Bulletin SHF XXXX 40
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bulletin de la
SOCIÉTE HE|=zPÉT©L©G|©uE
DEFRANCE
[ I 4ème TFIIMESTRE 198E
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BULLETIN DE LA
SOCIETE HERPETOLOGIQUE
DE FRANCE
4ème trimestre 1986 - n° 40
SIJMMAIHE
RENCONTRES HERPÉTOLOGIQUES D'ANGERS
l26-29 Juin 1986}
• Editorial
G. IVIATZ ..................,.................. 1
• Les Reptiles vivants dans les ménageries et collections
d'animaux en Europe de l'Antiquité au XVIII" siècle
L. BODSON ..,..,..........,.................. 3
• Les Discoglosses de la région méditerranéenne occiden-
tale (Amphibia, Anura, Dfscogfossfdae}
B. LANZA, G. NASCETTI, NI. CAPULA et L. BULLINI ........ 16
• Interaction et accouplement du Triton crêté et du Triton
marbré (Ur0de!a, Safamandridaa} : méthodes d'observation
A. ZUIDERWIJK ..............................,. 28
• Note préliminaire sur le comportement sexuel du Triton
crété (Trfturus crfstarua} et du Triton marbré ( Trfrurus marmo-
ratus) dans des conditions expérimentales
NI. SPAHHEBOOIVI .............,................ 35
¤ Données sur la migration de Triturus crfsrarus et T. marmara-
tus (Ur¤de}a, Safamandrfdaé} dans le département de la
Mayenne [France}
N. BOUTON ............. . ...................., 43
• Quelques observations sur la reproduction en élevage de
Typhfonectas compressr'caudus, Amphibien apode vivipare.
Possibilités de rythmes endogénes.
J.|V1. EXBRAYAT et |V|.T. LAURENT ........,.,........ 52
• Informations. Vie de la Société ...............,.... 63

CUNTENTS
ANNUAL MEETING
OF THE FRENCH HERPETDLOGICAL SOCIETY
(ANGERS - June 26-29, 1986]
• Editorial
G. MATZ .........,...,..,..........,...,...., 1
• Living Reptiles in menageries and cabinets of animals in
Europe, from Antiquity to the XVIIIth century
L. BODSON ..,.,.........,......,........,.... 3
• The west Mediterranean Dfscogfossus f»mph:`b:`a, Anura,
Disc0g!0ssidaeJ
B. LANZA, G. NASCETTI, M. CAPULA and L. BULLTNI ....... 16
• Interaction and courtship of erested nevvt and marbled
newt (Ur0de!a, Salamandrfdael .' methods of field
observation
A. ZUIDEFIWIJK ...........,.............,..,.., 28
• A preliminary note on the sexual behaviour of erested newt
(Trfturu$ Crfstatus} and marbled newt (Triturus marmoratus}
under experimental conditions
M. SPABHEBOOM ..............,.,............. 36
• Notes on the migratory behaviour of Trfturus cnstatus and
Trfîurus marmoratus (Ur0de!a, Safamandrfdae} in the Mayenne
district [France]
N. BOUTON .................,................, 43
• Observations on reproduction of Typhlonectes
Compressfcaudus Iviviparous, apodous Amphibian] in
Iaboratory. First evidence of endogenous rythrns.
J.M. EXBBAYAT et M.T. LAURENT .................., 52
• Informations. News from the Society ................ 63

Bull. Soc. l-ierp. Fr., l19SBl 40 : 1-2
EDITORIAL
Consacrée à la Systematique, à la Biologie de la Reproduction et a la
Pathologie. la reunion 1988 vient de s'achever et il est de tradition que
Vorganisateur devienne ensuite éditorialiste.
Le lieu de la réunion, ANGERS, n'avait pas été choisi par hasard.
ANGERS a un passé herpétologique : non seuiement la faune herpétolo-
gique de l’Anjou, riche ·["Triturus blasi", petits "crapauds" comme
Pelodytes punctatus, Pefobates cuftnioes, Serpents, etc.} a été bien étu-
diée jadis dejà et je ne citerais que les travaux de i—lERON·ROYER [publiés
dans ie bulletin de la Société d'Etudes scientifiques de l‘Anjou, 1884-
188 5} mais encore, dois-je le rappeler, c'est à ANGERS que notre
société a vu sa création légale en 1971.
Quinze ans déja I Sans étre tout à fait majeure, notre société est déja
adulte. Il n'est pas dans mes intentions de dresser un bilan ; je voudrais
seulement me réjouir de la fidélité de ses membres : si en 1970 nous
étions une vingtaine penchés sur le berceau, dès 1971, nous nous
retrouvions à 100 et on peut constater, en parcourant la liste de mem-
bres. que 78 de ces premiers inscrits sont encore membres actifs de la
société au§ourd'hui. Une deuxieme constatation est encourageants :
malgré les difficultés du moment, notre réunion a été suivie par une cen-
taine cle participants soit 25% de Veffectif, ce qui est remarquable. Par
contre, i’ai regretté une désaffection des terrariophiles I il serait pourtant
plus simple et plus logique de se réunir au moment de la réunion annuelle,
lieu privilégié pour les rencontres et les discussions, plutôt que d'être
obligé d’organiser des réunions spécifiques supplémentaires.
ll est vrai qu'actuellement, le statut de terrariophile n'est pas clair, ni
enrichissant. Notre déception et notre découragement sont alimentés par
Vattribution d’un unique "certificat de capacité" ; faut-il en conclure que
tous les autres éleveurs sont des incapables ? Un arrété vient d'être pro-
mulgué iJ.C}. du 25 juin 19861 protégeant la faune dela Guyane [plaque
tournante il est vrai d’un trafic international} mais pourquoi étendre la
portée de cet arrété a |'ensemb|e du "territoire national" ? Rédigé ainsi,
cet arrêté rendra problématique tout élevage en captivité d'un animal
appartenant à une espece présente en Guyane, même s'il possede une
aire de répartition vaste en Amérique du sud ou centrale et méme s'i| est
né en captivité. C'est méconnaître le rôle des terrariophiies et des techni-
ques usuelles d'observation en herpétologie. Si les plantes sont sédentai-
res et attendent le Botaniste venu les observer et si l'Ornitho!ogiste peut
observer les oiseaux à la jumelle, ies Amphibiens et les Fieptiles ont des
moeurs discrètes et pour les observer let les protéger car on ne peut pro-
téger que ce que l'on connait! les élevages sont indispensables. Comme
pour les Poissons dont les comportements reproducteurs si divers inids
1

des Anabantidae, incubation buccale, Copella, etc.} ont été observés et
décrits par les aquariophiies, la reproduction et les conditions qui la déter-
minent, ne peuvent être observées qu'en captivité. Dans cette affaire,
les vrais intéressés n’ont pas été consultés et la FFSPN a même failli à sa
vocation car une fédération. comme une société, se doit de défendre les
intérêts de ses membres et laisser passer "l'ensemble du territoire natio-
nal" n’est pas une mesure de protection mais une méconnaissance du
travail des membres de l'une de ses sociétés. La constitution du Registre,
discutée et adoptée lors de la reunion, pourra remédier dans Vimmédiat à
cette bévue [voir modalités par ailleurs].
ll est un devoir qu'il m'est bien agreable de remplir, c'est de remer-
cier toutes les personnes qui ont contribué au bon fonctionnement, je
n‘0se dire au succés, de la réunion : les participants et les conférenciers
dont plusieurs venaient de l'étranger et parfois de fort loin [Allemagne,
Belgique, Italie, Liban, Pays Bas, Suisse], le Professeur B. LANZA (Prési-
dent d'Honneur dela réunion}, Monsieur le Maire et le Conseil municipal
d'ANGERS len particulier M. ROUSSEAU qui nous a recu en l'Hôte| de
Villel, Monsieur le Président du Conseil Général, l'Llniversité d'A|\lGERS,
et en particulier son Président le Professeur G. RIVOERE, le CROUS et ses
filiales lFl.U...i, la D.C.R.|. du Ministère de l'Educati¤n Nationale, l’admi—
nistretion des Monnaies et Médailles, pour leur prêt de médailles "herpé—
tologiques", la Société philatélique de l’Anjou lqui m'a permis et aidé à la
réalisation d'une exposition de timbresl, Monsieur le Directeur Départe-
mental des PTT et M. le Receveur de Postes de Belle Beille, M. le Prési-
dent de la S.E.S.A., les aquariophiles angevins ainsi que les journaux et
radios locaux. Je rn'en voudrais d'oublier de remercier mon épouse qui
non seulement soigne avec abnégation mais compétence mes animaux
les 365 jours de l'année mais qui fut responsable dela preparation et de
l'organisation de la réunion, ainsi que mes enfants qui se sont dépensés
pour son bon fonctionnement. ll ne me reste plus qu'à vous donner
rendezvous pour nos 25 aris...
G. MATZ
2

Bull, Soc. Herp. Fr., I`l9B5l 40 : 3-'I 5
MÉNAGERIES ET COLLECTIONS D'ANIMAUX
EN EUROPE DE L'ANTIO.UITE AU XVIIIB SIECLE
par
Liliane BODSON
Résumé - Dans la longue histoire des animaux captifs, les Reptiles vivants ont été tradition-
nellement moins importants que les autres animaux, tels que - notamment - les Memmiferes
et les Oiseaux. Cette situation résultait de facteurs specifiques aux Reptiles et à la mainte-
nance en captivité d’organismes ectothermes. Des progres spectaculaires ont ete realises en
ce domaine au cours des dernières décennies. Mais les collections modernes de Reptiles
vivants qui ont été organisées dans la plupart des jardins zooiogiques occidentaux a partir du
milieu du XiX¤ siècle, particulierement en Europe. ne constituerent pas des essais inédits.
Directement ou indirectement, elles dèrivèrent de celles réunies par et pour ies princes et les
rois entre le X\rl¤ et le X\i'llI¤ siecle et même plus tôt, non seulement au Moyen Age, mais des
i'Antiquité.
L'objet du présent article est d'esquisser les principales phases et tendances de I'histoire
des collections de Reptiles vivants et de montrer comment elles ont évolue au cours des âges.
Mots-clés : Reptiles vivants en captivite - jardins zoologiques — Antiquite - Moyen Age —
Renaissance - histoire de Vherpetologie,
Summary — ln the long history of captive animals, collections of living Reptiies were
traditionally less important than those of other animais, especially mammais and birds, This
situation resulted from some factors specific to Reptiles inciuding the probiems of
maintenance of ectothermai organisms. After the spectacular progress made in this matter in
the past few decades, Reptiles exhibits and displays in the most important zoos have been
brought to a qualitative and quantitative leve! never reached before. But the modern
collections of living Reptiles which were set up in most of the Western zoos from the mid-
XlXth century on, especially in Europe, were not the firet attempt in this field. Directly or
indirectly, they were connected with the former collections gathered for kings and princes
between the X\l'lth and the Xvlllth century and even earlier not only in the Middle Ages but in
the Antiquitv.
This article outlines the first two chapters of the history of captive Reptiles, its main
phases, trends and extent, and shows how it evoived up to the beginning of the modern era
of reptiles maintenance.
Key words: Living reptile maintenance - zoological gardens — Antiquitv — Middle Ages -
Renaissance — History of Herpetology.
De tout temps, les Reptiles ont occupé une place à part dans l'opi-
nion publique et même scientifique (MORRIS, 1965 ; ENGELMANN et
OBST, 1981). La grande ancienneté des animaux rarnpants dans la
chaîne de lvolution, les problèmes particuliers que pose leur maintien
en captivité, le statut traditionnellement négatif qui est le leur, du moins
dans le monde occidental, - tous ces facteurs ont affecte ies etudes et les
recherches à leur sujet. Ils ont aussi, jusqu'à un passé recent, limite le
3

nombre et même la simple présence de reptiles vivants dans les collec-
tions privées et publiques lL0lSEL, 1912 ; LOEVENBFIUCK, 1955}. La
situation n'a guère commencé à évoluer que dans la seconde moitié du
XIXe siecie lLO|SEL, 1912 ; KIHSCHSHOFER, 1968 ; ZUCKERMAN,
1979}. Alors en effet, de nombreux jardins zoologiques furent organisés
ou réorganisés selon les critères modernes inspirés par le développement
de la zoologie. Cependant, il fallut atteindre les progrès des dernières
décennies en matière de biologie de la reproduction lC0l\lAl\lT, 1980}
pour voir se manifester une réelle amélioration des conditions de capti-
vité pour les reptiles lGA|\lS et VAN DEN BANDE, 1976}. Aujourd'hui, le
public visite ies collections de reptiles vivants autant, voire même davan-
tage, que celles des autres animaux lGAl\lS et VAN DEN SANDE, 1976 ;
GANS, 1979}. Elles ne sont toutefois pas nées de rien à partir du siécle
dernier. Leur histoire remonte loin dans le temps : elle commence dans
l'antiquité.
Les plus anciens témoignages faisant état de reptiles en captivité
concernent le monde égyptien. Parmi les nombreuses espèces d'animaux
que les Egyptiens vénéraient dans Vantiquité, les serpents et les crocodi-
les rfetaient pas les moins importants. Dans les régions où le crocodile
était sacré lBFlUNNEFl-THAUTE, 1980}. il faisait l'objet d'un culte
lKAKOSY, 1980}. Grâce a Vhistorien grec Hérodote lil et à d’autres
auteurs ILLOYD, 1976}, on sait qué, à Arslnoe lrégion du Fayouml, des
crocodiles étaient gardés dans Venceinte du sanctuaire du dieu Sobek.
Les prêtres, aidés par les offrandes et les dons des pèlerins, prenaient
soin d'eux (2}. A l‘époque romaine, les crocodiles apprivoisés d'Egvpte
constituèrent même une véritable attraction touristique. Après leur mort,
ils étaient momifiés et inhumés dans de véritables nécropoles lGAlL—
LARD et DARESSY, 1905}.
Deux serpents venirneux - Naja haje et Cerasres cerasres - jouent
aussi un rôle dans la religion égyptienne. Le premier, - le Cobra. - est un
des plus importants symboles du pouvoir divin et royal. Il figure sur
d’innombrables objets et monuments. Aux dires de plusieurs auteurs
anciens l3}, le Cobra était accueilli dans les maisons privées comme un
bon présage et traité avec des égards particuliers, sans crainte du danger
qu’il pouvait. par ailleurs, constituer. Les Viperes a cornes etaient, elles,
associées, a Thèbes, aux divinités tutélaires (4} et là, comme à Arsinoé,
prises en charge par les prêtres ll<E||\r1EFi, 1941 ; LLOYD, 1976}. Les
anciens Egyptiens étaient renommés pour leur aptitude à attraper et a
charmer les serpents, opérations dans lesquelles excellaient les Psylles
IKEIIVIEH, 1947},
lil HERODOTE, rl, 69.
(2] [LIEN, Nat. Anim., X, 21,
(3} FLINE L'A|\lClEN, Hist. net., X, 208 ; ELlEN, Naf. Anim., XVII, 5.
l4l HERODOTE, II. 74.
4

Les serpents associés à certains cultes en Grèce et à Home sont des
Coiubridés, qui interviennent notamment auprès du dieu de la médecine
Asciépios (lat. Escuiepel. La Couleuvre à quatre raies (Eiaphe quaruorib
neara} et la Couleuvre d’Esculape (Elaphe iongissima) n'étaient pas seu-
lement représentées sur les bas—reliefs et les statues consacrées à ce
dieu IKERENYI, 1956}. A Rome comme à Epidaure, elles étaient présen-
tes dans ses sanctuaires et vénérées comme des auxiliaires privilégiés de
la divinité IBODSON, 198 1 I. Des couleuvres intervenaient encore auprès
d'autres figures du Panthéon grec. Les fidèles du dieu Dionysos en mani-
pulaient lors des cérémonies en son honneur IBODSON, 1978} et, à
Athènes, les prêtres en élevaient une sur |'Acropole, en Vhonneur
d’Athéna lBODSON, 1973l. En Grèce et à Home, les couleuvres étaient,
d'eutre part, considérées comme |'incarnation du Bon génie et, à ce titre,
elles étaient bienvenues dans les maisons où elles éliminaient les souris
et les petits rongeurs lBFiEN`I`JES, 1970 ; BODSON, 197BI. L'usage
s'est perpétue en Grèce ISPYFIIDAKI, 196UI et dans d'autres régions
ILACEPEDE ; LOISEL, 1912}. Ces serpents finissaient même, à |'occa—
sion, par s'apprivoiser. Ils circulaient entre les convives lors des
festins (5}, les femmes les portaient autour du cou, en guise de
collier lâ}. Ouant aux empereurs romains, Tibère I'?} et Héliogabale IB},
ils en possédaient dans leurs ménageries privées. Pline l'AncieI‘i IS}
atteste que, au Ier siècie de notre ère, si les incendies qui ravageaient
régulièrement des quartiers entiers de Home n'avaient pas détruit les
oeufs des serpents, ceux-ci seraient devenus, en raison de leur nombre,
une véritable peste pour les habitants.
Comme d'autres animaux, les serpents tournissaient les substances
nécessaires à la confection de certains remèdes. On sait, par Aristote lui-
mème [1OI, que les apothicaires en conservaient vivants dans leurs bou-
tiques, d‘autant plus aisément qu*iis supportent d'étre longtemps privés
de nourriture.
Enfin, les Marses étaient, en Italie, les homologues des Psylles égyp-
tiens. lls étaient spécialisés dans la capture des vipéres et dans les soins
aux personnes mordues par des serpents venimeux I1 1 I.
Divers autres reptiles et amphibiens étaient encore associés au culte
grec et romain IBODSON, 197BI. Mais les témoignages les plus signifi-
catifs pour mon propos concernent les reptiles exotiques que les souve-
rains antiques se plaisaient à introduire dans leurs ménageries. A
l5I SENEOUE, La cofère, II, 31, G.
(BI NIAFITIAL, Epryrammes, VII, 87, 7.
l7I SUETONE, Tibère, 72, 2.
ISI AELIUS LAIVIPRIDIUS, Heiüogabefe, 23, 2 ; 28, 3.
I9} PLINE L'Al\lCiEN, Hist. nat., XXIX, -72.
i‘iOl AHISTOTE, Hist. anim., VIII, 4.
l‘l ‘ll PLINE L'ANClEN, Hfsr. nat., VII, 15.
5

Alexandrie, Ptolémée Il Philadelphe (règne 285-246} récompensa roya-
lement |'équipe de chasseurs qui parvint à lui procurer, non sans peine,
un Python sebae capturé au Soudan lEl0DSON, 1990}. Il en fit un des
clous de son jardin zoologique personnel. D'autres spécimens lui furent,
comme à son successeur Ptolémée Evergète lrègne 145-116}, offerts
par la suite l12}. Quelques dizaines d’années plus tard, le roi de I'Inde
envoya à Vempereur Auguste lrégne 31 avant J.-C. - 14 après J.-C.} de
grandes vipères, un python et une grande tortue. On ne sait ce qu'iI
advint de ces animaux dont la présence est signalée, pour la dernière
fois, à Antioche de Syrie H3}. En revanche, c'est à Vinitiative du méme
empereur qu'un énorme serpent fut exposé, a Home, a la curiosité des
habitants l14l· Ceux-ci furent cependant surtout attirés par les crocodi-
les, comme en témoignent les diverses mentions d'expositions et de
spectacles dont ces animaux étaient Vattraction l15}.
Les premieres collections d'animaux vivants réorganisées en Europe
aprés le Moyen Age appartiennent à des Princes de la Renaissance. Des
le XVe siécle, les relations commerciales qui s'étab|issent entre I'Italie et
le reste du monde donnent à ceux—ci |'occasion de se procurer les espè-
ces rares et précieuses qu’i|s aiment, à |'image des souverains antiques,
présenter dans leurs parcs. La préférence va aux mammifères lfélins, élé-
phant, girafe, etc.} et aux oiseaux lautruches, paons, etc.} ILOISEL,
1912}. Les reptiles y sont en général rares et isolés. La présence d'un
serpent dans la ménagerie de la duchesse Yolande de Savoie, soeur du
roi de France Louis XI, est suffisamment exceptionnelle pour justifier
qu’e|le soit mentionnée par les chroniqueurs ·[LOISEL, 1912}. Les camé-
Iéons ont davantage ia faveur lFig. 1}. Guillaume V, Stathouder des
Pays-Bas, en reçoit un couple vers 1590 lI.0ISEL, 1912}. Le futur
Louis XIII en a un dans sa ménagerie privée ll.0lSEL, 1912}. Au début du
XVIIIe siècle, le Prince électeur Auguste Il de Dresde envoie un expédi-
tion à Alger pour se procurer des animaux africains, notamment des
caméléons. Le naufrage du bateau qui les amenait en Europe empêcha ce
prince d'être satisfait ll.OISEL, 1912}.
La création, sous le règne de Louis XIV, de la Nlénagerie royale de
Versailles donne une impulsion nouvelle à Vorganisation des collections
d’animaux vivants, puisque celles-ci doivent à la fois manifester la gran-
deur du souverain, servir les objectifs de la science et contribuer a ins-
truire le grand public qui est admis à les visiter. Les Mémoires de l'Acadé-
mie des Sciences de Paris contiennent Vinventaire des reptiles qui rejoi-
gnirent les autres animaux acquis ou reçus en cadeau par le roi : un
I1 2} ELIEN, Nat. anim., XVI, 39,
l13I STFIAEION. XV, 1. 73.
(14} SUETDNE, Auguste, 43, 4,
(15} STRABON, XVII, 1, 44 ; PLINII L'ANClEl\I, Hist. nat., VIII, 96.
6

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 .—~_ __ 3 illlllll; , lüilll É L.all,,lllllHlllll.llll·lillll ·-·--—  - —#
É €’É É@&,_h;.·a·.·¤>- ,__
  É.
Fig. 1 : Le Caméléon
BELON, P. l‘l58Bl — Les observations de plusieurs slngularitez
et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte,
Arabie et autres pays estranges, Paris, H. de lvlarnef - Veuve
G. Cavellat, p.278.
(Cliché Nadine BODSOl\ll.
crocodile du Nil (Crocodflus nlloricus), une tortue de l‘lnde (CYHHÉTBSPES
indice), la fameuse Tesrudo mdica (Fig. 2-3l disséque par Claude Per-
rault dont la dossière est conservée au Muséum national d'histoire natu-
relle sous le numéro d'inventaire 78 'I 9 lElOUFl, 1980 et 1984}, une sala-
mandre (Salamandre salamandre} (LOZSEL, 1912]. Ils furent, en outre,
dessinés et peints par les artistes animaliers auxquels on doit les fameux
"Vélins du Roi" lLA|SSL|S, TBB7, 1969}, tandis qu'aprés leur mort, les
dépouilles étaient confiées aux savants anatomistes qui, sous la conduite
de Claude Perrault, en effectuaient la dissection. Leurs observations, qui
sont, pour Vhistoire de Vanetornie, de précieux témoignages (COLE,
1944l, ont été publiées dans les Mémoires de l'Académie royale des
Sciences de Paris. A défaut d'éclairer les lecteurs d’aujourd'hui sur les
conditions dans lesquelles les animaux étaient gardés à Versailles, ces
travaux conservent au moins le détail des spécimens d'herpétofaune qui
rehaussaient la ménagerie royale alors à son sommet. Quand, en 1794,
elle devint la "Nlénagerie du Jardin des Plantes", elle ne contenait plus
aucun reptile de la collection primitive IDELELIZE, 1823]. ll fallut atten-
dre 1838 pour y trouver à nouveau des reptiles vivants: les deux
7

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I .Ãà#—»   -   `·*î·—-/"; ag  
l·   I       ‘1 ;`JÉJl&À’?  
Fig. 2-3 : Testudo indice (C`)/lfndraspfs rhdfca}
Planches reproduites d'eprès VALENTINI, NIB. [720}.
-Amphîtheatrum zootomicum, Zunner et Muller, pl. XLIV.
(Cliché Nadine BODSONI.
8

pythons et les trois ca'imans achetés par Constant Duméril à un montreur
d'animaux itinérant (VAILLANT, 1897}.
A |'exemp|e de la ménagerie fondée par Louis XIV, d'autres collec-
tions d'animaux vivants furent constituées en Europe, mais en général,
les reptiles furent les derniers a y prendre place. Ainsi, à Londres, la
ménagerie de la Tour, créée au XIVe siècle, n’inc|ut des serpents qu'à
partir de 1839 lLOlSEL, 1912}.
Parallèlement au goût des rnonarques pour les collections d'animaux
vivants qui servaient aussi à Vinstruction du grand public, des naturalis-
tes - voyageurs, encyclopédistes, peintres, - contribuèrent autant, des le
début de la Renaissance, a faire redécouvrir ie profit qu'i| y a à observer
et à étudier l'animal vivant. Au milieu du XVIe siècle, Pierre Elelon du
Mans s'intéressa notamment, durant son voyage de deux ans environ
dans les pays d'Europe orientale et du Proche Orient, aux serpents de ces
régions. Sa mort prématurée Vempêcha de rédiger à leur sujet Vouvrage
qu'i| projetait et pour lequel il avait rassemblé d'abondantes notes dont
certaines figurent dans ses récits de voyage. Elles attestent son désir de
constituer une collection de reptiles vivants à partir des spécimens qu'i|
capturait en chemin. La difficulté de les acheminer en Europe dans de
bonnes conditions le fit renoncer à ce projet. Il se borne à "anatomiser",
c.a.d. ciisséquer les exemplaires les plus importants et à les naturallser
sommairement IBELON, 1588).
Pendant longtemps, les problèmes inhérents à l'é|evage des animaux
à sang froid représentérent un obstacle difficilement surmontable et
retardèrent, quand ils ne les faisaient pas échouer, le développement des
collections de reptiîes vivants aussi bien exotiques qu'européens. Le pre-
mier serpent à sonnettes fut importé en Europe en 1 657, mais il ne sur-
vécut guère lKl.AL.lBER, 1956]. La médiocrité des techniques et des pro-
cédés de conservation des spécimens naturalisés ne facilitait DBS, dans la
plupart des cas, la constitution de collections zoologiques. Les reptiles,
cependant, qui peuvent être simplement séchés, furent ainsi, comme les
coquillages, les fossiles, etc., réunis et introduits en assez grand nombre
dans les cabinets de sciences naturelles, où ils figurèrent au titre de
curiosités avant de faire l'objet d'études et de recherches ILAISSUS,
1964} lFig. 4}. Au XVl|e—XV|lie siècle, la collection de reptiles naturali-
sés de Seba fut une des plus complètes et des plus justement célèbres
d'Europe lHOLTl·lUlS, 1969 ; BOESEMAN, 1970}. Quand il s’agissait
de garder en captivité des espèces indigènes, le taux de réussite était
plus élevé, surtout si la collection était temporaire et limitée à le période
durant laquelle son propriétaire se livrait sur elle à des observations scien-
tifiques. On sait ainsi que les amis et collègues de Conrad Gessner
avaient capturé à son intention des vipères européennes pour étudier leur
cycle de reproduction et lui communiquer des indications de premiére
main pour la partie de son Historia anrmafrurn consacrée aux reptiles
lGESSNEFl, 1621]. Mais d'autres motits que la zoologie ont pu inspirer le
goût ou la nécessité de garder des reptiles en captivité. Léonard de Vinci
avait réuni des collections de serpents, lézards, grenouilles, etc., qui lui
9

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Fig. 4 : Cabinet de curiosités et de sciences naturelles.
IIVIPEHATO, F. l1599I — De||'Historia naturale libri XXVIII,
C. Vitale, Naples. Hors—texte.
(Cliché Nadine BODSONL
servaient de modèles pour ses peintures de la tête de Méduse IVASAFII,
1568I et de sujets d'analyse pour ses recherches en anatomie comparée
dela locomotion IHUAFID et GFIIVIEK, ‘i962I. Dans le même temps, Ber-
nard Palissy empruntait à Vherpétofaune les motifs dont il ornait ses cele-
bres "rustiques iigulines", ces plats et assiettes de céramique où ser-
pents, lézards, grenouilles, ete. sont, à peu de chose pres, figurés en
trois dimensions [Fig. 5}, Le même Palissy envisageart aussi de placer
dans le "Jerdin dé|ectabIe" qu'i| rêvait de créer des representations en
céramique des animaux qu'il désirait le plus y attirer. Lézards. grenouil-
les, tortues, serpents y sont mentionnés en bonne place lF'ALl$SY,
1563]. Aurait-il réussi à concrétiser son plan, les objets de ceramique
n'auraient pas eu sur la faune |’effet escompté par leur créateur.
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Fig. 5 : Plat en céramique de Bernard PALISSY.
Musée d'Ecouen. Inv. n° CL 1143
Cliché des Musées nationaux — Paris
Néanmoins, Palissy a formulé l'idée de collections d'animaux vivants
maintenus captifs dans des conditions aussi proches que possible de cel-
les du milieu naturel. Elle fut reprise et réalisée dès le XVIIe-XVIIIe siècle.
Dufay, pour son étude de la Salamandre. conservait deux cents de ces
animaux au Jardin des Plantes [DUFAY, 1729}. Demours, qui fut le pre-
mier à étudier le comportement reproducteur d'Ai'ytes obstetrr'cans, en
gardait des spécimens pour lesqueis il avait reconstitué leur milieu naturel
IDEMOURS, 1778}. Valmont de Bomare (1768} et Bosc (1817) firent
de même, respectivement pour la couleuvre d'eau (Nam): natrfx} et pour
le Crocodile de Caroline du Sud. Ces naturalistes et ceux qui les suivirent
accomplirent ainsi véritablement une oeuvre de pionnier qui devait per-
mettre de maîtriser tous les facteurs liés à la conservation des reptiles
vivants en captivité.
Si |’on se remémore les circonstances qui, dans Vantiquité, ont con-
duit à garder des reptiles en captivité, on voit qu'eI|es répondent à deux
séries de motivations. La première est d'origine religieuse et inspirée par
1 1

le role que ces animaux jouaient dans cl nombreux cultes. La deuxième
tient au goût universellement partagé pour les espèces rares, spectacu-
laires. indigènes et surtout exotiques. Elles constituaient une manifesta-
tion supplémentaire de la puissance de leurs possesseurs en même
temps que, pour les plus éclairés d’entre eux, un moyen d'instruire les
foules. La Renaissance et les Temps modernes souscrivirent à cette
manière de voir. Mais, assez vite, aux badauds qui se bornaient à une
observation superficielle, se joignirent des naturalistes curieux de mieux
connaître Vanatomie et le comportement d'anïrnaux souvent difficiles à
étudier dans la nature. Leurs travaux, encore isolés et souvent incom-
plets, ont préparé les recherches qui devaient ultérieurement conduire à
connaître la biologie des reptiles et à fixer les règles fondamentales de
toute collection de ces animaux vivants.
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Bull. Soc. Herp. Fr,. (19851 40 : 16-27
(Amphibia ; Anora ,· Discog/ossidae}
par
Benedetto LANZA, Giuseppe NASCETTI, Massimo CAPULA
et Luciano BULLINI
Résumé — Les donnees paleontologiques, taxonomiques, chorologiques et biogeographiques
nous conduisent à reconnaître chez les Disco glosses de la région occidentale de la Mediterra-
née : Discogiossos gaiganoi Capuia, Nascetti, Lanta, Bullini et Crespo, 1 985, de la Péninsule
ibérique, avec une sous-espèce vivant au sud du bassin du Guadaiquivir, D. gaiganoijean-
neae Busack, 1986 ; Discogiossos pictos Otth, 1 837. de Sicile, Malte, Gozo (D, pictos pic-
tos}. Tunisie, ile de la Galite, Algerie, (D. pictos aoritos Héron - Rover, 1 888, acclimatee en
Catalogne et au Languedocl et Maroc ID. pictos scovazzi Camerano, 1878} : Diecogiossos
sardos Tschudi, 1837, des îles fossiles de Monte Argentario (Toscane}, Sardaigne avec
I’Arcl·¤ipe| La Maddalena et I’ïle San Pietro ainsi que la Corse avec l'île Lavezzio : Discogiossos
montsientii Lanza. Nascetti, Capula et Bullini. 1984, endémique de la Corse, une espece pri-
mitive partiellement svmpatrique et parfois svntopique avec D. sardos, Discogiossos aigiros
Lataste, 1878, et D. hisparricos Lataste, 1878, sont à considérer comme des noms oublies
fnomina obiitai.
Mots-clés: Discogiossos, région méditerranéenne occidentale, paléontologie, taxonomie,
distribution, biogèographie.
Abstract - Paleontological, taxonomic, chorological and hiogeographical notes on the West
Mediterranean Painted Frogs: Discogiossos gaiganoi Capula, Naecetti. Lanza. Bollini et
Crespo, 1885, from Iberia. with a subspecies living south of the Guadalquivir River basin,
D. gaiganoi jeanneae Busack, 1986 ; Discogiossos pictos Otth, 1837, from Sicilv, Malta,
Gozo iD, pictos pictos}, Tunisia, Galita Island, Algeria [D. pictos aoritos Hèron—Flover, 1888 ;
acclimatized in Catalonia and Languedoc}, and Morocco ID. pictos scovazzi Camerano,
1878} : Discogiossos sardos Techudi, 1 837, from the Hyères Islands. Tuscan Archipelago,
fossil island oi Monte Argentario (Tuscany}, Sardinia with la Maddalena Archipelago and San
Pietro Island, and Corsica with Lavezzi Island : Discogiossos montaientii Lanza. Nascetti,
Capula et Bullini. 1984, endemic to Corsica, a primitive species partiallv svmpatric and
sometimes svntopit: with D, sardos. Drlscogiossos aigiros Lataste, 1 BTS, and D. hisparricos
Lataste, 187 9, are to be considered lorgotten names lnomîna oblital,
Key words : Discogiossos, West Mediterranean countries, paleontoiogv, taxonomv,
distribution, biogeographv.
I. INTRODUCTION
Le genre Discogiossos Otth, 1837. comprend quelques espèces
dans la region méditerranéenne occidentale et une espece dans |'orien-
tale. qui est en danger d’extinction, selon WEFINKH lin SA|\|Cl-HZ et
SANZ, 19801, ou dejà éteinte : Discogiossos nigr.·'venter Mendelssohn et
Steinitz, 1943, qui vit ou vivait dans une zone humide tres restreinte, le
long de la côte orientale du lac Hole, près de la frontière syroisraélienne.
1 6

Ce travail résume notre connaissance actuelle des formes européennes
et africaines du genre Dfscogfossus J il eSt fondé sur les travaux publiés
ou en préparation de LANZA et al'. I1984}, CAPULA et al. I1985l,
BUSACK (1986} ; CLARKE et LANZA len prép.} et NASCETTI et al',
I1986 : a et b, en prep.}.
Il. LES DISCOGLOSSES FDSSILES
En Espagne. des fossiles appartenant à Discoglossus ill sont con-
nus du Nliocène [Escabosa de Calatanazor (Serial ; Venta del Moro
(Valence} ; Alcoy (Alicantel] au Pliocène [El Arquillo Il lTerus|l} et dans le
Pleistocene moyen IArganda lMadridlI (SANCHIZ, 1977 a, 1977 bl ;
d'apres ALCOVER et MAYOL (1981}, des restes d'un nouveau Disco-
gfossus ont ete trouvés dans les îles Baléares lF’Iio-Pléistocéne de Major-
que et Pleistocène inférieur de Minorquel. Dans le sud—ouest de la France.
le genre est connu dans la partie supérieure du Pléistocene moyen des
Abîmes dela Page (RAGE, 1973}, en Corse dans le Pleistocne supérieur
de Nlacinaggio (GASC, 1961} et le prénéolithique de Araguina-Sennola
près de Bonifacio I6570 1 150 ans i VIGNE, 1985}. En Sardaigne, Dfs—
coglossus est connu du Nliocène inférieur iOSchiri ; SANCHIZ et SANZ,
1980} au Paléolithique (grotte de Corbettu, sur le Supramonte di Oliena ;
SONDAAR et al., 1984} en passant par le Pliocène IKDTSAKIS, 1981}.
D’apres KOTSAKIS, il faut aussi rapporter à Drscoglossus l2} quelques
restes pleistocènes d'lte|ie peninsulaire [Latium, pres de Vitinia, Rome :
1981, 1982 a ; Abruzzes, Scoppito, près de |'Aquila : 1982 bl, Sicile
(Spinagallo, pres de Syracuse : 1978} et de Crète (1984}. Des restes
pleistocènes proviennent aussi de Malte (Ninajdra Gap : PARKER fn
BATE, 1935; Ghar Dalam: SANCHIZ, 1979; SAVONA VENTURA,
1984} et d'Israe| I'Ubeidiya : HASS, 1966}. Les deux seuls fossiles afri-
cains sont particulièrement intéressants : Pléistocène cl’Algérie IFiIfila,
près de Constantine : GINSBLJRG et al'., 1968} et Holocène ancien du
Maroc [Carrière Thomas, près de Casablanca : SCHNEIDER, 1975}.
I1} Le Discogfossus troscheri (Meyer, 1852, sub Hana ; Miocène inférieur : ligni-
tes de Rott, en Allemagne}, comparé a Alytes par MEYER (1860 ; voir aussi
CRESPD, 1979} et considéré surement comme un Alytes par CDPE (1867},
est sans aucun doute un Discogllossus selon BOULENGER (1891} et
VEFIGNAUDGRAZZINI (1966}. Dfscoglossus QIQSBFEUS du Miocène moyen.
décrit par Wettstein-Westersheimb I1955 : Tchécoslovaquie} a été placé en
synonyrnie avec Latonfa seyfriedl! Meyer, 1845 par Sanchiz et Mynarski
(1979}. D'après ces auteurs, des fossiles primitivernent déterminés comme
D. giganteus ou D.   grganreus doivent être rapportés à L. seyfriedfi ou à une
forme comparable. pinar (1978} considère que le genre Latonia appartient à
la nouvelle famille des Latoniidae.
[2} Fond} (1972} cite des restes de Discoglossus provenant du Pléistocène
moyen ancien de Toscane (I1/lontagnola Senese, pres de Sienne}. Cette cita-
tion réclame une vérification.
1 7

Ill. LES LQISCDGLDSSES ACTUELS DE LA RÉGION
MEDITERFIANEENNE OCCIDENTALE
Le genre et ses deux premières espèces, D. pictos Dtth de Sicile et
D. sardos Tschudi de Sardaigne, furent décrits en 1837, respectivement
aux pages 6 et 8 du même article. Depuis, la destinée de cette derniére
espèce eut des hauts et des bas, la plupart des auteurs ne reconnaissant
pas sa validité, au moins au niveau spécifique : entre autres DU|\r1ERlL et
BIBRON (184-1l, LATASTE (1879} et BOULENGER (1897} ainsi que
quelques herpétologistes qui la reléguèrent au niveau d'une variété
(SCHREIBER, 1912} ou d'une sous-espèce lCAl\ilERAND, 1883 ; (VIER-
TENS et MULLER, 1940; LANTZ, 1947; MERTENS et WERIVIUTH,
1 960}.
En 1 878, CAIVIERANO décrivit Discogiossos scovazzi du Maroc et,
en 1879, LATASTE proposait, presque par boutade, deux nouveaux
noms : "Si d‘ai||eurs, a titre d'espèces ou de variétés, on admettait les
noms de D. sardos, D. pictos, D. scovazzi pour désigner les formes
sarde, sicilienne et marocaine, je proposerais aussitôt ceux de D. h·fspan.·`—
cos et D. aigiros pour les formes espagnole et algérienne". Enfin HERON—
ROYER (1888}, ne tenant pas compte de la publication de LATASTE,
créa le nom D. aoritos pour les Discoglosses algériens. D. scovazzi et D.
aoritos furent considérés ensuite comme des synonymes de D. pictos ou
au moins de D. pictos pictos, tandis que D. hispanicos et D. aigiros
n’eurent pas le même sort : leurs noms, proposes de maniere fort hétéro-
doxe, furent ignorés dès leur naissance, ils doivent ètre considérés
comme des noms oubliés (nomina obiita, selon le code 1964, article
23 bl.
En 1962, KNOEPFFLER publia un travail important (annoncé en
1951}, qui, malgré quelques imprécisions, provoqua un choc bénéfique à
une situation taxonomique trop longtemps figée. Se fondant sur une évi-
dence morphologique et biologique, il soutint la valeur spécifique de
D. sardos, une opinion défendue aussi par WEBER et SCHl\|ElDEFl
(1971} ainsi que par WEBER (1974}, qui démontrèrent que les chants de
D. sardos et D. pictos comportaient des différences spécifiques. Heureu-
sement, KNOEPFFLER, WEBER et SCHNEIDER travaillérent avec de véri-
tables D. sardos, provenant de Port—Cros (îles d’Hvèrés} et de vrais
D. pictos de Banyuls-sur-Nler. Leurs résultats peuvent donc être considé-
res comme vaiides vis-à-vis de ces taxons. Ce ne fut pas le cas de
LANZA et ai. (197 5l qui, employant les tests immunologiques de Libby,
trouvèrent des différences au niveau spécifique entre un véritable D. pic-
tos de Sicile (Palerme} ét un discoglosse de Corse (Ruisseau d'Agnone,
près de Vizzavona} considéré comme D. sardos mais qui s'est révélé
ensuite appartenir à la nouvelle espèce D. montaientrï. PARRINELLO et
BRAY (1971 I rencontrerent une situation analogue lorsqu'i|s trouvèrent,
avec des techniques diverses, des différences sérologiques entre le véri-
table D. pictos de Sicile (Palerme} et des Discoglosses corses provenant
mal|1eureusement d'une zone lEvisa] ou D. sardos vit en sympatrie avec
D. montaientii' (LANZA et ai., 1984].
Un pas fondamental a été franchi récemment grâce a |‘analyse de la
1 8

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Fig. 1 : Localités dé provénancé dos exemplaires étudiés : carrés
blancs = Discogiossos gaiganoi gaiganoi ; carrés blancs st
noirs = Discogiossos gaiganoi iaannsaé; triangles = Disco-
glossos sardos ; carrés noirs = Discogiossos montaiéntii ; cér-
clés noirs = Discogiossos pictos pictos ; cérclcs blancs = Dis-
cogiossos pictos aoritos; cérciés blancs st noirs = Disc:ogios—
sos pictos sco vazzi.
19

structure génétique de nombreuses populations par Vélectrophorése mul-
tilocus, une approche qui permet |'éva|uation quantitative de leur diver-
gence génétique. Selon les données génétiques et morphologiques résul-
tant de recherches commencées en 1983, quatre espèces de Discogios-
sus, dont deux au moins sont polytypiques (fig. 1}, vivent en Europe et
en Afrique.
Discogiossus gaiganoi Capula, Nascetti, Lanza, Bullini et Crespo.
1985 lCAF'ULA et ai., 1985} occupe les régions occidentale, méridio-
nale et centrale de la péninsule ibérique où il est représenté par deux
sous—espèces, D. galganoi gaiganoi et D. galganoi`;'eanneae. Cette der-
nière, décrite comme une espece par BUSACK (1986} et considérée
comme une sous-espèce par NASCETTI et ai. (1 986}, vit au sud du bas-
sin du Guadalquivir.
Discogiossus pictus Otth, 1837, se trouve en Sicile, dans les iles
maltaiss et Ie nord—ouest de |'Afrique ; Vespèce compte trois sous-
especes : D. pictus pictus Otth, 1837 (Sicile, Malte, Gozo}, D. pictos
auritus l-léron-Royer, 1888 lTunise et ile de la Galite, Algérie} et D. pic-
tus scovazzi Camerano, 1878 (Maroc}. Les populations isolées habitant
le Languedoc (Sud de la France} et la Catalogne lnord—est de l'Espagnel
appartiennent aussi a D. pictos ; elles résultent de Vacclimatation de Dis-
coglosses qui pourraient avoir été importés d'Algérie lNASCETT|,
1986 ; a et b, en prep.}.
Discogiossus sardus Tschudi, 1837, est une espèce tyrrhénienne
qui occupe les îles d'Hyéres (Port-Cros et lle du Levant ; France méridio-
nale}, Varchipel Toscan iGiglio et Montecristo}, I'ile fossile de Monte
Argentario (Toscane}, la Sardaigne avec |’archipe| de la Maddalena et |'îI
San Pietro et la Corse (LANZA, 1983 ; CAFULA et ai., 1985}. La popu-
lation de |’ï|e Lavezzi appartient aussi à D. sardus iCLARKE et LANZA, en
préparation}.
Discogiossus montalentii Lanza, Nascetti, Capula et Bullini, 1984
est endémique à la Corse, où elle est partiellement sympatrique et quel-
quefois syntopique avec D. sardus, mais elle manque apparemment dans
la ceinture côtière iLAl\lZA et ai., 1984 ; CLARKE et LANZA, en prepara-
tion}. Discoglossus montaientii bien qu’appartenant clairement à Disco-
giossus, possède une caractéristique crânienne unique pour ce genre qui
suggère que cette espèce pourrait être la plus primitive du genre
lCLAHl<E et LANZA, en préparation}. Cette hypothèse s’accorde parfai-
tement avec les données génétiques lLANZA et ai., 1984 ; CAPULA et
ai., 1985 : NASCETTI etai., en préparation ai ; d'après celles-cl D. mon-
taientii est plus distinct génétiquement de D. sardus, D. pictus et D. gai-
ganoi que ces dernières ne le sont entre elles.
IV. REMARQUES BIOGÉOG RAP}-IIQUES
D’apres LANZA (1973 ; voir aussi le chapitre sur les fossiles} le
genre Discogiossus né en Europe "pendant le Paléogène supérieur
chaud, et ainsi presque sûrement thermophile. a été capable de se
20

disperser pendant le Pontien et de survivre, dans les zones de la lvlediter-
ranée méridionale, à la détérioration climatique qui a commencé pendant
le Tertiaire supérieur et a atteint son maximum pendant le Quaternaire.
La, il se serait différencié, par son isolement, en un nombre d’espèces qui
a pu ètre supérieur aux trois qui ont survécu (D. prcrus, D. sardus,
D. nrgrr·.¤ènter}".
Cette hypothèse, à la fois prophétique et pessimiste, ne s'est révè-
lée vraie qu'en partie. D'après nos derniers travaux, nous pouvons sup-
poser que les espèces de la Méditerranée occidentale proviennent de
deux stocks différents, |'un ancestral à montafentif, l'autre étant ances-
tral a saro'us—gai'ganor`—pr`ctus, qui auraient divergé au plus tard pendant le
Miocène.
En se fondant sur les données paiéobiogéographiques, différentes
hvpotheses peuvent ètre faites sur Vévolution des espèces de D.is··:og!os—
sus dans cette region ICAPULA et ai., 19851. D'apres |'une, l'encètre de
D. monta}ent1`f aurait atteint ia Corse à partir du sud de la France au
moment de la connexion rnessînienne et serait ensuite resté séparé de
|’[urope continentale e la fin de la crise de salinité, il v 5,2 millions
d'années. D. gafganof et D. pfcïus — D. sardus se seraient aussi différen-
ciés par isolement géographique, respectivement dans les refuges ibéri—
que et italien, pendant le Villafranchien inférieur icorrespondant au Plio—
cène moyen des auteurs italiens] il y a environ 3 millions d'années, en
relation avec le début de la période glaciaire. La divergence entre D. pic-
tus et D. Sardus aurait commencé plus tard, ce dernier ayant pu atteindre
la Sardaigne, gràce a un pont continental durant |'une des régressions
marines, il y a environ 2 millions d’années. Cette hypothèse s'accorde
bien avec la formule de NEI 119751.
  D,p. D._¤. D.p. D.$aro'tJ$ D.g. D.g. D.mom‘a-
pictus eurfws scovazz! geulganof jeanneae fenrrf
Dpicrus aurfrus .053 —
Dqoictus scovazzr .1 64 .1 75 —
D.serdus .371 .414 .434 —
Dgafganoi ga.fganc1' .506 .5 E1 .4 31 .5 7 2 —
D.g.,ieanneae .549 .626 .481 .755 .070 —
D.moma·!enr.·ï .955 1.02O .991 .845 LOGO 1,07'4
Tab. 1 : Valeurs des distances génétiques moyennes de Nei (1972}
entre Drscoglosstrs pfctus pfcrus, D. p. aurfrus, D. p. scovezzr}
D. sardus, D. gaiganof gerganor} D. g. jeenneae et D. rnorrta!en—
rif.
21

Une autre hypothèse suppose une origine plus ancienne des espèces
de la Méditerranée occidentale ; par exemple D. rrrontaientr`i pourrait être
né de la disjonction du bloc corso-sarde, entre l'Oligocène supérieur et le
Miocène inférieur lil y a environ 23 millions d'annéesl. Uestimation de la
divergence évolutive obtenue par SAHICH i1977l et MAXSON et
MAXSON t1979l s'accorde mieux avec la seconde hypothèse. En ce qui
concerne cette dernière hypothèse, nous nous demandons si le
Discog/ossos du Miocène inférieur de Sardaigne ISANCHIZ et SANZ,
1 980} était simplement destiné à devenir l'actuel D. montaienrii ou s'i|
était déjà D. montaieritii lui-méme.
Un autre point de vue qui doit être examiné est la différenciation
génétique trouvée entre le D. pictos pictos siculo—ma|tais, le D. pictos
aoritos et D. pictos scovazzi du Maghreb. Elle correspond à un isolement
estime à 250 000 ~ 700 000 ans d'apres la méthode utilisee.
L‘e><istence d'une connexion pléistocène entre le nord—ouest de |'Afrique
et la Sicile a été soit rejetée lpar exemple VAUFFIEY, 1929 ; SACCHI,
1961}, soit considérée comme douteuse ILA GFIECA, 1961}, ou admise
lPASA, 1953}. La période de divergence estimée par D. pictos pictos et
les D. pictos africains à partir de leur distance génétique supporte
nettement la dernière hvpothése.
Enfin. d'après NASCETTI et ai., l'! 986 ; ci, en prep.l, la différencia-
tion trouvée entre D. gaiganoi gaiganoi et D. gaiganoi ieanneae corres-
pond à une période d'iso|ement estimée à 350 000 — 980 000 ans
d’aprés la méthode utilisée.
Les populations allochtones dans le Languedoc lSud de la Francel et
le nord-est de l'Espagne pourraient être issues d'animaux échappés ou
relâchés à Banyuls-sur-Mer il y a probablement un ou quelques siècles.
WINTREBERT (1908 a et bl, qui v récolta les premiers spécimens en
1906, a écrit l1908 ai : "cette trouvaille à Banyuls, près d'un labora-
toire de recherches [Laboratoire Arago], donne a penser tout d'abord que
ces animaux y ont été apportés par un naturaliste ; d’autre part, les com-
munications régulières de Port-Vendres avec I’A|gérie font soupçonner
une provenance algérienne. Cependant, le directeur du laboratoire,
M. Prouvot, peut affirmer qu'aucuri batrachologue n'est venu faire des
recherches au laboratoire ; de plus, il ne se trouve, à sa connaissance,
dans le département, aucun naturaliste s'lntéressant aux Batraciens.
D'autre part, les Discoglosses algériens ld'après i—|éron—Rover} sont,
même en hiver, vifs et turbulerits, presque toujours en mouvement ; on
ne conçoit donc pas qu'iIs aient pu étre introduits dans les mottes de
terre parfois volumineuses qui entourent les racines des arbres
importés". De plus. nos données génétiques ll\lASCET'l`|, 1986 ; a et b,
en prép.l, d‘aprés lesquelles les Discoglosses algériens et catalane-
languedociens montrent les mêmes fréquences d’al|è|es, parlent en
faveur d'une origine algérienne de ces derniers et contredisent Vopinion
de KNOEPFFLEH (1979} sur leur autochtonie.
22

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Accepte le 4 décembre 1986
B. LANZA
Dipartirnento di Biologia Animale e Genetica
et Museo Zoologico de||'Università di Firenze
Via Romana 17
50125 FZRENZE (ITALIE}
G. NASCETTI, N1. CAPULA et L. BULLINI
Dîpartirnento di Genetica e Bietogia Nlolecolare
de¥|’Univrsità di Roma "La Sapienza"
Via Lancisi 29
OO161 BONIÀ (ITALIE}
27

Bull. Soc. Herp. Fr., ITQSBJ 40 I 28-35
INTERACTION ET ACCOUPLEMENT
DU TRITON CRETE ET DU TRITON IVIARBRE
_(Ur0de!a, Sefamendridaej :
METHODES D'OBSERVATION
par
Annie ZUIDERWIJK
Résumé —- Le comportement de parade nuptiale et d'acc0upIement de Triturus crfstatus et de
T marmoratus ont été étudiés dans l'habitat naturel de ces deux especes, dans une zone où
elles s'hvbrident. Ce tvpe d'activité des deux especes est réduit aux trois premières heures de
la nuit, Une attention particulière a été portee aux methodes d'observa1ion. Ces methodes
donnent des informations sur le comportement de parade sexuelle des populations observées
et, à un moindre degré, sur des Tritons pris individuellement.
Mots-clés : comportement sexuel, interaction. méthodes d’observation, Trirurus.
Abstract — Mating and premating behaviour of Trfturus crfstatus and TÃ rnarmorarus were
studied in a natural habitat in an area in France where these species hvbridize. The courtship
behaviour ol both species is restricted to the first three hours of darkness. Attention has been
focused on observation methods, Theses methods used inform about courtship behaviour of
the observed populations and to some extend also of individual newts.
Key words : matlng behaviour, competition. field observations, Trfturus.
I. INTRODUCTION
Le but des expériences est de trouver le niveau dïnterference entre
le Triton crête, Trfturus crrstartrs, et le Triton marbre, Trirtrrus marmora-
tus pendant la periode d'accouplement dans les mares où ces deux espè-
ces coexistent.
7É_crr`Sîatus et T. marmoratus ont une aire de sympatrie en France
lVALLEE, 1 959}. Dans cette aire, les deux espèces sont moins souvent
syntopiques qu'on l'attendrait par comparaison avec la svntopie d'autres
combinaisons d'especes du genre Trfturus lZU|DEHWlJK, 1986}. En fait,
l'aire de syrripatrie est divisée en zones occupées exclusivement, soit par
T crfsîatus, soit par I marmoratus, soit par les deux especes en cohabi-
tation. Ce dernier cas est relativement rare. Donc apparaît un isolement
Spatial, lequel est mis en relation avec divers facteurs écologiques
ISCHOOHL et ZUIDEHWIJK, 1981}.
On peut trouver des hybrides dans les mares où T, crfstaïus et
T. marmoratus coexistent. Comme Vhybridation est désavantageuse
28

pour les deux espèces, la question se pose de savoir si, chez T. crisrarus
et ii marmorarus, en dehors de Visolement macro-écologique précité,
une barriere s'est développée contre la transmission du spermatophore
entre un mâle et une femelle hétérospécifiques, ce mécanisme fonction-
nant comme une barrière contre l'accoup|ement interspécifique. Des
mécanismes d'isolement empêchant l'accoup|ement interspécifique ont
été rapportés pour plusieurs genres d'Amphibiens ISCHIGTZ, 1973]. Par
exemple, dans le genre Hyla, il s’agit d'une différence de vocalisation
lSCHl\lElDEFi, 1967]. HALLIDAY (1977} suppose que, dans le genre Tn`-
turus, la sélection par un tel mécanisme se développe dans le comporte-
ment de parade nuptiale.
Pour plusieurs raisons, il est impossible de déduire l’activité sexuelle
interspécifique du nombre des hybrides. Les hybrides ont une viabilité
moindre ; de ce fait, le nombre des hybrides adultes ne peut être pris en
compte pour mesurer la fréquence de Vinteraction sexuelle interspécifi·
que.
Le probléme posé a été étudié dans le département de la Mayenne,
dans une zone où les deux espèces vivent assez fréquemment en synto-
pie. La fréquence d'activité sexuelle interspécifique est définie a l'aide
d'observations dans une mare ou T. crfstatus et T. rnarmoratus cohabi-
tent. Dans ces conditions, une barriere contre l'accouplement peut être
dûe à plusieurs causes : différence des rythmes annuels d'activité, diffé-
rences des rythmes nycthéméraux d'activité. choix de microhabitats dis-
tincts pendant les activités de reproduction. différences de comporte-
ment sexuel. Chacune de ces différences réduira la chance d'une rencon-
tre ou d’une parade sexuelle interspéclfique.
Cet article donne une description des méthodes que nous avons utili-
sées dans un habitat naturel. L'étude des comportements sexuels est
complétée par des expériences en aquarium ISPAHHEBOOM, 1986}.
L'étude sur les rythmes annuels d'activité a été effectuée par N. BOU-
TON (1 986}.
II. LE PRDBLÉME
Pour quantifier Vinterférence entre les adultes de I crrstatus et
7É marmorarus dans une mare donnée, il faut répondre aux questions sui-
vantes :
— Pendant quelle période les mâles et femelles de Triton crété et de
Triton marbré habitent-ils la mare ? En quel nombre ?
— Quelle est la période nycthémerale d'activité pour chacune des
deux espèces ? Quelle proportion de la population est-elle sexuellement
active pendant cette période ?
— Comment les tritons de deux espèces sont-ils répartis pendant la
période d'activité sexuelle ? Est-ce par hasard ou y-a-t-il des corrélations
propres à chaque espèce ?
- Quelle relation existe-t-il entre les rencontres intraspécifiques et
interspécifiques et le nombre de mâles et de femelles actifs des deux
espèces ?
29

Un facteur de grande importance a été de trouver une mare convena-
ble, de facon à observer, dans la mesure du possible, le comportement
des Tritons dans les conditions naturelles.
Ill. LE CHOIX D'UNE MARE DTJBSERVATION
Les conditions de choix d'une mare répondant à nos objectifs sont
les suivantes :
I crfstarus et T. marmoratus se reproduisent dans cette mare, les
deux espèces étant assez abondantes. Il faut estimer la taille de ces
populations par une méthode de capture~recepture, Pour avoir une
chance assez élevée de capturer les Tritons, toutes les parties de la mare
doivent être à portée d'une épuisette.
Il faut que les parties de la mare ou les Tritons sont actifs soient
assez visibles pour reconnaître les espèces et les sexes. Pour celà, l‘eau
doit être assez claire pour permettre l’observation des animaux au fond.
Toutes les activités extérieures influencent le comportement des Tri-
tons ou troublant |'eau sont gênantes pour |'observation. De préférence,
la mare ne sera pas utilisée par des gens ou du bétail. Pour cette raison,
les observations sont faites à partir d’un cricuit d'observation en dehors
de |'eau.
La mare choisie a une superficie de 9 x 18 m et se trouve à côte
d‘une ferme de la Mayenne. Elle a encore été utilisée comme abreuvoir
peu d'années auparavant. L'eau est fournie par une source, et de ce fait
est bien transparente jusqu’au fond (profondeur maximale, 70 cmi. La
végétation aquatique est dispersée, on y trouve à la fois des endroits
couverts et découverts. Les deux espèces sont présentes en nombre suf-
fisant. Le total des individus des deux espèces était estimé à 174 +
23 adultes en 1981 lJ.W. AHNTZEN, communication personnelle}. Un
tiers du périmètre de la mare est en ciment. Ce côté en ciment permet
|'observation des animaux sans les déranger et sans troubler Veau. Pour
pouvoir observer une plus grande partie de la mare, nous avons construit
au préalable un pont simple à 50 cm au dessus de |’eau. Le côté en
ciment et le pont constituent le circuit d'observation. A partir de ce cir-
cuit, ii est possible d'observer la moitié du fond, soit environ 70 m2. Les
travaux nécessaires ont été faits avant la saison de reproduction.
Malgré la grande transparence de |'eau, il fallait nettoyer souvent la
surface de |'eau et notamment retirer des plantes surnageantes (Apitrm
nodffiorum}, pendant l'après-midi pour les observations de ia soirée sui-
vante.
IV. PROGRAMME
Nous avons effectué des observations pendant deux périodes de
quatre semaines chacune. La premiere période commence immédiate-
ment après le dégel de la glace, le G mars 1986. La deuxième période est
comprise entre le 13 avril et le 12 mai de la même année.
30

Trois fois pendant la campagne d'observation, au début, à la fin et a
une date intermédiaire, les populations ont été estimées numériquement
par une méthode simple de capture-recapture. Au total 143 Tritons dif-
férents ont été capturés, dont 75 deux fois ou plus.
Aprés la première expérience de capture-recapture, la proportion de
Triton marbré est très faible (7% du total}, Nous avons donc introduit
22 mâles et 18 femelles de Triton marbre provenant d’autres mares tou-
tes proches. A la fin, la troisieme expèrience de capturewecapture donne
une proportion de 34% pour le Triton marbre.
La période d'activité est observée des la première semaine. Les indi-
vidus des deux espèces ne sont actifs que le soir et la nuit. La période
d'activité débute au crépuscule là 19h30 le 6 marsl et ensuite chaque
jour un peu plus tard. Les observations quotidiennes sont faites à partir
de la tombée dela nuit et continuées iusqu'après la pointe d'activité des
deux espèces. Cette pointe n'est pas forcément bien marquée. La plupart
des comportements sexuels ont lieu entre une et quatre heures aprés le
debut de l'activite.
V. OBSERVATIONS
L'observation des Tritons à la lumiere du crépuscule n'ètant possible
qu'au tout début de leur periode d'activitè et seulement pendant un quart
d’heure environ, il s'avère nécessaire de les observer a I'aide de lumière
artificielle. Or, le Triton crete, mais surtout le Triton marbré réagissent à
la lumière. Une lampe de poche peut toutefois être utllsée, si son fais—
ceau est réglable.
Les aspects divers du comportement sont observés et dictés sur un
enregistreur à cassettes. Le circuit d'observation est parcouru une, deux
ou trois fois chaque soiree, chaque parcours durant une heure environ. La
position de chaque individu, le nom d'espèce et le sexe sont notes. de
même que le comportement.
COMPORTEMENT INTEFIACTIONS
SOLITAIHE mâie-femelle mâle-mâle femelle-mâle
êlre immobile reriiiler reniller
ëlre mobile: nager dns de chat dos de that
marcher coup de queue cuup de queue
manger déposer sperm. ramasser sperm.
respirer s'apprur:her s'apprur:her s'appr¤cher
déposer oeuf s'àloigm:r $'è|¤igner $'èl¤igner
s'arrëler s’arrërer
puuseer
Tableau 1 : Aspects du comportement des Tritons crétè et marbré :
liste des comportements observables (sperm. = spermato-
phorel
31

Le tableau 1 donna les aspects du comportement : a gauche, les
activités d'un Triton solitaire ; à droite, les activités dans trois situations
dînteraction. Voir aussi SPAFIHIZBOOM [1986} dans ce présent Bulletin
pour quelques explications complémentaires. Au sujet des interactions,
les espèces et les sexes concernés sont notés. Nous avons trouvé les
combinaisons suivantes : les quatre possibilités de couples hétéro-
sexuels, et de plus les combinaisons de deux, trois ou quatre mâles aussi
bien conspécifiques qu‘hétérospécifiques.
La figure 1 et le tableau 2 donnent les résultats de nos observations
pour un parcours donné lle 6 mai 1986, 23h00 à 24hOOl. Les animaux
sont pointes a leur position dans la mare lfig.1 l. Le tableau 2 donne les
nombres d'animaux observés et d'observations comportementales.
Nous avons fait 61 parcours au total. Les résutlats détaillés seront discu-
tés et présentés dans une autre publication.
NOMBRE COMPORTEMENT
d'animaux SOLITAIRE RENCONTRES
l M Tco' Tmo‘ TcQ Tm Q
Tc©‘ 31 27 6 Tool 17 9* 13 6*
Tm©' 1 1 1 2 5 Tm©· X 4 2 * 1 2
Tc Q B S 14
Tm Q 4 6 9
Tableau 2 : Résultats du parcours du 6 mai 1986 i23hO0 — 24hO0l.
Nombre d'animaux observés ; comportement solitaire il =
immoble, Nl = mobiîel : rencontres séparées en interac-
tions mâle—mâle et mâle-femelle. Les astérisques indiquent
des interactions entre animaux d'espèces différentes. Tc =
Triton crété ; Tm = Triton marbré.
VI. DISCUSSION
F crfstatus et Imarmoratus ont un rythme d'activité sexuelle qui
est vraiment limité à 3 - 4 heures sur 24. Cette particularité et le fait que
les deux espèces soient bien distinctes par leur grandeur et leur couleur
les désignent comme deux espèces particufiérerrient propices à l'obser—
vation dans la nature, alors que le Triton ponctué et le Triton palmé par
exemple, n’ayant pas les caractères précités, seraient difficiles à obser-
ver. De plus, et c’est un autre avantage, les activités de parade nuptiale
ont lieu dans des endroits de la mare qui sont relativement dépourvus de
végétation.
32

W imit d'area dbbsorvation —-—T
'   T `E .» -`
·   Ã ·‘ *  X A
i —-rr ···     -··'' \ ‘_,.·—
  1-·-1 IE 1   —————. ·-·-—-xx————
1 _ --1;; -_·.  
1 i '   2 Q ‘°
1 j _t' Ã  :>\·.;¤.¤,;"’ ,
« - 5 (—¥S&?z$¤·-1-: [If
i / -.   ¤ î` ··'··   C
, i    ‘>?§§·l>>2= ·
Légende de la figure 1 c C Cc:
C = Triton crêtê mâie C cm rw
ç¥= Triton crëtë femeiie m C C+ C
m= Triton marbré mâie c Cc mcq
fTl_= Triton marbré fameiia
 Èïià-" végétation dense   ‘-' _—   · —IC C
` I È T:
- _ C
. ,       _\.._-.\\     ` . . _ ·- C
  -—`'. `   -`—`·- .a ';`— Tl -.—`‘.·_ ü     ’  ‘_-`\ Q · ?` '`·.‘   . °
— .;;·.ë·    ·_—`_\   .-—.- . —.   -'
fl   ·:- .>·\: .<-·f 5:.-`fri _··_-' —‘   ·—-.
“ ¤ "   ÃÉ- 9
C       ··   mc
  ·   .·~·-=ïwxsl;§§\<i><2;§$;ë—:$<>:=x«·>.¢>·\ar—>ï C m C
.- ,_  -_\ -`-·\::·:,I,. _ .   _ C C H1 Q m qc Fnnl q- F
 
0 1 2 3 Q m
Fig.1 : La distribution des Tritons actifs le 6 mai 1986 de 23h00 à
24hO0.
33

Par contre, le Triton marbré est rapidement perturbé par la lumiere
artificielle. Il est donc absolument nécessaire d'observer avec un mini-
murn de lumière. Le risque de déranger les animaux diminue si une parade
sexuelle est en cours. La même régle s'applique au Triton crété, mais
dans une moindre mesure.
La mare d'observation s’est révélée trés convenable, sauf pour la
population du Triton marbré qui était numériquement faible, d'où |'intro—
duction de quarante individus pour permettre les observations, comme
indiqué ci·dessus. Cette introduction paraît contraire à la nécessité de ne
pas modifier les conditions naturelles. Nlais nous avons observé que les
animaux introduits sont bien restés dans la mare, en étant actifs comme
les autres. Lors dela dernière expérience de recapture, le 'I 2 mai, lorsque
nous constatons que 31% de toute la population estimée de Tritons mar-
bres est capturée, c'est en y incluant 1 ‘i individus introduits, c'est-a-dire
28% de Veffectif introduit.
Les animaux capturés sont marqués individuellement par amputa-
tion portant sur un ou deux doigts. Ces marques sont invisibles en obser-
vant le comportement. Ces méthodes donnent donc surtout des resul-
tats au niveau dela population et moins au niveau de Vindividu. Quelques
animaux sont reconnaissables par suite d'une caractéristique particu-
Iière, ce qui a donné des précisions intéressantes, par exemple concer-
nant les déplacements à |'intérieur de la mare d'un jour sur l'autre. Un
mâle marbré reconnaissable se trouve au même endroit pendant plu-
sieurs jours. tandis qu’un mâle crété a occupé un autre endroit tous les
soirs.
La plupart des mâles, mais seulement une petite partie des femelles
sont aptes à |'acooupIérnent pendant toute la période et. en général, le
comportement observé montre des caractéristiques de parade nuptiale
collective, dénommée sous le terme de "Iek" lZUlDEFlWiJK et SPAHRE-
BOOM, 1986}. Il serait intéressant de pouvoir reconnaître individuelle-
ment les mâles et les femelles. Cela peut apporter des connaissances sur
le niveau de succés d’accoup|ement l"mating-success"l de chaque mâle
pris individuellement, ainsi que sur le rythme d’activite sexuelle des
femelles.
Remerciements
Je remercie tout particulièrement Nl. Jean-Marc FRANCAZ qui nous
a aidé pour la mise en forme du texte français.
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Triton crête (Trirurus crrsratusl et du Triton marbré [Triturus marmoraîus)
dans des conditions expérimentales. Bu}!. Soc. Herp, Fr., 40 : 36-42
VALLEE, L. l1959l — Flecherches sur Trftoros bfasff de I’Isle, hybride naturel de
Trfttrrus crfstatus Laur. x Trrrorus marmoratos Latr. Thèse Fac. Sci. Paris,
95 p.
ZUIDEHWIJK, A. (19BG} — Competition, coexistence and climatic conditions 1
Influence on the distribution ot the warty newt, Trituros crrstatus, in wes-
tern Europe. tn : FIOEEK, Z. éd. Studies in Herpetology, Prague 1986 2
_Bî·'9-684.
ZUIDEFIWIJK, A. et SPARFIEBOOM, M. (1986} — Territorial behaviour in Crested
Newt Trfturus Crfstatus and Nlarbled Newt T. marmoratos (Amphrbia, Uro-
defa}. B§o'ragen to! de Dferkunde, 55 (2}, sous presse.
Accepte .·‘e 4 decembre T 986.
A. ZUlDEHWlJK
Institut voor Taxonomische Zoologie
Plantage Middenlaan 53
1018 DC. AMSTERDAM (Pays Basi
35

Bull. Soc. Herp. Fr., (1 BBB} 40 1 36-42
NOTE PRELIMINAIRE
SUR LE COMPORTEMENT SEXUEL
DU TRITON CRETE _(Trr`turus crr`.Srat‘u.s)
ET DU TRITON MARB RE (Trirurus marmorarus)
DANS DES CONDITIONS EXPERIMENTALES
par
Max SPAFEHEBOOIVI
Résumé — Un svstème est décrit pour etudier les interactions inter- et intraapeciliques du
Triton crête et du Triton marbré dans des aquariums. Les expériences consistent en des
rencontres soit entre les mâles et les femelles, soit entre deux males, dela même espece ou
des deux espèces. Il v a des differences quantitatives entre les parades nuptiaies des deux
espèces. Les mâles montrent un comportement territorial,
Mots-clés : expériences aquarlologiques, comportement sexuel, comportement territorial.
Abstract - A system is described to study inter- and intra—Specific interactions of Crested
Newt and Marbletl Nevvt in aquaria. The experiments consisted of male-male and mate-
female ericounters involving both conepecific and heterospecific partners. There ate
quantitative differences in the courtship behaviour ol these species. Males show a territorial
behaviour.
Key words : aquarium experlments, sexual behaviour, territorial behaviour.
I. INTRODUCTION
Le Triton crêté lTrfrurus cristatus [LAURENT}, 1768} et le Triton
marbré lTrirurus marmoratus KLATREILLE, 1800]} habitent en sympatrie
dans une petite partie de leur aire de distribution. Généralement, l'hybri-
dation chez ces espèces parait être réduite en raison de différences dans
leurs préférences écologiques. Toutefois, une quantité relativement
importante d’hybrides ont été capturés dans la zone centrale du départe-
ment de Mayenne ISCHOOHL et ZUIDERWIJK, 1981]. Evidemment. cet
isolement n'est pas total, ne comprenant pas le comportement reproduc-
teur, au même degré que, par exemple, chez I vutgarrs (UNNE, t758}
et I helvetfcus IHAZOUNIOWSKY, 1789}, espèces qui, à la différence
de 'lî crisratus et T. marmoratus, habitent une grande partie de leur aire
de distribution en sympatrie iARNTZEN, 1986}, mais s'y hybrident rare-
ment. ll semble que chez T. vulgarfs et `l'É hefvetfcus, le comportement
sexuel soit une barrière contre Vhybridation IHALLIDAY, 1975}, alors
que chez le Triton crête et le Triton marbré, Visolement éthologique, s'iI
existe. est incomplet. Le comportement reproducteur du Triton crête est
36

reiativement bien connu quant au répertoire de ses mouvements de
parade nuptiale li\|ELSON, 1959 ; ARNOLD, 1972 ; HALLIDAY, 1977}.
mais une analyse quantitative manque. Le comportement du Triton mar-
bré n'a pas encore été étudié en détail, mais il est généralement consi—
déré comme identique au comportement du Triton crêté lHALLlDAY,
1977}, ou à peu près identique lTl—iORN, 1968}.
Les expériences décrites ci-dessous sont destinées à voir s’il existe
une différence qualitative et quantitative entre les parades des mâles ; en
outre, il importe de savoir s'il existe ou non chez ces espèces une préfé-
rence pour le partenaire de la même espece. En complément aux obser-
vations du comportement à l'tat naturei lZL}lDEFtWlJK, 1986]. des
expériences ont été conduites dans des aquariums. Nous décrivons ici
comment nous avons essayé d'obtenir des conditions reproductibles,
sous lesquelles les animaux se comportent a peu près de la méme façon
que dans la nature. De plus, nous présentons quelques résultats prélimi~
naires.
ll. MATÉRIEL ET MÉTHODES
A. Conditions cfexpériences
Les aquariums d'expériences doivent satisfaire à plusieurs exigen-
ces. Il faut que les conditions soient comparables en ce qui concerne la
température, la lumière et Vinstallation, sans présenter de différence
essentielle d’avec la situation naturelle. En outre, les Tritons doivent se
trouver dans la même disposition à reproduire. Par suite de différences de
situation et de température des habitats d'origine, il fallait s’attendre à ce
que les animaux ne soient pas tous synchronisée sur le plan de la matu-
rité sexuelle. L'expérience de ia pratique aquariologique a montré de plus
que les mâles du Triton crête et du Triton marbré perdent leurs crêtes en
quelques jours de captivité. A défaut d'autres explications, tels que fac-
teurs alimentaires. changement des conditions de lumiere ou oxygéna-
tion différente, nous pensons qu'i| s'agit de symptômes de stress par
manipulation lCHAlv1PY, 1922}. Pour éviter ce phénomène, les animaux
expérimentaux ont été remplacés chaque jour aprés les expériences. En
captivité, des hybridations entre des espèces différentes du genre Trim-
rus ont été obtenues relativement facilement, fait connu depuis les expé-
riences citées par WOLTEHSTORFF l1925}. Nous étions donc avertis
qu'en observant les comportements, il faudrait tenir compte de la possi-
bilité d'un comportement anormal. Evidemment, les hybridations se DVD-
duisent plus fréquemment dans des rencontres forcées et artificielles
qu'a l'état naturel. Les activités reproductrices des deux especes concer-
nées se passent la nuit, d'où risque de déranger les animaux par la
lumière nécessaire pour les observer. ll fallait donc trouver un compromis
rendant possible les observations sans déranger les Tritons.
37

B. Les aquariums
Quatre aquariums à parois transparentes collées, d'environ 70 ><
40 >< 40 cm ont été installés dans une grange lconditions de tempéra-
ture très voisines du milieu extérieur}. Ils étaient empilés par deux, les
deux bacs du bas servant comme réserve d'animalJx. les deux autres
comme bacs cfobservation lfig.1l. Le iour, chaque aquarium était éclairé
par un tube fluorescent de 18 W, longueur B0 cm, type "|umière du
jour", n° 33. Les aquariums ont été presque complètement remplis
d'eau, avec du sable au fond, mais sans végétation. Pendant la période
d'observation, le soir, la lumière a été supprimée à Vexception d'un faible
rayon de lumiere au niveau du fond, rendant possible Vobservation des
Tritons, reconnaissables individuellement à la forme de leurs crêtes,
comme des silhouettes sur le mur derrière les aquariums.
a. éclairage de jour
A B
|,19l13O — 20h00 Tm o· + Tc ot Tc or + Tm 0
Il, 20h00 - 20h30 Tm cr + Tm o· Tc o· + Tc o·
III.20h30·21hOO Tmo·+TmQ +TcQ Tco*+TcQ+TmQ
IV.21hO0—21h3O Tmo·+Tco·+TcQ Tco·+Tmo·+TmQ
b. éclairage le soir
réserve tfanimaux réserve d'animaux
Fig. 1 : La construction expérimentale. A : aquarium expérimental dans
lequel le mâle du Triton marbré (Tm} est résident. B : aquarium
expérimental dans lequel le mâle du Triton crété lTcl est rési-
dent. I-IV : Expériences conduites chaque soir lîflh-30, etc.} et
scénario des confrontations lTr‘n 0* + Tc ot : resident Triton
marbré confronté avec visiteur Triton crétél. Eclairage faible b
pendant les observations.
38

C. Choix des animaux
Les Tritons sont capturés le jour précédent le jour des observations.
Ils sont choisis par leur aptitude de reproduction, qui se manifeste pour
les mâles par une crête dorsale développée et un cloaque gonflé, les
femelles, elles, étant pleines d’oeufs. Les sexes ont été séparés, les
mâles etaient logés à part. Les Tritons sont nourris de vers de terre, de
gammares et de pontes de grenouilles. Dans les deux aquariums experi-
mentaux, un mâle a été placé et laissé seul pendant 20 heures environ
précédant le soir des expériences. Ainsi, se male peut s'accoutumer a
|'aquarium, ce qui entraine pour lui, comme nous l'avons constaté, une
situation de male supérieur lorsqu’il est confronté avec d'autres mâles
placés plus tard dans le bac.
D. Expériences réalisées
Le mâle, que nous avons appelé le mâle résident, a été confronté
successivement avec 1l un mâle hétérospécifique, 2l un mâle de la
même espèce, 3} une femelle hétérospécifique et une femelle dela même
espèce et 4] un couple hétérospécifique ifig.1l. Les comportements de
chaque individu pendant trente minutes, durée de chaque combinaison,
sont marqués sur un tableau. Ces expériences ont été répétées chaque
jour pendant trois semaines en mars et avril 1986. Les expériences 1 et
2 ont fourni des informations sur les différences entre des confrontations
de deux mâles d'une ou des deux espèces et sur les différences d'activité
entre le premier arrivé lie mâle resident} et |’autre ile mâle visiteur). De
Vexpérience n° 3, on peut déduire si un mâle préfère une femelle de la
même espece et, en théorie, la possibilite d'informer sur le choix des
femelles. [expérience n° 4 nous a donné des informations sur la mesure
de dérangement, causé par la présence et |’activité d’un mâle supérieur
hétérospécifique.
III. RÉSULTATS
Les comportements ont été reportés sur un tableau ifig.2l. Les ter-
mes utilisés sont caractéristiques d'un comportement défini et sont
empruntés pour la plupart aux descriptions du comportement sexuel du
Triton crête effectuées par ARNOLD i'|972l et HALLIDAY (1977}.
La position d'alerte consiste en une posture pendant laquelle le mâle
se dresse sur ses pattes, tenant parfois sa queue pliée ; elle précède la
parade proprement dite. Le reniflage précede habituellement les autres
mouvements de parade. Le mâle flaire le corps, la queue et la tte de
|'autre animal. Le dos de chat est une attitude d'exhibition. Le mâle
courbe son corps en se penchant sur le corps de l’autre individu. Le coup
de fouet est une manifestation de parade tres forte. Le mâle fait un batte-
ment très rapide avec la queue contre son flanc, créant ainsi un courant
d'eau assez fort. Le balancement est un comportement dandinant,
39

Expérience I aquarium A aquarium B
cr: Tm cr>Tco·Tc o·>Tmo· Tc o·>Tmo·Tm0·>Tc0·
exhibition
reniflage
dos de chat
coup de fouet
balancement
ramper
dépôt de sperma-
tophore
Q :
s‘arréter
suivre f
toucher la queue
ramasser le sperme- /
tophore
particularités tpeu d’activité date : 23-3-86 température de l’eau : 8°C
Fig. 2: `âbleau cl'observations des comportements entre deux mâles
hétérospécifiques lexemple d’une expérience du type n° `ll
dans les deux aquariums A et B.
pendant lequel le mâle se balance sur ses pattes de devant, en faisant
des battements lents l'l par sec. environl, contrôlés avec la queue dans
la direction de l'autre individu. Le mouvement appelé "ramper" est exé-
cuté immédiatement avant le dépôt de spermatophore. Le mâle s'est ren-
versé et rampe devant la femelle en la conduisant derrière lui. Les com-
portements énumérés peuvent être exécutés vis-â-vis d’une femelle lser-
vant â la synchroniser pour ramasser le sperrnatophorel, mais peuvent
aussi se produire entre des mâles. La femelle reste immobile quand le
mâle lui fait la cour. Elle suit le mâle quand elle est réceptive et ensuite lui
touche la queue, avec pour effet d'inviter le mâle à déposer un spermato-
phore. Ayant relevé tous ces éléments du comportement, l'ensemble
ainsi obtenu donne une image quantitative des comportements sexuels
ou territoriaux. Dans les conditions expérimentales décrites ci-dessus, le
Triton marbré a montré moins d’activtté que le Triton crête, peut-être
parce qu’il est plus sensible aux derangements llumière notamment).
Nous avons constaté que les mâles du Triton crête et du Triton marbré
montrent des manifestations de parade entre eux, ce qui peut être inter-
prete comme un comportement territorial IZUIDERWIJK et SPAHFIIZ
BOOM, 1986]. Le mâle résident semble être ie paradeur le plus fort : le
mâle visiteur est habituellement chassé par les mouvements d'exhibîtion
40

du mâie résident. La parade entre les mâles est plus fréquente qu'entre
les deux sexes. Le rôle de la femelle, qui a la liberté de choisir entre un
partenaire de son espèce ou de l'autre espèce, n'a pas encore été
éclairci. Pendant la phase initiale de la parade, les mâles montrent une
legere préférence pour la femelle de la même espece. Une quantification
des comportements sexuels et territoriaux, ainsi qu'une description des
différences entre les comportements sexuels des deux especes est pre-
vue dans des publications ultérieures.
IV. CONCLUSION
Le comportement sexuel du Triton crété et du Triton marbré se laisse
observer dans des aquariums expérimentaux simples. Les mâles des
deux espèces montrent entre eux des manifestations de parade, qui
s'expIiquent comme des comportements territoriaux. Pendant la phase
initiale dela parade nuptiale, le mâîe montre une légère préférence pour la
femelle de la même espece.
Remerciements
Je tiens à remercier Nl. J.-Nl. FHANCAZ pour la correction détaillée
du manuscrit.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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ZUIDEFIWIJK, A, (1 BBB! - Interaction et accouplement du Triton marbre et du
Triton marbré (Urodefa, Safamandridae} ; méthodes d'obServation. Bm'},
Soc. Herp. Fr., 40: 28-35.
ZUIDEFIWIJK, A. et SPAHFIEBODM, M. [1936} — Territoriai behaviour in Created
Newt (Tri!un.·‘S crfstatusi and Marbled Newt fTrftw'us marmoratus}
!Amphfbfa .· Urodafal. C0ntr.·`b. 200.*.. 56 : 205-213.
Accepte fe 4 décembre 7986
Dr Max SPAHHEBOOM
Egelantieragracht 1 1
NL - 'IO1 5 HB AMSTERDAM [PAYS BAS}
42

Bull. Soc. Hero, Fr., l1986l 40 :43-51
Triturus crfstatus ET T. marmoratus (Urodefa,
.S`az'amandr:`dae) DANS LE DEPARTEMENT DE LA
par
Niels BOUTON
Résumé — Deux e5|'Jèces de Tritons étroitement apparentées Trfrurus cristatus et T, marmo-
rarus, s'hvbrident a l‘état naturel. Dans le but de trouver des mécanismes ayant pour effet de
renforcer Visolement reproductif et d‘eviter Vhvbridation, des observations ont été faites sur
la migration de ces deux Tritons pendant la periode d'aceoupIement. Quelques exemples de
migration annuelle dans des situations différentes sont décrites.
Mots-clés : Trfttirus crfstatos, Tritums marmoratus, immigration, émigration, syntopie,
Abstract — A Couple of closelv related newt species, Trftorus crfstatüs and Tn`t·t.·'ruS
marmoretus, hvbridize in nature. In order to find mechanisms that enhance reproductive
isolation and prevent hvbridization, observations are done on the migratory behaviour of the
newts during the mating period. Some examples ol yearlv migration in different situations are
described.
Key words : Triturus or.·'statt..·s, Tr.·'turus marmoratus, immigration, emigration, svntopy.
I. INTRODUCTION
Cette étude est une contribution a la recherche du niveau d'interfe-
rence entre le Triton crête Triturus Crfstatus et le Triton marbré Trfturu:
marmoratus pendant la période d’accouplement, dans le cas où les deux
espèces partagent une même mare lZUlDEHWlJK, 1986l.
Les Tritons ont un rythme d'activité annuel. Au printemps, les Tri-
tons se rassemblent dans les mares pour se reproduire. Le rythme des
activités annuelles détermine le niveau de Vinterférence entre le Triton
crête et le Triton marbre pour une grande part. Quand les deux espèces
partagent la même mare au même moment, il y a une chance d'hybrida—
tion. Quand une seule espèce est dans la mare pendant une partie de la
periode, on est sûr que Vaccouplement a lieu au sein de cette espèce.
Pour cette raison, le moment de l'arrEvée des deux espèces de Trîtons
dans la mare est important.
Dans la littérature, il est indiqué que le Triton marbré est moins aqua-
phile que le Triton crête lTHOFlN, 1969}. Ce fait, ou plus precisement le
début, la durée et la fin de la période d'aquaphilie des deux espèces
seront examinés. Deux sujets sont étudiés : la migration des lieux
43

cl'hivernage vers les mares et le suivi du nombre d’indîvidus de I crfsta~
tus et T. marmorarus dans la mare.
ii. MATÉRIEL ET Msn-tones
Dans le département de la Mayenne, cinq mares ont été observées
intensivement : l'une des mares (Al est munie d'un barrage pour inter-
cepter les Tritons migrants : dans les quatre autres, le suivi des popula-
tions est réalisé par la méthode de capture-recapture. Deux mares lD,El
ont à la fois le Triton crête et le Triton marbré ensemble, deux mares
l’une des deux espèces, (Bl le Triton marbré et [Cl ie Triton crete.
Le 8 mars 1986, un barrage est installé autour de la mare A avec le
Triton marbré afin cfintercepter les Tritons migrants. Ce barrage est réa-
lisé selon la méthode décrite par HAHHISON, GITTENS Et SLATEFI
l19S3l. Il s'agit d'une feuille plastique haute de 50 cm au—dessus du sol
et soutenue par des piquets, cette feuille étant enterrée sur une hauteur
de 15 cm. Tous les 2 métres, des seaux liouant ie role de piège}. avec
Vouverture au ras du sol, ont été mis en place. Tous les iours, les pièges
sont vérifiés et le nombre des Tritons relevé. De cette façon. nous pen-
sons avoir capturé 70% des Tritons migrants. Uinformation obtenue sur
la migration a été utilisée pour comparer avec ia migration du Triton mar-
bré dans les autres mares.
Dans les quatre autres mares, le nombre des Tritons est estimé parla
méthode de capture-recapture. Au début de le période aquaphile, la
peche aux Tritons est faite au moins chaque semaine. Ensuite, les pro-
portions des deux espèces sont suivies iusqu'à la fin juin. Les Tritons
sont capturés avec une épuîsette triangulaire, de 30 cm de côté, avec
une largeur de maille de 3 mm. La méthode de capture est standardisée.
Tous les endroits accessibles des mares sont passés deux fois à l'épui-
sette. De plus, il a été nécessaire de les marquer individuellement par
amputation des phalanges.
Pour estimer le nombre des Tritons, deux méthodes sont appii-
quées : la méthode de Petersen lLincoln-Index, ’l930l et la méthode des
trois captures IBEGON, 1979, page 'l9-23]. Le Lincoln-index donne une
estimation du nombre des Tritons à l'aide des individus marqués lors dela
capture précédente, ou à l'aide de tous les individus marqués pendant
toutes les captures précédentes, selon la formule :
N = N1 >< nlm,
dans laqueile N est le nombre estimé, M le nombre des individus mar-
qués, n ie nombre total des individus capturés et m le nombre des indivi-
dus recapturés.
La méthode des trois captures donne une estimation du nombre de
Tritons et, en outre, elle donne des valeurs sur le renouvellement par
naissance et mortalité d'une population. En ce cas, ces valeurs ne sont
pas importantes. Seuls les Tritons adultes ont été pris en Compte. L'émi-
gration est beaucoup plus importante que la mortalité. Pour cette raison,
les valeurs correspondant aux "naissances" et à la "morta|ité" repré-
sentent pratiquement soit Vimmigration vers ia mare, soit Vémîgration
hors de la mare.
44

III. RÉSULTATS
Le nombre des Tritons marbres capturés dans les pièges autour de la
mare barrée est représenté sur la fig. 1. La migration atteint son maxi-
mum dans la période du 17 au 3'I mars et continue jusqu'au 17 mai. Les
Tritons commencent à quitter |'eau vers le 21 mai. Et apres le 1 1 juin,
Vémigration s'accé|ére.
uaximun
Z d'i1n111iqration
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É Z ]   FI E T! \ tlêhut nl‘êmig1·ar_inr1
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(2 .
Elûi Mens I AVRIL I MAI I JUIN
Fig. 1 : Mare A : la migration de T. marmorarus au niveau d'une mare.
Chaque jour, le nombre des Tritons marbres captures est indi-
qué. Les immigrants sont les Tritons qui entrent dans la mare,
les émigrants sont les Tritons qui quittent la mare.
La figure 2 montre le développement d'une population aquaphile du
Triton marbré. Dans cette mare B, les estimations etaient difficiles, en
mai et juin. Le pourcentage de recapture diminue. Probabiement, il s'agit
d'une immigration d'individus jeunes, qui ne participent pas encore à la
reproduction. _
De meme, la figure 3 représente le developpement d'une population
aquaphile du Triton crete. Dans cette mare, les recaptures etaient très
peu nombreuses et, pour cette raison, Vecart-type était tres grand.
Sur la figure 4, nous avons les résultats provenant d'une mare avec
beaucoup de Tritons marbres et peu de Tritons crêtes. Il y a une grande
différence concernant I'évolution des populations dans les deux espèces.
Au debut de la saison, le Triton crête est dejà present dans la mare avec
environ 70% de la population aquatique maximale. Pius tard, le nombre
des Tritons crêtes augmente a peine et reste pratiquement constant
iusqu'à la fin ci la période étudiée.
Chez le Triton marbre, l'évolution numérique est tres différente. Au
debut, le nombre est bas. Dans la période du 18 mars au 1er avril, le
nombre augmente trés vite. Apres, il 1; a une stagnation jusqu’au
16 avril. Ensuite, leur nombre monte encore un peu et reste éieve. Vers
le 27 mai, le nombre diminue. L'évo|ution numérique de la population
pendant la période étudiée est trés cohérente avec les résultats de la
figure 1.
45

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MARS I AVFIIL I MAI I JUIN
Fig. 2 : Mar B : estimation d'une population de Triton marbré pendant
la période aquaphile.
Les estimations par la méthode Lincoln-Index [cercles noirs} sont
indiquées avec |’écart-type. Les estimations par la méthode de
trois captures (cercles clairs} sont indiquées avec la pente Ilignes
continues} et |’ècart—type dela capture du milieu. La ligne pointil-
lée est une représentation vraisemblable de Veffectif de la popu-
lation.
46

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MARS I AVRIL I MAI I JUIN
Fig. 3 : Mare C : estimation d'une population de Triton Crété pendant la
période aquaphile.
Les estimations par la méthode Lincoln-Index Itriangles noirs)
sont indiquées avec |'écart—type. Les estimations par la méthode
de trois captures [triangles clairs] sont indiquées avec Ia pente
Iligne continue} et Vécart-type de la capture du milieu. La ligne
pointillée est une représentation vraisemblabie de Veffectif de la
population.
47

250 TVT. Ci"IsLatu5 fin d'i|1m1igra1;·irm
IOT. marmoratus
F début d'ëmig1'aI.·i€1n
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15 22 29 5 12 19 26 3 10 1T 24 31 7 14 21 28
MARS I AVRIL I MAI I JUIN
Fig. 4 : Mare D : estimation d'une population de T. cristatus et I mar-
moratus syntopiques.
Les estimations par la méthode Lincoln-Index [cercles noirs et
triangles noirs} sont indiquées avec l'écart-type. Les estimations
par la méthode de trois captures (Cercies clairs} sont indiquées
avec la pente Ilignes continues} et |'écart-type de la capture du
milieu. Les indications pour immigration et émigration de le
figure 1 sont seulement valables pour le Triton marbré. Les
lignes pointillées sont des représentations vraisemblables de
Feffectif de la population.
48

1
1'WT. cristatus lîô 1
DOT. ma1·m0ratuS N _
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15 22 29 5 12 IQ 26 3 10 1? 24 31 r I4 21 28
MARS I AVRIL I MAI I JUIN
Fig. 5 : Mare E : estimation d'une population de T. crfsratus et T. mar-
morarus syntopiques.
Les estimations par la méthode Lincoln-Index [cercles noirs et
triangles noirs} sont indiquées avec I'écart-type. Les estimations
parla méthode de trois captures (triangles clairs} sont indiquées
avec la pente liignes continues} et l'écart-type de la capture du
milieu. Les indications pour immigration et émigration de la
figure 1 sont seulement valables pour le Triton marbré. Les
lignes pointillées sont des représentations vraisemblables de
|'e1°feetif de Ia population.
La figure 5 donne le résultat de |'autre mare où le Triton marbré et le
Triton crete vivent en syntopie. Le Triton crête est plus abondant que le
Triton marbré dans cette mare (EI. Au contraire de la mare D Ifig.3I le
nombre des Tritons crêtes est réduit au début de la saison. Le nombre
des Tritons crêtes augmente vite en mars et avril et reste élevé jusqu'à la
fin juin. Le nombre des Tritons merbrés augmente graduellement et reste
lui aussi élevé jusqu'à la fin juin.
49

IV. DISCUSSION ET CONCLUSIONS
Les méthodes d'estimation utilisées ont quelques inconvénients. La
méthode Lînco|n—index donne une estimation plus précise quand_le nom-
bre des individus marqués est grand. Pendant la période d'immîgration,
on peut utiliser pour les estimations·tous les individus marqués lors des
captures précédentes, mais cela n'est plus possible pendant la période
d‘émigration. Pour cette raison, il n'est pas possible de faire une estima-
tion raisonnable à la fin de la période étudiée pour les mares B et C lfigu-
res 2 et 3l. La méthode de trois captures donne la possibilité de calculer
des valeurs pour Vimmigration et Vémigration, mais il apparaît que cette
méthode demande des nombres élevés de recapture. La valeur minimale
empirique est de 10. Pour cette raison, la méthode n'a pu être utilisée
que rarement. En général, il apparaît difficile de capturer et de recapturer
le Triton crêté et le Triton marbré en nombre assez élevé. Des écarts-
types considérables sont fréquemment observés. Il est quand même pos-
sible de suggérer une courbe montrant le nombre des Tritons dans les
mares, mais cette ligne pointillés doit étre considérée seulement comme
une indication.
- Dans la mare D lfîg.4} avec T crrsrarus et TÃ marmorarus syntopi—
ques, les individus de T crfsrarus viennent plus tôt dans la mare que
ceux de T. marmoratus.
— Dans la mare E lfig.5} avec T. crfsrarus et T marmoratus syntopi—
ques, on ne voit pas une différence évidente entre la migration de T cris-
tatus et T. marmorarus.
— Le nombre des Tritons marbres diminue vers la fin [mares A, B et
Dl. mais le nombre des Tritons crêtes reste élevé.
— Les deux mares [D et El avec T. marmorarus et T crrsrattrs synto-
pique donnent des résultats différents concernant l'immigration de
T crfstarus.
Pour la différence des résultats entre la mare D (fig.4} et la mare E
lfig.5l, Vexplication suivante est possible : la mare D [fig.4l a plus de
cachettes sous la surface de Veau que ia mare E ifig.5l. Il est possible
qu’une grande partie de la population de Triton crête dela mare D lfig.4}
ait passé l’hiver dans la mare.
Le Triton crête semble un peu plus aquaphîle que Ie Triton marbré.
Dans la mere D lfig.4l, ce fait peut être un avantage pour le Triton crête.
Une partie des femelles sont déia fécondées quand les Tritons marbres
arrivent dans la mare. Ceci est confirmé par le fait que l'on trouve des
oeufs È partir du début de le période aquephiie. Ainsi une petite popuîa-
tion de Triton crété peut se maintenir malgré une population importante
de Triton marbré.
Remerciements
Je remercie tout particulièrement Madame A. ZUIDERWIJK qui m'a
conseilté avec beaucoup d’efficacité pour ce travail. Nl. J.lVl. FHANCAZ a
bien vouiu m'aider pour ia rédaction française de ce texte.
50

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Accepté le 4 décembre i'.986
N. BOUTON
Instituut voor Taxonomische Zoôlogîe
Plantage Nliddenlaan 53
1018 DC ANISTEHDAIVI (PAYS BAS}
51

E!u|l.5cc.Herp.Fr.,l19B6}4O : 52-52
DE Typhfonecres compressfcaudus,
ANIPHIBIEN APODE VIVIPARE.
POSSIBILITE DE RYTHIVIES ENDOGENES.
par
Jean-Marie EXBHAYAT et |\i"larie—Thérèse LAURENT
Résumé — Les observations portent sur des animaux capturés en Guyane francaise et main-
tenus en elevage au laboratoire depuis plusieurs années. Le cycle reproducteur des mâles ne
parait pas modifie par la captivité. Les resultats sont difficiles à interpréter dans le cas des
femelles où on observe parfois un retard dela vltellogérlèse. Les femelles gestantes portent
leurs embryons pendant ies memes périodes qu'en milieu naturel. Des mises-bas et des avor-
tements ont eté constatés en octobre, comme dans la nature. La captivité semble cependant
avoir une influence peu favorable en ce qui concerne Vimportance des portées, le developpe-
ment et la survie des embryons et des rtouveau—nés.
Nos observations permettent en outre de constater que la reproduction de Typhionectes
compressicauolus est soumise à des rythmes endogenes.
Moteolés : Amphibien_ Typhionectes compressicaudus, reproduction. cycle, élevage.
Summary - Our observations concern animals caught in French Guiana end bred in
laboratory for several years. lt seems that the male reproductive cycle is not changed bv
captivity. Elut the interpretation of tl'le results ls not easily done in female cycle: we
sometimes observe e late vitellogenesis. Pregnant females were found at the same period as
in the natural field. Birth and abortion occur in October, as in the natural state. However.
captivity seems to be unfavoreble to a large brood as to fetus' and embryo'S development
and survival.
ln other hand. the observations show that the reproduction of Typhfonécres
compressfcauofus ls submitted to endogenous rythms.
Key words : Amphibian. Tvphfonecres compressfcaudus, reproduction, cycle, breeding.
I. INTRODUCTION
Uélevage des Amphibiens Apodes n'a pas souvent été tnté. Signa-
lons cependant quelques observations effectuées sur des individus de
certaines especes, maintenus pendant des durées plus ou moins longues
dans des aquariums ou terrariums de parcs zoologiques ou de laboratoi—
res : fchrhyophrls gfurinosus IBHECKENHIDGE et JAYASINGHE, 1979} ;
Typhfonectes compressfcaudus [MURPHY et al., 1977 ; SPRACKLAND,
ï9B2 ; BILLO et ai"., 1985} ; Dermophfs mexfcanus lWAKE, 1980}.
Pour mener à bien nos propres travaux portant sur la biologie de la repro-
duction, nous avons été amenés, voici quelques annes, à tenter
52

un élevage de Typhlonectes compressfcaudus lEXBRAYAT et LAU-
RENT, 1983}.
Le but de cette publication est de dresser un bilan concernant la bio-
Iogie de la reproduction chez cet animal en élevage et de montrer quel
peut en être l’apport Pour une meilleure compréhension de certains
aspects fondamentaux de ia biologie sexuelle des Apodes. Pour cela,
nous avons étudié les cycles de reproduction et les caractères de la ges-
tation chez des Typhionecres vivant depuis plusieurs années au labora-
toire et nous les avons comparés à ceux des individus qui vivent dans leur
milieu naturel.
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
Les animaux proviennent de la région de Kavv, village de Guyane
francaise. Ils ont été capturés au cours de deux missions effectuées
grâce à I'aide de la Fondation Singer-Polignac ll\i'lission DELSOL-
LESCURE, 1979 ; mission DELSOL, 1980}. Ces animaux aquatiques
sont soumis à six mois de pluie ldécembre à juillet} et six mois de saison
seche liuillet à décembre}. Ils vivent dans ies rivières et les savanes qui
sont inondées pendant une grande partie de |*année, ce n’est qu'au
milieu de la saison seche que leur biotope est asséché.
Les conditions d’élevage ont été indiquées dans un travail antérieur
IZEXBRAYAT et LAURENT, 1983]. Rappelons seulement que les parame-
tres qui nous ont paru essentiels lpH, température, rythme journalier de
lumière} ont été respectés mais que nous n'avons pas pu reproduire par-
faitement la qualité de l'eau du milieu naturel.
Les animaux morts en élevage ont été fixés au formol, au Bouin ou à
|'a|cool. C’est à partir de ce matériei que nous avons pu étudier les appa-
reils génitaux.
III. CYCLE SEXUEL DE Typhfonectes DANS LA NATURE
Les cycles de reproduction dans la nature ont été décrits dans des
travaux antérieurs lEXBRAYAT, 1983 a et b, 1984, 1936 a et b ;
EXBRAYAT et SENTIS, 1982 ; EXBRAYAT et DELSOL, 1985}. Rappe-
lons que le cycle des mâles est annuel. de type vraisemblabiement dis-
continu ; celui des femelles est biennal. La copulation se déroule pendant
la saison des pluies, entre décembre et avril : la période des mises bas
s'étale de juillet à octobre.
IV. CYCLE SEXUEL DES MÃLES EN ELEVAGE
Nous avons procédé, dans un premier temps, au contrôle de la pré-
sence de spermatozo'ides dans les Iocuies du testicule et dans les canaii-
cules évacuateurs afin de vérifier si la spermatogénèse et la sperrniation
s'effectuaient normalement. Dans un second temps, nous avons
53

procédé à |'étude quantitative des cellules germinales selon la méthode
décrite antérieurement IEXBRAYAT et SENTIS, 1982}.
Le tableau I exprime les résultats concernant la présence de sperma-
tozoïdes chez les animaux élevés au laboratoire et ceux qui ont été fixés
en Guyane française. De manière générale, les observations portant sur
les premiers correspondent à celles qui concernent les seconds, et ceci
quelle que soit la période d’éievage [jusqu’à 3O mois) envisagée. Notons
plus particulierement que chez des Apodes maintenus pendant 1 B mois
et observés en janvier, deux d'entre eux ne présentent que tres peu de
spermatozoïdes, mais pas de dégénérescences, ce qui laisse supposer
que la sperrniation a déjà eu lieu.
Tableau 1 : Etude comparative de la présence de spermatozoïdes dans
les testicules et les canalicules évacuateurs chez les ani-
maux maintenus en élevage et les animaux de référence.
nombre duree nombre nfanimaux milieu naturel
total d'é|evage avec spermatozoïdes
d ammîux nombre d'animeuv
    est Sptrmatte-tete
août B3 'iir non
septembre 2 3 mois 2 D
octobre 1GCl % non
novembre 5 5 mois 5 U
décembre 5 6 mois 5 0
janvier 88 % oui
février 3 B mois 3 U 1UU % oui
janvier 'IB mois 2+2 [peu} ‘l loool 88 'ib
février 'IUU bi:
avril 2} mois 3 2 IDD bb
octobre 100 %
novembre
décembre 3G mois
janvier 88 %
54

L'étude quantitative lFig.'|l montre également une correspondance
étroite entre la proportion en cellules germinales chez tous les animaux
maintenus au laboratoire et chez ceux capturés dans le milieu naturel.
5
= lllllll
35 Nb aa avare./mm I n Im 2:5:
ÈEÈE 3 EEE: E25?
 _   illllll :::: §:§:§.
TIG ::2:: :2:2   :::_f   3 0
E2E§ 2E2E 2€5E= :§E§E E5E5E5 6 ..
*5* i=E= :2:2 EÉEÈE E=E=E 52525 M l 2 -5
5*55 ` .  :§:§ ï:¤: 2E2E2 :§:§: 15252 Egêgi il
 5;;; :5; 2:î: §:§:§ 2;:;:  
  E2:   :::: ':':‘ :‘:‘: 53; ; ;
:,:. :2:2; 8 É: 1::: -2:2;  
2 O   §E§È§ u n i 25     QÈQÉQÉ :§:§:
=·2·2 ·‘ mimrgzgzgz  l 5252 2525 - ‘`·' iïëië
'5    55;;; 2525 Egg;  EÉEÉE
             
      @            
HI mm ¤ H5 I     au    
      É       E  
I F N1 A M I 1 A S 0 N D
Fig. 1 : Variations du nombre de cystes de chaque catégorie germinale
par unité de surface de coupe de testicule pendant la période de
maintien en élevage.
mm] Spermatogonies primaires
EZ·Z·2| Spermatogonies secondaires
Spermatocytes primaires
  Spermatocytes secondaires et jeunes spermatides
- Spermatides en bâton
M Jeunes spermatozoïdes
mi Spermatozoïdes matures
  Spermatozoïdes libres
Les nombres situés au—dessus des diagrammes indiquent le
nombre de mois passés en élevage. Les diagrammes dépourvus
de nombre correspondant aux animaux de référence vivant dans
le biotope naturel.
55

V. CYCLE SEXUEL DES FEMELLES EN ÉLEVAGE
Pour comprendre le cycle de reproduction des femelles en élevage,
nous avons tout d'abord considéré, pour chaque période, le nombre de
femelles qui présentaient des ovocytes en vitellogense ; pour chacune
d'entre elles, le nombre de ces ovocytes a été compté. Nous avons
ensuite procédé à·l*étude quantitative des follicules ovariens, selon la
méthode qui a déjà été appliquée pour l'étude des ovaires chez des ani-
maux fixes au moment de la capture HÉXBRAYAT, 1983 al.
A Vexamen du tableau ll, on observe qu’après 3 à 6 mois d'élevage,
la vltellogénèse s'effectue chez la plupart des femelles étudiées et que le
nombre d'ovocytes s'accroît progressivement, avec un accroissement
progressif du nombre d’ovocytes en vltellogénèse. En décembre (6 mois
d'élevagel cependant, seulement 5 femelles sur 7 sont en vitellogénèse
et le nombre d'ovocytes emplis de plaquettes vitellines se situe entre 3 et
22, alors que, dans le milieu naturel, les ovaires en comportent entre 12
et 20. En mai suivant, apres 1 1 mois passes au laboratoire, l'anima| étu-
dié comporte 3 ovocytes en vitellogénèse ; or, dans le biotope naturel, a
cette epoque, aucune femelle ne présente de tels ovocytes. Apres
18 mois ljanvierl, une des trois femelles seulement presente 6 ovocytes
en vitellogenese, ce qui ne correspond qu’au nombre inférieur d'ovocy—
tes de grande taille trouves chez les animaux de référence. Apres 28 à
30 mois cl'élevage, par contre, les femelles observées au laboratoire
comportent toutes un nombre d'ovocytes en vitellogénèse correspon-
dant parfaitement à ce que l'on trouve chez les animaux fixés en Guyane.
L’étude quantitative va permettre d'a|Jporter des précisions à ces
premieres observations (Fig. 2]. Après 3 mois d'é|evage [août}, la pro-
portion moyenne en follicules des ovaires est proche de celle que nous
avions trouvée chez des animaux capturés en juillet dans le biotope natu-
rel. Après 5 mois lnovembrel, 6 mois ldécembrel et même 11 mois
lmail, la composition rappelle celle des animaux fixés en octobre dans
leur milieu normal. Notons que, chez l'animal mort en mai au laboratoire,
le nombre de petits follicules est également inférieur à celui des animaux
de référence, comme chez les individus qui n'ont pas encore effectue
Vovogénèse. Après 18 mois ljanvier}, la composition est similaire à celle
des animaux d’octobre du milieu naturel. Mais apres 1 1 mois lavrill, elle
rappelle celle des animaux de décembre-janvier, avec cependant une pro-
portion supérieure de follicules atrétîques. Enfin après 28, 29 et 30 mois
passés en élevage, toutes les femelles observées ont une composition
ovarlnne très proche de celle des animaux vivant en Guyane à la même
période (octobre à décembre}, et ceci aussi bien chez ia femelle qui vient
de mettre bas que chez les autres.
En outre, deux femelles cepturees en février 1983 presentent, l'une
après 4 mois et Vautre apres 16 mois d'élevage, des pourcentages folli-
culaires parfaitement semblables à ceux des animaux de référence.
56

Tableau Il : Etude comparative de |'état des femelles maintenues en
élevage et vivant dans le milieu naturel.
èlev. : nombre de femelles maintenues en élevage ; milieu :
nombre de femelles présentes dans le milieu naturel I ov. :
nombre d'ovocyteS en vitellogénèse trouvés au niveau de
chaque ovaire.
mois nombre temps nombre de femelles en
d'é|evage vitellogenèse
éIev· ov. milieu ov.
août 4 3 mois 0 0 %
septembre
octobre 29 % 1-9
novembre 2 5 mois 2 1-7
décembre 7 6 mois 5 5-22 100 % 12-20
janvier B0 % 6-35
fevrier 57 % 8-20
avril 7 °/:· 9-22
mai 1 11 mois 1 3 0 %
décembre 100 % 12-20
janvier 3 18 mois 1 6 30 % 5-35
février 57 % 8-20
avril 1 21 mois 1 7 7 % 9-22
août O %
octobre 3 28 mois 3 2-7 29 % 1-9
novembre 2 29 mois 2 7-13
decembre 1 30 mois 1 1 B 100 %
janvier 80 % 6-35
57

I F" V g sl Q -16 Q 9 9 g 28 `,·
gr É   m È É  
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Els E <ëi' ** EI É È iii;  En   QE
I I a m I I a 0 "* d
Fig. 2 : Variations des pourcentages des follicules de l'ovaire pendant la
période de maintien en elevage.
[3 folllcuies de 160 6 600 M
M rainevies de 600 6 760 6
I follîcules de 750 à 1200 tr
  follicules de plus de 1200 ,1:
ER corps jaunes
E follicules atrétiques
v : femelles en viteilogénèse ; g : femelles gestantes
Les nombres situés au—dessus des diagrammes indiquent le
nombre de mois passés en élevage. Les diagrammes dépourvus
de nombre correspondent aux animaux de référence vivant dans
le biotope naturel.
58

A l'examen de ces observations dont Vinterprétation est compliquée
par le biennalité du cycle, il semble que, dans certains cas, le cycle ne soit
pas modifié ; dans d'autres cas, au contraire, la vitellogénèse et même
Vovogénese paraissent ralenties ou empêchées.
VI. CARACTÉRISTIQUES DE LA GESTATION EN ÉLEVAGE
Dans plusieurs publications antérieures, les caractéristiques de la
gestation et les grandes étapes du développement embryonnaire ont pu
être analysées IEXBRAYAT et al., 1981, 1982, 1983 ; DELSOL er ar'.,
1981 ; EXBHAYAT et DELSOL, 1985). De manière générale, chaque
ovaire libère une vingtaine d'ovocytes dans les oviductes correspon-
dants. 5 ou 6 d'entre eux amorcent un développement et, à la mise bas,
seulement 1 à 3 jeunes par utérus verront le jour. Le développement fn
utero comporte trois phases principales l|—l|, Ill et lVl qui durent environ
deux mois chacune.
Nous avons eu |'occasion d'observer plusieurs reproductions en éle-
vage, soit a partir de femelles capturées gestentes IEXBHAYAT, 1986 ;
EXBRAYAT et LAURENT, 19831, soit après fécondation et gestation
complètes au laboratoire. En ce qui concerne ces derniers cas, les obser-
vations ont principalement porté sur des femelles capturees en juin
1 980.
En octobre 1981, nous avons observé la présence de 5 nouveau-nés
dans un bac ou vivait un seul couple. Le 28 octobre 1983, deux Apodes
mort-nés, au stade Ill, ont été trouves dans un bac où vivait un autre cou-
ple E le 8 novembre suivant, la femelle de ce même couple donnait nais-
sance à deux autresjeunes mesurant seulement 100 et 105 mm (dans la
nature, la taille de Typhfonectes compressfcaudus à la naissance est
comprise entre 110 et 180 mm} ; ces derniers sont morts 48 heures
après. En juillet 1984, un embryon mort de stade Ill a été observé dans
un bac. Le 13 septembre 1985, enfin, une femelle a donné naissance à
un seul petit Apode de 175 mm.
Par ailleurs, nous avons pu observer que des animaux FBCUS en
février 1983 et morts en juillet 1 984 portaient des embryons de stades Il
ou Ill ; or dans la nature, à cette époque, les embryons sont a des stades
plus évolués.
ll semble donc que la reproduction complete de Typhfonecres com-
pressr'caudus soit difficile à obtenir en élevage. Le developpement
embryonnaire paraît retardé après plusieurs années passées dans des
conditions artificielles, ce qui aurait pour conséquence l'avortement des
animaux. L'importance des portées paraît également diminuer,
VII. DISCUSSION ET CONCLUSIONS
Ce bilan concernant notre élevage de Typhfonecres compressfcau—
dus permet de montrer que les conditions actuelles de captivité ne modi-
fient pas le cycle spermatogénétique de manière notable mais que celui
59

des ovaires peut être perturbé. Le maintien en élevage aurait tendance à
retarder ce dernier en agissant principaiement sur la vitellogénèse et
peut-être également sur Vovogenese. il y aurait ainsi décalage des cycles
des mâles et des femelles, ce qui interclirait la reproduction. Il est possible
que les femelles nécessitent une adaptation à leur nouveau milieu, ce qui
expliquerait pourquoi, après quelques mois seulement d’elevage, l'état
de |'ovaire est en retard par rapport à celui des animaux de référence
vivant dans le milieu naturel, alors qu'aprés 28 à 30 mois, son cycie est
semblable a celui de ces derniers. Cette perturbation des cycles repro-
ducteurs est à rapprocher de ce que |‘on observe chez des Reptiles d'éle-
vaqe ll\('|ATZ, 1984}.
La gestation est e|le—même perturbée et il est intéressant de souli-
gner que, quel que soit l'etat de développement embryonnaire, des nais-
sances ou des avortements ont toujours lieu à la fin de la période normale
de mises bas (fin octobre et même début novembre}. Signalons que ces
observations s'accorclent avec celles d'autres auteurs (BILLO er ai.,
1985} qui, apres avoir observé la copulation de Typhfonectes compressi-
caudus en février 1982, observent des mises bas 217 à 223 jours
après, soit en septembre-octobre de la même année.
Si la reproduction de Typhlonectes compressr'caudus dans nos éle-
vages ne représente pas un franc succès, ces observations permettent
néanmoins d'apporter des renseignements intéressants quant aux moda-
lités de la reproduction de cette espèce. Il semble en effet que, chez cet
animal, comme chez de nombreux autres Vertébrés, il existe des facteurs
endogenes imposant un certain cycle de reproduction. Il apparaît, par
exemple que le cycle spermatogénétlque n'est pas modifié par ies condi-
tions d'é|evage : par ailleurs, les mises bas ont toujours lieu à la même
période, ce qui est confirmé par les observations de BILLO et ai'. (1 98 5}.
Ces facteurs endogènes sont évidemment en interpénétration étroite
avec des facteurs externes. Ce sont ces derniers qui, vraisemblablement,
pourraient favoriser ou non Vovogénèse, la vitellogénèse et le bon dérou-
lement du developpement embryonnaire. Il reste à connaître quels sont
ces facteurs externes prépondérante et c’est alors que nous pourrons
obtenir avec succès la reproduction de Typhfonecres cornpressfcaudus
en élevage.
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Accepte le 23 septembre ï986`.
J.-Nl. EXBHAYAT, Nl.-T. LAURENT
Laboratoire de biologie générale de
le Faculté Catholique des Sciences ;
Laboratoire d'étude du développement post-embyronnaire
des Vertébrés inférieurs, E.P.I·l.E.
25, rue du Plat
59288 LYON CEDEX O2 (FRANCE}
B2