Bulletin de la Société Herpétologique de France 19' trimestre 1992 n° 61 sue ll? É I " . - 2° ^""“"’ ‘ cc ( ——~ ( F E; __ `:`h> ’ë§-rÉîfh.§;;.‘,*2·;' _ gun " ., " î * -~ " 9 eege fm ` ; '/ É ~ xv _ · -—~.;et«¥_ . È‘,*;. à 9 ` "'9 9 ·· 9 9 ’ 9999 é.ee9 il i i ` * ··7‘··• _ -··· ' il FT`- U1~l1vaRà1·1·É sa Pàmâ-SUD (Gitan?) 19-zz Jem 1991 ISSN 0754-9962 Bull. Soc. Herp. Fr., (1992) 61
l l I I I | Bulletin de la Societe Herpetolcgique de France Directeur de Publication il Editor: Roland VERNET Comité de Rédaction l Managing Co·Edltors: Michel LEMIRE, Jean LESCU E, laude FIEAU, Jean·C|aude RAGE, Jeff TIMMEL (Index) Secrétariat de Rédaction I Secretarles : Sophie BERLAND (Index), Nathalie COLLE (Bultetin de liaison}, Valérie RAAD et Yannick VASSE (Bulletin} Comité de lecture I Advisory Editorial Board: Robert BARBAULT (Paris, France); Aaaron M. BAUER (Villanova, Pennsylvania); Liliane BODSON I3Liè e, Belgique); Donald BRADSHAW (Perth, Australie); Maria Helena CAETA O ?Lisbonne, Portugal}; Max GOYFFON (Grenoble, France}; Robert GUYETANT (Chambery, France); U rich JOGER (Darmstadt, Allemagne}; Michael R.K. LAMBERT (Chatham, An eterrel Benedetto LANZA (Florence, ItaIie);Rayrnond LECLAIR îTrois—Rivières, Canada); Gug NAULLEAU (Chizé, France); Saïd NOUIRA (Tunis, Tunisie}; V. PEREZ-M LLADO (Salamanque, Espagne); Armand DE RICOLES (Paris, France}; Zbynek ROCEK (Prague, Tchécoslovaquie: Hubert SAlNT—GlRONS ( aris, France). Instructions aux auteurs l Instructions to authors Des instructions détaillées ont été publiées dans le numéro 33. Les auteurs peuvent s’y reporter. S'i|s ne les possèdent pas, ils peuvent en obtenir une copie auprès du responsable du comité de rédaction. Les points principaux peuvent être rèsumes ainsi: Les manuscrits, dactylographiés en double intertigne, au recto seulement sont envoyés en double exemplaire. La disposition du texte doit respecter les instructions. L’adresse de |'auteur se place en derniére page. Les figures sont réalisées sur papier calqtle ou bristol. Les photographies (noir et blanc) ne sont publiées qu'exceptionneI ement. es légendes des igures sont dactïlographiées sur feuilles séparées. Les références bibliographiques sont regroupées en in d‘artic|e. Exemple de présentation et référence bibliographique: BONS, J., CHEYLAN, M, et GUILLAUME, C.P. (1984) · Les Reptiles méditerranéens. Bull. Soc. herp. Fr., 29: 7-17. Tirés à part Les tirés à part (payants) ne sont lournis qu`à la demande des auteurs (lors du renvoi de leurs épreuves corrigées) et seront facturés par le service d'imprimerie. Tous renseignements auprès du Trésorier. La rédaction n'est pas responsable des textes et illustrations publiées qui engagent la seule responsabilité des auteurs. Les indications de tous ordres, données dans les pages rédactionnelles, sont sans but publicitaire et sans engagement. La reproduction de quelque manière que ce soit même partielle, des textes, dessins et photographies publiées dans le Bulletin de la Société Herpétologique de France est Interdite sans ’accord écrit du directeur de la publication. La .H.F. se réserve la reproduction et la traduction ainsi que tous les droits y afférent, pour le monde entier. Saut accord préalable, les documents ne sont pas retournés. ENVOI DES MANUSCRITS ai M. Roland VE_RNE`l` _ Laboratoire d'Ecologie, Ecole Normale Supérieure 46 rue d'U|m - 75230 PARIS CEDEX 05 Fax : (1) 44 32 38 B5 Tél : (1) 44 32 37 04 Couverture : Rémi BOURLES Directeur de la publication : Roland VERNET N° commission paritaire 59374
Bulletin dela Société Herpétclcgique de France 19' trimestre 1992 n° 61 SOMMAIRE RENCONTRES HERPETOLOGIQUES D'ORSAY (19-22 Juin 1991) ' La métamorphose des Amphibiens : orientations actuelles Jacques HOURDRY ,.................,................................. 1 " La néotènie dans le genre Triturus : mythes et réalités Michel BHELJIL .............._........................................... 11 * Signification du collier chez les Amphibiens gymnophiones Jean LESCURE et Sabine RENOUS ..... . .......................... 45 " La nutrition embryonnaire et les relations foeto-maternelles chez Typhicrnectes corrpressfcaudus, Amphibien Gymnophione vivipare Jean-Marie EXBRAYAT et Souad HRAOUI-BLOOUET ........... 53 CONTENTS ANNUAL MEETING OF THE FRENCH HERPETOLOGICAL SOCIETY (ORSAY, 19-22 Juin 1991) " Amphibian metamorphosis : new trends Jacques HOURDRY .....,........................... . .................. 1 * Neoteny in the newt genus Trirorus .· myths and realities Michel BREUIL ..............,........................................... 11 * Signification of the collar in the Gymnophonia amphibians Jean LESCLJRE and Sabine RENOUS .............................. 45 ' Embryonic Ieeding and ioeto-maternal relations in Typhtonectes cormressicaudus, a viviparous Gymnophiona Amphibian Jean-Marie EXBRAYAT and Souad HRAOULBLOQUET .......... 53
Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) 61 : T-10 I LA IVIETAMORPHOSE DES AIVIPHIBIENS · par Jacques HOURDRY Résutrné - Lors de la metamorphose des Amphibiens, le changement du plan d'organisation est sous-tendu par diverses réponses cellulaires: l'altération, la proiifêration, la différenciation, la migration et Vadhesion. Ce changement du plan d'organisation est declînché palrrîeâ hormones thyroidiennes. Il entraîne en genéral un passage du milieu aqua ique a ' a itat terrestre. Les réponses cellulaires reflètent |’apparition de nouvelles expressions geniques que l'on apprécie par les messagers transcrits et les proteines codees. A |'heure actuelle, les variations de ces expressions et leur contrôle peuvent être analysés de maniere plus precïjse. gtâee aux pregrès dela biologie moléculaire et à Vutilisalion de nouveaux «outits» son es, an tccrps..,. illots-clés : Amphibiens. Métamorphose. Réponses cellulaires. Expressions geniques. Surnmarf - Throughout amphibien metamorphosis, the body ot the tadpole is completely remoclel ed. This change implies a series of cell responses, including death, proliferation, dtfferentiation, migration and adhesion. Such responses are triggered by thyroid hormones. They are generally associated with the shift frorn aquatic to terrestrial life. The cell responses emphaslze the appearance ol new gene products, as messengers or translated proteins. At the present time. the gene expressions, as also their regulation, are anaàysed more caretully, because moteoular biology has made great strides and permitted bull mg of new «top|_s», as probes or antibodies. Key-words : Amphtbtans. lvletarnorphosts. Cell responses. Gene expressions. I- INTRODUCTION La métamorphose, qui termine la péripcie Iarva_ire, est un phénomène au çours duquel la morphologie et l’anatomte de l'antmal sont modiliées, suite a des remaniements ttssutatres associés à des changements d’ordre moléculaire et metaboltque. Il en résulte une transformation de la larve en teventle semblable a l’adulte. Les evenements de la metamorphose se realtsent selon une sequence ordonnée. Spectaculaires et souvent brutaux chez les Anoures, ces evenements sont plus discrets chez les Urodétes et les Appcies. La metamorphose est méme absente chez quelques Amphtbtens, comme le Protee des maires souterraines de Yougoslavie ou le Necture des Grands-lacs nord-americains. _ Le changement de plan d‘organisation accompagnant la métamorphose prepare tres generalement l’animal à quitter le milieu aquatique pour devenir terrestre. Les animaux n1etamorph0SéS restent néantTt0inS tributaires de l'eau. La plupart des adultes y reviennent périodiquement pour_s’acceupler et pondre. Au terme d’upe phase juvénile terrestre, certains Trttons retournent a |’eau de maniere definitive (Notqohtalmus vrrrdescens, ...). Pour leur part, le Xénope (Xenopuslœvis) et le Pleurodèle Manuscrit accepté le 7 février 1992 1
ou Triton de Waltl (Pieurodelés walt!) peuvent demeurer perpétuellement aquatiques, bien qu‘i|s possèdent un plan d’organisation cl’animal terrestre depuis la métamorphose. Le profond remodelage phénotypique que constitue la métamorphose est placé sous un controle hormonal complexe (Hourdry et Beaumont, 1985). Le phénomène est tout particulièrement déclenché par une élévation de la concentration des hormones thyro'idiennés circulantes, imputable à un accroissement d'activité de la thyroïde. La thyroïdectomie ou l‘administration d’antithyro`idiens (thiourée,...) supprime la métamorphose des larves, qui continuent toutefois de s'accroître. Inversement, I‘addition de broyats de thyroïde a l’eau d’élevage ou le traitement des larves par les hormones thyroïdiennes anticipe le phénomène, tant chez les Anoures que chez les Urodèles. Le traitement in vitro d‘explants tissulaires par ces hormones a souvent confirmé les résultats obtenus in vivo. Ajoutons que le déclenchement de la métamorphose des Amphibiens par les hormones thyro`idiennes constitue l’effet endocrinién le plus anciennement connu chez les Vértébrés inférieurs. Chez les larves d’Amphibiens, les tissus répondent aux hormones thyro`idiennes dé manière différée et spécifique en accomplissant un destin prèétabli. Les différents types de réponse tissulaire à ces hormones sont préparés par une succession de réactions métaboliques, déclenchées parla pénétration des hormones dans les cellules puis leur positionnement sur des récepteurs nucléaires, et aboutissant à de nouvelles expressions géniques. Il en résulte l‘élaboration d’un cortège différent de protéines spécialisées, selon un calendrier précis. II. PRINCIPAUX TYPES DE REPONSE CELLULAIRE INTERVENANT LORS DE LA METAMORPHOSE Les nombreux événements de la métamorphose recouvrent en fait cinq types principaux de réponse cellulaire: l’altération, la prolifération, la différenciation, la migration et I'adhésion (Hourdry et Beaumont, 1985). A. Ualtèration La métamorphose est caractérisée par la dégénérescence de plusieurs tissus et organes, spécialement chez les tétards d’Anoures. La queue régressé complètement chez ces larves; les différents tissus subissent une lyse avec participation ou non d'hydrolases lysosomales, et le matériel nécrosé est séquestre par des phagocytes. Le rein et les branchies du tétard disparaissent également. Le manchon glandulaire situé dans la région gastrique régressé. L’épithélium intestinal prèexistant s’autodigére à l’intérieur de grands lysosomes apparus dans ses celtules (vacuoles autolytiques, corps résiduels) (fig. 1). Le pancréas diminue de volume, consecutivement à la nécrose de nombreuses cellules de sa partie éxocrine. La zoné apicalé des segments externes des bâtonnets rétiniens est éliminée, et ses débris sont phagocytès par les cellules de Vépithélium pigméntaire voisin. 2
B. La prolifération Chez les animaux en métamorphose, la prolifération qui affecte certains tissus et organes peut être mise en évidence par radioautographie, après infection d’un radio-précurseur de l'ADN (thymidine tritiée,...). Une telle prolifération prépare l’allongement des membres, Vépaississement de Vépiderme ou du cerveiet, ou la croissance des ébauches glandulaires cutanées. Un nouvel épithélium digestif se met en place par multiplication rapide de cellules embryonnaires situées sous Pépithélium préexistant en dégénérescence (fig. 1). Cet épithélium secondaire s'évagine en glandes ou se plisse en villosités, selon qu’iI appartient à la région gastrique ou à I’intestin. Simultanément, les fibres musculaires deviennent plus nombreuses, spécialement dans la paroi gastrique. C. La différenciation Généralement étudiée chez les Anoures, la différenciation cellulaire est de nature multiple et reflète une maturation fonctionnelle des cellules et des tissus qui en résultent. La différenciation peut être observée en microscopie photonique ou électronique, aprés application des techniques de |‘histologie descriptive. Citons |'extension de l'arborisation dendritique des cellules de Purkinje du cervelet, la formation des glandes acineuses cutanées et des glandes gastriques ou Forganisation de |’ergastoplasme dans les hépatocytes. La différenciation peut être soulignée aussi parla détection de teile ou telle espece moléculaire en plus grande quantité. Les activités des hydrolases lysosomales s'é|èvent dans les fibroblastes caudaux, tandis que ces cellules se transforment en phagocytes. Lors de ia réorientation métabolique des hépatocytes, les activités des enzymes du cycle de l’uréogenése s’accroissent, ce qui accentue la production d’urée par le foie. Au même moment, l'organe sécréte davantage de sérumalbumine dont le taux va s’élever dans le plasma... La phase de différenciation est généralement contemporaine d’une faible activité mitotique, mais elle peut succéder à une période de prolifération cellulaire. Ainsi, les acini séreux et muqueux de la peau se différencient lorsque les ébauches glandulaires ont atteint une taille suffisante, et la rhodopsine qui se substitue à la porpbyropsine est mise en évidence dans des cellules visuelles devenues plus nombreuses. Pour d’autres types cellulaires, dont les hépatocytes, une stimulation de l’activité mitotique en prémices à la maturation fonctionnelle n’est toutefois pas systématiquement signalée. Ajoutons que l’élaboration de nouvelles especes moléculaires peut accompagner l'apparition d’une autre catégorie de cellules. Ainsi, des hémoglobines caractéristiques de |’adu|te remplacent-elles celles de la larve, dont elles différent par leur structure et teurs propriétés, tandis qu'une population distincte de globules rouges s'installe. De prime abord, différenciation et altération s'opposent si i‘on examine leurs consequences. En fait, il n‘y a pas de différence fondamentale. L‘a|tération peut étre considérée comme une différenciation morbide, au 3
cours de laquelle les activités cfhydrolases lysosomales (cas de Vépithélium intestinal de la larve, de plusieurs tissus caudaux,...} ou non (cas des muscles caudaux,...) diffusent dans les cellules en induisant des foyers de nécrose. D. La migration Des mouvements cellulaires succédant à une phase de prolifération sont observés chez les tétards d'An0ures (Xenopus laevis, Hana cai‘esbefana,...) en métamorphose. Les cellules rétiniennes du bord ciliaire ventral se déplacent en direction dorsale. Les cellules de la base du cervelet envahissent I'organe où elles vont constituer les couches granulaires externe puis interne. Des neurones encore immatures du toit optique migrent au méme moment. E. L'adhésion L’agencement des cellules en nouveaux tissus et organes, chez l’anima| en métamorphose, est réalisé de manière spécifique. Les cellules réagissent entre elles afin d‘lnterdire toute organisation anarchique, gràce à la présence de molécules d'adhésion a la surface de leur membrane plasmique. F. Coexistence des réponses d'histolyse et cfhistogenèse dans le même organe Les réponses d'histolyse et d’histogenése coexistent parfois dans un même organe en cours de remodelage. Ainsi, dans |'intestin, un épithélium de néoformation se substitue a Vépithélium initial qui disparait, tandis que l’organe se raccourcit et perd son aspect spiralé. Au niveau de la poche stomacale en formation, I'apparition d’un tapis glandulaire épais et d’une musculeuse plus riche en libres est contemporaine de Vélirnination partielle de Vépithélium préexistant. Dans le pancréas, une régénération active succédé à l’importante nécrose. Ill. CONSEQUENCES PHYSIOLOGIQUES ET IMMUNOLOGIQUES Les diverses réponses cellulaires retentissent sur la physiologie des larves métamorphosées. La réorganisation synaptique dont le systéme nerveux central en maturation est le siégé, précédé Vélaboration de nouveaux réflexes (réflexe cornéen,...). Elle favorise également la vision binoculaire, les yeux se rapprochant du plan de symétrie de l’animal. i.’équilibre hydrominéral est modifié. Au niveau de la peau, par exemple, un transport actif d'ions sodium vers le milieu intérieur s'installe au travers de l’épiderme qui s'épaissit. Le fonctionnement de cette upompe à sodiumv est associé a Vapparition d’une différence de potentiel entre les deux faces du tissu. 4
""“ ‘·' t - L·tl' jg ï- ··î·ï·:`-—·-.·-" *¤· J· —·'.*i`·’=if· · .—. - *·'ê ’— "··;ë:î`!'@&—•î;·T.·. . . sti? ‘·'·' ‘ t·.·î§;;=;.g;2:;'£_2§·; . _ 't’ ÃJ'? ·`-‘· îff > .·€':_I·-'-;—ë: ..=- . _è · .g,$·. ,t-‘,z—/ .l-_ —_·_. · .’.,·x¤·__ ,_·»‘li·¤·,;¢.--,«..:·,<.· ._;·e.· ·:·=:'-=gg·' >=- gg . l _··l _- ·_-.- · _i "°"i‘i"*`· · i ` ` `‘î mê- " "‘-vu `E _? 9% Ir" - I ; "·"' " dw ,. '. ` .- ·. e ï w - `.- jl · · à . -"É , .·9··&• .91 •§ ·¤_. ··=' ~ =3 - — ‘`· tg, "· · . " > fi ··‘; ‘ ;.·tf;.‘ `i·e:=? ‘¥·'§, ——. li.§.‘ ,_ "-.@ .’ -·.. , à à; '.s} `· » ·`_` q îff , ë··.i§e à ` l·.._ · ' l·<s—;Q- .—.=. ,· " ‘K§e— ' - —— · ` ` %£ " -ire-i l? ·l 9 'Y —·;·= *3 . tg . — _‘ - ·_ xi fàg__€gj;;.·jf; · ._f· g I '~> ·: mwen: "î t ·O rtlrllla t l —. 1. - .. ty ‘ »· «* rr. tm É) .. . it- = .~ ,« ..'° · ss et 0 ··· - "· `- ré .« ee*ee@®@ `· I} "1 TI È, I. Q I-I _! t ln`-, k ;·.· -- ¤ _i @t>» se “" ii É · P " . · `_...— _ ~····· ~ — -··= .— _ il;§'g·t¢; , . 'I I ' _ I"-.,•";‘·' ·?¢&InT····"-î' .I m -- --" _ _ ·.| _'_‘__.'\ ·- • ·•_'.•·«•-.‘- #-4 .,_-'-··'lu Figure 1: lntestin de tétard de Discoglossus pictos, A—D: micrographies photoniques. A: prernétamorphose. B: début de la métamorphose. Des Iysosomes (flèches) apparaissent dans _l'épithê|ium initial, sous lequel des cellules embryonnaires se muitlpllent (asterisques). C: milieu de la métamorphose. L'épithé|lum initial en dégénérescence est évacué dans la lumiere intestinale tlléche), cependant que les cellules des îlots sous- épithéliaux prolilérent (astérisque). D: lin de la métamorphose. Epithélium néolormé villeux (astérisque), E et F: micrographies électroniques. E: début de la métamorphose. Vacuole autophaglque de Vépithéllum initial. F: début de la métamorphose. Corps résiduel présent dans ce même épithélium et provenant de Vévolution d'une vacuole autophapique. ch: chorion; ep: épithéllum initial; lu: lumière intestinale; m: mitochondrie; ms: muscu euse; reg: réticulum éndoplasmique granulaire; se: séreuse; tm: tourbillon membranaire. (J. Hourdry et A. Beaumont, 1985). 5
De nouvelles reponses immunitaires sont observées après la métamorphose, en relation avec |'apparition de nouveaux antigènes d’histocompatibi|ité et d'une population de lymphocytes T et B néoformés, à propriétés immunes différentes. Ces réponses deviennent également plus intenses, ce qui confirme le rejet plus rapide d‘un allogreffon. Simultanément, le taux des immunoglobulines s’é|éve dans le plasma, et tout particulièrement celui des immunoglobulines G. IV. QUELQUES RECHERCHES ACTUELLES SUR LA METAMORPHOSE DES AMPHIBIENS A. Approche méthodologique Les diverses réponses cellulaires répertoriées au cours de la métamorphose sont reliées à l’expression de gènes. Beaucoup de travaux actuels sur le développement des Amphibiens portent sur les profils des expressions géniques, lors des stades successifs et en différents endroits de Vorganisme. Les progrès considérables réalisés par la génétique moléculaire nous ont permis d'afiiner nos connaissances sur les produits d'expression des gènes, qu’il s‘agisse cles messagers transcrits ou des protéines codées. A partir de génes clonés, des séquences nucléotidiques radioactives, capables de s'associer à des messagers et de les mettre en évidence (radiosoncles moléculaires), ont été construites. Sur coupes, les messagers sont visualisés par hybridation in situ, apres application d'une radiosonde, puis réalisation d‘un protocole raclioautographique. Par la technique des «Nortnern b|ots», les messagers sont séparés par electrophorése, transférés sur un filtre, hybridés avec une radiosonde et mis en évidence par radioautographie. Les proteines codées sont immunoprécipitées au moyen d'anticorps monoclonaux spécifiques. Le marquage des protéines par un radioprécurseur, ou de l'anticorps par une substance chromogéne ou fluorescente en lumiere ultravioletté, permet la visualisation du précipité. Ce dernier forme des bandes sur un électrophorégramme (technique du «Western- b|ot») ou signale l‘emplacement des protéines sur coupes (immunocytocftimie, immunofluorescence). L'Amphibien le plus fréquemment utilisé dans les laboratoires est le Xénope. Cette espece n‘est peut-être pas le meilleur représentant de la classe des Amphibiens, par son mode de vie strictement aquatique et par sa physiologie tres marginale qui rappelle parfois celte des Poissons. Néanmoins, sa reproduction aisée, son élevage facile et, surtout, l’existence de nombreux gènes clonés chez cette espèce, compatibles avec la construction de sondes homologues beaucoup plus sûres, en font un animal de prédilection. L’utilisation conjointe de ces techniques d’ordre moléculaire a permis de souligner Pintervention d‘un cortège sans cesse accru de gènes, au cours du développement, et de démontrer que leur expression est à l'origine des réponses cellulaires précédemment évoquées. 6
Néanmoins, si la larve en métamorphose peut constituer un matériel de choix pour la recherche d’expressions géniques au moyen d’outils moléculaires, beaucoup de travaux de cet ordre se situent encore chez I'embryon, dont la relative simplicité favorise l’ana|yse. B. Contrôle de la prolifération et de la différenciation cellulaires par les proto-oncogénes Chez de nombreuses espèces, il est maintenant démontré que l‘activité des gènes de structure est contrôlée par des gènes de régulation, qui interviennent tout au long du développement. Parmi ces gènes de régulation, les proto-oncogénes (ou oncogénes cellulaires ou c—oncogénes} président au développement normal de l’organisme, en maintenant un équilibre entre les phases de prolifération et de différenciation cellulaires (Bishop, 1983). Leur dérèglement par mutation, après action d’un agent cancérigéne, peut les transformer en oncogénes délétéres, induisant une prolifération anarchique et l'apparition d'une tumeur maligne. Les proto- oncogénes, qui représentent une famille de genes trés conservés sur le plan phylogénetique, sont nommés par référence à la tumeur associée. Le gène c-myc, par exemple, doit son nom à la myélogytomatose aviaire induite par le virus MC 49. Lors du développement du Xénope, l’existence des phases de prolifération et de différenciation cellulaires suggéré un contrôle de ces phases par les proto-oncogenes. Une corrélation entre |‘expression du géné c-myc et la prolifération a été mise en évidence. llrléohali et coll. (1989) ont démontré que les protéines c-myc sont nécessaires à la segmentation, au stade morula. Les observations effectuées à des stades plus tardifs ont confirmé une telle corrélation, en associant la présence de nombreux messagers et une forte activité proliférative. comme on peut le constater au stade bourgeon caudal (épiderme, vésicules optiques,...) ou clgrâz une jeune larve (épithélium intestinal, cristallin,...) (Hourdry et al., 1 8). Une implication du géné c-myc dans le processus de différenciation cellulaire est également suggérée par la forte expression du gène dans les tissus etlou organes cités précédemment, dont la destinée est déjà très orientée. Dans les ovocytes, tes produits d’expression du gene c-myc sont trés stables et s’aocumulent pendant plusieurs mois dans le cytoplasme. Trés tardivement, aprés la fécondation, ces produits d’expression d'origine maternelle participent au controle de la prolifération cellulaire chez Iejeune embryon. Au cours de Vembryogenése, de nouveaux produits sont exprimés à partir des genes c-myc de l’organisme engendré, et ils se substituent aux produits d’expression maternels qui diparaissent progressivement. Diverses observations ont également confirmé une intervention des proto-oncogénes c-ras et c-fos dans les processus de prolifération et de différenciation cellulaires, a la fois chez l’embryon et chez la iarve (Mohun et al.,1Q89; Andéol et ai., l9Q0). Les rares travaux concernant l’expression des proto-oncogénes pendant la métamorphose soulignent leur implication, lors des réponses de 7
prolifération et de différenciation qui s‘lnstallent dans les tissus néoformés (lvlohun et ai'., 1989}. Cette crise morphogénétique semble a priori trés prometteuse pour analyser l’expression de tels gènes, ce que nous avons commencé de réaliser au niveau des épithéliums gastrique et intestinal avec les gènes c-myc et o-ras. C. L'adhésîon cellulaire Chez les Vertébrés, les cellules en contact se reconnaissent gràce à des molécules d’adhésion glycoprotéiques portées par leur surface (cell adhesion motecules ou Cnlvls), qui contrôlent la morphogenése. Ces facteurs empécheraient la poursuite des divisions des cellules et favoriseraient leur différenciation. L’un d'entre eux a d'abord été signalé dans le tissu nerveux, d'où son nom (N-CAM). Cette molécule appartient à la famille des immunoglobulines C (Edelman, 1987). Elle se résoud en une série de polypeptides, dont les proportions varient dans les tissus avec le stade de développement, en relation avec une modulation probable de la fonction adhésive et morphogénétique de la molécule N-CAM. Chez le Xénope, la N-CAM a été visualisée par immunofluorescence, au moyen d'anticorps anti N-CAM (Levi et al., 1990). Lors de la métamorphose, l‘expression de son gène demeure élevée dans le systéme nerveux central, tandis que d’lmportants remaniements affectent le cerveau. Une telle expression peut être également provoquée par la thyroxine dans le foie de tétards en prémétamorphose, alors que l'organe subit une réorganisation structurale et métabolique. D’autres molécules d'adhéslon cellulaire, comme les cadhérlnes, sont plus particulierement remarquées dans les épithéliums qui s’organisent. Chez ie Xénope en métamorphose, une E-cadhérine est visualisée dans certains éplthéliums trés remaniée, ou interférent des phases d’histolyse et d’histogenése, comme les épithéliums intestinal ou cutané (Levi et af., 1991). D. Les récepteurs des hormones thyroïdiennes Beaucoup de travaux portent actuellement sur ces récepteurs protéiques, à localisation nucléaire et à haute conservation phylogénétique, qui sont codés par les proto-oncogénes c-erb-A. Ceux-ci appartiennent à une famiile de genes connue pour exprimer aussi les récepteurs d’autres signaux de dé-veloppement, dont les hormones stéroïdes, la vitamine D3 ou l'acide rétinoïque. Chez le Xénope, les messagers des récepteurs des hormones thyroïdiennes s’accumulent dans les cellules du tétard, bien avant sa métamorphose (Baker et Tata, 1990; Yaoita et Brown, 1990). L'apparition de ces messagers dans les cellules de la trés jeune larve marque le moment où celles-ci deviennent compétentes, c'est-à-dire capables de répondre aux hormones. Suite a leur positionnement sur les récepteurs, les hormones thyroïdlennes exercent un controle des génes, qu’elles activent ou répriment, et préparent les réponses cellulaires observées à la 8
métamorphose (Hourdry et Beaumont, 1985). Les protéines réceptrices pourraient se lier à des éléments définis du génome (éléments de reponse des hormones thvro`idiennes}, ce qui entraînerait une regulation des expressions géniques, dont celles de proto-oncogénes (c-myc, c-fos,...). V. CONCLUSION Diverses réponses cellulaires sous-tendent le changement de plan d’organisation que constitue la métamorphose des Amphibiens. Ces réponses sont provoquées par un ensemble de signaux, parmi lesquels les hormones thyroïdiennes occupent une place centrale en modulant Vexpression des gènes. _ _ Les récents progres de la biologie moleculaire ont introduit dans les laboratoires des outils très précieux (sondes, anticorps,...), permettant une meilleure analyse du développement. Les travaux actuels d‘ordre moléculaire portent en grande partie sur les stades précoces (embryons, jeunes larves), dont la trés relativesimplrcité favorise les observatxons. En revanche, les crises morphogénéttques comme la metamorphose offrent encore un large champ dïnvestigation. Le role préponderant des proto- oncogénes et des facteurs d‘adhésion cellulaires, dont l’activite semble modulée par les hormones thyroïdiennes, est maintenant annoncé. De nouveaux axes de recherches sont aussi apparus, qui établissent un contrôle du plan d'organisation par des facteurs de croissance ou des gènes homéotiques. En bref, une approche supplémentaire de la métamorphose, et ce n’est pas |a_ la morndrerde ses qualités, est rendue possible par les apports de la biologie moleculaire. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANDÈOL, Y., GUSSE, M, et MÈCHALI, M. (1990) - Characterization and expression of a Xenopus ras during oogenesis and development, Developr. Biol'., 139: 24—34. BAKER, B.S. et TATA, .l.R. (1990) — Accumulation ot proto·oncogene c—erb—A related transcripts during Xenopus development: association with early acquisition of response to thyroid hormone and estrogen. EMBO J., 9: a?e—8s5. BISHOP, J.M. (1983) — Cellular oncogenes and retroviruses. Annu. Rev, Brochem., 52: 301-354, EDELMAN, G.M. (1987) — CANls and lgs: cell adhesion and the evolutionary origine of immunitv. immuno!. Rev., too: 12-44 HOURDRY, J. et BEAU MONT, A, (1985) · Les métamorphoses des Amphibiens. Masson} Singer-Polignac, Paris. t-IQLJFIDHY, J., BRULFERT, A., Gosse, M., SCHOEVAERT, D., TAYLOR, M.V. et MECHALI, M, (1988) - Localization ol c-myc expression during oogenesis and embryonic development in Xenopus laevis. Deveropmenr, 104: 631-641. 9
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Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) 61 : 11-44 I I LA NEOTENhllîrlîl-|lÈgSE|_î_ER(‘.';È|Jî\TPTEÈSTRITURUS . DBT Mtchel BREUIL Ffésumé - L'absence de métamorphose avec acquisition de la maturité sexuelle (néoténie totale - péclogenèse) se rencontre principalement chez Triturus alpestrls, T. vulgarls et T. helveticus. Traditionnellement (voir par exemple Duellman et Trueb, 1985}, on associe la néotenie à des milieux aquatiques stables entourés par des milieux terrestres hostiles (lacs oligotrophes d'altitude). Ce portrait-robot est loin de representer la realité. Chez ces trois especes, la néoténie apparaît dans des milieux aquatiques instables voire temporaires entourés soit par des milieux favorables soit «délavorab|es». Un milieu terrestre peut être hostile en surface et tout à fait favorable en profondeur. Ceci est particulièrement vrai dans les reliefs karstiques, aux cavités souterraines développées, ou dans tout milieu où les terriers de mammifères sont nombreux. Cette observation et d’autres arguments sont suffisants pour diminuer le rôle de |'hosti|ité du milieu terrestre comme facteur sélectionnant les individus génétiquement incapables de se metamorphoser. La néoténie dans les lacs oligotrophes serait due à un ralentissement voire un blocage du systéme endocrinien par des facteurs écologiques lfroid, faible luminosité) occasionne par la fréquentation du fond des lacs dans la journee. Dans les mllleux instables le déterminisme de la neoténie n‘est pas établi. La neoténie peut aussi avoir une base génétique plus ou moins inlluençable par les facteurs du milieu. Le plus souvent les tritons nêoténiques se métamorphosent rapidement en aquarium (‘f mois), mais dans une même population, dans les mêmes conditions d’élevage, la variabilité est très grande. L’état nèotênique augmente la variation phénotypique de la population, les néoteniques apparaissent avantages en milieu aquatique sur les métamorphoses par leur plus grande aptitude à se deplacer et à stationner dans la colonne d'eau et donc à exploiter de nouvelles ressources alimentaires., Mots-clés : Triturus. Néotnie. Dèterminisme. Ecologie. Adaptation. Population. Summary - The phenomenon of attaining sexual maturity while retaining the larval phénotype (total neoteny or paedogenesis) is met mainly in three european newt species: rlturus alpestrfs, T. vulgaris, T. helveticus. The traditional view of the phenomenon is to assoclate neoteny with stable and lish—free aquatic medium surrounded by harsh terrestrlal habitat as in oligotrophic lakes (see E. G. Duellman and Trueb, 1986). his picture is far from the truth. ln these species, neoteny also occurs in unpredictable and temporary water bodies surrounded by harsh or favorable terrestrial medium. A harsh surface terrestrial medium could be propitious in depth, this is true in lirnestone countries or in grounds dug by mammal burrows. So this line ol argumentation is suificent to minlmize the terrestrial medium hostillty as the factor leading to the selection ol genetical individuals unable to undertake metamorphosis. Neoteny in oligotrophic fakes would be induced by a slow down indeed a failure cf the endocrin system by ecological factors (cold, low brightness) at the bottom of the lake. ln unpredictable water bodies, neoteny determinism is not clear. Neoten has also a genetical basis the expression of which can be influenced more or less by ecollngical factors. Most of the time metamorphosis occurs in about one month in breeding rooms, but sometimes the newts never metamorphose. Neoteny increases population phenotypical variability, thus neotenic individuals seem to get an advantage on metamorphosed ones by their greatest ability to regulate their position in the water column and thus to prey on new food resources. Key-words : Triturus. Neoteny. Determinism, Ecology. Adaptation. Population. Manuscrit accepté le 7 février 1992 1 l
1. iNTHODUCTlON Le terme de néoténie a été introduit par Kollmann en 1884 dans trois publications différentes (Kollmann, 1884 a, b etc). La premiére rédigée a été achevée en août 1883 et publiée en allemand dans le tome 1883 du ··'•/ernano',·'. Naturf. Ges.» à Bâle qui serait paru en 1884 d’aprés Dubois (1979), en 1882 d'aprés Smith (1951) et en 1885 d’aprés Gould (1977). Une version française a été écrite en octobre 1883 dans le tome 1883)*84 du «Frec. Zoof. Sufsse» paru en 1884. Cette derniére version correspond à la traduction du texte allemand avec quelques modifications mineures. Une communication a été présentée Ie 20 août 1883 a l’Association française pour l'avancement des sciences et publiée dans ses Comptes Rendus en 1884 avec des remarques de Lataste (1884). Pour Kollmann, oe terme s’applique d’abord aux tétards d‘anoures qui prolongent leur séjour dans l'eau. Puis est abordée la comparaison avec le célébre axolotl qui n'a poussé son développement que jusqu’à |’état de pérennibranche. L’hypothése de l’atavisme proposée par Weissmann (cité par Kollrnann) est écartée «car Vamblvstome doit passer par la phase Iarvaire comme te font tous les tritons. S’il s'arréte en ce point de son développement normal, si l’axolotl oublie de passer à la vie terrestre, ce n’est pas un atavisme dans le sens strict du terme». La persistance de cet état Iarvaire ne correspond pas aux veux de Kollmann à un arrêt de développement <·car il implique l‘idée d'une cause pathologique, et la localisation à certains organes (bec de liévre, gueule de loup, spina biflda, etc.)». Cette vision de l‘arrét de développement me paraît néanmoins bien restrictive; Koîlmann réserve ce terme à des organes isolés et non pas à l’ensemble de Vorganisme. «La persistance d’un état inférieur de |’ontogenése chez des vertébrés aussi élevés dans |’échelle est un fait biologique absolument nouveau et donc les notions existantes (atavisme, arrêt du développement) ne cadrent que d'une maniére trés incomplète, et c'est faire naitre de nouvelles difficultés que de chercher à en faire ici l’application. C’est pourquoi j'ai proposé le terme de néoténie (de nées = jeune et de teneia = retenir) pour indiquer la rétention d'une phase de développementii. Comme on le voit la définition du terme de néoténie se précise au cours de la pensée de Koltmann. C’est d'abord la conservation de la forme Iarvaire, puis la rétention d'une phase du déveioppement et enfin la persistance de I'état imparfait de larve. Trois formulations qui désignent le méme phénomène a savoir un arrét de développement où a premiére vue, tous les organes sont touchés à l’exception des gonades qui peuvent étre capables de produire des gamétes. L’individu est alors un adulte fonctionnel. Au cours du développement ontogénique, |’espéce Ambystoma mexrcanum passe par trois phases : (1) ta phase Iarvaire ou l’individu est immature, (2) la phase d'Axolotl, c'est-a-dire une forme Iarvaire capable de se reproduire, décrite au départ sous le nom de Siredon rnexfcanum et enfin (3) la forme métamorpnosée connue sous le nom d’Ambystome. A propos de ces transformations, Kollmann écrit: ·=Dans certaines circonstances, cet animal peut oublier la derniére phase de son ontogénie. et se contenter de conserver oefle de Sireo‘on=>. Ainsi, Kollmann est amené 12
à distinguer une néoténie totale qui correspond à l’acquisition de la maturité sexuelle chez des larves, d'une néoténie partielle ne conduisant pas a la reproduction. On notera que Dubois (1979) en s’appuyant sur Vétymotogie du terme considere que les appellations de Kollmann ne sont pas logiques. En effet, un individu capable de se reproduire posséde des gonades fonctionnelles, o‘est-a-dire le caractere adulte par excellence. Ainsi, suivant cet auteur, on ne peut considérer qu’il est totalementjuvénile et donc le qualificatif de néoténie totale ne devrait être employé que pour les individus ne possédant aucun caractère adulte. La néoténie totale de Dubois (1979) correspond à la néoténie partielle de Kollmann (1884 a, b et c) et inversement! Les facteurs responsables de la néoténie ne sont pas clairement envisagés par Kollmann, si ce n‘est l'arrivée précoce de |'hiver et une altitude élevée, autrement dit, de basses températures. Il évoque Vexistence de conditions internes et externes qui exercent une grande influence sur les urodéles. Kollmann suppose que la néoténie est due à une force organique (vitalisme?) qui peut être que partielle - c’est-à-dire ne os s’exprimer dans toute sa potentialité - et amener simplement à une hibernation des larves sans pour autant qu’il y ait arrêt de développement, ou totale et conduire à la maturité sexuelle. La néoténie est une propriété des organismes qui pourrait entrer en action a un stade quelconque du développement aussi bien chez les animaux que chez les végétaux. Cette derniére intuition de Kollmann est des plus justes, la persistance d'une partie d’un état inférieur de Vontogenése chez des êtres vivants plus évolués est un des mécanismes actuellement considérés comme des plus importants dans l’évolutior1 des étres vivants. Il suffit de voir le regain d’intérél dans cette approche de la biologie de |’évo|ution provoqué par la sortie de «©ntogenv and Phvlogenyii de Gould (1977). Camerano a été le premier auteur à suivre Kollmann et à appliquer le terme de néoténie. Il put méme développer la pensée de Kollmann d’autant mieux qu'il avait consacré deux importants travaux à la vie branchiale et au développement des amphibiens (Camerano, 1883 a et b; 1884 a et b). Camerano (1884 a) écrit «Chez beaucoup d'Ampl·iibies la période durant laquelle ils portent des branchies se prolonge dans certaines circonstances d'une façon indéfinie. C’est cette prolongation anormale que l‘auteur propose de désigner sous le terme de néoténie». Camerano suggère que «|a néoténie n‘est pas un arrét de développement parce que les organes qui annoncent |’arrivée GG |'àge adulte sont parfaitement dévetoppés et peuvent entrer en fonctions (en ce sens. Camerano est en désaccord avec Kollmann). La néoténie consiste purement dans le fait que |’anima| quoique bien adulte porte encore comme organe larvaire des branchiesn. En fait, ces tritons sexuellement matures, peuvent posséder d'autres caractéristiques larvaires, les branchies n‘étant pas les seuls traits à être conservés mais ce sont les plus visibles. L‘animal apparaît comme une mosaique de caracteres métamorphoses et de caractères larvaires avec toutes les proportions possibles. Pour Camerano (1884 a), «|a vie aquatique prolongée outre mesure dans ce cas-la amène à des changements. dans les organes locomoteurs, dans la couleur, dans les formes du corps, etc., en faisant ainsi passer l'animal de la forme terrestre 13
à la forme aquatique, en lui faisant ainsi repasser par une marche rétrograde |'échelle phylogénétique. La néoténie résulte donc d'une adaptation de l’espéce au milieu ambiant, ce qui devient par là une cause de métamorphose régressive... On peut faire passer les amphibies de la vie branchiale à la vie pulmonaire, ou vice versa». (sicl). ll n’est pas dans notre propos de discuter de toutes les définitions données par ia suite au terme de néoténie, d’autres l'ont déià fait. Pour les Urodéles européens, on pourra consulter: Schreiber (1933); Gallien (1952); Fuhn (1963); Delsol (1954); Rocek (1974); Gabrion (1976); Gould (1977); Dubois (1979 et 1986). Afin d’éviter toute confusion, nous emploierons le terme de néoténie dans le sens de Kollmann avec la svnonymie suivante: néoténie partielle = hibernation des larves sans acquisition de la maturité sexuelle, néoténie totale = pédogenése, c’est-à-dire larves sexuellement mûres. Comme nous le verrons par la suite, l’empioi de ce terme pose quelques problémes particulièrement délicats. En effet, l'état néoténique (paedomorphisme, Dubois, 1986) peut provenir d’un retard du développement somatique par rapport au moment de l'acquisition de la maturité sexuelle qui apparaît alors en temps normal ou inversement d'une acquisition plus précoce de la maturité sexuelle. Comme nous le montrerons parla suite, la signification de ces deux phénomènes n’est pas la méme. Il est bien évident que dans une population où la néoténie totale est présente, elle est associée a la néoténie partielle. L’objet de cet article est de faire le point sur le déterminisme de la néoténie en s’intéressant plus particulierement aux populations où la néoténie est stable dans le temps, en nous concentrant principalement sur la variété des milieux dans lesquels I phénomène de la néoténie est rencontré. La confrontation des différents cas de néoténie observés chez T. atoestris et chez T. vuigaris dans les Alpes, les Balkans et la péninsule Italienne ainsi que chez T.hel'vet1`CuS dans le sud—est de la France améne à des conclusions qui s’opposent parfois aux interprétations classiquement proposées. La raison en est fort simple, les populations néoténiques ne sont pas cantonnées a un seul type de milieu comme on le lit trop souvent. Bien qu'elles soient principalement locaiisées a la région méditerranéenne, il existe d’autres populations de tritons néoténiques qui semblent permanentes: en Allemagne pour Triturus aijoestris (Henlé, 1983) et Trirurus herveticus (Van Gelder, 1973), en Hongrie pour le Triturus vuigaris (Dely, 1967). La néoténie est un probléme avant tout d'ordre écologique (méme si celle-ci a parfois un déterminisme génétique} et c‘est par |’etude de |’éco|ogie de ces populations que des éléments précis de réponse pourront être apportés. Les études de laboratoire sur le systéme endocrinien devraient amener à établir de manière précise |‘interaction entre celui-ci et les facteurs du milieu ou dans le cas d'une néoténie à déterminisme génétique quels sont le ou les niveaux d'action des gènes impliqués dans son non fonctionnement. En matière de néoténie chez les tritons les situations sont differentes et il faut se méfier des généralisations abusives. Cet article n'aborde pas tous les aspects de la neoténie dans le genre Triturus. Les problémes de déséquilibre de la sex-ratio, des relations entre néoténiques et métamorphoses d’une méme population, de la dynamique des populations, de ia métamorphose dans leur milieu naturel, 14
de leur systéme endocrinien, de leur morpho—anatomie, de l'apparition sporadique d'individus néoténiques, de la labilité du phénoméne... seront envisagés dans un travail ultérieur en cours d’é|aboration. ll. DETEHMINISMES DE LA METAMOHPHOSE ET DE LA NÉOTÈNIE C`est f'hormone thyroïdienne qui est responsable de la métamorphose des tritons (comme de tous les Amphibiens). Sa production par la thyro`ide et Vaugmentation de sa concentration plasmatique déclenche la métamorphose. Elle agit directement au niveau du génome en activant le fonctionnement de certains gènes ou au contraire en inbibant d'autres. Son action ne peut avoir lieu que si elle se fixe sur des récepteurs membranaires et par la suite se trouve transférée sur des récepteurs nucléaires. Ceux·ci doivent étre présents en quantité suffisante pour déclencher la métamorphose de la cellule-cible, c‘est- à-dire la modification de l’expression de certains de ces gènes (voir Hourdry et Beaumont, 1985). En théorie, toutes les étapes antérieures à la fixation de la thyroxine sur les récepteurs nuciéaires peuvent présenter un dysfonctionnement. On ne peut non plus écarter l’absence de reconnaissance des séquences géniques à réguler par le complexe récepteur- thyroxine. Cependant cette derniére hypothèse peut être rejetée dans la majorité des cas puisque les tritons néoténiques conservent la possibilité de se métamorphoser en présence de thyroxine exogéne comme l‘ont montré Hadzimahmutovic-Tvrkovic (1966) et Pocrnjic (1968) sur T. aipestris monrenegrinus. Les différentes études réalisées sur le systéme endocrinien des tritons néoténiques révèlent, à une exception prés (Von Ebner, 1877), |‘e><istence d'une thyroïde inactive se caractérisant par une taille réduite (Kuhn, 1925; Hartvvig et Fiotmann, 1940; Seliskar et Pehani, 1941, Pocrnjic, 1962 (cité par Pocrnjic, 1968), Andreone et ai., 1991; Breuil et Briançon, inédits). Cette inactivité peut être due à une des trois causes suivantes bloquant une, voire plusieurs étapes, des réactions biochimiques amenant à la libération progressive d’une quantité de plus en plus importante de thyroxine: (1) mutation amenant à la production d'une enzyme toujours inefficace et rendant inactif l’axe hypothalamo- hypophyso-thyroïdien, (2) facteur épigenetique btoquant ou ralentissent le fonctionnement de cet axe et (3) mutation qui suivant les conditions du milieu amènera le fonctionnement ou le non fonctionnement de cet axe endocrinien. Cette derniére hypothèse correspond à fa notion de terrain génétique favorable a l’apparition de la néoténie. Ftien a priori n'impIique que tous les cas de néoténie soient imputabfes à une seule et unique cause. De plus, au sein d'une méme population, le déterminisme de la néoténie peut étre différent d'un individu à l'autre. Ainsi, dans une population de tritons pédogéniques, on pourrait rencontrer au moins trois catégories d'individus selon leur comportement métamorphique: (1) des individus qui se métamorphoseront quelles que soient les conditions du milieu, (2) des individus qui seront toujours néoténiques et (3) des individus qui se métamorpnoseront suivant les conditions du milieu. Ainsi, plus les populations vivent dans un milieu froid, plus te taux de néoténie devrait étre élevé puisque les individus du troisieme groupe deviendront pédogéniques par effet de milieu. 15
III. I,A NEOTENIE_: UNE REPONSE ADAPTATIVE A L’HOSTILtTE DU- MILIEU TERFIESTFIE ? Le point important est de cerner les facteurs responsables du phénomène de la néoténie. La seconde hypothèse envisagée ci-dessus correspond aux premières explications proposées: manque d’iode qui empêche la synthèse de thyroxine (Champy et Demay, 1950), facteur antithyroïdien (Dodd et Caltan, 1955), températures basses diminuant la vitesse de développement (Camerano, 1883 a, Despax, 1920, Smith, 1951, 1973), mais surtout abaissant la sensibilité des tissus périphériques à la thyroxine (voir par exemple Hourdry et Beaumont, 1985). Elles sontjugées vmechanistic and non evolutionary» par Gould (1977) bien que cet auteur reconnaisse qu'eIles puissent éventuellement intervenir, «but leave open the issue of whether any adaptative significance can be ascribed to consistent patterns in the frequency of paedomorphosistt. Sprules (1974) brosse à propos des Arnbystorna un tableau des conditions écologiques dans lesquelles la néoténie totale se rencontre. Ainsi, le portrait·robol des milieux abritant des populations néoténiques correspondrait à des points d’eau entourés par un environnement terrestre hostile avec des fluctuations importantes de la température, un manque de ïtes terrestres et de nourriture, une faible humidité, un milieu aquatique permanent et stable, dépourvu de poissons. Ce tableau brossé par Sprules (1974) s'app|iquerait aussi, d’aprés Duellmann et Trueb (1986), à plusieurs especes de Triturus. Ces auteurs écrivent: vbut in each species (of Triturus) neoteny occurs in population living in permanent water in harsh terrestrial environmentsv. Pour Trirurus arjcestris Gould (1977) et Sprules (1974) s’appuient sur Wilbur et Collins (1973): «On the plains of France and Italy the newt Trirurus alpesrris métamorphoses, but at high altitude neoteny is common». Ce passage aurait été emprunté à Steward (1969); BH fait il provient de Smith (1951) et a été tronqué du morceau suivant «due presumably to the cold, the development of the tadpole is greatly retarded, and after long residence there a oreed has evolved in which neoteny is commonn. A lire Smith, la néoténie serait d’abord due à un eflet épigénétique (le froid), puis à |'apparition d‘une lignée, à la suite d'une mutation où la néoténie deviendrait un caractère fixé. Autrement dit, un effet Baldwin non déclaré ou une assimilation génétique (lvlatsuda, 1982). Quoi qu’il en soit, en Italie, contrairement à ce qu‘alfirme Smith (1951 et 1973), la néoténie peut se rencontrer à de basses altitudes (Camerano, 1883 a). Depuis les travaux de Camerano, de nouvelles populations de T. a. apuanus néoténiques vivant à de basses altitudes sont connues (Andreone, 1990) et certaines d'entre elles occupent des milieux aquatiques instables voire temporaires (Andreone et Dore, sous presse; Andreone et al., sous presse). Il en est de méme pour T. a. inexpectatus (Dubois et Breuil, 1983)(lig.1). Dans les Balkans, la néoténie apparaît chez T. aiioestris et T. vuigaris, ces populations habitent parfois dans des milieux aquatiques instables à des altitudes inférieures à 850 m (voir p. 17). Il est dommage que de telles images erronées (hostilité du milieu terrestre, stabilité du milieu aquatique) reposant sur d‘anciennes données soient colportées dans la littérature sans examen critique et fassent par la suite autorité. 16
.- iii î ·``— " ` " sgtûîa ·' 1.Q.q!·; ` î · ` . · - _ ` E; ____' L ;â.,;, =ë__;,_·:‘_;_:_JQ ,_ ‘· ' ` " _ __, :__ _ I _ - — . _____ :·_ Figure 1: Lago dei Duo Uominl, Calabre, Italie, 1077 ms C'est un lao temporaire situé au tend d’une cuvette entourée d'Une forêt de leuillus. ©‘est la localite type de 7. a. fnexpectatus Dubois & Breuil 1983. Cette sous·espèce présente une tendance à la néoténre. I rtalrcus et I camrrax se reproduisent aussi dans ce lac mais se metamorphosent normalement. Dans cette locallte, ce :·t'est pas le milieu terrestre qui est hostile mais IB milieu aquatique I · _.«f . '-; =u-=· .. — `,1f·-Q` - `È— - ,_ _, _·-gs, ;;jg·‘Éï· '_.— · 3 -'.f:_î' ·__., € " V - __ _ ·' . ‘-‘;i;ÉÉmf:iM.*"'-whlql . -,,à:_:L!'-v?Q•·ï" ` `E ...··..- I '. _*'.. _ — . , arir *1 JF . I . I _- ___¢___î__`_*_Tî__:___,______ un I; Mgr ` - ·_ .j·-· É ti iii?`%;ï2}*zîïiir§*i¤î¤îÉ'? '··' —. —— . · ` `- " · L ' ` ., ·», L` si |‘î'· i:;1—·â·*.'*i<·ëâ¥>`@rFl‘t‘·rr€t¤i·f,1rr=r:·¤· __ ‘_ -- 1=— `? |·— frïîï; ï'Ji;""`·¤"`··"·i’ tr:-1-'·-'*·ir":’*îl* .— · - . · -1* '\· ..f¢.,§_ pç ’ ';,:£)·$ï A-T!-L I. l _ Il - ·· · : - —.·..=·t*-=.*i:;i = —··· · · ,· _ :‘?.·**«~,È:_î1 F. _._. ,,:.,I:¥I: · :;É. ,·.I J ·_ I __ _ I ègïïu-x' ·•* ‘ ·.·' _ ·[ï'·`r'i·`ïfI'.ï."_` · · __ _.._._ - · —— _ ‘ - · · ·'·` ·‘.- ·` _ ·‘_. . ‘ :_ · _ -— —a~:-:?"-jh ·· " ‘C·—"1.`··` E. ··..— ; ·..._ '_i£·"i=i'Ã" g?i·j ‘ ·— · Figure 2: Mare de Vitoio, Garfagnana, Italie, 55(J] m. C'est un abreuvoir artiliciel d’au moins un metre de protoncieur qui abrite des T. a, apuanus neoténiques. Ce milieu aquatique est envahi par la vegètetrorr. Des tritons crêtès se métamorphosant normalement s’y regroduisent. La température peut sans doute atteindre des valeurs eleveesen été ce qui est tavora ie à la métamorphose. Le mmeu terrestre est formé d'une prarne au pied du village. 1 7
Comme on vient de le voir, Phypothese proposant te blocage direct de la métamorphose par les facteurs du milieu ne fait pas l’unanimite. Le milieu n'aurait pas vraiment son mot à dire dans cette altération du cycle de développement; elle est trop mécaniste. On lui préfére souvent le tout puissant pouvoir des gènes sur le développement. Autrement dit une néotenie à déterminisme héréditaire sur laquelle le milieu n'aurait aucune prise. Pour des auteurs nord-americains comme Wilbur et Collins, Gould, Duellmann et Trueb, la neoténie n‘apparaït pas comme la conséquence de la vie dans un milieu donné, générateur de contraintes de développement. Elle apparait comme le résultat de la sélection naturelle favorisant, c’est-à- dire donnant de plus grandes chances de reproduction, à des animaux a moeurs plus aquatiques qui evitent ainsi d’aller mourir d’inanition ou de déshydratation dans un milieu terrestre qui leur est hostile. Parmi les mutations créant le polymorphisme génétique, il doit en exister qui amenant a des perturbations du fonctionnement de |’axe hypothalamo-hypophyso-tnyroïdien; le résultat est Vabsence de libération en quantité suffisante de thyroxine (T4 et T3) dans le milieu sanguin et donc l’absence de métamorphose. De la méme maniere, il peut exister une perturbation, d'origine genetîque, au niveau des cellules des tissus périphériques qui deviennent incapables d’agir sur leurs genes impliqués dans la métamorphose. Comme toute mutation qui se respecte, la fréquence d’apparltion reste faible. On pourrait interpréter ainsi les tritons pédogéniques trouvés sporadiquement dans différents milieux. Par leur fréquence d'apparition, ces tritons néoténiques font penser aux individus présentant des anomalies de pigmentation (albinisme, flavisme, melanisme...) dont l’origine génétique semble indéniable. De plus, on rencontre avec une frequence plus faible des tritons néoténiques albinos qui semblent presenter une néotenie stable, c'est-à-dire persistante en dehors du biotope originel (Schreitmüiler, 1923}. Dans cette situation on pourrait évoquer un dysfonctionnement au niveau de Vhypophyse touchant la libération de TSH et de MSH. Pour que cette mutation provoquant la neoténie (quel que soit son niveau d’action} se repande dans la population, il faut que son porteur posséde un avantage sélectif sur les individus métamorphoses ou alors qu'e||e apparaisse dans une population d‘effecti¥ reduit. Dans cette derniére situation, sa diffusion dans la population, par le ieu des phénomènes aléatoires, peut se faire indépendamment de tout avantage sélectif que ce soit par rapport au milieu terrestre ou par rapport au milieu aquatique. A en croire Sprules, Gould et bien d’autres, l'avantage implicite du neoténique chez les Ambystomes et donc les tritons résulterait dans Vaugmentation de la durée de vie liée à la disparition de la mortalité en milieu terrestre puisqu’iI ne semble pas exister de différences dans |'âge d’acquisition de la maturité sexuelle entre les métamorphoses et les néoténiques d’une même population (Sprules, in Gould, 1977). Par une étude squeletto-chronologique, Smirina et Solianidou (1985) ont montré que les tritons métamorphoses et néoténiques du lac Dracolimni dans les monts du Pinde en Grece (Timphi, voir Breuil et Parent, 1988) ont une duree de vie qui atteint 6-7 ans. C’est une valeur inférieure a celle trouvée par Breuil (1986) (9-10 ans) pour des populations de triton alpestre à cycle 18
_ ·. -$*fîî· —.\' , r. . . `.É: , · Z: I ‘· Q'*r ·, · __ _ __ · _ · · .·_·—_ · .`·r_: .Jï;__f;·_··_j;— ____ [1.;%, _,_‘ f;._·5;*‘r ' ` _ . ` . "——=s '`‘·£ ·‘ —'·.,`.".·i ` .g , ·· et s _ . i . . · · · '- li? '··‘ ` ` " ' *,5; i · - É; *‘·‘E -·`-. ti' : _: ·``· · .` à -*`i'. —§·;‘·"?>·r`,`-i·¥_:`: ,—._' . ```'. "1`¤ '=`. ".`°É ï ci `, —- · '-;`_'·_: '·__-L-- fr- _ __ __. _ - _- '_ '· * ·;_ · _. Q ;.__` ·*__.€:§.‘1-[aff: ` _ L- -.-- - 1 î ' ·- _, ·‘ V _· ""—ëï.’ ·=·— ? r·:ï»'ïî—*`°`_f¥ ·-··- " ·' Z`·*‘h··r_'·E#ë"i"Ãîï,¤Q"Qi?-’}?î" ?"°` >‘ ·`; _i " _;_;·;,—; '§·»·>`·· î' '· —i " - Figure 3: Lac de Qeranne. Ffarc National des Ecrins, France, 2346 rn. Lec oligotrophe de 2 à 3 rn de profondeur entoure par des eboulls rocheux et de la pelouse alpine rase battue par des vents parfois violents. Les lritons alpestres adultes métamorphoses de ce lac semblent hiberner pour |’essentie| dans |'eau comme nous l'avons observe dans tous les lacs d'a|titude du Parc National des Ecrins. Les larves ne se metamorphosent qu‘apres une ou deux hibernations. La pêdogenèse n'est pas connue dans cette station ou le milieu terrestre apparait hostile ! _- _ .__. _· · - _. ;,` · . ,. t ·- , _ ; Ã É · . — * 1 A . l l . -.¤.$.· _ ` I.: . " -" .‘ . . -= . `· - ,·,lü' 'l_"?_.·'_, . E E I- · I Z _i· ., - ' t·$__ . r . ` ·;_ - Q ·· . ·--·—· *`àâ,`· =~ - · I _- len __·___ .w_ ·_._. . ,. J .- I- QÈW JM; ·. ._ . ·«;¢§¥*,-is; rîîîw-- —·· ···"· r 'l· ·· b · -*·- ;_-Y 4, -,_ * -_I,- 1, . . · .ré;·.,_~`, ·‘,,.._, un _ _' *·r··__,v·*1· ..-· rr· ·"1· · ,.. ·_'. , tn, ,,.` M', •],`_ . I .| ` "'·· - , . ·-..·,.·. _ _" '( ·-ï '·;*_"_,*'· ·¢ _'.·, fl ll I- ·; î W ',,;-arg. l_·¤'?ji«,’.g,·_“.-5:-_:;§ 1- ,;g;,'·_·_ ··_i,,g,q;'.;i . ' ·· ·__.at·¤af'-·;'¤‘}g`j¤ji,.a.;.¤:‘·¤,_jj·_·.—._È_.;Q=L—?r ZJ· ‘ ·"'-r .·· lt ÑieuÃelS·i*ifh•ft%ali2•iÉ:·sÈér‘·.·’??î‘f·`lÃ~3i¤irk:.·*smile':. ··`·iL··‘ï.}··~”··’ ·'·l?'=·i.*.z -1*; Figure 4: Jezeru. Parc National du Triglav, Slovenie, 1450 m. Lac de 8 m de profondeur situe au fond d‘une cuvette, entouree de foret de conifères. Ce lao abritait des tritons alpestres metamorphoses et neotenlques ainst que T. vufgar.·`s et T, camffex se metamorphosanl normalement (Sellskar et Pehant, 1935). Lestrltons alpestres noteniques frequentaient les zones les plus profondes du lao. Les tritons ont ete detruits par un alevinage à la fin des annees 1930. Dans cette ocaltte, ni le milieu terrestre, ni le milieu aquatique ne sont défavorables aux tritons, 19
normal des Alpes vivant à altitude égale dans des iacs oligotrophes entourés par des milieux terrestres dont l‘hosti|ite apparente n’a rien à envier aux précédents (fig. 3). Avec la même technique, Andreone et al'. (sous presse) ont montre que les populations de tritons neoténiques ont des ages moyens interieurs (2,9 à 3,5 ans) à ceux de populations de tritons métamorphoses (4,2 à 7,8 ans). Nos observations sur le triton alpestre du lac de la Cabane (fig. 9 et 10) et des lacs d'altitudes du Parc national des Ecrins (Breuil, 1986) sont globalement en accord avec cette idée. De plus, les tritons métamorphoses, aussi bien mâles que femelles du lac de la Cabane, sembtent legerement plus petits que les pedogeniques, mais la différence n’est pas significative. Nos observations actuelles en aquarium montrent que certains individus neoteniques immatures âgés de deux ans entreprennent une métamorphose plus ou moins rapide i et acquièrent progressivement, en automne et durant l'hiver, les caracatéres sexuels secondaires. Apres dix mois de captivité, la métamorphose de ces individus n’est toujours pas achevée. Les jeunes mâles possèdent la coloration des métamorphoses sexuellement matures mais exhibent encore des arcs branchiaux bien développés. Ces observations sont tout à fait en accord avec celles d’Andreone et af. (sous presse). Nous pensons que cette maturité sexuelle précoce est due a une alimentation importante et variée tout au long de l'année entraînant une croissance plus rapide que celle des tritons allant à terre. En toute rigueur, il faudrait être capable de preciser le parcours ontogenique d’un triton métamorphose, c‘est-à-dire pouvoir préciser Page auquel il s’est métamorphose. Si l’on admet que la longueur totale est bien corrélée avec l'âge pour des animaux ayant le même cycle (Breuil, 1986), on en déduit que les neoteniques et les métamorphoses d'une meme population ont une espérance de vie voisine (Smirina et Sofianidou, 1985). Ainsi, la disparition de la mortalité liée à la vie en milieu terrestre ne semble pas étre un avantage des neoténiques sur les métamorphoses. Ceci est o"autant plus vrai que l'on rencontre des populations néotenlques de triton alpestre dans des milieux aquatiques oligotrophes, eutrophes, stables, instables, voire temporaires entourés par des milieux terrestres des plus favorables (forets humides, prairies sur relief l<arstique)(fig. 3, 4, 5, 6, 7, 11, 12). Ceci est egalement vérifié pour T. vulgarfs en Yougoslavie (Kalezic et al., 1990). De plus, dans ces milieux terrestres réputés hostiles de Yougoslavie, on rencontre aussi bien des populations de triton ayant un cycle normal que des populations neoteniques (Breuil et Guillaume, 1985; Dzukic et al., 1990). L’hostilité du milieu terrestre est une caractéristique ecologique des plus mal définies d'autant plus que les informations sur la biologie des tritons durant leur phase terrestre font défaut. Les naturalistes s’intéressant aux urodéles le savent bien, il est tres difficile de trouver des tritons âges métamorphoses en milieu terrestre. Tout au plus, à force de soulever des pierres ou des troncs, on rencontre autour des points d’eau quelques individus sporadiques. Leur nombre n’a rien à voir avec ce que |’on est en droit d’attendre au vu de la taille de la population aquatique. C‘est dans les forêts humides de conifères du Montenegro que nous avons trouve le plus de tritons en phase terrestre. (1) Après dix mois de captivité, la métamorphose n’est toujours pas achevée. Les jeunes mâles possèdent la coloration des métamorphoses sexuellement matures mais exhibent encore des branchies encore bien développées. 20
,4·;‘;¤~‘ E I E · , ll Ill -" ~·.·.'. r.,_. I-hifi .·' ' ' ` - ¤;· _'·—; . `irr ·'*· Sigur? 5:4Draâ:o|imnÉ dg Smîlikas, Mon}? du Ends; Gsrrèoe, 2200 rn. C'est un lac oligotrophe 'env ron m e pro on eur. es tritons . a. v uch en s) n'apparaissent en nombre qu après le coucher du soleil ou quand le temps est couvert. Che; les adultes, les trois quarts des individus sont PBUOQÈFIIQUBS. Les larves demeurent au fond (au froid et à Pobscurrté) ]usqu’à leur maturité. Dans une petite mare situee a 1,5 km et a la meme altitude, des tritons alpestres se reproduisent, mais à lexoeptron de quelques larves ayant hrberne, la neotenie n'est pas rencontres. C'est le même type de mllreu terrestre qui entoure ces deux milieux aquatiques. `-—— `—·`— ```' "??— ·' , 3 '`' -'·· · - ‘ .;.· r ’ `-·. " ‘ rf`?-É·`·Èî" :I È’—= `*É;ÃÉ`É?¤îÉ ·`.` ’ `` ' ` 'f=—î·'·É’î*?'?* · -·'>à '. H _ ,-L li! . :_l:;_.`z[` ._ gi'-;:;;l-_-if;-_,-};_;É;-I:-Il!I‘N;1.r_,-5;..,Il- ,_ . 'I_'·.:,,Q__; I - I- ` · . —· ·. ··'·"§.a<‘É. Er-É-" — .· - - " ‘ - .. ·'·'*·=%' __....,,;;_.,;5,—,`_;¥`___·. ï '·`iZ.Q:È·,Èï;§—.î`;`îrÉ" · '”‘ .· ' ' ‘ _;a·!·—···‘>;ï?s···-a;.'.:·*.·t_[""p·r+1é·_‘,_,,r.·. ··.. - J; 1;—-,—_£·'·«r ·_-. . 1 ‘ . . · `Èà '.'î.?.§:·'··'t"î·..;¤r"·t ',-·1“‘-'ïi&··- ·4¤..!ll_·l·¢·î’·* r· ·.L . ' · - _r . ·-_··-= 5 1 -·_— l . _ .. -' _r_ ·. .. —— · · ' · :—: '·'‘— " ··-"1··r”’ t-rr ·?§r.r—-» . — · ·. _. ._ L , ·'r _i · \r,__r_ _' «._,_ _ Il I .· ` I l N l » · .··= fïr<f".ï. ,· rt'; `_ <- . `'`.à -. ` _ . · _ . _ . _._, . . ' — ··‘` *·"` `· .. ' ··-sr ·ë¤'Z`.' ·. _ -_·‘ _`‘·.` ‘ ·.'` · ·‘ ._ E ·—.· i·§.·ZëîÉÉ&·`—E§É??f,ɧ.É,};"÷_`Éf`· "#Ã'_Q`;`.`Q._.r ·`.·— ```.'i Figure 6: Bukumirsko Jezero, Monténégro, _Yougos|avie, 1430A m. Lac oligotrophe mais riche en plancton d'au moins 10 m de profondeur srtue au fond d'une petite vallée partiellement entourée de conifères. Ce lac oonstitue la localité-type de If a. rnonrenegrrnus Ftadovanovic 1951. Cette sous- espece est consrdèree comme entierement neoténique. Quelques rares tritons alpestres normalement metamorphoses vivent dans oe lac. Breuil et Guillaume (1985) considèrent que oe taxon est a rncture dans la sous—espeoe arpestris. Les tritons neoteniques se cachent durant le jour dans les èboulrs de la zone littorale et au fond. Ils se développent au froid et à Pobscurlte (Breuil et Thuot, 1983). 21
Que le milieu aquatique soit situé en prairie alpine, au milieu d’éboulis de rochers ou entouré par des forêts, les tritons en phase terrestre sont le plus souvent inaccessibles. Ils sortent la nuit, de maniere irréguliére, rarement quand il pleut contrairement aux salamandres é moins que leur gîte ne soit complétement inondé. Ils passent leur temps dans les galeries de rongeurs, ou d'autres animaux creusant un terrier. En relief karstique recouvert par des prairies alpines, nous en avons observé des dizaines dans les réseaux souterrains. Dans ceux-ci, ils trouvent une température plus fraîche qu’en surface, une humidité convenable, un abri contre le gel et une profusion d’invertébrés, principalement des vers de terre dont ils font une trés grande consommation. Ils y sont actifs la nuit, mais aussi le jour. Telles sont les observations que nous avons pu faire, entre autres, autour d'une mare dans la région parisienne et en captivité dans un aquaterrarium extérieur aménagé à cet effet. Cependant, on ne peut nier le fait que les milieux terrestres puissent étre hostiles en surface. La découverte de cadavres de tritons métamorphoses sous des pierres, voire en surface autour des lacs a population pédogénique |'atteste (Breuil, 1986, Breuil et Parent, 1988; Breuil, inédit). Comme nous venons de le voir, les tritons et les ambystomes sont des animaux qui vivent sous terre à l‘abri de tous les malheurs dont les menacent Wilbur et Collins, Sprules, Gould, Duellmann et Trueb et leurs nombreux disciples. Le portrait classique des biotopes à population néoténique de tritons ne se caractérise pas par les facteurs du milieu terrestre qu’0n lui préte. Dans ces milieux d’altitude, l‘adoption d'une vie entiérement aquatique, par le phénomène de la néoténie, ne nous paraît pas être un avantage décisif par rapport aux tritons qui se métamorphosent normalement. En effet, dans certains lacs une proportion plus ou moins grande de tritons métamorphoses demeure dans l'eau toute l'année (Thorn, 1969; Breuil, 1986; Andreone et Dore, sous presse; Andreone et ar., sous presse). Dans les situations où la néoténie a une base génétique, les facteurs sélectifs, si ils existent, faisant évoluer la population vers la néoténie ne nous paraissent pas devoir être oherchés dans le milieu terrestre, mais plutôt dans le milieu aquatique, IV. LA NEOTENIE : UN AVANTAGE EN MILIEU AOUATIQUE ? Si une diminution de la mortalité terrestre n'est pas le facteur sélectif favorisant les individus néoténiques, quel est donc |'avantage des néoténiques sur les métamorphoses? La question est loin d'étre simple. Trois espèces de triton (T. afpesrrfs, T. vulgaris, T. helvericus) forment des populations néoténiques. Comme celles-ci fréquentent des milieux aquatiques allant de la mare artificielle eutrophe, voire dystrophe au lac oligotrophe de plusieurs km2, miiieux pouvant étre stables ou temporaires, les avantages des néoténiques, si avantage il y a, ne sont peut-étre pas les mêmes d'une espece à l‘autre, voire d'une population à l'autre. Ainsi, nous allons aborder le probléme de la biologie des populations néoténiques par milieu et par taxon. 22
A- Lacs otigotrophes Comme nous l’avons vu ci-dessus, c’est la découverte des premières populations de triton alpestre néoténique dans des lacs de montagne qui est à l’origine du portrait-robot de la néoténie dans le genre Trirurus. S’il est vrai que chez cette espèce, ta néoténie est souvent associée à ce type de milieu, force est de reconnaitre que ce n’est pas la situation générale. Dans les Alpes dinariques, d’aprés les données de Dzukic et at. (1990) et nos propres observations, sur les 22 populations néoténiques de triton alpestre actuellement connues, seules 15 vivent dans ce type de milieux. Les sept autres peuplent des points d’eau eutrophes naturels ou artificiels du krst dinarique à des altitudes inférieures à 850 m. Dans les monts du Pinde, deux ensembles de population néoténique sont connus (Breuil et Parent, 1988). Chacun est formé d’un lac glaciaire oligotrophe à environ 2000 m d'altitude. Curieusement, chacun de ces lacs porte le nom de Dracolimni. L’un est associé à une zone marécageuse, l‘autre (fig. 5) à une mare. Le taux de néoténie est trés important dans les iaos et environ 10 fois plus faible dans les milieux associés. Depuis nos travaux (Breuil et Parent, 1988), de nombreuses recherches ont été entreprises par les naturalistes grecs qui ont amené a la découverte de nouvelles localités de triton alpestre (Adamakopoulos et ar., 1987; Adamakopoulos et Hadjirvassanis, 1988). Le Dracolimnl du Tvmphi et un lac voisin (Fiizina) ont été victimes d'une mort en masse; 300 et 700 tritons, larves, néoténiques, métamorphoses ont été découverts en avril 1988 dans l’eau libre de glace dans chacun de ces lacs (Papaioannou, 1988). Un phénomène de ce type a déja été signalé en France (Le Parco etail,1981). Les causes de ces mortalités ne sont pas connues, mais on a suggéré l’apport de pesticides ou d'autres substances toxiques par tes vents. De plus, mais sans lien direct avec ces mortalités, les craintes que nous avions exprimées à maintes reprises (Breuil, 1985) se sont avérées fondées. Ainsi, Draoolimni du Tvmphi a été aleviné en truite arc·en-ciel (Saimo gairdneri) (Papaioannou, 1988). ll est donc à craindre que cette population disparaisse complétement comme bon nombre d'autres populations néoténiques des Balkans. En Italie, les populations néoténiques de triton alpestre habitent aussi une grande diversité de milieux naturels, artificiels (Breuil, 1986)(fig. 2), permanents et stables (Lanza, 1948, 1956, Andreone, 1990), à niveau variable voire temporaire (fig. 3) (Dubois et Breuil, 1983, Dubois, 1983, Andreone, 1990, Andreone et at., sous presse). La néoténie tr est exceptionnelle chez T. vutgaris ( Lanza, 1983). Dans les péninsules Italienne et Balkanique, le triton alpestre peut cohabiter avec T. vuigarfs et T. carnifex ou T. o‘obr0g.·'cus. Soit une des espèces est néoténique, soit aucune des deux, mais pour l‘instant on ne connaît pas de situation où les deux espèces syntopiques forment des populations néoténiques. Cependant, Kalezic et Dzukic (1990) rapportent la découverte d’un T. .vu!garis néoténique et d’un T. carnifex néoténique dans la même mare eutrophe. Ces constatations d’ordre écologique nous ont amené a rechercher dans le milieu aquatique des différences de comportement entre les tritons alpestres néoténiques et les tritons alpestres métamorphoses. Dans les 23
lacs oligotrophes, i‘eventuel avantage des néoténiques sur les métamorphoses aurait pu être découvert par Seliskar et Pehani (1935) (fig. 4). Breuil et Thuot (1983) (fig. 6), Breuil (1986), Breuil et Parent (1988) ont précise les grandes lignes de l’écologie des populations néoteniques de triton alpestre balkanique. La neoténie est avant tout un phénomène naturel dont la diversité de la phénoménologie empêche l’existence d’une explication unique. Si chez Trirurus, pour les cas étudiés de ce point de vue, la néotenie apparaît comme un blocage de la fonction thyroïdienne, il reste à déterminer précisément, au niveau endocrinien supérieur, les facteurs de ce btocage et l'influence du milieu sur l’axe hypothalamo- hypophyso-tbyroïdien. Des etudes biométriques (Ftocek, 1974; Dzukic, 1981; Tucic et al'., 1985; Durovic, 1988), souvent dissociées du contexte écologique de la néoténie, ont mis en évidence que les dimensions qui montraient la plus grande variabilité entre les néoténiques et les métamorphoses étaient celles touchant a la locomotion et a la forme de la tête. En effet, toutes les etudes biométriques et morphologiques réalisées chez les tritons néoténiques, T. arpesrrfs (Kalezic er ai'., 1989; Kalezic et ai., 1990, Andreone, 1990), T. vuigarfs (Tucic et Kalezic, t984; Tucic et ai'., 1985 ; Kalezic et ai., 1990), T. neivetfcus (Gabrion, 1976) mettent en évidence, une grande largeur de la tete, mais aussi une petite ouverture buccale, des membres gréles, une queue élevée avec des crêtes dorsale et ventrale, autrement dit la conservation de certains caracteres larvaires. Ainsi, pour Tucic et ai'. (1985), Kalezic et ai. (1989), la néoténie augmente la variation phenotypique de l’espece et donc élargit sa niche écologique, ce qui diminuerait ia compétition intraspécifique. Nous sommes tout à fait d'accord avec ce point de vue. Ces memes auteurs supposent donc que la néotenie facultative est apparue comme un moyen évolutif qui minimise la compétition intra spécifique. Ceci reste à démontrer en précisant l’avantage que possèdent les néoténiques sur les formes métamorphosees et le déterminisme de cette néoténie (contrainte du milieu, déterminisme génétique, interaction des deux facteurs précédents). Le triton alpestre métamorphose, tout comme le triton crete, vit sur le fond des piéces d’eau; le il n’expioite que les invertébrés vivant sur et dans la vase. ll chasse principalement à l’odorat, mais les autres sens peuvent intervenir. Il se nourrit également en surface. Pour moi, l’avantage de l'état néoténique dans les lacs oligotrophes réside dans la capacité qu’ont ces animaux à exploiter trophiquement toute la colonne d'eau du lac (Breuil, 1986). La petite bouche des nécteniques associée à la présence des fentes branchiales ouvertes facilitent la prise alimentaire en pleine eau. Ainsi, l‘ouverture brusque de la bouche, crée une dépression à l'origine d’un courant d'eau charge de plancton. Comme la cavité buccale a une petite ouverture, |’eau entre tres rapidement dans celle-ci et ressort par ies fentes branchiales. Triturus vuigaris est capabie egalement de chasser à vue en pleine eau comme l’alpestre néoténique, ce que ne font pas Trfturus crfsrafus, T. heiverfcus et T, marmorarus. Cette opinion est en partie partagée par Reilly (1987) qui considéré que la neotenie aurait une certaine valeur adaptative si elle amenait un avantage pour une nutrition aquatique ou un moyen d'eviter un environnement terrestre peu favorable. Les observations de Seliskar et Pehani (1935) apportent des élements 24
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intéressants sur les differences dans la biologie entre les tritons métamorphoses et neoténiques. La popuiation qu’i|s ont étudiée fréquentait un lac eutrophe des Alpes Juliennes (Slovenie) (fig. 4). Les tritons alpestres cohabitaient avec des T. crfstatus et des T. vufgarfs se métamorphosant normalement. L‘alevinage du lac a dtruit la communaute d'Urodeles (Breuil et Thuot, 1983, Breuil, 1985). D'une maniere générale les tritons neoteniques se trouvaient à une plus grande profondeur que les tritons métamorphoses qui étaient vus plus fréquemment en surface prélever de |'air. La dissection de ces tritons a montré des différences spectaculaires dans la couleur de |'appareil génital. Chez les femelles neoténiques, les oeufs etaient brun-orange; chez les métamorphosees, ils étaient clairs, légérement jaunâtres. Les corps gras, aussi bien chez les mâles que les femelles prenaient une teinte orangé chez les neoténiques, safran clair chez les métamorphoses. Ces differences de coloration furent attribuées à une nourriture riche en plancton. Cette impression a été confirmée par l’etude des contenus stomaoaux. Les tritons neoteniques consommaient essentiellement des Dapnnia et des Bosrnina (Crustacés, Cladocéres) qui vivent en pleine eau, mais aussi, en moindre quantité, des habitants de la vase (Siaris, Chfrorromus, Ephémeres, Trichoptéres, Pfsio‘r'urn...). En revanche, les métamorphoses se nourrissaient d’invertebres benthiques vivant le plus souvent près de ia rive et des insectes aériens tombés accidentellement dans l’eau. Le plancton n‘était capturé qtfoccasionnellement par les métamorphoses. Les deux formes prelevaient des oeufs et aussi des larves de tritons. Ces observations montrent clairement la séparation ecologique de ces deux phases ontogéniques; elles ne fréquentaient pas exactement ies memes biotopes et n‘avaient pas ia meme alimentation. La separation écologique des deux formes a été aussi observée au lac Bulrumir (localité type de T. a. montenegrinus) par Pocrnijc (1968) et Breuil et Thuot (1983) (fig. 6). Cette population semble contenir un taux tres faible d'animaux métamorphoses 3-4% pour Badovanovic (1951), 14-15% pour Kalezic et ai. (1989). Ces differences peuvent s’expliquer par des conditions climatiques qui certaines annees sont plus favorables à la métamorphose des larves. Au lac lv1anito(|\.»1ontenégro),on observe un taux de métamorphoses tres nettement supérieur (75% d'apres Kalezic et af., 1989) pour un lac écologiquement equivalent, mais situe environ 300 m plus haut. Nous avons interprété ce fait par l'apport massif d’individus se métamorphosant dans les petits trous d'eau bordant les bords du lac (Breuil et Guillaume, 1985) (fig. 7 et 8). De toute maniere, il est trés difficile d'estimer le taux de neotenie dans une population puisqu'une grande partie des individus néoténiques et des larves reste cachee au fond du lac aussi bien de jour que de nuit (Breuil et Thuot, 1983; Breuil, 1986; Breuil et Parent, 1988). Le cas le plus spectaculaire est fourni par Vextraordinaire population du Dracolimni du Smolikas (fig. 5) où, par grand soleil, tous les individus métamorphoses, pédogéniques, larves se cantonnent au fond du lac et ne commencent à remonter vers les berges que vers 18h à |'exception des individus les plus petits qui restent au fond (Breuil et Parent, 1988). Il est a noter que ce lac est le seul que nous connaissons où ies berges sont dépourvues de végétation, de blocs de rochers, d'anfractuosités dans la berge dans lesquelles les tritons Peuvent se 28
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dissimuler durant le jour. Dans cette population le taux de néoténie serait de 22;*95 x 100 = 74%. La présence de ces trois catégories d’individus au fond du lac semble se présenter comme une exception à la tendance générale mise en évidence chez le triton alpestre. Dans cette population, les individus adultes qui se sont métamorphoses à partir d’individus pédogéniques se comportent en fait comme les individus dont ils sont issus. IIS sont encore éthologiquement néoteniques. Une différence importante réside dans le fait que ce lac dépourvu de végétation ne comporte que tres peu de plancton. Nos observations sur le comportement alimentaire et l’anaiyse des déjections montrent clairement que toutes ces catégories de tritons se nourrissent d’invertébrés benthiques (principalement des petits mollusques bivalves) alors que dans la mare voisine (lvlicrilimni) où la métamorphose dans l’année est le phénomène normal, ce sont les limnées qui sont principalement consommées. Faute de plancton, l’état neoténique ne présenterait pas d'avantage en milieu aquatique; le milieu terrestre étant quant a lui compose par une pelouse qui est fréquentée par temps pluvieux par les tritons (Sfikas, fn litt., 1982). A la limite, o’est le milieu aquatique qui serait plutôt hostile, en effet nous avons pu y observer Natrfx tesseliara en nombre important ainsi que N. natrfx beaucoup plus rare (Breuil et Parent, 1988). Les larves de petite dimension restent au fond du lac où elles trouvent de la nourriture en plus ou moins grande quantité. Elles se développent donc au froid et avec peu de lumiere. Cette absence de larves de |’année, alors que des larves de 20-25 mm sont présentes en grand nombre à lvlicriiimni, laisse supposer leur localisation au fond du lac. Seliskar et Peliani (1935) étaient dejà arrivés à des conclusions similaires. Nous serions tentés d’expliquer le phenomene dela neotenie dans ce lac par des contraintes écologiques: luciiugie, et développement au froid sans pour autant rejeter Vhypothese d'une base génétique, qui serait peut-étre à mettre en relation avec cette lucifugie trés prononcée. Nous avions dejà propose cette hypothèse (Breuil et Thuot, 1983). A |'époque, nous ne connaissions pas les differents travaux de lvl. Svob (1965} qui a montré que fa conjonction d'une basse température en presence d'une faible luminosité entrave la métamorphose de T. a. rnontenegrinus, alors que |’obscurite seule à température de 18-20° C entraîne la mort des animaux. Le developpement au froid assurerait une resistance des tritons néoteniques aux effets d’un dysfonctionnement du systeme neuroendocrinien causé par une croissance dans un milieu peu éclairé. Depuis 1980, nous suivons regulierement la population de Trfturus aijoesrris aijoestris la plus méridionale de France actuellement connue (fig. 9 et 10). Celle-ci est néotenique et possede des alleles de T. a. apuantrs (Breuil, 1986). Elle occupe un lac oligotrophe dont le niveau varie certaines annees de plus de 9 m (1981) pour une profondeur maximale que nous avons estimée à environ 11 m. En pleine eau, à la fin du printemps sa surface occupe environ 5000 m2, alors qu'à la fin de i'été elle tombe à moins de 1000. Il n’est pas exclu que certaines années, le lac puisse connaître un asséchement total. La nappe d’eau se situe dans une dépression délimitée, sur plus de 90% de son périmètre, par des éboulis formant un obstacle quasi infranchissable pour les tritons. Sur 580 adultes mesurés vivants, 456 etaient néoteniques soit un taux de néoténie de 79%. 28
J u- ` <` ‘r=ë " u n H .~· , ,Q`2'· ¤`·*¤!' · `· ` ` t.-. ·,L·;1 ·_ ._.·__ .' I, _. `·. " ,5 ·Qï;à,;·_-· _.-_· "·_·-"` :‘.`.H`·,ï·1·1 .;;,.t,.·‘É;l.·¢îtë:-J.;1 mi? ai ,, ,r.:·_f. ·. _ .;},4 _. . --3 _;t____ .· _ J ..;;»[ ..···;.. _. _· , sat --" fl ·. ,;:·t·.' '- ' · ·—·_ — _ , r . _ Jlhzl _. . "•··£iT »î¥·'·'S1, _:_·¥:êî··:_I'?·.l'·_' '·-I:"î\";I_·-'_·¤,. ',·:;î··` .1 . (I-.! _·I.·-'I, _··| I .·_ I I I I - I _;j·_ I - I - _ >_,. _‘ I_r l'- . _*"Él·`·`T‘ ‘ ` ··a· ‘·‘·' " ··_;t._ ·' ë:'-gr', _ · ' -_ l ** _ · ' - _ _·-_ ;,·£..=.;sï,..;_r., ·. _— · ‘ ·' " ‘· . `--· Il ·‘·- 1 '‘`‘ · . à . , .·4«. 1'r:: I I ·- I ··‘;_'-AH I I I. _·--:· .· ·;r_· -`«r_:·iiE;· tea: .. .. . .. .. . .-es · .- ' · E:?;'¢`¤¤'-;·.1·.'.: ‘·`·IT?`ë*:â·¤"ü':`€I‘·Tî<'.'· ._.; *¤·-g3:'.:?·—_î?;;;?t·_;;__`·` `‘·- _ . . ,1;,L,:`.:?;:ï.'·:.;I;:.,`1 __;`_ - · _____ .·__ _ __ _ ' I __ __ Z- lit ._,._ _; lr Q, .A. _f;î.,H_5 _ 1,;,.. _ ·. un un . ag _;.î¤'âÈ»:’_`_'_ `F".*`* ._ ·_ ;_ r _ ' -‘· ·- €» t1'-·Jz·:-,1- 2-:—$:'·+ Tr- _--·»·'· ·· · _j '!-¤_, * , ‘§'§.fï· ' , " '.•‘f"‘ Figure 1_1: Lac Faudon, Parc National des Ecrins, France, 1560 m. (3'est un lac profond de 3-4 rn, tendant_a la dystrophie. Il est sujet a cle grandes variations de son étendue. Fin septembre, il se resout _a sa pa_rtIe centrale. La population de triton alpestre de ce lac montre des tendances à la neotenre et presente des points communs morphologiques, genetiques et ethologlques avec les tntons alpestres du Lac de la Cabane. Le milieu terrestre est loin d’etre detavorable, les tritons alpestres se metamorphosent normalement dans de petites mares entourées par le même milieu terrestre (Breuil, *1986). ,],ll·t,. ,. l · ·:; .·_tîi ·_'.— _ rg:;,;,;;, si ``=- · M" " _-···*· "‘ ,_ ...¢l»W'#·’“‘¤~*î?= · ` . — ·_ Figure 12: Zminlcko Jezero, Parc National du Durmitor, Yougoslavie, 1285 m. Lac eutrophe envahi Ear une vegètation centrale de Potamot. C'esl la localité type de Triturus alpestrfs sardarus adovanovrc, 1961, Ce taxon neotenrque est considéré comme synonyme de TT a. alpestrfs par Breuil et Guillaume (1985). Il existe des Trrtons alpestres metamorphosès dans ce lac. T. vutlgarfs se reproduit egalement 'dans ce lac, mais se metamorphose normalement. Le milieu terrestre environnant est formel par des paturages etun loret cl Conlteres ou les amphibiens sont très abondants. Orl est loin de I'hostlIlte du mrlleu terrestre et du lac oltgotrophe I 29
La biologie de cette population se modifie legerement avec les fluctuations du niveau du lac. Quand il est plein, les populations néoténique et larvaire occupent le centre du lac. Les tritons métamorphoses (adultes etjuveniles) fréquentent essentiellement les berges où ils demeurent cachés sous les blocs de rocher. Quand ·le niveau de l’eau est au plus bas, la séparation des différentes catégories de triton est moins marquée. Néanmoins, les métamorphoses sont principalement cantonnés à l’une des extrémités du lac, là où le vent concentre les insectes aériens tombés accidentellement dans l‘eau. Les neoteniques occupent tout le volume du lac. Les contenus stomaoaux confirment cette ségregation des individus, les néoténiques se nourrissent aussi bien en pleine eau qu'en surface, qu’au fond ou sur les bords du lac, alors que les métamorphoses ont une aire de nourrissage plus littorale (Breuil, 1985). Deux approches différentes et complémentaires ont été menées par des chercheurs de Sarajevo sur T. atoesrris rnonrenegrinus pour comprendre le phénomène de la néotenie. La première concerne principalement le phénomène de la neurosécrétion (travaux de lvl. Svob 1963 et 1965), la seconde s’intéresse au phenomene respiratoire en relation avec la thyroïde (travaux de Pocrniic 1968). Sans entrer dans le detail de toutes ces recherches, plus de 30 articles, les resultats obtenus vont dans le sens d’une néoténie È déterminisme écologique. Le froid et le peu de lumière reçue empêchent méme la métamorphose des neoténiques en présence de thyral qui la provoque dans des conditions standard. La respiration des tritons néoténiques est plus performante que celle des métamorphoses. Quelle que soit la température, entre 10° et 25° C, la participation de Voxygene atmosphérique compte pour 50% chez les néoténiques alors que chez les métamorphoses, elle dépasse 75%. Cette difference de comportement respiratoire a ete interprétee comme reflétant la difference d'activite de la thyroïde entre tritons métamorphoses et néoténiques. Des observations en captivité faites par Seiiskar et Pehani (1935) ont montré que les tritons alpestres néoténiques de Slovénie remontaient moins souvent à la surface que les métamorphoses. Ces auteurs en ont conclu que la respiration branchiale compensait |'utilisation d’oxygene atmosphérique si la teneur en oxygène dissous etait suffisante, c‘est—à—dire à de basses temperatures. Avec Vaugmentation de la temperature, la frequence de la prise d'air en surface augmente. L‘état néoténique Iimiterait les remontées respiratoires, ce qui constituerait un avantage en supprimant cette phase où ils sont particulièrement detectables par les prédateurs. Dans ces lacs oligotrophes, la neoténie apparait donc comme directement conditionnée par les facteurs du milieu. La conservation du phénotype larvaire améliore les possibilités d’exploitation des differentes zones du lac et limite les remontées respiratoires. B. Neotènie et milieux aquatiques variables La presence de populations neoténiques dans des milieux aquatiques eutrophes, qu'ils soient artificiels ou naturels et plus ou moins stables ne se satisfait pas a priori du schema propose ci—dessus. L'«explication» 30
envisagée par Dzukic et Kalezic (1984) pour une population de triton alpestre «neoteny... has probably evotved and been maintained under conditions of unlavourabie aquatic and terrestrial environments» n‘explique rien... Ce type d’explication est repris pour les populations de T. vufgarfs du karst dinarique (Kalezic et Dzukic, 1985 et 1986; Tucic et ail., 1985; Kalezic et ai'., 1990) et pour d’autres populations de T. aijoestrfsde la méme région (Kalezic et ai., 1990). La légendaire hostilité du milieu terrestre est un élément sur lequel nous ne reviendrons pas. Avec sa quarantaine de populations néoténiques touchant T. vurgaris et T. atoesrrrs (Dzukic et al., 1990), la Yougoslavie est le pays le plus intéressant pour l’étude de ce phénomène. Les travaux d’Andreone (1990) en Italie mettent en évidence une situation proche, mais seules T. a. apuanus et T. a. inexpectatus montrent une absence régulière de métamorphose. La néoténie est aussi connue en Italie chez T. a. arjoesrrfs (De Fillipi, 1861; Camerano, 1883 a). Une constance des populations nèoténiques est qu'il n’y a en principe qu'une espèce de triton neotènique par lac formam des populations néoténiques. A notre connaissance, il n'existe qu'une vraie exception (Gislen et Kauri, 1959; Dolmen, 1978). Le cas étudie par Zeller (1899) est un peu surfait et correspond a un milieu exceptionnel. Cet auteur rapporte la découverte dans un trou d’eau d’une briquetterie de T. afpestrfs, de T. vufgaris et de T. crfstatus néoténiques. Ce trou d'eau, délimité par des murs verticâtux de briques, posséde un volume d'eau d'origine pluviale de 120-130 m , pour une profondeur d’environ 3 mètres. La verticalité des murs aurait empèche les tritons de sortir. Sur les 28 tritons capturés, tous étant néoténiques, on note 15 T. vuigaris (45-85 mm), 12 T. atoestris (60-90 mm) et un T. crisratus de 62 mm. Les âges de ces animaux seraient compris entre 1 et 3- 4 ans. Une femelle pédogenique de T. atpestris pondit 183 oeufs dont 107 donnèrent des larves qui se métamorphosérent normalement entre la mi- août et la fin septembre. La femelle se métamorphose rapidement en aquarium. Pour Zeller, cette absence de métamorphose ··serait due à |'escarpement des bords qui empèche les larves de sortir de l'eau et les force, en quelque sorte è choisir pour leur développement la voie qui les conduirait à la néotènieir. Pour Giltay (1932), c’est ttrechercher une solution nettement finaliste qui impliquerait chez la larve la prémonition au cours de sa métamorphose des difficultés qu’elle rencontrera lorsque sa métamorphose sera terminée!» La cohabitation d'une espèce de triton néoténique avec une, voire deux, espèces de triton se mètamorphosant normalement est un point sur lequel il n’a pas assez été insisté et toute interprétation des populations néoténiques doit intégrer cette donnée. En Yougoslavie, dans les lacs oligotrophes d’altitude moyenne ou T. atoestris cohabite avec T. vutgaris (3 localités), seul l'alpestre est néoténique et seule cette espèce fréquente le fond des lacs, T. vuigaris étant plus littoral (Seliskar et Pehani, 1935; Breuil, obs. pers. au lac Zminick (fig. 12), localité type de T. a. serdarus = T. a. atoestrfs Breuil et Guillaume, 1985). En revanche dans ies milieux eutrophes de petite dimension, a première vue homogènes dans leur volume, une telle séparation n’apparaît pas (Dzukic et Kalezic, 1984). Un cas est connu en Yougoslavie où T. vuigaris néoténique cohabite avec T. aijoesrrfs métamorphose (Dzukic et Kalezic, 1983). D’une manière 31
générale, dans le karst dinarique, T. aipestris et T. vufgarfs semblent s’exclure. Dans le Larzac, T. hefveticus vit avec T. marmorarus, seul T. hefvetfcus est néoténique (Gabrion, 1976). Ces milieux eutrophes se caractérisent par des températures élevées en été (pouvant atteindre 28° C sur le Causse du Larzac), une végétation trés abondante, une transparence variable, une pro ondeur pouvant atteindre 4 m. Ces différents milieux aquatiques peuvent s’assécher certaines années: dans ies Alpes dinariques (Dzukic et al., 1990, pour T. vuigaris, Kalezic et ai., 1990 pour T. afpestris), en Italie (Dubois et Breuil, 1983; Dubois, 1983; Andreone, 1990; Andreone et ai., sous presse pour T. atjoestrfs). Il en est de même dans le Causse du Larzac où une des mares étudiées par Giabrion (1976) contenant un des plus fort taux de néoténie de T. heivericus de la région était complétement asséchée fin juillet 1991 (Breuil, obs. pers.) Quels sont les facteurs qui dans ces milieux instables font qu'une larve va continuer sa croissance sans se métamorphoser ou au contraire la réaliser? Le probléme se pose au sein d’une espèce et entre espèces svntopiques. En effet seules T. arpestris, T. vuigaris et T. hefvetictrs engendrent des individus néoténiques alors que T. marmoratus ne le fait jamais (deux cas de néoténie partielle, sont connus (Gabrion, 1976 , Wolterstorff, 1896) et T. crisrarus exceptionnellement (Von Ebner, 1877; Kuhn, 1925; Gislen et Kauri, 1959; Kalezic et Dzukic, 1990) V. DISCUSSION. NEOTENIE: CONTHAINTES DE DEVELOPPEMENT OU SELECTION DAFIWINIENNE? Affirrner qu'une espèce ou une population est bien adaptée à son milieu est une évidence. Le développement, la croissance, la métamorphose, Pacquisition de la maturité sexuelle, la durée de vie sont fortement influencés par ies facteurs extérieurs. Ainsi, chez le triton alpestre du Parc National des Ecrins, nous avons pu observer dans deux mares contiguës de caractéristiques écologiques, différentes des tritons qui présentaient une difference significative de taille (Breuil, 1986). D'une manière générale, les tritons alpestres d’altitude se reproduisant dans des lacs oligotrophes dépassent par leur taille nettement supérieure (c’est·à-dire vivent plus longtemps) ceux se reproduisant dans des milieux plus chauds et pius variables. Ainsi, des facteurs comme le froid, la nourriture peuvent directement influencer la biologie, la morphologie et le cycle de développement d’une population. Andreone (1990) est arrivé à des conclusions similaires; les stratégies de reproduction des tritons varient suivant les conditions locales. Dzukic et ai. (1990) reconnaissent l’existence de trois types de cycles ontogéniques chez les tritons 1 1 - La larve se métamorphose l’année de sa naissance, le jeune triton devient terrestre et devient sexuellement mature aprés un nombre d’années variable. 2 · La larve grandit, atteint la maturité sexuelle et par la suite se métamorphose, |'animal devient un adulte terrestre qui retourne plus tard à |'eau pour se reproduire. 32
3 · La larve poursuit sa croissance, devient sexuellement mature et ne se métamorphose pas. A ces trois cycles, j‘en ajouterai un quatrième: les larves hibernent, une voire deux années, mais se métamorphosent avant ou pendant l’acquisition de la maturité sexuelle. Pour Dzukic et al. (1990), le troisième cycle correspondrait a celui rencontré chez le triton alpestre des lacs d’altitude, ou la pédogenèse serait inscrite dans le génotype. Ces quatre cycles sont à mettre en parallele avec les cycles établis par Sexton et Bizer (1978) sur des Ambystoma tfgrinum des montagnes du Colorado. Ces auteurs reconnaissent I'existence du cycle normal caractérisé par une seule classe de larves, un deuxième cycle altéré avec deux classes de larves et enfin un troisième cycle avec trois ou quatre classes, parmi lesquelles des Ambystomes se métamorphosent alors que d'autres restent pédogéniques. Il est intéressant de remarquer que les premières explications yougoslaves de la néoténie dans les lacs de montagnes proposées dans les années 1960-1970 (voir par exemple Svob, 1965 et Pocrnijc 1988) faisaient appel à une inhibition de la métamorphose par des facteurs écologiques alors que la tendance actuelle (voir les différents travaux de Dzukic, 1981; Dzukic et Kalezic, 1983 et 1984; Dzukic et al., 1990 ; Kalezic et Dzukic, 1985, 1986 et 1990; Kalezic etai'., 1989 et 1990; Tucic et Kalezic, 1984; Tucic et al., 1985) est résolument sélectionnistel ll faut bien vivre avec son temps! Duellmann et Trueb (1986) considèrent que la néoténie dans le genre Triturus est une acquisition récente, peut-être une réponse adaptative aux changements climatiques du Pléistocéne et du post-Glaciaire. Admettre que certaines populations deviennent néoténiques par l’action directe du milieu ne revient pas a rejeter I'existence d’une base génétique rendant compte G8 certains cas de néoténie. De nombreuses observations montrent qu’i| existe des tritons incapables de se métamorphoser quelles que soient les conditions du milieu. Ainsi, la persistance de l’état néoténique lorsque les animaux sont élevés dans des conditions standard constitue un argument allant dans le sens d'une faible inhibition de la métamorphose par le milieu. De méme la transmission héréditaire du phénotype dans des croisements expérimentaux réalisés en conditions standard plaide en faveur de Vexistence d’une base génétique. La durée de la conservation du phénotype larvaire varie de manière spectaculaire. En effet, celle-ci dépend des espèces, des populations et des individus. D’une manière générale, les individus pédogéniques trouvés sporadiquement dans les populations ont tendance à présenter une néoténie stable, ces tritons conservent leur phénotype néoténique pendant plusieurs années. Ceci est encore plus marqué pour les néoténiques albinos (Schreitrnüller, 1923; De Marees van Swinderen, 1929). En revanche, dans les populations pédogéniques de T. arjoestris et de T. vu.·'garr’s, le comportement des animaux par rapport à la métamorphose est a ,orr’orr’ des plus imprévisibles. Certains se métamorphosent complètement _dans le mois qui suit leur arrivée au laboratoire (Andreone et Sindaco, 1987), au bout de 50 jours (Elernini et Mezzadri, 1990) , d'autres au bout d’une année, voire de plusieurs (Breuil, 1986). Ainsi, la persistance de l'état néoténique plusieurs années en élevage est un des arguments qui a été utilisé pour élever les populations néoténlques au rang de sous- espèce, Trfturus vurgarfs tatar'ensr’s, Dely, 1967; T. a. montenegrfnus 33
Ftadovanovic, 1951; T. a. piperfanus et T. a. serdarus Badovanovic, 1961. Cependant, la métamorphose en conditions standard débouche soit sur un animal parfaitement viabie, soit au contraire sur un animal qui succombe à celle-ci. Quelques-uns garderont leur robe larvaire pendant plusieurs années, soit sans montrer de signes morphologiques de métamorphose, soit en entamant une métamorphose trés lente se traduisant par l‘acquisition progressive des couleurs typiques des adultes métamorphoses. La conservation des branchies demeure le signe le plus évident de cet etat néoténique et parfois le seul caractere larvaire restant. Ces différents aspects de la néoténie seront développés ultérieurement (Breuil, en préparation). Dans leur milieu naturel, on remarque une différence importante entre le degré de métamorphose du triton alpestre, où dans une même population, on observe des individus apparemment adultes mais qui sont morphologiquement entièrement larvaires et des individus métamorphoses qui ne possédant plus que des reliquats d'arcs branchiaux. En revanche, dans les populations de T. vurgaris, les néoténiques sent rnorphologiquement trés larvaires (Dzukic et ar., 1990), il en est de méme pour celles de T. hervericus (Gabrion, 1976, Breuil, obs. pers,). Ces différentes constatations, suggèrent que la néctenie de T. atoesrris différé de celle de T. hervericus et de T. vurgaris autrement dit, ces néoténies n'ont sans doute pas le méme déterminisme. En captivité, dans des conditions standard, les tritons palmes du Larzac se métamorphosent à bréve échéance (1 mois). La majorité d’entre eux ne survit pas a cette transformation. Les individus décédent au cours de la métamorphose. lis présentent une bouche constamment ouverte. Cependant, quelques—uns ne montrent toujours pas de signes de métamorphose aprés 10 mois. Un individu répertorié comme femelle sur la base de ses caracteres sexuels externes a acquis une différenciation mâle (robe nuptiale) et posséde un goïtre thyroïdien qui est devenu de plus en plus volumineux. ll a fini par mourir 2 mois aprés l’apparition du goïtre. La néoténie avec goïtre n’a été signalée pour l’instant qu'une seule fois (Dodd et Callan, 1955). Bien que comparabte, la situation est légérement différente chez les T. arpesfris du lac de la Cabane. Certains d'entre eux entament une métamorphose beaucoup plus lente que chez l‘espéce précédente. D'autres demeurent complétement larvaires. Quelle que soit leur taille, tous les tritons alpestres du lac de la Cabane survivent à la métamorphose. Parmi les larves d'une cohorte, certaines se métamorphoseront rapidement en aquarium alors que d'autres atteindront la maturité sexuelle sans se métamorphoser. Plus un individu est âge, plus sa probabilité de métamorphose dans les conditions naturelles devient faible (Breuil et Thuot, 1983). Parmi les individus de méme âge, la différence de réaction serait imputable à une particularité génétique sur laquelle le milieu exerce plus ou moins son action. Cette différenciation différé d’une espece a l’autre puisque T, arpestrrs et T. vuigaris ne sont pas néoténiques en svntopie à moins que l'état néotenique d’une des especes inhibe, par Vintermédiaire de substances diflusibles, la néoténie de l'autre, ou au contraire accélère sa métamorphose. Dans les milieux eurrophes plus ou moins stables, la persistance de la capacité à se métamorphoser serait avantageuse si le milieu aquatique venait à s'assécher. Vu sous cet angle, la pcpulation optimise la 34
fréquentation de sa niche écologique. Devant cette double hostilité des milieux (Dzukic et Kalezic, 1983, Dzultic et ai., 1990, Kalezic et al'., 1990), la sélection naturelle entretiendrait cette possibilité de se métamorphoser à volonté. Nous ne sommes pas convaincus par cette explication bien qu’en théorie elle puisse exister. Gould (1977) associe la péciogenese (= néoténie totale), qui provient d’un retard ou développement somatique par rapport au développement germinal, a la vie dans des milieux stables et la progenése, c'est-à-dire l’acquisition précoce de la maturité sexuelle, à des milieux instables. lvlorphologiquement, peut-être à Vexception de la taille, le résultat est le même, les animaux présentent des caracteres larvaires associés à la possibilité de se reproduire; ils sont donc adultes. Malheureusement, de nombreux auteurs (Gallien, 1952, Gabrion, 1976,...) emploient le terme d'adulte pour désigner un triton métamorphose, parfois non mature, ce qui est source de confusion. Pour les tritons néoténiques vivant dans les milieux instables, il serait souhaitable de connaître Page de l’acquisition de la maturité sexuelle ce qui apporterait des informations autres que la longévité, et de le comparer e celui des métamorphoses de la méme population et des tritons des populations voisines se métamorphosant normalement. Andreone et al'. (sous presse) ont établi Page moyen oe différentes populations de T. ôÃC'SSfffS,' les populations néoténiques de milieux instables de petite dimension vivent en moyenne 3,2 ans contre 5 ans pour des populations a métamorphose normale vivant dans des milieux comparables. Des observations inédites réaiisées en 1991 sur la population de triton alpestre du lac de la Cabane montrent la possibilité d’une acquisition précoce de la maturité sexuelle chez certains individus néoténiques particulierement voraces. Cette croissance accélérée pourrait amener à une maturité sexuelle plus rapide. C’est ce que semblent indiquer les résultats d'Andreone et al. (sous presse). Tant que |’on ne connaît pas le trajet ontogénlque d'un triton néoténique (progenese ou péclogenése, sensu Gould, 1977), nous pensons qu’i| est préférable de parler de néoténie totale, t110l qui désigne l'état d’un animal sexuellement mature encore pourvu de caracteres typiques de la phase larvaire. Certaines années. il apparaît des populations de tritons néoténiques qui se caractérisent par leur non persistance, par leur labilité (Fuhn, 1963). Ainsi, les tritons néoténiques sont présents en grand nombre pendant une ou quelques années puis, ils se métamorphosent spontanément. La population reprend alors un cycle normat. Ces cas sont essentiellement connus chez T. vuigaris (Boettger et Schwarz, 1928, l-lartvvig et Flotmann, 1940, Fuhn, 1963) et chez T. nelveticus (Giitav, 1932, Docld et Callan, 1955). Les taux de néoténie calculés par Gabrion (1976) dans le Larzac varient d’une année a |'autre. Ainsi, durant I'étè 1991, nous avons étudié ces populations de Triturus lielveticus; certaines ont vu leur taux de néoténie diminuer de maniere significative, mais surtout quelques lavognes (= mares artificielles servant d'abreuvoirs a moutons) étaient compiétement _asséchées et donc dépourvues de tritons alors qu'elles abritaient il y a quelques annees des populations néoténiques. Dans certaines ct‘entre elles, de jeunes tritons métamorphoses (20»24 mm) se dissimulaient dans les craquelures de la vase du fond. En consequence, dans les prochaines années, ces mares seront dépourvues de tritons néoténiques. Ces cas 35
relativement rares de néoténie labile sont néanmoins très instructifs. Ils montrent que certaines années, it existe un facteur du milieu ayant une valeur inhabituelle qui, a iui seul est capable d'empécher la métamorphose. En Yougoslavie toutes les populations néoténiques de T. vuigaris et de T. aipesrris vivant dans des milieux eutrophes se situent dans Vétage subméditerranéen (Dzukic etai., 1990). Celles de T. heiveticus du Larzac peuptent des milieux artificiels eutrophes dans des conditions climatiques et écologiques similaires a celles des Dinarides; on ne peut donc rejeter a priori l'existence d'un ou plusieurs facteurs écologiques particuliers liés au relief karstique, et donc au climat subméditerranéen, qui bfoqueraient la métamorphose. Gabrion (1976) a trouvé une corrélation positive entre le faux de néoténie et le rapport K*i(Ca"+ + tvtg**). Cet excès de K* par rapport aux autres cations entraînerait la néoténie par la libération de prolactine dont les effets sont antagonistes de ceux de la thyroxine. On peut supposer que T. vuigaris et T. aipesrris n'ont pas la même sensibilté à ces facteurs inhibiteurs puisque leur néoténie apparaît pour |’instant comme exclusive. L’analyse développée dans ce paragraphe nous semble plus s'accorder avec les faits. Pour Fuhn (1963), la possibilité de se métamorphoser aprés avoir été néoténique et la capacité à devenir néoténique ne semblent pas étre une caractéristique de certaines populations, mais une caractéristique de l‘espéce. Pour moi, la question demeure toujours ouverte. Les croisements de tritons néoténiques en laboratoire ont montré que dans certaines situations l'état néoténique peut être interprété comme se transmettant suivant un modéle mendélien simpie. L‘al|é|e néotènique apparaît récessii sur l‘alléle métamorphose (De Fremery, 1925; De Marées van Swinderen, 1929). Les observations de Camerano (1889) sur la sous- espèce T. aioestris apuanus vont également dans ce sens; des individus métamorphoses issus d’une population pédogénique ont donné naissance à des tritons pédogéniques dans un milieu naturel où fes conditions écologiques étaient favorables a la métamorphose. Ces transmissions héréditaires de la néoténie concernent des adultes présentant une néoténie stable, c’est-a-dire qui se conserve en dehors du milieu d‘origine. Cependant, de nombreuses tentatives de croisements montrent la non transmissibillté de certaines formes de néoténie en conditions standard, ceci est particulièrement vrai pour les néoténies dites labiles où les tritons se métamorphosent trés rapidement aprés transport au laboratoire : T. aipestris (Seliskar et Pehani, 1935), T. vuigaris (Hartwig et Ftotmann, 1940}, T. neiveticus (Gabrion, 1976). En France, ta néoténie du triton alpestre se focalise dans le sud-est des Alpes. Plusieurs populations présentant le phénomène sont connues (Le Parco et ai., 1981; Breuil, 1986). Les populations néoténiques y fréquentent toutes sortes de milieux: lac oiigotrophe (1995 m), étang envahi par la végétation (1100 in), lac dvstrophe (1560 m), réservoirs artificiels (t400·t500 m). Chaque fois que nous avons observé la néoténie totale (la simple hibernation des larves est un phénomène quasi· systématique en altitude), nous Favoris trouvée associée a ia présence d'al|é|es que nous avons considérés comme caractérisant la sous·espéce apuanus. Or dans cette sous-espèce, tout au moins dans certaines populations et chez certains individus, la néoténie semble déterminée 36
génétiquement (Camerano, 1889). Elle s'exprime alors indépendamment des conditions de milieu (Breuil, 1986). Dans les milieux temporaires, quand ceux-ci s’asséchent, la métamorphose commence, les individus néoténiques devenus terrestres poursuivent leur vie à terre ou meurent des suites de leur métamorphose ou éventuellement de l’hostilité en surface du milieu terrestre. En revanche, pour les populations du triton alpestre du Monténégro, la néoténie semble conditionnée par les facteurs du milieu et non pas par une base génétique déterminante. En effet, les tritons sont néoténiques dans les lacs oligotrophes et se métamorphosent normalement dans tous les trous d'eau situés aux alentours (c’est-à-dire entourés par le même milieu terrestre). Breuil et Guillaume (1985) ont montré que les sous-populations de néoténiques et de métamorphoses semblaient génétiquement homogènes et que les néoténiques et les métamorphoses pouvaient se croiser entre elles. VI- CONCLUSION L‘interprétation du phénomène de la néoténie ne fait pas l'unanimité pour la simple raison qu’il existe de nombreuses situations différentes qui tiennent aux espèces concernées et au différents milieux qu’e|les fréquentent. Ainsi, il y a lieu de faire la distinction entre le simple retard de métamorphose, qui se traduit par une hibernation des larves imputable aux conditions climatiques (= néoténie partielle de Kollmann} (ponte tardive, nourriture peu abondante, température faible) et |’éventuelle acquisition de la maturité sexuelle avec conservation de tout ou partie des caractéristiques larvaires (= néoténie totale de Kollmann). L'hibernation larvaire est un phénomène trés courant pour les tritons alpestres de montagne, l'acquisition de la maturité sexuelle est déja beaucoup plus rare. La présence dela néoténie peut étre une caractéristique permanente de la population, ou au contraire, les tritons néoténiques n'apparaissent en masse que certaines années; dans cette derniére situation, la néoténie est dite labile à l'échel|e de la population (Fuhn, 193). Dans les populations où la néoténie est stable dans le temps, on observe néanmoins que certains tritons se métamorphosent aussi dans leur milieu naturel, pour ceux-ci elle peut être qualifiée de labile a l’échelIe de l’individu. Cette métamorphose correspond a une reprise de l’activité thyroïdienne, reprise dont on ignore le facteur déclenchant. Transférés au laboratoire, certains tritons, particulierement ceux issus de populations à néoténie stable dans le temps ou les tritons néoténiques apparaissant sporadiquement dans les populations, demeurent avec leurs attributs larvaires toute leur vie. D’autres se métamorphosent progressivement sans probiémes, d'autres enfin se métamorphosent et meurent. Pour ceux qui demeurent néoténiques, la néoténie est stable, pour ceux qui se métamorphosent, elle est labile, enfin pour ceux qui ne survivent pas au déroulement de la métamorphose, il demeure un problème non éluoidé. L’induction de la métamorphose par de la thyroxine exogéne en conditions standard s'accompagne de la métamorphose, les tissus des néoténiques sont encore compétents, la néoténie n’est pas absolue 37
(Schreiber, 1933) comme chez le Protée qui se montre récalcitrant à toute métamorphose compléte. Dans une même population, on peut rencontrer tous tes cas de figure, ce qui semble étre une des raisons de la divergence des interprétations proposées. L’augmentation du nombre connu de populations néoténiques montre la diversité des situations écologiques rencontrées et donc Vinadéquation d’une théorie unique visant à expliquer l’apparition et le maintien des populations néoténàques. Nous pensons que pour les populations de triton alpestre des Balkans vivant dans des lacs oligotrophes, la néoténie est une conséquence de la vie dans des milieux froids et obscurs et non pas le résultat de la sélection de forme génétiquement néoténiques par rapport a l’hostilité du milieu terrestre. Ceci n'exc|ut pas Vexistence d'un avantage trophique de la condition néoténique sur la condition métamorphosée dans un lac oligotrophe. En revanche, diverses observations suggèrent qu'en Italie, dans certaines populations, la néoténie relève d’une base génétique. La néoténie dans des milieux eutrophes à niveau variable, voire pouvant s‘assécher se localise essentiellement au relief karstique de climat subméditerranéen. Il y a lieu de rechercher une explication à cette corrélation. Uasséchement occasionnel de certains milieux aquatiques habités par des tritons néoténiques apparait comme une observation surprenante. Pour le triton alpestre, nous l'avions signalé dés 1983 en Calabre (Dubois et Breuil, 1983} et nous l'avions aussi suggéré pour une population de Gréce en 1980 (Breuil et Parent, 1988). Depuis, ce type de constatation a été rapporté de Yougoslavie pour le triton alpestre et le triton vulgaire (Dzukic er al., 1990; Kalezic et ai., 1990) et pour le triton palmé dans le sud-est de la France (obs. pers,). En Italie, Andreone (1990), Andreone et ai. (sous presse) signalent quelques populations où l'estivaticn d'adu|tes branchiféres est possible a la suite de Passéchement complet de certains points d’eau soumis à une forte évaporation estivale. Nous espérons que ces données feront tomber le mythe de la stabilité du milieu aquatique. Les populations néoténiques apparaissent a nos yeux soit comme une conséquence de la vie dans certains milieux, soit comme le résultat de la propagation d’une anomalie héréditaire de la métamorphose dont l’expression pourrait dépendre plus ou moins des conditions du milieu. Indépendamment de la cause de la néoténie, le triton alpestre néoténique exploite facilement tout le volume d’eau des lacs oligotrophes, ce que ne fait pas le triton métamorphose. Pour les tritons vivant en milieu encombré par la végétation, nous ne pensons pas que ceci soit un avantage décisif. En revanche, quelle que soit la nature du milieu considéré, le fait de remonter moins souvent en surface peut diminuer |'impact de certains prédateurs et donc avantager les adultes branchiféres. L'état néoténique amène a une prolongation de la vie aquatique et à une diminution de la longueur des périodes de moindre activité. Ainsi, dans certains milieux la croissance pourrait étre plus rapide qu’à terre et la maturité sexuelle atteinte plus précocement que chez les tritons se métamorphosant sans hibernation larvaire. Nous ne pensons pas que |’hostilité du milieu terrestre soit le facteur sélectif décisif qui canalise une population vers l‘état néoténique; ce n'est pas parce que le milieu apparaît 33
impropre en surface a la vie batrachologique qu'iI le demeure en profondeur. Pour terminer ce panorama de la néoténie dans le genre Trtfurus, rappelons que ce QUI est vrai pour une espece Ou une pûputatîen ne l‘est pas forcement pour une autre et ne constitue donc pas un fait a portee generale Remerciements - Nous remercions dacques |—lourdry de nous avoir invité à presenter ces quelques Idees a _|'occasIon des journées du 209 anniversaire de la Socrete l-lerpetologtque de France qui se sont tenues à Orsay en ruin 1991 et les_re|ecteurs anonymes pour la qualité et la pertinence des remarques falteS. Nous tertüns egalement a remercier MM. Jean-Luc Pernodet pour l'aIde apportée pour la réalisation de cet article, Georges l—lenrI Parent pour la traduction des articles en néerlandais, Pierre Charrau pour la tradLtCtI0n de certains passages d'artICleS en allemand et Frart_C0 Andreone QUI _au moment 0Lt n0uS termtnI0rtS Cet article, a eu la gentrllesse de nous faIre parvenu ses dernie_rs travaux et particulièrement ceux sous_ presse ce our nous a permis d'étofler ce travail. Les photographies des lacs balkanlques ont été faites grâce a |’aide de la SOCIete Kodak que nous fBlTlGf©l0|'IS. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ADAMAKOPOULOS, T. et HADJIRVASSANIS, V. (1988) - Contribution to the study of the distribution of the Alpine New: (Triturus alpestris l ln Greece. H, Physis, La Nature (Athènes), 41: 7-10, 34, ADAMAKOPOULOS, T., MATSCJLJKAS, P, et HADJIRVASSANIS, V. (1987) - La nature montagneuse du Pèloponnèse et sa protection. 1. Description, impact, protection. 2. La tlore. 3. La faune. H, Pnysis, La Nature (Athènes), 39: 9-26. ANDHEONE, F. (1990] — Vartabllità morfologica e riproduttlva ln popolazionl di Trlrurus alpestris (Laurenti. 1768) (Arnphibia. Urodela, Salamandridae). Tesi dl Dottorato dl Fltcerca, Bologna. 331 pp. ANDREONE, F. et SINDACO, Fl, (1987,1 · Sulla presenza e la neotenla de Triturus alpestrls apuanus (Bonaparte 1839) nelle Oollina di Torino (Amphlbia, Urodela, Salamandridae). Boll. Mus. reg. Sci. nat. Torino, 5: 103-112. ANDREONE, F., DORE, B. el LJSAI, P. (1991) — Histologlcal and ecological aspects ol neoterty in Triturus alpesrris apuanus (Bonaparte}, ln: Symposium on the evolution of terrestriai vertebrates, G. Ghinsta et al. (Eds.), U.Z.I., Modena, 4, 413-420 pp. ANDHEONE, F., GIAGOMA, C., GAVALLOTO, I., et FRANCILLON-VIELLOT, l-l. (sous presse) - Le cycle reproducteur de Triturus alpesrris: influence des facteurs externes. ln: Actes du colloque 0"Ecoiogie et Biogéograpnie alpines, La Thuile, 1990. ANDREONE, F. et DORE, B. (sous presse) - Adaptation of the reproductive cycle in Iriturus aipestris apuanus to an unpredictable habitat. Ampnibia-Repriira. BERNINI, F. et MEZZADBI, S, (1990} - Su una popolazione dl Triturus alpesrris (Bonaparte, 1839} in Pianura (Amphlbia, Urodela. Salamandridaej, Arrr, Soc. irai. Soi. nat. Mus. Clv. Sror. nat, Milano, (1989),130; 253-259. 39
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Bull, Soc. Herp. Fr. (1992) 61 : 45-51 par Jean LESCUFIE et Sabine FlEN©US Résumé - Chez les Gymnophiones, on distingue, en arrière de la tête, une region particulière ou collier, formée de deux anneaux plus larges que ceux du tronc, apparaissant plus tardivement au cours du développement et ne présentant pas la correspondance 1 anneau primaire ,·' 1 vertèbre. Les anneaux du collier recouvrent la musculature du plancher buccal et la jonction cranio-vertébrale. Ils correspondent à la région brahchiale des embryons et des larves. D’un point de vue morphologique, le collier des Gymnophiones peut étre interprété comme une amorce du cou des Amniotes. il joue le role d'un cou véritable sur le plan fonctionnel. lillois-clés : Gymnophiones. Collier. Cou. Morphologie, Summary — The Gymnophlona show behind the head two annuli wider than trunk primaries annull that define the collars. The oollars are a particular morphological region and their annulation appears later than on trunk in the ontoge ny and have not the_ typical reciprocal relation 1 primary annulil 1 vertebra. They cover the musculature ol the buccal floor and the cranio·vertebra| joint. The collars ol the Gymnophiona correspond to the branchial region ol embryos and Iarvae. They may be looked as an inciplent neck region, especially on a functional point of view. Key—worda : Gymnophiona. Collars. Neck. lvlorphology. l- INTRODUCTION lI_est communément admis que les Amphibiens ont un cou extrêmement reduit parce qu’ils n'ont qu’une seule vertebre cervicale, lfatlas. Ce_pendant, depuis Taylor (1968), on distingue, che; les Gymnephiones, qui tl’ont nl membres nt Ceintures, une region SDÈCIIIQUB, le collier, forme de deux anneaux généralement plus larges que les anneaux primaires du tronc. Taylor (1968) et les auteurs anglo-saxons, excepté Breckenridge et al. (1987), ecnvent «co||ars» au pluriel dans le sens que les deux premiers anneaux sont appelés collier. Nous avons preferé utiliser le terme de collier au singulier (Lescure et al., 1986) pour biert definir une region morphologique particuliere (tete, collier, tronc, region postcloacale) et mieux evoquer la comparalson av_ec Q cou. Les anneaux du collier recouvrent des vertèbres qui loueraient le role de «cerviçales>= chez ces animaux plus ou moins louisseurs, dont la tete et la region vertébrale immediatement postérieure sont plus mobiles que le reste du corps et subissent plus cle stress que chez les autres Amphibiens (Taylor, 1977). Manuscrit accepté le 7 février 1992 45
lt- LE COU DES VEHTEBHES Chez les tétrapodes, le coeur, inclus dans une cavité coelomique close, le péricarde, occupe la partie antérieure du coelome et se situe en arrière de la région branchiale. Il est précédé de deux régions dépourvues de coelome, la tète et le cou. Ce dernier, propre aux Amniotes, semble-t-il, constitue une zone intermédiaire entre la téte et le tronc et résulte essentiellement d’une modification de la région branchiale au cours de l’évo|ution. Durant le développement embryonnaire des Amniotes, Papparition de la courbure nucale, liée à Védiiication de |’enoéphale, laquelle augmente la croissance de la région dorsale, tend à refouler les arcs branchiaux latéralement et vers l’avant. Le rnésenchyrne, qui provient des somites post-otiques, s'interpose entre la pointe du péricarde et |’ébauche mandibulaire. ll se développe et représente l’amorce du cou, tandis que les arcs branchiaux régressent. Le segment cervical de la colonne vertébrale forme le squelette du cou. En effet, en même temps que se modifie la région branohiale, se dessine nettement chez les premiers Vertébrés terrestres une articulation crànio-vertébrale et un début de différenciation régionale de la colonne vertébrale. Le recul de la ceinture peclorale, qui se détache du crâne, favorise l'individuallsation d’une région du cou, encore peu développée et surtout peu flexible, parce que soutenue par un seul élément squelettique, l'atlas. Bien que d’origines, phylogènélique et embryologique, claires, la région du cou reste difficile à définir sur le plan morphologique. Son statut de zone charnière est insuffisant, si nous tenons compte de l’aspect évolutif et de l’extrème complexité de l’appareil branchiai et de ses dérivés (squelette, muscles, vaisseaux, nerfs crâniens, glandes endocrines, etc,). A titre d'exemple, les vaisseaux acquièrent dans cette région une organisation originale émanant de celle des arcs aorliques, branches segmentaires détachées des aortes ventrales, qui s’élèvent ventro-dorsalement pour doubler les arcs viscéraux, avant de se réunir, de chaque côté du corps, pour constituer les aortes dorso-latérales. De ce fait, la région du cou peut ètre considérée comme celle des vertèbres cervicales, des carotides communes, des muscles du système hyoidien, en relation avec la spécialisation du squelette du plancher buccal, ou encore comme celle des muscles responsables de la mobilité de la tète qui joignent le crâne, les vertèbres cervicales et la ceinture scapulaire. Selon cette définition, le cou manquant chez les Poissons, fait son apparition chez les Amphibiens, mais avec une seule vertébre cervicale, |'atlas. Il se développe chez les Fleptiles qui possèdent 8 ou 9 vertèbres cervicales et un complexe atlas—axis. La limite postérieure de la région cervicale est définie par la première liaison entre l'axe vertébral et la ceinture scapulaire. Chez les Gymnophiones, 3 à 5 vertèbres antérieures de l'axe vertébral, dont l'atlas, sont responsables d’une mobilité de la tète plus grande que chez les autres Amphibiens. Pour cette raison, Taylor (1977) les considéré comme des vertèbres cervicales. Cependant, cette partie antérieure de l’axe vertébral n‘a pas le statut morphologique d’une région cervicale mais en joue le rôle sur le plan fonctionnel. 46
III. LE COLLIER DES GYMNOPHIJDNES Les Gymnophiones sont entièrement annelès et deux anneaux plus larges se distinguent en arrière de la tête. Dunn (1942) discerne un système d’anneaux primaires _Gl secondair_es. Il constate que les sillons sèparant deux anneauxprrmarres successifs correspondent à I‘extrèmitè des côtes comme les srllons costaux des Urodèles. Il en conclut que le nombre de ces sillons donne le nombre des vertèbres. Taylor (1968) est le premier, à notre connaissance, a distinguer les deux anneaux plus larges en arrière de la tète et a les nommer une fois «co|tiers nucaux» (p. 16) et les autres fois =•coIIiers» tout court mais il ne les sépare pas des autres anneaux primaires dans son decompte des anneaux: Ceci introduit une erreur dans le rapport du nombre d’anneaux primaires au nombre de vertèbres. " ® G il ir , _ l%l I!. iis I , É © ` ® Win · __` I ,A I ¤¤` r ’ *""=ï:"?' un ¥¤ e = §== ‘···-·- Figure 1 : Structure generale du collier et correspondance avec |'axe vertèbral. Les rectangles hachurès représentent les 3, 4 ou 5 vertèbres sous les deux anneaux du cellier, qui sont indiqués par des flèches sur les deux laces du corps. A: Chtonerpeton fndisùlnctum; B: Mrcrocaedlia unicdor; C: Scdecomorphus uiuguruensfs; D: Rhinanrema bivirtarum; (d'aprs Renous et al., 1988), 47
A. Que représente le collier sur le plan morphologique? Si nous considérons la régionalisation du corps (collier, tronc, extrémité p0st_-cloacale), une correspondance entre un anneau primaire et une vertebre apparait sur le tronc; elle n'existe pas au niveau du collier car 3 à 5 vertebres sont sousqacentes aux deux anneaux nucaux (Lescure et ai., 1986; Fiencus et ai., 1988) (fig. 1). Nussbaum et Wilkinson (1989) admettent notre affirmation d'une absence de corrélation entre vertebr et anneau primaire au niveau du collier. D‘ai||eurs, Vannulation apparaît plus tardivement sur le collier que sur le reste du corps (Sammouri et ai., 1990) (fig. 2). Elle ne s’y manifeste qu‘apres la métamorphose et le passage a la vie terrestre chez fcthyqohis gi'utrnosus_ (Sarasin et Sarasin, 1887-1890; Breckenridge et al., 1987). Le collier coinc_id_e avec la plus grande partie du système hyobranchial, dont la portion antérieure s'avance entre les deux branches mandibulaires. Il recouvre la musculature du plancher buccal (Naylor et Nussbaum, 1980; Nussbaum et Naylor, 1982), notamment l'interhyoïdien postérieur (Nussbaum, 1983) qui intervient dans la fermeture de la bouche. Sur le plan morphologique, le collier s'avére donc une région distincte du tronc. I * it br fr r, · _ •* •· Q ;=.'· ·. 9 i ‘!* I .[·I _. ._ _ · E r-_f·¤.·_.,,I_ù II ' · ·'·'‘ ai ·' — ‘·.· -—·., . ,-` (F —;'ft ( J ri; 's;r· rr . , `··ï ,.«: ;—’`` — ` ëi · .· tri 1_ï_:`; " ` È ~· M, ;’ ` É. -`2:—· €‘ ÈÉÈQ. ` I i _-’.' . z l` iii-? EL; —‘·' '· « ·.." ··f* _ .~ ' '. _ '_j fr-«·«*·'_·..‘ ‘ ·~· ’ ';j;` t " '· . ;'_ fr-Ã,—,·""— 1 "FE ·` = ` ‘* /1 t"_!·· _ _ A'. É Li ._ _' _.’ '. Q \ I t.‘__ i _ 'J ` lé'? Ã`? Z__~. . J, Ã` ;.§?," =;. •F·i"' ` ._ ·—; ' \(,·_ \`~,.·:,.•.,"_*·'•«· <'··_ i · Q ', ·_ . ’ _& - r-'f·r,— ' -4. st.27 Figure 2 : Vue iatérale gauche de Vembryon de rypnranecras ccmpressicaudus au stade 27 (d'apres Sammouri et ai., 1990). L'annu|aticn progressant vers la partie antérieure du corps sous la branche foliacèe [B), est indiquée par une fleche, 48
B. Que représente le collier sur le plan embryologique? Au cours du développement embryonnaire, chez les autres Gymnophlones, comme chez les autres Amphibiens, des branchies externes, qui correspondent à des expansions sacculaires, recouvrent les arcsviscéraux et les fentes qui les suivent. Des renflements superficiels soulignent ta formation deces arcs viscéraux (mandibutaire, hyoïdien et branchlaux). Trois fentes vuscérales externes, qui se creusent à ta surface de |’embryon, rejoignent les poches vlscérales internes pour former les fentes branchlales. Lapremrére fente fonctionnelle se situe en arriére de l‘arc hyofdien. La premiére branchie externe coiffe le premier arc branchial et recouvre la deuxieme fente branchiale et ainsi de suite pour les deux autres. Chez les Gymnophiones ovipares à larves aquatiques (ex: fcrhyophfs), l_es branchies tornbentdans les deux jours qui suivent I'éc|osion; chez ceux a' developpement direct, ovovivipares et vivipares, elles tombent generatement avant Vécloslon ou la mise-bas. Chez toutes les espèces étudiées, elles laissent une cicatrice située dans la région du collier, soit entre les deux anneaux nucaux (fcthyophfs grutfnosus, Sarasin et Sarasin, 1887-1890; Hypogeopnfs rostrarus, Brauer, 1899; Syfvacaeciüa granoïsonae, Largen et ar.,_ 1972), soit sur le deuxième (Typhlonectes compressfcaudus, Sammoun er ar., 1990) (fig. 3). Nm. E:=: %<:-_;`~Il`··;\`1·;`·`.·',· _` ·II À! ·\·_;·_ ` ` gf" î lg-? .1.. ` ¢}§_* ~« _ "*¤~‘ Figure 3 : Nouveau—né (stade 34, vue latérale) de Typhlonecres compressufcaudus (d’après Sammouri et af., 1990). Ad.: deml—anneau dorsal; A,v.: deml·anneau ventral (les flèches; cl. bz cicatrice des branchles; D: dents; N: narine; O: oeil; a.t.: appareil tentaculaire; Glmt orifice d'une glande muqueuse, 49
L’emplacement de cette cicatrice et le mode de formation _des branchies externes suggèrent que la région du collier dérive de la region branohiale de |'embryon, comme l’avan pressenti Taylor (1968). IV. CONCLUSIONS Le collier represente donc une region corporelle originale sur les pI_ans morphologique et embryologique. Les deux anneaux nucaux, qui le composent, se mettent en place tatCltV6n'le_nt et la Chute CIBS branChleS y laisse une cicatrice. Il correspond à la region branohiale de |’embryon et recouvre chez l‘adulte la musculature hyoidienne. A ce titre, le collier constitue effectivement t'amorce d’un cou. De plus, l’at|as_et les premières vertèbres, situées sous le collier, jouent |e_rô|e d’un véritable cou sur le plan fonctionnel, puisquüls assurent la mobilité de la tête. Cependant, en l’absenoe de fonction sterno—costale, ces vertèbres les plus anterieuresde l'axe vertèbral, derrière |'atlas, ne peuvent pas être identrfiees aux vraies vertèbres cervicales des Amniotes. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES BRAUER, A. (1899} - Beilrâge zur Kenntniss der Entwîcklungsgeschichte und der Anatomie der Gymnophlonen. ll, Die Entwickiung der aüssern Form. Zoo!. Jahrb. Anat., 12: 477-508, pl. 22-25. BRECKENRIDGE, W.R., NATHANAEL, S. et PEREIRA, L, (1987} - Some aspects of the biology and development ol lcrnyopnis glutinosus (Amphlbia: Gymnophiona). J. Zoo}. London, 211: 437~449. DUNN, E.R. (1942} - The American Caeclllans. Bur!. Mus, Comp. Zoo}., 91: 439-540. LARGEN, lvl.J., MORRIS, P.A. et YALDEN, D.W. (1972) - Observations on the Caecilian Geotrypetes wandfsonae Taylor (Amphlbia: Gymnophlona) from Ethiopia. Monitor. Zoo!. (tai., suppl. , 8: 185-205. LESCURE, J., FKENOUS, S. et GASC. J,P. (1986) - Proposition d’une nouvelle classification des Amphibiens Gymnophiones. 145-177. in Delsol, M., Flatin, J. et Lescure, J., éds. Bioiogie des Amphibiens. Quelques mises au point des connaissances actuelles sur l'ordre des Gymniophlones. Mem. Soc. Zoo!. Fr., 43, 177 p. NAYLOR, B.G. et NUSSBAUM, R.A. (1980) - The trunk musculature of Caecilians (Amphibia: Gymnophiona). J. Morphor., 166: 250-273, NUSSBAUM, R.A. (1983) - The evolution ol a unique dualujawclosing mechanlsm in Caecilians (Amphibia: Gymnopniona]. Occ, Pap. Mus, Zoo!. niv. Michigan, 687: 1-20. NUSSBAUM, FLA. et NAYLOR, B.G. (1982) - Variations ol the trunk musculature 01 Caecillans (Amphibia: Gymnophiona). J. Zoo!. London, 198: 383-393. NUSSBAUNI, R.A. et WILKINSON, M. (1989} - On the classification and phvlogeny ot Caecilians (Amphibia: Gyrnnophiona), a critical review. Herpetoi. Monogr., 3: 1-42. RENOUS, S., LESCUHE, J. et GASC, J.P, (1988) - Patterns ot correspondence between skin rings end vertebrae ln Gymnophiona (Amphibia}. Morph. Jo,. 134: 27-52. 50
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Burt. Soc. Herp. Fr. (1992) S1 : 53-61 Typhlonectes compressrcaudus par Jean-Marie EXBRAYAT et Souad HBAOUI-BLOQUET Résumé - Le développement intra-uterin de Typhronecres compressrcaudus dure six mois environ. La masse vitelline est d'abord resorbee puis une dentiticn foetaie est mise en piece, le tube digestif se différencie et devient fonctionnel. Uembryon se nourrit alors des sécrétions utérines, d’oeuls abortils, d'embryons morts. Au cours du deveîoppement, Vepiderme, puis les branchies sont le siège de différenciation de structures amp ifiant la surface d'echanges avec l’environnement utérin. Les parois utérlnes subissent des variations morphologiques liées à Vévolution des embryons. Les organes de réserve des femelles subissent des variations de volume en corrélation avec la taille des embryons. Mots-clés : Gymnophione. Typhfonecres oompressicaudus. Embryon. Viviparité. Summary - lntrauterine development of Typhlonecres compressrcaudus is about six months long. Vitellus is first reabsorbed then a loetal dentition is observed. Digestive tract is differentîated and becomes functional. The embryo eats uterin secretions, abortif eggs, dead embryos. During the development, first the epidermis, then the giils are covered by structures ellowing exchange areas with intrauterine environment to increase. The cell structure of uterine walls is linked to the embryonic evolution. ln iemales, the volume of reserve organs is linked to the embryo’s size. Key-words : Gymnophiona. Typhionectes compressr`caudus. Embryo. Viviparity. I. INTRODUCTION Les Gymrtophiones, Amphibiens serpentiformes repartis dans les zones equatoriales et tropicales, rassemblent environ 170 espèces dont la moitie sont vivipares ou ovovivipares (Taylor, 1988; Wake, 1977). Les travaux C0nSaCrèS au développement embryonnaire de ces animaux Sont peu nombreux et portent sur quelques espèces seulement: rchrhyqohis grutrnosus (Sarasin et Sarasin, 1887-1890; Breckenridge et Jayasinghe, 1979; Breckenridge et ai., 1987), Hypogeophfs rosrrarus (Brauer, 1897, 1899), rypnronecres compressr'caudus (Delsol et ai., 1981; Sammouri et ar., 1990). Les relations foeto-maternelles pouvant exister chez_ les espèces vivipares sont peu connues. Seule la presence d’une dentrtro_n foetale caractéristique a ete mise en evidence par plusieurs auteurs (voir bibliographie in Exbrayat et Delsol, 1988). Depuis quelques annees. de nombreux travaux ont porté Sur Typhloneotes compressicaudus, espece sud-américaine _ aquatique et vivrpare (Lescure, 1981). Quelques aspects de la biologie de la reproduction de cette espèce ont ete précises dans des travaux antérieurs Manuscrit accepté le 7 février 1992 53
(voir bibliographie in Exbrayat et ai., 1986), Le but de cette communication est de faire le point sur les connaissances actuelles portant sur les grands traits du développement embryonnaire et les relations intra-utérines entre les embryons et leur mére. Le tableau I schématise les grands événements qui affectent Typhionectes compressr'cauo‘us au cours des différentes phases de son développement. II. REPRODUCTION ET DÉVELOPPEMENT Les animaux étudiés proviennent d'une population de Guyane française. Ils ont été capturés au cours de diverses missions effectuées grâce à l'aide de la fondation Singer-Polignac (mission Delsol-Lescure, 1979; Delsol, 1980). Les animaux vivent dans les marais et leur cycte sexuel est inféodé aux alternances saisonniéres: la copulation s’effectue entre janvier et avril, pendant la saison des pluies; entre juillet et janvier, saison sèche, les animaux restent sexueltement inactifs. Les naissances sont observées entrejuillet et octobre, milieu de la saison sèche, après 6 à 7 mois de gestation. Le cycte des femelles est biennal: la premiére année est consacrée à la gestation, la deuxième année correspond à une phase de repos sexuel (Exbrayat et Delsol, 1985). Une première table de développement ayant permis de préciser les faits les plus marquants de Pembryogenése, a été publiée par Delsol et ai'. (1981). Plus récemment, la publication d'une nouvelle table de développement par Sammouri et ar. (1990) a permis de préciser les détails de Vontogenése de Typnlonecres compressi'caudus. D’aprés ces travaux, on peut considérer que le développement de Typhlonectes compressicaudus est divisé en trois grandes étapes. La premiére phase correspond à des embryons pourvus d'une masse vitelline relativement importante. Ces embryons sont entourés d'une gangue muqueuse élaborée par la partie antérieure de l’oviducte (Exbrayat, 1988a). C’est au cours de cette phase que se déroulent les premières étapes du développement: segmentation, gastrulation, neurulation et début de Vorganogenése. Ce sont les stades I et Il de Delsol et ar'. (1981) ou 14 à 25 de Sammouri et ai. (1990). Cette période, d'une durée de deux mois Ègviron (Exbrayat , 1986), se termine par l'écIosion, placée après le stade La deuxième phase de développement débute aprés l'éclosion. L'embryon a atteint fe stade foetus. La masse vitelline est alors plus ou moins complètement résorbée. L’animal est libre dans l'uterus où il peut se déplacer. Les branchies vesiculeuses se développent. Cette deuxieme phase dure deux mois environ également (Exbrayat, 1986). Les individus de la troisieme phase correspondent à de véritables larves intra-utérines. Les animaux ont Vaspect de petits adultes pourvus cl’une paire de branchies vesiculeuses, appliquées contre la paroi utérine. La parturition intervient a la lin de cette période de la vie intra-utérine qui dure également deux mois environ. Les courbes de croissance des embryons, foetus et larves ont été tracées. Aprés une premiere période de croissance linéaire trés faible (jusqu’au stade 26), |‘anima| entre dans une phase de croissance plus 54
1:"·° ~w¤>E ë eëg EEE 2 EE'; âE’>=*= un 0 ·-· coût'? ·5 wgü :•§1· 2 `Eɤ·É Q y C N E? HE.; É ¤>E E E ·ë 222.., %î2`E EE É gg `È Eg-qu- uogg r··-ar 41: Q ::0.1 ‘¤J-,__¤:•® DE ·- NG gg. — >m L 3 L v·1- 5 E œüw >°E.E ·¤,,·,'°°<.> W " cu °'°"E ÉCEIOÈ czccc a> Cum .-œO<_>..· 0005 2 3 ECC ENE- J ·.:È·`¤î.¤ W -1: w°Cl ¤m;>£—— cnü E “· eo, 'ôîâ ggëwâ EEEQ 2 - È cn 0•1>··· mggâ-'À CEF E u • ' l —E·— sa É e «» EEE È ' M . CQ CLE- gmîz EN ··· sa 0 ~î1" 3 :.0 E ggcw cg ÉUÉO- Rv ** 9 ë‘âJ‘>:¤.¤_9g Éd, :1g···m LO 2 2 m¤°È_<§`¤2 :3 W-°"°E E un CD us': :| >——¢• C 0 °° .¤ 0 °·¤n°-‘S'°v>-E "’—¤: CICC1: EE Il. C‘•· ¤·~“;: C (pcg 220.95; .90) ÈCÉGÈNU www ·<|J}E¤')¤· www É-- ûîwï=·.··<lJ'_C wgpo ‘5¤_E-D ‘¤LDt\.I -¤ >,,,¤¤=¤>E ¤¤:»$ 55::,, ·5·— ;t¤ `g1¤`g£‘E`¤·¤ E¤'\-· ¤·1C'D- tg : N u u • e * * * * ' E ¤»E _Èâ 6-, EE ' S 2.**.,2:. r~—¤ N (Dc; v·1· U U, üimüü _= Mc: ¤¤E>g É É qypü 1: C C (DGE .1·:E°".¤ c E :,91: L‘_·_,,.¤ O- 450 E- cs-ogumo mu 1: .¤ N 2*:,%.:... S.: ,..x¤. E E Ngggcoû. 05wDO m EQBEUQQE JDQÈ E EE ¤E•`”~œE’5 =m*'”·- su co ¢·¤ OD gm: ,,. GJ :0 -0: D U) ,..Q) É ·¤J¤>‘°m“"`·9¤ ···· `ÉSD rÉE·1:¤ n. u,<.0(5zE¤u.1 >¤ -- un t i i nn | U U |'I'I‘0(\| S ...3 ···· un Z É É —·: E `·‘ °° G) -·.Z Q È ==· - Q .= 0 ·-6 EE : .2 E .l 3 E Q É ~·¤i O E `É ZI 5 q; 13 U) Q cr ; ···· 2. -· E 2;. 2 za ,,, e 2 1: U" 4 1:; un -: -5 C ‘m .» D "" EE E -¤· ... 32`È ¤¤ É E É na ¤. É m _g·5O U3 È _ _ ag} ln -¤ a_¤)l=L E :2 2 2: S 2 S g ,;.5-; n. vi D ts O — Tableau I : Pnncupaux evenements afîecïant le developpement de Typhlonectes covnpresdcaudus
rapide (stade 27 à 31). il subit ensuite sa croissance maximale pendant les deux derniers mois de ta vie intra-utérine (stades 32 et 33). Globalement, des oeufs de 2 à 3 mm de diamètre pesant quelques mg conduisent en quelques 6 mois, à des nouveaux-nés mesurant de 120 140 mm (et parfois ptusl), pesant 4 a 5 g. Par ailleurs, il a été constaté que chaque femelle de 300 à 450 mm de longueur peut donner naissance à 6 a 8 jeunes de cette taille. Compte tenu de la faible quantité des réserves vitellines contenues dans les oeufs, et de la durée de vie intra-utérine relativement longue, il parait vraisemblable que la mére supplée aux réserves embr onnaires pour permettre le développement des embryons. Différents critgres plaident en faveur de cette hypothèse. Ces critères, d'ordre morphologique ou physiologique sont actuellement en cours cl‘étude. Ils concernent le développement du tube digestif embryonnaire mis en relation avec l’état des voies génitales femelles, la présence de substances nutritives dans les utérus, Fexistence de structures permettant Vaccroissement des surfaces d’échanges au niveau de l’ectoderme embryonnaire, les variations pondérales des organes de réserves chez les femelles gestantes et le passage d'un traceur radio-actif de la mère aux larves intra-utérines. Ill. LE TUBE DIGESTIF EMBFIYONNAIRE Une premiére approche du developpement du tube digestif de Tyohlonectes cornpressicatrdus est actuellement en cours. Nous pouvons des à présent préciser quels sont les événements marquants de cette organogenése, au cours des différentes phases du développement. A. Phase embryonnaire Chez les stades les ptus jeunes que nous ayons pu observer (stade 23}, Voesophage et |’estomac sont déjà bien en place, bien que tapissés intérieurement d'un épithélium indifférencié. L’estomac s’ouvre sur |’intestin qui repose ventralement sur la masse vitelline entourée o cellules endoblastiques contenant souvent des plaquettes vitellines phagocytées. La paroi dorsaie de cet intestin est constituée d'un épithélium stratifié formé de cellules de grande taille pouvant également phagocyter des plaquettes vitellines. Des vaisseaux sanguins vitellins sont appliqués ventralement contre la paroi externe de la masse vitelline. Le vitellus est progressivement absorbé et digéré parles cellules dela paroi intestinale et, au stade 26 (à l‘éclosion), cette masse vitelline est quasiment inexistante. B. Phase foetale De nouveaux modes de nutrition apparaissent. On observe d'abord l'ouvérture de ta bouche. Avant |’éclosion, au stade 23, le pharynx était barré par une membrane. A partir du stade 25, doncjuste avant Véclosion, cette derniére disparait progressivement. Une dentition foetale est 56
progressivement mise en place à partir du stade 25. A partir de l’éclosion, le tube digestif se développe, les cellules épithéliales de Poesophage et de |’estornac se différencient (mais les glandes gastriques n'apparaîtront qu’uitêrieurernent). Des modifications sont également notées au niveau de l'intestin. Au stade 26, juste aprés l’éc|osion, des entérocytes vont remplacer progressivement les types cellulaires observés précédemment et des cellules calciformes sont également mises en place. L'examen du contenu du tube digestif des foetus aux stades compris entre l’éclosion et te stade Iarvaire permet d’apporter des précisions quant à la nutrition exogène: on observe en effet la présence de masses de sécrétions éosinophiles, colorées en bleu par I'azan, méiangées à des plaquettes vitellines, des érythrocytes, des noyaux cellulaires. Certains de ces éléments sont issus de la paroi utérine. En effet, minces et indifférenciées pendant la période de repos sexuel, les voies génitales femelles se développent au début de la période de reproduction. Chaque oviducte se différencie en une portion antérieure tubaire et une portion postérieure utérine. A l’ovulation, l'utérus présente un aspect caverneux, les parois sont tapissées de cellules émettant des sécrétions ou expansions qui deviendront de plus en plus abondantes alors que les embryons atteignent le stade de l‘éc|osion. Par la suite, ces sécrétions apparaissent moins abondantes. La paroi est dégradée et les cellules épithéliales elles-mêmes sont arrachées. Cette évolution de la paroi utérine est le résultat de l’action des foetus qui, grâce à leur dentition foetale, peuvent arracher les substances et les cellules de la paroi utérine. C- Phase larvaire Au stade 32, le tube digestif des iarves a évolué. t.'oesophage prend un aspect définitif, les glandes gastriques sont mises en place, la détection de l’activité phosphatasique alcaline au niveau du plateau strié de Vépithélium intestinal est le signe de l’activité de cet organe. A ce stade, on observe la présence de masses de grande taille évoquant des structures embryonnaires en cours de digestion é l’intérieur même du tube digestif des larves. Par ailleurs, à la dissection, nous avons pu observer la présence de foetus morts dans la gueule de telles larves. En revanche, la paroi des utérus n'est plus sécrétrice. Un nouvel épithélium, formé d’un tissu compact et vascularisé, est mis en place. La nutrition exogéne à partir des sécrétions utérines ne paraît donc plus possible, bien que les larves possèdent encore une dentition foetale, fortement usée. IV. LES ECHANGES TRANSEPIDERMIQUES L’évo|ution de la surface ectodermique et la différenciation de zones spécialisées tendent à montrer que, outre les échanges nutritifs fortement suggérés par les observations précédentes, Vépiderrne représente un site d'échanges de diverses natures entre la mére et les jeunes intra-utérins. Sammouri et al'. (1990) ont montré que, pendant la phase embryonnaire, la totalité de Vépiderme est recouverte de cellules émettant des expansions 57
permettant de développer des surfaces d‘échanges. Au stade 22, ces structures sont particulièrement bien développées. A partir de ce stade, i’épib|aste ventral de |’embryon, doublé de la somatopleure, se différencie en une fine membrane aux cellules émettant de nombreuses expansions: c'est |’ectotrophob|aste décrit par Delsol et al'. (1981, 1986) qui semble correspondre à une zone privilégiée permettant des échanges avec le milieu extraembryonnaire. Cette structure évolue rapidement et n'est plus observable au stade foetus. D’autres organes semblent représenter des lieux privilégiés pour les échanges: ce sont les branchies. Chez Typhionectes compressicaudus, les branchies ont une structure bien différente de ce qui est observé chez les larves des Amphibiens Anoures, Urodéles, ou même chez les autres Gymnophiones qu'ils soient ovlpares, à développement direct ou vivipares (sauf, dans ce dernier cas, chez tous les Typhlonectidae). Les branchies de Typhlonectes compressfcaudus résultent de la fusion de trois paires d'expansions externes et affectent la forme d’une paire de lames vésiculeuses qui se développent au cours de Vontogenése et qui finiront par isoler l'anima| de la paroi utérine en l’enve|oppant complétement (De|sol et al., 1981, Sammouri et al., 1990). La croissance linéaire de ces organes suit celle de l'embryon. Au départ, libres autour de ce dernier, les branchies finiront par étre accolées contre la paroi utérine alors lisse, au stade larvalre. L’étude histologique des branchies montre une structure vésiculeuse (Delsol et al., 1988). Les faces épidermiques embryonnaire et utérine sont séparées par un tissu conjonctif à l’intérieur duquel sont observés des fibroblastes parfois trés allongés et des vaisseaux sanguins. A certains stades, la vascularisation affleure l'épiderme, ce qui laisse supposer l’existence d’échanges intenses avec le milieu extraembryonnaire. L’examen en microscopie électronique à balayage a permis de montrer |'évolution de la surface branchiale (Exbrayat et l-lraoui-Bloquet, 1991). Jusqu'au stade 26, les mêmes types de cellules émettant des expansions trouvées sur tout I'épiderme sont observés. Par la suite, la surface branchiale se différencie. Des cellules de divers types aux expansions arborescentes, avec des ciliatures de formes diverses se développent. Le côté dirigé vers la paroi utérine présente toujours un relief beaucoup plus accentué que la côté dirigé vers l’embryon. Des masses de sécrétions peuvent couvrir certaines zones; des cellules d’origine maternelle ou des plaquettes vilellines sont parfois observées à la surface des branchies. Des ponts cytoplasmiques ont été observés entre la paroi branchiale et I’utérus maternel chez des larves de stades 32 ou 33 (Delsol et al., 1986). V. QUELQUES ASPECTS DYNAMIQUES DES ECHANGES L’étude volumétrique et pondérale des organes de réserve (foie et corps adipeux) des femelles de Typhlonectes compressicaudus a permis de montrer qu’iI existait des variations importantes en corrélation étroite avec le développement des embryons (Exbrayat, 1988b). Au début du développement, ces organes ont un volume maximal. Ils régressent de maniére trés importante à la fin de la gestation, ce qui coïncide avec la phase de croissance larvaire. Chez les femelles en repos sexuel, on 58
n‘observe toutefois que de faibles variations pondérales saisonniéres. Enfin, aprés injection de thymidine tritiée a des femelles portant des larves intra-utérines, nous avons pu observer la présence de quelques noyaux marqués dans divers tissus des embryons. Cette observation preliminaire nous permet d'afflrrner que des passages existent entre la mère et le foetus. VI. CONCLUSIONS L‘étude du développement intra-utérin de Typhlonectes compresslcauclus a révélé plusieurs types d’échanges entre la mére et les embryons. La masse vitelline, relativement peu importante, est rapidement résorbée, bien plus rapidement, par exemple, que chez l‘espéce ovipare lchrhycphls glurlnosus, chez qui elle persiste longtemps aprés l’écIosion (Breckenridge et Jayasinghe, 1979). Cet épuisement des réserves vitellines conduit l’animal à utiliser trés vite un mode de nutrition buccale direct faisant intervenir des adaptations morphologiques fonctionnelles, tant au niveau des embryons (dents foetales, par exemple) qu’à celui de la mére (sécrétions utérines). Des structures d‘échanges d'un autre type semblent également exister au niveau du revêtement cutané. A partir d'un épiderme peut-être totalement absorbant au début du développement, des zones privilégiées dont la surface au contact du milieu externe est considérablement augmentée, sont progressivement mises en place. Ces zones sont Fectotrophoblaste et les branchies. Ces derniéres sont transformées en organes vésiculeux complexes, et perdent _de ce fait l’aspect classique radié et filamenteux que l'on observe chez les autres Amphibiens. ll est enfin intéressant de noter qu'il existe des corrélations entre les variations pondérales des organes de réserve et la croissance des jeunes animaux intra-utérins. L’ensemble de ces observations laisse donc supposer qu’i| existe de véritables échanges entre la mere et le foetus, comme chez l’Urodèle Salamandre arra, où l'on observe d'ail|eurs un mode de nutrition direct des larves intra-utérines par le vmagma-utérinv, mélange de sécrétions élaborées par les voies génitales et d'oeufs abortifs (Vilter, 1986), et pas seulement des échanges de type osmotique ou dilfusif, comme c’est le cas chez Salamandre salamandre, par exemple (Greven, 1980 a et b). Des études ultérieures devraient permettre de comprendre l‘importance des différents modes d‘échanges foeto-maternels mis en place chez cette espèce. Il serait alors intéressant de les comparer à ceux qui existent chez d’autres Gymnophiones vivipares. En effet, chez ces derniers, les foetus possèdent toujours une dentition foetale leur permettant de se nourrir à partir des sécrétions élaborées par |’utérus maternel (Parker, 1956, Parker et Dunn, 1964, Wake, 1970, 1976, 1977, 1978, 1980). Cependant, la `structure particulière des branchies de Typhlonecles com,oressr'caudus et qui se retrouve chez les autres membres de la famille des Typhlonectidae (Taylor, 1968, Lescure er al., 1986), n'est jamais observée chez les autres espèces de Gymnophiones vivipares (voir Wake, 1977). De méme, Vectotrophoblaste décrit par Delsol et al. (1981) semble particulier à cette espèce, mais nous manquons de references portant sur d’autres especes 59
vivipares pour permettre cles comparaisons. Il n’en demeure pas moins que Ty,oh!onecres cornpressrcauolos et les autres Typhlonectidae semblent présenter un certain nombre cfadaptations morphologiques liées à la ÈBSIEÈIOH, CB QUII 'ISUF CIOIIHB URB place DBTIICUIIÈTG pâlml les EIUIFBS ymI`IO|`Ã}hlOf`|9S vlvt0Etl8S. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES BFIAUEFI, A. (1897) — Beltrâg; zur Kenntniss der Entwicklungsgeschichte und der Anatomie der Gymnophionen. cor. Jahre. Anar., 10: 277-472. BRAUEFI, A. (1899) - Beltràge zur Kenntniss de: Entwicklurig und Anatomie der Gymnophionen. Il Der Entwicklung der àussern Form. Zoo!. Jahrb. Ariat., 12: 477-508. BFIECKENRIDGE, W.R. et JAYASINGHE, S.S979) - Observations on the eggs and lervae of Ichthyophis gitrrinosus. Ceyiori J. Sci. ( io. Sci.), 13 (1-2): 187-202. BRECKENFHDGE, W.R., NATHANAEL, S. et PEREIRA, L. 11987) - Some aspects of the biology and development oi lchrhycphis g!utir1ostrs (Amphibta : Gymnophrona}. J. Zool. London, 211: 437-499. DELSOL, M., FLATIN, J., EXBFIAYAT, J.-M. et BONS, J. $1981) - Développement de Typnloriectes compressicaodus, Amphibien Apode vivipare. ypothèses sur sa nutrition embrqyonrtaite et larvaire par un ectotrophobtasle. C. R. Acad. Sci., Paris, ser. Ill, 293: 291- 95. DELBOL, M., EXBRAYAT, J.-M., FLATIN, J. et GUEYDAN-BACONNIEF1, M. (1986) - Nutrition embryonnaire chez iëyphloriecres compressicaudus (üumérii et Bibron, 1841), Amphlbten Apode vtvipare. M rn, Soc. Zoo!. Fr., 43: 39-54. EXBFIAYATI', J.-M. (1986) - Quelques aspects de la biologie de la reproduction de Typhlonectes ccrnpressicaudus (Dumeril et Bibron, 1841}, Amphiblen Apode. Thèse Doct. ès Sci. nat., Univ. Paris VI, 308 p. EXBFIAYAT, J.-lvl. (1988a) · Croissance et cycle des voies génitales femelles de Typhionectes compressicaudus (Dun1éri| et Bibron, 1841), Amphlbien Apode vivipare. Amphlbia Reprfiia, 9: 117-134. EXBRAYAT, J.-M. (1988b) - Variations pondèrales des organes de réserve (corps edipeux et foie) chez Typhionecres ccmpressicaudus, Amphibien Apode vivipare, au cours _deS altemances saisonnieres et des cycles de reproduction. Arm. Sci. nat., Zool., Peris,139m° série, 9: 45-53. EXBHAYAT, J.-M. et DELSOL, M. (1985) - Reproduction and growth ot Typhionectes cornpressfcaudus, a viviparous Gymnophicne. Copeia, 1985 (4): 950-955. EXBRAYAT,J.·M. et DELSOL, M. [1988) - Oviparité et développement intra-utérin chez les Gymnophlones. Boll. Soc. Herp. Fr., 45: 27-36. _ EXBRAYAT, J.-M., DELSOL, M. BI FLATIN, J. (1985) - Typhioriectes compressrcaudus, Amfhiblera Apocle vivipare de Guyane. rn: Le Lirtora! gtryanais (Separig.·.ry·Sepenr!r), 119- 12 . EXBRAYAT,J.-lvl. et HHAOUI-BLOOU ET, S. (1991) - Morphologie de |‘épithélium branchial des embryons de Typhlonectes compressicaudus (Amphibien Gymnophione) étudié en microscopie électronique à balayage. Bui!. Soc. Herp. Fr., 57: 45-52. 60
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societe r-rEnPÉT0t.0eiouE DE FRANCE Association fondée en 1971 agréée par le Ministere de |‘environnement le 23 février 1978 Siège Social Université de PARIS VII, Labo. Anatomie comparée - 2 Place Jussieu - 75251 PARIS Cedex 05 _ _ _ Secrétariat Jean-Marie EXBFIAYAT - Laboratoire d’Hrsto|ogie,l E.P.H.E - Université catholique de Lyon. 25 rue du Plat, 69288 LYON Cedex 02. CONSEIL D’ADMINlSTRATION Président : Jean LESOURE, M.N.H.N. Amphibiens-Reptiles. 25 rue Cuvier, 75005 PARIS Vice-Présidents Z Jean-Pierre BARON, Ècole Maternelle Annexe, Rue de Jericho prolongée, 17000 LA ROCHELLE Daniel TROMBEITA, 7 Avenue R. Schuman, 77184 EMERAINVILLE Secrétaire général : Jean-Marie EXBRAYAT (adresse ci-dessus) Secrétaire adjoint : Patrick DAVID, 14 rue de la Somme - 94230 CACHAN Trésorier 2 Bernard EMLI NG ER, 9 rue de i'Eg|ise, Sancy les Meaux, 77580 ORECY-LA-CHAPELLE Trésorier adjoint : Raymond CHABAUD, B.P. 524, 64105 BAYONNE Autres membres du conseil : Vincent BELS, Daniel HEUCLIN, Christine MORRIER, Alexandre TEYNIE et Yannick VASSE Membres d'Hcnneur : Guy NAULLEAU (CEBCICNRSI 79360 CHIZE), Gilbert MATZ [Fac, Sciences, ANGERS) ADMISSIONS Les admissions à la S.H.F. sont décidées par le Conseil d'Administration sur proposition de deux membres de la Société jar!. 3 des Statuts). N'envoyez votre cotisation au secrétaire général qu'aprés avoir reçu |'avis d'admission du conseil, COTISATIONS 1992 j ME|lllBERSHiP Tari|'s_ (France, Europe, Attique): Taux annuel Bulletin Total — adhérents de moins de 20 ans 20 + 50 e 80 FRF - adhérents de plus de 20 ans 60 + 60 = 120 FRF - bienfaiteurs : minimum - gg;) FHF - membre conjoint - 50 FHF Tarlls (Amérique, Asie, Océanie) : 15 + 15 - gg US 55 ABONNEMENTS ,l SUBSCRIPTION to SHF Bulletin France, Europe, Afrique = Mg FR': Amérique, Asie, Océanie - 35 U5 $ Le service de la revue est assuré aux membres à jour de leur cotisation. To our members in America, Asia or Pacific area : lh? SHF Bulletin is a quarteriy. Our rates include the airmail postage in order to ensure a prompt eivery. CLUB JUNIOR Adhésion + Abonnement au journal (La muraille vivante) - 4Q FRF Abonnement au Bulletin de ia SHF liecultatilj - 5g FRF Tetel = 100 rar Modalités de règlement : 1. Chèque postal : à |'ordre de la SHF, CCP 3796-24 Fi PAFIIS 2. Chèque bancaire à I’ordre de la SHF. Envoi direct au secrétaire general (adresse ci-dessus). 3. Nous rappelons que les dons ou cotisations de soutien sont les bienvenus. Changement d’acIresse : N'omettez pas de signaler sans retard au secretaire tout changement d’adresse. U _ BIBLIOTHÈQUE Les périodiques obtenus par le S.H,IÉ,‘en_ échange avec les autres sociétés (liste publiée dans le bulletin) ainsi qu’une bibliotheque de tires-a-part sont regroupés au Laboratoire de Biologie Animale, Faculte des Sciences, 2 Bld Lavoisier - 49045 Angers Cedex. Les articles de ces périodiques peuvent être consultés sur demande adressée à G._lvlATZ. En outre, nous demandons aux auteurs d'envoyer leurs travaux récents en 2 exemplaires a cette bibliothèque.
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