Bulletin SHF XXXX 39
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bulletin de la
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¤EFnANcE
3ème TRIIVIESTHE 1985
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'BLILLETIN DE LA
SOCIETE HERPETOLOGIOUE
DE- FRANCE
3ème trimestre 1 986 — n ° 39
SOMMAIRE
• Description •:I'une sous-espèce de Podarcis hfspanfca (Sauria,
Lacertfdae} : Podarcis hrëspanfcâ cebennensfs. GUILLAUME et
GENIEZ fn FRETEY, 1986
C.P. GUILLAUME et P. GENIEZ ......,..,.....,,.,.., 1
• Répartition de Vrbera aspfs et de Vrloera berus (Hepîfùà, Vàuerf-
dae} dans |'0uest de la France [Loire-Atlantique}
G. NAULLEAU .....,................,......,.,. 16
• Sur la répartition altitudinale de Pefoba tes cultrrpes ICUVIEFI,
1829} (Amph:'b:'a, Pef0bat1'daE} en France
H. MARTENS ......... , ..,........,.,.....,.... 20
• Résumé de Thèse ; analyses tfouvrages ............,. 22
• Notes, informations ....,..............,.,,..... 42
BIJIIITEIIITS
• Description of a sub-species of Podarcfs hispanfca (Saurfa,
Lacerrfdae} .· Podarcfs hfspanfca cebennensis. GUILLAUME et
GENIEZ fn FFIETEY, 1986
C.P. GUILLAUME and P. GENIEZ .......,......,...... ”|
• The distribution of Vàcera aspfs and Vxbera berus in Western
France (Loire-Atlantique]
G. NAULLEAU ................,..........,..... 16
• On the altitudinal repartition of Pefobates cultnloes ICUVIEFI,
1829] (Arnphfbfa, Pelobatidae} in France
H. MAFITENS ...,.............................. 20
• Thesis summary ; books review .,.........,........ 2 2
• Notes, informations ................,........... 42

Bull. Soc. Herp. Fr., l’l BBGI 39 :1-15
DESCRIPTION D'UN E SOUS-ESPECE DE
Podercrls hispanfca ( Sauria, Lacertrdae) .'
Podarcrs hrspanrca cebennensrs
GUILLAUME et GENIEZ in FRETEY, 1986
par
C|aude—P. GUILLAUME et Philippe GENIEZ
Résumé ·—- Signalé en France depuis 1 974 seulement [BONS}. le Poolarcfs hispanica de notre
pavs est maintenant bien connu. Il possède des particularités biométriques et de coloration
justifiant un statut subspécifique, Peuplant essentiellement le Languedoc—Flousail|on. c’est
dans les Cévennes qu’il paraît le plus caractéristique. Nous avions propose le nom de Podarcis
hispanica cebermenis en raison de cette origine.
Du fait que la première mention de cette nouvelle sous-espèce par FRETEY (1936l
n'était accompagnée que d'une diagrlose fort succinte, nous décrivons ici trois séries de spe-
cirnens de référence afin de montrer Vetendue de la variation phénotvpique observable chez
ce taxon,
I'llIots—cIés : Podarcis hispanice cebennensis — Lezard espagnol ; Catalogne espagnole.
France : Description, Répartition. Systmatique.
Summary — Known to be present in France since 1974 only IBONSI, Podarcfs hfspanfca is
now well studied. The French population of this lîzard exhibits particularities in biometrv and
colour pattern for which it deserves a sub—specific status. Living in the Languecloc—Floussillon
Flegion lFrancel. it is in the "Cevennes" massif that it seems to be the most typical. We had
proposed the name Podarcfs hfspanica ceoennensfs after this localitv.
As the first mention of this new sub-species bv FRETEY l'I9BBl was made with a vérv
concise diagnosis, we describe three series of specimens of reference to displav the extent ol
the phenotvpical variation observed.
Kay words : Podarcfs hfspanioa cebennensis — Ibarian Wall Lizard ; spanish "Catalogne",
France ; Description, Distribution, Svstematic.
I. A\l'ANT—PROPOS
"Dura lex, sed lex" disaient les latins l
En Svstématique, le Code International de Nomenclature Zoologique
(RIDE St al., '|9B5i est notre loi, entièrement régi par le principe de prio-
rité.
FRETEY (1986l publia la première fois le nom de Podarcis hfspanfca
cebennensrs sous une forme avec laquelle nous étions en parfait accord.
Nous estrmions en effet que sa formulation faisait suffisamment ressortir
du contexte de la publication que le responsabilité du nom lcebennensis
ssp.nov’.l nous incombant. De |’avis des spécialistes — malheureusement
consultes a posteriori — ce serait farre une interprétation erronée de |'arti-
cle 50a (Titre XI, p.90} du Code lFîIDE & al., 1985}.
T

L’essentie|, pour nous, étant de mieux faire connaître ce nouveau
taxon, nous décrivons dans la présente note Podarcfs hfsparrica caban-
nensris Guillaume et Geniez fn Fretey, 1986. Les animaux déposés au
Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris deviennent de simples
spécimens de référence, alors même que l’ho|otype (per monotypie} est
constitué par le spécimen de la photographie de CHEYLAN fn FRETEY
(1986, p.81} et "bronze" paisiblement au soleil de Valros lHérau|tl.
inconscient de l'honneur qui lui échoit !
II. HISTORIQUE INTRDDUCTIF
.Jusqu'à une époque récente, seul Podarcfs murafrls (Laurenti, 1768}
représentait en France ie "Lézard des murailles". En 1974, BONS
signale Lacerra hrspanfca bocagei (Seoane, 1884} comme "une espèce
commune des garrigues rocailieuses, des Pyrénées jusqu‘a la Petite
Camargue, ainsi que sur les versants méridionaux secs des Cévennes et
de la Montagne Noire" et précise qu"'i| existe dans les îles de Vétang de
Bages". En 1976, GUILLAUME Bt al. confirment, par électrophorèse
enzymatique comparative avec des Lacerta hfspanica de Catalogne espa-
gnole, la validité spécifique de ce taxon. Ce premier travail est poursuivi
par GUILLAUME (1976} qui exprime des différences biométriques per-
mettant de séparer cette espèce de Lacerta muralis parfois sympatrique.
En 1978, l'Atias préliminaire des Reptiîes et Amphibiens de France
lAnonymei signale trois Iocaiisaticns de cet anima! dans notre pays, et
ARNOLD Si al. (1978} mentionnent ce lézard - devenu alors Poo‘arcr's his-
panfca (ARNOLD, 1973} - comme "lpeut-étre} en France l...}".
Le guide de MATZ & WEBER (1983} ne laisse plus de doutequant a
la presence de Podarcis hispanfca en France. Des travaux ultérieurs,
GENIEZ (1985}, GUILLAUME Bt al. [1985}, ont permis de mieux connai-
tre cet animal, faisant apparaître des critères propres à le différencier,
non seulement de l'espèce muralfs voisine, mais aussi de ses semblables
conspécifiques ies plus proches. Ils le dénomrnent alors provisoirement
Podarois hrispanfca "petit" (GUILLAUME Si al., 1985}.
Ce statut sub-spécifique pressenti peut aujourd’hui se concrétiser,
après une comparaison du Podarcfs hfspanica de France avec |’ensernb1e
des autres hr'spar1r'ca de Péninsule ibérique et d’Afrîque du Nord lGUlL~
LALIME Si GENIEZ, 1986]. li a été mentionné dans la publication de FRE-
TEY (1 986}.
ill. DERIVA TIG NOMINIS ET SYNONYMIE
Considérant la forme "des Cévennes" comme ia plus caracteristi-
que et la plus homogène sur une grande superficie de son aire de réparti—
tion, nous avions choisi la Terra ry,o··`ca dans ce Massif et opté pour
Vappellation : Pedarcrls hispanfca cebennensfs. Celle-ci demeure inchan-
gée, mais la Terra rypfca de |'holotype est Valros (Herault}.
2

Podarcfs hfspanfca cebannansis
1974 Lacarra hfspanica bocage! - BONS, p.25.
1976 Lacarta hfspanica - GUILLAUME, GUILLAUME 8 al.
1978 Lacerta hfspanfca - Anonyme, p.90.
1978 Podarcis hfspanfca - ARNOLD St al., p.142.
1983 Podarcis hispanfca — MATZ & WEBER, p.1 B2.
1985 Podarcis hispanfca - GENIEZ, p.69.
1985 Podarcfs hfspanfca "petit" - GUILLAUME En ai., p.16.
1986 Podarcrls hispanica - BRUGIERE, p.98.
1986 Podarcis hfspanfca cabennensfs - GUILLAUME Sa GENIEZ fn FRE-
TEY, p.80.
A la suite de la révision de |'espèce par PEREZ-MELLAD0 En
GALLINDO-VILLARDON (1986} dont nous n’approuvons pas toutes les
conclusions (GUILLAUME Sa GENIEZ, 1986}, Podarcrîs hispanfca caban-
nensis constitue la cinquième sous-espèce de P. hfspanica. En effet.
P.h. hfspanfca (Steindachner, 1870} dans la Péninsule ibérique,
P.h. vaucharf (Boulanger, 1905} en Afrique du Nord, P.h. atrata (Bossa,
19 '1 6} (insulaire} limité à Varchipel des Columbretes (Province de Castel-
lon, Espagne} demeurent les seules formes reconnues, auxquelles il faut
adjoindre P.h. sebastrlanf IKIEMMER, 1964}, ancien P. murafrls péninsu-
laire et insulaire - Monte Urgull et île Santa Clara à San Sebastian —
rénommé récemment (BEA & al., sous presse}.
IV. DESCRIPTION DES SPECIMENS DE REFERENCE
A. Spécirnens
Afin d'essayer de recouvrir, dans cette description, |'ensemble de la
variabilité morphologique de Podarcfs hfspanfca cebannensfs, nous avons
choisi de decrire :
— Une série cévenole : MNHN 1986-966 à 1986-970 composée
de deux mâles et une femelle adultes, d’un mâle juvénile, et d'un juvénile
de sexe indéterminé (mâle probable}, provenant du lieu dit "Cap de
Coste", entre Mandagout et le col de la Lusette, entre 1000 et 1050 m.
d'a|titude selon les individus (Sud du massif de |'Aigoual, Cévennes,
Gard}, [GENIEZ réc.l. Nous aurions considéré cette série comme devant
constituer la série "type", le mâle 1986-966 ayant du etre
l"‘ho|otype", et les autres spécimens des "paratopotypes".
— Une série provenant de l'une des stations les plus septentrionales
actuellement connues, le lieu dit "Vallon Crémieux", commune de Pey-
raud dans l'Ardeche : MNHN 1986-971 à 1986-973 composée de deux
mâles et une femelle adultes. IMAGRANER J. & CROCHET P.A. rec.]
— Une série méridionale : MNHN 1986-974 à 1986-977 provenant
du chemin de "Pech Redon" (route de Gruissan} dans le massif de la
Clape (Aude}, et composée de deux mâles et une femelle adultes et d'une
femelle juvénile. KGUILLAUME Cl.P. Sn GUILLAUME G. rec.]
Les animaux de ces deux dernieres séries de spécimens de référence
auraient du être constituées de "paratypes".
3

Afin de mettre nos spécimens de référence à la disposition de la
commuauté scientifique, ceux-ci, clairement étiquetés, sont déposés
dans une institution, le Museum national d'Histoire naturelle de Paris
IM.N.l—I.N.I.
B. Biométrie et Pholidose
Le résultat des mesures biométriques et des comptes d'écaîlles de
l’ensemb|e des échantillons sont rassemblés respectivement dans les
tableaux I et II.
L’e><amen des spécimens et du tableau l montre que ces animaux
sont de petite taille, à tête aplatie, et de constitution "frële". On peut
également constater la tendance des animaux de la série septentrionale
H986-97`I à 973} à être légèrement plus grands, ce qui est vrai aussi
des animaux méridionaux, bien que notre série du sud ne soit pas en cela
fort représentative.
La colonne "D IO" du tableau Il dérive du calcul de Yindice massété—
rique selon GUILLAUME len préparation}. Le calcul consiste à déterminer
un indice propre à chaque animal en fonction de la surface de sa lses}
massétériquelsl. et à en déduire un diamètre moyen "D ‘lO" qui per-
mette une comparaison obiective de ce critère, de façon intra ou inter-
spécifique.
Les variations d’écai|Iure observées [dernière colonne du tableau Ill
sont les suivantes lg = gauche ; d = droitel :
1 . Variations céphaliques
a} Plaques céphaliques fendues (sans atteindre la
fragmentation} :
Frontale : 969, 971, 972. - Frontopariétaîe : 972lgl. - Inter-
pariétale : 973.
bl Plaques céphaliques fragmentées :
Frénoculaîre : 972lg-dl, 973Ig—dI. - Frontale 1 972. - Massèté-
rique: 967lgl, 9B8£dl, 969lg-dl, 970ldl, 971ldl, 973ld},
974lg-dl. — 4ème Supraoculaire : 96`Ilgl, 96B(gI, 970lg-dl.
c} lnterposition d'un granule ou d'une plaque :
— entre les plaques internasale, frontale et préfontales : 967.
— entre les plaques post-nasale. Ioréale, internasale et pré-
frontale : 97OIg-dl, 97i Id}, 972lgl.
— entre les plaques nasale. post-nasale, loréale, internasale et
préfrontale : 972ldl, 973lg-dl.
— entre Vinterpariétale et |'occipita|e : 972.
dl Soudure
- entre Vinterpariétale et l'occipitale : 968.
4

2. Autres variations
al Plaque anale fendue Z 973.
bl Assyrnétrie dans la disposition des plaques :
— sous-mentonnieres : 968.
— pectorales ou ventrales : 968, 970.
C. Coloration
1 . Série cévenole
Nous associons à cette série les animaux des figures `I et 2. Le mâle
juvénile [Fig. ll provient du méme endroit que les spécimens de réfé-
rence, et le mâle adulte (Fig. 2l a été photographié au Col de la Barrière
llimite Gard-Aveyron].
al Face dorsale
La coloration dorsale de Podarcis hispanfca cebennensfs est consti-
tuée par un "fond" de merbrures beige-grisâtres à brunes sur lequel vien-
nent se superposer les réticulations noires donnant à ces animaux leur
allure pcmrnelée caractéristique.
Chez les mâles [968 et 967}, ces réticulations sont présentes sur
|'ensemble de la face dorsale et sur I dessus des membres. Elles sont
toutefois plus contrastées du bord des ventrales au niveau des lignes
supra-dorsolatérales, laissant ainsi apparaître une bande dorsale légère-
ment plus claire au centre de laquelle se distingue une ligne vertébrale
plus ou moins hette et discontinue. Les dessins s'interrompent au niveau
des plaques céphaliques, lesquelles sont finement ponctuées. Sur les
côtés de la tête, une bande de "pomrnelures" se prolonge jusqu‘en
arriére de l'oei|, poursuivie en avant de clui-ci par un trait noir (sur les
frénoculaires, loréales et post-nasales}, formant une sorte de "masque".
Cette impression est renforcée par le contraste avec les supralabiales et
la sous-oculaire dont la partie médio-supérieure est le plus souvent blan-
châtre ou crème trés clair, la partie inférieure étant occupée par des
taches noires parfois en continuité avec celles des mentales. Générale-
ment, la plus grosse de ces taches se trouve sur la post-suboculaire.
La queue est assez uniforme, des séries de taches latérales noires et
blanchâtres, un anneau sur deux, contribuant toutefois à la continuation
de Failure "pommelée" générale.
Chez la femelle [968}, la linéation caractéristique du genre Podarcis
n'est pas démentie, bien qu'elle soit fortement affaiblie par |'aspect "zig—
zagent" et les interruptions de chacune des lignes. Les "pommelures"
subsistent sur les membres.
Du bord des ventrales vers le milieu du dos, on distingue successive-
ment :
— une bande ventrale large de cinq écailles, parcourue par une ligne
de "pommelures" peu contrastée ;
5

— une ligne latérale claire, large de quatre écailles, assez distincte,
se prolongeant en avant de l'épau|e, au niveau médio-inferieur de l’orifice
tympanique, ]usqu'au bout du museau len passant par la post-
subocuîaire, la suboculaire et les supralabialesl ;
— une bande latérale large d'er1viron six écailles, faite de "pomme-
Iures" assez contrastées, se poursuivant vers l’arrière sur les côtés de la
queue, et vers |'avant entre le bord externe des plaques céphaliques et le
milieu de |'orifice tympanique jusqu'à |'oeil, puis, au dela, par la ligne
noire déjà décrite chez les mâles ;
— une ligne dorsolatérale claire large de deux à trois écailles, inter-
rompue par des marbrures qui relient les dessins dela bande latérale et de
la ligne supra-dorsolatérale ;
- une ligne supra-dorsolatérale partant de |’ang|e postérieur externe
des plaques pariétales et se poursuivant jusque sur la partie latéro-
supérieure de la queue, faite de taches noires larges de deux à cinq écail-
les, interrompue par des marbrures brunes ou des ocelles plus clairs ;
-— une demi bande dorsale sur laquelle ne se voient que les marbru-
res de la coloration "de fond" ;
— une ligne vertébrale peu distincte, fort discontinue, partant du
bord postérieur de Voccipitale et se terminant à la base de la queue.
Chez les juvéniles [969, 970, et Fig. 1l - et cela nous semble fort
important - le dessin n'est pas ligné comme. chez la plupart des Podarcfs
mais déja semblable à celui des adultes, avec les "pommelures" ou réti-
culations brun sombre/gris plomb et le "masque" céphalique.
Nous noterons ici que la queue des juvéniles a parfois un aspect
bleuàtre assez peu prononcé. Nous n'avons jamais rencontré d‘animaux
a la queue bleu intense métallisé comme cela est habituel chez les
"vrais" P.h. hrlspanfca lnous entendons par là ceux de la côte sud-est
espagnole, et non pas |'ensemble des P. hfspanfca de Péninsule lbérique
actuellement dénommés ainsi [Cf. GUILLAUME & GENIEZ, 1986}.
hl Face ventrale
La couleur de la face ventrale des spécimens est blanc-crème uni-
forme.
Chez les mâles, des taches noires bien nettes sont visibles en bor-
dure supérieure et latéro-externe des 4éme et 5ème plaques sous-
mentonnières. L'anima| 967 présente une ligne axiale grisâtre au centre
de ces plaques, laquelle est assez claire et ne peut en aucune facon se
comparer au "chevron" caractéristique des P.mura/fs. De fines ponctua-
tions sont présentes sur les parties externes de la zone gulaire. Seules,
les premières rangées externes de plaques ventrales sont munies de
taches, celles-ci étant généralement en forme de triangles émoussés
dont la base se trouve sur la partie antérieure. Ces lignes de taches se
poursuivent sur Vintérieur des cuisses. La partie anale ainsi que le des-
sous dela queue sont uniformes, avec toutefois une ligne transversale de
points sous le premier anneau caudal. Le lézard 967 a aussi une petite
bordure noire au sommet de la plaque anale,
La coloration de la face ventrale de la femelle et des juvéniles n'est
pas très différente de celle décrite pour les mâles, si ce n'est que les
6

taches des plaques ventrales sont grisâtres, peu contrastées, parfois
inclîstinctes, à la limite du visible.
2. Série septentrionale
On peut associer à cette série |'anima| photographié rh BRUGIERE
(1986, p.l0ll provenant des contreforts du Pilat [Loirel.
al Face dorsale
L'e><arnen de cette série montre des animaux assez peu différents de
ceux des Cévennes. On peut toutefois observer une tendance à présen-
ter un dessin plus fortement contrasté et une linéation plus marquée,
même chez certains mâles.
Le mâle 971 ne diffère des spécimens cévenols de référence que par
un dessin beaucoup plus contrasté, les marbrures brunes ayant tendance
à disparaître pour laisser voir surtout les réticulations noires qui enca-
drent ainsi des taches de fond claires.
Chez le mâle 972, on retrouve le "pattern" ligné de la plupart des
Podarcfs. On observe ainsi :
— une bande ventrale large de six écailles, pommelée, assez con-
trastée ;
- une ligne latérale claire, continue, large de trois écailles ;
— une bande latérale large de six écailles, noire et très contrastée,
parsemée d’ocelles clairs ;
— une ligne dorsolatérale large de trois écailles, aux bordures irrégu-
lières, claire, interrompue là gauche} en un seul point par une barre noire
reliant les dessins de la bande latérale à ceux de la ligne supra-
dorsolatérale ;
- une ligne supra-dorsolatérale large d'environ quatre écailles, con-
trastée ;
- une demi bande dorsale claire ;
- une ligne vertébrale continue, large de une à cinq écailles, trés
marquée.
La femelle 973 diffère de celle des spécimens cévenols de référence
en ce que :
— ia bande latérale ne présente plus de "pomrnelures", mais est
entièrement noire ;
— les lignes latérales et dorsolatérales claires sont presque rectili-
gnes et continues.
Chez ces trois animaux, les fines ponctuations céphaliques sont
remplacées par d'assez larges taches noires.
bl Face ventrale
L'aspect de la partie ventrale ne diffère pas de celui des spécimens
cévenols de référence, sauf pour le spécimen 972 chez lequel on peut
observer de fines ponctuations sur Vensemble de la zone gulaire et en
bordure antérieure du collier, ainsi que quelques taches sur les pectora-
les.
7

3. Série méridionale
Les animaux de cette série, assimilables à l'ho|otype photographié fn
FRETEY (1986, p.B'l l, se caractérisent surtout par une coloration dans
laquelle les marbrures du fond prédominant, au détriment des réticula-
tions noires superposées, lesquelles sont presque toujours fragmentées
(974, 976 et holotype photographié rh FHETEY (1986) et parfois totaIe—
ment absentes (975, 977].
Cette diminution de la pigmentation noire est également nette sur la
partie ventrale des animaux, où les taches sont sensiblement réduites en
taille et en intensité de coloration.
Le spécimen 975 représente un cas extrême, le dos étant unique-
ment et totalement recouvert de la marbure du "fond" et la face ventrele
étant totalement dépourvue de taches, tant sur les sous-mentonnières
que dans la zone gulaire ou sur les plaques ventrales externes.
Sur ces animaux, une très fine ponctuation subsite toutefois sur les
plaques céphaliques et le "masque" demeure visible de par la couleur
claire des supralabiales, de la suboculaire, de la post-suboculaire, et de
Vabsence de pigmentation sur la partie médio—inférieure des "joues", en
avant de l'orifice tympanique.
V. DIAGNOSE
Podarcfs hfspanfca cebennensfs est un P. hfspenfce de petite taiile
lmaximum des mâles : 55 mm ; des femelles : 50 mm}, d'allure grêle, et
très aplati. Il possède une robe dorsale mouchetée beige grisâtre à brune
sur laquelle des réticulations gris-souris à noires viennent se superposer,
donnant ainsi à Vanimal une allure pommelée caractéristique. Générale-
ment, la ligne vertébrale est indistincte etfou discontinue, et les lignes
dorsolatérales sont peu marquées. Les plaques céphaliques sont généra-
lement finement ponctuées. Les plaques post-suboculalres, suboculalres
et supralabiales sont le plus souvent fort claires, au moins dans leur par-
tie méclio-supérieure.
Chez les femelles, la forme en zigzeg et Vinterruptien des différentes
lignes longitudinales leur permettent généralement de conserver l’al|ure
pommelée ou rétîculée caractéristique de la sous—espèce.
La coloration de la face inférieure est toujours claire, le plus souvent
blanchâtre ou blanc crème, rarement rose saumon pâle laiteux ou jaune
pâle laiteux. La zone gulaire est unie ou marquée seulement de petits
points noirs, le plus souvent latéraux. Seules les plaques des premières
rangées externes de ventrales peuvent être pourvues de taches noires.
Particularité très importante de cette sous-espèce, les individus juvé-
niles présentent la coloration des adultes dès la naissance et ne sont pas,
ou peu, lignes comme c’est le cas pour les autres Podarcfs hfspenice ainsi
que pour la majorité des Lézards de ce genre, au moins dans I’ouest de
l'Europe. Leur queue peut présenter des reflets bleuâtres peu prononcés.
8

P. hispanfca cebennensis a des moeurs strictement rupicoles et
recherche surtout des biotopes naturels, sains et bien exposés lanimal
assez thermophilei.
Le tableau Ill résume les principaux critères susceptibles de faciliter
la distinction entre ce nouveau taxon sub—spécifique et son voisin géo-
graphiquement Ie plus proche : Podarcis hispanfca hfspanica tel qu'iI se
présente en Catalogne espagnole lP.h. "gros" selon GUILLAUME & al.,
1985}.
VI. RÉPARTITION
La carte n° 2 de I'articIe de GUILLAUME & al. l‘l985} donne, pour
sa partie française, une idée assez précise des limites de répartition
observées de Podarcis hrspanfca cebennensis. Actuellement, la limite
septentrionale reconnue se situe à Saint Pierre de Boeuf, dans le Parc du
Pilat lest de la Loire} iMAGFiA|\lEFi, comm. pers.}, _
P.h. cebennensfs n'a été observé en Catalogne espagnole qu'en de
rares stations, généralement au dessus de ‘l 000 rn. Nous l'avons vu
dans la Siera de Montseny — Province de Barcelone · len sympatrie avec-
P. muraiüis, à 1 100 rn d‘a|titudel, et vers le monastère de San Pedro de
Fiocla — Province de Gerone —, ainsi qu’en quelques points des Pyrénées
jusqu’à 1 300 mètres d'a|titude.
On le trouve en France dans les départements suivants : Pyrénées-
Orientales, Aude, Hérault lsur le littoral, iusqu’à l’0uest de Montpellier
seulement}, Aveyron, Gard [sauf bordure littorale}, Lozere lsud du dépar-
tement seulernentl, Ardèche et Loire lest du département seulement}. Il
peut se rencontrer du niveau dela mer (îles de l'Aute et de Planasse dans
Vétang de Bages lBONS, 1974l, Gt sud-ouest du littoral méditerranéen
francais} jusqu’à environ 1 100 m d'a|titude.
Ce Lézard est jusqu'à présent inconnu a l’est du Rhône et ne se ren-
contre donc pas dans la Drôme comme pourrait le faire croire FHETEY
(1986}.
Une zone de transition morphologique et écologique avec la sous-
espèce nominative ldu moins actuellement considérée comme telle} peu-
plant le nord de la Péninsule ibérique et pénétrant légèrement en France a
été observée, se situant grossièrement SUITE Leucate et Perpignan, à
basse altitude.
Nous devons signaler que la Carte 17, figurant rn FBETEY (1986}
p.B'l , est erronée Z
— en signalant comme incertain Vindigénat de P.h. cebennensrs, et,
— en "mordant" sur I’ouest des départements du Vaucluse et des
Bouches-du-Rhône, ainsi que sur la bordure littorale du Gard.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier Messieurs MAGRANER J. et CBO-
CHET P.A. d'avoir bien voulu leur confier les spécimens de référence de
la série septentrionale.
9

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Pbdarcrs hispanfca cebennensis Podarcis hispanica hrlspanica
Longueur Tête-Tronc : Longueur Téte—Tronc :
N'e><cède pas les 55 mm. Atteint celle d'un P. muraille de taille moyenne
[50 mm].
Coloration 1 Coloration :
Ventrale : Ventrale :
Blanchâtre ; très rarement jaune pâle ou rose Varie du blanc au jaune, et assez souvent
saumon. rose saumon ou orangé chez les mâles,
Dorsale : Dorsale 1
o·o· : Mouchetures ou fines réticulations o·or : Couleur sable: reticulations souvent
gris-souris, brun—iaune ou noires. Peu de lignes verte- alignées en bandes Iongitudinales.
brales. Flancs souvent oomrnelés, 9 C-‘ : Brun—rou>r., lignées, rassemblant beau-
Q Q : Le plus souvent, réticulées ; parfois, coup aux femelles de Podarcis murafis,
faiblement lignées. Juv. : Toujours Iignés.
Juv. : lls ont la coloration des adultes,
Flépartition : Hépartltlon :
Géographique L Géographique :
Essentiellement française. Loire, Ardèche, La ¤dorme=· de P. h. h. que nous considérons
Lozère, Gard, Aveyron, Hérault, Aude et Pyrénées- ici se trouve essentiellement en Espagne : Catalogne,
Orientales. Pénetre en Catalogne espagnole at dans la Aragon, et nord du Pays Valenclen. Pénétre au sud
zone Pvreneenne, des Pyrénées-Orientales françaises,
Altituclinale 1 Altitudlnale :
Du niveau de la mer à 1 100 rn i:l’a|titude en Plaines, étages colllnéens.
France. Semble, dans les Pyrénées et en Catalogne
espagnole, ne se trouver qu’en montagne l§usqu'à
1 300 m, peut-être plusl.
Biotopes : Biotopes :
Recherche toujours des biotopes naturels, sains Semble occuper en Espagne Ea niche du P. murafrs
et bien exposés. en France : endroits humides, décombres, aggloméra-
Presque toujours sur des surfaces verticales et tions. bords de rivière".
des zones surélevées, sur murs et rochers exclusive- Fréquent à même le sol, sur terre et décombres.
ment, Se trouve aussi sur les murs et les rochers.
Tableau III : Critères de comparaison entre Podarcis hfspanrca cebennensfs GUILLAUME et GENIEZE:1 Fretey,
` 1986 et la Rh, h.-spanica géographiquement voisin.
1 1

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Figure 1 : Podarcfs hfspanfca cebennensfs, mâle juvénile.
Lieu—dit «Cap-de-C0ste», sur blocs granitiques, dans une
lande à Genêts purgatiîs.
Photo Ph. GENIEZ.
`I 2

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Figure 2 : Podarcis hispanica cebennensis, mâle adulte.
Col de la Barrière (Limite Aveyron—Gard} ; Causse calcaire où
dominent pelouses et Buis.
Photo Ph. GENIEZ.
1 3

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Accepte fe 23,09.86
Cl..P. GUILLAUME et Ph. GENIEZ
Laboratoire de Biogéographie et Ecologie des Vertebrés
E.P.H.E., U.S.T.L., Place E. Bataillon
F - 34060 Montpellier Cédex
'I 5

Bull. Soc. Herp. Fr., FISSE] 39 : 16-19
REPARTITION DE Vfpera aspis ET DE
Vfpera berus (Rep tf/r'a, Vr}t>en`dae),
DANS L'0UEST DE LA FRANCE
(LOIRE-ATLANTIQUE) III
par
Guy NAULLEAU
Résumé — Dans |'OueSt de la France 1/r]oera aspfs et Vioera berus coexistent dans le departe-
ment de Loire Atlantique. Une synthèse des donnees bibliographiques ainsi que nos observa-
tions personnelles, montrent que Vrjoera berus n'est pas présente au Sud de la Loire, même au
niveau de son embouchure. Au Nord dela Loire. la limite de repartition des deux espèces est
une ligne SO—NE qui passe approximativement par Savenav, Bouvron, Blain, Nozay en se con-
tinuent vers Châteaubriant.
Mots-clés : Repartition, Vipères, Loire-Atlantique.
Abstract — ln western France lhpera aspis and Vrioera berus coexist in the department of
Loire Atlantique. A synthesis of bibliographical data and our personal data show that Mrioera
berus ls not present south of the river Loire, even et the estuarv, North of the Loire, the boun-
dary of distribution of the two species follows a line SW-NE, passing approximatlv through
Savenav, Bouvren, Blain, Nozev, and to Chateaubriant.
Key words : Distribution. Vipers. i.oire—At|antique.
I. INTRODUCTION
Dans |‘Ouest de la France. les limites de répartition de Vrjcera berus
et de Vrpera aspfs se situent au niveau du département de Loire Atlanti-
que.
Ctuelques cas de Vrpere berus ont été signalés en Vendee au siècie
dernier IVIAUD GRAND MARAIS, 1867, 1895}. Depuis, aucune capture
de cette espèce n'a été réaiisée au Sud de la Loire.
En utilisant les données bibliographiques déjà connues IVIAUD
GRAND MARAIS, 1967 ; BODIN, 1957 et BODIN et DUGUY, raser et
en y ajoutant ses données personnelles, SAINT GIHONS li 97 5l a fait la
synthèse de la repartition de ces deux espèces de Vipères dans la partie
du departement cle Loire Atlantique, situee au Nord de le Loire. A Ia suite
des observations de SAINT GIFICJNS l1975l la limite entre I/ipara berus
et Uipera aspfs est relativement bien connue dans le Nord Est de la Loire
Atlantique, en particulier entre Blain et Châteaubriant. Selon SAINT
GIHONS, les données anciennes de Where berus entre Nozay. Nloisdon
et Fiiaiilé demanderaierit à être confirmées.
(1) Communication présentée aux Rencontres Herpetologioues d’ANGEFiS l26—25 juin
1986:.
1 6

Des extensions de Vrpera asprîs au delà dela Loire Atlantique ont été
signalées par LE GARFF (1984} : "Deux observations, certaines en
presqu'ï|e de Crozon, peuvent être dûes à une introduction intempestive
et probablement sans grande signification". Vicera aspfs a été également
signalée à Bain de Bretagne len |le—et-Vilaine} ainsi que dans |'Est du Nior-
bihan en 1886. Selon LE GAFIFF, "cette espèce est à rechercher aux
confins de la Loire Atlantique, du Morbihan et de l'l|e-et-Vilaine, pour en
préciser les Iimites".
Les observations étant peu nombreuses et parfois anciennes à la
limite des deux espèces dans l'Ouest de la Loire Atlantique, il nous a paru
intéressant de prospecter cette zone, particulièrement entre Blain et
|'estuaire de la Loire.
ii. Msri-ions
Nos observations ont commencé depuis plusieurs années et ont été
faites à peu près régulièrement tous les ans, en particulier au printemps,
aprés les sorties d‘hiverr:age. Notre prospection a été minutieuse à
Vembouchure de la Loire, car c’est à ce niveau que l'on pouvait espérer
trouver Vrpera berus au sud de ce fleuve. Les données qui sont reportées
sur la Figure 1 correspondent à Vobservation de plusieurs vipères vues à
proximité les unes des autres et non à des individus isolés.
Ill. RÉSULTATS
Nos essais de confirmation de la donnée bibliographique du nord de
Vestuaire de la Loire sont restés vains. En effet, toute cette partie a été
beaucoup transformée du fait de |'insta||ation du complexe industriel du
port autonome de St-Nazaire. Ainsi, en bordure de Loire, il n'y a actuelle-
ment aucun biotope possible pour l/r]oera berus et probablement pour
d'autres Reptiles. Les seuls que nous avons pu observer sont des Podar-
cis mur·a.·'r's. Au sud de Vestuaire, nous avons trouvé uniquement Vrioera
aspis, inféodée par endroit È des zones marécageuses qui conviendraient
fort bien à Vrioera berus.
Nous n'avons pas d'observations personnelles dans les îles de
l'embouchure de la Loire, mais des personnes dignes de foi nous ont dit
n'avoir jamais trouvé que l/1,0era aspfs. Nous essaierons, bien entendu,
dans |’avenir de confirmer ces données.
Au nord de la Loire, nos observations précisent la limite des deux
espèces qui passe aux environs de Savenay, de Bouvron et se continue
vers Blain.
IV. DISCUSSION
Si la présence de l/fpera berus pouvait être envisagée au Sud de la
Loire, en particulier au niveau de son estuaire, où les biotopes ont été
beaucoup moins transformés qu’au nord, la prospection minutieuse,
17

effectuée régulièrement depuis plusieurs années, peut nous Permettre
d'affirmer que cette espèce n’existe pas au sud du fleuve. Par contre,
des que le milieu le permet, on la trouve au nord de la Loire, parfois en
bordure du fleuve, comme aux environs de Lavau.
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Figure 1 : Flépartition de Vrjcera asprls et de Vrbera berus en Loire Atlanti-
que, d’sprès les données bibliographiques lcsrrésl et les don-
nées personnelles lcerclesl.
'I B

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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SAINT GIHONS. H. I1 975) -— Coexiatence de Where aspfs et de Vrbere berus en
Loire Atlantique : un problème de compétition interspécîfîque. Terre et
Vie, 29, 590-613. ‘
VIAUD GRAND MARAIS. A. (1867} — Etudes médicales sur les serpents de
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berus. Bull. Soc. Sci. Nat. Ouest Fr., 5, 38.
Accepté le 23. 0.9.86
G. NAULLEAU
Centre d'Etudes Biologiques des Animaux Sauvages
Villiers-en-Bois, 79360 BEAUVOIR-s-NIORT [FRANCE}

Bull. Soc. l-lerp. Fr., (1 SBB} 39 ; 20-21
SUR LA REPARTITION ALTITUDINALE DE
Pefobates cultnjoes (CUVIER, 1829)
(Amphrbfa, Pelobaridae) EN FRANCE
par
Harald MARTENS
Abstract — The author relates the observation of Peiooates cuftrrktes S45 meters up in the
French rnaditerranean region : Causses of the department of Herault,
Key words : Repartition ; Pefobates cuitrjpes.
Suivant les données publiées jusqu'a présent sur la répartition altitu-
dinale de Pefobates cultrrpes, cette espece est un représentant typique
du littoral méditerrranéen et atlantique avec préférence pour des sols
meubles et sablonneux (ANGEL, 1946 ; LESCURE, 1984} ; elle ne
dépasse pas 300 mètres d'altitude lcf. Anonyme, 1978, KNOEPFFLER,
1960, 1961 ; OLIOSO, 1983l. Sur la péninsule ibérique, cette espèce
se trouve au Portugal jusqu’à une altitude maximale de 900 metres, en
Espagne jusqu'à 1 400 mètres (SALVADOR, 1985}.
Le 23 avril 1984, |’auteur découvrit dans les Causses (Dépt.
Hérault}, à 4 kilometres environ au nord de la Vacquerie-et-St-Martin-de-
Castries, quelques têtards hibernés ainsi qu'une ponte de Vespèce en
question dans un abreuvoit à moutons à 645 metres d'a|titude.
L'absence d’animaux après métamorphose a été notée; en outre, on
pouvait observer des Hyla merfdfonafis adultes ainsi que des têtards
ayant passé |’hiver d'A!ytes obstetnicans et de Pefodytes punctatus.
L'abreuvoir exposé au soleil (4 à 5 mètres de diamètre, profondeur maxi-
male environ 1 mètre} était densément recouvert en son centre de
Ranuncufus sp. ; il était situé au milieu de la garrigue, paysage typique
pour les Causses, avec des sols de terra-rossa fort comprimés et entre-
mêlés de roches calcaires lune description détaillée des facteurs abioti—
ques dans les Causses se trouve dans GABHION et al., 1978}.
Cette station la plus élevée de Pefobates cuftrtjoes en France et la
nature correspondante du sol, qui n'est pas typique pour cette espece,
portent à croire que le Pelobate cultripède est, en ce qui concerne l’écolo-
gie, dans la région de la limite septentrionale de son aire de répartition
beaucoup plus variable que |’on n'avait supposé jusqu'à present.
Remerciements
Je remercie Mademoiselle E. Ulrich, Wiesbaden, pour la traduction
en Français de mon texte.
20

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Anonyme [1978:* - Atlas préliminaire des Reptiles et Amphibiens en France.
Montpellier, Ed. S.H.F., 137 p.
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Accepte ie 23.09.86
Dip|.—Biol. Harald MARTENS
Forsch.-Institut Senckenberg
Sektion Herpetoiogie
Senckernberganiage 25
D-5000 FRANKFUFiTiNl. `I
21

Bull. Soc. Herp. Fr., l‘l9B6l 39 : 22-23
BIBLIOGRAPHIE
Résumé de Thèses
Frédérique FIIMBLOT l1986l — Influence de la température sur la
différenciation sexuelle, en incubation artificielle et naturelle, chez
la Tortue Luth, Dermochelys coriacea. Thèse de Doctorat de
3ème Cycle. Université Paris VII, 68 p.
L’inf|uence de la température d’incubaticn des oeufs sur la différen-
ciation sexuelle dela Tortue Luth a été étudiée en incubation artificielle et
nature|le._
Au laboratoire, chez tous les nouveau—nés issus d’oeufs incubés à
des températures inférieures ou égales à 29,-2 50 C, la médulla des gone-
des, constituée par des cordons épithéliaux, est volumineuse et dense et
Vépithélium germinatif est aminci. Les canaux de Müller sont en cours de
régression. Tous les nouveau-nés sont donc des mâles phénotypiques.
Chez tous les individus issus d'oeufs incubés à des températures
supérieures ou égales à 29,75° C, la médulla gonadique est réduite en
volume. ce qui indique une inhibition de la prolifération des cordons épi-
théliaux. Uépithélium germinatif est pseudostratifié et contient quelques
cellules germinales qui ne sont pas entrées en prophase mé`iotique. Les
canaux de Müller sont complets. Les individus sont des femelles phé-
notypiques.
La température critique pour la différenciation sexueile des gonades
se situe donc au voisinage de 29,5° C.
Dans ia nature, sur la plage des Hattes (Guyane française}, la tempé-
rature du sable à la profondeur des nids (60 - 80 cm} varie au cours dela
période de ponte. Elle est inférieure à 29° C pendant les mois les plus
pluvieux [avril, mai, juin, début juillet} et égale ou supérieure à 30° C
pendant les mois secs lfîn juillet, août, septembre]. La sex-ratio des
nouveau—nés est généralement déviée en faveur des mâles, lorsque le
développement des oeufs, aux stades de sensibilité à la température de
la différenciation des gonades, a eu lieu pendant la saison des pluies lpre—
mières pontes} et en faveur des femelles lorsque le développement des
oeufs s'est effectué pendant la saison sèche ldernières pontesl.
Ces résultats établissent clairement que la différenciation sexuelle
des gonades de la Tortue Luth est sensible à ia température d’incubation
des oeufs. Ils ont recu une application immédiate sur le terrain. En effet,
dans |'écIoserie qui a été installée sur la plage des Hattes, dans un but de
protection des Tortues marines, la température demeurait généralement
22

inférieure à 29,5° C dans les boîtes en polystyrène utilisées pour I'incu—
bation des oeufs. Tous les nouveau—nés étaient des mâles phénotypi-
ques. Aussi, un modèle de couveuse chauffée a été mis au point afin
tfobtenir des femelles et d'éviter un surnombre de mâles parmi les
nouveau—nés destinés à Venrichissement des populations natureiles.
(communiqué par Vauteur)
Mots-clés: Tortue Luth, nouveau-nés, différenciation sexuelle, sex-
ratio. température d'incubation.
Kay-words : Leatherback, hatohlings, sexual differentiation, sex-ratio,
incubation temperature.
F. HIMBLOT
Muséum National d'Histoire Naturelle,
Laboratoire de Zoologie (Amphibiens, Reptiles]
25 rue Cuvier, 75005 PARIS
23

Bull. Soc. Herp. Fr., [1986} 39 :24-40
Analyses d'Ouvrages
The Structure, Development and Evolution of Reptiles ·I1984i —
Symposium of the Zoological Society of London n° 52. Professor Angus
d'Albini Bellairs Festchrift Volume. M. Ferguson Editor. Acad. Press Lon-
don, Publ. 697 p.
Ce livre imposant par ia taille et le contenu mérite, de par son grand
intérêt, d’être connu de tout herpétologiste. Comme il ne sera sans doute
pas disponible directement par nombre d’amateurs et de professionnels
francophones, il m'a paru utile d'en proposer ici une analyse assez detail-
lée l1 l.
Agrablement présente, ce livre est un hommage au Professeur
Angus d'A|bini Bellairs, dont |’oeuvre herpétologique et morphologique.
ainsi que Vinfluence comme enseignant et chercheur furent tres impor-
tantes dans le monde anglophone. Le chapitre introductif, par l"'Editor".
le Professeur Mark Ferguson, propose un survol vivant et animé dela car-
rière du Professeur Bellairs, ce qui est |’occasion de nombreuses conside-
rations, humoristiques ou profondes, sur le "cursus honorum" universi-
taire, qui demeurent très actue|ies... et de tous les pays.
ljessentiel de l’ouvrage consiste en rien moins que 27 articles spe-
cialisés, la plupart signes par un seul auteur. Ils sont répartis en 4 themes
principaux, constituant des chapitres ou sections : morphologie
(6 articles}, developpement (6}, écophysiologie l7l et évolution l7i. Ceci
constitue un canevas équilibré pour distribuer les divers articles, bien que
beaucoup d'entre eux eussent pu, en fait, changer de chapitre, à en juger
par leur contenu. Cette situation est d'ail|eurs. me sernb|e—t-il, très révé-
latrice de la pratique moderne de la recherche en biologie évolutive des
vertébrés, où les distinctions entre approches et disciplines traditionnel-
les tendent a s’effacer : nous reviendrons sur ce point.
Comme il ne serait pas realiste d’essayer de passer en revue de
facon uniforme tous les articles de |'ouvrage, on ne m'en voudra pas d'en
analyser certains plus en détail que d'autres, seion mes propres centres
d'intérêt. Ce traitement analytique, que je sais "biaisé", sera reéquilibré
autant que possible par des commentaires de synthèse sur |’ouvrage
dans son ensemble.
L’etude de la locomotion par "poussée lateraie glissée" lslide
pushingl, définie et reconnue par Carl Gans [Ann Arbor. Michigan, USAl
comme un nouveau type de processus locomoteur chez les Squamates
24

serpentiformes, ouvre la section consacrée a la morphologie. Cet article
est un apport clair et concis aux connaissances sur la locomotion ram-
pante. Le "slide pushing", tel qu'il est défini, analysé et décrit, semble
être une modalité de rampé exceptionnelle, constituant peut-être une
allure de transition et utilisée dans des cas extrêmes, comme pour la pro-
gression d'un serpent sur un support glissant, à un moment où l'effica-
cité énergétique importe peu en cas de danger. Ce type de locomotion
pourrait ainsi être d'une plus grande importance sélective let évolutivel
que ne le suggère le peu d'occasions pendant lesquelles les organismes
Vutilisent réellement. J'aurais aimé trouver davantage de comparaisons
entre ce type de locomotion et la nage, dans la discussion.
L’étude du squelette et.de la musculature du bras chez le Varari,
compte tenu dela disposition transversale des membres, est ensuite pré-
sentée par J.M.F. Landsmeer lLeydel. Cet article est un excellent exem-
ple de |’uti|ité et dela pertinence dela bonne vieille anatomie "c|asslque"
pour la morphologie fonctionnelle et évolutive, un fait parfois trop oublié
au profit d’approches plus "à la mode" lcomme Vélectromyographiel.
L*artic|e suivant, par E.N. Arnold lBritish Museum, Londresl traite des
caractères de la musculature cloacale et des hémipénis chez les Lézards.
Ce travail montre très bien comment la description comparative soi-
gneuse cl’un système anatomique complexe peut apporter des données
potentiellement très utiles pour l'étude logique des relations de parenté
évolutives. On a aussi |’impression que cet article est un admirable exem-
ple de "cryptoc|adisme" lil diplomatique et bien tempéré î Alors que la
méthodologie employée pour bâtir des hypothèses de parenté est claire-
ment imprégnée de cladistique l2l |’a2tic|e arrive à ne proposer aucun cla-
dogramme i3} et met surtout |'accent sur |’acquisition et la description
des données. Cette tactique pourrait être utile, dans |'avenir, en essayant
de réconcilier les "descripteurs de faits" et les "c|adomaniaques", par
une plus juste appréciation de leurs apports réciproques...
Vient ensuite un article de P.C.H. Pritchard (Floride Audubon
Societyl sur le régime piscivore chez les Tortues et |'évo|ution des Chéli-
dés à long cou. Cet article présente avec le précédent un intéressant con-
traste méthodologique. On y note une grande confiance vis—à-vis de
diverses observations éco-éthologiques, amalgamées à de nombreuses
données anatomiques, pour construire des "scénarios évolutifs" à voca-
tion explicative. Sans aucun doute, on fait ici bien plus confiance à |’effet
des "pressions sélectives", exprimées par des adaptations éthologiques
et morphologiques, qu'à la recherche des synapomorphies (4l, pour nous
éclairer sur la phylogénie et la biologie évolutive de ces Reptiles. Seules
de futures recherches nous diront si cette approche traditionnelle demeu-
rera lon nonl la meilleure, mais, à ce qu'i| me semble, on y confond
Vétude des mécanismes et des résultats de l'évo|ution. J'ai été aussi sur-
pris par les comparaisons présentées sans précautions entre des techni-
ques lhumainesl de péché et les comportements adaptatifs des Tortues,
et je me demande dans quelle mesure de telles comparaisons sont utiles
et pertinentes.
L'épiderme des Squamates, comme nous le montre P. Maderson
lElrooklin College, City University of New-Yorkl, semble constituer
25

un excellent systéme pour l'étude des régulations au sein du tissu épithé-
lial. Cet article réussit, en fait, à faire interagir de nombreuses données
tirées de la oytologie, du développement, de la physiologie et de l’éco|o-
gie, de façon à proposer une vue synthétique dela biologie dela peau des
Squamates. Ceci intègre les subtiles interactions entre propriétés innées,
génétiques, et contraintes imposées par Venvironnement. Je me suis
demandé ce qu'apporterait à ces interprétations - notamment au sujet de
la balance hydrique - Vétude des Squarnates où la peau produit des for-
mations ossifiées.
L'article suivant, dû à Fi. Presley lUniversity College, Cardiffl, con-
cerne le problème de |’horr1ologie de la membrane tympanique et clôt le
chapitre sur la morphologie. Depuis les synthèses opposées présentées
au début du siècle par Gaupp et Goodrich, le problème de Vhomologie du
tympan et des structures voisines chez les Tétrapodes était resté un
puzzle pour les évolutionistes. A la complexité du sujet lui—méme, s’a]ou-
tent en effet des difficultés de méthode, car toute synthèse sur la ques-
tion se doit d'intégrer des données discordantes provenant de la morpho-
logie comparée, dela physiologie, dela paléontologie et de la biologie du
développement. Ici Presley nous offre un travail admirable de clarté,
fondé sur une approche classique d'embryologie descriptive, où une divi-
sion soigneuse entre paragraphes traitant la méthode, l'historique, la
description et Vinterprétation permet au lecteur de se frayer un chemin
entre |'écueil des homologies entre ébauches embryonnaires et le tourbil-
lon des controverses. La tendance actuelle, depuis les travaux stimulants
d'Al|in l1975l et de Lombard et Boit l‘l 979l, semble donner raison aux
vues de Gaupp et réfuter ainsi Vhomologie entre membranes tympani-
ques des Lézards et des Mammifères — et c'est aussi le sens des conlu-
sions de Presley basées sur Vembryologie.
De façon plus générale, grâce- à un travail comme celui-la, il apparaît
on ne peut plus clairement pourquoi la grande tradition de Vembryologie
descriptive du développement doit absolument être maintenue vivante
dans le cadre de la biologie évolutive moderne. Comment ferions-nous
sans elle ?
Il est donc important, pour Vavenir dela biologie évolutive et compa-
rative, de former des jeunes ldouésl dans ce domaine, avant qu’i| ne soit
trop tard. De plus, Vinformatique apporte désormais à ce domaine de
nouvelles et fantastiques possibilités. Ne serait-il pas convenable que les
Universités se préoccupent un peu davantage de la survivance de ce
magnifique domaine de la connaissance, même s’il est considéré avec
mépris comme “traditionne|" par des technocrates ignorants !
Le deuxième chapitre, consacré au développement, débute par un
article de B.l<. Hall lHa|ifaxl consacré aux mécanismes du développe-
ment qui sous-tendent |’évoIution des tissus osseux et cattilagineux. Ce
thème capital de Vévolution des Vertébrés, auquel le Professeur Hall
apporte une contribution majeure, est rendu d'un abord difficile pour les
mêmes raisons que celles déjà soulignées. En effet, il faut être expert à la
fois en biologie du développement, en cytologie, en histologie comparée,
en biomécanique, en paléontologie, en analyse phy|étique... pour pouvoir
offrir un point de vue synthétique général sur la question. lïinsistance
26

actuelle sur la spécialisation des chercheurs rend donc la confection du
cocktail intellectuel indispensable de moins en moins probable dans une
seule cervelle humaine de nos iours, et c’est pourquoi B.l<. Hall était l‘un
des rares auteurs capables de relever le défi.
La richesse de son article exclut ici le commentaire ou l’analyse
détaillée ; il traite notamment du problème des cartilages secondaires et
de |’os métaplasique chez les Reptiles. Si je suis pleinement d’accord
avec l'importance des phénomènes de déplacements temporels lhété—
rochroniesl dans l'évo|ution du squelette, je suis moins convaincu par
Vopinion de l'auteur selon laquelle les Reptiles n'ont pas de cartilages
secondaires lils semblent "déjà" présents chez certains Poissons
osseux}, et que "le périoste_des Reptiles n'a que des possibilités ostéo-
géniques limitées". ll me semble que le niveau de diversité et de différen-
ciation des tissus squelettiques est tout à fait étonnant chez les Reptiles,
et ie suis prêt à admettre que la plupart, sinon toutes les possibilités de
régulation et de modulation observées dans les tissus squelettiques des
Tétrapodes ont déjà leur origine chez leur ancêtre commun Sarcoptéry-
gien, au minimum.
On peut présenter ensemble les deux articles suivants, l’un de
K. lvluneka et S. Bryant llrvine, Ca|if.l sur la régénération et le développe-
ment des membres des Vertébrés, d'une part, et l'autre sur la formation
des "patterns" au cours du développement du membre chez les Amnio-
tes, par L.S. Honig lLos Angelesl, d'autre part. Ces deux articies traitent
d'embryoIogie expérimentale des membres de Vertébrés, le premier utili-
sant surtout des modèles tirés des Am phibiens. le second des Amniotes,
y compris les Reptiles. D'é|égantes expériences, combinées à de nouvel—
les hypothèses interprétatives, ont ensemble contribué aux multiples
progres récents de ce chapitre fascinant de Vembryologie causale. Mais
comment les cellules semblent—el|es "savoir" ce qu'e|les "ont à faire" en
temps et lieu ? Cette question cruciale en biologie du développement est
loin d'être résolue, comme le montrent ces deux articles à la fois lucides
et à la page. lls démontrent aussi à quel point le modèle "développement
et régénération des membres" est intéressant et précieux pour aborder
ce grand problème.
L'artic|e du Professeur M. Ferguson sur le développement cranio-
facial chez l'Alligator vient ensuite. Cet article épais résume près de dix
années de travail et la thèse de |’auteur. Ayant débuté ses recherches sur
le problème des malformations congénitales du palais chez les Mammifè-
res, problème dont on sait Vimportance médicale et sociale. il en est venu
à découvrir que le palais secondaire des Crocodiliens pouvait servir
d'exce|Ient modèle pour la compréhension de la morphogénese normaie
et pathologique de cette région. Ceci a entraîné, en retour, le développe-
ment d'un programme de recherche intensif sur la différenciation et la
croissance des Crocodiliens, de manière à posséder une parfaite maîtrise
du modèle utilisé.
Ces efforts ont permis de hisser les Crocodiiiens, à partir d'une con-
naissance un peu vague de leur développement, au statut d'un modèle
animal bien standardisé et utilisable pour les études modernes en biologie
du développement, ce qui est déjà en soi un beau succès. L’article du
27

Professeur Ferguson apporte de nombreuses informations nouvelles sur
ledéveloppement normal et pathologique du palais des Croccdiliens. Bien
que |’i||ustration photographique (histologie optique et microscopie élec-
tronique à balayage - |\··1.E.B.l soit abondante et de qualité, on aurait aimé
trouver quelques schémas au trait pour mieux suivre les descriptions.
Bien des aspects de ce travail, que le Professeur Ferguson a dû considé-
rer comme des à-côtés nécessaires par rapport à son objectif principal,
présentent un grand 'intérêt dans des perspectives herpétologiques.
Ainsi, par exemple, i'ai eu plaisir à apprendre que les études de squelet-
tcchronologie développées au sein de notre équipe avaient reçu une con-
firmation importante grâce à |’étude par le Professeur Ferguson d'A||iga-
tors d'âges connus. Cette technique d'évaluation de rage lui a même
permis de mettre en évidence une relation, chez la femelle alligator, entre
|'âge individuel de cel|e—ci et le pourcentage de malformations sponta-
nées par ponte.
L’a1·tic|e suivant, consacré à la formation de I'émai| dentaire chez les
Reptiles, ainsi qu'aux aspects évolutifs des protéines de Vémail et des
gènes correspondants est co-signé par six auteurs parmi lequels
H.C. Slavkin lLos Angeles} et Nl. Ferguson. C'est peut-être |'un des arti-
cles les plus stimulants du livre entier car il réunit avec bonheur les avan-
cées les plus récentes de la biologie moléculaire aux données évolutives
et naturalistes véhiculées par la tradition dela morphologie comparée. Il
semblerait que la synthèse de l'émail soit le produit final de l’activité
d'une famille unique de multigénes, formée de plusieurs genes de struc-
ture codant pour la synthèse des énamélines et des amélogénines (les
protéines de l'émai|l, famille constante dans tout le phylum des Verté-
brés et manifestant un grand conservatisme dans le maintien des
séquences. La question pour moi demeure ouverte de savoir si la prédo-
minance des amélogénines chez les Reptiles et |es· Mammifères par rap-
port aux énamélines, principalement présentes chez les Vertébrés aquati-
ques est bien une innovation du grade reptilien, comme le suggère l'arti-
cle, ou bien si elle débute au stade tétrapode lou même au stade Sarcop—
térygienl. Il est également intéressant de remarquer à quel point la ques-
tion de i'homo|ogie et de |'évo|ution des gènes de structure de |'émai| a
peu contribué, à ce qu'i| semble, a la compréhension du problème capital
lpour les mcrphologistesl de |’évo|ution de la forme des couronnes den-
taires, par exemple. II y a manifestement encore des travaux d'un intérêt
capital à faire dans ce domaine.
Le dernier article de la section consacrée au développement est une
revue assez brève du probleme de I'évo|ution des chromosomes sexuels
chez les Mammifères et les Reptiles, et plus particulièrement les Ser-
pents, par |<.W. Jones lEdimbourgl. L'essentiel de l’article est d'intro-
duire un modèle qui rendrait compte, en termes évolutifs, de la diversité
des mécanismes du déterminisme sexuel, d’un groupe systématique à
l’autre comme au sein même des groupes. J’ai Virnpression que |'analyse
bibliographique est légère, particulièrement en ce qui concerne le pro-
blème du déterminisme du sexe par les facteurs de Venvironnement chez
les Reptiles.
La section suivante, consacrée à Vécophysiologie, débute par un bel
28

article de G.J. Webb et A.Nl. Smith [Kensington et Camberra, Australiel
sur la sex ratio et la démographie du Crocodile d'eau douce australien
C. johnsroni. La structure et la dynamique des populations sont combi-
nées, chez cette espèce, de façon complexe, à de nombreux facteurs de
Venvironnement et du comportement par le fait assez rare que le sexe
femelle est déterminé à la fois par les températures d'incubation les plus
élevées et les plus basses. L’article analyse méthodiquement certaines
des conséquences de ce curieux mode de détermination épigénétique du
sexe, dans le cadre des théories actuellement en faveur en écologie évo-
lutive.
Cette étude est un modele de travail soigneux, englobant depuis la
recherche de terrain jusquîà la réflexion théorique, tous les domaines
intermédiaires de I’analyse, comme par exemple |’étude histologique des
gonades. Il n'en est pas moins évident que les "avantages", en terme de
théories évolutives sélectionnistes, du déterminisme épigénétique du
sexe, demeurent bien obscurs.
V. Lance iNouvel|e Orléans} apporte ensuite une bonne contribution
sur Vendocrinologie de la reproduction chez les mâles de Reptiles. L'arti-
cle constitue une revue a jour d’un probléme intéressant mais est plus
orienté vers l*histo-endocrinologie que vers Vécophysiologie. On aurait
souhaité en apprendre davantage sur les relations entre cycles reproduc-
tifs et divers facteurs de Venvironnement, notamment climatiques, que
les Reptiles rencontrent dans leur milieu naturel.
L’articie suivant, dû à H.R. Bustard lAlyth, Ecosse}, passe en revue
Vélevage et les comportements reproducteurs en captivité du Gavial du
Gange. Il s'agit d'un fragment d'un vaste programme des Nations Unies
et du Gouvernement Indien destiné à sauver cette espèce de Vextinction.
Ce rapport, tres vivant, rempli d'expérience pratique dans les domaines
de Vécoéthologie, mais aussi du management et de la politique de con-
servation, s’acheve sur une note d'espoir quant aux chances de survie du
Gavial. ll semble que les particularités des Crocodiliens, en fait de déter-
mination du sexe et de structures et dynamiques de populations, leur
donnent de bonnes chances de récupération quand des mesures énergi-
ques et bien adaptées de protection sont prises à temps. Mais en fait, le
danger réel que -courent de multiplesespèces de Reptiles dans le monde
entier n'est-il pas avant tout celui de la destruction de leurs biotopes ?
La thermorégulation, Vénergétique, le métabolisme et la croissance
sont des domaines d'études en interactions qui correspondent à un grand
nombre de recherches modernes sur les Reptiles qui ont un impact consi-
dérable sur la biologie évolutive des Vertébrés en général. Il n'est donc
pas surprenant que ces thèmes soient abordés par au moins cinq articles
répartis dans les chapitres sur Vécophysiologie et l'évolution.
L'article de R.A. Avery lBristo|l sur le rôle de la thermorégulation
dans la croissance des Lézards d'apres le cas de L. vivrioara est un bon
exemple de ce qui précède. Les expériences décrites montreraient que la
thermorégulation en el|e—même n’a pas d'influence sur la physiologie de
la croissance. le taux de croissance- rfaugmentant dans les cas de ther-
morégulation comportementale que dans la mesure où ce|le—ci permet
29

une augmentation de |’apport alimentaire. Ces conclusions paraissent
bien fondées mais |'article montre aussi très clairement les difficultés
qu'i| y a pour obtenir dans ce domaine des résultats expérimentaux sus-
ceptibles d'un traitement statistique fiable.
I.’artic|e de R.A. Coulson (Nouvelle Orléansl se propose de montrer
comment le taux métabolique et la glycoiyse anaérobie déterminent les
traits caractéristiques dela biologie des Reptiles. C'est un article intéres-
sant qui mérite d'ëtre étudié en détail. Il encourage peut-être aussi à la
controverse car de nombreuses définitions et interprétations physiologi-
ques utilisées ne répondraient sans doute pas à celles employées par
d'autres spécialistes. Une idée centrale, sur laquelle un consensus paraît
possible, semble être que des cellules lisoléesl ou des tranches de tissus
ont des activités métaboliques trés trompeuses. une fois hors du con—
texte réel de Vorganisme complet. L'influence déterminante dela taille et
les effets de proportionalités liés à ses variations sur la physiologie sont
également bien mis en exergue, ainsi que l’importance capitale de l'anaé-
robiose pour la physiologie des Reptiles. En revanche, certains raisonne-
ments me paraissent paradoxaux ou trompeurs lles quantifications peu-
vent être des pièges Il et l'article manque, à mon avis, d'une vision de
l'anatomie et de Vénergétique en tant que caractères en co-évolution : on
a plutôt l’impression d’une adhésion à la vision "statique" ou "fixiste"
d'une "physiologie reptilienne" homogène et fixée une fois pour toutes.
J'ai du mal à imaginer le modéle de Dinosaure de Coulson ayant besoin
d'au moins trois semaines pour restaurer son glycogéne musculaire après
glycolyse anaérobie, et fonctionnant joyeusement pendant vingt ans'à
28°C sans nourriture I Par ailleurs, je suis en plein accord avec |’idée
Selon laquelle "en Ce qui concerne Vévolution de l'homéothermie, le pre-
mier stade devrait être la différenciation de systèmes respiratoires et car-
diovasculaires bien plus efficaces que ceux des Reptiles actuels".
Encore de la thermorégulation dans |'article de J.P. Loveridge
(Harare} sur le Crocodile du Nil. Il est surprenant que cette espèce des
plus communes parmi les Crocodiles n'ait pas été soumise jusqu'à pré-
sent à des analyses écophysiologiques modernes. Ce manque de don-
nées n'est plus de mise désormais, grâce au présent travail de terrain qui
apporte des résultats détaillés et nouveaux, par exemple sur le rôle du
refroidissement par évaporation gueule ouverte. On va pouvoir désor-
mais grâce à ce travail, se livrer à des comparaisons détaillées entre des
Crocodiles plutôt tropicaux, comme nfroticus et des espèces déjà mieux
connues comme les Alligators, supportant des climats un peu plus tem-
pérés.
J'ai peu de choses à dire sur l'article de F.E. Russel [Tucson) concer-
nant les venins des Serpents. Il me semble que ce travail pourait consti-
tuer une bonne introduction générale à la question notamment pour des
médecins. L'article est trés imprégné par Vexpérience personnelle de
I'auteur et par une appréciation très humaniste des dimensions, parfois
dramatiques. du sujet, plutôt qu’il ne constitue une revue analytique et
technique approfondie. On appréciera quelques commentaires acides, au
passage, sur la "gadgetisation" de la recherche actuelle. .l'aurais toute—
fois aimé trouver davantage de discussions de fond, notamment sur le
30

sujet de savoir dans quelle mesure la composition des venins pourrait
constituer une sorte de "fll d’Ariane" biochimique de la phylogénie des
Serpents.
La dernière section du livre est consacrée à l’volution. Elle debute
par un article de G. Underwood (Londres} intitulé : les os sclérotiques des
Lézards : un exercice d’ana|yse des caracteres. Ce titre exprime admira-
blement le but du travail : on v trouve en effet une formalisation explicite
de toutes les étapes de Vanaiyse. Ce genre de travail est de·la plus grande
utilité car les procédures, qu'elles soient intellectuelles ou matérielles,
étant claires comme le cristal, deviennent de ce fait non seulement discu-
tables mais véritablement "testabies". J'ai pourtant le sentiment que ce
qui n'est pas explicité, dans ·l'article, c’est la "philosophie" concernant
les relations entre classifications et phylogénie, entre la phénistique l5}
et la cladistique l2l (méme si Vune et |’autre sont quantifiéesl, d'où,
peut-être un sentiment de "déserpoir lucide et stoique" dans la discus-
sion ! Une proposition telle que : "le petit groupe de données examiné ici
ne conforte pas Vhypothèse idéaliste selon îaquelle il existe un canevas
lau singulier] dans le nature : nous sommes confrontés à des canevas
contradictoires" me semble difficile à accepter. Bien sûr, il est évident
que les reconstitutions phylogénétiques sont difficiles et que nous
n’avons pas encore toutes les réponses, mais il existe bien un canevas
dans la nature et notre tâche est de le découvrir l Cette conviction ne
procède pas de |’idéa|isme d'Owen mais du réalisme de Darwin : s'il y a
eu evolution, celle-ci, en tant que processus historique, n‘a eu lieu
qu’une fois et il n’v a donc, en conséquence, qu‘un seul vrai canevas à
découvrir : c'est la phylogénie.
O. Fiieppel lZürich) donne un exceilent expose de la miniaturisation
du crâne des Lézards et des conséquences fonctionnelles et évolutives
de cette réduction de taille. Dans le cadre des spéculations à la mode sur
ia pédomorphose par progenèse, les "exaptatlons", etc..., |'artic|e passe
en revue la situation dans de nombreuses familles contenant des espèces
naines et propose, avec prudence, des "scénarics évolutifs" intéres-
sants. J'aurais aimé trouver davantage de discussion sur le kinétisme
crànien, notamment en ce qui concerne le problème de Vorigine des Ser-
pents lcf. J.-C. RAGE, 1984l.
David B. Norman (Oxford} inaugure la partie plutôt paléontologique
de |'ouvrage avec un exposé sur la morphologie crânienne et Vévoiution
des Dinosaures Ornithopodes. C’est avant tout le résumé d'un travail en
cours, qui offre une bonne introcluctionà |'état actuel des idees sur la
phylogenie de cet important groupe d'0rnithischiens. L'artic|e présente
l'un des rares cladogrammes de tout I'ouvrage.
L'article suivant est dû à J.W. Osborn [Edmonton} et traite de |'évo-
lution de la denture chez les Synapsides, des Reptiles aux Mammifères,
en s’intéressant particulièrement au mode d'attache dentaire. Cet article
expose un "scénario évolutif" très détaille, essayant de prendre en
compte Vensemble des changements évolutifs necessaires pour passer,
à partir dela condition reptilienne plésiomorphe lprimitivel, d'une denture
de morphologie haplodonte [simple}., à insertion acrodonte, à remplace-
ment polyphydonte i= rnultiplel, à la condition mamrnalienne
31

apomorphe (spécialisée} d’une morphologie plexodonte (complexe},
d'une insertion thécodonte et d’un remplacement diphyodonte ldeux
générations dentaires}. `
On peut mettre en question ia philosophie trop exclusivement
"sélectionniste adaptationniste" du scénario proposé, qui postule que
chaque minime étape de la transformation présente un avantage adapta-
tif par rapport à la précédente. ll me semble que les idées actuelles sur les
"exaptations", les hétérochronies, les changements corrélés déterminés
par les contraintes du développement, etc... constituent potentiellement
des hypothèses aussi intéressantes à explorer que celles, plus classi-
ques, fondées uniquement sur Vavantage sélectif.
L'ana|ogie exposée entre les dlchotomiea évolutives entre taxons de
la cladistique et les dichotomies en cascades de la différenciation et de la
spécialisation cellulaire dans l'év0ILItion ontoiphylogénétique de la lignée
Synapside ilvlammaiiennel est originale et stimulante. On a toutefois du
mal a bien suivre les détails évoqués sur lès schémas, trop petits et com-
plexes. Le travaii exigé pour mettre au point dans le détail de tels "scéna—
rios évolutifs" hypothétiques en vaut-il la peine ? Je crois que dans le cas
présent la réponse est positive parce que ce scénario pourrait étre effecti-
vement testé. On pourrait en effet conduire une analyse paléohistologi-
que détaillée des dents et tissus d‘attaches dans tout |’ensemb|e des
Synapsides, depuis les Pelycosaures du Permien inférieur iusqu’aux
Cynodontes du Trias supérieur. Mais, en pratique, un tei projet nécessite-
rait plusieurs années de travail à temps plein par un paîéohistologiste
expérimenté et à condition que le matériel soit disponible I I
L'article de NLJ. Benton (Oxford} sur les relations et le début de
i'évo|ution des Diapsides constitue certainement une revue utile et à la
page d'un thème capital de la pnylogénie des Reptiles. Son analyse cla-
distique semble confirmer I'idée classique qu'i| existe une dichotomie dès
la base des Diapsides. Selon cette analyse, les Rhynchosaures se regrou-
peraient avec les Archosauriens id’après des idées déja exposées par
R.L. Carroll}, plutot qu'avec les Lépidosauriens et les Reptiles du type
Sphenodon. Ce cladograrnme est ensuite confronté aux données de la
stratigraphie, de la paléogéographie et de la faunistique, de manière à
fournir ainsi la base d’un "scénario" à vocation à la fois descriptive et
explicative de |'évolution des Reptiles pendant les temps Fermo-
Trîasiques. Une des conclusions particulièrement originale de ce travail
let qui engendrera bien des contestations parce qu’e|le a de profondes
répercussions sur notre vision des mécanismes évolutifs} est qu’i| n'y a
pas de compétition à mettre en cause pour expliquer le remplacement
des Reptiles Mammaliens évolués lou Thérapsidesl par les Archosaures
dans la plupart des niches écologiques a partir du Trias moyen.
Ce dernier point forme le sujet de |’article suivant, dû à A. Charig
(Londres} puisqu'i| traite précisément de la compétition entre Archosau-
res et Thérapsides pendant le Trias, avec récapitulation des différentes
idées actuelles sur la question. Cet article, qui contredit largement le pré-
cédent, prend clairement en compte une compétition entre les Synapsi—
des (ou lignée Nlammalienne} et les Archosaures pendant le Trias. ll évo-
que ensuite largement des problèmes méthodologiques : qu'est-ce qu'un
32

"scénario explicatif", dans quelle mesure est-il véritablement scientifi-
que ou simplement une "belie histoire" ? Quelles sont les différentes
expiications invoquées dans les divers scénarios, sont-elles dignes de
confiance ? L’auteur, après avoir ainsi passé en revue certaines des opi-
nions diverses publiées récemment concluerait en faveur dela supériorité
des explications basées sur l'anatomie [morphologie osseuse et considé-
rations sur la locomotionl pîutot que sur celles faisant intervenir le climat
et Venvironnement ou Ia physiologie. On peut admettre volontiers que
ces dernières sont en effet bien conjecturales et qu’échafauder des hypo-
thèses au 2** ou au 3** degré sort du domaine scientifique. ll n'en demeure
pas moins vrai que les Synapsides et les Archosaures du Trias avaient
"une certaine" physiologiequi, sous "un certain climat", devait néces-
sairement interférer fonctionnellement avec leurs performances adaptati-
ves et notamment locomotrices. ll en découle que ces problèmes de
physiologie et de climat au Trias demeurent un élément essentiel du
puzzle, quelle que soit Ia compréhension que nous en ayons. C*est pour-
quoi je mettrais en doute la conclusion de |'artic|e selon laquelle les scé-
narios actueis basés seulement sur des connaissances "solides" (mor-
phologiques} sont plus utiles et préférables à d’autres plus généraux pour
"expliquer" les interactions entre Archosaures et Synapsides pendant le
Trias.
L'artic|e de Fi.E.H. Held (Belfast} sur Vhistologie osseuse des Dino-
saures et sa signification possible sur leur physiologie m'a intéressé tout
particulièrement, puisque i'ai moi-même travaillé cette question depuis
longtemps. Cet article est la revue analytique la plus moderne actuelle-
ment disponible sur la question, et |'on sait gré à i'auteur d'avoir analysé
et intégré Vabondante Iittérature non anglophone en histologie osseuse
comparée. On a ainsi affaire à un article solide, discutant en détail les
relations entre histologie osseuse, croissance et longévité, infiniment
plus sérieux que les généralisations hâtives et "définitives" pro et contra
sur la question, proposées par certains paléontologues, écophysiologis-
tes ou journalistes, notamment outre atlantique. La découverte par Reid
"d'anrleaux de croissance" chez les Dinosaures est des plus intéressan-
tes, mais en quoi son étude modifie-t-elle fondamentalement l'interpréta-
tion fonctionelle de Vhistologie osseuse des Dinosaures P C'est ce que je
souhaiterais discuter rapidement ici, tout en resituant au passage ma pro-
pre position sur la question.
Je voudrais d'alJord rappeler que les premières hypothèses suggé-
rant que les Dinosaures et les Thérapsides étaient des "animau>< à sang
chaud" sur la base de leur histologie osseuse, n'ont pas été émises par
Bakker en 1972 et par moi—même en 1974 (comme le suggère Field
pp.651—52l mais bien avant (Peabody 1961, Currey 1962, Flicqlès
1968l.
Ensuite, il conviendrait, dans les réfiexions sur la physiologie des
Dinosaures, de se débarrasser une fois pour toutes de la fallacieuse dis-
cussion épistémologique selon laquelle c'est uniquement aux défenseurs
de |'idée "hétérodoxe" de l’endothermie des Dinosaures de faire la
preuve de ce qu’i|s avancent. Comme il est clairement établi sur des
bases morphologiques solides (anatomiques et histoiogiquesl que les
33

Dinosaures étaient assez différents de tous les Reptiles actuels, les prin-
cipes d'uniiormitarisme et de parcimonie ne nous contraignant nullement
à les considérer aprforf comme physîoiogiquement comparabîes aux Flep-
tiles actuels. Aussi le "poids dela preuve a fournir" n'ast pas plus sur les
épaules des "endothermistes" que des "ectothermistes".
De nombreux commentaires critiques sur les "Dinosaures a sang
chaud" ont été émis, pendant plusieurs années, par des écophysiologis-
tes spécialistes des Reptiles actuels, qui se plaoaient sur le plan de la
thermorégulation. Ce faisant, je crois qu'ils se situaient à côté du vérita-
ble problème. Pas plus Bakker que moi-même n'avons discuté à propre-
ment parler du problème de la thermorégulation des Dinosaures, dont
personne ne sait si elle était comportementale, physiologique ou les deux
à la fois. Le problème qui nous intéressait véritablement, comme cela a
été finalement bien compris par Bennett et Ruben (1979], était celui de
l’évo|ution d'ensemb|e de Vectothermie ·vers |’endothermie,·anvlsagée
dans son contexte phylogénétique. Le problème était donc bien plus celui
de Vénergétique, du rôle de |’aérobiose et des possibilités corrélatives
d'exploitations originales de nouvelles niches écologiques terrestres ainsi
que de |'exp|oration concomitante _de nouvelles stratégies portant sur
|'àge, la croissance, la locomotion, etc..., plutôt qu'une question de ther-
morégulation proprement dite. En ce sens, je conserve le sentiment que
dans un monde terrestre encore dépourvu d'0iseaux et de vrais Mammi-
fères, il est plausible que diverses lignées "reptiliennes" aient exploré les
niches correspondant aux grands tétrapodes "dominants" et actifs, qui
exigent una plus grande dépendance vis-à-vis de |'aérobiose et du tachv-
métabolisme que ce que l'on observe chez les Reptiles actuels. Après
|'extinction fin Crétacé ldisparition des Dinosaures, etc...l et |’occupa-
tion des niches correspondantes par des endotherrnes plus évoiués
lûiseaux et Mammifères}, il est vraisemblable que les Reptiles survivants
aient "battu en retraite", se spécialisant alors dans Vexploitation de
niches plus cryptiques dépendant davantage de Vanaérobiose et des
systèmes métaboliques "à basse énergie"... Tout ceci constituerait, au
fond, un exemple de la vieille "régle du reiais des groupes dominateurs".
Dans cette perspective, ce que j’avais en tète, au début des années
70, sous le nom d'endothermie chez les Thérapsidas et les Dinosaures,
était un concept beaucoup moins rigoureusement défini que celui qui a
émergé par la suite en physiologie comparée. Il répondait pour |‘essentiel
à des niveaux d'activités métaboliques plus ou moins intermédiaires
entre celui des endo- et ecto-thermes, respectivement observés chez les
Oiseaux et Mammifères actuels, d’une part, Amphibiens et Reptiles
actuels, d’autre part. La théorie évolutive sembla exiger que de tels
niveaux intermédiaires aient existé aussi bien chez les Svnapsides que
chez les Archosauriens. Dans cette mesure, et en dépit des différences
de définitions, j’ai Vimpression que les conclusions de Reid et ies miennes
n diffèrent pas fondamentalement. Certes, Reid insiste pour qualifier
cfectothermiques les niveaux métaboliques probablement atteints par
les Dinosaures. On peut néanmoins se demander dans quelle mesure le
concept d'ectothermie peut encore s'appliquer à des Tétrapodes de
5 tonnes et plus, où la plus grande partie de la chaleur corporelle aurait
34

de toutes façons une origine endogène, même avec des taux d'activités
métaboliques peu élevés ? Pour conclure, même si le débat doit demeu-
rer ouvert, je tiens la contribution de Fl. Fleid pour l'une des plus soigneu-
ses et équilibrées qui aient été publiées récemment dans ce domaine très
"chaud".
L'article final de |'ouvrage, réservé au Professeur Bellairs, traite de
l'évolution des Squamates envisagée à l'aide de Vorgane de Jacobson et
des rapports intermandâbulaires. Ce travail décrit et co`mmente avec
maestria des structures plutôt complexes qui sont susceptibles de jouer
un rôle important dans les discussions sur la phylogenèse des Squama—
tes.
Tandis que le "nodule intermandibulaire" décrit entre les hémiman-
dibules des Serpents peut remettre en question la validité de certaines
conclusions de B.l<. Hall discutées ci—dessus, les problèmes soulevés par
l’organe de Jacobson sont ceux des relations phvlétiques entre Lézards,
Serpents et Amphisbéniens. Un organe de Jacobson complexe et une
langue bifide seraient interprétés comme une synapomorphie (4] de cet
ensemble, donc comme une plésiomorphie (6} à |’intérieur des Squama—
tes. On peut regretter que cet article [ainsi que celui de Flieppell n’eit pas
discuté des idées récentes de J.C|. Plage (1984} sur I'origine des Ser-
pents envisagée d‘apr'ès Vhomologie de l'os support du carré.
Après cet exposé analytique, quelques commentaires généraux sont
nécessaires sur |'ouvrage dans son ensemble. On pourrait d’abord trou-
ver que les Crocodiles ont la part bien belle l5 articles, et relativement
plus que cela en trmes de pages] par rapport aux Tortues ll article} et
aux Squarhates. En fait, ce sentiment n'est pas justifie car |'équilibre
entre diverses approches et problemes est très bon, le livre restant inté-
ressant pour tout herpétologue et, de facon plus générale, pour tout bio-
Iogiste. On pourrait toutefois regretter l'absence cl’articIes sur la neuro-
biologie et ie système nerveux des Reptiles.
Ensuite, on retire de ce livre une excitante impression d'enthou-
siasme vis-à-vis d'une biologie évolutive des Vertébrés vraiment bien
vivante, peut-être plus vivante que bien d'autres domaines "classiques"
de la zoologie - et cela parce que |’étude évolutive des Vertébrés consti-
tue un ensemble homogène. On apprécie particulièrement, dans cet
ouvrage, les bonnes relations qui se sont apparemment établies entre les
études conduites à des niveaux variés de Vintégration biologique. Depuis
les approches moléculaires, les genes et teurs produits, les chromoso-
mes... jusqu'à la systématique, la phylogénie et la paléontologie, en pas-
sant par la cytologie, l'histoIogie, la biologie du développement,
Vembryologie descriptive, Vanatomie fonctionnelle et comparée,
Vensemble des disciplines et domaines est réuni, coopérant avec bon-
heur à une biologie évolutive des Fleptiles à la fois de plus en plus précise
et de plus en plus générale.
Pour d'autres pays, où il semble qu*on ne puisse progresser dans
certaines approches lmoléculaires, par exempte] qu'à la condition d'avoir
institutionnellement "la peau" d'autres approches lnaturalistes, par
exemplel, cette coopération toute naturelle entre approches
"cfassiques" et "modernes" variées apparaît comme un rayon de
35

soleil... et un encouragement à persévérer l
Un léger regret cependant. Bien qu'i| s'agîsse d'un ouvrage jubilaire,
dédié à un Maître par ses élèves et amis, on peut peut-être regretter un
certain chauvinisme anglophone dans le choix des références bibliogra-
phiques. On a peine à croire qu'à peu près aucun des travaux écrits dans
les langues de pays tels que l'URSS, |'lta|ie, l’Allemagne ou l'Espagne
lqui effectue un si brillant retour depuis quelques années}. les pays
d'Amérique du Sud, etc... n'ait été jugé digne d'ètre cité ou utilisé. ll est
de fait que la langue anglaise joue désormais, qu’on le veuille ou non, un
peu le même rôle que le latin au Moyen-Age, c’est-à-dire constituer une
langue internationale dela communication scientifique : il reste à souhai-
ter qu'e||e ne soit pas pour autant le véhicule d'une sorte d'impérialisme
culturel.
Pour conclure, il faut chaudement féliciter |"'Editor", le Professeur
M. Ferguson, d'avoir mené à bien une telle entreprise. Cet importent
ouvrage est un digne hommage à la carrière du Professeur Bellairs. il
devrait être indispensable dans les bibliothèques de tous les Etablisse-
ments universitaires, Muséum, etc... s'occupant activement de biologie
évolutive des Vertébrés, où il rejoindra tout naturellement d'autres "clas—
siques" comme la série de Gens "Bio!ogy of the Reptilia" et la "Mor~
phology and Biology of R¤ptiIos" de Cox... et Bellairs.
nsréssucss
l1l Ce texte constitue la version francaise intégrale d'une analyse dont une
version résumée a été publiée dans Herpeto!ogr'cal Journal l‘|i : 41 -44,
1986.
BENNETT, A.F. et RUBEN, J.A. (1979} — Endothermy and Activity in
Vertebrates. Science. 206 : 644-654.
RAGE, J.-C1. [1984] — L'Evolution de la région temporale supérieure des
Diapsides [Reptiles} et son aboutissement chez les Serpents. CZH. Acad.
Sci. 2.99 ser.l| ; 127 2 831-834.
A. de nicouës
Laboratoire d'anatomie comparée
Université de Paris VII
2 place Jussieu, 75251 PARIS Cedex 05
l1l cryptocladisme : textuellement "claciisme caché".
(2) cladistique : se dit d’une classification qui doit par principe ne comprendre que des taxa
monophylétlques ou clades.
I3} cladogramnie : schéma dichotomique exprimant une hypothèse sur les parentés phyIogé—
nétiques entre les taxa d'un groupe.
[4} synapomorphie : présence chez plusieurs espèces ou groupes d'especes du même état
apornorphe [ou dérivé} d'un caractère.
(5} phénistique = phénetique : se dit d'une classification basée sur Vestimation du degré de
similitude entre les organismes, par l*examen de tous les caracteres disponibles du phé-
notype et en leur attribuant une valeur égale.
IB} plésiornorphie : état initial d'un caractère.
36

Hans-Günter PETZDLD (1982] — Aufgaben und Probleme bei dor
Erforschung der Lehensëussarungen dar Nîedaran Arnniotan
iR0ptiIian}.. BINA, Verlag für Biologie und Natur, Berlin-ouest. 314 p.
Le "rôle et les problèmes de la recherche en biologie des amniotes
inférieurs lFleptiîesl" avait paru dans Ia revue lvlilu (1982, 5 i4-5} 485-
786l mais très vite épuisé, cet important travail a été réédité par les édi-
tions BINA.
L'aut¤ur
Hans-Günter PETZOLD (1931 -1 982l était directeur-adioint au Zoo
(Tierparkl de Berlin, R.D.A. li avait commencé sa carrière scientifique
dans une station de biologie marine en travaillant sur la faune des rivages
puis passa au Zoo de Berlin (1955l où sa "dissertation" [équivalent à
une thèse de 3= Cycle} porta sur 1'étho|ogie des cygnes mais dès |'ouver-
ture du Serpentarium, il s'occupa des Reptiles.
Comme dans sa recherche, il chercha à introduire la rigueur scientifi-
que en terrariophilie et devint |'alJteur de plus de 180 publications en her-
pétologie dont les ouvrages "Anacondas", "Blindschleiche und Schelto-
pusik" [Orvet, Scheltopusik et autres Anguidés} et "Guppy", dans la
série Neue Brehm-Bücherei (A. Ziemsen Verlag,
Wittenber§;—Lutherstadt}. L'herpétologie de terrain ne fut pas négligée,
PETZDLD ayant effectué plusieurs voyages d’étude en Asie du sud est et
à Cuba dont il rapporte des observations,. et des animaux.
De longue date nous correspondions et j'avais eu la chance de ren-
contrer PETZDLD aux réunions dela DG HT auxquelles il venait assister et
présenter des communications sur des animaux rarement soignés à
Vouest ; il était un homme cuitivé, d'une extrême gentillesse. Il est mort
d'une crise cardiaque, quelques jours après le dépôt du présent manus-
crit qui constituait son "Habilitatîon" lui donnant accès à un poste de
professeur d’université.
Uouvraga
Ce volume compte 314 pages, imprimées en petits caractères (ce
qui rallonge considérablement le texte}. ll contient une revue de nos con-
naissances en terrariologie, aussi bien |’oeuvre de |’auteur qu'une revue
de la littérature spécialisée, montrant I'app0rt des observations en terra-
rium à la biologie des Reptiles ; il constitue une mine inépuisable de don-
nées de toutes sortes.
Le sommaire donne une idée du domaine couvert. Après une intro-
duction consacrée au rôle des élevages l7 pages), tenus aussi bien par
les amateurs que par les parcs zoologiques, il donne un historique du
maintien en captivité des Amphibiens et des Reptiles et des premières
acquisitions scientifiques dont il fut à |’origine (10 pages}. 200 pages
sont consacrées aux "observations et à Vexpérimentation sur les
37

animaux en terrarium comme partie intégrante de la recherche scientifi-
que herpétologique" dans trois domaines, la reproduction [145 pages),
Vontogenèse post-embryonnaire lcroissance, ornementation et colora-
tion, régénération, mue, longévité ; 20 pages), |'a|imentation (35
pages]. Enfin, trois chapitres sont consacrés non seulement à |'étho|og1,
à la protection, etc... mais permettent surtout à |'auteur de soulever
d’innomhrab|es questions et problèmes et d'inciter le lecteur à observer
les animaux et à faire bénéficier la science de ses observations.
L'ouvrage comporte une bibliographie de 40 pages comprenant plus de
1000 références l
Il n'est pas possible d’analyser en détail cet ouvrage car il faudrait
reproduire l'ensemble des titres et sous-titres et analyser leur contenu.
Le contenu des différents chapitres n'est pas seulement une compilation
des données lpar exemple la durée d'incubation des différentes espèces
de Pythons en fonction de la tempèraturel mais pose également, et sur-
tout, des problèmes lpar exemple : lors de la copulation, y a-t-il simple-
ment insémination ou fécondation ? les spermatozoïdes sont maintenus
en vie, chez quelles espèces, quelles familles ? leur survie pourrait-elle
influencer ou même être responsable d'hybridations ?l.
Pour nous, herpétologistes francais, la découve¢tede"?'n¤.11i:ati1m
vraie" par certains Pythoninae est relatée en détail let avec humour} et
montre, s'i| en est besoin, avec quel soin et quels détails l'auteur a
abordé tous les aspects de Vherpétologie (ici de la reproduction}. Lorsque
LA|VlAFlFiE·P|COUOT (1832] prétendit, devant |'Académie des Scien-
ces, que la femelle de Python m. bivittatus ne s'enroule pas seulement
autour des oeufs mais produit une 'chaleur sensible' et que VALENCIEN-
NES [18-41l présenta devant la même Académie le résultat de ses obser-
vations, soit une différence de 10° mesurée sur une ponte de la même
sous-espèce obtenue au Jardin des Plantes, DUIVIERIL [1842) qui jouis-
sait alors cl'une notoriété mondiale opposa une dénégation sarcastique
mais formelle en concluant à une élévation de la température à la suite
d'une fermentation d'oeufs pourris. Et lorsque LAMAHRE-PTCOUOT
(1842} précisa sa thèse et signala que seules certaines espèces de Boi-
dés pratiquaient |'incubation vraie avec production de chaleur, DUIVIERIL
lui opposa catégoriquement la notion de "sang froid" (pages 605-606}.
Ce livre peut être commandé par |'intermédiaire d'une librairie ou, à
défaut, chez |'éditeur : BINA cfo Buchhandlung K. ZIEGAN,
Potsdamerstrasse 180-182, 1000 BERLIN 30, Allemagne de I'Ouest.
Je ne voudrais pas "vaguement" conseiller ce livre car c'est un livre qui
deviendra, j'en suis convaincu, un classique de la littérature
herpétologique. ll doit être lu obligatoirement, puis relu et ses
enseignements médités, par tous les terrariophiles et les scientifiques et
également par les services officiels de |'Environnement et de la
Protection. Nous devons la lecture de ce livre, devenu malheureusement
son testament, a la mémoire de H.-G. PETZOLEJ.
G. MATZ
38

Mex MEIER (19861 - Batraciens et Reptiles de chez nous. Gre-
nouilles et Crapauds, Tritons et Salemandres, Lézards et Serpents.
Photos Max Meier. Texte Nlax Meier et Robert Schnieper. Dessins Harald
Cigler. Version française Jacques Dumeril. Editions Mondo. Lausanne.
1986, 152 p.
Voici un très beau livre illustré de cent trente et une magnifiques
photographies en couleur avec un texte agréable et accessible à tous les
publics. De la bonne vulgarisation scientifique et le témoignage d'un her-
pétologiste amateur. Ou'on ne s’y trompe pas, amateur ne veut pas dire
di|ettante... Au fil de la lecture, le portrait de |'auteur se dessine : un
amoureux de la Nature, un passionné des Reptiles et des Batraciens, un
naturaliste patient et obstiné qui fixe sur sa pellicule ie spectacle dont il a
été le témoin privilégié.
Batraciens et Reptiles de chez nous : ce sont les 14 Anoures, les
6 Urodèles, la Tortue d’eau douce, les 6 Lézards et les 8 Serpents qui
peuplent la Suisse. Toutes ces espèces, exceptée Narrfx tessefiata,
vivent en France. Le lecteur pourra donc voir ce livre comme un beau
tableau de 35 des 67 espèces de Vherpétofaune française, à vrai dire
presque toutes celles vivant au nord de la Loire.
Le premier chapitre retrace à grands traits |'histoire de Vévolution
des Batraciens et Reptiles : le passage de la vie aquatique à la vie terres-
tre, |'ère des grands Reptiles et la mystérieuse extinction des Dinosaures.
Les chapitres suivants décrivent les espèces actuelles, le récit n'est pas
abstrait, c'est du vécu : |'auteur relate ses propres rencontres avec les
Reptiles et Batraciens de son pays.
Quelques petites remarques. On dit Gobiidés et non Gobidés. La
classification des Anoures en deux sous-ordres, Drjolasiocoeia et Pro-
ceoeia, fondée sur la forme des vertèbres, est abandonnée depuis un cer-
tain temps. Affirmer que chez beaucoup d’espèces d’Anoures les femel-
les chantent quoique dans des tonalités plus faibles n'est pas exact, on
connaît très peu de chants émis par des femelles, excepté les cris de
détresse. li vaut mieux dire 341 espèces d'Urodè|es que de Salamandres
et Rainettes au lieu de Grenouilles lp.56l¤ : Salamandre comme Gre-
nouille ont un sens précis en francais. Le vrai nom de Rene rfgrfna est
Fiana rigerine. Enfin, le venin de la Salamandre est la Samandarine et non
la Salamandarine, chez Salamandre s. salamandre il n’ya pas de Saman-
darine et |'a|calaïde principal est la samandarone.
A part ces petites inexactitudes, le texte est juste, ni trop long ni
trop court, vivant, pédagogique, plaisant (félicitations au traducteur,
Jacques Duméril, un descendant de notre grand Dumérili. La viviparité de
la Salamandre noire est par exemple très bien expliquée. Le format
(21,5 x 24,5} et la qualité du papier permettent de mettre en valeur les
photographies, certaines sont des documents remarquables.
39

Nous recommandons chaleureusement le lecture de ce livre, c'est
notemment un beau cadeau à faire à des amis, jeunes ou moins jeunes,
souhaitant connaître les Reptiles et Batraciens de chez nous.
Jean LESCURE
Laboratoire de Zoologie lRepti|es et Amphibiens}
Muséum national d'Histoire naturelle
25, rue Cuvier
75005 PARIS [FRANCE]
40

BULLETIN DE LA
SOCIETE HERPETOLOGIOUE
DE FRANCE
3ème tnlmrestre 7.986 - n ° 39
Bulletin de liaison
NOTES
• Notions de pathologie infectieuse des Reptiles
B. FERTARD .................................. 42
• Elevage et reproduction de |'Axo|ot|, Ambystonœa tigrinum
M. DUMONT ................................. 53
BIBLIOGRAPHIE .................................. 56
RAPPORT DES COMMISSIONS
• Rapport düaotivités de la commission d’ethno—herpéto|ogie et
d'histoire de l'Herpéto|ogie en 1985-1986
L. BODSON .................................. 57
• Bilan de la commission de protection
IVI. DUMONT ................................. 58
• Comptewendu du "Club junior SHF"
F. CLARO et D. RI|\l|BLOT—BAl.Y ...........,......... 61
RAPPORT NIORAI. DE LA SHF pour 1985
C.P. GUILLAUME .............................. 64
RAPPORT FINANCIER pour 1985
J.P. BELLOY ........... . ...................... 67
CO|'\lIPTE—RENDU DE UASSEMBLÉE GÉNÉRALE D'ANGERS
l28 juin 1 986}
J.|\··1. FRANCAZ ................................ 69
LISTE DES NOUVEAUX MEMBRES .................... 74
INFORMATIONS
• Extrait du journal officiel du 25 juin 1986 .............. 75
• Herpétologie et philathélie ......................... 77
• Enseignement sur les animaux venimeux ............... 77
• Réunion mensuelle de la BI-IS ....................... 78
• IV~·= Congrès européen d'Herpto|ogie lS.E.H.)
17-20 août 1987 .............................. 79
• Prochain colloque d'!-lerpétologie : LYON [2 au Bjuillet 19871 . 79
41

Bull. Soc. Hsrp. Fr., lt BES} 39 :42-52
Notions générales de pathologie infectieuse
des Reptiles
par
Brieuc FERTAHD
Résumé — L'auteur présente brièvement les agents et modalités de |'infection chez les Repti—
les, Un tableau complète la systématique des principaux germes bacteriens rencontrés chez
les Reptiles. Il expose également certaines difficultés du traitement de leurs maladies et sou-
haite démontrer ainsi la nécessité d'appliquer quelques mesures simples de prophylaxie sani-
taire dans les élevages.
Mots-clés : Fleptiles, pathologie infectieuse, agents infectieux, prophylaxie,
Summary — The author briefly shows the factor and modalities of reptiles infections desca-
ses la more precise list of the main bacterial gehus isolated in reptiles is given}. He also expo-
ses some difficulties of their illness treatment and thus wishes to demonstrate the necessitv
to use some simple arrangements of sanitarv prophvlaxis in reptile collections. `
Key words : reptiles, infectious pathology, infectious factors, prophyiaxis.
I. INTRODUCTION
Tout terrariophiie est confronte un jour a la maladie, de la plus béni-
gne à la plus grave, et surtout à la plus contagieuse. Perdre un individu
est toujours dramatique, mais constater le développement d'une épide-
mîe est encore plus décourageant et catastrophique. Cet article
s’adresse aux amateurs qui souhaitent gérer leur élevage de facon pius
rationnelle mais n'ont pas de connaissances médicales précises suffisan-
tes. Comprendre pourquoi il n'est pas toujours facile de soigner les Repti-
les, apprendre à ne pas faire n’importe quoi quand le problème se pose,
avoir une idée de la façon dont naissent et progressent les maladies sont
déja des premiers pas importants car ils évitent bien des erreurs. En
dehors des problèmes posés par les animaux euwmêmes, il y a ceux
posés par le développement des germes infectieux chez l'hornme. Une
zoonose est une maladie infectieuse que |’homme contracte directement
ou indirectement à partir d"un animal. ll n'est pas possible de parler de
pathologie des Reptiles sans mentionner les dangers que leur contact
peut représenter pour nous. Passons sous silence plusieurs maladies
rares, principalement parasitaires lPorocéphaIose,...}. Il suffit de savoir
qu'e|les existent et qu'il faut manipuler les Serpents avec beaucoup
d'hygiene. Par contre, on ne parlera jamais assez des salmonelles
42

lCi·ll0Dll\li, 1983 ;NlARCUS, 1980). Il s'agit de bactéries qui font partie
de la flore digestive normale de nombreux Reptiles. Elles peuvent étre
émises en grandes quantités dans leurs selles. Leur présence chez
Vhomme est anormale et certaines d'entre elles entraînent des maladies
graves, principaiement chez les enfants [gastro~entérites, voire méningi-
tes et septicémies}. 17% des cas de salmonelloses à Porto-Rico et 14%
aux USA sont dus à un contact avec des Tortues. Cela représente, pour
les USA, 280.000 cas en deux ans [1970 et 71}. On considère actuelle-
ment que B3 à 93% des Reptiles portent des salmonelles.
Les précautions à prendre sont évidentes, mais trop souvent
oubliées : respecter une stricte hygiène lors de la manipulation des ani-
maux (lavage des mains, ne pas porter les doigts à la bouchel, ne pas
laisser les enfants manipuler les Reptiles avant qu'ils soient capables de
respecter les mêmes règles d'hygiène simples. Ne pas laisser les Reptiles
et surtout les Tortues se promener dans la maison.
II. MIEUX CONNAITRE SES ENNEMIS
C'est dans le domaine des maladies infectieuses que l'élevage tout
entier court le plus de risques. Nous allons passer très brièvement en
revue les principales caractéristiques des divers agents :
A. Les parasites externes
r
On rencontre principalement :
- des myiases : envahissement des tissus sous-cutanés par des lar-
ves carnivores de mouches à Voccasion de blessures chez les Serpents et
les Tortues.
— des acarfoses : les tiques sont aussi dangereuses par le préleve-
ment de sang qu'el|es effectuent que par les germes qu'elles transmet-
tent (parasites sanguins, bactéries].
— des mycoses : développement de champignons microscopiques
sur la peau let parfois à l’intérieur de Vorganismei.
B. Les parasites internes
— Les vers : leur lieu de prédilection est le tube digestif, mais la plu-
part des larves et certains adultes peuvent se développer, selon les espe-
ces, dans la quasi totaiite des tissus et organes (poumon, sang, coeur,
muscles, cerveau...l. Les dégâts qu'ils causent sont très variables puis-
que celà va d’espèces parfaitement tolérées comme certaines douves à
d'autres très dangereuses comme certaines cestodoses larvaires [larves
de téniàs} ou justement, d'autres espèces de douves. 0n rencontre trois
groupes principaux :
— les THEMATODES ("douves"l : petits vers plats non seg-
mentés munis de deux ventouses.
43

— les CESTODES l"ténias"l : vers plats segmentés.
— les NEMA THELMINTHES i"vers ronde"} : à section circu-
laire.
Chacun de ces trois groupes est sensible à un type différent de ver-
mifuge.
— Les protozooses .· les protozoaires sont des micro—organismes
unicellulaites sans paroi rigide [parasites ne comportant qu'une seule cel-
lule complexe}. Les plus connus chez les Reptiles sont les amibes et les
coccidies. Leur pouvoir pathogène est parfois redoutable lpar exemple
les amibes qui peuvent déclencher une épidémie meurtrière dans une
colonie}. Les excréments des malades sont directement contaminants,
comme pour la coccidiose intestinale len général moins gravel.
C. Les bactéries
Il s’agit d'organismes unicellulaires possédant une paroi rigide et
dotés d'un pouvoir multiplicateur intense. Ouelques unes sont des hôtes
normaux de Vorganisme mais peuvent devenir pathogènes à Voccasîon.
Les anti—micro_biens sont les médicaments de choix pour les éliminer
(antibiotiques, sulfamides}. Le choix est souvent difficile car les bactéries
développent de plus en plus de résistances vis à vis de ces substances.
Les bactéries agissent de deux façons : par infection lmultiplication dans
les tissus] et par intoxication [libération de substances toxiques : les toxi-
nesl. Les bactéries les plus pathogènes et les plus fréquentes chez les
Reptiles sont dites "négatives à la coloration de Gram" et appartiennent
à trois familles : Enterobacterfaceae, Vibrionaceaa (A eromonas} et Pseu-
domonadaceae (cf. tableau ll.
D. Les virus
Niicroorganismes extrêmement petits, ils sont des parasites absolus
des cellules vivantes. Leur organisation est simplifiée à l'extréme : un
message génétique contenant leur "p|an", protégé par une enveloppe.
Ils détournent à leur profit le métabolisme de la cellule de leur hôte pour
se multiplier. ll n’existe actuellement pas de médicament efficace contre
eux. Une maladie virale est donc éliminée par les défenses immunitaires
de Vorganisme attaqué, qu’il convient d’aider au mieux en les stimulant
et en évitant les surinfections par des bactéries.
III. STRATÉGIES DES MALADIES INFECTIEUSES
Un individu est inséparable à la fois de son environnement externe et
interne. Tout déséquilibre de l'un ou de l'autre peut amener au dévelop-
pement d'une maladie. Concernant les agents responsables d’infections,
on peut distinguer deux cas :
44

Genres très Genres fréquents Genres rares à
FAMILLE Gram fréquents à peu fréquents très rares
NEISSERIMJEAE G- - UICINETOBACTER _
MIEHDCUCCÀEERE G + 4'Staph yfooocous + Mfcroooccus let
Sarcfnal
STHEPTUCUCCAEEAE G + +Streproooccus
lEnterocoquesl
ENTEHUBACTEHIAEEAE G- +Sa!amonef!a +Shigeg'la + Yersioia
let Arizona} -Hafnia
+ Edwardsfelfa " SERRA TIA
' CITROBA CTE!-7
+ Escherfchfe
'KLEBSJELLA
+ Enterobac ter
'PROTEUS let
PROVIDEH/(SIA)
VIBHIUNACEAE G- UÃEROMONAS + Beoeckea + Haemophifus
lat prnchesl + Flavobaciffos + Pasteurefla
-1- Actfnobaoiïius
PSEUUGMUNADACEAE G- NPSEUDOMONAS +Afoa!rgenes -Brucel'l'e
lst proches] —Achromobacter
EACTEHUIDMZEAE G-   + Fusobacterfum
LACTDBACILLACEA G + + Corynebacterfum + Erysrjoeforhrfx
lat proches}
BACILLACEAE G+ - + Cfostridfum -Baci?!us
AETINUMYGETABEAE [6+}   +Actfnomyces
MYCUBACTEHIACEAE lG +I * M YCOBACTE-
RIUM
DERMATUPHILACEAE [G +}   + Dermatophifus
  *¤E~~ET~cE~E     C
BAHTUNELLACEAE (G-}   —BartoneHa
Estimation du pouvoir pathogène potentiel chez les Reptiles = — : pouvoir pathogène vrai-
semblablement nul ; + 2 pouvoir pathogène potentiel limité à important ; * : pouvoir patho-
gène potentîel très élevé.
Tableau I : Fréquence et pouvoir pathogène des principaux genres bactériens iso-
lés à partir des lésions des Reptiles.
D‘après Ross [1984}, Frye [1981}, Brogard (1980}, Marcus (1980},
Cornet (1979}, et donnés personnelles.
La classification suivie est celle adoptée par Pilet et ai. (1979}.
45

A. Les éléments toujours pathogènes = microorganismes pathogè-
nes stricts
Leur pénétration dans Vorganisme d’un Reptile en nombre suffi-
sent détermine inévitablement l'apparition de la maladie. L’origine de
l'infection est donc fortuite et résulte d'une rencontre entre |'individu et
l'agent responsable. C'est dans ce cas que Von trouve les phénomènes
de contagion les plus importants car tout animal infecté devient la plupart
du temps rapidement dangereux pour les autres. Peu de cas de ce type,
en dehors du domaine parasitaire pur, sont connus actuellement chez les
Reptiles. Mais on commence à en découvrir parmi les maladies virales.
B. Les éléments pathogènes potentiels = micro-organismes opportu-
nistes
L'état de bonne santé d'un individu repose sur un équilibre écologi-
que délicat. Le milieu extérieur comme le milieu interne des êtres vivants
let particulièrement les organes ouverts sur l'extérieur : la peau, le tube
digestif, les voies respiratoires...i sont peuplés de micro-organismes que
leurs défenses combattent en permanence. Certains sont même utilisés
de façon normale par |’individu lpar exemple pour la digestion}, Clui main-
tient leur population à un niveau raisonnable. Si |'équi|ibre écologique est
modifié létat de stress, abaissement rapide de la température, déficien-
ces nutritionnelles.,} un micro-organisme toléré jusque la peut devenir
envahissant et "enfoncer" les défenses de |'individu. La maladie se
déclare et parfois même un Reptile malade contribuera a infecter les indi-
vidus sains voisins par le nombre extraordinaire des germes qu'i| va pro-
duire et rejeter dans le milieu extérieur. La plupart des maladies infectieu-
ses connues chez les Reptiles se situent dans ce deuxième groupe. Celà
explique pourquoi les différents stress que peut vivre un Reptile déclen-
chent souvent Vapparition dela maladie, car ils entraînent inévitablement
un abaissement des défenses de I'organisme (stress de la capture, du
transport, d’un changement de terrarium ou d’un milieu inadapté}.
W. OI] EN EST LA MÉDECINE DES REPTILES ?
Les Reptiles forment une classe disparate divisée en de nombreuses
familles, genres et espèces. Pour se situer au plus haut niveau de ses pr-
formances une médecine doit être spécifique lüoncerner une seule
espèce}. Les médecines les mieux connues actuellement sont, bien sûr,
celles de |’homme, puis celles des animaux domestiques. Chez les Repti-
les, qui ont peu d'intérêt économique, on se situe encore au niveau de la
pathologie "des Serpents" ou "des Tortues", ce qui regroupe à chaque
fois un nombre considérable d'espèces très diverses. Replacé à |'échelle
de la connaissance actuelle de la pathologie de Mammifères, il parait
invraisemblable de soigner par exemple un Python vert comme un Eloa
constrictor. C’est pourtant ce que |’on est obligé de faire, faute de con-
naissance suffisante des pathologies spécifiques de ces animaux relati-
vement voisins. Pour montrer Vimportanoe de Ce peu de précision, je cite-
rai deux exemples :
46

A. Au niveau du diagnostic
Beaucoup de maladies infectieuses des Mammifères sont particuliè-
res à une espèce précise ou à un groupe d’espèces peu nombreuses.
D’autres maladies, au contraire, touchent de très nombreuses familles,
voire comme pour la rage, la totalité des Mammifères. Il est fort probable
que Vétude _de la pathologie des Reptiles révèlera des situations identi-
ques. Les conséquences sont importantes pour la sûreté du diagnostic et
la prévention de la contagion éventuelle dans un élevage'.
B. Au niveau du traitement
L'ampicil|ine iTotapen ND}, antibiotique très bien toléré parla plupart
des Mammifères et des Reptiles, est rapidement mortel chez les Ron-
geurs. L'aspirine, très connu, est très dangereux chez le Chat mais pas
chez le Chien, espèces pourtant proches. ll s’agit de particularités spéci-
fiques importantes à connaitre. Citons un exemple chez les Reptiles. La
demi-vie d’un médicament est le temps nécessaire à Véiimination de la
moitié de la quantité de celui-ci introduite dans Vorganisme. Pour la gen-
talline, antibiotique très utilisé, on obtient les résultats suivants lBUSH et
al., 1980} :
2 heures chez l’Homme adulte
32 heures chez les Tortues Pseudemys à 26°C
32 heures chez les Serpents du genre Piruophis à 24°C.
Les différences sont importantes et imposent le respect de posologies
adaptées :
3 mg par kg et par 24 heures chez I'Homme
10 mg par kg par 48 h chez la Tortue
2,5 mg par kg par 72 h chez les Serpents.
Le respect de ces doses est important pour obtenir un résultat optimal
[bonne efficacité, toxicité minimale} surtout avec un médicament comme
celui—ci dont la toxicité pour le rein est très élevée.
V. QUELQUES PROBLEMES TECHNIQUES MÉDICAUX
POSÉS PAB LES HEPTlLES
Dans |'exemple précédent, i'ai cité des températures de référence
(24 et 26°Cl. Les Reptiles sont des animaux improprement dits "à sang
froid" et leur incapacité à maintenir comme les Mammifères leur tempé-
rature interne à un niveau élevé et constant conditionne toute leur
physiologie, y compris leurs réactions 'îace aux maladies et leur utilisation
des médicaments. Si la demi-vie de la gentalline est de 32 heures à
26°C, elle sera plus longue à 22°C. II faut tenir compte de ce phéno-
mène Iors d'un traitement. Ainsi, un même médicament, à une même
posologie, pourra ètre efficace et peu dangereux à une température don-
née et dangereux à une température plus basse (car il va s'accumuler} ou
inefficace à une température plus élevée lcar éliminé trop vite].
On ne dispose pas actuellemetn du tableau complet des maladies
pouvant survenir chez telle ou telle espèce, même courante en terrarium.
Il n'est pas possible non plus de se référer, pour l'emploi des
47

médicaments, à un "dossier d'autorisation de mise sur le marché"
comme il en existe pour les Mammifères. Ce document, qui résulte d'une
expérimentation sévère, précise la Dossibilité d'utilisation pour chaque
espèce, les posologies à respecter, ainsi que ies principales indications et
contre-indications. Pour les Reptiles, rien de tel. On en est réduit à extro-
poler, parfois à tort, les résultats obtenus chez les Mammifères ou à utili-
ser des données bibliographiques qui ne résultent que rarement d'une
expérimentation véritable. Il serait bon, à ce propos, que les amateurs qui
publient des résultats de traitement pensent à fournir les données mini-
males qui permettront de rendre leur travail utile :
— description précise de la maladie et de son évolution.
— noms du médicament, du laboratoire, du ou des principes actifs.
- dose, fréquence et voie d'administration des médicaments.
— température fournie aux animaux.
Sans celà il n'est pas possible de reproduire les résultats obtenus, ce qui
leur ôte beaucoup de valeur.
VI. LES MOYENS DE LUTTE CONTRE L'APPA|'IITION
ET LE DÉVELOPPEMENT DES MALADIES
Envisageons les principales mesures à prendre dans un élevage ama-
teur ; simples et logiques elles découlent directement des données discu-
tées dans les paragraphes précédents. Elles obéissent à trois principes :
— Limiter la population des agents infectieux.
— Lutter contre Vaffaiblissement des animaux lstressl.
— Eviter les phénomènes de contagion.
A. Le matériel
Il convient de nettoyer et de désinfecter régulièrement tout le maté-
riel. Les meilleurs désinfectants sont Veau de Javel et le formol dilués.
ainsi que les détergents spécialisés à base d'ammoniums quaternaires
lex. : Septisec ND). Ils serviront à nettoyer les terrariums, les bassins, le
gros décor ibranches...l. Le petit matériel métallique [pinces, sondes de
sexagel pourra être stérilisé par la chaleur dans un four de cuisine
l190° C, 90 mm}. Le substrat doit être débarrassé des excréments et
des restes de nourriture et changé complétement à intervalles réguliers.
Du papier absorbant renouvelé tous les jours est souvent pratique pour
les jeunes animaux élevés en petits terrariums. L’eau doit être toujours
propre.
Mais, avant toute chose, le matériel doit être bien conçu. On placera
les terrariums dans un endroit calme et on fournira aux animaux des abris
en nombre suffisant. Il faut essayer d’éviter |’emploi de grands terrariums
multicloisonnés, préférer les modules indépendants et proscrire leur
empilement vertical. Les arêtes et les portes doivent être étanches à la
poussiere comme à l'humiditè et aux courants d'air. Le systeme de
chauffage doit être non dangereux lbrûluresi. Il doit ménager un gradient
48

thermique suffisant et correspondant aux besoins de |'espèce. On
n’emploiera donc pas les chauffages soufflants dans les petites unités
(uniformisation de la température] et surtout. erreur d'hygiène grave, les
souffleries communes à plusieurs terrariums ltransmission des germes}.
On préférera les cables chauffants ou les ampoules à incandescence.
L’humîdité doit être soigneusement contrôlée : trop élevée elle favorise
les affections cutanées, trop faible lpour l'espèce} elle augmente la pro-
babilité d'apparition des infections respiratoires.
Le matériel de manutention lpinces, épuisettes...l doit être propre à
chaque terrarium oulet désinfecté après chaque utilisation.
On ne négligera jamais le nettoyage des mains avant et apres chaque
manipulation (tant pour soi-même que pour les animaux l}. Savon et
brossage des ongles réguliers sont suffisants et préférabïes à tout autre
désinfectant (utiliser de préférence un savon liquide réservé à cet usage}.
B. La nourriture
La nourriture des herbivores doit être soigneusement lavée et
séchée. Pour les carnivores, il faut utiliser des proies saines dont la sou-
che provient d'un élevage sérieux. Trop d'éleveurs se sont repentis
d’avoir donné des proies sauvages ou de provenance douteuse. Les éle-
vages annexes seront tenus avec autant de soins et cl propreté que ceux
des Reptiles eux-mêmes. On veillera à leur fournir soit une nourriture spé-
cialisée, soit une nourriture parfaitement équilibrée.
Une proie avant séjourné dans un terrarium ne devrait, en bonne
théorie, ni passer dans un autre terrarium, ni retourner dans |'élevage de
Flongeurs. D’autre part, on voit encore malheureusement certains éle-
veurs mal renseignés laisser une proie dans un terrarium avec une provi-
sion de nourriture. Cette pratique dangereuse et inutile doit bien sûr être
proscrite.
C. Las animaux
Certaines règles, pourtant simples, sont trop souvent oubliées : se
renseigner sur les besoins précis de |’espèce pour limiter le stress de la
captivité, ne jamais mélanger plusieurs espèces dans un même terrarium
(cette pratique est un non-sens écologique}. Mais la règle impérative la
plus souvent transgressée est |'absence de quarantaine. La quarantaine
n'est pas une mesure superflue. C'est le seul moyen de détecter une
maladie infectieuse et grave en phase d'incubation capable de détruire un
élevage. Elle doit être parfaite (terrarium spécial, si possible situé dans
une piece différente}, constante (quelle que soit la provenance des- ani-
maux et même s’i| s'agit d'un élevage irréprochable}. longue (3 semaines
à un mois minimum, prolongeables au moindre doutel. Malgré quelques
discussions à ce sujet, il parait souhaitable d'effectuer une vermifugation
à large spectre systématique des nouveaux arrivants, si leur état le per-
met Nitaminthe ND, 1 graduation pour 2 kg, 2 fois à 15 jours
49

d'intervallei. On y adjoindre un déparasitage externe si nécessaire ll\lgu-
von ND, Dimpygal ND).
D. Les médicaments
Un médicament est une toxique potentiel. On ne doit ni hésiter a
recourir a son emploi lorsque c'est nécessaire, ni en abuser. Les princi-
paux excès rencontrés sont les suivants :
- ljantibiothérapie systématique "de prévention". A proscrire formelle-
ment.
- Certaines vitamines, en particulier les liposolubles lA et Di surdosa-
bles, peuvent être dangereuses. La vitaminothérapie doit être raisonable
et rfutiliser que les mélanges polyvitaminés. moins dangereux que les
dosages spécialisés (réservés aux carences avérées}.
— L'emp|oi des radiations U.V. doit lui aussi être raisonnable. En dehors
des brûlures dues à des puissances et des temps d’exposition excessifs,
rien ne prouve qu'il n'existe pas d’effets plus pernicieux linduction de
tumeurs cutanées, par exemple}.
— Les verrnifugations et bains acaricides répétés sont inutiles en
|'absence de parasitisme démontré.
VII. ET Sl LE PROBLÈME SURVIENT ?
ll faut considérer toute maladie comme potentieilement contagieuse,
sauf preuve absolue du contraire laccidenti. L'lso|ement du malade, s’il
ne résoud pas tout (beaucoup de maladies ont un temps d’incubation
assez long et des “non ma|ades" peuvent être déjà contaminés}, est
absolument nécessaire. ll serait bon que tout élevage important posséde,
en plus du bac de quarantaine déjà cité, un terrarium "infirmerie" séparé
des autres.
Avant de poser un diagnostic, on doit observer les animaux et établir
une liste des symptômes [totalité des comportements et lésions que
l’anima| ne présente pas normalement}. Il faut également noter l’évolu-
tion dans le temps et dans le groupe des symptômes, ainsi que leur ordre
d'apparition. Parvenir à un diagnostic précis à partir de ces données
nécessite Souvent une formation médicale plus une connaissance com-
plémentaire des maladies des Reptiles. Cependant, un amateur averti
finit par connaitre les maladies les plus courantes et les plus caractéristi-
ques. l| faut cependant se méfier des à priori. Prenons un exemple : les
éleveurs qualifient souvent de "pneumonie" Vobservation chez un Ser-
pent d'un écoulement nasal ou buccal accompagné d'une respiration sif-
flante. Or de tels symptômes ne traduisent le plus souvent qu’une
atteinte des voies respiratoires supérieures et non du poumon. Dans la
pneumonie vraie, en effet, les symptômes sont à la fois plus frustres lpeu
d'écou|ements, rares bruits respiratoires sauf en cas de bronchcpneumo—
niel et plus dramatiques ldétresse respiratoire prononcée}. Dans ce cas.
la distinction est importante : la pneumonie nécessite l’emploi
50

d'antibîotiques bien choisis alors que la simple "rhinite" répond beau-
coup mieux à la désinfection locale (séances d'inhalations répétées, ex. :
Calvptol inhalant ND, Pérubore ND}.
Dans les cas les plus complexes, il faudra avoir recours à |'aide d'un
vétérinaire qui, parfois surpris et souvent intéressé par une pathologie
inhabituelle. _pourra vous aider à effectuer des prélèvements corrects
pour le laboratoire et vous guider dans ie choix et la posologie des médi-
caments. Les examens complémentaires sont souvent utiles. Un simple
microscope (des grossissements de 40,125 et 500 sont suffisants} per-
met déjà le diagnostic de nombreuses parasitoses et de certaines proto-
zooses lamibiasesl et mycoses. Pour les recherches de bactéries, il fau-
dra demander au laboratoire_·d'effectuer deux cultures séparées, |’une à
température normale (37°C environ} et Feutre à 21 °C lce qui est inhabi-
tuel}. Un antibiogramme guidera ensuite utilement le choix de |'antibioti—
que en fonction de I'organe à atteindre et de la sensibilité des souches
isolées. Si le recours au laboratoire est en général, assez coûteux et
n’apporte pas toulours la solution miracle, il est cependant trés recom-
mandé pour les infections respiratoires et digestives graves, les évolu-
tions de type septicémique et d'une façon générale les maladies d'a|lure
épidémique.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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PILET, C. et al. (1983} — Bactériologie médicale et vétérinaire. Doin, Paris,
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51

ROSS. F|.A. (1984) — The Bacteriel Diseases of Reptiles. Insitute for Herpeto-
Iogical Research. Stanford. California, 114 p.
B. FERTARD
Villa Esterel, 34 Bld de |’Estere|
06150 CANNES-LA-BOCCA IFRANCEI
Notes:
— Spetisec ND : lab. Distrlvet, 163 ev. Gambetta, 75020 PARIS
- Vltamirlthe ND : lab. Heading, 17 rue des marroniers, 94240 L'HAY-LES-ROSES
— Dirnpygal ND : lab. Arkovst, B rue Lionel Terray, 92500 RUE|L—MALMAîSON
— Néguvon ND : lab. Bayer, 49-51 0.uai de Dion Bouton, 92815 PUTEAUX CEDEX
- Pèrubore ND : lab. Nlayoly-Splndler. 16 av. des Chateaupiecls, 92 692 RUEIL-
MALMAISON
— Calyptnl inhaiant ND : lab. Ballon. B.P. 105. 92201 NEUILLY-sur—SEINE CEDEX
52

Bull. Soc. Herp. Fr., Ii 986} 39 : 53-55
Elevage et Reproduction de I'AxoIotI
(Ambystoma tigrinum}
par
Michel DUMONT
Résumé — Cet article expose brièvement une méthode d'é|evage d‘Ambystoma tfgrfnum.
dans les laboratoires : installation, nourriture, ponte, élevage et croissance des larves. La
métamorphose n'a pas été obtenue,
Mots-clés : Ambysroma, élevage, reproduction.
Summary — This article exposes in a snortlv a method for raising Ambvstoma rryrinum in
Iaboratorv : installation, food, breeding, laving and development of Iarvas. The métamorpho-
sis wasn't obtained.
Kay words : Ambystoma, animal breecling, reproduction .
L’é|évage a été entrepris à partir d'une centaine d'oeufs pondus le
17 novembre 1982 et qui m'ont été remis le 24 novembre.
Les oeufs étant placés dans un aquarium de 25 litres, situé à proxi-
mité d'une fenêtre et à une température de 20°C, les premières éclo-
sions se produïsirent le 30 du même mois.
Le lot de larves comportait des individus des deux types : bruns et
albinos. Les albinos n'ont jamais dépassé la taille de 2 centimètres et
n’ont pas acquis leurs pattes postérieures. Ils furent éliminés le
28 décembre. A cette époque, les bruns mesuraient déjà 8 cm pour les
mieux développés, mais les écarts de croissance étaient tout à fait éton-
nants (rapport de 1 à 5}.
Les larves ont été laissées dans Vaquarium cité précédemment, rem-
pli d‘eau du robinet, vieillie, changée par moitié chaque jour. Lin diffuseur
assurait une bonne oxygénation. L'aménagement fut complété par une
mince couche de sable au fond, plus quelques brins de Myrfophyiium et
de Fontfnallrîs gracffifs [souvent appelée mousse de Java} pour servir de
support. Les animaux ont été alimentés deux fois par jour de larves
dbëlrtemfa safina, d'enchytrées et de tétramin broyés au moulin à café.
Le 30 décembre, 3 Axolotls de 6 cm furent placés provisoirement
avec 6 jeunes Pleurodèles dans un aquarium de 30 litres d‘eau renouve-
lée par moitie chaque jour. Les Axolotls grossirent beaucoup malgré le
faible volume de Vaquarium.
A partir du début janvier, neuf d'entre eux furent placés dans un
53

aquarium de 120 litres où ils ont pu poursuivre leur croissance dans de
bonnes conditions. Le 22 janvier, à 80 jours environ, leurs tailles et poids
s'échelonnaient comme suit :
3 grands 110-120 mm 25 g.
3 moyens 80-100 mm 10 g., 15g., 20 g.
3 petis 65-70 mm 3 g.
En novembre de la même année, ils mesuraient en moyenne 20 cm
pour un poids de B0 à B5 g.
La première ponte eut lieu du 15 au 18 novembre, la nuit et tôt le
matin. Elle se composa de 2 000 oeufs environ lpour 6 femelles} collés
en chapelet sur tous les supports : pierres, filtre, tuyau de plastique".
Une seconde période de ponte se produisit vers le 10 janvier.
L'aquarium de reproduction était muni d'un filtre et d'un bon aéra-
teur fonctionnant en permanence. ll était garni de deux pots de
Myrfophyllum et des lentilles d’eau tamisaient la lumière à la surface.
L'eau était remplacée par moitié, deux fois par semaine, par une eau du
robinet vieillie et coupée d'eau de pluie.
Afin d’assurer aux animaux des abris dans lesquels ils pourraient se
retirer selon leur convenance, j’avais installé au fond, des tuyaux en PVC
de 7 cm de diamètre et 20 cm de long coupés dans le sens de la lon-
gueur. J’avais disposé plus de refuges que d’anirriaux, et, par dessus,
placé une ardoise. Ces caches ont été immédiatement adoptées par les
Axolotls. La nourriture était composée de viande de boeuf, poisson léper-
lansl, lombrics, crevettes et souriceaux nouveau-nés, distribués à
volonté 3 fois par semaine. La salade cuite, bien acceptée, est sans
doute très bénéfique.
Sur un total de 17 animaux, aucun ne s’est métamorphose à cette
époque, malgré un nourrissagepériodique de thyroïde de veau, puis
Vadjonction de thyroxine dans l'eau.
Curieusement, durant |'été 1984, 4 animaux sur 4 confiés à l'aqua—
rium de Trouville se sont transformés en Ambystomes sans que |'on
puisse définir avec précision le ou les facteurs ayant déclenché ce chan-
gement d'état. Un autre animal provenant d'un laboratoire a lui aussi
perdu ses branchies vers la même époque. De ces 5 animaux, aucun n’a
survécu, ils ont tous cessé de se nourrir et, parvenus à un certain stade
de maigreur, j'ai dû les euthanasier.
L'Axolotl est un animal robuste, facile à élever et à faire reproduire.
Une bonne nourriture et de |'eau saine bien oxygénée et déchlorée assu-
rent pratiquement la réussite. Toutefois, même peu exigeant, il serait
souhaitable d'améliorer ses conditions d’existence dans les laboratoires
qui l’utilisent et de lui faire changer son statut de "matériel" par celui de
"modèle biologique", le terme matériel étant tout à fait impropre s'agis—
sant d'un animal vivant.
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RÉFÉRENCE RIBLIOGRAPHIQUE
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Services Techniques
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Effûîâdlüllg der Lebensâuüerungen dcr Nicderem Amnioten
[Reptilicn)
Von HM15-Güwrzn PETzo|.D, Bcrlin
I n 11 a I t
1. Einiühumg. - Dcr Funktionswnndcl dcr Znologischcn ûiirtcn ln dcn \·crschic·1Ici1r:n
Gcscllschaftscrdnungcn - vicr Hnuplaulgnbcn modcmcr Ticrgààrtncrcl lm scala-
]i$l(§Cl1C¤ staat ,,....,...,...,,......................,......... , ,,....,...... 486
2. Kurzcr hlstnrlschcr Abril} dcr Haltung von Amphibicn und. Rcptlllcn und dcr damit
vctbundcncn crstcn wisscnschalïllchcn Erkcnnlnissc ................,,,......... 49]
3. Bcobaclltungcn an und Expctimcntc mit Tcrmricntlcrcn als iillcgricrcnde Kompa-
ncntc hetpetologîschcr Forschung - Ergcbnissc und Problcmc dzlrgcstcllt rm Hand
ausgewâhltcr Funktiunskrcisc ............,..........................,....,... SIJ3
3,1, Funktînnskrcls dcr Fortpflanzung ...............................,........ 504
:1.1.1, Scxuatdimnrphismus .............,.......,........,................ 506
:,1.2. Mnturitâtsaltcr ..,.....,......,.....................,.............. SIS
3.1.3. Gcschlcchtcrcrkcnnung l,S•:x rr:tog11lti¤n'} ....,...,................. SI?
.3.1.-L Balzvcrhnltcn und Kopulatinn .....,.................,...,...,.,.... 522
3.1.5. Tragzcit und Amphigonia rctardatn .,......,...................,,.... 552
3.1.6. Gcburz bzw, Eiablagc ..........,...., . ,,....,............,........ 565
3.I,7, Fottpfl.1nzungspcriodlzitât .,.......,...,..,....... , ..,.............. 573
3.1.8. Brutpllngc ........,,...,.....................................,..., 58}
3.1.9. Ei- und Gclcgcdatcn ...................,....,...................... 6I1
3,1.10.1¤kub.ari¤nsz.¢ir .................................................... Bl 9
1.1.11.ûcnctisl:hc Ffûgüh ...............,..............................., 629
:.2. Funktinnskreis dcr postcmbryonalcn Omogcnin .......,..............,..... 648
3.2.1. Wachstum und Entwicklung ..,,..,,......,............,....,,,..... 648
3.2.2. Fârburlg untl Zeichnung ......,..,....,...,...........,...,.,....... SS?
3,2.3. Regcncration ,,..,,......,..............,.....................,..... E15?
3,2,4, Hâl,||1.ll’|E (ECdys(5} .......,.,...... · ·..... . ,....,.................,.. 66U
3.2.5. .Longl':vitï n:Cords' - zur Fragc dcr Lcbn‘nscrw:lrt¤mg ven làmphibicn
und; Rcptillcn .......,..,,.............,.......................,.,. . 6ül
3.3. Funktionskrcis dcr Ernâhrung .....,..,,............. . ..................... (16S
1.3.1. Nahrungssuchc und qzufnahmc ....................................·. 668
3.3.2,VCI'dê\1\ing, Exkrction, Dcfâkntinn ..,...,,.......................... 639
:.3.3. Gcwûllbildung und Gasrrolithcn, Kcratophaglc, Kzmnîbalismus ........ 695
·l, Kurzc Anrcgungcn :u tcrraristlschcn Beubachtungnn des Rcptllicnvnrhaltcns aus
andcrcn Fimktionskrclscn ..,.....,........,..,....,. À .................,....,, TD2
5. Zur Rclcvzmz tcrrnristischcr Fvststcllungcn Iür hcrpcwloglschc Fragun und zur Bc-
tinflussung dcr Lcbcnââuüfrungcn düffh Tcrmrlcnhaltung ...................... TOS
S. ArtenscI1uIz—Progrnmme im Zontcrrarium und lhru Purspcktivcn tliskuticrt rm nus·
gcwâhlterl Rcptilicngruppun .,.....,.................. . ·..··...., . ,....,..,... T20
7. Schluflhcmnrkungcn .............................,.........,,...,.,,...,,,.,., î¢l.|
8 Sthriftlum _...____.__,__.......................................,,,..,,,,,,,, 745
Voir analyse p. 37 de ce bulletin.
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