Bulletin de la Société Herpétologique de France 2è'"° trimestre 1992 n° 62 Q Diapsidcs aug ïhsp ùïïepg Qùçxônâ . zî°9 ·B¤° uîxcog \'®¢g\\£ Xgêvtüà kçcvoêgxbçxôoê w`( Ptcnoêeûîx S}/)&)°~9· 166% A $9*9 0599 & 'P~ B `^%¤$`i€‘€,îB5 dxûgàoï °B"0a_&0\€*<`§ xàçxèoêsùtïc c ISSN 0754-9962 Bull. Soc. Herp. Fr., (1992) 62
I O I I I I Bulletin de la Societe Herpetologique de France Directeur de Publication ,·‘ Editor: Roiand VERNET Qomité de Redaction ( Managing Co-Editors: Michel LEMlFtE, Jean LESCUHE, Claude PIEAU, Jean-Claude FIAGE, Alexandre TEYNIE, Jeff TIMMEL (Index} Secrétariat de Ftédaclion ,·‘ Secretarles : Valérie RAAD et Yannick VASSE (Bulletin) Sophie BERLAND (index) Comité _de lecture ( Advisory Edltorlal Board: Ftobert BARBAULT (Paris, France); Aaron M. BAUER |_(Vi||anova, Pennsylvania); _Ltlrane BODSON '(Liè e, Belgique); Donald BRADS AW (Perth, Australie); Maria Helena _CAETA O ?Lisbonne, Portugal); Max GOYFFON (Grenoble, France}; Flobert GUYETANT (Chambéry, France); Ulrich JOGEFI (Darmstadt, Allemagne); Mic Bel R.K. LAMBERT (Chatham, Angleterre) Benedetto LANZA (Florence, |taIie);Fiaymond LECLAIFI (Trois-Rivières, Canada); Guèr NAULLEAU (Chizé, France); Saïd NOUIBA (Tunis, Tunisie); V. PEREZ-M LLADO (Salamanque, Espagne); Armand DE FIICQLES (Paris, France); Zbynek HOCEK (Prague, Tchécoslovaquie; Hubert SAINT-GIHONS ( aris, France). Instructions aux auteurs ( Instructions to authors Des instructions détaillées ont été publiées dans le numéro 33. Les auteurs peuvent s'y reporter. S't|s ne les possèdent pas, ils peuvent en obtenir une copie auprès du responsable _du comité de rédaction. Les points principaux peuvent être rèsumes ainsi: Les manuscrits, dactylographtes en double lnterligne, au recto seulement sont envoyés en double exemplaire. La disposition du texte doit respecter les instructions. L'adresse de |'autet.tr se place en derniére page. Les figures sont réalisées sur papier calque ou bristol. Les photographies (noir et blanc) ne sont publiées qu’exceptionnel|ernent. Les légendes des figures sont dactïtogâaphiées sur leuilles séparées. Les références bibliographiques sont regroupées en in 'artic e. Exemple de présentation et référence bibliographique: BONS, J., CHEYLAN, M. et GUILLAUME, C.P. (1984) - Les Fteptiles méditerranéens. Bull. Soc. herp. Fr., 29: 7-17. Tlrés à part Les tirés à part (payants) ne sont lournis qu'à la demande des auteurs (lors du renvoi de leurs épreuves corrëgées) et seront facturés par le service d'imprimerie. Tous renseignements auprés u Trésorier. La rédaction njest pas responsable des textes et illustrations publiées qui engagent la seule responsabilité des auteurs. Les indications de tous ordres, données dans ies pages rédactionnelles, sont sans but publicitaire et sans engagement. La reproduction de quelque manière que ce soit même partielle, des textes, dessins et photographies publiées dans le Bulletin de la Société Herpétologique de France est interdite sans I’acc0rd ecrit du directeur de la publication. La .H.F. se réserve la reproduction et la traduction ainsi que tous les droits v alterant, pour le monde entier. Saul accord prealable, les documents ne sont pas retournés. ENVOI DES MANUSCHITS ai M. Roland VE_RNET _ Laboratoire d'Ecolcgie, Ecole Normale Supérieure 46 rue d'lJlm - 75230 PAFHS CEDEX 05 Fax : (1) 44 32 38 85 Tèl :(1) 44 32 37 04 Directeur de la publication: Ftoiand VEHNET N° commission paritaire 59374
Bulletin de la Société Herpétclcgiqtre de France 2è"‘° trimestre 1992 n° 62 SOMMAIRE * La réduction des membres chez les reptiles et |’édiIication d’un organisme serpentiforme Albert RAYNAUD ........................................................ 1 " Reproduction de la oouleuvre d'Esculape Eiaphe iongissima Laurenti (Fteptilia, Colubridae) dans le centre ouest de la France Guy NAULLEAU .......................................................... 9 * Phylogénie et systématique des Lpidosauriens. Où en sommes—nous? Jean-Claude RAGE ...................................................... 19 * Estimation de l’âge et de la structure démographique de deux populations de Mesaiina oiivieri (Fleptilia, Lacertidae) des Iles Kerkeonah (Tunisie) Saïd NOUIRA ........................................................... 37 * La pêche et Pexploitation du varan du Nil (Varanus n. niioticus) dans la région du* lac Tchad Vivian de BUFFRENIL .................................................... A? CONTENTS ' Limb reduction in reptiles and the embryonic beginnings of a serpentiform organism Albert RAYNAUD ........................................................ 1 * Reproduction in the Aesculapian snake Eiaphe iongissima Laurenti (Reptilia, Colubridae) in western central France Guy NAULLEAU .......................................................... 9
' Phylogeny and systematics of Lepidosauria. How do we stand? I Jean Claude RAGE .................................................... 19 * Age determination and structure of two populations of Mesaiina olivier! (Fteptilia, Laoertidae) on the Kerkennah Islands (Tunisia) Saïd NOUIRA .....................................................,..... 37 ' Capture and utilîzation of the Nile monitor (Varanus niioticus) in the Lake Chad region Vivian de BUFFHÉNIL ................................................,... 47
Bull. Soc. Herp. Fr. (1992] 62 : 1-B I } CHEZ LES REPTILES ET L EDIFICATION 1 D UN ORGANISME SERPENTIFORIVIEW Dar Albert Raynaud Rèsurné - Différentes disciplines ont participé à l’étude et à |'e>tp|ication de ia réduction des membres chez les Reptiles; les travaux d'anatomle comparée ont été suivis par ceux d’embryotogie. L'ana|yse embryologique comparative a mis en évidence une deliciehce somitique plus ou moins accentuée chez les embryons de Reptiles serpentitormes; cette déficience est responsable d'une première réduction des membres; si elle est totale, elle peut causer le non-développement du bourgeon de membre (cas des Ophidiens). La déficience somitlque est suivie par la dégénérescence prématurée de la crête apicele qui se constitue au sommet du bourgeon de membre réduit; cette dégénérescence détermine |'arrêt, total ou partiel, du développement du bourgeon de membre, chez ces espèces serpentiformes. Le mécanisme biochimiqu essentiel, révéte par l'etude autoradiographique chez les embryons d'Angr.ils fragflfs, consiste en un DIDCSQG de la synthèse d'ADN dans le mèsoderme du bourgeon de membre, pendant et surtout après la dégénérescence de la crète apicale En in, Vembryolopie suggère différentes étapes de la formation d'un organisme serpentilorme et eur déterminisme. Mots-clés: Reptile serpentiforme. Réduction des membres. Ara-C. Synthèse d'ADN. Summary - Comparative anatotny. and descriptive and experimental embryology have been used to explain limb reduction in serpentiform Reptiles. Comparative embryologicaî analysis provided evidence ot a somitic deliciency in the embryos of these species which is responsible for early limb reduction. A total deticiency results ln non-development ot the limb bud (Ophidians). Somitic deficiency is followed by premature degerteration of the apical ectodetmal ridge of the Iimb bud totally or partially arresting limb bud development. The essential biochemical mechanism, brought to light by autoradtologlcal study ot Anguls fragfifs embryos after thymidine incorporation, consists of a block in DNA synthesis in the mesodermal cells of the limb bud alter regression of the apical ridge. The embryology suggests that there are different steps tn the determination and formation of a serpentilorm organism. Key-words: Serpentiform Reptile. Limb reduction. Ara—C. DNA synthesis. I- INTRODUCTION La réduction ou ta perte des membres se rencontrent fréquemment chez les Reptiles; Ces etats ont d‘abord donné lieu à diverses interprétations: ils pourraient etre la consequence du non-usage (Lamarck, 1809); du non- usage et des effets de la selection naturelle (Darwin, 1868); d'une reduction adaptative (Steiner et Anders, 1946; Gans, 1975), etc. Line autre hypothèse fait de la reduction des membres la conséquence directe de Vallongement du corps, c‘est-a-dire de Vaugmentation du nombre des vertebres (Cuenot, 1921); elle reçut, quelques années plus tard une Manuscrit accepté le 7 février 1992 (1) Communication présentée au colloque Sl-IF d'Orsay (19-22 juin 1991) 1
premiére vérification de la part de l’anatomie comparée quand on constata que dans une famille donnée de Fieptiles serpentiformes, Vaugmentation du nombre de vertèbres présacrées s‘accompagnait d’une réduction des membres (Sewertzolf, 1931; Stokely, 1947; Gasc, 1967}; mais les diverses fonctions des somites n’étant pas complétement connues à I’époque, le mécanisme de cette corrélation resta inexpliqué. Laissant de côte les hypothèses, ]'entrepris, à partir de 1960, une étude embryologique du développement des membres réduits de divers Fleptiles serpentiformes. Je la complétai ensuite par une étude expérimentale: obtention, au laboratoire, par voie chimique, de la réduction des membres chez une espèce pentadactyle (Lacerra virioiis, Leur,). Cette étude fut suivie de la mise en évidence, en autoradiographie, du mécanisme biochimique responsable de la réduction évolutive des membres de l’©rvet (Anguis fragflis, L,). Divers collaborateurs ont participé à une partie de ces recherches: Mme Flenous, lvllvl. Gasc, Pieau et Vasse, à Sannois, pour l’analyse embryologique descriptive de la formation des membres chez plusieurs especes serpentiiormes; et, a Toulouse, lvlme Brabet pour I’analyse ultrastructurale de Vébauche du membre, Mme Clergue-Gazeau pour Videntification des doigts réduits ou absents, Mme Kan pour Vautoradiographie. ll- MATERIEL ET METHODES Diverses méthodes d’étude ont été mises en oeuvre: Vanalyse embryologique descriptive, en premier lieu, fondée sur l’examen des coupes sériées des ébauches des membres chez des embryons de Fleptiles pentadactyles (Lacerra viriolis, Laur.) et de Reptiles serpentiformes (Anguis, Sceiotes, Chaicfdes, etc.); puis, une étude expérimentale mettant en oeuvre l’administration de cytosine- arabinofuranoside a des embryons de Lacerra vfriotis (cette substance a été injectée dans le sac vitellin, à différents stades du développement des oeufs et à des doses allant de 17 à 70 uoloeuf); enfin, une etude autoradiographique, aprés incorporation de thymidine tritiée, des ébauches des membres chez les embryons de Lacerra vr‘n‘dis et d’Anguis fragiifs (les détails techniques sont précisés dans le paragraphe suivant). Les oeufs utilisés dans ces expériences ont été obtenus grâce à des élevages constitués au laboratoire de Sannois et, depuis plusieurs années, au laboratoire de Vabre. Ill. RÉSULTATS A- Analyse embrylogique du développement des membres chez des Reptiles serpentiformes Cette analyse, effectuée chez les embryons de diverses espèces serpentilormes révéla une déficience somitique précoce, responsable d’une premiére réduction du membre ou même de sa non-formation (chez 2
les Ophidiens). La déficience somitique est toujours associée à Paugmentation du nombre total des somites, chez ces embryons: il y a là, une corrélation qui doit relever d'un mécanisme morphogénétique entrant en jeu précocement. Ainsi, |'étude embryologique permet d'envisager |’enchaînement suivant des premieres étapes de la réduction du membre: Paugmentation du nombre des somites chez I‘embryon correspondant à Vallongement du corps doit résulter de modifications génétiques déterminant des changements dans la formation et le mode de segmentation des lames segmentaires, donc dans le mécanisme de la somitogenése; à partir de là, la corrélation morphogénétique envisagée ci- dessus doit provoquer une réduction de la participation somitique à la formation initiale du membre, donc, automatiquement, une réduction du membre; cette derniére ne reléve donc pas d'un effet adaptatif direct au cours de la vie adulte, mais d'un mécanisme embryonnaire réalisant une corrélation morphogénétique. A la déficience somitique s'ajoute une dégénérescence prématurée de la crête apicale qui se forme au sommet de |’ébauche réduite du membre: chez tous les Reptiles serpenliformes, cette créte est incomplétement différenciée (Raynaud et ai., 1979) et elle dégénère prématurément, plus ou moins complétement suivant les espèces. Or, il a été établi chez l’embryon de Poulet, que I'excision chirurgicale dela créte apicale entraine l‘arrétdu développement et de la différenciation de l’ébauche du membre; il est logique d’admettre que la dégénérescence prématurée de la créte apicale, chez les embryons de Reptiles serpentiformes entraine |’arrét du développement du bourgeon du membre; cet arrêt sera d'autant plus prononcé ou total, que la dégénérescence dela crête aura été plus précoce et plus compléte. Déficience somitique et dégénérescence de la créte apicale permettent ainsi d’e>rpliquer tous les degres de réduction des membres qui s’observent chez les Reptiles serpentiformes. B. Obtention expérimentale de la réduction des membres chez les embryons de Lacerta w'rfo'is, par action de la cytosine-arabinofuranoside La cytosine-arabinofuranoside (Ara-C), puissant inhibiteur de la synthése d'ADN, s'est révélée fortement tératogéne chez les embryons de Poulet (Karnofsky et Lacon, 1966) et chez ies embryons de Mammifères (Rat, Souris) (Ritter et al., 1971, 1973; Kochhar et al., 1978). Parmi les malformations qu’e|le provoque figurent de nombreuses anomalies des membres. introduite dans le sac vitellin des oeufs de Lacerta viridis, à divers stades de leur développement, |'Ara-C a engendré des malformations corporelles variées et de nombreuxarréts de développement des membres: 150 oeufs ont été traités entre le 68mQ et le 12eme jour de Vincubation par des doses allant de 17 à 70 ag par oeuf (pour chaque oeuf, une seule injection a lieu et la dose lnjectée est connue avec une précision de 0,1 ng). 131 embryons ont survécu à ce traitement; ils présentaient des réductions des membres (amélie, mlcromélie, oligodactylie) d'autant plus accentuées que |’lnjection d’Ara-C avait été plus précoce et la dose plus élevée (Raynaud-, 1991). 3
Les réductions digitales provoquées par l'Ara-C sont variées: pattes tétraclactyles, tridactyles, bidactyles, monodactyles, adactyles; elles sont fréquentes: ainsi, 21,5% des embryons traités possèdent au moins une patte tétradactyle. D'autre part, la méme réduction digitale est souvent présente aux 4 pattes d'un même embryon; pour la gen se de ce type de malformation, certains stades du développement sont particulièrement sensibles; pour ces périodes de grande sensibilité, les pourcentages maxima suivants de malformations ont été observés: aprés action de l'Ara- C entre les stades 6 et 10 jours de Vincubation, 23,4% des embryons ont les 4 pattes tétradactyles et 10,8% des embryons ont les 4 pattes monodactyles. De même, aprés injection entre les stades 6 et 12 jours, 3% des embryons ont les 4 pattes tridactyles. Entre les stades: 6 jours 16 heures et 11 tours, 6% des embryons ont les 4 pattes bidactyles et 20,7% des embryons ont les 4 pattes ectropodes. La réduction digitale induite par l’Ara-C obéit à certaines régies: dans les cas de tétradactylie, c'est pour la presque totalité des cas, le doigt I qui fait défaut; dans les autres cas c'est le doigt V qui manque; dans le cas de tridactylie, manquent les doigts I et V; dans les cas de bidactylie, les doigts I, ll et V; dans les cas de monodactylie, c’est toujours le doigt IV qui est présent (Raynaud et C|ergue~Gazeau, 1986; Fiaynaud, 1991). Comment l’Ara-C agit-elle pour provoquer ces réductions digitales ? Il a été établi, chez les Mammifères (Furth et Cohen, 1968), que cette substance, bloquant la formation de l'ADN polymérase, provoque un arrêt ou une forte diminution du taux de synthese de |’ADN. Une étude autoradiographique, aprés incorporation de thymidine tritiée, chez les embryons de Lacerra vfrfdis, a montré que l‘Ara-C produit un fléchissement important de la synthèse d'ADN dans les cellules mésodermiques des ébauches des membres, entraînant un arrêt de la prolifération mitotique et la mort de nombreuses cellules mésodermiques; la croissance ou la formation des rayons digitaux sont ainsi arrêtées (Ftaynaud et Kan, 1988). La comparaison des membres des embryons de Lacerra viridis réduits par action de l’Ara·C et des membres réduits naturellement chez les Fieptiles serpentiformes montre de grandes similitudes de structure entre les deux types. D’autre part, les régles régissant l'ordre de disparition des doigts et les séquences de réduction sont les mêmes dans les deux cas (réduction expérimentale par l'Ara-C et réduction évolutive). Ces similitudes suggèrent l‘intervention d’un mécanisme identique ou très semblable dans les deux types de réduction. Ceci nous a conduit à rechercher si les réductions naturelles des membres chez les Reptiles serpentiformes ne reléveraient pas, également, d’un arrêt ou d’un fléchissement temporaires de la synthèse d’ADN dans le mésoderme de l’ébauche des membres. C. Mise en évidence d’un fléchissement du taux de synthèse de I’ADN dans le mésoderme du bourgeon de membre de I’0rvet (Angufs iiragüfs, L.), avant l’arrët du développement de ce bourgeon Une étude autoradlographique des variations du taux de synthèse de |’ADN dans les ébauches des membres des embryons d’©rvet à différents stades de leur développement, avant, pendant et aprés la régression de la 4
crête apicale de cette ébauche, a été effectuée (Raynaud et Kan, 1989). 27 oeufs ont été utilisés pour cette étude; chacun d’entre eux a reçu dans le sac vitellin, une injection de 10 uCi de thymidin tritiée (activité spécifique: 25 Cilmlvl). 5 heures après l’injection du précurseur, les embryons ont été sacrifiés et fixés au Bouin. Aprés inclusion dans la paraffine et coupe en série, les sections, déparaffinées et humides, ont été trempées dans une émulsion nucléaire Ilford (type K5); aprés 13 iours d’exp0sition, l‘émulsion a été développée et les coupes colorées à I’héma|un. i.'examen des autoradiogrammes montre que le mésoderme de l’ébauche du membre est fortement marqué aux stades précoces du développement de l’ébauche (indice de marquage compris entre 38 et 43%); ensuite, le taux de synthèse de |’ADN décroît, légérement d’abord (l’indice de marquage n’est que de 33 à 35% à la fin de la période de dégénérescence de la créte apicale) puis assez fortement: 24 à 30 heures après la fin de la dégénérescence de la créte apicale, la valeur de |’indice de marquage n’est plus que de 15 à 23%. Corréiativement, il se produit une réduction de la prolifération mitotique et de nombreuses dégénérescences cellulaires apparaissent dans le mésoderme du bourgeon de membre; une étude détaillée montre que cette mort cellulaire, conséquence de |'arrét de synthèse de l’ADN constitue le facteur terminal de |'arrét du développement de l'ébauche du membre de l‘©rvet. L‘ensemb|e de ces recherches montre que la chute du taux de synthèse de I‘ADN dans les cellules mésodermiques des bourgeons de membre constitue, à l'échelle cellulaire, le facteur biochimique responsable de la réduction évolutive des membres de |'Orvet. Cette réduction est due à un arrêt du développement du bourgeon, réalisé par un mécanisme embryonnaire. D. La construction d’un organisme serpentiforme L'embryologie a mis en évidence, chez tous les Reptiies serpentiformes, une modification du mécanisme de la somitogenése: il se forme un nombre de somites supérieur au nombre qui caractérise les espèces non serpentiiormes, à membres bien développés, de la même famille. De plus, chez tous les embryons dont le nombre de somites est ainsi accru, il se produit une réduction du nombre des somites qui participent au développement initial du membre. Une relation de causalité, une corrélation morphogénétique, doit donc exister entre ces deux phénomènes (voir, p. 4) (Raynaud, 1972, 1974, 1977, 1985, 1990). Lorsque le nombre de somites est trés élevé, comme c'est le cas pour les embryons d’©phidiens, aucun somite ne forme de prolongement ventral dans la région thoracique antérieure et il ne se développe pas de membre antérieur. Quelques prolongements somitiques dans la région postérieure permettent, chez certaines espèces, la formation d’un membre pelvien rudimentaire. La corrélation que nous venons d’envisager permet de comprendre comment la réduction des membres est automatiquement associée à Vallongement du corps. Gasc et Flenous (1989) ont proposé un mécanisme théorique faisant intervenir deux systèmes oscillants, avec activateur et inhibiteur rétroactif, pour expliquer cette liaison entre 5
morphogenése axiale et morphogenése appendiculaire. L’augmentation générale du nombre des somites chez les embryons de Reptiles serpentiformes conduisant à l'augmentation du nombre des corps vertébraux s’accompagne de Vaugmentatlon du nombre des côtes, des vaisseaux, des nerfs segmentaires et également d’un allongement du coelome et de toutes les ébauches d’organes insérées dans la paroi dorsale de la cavité coelomique (reins, gonades, etc,). La réduction des membres étant associée a ces transformations, le nouvel organisme offre déjà les premières caractéristiques d’une transformation vers le type serpentiforme. Mais les modifications de structure associées aux précédentes ne s’arrêtent pas là. Comme nous |’avons montré (Raynaud et Clairambault, 1978), la stucture de la moelle épinière d’un embryon de tacerra virfoïs se modi ie, consécutivement à la supression des membres, dans le sens d‘une configuration caractéristique des Reptiles serpentiformes (disparition des ”colonnes motrices" ventro-latérales); cette derniére doit donc vraisemblablement être liée à la réduction ou à la perte des membres. De plus, nous avons constaté récemment que Vaugmentation du nombre des somites entraînait des modifications de la conformation du crâne et de la région cervicale: ainsi, chez l’embryon d’©rvet, deux somites de plus que chez l'embryon de Lacerta viridfs s’incorporent à la partie postérieure du crâne (Raynaud, Renous, Gasc et Clergue-Gazeau, 1990); corrélativement prend naissance une réduction UB la région cervicale. Le même déterminisme doit entrer en jeu chez les autres Reptiles serpentiformes. Ces données nous permettent d’entrevoir maintenant comment ont pu prendre naissance ces grandes étapes de la transformation d’un organisme tétrapode en organisme serpentiforme. Il est d’autres caractéristiques des Reptiles serpentiformes qui ne paraissent pas liées embryologtquement a la modification de la somitogenése ou à l’arrét du développement des membres (modification des organes des sens, des dispositifs osseux et musculaires tels que ceux du crâne, de la colonne vertébrale, etc.). Il est toutefois possibie que leur déterminisme génétique soit relié à celui des transformations précédentes par l’entrée en jeu de gènes intégrateurs, d’effets pléiotropiques, etc. Nous avions envisagé que le même mécanisme biochimique que celui impliqué dans la réduction des membres (une chute du taux de synthèse de l’ADN) puisse également intervenir dans les modifications régressives frappant les ébauches d’autres organes, chez les Reptiles serpentiformes (Raynaud, 1985). Or, récemment, nous avons constaté que l’Ara-C, puissant inhibiteur de la synthese d’ADN, déterminait chez les embryons de Lacerra vr'rr'dis, des transformations de la ceinture pelvienne présentant certaines similitudes avec celles qui s'observent dans ta ceinture pelvienne des embryons d'/lngufs fragfffs et d’autres Reptiles serpentiformes (Raynaud et Clergue-Gazeau, 1991). Ainsi s'ouvre une nouvelle voie, expérimentale cette fois, pour Panalyse des transformations qui ont conduit au passage de Porganisme tétrapode à membres bien développés, a Vorganisme serpentttorme, apode ou à membres réduits. 6
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Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) 62 L 9-17 1 REPRODUCTION DE LA COULEUVRE D ESCULAPE Elaphe longrssrma LAURENTI (REPTILIA, COLUBRIDAE) DANS LE CENTRE OUEST DE LA FRANCE") par Guy Naulleau Résumé - Les plus grands individus rencontres mesurent 155 cm pour les mâles (ri - 60) et 121 cm pour les femelles ln = 47). La sex-ratio est de 1,23 en faveur des mâles. Les plus petits individus pouvant se reproduire pour la première fois mesuraient 74 cm de longueur totale pour les mâles et 85 cm pour les femelles. Le cycle reproducteur du mâle est annuel et peu dépendant de ses reserves lipidiques, Des spermatozoïdes sont presents dans les voies génitales mâles tout au long de |'annee. Uaccouplement a lieu entre le debut mai et la mi-Iuin. L'ovu|ation se situe dans la deuxième quinzaine de juin. La ponte observée entre e 20 juillet et le 12 août represente 19 à 39% du poids des femelles qui ont déposé leurs oeufs. Le nombre d'oeufs par ponte est de 6,7 +,i- 1,75 (n = 20). Les oeufs pèsent 9,28 +)'- 2,4 g (n - 37) et mesurent 38,39 +i- 3,18 mm x 19,89 +)'- 0,84 mm (n ¤ 14). Les jeunes qui naissent en general en septembre mesurent 28,4 +,·'- 2,88 cm et pèsent 6,17 +,‘- 1,14 g (n - 8). Les reserves de graisse conditionnent la périodicité du cycle rîîroducteur de la femelle Eur n'est pas toujours annuel. ll existe un seuil de I'lndice des atieres de Fleserve (l.lv1. .) (0,55) au dessous duquel il n‘y a pas reproduction. llilots-clés 1 Elaphe fcnglssima. Reproduction. Mâle. Femelle. Reserves lipidiques. Summary - The longest male (n = 80) and female speoimens ( n = 47) observed were respectively 155 and 121 cm. The maleliemale ratio was 1,23l1. No breeding activity was observed in males and temales ol respectively less than 74 and 85 cm. Depending a little on tat reserves, males ca:. uros; eiéiy year. Spermatozoa were present in the genital ducts throughout the year. Nlatrng look place frorn the beginnin% of May to mid~June. Females ovuiated in the second hall of June. Eggs were laid from 2 July to 12 August and represented 19-39% of post—laying body weight. Mean number was 6.7 +,l- 1.75 sn - 20). Mean weight tn = 37) was 9.28 +!- 2.4 g, and mean lenght and diameter (n ¤ 4) were reïectively 38.39 +,l- 3.28 and 19.89 +l- 0.84 mm. I-latching was generally ln September, an mean hatchling lenght and weight (n = 8) was respectively 28.4 +l· 2.88 cm and 6.17 +l· 1.114 g. Breeding annually depended on body lat reserves, and an index (|.M.Ft.) gave o threshold value o 0.55. Key·words: Eiaphe longfssfma. Fieproduction. Male. Female. Fat reserves. I. INTRODUCTION Les donnees de la litterature sur la reproduction de la Couleuvre d'Esculape Sont |D8t‘fOlS C0l'itl'8dtCt0lT8S, lnC0n'tpISt8S 0l.l ît`l1[Jt8ClS8S (Ftollmat, 1934; Angel, 1946; Fretey, 1987 et Naulteau, 1987). Le suivi d’rndividus marques dans la nature et en terrariums, sur plusieurs annees consécutives, et Vobservation de serpe_nts morts accidentellement nous ont permis d’accumuler les donnees originales exposees dans ce travail. Manuscrit accepté le 7 février 1992 (1) Communication présentée au colloque ce la S.H.F. d'Orsay (19-22 Juin 1991) 9
ll- MATERIEL ET METHODES Les couleuvres d’Escutape étudiées provenaient toutes du Sud des Deux·Sévres. Certains individus capturés en dehors de la Forêt de Chizé ont été gardés en terrariums extérieurs. Ces terrariums sont adossés à un bâtiment et exposés au Sud. lls mesurent 3,50 m de long, 2,50 m de large et 1 m de haut et sont entiérement grillagés avec du grillage soudé à maille carrée cle 6 mm de côté. Un talus d’hivernage contient des abris enterrés à 40 cm de profondeur où les variations de température sont trés amorties. Ces terrariums subissent les conditions climatiques naturelles. Durant la période active, les couleuvres sont nourries de souris d'élevage adiibftum. L’el‘fectif de chaque terrarium varie del à 5 couples de couleuvres adultes. Les observations ont également été faites sur les individus trouvés écrasés sur les routes. Les premières données remontent à 1970. A partir de 1980, en forét de Chizé, dans les environs immédiats du laboratoire (46°07 de latitude Nord et 0°25 de longitude Ouest), les couleuvres d'Esculape (subadultes et adultes) ont été capturées, marquées, relâchées et certaines recapturées. 60 mâles différents ont été étudiés et il y a eu 37 recaptures. 47 femelles différentes ont été examinées et il y a eu 32 recaptures. Chaque couleuvre manipulée a été mesurée (longueur totale), pesée, et le sexe déterminé par pression sur la base de la queue. Lorsque les serpents ont mangé récemment (proies dans l’estomac),ils sont gardés en cage au laboratoire durant la digestion et repesés aprés I'évacuation des excréments. Une bonne partie de l'échantil|on a été examinée du point de vue de la reproduction: 52 mâles et 76 femelles (captures et recaptures). Les exemplaires écrasés ont été disséqués lorsque cela était possible. Les individus vivants ont subi divers examens non traumatisants. L'accoup|ement est difficile à observer dans la nature, mais une technique permet de savoir si les femelles ont été inséminées. La partie postérieure du corps du Serpent est massée délicatement; le mucus cloacal ainsi obtenu, est étalé sur une lame et examiné au microscope. La présence de spermatozo'ides indique qu’i| y a eu accouplement et il est d’autant plus récent que les spermatozoïdes sont nombreux (Fuxada, 1959; Naulleau, 1986). Cet examen permet de situer la période d'accoup|ement des femelles. La même technique utilisée chez les mâles permet de déceler la présence de spermatozoïdes dans le prélèvement cloacal et même de recueillir du sperme qui est dilué avant examen au microscope. La période d’ovulation a été déterminée par radiographie (Naulteau et Bidault, 1978; 1981) et par palpation, ce qui nous renseignait également sur le nombre d'oeuls avant la ponte, avec une erreur de +,l- 1. Les oeufs ont été mesurés et pesés le ou les jours suivant la ponte. Pour étudier Vinfluence des réserves sur la reproduction, nous avons utilisé la formule de Leloup (1976) qui donne un Indice des Matières de Ftéserve (|.lvl.Ft.) chez les Serpents vivants: I.lvl.Fl. = P.Fl}P.T PQR.: poids réel en grammes du serpent à étudier. P.T.: poids théorique en grammes du Serpent en fonction de sa longueur et par rapport aux proportions d'un nouveau-né de son espece. 1O
i=.r. = (L/T)3 x p L: longueur réelie en cm du Serpent â étudier. I: longueur moyenne en cm d'un jeune de la même espèce â sa naissance (28,4 cm pour la Couleuvre d'Esculape). p: poids moyen en grammes, d’un jeune de la même espèce, à sa naissance (6,2 g dans le cas présent). Les moyennes sont suivies de |’ècart-type. La comparaison des moyennes a été faite â l’aide du test t. RÉSULTATS Les plus grands individus rencontrés sont des mâles avec une longueur totale de 1,55 m et une masse corporelle de 506 g. Chez les femelles, ces valeurs sont respectivement de 121 cm et 233 g (après la ponte). Chez les mâles, la taille minimale â laquelle nous avons trouvé des spermatozo'ides dans un prélèvement cloacal est de 74 cm. La plus petite femelle reproductrice observée (4 oeufs) avait une longueur totale de 65 cm. Si l’on compare la taille des mâles et des femelles capables de se reproduire (à partir de 74 cm pour les mâles et 85 cm pour les femelles), nous avons pour les mâies une moyenne de 113,79 ï 21,33 cm (n = 56) et pour les femelles 101,11 7, 9,03 cm (n = 45). Les femelles sont donc plus petites que les mâles, les tailles moyennes chez les deux sexes étant significativement différentes (t = 3,74; dl = 99; p<0,001). La sex-ratio des individus observés est de 1,23 en faveur des mâles. A. Mâles Le cycle reproducteur des mâles est annuel. Excepté en novembre où nous n'avons pas de données, nous avons trouvé tout au long de I’année des spermatozoïdes dans les prélèvements cloacaux (fig. 1). La présence de spermatozo`ides n’est pas liée â Vabondance de réserves puisque nous en trouvons aussi bien chez des animaux n‘ayant pas ou pratiquement plus de corps gras (|.lvl.R.<0,4) que chez des individus bien pourvus en graisse (l.lvi.Fl.>0,6) ce qui est également net chez les deux mâles (1 et 2) suivis sur plusieurs années (fig. 1). Les réserves des mâles sont maximales durant la belle saison. B. Femelles L‘accouplement a lieu entre le début mai et la mi-juin. ll n’a pas été décelé cfaccouplement d‘automne (fig. 2). L'ovulat1on se situe dans la 29""'9 quinzaine de juin. La ponte, relativement tardive, a lieu entre le 20 juillet et le 12 août. Elle représente 19 à 39% (x = 27,28 +,i- 7,91 %; n = 5) du poids des femelles après la ponte. Sur 20 femelles ou portées examinées, le nombre moyen d’oeufs par ponte varie de 4 â 10 (x = 6,7 +i- 11
0,,8 I.H-R. h '___,+__ D,6 /J/+ `+ -~«7·î- xx" + ’,,».ï9.l1.=•·«;?-î‘**«.,:<‘f*9-t-~}<f ~~ï,-+ »_jsÉ1.·+..,,,8§«;'x /"__—t;].`?.t.'Z'1‘·=» - + 1 0*ù +I2aE%--- 4- ,3,]+*- 4 +++-1-+ ÉÈ:" ,+··-- ··..._ _ ____+’..' J "t·t1¤1 0,2 0 A 15 J F M A H J J A S U H D Figure 1 : Indice de Matières de Réserve (l.l‘vl.Fi) et présence de s\:ermatozoïdes_|ors _du preîevernent cioacal au cours de l’annee chez le male. A: Perrode d'acccup ement. Maxi: Evolution du maximum de i‘|.M.F`t, Mini: Evolution du minimum de l'l.M.Ft. +:, Présence de sëermatozojdesgz Accouplements observes.•: Absence de spermatozoides.-0-; Evolution de |'l. .Ft. du male 1 au oours des années 1989 et 1990. -: Evolution de l'I.M.Fl. du mâle 2 au cours des années 1989, 1990 et 1991. 1,75). ll existe une légère corrélation significative (r = 0,49; |3<0,05) entre le nombre d‘oeufs et la longueur des femelles (fig. 3). Le poids des oeufs lors dela ponte est en moyenne GG 9,3 +t- 2,4 g (n = 37) avec des variations de moyenne importantes selon les pontes (de 6,55 +f- 0,8 à 11,6 +f- 2 g). Des variations analogues sont observées dans les dimensions des oeufs qui ont en moyenne 38,39 +,l'- 3,28 mm de long sur 19,89 +}- 0,84 mm de diamètre (n = 14). Les jeunes qui naissent, généralement en septembre, mesurent en moyenne 28,4 +l- 2,88 cm (24 à 32,5 cm) et pèsent 6,17 +}- 1,14 g (4,5 a 7.8 g) (n = 8). Les ieunes étant trouvés dans la nature à la période des éclosions il ne nous est pas posssible de savoir s’ii y a des variations inter ou intra ponte et s'il y a des relations entre la taille ou le poids des oeufs et ceux des jeunes à |’éclosicn. Le cycle reproducteur des femelles est trés dépendant des réserves de graisse qui conditionnent sa périodicité. Ainsi, il existe un seuil de l’lndice des Matières de Réserves (l.M.Fi.) (0,55), à ia période des accouplements, au-dessous duquel il n’y a pas reproduction (fig. 2). Les 3 femelles reproductrices |’année de capture (3, 4 et 5), suivies ultérieurement en terrarium où leur l.t'vi.R. est resté inférieur à 0,55 illustrent clairement ce phénomène (fig. 2). Lorsque l'l.M.Ft. est proche de 0,4, les femelles ne possèdent plus de corps adipeux ou trés peu. Des femelles ayant un l.M.R. inférieur au seuil de reproduction (0,55) peuvent s’accoup|er mais ne se reproduisent pas. C’est le cas de deux femelles : une de 104 cm de longueur pesant 157 g (l.M.Ft. = 0,52) capturéé le 30 mai 1985, et une autre de 105 cm pesant 156 g (l.lvl.Ft. = 0,50) oaptutée le 7 juin 1988. Certaines femelles ne se reproduisent donc pas tous les ans. Sur 50 femelles 12
u r.M.n. I • 8 • o,s • , • , •|"· Reproduction g 8§•:?':··È___ B à :1. · n s • ' M-`—·"î` ' u ,0,5 ' ' J/86 ° '\‘ • . " `'''''' ` ''''`'''' L '''''' S gükgbc--I ·;"_'.2I·T.:::;·î`_____,,,.·-•·--—·—•·—···• D,·f·u · Absence de Reproduction 0,2 G ll. 0 P mis F M A H J J A S 0 N Figure 2 : lndlce de Matiere de Réserve (l.lv‘l.Fl.) et présence de spermatozoïdes lors du prelèvement cloacal au couts de I’annee chez la femelle. A: Période d'accoup|ement. 0: Période crovulatlon. P: Période de ponte. +:,Présence de spermatozoides.$: Accouplements observesj: Absence de spermatozoïdes.-·•—: Evolution de |'l.l\r‘l.Ft. de la femelle 3 au cours des années 1988, 1989 et 1990. —: Evolution de I‘l,l'vl,H, de la femelle 4 au cours des années 1985.1986 et 1987. -—-: Evolution de l`t.lvt.Fl. de ia lesiarzile 5 ou cours des années 1988 et 1989, capturées ou reoapturées dans la nature, au printemps ou en été, de taille supérieure ou egale à 85 cm (longueur de la plus petite femelle observée reproductrice), 41 soit 82% sont reproductrtces, B soit 16% ne sont pas reproductrices et une (2%) ayant un t.M.Ft. de 0,55, correspondant au seuil de reproduction, ne peut être classee avec certitude dans une categorie OU dans |’autre. IV- DISCUSSION Les femeiles atteignent des tailles inférieures a celles des mâles (Rolllnat, 1934; Naulleau, 1987). Nos résultats sont en accord avec ces donnees, mais la plus grandeiemelle observée (121 cm) est beaucoup plus petite que la taille (160 om) citée par Ftollmat (1934). La taille moyenne des femelles est significativement differente de celle des mâles (P<0,001]. ll est fort probable que les mâles se reproduisent plus tot que les femelles puisque des spermatozoïdes ont été trouvés chez un male de ?_4 cm de longueur totale et que la plus petite femelle reproductrioe mesurait 85 cm, même en admettant que la croissance des femelles soit un peu plus rapide, ce qui n‘esl pas démontré actuellement. La plus grande précocite des mâles à se reproduire a également été observée chez d’autres serpents. C'est le cas chez Vrjoere aspis aussi bien dans la nature (Saint-Girons, 1952) qu’en conditions contrôlées avec suppression de Phivernage (Naulleau, 1970}. Le cycle reproducteur annuet des mâles n’est pas lié à la 13
Cm Longueur 120 9 O I e · O I I 100 ° I O O I I I I 80 Oeufs 5 10 Figure 3 : Nombre d’oeuis par ponte en fonction de la longueur totale de la femelle. N=20; Y=-5,14+0,12X; r=O,42; p<0,05. quantité de réserves lipidiques dont ils disposent. En effet, les sperrnatozoïdes sont décelés tout au long de I’année, aussi bien chez les mâles pratiquement sans corps gras (l.I\»1.H.<O,4) que chez ceux qui en ont le plus (|.lv1.Fi.>0,6). Fretey (1987) signale Vaccouplement d’automne chez cette espèce, mais sans référence précise. Flollinat (1934) envisage cette possibilité mais ne peut en apporter la preuve. Tous les prélèvements récoltés au niveau du cloaque en automne chez 7 femelles différentes, dont 4 avaient un l.M.Fl. supérieur au seuil de reproduction (0,55) étalent tous dépourvus de spermatozoïdes bien que les mâles à cette période possèdent des spermatozoïdes dans leurs voies génitales. L’ovulation de la Couleuvre d'EscuIape (espèce ovipare), qui a lieu dans la deuxième quinzaine de juin, est pius tardive que chez les vipéres européennes (ovovivlpares) qui se situe fin mai - début iuin (Saint-Girons, 1957; Duguy, 1963; Naulleau 1981). Chez la Couleuvre d'EscuIape, comme chez les vipères, l’ovulation se fait chaque année à la même période. La 14
Couleuvre d'Escu|ape peut pondre tardivement jusqu’au 12 août. Dans les mêmes conditions climatiques, la mise bas la plus précoce observée chez Vrioera aspis est le 22 août (Naulleau, 1981). Si |’on considère ces deux extrêmes, on remarque que l’espèce ovipare est libérée de ses oeufs peu de temps avant l’espéce ovovivipare. Dans ce cas, les deux espèces ont à peu prés le même temps avant |’hivernage pour manger et reconstituer leurs réserves. Signalons toutefois que si l’on compare les deux espèces, une même annee, la différence est plus importante. Ainsi, en 1980, la Couleuvre d’Esculape a pondu au plus tard le 12 août, alors que la premiére mise bas de Vrjoera aspis a lieu le 20 septembre (observation personnelle). L'investissement de la Couleuvre pour la reproduction représente de 19 à 39% de son poids aprés la ponte, alors qu'il varie de 28 à 76% chez l/.·]oera aspfs (Naulleau et Saint—Girons, 1981). Le nombre d’oeufs augmente avec la taille de la femelle (fig. 35). Les dimensions et le poids des oeufs lors de la ponte et des jeunes |'éc|osion présentent d’importantes variations. Des travaux ont mis en évidence une relation étroite entre la capacité reproductrice des femelles de Serpents et leurs réserves de graisse. Chez Crotaius virfdis oreganus, la masse des corps gras est le principal facteur contrôlant la fréquence de reproduction (Diller et Wallace, 1984). En revanche, chez Opneodrys aestfvus, l’alimentation printanière peut suppléer le faible stock des réserves lipidiques et fournir l’énergie nécessaire à la vitellogenêse (Plummer, 1983). ll en serait de même chez des femelles de Thamnophrs sirrafrs parieraffs certaines années (Whittier et Crevvs, 1990). Les femelles de Efaphe guttara d'un groupe initialement analogue se reproduisent toutes, indépendamment de la quantité de nourriture (faible ou abondante) qui leur est distribuée (Seigel et Ford, 1991). Chez la femelle de Efapne fongissima, notre étude montre que les reserves, principalement lipidiques, sont importantes dans la fréquence de reproduction. Nous avons ainsi montré qu‘i| existe un seuil de l’lndice de Matieres de Réserves (l.M.Fi.), 0,55 lors de la période des accouplements, au-dessous duquel les femelles ne se reproduisent pas (fig. 2). Aprés chaque ponte, les femelles sont au voisinage ou en-dessous de ce seuil. Ce phénoméne a également été observé chez Vfoera asois (Bonnet et af., 1992). ll arrive qu'aprés la reproduction, certaines femelles n’ont pas le temps d'accumuler suffisamment de réserves pour se reproduire |’année suivante. Ainsi, nous avons observe que des femelles ne se reproduisent pas certaines années. Parmi les especes de serpents ovipares, la fréquence de reproduction est variable. Les femelles de certains Colubridés se reproduisent annuellement comme Carp/tqohis amoenus (Atdridge et lvletter, 1973), Dfao'o,ohr’s punctatus (Fitch, 1975), Masricqohis taeniatus et Pfruophis mefanoieucus (Parker et Brown, 1980). Des femelles d'Elapidês (Pseudonaja nuchaifs et P. rexrifis) peuvent même effectuer deux pontes dans l’année (Shine, 1977). En revanche, chez Cofuber constrfcror (Fitch, 1963) et Arizona efeghans (Aldridge, 1979), un tiers des femelles ne se reproduisent pas tous les ans. Chez Elaphe fongissima, 16% des femelles capturées dans la nature, au printemps ou en été, ne sont pas reproductrices. En terrariurns extérieurs, les femelles, aprés- une 15
reproduction, ont beaucoup de difficultes à refaire leurs réserves, bien qu’eltes aient en permanence des souris à leur disposition. En general leur I.lv1.Ft. reste inferieur à 0,55 et elles ne peuvent donc pas se reproduire (fig. 2). Ceci provient probablement du fait que la captivrte perturbe |'a|imentatlon des couleuvres qui ne mangent pas suffisamment pour reconstituer les reserves necessaires à la reproduction. Dans la nature, la fréquence de reproduction des femelles de Eiaphe iongissima est globalement annuelte; cependant, quelques individus peuvent ne D3S_S6 reproduire certaines années. La reproduction de cette espece est très liée à Vimportance des réserves des femelles _et par conséquent aux possibilites qu’elles ont de s‘alimenter et de digérer dans les meilleures conditions. Chez les espèces ovovivipares des régions temperees, l'effort de reproduction important des femelles et les contraintes du milieu font que celles-oi se reproduisent habituellement tous les deux ou trois ans. C’est le cas de Vrioera aspis (Saint-Girons, 1957; Duguy, 1963 et observations personnelles) qui vit parfois en sympatrie avec Eiapne iongissirna. (Cette etude a fait l'obiet des _autorisat_ions de capture et de transport d'animau>r d'espèces protegees delivrees par le Ministere de t’Environnement). RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ALDFIIDGE, Ft.D. (1979) - Female reproductive cycles of the snakes Arizona eiegans and Crotaius viridis. Herpeioiogica. 35 (3) : 256·261. ALDRIDGE, Fl.D. et METTER, D.E. (1973) - The reproductive cycle cf the western worm snake, Carphophis vernis in Missouri. Copeiaï 472-477. ANG EL, F. (1946) - Faune de France. Reptiles et Amphibiens. 45 Lechevaller, Paris. 204p. BONNET, X., NAULLEAU, G. et MAUGET, R. (1992) - Cycle sexuel de la femelle de Vipera aspis L. (Fiepiiiia, Viperidae). Importance des reserves et aspects métaboliques. Bui!. Soc. Zooi. Fr., 117 (3) : 279-290. DILLEH, L.V. et WALLACE, Fl.l.. (1984) - Fleproctuctive Biology of the northern pacific Rattlesnake (Cmiaius viridis oreganus) in northern Idaho. Herpetoiogioa. 40 (2) 1 182-193. DUGUY, R. (1963) - Biologie de la latence hivernale chez Vipera aspis L. Vie et Miiieu. 14: 311-443. FITCH, H.S. (1963) - Natural history ot the racer Coiuber ccnsrrictor. Univ. Kans. Pubi. Mus. Nat. His:. 15 1 351-468. FlTCH, H.S. (1975) — A demographic study of the ringneck snake (Diadopnis punctarus) in Kansas. Univ. Kaos, Mus. Nat. His!. Misc. Pubi. 62 : 1-53. FRETEY, J. (1987) - Guide des Reptiles de France, Hatier, Paris. 255p. 16
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Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) S2 2 19-36 où EN SOMMES·NOUS? par Jean-Claude Rage Résumé - Ces dernières années, la phylogénie et la systématique des Lépidosauriens ont lait |’objet de plusieurs propositions qui sont discutées ici. Les Lépidosauriens sont considérés comme le groupe frére des Archosauriens, c‘est-à-dire que les Diapsldes sont monophylétiques. Les Squamates forment un groupe monophylétique qui est le groupe frére des Sphénodontiens. La monophylie des Lacertiliens ne peut pas être démontrée; ce taxon est probablement paraphylétique et il représente le groupe souche des Amphisbaeniens et des Serpents. La phylogenie et la systématique des Lacertiliens restent controversées. Au sein des Squamates, les allinités des Amphisbaeniens et des Serpents (et aussi des Dibamides} ne sont pas établies. Chez tes Serpents, les principaux problémes concernent les Aorochordoïdes (groupe lrre des autres Aléthinophidiens ou groupe frére des Colubroides?) et les formes venimeuses (sont·e||es dérivées ou primitives au sein des Co|ubro'ides?}. Mots-clés : Amphisbaeniens. Lacerllliens. Lépidosauriens. Phylogénie. Serpents. Squarnates. Systématique. Summary - Recent studies on the phytegeny and systematics et Lepidosaurie are discussed. Diapsidae are monophyletic end Lepidosauria is regarded as the sister group of Archosauria. Squamata is rnonophyletic and the sister group ot Sphenodontta. Monotphyly in the Lacertilia cannot be dernonstrated, lor the taxon ts probably paraphyletic and orms the stent group ot Amphisbaenia and Serpentes. Lacertilian phylogeny and systematics remain controversiai. Within Squamata, the atlinities ol Amphisbaenia and Serpentes (also those of Dibamidae} have not been clarilied. The main problems in Serpentes concern the Aorochordoidea [whether a sister group of the other Alethlnophidia or ol the Colubroidea) and venomous terms (whether derived lrom or primitive to the Colubroidea). Key-words : Arnphishaenia. Lacertllia. Lepldosauria. Phylogeny. Serpentes. Squamata. Systematics. I . INTRODUCTION Dans la faune actuetle, Lépidosauriens et Crooodiliens (et Oiseaugt) représentent les Diapsides, un groupe de_ Reptiles qui a connu une tres forte e)<pê\tlSi0rI au COUrS du MQSOZOIQUG GVBC, €l'lÈl'G autres, les «Dinosaures··, Ptérosaures, Thécoclontesn. Avec plus de 5700 espèces, les Lépidosauriens paraissent ilorissants; toutefois ces espèces se répartissent trés inégalement parmi les subdivisions généralement reconnues: 1 ou 2 especes chez tes 3phénodontiens (avec l'unique genre Sphenodon), environ 3300 chez |e_s Lezards, 2300 chez les Serpents et un peu plus de 130 pour les Ampnisbaeniens. _ _ _ Ces derniéres années, diverses révisrorrs ont concerne les Lépidosauriens et des propositions de phylogentes et classtfrcatuons ont Manuscrit accepté le 7 février 1992 19
été avancées. Apparemment, la position du groupe au sein des Reptiles fait maintenant i’objet d'un quasi-consensus. En revanche, en ce qui concerne la phylogénie des Lépidosauriens, un seul point ne semble pas prêter à discussion: Sphénodontiens d’une part, et Squamates (Lézards, Amphisbaeniens, Serpents) d'autre part, sont issus d’une même dichotomie qui correspond a la principale subdivision. Chez les Squamates, de nombreux problémes apparaissent. Seront examinés ici les principaux aspects de la phylogénie et de la systématique des Lépidosauriens. Les caracteres sur lesquels se basent les différentes phylogénies ne peuvent malheureusement pas être énumérés ici. Notons que, sur le plan systématique, des noms désignant des groupes paraphylétiques seront utilisés. En effet, il est possible de travailler dans un esprit cladiste tout en conservant des termes s’appliquant à des ensembles parapnylétiques; il suffit que ces groupes soient clairement reconnus comme tels (Wiley, 1981). C’est le cas des Reptiles dont la structure paraphylétique est bien établie; mais il est difficile de supprimer untel nom et, de toute façon, chacun connaît le contenu du groupe. Le cas se présente aussi, par exemple, pour les lézards (voir ci-dessous). Il . AMNIOTES, HEPTILES ET LEPIDOSAURIENS Les Amniotes actuels se composent de trois grands groupes monophylétiques: Testudiniens, Diapsides et Mammifères. Ceci reflète la subdivision des Reptiles en trois taxons basée sur la structure de leur région temporale : les Anapsicles, sans fenêtres temporales, représentés actuellement par les Testudiniens; les Synapsldes, avec une seule fenétre temporale de chaque côté (comprenant les Fieptiles mammaliens, tous fossiles, et les Mammifères); les Diapsides, avec deux fenêtres temporales de chaque côté, qui regroupent tous les Reptiles actuels, autres que les TBStudinienS, des Fteptiles fossiles et les Oiseaux. Un quatriéme groupe, les Euryapsides, était généralement reconnu; en fait, il ne représente qu'une forme modifiée de la structure diapside (Mazin,1982). Les Diapsides actueis comportent deux ensembles monophylétiques, les Lépidosauriens et les Archosauriens. Les Lépidosauriens sont donc des Diapsides et il est maintenant généralement admis qu’ils représentent le groupe frére des Archosauriens, c’est-à-dire de i'ensemb|e formé actuellement par les Crocodiliens et les Oiseaux, mais qui comprend aussi des fossiies comme les Dinosaures, les Ptérosaures, les Thécodontes...(fig. 1,A). Toutefois, la monopnylie des Diapsides, donc les affinités des Lépidosauriens, a parfois été mise en doute. C'est ainsi que Tarsitano et i-lecht (1984) ont supposé que la structure diapside est apparue par convergence. Fleig (1967), puis Gardiner (1982) et Levtrup (1985) se sont opposés à la monophylie des Diapsides. En se basant sur des données paléontologiques, Fleig (1967), a considéré que les Lépidosauriens descendent d’Anapsides, alors que les Archosauriens dériveraient de Synapsides (fig. 1, B). Ainsi, les Lépidosauriens seraient plus étroitement apparentés aux Testudiniens qu’aux Archosauriens, ces derniers étant plus proches des Mammifères. Pour esruinar (1982), qui s’est fondé sur les caractères anatomiques des formes actuelles, les Lépidosauriens 20
formeraient un groupe particulier r1’Amniotes, S’oppos_ant à tous les autres Amniotes qu‘i| nomme «=EuamnioteS>=. les Testudrniens shntercalant ucl entre les Lepidosauriens et les Archosauriens, Ces derniers formant le groupe souche des lvlammtres (fig. 1, C). L_oytrup (1985), qui ne voit pas de relations entre Arohosaurlens et Mammiferes, tntercale lui BUSSI les Testudiniens entre Lépidosaurienjs et Archosaoriens. Benton (1985), et Gauthier et ar. (1988 a) ont critique ces_ points de vue. Les analyses phylétiques récentes (Benton, 1985; Gauthier et ai., 1988 a; Euans, 1988; Laurin, 1991), s’a§outant à celles de Gaffney (1980) et Be1sz_(1981), conduisent toutes au même resultat: les Diapsides sont rnonophyletiques. ll faut toutefois remarquer que Gauthier et af. (1988 a), en réalisant une analyse qui ne prenait en compte que les formes actuelles, ont obtenu un résultat comparable a celui de Gardiner (1982), avec des Diapsides potyphylétiques. Ce n’est qu'en incluant les fossiles que |’ana|yse a abouti à la monophylie des Diapsides. Diapsidas Q ·s¤" _ ,s' .,,«¤' G .,,<~<¤ ïîloçü ùôtxçxï aux-(,6 Bot'; Açaîg ldaa $093. ww v·°" N¤w~°° \'ü,xè°° \,(,,<s" ”c“0,,s~>"' x x,è°"’ tv )%’°·s> *.6%% A `r"=·,, i~°°Qbs . 0** cg - gguîya wwwxüç Gïeûeug, °%`pô‘!-0 xàçïèû C Flgu r 1 : Structure phylètique des Amniotes et position des Lépidosaurieris. A: schéma le plus fréquemment admis, avec Diapsides monophylètiques. B1 opinion de Fleig (1957}. C: opinion de Gardiner (1982). (En B et C, les groupes de Diapsides sont soulignés). 21
_ Nous retiendrons donc que les Diapsides (Oiseaux inclus) semblent bien être monophylétiques et que, à |’intérieur du groupe, les Lépidosauriens forment le groupe frere des Archosauriens. Notons aussi que, pour intégrer les différents groupes fossiles qui se rattachent à la lignée menant aux Lépidosauriens, a été créé le taxon des Lepidosauromorphes, lequel englobe ces fossiles et les Lépidosauriens. Symétriquement, les Archosauromorphes comprennent les Archosauriens et divers groupes fossiles apparentés. En d'autres termes, au sein des Diapsides, les Lépidosauromorphes (dont seuls subsistent les Lépidosauriens) forment le groupe frére des Archosauromorphes (dont des Archosauriens, Oiseaux inclus, subsistent seuls). lll . LEPIDOSAUHIENS, SPHÉNODONTIENS ET LA DICHOTOMIE SQUAMATES-SPHENODONTIENS Les Sphénodontiens forment un ensemble bien caractérisé, monophylétique, défini par un nombre important de caracteres (Fiage, 1982 a; Evans, 1984; Benton, 1985). lls ne comprennent plus que l'unique genre Sphenodon, seul Lépidosaurien actuel ayant conservé sa structure diapside (les Squamates ont plus ou moins complétement perdu secondairement cette structure). Ils n’ont jamais constitué un groupe trés largement répandu, mais its étalent relativement fréquents au ivtésozoïque. Les plus anciens datent du Trias. lvlonophylétique, ce groupe des Sphénodontiens s‘oppose trés clairement aux autres Lépidosauriens qui constituent les Squamates. Sion ne tient compte que de la faune actuelle, la dichotomie Sphénodontiens- Squamates ne semble pas discutable. lvlais, si on considere les groupes fossiles, le schéma devient moins simple, car des branches phylétiques du lvlésozoïque peuvent s‘intercaler entre Fancétre commun aux Sphénodontiens et aux Squamates d‘une part, et l’ancétre commun des Squamates d'autre part (les Paliguanidae et Kuehneosauridae d’après Carroll, 1988 a; Gephyrosaurtrs d'apres Evans, 1984 et Benton, 1985). IV . LES SOUAMATES L’unité des Squamates ne fait aucun doute; Estes et af. (1988) ont donné une liste de 84 caractères confirmant la monophylie du groupe. Cet ensemble correspond a un taxon du niveau du super-ordre (Underwood, 1957; Gens, 1978; Estes, 1983; Fiage, 1984) ou de |'ordre (Guibé, 1970; Gàgêbtèrg, 1970; Dovviing, 1975; Flieppel, 1979 a; Benton, 1985; Carroll, 1 ). Si la monophylie des Squamates ne prête pas à discussion, il n’en va pas de méme pour leur phylogénie. Une analyse de cette phylogénie peut s'appuyer sur une subdivision a priori du groupe en trois taxons: Lézards, Amphisbaeniens, Serpents. Pour Gens (1978), ces trois groupes sont d'ai||eurs de rang égal, proposition discutable comme nous le verrons. Cependant, ce découpage en trois taxons permet une discussion aisée du problème. Il ne faut toutefois pas oublier que les Dibamidae, voire les 22
Feyiinidae (Fiieppel, 1988 a), mériteraient eux aussi une attention particulière. Amphisbaeniens et Serpents sont monophylétiques (voir oi- dessous); en revanche, la monophylie des Lézards ne peut pas être démontrée, ce qui rend plus complexe la question de leurs relations avec les Amphisbaeniens et les Serpents. A. Iulonophylie ou paraphylie des Lézards ? On supposait, il y a plusieurs années, que les Serpents se distinguaient trés nettement des Lézards. Underwood (1957, 1970), en s’appuyant sur des caractères ophtalmologiques (structure de la rétine), a souligné les profondes différences séparant Lézards (Amphisbaeniens inclus) et Serpents; il concluait que les Serpents ne pouvaient descendre d‘aucun groupe de Lézards encore connu actuellement. Frieppel (1978 a), qui se fondait sur le cinétisme crânien, arrivait à des conclusions similaires. D’autre part, en se basant sur le fait que le chondrocrâne des Serpents est platybasique, alors que celui des Lézards est tropibasique, Hoffstétter (1968) a supposé qu'i| s’agil de deux groupes indépendants, nés d’un ancêtre commun, autrement dit que Lézards et Serpents sont deux groupés frères (fig. 2, A1). Or, Carroll (1977) a considéré que certains fossiles (les Paliguanidae), datant du Trias ou du Permien, étaient déià des Lézards de type moderne. Ainsi, si on admet que Lézards et Serpents sont deux groupes frères, il fallait alors supposer qu’ils avaient divérgé à partir d’un ancêtre commun des le début du tvtésozoïque, voire des la fin du Primaire (Ftage, 1982 b, 1984}. Toutefois, un tel point de vue, qui n'a jamais été avancé que comme hypothèse liée a la démonstration de la monophylie des Lézards (Rage, 1984), n'est ptus défendu. Rieppel (1979 b) a montré que la nature platybasique (plus précisément semi-platybasique) du choodrocrâne des Serpents résulte d’une pédomorphose, c’est-à-dire que le type de chondrocrâne connu chez les Serpents peut dériver du chondrocrâne des stades embryonnaires de Lézards. De plus, Bellairs (1984) a signalé que la distinction entre ces deux états, platybasiqué et tropibasique, n'est pas claire en quelques cas chez les Squamates. En outre, si la rétine des Serpents diffère nettement de celle des Lézards, la cause peut en étre simplement le passage, pour les Serpents, par une phase fouisseuse ou plus probablement semi-fouisseuse; cette différence de la structure rétinlenne peut donc résulter d’une période particulière de |’hiStoiré des Serpents et ne pas refléter une divergence profonde entre les deuxgroupes. Ceci conduit donc à envisager la possibilité d’une dérivation des erpents à partir d'un groupe de Lézards. Cependant, si cette possibilité semble réelle, voire probable, elle reste indémontrée. Pour prouver que les Serpents descendent d’un groupe de Lézards, c'est-à-dire que les Lézards sont paraphylétiques, il faudrait montrer que les Serpents et le groupe de Lézards en question partagent des caractères dérivés qui n'existent pas chez les autres Lézards. Or une telle démonstration ne peut pas étre fermement établie (voir oi-dessous: l’origine des Serpents). Uhypothése de la dérivation des Serpents à partir de Lézards, en faveur actuellement, repose en fait sur |'impossibi|ité d'étab|ir la monophylie des Lézards, que les Amphisbaeniens soient inclus ou non dans ce dernier taxon. Cette monophylie n’étar¤t pas démontrée, la 23
paraphylie devient implicite et on est conduit à admettre que les Serpents (mais aussi les Amphisbaenrens) descendent d’un groupe de Lézards qui reste à determiner. c"'a'®G% è<>°OG<\% `SÀ 60 5 *99 0 Jë 00 ic ge gc 0 Coçroë \’è'.L·z· (3G·;_Q 69*0 L é z et rd B 0/)% Lepidosauria Squamata xp ' Sclerogloesa bcp · eeümgn ne ,(g$`O wma p,tnr>""`5 5e1ï*P°n ('JQ îqluan \ \ \ / \ " \"`)@0:LG‘\9 çà-;. pû" x xëfô B Figure 2 : A: structure phylétique schématique des Lépidosauriens, Amphisbaeniens omis (Aïïles Lézards étant supposés monophwéüques, hypothèse peu probahœ; A2:|es Lézards étant supposés paraphwéüques, hypothèse la pws probabœ). B: shucune phylètique des Lépidosauriens inspirée de Estes et al. (1988) pour les Squamates [avec origine des Amphisbaeniens et des Serpents au sein des Scléroglosses}. Plusieurs particularités anatomiques ont été avancées pour caractériser les Lezards (Carroll, 1977; Ftieppel, 1978 b; Estes, 1983), mais elles ne démontrent pas leur monophvlie; elles permettent simplement de distinguer les Lézards des groupes voisins. Peu de caractéres ont été pro_poses pour soutenir la rnonophylre de ce groupe. _Le trajet de sortie du crane du nerf glossopharyngien a d'abord éte considéré comme un possible caractère 24
dérivé pouvant définir les Lézards (Plage, 1982 a); en méme temps, une autre caractéristique, la fenestration du scapulo-coracoïde, était avancée avec doute. Si on ne tient pas compte de ce dernier caractère, dont |’état ne peut pas étre vérifié chez les Serpents, seul le traiet du nerf glossopharyngien pourrait avoir une signification. En fait, Ftieppel (1984) a pu montrer qu'il est variable chez les Lézards. En faveur de la monophylie des Lézards, Flieppel (1988 b) a, par ta suite, avancé d’autres caractères concernant la fissure métotlque, la stucture de la rétine et le développement du thymus; cependant, il signalait lui—méme qu’iIs sont douteux. En définitive, aucun caractère dérivé ne peut donc étre retenu de façon certaine comme caractéristique des Lézards. Ainsi la monophylie de ce groupe reste non démontrée et apparemment indémontrable; par conséquent, les Squamates se composent trés probablement d’un groupe souche, les Lézards, d'où dérivent les Serpents et les Amphisbaeniens (fig. 2, A2, B). B. Phylogénie et classification des Lézards Les Lézards représentent un groupe relativement ancien. Si l'on en exclut les Paliguanidae du Trias, comme Carroll (1988 a) lui-méme semble |'admettre, les vrais Lézards (= Lacertiliens) ne sont pas connus avant le Jurassique supérieur; mais leur origine est probablement plus ancienne. Que les Lézards soient monophvlétiques ou, comme nous l’avons vu, plus probablement paraphylétiques, ils correspondent à une structure phylétique qui doit servir de base à leur classification. Malheureusement, peu de travaux ont été réalisés sur cette phylogénie et il n’existe aucun accord. Il y a simplement consensus sur la subdivision de l'ensembIe en quatre groupes majeurs (en ne tenant pas compte des Amphisbaeniens): lguania, Gekkota, Scincomorpha et Anguimorpha (Hoffstetter, 1962; Benous,19?9; Estes er af., 1988; Ftieppel, 1988 a; Russell, 1988; Presch, 1988; Schvvenk, 1988). Les Gekkotiens (Gekkonidae et Pygopodidae seulement) et les Anguimorphes sont monophylétiques. En revanche, la monophylie des Scincomorphes, quoique probable, reste quelque peu douteuse (Ftieppet, 1988 a). En ce qui concerne les lguaniens, la monophylie ne peut pas être démontrée (Estes et af., 1988; Frost et Etheridge, 1989); le taxon, peut-étre paraphylétique, pourrait former le groupe souche des Lézards. La composition de ces groupes, généralement placés au niveau de Pinfra-ordre, varie assez peu en fonction des auteurs. L‘analyse des relations entre ces différents taxons conduit à des interprétations divergentes comme le montre la figure 3 (A, B, C). Si plusieurs phylogénies ont été proposées, seuls Estes et al. (1988) ont récemment présenté une classification. Cette derniére, d'esprit cladiste et fondée sur leur phvlogénie, se présente sous la lorme de taxons emboïtés (classification indentée): (Squamates (lguania, Scleroglossa (Gekkota, Autarchoglossa (Scincomorplta, Anguimorpha)))); aucun rang taxonomique précis n'est accordé à ces taxons (fig. 3, D). Notons aussi que, considérant que les Lézards sont paraphylétiques, ces auteurs ont classé comme incerfee sedfs les groupés dont ils n’ont pas réussi à trouver les relations: Serpents, Amphisbaenlens et Dibamidae. Toutefois, l’incertitude, en ce qui concerne ces trois taxons, n'est pas totale à |’intérieur des Squamates; ils 25
ne semblent pas devoir étre apparentés aux lguania et ils sont donc considérés incertae sedis à |'intérieur des Scleroglossa. Cependant, en ce qui concerne les Amphisbaeniens et les Serpents, des propositions plus précises ont été avancées (voir ci-dessous). dw *09 •a‘iFx`B cîpb · 1 v · svp —«l¤ ·\œlB“LB Ggvyonü yogùxwpï vydoa %°\§.v‘o`4%c3ç=\·“C }`(\(È3L \Y YK Squïmata l..l8[`|].8 Éw woïçvb O`} Gompîïpa Sglerogloesa EH \g(59 6B$\F· Bc}0 InCE!§îÈaâîdaâ Éë'¥ÈëÃ?`É`É"“ c kk t ÉTFÈBÈCÉDQIUBSB Scincomorpha C D Anguîmorpha Figure 3 : A, B, C: structure phgléticëue des Lézards, Amphisbaeniens omis (A: d'après Rieppel, 1988 a et Estes et ar'., 1 88. : d’aprés Russell, 1988. C: d‘apres Presch, 1988 et Schwenk, 1988). D: classification indentèe des Squamates, d'apfés Estes et ar'., 1988. C. Les Amphisbaeniens Les Amphisbaeniens forment un ensemble bien caractérisé, monophylétique (Gans, 1978; Rage, 1982 a; Estes et af., 1988). Curieusement, leur nature reptilienne a ete mise en dlouteë par|Zang|er| (1945) et Kesteven (1957), mais leur placement dans es epti es, pus précisément dans les Lépidosauriensë n’est pluô discutég Les classifications proposées sont purement ph notypiques. anzo ini 1 51) a reconnu une seule famille (Amphisbaenidae) subdivisée ent trois sous- famillesz Amphisbaeninae, Rhineurinae, Trogonophiinae. Par a suite, ces trois sous-familles ont_ été _éievées au rang familial et une quatrième famille, Bipedidae, a éte distinguée. Il s'ag¤t I du découpage actuellement admis (Gans, 1978; Estes, 1983). 25
La phylogénie du groupe reste inconnue. Seules seront donc considérées, ici, les relations des Amphisbaenierrs avec les autres groupes. Ils sont connus de façon certaine depuis le Paléocéne (Estes, 1983), mais un probable amphlsbaenien a été signalé dans le Crétacé terminal (Astibia et af., 1990); en fait, leur origine est certainement beaucoup plus ancienne. Longtemps inclus dans les Lézards comme une super-famille (Camp, 1923) ou un infra-ordre (Vanzolini, 1951; Underwood, 1957), ils ont souvent été considérés comme un taxon distinct aprés les travaux de Zangerl (1944, 1945), se plaçant alors au rang du sous-ordre (Hoffstetter, 1962; Benton, 1985) ou de I’ordre (Gans 1978; Estes, 1983). Toutefois, méme reconnus distincts des Lézards et des Serpents, ils ont presque toujours été regardés comme plus proches des Lézards; le travail de Gans (1978) illustre parfaitement un tel point de vue. Mais, à |'occasion d’une analyse phylétique des Lépidcsauriens (Rage, 1982 a), les Amphisbaeniens sont apparus plus étroitement apparentés aux Serpents qu’aux Lézards: Amphisbaeniens et Serpents représentaient deux groupes freres. Bien que Rieppel (1988 b) lui ait prêté une certaine attention, ce résultat a priori surprenant n’a jamais été accepté mais n'a pas pu être réfuté. Estes et af. (1988) ont réalisé une analyse phylétique des Squamates basée sur 148 caracteres et traitée sur ordinateur à l‘aide de deux logiciets différents. Les résultats obtenus avec l'un des logiciels plaçaient, là encore, Amphisbaeniens et Serpents en position de groupes frères. Cependant, les auteurs n'ont pas considéré comme indiscutables les relations fournies par l'ordinateur, ce en quoi ils ont raison, et ils les ont corrigées. Ainsi, ils n’ont pas admis les relations Amphisbaeniens- Serpents, invoquant que des convergences devaient avoir faussé I’anaIyse. Ils n‘ont pas proposé d'autre solution à propos des Amphisbaeniens; c’est ainsi qu'ils ont été conduits a les placer dans les Scferoglossa en tant quüincerrœ sedfs. Cette incertitude s'accorde bien avec la divergence des opinions de ceux qui ont tenté de trouver les affinités plus précises des Amphisbaeniens: ces derniers seraient apparentés aux Scincomorpnes d’aprés Camp (1923), Bogert (1964), Bühme (1981) et Schvvenk (1988), aux Gekkota pour Presch (1988), aux Dibamidae (Greer, 1985) ou, étant exclus des Lézards, ils pourraient être soit plus étroitement apparentés à ces derniers qu’aux Serpents (Gans, tggg), îoit, au contraire, plus fortement apparentés aux Serpents (Rage, 1 a . En conclusion, et en faisant abstraction de mon point de vue personnel (existence de relations Amphisbaeniens-Serpents), |'opinion de Estes et al. (1988), qui considèrent les Ampnisbaeniens comme des Scleroglossa incertœ sedfs, semble la plus appropriée actuellement (à condition que les Serpents soient aussi inclus aux Scleroglossa). D. Les Serpents McDowell et Bogert (1954), a l‘occasion d’un travail sur les Anguimorphes, avaient considéré que les Typhlopidae (Anomalepididae inclus) dérivaient de Lézards anguioïdes, alors que les autres Serpents (Leptotyphlopidae inclus) seraient nés à partir de Varanoïdes. En d‘autres termes, les Typhlopidae (et Anomalepididae) étaient exclus des Serpents 27
(ou les Serpents étaient polyphylétiques). Ce point de vue original n’a pas eté Suivi et McDowell lui-mêrne reconnaissait en 1967 |’unité des Serpents. Depuis, cette monophylle n’ajarnais été mise en doute. Les plus anciens Sgëtàînts connus proviennent de la partie moyenne du Crétacé (Cuny et af., 1 . S’il y a unanimité sur la monophylie du groupe, il n’existe aucun accord sur la phylogénie des Serpents. A la différence des Lézards, pour lesquels peu d’hypotnèses phyletiques ont été avancées, les propositions sont relativement nombreuses dans le cas des Serpents. Il n’est pas possiblé d'aborder ici tous les problémes concernant cette phylogénie, seuls quelques aspects seront évoqués. 1. L’origine des Serpents Si on admet la paraphylie des Lézards, c’est obligatoirement au sein de ces derniers que se situe l’origine des Serpents. Certains Squamates fossiles serpentilormes du Crétacé pourraient ètre apparentés à la souche des Serpents (Rage, 1987), ils pourraient même appartenir à cette souche. Malheureusement, la position systématique de ces fossiles reste inconnue; leur nature varanoïde (s’i| ne s'agit pas de Serpents) a parfois été évoquée, mais jamais démontrée. Les affinités de ces fossiles restant douteuses, il convient de rechercher à quel groupe de Lézards actuel les Serpents sont le plus étroitement apparentés, méthode de toute façon plus profitable ici. Parmi les quatre groupes mateurs de Lézards, seuls les lguaniens n’ont jamais été proposés comme proches parents des Serpents. Les Gekkotiens, surtout les Pygopodidae, ont été évoqués par Underwood (1957) comme possible groupe proche des Serpents. En fait, Undervvood lui-même a indiqué qu’il n'avançait ainsi qu'une contre-proposition à Fhypothése de relations Varanoïdes-Serpents alors en faveur. Les Scincomorphes, leurs formes fouisseuses essentiellement, ont été proposés par Brock (1941) qui se basait sur la morphologie crânienne. Plus récemment, une étude de distances immunologiques (Blanc, 1981), s‘acoordant avec la paraphylie des Lézards, a suggéré de possibles affinités entre Sclncomorphes et Serpents. La plus largement admise des hypothèses est celle qui, depuis Cope (1869), suppose d'étroites relations entre Serpents et Anguimorphes (plus exactement les Varanoïdes); elle a été soutenue par plusieurs auteurs dont McDowell et Bogert (1954), lvlcDowel| (1972), Bellairs (1972) et Schvvenk (1988). Cette hypothèse repose en grande partie sur des caracteres de l’appareil de préhension, certains pouvant correspondre a des convergences. Outre ces grands groupes de Lézards, Senn et Northcutt (1973) ont suggéré, d’après la structure de l’encépha|e, des affinités Serpents-Dibamus; mais il resterait à trouver les relations de Dibarnus au sein des Lézards. En outre, Gasc et Fienous (1979) ont noté que |'éventuel rapprochement entre Dfbamus et les Serpents semble reposer sur des convergences. Enfin, il reste le cas des Amphisbaeniens qui, nous l’avons vu, ont été proposés comme groupe frère des Lézards. Dans une récente critique de ce problème, Fiieppel (1988 b) n’a retenu comme plausibles que les possibles relations Serpents- Varanoïdes ou Serpents-Amphisbaenlens. Quoi qu’il en soit, cette question est loin d'étre réglée. 28
2. Les Scolécophidiens Dans les phylogéntes les plus récentes, si on ne tient compte que des Serpents actuels, les Scotécophidiens (Typhlopidae, Anomalepididae, Leptotyphlopidae) constituent un groupe monophylétique qui s’oppose aux autres Serpents, les Aléthinophidiens. Autrement dit, Aléthinophidiens et Scolécophidiens sont deux groupes freres (Fiieppel, 1979 a, 1988 a; Fiage, 1984, 1987) et la subdivision en Scolécophidiens, Hénophidiens et Caenophidiens (Hoffstetter, 1939; Underwood, 1967) doit étre abandonnée; les Hénopnidiens correspondent simplement à un grade au sein des Aléthinophidiens. Toutefois, pour Dovvling (1975) les Scolécophidiens représenteraient une radiation relativement mineure; ils s’apparenteraient aux Uropeltidae. Dans sa classification, les Scolécophidiens forment, avec les Uropeltidae, une super-famille des Typhiopoidea qui s’intercale entre les Etooidea et les Colubroidea. Dowling semble ainsi considérer que les Scolécophidiens (et les Uropeltidae) dérivent d’une souche boo'ide. Les Scoiécopltidiens, comme les Uropeltidae, sont d‘authentiques fouisseurs. Ceci entraîne une premiére remarque: les caractères conduisant a associer Scolécophidiens et Uropeltidae pourraient être des convergences liées a ce mode de vie; cette question de possibles convergences a déja été relevée (Rage, 1984). Mais, il faut aussi noter qu'un mode de vie réellement louisseur a modifié profondément l’anatomie des Scolécophidiens. Ainsi, il n'est pas absolument impossible d'imaginer que la vie fouisseuse ait pu conduire d‘un Booide banal à une organisation de type scolécopnidien. Cependant, cela reste à démontrer et, actuellement, tous les arguments disponibles tendent à montrer que les Scolécophidiens ne représentent pas une radiation secondaire, mais correspondent à l’une des deux subdivisions majeures des Serpents. 3. Les Acrochordoïdes Pendant longtemps classés dans les Colubridae, les Acrochordinae ont vu leur rang taxonomique s'élever pendant que leur position systématique changeait. Hoffstetter et Gayrard (1964) et Undervvood (1967) ont éievé le groupe au niveau familial et ont montré qu'il ne s’agit pas de Colubridae, ni même de Caenophidiens (= Colubroïdes); d'aprés ces auteurs, les Acrochordidae s'apparenteraient a des Serpents plus primitifs («Hénophidiens» = Booides + Anilio`ides). Sur des bases paléontologiques, j'ai parla suite (Fiage, 1978) rapproché les Acrochordidae des Colubro`ides, en les considérant comme groupes frères (par conséquent, ils étaient élevés au rang de super-famille a l’égal des Coiubroïdes). Fiieppel (1979 a, 1988 b) a, lui aussi, argumenté en faveur de ces mêmes relations (fig. 4, A1). Les affinités entre ces deux groupes ont aussi été reconnues par Groombridge (1979) qui ne proposait pas, cependant, de relations phylétiques précises. Mais, a partir de données biochimiques, Dovvting et ai. (1983) sont revenus a l‘ancienne conception, en plaçant ie groupe dans les Colubridae (tribu des Acrocnordini appartenant aux Homalopsinae). inversement, en se fondant sur la présence de caractères trés primitifs, 29
McDowell (1987) a considéré les Acrochordoïdes comme très isolés_ au sein des Aiéthinophidiens; sans le formuler, il semble que lv1cDowei| estime que les Acrochordoides forment le groupe frere des autres A|é1hin0phidi9r1S (fig. 4, A2). _ Parmi ces propositions, celle de Dowling et af. (1983) ne parait pas pouvoir être suivie, comme I’a déjà signale McDowell (1987); les Acrochordoïdes ne sont pas des Colubridae. En revanche, le_s deux autres, ACr0Ch0rd0ïCleS groupe frere UBS QOIUÈIYOIUBS Ou groupe frere des êtutr8S Aléthînophidiens, paraissent plausibles; elles devront être réévaluées. -a*° ·> un —¢s° Ge ,;~.¤"° . x ·ù° _ 9 .6x * _ e 1 bcoœyè -01èÉB I bep oçwx `pçoxôû bj" Kiîîïowx <>°°" ww %°°` s¤"°è` <·°x ¤,¤°" i*°€ W" Q? W A1 6 $$9 1ÉFa 6 9 T1 _ c. ,ùB° $9 06} -6% 15,6% ®;‘ë`%§ûQ1\9\"vpq gxûçxëb ùëgbsx 09%,966 Qvx-Bçy ùiçzî 9 -2 B2 B1 ·l -1 Figure 4 : AZ structure phylétique des Serpents et position des Acrochordoïdes (A1: Acrochordoïdes groupe frère des Colubroides; Rage, 1984; Flieppel, 1988 a. A2: Acrochordoides groupe frére des autres Aléthinophidiens; McDowell, 19872]. B: structure phylétique schèmatisèe des Cclubrcïdes, Atraciaspididae omis et aglyp es supposés monophyièliques (B1: la fonction venimeuse etant considérée comme caractère dérivé; 1, 2, 3: apparitions indépendantes de la fonction venimeuse (nombre minimum d'apparitions). B2: la fonction venimeuse étant considérée comme primitive chez les Colubroides; 1: apparition de la fonclion venimeuse, 2: perte de la fonction vemmeuse). 30
4. La fonction ve rtimeuse: état primitif ou état évolué chez les Colubroîdes? Il est trés largement admis que la fonction venimeuse est un caractère dérivé chez les Serpents et que les formes venimeuses sont les plus évoluées. Pourtant, comme Undervvood (1967) l‘a suggéré, il semblerait que chez les Colubroïdes (Colubridae, Elapidae, Viperidae, Atractaspididae), cette fonction soit un caractère primitif. D’après cet auteur, des Colubridae aglyphes dériveraient de Colubridae opisthoglyphes. lvlcDowell (1975) a ensuite estimé que l’absence de glande de Duvernoy chez les Colubridae est secondaire. En d’autres termes, les premiers Colubroïdes pourraient avoir été venimeux et cette fonction aurait été perdue chez certains d’entre eux, les Colubridae «aglyphes», qui seraient donc plus évolués. Pour Cadle (1982), qui s’appuie sur des données immunologiques, les Serpents venimeux dériveraient directement de la souche des Colubroïdes, suggérant ainsi que ta fonction venimeuse pourrait avoir été présente chez les membres de cette souche, opinion qui s’accorde avec les points de vue de Undervvood et Mcûowetl. A l’appui de cette hypothèse, peut étre utilisé un autre argument: il est plus «économique» (plus «parcimonieux», en terme cladiste) d’envisager que la fonction venimeuse est primitive chez les Colubridae. En effet, aussi surprenant que cela puisse paraître, il est logique de considérer que la fonction venimeuse est apparue avec les premiers Colubroides et qu’elle a ensuite été perdue par certains membres du groupe. Si on considère la phylogénie probable des Colubroïdes (Atractaspiclidae non placés, leur position restant inconnue) (fig. 4, B), on s‘aperçoit qu'admettre la nature évoluée de la fonction venimeuse (les premiers Colubroïdes n‘étant pas venimeux) implique que cette fonction soit apparue au moins trois fois de façon indépendante: chez les Viperidae, les Elapidae et les opis- thoglvphes. Si les opisthoglyphes sont polyphylétiques (comme c’est probable) et si les Elapidae le sont aussi (ce qui n’est pas absolument impossible), il y aurait au moins cinq apparitions indépendantes du venin (compte non tenu des Atractaspioidae), ce qui parait invraisemblable (fig. 4, B1). En revanche, admettre que les premiers Colubroïdes étalent venimeux, donc que les Colubroïdes non venimeux représentent un état dérivé, n’imp|ique qu’un seul événement: la perte de la fonction venimeuse chez les Colubroïdes aglyphes (en supposant qu’ils sont monophylétiques, ce qui est possible), (fig. 4, B2). Cette derniére hypothèse sembte donc la plus probable. V- REMARQUES D’0RDRE TAXONOMIQUE Les divers résultats obtenus ces derniéres années, au sujet de la phvlogénie des Lépidosauriens, ont entraîné un certain nombre de conséquences. L’une des principales découte de la mise en évidence de la paraphylie des Lézards. Ces derniers, formant le groupe souche des Serpents et des Amphisbaeniens (fig. 2, B), ne devraient logiquement pas pouvoir correspondre a un taxon ou, si le taxon des Lacertiliens est maintenu, il devrait inclure les Serpents et ies Amphisbaeniens; mais. dans ce cas, il 31
devient synonyme de Squamates. Gauthier et ar'. (1988b) recommandent donc i‘abandon du terme Lacertilia. Cependant, si la logique (et les cladistes les plus intransigeants) réclame l’abandon des taxons paraphylétiques, il est difficile de lutter contre un usage établi depuis longtemps et, aussi, contre une certaine réalité anatomique sur laquelle s’appuie cet usage. Ainsi, l'inclusion des Serpents aux Lacertiliens ou aux Scléroglosses, sur un pian purement taxonomique, sera sans doute difficilement admise et peu, ou pas, suivie. Certains admettent la reconnaissance de taxons paraphylétiques (voir ci—dessus); cette solution paraît satisfaisante dans bien des cas, dont celui des Lézards. Il semble en effet préférable de conserver un taxon comme les Lacertiliens, étant clairement admis que ces derniers sont paraphylétiques. Les Sphenodontiens ont, pendant longtemps, été nommés «Fihynchocépha|es» (Flomer, 1966; Guibé, 1970; Ginsburg, 1970). On associait alors un groupe fossile du Trias, les Fihynchosaures, aux Sphénodontiens. ll a maintenant été démontré que ces derniers ne sont pas apparentés aux Sphénodontiens, il s’agit d’Archosauromorphes. Bien qu’encore utilisé par Gauthier etai. (1988 b), le terme Flhynchocéphale, qui évoque une parenté avec les Flhynchosaures, doit être évité. Enfin, le terme Sauria, créé par McCartney (1802), s'appliquait, à |'origine, au regroupement des Crocodiliens et des Lézards. Par la suite, la signification du terme s’est modifiée et Sauria a désigné uniquement les Lézards (voir, parmi les exemples les plus recents: Estes, 1983; Benton, 1985). Gauthier et ai. (1988 b} ont repris l’esprit initial du terme, tout en le modifiant puisqu’il désignait un groupe paraphylétique; ainsi, pour eux, les Sauriens correspondent au groupe rnoncphylétique le plus restreint qui renferme les Crococlitiens et les Lézards, c’est-à-dire que Saurien désigne I‘ensemble des Archosauromorphes (Oiseaux inclus) et des Lépidosauromorphes. Pour Gauthier etai., les Sauriens comprennent donc tous les Diapsides, à I’exception de quelques fossiles, les Araeoscelldiens, du Carbonilére et du Permien. En raison de ces conceptions différentes, |’uti|Esation du terme Sauria, pour désigner les Lézards, doit être alâagdonnée; le terme s’appliquant à ces derniers est Lacertilia Owen, 1 4 . VI. CONCLUSIONS On doit retenir que sont bien établies la monophylie des Sphénodontiens, celle des Squamates, des Amphisbaeniens et des Serpents. De méme, on peut considérer comme démontré que Sphénodontiens et Squamates représentent deux groupes frères dans la faune actuelle. La paraphylie des Lacertiliens semble maintenant probable, les Lézards formant le groupe souche d’où dérivent Amphisbaeniens et Serpents. Parmi les principales questions qui restent à régler, l‘établissement de la phylogénie des Lézards semble primordial. Les relations précises entre Amphisbaeniens, Serpents et Lézards demeurent énigmatiques. Il ne s'agit ici que des principaux points non résolus; beaucoup d’autres questions, chez les Squamates, réclament encore une solution. 32
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Bull. Soc. Herp. Fr. (1992} 62 : 37-45 ESTIMATION DE ,L’AGE DE Mesalrna olivier: (FIEPTILIA, LACERTIDAE) par Saïd Nouira Résumé : Uanalyse squelettochronglogiqua réalisée sur 148 lézards appartenant à deux populations de Mesaiina oiivieri des iles Kerkennah a permis de déterminer Page individuel des animaux. Cette étude a été réalisée en 1981 peu de temps aprés la sortie de Fhibernation. La population A (Ile Gharbi) était alors composée de 76% d'animaux de 1 an et de 23% de 2 ans; un seul individu de |'échantil|on soumis à |’ana|yse squelettochronologique a atteint Vâge de 3 ans. La population B (ile Cltargui) était en revanche caractérisée par une grande proportion d'indivldl.ls âgés. Les lézards de 1 an y représentaient 44%_de l‘ellectil total, ceux de deux ans 47%. Un seul individu etait âgé de 5 ans. Enlin, cette etude a permis de discriminer et de séparer les individus issus cle la Elremiere et de la deuxieme ponte. ots·clés : Mesaiirra orivieri. Squelettochronologie. Démographie. Tunisie. Summary : Through skeletochronological analysis, 148 Mesarrna oirvrerr from two populations on the Kerkennah Islands were aged in 1981 shortly alter emorgence from ibernation. The population on Gharbi consisted of 76% yearllngs and 23% 2-year-old Iizards, with a single 3·year·o|d individual. On Chargui, 44% were yearlings and 47% 2- year-olds. Maximum Ille span was 5 yars. Skelstoohronological analysis allowed hatohlings lrom the lirst egg-Iaying period to be separated from the second. Keywords : Mesaiina oiivieri. Skeletochronology. Age structure. Tunisia. I . INTRODUCTION L'étude démographique des populations nécessite de connaître |’age des individus _qu1 les constituent. L’acqulsttron de cette information demande la miser au point d'urte technique propre a chaque catégorie d'espèces considérées (Lamotte et Bourliére, 1975). En ce qui concerne les reptiles, plusieurs méthodes ont été décrites (Saint«Gir0rts, 1975; Turner, 1977). lviats la plupart, a |'e><ception du suivi individuelin narura par capture-marquage-recapture, conduisent souvent à des résultats imprécis. Ljanalyse squelettochronologique est l'une des méthodes qui, chez les Verteorés, permet d’éva|uer l’age individuel des animaux avec une bonne précision (Castanet, 1982). De plus, elle apporte d’autres informations telles que Page a la maturité sexuelle et la longévité dans la nature. La Manuscrit accepté le 7 février 1992 37
squelettochronologie consiste à identifier, compter et interpréter les lignes d’arrét de croissance (l..A.Cl)3 (Castanet, 1974) observées sur des coupes transversales d’os longs. es L.A.C. correspondent à des périodes d’inactivlté (hibernation ou estlvation) des animaux dans leur milieu naturel. Actuellement la squelettochronologie est de plus en plus employée en démographie (Smlrina, 1974; Barbault etat., 1979; Barbault etai'., 1980; Castanet et Fioche, 1981; Pilorge et Castanet, 1981; Nouira et al., 1982; Nouira, 1987; Saint-Girons et al., 1989; Castanet et Baez, 1991). C'est dans cette perspective que nous utilisons ici cette méthode chez Mesaiina olivieri, dans le cadre de recherches sur l'organisation et la dynamique d’un peuplement de lézards des Iles Kerkennah. lt. utATÉalEL ET MÉTHODES A. Le milieu L’ïie Gharbi (Ouest) et l’ï|e Chargui (Est), forment les Iles Kerkennah (34° 46’ Lat. N., 10° 05’ Long. E,). Les précipitations fluctuantes d’une année à l’autre (69 à 525 mm), sont en moyenqe de 283 mm. La température oscille autour de l9°C ce qui place les lles Kerkennah dans l'étage bioclimatique méditérranéen aride supérieur a hiver chaud. Dans le cadre de Fétude plus générale entreprise sur Vorganisation écologique de la communauté des Lacertidés, deux stations ont été choisies. L’une, sur I’île Gharbi (station A), est à la bordure de Sebket Henchir Salem à 2 Km S.E. de lvlellita où Mesalfna olivieri vit en sympatrle avec Acanthodacrylus paro’ait’s. L.’autre, sur |’île Chargui (station B), est localisée sur des petites dunes en plein centre de Sebket Alif Ennltal à 1,5 Km de Fiamla. La population de Mesalina olivier! est dans ce cas alloènatrique. On parlera dans le texte de populations de Mesalina o:'ivieri' A et . B. L’espéoe Mesalina olivieri (Audouin, 1829) est un petit Lacertidae ovipare qui produit chaque été deux pontes espacées de deux mois environ. Les jeunes issus de la premiére ponte éclosent fin juillet; ceux qui proviennent de la deuxième ponte éclosent a la fin septembre, peu de temps avant l'entrée en hibernation. La taille moyenne (tongueur museau-cloaque) des juvéniles est de 25 rnm début août; celle des adultes (en mai) est de 37,5 mm dans la population A et 38 mm dans la population B. La structure par taille dillere entre les deux populations. Màles et femelles ont des tailles identiques (37,51 mm +l- 1,80 et 37,14 mm +i- 1,26) dans la population A. En revanche, la taille moyenne des lemelles est supérieure à celle des mâles (39,07 mm +,l- 1,25 contre 37,14 mm +,i— 1,43) dans la population B. Cette différence est hautement significative (p < 0,01, test t pour 28 mâles et 29 femelles). 38
1 3 EI `-I4-,_._ A- _§_w,r¢.\Àl'_=,,·:· I `-_- F-._,:__;1 ,,·_·-ERA-.-: L` . 0_p_a|·nb vai,-: l ,§’?‘c·.«a.., âïî 0¤¤‘*b ' °'°'“" =·.ë · v A ·:«·.. ? tr? . L ill" 1- · ru" clmed IE` w ' IT l QI;-` - -}:5: Ln _l.` Ir ···-— L·* "*_. ,,g—¢·°" . 0.end I I =·.·.·:·\-**1 ' Eûllpm . C .» b a î` ··' -·` `· ·` *(\£`J^ L r ' à '} .- - . Qual I . · 2 · l. , _. _ I ll ` Q_g|1d , _ hl I îi ·' ·<«···'”"" .· Nat 2 ,':‘-gl Q,. 7:; L",. J! lç `··` L ' L-É: ` ·_ ‘_=—r·§ l‘·—_ 0,amb 'i, __.¤·_«,_' E A Il ` '· ,. ¤- ;· _ ·. . .··è,lZ··ïi' H ( " ·. ;.; Il ' d 8 ._;·È-È _ E ——ï_} Mù 0,gmt ·- _j·—·,ï` 1 ·« et r, ·>.ë1_:·.·‘î ., . _.__ . _'_=' L tu L" [ |..n ' i`. fr un sëil 2 ` 1 ·'‘· 5 E .è?*“' a '_ I; ·. I _" ,_F 4 '· ' .·-.3 ` ·_ · ___;._'_.j.,;« * 5 Figure 1 : Coupes transversales des diaphyses fêmorales de lézards d'àges différents illustrant les divers stades decroissance dans les deuxdpopulations de Mesatina olivier!. a et a’ - stade 0. b = stade 1. o = stade 2. d = sta e 3. e - stade 5. 1, 2, 3, ¢1,‘5, : lignes d'arrêt de croissance [l.,A.C.). L.n = ligne de naissance. L.r. - ligne de résorption. O. end. = Os endosteat. 0. emb. = Os embryonnaire. 0.p. emb. = Os post- embryonnalre. C. med. = Cavite medullaire. Toutes les photos sont au même agrandissement. 39
C. Le protocole expérimental L’essentie| de |’étude porte sur 148 lézards adultes capturés en mai SB1 sur les deux sites d’étude (91 lézards prélevés au site A et 57 au site Pour analyser la structure osseuse des individus à leur naissance, un échantillon supplémentaire de 12 juvénlles provenant de deux localités a également été utilisé. Ces jeunes lézards dont Page ne dépasse pas deux semaines ont été sacrifiés au mois d’août 1980. Aprés fixation des lézards dans l’alcool 70°, les fémurs sont prélevés puis décalcifiés dans l’acide nitrique 3% pendant 15 heures. Cette opération est suivie d’un rinçage à l’eau courante (plus de 24 heures). Les os sont ensuite conservés dans l’eau distillée. Des coupes de 18 um d’èpaisseur sont réalisées dans la région diaphysaire de l’os à |‘aide d’un cryostat. Les coupes sont colorées à Vhématoxyline d’Ehrlich pendant 45 minutes et montées entre lame et lamelle en résine aqueuse aprés avoir été rincées deux fois à l’eau de robinet pendant 10 minutes. Ill. RESULTATS 1 - Analyse squelettocbronologique L'observation des coupes hfstologiques nous a permis de reconnaître un stade de croissance osseuse chez les juvéniles appelé arbitrairement «stade 0», 3 stades chez les adultes de la population A et 4 chez ceux dela population B. Stade 0 (fig. 1, a et a'): la figure 1a représente une coupe réalisée dans le fémur d’un juvénile de 29 mm de longueur museau-cloaque, capturé au mois d’août 1980, deux semaines environ aprés l'éclosion. Cette figure montre une L.A.C. hématoxylinophile qui sépare vraisemblablement l’os embryonnaire de l’os formé entre la naissance et le moment de la capture. Elle se met en place sans doute peu de temps aprés l'éclosion et traduit probablement un arrét de croissance de l’animal ayant épuisé son vitellus. doute peu de temps aprés l'éciosion et traduit probablement un arrêt de croissance de l’aniinal ayant épuisé son vitellus. Cette L.A.C. correspond donc à une «|igne>· de naissance (L. n.), déjà rencontrée chez d'autres espèces de lézards (Smirina, 1974; Castanet, 1978; Pilorge et Castanet, 1981; Nouira et ai., 1982; Nouira, 1987}. On observe par ailleurs, un léger dépôt d’os endostéal (croissance centripéte) bordant la cavité médullaire et séparé de l’os par une ligne cimentanle de résorption, sinueuse, plus ou moins crénelée à l'inverse des L.A.C. et de la ligne de naissance qui ont toujours une allure régulière. De plus, l’os endostéal comme l’os post- embryonnaire retiennent mieux le colorant et apparaissent plus foncés que l’os embryonnaire; ces caractéristiques facilitent l'interprétation squelettochronologique. La deuxième coupe (fig. 1 a') a été réalisée dans le fémur d’un nouveau-né de 22 mm capturé peu de temps aprés |’éc|osicn. Ce lézard est 40
au début de sa phase de croissance active. La ligne de naissance est à peine individualisée a la périphérie du fémur. Stade 1 (fig. 1 b} : sur cette coupe effectuée au niveau de la diaphyse fémorale d'un mâle de 35 mm, on distingue deux L.A.C. : une de naissance et une correspondant, selon toute évidence, à la premiére hibernation de l’anin·1a|. t.’os endostéal plus important que dans le cas précédent tend à réduire le diamètre de la cavité médullalre. Stade 2 (fig. 1 c) : cette coupe effectuée sur le fémur d’une femelle de 40 mm montre une ligne de naissance et deux L.A.C. Stade 3 (fig. 1 d) : ce stade est illustré par une coupe transversale du fémurd’un mâle de 37 mm. Ce lézard apparemmentjeune, a trois L.A.C. en plus de la ligne de naissance, ce qui correspond à trois hivers subis par cet animal. Les zones séparant les L.A.C. ont sensiblement la même largeur. Stade 5 (fig. 1 e) : cette coupe réalisée sur le fémur d'un mâle de 39 mm montre outre la présence des 3 L.A.C. décrites dans le stade précédent, l'existence de deux nouvelles L.A.C. L’anima| aurait donc subi 5 hivers. Les différentes couches osseuses sont d'épaisseurs sensibiement égales; la premiére couche déposée aprés la l..n. est réduite dans ce cas. 2 - Evaluation de l'âge et analyse de la structure des populations Un examen comparatif de Vensemble des coupes a mis en évidence une différence dans l’aspect de la premiére couche osseuse post-natale. Placée entre la ligne de naissance et la L.A.C. correspondant à la premiére hibernation, cette zone est assez large chez un premier groupe d’individus, mais plus étroite chez un second groupe (voir la différence entre la fig. 1 b et lafig. 1 e). Cette différence d‘épaisseur du premier dépôt osseux post-natal indique que les lézards de ce premier groupe sont nés tot en saison (vers fin juillet) et restent en activité environ trois mois avant leur premiére hibernation. Les lézards du second groupe proviennent plus probablement de la deuxième ponte de l’année (fin septembre). Ces derniers entrent, en effet, en hibernation juste après la naissance et ne disposent donc que de peu de temps pour croître cette année·là. Ainsi, si l’on admet Phypothèse que chaque L.A.C. correspond à un hiver, les animaux présentant une ligne de naissance et une L.A.C. (stade 1) au mois de mai ont donc 9 ou 7 mois suivant qu’ils proviennent de la premiére ou de la seconde ponte. Pour faciliter Vinterprétalion, les deux catégories seront groupées en une seule cohorte, celle des lézards de 1 an. Les stades 2, 3 et 5 correspondent respectivement a des lézards agés de 2, 3 et 5 ans. Le stade D caractérise les animaux n’ayant pas encore subi d‘hivernage. lïéchantillon de la population A est formé d’animaux de 1 et 2 ans à Pexception d’un seul individu qui avait 3 ans. Par contre, la longévité maximale est évaluée à 5 ans dans ta population B (voir fig. 2). Dans la population A, le pourcentages des individus formant les différentes cohortes annuelles est identique entre les mâles et tes femelles. 41
P¤¤·uIatI¤n A Pnpuiaiion B · 4 E · E g 8\ad• 1 il ’ : I 0 HH za H Hu i EEE E E wmü gg mn H mn il il ’ ia iè 9 a ii Ii . ii EE i · EE == z in E . g: îu ii D W ii E Stade 2 2 2 HE °` EH H 0 HH R H B au 2 HH H H H _ 9 8 Siada 3 1 q d R n . B 9 H m 1 Btada 5 0 ] ¤` _m_ 34 là SGI 40 lill |3E| ISS IGI I42 TIIIIG an mm Equi? 2 Pistijibution par stade histologique et par taille des individus des deux populations de GSBHIB VIN}, M
De méme, la taille moyenne des individus de chaque génération est similaire entre les deux sexes. Tout sexes confondus, la population adulte serait formée en mai de 75,8% d’animaux de 1 an, 23,1% de 2 ans et 1,1% de 3 ans. La taille moyenne est respectivement de 37,2 mm et 39,2 mm pour les individus de 1 et 2 ans. Le seul individu âgé de 3 ans a 37 mm de longueur. En revanche, plusieurs différences peuvent étre dégagées dans la population B. Les cohortes 1 et 2 présentent des tendances inversées : le groupe des mâles est formé de 53,6% d’animaux âgés de 1 an, 35,7% de 2 ans, 7,1% de 3 ans et 3,6% de 5 ans. Celui des femelles compte 34,5% d'animaux de 1 an, 58,6% de 2 ans et 6,9% de 3 ans. Toutefois, la st%1cture d’àge des deux groupes n’est pas significativement différente (X , p < 0,05). En confondent les deux sexes, la population B adulte est formée en mai de 43,9% d'animaux de 1 an, 47,4% de 2 ans, 7,0% de 3 ans et 1,7% de 5 ans. Par ailleurs, la taillé moyenne des femelles de chaque cohorte est toujours plus grande que celle des mâles, avec une différence de 2 mm environ â âge égal dans les deux premières cohortes et de 3 mm dans la troisième. Les animaux âgés de 1, 2 et 3 ans ont respectivement une taille moyenne de 36,7 mm, 37,4 mm et 38,0 mm chez les mâles (le seul mâle ayant 5 ans mesurait 39 mm) et de 38,0 mm, 39,5 mm et 41,0 mm chez les femelles. Cependant, les tendances observées dans les deux premières cohortes ne sont pas significatives (test t, p < 0,05). Seule la différence entre la taille moyenne des mâles et celle des femelles âgés de 3 ans est significative. L’anaIyse de la largeur de la premiére couche osseuse montre que pour la population A, 82% des lézards sont issus de la premiére ponte et 18% de la deuxième. La population B est formée de 77% d’animaux provenant de la première ponte et 23% dela seconde. Cette différence est significative. On retiendra donc que la deuxième ponte est plus importante dans la population B relativement â celle de la population A. IV . DISCUSSION ET CONCLUSION L’application de la méthode des maximums successifs (Daget et Le Guen, 1975) aux histogrammes de tailles des deux échantillons ne permet de séparer que les lézards de premiére année de ceux des autres classes d'âge qui restent groupées: la gamme de taille des adultes de l'espéce étudiée dans le présent travail est trop réduite pour qu'il soit possible de distinguer les diverses classes d’âge. En revanche, la squelettochronologie nous a permis de distinguer ces différentes classes d’âge et de confirmer Fexistence de deux périodes de ponte pour les populations étudiées. Cette étude nous a également permis de mettre en évidence des différences dans la structure démographique pour l’année d’étude et la longévité maximale entre les deux populations différemment localisées. Concernant les proportions des individus issus de chaque ponte, il est intéressant de comparer les résultats obtenus par cette méthode â ceux de i’étude de la fécondité de l'espéce (Nouira, 1986). En effet, le dénombrement des oeufs oviductaires et ovariens destinés respectivement à la premiére ou la seconde ponte a montré que la seconde ponte est plus importante dans la population A relativement à la population B: malgré une 43
légère variation annuelle, en moyenne 71% des oeufs des femelles de la populat1on_A sont destinés à la premiére ponte et 29% à la seconde; dans la population B, 84% des oeufs sont destinés à la première ponte contre uniquement 16% a la deuxième. Par ailleurs, les différences dégagées dans la structure démographique et la longévité entre les deux populations peuvent être liées à la présence (population A) ou l'alosence (population B) d'Acanthoo‘acty!us paro‘a!r's. En effet, la compétition mterspécrfique entre A. ,oaro‘a!!s et la population A de rtresarrna o!!v!eri_ est élevée,_no_tamrnent sur l'axe trophique de leur niche ecologique (txlouira, 1983). Ainsi la breve durée de vie dans la population A de M._0!'r1.f!er! relativement a la population B, peut Constituer une réponse adaptee a l'act1on de la competition tnterspécifique. Qependant, lunterprétatton des résultats demande à être complétée à partir de_ l'ensemble des caractéristiques écologiques des deux populations et de l'etude plus poussee de la dynamique de celles-ci. Remerciements - Je remercie vivement Messieurs Robert Barbault et Jacques Castanet pour leur remarques et conseils concernant ce manuscrit. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES BARBAULT, R., CASTANET, J., FHANCILLON, H. et RICQLÈS, A. de (1979) · Détermination de l’âge chez un anoure déserticole Bure penronl, Anderson 1893. Rev. Eco!. (Terre Vie}, 33 : 129-141. BARBAULT, F1., CASTANET, J. et PILORGE, T. (1980) - Application des techniques squelettochronologiques à I‘rude démographique des populations d’amphil::iens et lézards. Bur!. Soc. Zoo!. Fr., 105 : 34Y-354. BARBAULT, R. (1981) - Écologie des populations et peuplements. Des théories aux faits. Masson, Paris. 20op. CASTAN ET, J. (1974À - Etude histologique des marques squelettiques de croissance chez Vipera espls L. (Op rdra. Viperrdae). Zoo!. Scr., 3 : 137-151. CASTANET, J. (1978) - Les marques de croissance osseuse comme indicateur cle |‘àge chez les lézards. Acta Zoorogica., 59 : 35-48. CASTANET, J. (1982) - Recherches sur la croissance des tissus osseux des Reptiles. aîpplicaticn : la méthode squeiettochronologique. Thèse doctorat d‘Etat. Université Paris. p. CASTANET, J. et ROCHE, E. [1981) - Détermination de Page chez le lézard des murailles, Lacerta mur'a!!s (Laurenti, 1758) au moyen de la squelettochronologie. Rev, Sursse Zoo}., 88 : 215-226. CASTANET, J. et BAEZ, M. (1991) - Adaptation and evolution in Garrotia Lizards from the Canary tsiands 1 age, growth, maturity and longevity. An1ph!b!a·Rep!!!!a, 12 Z 81-102. DAGET, J. et LE GUEN, J.C. (1975) - Les criteres d'âge chez les poissons. rn : Problèmes d’Ecc|ogie Z la démographie des populations de vertebrés. (Lamotte, M. et Boulière, F., eds.), pp. 253-289. Masson , Paris. 443 p. 44
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Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) 62 I 47-56 LA PECHE ET L’EXPLO|TAT|ON DU VARAN DU NIL (Varanus n. nrlotrcus) par Vivian de Buffrénil Résumé - La capture des varans du Nil (Varanus nffotfcus), à des fins atimentaires ou commerciales, est une activité largement pratiquée par les villageois africains, tout particulièrement dans les zones soudanienne et tropicale, où Vaspèce abonde. Jusqu'ici, es methodes de capture empioyees par les pêcheurs professionnels de varans, de même gue |’utî|isation de ces animaux dans |'economie villageoise, n'ont jamais fait |'objet d’une esoription specifique. Le texte qui suit est le récit des observations faites sur ce sujet dans a région du lac Tchad (territoire de la République du Tchad). Mots-ctês : Varans. Pêche. Techniques. Afrique. Viande. Peau. Summary- The Nile monitor (Varanus nffoticus) is abundant in non-tropical Sahellan Zones and other regions of Africa. Capture lor food and commercial purposes is widespread. The capture techniques of professional hunters and the part the lizards play in the village economy has not previously been recorded. Observations ln the Lake Chad region (Republic of Chad) are described here. Key-words : Monitor Iizards. Varanus nifoticus. Capture techniques.Meat. Skin. Chad. I. INTRODUCTION Très rarement _decrite _ et presque inconnue dans se_s_ aspects techniques et humains, la peche aux varans participe aux traditions de la Brousse et s’avère profondement ancree_dans la vie economique de certaines populations villageoises. L’uti|isation des varans est, en premier fieu, alimentaire: si ta chair du varan de savane (Varanus exanthematfcus) n‘est que moderementappreciee en general,_cel|e du varan du Nil, en revanche, figure parmi tes mets les plus prises dans de nombreuses rgtons d’Afrique (Irvine, 1960). Mais depuis plusieurs dêcennres, |'interêt des varans est surtout commercial (int. af. Anonyme, 1983; Vernet, 1_984, Luxmoore et ai., 1988). Pour alimenter les tannene_s d’Europe, plusieurs centaines de milliers de varans du Nul sont captures chaque année. En 1988, par exemple, plus de 700 000 peaux de cette espèce ont quitte legalement le continent africain (cte Buffrènil, sous presse). Ce chiffre of ioiel n’a d’ail|eurs ou‘une valeur tres relative pour evatuer la predation reelle exercee par l'hotnme sur V. nitoticus. On peUt,_ en effet, considerer que, pour une peau mise legalement sur le marché international, deux à Manuscrit accepte le 7 fevrier 1992 47
trois animaux meurent. Leur peau, parfois, n'est pas prélevée; elle peut aussi aboutir dans |’artisanat local ou bien encore parvenir à des acheteurs étrangers par des circuits commerciaux illicites. Dans ces derniers cas, les varans mis à mort ne sont pas comptabilisés et ne figurent donc pas dans les statistiques internationales. Les plus gros producteurs sont les pays d'Afrique centrale et occidentale situés entre l'Equaieur et le quinzième parallèle Nord: le Cameroun, le lvlali, la Tchad et le Soudan (int. ai. Luxmoore et ai., 1988; de Buffrénil, sous presse}. Au cours d‘une mission d’expertise effectuée en République du Tchad, il m’a été donné d'observer dans le détail les modalités selon lesquelles l’exploitation intensive des varans du Nil est réalisée. Le récit qui suit résume le principales informations, totalement inédites jusqu’ioi, collectées à cette occasion. Il. PRINCIPAUX SITES DE CAPTURE En république du Tchad, la pèche au varan du Nil est une activité traditionneile, très largement pratiquée dans la moitié sud du pays, entre les 8à"‘° et 14èmE degrés de latitude Nord. Rares sont les villageois qui n’on§ pas, au moins une fois dans leur vie, capturé l’un de ces grands repti es. Mais c'est sans doute dans la région du Lac Tchad, biotope idéal et immense réservoir pour les varans, que Yenracinement de la pèche aux lézards dans |'activité des hommes est le plus évident. Ce lac est d‘une superficie considérable (27 000 km2), partagée entre quatre états: le Tchad au nord et à l’est, le Niger et le Nigeria à I'ouest, le Cameroun au sud. Parmi les peaux de premier choix mises sur le marché à N'Djaména, 60 à 70% proviennent du lac Tchad. Ces peaux sont d’une taille et d‘une qualité exceptionnetles, deux caractéristiques dues à la richesse des habitats disponibles pour les animaux et à la compétence des pécheurs locaux. Les biotopes typiques que fréquentent les varans du Nil dans le lac sont les sous-bois et taillis inondés. L’eau y est basse (0,5 à 1,5 m) et trés chargée de divers débris organiques en suspension. La végétation, trés dense en général, offre aux animaux le gîte et le couvert: la pullulent les insectes, les poissons, les amphibiens, les petits reptiles et mammifères, les oeufs divers (de tortues, d'oiseaux, etc.); bref, toutes les proies ordinaires des varans. De tels habitats sont localisés à peu de distance de la terre ferme ou entre les nombreuses îles qui constellent la rive tchadienne du lac. Les varans ne sont jamais rencontrés dans les eaux libres et plus profondes situées a distance des côtes. Reptile particulièrement actif, vétoce et prompt à disparaître à la moindre alerte dans l'eau opaque, Varanus nfioricus est assez difficile à surprendre en liberté. La teinte de son dos, brun olivétre orné de 6 à 7 rangées transversales d'ocel|es jaunes (pigmentation typique de la sous- espèce Varanus niioticus niloricus), est parfaitement mimètique de la mousse qui recouvre la surface des eaux dormantes sur de grandes étendues. A Papproche des pirogues, il est fréquent de voir plonger les varans à une distance de 20 a 30 mètres. 48
III. ORGANISATION, DEROULEMENT ET EFFICACITE DE LA PECHE L'essentiel de la pêche au varan organisée avec collecte régulière des peaux, semble restreinte, pour l’essentiei, à la moitié sud du lao, dans un quadrilatere délimité par les villages de Kouloudia, Kodjirom, Banangoré et Kangalom. Ce territoire ne représente guère que 25% environ de t’ensemble des surfaces inondées susceptibles d'hé berger l'espèce dans la portion tchadienne du lac (fig. 1). Hors de cette zone (territoire au nord de Bol), la pêche organisée a cessé depuis le milieu des années 1970 bien que l’espéoe y soit aussi abondante qu’ailteurs. Toutefois, des captures occasionnelles peuvent encore être effectuées pour i'a|imentation des populations villageoises. Le nombre total de pêcheurs en exercice est difficile à évaluer avec précision. On peut néanmoins admettre comme plausible qu‘une douzaine (au minimum} de groupes de 12 à 15 hommes pratiquent à plein temps la pêche au varan durant 5 à 6 mois dans l’arinée. La plupart des pêcheurs appartiennent à |’ethnie des Kanembous. Ils sont en grande majorité de nationalité tchadienne, mais une faible proportion d’entre eux sont des nigérians ou des camerounais travaillant au Tchad depuis plusieurs années. Les équipes de pécheurs ne comprennent que des hommes, ainsi que quelques jeunes garçons initiés au métier par leurs parents. Dans un bivouac, les pécheurs Sont en général originaires du méme village et partagent probablement un certain lien de parenté. En outre, ils obéissent à l’autorité d’un chef de pêche qui, d’ailleurs, peut être reconnu par plusieurs bivouacs. Les pécheurs spécialisés dans le varan pratiquent peu la pêche au poisson (pour les besoins de Vappâtage essentiellement); de méme, les pêcheurs de poissons ne capturent généralement pas les varans. Les bivouaos sont des installations extrêmement rudimentaires établies sur les îies, dans des clairieres ou des trouées de végétation. Les pêcheurs ne possèdent guère en propre qu’une moustiquaire, tendue la nuit entre quatre piquets, une natte, une couverture, parfois une iampe électrique, ainsi que leur matériel de pêche. Celui-ci se compose d’une sagaie surtout utilisée pour neutraliser les nombreux serpents (cobras, vipères heurtantes, etc.} qui infestent la région ou pour capturer un ibier de brousse occasionnel, d'une machette, d'un ou deux couteaux et de plusieurs dizaines d'harneçons. Ces derniers sont des crochets métalliques d'un diamètre de 2 à 3 cm et pourvus d'une pointe barbelée. A |’exception des machettes, importées du Cameroun ou du Nigeria, ces instruments sont produits par les forgerons des villages à partir de métaux de récupération: lames de ressorts, débris de carcasses de véhicules, etc. Les Kanembous ne se déplacent que bardés d’amulettes et autres gris-gris supposés les protéger des multiples dangers de la brousse. Ils conservent, en effet, une vision animiste de la nature bien qu'ils soient largement islamisés. Le reste du matériel: pirogues, ustensiles de cuisine, petits instruments de menuiserie destinés à la réparation des embarcations, clous et maillets pour le cadrage des peaux, est partagé par plusieurs membres du bivouac. Les pirogues, d‘origine nigériane, sont de construction légère et fragile (contre-plaqué de 10 mm cloué sur une armature de tasseaux}. Leur longueur réduite (4 a 5 m), leur trés faible 49
»--—· ..=:E;,_ =€£._ *ï:r; · î·;1 " ~¤¤•* ‘ 'EQ-E _·2r =5Z-=·;S: ·'· i , =. Q ix "‘..:“·E: ·."-° . "î'·iîF·" .1*.; ·` " -. ·—-îi 2?ïr'= · Er-. J.-? ·—·;<l_ - f , fêjggi i=-·l;.= . · · ``'` ig., tt L'·'*¤' Yf ‘i"'1 =`= —· — ·· €*:‘r`·. ' Af" ir nsnnurcirnn ,,,_ ..i-|*,__ ,_,—_ "' 1À ·-- " Ii un-- ' ,f—î‘l • 1Lîï • gîi ·· ¢.....-—; sa lu " *·* ‘·‘• 5 cmznouit ` `·~ U‘· I } Figure 1 : Géographie générale du lac Tchad. _ _ _ Quatre états se partagent ta surface du lac: la République du Tchad, le Niger, le Nrgena et le Cameroun. Trois zones peuvent être distinguées dans le lac: 1- Les eaux libres (en blanc sur la carte] présentent une profondeur de 2 à 6 m et ne renferment que peu de varans. 2- Les zones de marais permanents [haohure tin] sont de iaible profondeur moins de 2 rn) et contiennent des varans. 3- Les systèmes dunaires inondables (hachuré épais ont une profondeur generalement inférieure à 1,5 m et sont trés richement pourvus de varans. La figure en medaillon montre I'aspeot schématique des systèmes dunaires inondabtes. Rectangle encadre d’un trait fin: région prospectée intensivement au cours de la mission d’expertise. Cette région correspond aussi au territoire ou existe une pêche aux varans régulière et organisée 50
tirant d’eau et leur mode de propulsion, a la pagaie ou à la gaffe exclusivement, leur permettent d’évoluer avec une grande souplesse, quels que soient Pencombrement et la profondeur de l’eau. La capacité de charge de ces pirogues et |’habileté des hommes qui les manipulent sont étonnantes. Une seule de ces embarcations peut charger sans difficulté cinq passagers et 150 kg de bagages. Le long des côtes du lac, dans les zones de basses eaux, les accidents de navigation sont rares. Le plus grand péril que doivent affronter les piroguiers est représenté par les hippopotarnes. Ces grands herbivores, territoriaux et irascibles, mais de plus en plus rares il est vrai, sont prompts à détruire les barques et à pourchasser les hommes sur de longues distances. C’est principalement à la periode de montée des eaux et de crue du Lac (septembre à mars} que l’activité de la pêche est la plus intense. Hors de cette période, les pécheurs regagnent leurs villages et s'adonnent à l'agriculture. La peche s'effectue en pirogue, sur des fonds de 0,5 à 1,5 m. Quelques pécheurs, dépourvus de pirogue, entrent dans l'eau à pied. lis disposent leur matériel dans de grandes cuvettes métalliques qu’ils poussent devant eux dans Veau. Il faut un certain courage pour pêcher de cette maniére car dans l’eau glauque au fond vaseux et glissant, le danger peut se présenter à chaque pas. Une embarcation porte deux hommes. Le nombre des pirogues étant limité à deux ou trois par campement, deux ou trois groupes peuvent donc opérer dans Veau en même temps. Les hameçons appâtés, le plus souvent a la viande de varan (le poisson est parfois employé}, sont posés le matin, entre 9h30 et 11h 30 dans un rayon de 4 à 5 km autour du bivouac (1 heure de pirogue). Chaque hameçon, muni d’une cordelette de 50 é 60 cm de long, est accroché à une touffe d’herbe ou à un tronc immergé, et disposé de maniere que Vappât repose à fleur d‘eau, recouvert d’un peu de boue qui retarde son desséchement. Une équipe de deux hommes pose 60 à 70 hameçons dans la matinée. Les varans sont récupérés l'aprés·midi, entre 15 et 17 heures. Sur la totalité des hameçons mis en place,l'appât reste intact dans 40% des cas. Dans une proportion sensiblement égale, I’appàt a été dévoré sans qu’aucun animal soit pris. Dans 20% des cas, un animal est ferré. Ce peut étre soit un varan soit, plus rarement, un naja (Naja rnelanofeuca) que les pêcheurs tuent sans émotion de quelques coups de machette. On compte en moyenne un naja pour 20 animaux ferrés. Par îeur grande abondance, ces serpents représentent une menace réelle pour les pêcheurs à pied; de plus, ils s’introduisent aussi dans les villages et causent chaque année plusieurs décès. Les varans sont tirés par la queue hors de l'eau par I’un des pécheurs, placé à |’étrave dela pirogue. Les bons professionnels ont soin de remettre à l'eau avec délicatesse les lézards de taille inférieure au minimum commercialisable (peaux de 20 cm de large). Comme la plupart des animaux, le varan du Ni1,s'il aperçoit un danger, est plus sujet à fuir qu'à combattre. Sauf si les chemins lui sont barrés et s’il est acoulé à défendre sa vie. II devient alors un adversaire redoutable, plus vif et plus pugnace qu'un crocodile de méme taille. Un varan de plus de 2 métres a, approximativement, autant de puissance musculaire disponible dans son dos , sa queue, ses mâchoires et ses pattes, que le 51
pécheur agenouille à l’avant de la pirogue et qui tente de le maîtriser. Le combat serait donc assez équilibré si le reptile n'était entravé par le gros hameçon qui lui déchire la gorge et limite ses mouvements. L’arme la plus redoutable de l’animal n’est pas tant sa denture, pourtant robuste, pointue et capable d’inf|iger des morsures profondes et douloureuses, mais surtout ses griffes. Celles-ci sont, proportionnellement trés longues. Elles sont aussi solides, acérées et coupantes comme des lames. Aussitôt saisi au cou et dans l'incapacité de mordre, le varan s'en sert rageusement pour lacérer son adversaire. La manière de tenir l’animal est capitale: une main lui bloque fermement la nuque et l'autre les reins, a la base de la queue. Pour avoir, le temps d’on geste, relâché cette étreinte, nombreux sont les pécheurs qui portent sur les bras, en longs bourrelets tourmentés, les cicatrices ineffaçables de ces combats. Le varan du Nil utilise aussi sa queue comme un fouet pour oingler ses ennemis. C’est surtout |orsqu'i| est â terre et dispose de points d’appui qu'i| recourt à cette arme. Celle-ci, d’ail|eurs, ne gène guère les pécheurs qui immobilisenl le corps de ces reptiles en marchant dessus. Dans la région du lac Tchad, la sagaie est rarement utilisée pour piquer les varans car la peau, trouée ou dechirée, devient invendable. Lorsqu'ils sont trop grands et trop puissants pour être immobilisés par des liens au fond de la pirogue, les varans sont tués immédiatement d’une profonde entaille pratiquée a l’arriére de la tête. Les individus de taille plus modeste sont conservés vivants jusqu’au lendemain matin, attachés à des piquets plantés en bordure du campement. Cette pratique évite que les corps, laissés sans surveillance toute la nuit, ne soient dévorés par les petits carnivores en maraude. Dans les premiers iours de Vinstallation d'un campement, 25 à 30 varans peuvent être capturés quotidiennement. Le nombre des captures baisse graduellement par la suite. Aprés dix â quinze jours, le nombre de varans pris chaque jours tombe à un chiffre inférieur à la dizaine. Les pécheurs s’étab|issent alors dans un nouveau bivouac. En moyenne, 200 à 250 individus sont attrapés sur un site de pêche donné. En un an (6 mois de pêche), une quantité minimale de 30 000 varans peuvent ainsi être pris dans la seufe région du lac par Vensemble des équipes de péché. Le mode de capture pratiqué par les Kanembous n'est pas sélectif: |’appât attire indifféremment les varans des deux sexes et de toutes tailles, â l’exception des spécimens de taille inférieure à 70 cm. Chez ces derniers, |'ouverture buccale n'est pas assez grande pour saisir en bloc appât et hameçon. Dans la région du lac Tchad, les varans atteignent une tailie assez imposante pour l’espece. C’est sans doute le signe que l’espérance de vie des animaux est relativement longue. Chez les mâles, la taille la plus fréquemment rencontrée varie de 150 à 180 cm pour un poids de 7 à 10 kg. Cependant, les animaux de plus de 2 m ne sont pas rares. Le plus grand spécimen qu'i| m'ait été donné de voir mesurait 214 cm (poids de 14,5 kg) et le plus lourd pesait 17 kg (taille 213 cm). Ces chiffres ne représentent sans doute pas des records. La peau du spécimen de 214 cm mesurait 56,5 cm de largeur maximale. Or, dans les entrepôts des exportateurs, certaines peaux en provenance du lac Tchad peuvent dépasser 65 cm de large, ce qui suggère que les varans auxquels elles ont été arrachées avaient une longueur voisine cle 240 cm. Dans les conditions 52
écologiques très favorables qui règnent le long des rives du lac Tchad, les varans grandissent vite. On peut valablement supposer que les plus vieux mâles doivent pouvoir atteindre 250 cm de long pour un poids d’une vingtaine de kilos, s’ils ne succombent pas, avant, de mort violente. Aujourdhui, c’est surtout l’homme qui peut interrompre la vie des varans adultes car, les crocodiles ayant disparu du lac à la suite d’une chasse intensive, ces animaux n'ont plus guère d’ennemis naturels. En revanche, les jeunes varans sont dévorés en masse par les hérons, les aigles pécheurs, les éperviers, les poissons-chat et les serpents. Les femelles sont nettement plus petites. Leur longueur excède rarement 180 om et se situe, le plus souvent, entre 140 et 160 cm. Elles commencent a pondre tôt dans leurexistence, dès la taill_e de 120 cm. Elles ne produisent alors qu'une dizaine d’oeufs par an. A mesure qu’elles grandissent et vieillissent, Vabondance de leurs pontes augmente régulièrement (comme chez tous les reptiles) jusqu’â atteindre une soixantaine d’oeufs par année. Les oeufs des varans ont à peu près la même tail que ceux des poules. Dans la région du lac Tchad, les pontes ont lieu à la fin de la montée des eaux, de la mi-décembre au début de janvier. Les jeunes naitront au début de la saison des pluies suivante (juin), lorsque les insectes pullulent. IV. UTILISATION DES VARANS Le dépeçage des varans a lieu tôt le matin (entre 6 h 30 et 9 h), le lendemain de leur capture. Une fois l'animal mis à mort, une profonde entaille circulaire est effectuée â la base des mains et des pieds, ainsi que dans la région moyenne de la queue. La peau est ensuite fendue sur toute la longueur du ventre et des membres pour étre soigneusement décollée au moyen d’une lame peu tranchante. Les enfants sont fréquemment employés à cette besogne. Les peaux sont séchées au soleil après avoir été tendues et clouées au sol par des pointes de métal ou de bois. Le séchage est rapide: 4 à 5 heures. li constitue la seule opération de conservation opérée sur les peaux brutes. Les carcasses de varans, comprenant la queue et le tronc, sont pendues aux basses branches des arbres pour étre séchées en plein air. Elles peuvent ainsi séjourner deux à trois jours sans autre soin, avant d‘étre débitées en tronçons, eux-memes séchés à nouveau au soleil. Ces morceaux de viande déshydratee sont mis en sac (50 kg par sac environ) et sont vendus sur les marchés villageois pour la consommation locale. Le corps d’un varan fournit environ 25 â 30% de son poids en viande séchée, prête â la commercialisation. La peau et la viande boucanée représentent les produits commerciaux tirés des varans. Ces lézards sont aussi Vélément de base de |’alimentation des pécheurs eux-mêmes. Les oeufs sont prélevés, bouillis et broyés dans un linge. La pâte qui en résulte est consommée sur ptace sans autre apprêt. La viande de varan figure â tous les repas. bouillie, grillée, frite (dans l'huile de varan), ou encore fumée, avec Vaccompagnement traditionnel constitué d’une boule (2 a 3 kg} de farine de mais ou de mil cuite dans l'eau. Les repas sont pris en commun, dans les mêmes plateaux, par tous les membres du bivouac. 53
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Des collecteurs de peaux, connus et répertoriés par les autorités administratives, se partagent la région du lac. Ils se déplacent en pirogue de bivouac en bivouac ou rencontrent les pécheurs, à intervalle régulier, dans les grands marchés villageois de Banangorè, Kangalom, Boulfetimi ou Kouloudia. Dans la plupart des campements, les pécheurs travaillent pour un seul collecteur et lui restent ordinairement fidèles. Toutefois, ce type de relation commerciale n'est pas une règle absolue. Certains pécheurs cèdent aux propositions des collecteurs les plus offrants. Dans ce cas, les peaux suivent, pour une part, le circuit légal d’exportation: elles sont acheminées en camion vers la capitale, où les négociants les classent, les conditionnent et les expédiant vers leurs clients européens par «fret aérien». Une autre partie de ces peaux, sans doute assez importante, entre dans des filières commerciales illicites. Elles quittent alors le pays clandestinement, sans que leur propriétaire ait acquitté les diverses taxes (fort élevées dailleurs) qui frappent les exportations des produits tirés de la faune sauvage. Ces opérations sont surtout dirigées vers le Nigeria, le Cameroun ainsi que le Soudan, dont_les ressortissants sont nombreux en territoire tchadien. Les agents de l’Etat, douaniers ou inspecteurs des Eaux et Forèts, sont dépourvus de moyens de surveillance egicaces. Aussi, la fraude ne sernble-t-elle pas rencontrer d’obstac|e s neux. L’essentiel des revenus pécuniaires des pêcheurs provient de la cap- ture des varans. L’agriculture n‘a qu'un but de subsistance. On peut esti- mer que la vente de la viande et de la peau des lézards rapporte 100 000 à 125 000 FCFA (2000 ai 2500 FF) a chaque pécheur pour une saison de capture normale. C'est un rapport très substantiel pour les villageois des régions déshéritées du Tchad, un pays qui figure lui-même parmi les plus pauvres d’Afrique. Lorsqu’une peau de varan de bonne qualité a parcouru tous les échelons de son parcours commercial, depuis le pécheur sur les eaux reculées du lac, iusqu’au maroquinier de Paris ou de Fiome, sa valeur se trouve finalement multipliée par 18. V. CONCLUSION : LA PECHE MENAGE-T—ELLE LA SUFIVIE DES POPULATIONS DE VARANS ? Le varan du Nil est classé a l‘annexe ll de la CITES (Convention sur le Commerce International des Espèces lvlenacées, dite rrûonvention de Washingtom). Il est donc permis de vendre et d’acheter ses peaux, à la condition d’en obtenir l’autorisation des autorités du pays exportateur et du pays importateur. Le classement a |’annexe Il signifie que |’espèce dans son ensemble n'est pas menacée d’extinction. Dans le cas particulier de la région du tac Tchad, Varanus nriolïcus demeure très commun, après plusieurs décennies d'exp|oitation régulière. Il est vrai que depuis la disparition des crocodiles, il n‘a plus guère de compétiteur naturel sérieux. La fréquence des individus de grande taille indique que la pression de prédation globale exercée sur les varans est modérée et leur permet de disposer d’une espérance de vie assez longue. Un autre éiément positif est que la capture de ces animaux est limitée à un 55
territoire restreint du lac, et repose sur des méthodes traditionnelles, apparemment peu destructrices. Une menace sans doute p|—us redoutable pour I’espéce résulte de |'habitude qu‘ont les villageois d'incendier la brousse sur de vastes étendues. A la saison sèche, les varans, réfugiés dans des troncs creux, des terrnitiéres ou des trous du sol sont alors piégés par le feu et périssent probablement en grand nombre, brûlés ou asphyxiés. J’ai pu constater ces dégâts sur quantité d'individus dont les pattes et la queue portaient de profondes traces de brûlure. L’abondance des troupeaux de bovidés qui paissent dans les basses eaux du lac participe egalement au saccage de l’habitat naturel des varans. En comparaison, les destructions qu’occasionne la peche sont plus limitées et beaucoup mieux contrôlées. Les pêcheurs sont bien conscients, en général, qu’il ne faut pas tuer la «pou|e aux oeufs d'or». Ainsi, si les techniques de pêche sont conservées telles quelles, sans accroissement de leur efficacité et sans augmentation de I'eflectif des pécheurs, la surexploitation des stocks naturels de varans ne semble guère devoir étre redoutée à breve échéance. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANONYME (1983) - International trade ln skins monitor and Tegu Llzards, 1975-1980. Traffic Bulletin, 6: 71-79. BU FFRÈNIL, V, de (sous presse) · L’exp|oltation des varans africains. Secrétariat CITES, Lausanne. IRVINE, F. R. (19602) - Lizards and crocodiles as food for man. Brltlsh Journal or Herpetology, 2: 197- 02. LUXMOOHE, R., GROOMBRIDGE, B. et BROAD, S. (1988) - Slgnificant trade tn Wildlife: e review ol selected species in CITES appendix ll. Vol. 2: Reptiles and Imrertebrates. ërggrrgational Union for Conservation of Nature and Natural Resources (IUCN), Cambridge. VERNET, R. (1984) - Les Varans. ln: F. de Beaufort: Espèces lvlenacées et Explolfèes dans le Monde. Guide pratique pour leur Connaissance et leur Identification. Paris. 28 p., 3 planches. Vivian de BUFFRENIL Laboratoire d’Anatomie Comparée Muséum National d’Histoire Naturelle 55, rue Buffon, 75005 PARIS (France) 56
SOCIETE HERPETOLOGIQUE DE FRANCE Association fondée en 1971 agréée par le Ministère de |‘Environnement le 23 fevrier 1978 _ _ ‘ _ Siège social Universite de Paris VII, Laboratoire d‘Anatomie comparée 2 Place Jussieu - 75251 PARIS Cedex 05 Secrétariat Jean-Marie EXBRAYAT, Laboratoire d'l-listologie l E.P.H.E - Université catholique de Lyon. 25 rue du Plat, 69258 LYON Cedex 02 Tel : 72.32.50.36 Fax : 7233.50.19 Trésorier Raymond Cl-IABAUD. B.P. 524, 64105 BAYONNE Cedex ADRESSES UTILES Responsable de la rédaction : R. VEFINET. Ecole Normale Superieure. Laboratoire d’Eco|0gie, 45 rue d'Ulm - 75230 PARIS Cedex 05 Responsable de la commission de protection 1 J. LESCURE, Laboratoire Amphibiens- Reptiles, Muséum National d'Histoire Naturelle, 25 rue Cuvier - 75005 PARIS Responsable de la commission d'ethnoherpètologie et histoire de l’herpétoIogie : L. BODSON, 33 rue Bois-|'Evèque — B 4000 LIEGE, Belgique Responsable de la commission de terrariophilie : R. SIMON, 12 rue O.M. Bondon - 29213 PLOUGASTEL Responsable de la circulaire d‘annonces : P. DAVID, 14, rue de la Somme — 94230 CACHAN Responsable des Archives et de la Bibliothèque : G. MATZ, Université d'Angers, Laboratoire de Biologie animale, 2 Bld Lavoisier - 49045 ANGERS Cedex Responsable section garislenne: A. TEYNIE, L.l~l.S.A. Centre de Recherche de JOUY. 78350 JOUY en JOSA Responsable de la photothèque SHF 1 D. HEUCLIN. La Moroiere - Vaux en Gouhè - 86700 COU}-lE-VERAC Responsable du Club Junior SHF : Y. VASSE, 35 rue de Wattignies - 75012 PARIS Responsable du Groupe Cistude : A. VEYSSET, 3 rue Archimède - 91420 MORANGIS Responsable du Groupe Venlns : J. DETRAIT, 29 rue du Rôle - 91800 BRUNOY Vente des publications : s'adresser au Trésorier (adresse ci-dessus} Directeur de la publication: Roland VERNET N° commission paritaire 59374 Couverture : J.C. RAGE
APPEL DE COTISATION 1994 La S.H.F. ne peut vivre sans vos cotisations- Le travail du Trésorier est extrêmement simplifié quand les cotisations arrivent tôt dans I'annèe- Adressez vos cotisations selon le tarif suivant : MEMBRES ACTIFS : 140 F MEMBRES CONJCJINTS : 70 F JEUNES (moins de 20 ans) : 100 F par chèque à l’ordre de la S-H-F. au Trésorier Jean Jacques BOISABD Réserve Africaine 11130 SIGEAN
SOCIETE HERPETOLOGIOUE DE FRANCE Association fondée en 1971 agréée par le Ministere de I’environnmenl le 23 février 1978 Siège Social Université de PARIS VII, Labo. Anatomie comparée - 2 Place Jussieu - 75251 PARIS Cedex 05 _ Secrétariat Jean-Marre EXBFIAYAT - Laboratoire d'Histo|ogie ( E.P.H.E - Université catholique de Lyon. 25 rue du Plat, 59288 LYON Cedex O2. CONSEIL D’ADlv1|NlSTRAT|0N Président : Jean LESCURE, M.N.H.N. Amphibiens-Reptiles. 25 rue Cuvier, 75005 PARIS Vice-Présidents : Jean-Pierre BARON, Ecole Maternelle Annexe, Rue de Jéricho prolongée, 17000 LA ROCHELLE Daniel TFtO|‘vlBE'|"|'A, 7 Avenue R. Schuman, 77184 EMERAINVILLE Secrétaire général : Jean-Marie EXBFIAYAT (adresse ci-dessus) Secrétaire adjoint 2 Patrick DAVID, 14 rue de la Somme - 94230 CACHAN Trésorier : Bernard EMLINGER, 9 rue de |'Egiise, Sancy les Meaux, 77580 CFIECY-LA-CHAPELLE Trésorier adjoint Z Raymond CHABAUD, B.P. 524, 64105 BAYONNE Autres, membres du conseil : Vincent BELS, Daniel l-IEUCLIN, Christine MORRIEFI, Alexandre TEYNIE et Yannick VASSE Membres d’Honneur : Guy NAULLEAU (CEBCJCNRS, 79360 CHIZE). Gilbert MATZ (Fac. Sciences, ANGERS) ADMISSIONS _ Les admissions a la S.H.F. sont décidées par le Conseil d’Admlnistration sur proposition de deux membres de la Société (art. 3 des Statuts). N'envoyez votre cotisation au secrétaire général qu’après avoir reçu l'avis d'admission du conseil. COTISATIONS 1992 l MEMBERSHIP Tarifs (France, Europe, Attique): Taux annuel Bulletin Total - adhérents de moins de 20 ans 20 + 60 = QQ FRF - adhérents de plus de 20 ans 60 + B0 = 120 FRF - bienfaiteurs : minimum = 299 FRF - membre conjoint s B0 FRF Tarifs (Amérique, Asie, Océanie) : 15 + 15 = 30 U3 $ ABONNEMENTS l SUBSCRIPTl0N to SHF Bulletin France, Europe, Afrique = 149 FRF Amérique, Asie, Océanie ai 35 U3 $ Le service de la revue est assuré aux membres à jour de leur cotisation. To our members ln America, Asia or Pacific area : The SHF Bulletin is a quarterly. Our rates include the airmail postage in order to ensure a prompt delivery. CLUB JUNlOF·l Adhésion + Abonnement au journal (La muraille vivante) É 4Q FRF Abonnement au Bulletin de la SHF (Facultatif) = 59 FRF Total - 100 Fee Modalités de réglement Z ‘l. Chèque postal : à |'ordre de la SHF, CCP 3796-24 Fl PARIS 2. Cheque bancaire à l‘ordre de la SHF. Envoi direct au secretaire général (adresse ci—dessus). 3. Nous rappelons que les dons ou cotisations de soutien sont les bienvenus. Changement d'adresse : N‘omettez pas de signaler sans retard au secrétaire tout changement d'adresse. BIBLIOTHEQUE Les périodiques obtenus par la S.H.F. en échange avec les autres sociétés (liste publiée dans le bulletin) ainsi qu'une bibliotheque de tires-à-part sont regroupés au Laboratoire de Biologie Animale, Faculté des Sciences, 2 Bid Lavoisier - 49045 Angers Cedex. Les articles de ces périodiques peuvent etre consultés sur demande adressée à G. MATZ. En outre, nous demandons aux auteurs d'envoyer leurs travaux récents en 2 exemplaires à cette bibliothèque.