerçant itinérant (ou "palayé "), lequel revendra
sa marchandise à des commerçantes du marché central de la ville de Sâo
Tomé. Une Tortue olivâtre était vendue dans la capitale, dans les années 96-
98, entre 60 et 70 000 Dobras ( = environ 10 $), et 4 ceufs vendus environ 500
Dobras (= 0, 06 $).
Entre octobre et janvier, les captures de femelles adultes sur les plages
prédominent. Le filet pour la capture en mer n'est utilisé qu'à partir de
novembre et durant décembre en face des sites de nidification. Par la suite, les
captures au filet se font au hasard lors des sorties de pêche. L'ensemble des
prises au filet représente environ 34% des captures. Les captures de mâles et
femelles au harpon sont les moins pratiquées (21%), mais sont assez constantes
pendant la saison de reproduction. Les femelles adultes représentent
globalement à terre et en mer près de 85% de l'ensemble des captures (dont 40%
sur les plages) (Anon. 1997)-
VII. PRO]ET DE CONSERVATION
Une étude et des actions de conservation sur les tortues marines, et en
particulier sur l'espèce la plus commune L. olivacca, ont débuté au dernier
semestre 1996. Pendant 3 ans et demi, le financement du projet a été assuré par
le Fonds canadien et l'Union Européerme. Les actions de conservation ont été
focalisées sur 9 volets :
1) Collecte des données de capture sur le marché santoméen ;
2) Transplantation des oeufs en enclos grillagés ;
3) Sensibilisation : écoles, communautés de pêcheurs, touristes, création de
matériel pédagogique (autocollants, T-shirts, posters dans les hôtels et à
l'Office du Tourisme, films de télévision) ;
4) Lutte contre le vol de sable et mise au point de produits de substitution ;
5) Arrêt de la filière écaille et reconversion des artisans ;
6) Rédaction d'un texte législatif pour la conservation de toutes les espèces ;
7) Campagne de marquage ;
8) Développement de l’écotourisme ;
52

9) Recherche de produits de substitution à l’écaille pour l’artisanat.
Actuellement, 4 enclos recueillent les nids de L. olimcea. Ils sont situés sur
les plages de Morro Peixe, Micolo, Santana et Praia Sâo Gabriel. La durée
d'incubation moyenne observée est de 59 jours (mini : 35 — maxi : 110). Le taux
actuel de réussite dans l’enclos de Micolô, où ont déjà été transplantés
20.262 oeufs, est de 84%.
Les tortues marines n'ont actuellement aucun statut juridique sur le territoire
de la République démocratique de Sâo Tomé et Principé. Un décret-loi a été
préparé par le Projeto Tàtô et l'UICN, et devrait prochainement voir le jour.
Un travail de lobbying est également mené auprès du gouvernement afin que
soient ratifiées les Conventions de Bonn, d'Abidjan, de Ramsar et de
Washington.
VIII. DISCUSSION
Le large éventail de tortues adultes des 2 sexes mesurées ici permet une
vision représentative des tailles. La longueur courbe (CCL) moyenne pour les 2
sexes est 70,127 cm (62 - 80 cm pour les femelles, 64 - 86 cm pour les mâles).
Marquez (1990) note sur l'ensemble de l’aire de répartition de l'espèce une
longueur moyenne rectiligne (SCL) de 67,6 cm (51 - 75 cm) avec une différence
de 3 cm en plus pour les mâles. Cet auteur rapporte pour 1.563 femelles
mesurées sur la plage d’Escobilla, sur la côte pacifique du Mexique, une petite
longueur moyenne de 60,6 cm (49 — 71 cm). Les mesures relevées sur 53 tortues de
la plage costaricaine de Nancite indiquent une moyenne de 65,2 cm (57 — 72,5
cm). Reichart, pour 500 femelles mesurées au Surinam, indique une longueur
courbe moyenne de 68,5 cm (63 - 75 cm) et Pritchard et Trebbau (1984) donnent
68,1 cm (64,0 - 71,5 cm) pour 14 tortues du Guyana. Au sud Cameroun, Fretey
(1998c, 1999) signale des longueurs de dossières comprises entre 64 et 76 cm, et
l'observation d'un spécimen exceptionnel de 82 cm.
En comparaison des femelles adultes mesurées ailleurs, celles de Sâo Tomé
apparaissent donc plutôt grandes. Il est d'ailleurs à noter de ce pays
l'observation de 7 individus exceptionnellement grands : 4 de 76 cm (2 mâles et
2 femelles), 2 de 80 cm (1 mâle et 1 femelle) et 1 mâle de 86 cm. Il semble que ce
dernier soit la plus grande Tortue olivâtre connue, si Fon exclut les données
étranges mentionnées par Caldwell et al. (1969) pour 2 mâles de 94 et 100 cm
capturés le 6 Septembre 1968 au large du Surinam, mais non reprises par
l'ensemble des auteurs ayant travaillé longuement dans cette région. Ces
données prennent sans doute en compte la longueur de la tête. Deux données
incertaines de femelles de 86 et 88 cm sont également citées à Bioko (Tomas et
al., sous presse).
Les dossières examinées présentent le polymorphisme d’écaillure propre à
l’espèce. Les vertébrales sont habituellement ici au nombre de 6 ou 7, alors
qu'elles sont souvent de 5 ou également de 6 dans les Guyanes. Les costales sont
généralement de 6 paires avec parfois une septième à gauche ou à droite,
comme au Cameroun et en Guyane française. La variation constatée est moins
importante qu’au Surinam, où les 7 paires dominent.
53

Bustard (1972) donne une ponte moyenne de 108 oeufs (50-147) en Australie,
alors que Pritchard (1969b) et Schulz (1975) indiquent une ponte moyenne de
116 oeufs (30-168) au Surinam. La ponte à Sâo Tomé est donc comparable à celle
des autres sites.
Pritchard (1969a, 1969b), Schulz (1975) et Reichart (1993) précisent que sur
la plage de Eilanti (Surinam), environ 67% des femelles reviennent d'une
année sur l'autre sur le site, 25% après un intervalle de 2 ans et environ 8%
avec un intervalle de 3 ans. Environ 5% des femelles monteraient à terre sans
pondre. La période d’inter-nidification (interbreeding period) est donc en
moyenne au Surinam de 1,4 an. ll est encore trop tôt pour faire une estimation
de cette période chez les femelles observées à Sâo Tomé où seulement quelques
individus ont été revus après 1 an.
La moyenne du nombre d’oeufs par nid est équivalente à celle du Surinam. Le
diamètre est à Sâo Tomé un peu plus faible, mais aurait besoin d'être confirmé
par un échantillonnage plus important. La durée d’incubation, selon Marquez
(1990) varie selon la température de 45 à 65 jours. Elle est en moyenne de 55
jours (51 — 61) au Surinam. La moyenne de 59 jours d'incubation dans l'enclos de
Micolo est donc dans les normes mondiales. Une étude prochaine des
températures d’incubation in situ et en enclos sur des plages de sables de
couleurs et de granulornétrie différentes, ainsi que de la sex ratio est
envisagée.
Les plages de Sâo Tomé, en particulier au nord, entre Praia Conchas et
Praia Amador, sont des sites réguliers et importants pour la nidification de
l’espèce. Il est intéressant d'intégrer ces données avec celles d’autres zones de
ponte du Golfe de Guinée, acquises également depuis peu. Au sud de l’île de
Bioko, il a été compté 57 nids pendant la saison 97/ 98 et 85 nids en 97/98
(Tomas 1998, Tomas et oi. à paraître). Au sud Cameroun, Fretey (1999) note 51
nids sur 15 km de plages entre Mbenji et Bekolobe, pendant la saison 98/99.
Fretey (1998c) et Billes (2000) rapportent quelques signes de ponte au Gabon et
Maloueki (1996) recense 126 nids au Congo pour la saison 95 /96, vers la Lagune
de Conkouati.
Nous nous interrogeons sur les raisons de l'absence totale de L. olioocea à
Principe, île localisée entre Biolco (où les tortues pondent au sud) et Sâo Tomé
(où les tortues pondent au nord), alors que Eretmocheiys imbricatii,
Dermochclys coriaceo et Cheloriiri mydas y nidifient.
La capture de deux irnmatures dans les eaux santoméennes, de même que
celles observées au Cameroun, laisse supposer une zone de croissance dans le
Golfe de Guinée. Peu de zones de croissance sont connues pour l’Atlantique.
Pritchard (ir: Schulz 1975) évoque la possibilité d’une aire alimentaire de
L. oiioaceo dans l’estuaire de 1'©rénoque, où les eaux charrient d’importants
sédiments riches en Crustacés. Pritchard et Trebbau (1984) croient à l’existence
d’une immense aire alimentaire comprenant Yembouchure de 1’Amazone et
l’ensemble des côtes guyanaises. Mais cette aire alimentaire ne semble pas
être une zone de croissance car aucun jeune n'a été observé (Pritchard com.
pers.),
54

Les eaux chargées de sédiments riches en Crustacés de l’Estuaire du
Camerou.n sont comparables à celles des grands fleuves sud-américains.
L’hypothèse d’une aire alimentaire dans cette région est à considérer.
IX. CONCLUSION
Les 22 plages identifiées sur l’ïle de Sâo Tomé comme accueillant la
nidification de L. olioacea peuvent être considérée comme une bonne zone de
reproduction pour l’Atlantique. Les individus adultes de cette région sont
grands, mais la ponte comprend un nombre d'oeufs comparable à celui des autres
sites.
La capture de 2 individus immatures fait supposer une zone de croissance
dans le Golfe de Guinée.
Cette population santoméenne était gravement menacée par une
exploitation villageoise pour la viande. Le projet en cours a permis de
supprimer cette filière de la viande et d’augrnenter la réussite des œufs par
une incubation artificielle en enclos.
Remerciements. Cette étude n’aurait pu être possible sans l’étude et la
conservation des tortues marines entreprise à Sâo Tomé et Principe par
ECOFAC, en particulier par son ancien Chef de Composante, jacques Rosseel.
Qu’il soit ici remercié pour son dynamisme et son aide dans l’étude. Les auteurs
remercient ici également Angela Formia (School of Biosciences, Cardiff, UK)
et Domenico Caruso pour l'aide apportée, ainsi que l'ensemble de l‘équipe du
Projeto Tàtô.
X. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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quatoriale) et ans l’ensemble de l’Ouest africain. Ball. Soc. Herp. Fr., 98 : 31-42.
Manuscrit accepté le 25 mai 2001
56

Bull. Soc. Hcrp. Fr. (2001) 98 : 57-60
IN MEMORIAM
Hubert SAINT GIRONS
(1926-2000)
  __‘_~_ _:··—__ _ Hubert Saint Girons naquit le 13 mai 1926 à
`t` · Paris. Diplômé de l'Ecole d‘Agriculture de Rennes
en 1946, il pensait se destiner à l'agriculture mais
16 gg s'orienta petit à petit vers la recherche
  scientifique et plus précisément vers
W  _ _ IL l'I·Ierpétologie. Docteur de [Université de Paris
` ·~ . ` ·_ en 1951 avec une thèse sur l`écologie et Féthologie
" " · —  À  -  `· -, des Vipères de France, il entra la même année au
‘   ·    · _  CNRS, y fut nommé Chargé de Recherche en 1952,
"     ""ï"""" Maître de Recherche en 1960 et Directeur de
Recherche en 1964.
Il travailla au laboratoire d’Evolution des Etres Organisés du Pr. Grassé,
alla quelques années au laboratoire d'Ecologie du Muséum à Brunoy et revint
au laboratoire d'Evolution des Etres Organisés. Dès la belle saison, il rejoignit
son terrain d'étude et ses terrariums à Bohallard en Loire-Atlantique.
Hubert Saint Girons ne se cantonna pas à Therpétofaune européenne. Pour
étendre ses connaissances sur les Reptiles, il fit plusieurs missions hors de nos
frontières hexagonales pour les étudier sous d'autres climats et dans d'autres
milieux : Sahara septentrional et Maroc (1952-58), Nouvelle-Calédonie
(1963), Cambodge (1969-70), Australie et Nouvelle-Zélande (1963, 1982). Il
rapporta ainsi un important matériel pour ses études d'histophysiologie
comparée mais en bon naturaliste, il inventoria et fit oeuvre de systématicien.
Il décrivit en 1953 une nouvelle vipère du Maroc, Vipera latastei monticola,
publia en 1956 un article sur les Serpents du Maroc, en 1964 un travail
important sur Fécologie et la structure des populations des Laticaudinae en
Nouvelle—Calédonie, qui vient d'tre traduit en anglais par les Américains, et
"Les Serpents du Cambodge“ dans les Mémoires du Muséum en 1972.
Toutefois, son groupe de prédilection resta les Vipères européennes. Avec le
Dr Duguy, il compara la morphologie externe, le caryotype, l’écologie et le
cycle annuel des Vipères de Seoane, péliade et aspic et en conclût que Vipcm
berus seotmcf etait une bonne espèce et devait se nommer Vipem scmmei. ll fit
des essais d'hybridation dans ses terrariums de Bohallard pour tester le statut
taxinomique de différentes vipères mais aussi pour étudier la morphologie et
le cycle sexuel des hybrides obtenus : par exemple Vipera aspis x Vipem
seomiei. Il pratiqua donc la terrariophilie ! En 1978, il publia un article
important sur la morphologie comparée et la systématique des Vipères
européennes.
57

Avec ]. Detrait, il entreprît dans les années 80 l'étude électrophorétique et
immunoélectrophorétique des venins des Vipères européennes et des Elapinae.
ll constata de grandes ressemblances dans la constitution chimique des venins à
l'intérieur du genre Vipcm, suggérant d'étroites relations phylogénétiques
mais il se rendit compte que parfois des espèces voisines, voire de simples sous-
espèces comme Vipem a. ziœmikeri, pouvaient présenter des venins bien
différents à tous égards. Il en conclut que ce critère devait être utilisé avec
prudence et que seule la convergence de multiples données, morphologiques,
biochimiques, éco-éthologiques et biogéographiques, permettaient d'avoir 1.me
idée raisonnablement exacte de l'évolution et du statut taxinomique des
représentants du genre Vipem.
Cependant, les principaux thèmes de recherche d'Hubert Saint Girons
furent la thermorégulation, le cycle annuel d'activité et surtout le cycle sexuel
des Vipères et des autres Reptiles de France- Voulant mieux comprendre le
mécanisme physiologique de ce cycle sexuel, il entreprit l'étude des
corrélations hypophyso-génitales et celle des autres glandes endocrines, dont
l'évolution au cours du cycle annuel était pratiquement inconnue, par les
méthodes histophysiologiques.
Dominant de plus en plus les techniques adéquates grâce à une collaboration
étroite avec M. Gabe, Hubert Saint Girons devint un véritable Maître de
llustologie comparée des Reptiles. En 1977, il publia une étude de l'épiderme,
Phypophyse, les glandes surrénales, l’appareil uro-génital, le cloaque, le tube
digestif, les glandes céphaliques (salivaires, orbitaires et nasales) et les
fosses nasales de 3 espèces de Tortues, 2 de crocodiliens et 126 de Squamates.
L'histologie du Sphenodon pumrtatus fit l'objet d‘une monographie
particulière éditée par le CNRS et connue internationalement. Hubert Saint
Girons toujours s'intéressa à l’histol0gie comparée et était à l'affût de nouveau
matériel. ]'ai eu droit à de chaleureux remerciements quand je lui ai procuré du
matériel en Tortues marines dans les années 80, lui permettant de comparer
l'histologie des glandes orbitaires et des fosses nasales des tortues marines
avec celle des autres Tortues et des Lépidosauriens.
Hubert Saint Girons n'abandorma pas pour autant l'écologie, il y revint en
1980-1994, surtout qu‘il avait un excellent terrain d'étude en Loire—Atlantique,
où il observa la limite de répartition et la compétition entre Vipem aspis et
V. berus. ll publia avec G. Naulleau en 1981 sur le poids des nouveau—nés et les
stratégies reproductrices des Vipères européennes, avec G. Naulleau et M.L.
Célérier en 1985 sur le métabolisme aérobie de Vipem aspis et Vfpem bcrus,
avec ]. Castanet, D. Bradshaw et ].P. Baron en 1988 sur la démographie
comparée de deux populations françaises de Lézard vert et avec R. Duguy en
1992 sur l'évolution de la masse du corps, des corps gras, des ovaires et des
oeufs au cours des cycles reproducteurs de Vipem aspis. Avec D. Bradshaw, il
pratiqua l'écophysiologie et publia, notamment en 1987 avec celui—ci,
G. Naulleau et K. Nagy, sur la balance d'énergie et de matière chez le Lézard
vert et la Vipère aspic.
Hubert Saint Girons fit toute sa carrière au CNRS, il fut pendant plusieurs
années secrétaire de la Commission de la Biologie animale et y exerça alors
58

une certaine influence. ll fut souvent chargé de la direction des chercheurs
individuels. Il fut de bon conseil mais il était réputé pour son accueil assez
glacial, ce qui dérouta des jeunes entrants au CNRS. Ce ne fut pas mon cas, il
fut mon parrain quand je suis devenu Attaché de Recherches au CNRS. Nos
rapports ne furent pas distants, il m‘aida pour rédiger mes premiers rapports
d'activité et me conseilla très fortement de ne pas m'étemiser aux Antilles
mais d‘aller plutôt étudier les Amphibiens de Guyane. Le conseil était
excellent et je ne regrette pas de l'avoir suivi. Il est dommage cependant
qu'Hubert Saint Girons n'ait pas créé et dirigé une équipe de recherche sur la
biologie des Reptiles au CNRS, au moment où il était facile de le faire,
notamment du fait de sa notoriété au sein de cet organisme.
Hubert Saint Girons participa activement à la vie des Sociétés
scientifiques, telles que la Société de Biogéographie, la Société d’Ecologie
(membre fondateur) et la Société Zoologique de France. Il assista
régulièrement à leurs séances ou congrès et devint à plusieurs reprises membres
de leur Conseil d'Administration. Il fut Président de la Société Zoologique de
France en 1987 et 1988. Il fut élu Honorary Fellow (membre honoraire) de la
Royal Society de Nouvelle-Zélande (l‘équivalent de notre Académie des
Sciences). Il fut membre du premier Comité de Rédaction de la Societas
Europaea Herpetologica. Il était Therpétologiste français le plus connu à
l'étranger, c'est pour cette raison que nos collègues le cooptèrent pour faire
partie du premier Comité exécutif du Congrès mondial d'Herpétologie. Il
réussit même à faire une conférence en français à l’attention de nos collègues
américains i
Membre fondateur de la SHF, Hubert Saint Girons fut un membre assidu de
notre association et je crois que c'est à la SHF qu'il était le plus convivial,
notamment avec les jeunes, et il ne fut pas le moindre à contribuer à l'ambiance
cordiale et non guindée de notre société. Il suivit la vie de la SHF et, de temps
en temps, me téléphonait pour donner un avis ou un conseil, qui s'avérait
toujours judicieux. Pendant son hivernage à Paris, il assista régulièrement aux
séances de la section parisienne et y donna des conférences à plusieurs reprises.
Il fut toujours disponible pour présenter à nos congrès une synthèse sur un thème,
un domaine où il excellait et où s'exprimait la clarté de son esprit. Citons entre
autres "La Systématique des Serpents venimeux" au Congrès de 1987 à Lyon et
"Les caractères biogéographiques des faunes méditerranéennes de Reptlles" à
celui de Sigean en 1991. Il vint à presque tous nos Congrès, souvent en
compagnie de son épouse Marieâharlotte, qui était membre de la SHF et
publia plusieurs articles d'herpétologie avec son mari. Nous nous souvenons
tOL1S de moments mémorables 1 un index levé en séance, en réunion de commission
ou en AG et une question, un avis, une remarque fusait, commencé toujours par
"mon cher collègue" et continué par des propos pleins de sagesse, d'humou.r, de
bonne humeur et quelquefois de causticité. Il y eut des petits coups de colère qui
agrémentaient 1'atmosphère mais il y eut aussi des instants forts de
convivialité et j`ai toujours devant moi l'image de M. Saint Girons à genoux
devant Annie Zuiderwijk pendant le banquet du Congrès de Clermont—Ferrand.
59

Hubert Saint Girons a été un de nos aînés en Herpétologie, il s'est formé
quasiment tout seul à cette discipline et je me rappelle qu'il m'a dit avoir
appris Fherpétologie dans "Les Reptiles de la France centrale" de Rollinat,
édité en 1937. Il a d'ailleurs écrit lui-même dans Pintroduction à la réédition
de ce livre par la SHF:
"Lorsque vers 1960, la science officielle française redécouvrir, tardivement,
l'intérêt des études sur le terrain et celui des Vertébrés terrestres, tant en ce qui
concerne l‘écologie que Ie comportement et Fécophysiologie, l'oeuvre de
Raymond Rollinat représentait le seul point de départ rationnel pour les
recherches sur les Reptiles. La Vie des Reptiles de la France centrale a
largement contribué à éveiller les vocations de cette nouvelle génération de
naturalistes et il n'est pas exagéré de dire que ce livre fut leur véritable bible.
Nous sommes quelques-uns à I'avoir appris presque par coeur, car nous y
trouvions, à la fois dïnnombrables données originales et beaucoup d'idées."
Hubert Saint Girons a guidé, conseillé, aidé maints d’entre nous en
Herpétologie. ll a rédigé beaucoup et son oeuvre nous est transmise : plus de 180
publications (U. Son dernier article "Utilisation de l'espace vital par Vipem
espls (Reptilia Viperidae)" est d'ailleurs paru dans le Bulletin de la SHF en
1997. ll a contribué largement à la dynamique de la Société Herpétologique de
France et celle-ci peut lui adresser un grand Merci pour avoir été aussi
activement présent en son sein. Hubert Saint Girons s'est éteint à Bohallard le
18 avril 2000 mais il est et restera toujours parmi nous.
Références bibliographiques
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de France. In Rullinat R. La Vie des Reptiles de la France centrale. SHF, Paris. -X.
Saint Girons H. 1977 - Travaux scientifiques. 71 p.
]ean LESCURE
(I) Il HIEIÃSÉB pas de liste complète de ses publications.
60

Bull. Soc. Herp. Fr. (2001) 98 :61-62
LES SALAMANDRES DE
IJANCIEN MONDE par Robert
"°“""“°*‘""“" "”"‘É“‘ THORN et Jean RAFAELLI. Boubée,
  ., , _, ,. Paris. 448 ages, 68 cartes, 50 fi ures
    et 16 planclllies couleur. 320 F. g
M'; Lmwümi mmmë Les auteurs de cet ouvrage se sont
donnés pour but d'actualiser
complètement, selon un état de 1999,
, l'ancien livre "Les sa1amandres" de
_ 1-%* t ,..· _ Robert Thorne, qui datait de 1968.
  _ 3   Il s'adresse à l'amateur sérieux de
  "   I, ·;—. '_       sciences naturelles, tout comme au
  ```'`'`   `· F*?â!_çlf` scientifique professionnel, ainsi qu'à
  î`   tous ceux pour qui la nature est un
 ’ "   ·   J` .·¤—-     sujet de réflexion et d‘émer-
‘ ·   ‘ É;}   _`··_ ` veillement toujours renouvelé. le
  P   -.     professionnel y trouvera de
nombreuses données à rechercher
dans différentes publications
spécialisées, parfois difficiles à
BOUBÉE obtenir et écrites dans des langues
diverses.
Les auteurs espèrent ainsi avoir réalisé un aperçu concret sur toutes les
espèces et sous-espèces de salamandres de l'Ancien Monde (Europe, Asie et
Afrique).
Les Salamandres se cantonnent principalement dans Phémisphère boréal-
Dans la région paléarctique, elles restent au nord du Sahara et atteignent en
Asie la Région orientale de justesse. Dans la région néarctique, elles sont
particulièrement nombreuses aux Etats-Unis et pénètrent profondément dans le
domaine néotropical.
Les Urodèles forment un ordre d'Amphibiens fort mal connu du public. Et
pourtant, les différentes espèces qui composent cet ordre représentent une
richesse et une variété de formes, de couleurs et de moeurs des plus
remarquables.
L`étude de chaque espèce se subdivise en 10 paragraphes. Une partie de
l'ouvrage contient des informations sur le maintien en captivité des
salamandres. Une carte est publiée pour chaque espèce. Le livre contient
plusieurs dizaines de planches en couleurs.
61

 ` î `    _. ·'..· Ã;,.:‘. _-__ ·   Ã _ ATLAS DES AMPHIBIENS DE
 É`      7 _ . E _ -_çg  GUYANE par jean LESCURE et
      gais _'   ,·ï};_QÉ  Christian MARTY.
- .         ·:`— -*`j  Muséum National d'Histoire
  ` I     Nëïüfëllë, h1Stit1.1t d'Ecologie et de
- · " _     f_'ï Gestion de la Biodiversité et Service
            du Patrimoine Naturel, Paris. 24 O F
      _____·     ``'`   j Ce livre est le premier ouvrage
  _ _ - . __ ```··  ` ‘-   ='—    ·—·   .,`   __    traitant de tous les Amphibiens de
“   · I _     Guyane française. Il est le résultat de
·     ‘ ' ' ·— _· ' plus de 30 ans de travail et il dresse
  ` _. __  , 1 · l'état des connaissances actuelles sur
I " la taxonomie des Amphibiens de
  ` Guyane et d‘A1·nazonie. Il est destiné
aux naturalistes, aux gestionnaires et
aux chercheurs. 103 espèces
d'Anoures et 7 de Gymnophiones ont
I été recensées. 3 espèces nouvelles sont
· ·· décrites, 7 ne sont pas nommées. 6
I autres sont mentionnées pour la
première fois de Guyane française.
Pour chaque espèce, les principales caractéristiques sont présentées et
complétées par mie photographie en couleur et une carte de répartition. Un
chapitre traite des modes particuliers de répartition. Un portrait des
Voyageius Naturalistes ayant récolté des Amphibiens au XVH1è""'° et XIXème
siècle est tracé au début de l'ouvrage. Une liste des noms vernaculaires usités
en Guyane est donnée en annexe.
Ce livre sem en vente au Congrès de la SHF.
62

Bull. Sec. Herp. Fr. (2001) 98 : 63
COMPTE-RENDU DU CONGRES INTERNATIONAL
SUR LE GENRE 'IESTLIDO
Hyères, 7-10 mars 2001
Du 7 au 10 mars 2001, à Hyères, la TORMED et la SOPTOM ont organisé le
premier Congrès International sur le genre Testudo. Cette réunion a rassemblé
120 participants de 15 pays différents. Parmi les français, on aura pu noter la
présence de représentants du Muséum National d'I—Iistoire Naturelle de Paris,
d'une équipe de Chizé, d'herpétologues et spécialistes indépendants et de
membres d’associations comme la SHF et la SOPTOM.
Pendant ces quatre journées, un peu moins de cinquante communications et
une quinzaine de posters ont été présentés, regroupés selon 7 grands thèmes :
— Systématique, nomenclature, répartition ;
- Biologie générale, embryologie ;
— Pathologie, parasitologie ;
— Elevage de conservation, zootechnie ;
— Lois, commerces et trafics, flux animaliers ;
- Conservation, programmes, centres, projets.
A l'issue du Congrès, le "Prix SOPTOM pour la Conservation des
Chéloniens", doté de 5.000 euros, a été attribué par les membres du Conseil
Scientifique du Congrès à Olgo Lentyeva pour son programme d'étude et de
conservation de Tsstudo graeca nikolskii.
Suite à une table ronde organisée sur "Tsstudo gmecs : commerce et
conservation", une motion, votée à l'unanimité, sera envoyée aux
gouvernements des différents pays hébergeant des tortues du genre Tcstudo.
Voici cette motion :"Les participants au Premier Congrès International sur
le genre Tcstudo sont gravement préoccupés par les trafics de tortues terrestres.
Ces animaux, inscrits aux Annexes I et II de la CITES, document ratifié par
votre pays, sont récoltés et vendus illégalement en grand nombre aux touristes
étrangers. Ces collectes menacent l'équilibre des populations dans votre pays,
ce qui porte rm grave préjudice à votre patrimoine naturel. Ces tortues peuvent
aussi provoquer un risque sanitaire dans d‘autres pays méditerranéens. Les
congressistes vous prient de prendre d'urgence les mesures nécessaires pour
arrêter ces collectes qui causent de graves dommages à votre biodiversité et
votre patrimoine, et pour stopper les exportations illégales de ces animaux par
les touristes."
Les nombreuses disciplines traitées lors de ce Congrès ont permis aux
participants de bénéficier d'une vision large et variée sur la problématique
des tortues terrestres de nos régions, toujours dans un souci de mieux en assurer
la conservation.
Espérons que ce premier congrès sur le genre Testiedo sera suivi par beaucoup
d’autres aussi réussis E
Thierry FRETEY
63

SOCIETE HERPETOLOGIQUE
DE FRANCE
Association fondée en 1971
agréée par le Ministère de l’Environnement
Siège social
Université de Paris VH, La oratoire d’Anatomie Comparée
2, place jussieu, 75251 PARIS Cedex 05
Secrétariat
Michelle GARAUDEL
Impasse de l'Eglise, 35450 MECE
Trésorier
Frédéric TARDY
Réserve Africaine, 11130 SIGEAN
ADRESSES UTILES
Responsable de la rédaction : R. VERNET, Ecole Normale Supérieure, Laboratoire d'Ecologie,
46, rue d’Ulm, 75230 PARIS Cedex 05 <ve1·net@biologîe.ens.fr>
Responsable de la Commission de Répartition : j. LESCURE, Laboratoire Amphibiens—Reptiles,
Muséum National d’Histoire Naturelle, 25, rue Cuvier, 75005 PARIS
Responsable de la Commission de Protection : F. MULLER, 12, rue de Champagne
54470 PANNES <enffmu@infonie.fr>
Responsable de la Commission de Terrariophiiie : R. SIMON, 12, rue Q.M. Bondon,
29470 PLOUGASTEL DAOULAS
Responsable du Groupe de Paléo-herpétologie : j.-M. MAZIN, Laboratoire de Géobiologie, CNRS
EP1596, Université de Poitiers, 40 avenue du recteur Pineau, 86022 POITIERS cédex
Responsable du groupe Cistude : A. VEYSSET, 3-, rue Archimède, 91420 MORANGIS
<emys@aol.corn>
Responsable du groupe venins : M. LIANO, 1101, rue de Nointel Autreville, Breuil-Le-Sec
60600 CLERMONT
Responsable de la circulaire d'annonces : j. ANDRÉ, 8, rue Paul Gauguin, 77550 MOISSY
CRAMAYEL
Responsable des archives et de la bibliothèque : G. MATZ, Université d'Angers, Laboratoire de
Biologie animale, 2, boulevard Lavoisier, 49045 ANGERS Cedex
Responsable section parisienne : j.L. ROCHELET, 21, avenue de la Pommeraie, 78520 LIMAY
Responsable du Club junior : F. SERRE—COLLET, 35, rue Edouard Vaillant, 94140 ALFORTVILLE
Site Internet : http://SHF.jUNIOR.FREE.FR ; e-mail <shf.junior@wa11adoo.fr>
Responsable du Groupe Commmunication-Information : Y. DURKEL, Résidence Bellevue,
63 boulevard de las Planas, 06100 NICE <ivan.durlcel@wanado0.fr>

SOCIETE HERPETOLOGIQUE DE FRANCE
Association fondée en 1971
agréée par le Ministère de l'Environnement le 23 février 19*78
CONSEIL UADMINISTRATION (2000-2001)
Présidente : Sabine RENOUS, laboratoire d‘Anatomie Comparée, Muséum National d'l·Iistoire
Naturelle, 55, rue Buffon, 75005 PARIS
Vice-Présidents : Claude MIAUD, Université de Savoie, UFR Centre Interdisciplinaire Scientifique
de la Montagne, , UMR CNRS 5553, Laboratoire de Biologie des Populations
d’Altitude, 73376 LE BOURGET DU LAC
Thierry FRETEY, Laboratoire d'Evolution des Systèmes Naturels et Modifiés,
Université de Rennes I, avenue du Général Leclerc, 35042 RENNES Cedex
Secrétaire générale : Michelle GARAUDEL, Impasse de l‘Eglise, 35450 MECE
Secrétaire adjoint : Franck PAYSANT, 1, rue jean Bruleiou, 35700 RENNES
Trésorier: Frédéric TARDY, Réserve Africaine, 11130 SIGEAN
Trésorier adjoint 1 Francis MULLER, 2, rue de Champagne, 54470 PANNES
Autres membres du conseil: Bernard LE GARFF, Roland SIMON, Roland VERNET,
Alain VEYSSET
Membres d'honneur : Guy NAULLEAU (Cebas/ CNRS, 79360 CHIZÉ),
Gilbert MATZ (Fac. Sciences, 49045 ANGERS),
ADMISSIONS
Les admissions à la S.H.F. sont décidées par le Conseil d'Administration sur proposition de deux
membres de la Société (art. 3 des statuts}. N’envoyez votre cotisation au secrétaire général qu’après
avoir reçu l’avis d’admission du conseil.
COTISATIONS 2001l MEMBERSHIPS
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. adhérents de moins de 25 ans 100 + 100 = 200 FF
. adhérents de plus de 25 ans 150 + 100 = 250 FF
. bienfaiteurs : minimum = 350 FF
. membre conjoint = 150 FF
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ABONNEMENTS I SUBSCRIPTIONS to SHF Bulletin
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Améri • ue, Asie, Océanie = 70 US$
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