Avocette 2003 - special - Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde
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Numéro spécial de L’Avocette
E] Publié avec le concours

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revue naturaliste de l association _-_ du Ministère de iEcoiogie

PICARDIE NATURE ._.::-. et du Développement
2003 Durable


			
Contribution à la connaissance des richesses ornithologiques
et mammalogiques de la Picardie maritime

Oiseaux et phoques de la baie de Somme
et de la plaine maritime picarde.

Numéro spécial de I’Avocette, revue naturaliste de Picardie Nature
2oo3
2ème édition - 2oo4

Sous la Direction de Thierry RIGAUX

Equipe de coordination :
Vincent BAWEDIN, Xavier COMMECY et Thierry RIGAUX.

Liste des auteurs :

Vincent BAWEDIN, Jacques BELLARD (T), Gérard BELLARD,
Philippe CARRUETFE, Xavier COMMECY, Pascal ETIENNE,
Stéphanie FLIPO, Michael GUERVILLE, Jérémy |<|SZ|<A,
Jérôme MOUTON, Thierry RIGAUX, Elodie RICHARD,
Jean-Claude ROBERT, Pierre ROYER, Estelle SOMONT,
Philippe THIERY, Patrick TRIPLET et Alain WILLIAM.

Illustration globale de l'ouvrage (dessins) : Cédric LOUVET.
Cartographie : Joëlle DESIRE et Christophe WINDAL.

Conception et mise en page : Richard MONNEHAY.


			
PRÉFACE

L’intérêt écologique et notamment ornithologique du littoral picard, en particulier de la baie de Somme,
est remarquable. Celle-ci est reconnue :

- au niveau international, par la désignation de la baie de Somme au titre de la Convention de RAMSAR
sur la protection des zones humides ;

- au niveau européen, par l’identification du littoral picard comme une ZlCO (zone d'importance
communautaire pour les oiseaux) et sa désignation consécutive comme Z.P.S. (zone de protection
spéciale), dans le cadre du réseau Natura 2000 ;

- au niveau national, en particulier par la création de la réserve naturelle de la baie de Somme.

Cette richesse écologique doit être protégée, ce qui a motivé la création de la réserve naturelle mais aussi, par
exemple, de nombreuses acquisitions de terrains par le Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres
ainsi que l’instruction, en cours, d’un arrêté de protection de biotope a Cayeux.

Elle attire un public nombreux, d’ornithologues passionnés mais aussi de profanes, qui viennent voir des
phoques ou des oiseaux en baie de Somme sans connaissance particulière de leurs populations, de leur réparti-
tion dans l’espace, ni de leur vulnérabilité.

Cet ouvrage est donc particulièrement bienvenu pour mieux faire connaître ce patrimoine exceptionnel. On ne
protège bien en effet que ce qu’on connaît bien. Je ne doute pas que ce livre, et la somme de connaissances qu'il
contient, y contribueront.

La baie de Somme accueille en outre nombre d’activités, traditionnelles ou plus récentes. Permettre leur coha-
bitation harmonieuse, dans le respect de la richesse écologique que la baie a pu conserver au cours des siècles,
est sans doute l’enjeu majeur des politiques publiques conduites sur le site. Par la mise à disposition du savoir
accumulé par de nombreux naturalistes, bénévoles pour la plupart, cet ouvrage fournit aux décideurs des informa-
tions essentielles pour répondre à cet enjeu.

J’en remercie les auteurs, à l’initiative de sa rédaction, et l’association “Picardie nature”, maître d’ouvrage
du projet.

Laurent ROY
Directeur Régional de l’Environnement de Picardie

 

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde Numéro spécial de Mvocette - 2003


			
SOMMAIRE

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 8
Approches sitologiques (plurispécifiques)

- La baie de Somme, un site ornithologique d’exception.

Richesse, menaces et propositions d'actions - Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 9
- Avifaune reproductrice des falaises haut-normandes et picardes :

valeur patrimoniale et distribution spatiale - Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 25
- Synthèse ornithologique 2000-2001 de la station d’épuration par lagunage

de Quend et Fort-Mahon, communes littorales de Picardie (Somme) - Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 35
- Bilan du recensement international des oiseaux d’eau de la mi-janvier 2002

en plaine maritime picarde - Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 47
- Le printemps 2001 : un printemps ornithologique exceptionnel en basse vallée de l’Authie - Michael Guerville . . . . . .p. 55
- Evolution des effectifs des principales espèces d’Anatidés et de la Foulque

sur la réserve d’avifaune du Hâble d’Ault (Somme) entre 1975 et 2001 - Patrick Trip/et et Estelle Somont . . . . . . . . . .p. 61
- Haltes migratoires de Limicoles sur le littoral picard : nouvelles données sur l'importance des stationnements

et recherche d’une optimisation des méthodes de dénombrement - Pierre Royer et Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . .p. 67

Approches spécifiques

- Le Bécasseau sanderling Calidris alba sur le littoral picard : mise au point sur les variations saisonnières
d’abondance et les effectifs maxima observés en baie de Somme et d'Authie - Thierry Rigaux et Vincent Bawedin . . .p. 83
- Précisions sur le statut de la Bergeronnette de Yarrell Motacilla alba yarrellii

en Picardie maritime - Vincent Bawedin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 89
- La reproduction du Grand Cormoran Phalacrocorax carbo sur la côte picarde

et ses confins normands - Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 93
- Les Gravelots Charadrius sp. nicheurs des bas-champs de Cayeux-sur-mer

de 1994 à 2000 - Jean-Claude Robert et Jacques Bellard (f) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 97
- Le retour du Faucon pèlerin Falco peregrinus

dans les falaises picardes - Jean—Claude Robert, Jacques Bellard (f) et Gérard Bellard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 103
- Résultats du suivi pendant six années (1994 à 1999) d’une population de Chevêche d’Athena Athene noctua

dans un secteur bocager de la plaine maritime picarde - Stéphanie Flipo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 105
- La reproduction de la Chouette Chevêche Athene noctua :

parades et occupation de l’espace - Pascal Etienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 113
- Evolution récente du statut hivernal du Busard des roseaux Circus aeruginosus

en plaine maritime picarde - Xavier Commecy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 117
- Le statut de la Cigogne blanche Ciconia ciconia sur le littoral picard :

approche historique et contemporaine - Pascal Etienne et Philippe Carruette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 119
- La Cigogne noire Ciconia nigra dans le Marquenterre (Somme) - Pascal Etienne et Philippe Carruette . . . . . . . . . . .p. 123
- Le Goéland argenté Larus argentatus et autres espèces nicheuses des falaises picardes

au cours de la saison de reproduction 2001 - Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 125

- La vague de froid de l’hiver 2001/2002 et ses incidences sur la population de Héron garde-bœuf
Bulbucus ibis, d’Aigrette garzette Egretta garzetta et de Grande Aigrette Ardea alba hivernant

en plaine maritime picarde - Philippe Carruette et Thierry Rigaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 131
- Implantation de l’Echasse blanche Himantopus hlmantopus en plaine maritime picarde - Jérôme Mouton . . . . . . . .p. 137
- Rythmes d’activités des familles de Tadorne de Belon Tadorna tadorna

sur deux sites de la plaine maritime picarde - Elodie Richard et Patrick Trip/et . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 139
- Le Phoque veau-marin Phoca vitulina en baie de Somme. Concilier sa conservation et le développement

d’activités récréatives : un défi à relever - Philippe Thiéry, Alain William et Jérémy Kiszka . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 143

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

INTRODUCTION

La réputation ornithologique internationale de la baie de
Somme n'est plus a faire : les inventaires et suivis ornitholo-
giques réalisés depuis plusieurs décennies par des
ornithologues bénévoles, tant dans des cadres régionaux
que nationaux ou internationaux, ont permis de préciser les
caractéristiques de l’avifaune de la baie de Somme et ont
montré la nécessité de s'intéresser à l'ensemble de la plaine
maritime picarde. Celle-ci, avec ses marais arrière-littoraux
notamment, constitue en effet un complément fonctionnel
des estuaires picards essentiel pour les oiseaux d'eau.

Si de multiples ouvrages ont déjà été consacrés aux
oiseaux de ce territoire, la publication de ce recueil de notes
et d'articles répond toutefois à un réel besoin pour un
ensemble de raisons :

- le statut des oiseaux n'est pas figé : la destruction de leurs
habitats ou au contraire les mesures de protection prises en
leur faveur (création de réserves...), ici ou dans des
contrées lointaines, les fluctuations climatiques naturelles
ou d'origine anthropique, la compétition inter-spécifique...
modifient en permanence le statut des espèces,

- les connaissances sur les oiseaux se complètent d'année
en année grâce à l'activité des naturalistes des mondes
associatifs ou institutionnels,

° les publications réalisées a ce jour n'ont probablement pas
fait l'objet d'une diffusion suffisante en dehors de la sphère
naturaliste : le présent recueil, présentant certes un certain
nombre d'articles parfois techniques, sera diffusé auprès des
acteurs publics et privés investis de responsabilités particu-
lières dans la protection du patrimoine naturel : élus locaux,
administrations, collectivités, associations...

Aussi avons nous cherché à réunir des contributions d'au-
teurs multiples pour la présente publication : la plupart des
ornithologues connaissant bien la plaine maritime picarde
ont répondu positivement à notre proposition d'ouvrage col-
lectif. En dépit de la diversité de ses auteurs, cet ouvrage n'a
aucune prétention d’exhaustivité : à la différence de certains
ouvrages évoqués ci-dessus (guides, inventaires systéma-
tiques commentés), il ne traite pas de l'ensemble des
espèces recensées en baie de Somme ou dans sa plaine
maritime.

La collection d'articles présentés peut être répartie sché-
matiquement en deux volets : le premier est consacré à des
approches sitologiques et plurispécifiques, le second à des
approches relatives au statut, aux populations, à l'écologie
de diverses espèces.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numero spécial de Mvocette - 2003

Le premier article proposé permet de présenter les traits
caractéristiques de l’avifaune de la baie de Somme et d'ex-
pliquer sa richesse. Des articles illustrent ou évoquent les
efforts publics (mesures agri-environnementales, acquisi-
tions foncières de l’Office National de la Chasse et de la
Faune Sauvage et du Conservatoire du littoral sur le hâble
d'Ault...) ou privés (pose de plate-formes pour les Cigognes
blanches ou de nichoirs pour les Chouettes chevêches)
déployés pour assurer la conservation de ce patrimoine.
D'autres soulignent l'importance du caractère inondable de
certains secteurs de la plaine maritime (basse vallée de
l'Authie, en particulier) et mettent ainsi en évidence les pré-
judices écologiques considérables qui pourraient résulter
d'une perturbation du fonctionnement hydrologique actuel
de certains agro-écosystèmes. D'autres contributions enfin
permettent d'apporter des précisions sur le statut de certai-
nes espèces (Grand Cormoran, Busard des roseaux,
Bécasseau sanderling, Bergeronnette de Yarrell...) sur la
côte picarde ou certains de ses sites.

Les différents auteurs de ce recueil sont donc heureux de
vous livrer une moisson d'informations recueillies sur cer-
tains aspects du patrimoine ornithologique de la plaine
maritime en espérant que le partage de l'information ainsi
assuré facilitera la compréhension des enjeux par l'ensem-
ble des parties en présence (élus locaux, administrations
de l'Etat et des collectivités territoriales, sportifs, naturalis-
tes, chasseurs...). Espérons que cet ouvrage favorisera des
actions davantage concertées en faveur de la préservation
d'un patrimoine exceptionnel, à la fois source d'émotions et
de bien-être pour tous les amoureux de la nature et, plus
prosa'i'quement, vecteur d'un possible développement éco-
nomique durable.

Le patrimoine ornithologique de la baie de Somme et de la
plaine maritime picarde est fragile, et encore menacé.
Souhaitons qu'il fasse l'objet de mesures de protection
aussi efficaces que celles apportées jusqu'à présent pour la
préservation de la colonie de phoques et qui ont permis de
concilier à ce jour une fréquentation croissante de ce haut
lieu touristique avec le respect d'un patrimoine précieux et
emblématique.

Nous avons le plaisir de remercier tous les auteurs des articles
proposés et tout particulièrement Richard MONNEHAY qui
a assuré la mise en forme de l'ouvrage ainsi que Cédric
LOUVET pour les multiples dessins qu'il a bien voulu réali-
ser et mettre à notre disposition pour son illustration.

Vincent BA WEDIN, Xavier COMMECY et Thierry RIGA UX.

LA BAIE DE SOMME, UN SITE ORNITHOLOGIQUE D'EXCEPTION

 

Richesse, menaces et propositions d'actions
par Thierry RIGAUX

INTRODUCTION

Estuaire macro-tidal de la Manche orientale (les plus fortes
marées y dépassent les 10 mètres d'amplitude), la baie de
Somme s'inscrit dans la plaine maritime picarde qui s'étend
d'Ault (80) a Hardelot (62), à cheval sur les départements
de la Somme et du Pas-de-Calais. Echancrée du sud vers
le nord par les estuaires de la Somme, de l'Authie et de la
Canche, cette plaine est une mosaïque de prairies, de
cultures, de quelques bois... et de zones humides arrière-
littorales d'une grande valeur patrimoniale : hâble d'Ault,
prairies humides de la basse vallée de la Somme, vastes
marais arrière-littoraux du Marquenterre, marais de
Balançon, etc.

De toutes les zones humides de la plaine maritime picarde,
la plus renommée est sans conteste la baie de Somme :
son étendue (7000 hectares environ), les mesures de pro-
tection apportées (parc ornithologique du Marquenterre et
réserve de chasse sur le domaine public maritime désor-
mais intégrés au sein d'une réserve naturelle), contribuent
fortement à l'importance de la capacité d'accueil du site vis à
vis des oiseaux d'eau : les effectifs en stationnement y sont
souvent remarquablement importants.

Sa situation sur la grande voie de migration est-atlantique
n'est pas davantage étrangère au caractère stratégique de
cette zone humide littorale.

L’attractivité du site vis à vis des oiseaux n'a pas manqué
de favoriser le développement de la chasse au gibier d'eau,
très ancrée localement, et dont les modalités de pratique
sont multiples : chasse à la botte, chasse au hutteau, chasse
a la hutte (de nuit), activité récemment légalisée.

Pour présenter plus en détail l'intérêt ornithologique de la
baie de Somme (dont la revue naturaliste “l'Avocette" se fait
l'écho de longue date et qui a été détaillé dans les ouvrages
de Commecy & Sueur en 1983 et 1990, puis de Sueur &
Triplet en 1999), je rappellerai dans un premier temps un
certain nombre de données attestant de cette richesse, pré-
senterai quelques aspects de l'utilisation de la baie par les
oiseaux d'eau, puis développerai quelques explications sur
la richesse ornithologique de la baie, pour exposer ensuite
comment évolue le peuplement d'oiseaux au gré des saisons.
J’évoquerai enfin l'avenir de ce patrimoine, les périls qui le
menacent et les mesures qui pourraient être mises en place
ou développées pour garantir sa préservation durable.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

La présente synthèse est centrée sur la baie de Somme
(domaine public maritime) et ses abords immédiats (parc
ornithologique du Marquenterre...). ll sera fait mention
cependant à plusieurs reprises des espaces périphériques
qui constituent avec elle une unité fonctionnelle pour certai-
nes espèces d'oiseaux d'eau qui exploitent successivement
la baie et ses zones humides “satellites”.

l - Le peuplement ornithologique de la baie de Somme
est varié et ses capacités d'accueil remarquables.

Tout un ensemble de chiffres atteste de la richesse ornitho-
logique remarquable de la baie de Somme et du spectacle
qu'elle peut offrir:

A) La baie de Somme est une zone humide d'importance
internationale pour certaines espèces d'oiseaux d'eau
en hivernage.

Accueillant régulièrement à la mi-janvier (période a laquelle
sont organisés les dénombrements internationaux) plus de
20 000 oiseaux d'eau ou au moins 1% des individus d'une
population d'une espèce ou d'une sous-espèce d'oiseau
d'eau , c'est un “site Ramsar" (du nom de la localité d'lran
où a été signée la convention internationale sur les zones
humides).

En se référant aux critères numériques d'importance inter-
nationale et nationale retenus par Gillier & al. (2000), Sueur
& Triplet (2000) identifient les espèces pour lesquelles la
baie de Somme répond au critère Ramsar pour la période
1996-2000 :

- le Tadorne de Belon Tadorna tadorna (moyenne de
11 011 dépassant de loin le seuil de 1% = 3 000),

- le Canard pilet Anas acuta (moyenne de 1 223 dépas-
sant nettement le seuil de 1% = 600).

Mais il y a bien d'autres espèces pour lesquelles la baie
joue un rôle important sur le plan national en tant que site
d'hivernage (et de transit). D'après la même source, on
pourra citer par exemple, pour la même période, les effec-
tifs moyens suivants : environ 9 O00 Huîtriers pies
Haematopus ostralegus, 11 000 Bécasseaux variables
Calidris alpina et 2 000 Courlis cendrés Numenius arquata.

B) La baie de Somme est une escale migratoire de premier
ordre pour une quantité d'espèces de Limicoles.

Les haltes migratoires les plus spectaculaires interviennent
généralement en avril-mai puis, à nouveau de la mi-juillet a
la mi-septembre. Elles sont particulièrement perceptibles chez
les espèces peu présentes en dehors des périodes migratoi-
res alors que, chez d'autres (comme l'Huîtrier pie ou le Courlis
cendré), l'importance des effectifs présents une grande partie
de l'année peut masquer en partie les mouvements migratoi-
res, le turn-over des oiseaux pouvant s'effectuer sans
changement important des effectifs en stationnement.

Parmi les espèces pour lesquelles la baie offre les capacités

d'accueil les plus remarquables, on retiendra les effectifs

maximaux enregistrés suivants :
- le Grand Gravelot Charadrius hiaticula (maximum
enregistré de 6500 individus le 16 mai 1999 pour le
passage pré-nuptial et de 3800 ind. le 26 août 1995
pour le passage post-nuptial - obs. pers.),
- le Pluvier argenté Pluvialis squatarola (maximum enre-
gistré de 3300 individus pour la période 75-98 pour le
passage prénuptial selon Sueur & Triplet, 2000)
° le Bécasseau maubèche Calidris canutus (maximum
enregistré de 6250 individus le 12 mai 1984 - obs. pers.),
- le Bécasseau sanderling Calidris alba (maximum enre-
gistré de 3500 individus le 19 mai 2001 pour le passage
prénuptial et de 2100 le 27 juillet 1997 pour le passage
post-nuptial - obs. pers.),
- le Chevalier gambette Tringa totanus (maximum enre-
gistré de 5300 individus le 12 mai 2001 - obs. pers. -
pour le passage prénuptial et de 1800 ind. environ lors
de la 1“ décade d'août pour le passage post-nuptial au
cours de la période 1975-1998 selon Sueur & Triplet,
2000).

Pour mieux évaluer l'importance des capacités d'accueil de
la baie, il serait préférable de substituer aux chiffres maxi-
maux présentés ici des effectifs moyens par décade ou
encore des capacités d'accueil en oiseaux-jours (à titre
d'exemple, la présence de 100 oiseaux pendant 10 jours
représente une capacité de 1000 oiseaux-jours).

Ce mode de calcul des “capacités d'hébergement" de la
baie de Somme, intéressant sur le principe, a été utilisé par
Sueur & Triplet (2000) pour la période hivernale. Cette
approche peut être conduite sans risque pour certaines
espèces bien suivies à l'échelle de la baie mais elle devient
hasardeuse pour les autres si l'on considère qu'une éva-
luation sérieuse de la capacité d'accueil de la baie (en
oiseaux-jours) suppose d'accéder régulièrement (au moins
une fois par décade) à des comptages significatifs à l'échelle
de la globalité de l'écosystème estuarien.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I Numéro spécial de Mvocette - 2003

La multiplication de dénombrements concertés et une
meilleure coopération entre les ornithologues observant
régulièrement en baie de Somme devraient permettre de se
rapprocher de cet objectif, au moins pour certaines pério-
des de l'année.

C) La baie de Somme est un site de reproduction précieux
pour plusieurs espèces d'oiseaux d’eau.

A titre d'illustration, et sans le moindre souci d'exhaustivité,
je citerai ici simplement :

- l'Avocette Recuvirostra avosetta, dont la plaine maritime
picarde a accueilli à plusieurs reprises plus de 100 couples
au cours des vingt dernières années (par exemple, 103
couples pour le seul parc ornithologique du Marquenterre
en 2001, selon P. Carruette, comm. pers.),

- le Tadorne de Belon, dont le nombre de couples effective-
ment nicheurs est particulièrement difficile a apprécier : les
intenses prospections de terrain conduites en 1991 ont
permis de recenser 60 à 80 couples effectivement repro-
ducteurs (Mouronval & Triplet 1991). Ces auteurs soulignent
que "l'évaluation du nombre de couples nicheurs ne peut se
faire qu'à partir des nichées réellement observées".

C'est sans doute le meilleur moyen de procéder a la comp-
tabilisation des nicheurs effectifs si l'on est capable
d'assurer un suivi rapproché et exhaustif de l'ensemble de
la plaine maritime picarde, et pendant toute la durée des
éclosions. Un tel suivi est cependant difficilement accessible.
D'autres données permettent de proposer des estimations
de la taille de la population reproductrice. Ainsi, le 10
juillet 1984, j'ai pu personnellement dénombrer simultané-
ment 1105 jeunes non volants sur l'ensemble du domaine
maritime de la baie : cette observation laisse a penser que
la population reproductrice (ayant donné des jeunes) était
comprise entre 160 et 220 couples si l'on prend comme
hypothèse que le nombre moyen de jeunes encore en vie
(par couple ayant donné des jeunes) est compris entre 5 et
6,8 (Rigaux, à paraître).

- la Spatule blanche Platalea leucorodia, qui, d'après
Carruette & Durand (2000) s'est reproduite au parc ornitho-
logique du Marquenterre pour la première fois en 1994 (min
1 couple) puis en 1999 (a priori 3 couples) et en 2000 (6
couples ayant donné 13 jeunes a l'envol). En 2001, selon P.
Carruette (comm.pers.), l'effectif reproducteur des Spatules
blanches au parc ornithologique a été de 13 couples, ceux-ci
ayant donné un minimum de 15 juvéniles à l'envol.

D) La baie de Somme est un carrefour de migration de
premier plan pour les passereaux et les rapaces.

Les observations de la migration prénuptiale des oiseaux
continentaux effectuées de 1985 a 1990 (cf. Flohart (1987),
(1988), (1992) et Flohart & Gavory (1989) et (1996)) ont
permis de mettre en lumière la position stratégique de la
baie de Somme comme site d'observation de la migration
des passereaux et des rapaces.

Les nombres d'heures consacrées au suivi et les effectifs
globaux de migrateurs observés peuvent être présentés
comme suit :

1985 1986 1987 198B 1989 1990
Nombre d’heures 259 132 182 227 342 189,5
d'observation
Nombre de
migrateurs 431 000 330 000 360 000 328 000 792 000 398 000
(nb individus)
Nombre de
migrateurs!‘ 1 664 2 500 1 978 1445 2 316 2100
heure (moyenne)
Nombre 70 77 77 78 82 87
d'espèces

Pour présenter le caractère remarquable du site, je souli-
gnerai simplement ici :

- l’intensité du passage de certaines espèces.

Par exemple :
- 10 620 Pipits farlouses Anthus pratensis en 1985,
respectivement 316 000 et plus de 500 000 Pinsons des
arbres Fringilla coelebs observés en 1985 (dont
190 000 pour la seule journée du 21 octobre !) et en
1989,
- respectivement 168, 265, 579 et 315 Eperviers
d’Europe Accipiter nisus notés en 1985, 1986 et 1987 et
1989.

- la régularité des contacts avec des espèces réputées peu
communes comme le Pipit rousseline Anthus campestris
(14 en migration active en 1987) ou le Bruant lapon
Calcarius Iapponicus (38 en 1987),

- la diversité des espèces observées en migration : en
1990, 87 au total et près de 50 espèces dans une seule
journée certaines années ; 17 espèces de rapaces notées
de 1985 à 1990 (dont le Pygargue à queue blanche
Haliaeetus albicilla, le Faucon kobez Falco vespertinus, la
Buse pattue Buteo lagopus).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I I ‘ Numéro spécial de Mvocette - 2003

E) La baie de Somme et sa périphérie ont déjà accueilli
plus de 320 espèces d’oiseaux.

Présentant une mosaïque d'habitats et située sur une grande
voie de migration, la baie de Somme accueille un grand
nombre d'espèces (320 recensées selon Sueur &
Commecy (1990), 361 - et même 400 en incluant les
échappés de captivité - selon Sueur & Triplet (1999)).

Ces espèces se répartissent entre espèces régulières ou
assez régulières (et l'on peut citer en particulier les
présences automnales ou hivernales des 4 espèces de
passereaux nordiques : Alouette haussecol Eremophila
alpestris, Bruant des neiges Plectrophenax nivalis, Bruant
lapon, Linotte à bec jaune Carduelis flavirostris), et espèces
irrégulières voire exceptionnelles.

Pour ces dernières, l'intensité de la prospection ornitholo-
gique révèle des présences qui passeraient inaperçues
ailleurs de telle sorte que le nombre d'espèces déjà vues en
baie de Somme n'est pas l'indicateur le plus pertinent de la
valeur ornithologique du site. Ce sont bien plus les données
relatives aux stationnements et à la reproduction (présen-
tées rapidement ci-dessus) qui nous renseignent le mieux
sur la valeur patrimoniale du site.

Il — Les facteurs d’explication de la richesse ornitholo-
gique une richesse résultant largement d’une
situation privilégiée, d’une nourriture abondante et de
larges zones de quiétude.

Les facteurs expliquant la richesse ornithologique de la baie
de Somme sont multiples. On retiendra en particulier :

A) La situation géographique de la baie sur une voie de
migration exceptionnelle.

La baie de Somme se situe sur la grande voie de migration
est atlantique qui voit défiler des millions d'oiseaux venant
de contrées parfois très lointaines.

C'est ainsi que le Bécasseau cocorli Calidris ferruginea fait
escale sur la côte picarde entre ses quartiers d'hiver ouest-
africains situés principalement en Mauritanie et ses
territoires de reproduction de l'est de l'Asie arctique l

   

Canard pilet

 

Figure n°1 : Représentation schématique de la situation de la baie
de Somme sur la grande voie de migration est-atlantique de nom-
breuses espèces d'oiseaux (Anatidés et Limicoles, en particulier).

B) Une productivité biologique exceptionnelle de
certaines zones intertidales

Les travaux conduits par le Groupe d’Etudes des Milieux
Estuariens et Littoraux (GEMEL) depuis une vingtaine
d'années ont permis de mieux cerner cette réalité.

Pour la décrire brièvement, on peut se référer à la présen-
tation synthétique suivante proposée par Michel Desprez,
chercheur au GEMEL (comm. pers.) :

“Du fait des quantités élevées de nutriments disponibles
(azote, phosphore, silicium...) en provenance des rivières,
de la mer et des terrains adjacents, les estuaires se carac-
térisent par une forte production primaire, nettement
supérieure à celle d'autres habitats marins (Mc Lusky,
1989) : les estuaires sont, avec les récifs coralliens, les
habitats marins les plus productifs (1kg C/mz/an), loin
devant les zones côtières (100g C/mî/an) et la pleine mer
(50g C/mî/an).

Dans les estuaires européens tempérés, les principales
sources de production primaire sont les plantes du schorre
(qui constituent ce que l’on appelle localement les molliè-
res) mais aussi les algues microbenthiques (phytobenthos)
qui se développent à la surface des vasières.

La forte production primaire atteinte sur de grandes superfi-
cies explique l'importance de la production secondaire des
vasières, estimée à plusieurs dizaines de tonnes de matière
fraîche par hectare en estuaire de Loire (Marchand, 1983).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I Numéro spécial de l’Avocette o 2003

En baie de Somme, d'importantes populations de bivalves
(coques, tellines, myes), de vers (verrouilles, arénicoles),
de crustacés (corophies, puces de mer) et de minuscules
gastéropodes (hydrobies), souvent enfouis dans le sédi-
ment, filtrent, broutent, digèrent la matière végétale fraîche
ou en décomposition. Les densités de ces animaux ben-
thiques peuvent y dépasser 100000 individus par m2 (contre
100 sur les plages marines exposées), la biomasse peut
atteindre 250 g (poids calciné) par m2 et la production est
jusqu'à 20 fois supérieure à celle des fonds marins (Mc
Lusky, 1989).

Si la productivité secondaire pour l'ensemble de la Baie de
Somme peut atteindre 2000 tonnes/an (en poids calciné)
(Desprez, 1995 ; Desprez et al., 1998 ; Mc Lusky et al.,
1996), on observe de grandes différences selon les
secteurs considérés (cf. figure n° 2) :
- les secteurs les plus productifs (faciès 1 et 2 à gasté-
ropodes et à coques avec 150-250 g/mz/an) se situent
dans les zones abritées éloignées de l'embouchure et
des chenaux de marée ; ils assurent 80 % de la pro-
duction secondaire alors qu'ils occupent moins de 20 %
de la superficie de la baie ;
- à l'opposé, les secteurs sableux propres de l'embou-
chure (faciès 5 et 6), qui couvrent près de 45 % de la
superficie de la baie, ne fournissent que 5 % de la pro-
duction (faciès à crustacés et vers carnivores).

 

Légende
Faciès 1 : sablons envasés de haute-plage à Hydrobie et Nereis

Faciès 2 : sablons peu envasés de niveau moyen à Coques
Faciès 3 : sables fins propres de basse plage à Macoma
Faciès 4 : sables fins propres de haute plage
d'embouchure à Corophie
Faciès 5 : mégarides sableuses à petits crustacés
Faciès 6 : bancs sableux humides à vers prédateurs

Figure n°2 : Cartographie des 6 faciès identifiés en baie de
Somme en 1994 (Desprez, 1995).

Plusieurs facteurs régissent la distribution de la flore et de
la faune. Alors que la fréquence de submersion conditionne
la présence des plantes halophiles et explique pour l'es-
sentiel leur zonation sur la partie supérieure des estrans
contenant suffisamment de vase pour permettre l'installa-
tion de la végétation, le déterminisme de la répartition des
animaux benthiques est plus complexe du fait de leur mode
de vie endogée.

Sur les plages sableuses de l'embouchure, exposées à un
fort hydrodynamisme, la zonation des espèces est essen-
tiellement corrélée a la topographie, avec un gradient
d'enrichissement benthique du haut (essoré) vers le bas
(saturé en eau) de ces plages.

En revanche, sur les estrans envasés qui caractérisent
l'intérieur des baies et des estuaires, la granulométrie du
sédiment et surtout sa teneur en vases, qui reflètent l'inten-
sité de l'hydrodynamisme local, jouent un rôle prépondérant
qui masque celui de la topographie. Ainsi, même dans les
hauts niveaux restant émergés pendant les périodes de
mortes eaux, l'envasement provoque une saturation en eau
du sédiment comparable à celle des bas de plages sableuses,
permettant le développement de fortes populations d'inver-
tébrés benthiques. (ex : faciès à Hydrobies et Nereis en
Baie de Somme). Celles-ci sont donc exposées pendant
de longues périodes a la prédation exercée par les oiseaux,
qu'elle provienne des canards de surface (Tadornes de
Belon, Canards pilets...) ou des Limicoles (Huîtriers pies,
Pluviers argentés, Grands Gravelots...)".

La forte productivité biologique de l'estuaire en fait une
zone de nurserie-nourricerie importante pour les crevettes
et pour les poissons (Duhamel, 1995). Elle a permis le réta-
blissement d'une colonie de phoques qui bénéficie par
ailleurs d’actives mesures de protection adoptées sur l'ini-
tiative de l'association Picardie Nature. Cette colonie
comptait, a la fin de l'été 2001, environ 70 phoques veaux-
marins Phoca vitulina et 10 Phoques gris Halichoerus
grypus (Philippe Thiéry, comm. pers.)

Naturellement, la richesse biologique de la baie est égale-
ment mise a profit par de multiples activités économiques
ou de loisirs : pêche à pied, pêche embarquée, chasse et,
plus récemment, tourisme de nature... La dépendance des
activités de péche pratiquées localement vis a vis du main-
tien de la productivité biologique de l'estuaire a été évaluée
notamment à l'occasion de l'étude d'impact d'un projet de
barrage envisagé à une époque en baie de Canche (située
au nord de la baie de Somme) : selon Desaunay in Jequel
& Rouve (1982), la construction du barrage aurait conduit a
un manque a pécher de 300 tonnes par an de crevettes
grises, soit a une perte annuelle de 5,7 millions de francs
(valeur 1980).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I H Numéro spécial de Mvocette - 2003

C) L’étendue de la baie, son accessibilité réduite et
l'existence d’une réserve de chasse lui permettent
d'exprimer en partie ses potentialités d’accueiI grâce à
un certain contrôle des pressions de dérangement.
Mais la pression de chasse limite fortement les capacités
d'accueil du site vis à vis de certaines espèces.

L'étendue de la baie de Somme (7000 ha) participe forte-
ment à offrir aux oiseaux d'eau des conditions de vie
favorables à la satisfaction de leurs exigences écologiques,
repos et alimentation notamment.

Alliée a l'interdiction globale de la circulation des véhicules
à moteurs (à l'exception, légitime, de ceux des marins
pêcheurs), cette immensité offre, en règle générale, une
quiétude satisfaisante et, à défaut, des zones de repli en
cas de dérangement.

La localisation d'un des principaux reposoirs de marée
haute au cœur de la réserve naturelle (au lieu dit “le banc
de l'llette") garantit son utilisation régulière par les oiseaux
dont l'activité est soumise au rythme des marées (limicoles,
en particulier).

En cas de dérangement intense, les oiseaux ont la possibilité
de regagner le parc ornithologique du Marquenterre - qui
leur offre une sécurité maximale - , ce que ne manque pas
de faire en période estivale la majorité des espèces dès
que le coefficient de marée est un peu élevé.

Evidemment, l'abondance des oiseaux en transit ou en
hivernage s'explique également par l'interdiction de toute
chasse sur plus de 2000 hectares lesquels comprennent
d'importantes zones d'alimentation qui confèrent à la réserve
son efficacité vis à vis d'un ensemble d'espèces.

En revanche, les capacités d'accueil de la baie de Somme
et des zones humides satellites vis à vis des Anatidés her-
bivores (Canards siffleurs Anas penelope, en particulier)
sont fortement réduites du fait de la pression de chasse
s'exerçant de jour comme de nuit sur leurs gagnages
potentiels, situés essentiellement en dehors de la réserve.
De telle sorte que l'hivernage des Canards siffleurs ne
concerne que quelques centaines d'individus, hébergés par
le parc ornithologique (186 individus en moyenne à la mi-
janvier pour la période 1991-2001 selon P. Carruette,
comm. pers.) alors que la vague de froid de l'hiver
1978/1979 et la suspension temporaire de la chasse
avaient conduit au stationnement de 1500 individus de
cette espèce au cours du mois de janvier (Commecy &
Triplet, 1980). Des circonstances du même type avaient
conduit au stationnement de 2500 Canards siffleurs en
janvier 1987 (Commecy & al., 1989).

Comme l'ont montré en particulier Tamisier et Saint-Gérand
(1981) ainsi que Yésou (1983), l'incidence de la chasse de
nuit est très pénalisante sur les stationnements hivernaux
d’Anatidés. Pratiquée pendant la période essentielle d'ali-
mentation de la plupart des canards de surface, elle réduit
fortement les capacités d'accueil des zones humides. A ce
sujet, Yésou (1983) écrit a propos de la baie de Somme et
de sa périphérie: “les milliers d'hectares de zones humides,
des prés-salés et de l'arrière pays, qui représentent un
extraordinaire potentiel alimentaire pour la plupart des
Anatidés, sont très nettement sous-exploités, en raison du
dérangement occasionné par une forte pression de chasse,
notamment la nuit. Pour permettre à la baie de Somme d'at-
teindre sa capacité d'accueil, ce qui actuellement est loin
d'être le cas, il faudrait assurer aux Anatidés la tranquillité
nécessaire à l'exploitation des ressources en nourriture des
marais adjacents, en agissant sur la pression de chasse".
Près de vingt ans après l'établissement de ce diagnostic, la
situation s'est-elle améliorée ? Ceci n'est pas manifeste
car les quelques avancées permises par la mise en œuvre
de politiques publiques (d'acquisition foncière et de limita-
tion de la pression de chasse sur les espaces acquis) ne
portent que sur des superficies très limitées tandis
qu'ailleurs le nombre de huttes de chasse et leur fréquen-
tation n'ont pas faibli : le nombre des huttes a même
considérablement augmenté dans certains secteurs de la
baie ou de sa périphérie depuis la seconde guerre mondiale
(Raffin in Bawedin -coord.-, 2002).

LEGENDE

zones de e na e
  potentielleï g g

ïl.!Î' l zones de remise diurne

zone en réserve
(chasse interdite)

Figure n°3 : Représentation schématique des zones de remise
diurne et des gagnages potentiels des canards de surface utilisant
la baie de Somme (d'après Yésou, 1983, adapté et actualisé).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I E l Numéro spécial de Mvocette - 2003

NB 1 : Pour le Tadorne de Belon, espèce maritime et bénéficiant
d'un statut de protection, se rapporter à la figure n°7 page 15.
NB 2 : Les zones de gagnage potentielles des bas-champs de
Cayeux/mer ne sont pas représentées.

Ill - Aperçu de l'utilisation de la baie de Somme par les
oiseaux d'eau : influence du rythme tidal sur les ryth-
mes d'activité des oiseaux ; influence des saisons sur
la composition du peuplement.

A) Le rythme tidal conditionne fortement les rythmes
de vie de nombreuses espèces d'oiseaux.

Si un certain nombre d'espèces “continentales" (passe-
reaux, rapaces...) utilisent les espaces maritimes de la baie
et ses franges terrestres selon un rythme d'activité habituel
(le rythme nycthéméral), tout un cortège d'espèces vivent
également, voire surtout, selon le rythme des marées.
C'est en particulier le cas de nombreuses espèces de
Limicoles (telles que les Huîtriers pies, les Courlis cendrés,
les Barges rousses, les Pluviers argentés, les Bécasseaux
maubèches, variables et sanderlings) qui se nourrissent sur
l'estran d'invertébrés benthiques (crustacés, mollusques,
annélides...). Schématiquement, cette ressource alimentaire
n'est rendue disponible que lorsque les vasières et les
zones sablo-vaseuses sont découvertes par la mer, celles-
ci devenant accessibles en cours de jusant et jusqu'à ce
que le flot ne les recouvre a nouveau. L'accessibilité des
proies est aussi fonction de leur activité, cette dernière
étant elle-même conditionnée par le niveau de saturation
en eau des sédiments.

A des périodes d'alimentation - qui se poursuivent la nuit chez
de multiples espèces - succèdent des périodes de repos,
toilette... dominantes à marée haute, en règle générale.

Les figures 4, 5 et 6 illustrent schématiquement les variations
de la distribution spatiale de l'Huîtrier pie, du Courlis cendré
et du Bécasseau sanderling selon le niveau de marée.

Chez de nombreuses autres espèces (des Anatidés en par-
ticulier, tels que le Canard pilet), le rythme d'activité est
également influencé non seulement par le rythme nycthé-
méral (rythme d'activité classique chez les Anatidés) mais
aussi par la marée. Le cycle tidal conditionne aussi très
fortement le rythme d'activité des Tadornes de Belon, géné-
ralement très actifs sur le plan alimentaire en fin de flot, lors
de l'étale de pleine mer et dans les premières heures du
jusant (figure 7). A marée tout à fait basse, parce que les
proies sont devenues inactives et/ou inaccessibles, les
oiseaux s'adonnent principalement à des activités de
confort, sommeil essentiellement.

Pour préciser la chronologie et la part relative des activités,
il conviendrait de réaliser des bilans d’activités détaillés,
exercice non seulement chronophage mais aussi très délicat
en baie de Somme compte tenu de l'importance des mou-
vements générés par la conjugaison du cycle tidal et des
dérangements provoqués par l’Homme.

Les schémas ci-dessous complètent et réactualisent la
description réalisée par Duhamel en 1979.

   

Prinnapales zones raauliem:
du 039mm

   

Zone dalirrmnlalion complerm rvlairu
ran cas 0a faible clession ne cnassel

I Pnnopau: reposoirs de matee rraule

fv Mouvements ces oiseaux a
marée monranla

_ - UmIN sua-est
de la MSŒNE naturelle

Figure n°4 : Illustration schématique de la distribution diurne de
l‘Huîtrier pie Haematopus ostra/egus en baie de Somme et des
principaux mouvements entre les zones majeures d'alimentation
et les reposoirs traditionnels de marée haute (d'après obs. pers.)

N

A

. zone d'alimentation
principale

j, mouvemenltraartionnel
des oiseaux lors au flot

reposoirs do marée
haute traditionnels

Ü
f, rriourremenl occasionnel

des oiseaux lors du flot
O

reposoirs de marée
haute occasionnels

. lirriile aucl-esldela
réserve naturelle

 

Figure n°5 : Illustration schématique de la distribution spatiale
diurne automnale et hivernale du Courlis cendré Numenius arquata
en baie de Somme et des principaux mouvements occasionnés
par ses déplacements entre sa zone d'alimentation principale et
ses reposoirs traditionnels (d'après obs. pers.).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I H Numéro spécial de Mvocette o 2003

 

7/. uisriinuiion a miiree nasse
Q Raposciira du mania haula

f Mouvements des oiseaux a
marée montante

limite sumesl ne la
rasarve naturelle

 

Figure n°6 : Illustration schématique de la distribution diurne du
Bécasseau sanderling Calidris alba lors de ses haltes migratoires
post-nuptiales en baie de Somme et de ses mouvements entre
zones d'alimentation et reposoirs de marée haute (d'après obs.
pers. et A.William, comm. pers.)

zones dalimeniarion
Πa mare: m m:

aire de repos a maree nasse
Ü [en cas oe fana pression oe chasse]

oeplacerrrenrs lors du nor
l [uuî et dànve]

_ v iimire suo-asl
de la resenie naluresle

Figure n°7 : Illustration schématique de la distribution diurne et
des mouvements principaux du Tadorne de belon Tadorna tadorna
constatés au cours de son hivernage en baie de Somme au cours
de la période 1985-2000. (NB : l'aire de repos à marée basse
signalée ici correspond à la distribution observée en cas de forte
pression de chasse. En cas de moindres dérangements, sa distri-
bution peut s'étendre largement en dehors de la réserve).

NB : Les figures présentées ci-dessus sont schématiques :
elles fournissent toutefois des informations nouvelles sur la
répartition et les mouvements des oiseaux, sujet très rare-
ment abordé dans les ouvrages ou les revues traitant de
l’avifaune du littoral picard. Les dernières publications à ce
sujet correspondraient aux articles écrits par Duhamel en
1979 pour le Tadorne, l‘Huîtrier pie, le Courlis cendré et le
Bécasseau variable et par Rigaux en 1984 pour le
Bécasseau sanderling.

B) De l'automne à I’été : une avifaune changeante au
gré des saisons.

Si l'on doit qualifier l'avifaune de la baie de Somme, on la
dira sans doute riche, diversifiée, spectaculaire...

Un autre qualificatif peut lui être appliqué : elle est aussi
prodigieusement changeante au gré des saisons et ses
changements sont continuels, du fait de la multiplicité des
espèces susceptibles d'être rencontrées et de la diversité
de leurs calendriers migratoires.

Au sein d'une même espèce (par exemple, chez le
Combattant Philomachus pugnax, mais aussi chez nombre
de Bécasseaux, Chevaliers...), les périodes migratoires
varient de surcroît en fonction des populations (et de leurs
aires de reproduction), des sexes ou de l'âge.

De telle sorte qu'alors que la migration prénuptiale vient à
peine de s'achever pour certains, les premiers migrateurs
repartant vers des zones de mue ou des quartiers d'hiver
se montrent à nouveau. La baie de Somme est donc un lieu
de prédilection pour l'ornithologue ou le passionné de nature
en quête de surprises.

La figure 8 (ci-dessous), relative aux variations d'abondance
inter-mensuelles d'un ensemble de Limicoles enregistrées
en 1997, illustre cette variabilité.

Et a la variation saisonnière illustrée s'ajoute une variabilité
inter-annuelle d'une importance certaine. L'année 1997 ne
peut donc être considérée que comme un exemple, et non
comme une année “représentative".

De surcroît, la situation n'est pas figée et il semble même
se dessiner quelques tendances évolutives, telles que l'ap-
parition ou l'affirmation de l’hivernage d'espèces autrefois
absentes, inhabituelles ou présentes en toutes petites
quantités en période hivernale : Spatule blanche, Avocette
élégante, Combattant varié, Barge à queue noire Limosa
limosa, Chevalier arlequin Tringa erythropus... sont de plus
en plus fréquents et abondants ces derniers hivers.

18000 ,

16000 ‘.

14000 
12000 l\ ——o—-Elêcasseau

i‘ \ variable

10000 ‘a, \ """“Ë.ZS.LÏLÎ;
8000 1 \ 1 "j;

Grand gravelnt

_.—H0nna. pie

6000 , \

4000 ‘-_-. ,,

 

l Il ||| IV V Vl VII VIII IX X XI XII

Figure n°8 : Variations saisonnières des effectifs de 4 espèces de
Limicoles suivies en 1997 en baie de Somme (d'après Picardie
Nature, 1999).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I Numéro spécial de Mvocette - 2003

IV - Un avenir incertain.

A) Les suivis ornithologiques conduits au cours des der-
nières décennies semblent indiquer une stabilité ou une
augmentation des effectifs de la plupart des oiseaux
d’eau suivis régulièrement en baie de Somme mais des
biais sont possibles pour certaines espèces...

Un article récent propose une évaluation de l'importance de
la baie de Somme pour les oiseaux d'eau en période hiver-
nale (Sueur & Triplet, 2000). Ce travail intéressant, reprenant
les résultats des dénombrements publiés dans différentes
sources au cours de la période 1975-2000, présente des ten-
dances évolutives, la plupart des effectifs hivernaux des
espèces présentées semblant en augmentation.

Pour certaines espèces, à l'échelle de la période d'étude
indiquée, l'augmentation signalée nous apparaît bien établie
en raison de l'importance de l'évolution observée qui exclut
que l'évolution des méthodes et des moyens de collecte de
l'information soit à l'origine des tendances qui se dégagent.
Et l'évolution des effectifs comptés de certaines espèces
trouve d'ailleurs des hypothèses d'explication plausibles
voire convaincantes. Celles-ci sont soit externes et/ou com-
munes à de nombreux sites (dynamisme démographique
global de certaines espèces telles que le Tadorne de Belon
depuis sa protection...) soit locales (par exemple, améliora-
tion depuis une décennie des modalités de gestion des
niveaux d'eau et des espaces de prairie par l'association
Marquenterre Nature, gestionnaire du parc ornithologique
du Marquenterre, à l'origine probable de l'augmentation de
l'abondance hivernale de plusieurs espèces d'Anatidés :
Sarcelles d'hiver Anas crecca, Canards souchets Anas
clypeata, Canards pilets, etc.). Bien sûr, les deux familles
d'explication peuvent se combiner.

Pour d'autres espèces (comme le Bécasseau variable), il
conviendra d'examiner de plus près si la qualité des don-
nées recueillies permet d'établir avec certitude une
tendance de la fréquentation hivernale de la baie.

Enfin, le déclin relatif de l’hivernage du Tadorne de belon
observé récemment (depuis 1998) pourrait, s'il se poursuivait,
constituer un des premiers signes ornithologiques d'un
processus d'appauvrissement plus général de la baie lié à
son comblement progressif, phénomène naturel d'une
ampleur considérable.

B) ...tandis que I’évolution naturelle de la baie et l’augmen-
tation des pressions humaines de diverses natures sont
préoccupantes pour I’avenir de nombreuses espèces.

1 - Les évolutions naturelles vont générer des muta-
tions des peuplements biologiques.

Le bilan sédimentaire de la baie de Somme a été estimé a
environ 700 000 m3 en 1995 par Latteux & De Croutte in
Latteux (2001). L'importance du phénomène de comble-
ment de la baie avive les inquiétudes des naturalistes et de
certains acteurs économiques (pêcheurs a pieds...) quant
au maintien de la richesse biologique de la baie, qu'il
s'agisse du benthos (bancs de coques, notamment), des
poissons ou encore des oiseaux.

Ce phénomène naturel irréversible - à moins que l'Homme
qui l'a favorisé ne déploie d'énormes moyens pour le contre-
carrer (ce qui ne semble pas raisonnable sur le plan
socio-économique dans l'état actuel de nos connaissances)
- va conduire à une “continentalisation" progressive des
habitats : déjà, des milliers d'hectares sablo-vaseux sont
couverts de végétation halophile et une fraction des molliè-
res (schorre) d'autrefois a été convertie en prairies ou en
cultures au cours des siècles passés avec l'édification de
digues, appelées localement renclôtures.

Des mutations progressives des communautés animales et
végétales sont donc en cours et vont se poursuivre : on en
observe actuellement différentes manifestations, notam-
ment dans le fond de la baie de Somme, où, par exemple,
la Gorgebleue à miroir Luscinia svecica (magnifique petit
passereau dont le mâle arbore une poitrine colorée) a été
notée plusieurs fois chanteuse dans un îlot de roselière
apparu assez récemment.

Les évolutions à venir auront des conséquences écolo-
giques contrastées selon le point de vue duquel on les
observe : au cours des vingt dernières années, l'évolution
du secteur de la réserve naturelle située au nord du banc
de l'llette au lieu dit “l'Anse Bidard" a conduit au remplace-
ment de plages sablo-vaseuses de haut-estran parsemées
de Spartine par un système de dunes embryonnaires actives
protégeant un marais arrière-littoral abritant des commu-
nautés végétales particulièrement riches et originales. On y
trouve notamment un grand nombre d'espèces protégées,
telles que la Parnassie, la Pédiculaire des marais... et le
rarissime Liparis de Loesel, petite orchidée des zones
humides alcalines.

Mais le milieu apparu est encore promis a évoluer là où les
actions de gestion de l'Homme - engagées pour maintenir
un stade d'évolution jugé optimal ou particulièrement inté-
ressant - seront inopérantes ou insuffisantes.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I Numéro spécial de Mvocette - 2003

L'évolution observée sur ce secteur s'est accompagnée
d'un enrichissement manifeste sur le plan floristique mais
des zones d'alimentation importantes pour certains oiseaux
ont disparu : on a du mal à imaginer aujourd'hui que cette
zone de la baie était un important gagnage pour les
Tadornes de Belon au début des années 1980 l

2 - L'augmentation des pressions de dérangement,
liées à l'activité humaine et surtout aux loisirs,
constitue un risque majeur pour le patrimoine bio-
logique.

En 1965, dans son ouvrage “Avant que nature meure",
Jean Dorst écrivait : “Un des problèmes importants aux-
quels l'homme aura à faire face dans les prochaines
décennies est paradoxalement celui de ses loisirs". Sa pré-
diction était juste : une des clefs majeures de cohabitation
de l'Homme avec la faune sauvage pour l'avenir réside cer-
tainement dans la capacité qu'aura l'espèce humaine à
maîtriser les conséquences du développement de son
temps libre et des loisirs.

La présence des visiteurs sur la côte picarde ne cesse de
s'intensifier et de s'étendre dans l'espace et le temps. De
nouvelles activités de pleine nature demandeuses de vastes
espaces apparaissent continuellement ou se développent :
le survol du littoral par les avions ou les ULM est très fré-
quent certains jours ; après les chars à cerfs-volants,
apparaît le "fly-surf" ou "kite-surf" (modalité de pratique de la
planche à voile ayant recours à la force de traction d'un cerf-
volant...) tandis que les jet-skis vrombissent au large des
plages voire au cœur de la baie de Somme.

Ces activités, qui s'ajoutent a des pratiques plus tradition-
nelles (chasse, équitation...), n'ont pas toutes les mêmes
incidences sur la faune sauvage et il s'en faut de beaucoup.
Mais, faute d'une maîtrise de leur développement, elles ten-
dront a restreindre toujours davantage les zones de calme.
Certaines espèces - les moins vulnérables - s'adapteront ;
d'autres se raréfieront ou disparaîtront. Et il convient d'avoir
à l'esprit que, d'une façon générale, la combinaison de plu-
sieurs activités humaines sur un même site constitue une
menace considérable : Tamisier (1980) a montré qu'elle
entraînait une baisse très sensible de la fréquentation par les
Anatidés d'un site soumis à un tel cumul de dérangements.

Aussi conviendra t'il de veiller à ce que le développement des
activités énoncées ci-dessus soit suffisamment réfléchi et
encadré : il faut que la puissance publique ose apporter des
limites à la pratique de certaines d'entre elles (notamment par
la création de zones de quiétude), afin de sauvegarder le
patrimoine naturel et de préserver des espaces de calme et
de détente pour les amateurs de nature sauvage.

On peut ainsi s'interroger sur l'opportunité de la pratique du
jet-ski sur la côte picarde. Le développement de cette acti-
vité ne me semble fondé ni sur le plan touristique ni sur le
plan écologique. La côte picarde a sans doute mieux a pro-
poser aux visiteurs que le vrombissement des jet-skis et a
des responsabilités patrimoniales à assumer. Les pouvoirs
publics concernés doivent se mobiliser d'urgence pour
traiter cette question car c'est maintenant qu'elle doit l'être,
avant que les intérêts liés à la pratique de ce loisir ne les
rendent impuissants.

3 - Des mutations agricoles défavorables sur les
plans biologique et paysager se poursuivent en
plaine maritime après avoir déjà banalisé et appauvri
de vastes secteurs.

Déjà à l'origine d'une raréfaction importante des prairies et
d'une transformation radicale des paysages de certains
secteurs de la plaine maritime picarde, les mutations agricoles
se poursuivent. Les mesures contractuelles agri-environne-
mentales mises en œuvre dans le cadre d'une “opération
locale" n'ont pu être pérennisées en l'absence d'un renou-
vellement du dispositif (voir ci-dessous), et le mouvement de
dégradation, insidieux, se poursuit : abattage ici et la de
vieux arbres, comblement de mares, retournement de prairies
permanentes parfois permises par des opérations de drai-
nage... Cette évolution est particulièrement préoccupante
compte tenu du rôle essentiel de l'arrière-pays dans le
maintien de la richesse de l'estuaire (gagnages diurnes ou
nocturnes pour les Anatidés, zone de nidification...).

V - Propositions en faveur du maintien voire du renfor-
cement de l'intérêt ornithologique de la baie de Somme
et des zones humides de la plaine maritime.

Dans ce contexte particulièrement préoccupant pour l'avenir
des oiseaux et du patrimoine naturel en général, c'est tout
un ensemble d'interventions complémentaires qu'il faut
mettre en œuvre.

a) poursuivre la politique de renforcement du réseau
des espaces protégés.

Si la réserve naturelle de la baie de Somme a permis de
consolider les acquis de la réserve de chasse de 1968 et
d'étendre au domaine public maritime (anse Bidard, banc
de l'llette, mollières de la Maye...) une gestion qui ne
concernait auparavant que le Parc Ornithologique du
Marquenterre, il semble souhaitable d'étendre le réseau
des espaces protégés :

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I m Numéro spécial de Mvocette - 2003

- en baie de Somme, en apportant une protection adap-
tée aux pouliers de galets de la Mollière (commune de
Cayeux) qui sont en particulier un site de reproduction
pour les Gravelots et un reposoir pour de nombreuses
espèces (de Limicoles et de Sternes, en particulier,
comme l'a notamment montré le suivi exercé lors du
passage post-nuptial 2000 par Decory & Gavory, comm.
pers.).

- en baie d'Authie, en clarifiant et en matérialisant sur le
terrain les limites de la réserve de chasse après les
avoir, si nécessaire, redéfinies en concertation avec les
chasseurs pour faciliter le stationnement d'oiseaux sur
le poulier de Routhiauville et en créant des zones de
calme, soustraites aux dérangements générés par la
fréquentation du public, pour permettre une meilleure
réussite de la reproduction des Gravelots à collier inter-
rompu Charadrius alexandrinus fréquentant les dunes
embryonnaires.

- en poursuivant la politique d'acquisition foncière à
l'amiable du Conservatoire du littoral au Hâble d'Ault
(où les effectifs hivernaux d'oiseaux d'eau restent très
faibles), en basse vallée de la Somme, dans les marais
arrière-littoraux... afin d'étendre la palette des milieux
préservés, notamment au bénéfice d'oiseaux menacés
tels que le Butor étoilé Botaurus stellaris.

Une démarche pourrait par ailleurs être engagée afin
d'améliorer encore l'intérêt ornithologique de la station
d'épuration par lagunage de Quend/Fort-Mahon dont
Rigaux (1998, 2000) a souligné les potentialités.

Aussi volontaire et ambitieuse soit-elle, la politique foncière
à développer sur la plaine maritime picarde n'aura jamais
comme objectif de maîtriser tous les espaces d'intérêt patri-
monial. Il convient donc d'explorer d'autres modes d'action,
complémentaires.

b) donner une forte impulsion à l'adoption de pratiques
agro-environnementales extensives en plaine maritime
picarde

L'opération locale “plaine maritime picarde" mise en oeuvre
entre 1994 et 1999 avait comme ambition de favoriser le
maintien des prairies naturelles et de promouvoir des pra-
tiques agricoles extensives (ayant peu ou pas recours aux
engrais, phytosanitaires... et pratiquant des chargements
limités : nombre de bovins/ha relativement restreint en lien
avec la production naturelle des prairies...). La flore et la
faune remarquables (oiseaux prairiaux, en particulier)
devaient en profiter.

Cette opération locale a fait l'objet d'une évaluation par le
Conservatoire des Sites Naturels de Picardie (Flipo 8.,
1998), fondée sur la réalisation d'un état initial en 1994 et
du suivi annuel d'indicateurs entre 1995 et 1998 (compre-
nant le suivi de placettes pour la végétation). Très
schématiquement, elle a permis d'établir les enseigne-
ments suivants :

- une stabilité globale de l'occupation des sols (peu de
retournement de prairies)

- la grande majorité des indicateurs écologiques est res-
tée stable en rapport avec une stabilité moyenne des
pratiques agricoles, les agriculteurs ayant souscrit des
contrats maintenant les pratiques habituelles,

° la comparaison des données écologiques et agricoles a
permis de collecter des références sur les modes de
gestion qui semblent être favorables à certains groupe-
ments végétaux et certaines espèces aviennes
remarquables.

Les fluctuations naturelles inter-annuelles et des incertitudes
sur la fiabilité de certaines des données agricoles
recueillies rendent nécessaire la poursuite du suivi.

Dans un contexte d'érosion très forte du patrimoine biolo-
gique de la plaine maritime, ces résultats sont intéressants
et auraient dû conduire à la prolongation de l'opération
locale, d'autant qu'elle était envisagée positivement par la
profession agricole.

Mais la mise en place d'un nouveau dispositif agro-environ-
nemental (le Contrat Territorial d'Exploitation) a, de fait,
interrompu la démarche agricole collective mise en œuvre
en faveur de la conservation des espaces prairiaux et boca-
gers de la plaine maritime picarde. Et le manque de
continuité induit dans les mesures proposées aux agricul-
teurs nous semble particulièrement regrettable. L'abandon
récent des CTE au profit des CAD (Contrats d’Agriculture
Durable) ne fait que renforcer cette appréciation.
Souhaitons qu'une démarche agri-environnementale collec-
tive soit relancée au plus vite en plaine maritime picarde.
Au-delà de cette opération, c'est toute la politique agricole
commune qu'il conviendrait de revoir afin d'en réviser les
conséquences environnementales négatives : pour la diver-
sité biologique en général et pour les oiseaux en particulier,
le retournement massifdes prairies (surfaces non primées) a
été catastrophique. Une redéfinition des mécanismes de
soutien aux productions agricoles en faveur des prairies
permanentes, réclamée de longue date par les défenseurs
du patrimoine naturel, semble nécessaire.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde I u Numéro spécial de Mvocette - 2003

c) circonscrire la pratique des activités de pleine nature
les plus nuisantes aux secteurs les moins sensibles
(voire les interdire totalement) sur la côte picarde en
misant sur le développement raisonné d’autres activités
éducatives et sportives : char à voile, voile, équitation,
randonnées naturalistes...

L'apparition ou le développement d'activités perturbatrices
nouvelles (jet-ski, ULM, paramoteur...) dans les espaces
jusqu'alors préservés est problématique. Un travail de
sensibilisation considérable reste à accomplir auprès de cer-
taines autorités publiques afin qu'elles mesurent bien les
enjeux et qu'elles acceptent d'étudier sérieusement les
possibilités d'action, en concertation avec les divers usagers
de la nature.

d) développer la conscience écologique au sein du
grand public et enclencher une démarche pédagogique
d'envergure visant la compréhension du phénomène
de comblement de la baie par les populations locales et
leurs élus afin de mieux l'accompagner.

Une multitude d'actions complémentaires a celles déjà
engagées méritent d'être développées. Parmi les pistes à
explorer ou à consolider, je citerai :

- une action de communication à destination des
acteurs locaux expliquant clairement le phénomène de
comblement de la baie et son caractère inéluctable
dans l'état actuel de nos connaissances et de nos
moyens d'intervention,

- la sensibilisation et la formation des responsables
(bénévoles ou salariés) des associations proposant des
activités de loisir de pleine nature (clubs nautiques,
équestres, de char à voile, etc.) sur la sensibilité des
oiseaux et de leurs habitats,

- le développement des visites guidées par des anima-
teurs compétents et pédagogues (une offre importante
existe désormais),

- l'installation d'une information in situ non pas au cœur
mais aux accès menant aux zones sensibles : combien
y a t'il de propriétaires de chiens qui n'ont pas conscience
des risques qu'ils font courir à l'avifaune en se prome-
nant avec leur animal en liberté sur les sites de
nidification traditionnels en baie d’Authie ou en baie de
Somme !

- assurer une présence plus forte de gardes/éco-guides
dans une logique d'information, de contrôle et, si
nécessaire, de sanction.

e) faire de la chasse, paradoxalement, une activité
partenaire de la protection de I’avifaune.

Conduisant au prélèvement de quantités significatives
d'oiseaux, générant des perturbations vis a vis des station-
nements d'oiseaux d'eau ou de leur reproduction (ce
dernier point étant devenu moins aigu avec la restriction
progressive de la période de chasse), la chasse au gibier
d'eau est aussi une activité humaine qui dépend du main-
tien d’un nombre suffisant de zones humides dans un bon
état de conservation. En ce sens, et au-delà de différences
de sensibilités souvent prononcées, il existe des intérêts
convergents forts entre les chasseurs et les non-chasseurs
qui se soucient de la conservation de la nature.

Les chasseurs invoquent souvent leur contribution détermi-
nante à la conservation des zones humides. Elle est sans
doute importante et il convient d'en tenir d'autant plus
compte qu'il existe peu d'activités humaines, de loisir de
surcroît, qui soient susceptibles de contribuer aussi large-
ment a la préservation d'espaces naturels.

Mais les modalités des pratiques actuelles de cette activité,
qui s’exerce de jour comme de nuit, limitent largement
l'expression des potentialités d'accueil des zones humides
chassées vis à vis de la plupart des oiseaux d'eau en période
de chasse. Il conviendrait donc que les responsables cyné-
gétiques comprennent et fassent accepter à leur base
l'opportunité d'élargir le réseau des espaces en réserve,
notamment pour permettre l'alimentation nocturne des
Anatidés. Par ailleurs, compte tenu de l'orientation cynégé-
tique dominante, si ce n’est exclusive, de la gestion mise en
œuvre sur les domaines de chasse, il est rare que les
modes de gestion pratiqués soient bien adaptés pour relever
les enjeux prioritaires en terme de conservation de la diver-
sité biologique. Mais des améliorations importantes
pourraient probablement être obtenues assez facilement.

Comme l'ont souligné par exemple Mouronval et Triplet
(1991), il serait souhaitable de faire évoluer certains com-
portements des gestionnaires cynégétiques qui réalisent
encore trop souvent des travaux dans leurs marais à des
périodes particulièrement sensibles, et sans prendre parfois
les précautions élémentaires qui s'imposent (divagation
des chiens en période de reproduction, etc.).

Des échanges avec les propriétaires et gestionnaires de
marais consacrés à la chasse et une politique de sensibilisation
et de formation de ces acteurs - qui ont aussi à faire bénéficier
la collectivité de leurs connaissances et de leurs savoir-faire -
pourraient constituer un volet essentiel d'une politique de
conservation des zones humides, à l'échelle de vastes entités
telles que celles désignées au titre des Directives européennes
"oiseau" (ZPS) ou "faune, flore, habitat" (ZSC).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Ces démarches devraient être engagées ou amplifiées
prochainement à l'occasion de l’élaboration des documents
d'objectifs des ZSC “Pic 01 et Pic 02", dont l'animation a été
confiée au Syndicat Mixte pour I'Aménagement de la Côte
Picarde par l'Etat. C’est une opportunité à ne pas manquer
pour engager une démarche de gestion conservatoire,
durable et partagée. Le rétablissement d'un dialogue plus
serein entre les chasseurs et les associations de chasse
d'une part et les associations d'étude et de protection de la
nature d'autre part doit naturellement être recherché.

t) expérimenter des opérations de dépoldérisation dans
les sites où les contextes écologiques et humains sont
les plus favorables.

Si le projet de ré-estuarisation du cours aval du Dien en
fond de baie de Somme n'aura, à mon avis, que des inci-
dences écologiques fort limitées sur l'écosystème estuarien
compte tenu de la faiblesse du débit de cette rivière, la
réalisation d'une opération de dépoldérisation de superficies
significatives entre le Hourdel (Cayeux sur mer) et le Cap
Hornu (Saint-Valery), évoquée par le Syndicat Mixte
d'Aménagement de la Côte Picarde, permettrait de "renaturer"
un espace aujourd'hui relativement banalisé en le faisant à
nouveau participer directement à la production biologique
de lécosystème estuarien. Les bénéfices pourraient être
multiples et d'une certaine ampleur.

La faisabilité et l'opportunité de ce projet, très intéressant a
priori, mériteraient en conséquence d'être étudiées de plus
prés.

g) assurer un suivi concerté de l’avifaune et rendre
accessible au public tout ou partie des données produites
afin d'assurer une surveillance permanente du patrimoine
ornithologique, d’évaluer I’impact des interventions
humaines et finalement de prendre éventuellement de
nouvelles dispositions.

La mise en place envisagée d'une banque de données
commune entre différents intervenants sur les oiseaux de la
réserve naturelle de la baie de Somme augure peut-être
d'une intervention plus concertée des différents acteurs
s'investissant dans le suivi de l’avifaune.

Plus globalement, la mise en place d'un observatoire du
littoral normano-picard - décidée par le Comité Interminis-
tériel d'Aménagement et de Développement du Territoire du 9
juillet 2001 dans la suite logique des travaux engagés sur
l'initiative de la Région Picardie sur le transit des galets au
sein du bassin hydro-sédimentaire “baie de Seine - baie de
Somme" - pourrait promouvoir le suivi des richesses biolo-
giques du littoral concerné et favoriser la prise en compte
de ce patrimoine par les acteurs de l'aménagement et du
développement économique.

L'accessibilité au public des données collectées et interpré-
tées par l'observatoire faciliterait la participation de la
population et des différents acteurs du littoral à la gestion
de ce territoire en leur permettant d'asseoir leurs interven-
tions sur des données objectives et consolidées.

CONCLUSION

Située sur l'axe principal de la grande voie de migration est-
atlantique, largement épargnée a ce jour par l'urbanisation
et l'industrie, la baie de Somme a gardé un intérêt ornitho-
logique majeur.

Particulièrement intéressant pour l'observation des rapaces
et des passereaux lors du passage post-nuptial, ce site
littoral, avec ses espaces continentaux périphériques, pré-
sente des potentialités d'accueil tout à fait remarquables vis
a vis des oiseaux d'eau. Les stationnements notés tout au
long de l'année dans la réserve naturelle (qui comprend le
parc ornithologique du Marquenterre) en donnent une belle
illustration pour un ensemble d'espèces qui s'accommodent
de la configuration des espaces protégés. Huîtriers pies,
Courlis cendrés, Tadornes de Belon, Canards pilets (pour
n'en citer que quelques-unes unes) y sont très abondants,
y compris en période de chasse.

Lors du passage de printemps, les espaces accueillants
pour les oiseaux d'eau se multiplient avec la fermeture de
la chasse. Les zones humides arrière-littorales du Hâble
d'Ault, de la basse vallée de la Somme, des polders de la
baie d'Authie, ou encore de la basse vallée d'Authie (si les
niveaux d'eau sont suffisants) deviennent très attractifs vis
a vis des Oies, des Canards et de certains échassiers
(Combattants...). Mais c'est encore le cœur de la baie, et en
particulier ses vasières, qui accueillent l'essentiel des
Limicoles qui passent en flots impressionnants de la mi-
avril au début du mois de juin.

C'est aussi à cette époque que se produisent les premiers
afflux touristiques majeurs avec le risque potentiel qu'ils
représentent vis à vis de l'avifaune en terme de dérange-
ment. En fait, ça n'est pas tant le nombre de visiteurs que
leur dispersion et leurs comportements qui vont déterminer
l'importance des perturbations qu'ils occasionneront.

ll convient donc de poursuivre la réflexion sur l'accueil du
public et son orientation privilégiée vers des sites de faible
vulnérabilité, tels que des sites spécialement conçus pour
la découverte des oiseaux. Le parc ornithologique, de noto-
riété internationale, est une infrastructure particulièrement
réussie à cet égard.

Mais la gestion de cette pression touristique dans le but
d'en contrôler l'impact peut conduire à sa canalisation
forcée et à une artificialisation progressive des sites qu'il
leur est donné de découvrir.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  ‘ Numéro spécial de Mvocette - 2003

Il y a donc un paradoxe à gérer entre le souci légitime de
protéger la nature et la préoccupation - qui ne l'est pas
moins - de maintenir la “naturalité" des espaces ouverts au
public. Ne serait-il pas dommage de ne proposer au public
comme lieux de promenade que des espaces où tout est
prévu, contrôlé, mis en scène ? Les amoureux d'une nature
spontanée doivent-ils se contenter de se promener entre
deux rangées de clôtures, de piquets, de levées de terre...?
La rareté des espaces protégés conduit à y mettre en place
des mesures contraignantes vis à vis des visiteurs. C'est sans
aucun doute un mal nécessaire dans une région où les
espaces naturels de qualité et accessibles au public sont
devenus rares. Mais il faudrait aussi veiller à réserver aux
minorités qui le désirent des espaces d'aventure et de liberté.
Quoi qu'il en soit, le bord de mer restera particulièrement
attractif et la côte picarde, placée à proximité d'importants
bassins de population, devra organiser l'accueil des visi-
teurs. C'est le défi principal que doit relever l'Opération
Grand Site “baie de Somme" décidée par le Comité
Interministériel d'Aménagement et de Développement du
Territoire du 9 juillet 2001.

L'attention particulière portée a la frange la plus littorale de
la plaine maritime picarde ne devra pas conduire a négliger
les enjeux relatifs à la conservation des ressources biolo-
giques de l'arrière-pays : marais arrière-littoraux et prairies
humides présentent un intérêt écologique intrinsèque élevé
et constituent, potentiellement au moins, un complément
fonctionnel important de la baie de Somme vis à vis de mul-
tiples espèces d'oiseaux d'eau. Les modalités de pratique
de l'agriculture, de l'élevage et de la chasse détermineront,
pour l'essentiel, la conservation de ce capital naturel et
l'expression de son potentiel.

REMERCIEMENTS

Je tiens tout d'abord à souligner que la reconnaissance de
la valeur patrimoniale de la baie de Somme vis a vis des
oiseaux résulte avant tout de la passion - et, pour certains,
de la constance - avec laquelle des ornithologues bénévoles
ont assuré son suivi. Les innombrables sorties de terrain,
donnant lieu à la collecte, au traitement puis à la publication
des informations (dans des revues régionales : l'Avocette,
Avifaune picarde, Bulletin annuel du parc ornithologique du
Marquenterre) ont permis de mieux cerner progressivement
le statut des différentes espèces fréquentant le littoral
picard.

Pour la présente publication, je tiens à remercier Michel
Desprez (du Groupe d'Etude des Milieux Estuariens et
Littoraux) pour sa contribution a une présentation synthé-
tique de la productivité biologique de la baie.

Mes remerciements vont aussi à Pierre Dron qui m’a
conseillé dé façon avisée dans la genèse dé cette synthèse
et a Philippe Carruette qui m’a communiqué des remarques
et des observations intéressantes.

J’ai également plaisir à remercier Roger Mahéo et Alain
Tamisier pour la rapidité et la pertinence des observations
qu’il m'ont transmises sur le projet que je leur avais soumis.
Merci aussi a Vincent Bawedin et Hubert Lévêque pour leur
relecture attentive de l’article.

Je suis par ailleurs reconnaissant envers Cédric Ansard qui
m’a apporté son assistance dans l’intégration ou la réalisa-
tion de documents illustratifs, cartographiques notamment.

Enfin, je tiens à exprimer ma profonde gratitude a l’égard de
Monsieur Robert Mallet dont l'action pionnière et constante
en faveur de la préservation de la côte picarde a été déter-
minante pour éviter, à plusieurs reprises, que l'irréparable
ne soit commis.

La vigilance doit se poursuivre.

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En hommage ä
Robert MALLET (1915-2002)

La vie de Robert MALLET a été particulièrement riche :
écrivain, critique littéraire, recteur fondateur de l'académie
d'Amiens puis recteur et chancelier de celle de Paris, il s'est
aussi investi dans des initiatives humanistes pionnières, par
exemple en créant le Mouvement Universel de la Respon-
sabilité Scientifique.

Préserver durablement la beauté de la nature, faire com-
prendre qu'il convient d'apporter des limites à l'extension
des zones urbaines, touristiques ou industrielles sont aussi
des missions dans lesquelles Robert MALLET s'est engagé
avec conviction, générosité, talent, ténacité et efficacité.
Attaché à sa terre picarde, il s'est beaucoup impliqué dans
la défense des paysages et des espaces naturels de
Picardie.

C'est ainsi qu'à la charnière des décennies 1980 et 1990, il
a exercé une influence déterminée auprès des collectivités
territoriales - et en particulier de la Région - pour qu'elles
s'engagent a soutenir le développement du Conservatoire
des Sites Naturels de Picardie qui ne disposait alors d'aucun
moyen de fonctionnement.

Le réseau régional des espaces naturels préservés et
valorisés qui s'est constitué depuis avec le concours d'une
multitude de partenaires, soustrait aux menaces directes de
destruction ou d'abandon, est devenu une vitrine du patri-
moine naturel régional, un conservatoire de diversité
biologique, un lieu de ressourcement au contact de la nature
et un support privilégié pour l'éducation à l'environnement
et l'expérimentation des techniques de gestion des habitats
naturels. Ce réseau doit beaucoup a l'impulsion initiale
apportée par Robert MALLET.

Son action en faveur du patrimoine naturel régional s'est
porté plus particulièrement sur la baie de Somme et l'en-
semble de la côte picarde puisqu'il n'a eu de cesse de
plaider pour un aménagement du littoral qui respecte de
vastes espaces de nature sauvage.

Ainsi, c'est sans hésitation que, dans les années 1970, il
s'oppose aux côtés du Groupe d'Etude et de Protection des
Oiseaux en Picardie (qui prendra plus tard le nom de
“Picardie nature") au projet de réalisation d'une route d'accès
à la mer à partir de Saint-Quentin-en-Tourmont et intervient
à cette occasion auprès de Michel d'ORNANO, alors
Ministre de l'Environnement, en ces termes : “Est-il besoin
de souligner l'importance capitale que présente la baie de
Somme en ce qui concerne la migration de l'avifaune
européenne ? La voie d'accès direct à la mer (en ces lieux
qui constituent une réserve botanique et zoologique exem-
plaire) serait une concession inacceptable au tourisme
stéréotypé qui encourage les moins méritant à se prévaloir

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  l Numéro spécial de Mvocette - 2003

de droits pour porter atteinte a ceux de la nature. Il faut
empêcher que soit mortellement atteint ce fragment de
chair vivante du territoire national dont les français, et
spécialement ceux qui sont chargés d'aménager le territoi-
re, ne doivent pas oublier que s'y manifeste aussi une
appartenance internationale à la communauté de la vie".
C'est la même recherche d'un aménagement réfléchi et
mesuré de la côte picarde qui le conduit d'une part à parti-
ciper activement à la défense de l'intégrité de l'estuaire de
la Maye, menacé par un projet touristique et par la perspective
d'implantation d'une usine de traitement des coquillages, et
d'autre part à demander la relance du projet de création de
la réserve naturelle de la baie de Somme.

Sa vigilance particulière vis à vis du devenir de la côte picarde
le conduit à fonder l'association “Pour le littoral picard et la
baie de Somme", dont il assure la présidence pendant 10
ans, veillant à ce que l'association soit consultée sur les
projets d'aménagement pouvant porter atteinte au littoral.
L'un des aboutissements récents les plus importants de son
action a été le classement au titre de la loi du 2 mai 1930
du massif dunaire du Marquenterre et de certains de ses
abords, sur environ 9000 hectares (dont 4000 hectares
terrestres), classement intervenu le 18 septembre 1998.
Que ce soit a l'échelle de la Picardie ou de la côte picarde
- où le Conservatoire du littoral a développé une politique
d'acquisition foncière importante -, les acquis en matière de
conservation de la nature sont précieux. Mais face aux
convoitises et aux pressions diverses, ils restent insuffi-
sants et parfois fragiles. Aussi le souvenir de Robert
MALLET ne peut-il que nous encourager à les consolider.
A nous tous de poursuivre l'action engagée. Soyons des
“conservateurs du futur".

Thierry RIGAUX
Amiens, le 15 février 2003.

AVIFAUNE REPRODUCTRICE DES FALAISES

HAUT-NORMAN DES ET PICARD ES

Valeur patrimoniale et distribution spatiale
Par Thierry RIGAUX

 

Alors que le premier dénombrement exhaustif des oiseaux
des falaises haut-normandes fut réalisé dès 1988 par le
Groupe Ornithologique Normand (Debout, 1988), l'avifaune
des falaises de Haute-Normandie et de Picardie fait l'objet
d'une attention particulièrement soutenue depuis quelques
années. Des recensements globaux sont en effet effectués
annuellement d'une part depuis 1998 à l'échelle de la cen-
taine de kilomètres des falaises haut-normandes
(subdivisées en secteurs et sous-secteurs de quelques
kilomètres répertoriés individuellement) et d'autre part
depuis 1996 sur les 6 kilomètres de falaises picardes, pour
lesquelles on dispose aussi de précisions sur la répartition
des oiseaux.

Le présent article vise, pour un cortège d'espèces circons-
crit, à valoriser les suivis de terrain et les bilans dressés
dernièrement, pour les années 1998 à 2000 en particulier,
par le Groupe Ornithologique Normand, l'association
Picardie Nature et le Groupe Ornithologique Picard en
réalisant une représentation cartographique des don-

nées recueillies et en cherchant à en tirer quelques

\

 n enseignements. Les cartes produites permettent

également de présenter de façon accessible les

 _ grands traits du peuplement étudié et de sa dis-
J‘ tribution spatiale.

Celui-ci comprend une sélection d'espèces
caractéristiques des falaises et suffisamment
bien connues pour autoriser des bilans à
l'échelle du territoire inter-régional et pour
permettre commentaires et interpré-
tations éventuels.

ll s'agit des espèces suivantes : Fulmar

Ë _ boréal Fulmarus glacialis, Grand Cormoran
lf" Phalacrocorax carbo, Cormoran huppé
 Phalacrocorax aristotelis, Goéland brun

Larus fuscus, Goéland argenté Larus

3 argentatus, Goéland marin Larus mari-

ée“... _ -" nus, Mouette tridactyle Rissa tridactyle et
‘ Faucon pèlerin Falco peregrinus.

Fulmar boréal

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Matériel et méthode

Les données utilisées pour les représentations cartogra-
phiques du présent article proviennent de recensements
effectués selon des méthodes relativement standardisées.
Elles sont donc comparables. Une prospection des diffé-
rents sous-secteurs (clairement définis, cf. carte 1) est
réalisée en un passage par des observateurs expérimentés
au cours du mois de mai à marée basse, à partir du platier
rocheux, tandis qu'un certain nombre de consignes sont
données aux observateurs afin de garantir le respect de
règles communes. Ainsi, à titre d'exemple, les goélands en
position d'incubation en des sites adéquats sont comptabi-
lisés comme nicheurs (probables) même si le nid n'est pas
directement visible.

La méthode adoptée permet de dénombrer de façon assez
exhaustive la plupart des espèces présentes tandis que,
pour le Fulmar boréal, espèce particulièrement difficile à
recenser (du fait de son comportement Cavernicole et de
l'occupation régulière de nombreux sites par des individus
non reproducteurs notamment), elle ne fournit que des indi-
ces relatifs d'abondance. La comparaison des résultats des
dénombrements effectués en 2000 en Picardie par F. Violet
selon une méthode précise mais lourde à mettre en oeuvre
avec les résultats obtenus par T. Rigaux sur le même terri-
toire constitue une démonstration parlante de ce que les
chiffres obtenus selon la méthode légère ne permettent pas
de cerner convenablement la valeur absolue de la popula-
tion reproductrice : 72 sites régulièrement occupés repérés
par le premier contre 27 sites repérés par le second
(Rigaux, 2000).

Cependant, la méthode d'étude utilisée par F. Violet sur le
secteur picard n'étant pas applicable en pratique à l'ensemble
du littoral haut-normand, car trop chronophage, ce sont les
données de la méthode légère qui, pour l'ensemble des
espèces (y compris le Fulmar), sont utilisées pour obtenir
une représentation cartographique cohérente de l'ensemble
du linéaire de falaises.

Résultats

On peut résumer les résultats obtenus par le tableau ci-

dessous (tableau 1) :

Espèces reproductrices dans POPULATIONS

les falaises haut-normandes (Période 19934000)

et picardes et inféodées Fourchette (*) Moyenne
ex_cluâlvelnent ou _ _ (estimations extrêmes)
pnncipalement aux milieux

littoraux

‘f le Grand Cormoran 478-573 535
* le Cormoran huppé 1-3 2

‘f le Fulmar boréal 133-486 314
* le Goéland bnin 16-52 34

* le Goéland argenté 6600-12000 10000
‘f le Goéland marin 18-38 30

* la Mouette tridactyle 715-1000 862
* le Faucon pèlerin 12-23 16

à 12-24 à 17
(si intégration couple cantonné
en Picardie depuis 1999)

Tableau 1 : Effectifs reproducteurs (en nombre de couples repro-
ducteurs ou cantonnés) d'un ensemble d'espèces représentatives
du peuplement avien des falaises haut-normandes et picardes au
cours de la période 1998-2000.

(*) d'après les données fournies parTriboulin (1998 à 2000), Violet
(1998 à 2000), Rigaux (2000), J-C Robert (comm. pers.)

Les cartes relatives aux effectifs et a la distribution des

différentes espèces complètent l'information fournie par le

tableau 1 :
- les cartes 2 et 3 présentent la variabilité spatiale de la
richesse du peuplement étudié en 1998 et 2000,
- les cartes 4, 5 et 6 présentent les indices kilométriques
d'abondance en 1998 et 2000 et les effectifs reproducteurs
en 2000 du Fulmar boréal : l'effectif reproducteur repré-
senté correspond au nombre de sites occupés par un
ou plusieurs oiseaux et repérés lors du passage unique
effectué,
- les cartes 7, 8 et 9 représentent les indices kilomé-
triques d’abondance en 1998 et 2000 et les effectifs
reproducteurs en 2000 du Goéland argenté,
- les cartes 10 et 11 les effectifs reproducteurs du Grand
Cormoran en 1998 et 2000,
- la carte 12 ceux du Cormoran huppé en 2000,
- les cartes 13 et 14 représentent les effectifs reproduc-
teurs du Goéland brun en 1998 et 2000,
- la carte 15 illustre la localisation et l'importance des
colonies de Mouette tridactyle en 2000,
- les cartes 16 et 17 sont relatives a la distribution des
couples nicheurs du Goéland marin en 1998 et 2000,
- la carte 18 présente les effectifs reproducteurs du
Faucon pèlerin en 2000 (estimation du nombre de couples
potentiellement reproducteurs).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numero spécial de Mvocette - 2003

Discussion

l - Importance patrimoniale des falaises haut-normandes
et picardes.

Les résultats obtenus a l'occasion de ces recensements
permettent de caractériser le peuplement avien actuel de
ces falaises, de le situer par rapport aux populations d'oi-
seaux marins reproducteurs de France métropolitaine
(grâce au recensement national effectué en 1997-1999 par
le GIS “Oiseaux marins", Cadiou et le GISOM, 1999) et de
souligner les espèces de haute valeur patrimoniale héber-
gées par les falaises haut-normandes et picardes (tableau 2).

Espèces reproductrices da.r1s Effectifs régionaux Effectifs U‘) Importance
les falaises haut-normandes moyens 98-2000 nationaux relative
et picardes et inféodé es métropolitains
exclusivement ou (u) : moyenne
pnncipal ement aux milieux des années 98
littoraux et 2000

3232-3276 16%
"‘le Grand Coiinoran 535 dont une

population

littorale de

1911-1915 28%
"‘le Cormoran huppé 2 6276-6405 E
‘le Goéland inaiin 30 (32) 3804-3863 <1“/în
"‘le Goéland brun 34 (38) 22680 ï
’°‘le Goéland ar enté 10000 (9960) "12 424 14%
* la 1r1ouette tridactyle S62 5082 17%
"‘ le Fulmar boréal 314 (405) 1076-1232 35%
*le Eaucon pèlerin l5 (16) 800-l000(*'“) 1% à 2%

à l7 (si intégration
couple cantonné
en Pic arche
depuis 1999 )

Tableau 2 : Appréciation de l'importance nationale relative des
populations reproductrices d'un ensemble d'espèces d'oiseaux
caractéristiques des falaises cauchoises et picardes.

(*) d'après Cadiou et le GISOM (1999)
(**) d'après R-J. Monneret (1999), Faucon pèlerin in Rocamora et
Yeatman-Berthelot (1999)

On retiendra en particulier que les falaises étudiées abri-
taient a la fin des années 1990 de l'ordre de 35 % de la
population nicheuse de Fulmars boréaux Fulmarus glacia-
lis de France métropolitaine, pas loin de 30% de la
population reproductrice des Grands Cormorans
Phalacrocorax carbo établis sur le littoral français métropo-
litain, environ 20% des effectifs reproducteurs de Mouettes
tridactyles Rissa tridactyle... tandis que les populations de
Goélands argentés Larus argentatus installées sur nos
falaises sont plus modestes au regard des populations
nationales (moins de 15% de l'effectif national).

Cette dernière espèce reste toutefois - et de loin - la plus
abondante sur nos falaises.

La présence désormais bien établie du Faucon pèlerin
Falco peregrinus sur le secteur d'étude mérite également
d'être soulignée avec 15 à 20 couples en 2000 après une
absence prolongée résultant des persécutions volontaires
puis de l'emploi des pesticides organochlorés en agriculture.
L'effectif estimé doit être utilisé avec précaution, la part rela-
tive des couples effectivement reproducteurs n'étant pas
connue précisément et des double-comptes n'étant pas
exclus localement.

Il - Variabilité spatiale du peuplement.

La représentation cartographique des résultats obtenus
permet de souligner l'hétérogénéité de leur distribution spa-
tiale : la plupart des espèces ne sont pas présentes partout
et leur abondance est très variable selon les secteurs. Le
calcul d'indices kilométriques d'abondance permet de pro-
céder à des comparaisons entre des sous-secteurs de
longueur inégale (correspondant aux unités de base de
recueil et de présentation de l'information dans les bilans
des recensements haut-normands) et souligne la force de
l'hétérogénéité signalée.

ll est fortement vraisemblable que la variabilité de la richesse
spécifique du peuplement ou de l'abondance des popula-
tions nicheuses selon les secteurs soit corrélée pour partie
a l'hétérogénéité morphologique des falaises : les caracté-
ristiques morphologiques de ces dernières, elles-mêmes
liées à leur géologie, conditionnent en effet fortement
l'abondance et la qualité des sites de reproduction poten-
tiels pour les oiseaux.

C'est ainsi que l'absence de Grands Cormorans ou du
Faucon pèlerin sur les falaises picardes (de Mers à Ault-
Onival, malgré les tentatives d'installations répétées de
cette dernière espèce relatées par J-C. Robert in Violet,
1999) peut être imputée à l'absence ou la rareté de sites
convenables pour l'installation des nids.

A contrario, la forte fissuration de la falaise et les cavités en
résultant sont bien mises à profit par le Fulmar boréal, en
particulier aux abords immédiats de la ville d'Ault.

D'autres approches (diachroniques) confortent l'hypothèse
de l'incidence de la morphologie de la falaise dans la défi-
nition de la capacité d'accueil de la portion de littoral
concernée vis a vis de certaines espèces : les fluctuations
d'abondance du Goéland argenté sur certains secteurs
peuvent être liées à des évènements particuliers, l'éboule-
ment de pans de falaises importants étant de nature à créer
des conditions propices à l'installation de nombreux cou-
ples en pied de falaise et à “doper" localement les effectifs
nicheurs (Rigaux, 2000).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Toutefois, comme le souligne G. le Guillou (comm. pers.),
l'impact global des éboulements de falaises sur leurs capa-
cités d'accueil vis-à-vis du Goéland argenté (et a plus forte
raison vis à vis des autres espèces ne s'installant pas sur
les éboulis du pied de falaise) n'est pas nécessairement
positif, l'écroulement pouvant conduire à la disparition de
sites de reproduction dans le tombant de la falaise, certains
sites n'apparaissant peut-être qu'avec la maturation de la
falaise.

CONCLUSION

Si le facteur géomorphologique apparaît important dans la
distribution et l'abondance des oiseaux, des incertitudes
subsistent quant a l'impact global du processus de recul de
la falaise, par éboulement soudain de pans entiers de
parois.

Il convient par ailleurs de garder à l'esprit que de multiples
autres facteurs limitants pourraient s'exprimer lorsque les
potentialités d'accueil physiques des falaises sont relative-
ment élevées : abondance de la nourriture en lien éventuel
avec la présence de décharges, hauteur des falaises,
dérangements divers, prédation... ll reste à les étudier plus
précisément. En particulier, l'abondance des ressources ali-
mentaires peut aussi conditionner la localisation et
l'importance des sites de reproduction : ainsi, la situation
des colonies de Grand Cormoran aux deux extrémités géo-
graphique du système, a proximité de la baie de Somme ou
de la baie de Seine n'est sans doute pas étrangère aux res-
sources alimentaires offertes par ces zones humides : en
1987, Debout écrivait déjà que la taille des colonies de
Grand Cormoran est contrôlée par la conjonction des pos-
sibilités d'installation des nids dans les falaises et de
l'abondance des zones de nourrissage (appréciée par le
calcul des superficies marines des fonds marins de moins
de 10 m disponibles dans un rayon de 30 à 50 kilomètres).

Enfin, la tranquillité des sites de reproduction est un facteur
de réussite de la reproduction qu'un dénombrement ponc-
tuel ne permet pas bien de cerner, ce qui justifie pleinement
la poursuite de suivis rapprochés de sites de référence.

Il en résulte aussi que, sur le plan patrimonial, il apparaît
souhaitable par exemple que le rétablissement du sentier
du littoral soit étudié en concertation avec des ornitholo-
gues de façon à épargner d'une fréquentation trop intense
les sites les plus exposés et les plus stratégiques pour les
oiseaux sensibles aux dérangements.

Des choix qui seront adoptés en la matière dépendra peut-
être le retour du Faucon pèlerin sur les falaises picardes,
toujours absent en tant que reproducteur depuis un demi-
siècle alors qu'il a largement reconquis les falaises
normandes, où son avenir dépendra aussi de l'évolution
des pressions de dérangement.

Pour poursuivre l'amélioration de la connaissance et de la
compréhension de l'utilisation des falaises haut-normandes
et picardes par les oiseaux, pour faciliter une valorisation
de ce littoral aussi respectueuse que possible de ces
richesses biologiques, la mise en place d'un observatoire
interrégional de l’avifaune - mobilisant les structures asso-
ciatives compétentes - pourrait s'avérer intéressante. Elle
pourrait s'intégrer dans la dynamique d'observation et d'ac-
tion plus large que devrait impulser l'observatoire du littoral
de la côte d’albâtre et de la côte picarde que les pouvoirs
publics sont sur le point d'installer. Dans ce cadre, des
améliorations au présent travail et des prolongements pour-
raient être apportés, aussi bien en terme de recueil de
l'information (accentuation de la standardisation de la col-
lecte des données...) qu'en termes de traitement : dans
cette logique, la mise en place et l'enrichissement théma-
tique d’un système d'information géographique sont sans
aucun doute un moyen de mieux tester certaines hypothè-
ses d'explication de la variabilité spatiale de la richesse
avifaunistiquè observée.

Enfin, il apparaît hautement souhaitable de poursuivre deux
modes complémentaires de suivi de l’avifaune des falaises
étudiées : des dénombrements à l'échelle de l'ensemble
des falaises haut-normandes et picardes d'une part, un
suivi rapproché de quelques sites d'autre part.

REMERCIEMENTS

Je tiens tout d'abord à souligner que ce travail de synthèse
n'aurait été aucunement possible sans la passion et l’inves-
tissement d'un ensemble d'ornithologues bénévoles (auteurs
des recensements de terrain) et sans le travail d'animation et
de coordination des associations les fédérant et valorisant
leur travail : le Groupe Ornithologique Normand, Picardie
Nature et le Groupe Ornithologique Picard. Je tiens, à ce
titre, à remercier en particulier Lionel Triboulin, Gilles Le
Guillou et Cyriaque Lethuillier qui m'ont fait bénéficier de leur
connaissance de l’avifaune des falaises cauchoises ainsi que
Florent Violet pour son éclairage sur la reproduction du
Fulmar boréal sur le littoral picard.

Pour le traitement informatique et cartographique des don-
nées, je remercie vivement Cédric Ansard, du Conseil
régional de Picardie, et Joëlle Désiré, du pôle cartogra-
phique de l'Université Picardie Jules Verne, pour leurs
contributions respectives, toutes deux déterminantes.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Ma reconnaissance va aussi a Bernard Cadiou (GIS
Oiseaux marins), à Gérard Debout (Président du Groupe
Ornithologique Normand) et à Thierry Vincent (Museum
National d’Histoire Naturelle du Havre) qui m'ont communi-
qué des informations ou des remarques précieuses.

PS du 6juiIIet 2002 : du nouveau sur les falaises picardes I
Comme le relate l'article de Jean-Claude ROBERT, en page
103, le Faucon pèlerin est enfin de retour sur les falaises
picardes...

BIBLIOGRAPHIE

CADlOU B. et le GISOM (1999) - Quatrième recensement
national des colonies d'oiseaux marins reproducteurs en
France métropolitaine 1997-1999. 1ère synthèse : bilan 1997-
1998, Direction de la Nature et des Paysages, contrat n°98/59.

DEBOUT G (1987) - Le Grand cormoran Phalacrocorax
carbo en Normandie. Alauda, 55 : 37-54.

DEBOUT G (1988) - Recensement des oiseaux marins
nicheurs (1987-1988). Le Cormoran, 6, 237-246.

RIGAUX T. (coord) et al. (2000) - Les oiseaux nicheurs des
falaises picardes au cours de la saison de reproduction
2000. L’Avocette 24 (1-2), pp 15-18.

ROCAMORA G. et YEATMAN-BERTHELOT D. (1999) -
Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges

et recherche de priorités. Populations. Tendances.
Menaces. Conservation. SEOF/LPO. Paris. 560p.

TRlBOULlN L. (coord) (1999) - Recensement des oiseaux
nicheurs des falaises du pays de Caux en 1999 - Mai 1999, 8p.

TRlBOULlN L. (coord) (2000) - Recensement des oiseaux
nicheurs des falaises du pays de Caux en 2000 - Mai 2000, 7p.

VIOLET F. (1998) - Recensement partiel 1998 des oiseaux
nicheurs et non nicheurs des falaises picardes. Avifaune
picarde, 6 : 97-102.

VIOLET F. (1999) - Recensement 1999 des oiseaux
nicheurs et non nicheurs des falaises picardes. Avifaune
picarde, 8 : 33-38.

VIOLET F. (2000) - Recensement 2000 des oiseaux
nicheurs des falaises picardes. Avifaune picarde, 9 : 67-71.

ÉTUDE D'UN PEUPLEMENT D'OISEAUX FIEPFIODUCTEURS
DES FALAISES HAUT-NORMANDES ET PICARDES

(fulmar boréal. grand cormoran, cormoran huppé, goélands argenté, brun et marin,
mouette tridactyle, faucon pèlerin)

LES SOUS-SECTEURS DWNVENTAIHE

DES OISEAUX NICHEURS DES FALAISES
HAUT-NORMANDES ET PICARDES

  
    
     
       
   
 

PIC _
m0 0.. 
à 30 / I Balade ÜISB
I“ 20 à}... -— le Tréport
A  ogrjell Plaghî
. _' rie-sm- er
_ / g Fefllï Cenrraie éfecrrique

iägârÀ Elelneval-Ie-Grarldœ Pana’

  

Lflgængfinflù ÎEiIfJIiJiiŸ ferries TŒErJSiDEÆIJCÏJS

flstesæxsæifi,

Vhuies-Ies-Floses

     
    
  
 
     
  
 

(î carte 1

 
   

040;‘. -  "° .
è LÉHOUVIIIG

o 50 
Hz Par? pérrofler du Ha vre-Anrifer
D 53g‘ 0 Cauville 0

I Dcleville

    

Ü I;-
m +1
delaHmre  _ -

Baie
dé.‘ Seine

     
 

RICHESSE SPÉCIFIQUE
ou PEUPLEMENT D'OISEAUX
ETUDIE EN 199e

  
  
   
   
   

    
    

Baie
de SÜJTEME

I-TÎE-

 

RICHESSE SPÉCIFIQUE
ou PEUPLEMENT D'OISEAUX
ETUDIE EN 2000

en-Caux

Richesse spécifique
du peuptement
d'oiseaux

par sous-secteur :

"-4 DJŒ-bŒhJ-I

   

 LE HÀVFIE Légende commune

aux cartes 2 et 3

    

GærtasJ. Désiré. momie de Picards miss bbms. däpràs synthèse d'5 Thiisny fiigaux

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

 
 
 
 
 

FULMAFI BORÉAL °""°"

INDICE KILOMÉTRIQUE
UABONDANCE

en 1998 et en 2000
(Cartes 4 et 5)

‘Ëe

  
 

IKA :
Indice kilométrique
d'abondance
(nomma de sires
occupés
par Idiomètrs)

 
 
      
   
 
  

IKA
{n}

 
  
 

  

sous-secteur
d'inventaire

 
    

Légende commune
aux canes 4 et 5

  
 
 

EFFECTIF FIEPRODUCTEUR
en 2000 (Carte 6)

  

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de /’Avocette o 2003

  
 
 
 
 
  
 
 
  

GOÉLAND ARGENTÉ °"'° 7

INDICE
KILOMÉTFIIQUE
DUABONDANCE
en 1998 et en 2000
(Cartes 7 et 8)

IKA :

Indice kilométrique
däbondanoe
par sous-secteur (n)
(nombre de coupies
par kilomètre)

a ‘s’ â ë Ë Ë â ä Ë
IIIIIÏIIIIIIIII|l|l|||||t||E|l||||IÏIIÏIIIIIILIIII

sous-secteur
cfinvantalre

Légende commune
aux canes 7 et 8

EFFECTIF
REPRODUCTEUFI
en 2000 (Carte 9)

Typasdesltes:
2 Pemesduhaut

_ äîääm
Ü Parois vertlœles
l Pentes herbuas

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de /’Avocette o 2003

GRAND COFIMORAN t carte 1°

(Cartes 10et 11)

EFFECTIF
REPRODUCTEUR
en 1998

(Carte 10)

Effectif
reproducteur

par sous-secteur :
nombre de couples

(n)
200

5D
10
i”

Légende commune
aux carres f0, f ‘f, ‘f2

 

EFFECTIF
REPRODUCTEUR
en 2000

(Carte 11)

  

CORMORAN HUPPÉ
(Carte 12)

EFFECTIF
FIEPRODUCTEUFI
en 2000

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de /’Avocette o 2003

Carte ‘I3

GOÉLAND BRUN

(Cartes 13, 14)

  

EFFECTIF
REPRODUCTEUR
en 1998

(Carte 13)

 

EFFECTIF
HEPRODUCTEUR
en 2000

(Carte 14)

wqî

MOUETTE TRIDACTYLE
(Carte 15)

EFFECTIF
REPRODUCTEUR
en 2000

(D40) 553

-
‘HK

Oiseaux et phoques de |a baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de /’Avocette - 2003

GOÉLAND MARIN _ °"‘° “*
(Cartes 16,17)

  

EFFECTIF
FIEPRODUCTEUFI
en 1998

(Carte 16)

"k

aux carres f6 et f?

 

EFFECTIF
REPRODUCTEUR
en 2000

(Carte 17)

-
1.4K

FAUCON PÈLERIN
(Carte 18)

EFFECTIF
FIEPFIODUCTEUFI
en 2000

n. K

 

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de /’Avocette o 2003

SYNTHESE ORNITHOLOGIQUE 2000-2001 DE LA STATION
D'EPURATION PAR LAGUNAGE DE QUEND ET FORT-MAHON,

COMMUNES LITFORALES DE PICARDIE (SOMME)
Par Thierry RIGAUX

 

INTRODUCTION

Deux synthèses couvrant au total la période s'étendant de
septembre 1996 à décembre 1999 ont déjà été consacrées
a la station d’épuration de Quend et Fort-Mahon, située à
environ 1 kilomètre au sud de la baie d’Authie et à l'est de
Fort-Mahon (Rigaux, 1998 et 2000). Elles ont permis de
situer l'intérêt ornithologique de cet espace localisé sur une
grande voie migratoire et offrant à la fois des ressources ali-
mentaires et une quiétude remarquables aux oiseaux
d'eau. Il est apparu notamment que les capacités d'accueil
du site continuaient a évoluer d'année en année, probable-
ment du fait de sa “maturation” et de la fidélité d'une partie
des oiseaux le fréquentant. Dès lors, la poursuite du suivi
du site apparaissait très opportune : c'est ce qui a été
entrepris.

Le présent travail rend compte du suivi réalisé tout au long
des années 2000 et 2001. Les observations relatées ont
trait aux Palmipèdes, aux Laridés, aux Echassiers et aux
Rallidés, quelques données étant également fournies sur
les Rapaces et les Passereaux observés sur les site ou
dans sa périphérie.

l - Matériel et méthode.

Les recensements ont été effectués depuis la périphérie du
site au moins deux fois par mois, sauf en janvier et février
2001, avec des jumelles Zeiss 10x40 et une longue vue
Optolyth 80 mm équipée d'un oculaire grossissant 30 fois.
Des visites plus fréquentes et plus approfondies ont été
réalisées autant que possible lorsque la période concernée
s'avérait particulièrement intéressante.

Les observations ont été réalisées par l'auteur, mis à part
les quelques recensements effectués par Michael Guerville
qui ont permis d'améliorer le suivi du site.

Compte-tenu des conditions d'observation qui n'étaient pas
toujours optimales, les effectifs recensés doivent être consi-
dérés comme des minima, l'ensemble des oiseaux n'étant
pas toujours décelable. La répétition de visites au cours
d'un même mois ou des observations prolongées permet-
tent toutefois de réduire le risque de sous-estimation des
oiseaux. Par ailleurs, pour certaines espèces d'oiseaux
(tels que les Cygnes tuberculés Cygnus olor), le risque de
sous-estimation est nul ou faible car ils sont facilement
dénombrables a chaque visite, ou presque.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numero spécial de Mvocette - 2003

N'ayant pas la capacité de produire des données significa-
tives par décade tout au long de l'année et pour l'ensemble
des espèces, je n'ai présenté dans cette synthèse que les
maxima mensuels observés, ce qui n'empêchera pas d'au-
très exploitations des données à des pas de temps plus fins
(décades, par exemple) pour des espèces et des périodes
pour lesquelles les données sont significatives.

Au total, 88 visites ont été faites, réparties comme suit :

Le tableau montre que, pour chacune des deux années
considérées, tous les mois ont fait l'objet d'au moins une
observation avec, sur la globalité de la période 2000-2001,
une pression d'observation minimale de janvier a mars, en
juin puis d'octobre à décembre.

Les mois d'avril et mai puis de juillet à septembre sont les
mieux suivis eu égard à l'importance des évolutions des
stationnements déjà notée à ces époques lors des années
précédentes.

Il - Résultats et commentaires.

Nous adopterons une présentation des différentes espèces
observées en suivant un ordre systématique. Des
remarques particulières relatives à l'exploitation du site par
ces espèces ou à la reproduction seront parfois formulées
lorsqu'elles remettront en cause ou préciseront le statut
précédemment établi (Rigaux, 1998 & 2000). Puis un bilan
résumera les informations majeures apportées par le suivi
ornithologique du site réalisé en 2000 et en 2001.

A) Liste commentée des espèces d’oiseaux d'eau
notées sur le site.

Sauf mention contraire, les tableaux de données fournis ci-
après indiquent les effectifs maximaux pour chacun des
mois.

Nombre visites 1 | 11 |111 1v v | v1
2000 2 4 3 6 6 2
21101 1 1 2 3 6 3
16m1 3 5 5 9 12 5 _
VII VIII j 1x j x XI XII ITotal_

3 3 6 3 4 2 44
5 9 6 2 3 4 _ 45
s 12 12 5 7 6 s9

- Plongeon catmarin Gavia stellata

1 individu le 17 mars 2001. C'est la deuxième fois que
l'espèce est observée sur le site depuis avril 1996, après
celle du 17 décembre 1998). Elle reste donc exceptionnelle
sur le site.

° Grèbe huppé Podiceps cristatus

1 11 111 I\! 1! îrï
2000_ - 1 _ 4 5 2 2
2001 - 1 3 2 3 5

vu ‘VH1 1x X XI xn
2000 3 3 10 8 1 -
2001_ 9 3 _ 5 3 2 1

L'espèce est peu abondante quelle que soit la période de
l'année, avec un minimum hivernal et un maximum dejuillet
a début octobre.

Un peu plus abondant que les années antérieures et obs-
ervé tout au long de l'année, le Grèbe huppé reste présent
en quantité très modeste.

- Grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis

1 11 | IH | 1v'j ‘V 10
2000 1 1 6 2 - 1
2001 — — 3 2 _ 1 7
101 \HH| IX | X:| 20 zxn
2000 24 20 20 34 15 2
2001 30 68 89 10 13 3

L'espèce est extrêmement peu abondante en hiver, voire
absente. Ses effectifs les plus importants sont notés en
août-septembre 2001 (effectif record de 89 ind. le 23 sep-
tembre 2001) mais croissent nettement dès juillet et
peuvent se maintenir élevés jusque début octobre : 34 le 4
octobre 2000.

- Grèbe à cou noir Podiceps nigricollis

I ÏI III IV V VI
2000 2 - 9 l 8 l4 l4
2001 5 3 l 7 22 5 l9
VII VIII IX X XI XI]
2000 15 l9 l 8 20 20 1 l

2001 28 49 30 34 36 3

La fréquentation du site par le Grèbe à cou noir est forte,
avec un net minimum hivernal (décembre à février) et une
abondance maximale de juin à novembre.

En 2001, après un maximum de 22 individus enregistré le 22
avril, l'effectif chute à 5 ind. le 6 mai, puis à 2 ind. les 8 et 12
mai. Cet exode se prolonge jusque la mi-juin (1 ind. le 14)
mais le 25 de ce mois, 19 oiseaux sont de retour.

Leur abondance ne cesse d'augmenter ensuite jusque fin
août (49 ind. le 26), avant de se stabiliser autour de 30 à 35

ind. jusque début novembre. Au cours de ce mois, les effec-
tifs chutent et tombent a 3 ind. en décembre.

Grèbe à cou noir

 

IV V Vl Vll Vlll IX X XI Xll

La chute des effectifs observée au cours du mois de mai est
probablement attribuable à la recherche infructueuse de
sites de reproduction favorables, le site du lagunage ne
permettant pas pour l'instant l’installation de nids. L'espèce
a d'ailleurs trouvé des sites de nidification a proximité
(basse vallée de l'Authie : observations personnelles et de
Michael Guerville ; marais dunaires de Merlimont (62) :
Frantz Veillé, comm. pers.) en raison de l'importance des
zones inondées suites aux circonstances météorologiques
et hydrologiques exceptionnelles de cette année.

En septembre et octobre, les groupes d’oiseaux observés
sur le lagunage comptent des juvéniles.

   

Grèbe a‘ cou noir

- Grand Cormoran Phalacrocorax carbo

Toutes les observations mentionnées concernent des
oiseaux présents au sein du site, les passages de groupes
rejoignant la baie, la mer ou le site d'Arry (colonie repro-
ductrice et dortoir) n’étant pas comptabilisés ici.

A l'intérieur du site, les oiseaux sont observés posés sur les
berges, au repos.

1 n IH Iv v‘ VI
2000 15 2 7 24
2001 — 2 6 3 _
|\nI wqn IX | Xil X1 ixn
2000 22 5 3 20 4

2001 - 14 12 - - 4

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Grand Cormoran

30 =
25
20
15
10

Ë-mlll. ÏHL

| I1 ||l IV V VI VIIVIII IX X X1 XII

2000"
I 2001 _

Le site n’est pas utilisé pour l'alimentation et n’offre pas une
importance stratégique pour l'espèce qui y trouve principa-
lement une zone de repli momentané, par exemple lors de
forts coefficients de marée l'amenant à quitter les reposoirs
du poulier sableux de la baie d’Authie.

- Aigrette garzette Egretta garzette

La présence de l'espèce au sein du site n’est qu’occasion-
nelle (1 le 23 août 2000 en bordure d’une des deux mares, 1
les 2 et 8 décembre 2001 s’envolant du fossé ceinturant le
site). La nourriture disponible pour l'espèce est donc vrai-
semblablement très réduite. En revanche, elle survole
régulièrement le site lorsque les oiseaux exploitant la baie
d'Authie et sa périphérie rejoignent le dortoir du Parc orni-
thologique du Marquenterre : par exemple, 50 ind. rejoignent
le nord de la baie de Somme le soir du 9 août 2001.

- Grande Aigrette Egretta alba
Comme par le passé, seul le survol du site a été noté, et ce
à une seule occasion : 2 ind. le 23 août 2000.

- Héron cendré Ardea cinerea

Nous n'avons jamais vu plus de 3 oiseaux simultanément
au sein du site au cours des deux années, dont les mares
et les fossés sont exploités occasionnellement.

- Cigogne noire Ciconia nigra

Trois observations de cette espèce transitant régulièrement
par la plaine maritime picarde concernent des oiseaux en
vol au dessus du site ou de ses abords immédiats. Elles ont
toutes été réalisées en 2000 : 2 ind. le 27 août, 1 juv. le 3
septembre, 1 ind. le 23 septembre en vol vers l’Est.

- Cigogne blanche Ciconia ciconia
Deux observations en mai d’ oiseaux survolant le lagunage :
1 le 21 mai 2000, 2 le 8 mai 2001.

- Spatule blanche Platalea leucorodia

Une observation lors du passage pré-nuptial (1 ad. en plu-
mage nuptial au repos sur une berge le 27 février 2000)
pour trois observations lors du passage post-nuptial : 5 en
vol le 23 août 2000, 1 au repos sur berge le 1er août 2001,
1 en vol Nord le 23 septembre 2001.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

- Cygne tuberculé Cygnus olor

1 11 111 1V V V1
2000 l8 12 4 13 _ 1 16 1 12
2001 - - 7 4 58 55
V11 V111 1X X X1 X11
2000 208 195 76 19 7 5
2001 246 260 47 11 6 9

Cygne tuberculé

 

300
250
200 _

2000
15° _. 2001 _
1 00

ŒI:—I=—_

SÜÎËÎ-
OÜIF|_ _|'|__. _

| Il ||l IV V VI VII VJII IX X XI XI]

La phénologie des stationnements est conforme dans les
grandes lignes à celle observée les autres années : le site,
presque déserté l'hiver, est très prisé au printemps et en été.
On note toutefois que l'effectif a moins augmenté en mai-
juin 2001 que les autres années : les effectifs mensuels
maximaux enregistrés pour la période 1997-2000 se mon-
tent respectivement à 95 ind. pour mai (58 pour 2001) et
129 en juin (55 pour 2001). Ce décalage net et consécutif
sur 2 mois n’est pas imputable a un déficit de prospection
en 2001, année bien suivie.

Il provient très probablement des circonstances hydrolo-
giques de l’année 2001 qui ont conduit à l’inondation
prolongée de vastes secteurs de vallées, tels que la basse
vallée de l’Authie où des stationnements exceptionnels ont
alors été notés : 81 le 25 mai, 72 le 13 juin, selon Michael
Guerville (comm. pers.).

L'effectif maximal, record absolu pour le site d'après les
données en notre possession, est noté le 18 août 2001
avec 260 individus.

Cygne tuberculé

- Cygne noir Cygnus atratus
Cette espèce exotique est observée en juillet 2000 (3 le 2
juillet) et du 14 avril au 23 septembre 2001 (1 ind.).

- Oie cendrée Anser anser

L'individu observé a quatre reprises du 23 janvier au 11 mars
2000 pourrait être un individu échappé d'un élevage, à
moins qu'il ne s'agisse d'un oiseau blessé.

- Ouette d’Egypte Alopochen aegyptiacus

Une seule observation de cette espèce exotique dont des
populations férales existent aux Pays-Bas : 3 ind. le 12
janvier 2001.

- Bernache à cou roux Branta ruficollis

Un individu de cette espèce est noté en 2001 le 29 avril par
P. Decory puis le 6 mai par T. Rigaux : ces données, éven-
tuellement attribuables a un individu échappé de captivité,
ont été validées par le Comité d’Homologation National.

- Tadorne de Belon Tadorna tadorna

I II III IV V VÏ
2000 310 280 95 290_165 100

350
300
250
200
1 50
1 00

50

2000
I 2001

  

 

Il lIl IV V VI VllVlll IX X XI XII

L’effectif maximal est noté entre janvier et avril avec la
“réappropriation” du site par les candidats à la reproduction.
En 2000 et 2001, le site est encore fortement utilisé par
l'espèce pour assurer l'élevage des jeunes.

En 2000, les premiers pulli sont notés le 14 mai : 2 couples
avec 12 et 2 pulli. Le 19 juin, 47 pulli sont comptés. Ils sont
80 le 24 de ce mois. Les premiers jeunes volants sont notés
le 28 juillet mais à cette date, les premiers pulli notés (s'ils
ont survécu) devaient être volants depuis un mois environ.

En 2001, aucun poussin n'est encore observé le 4 juin et les
premières observations de pulli datent du 14 juin :4 couples
sont observés avec 24 pulli au total. L’effectif maximal de
poussins observé atteint 57 (le 25 juin), 2 adultes accompa-
gnés de 33 juvéniles étant encore observés le 9 août.

Dès le cours du mois de juillet, les effectifs d'adultes fon-
dent (en relation avec la migration de mue) : il ne reste que
quelques individus en août, accompagnés de jeunes.

- Canard siffleur Anas penelope

| 1 j 11 111 1V V V1
2000 1 - 1 1 - -
2001 4 2 - - - -

V11 V111 1x x x1 x11

2000 - - 8 15 9 22
2001 _ _ _ - 1 12 7 1

Il est surtout noté lors du passage prénuptial mais toujours
en tout petit nombre.

- Canard colvert Anas platyrhynchos

Espèce non suivie régulièrement en raison de la présence
au sein des groupes observés d’un grand nombre d'indivi-
dus de phénotypes atypiques, le Colvert n’est jamais
abondant sur le site : ce dernier ne doit pas satisfaire
convenablement ses exigences écologiques.

- Canard chipeau Anas strepera

2001 - 45 320 290 150 6? 1 11 111 1V V V1

V11 V111 1x x x1 x11 2000 10 19 2? 21 6 11

2000 110 45 14 2 _ 3 70 2001 - 12 24 10 2 12

2001 51 35 13 1 26 53 V11 V111 1x x x1 x11
2000 11 12 4 8 8 17 j
Tadome de Belon 2001 6 7 - 2 5 5 j

Canard chipeau

 

I ll lIl IV V VI VlIVlIl lX X XI XII

La reproduction est à nouveau notée sur le site et peut donc
être considérée comme régulière. En revanche, elle n'a
concerné qu’un couple pour chacune des deux années
considérées (contre 3 en 1999) : en 2000, 1 femelle avec
9 pulli le 24 juin et avec 8 juvéniles le 28 juillet ; en 2001, 1
femelle avec 11 pulli les 14 et 25 juin puis avec 6 juvéniles
les 14 juillet et 3 août.

- Canard pilet Anas acuta

1 11 111 1V V V1
2000 1 7 25 s — — j
2001 - - 30 - - j
V11 VIII 1x x1 x11

2000 - 6 3 2 —

2001 - 1 2 - - j

‘J1

mxjxo

[x3

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

C’est essentiellement lors du passage pré-nuptial que le
site est utilisé. Les haltes migratoires post-nuptiales ne
concernent qu’un nombre très restreint d'individus et sem-
blent peu prolongées.

- Canard souchet Anas clypeata

I II III IV V VI
2000 2 79 128 148 9 4
2001 95 46 72 163 9 15

VII VIII 1X X XI XII
2000 30 97 530 360 280 340
2001 145 210 670 715 560 470

Canard souchet

800
700
600

500 2000
400

300 l 2001

200
1 00

O _l_hl I l-Âq

I Il lll IV V VI VllVIll lX X XI Xll

Cette espèce pourra donner lieu ultérieurement à une note
ou un article tant la création du lagunage lui a été favorable
et a contribué à changer son statut - ou tout au moins,
l’importance de ses stationnements - en plaine maritime
picarde.

Les effectifs maximaux sont atteints en début d’automne
mais, en 2000 comme en 2001, des effectifs importants se
maintiennent à l'entrée de l'hiver : 340 le 23 décembre
2000, 470 le 8 décembre 2001, avant de décliner fortement
ensuite.

Le point faible de la situation réside dans l'absence de toute
observation de reproduction, vraisemblablement imputable
à l'absence de végétation sur les berges des bassins que la
présence des deux mares périphériques, a la ceinture ripa-
riale bien développée, ne parvient à compenser.

- Sarcelle d’hiver Anas crecca

I Il III 1V V VI
2000 16 4 8 40 41 l -

2001 12 25 - 38 — — l
| VII VIII 1x x x1 x11

2000 - 1 4 5 :17 52

2001 — - 5 8 8 61 j

Les effectifs restent modestes quelle que soit la saison
mais un hivernage est toutefois bien installé, le site servant
(au minimum) de remise diurne.

- Sarcelle d’été Anas querquedula

1 11 111 IV v I v1
2000 - - - 5 6 -
2001 - - - 2 1 _
V11 V111 1x x x1 x11
2000 4 3 — — — —
2001 - 1 - - - _ -

La fréquentation du lagunage est restée marginale, comme
à l'accoutumée.

- Nette rousse Netta rufina

L'espèce, rare en Picardie, à été observée à trois reprises :
1 femelle adulte du 1er au 25 décembre 2000, 1 mâle en
plumage nuptial le 17 mars 2001, 1 femelle/juv. le 29 juillet
2001.

- Fuligule milouin Aythya ferina

I II III IV V VI

2000 320 145 I I4 4 4 9

2001 158 198 145 I2 4 13

VII VIII l IX X X XII

2000 34 8 40 130 240 min 110
2001 20 21 45 55 400 min 250

NB : Les effectifs de décembre 2000 et 2001 sont des minima.

Fuligule milouin

450 -
400
350
300

250 1:1 2000"
200 l 2001
150

100
50

I ll lIl IV V VI Vll Vlll IX X XI Xll

L'importance relative, pour la plaine maritime picarde, de la
présence hivernale de l'espèce se confirme. La fonction
précise du site vis à vis de l'espèce reste à préciser : s'agit-
il avant tout d'une remise diurne, ou le site est-il exploité la
nuit par une partie importante des effectifs observés le
jour ? N'ayant pas vu de départs d'oiseaux vers des sites
périphériques a la tombée du jour, je pense que le site
constitue également un lieu d'alimentation essentiel.
L'activité de recherche alimentaire observée à quelques
reprises chez les oiseaux en fin de journée plaide égale-
ment en faveur de cette hypothèse.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette o 2003

- Fuligule morillon Aythya fuligula

1 11 111 1V | V V1
2000 25 35 50 20 10 20
2001 — 30 24 17 19 24
V11 V111 1x x | x1 x11

2000 24 14 25 _ 34 _ 25 14
2001 l6 7 7 _ 3 _26 l6

Fuligule morillon

60
50

2000
n 2001 _

20
10

I Il |I| IV V VI VIIVIII IX X XI XII

Un effectif record de 50 oiseaux a été observé le 11 mars
2000. La présence de l'espèce tout au long de l'année se
confirme, avec des effectifs anormalement faibles d'août à
octobre 2001.

Pour la troisième année consécutive, aucune reproduction
n'a été notée.

- Fuligule milouinan Aythya mari/a

Deux observations : 9 ind. le 9 janvier 2000 (aucun mâle

adulte), 1 femelle/imm. le 17 novembre 2001 (M. Guerville)

- Garrot à œil d'or Bucephala clangula

1 11 111 1V V | VI
2000 — 5 1 _ - - _ -
2001 - 3 1 1 - -
V11 V111 1x x x1 | x11
2000 - - - 1 3 2
2001 - - - - - 4

Les dates extrêmes d'observation sont le 4 octobre 2000 et
le 13 avril 2001. L'abondance maximale est atteinte le 5
février 2000 avec 5 ind.

- Macreuse noire Melanitta nigra

l Il lll IV
2000 - - 1 1 - -
2001 - - - - 2 -
V11 V111 1X X X1 I X11
2000 — - - - - -
2001 - - - - - -

On peut attribuer les 4 observations réalisées entre le 23
mars et le 12 mai à la migration prénuptiale, mais les 3 don-
nées recueillies en 1999 concernaient exclusivement la
période hivernale.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l n Numéro spécial de Mvocette - 2003

Quelle que soit la cause de l'apparition sur le site de cette
espèce inféodée au milieu marin en hiver, sa présence est
anecdotique.

- Erismature rousse Oxyura jamaicensis

Notée entre le 4 octobre et le 26 décembre 2001 : 2 cou-
ples le 4 octobre, 3 ind. le 21 de ce mois, 2 ind. le 1er
novembre, 1 femelle les 2 et 16 décembre, 1 ind. le 26
décembre.

La présence de cette espèce a été signalée à quelques repri-
ses aux techniciens de l’Office National de la Chasse et de
la Faune Sauvage afin qu'ils tentent d'éliminer les oiseaux
dans la cadre du programme de sauvegarde de l’Erismature
à tête blanche Oxyura leucocephala, menacée par les
risques d'hybridation avec sa cousine nord-américaine.

- Gallinule poule d’eau Gallinula chloropus
La reproduction est notée sur le site le 27 mai 2000 :3 pulli

sur la mare sud-ouest.

- Foulque macroule Fulica atra

|111111l1VVlV1

2000_ 880 965 515 _ 185 50 _ 260
2001 1200 500 450 40 45 440

|V11 V111 1x l x x1 1x11

2000 930 1820 2320 1850 1450 1190

2000 _ 1550 2350 2200_ 650 710 _ 820

Foulque macroule

:2000
I2001

1 i1-

IV V V1 VII VIII IX X XI Xll

Nous n'avons noté la reproduction de l'espèce ni en 2000
ni en 2001.

Des records d'abondance ont été battus le 6 septembre 2000
avec environ 2 300 ind. et le 18 août 2001 avec 2 850 ind.
Après ce pic d'abondance estival, les stationnements
automnaux ne se sont pas maintenus en 2001 à un niveau
aussi élevé qu'en 2000 : il ne restait qu'environ 750
oiseaux le 28 septembre 2001 (contre environ 1 300 au
minimum fin septembre 2000) et les effectifs mensuels
enregistrés en octobre, novembre et décembre sont moins
importants en 2001 qu'en 2000.

Cette baisse relative des effectifs peut-elle être mise en rela-
tion avec l'importance exceptionnelle et la précocité des
stationnements de l'été 2001, lesquelles auraient conduit à

une exploitation intense des ressources alimentaires et à
une limitation de leur disponibilité pour les mois automnaux ?
Ce n'est pas évident car l'alimentation estivale s'effectue de
façon très prédominante sur les plans d'eau et non pas sur
les berges exploitées par la suite.

Le suivi global du site effectué n'a pas permis d'accorder
une attention suffisante à la date précise de démarrage de
l'exploitation de la végétation des berges par les Foulques.
Naturellement, les interactions avec d'autres espèces her-
bivores, telles que le Cygne tuberculé, mériteraient d'être
étudiées de plus près.

Enfin, il me semble raisonnable d’avancer comme hypothè-
se principale d'explication de l'abondance estivale
exceptionnelle des Foulques les circonstances hydrolo-
giques non moins exceptionnelles du printemps 2001, qui
ont certes conduit à la destruction probable de nichées
mais qui - plus encore, à mon avis - ont permis à de nom-
breuses Foulques de s'installer en des lieux habituellement
secs et de s'y reproduire avec succès.

Les effectifs records de Foulques observés en juin en
basse vallée de l’Authie (270 ind. le 5 juin, par exemple,
Michael Guerville, comm. pers.) en sont une illustration.
Après la reproduction, l’exondation progressive des zones
investies par les Foulques a contraint les oiseaux à trouver
d'autres milieux de vie, tels que le lagunage.

- Huîtrier pie Haematopus ostra/egus
1 11 111 Iv v V1 |

2000 - - 2 4 3 -
2001 - - - - - 2

l V11 l V111 I 1X X X1 l X11 |
2000 _ — — - — —
2001 - — — - - -

Aucun cantonnement n'a été observé.

- Echasse blanche Himantopus himantopus

1 11 111 1V V V1
2000 - — - - 4 10
2001 - - — — — —
V11 V111 1X X X1 X11
_ 2000 _ 3 6 _ 2 - - -
2001 - 10 - _ — —

En 2000, au minimum 4 couples se sont installés au sein du
lagunage et y ont établi leurs nids : 4 couveurs sont notés le
19 juin en bordure d'un des bassins à la faveur de l'abaisse-
ment de son niveau d'eau qui a fait apparaître un habitat
apparemment propice à la nidification. Le 24 juin, il y a tou-
jours au moins 7 adultes d’Echasse mais nous constatons
que tous les nids ont été submergés par une brusque éléva-
tion du niveau d'eau du bassin. Cette élévation, de plusieurs
dizaines de centimètres, ne peut pas être imputée à la météo-
rologie. Un couple d’Echasse a semble t'il réussi à donner

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l I ‘ Numéro spécial de Mvocette o 2003

des jeunes puisque que le 24 juin, parmi les 7 oiseaux obser-
vés, 2 adultes alarmaient au dessus d'une des mares du site.
La catastrophe intervenue dans la tentative de reproduction
des Echasses a concerné aussi les Avocettes élégantes avec
lesquelles elles s'étaient établies (cf. infra).

Le 27 juillet, les 6 individus observés sont 2 adultes et 4 juvé-
niles. Le 2 septembre, les 2 oiseaux observés sont des
juvéniles. En 2001, aucune tentative de reproduction sur le
site n'est notée : les oiseaux observés en juillet doivent venir
des bas-champs voisins où l'espèce niche (obs. pers).

- Avocette élégante Recurvirostra avocefta

1 11 111 j 1V j V V1
2000 - - - 14 8 30
2001 - — 2 13 - 4
V11 V111 1X l X l X1 X11
2000 5 - - - l6 3
2001 - - - - - 1

Comme pour l'Echasse blanche, le site a été davantage
exploité en 2000 qu'en 2001.

Lors de l’année 2000, les 14 oiseaux observés le 16 avril
sont excités : ils crient abondamment, se poursuivent...

Le 19 juin, je découvre 14 nids avec des couveurs le long
des berges du même bassin que celui utilisé par les
Echasses. Le 24, ils ont été inondés par la brusque éléva-
tion du bassin citée plus haut : la tentative de reproduction
a échoué.

- Grand Gravelot Charadrius hiaticula

Une seule mention d'un oiseau posé au sein du site le 23
août 2000. Les deux autres observations concernent le sur-
vol du site par un individu le 20 février 2000 et le 17
septembre 2000.

- Petit Gravelot Charadrius dubius

   

1Î11 1111vjvjV1
2000 1 2 _ 1_

|V11|V111|1X X |X1|X11
2000i - l - l -

Aucun cantonnement n'a été observé au cours des années
2000 et 2001 et, en 2001, l'espèce n'a même pas été
notée...

- Gravelot à collier interrompu Charadrius alexandrinus
Aucune observation de cette espèce n'a été effectuée au
cours de ces deux années. Le site ne lui est plus favorable
depuis la mise en eau complète des bassins.

- Pluvier doré Pluvialis apricaria

Le regroupement hivernal sur le site des Pluviers dorés, en
provenance des labours ou des prairies voisines, a pris des
dimensions importantes en janvier et février 2000, avec un
maximum de 1 200 ind. le 20 février, et en décembre 2001
(520 ind. le 2 décembre). Les oiseaux sont généralement
en compagnie de Vanneaux huppés.

Le site semble jouer un rôle de refuge, où les oiseaux peu-
vent s’adonner en toute quiétude à des activités de confort.
Des fluctuations d’abondance peuvent donc être notées
d'une sortie à l’autre (520 ind. le 2 décembre 2001, aucun
oiseau les 8 et 16 de ce mois) sans qu’il faille les imputer
nécessairement à des mouvements de grande ampleur. La
quiétude variable rencontrée par les oiseaux sur leurs lieux
d’alimentation peut expliquer ces fluctuations.

- Vanneau huppé Vanellus Vanellus

I II III IV V VÏ
2000 '1'00_ 600 250 60 3 _ -

2001 500 - 450 - - - | 1 11 111 1V V V1
V11 | V111 1x x x1 | x11 2000 - - 25 15 5 -

2000 80 130 950 1550 200 600 2001 25 - 3 - 4 -
2001 80 660 1100 220 400 450 1v11 V111 1X X X1 X11
2000 3 6 3 1 - -

Le Vanneau huppé exploite le site selon des modalités voi- 2001 ' _ ' 19 8 ' _ _ _

sines des modes d’exploitation du lagunage par le Pluvier
doré. Les effectifs importants sont atteints plus tôt en saison,
avec un record de 660 ind. pour le mois d'août (18/8/2001),
de 1 100 ind. pour le mois de septembre (5/9/2001) et de
1 550 pour le mois d’octobre (14/10/2000).

- Bécasseau variable Calidris alpina

1 11111 1111v
12000 3001110 2 —

l
_ l
2001 4 - 11 - 1 - -
1 V11 V111 1x x 1 x1 x11 _
2000 ' - - - - 1 20 25
2001 ' - - 2 - 1 - s

Un hivernage important a été noté en début d'année 2000
avec un maximum de 300 individus. Cette abondance ne
s’est pas reproduite lors de l’hiver 2000/2001, ni en fin
d'année 2001.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l Numéro spécial de Mvocette - 2003

- Bécasseau minute Calidris minutus

1 11 111 1V v V1 l I1 III 1V V V1
2000 300 1200 200 - - - 2000 8 3 1 — - -
2001 - - 380 - - - 2001 - - - - - -
V11 V111 1x x x1 x11 1 V11 I V111 1x x x1 x11
2000 - - - 3 - - _ 2000 1 - - - 1 -
2001 - 70 10 120 250 520 _ 2001 - - 26 — - -

On retiendra l'hivernage observé en début d’année 2000
avec un maximum de 8 ind. et le pic d’abondance noté le
23 septembre 2001 :26 ind.

NB : La présence d’un ind. en décembre 2001 est proba-
ble mais ne peut être certifiée, les conditions d'observation
n'ayant pas été suffisamment bonnes.

- Bécasseau de Temminck Calidris temminckii

L'observation de 4 ind. le 7 mai 2001 est assez remarquable,
même si cette espèce discrète est sans doute plus régulière
et plus abondante sur la côte picarde qu’il n'y paraît. Ainsi,
en dehors du Hâble d'Ault et du Parc Ornithologique, les
petits chenaux disséquant les molllières du fond de la baie
de Somme entre le Crotoy et St-Valery semblent, par exemple,
accueillir régulièrement l’espèce, d'après les observations
réalisées en 2000 et 2001 (Jérôme Mouton, comm. pers.).

- Combattant varié Philomachus pugnax

La donnée hivernale de 25 ind. le 12 janvier 2001 est digne
d'intérêt, l'espèce étant peu notée en hiver. Les autres don-
nées correspondent aux périodes habituelles de migration
pré et post nuptiales.

- Courlis cendré Numenius arquata
Le site n’est pas fréquenté par l’espèce. Seuls 3 oiseaux

survolant le site le 27 août 2001 sont notés.

- Courlis corlieu Numenius phaeopus

I II III 1V 1 V V1
2000 - - - I 136 _ 20 _ -
2001 - - - 12 45 _
V11 V111 1X X | XI X11
2000 - - - - - -
2001 — — — — — -

L'espèce n’a été notée que lors du passage prénuptial.
L'effectif de 136 ind. observé le 30 avril 2000 représente un
record d'abondance. Les gagnages principaux de l'espèce

a cette époque de |’année sont constitués en grande partie
par les prairies permanentes de la plaine maritime, lesquelles
continuent à se raréfier.

- Barge à queue noire Limosa limosa

1 11 111 1V V V1
2000 — 4 s 3 3 -
2001 - - _ - 25 1 -

V11 V111 1x x x1 x11
2000 — - _ 1 - _ - _ -
2001 _ 5 - - — -

Notée principalement, mais toujours en petit nombre, lors
du passage pré-nuptial.

- Barge rousse Limosa laponica

1 11
2000 - | -
2001 - | -

2000 -|-
2001-|_-  -

Seule la migration pré-nuptiale est perçue. La donnée de 105
oiseaux s’alimentant sur un secteur enherbé, enregistrée le
6 mai 2001, est remarquable. L'espèce n'est en effet obser-
vée que très rarement sur le site, auquel elle préfère
largement les espaces intertidaux voisins de la baie d’Authie.

- Chevalier gambette Tringa totanus

1 11 111 1V | V V1
2000 - - 1 11 | 4 -
2001 - - - 15 | 45 -
V11 V111 1x x j x1 x11
2000 5 3 3 - |_ 3 -
2001 30 11 - - | - -

La fréquentation du site est très marginale au regard de
l’utilisation des espaces estuariens voisins. Le 3 septemb-
re 2000, les 3 ind. observés sont tous blessés aux pattes...

° Chevalier arlequin Tringa erythropus

|1|11111|1V V V1
]
8

j2000 - - - | 2
I2001 - — - | 1
jV11|V111 1x] x x1 x11
j 2000 _ — _ 3 - _|
2001 — 1 - |

Les deux migrations sont perçues, celle du printemps étant
mieux notée, conformément au statut régional connu de
l'espèce. Record d'abondance pour le site le 8 avril 2001
avec 8 ind.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l a Numéro spécial de Mvocette o 2003

- Chevalier aboyeur Tringa nebularia

1 11 | 111 | 1V V V1
2000 - - - 5 4 -
2001 - — - 2 3 1
V11 V111 1x x x1 x11
2000 1 6 - - - -
2001 - 2 - - - -

Comme pour le Chevalier gambette, les effectifs restent
modestes au regard des flux d'oiseaux transitant par la côte
picarde.

- Chevalier sylvain Tringa glareola

| 1 11 111 1V V V1
2000 _ - _ - - 1 - -
2001 - - - - - -
| V11 V111 1x x x1 x11
2000 _ 2 _ 2 - - - -
2001 1 12 - - — -

L'effectif record de 12 ind. enregistré le 4 septembre 1999
est égalé le 12 août 2001.

- Chevalier guignette Actis hypoleucos

1 11 111 1V
2000 1 1 1 9
2001 - 1 - 2
V11 V111| 1x x x1 x11
1
2

V
l0
1

2000 35 25_4 1 1
2001 10 15 1 1 4

Surtout noté lors du passage post-nuptial avec un effectif
record de 35 individus le 28 juillet 2001. L’hivernage noté en
2000/2001, probablement complet malgré l'absence d’ob-
servation en janvier, mérite d’être souligné.

- Chevalier culblanc Tringa ochropus

1 11 | 111 j 1V V V1
2000 - — _ - _ 2 - 9
2001 - — - 1 - 1
V11 V111 | 1x l x x1 x11
2000 4 14 _ - _ 1 - -
2001 3 29 3 - 1 -

Noté en avril et de juin a novembre, avec un maximum
d'abondance de la mi-juin a fin août: effectif maximal de 29
ind. le 27 août 2001.

- Bécassine des marais Gallinago gallinago

Encore plus abondante qu'en 1999, année pour laquelle
nous avions déjà souligné la relative abondance de l'espè-
ce au regard des années précédentes.

l Il 111 1V V V1
2000 15 5 3 - - -
8 4

200 1

V11 V111 1X X XI X11
1

2000 - 2 l 0 68 20
200 l - 20 l — l l 0 3

L'effectif record de 110 individus noté le 17 novembre 2001 a
pu être enregistré grâce au passage d'un Busard Saint-Martin
ayant provoqué leur envol (Michael Guerville, comm. pers.).

- Bécassine sourde Lymnocryptes minimus

Une seule observation, la première sur le site depuis 1996,
à ma connaissance : 1 ind. s'envole au passage d'un
Busard Saint-Martin le 17 novembre 2001 (Michael
Guerville, comm. pers.)

- Tournepierre à collier Arenaria interpres
1 le 8 mai 2001 (Michael Guerville, comm. pers.)

- Phalarope à bec étroit
Belles observations de juvéniles en fin d'été 2001 : 1 juv. le
24 août, 3 juv. le 22 septembre, 2 juv. le 23 septembre.

- Mouette mélanocéphale Larus melanocephalus

2 imm. survolent le site le 21 mai 2000 alors qu'une petite
colonie est installée au parc ornithologique du
Marquenterre (Philippe Carruette, comm. pers.).

- Mouette pygmée Larus minutus

C'est à nouveau en été (juillet et août) qu'ont été notés des
comportements d'alimentation active de groupes entiers
d'oiseaux, picorant à la surface de l'eau.

- Goéland cendré Larus canus

| 1 11 111 IV V V1
2000 _ - 1 - 16 - -
2001 - — - 1 - -
.. . 1 V11 .. V111. 1X.  X1 X11
2000 — - 340 130 - -
2001 - - - - - -

Présence irrégulière sur le site. Les groupes notés en sep-
tembre et octobre 2000 étaient inactifs.

- Goéland argenté Larus argentatus

..   1... .11... 1.1.1. ...1.\.’  ..V.1..
_ 2000 _ 300 - - 410 450 -
2001 - - - 210 - -

 

La présence de l'espèce sur le site est irrégulière. Le très
grand groupe noté le 1er novembre 2000 a du se réfugier
sur le lagunage suite à la conjonction de la marée haute et
d'un vent fort.

- Goéland marin Larus marinus

 

2001 - 9 4 _ l - -

Le passage pré-nuptial est bien noté en avril 2000 avec un
maximum de 230 ind. le 8 (dont 10% de “1ère année" ou
“en seconde année calendrier") et en avril-mai 2001 avec
un maximum de 105 oiseaux le 1er mai.

- Mouette rieuse Larus ridibundus

| 1 11 111 1V V V1
2000 _ - _ - - 600 150 7
2001 - - 20 - - -
V11 V111 1x x x1 x11
2000 300 440 400 240 - :10

200] 20 1320 - - - -
Même si l'espèce n'a pas été dénombrée à chaque sortie
avec précision, les données recueillies en 2000 et 2001
confirment à nouveau qu'elle est surtout abondante au prin-
temps et en été.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l E l Numéro spécial de Mvocette - 2003

1 11 111 | 1V V V1 2000 15 - - 9 - -
2000 - — - 230 9 3 2001 - - - - - -
2001 - - 11 65 10' - V11 V111 IXj X I X1 X11
V11 V111 1x | X x1 x11 2000 _ — — 1 240 -
2000 4 - - - - - 2001 - - - - - -

La conjonction de la marée haute et de la force du vent
signalée ci-dessus est probablement à l'origine de l'afflux
remarquable de l'espèce notée le 1er novembre 2000.

- Goéland brun Larus fuscus

1 11|111|1VV V1

2000 - - _ - _ 3 - -
2001 - - 9 - - -

V11 V111 | 1X | X X1 X11
2000 — 12 _ 1 _ - - -
2001 - - _ - _ - - -

Noté lors des deux passages migratoires.

- Sterne pierregarin Sterna hirundo

Une donnée exceptionnelle (pour le site) et isolée de 75
ind. le 28 juillet 2000, en pleine période migratoire de
l'espèce. Les oiseaux survolaient les bassins mais il est
incertain qu'ils y aient trouvé pitance : ils n'ont en tout cas
pas séjourné durablement.

- Guifette noire Chlidonias niger

1 11 111 IV v v1
2000 - — - — 42 -
2001 - - - 1 3 -

V11 V111 1x x x1 x11

_ 2000 1 9 1s 1 — —

2001 - 7 55 2 - -

Maximum d'abondance classique lors du passage post-
nuptial, avec un maximum en septembre.

La donnée de 42 ind. le 6 mai 2000 (Michael Guerville,
comm. pers.) est digne d'intérêt.

- Guifette leucoptère Chlidonias leucopterus
Encore une observation de cette espèce rare dans notre
région : 1 adulte en mue le 27 juillet 2001.

NB : Deux observations de cette espèce inhabituelle dans
notre région ont été signalées par Rigaux (2000) pour l'année
1999 : conformément aux indications du tableau produit
dans le bilan, les 2 ind. observés simultanément en 1999
ont été vus en août (le 25) et non en juillet, comme écrit
dans le texte. L'observation de septembre 1999 a été faite
le 16. Ces deux données intéressantes avaient été
recueillies par Michael Guerville.

On signalera, à titre indicatif, les quelques observations
complémentaires suivantes :

- Flamant rouge Phoenicopterus ruber ruber

1 ind. de cette sous-espèce américaine du Flamant rose
Phoenicopterus ruber noté du 13 octobre au 8 décembre
2001. Il s’agit selon toute vraisemblance d'un échappé de
captivité.

- Martin pêcheur Alcedo athis

1 ind. les 17 novembre et 30 décembre 2001.
Pour les Rapaces :

- Busard des roseaux Circus aeruginosus

1 juv. les 18 et 19 août 2001, 1 juv. le 22 septembre 2001,
1 ind. le 16 décembre au SE du site.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l a Numéro spécial de Mvocette - 2003

- Busard Saint-Martin Circus cyaneus
1M le 17 novembre 2001.

- Chouette chevêche Athene noctua

Elle est parfois notée en périphérie du site, en particulier
dans les haies d'ormes morts : par exemple, 1 le 21 octobre
2001. Le maintien d'un îlot de vieux saules régulièrement
entretenu au sud-est du site est probablement stratégique
pour sa sauvegarde.

Pour les Passereaux :

- Hirondelle de rivage Riparia riparia
400 se nourrissent au dessus des bassins le 7 juillet 2001.

- Hypola'1's ictérine Hippolais icterina
1 chanteur de cette espèce dans une haie périphérique au
lagunage le 14 juin 2001.

- Fauvette babillarde Sylvia curruca
1 chanteur de cette espèce, bien représentée sur la côte
picarde, le 13 avril 2001.

B) Bilan sur les informations majeures apportées par le
suivi ornithologique du site en 2000 et 2001.

Le suivi de la station de lagunage réalisé en 2000 et 2001 a
permis de confirmer iimportance des potentialités d'accueil
du site vis à vis de nombreuses espèces d'oiseaux d'eau.
L'estivage de Cygnes tuberculés a encore dépassé l’impor-
tance notée les années précédentes avec environ 250
individus en juillet et en août 2001. Il en est de même pour
les stationnements estivaux records de Foulques qui ont
atteint 2 850 ind. comptés le 18 août 2001.

Lors des migrations pré et post-nuptiales, un grand nombre
d'espèces de Limicoles a pu être relevé mais leur abondance
est en général limitée. On retiendra toutefois de nouvelles
observation du Phalarope à bec étroit (jusqu'à 3 juvéniles
simultanément), le lagunage apparaissant comme un bon
“spot" pour l'observation de l'espèce.

Lors du passage post-nuptial, l'attractivité du site vis à vis
du Canard souchet s'est traduite par des stationnements
tout a fait remarquables (cumul avec le Parc Ornithologique
du Marquenterre de 835 ind. le 5 septembre 2001 ; record
sur le seul lagunage de 715 ind. le 20 octobre 2001) et qui
font désormais de la côte picarde une zone de halte migra-
toire et même d'hivernage d'importance pour l'espèce.

Le site a par ailleurs confirmé son importance, a l'échelle de
la plaine maritime picarde, pour l'hivernage du Fuligule
milouin tandis qu'une diversité élevée d'espèces d'Anatidés a
pu être observée comportant des espèces aussi variées que
le Garrot à œil d'or, la Macreuse noire ou la Nette rousse.

A noter aussi la présence préoccupante de l'Erismature
rousse, pour laquelle la France doit essayer d'établir un
cordon sanitaire entre l'Espagne et la Grande Bretagne ou
les Pays-Bas, où existent désormais de véritables popula-
tions férales qui représentent une menace pour les
populations espagnoles d'Erismature à tête blanche
Oxyura leucocephala du fait des risques d'hybridation.

En matière de nidification, l'évolution des capacités d'accueil
du site est moins enthousiasmante. Si le Canard chipeau
s'est encore reproduit en 2000 et 2001, un seul couple a été
repéré... tandis que le Fuligule morillon n'a pas niché.
L'abondance exceptionnelle de Grèbes à cou noir observée
au printemps et en été, est restée à nouveau sans suites en
terme de reproduction, sans doute du fait de l'absence per-
sistante de sites de nidification adéquats.

La faisabilité d'aménagements reste donc à étudier plus
que jamais.

CONCLUSION

L'intérêt et les potentialités du site en matière d'accueil
d'oiseaux d'eau en toutes saisons sont confirmées.
L'opportunité de la réalisation d'un certain nombre d'amé-
nagements est de plus en plus nettement établie.

ll ne semble pas indispensable en revanche, contrairement à
ce que les données recueillies en 1999 pouvaient suggérer,
d‘établir un périmètre de protection du site où la chasse serait
prohibée dès lors que celle-ci respecte bien la réserve que
représente le lagunage. Il a en effet été possible d'observer
en 2000 et 2001 une poursuite des stationnements de
Canards souchets au delà de l'ouverture de la chasse en
plaine. Un tel périmètre pourrait être bénéfique cependant.

ll serait intéressant de développer sur le site des suivis des
ressources alimentaires pour mieux comprendre l'évolution
des effectifs d'oiseaux observée car le site constitue un remar-
quable laboratoire potentiel pour l'étude des oiseaux d'eau.

ll serait aussi vivement souhaitable que soit étudiée de
façon approfondie la faisabilité de l'implantation de ceintures
de végétation autour de certains bassins ou, tout au moins,
le long de certaines portions de leurs périmètres. De l'im-
plantation d'une végétation ripariale dépend sans doute
très largement l'expression des potentialités des bassins
vis de la reproduction d'espèces d'Anatidés telles que le
Fuligule morillon ou le Canard souchet et du Grèbe a cou
noir, qui pourrait aussi tirer parti de l'installation de radeaux,
si celle-ci s'avérait faisable.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l Numéro spécial de Mvocette - 2003

L'installation de radeaux pourrait permettre l'implantation
d'une colonie de Mouette rieuse, laquelle pourrait assurer
une défense naturelle des couvées et des nichées
d'Anatidés et d'autres espèces susceptibles de se reproduire
sur le site.

REMERCIEMENTS

Je remercie Michael Guerville pour les observations qu'il a
bien voulu me transmettre et Jean-Baptiste Mouronval, de
l'office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, pour
les appréciations qu'il m'a communiquées au sujet de
certaines potentialités du site.

Merci aussi à la brigade d'Abbeville de l'office National de
la Chasse et de la Faune Sauvage d'avoir pris en considé-
ration les observations d'Erismature rousse qui ont été
portées a sa connaissance.

Merci enfin au Syndicat Intercommunal de Quend/Fort-
Mahon qui avait manifesté son intérêt pour le démarrage du
suivi ornithologique du site au cours de la décennie passée.

BIBLIOGRAPHIE

RIGAUX T. (1998) - Première synthèse sur l'intérêt ornitho-
logique de la station d'épuration des eaux usées de Quend
et Fort-Mahon, communes littorales de Picardie (Somme).
L’Avocette n° 22 (1-2), pp 2-9.

RIGAUX T. (2000) - Synthèse ornithologique 1999 de la sta-
tion d'épuration des eaux usées de Quend et Fort-Mahon,

communes littorales de Picardie (Somme). L’Avocette n° 24
(1-2), pp 36-44.

BILAN DU RECENSEMENT INTERNATIONAL DES OISEAUX D'EAU

 

DE LA MI-JANVIER 2002 EN PLAINE MARITIME PICARDE

Par Thierry RIGA UX

Dans le cadre du recensement international d'oiseaux
d’eau de la mi-janvier 2002, des dénombrements concertés
ont été organisés sur |’ensemb|e de la plaine maritime.
Celle-ci, avec les baies de Somme et d’Authie en particu-
lier, constitue le principal site d’hivernage de Picardie pour
de multiples espèces d'oiseaux d’eau.

Le bilan qui suit présente les principes de recensement
employés, les résultats obtenus ainsi que quelques com-
mentaires sur les effectifs atteints pour certaines espèces
et quelques observations générales.

l - Méthodologie.

Compte tenu de la mobilité potentielle de certaines espèces
d’oiseaux entre différentes localités de la plaine maritime
(hâble d'Ault, basse vallée de la Somme, baie de Somme,
parc ornithologique du Marquenterre, baie d’Authie, laguna-
ge de Fort-Mahon...), des dénombrements simultanés sur les
principaux sites ont été organisés pour le recensement des
espèces susceptibles de se déplacer d’un site à un autre.

La très grande majorité des prospections a eu lieu les 12 et
13 janvier 2002. Schématiquement, lajournée du 12 janvier
a permis de comptabiliser |’ensemb|e des Limicoles grâce a
un dénombrement simultané des oiseaux du Domaine
Public Maritime de la réserve naturelle de la baie de
Somme, du parc ornithologique du Marquenterre et de la
baie d’Authie. Au cours de cette même journée, des don-
nées complémentaires ont été obtenues sur le reste de la
baie de Somme, le hâble d’Ault, la façade maritime entre
les baies de Somme et d’Authie, le lagunage de Fort-
Mahon, les basses vallées de la Somme et de I’Authie.

Des observations complémentaires sont obtenues le 13
janvier, en particulier pour les bas-champs de Cayeux et la
façade maritime sud.

Compte tenu de la faiblesse programmée des coefficients
des marées de ces 2 jours, un recensement anticipé des
Tadornes de Belon a été effectué le 2 janvier en baie de
Somme, suivi, en fin de mois, d'un nouveau dénombrement
(le mercredi 30 janvier). Ce dernier n’ayant pu se dérouler
dans des conditions suffisamment bonnes, le chiffre présen-
té dans le présent bilan est celui obtenu le 2 janvier, date à
laquelle les conditions de comptage rencontrées se sont
avérées les meilleures, soit 8000 individus pour |’ensemb|e
Baie de Somme / Parc Ornithologique du Marquenterre.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l Numero special de Mvocette - 2003

Par ailleurs, le 13 janvier 2002, une marche en bord de mer
est réalisée de la baie de Canche (62) à la baie d’Authie
(62/80). Nous verrons qu’un de ses résultats est particuliè-
rement intéressant.

Les observateurs ayant pris part a ces dénombrements
sont les suivants :

Vincent Bawedin, Aurore Boussemart, Philippe Carruette,
Xavier Commecy, Patrick Decory, Vincent Delcourt, Louis-
Alexandre Dietz, Stéphanie Flipo, Laurent Gavory, Michael
Guerville, Sébastien Maillier, Patrice et Jocelyne Lenne,
Thierry Rigaux.

Il - Résultats.

lls peuvent être résumés dans les tableaux joints en
annexes.

Ill - Commentaires.

Préambule : pour interpréter les résultats obtenus, il
convient de noter que le recensement est intervenu en pleine
vague de froid, commencée dès la mi décembre et donc
prolongée. Un article spécifique (Carruette & Rigaux, 2002),
présenté dans cet ouvrage, en relate les conséquences sur
les Aigrettes (Egretta alba et Egretta garzetta) et Hérons
garde-boeufs (Bulbucus ibis) hivernant sur le littoral et
fournit quelques précisions sur les caractéristiques de cette
vague de froid.

En l’absence d'un bilan des résultats des recensements de
la mi-janvier a l’échelle de la plaine maritime sur une pério-
de pluri-annuelle récente, nous pourrons utiliser, comme
source de comparaison des effectifs recensés à la mi-jan-
vier 2002, les résultats de l'année 2001 et - pour les
espèces dont l’essentiel des effectifs est localisé, au moins
à certains moments du cycle tidal ou nycthéméral au sein
de la réserve naturelle de la baie de Somme - la moyenne
des maxima enregistrés chaque année au mois de janvier
fournies par Sueur & Triplet (2000) pour cette réserve, pour
la période 1996-2000.

Cette moyenne des maxima de janvier est fournie a titre
indicatif sachant que les données de la mi-janvier 2002
(comme celles de 2001) ont davantage vocation a être
comparées a celles obtenues a la mi-janvier plutôt qu’à des
maxima obtenus au cours de mois.

A) Commentaires spécifiques :
Chaque espèce est présentée comme suit :

- Nom de l'espèce (effectif IW 2002leffectif IW 2001/moyenne
des maxima de janvier calculée pour la période 1996-2000
ou 1997-2000 selon Sueur &Triplet, 2000)

Lorsque, pour une espèce donnée, les chiffres fournis pour
la réserve par Sueur et Triplet (op. cit.) ne sont pas compa-
rables aux chiffres obtenus pour la plaine maritime (parce
que celle-ci présente d'autres sites d’accueil importants
pour l'espèce que la seule réserve), cette référence sera
dite “sans objet”. Lorsque la référence n'existe pas, elle
sera mentionnée comme suit “ - 

Ceci fournit le bilan commenté suivant :

- Plongeon catmarin Gavia stellata (45l298l-)

L'effectif relativement modeste enregistré ne doit pas être
interprété comme rendant compte d'une faible abondance
“régionale”. Le lendemain du dénombrement de |’espèce au
nord de la baie de Somme, soit le 13 janvier, M. Guerville
(comm. pers.) comptait 397 individus entre les baies
d'Authie et de Canche, la plupart (330) en face du Touquet
(Pas-de-Calais). Compte tenu des mouvements de quelque
ampleur pouvant être notés chez cette espèce, son recen-
sement global doit être aussi simultané que possible à
l'échelle interrégionale.

° Grand Cormoran Phalacrocorax carbo (373l388/sans objet)
L'effectif est quasiment identique à celui obtenu en 2001.
L'accès aux résultats nationaux permettra de voir si cette
stabilité s'inscrit ou non dans une tendance nationale de
l'espèce à la stabilisation de ses effectifs.

- Butor étoilé Botaurus stellaris (2l0l-)

Les chiffres ne sont pas significatifs : |’espèce, inféodée
aux roselières, ne peut être recensé convenablement à l'oc-
casion des dénombrements des oiseaux d'eau de milieux
ouverts.

- Bihoreau gris Nycticorax nycticorax (3/0l-)
L'hivernage du Bihoreau, exceptionnel en Picardie, a été
noté au parc ornithologique du Marquenterre.

- Héron garde-bœuf Bulbucus ibis (0l60l-)

L'effet de la vague de froid est particulièrement marqué
pour cette espèce qui a déserté les lieux lorsqu'elle n'a pas
subi de mortalité sur place. Carruette & Rigaux (2002)
détaillent son impact dans un article de ce numéro spécial
de l'Avocette.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l n Numéro spécial de Mvocette - 2003

- Aigrette garzette Egretta garzetta (51l417l-)
Même remarque que pour |’espèce précédente.

- Grande Aigrette Ardea alba (11l16l-)

Même remarque que pour l'espèce précédente, même si
cette espèce apparaît moins vulnérable aux coups de froid,
comme la baisse limitée de ces effectifs tend à le montrer.

- Cygne tubercule Cygnus olor (190l218lsans objet)
Stabilité relative par rapport à 2001. Les bas-champs de
cayeux sont le bastion hivernal de l'espèce au sein de la
plaine maritime, suivis par la basse vallée de la Somme et
le marais du Crotoy.

- Oie cendrée Anser anser (264l219l146)

La population hivernante, essentiellement issue des reproduc-
teurs locaux, est localisée uniquement au sein du parc
ornithologique du Marquenterre, où elle poursuit sa croissance.

- Tadorne de Belon Tadorna tadorna (9718l11314lsans objet)
A l'échelle de l'ensemble du littoral picard, les effectifs
comptés en 2002 sont en retrait de plus de 15 % par rap-
port à ceux de 2001.

Pour la baie de Somme, l’effectif compté en 2002 est de
8 160 individus, contre 9 500 en 2001.

Un certain déclin de l'espèce pourrait être engagé, en rela-
tion avec l'évolution sédimentologique de la baie de
Somme. Il conviendra d’examiner cette question de plus
près en comparant l'évolution observée localement à celle
constatée à l'échelle des côtes atlantiques de la France et
d'Europe occidentale.

- Canard siffleur Anas penelope (621/219/319)

L'effectif relativement important noté cette année est à rap-
procher de la vague de froid, selon P. Carruette (comm.
pers.) qui note la concomitance de l'augmentation des
effectifs avec les rigueurs climatiques de l’hiver.

- Canard chipeau Anas strepera (42l139l49)
L'effectif recensé en 2002 est modeste.

- Sarcelle d'hiver Anas crecca (1090l1607l590)

L'effectif de la mi-janvier 2002 se situe nettement au dessus
de l'effectif moyen obtenu pour la période 1996/2000 mais
est en retrait par rapport à l'abondance exceptionnelle
notée en 2001.

- Canard pilet Anas acuta (2565/2187/1223)

L'effectif recensé en 2002 surpasse celui de 2001, déjà
exceptionnel, et se situe en conséquence bien au delà de
l'effectif moyen de la période 1996-2000. L'explication de
cette situation pourrait résider de la conjonction des efforts
accomplis depuis de multiples années au parc ornithologique

pour améliorer les capacités d'accueil du site et d'une situa-
tion hydrologique favorable au cours des hivers 2000/2001
puis 2001/2002 : les inondations ou hauts niveaux d'eau
ont pu “mettre en service" des gagnages nocturnes encore
épargnés par la chasse de nuit. En particulier, la basse val-
lée de l’Authie, qui s'est révélée attractive pour l'espèce en
y accueillant des effectifs diurnes importants après la fer-
meture de la chasse (J. Mouton, M. Guerville, comm. pers.
et obs. pers.), pourrait avoir été utilisée au coeur de l'hiver.

- Canard souchet Anas clypeata (212/504/146*)

L'effectif moyen de 146 obtenu pour la période 1996-2000
par Sueur & Triplet est relatif à la réserve naturelle, c'est a
dire, pour cette espèce, au parc ornithologique du
Marquenterre. En fait, depuis la mise en fonction de la sta-
tion de lagunage de Fort-Mahon, un nouveau site de halte
migratoire et d'hivernage complémentaire au parc est
apparu (Rigaux, 1998, 2000). Des échanges intervenant
entre les deux sites, l'unité pertinente de suivi de cette
espèce doit, en hiver, comprendre au minimum le parc et le
lagunage (auquel il conviendrait de rajouter, dans l'idéal, les
bassins de décantation de Grand Laviers).

La comparaison des effectifs obtenus à l'échelle de la glo-
balité de la plaine maritime picarde en 2001 et 2002 montre
une baisse sensible a mettre en relation avec la vague de
froid : ainsi, le 8 décembre 2001, le lagunage de Fort-
Mahon accueille 470 Canards souchets dont 280
spécimens sont encore présents le 26 de ce mois ; le 12
janvier, ils n'y sont plus que 99 (obs. personnelles).

- Fuligule milouin Aythya ferina (174/437/sans objet)
Espèce peu abondante en général en plaine maritime picar-
de et dont les effectifs ont encore été réduits par la vague
de froid du fait du gel de nombreux plans d'eau.

- Fuligule morillon Aythya fuligula (84/145/sans objet)
Même remarque que pour l'espèce précédente.

- Fuligule milouinan Aythya mari/a (28/6/sans objet)
L'observation d'un groupe de 28 individus de cette espèce
en mer, en face de Quend-plage est tout à fait inhabituelle.

- Eider à duvet Somateria mollissima (322/331/sans objet)
Les effectifs comptés sont remarquablement voisins de
ceux notés en 2001.

- Harelde boréale Clangula hyemalis (1/0/sans objet)
L'oiseau observé était au parc ornithologique du Marquenterre.

- Garrot a œil d'or Bucephala clangula (7/2/sans objet)
Les oiseaux étaient répartis comme suit : 3 au parc ornitho-
logique, 3 au lagunage de Fort-Mahon et 1 au Hâble d'Ault.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde l n Numéro spécial de Mvocette - 2003

- Erismature rousse Oxyura jamaicensis (1/0/sans objet)
Cette espèce est désormais régulièrement notée. Un pro-
gramme d'éradication de l'Erismature rousse, d'origine
nord-américaine, a été enclenché afin de préserver les
populations d'Erismature à tête blanche Oxyura leucoce-
phala des risques d'hybridation.

- Foulque macroule Fulica atra (2346/2893/sans objet)
Trois sites (parc ornithologique, hâble d'Ault et lagunage de
Fort-Mahon) accueillaient à eux-seuls de l'ordre de 2 000
individus.

- Huîtrier pie Haematopus ostralegus (7950/10200/sans objet)
L'effectif compté en plaine maritime est en retrait sensible
par rapport a 2001 : la vague de froid n'a pas conduit à un
gonflement des effectifs.

L'effectif compté en baie de Somme à la mi janvier 2002
(6 600) est modeste au regard de la moyenne des maxima
fournis par Sueur & Triplet (2000) pour la période 1997-
2000, a savoir 8 875 individus. On remarquera toutefois
que les effectifs fournis par ces auteurs portent sur les
oiseaux comptés à marée haute en réserve naturelle et
comptabilisent par conséquent, lors de certains dénombre-
ments, les oiseaux de la réserve Authie-Somme et de la
baie d'Authie qui rejoignent fréquemment (mais pas systé-
matiquement) la baie de Somme à marée haute. Les
effectifs comptés à marée haute en réserve naturelle de
baie de Somme fournissent donc, en général, une estima-
tion par excès de la capacité effective d'accueil de la baie
de Somme.

 

Huîtrier pie

- Avocette élégante Recurvirostra avosetta (60/79/sans objet)
57 des 60 individus ont été notés au “bassin de chasse" du
Crotoy.

- Grand Gravelot Charadrius hiaticula (86/0/-)

L'importance (relative) de l'effectif compté constitue un
record d’abondance absolu pour l'espèce pour cette saison.
Compte tenu des espaces fréquentés l'hiver par le Grand
Gravelot, il n’est pas totalement exclu qu’i| ait pu passer
inaperçu en 2001. Sur les 86 individus notés, 77 ont été
observés au Crotoy près de 2 heures après la marée haute
alors qu'ils n'avaient pas été notés sur les reposoirs de
marée haute traditionnels.

- Gravelot a collier interrompu Charadrius alexandrinus
(5/0/sans objet)
La présence hivernale de 5 individus est tout à fait remarquable.

- Pluvier argenté Pluvialis squatarola (404/250/408)
L'effectif compté en janvier 2002 pourrait s’inscrire dans la
tendance à l'augmentation signalée par Sueur et Triplet
(opt. cit.) pour la période 1976-2000.

- Pluvier doré Pluvialis apricaria (560/113/-)
Tous les individus ont été vus rassemblés au lagunage de
Fort-Mahon qui sert de refuge.

- Bécasseau maubèche Calidris canutus (30/185/-)
L'hivernage de cette espèce est régulièrement faible sur le
littoral picard : l’espèce était particulièrement peu abon-
dante a la mi-janvier.

- Bécasseau sanderling Calidris alba (71/170/-)

Le cas de cette espèce est intéressant. La faiblesse du
résultat obtenu pourrait ne pas refléter la réelle abondance
de cet oiseau sur le littoral picard. En effet, le jour du
dénombrement concerté, celui-ci n'a été compté en nomb-
re ni en baie de Somme (41 ind.), ni en baie d'Authie (30
ind.), ni en baie de Canche (Michael Guerville et Gilbert
Terrasse, comm. pers.). Pourtant, à l’occasion d'un parcours
pédestre le long de la mer de la baie de Canche à la baie
d'Authie effectué le 13 janvier (soit le lendemain du dénom-
brement concerté), M. Guerville parvient à compter 740
Bécasseaux sanderlings. Et à marée haute, ces oiseaux se
trouvaient encore sur les plages malgré leur fréquentation
assez soutenue par le public du fait du beau temps. Ces
oiseaux n’ont donc pas utilisé les reposoirs connus dans les
baies à cette époque. Il est possible qu’ils aient été sous-
estimés d’autres années pour cette même raison.

- Bécasseau variable Calidris alpina (8844/4541/sans objet)
L’effectif compté est important comparé à 2001. Mais il se
situe en fait toutjuste dans la moyenne des effectifs habituels.
Ainsi, l'effectif compté à la mi-janvier 2002 à l'échelle de la
seule baie de Somme (7 788) s’inscrit dans l'ordre de gran-
deur fourni par Sueur & Triplet (2000) : 11 220. Ce dernier
chiffre est certes supérieur mais rappelons qu'il correspond

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

à la moyenne des maxima enregistrés chaque année au
mois de janvier pour la période 1996-2000 et non à la
moyenne des effectifs comptés lors du recensement inter-
national de la mi-janvier.

- Barge à queue noire Limosa limosa (142/65/-)

La Barge à queue noire conforte son statut récent d'oiseau
hivernant sur la côte picarde : le parc ornithologique en
accueille toute la population.

- Barge rousse Limosa lapponica (13/17/23)
L'hivernage de cette espèce sur notre littoral est marginal.

- Courlis cendré Numenius arquata (1051/1155/2034)
L’effectif moyen fourni par Sueur & Triplet (2000) pour la
période 1996-2000 apparaît élevé au regard des résultats
habituels des dénombrements de la mi-janvier. Ce décalage
pourrait s'expliquer par la forte variabilité des effectifs signalée
par ces auteurs. Quoi qu'il en soit, l'effectif compté en 2002
est classique, voisin de celui enregistré en 2001.

- Chevalier arlequin Tringa erythropus (1/7/-)
Toujours rare en hiver.

- Chevalier gambette Tringa totanus (84/98/46)
Abondance comparable a celle de 2001, et supérieure à la
moyenne des années 1996-2000. Les effectifs hivernaux
sont très modestes.

- Chevalier guignette Actif/s hypoleucos (0/1/-)

Cette espèce n’a pas été notée lors du dénombrement
international mais l'espèce a été vu sur le lagunage de Fort-
Mahon le 30 décembre (obs. pers.).

- Tournepierre a collier Arenaria interpres (0/0/-)
Absence complète, ce qui est habituel.

B) Commentaires généraux:

Aucune abondance exceptionnelle n'a été notée cette
année en relation avec la vague de froid, si ce n'est, dans
une certaine mesure, pour le Canard siffleur. Les caractéris-
tiques de cette épisode météorologique particulier se sont
davantage traduites par la chute des effectifs d’un certain
nombre d'espèces vulnérables au froid (Aigrettes garzettes,
Hérons garde-bœufs, Canards souchets...) que par l'afflux
d'oiseaux en provenance de contrées plus nordiques.

La zone humide artificielle que représente le lagunage de
Fort-Mahon a permis, depuis plusieurs années, de “doper"
la capacité d'accueil hivernale de la plaine maritime picarde
vis à vis de quelques espèces : Canards souchets et
Fuligules milouins, en particulier. La vague de froid a cepen-
dant montré la vulnérabilité de ce site à un gel prolongé...

C’est bien sûr la baie de Somme qui représente la zone
humide la plus stratégique de la côte picarde vis a vis des
oiseaux d'eau aussi bien sur les plans quantitatif que quali-
tatif (notamment, en matière de richesse spécifique).

En janvier 2002, la baie d'Authie joue toutefois un rôle
important pour trois espèces : le Tadorne de Belon,
l'Huîtrier pie et le Bécasseau variable, relativement peu
sensibles a la chasse (Tadornes, Bécasseaux) ou ayant
développé des réponses comportementales leur permet-
tant de se soustraire partiellement à sa pression, en
rejoignant la baie de Somme lorsque le coefficient de
marée et/ou la pression de dérangement le nécessitent
(Huîtrier).

CONCLUSION

Le recensement collectif réalisé les 12 et 13 janvier dans le
cadre des dénombrements internationaux d'oiseaux d'eau
s'inscrit dans une stratégie de suivi régulier des populations
d'oiseaux d'eau et des zones humides les accueillant.
Outre cette fonction première, il a permis de souligner une
nouvelle fois la difficulté, pour certaines espèces, de mettre
en œuvre des modes de dénombrement permettant d'ac-
céder à des estimations significatives de leur abondance
réelle : Plongeon catmarin, Bécasseau sanderling, Grand
Gravelot... Ceci souligne l'attention à apporter a la descrip-
tion des modalités d'observation et de dénombrement dans
les publications diverses rendant compte des résultats afin
de pouvoir cerner la valeur à leur accorder et les précau-
tions a prendre pour leur interprétation et leur utilisation.
Pour les espèces les plus emblématiques de la baie de
Somme (Tadornes de Belon, Huîtriers pies...), ces difficul-
tés sont surmontées par des dénombrements concertés et
simultanés à l'échelle de la baie de Somme (Tadorne), voire
de la globalité des deux estuaires (Huîtrier pie).

REMERCIEMENTS

Je remercie tous les ornithologues nommés ci-dessus,
ayant pris part aux dénombrements collectifs et qui ont
transmis rapidement les données qu'ils avaient collectées
sur le terrain.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde n ‘ Numéro spécial de Mvocette - 2003

BIBLIOGRAPHIE

CARRUETTE P. & RIGAUX T. (2003) - La vague de froid de
l'hiver 2001/2002 et ses incidences sur la population de
Héron garde-bœuf Bulbucus ibis, d’Aigrette garzette
Egretta garzetta et de Grande Aigrette Ardea alba hivernant
en plaine maritime picarde, pp 131-136 in RIGAUX T.
(Coord.), BAWEDIN V. et COMMECY X. (2003) - Oiseaux
et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime
picarde. Contribution à la connaissance des richesses orni-
thologiques et mammalogiques de la Picardie maritime.
Numéro spécial de I’Avocette. Picardie Nature. DIREN
Picardie, 158 p.

RIGAUX T. (1998). Première synthèse sur l'intérêt ornitho-
logique de la station d'épuration des eaux usées de Quend
et Fort-Mahon, communes littorales de Picardie (Somme).
L'Avocette n°22 (1-2), pp 2-9.

RIGAUX T. (2000). Synthèse ornithologique 1999 de la
station d'épuration des eaux usées de Quend et Fort-
Mahon, communes littorales de Picardie (Somme).
L'Avocette n°24 (1-2), pp 36-44.

SUEUR F. & TRIPLET P. (2000). Evaluation de l'importance

de la baie de Somme et de sa Réserve Naturelle pour les
oiseaux d'eau en période hivernale. Avifaune picarde.
Volume 10, pp 51-81.

Total
Station de baie Stat. en
. . Fa ade Fa ade
lagunage dAuth|e mafitime mafitime mer (total
de Fort- + façade
Mahon lagunage maritime)
FM

ESPECES baie de baie de
(POM+DPM) Somme

Ploneon sp
Ploneon catmarin
Grèbe castaneux

Grèbe huppé

Grand Cormoran

Butor étoile

Bihoreau ris
Héron ardeboeuf
Airette arzette

Grande Airette
Cione blanche
Spatule blanche
C ne tuberculé

Oie rieuse

Oie cendrée
Bernache nonnette
Tadorne de Belon

Canard siffleur
Canard chipeau
Sarcelle d'hiver
Canard colvert
Canard pilet
Canard souchet
Fuliule milouin
Fuliule morillon
Fuliule milouinan
Eider à duvet
Harelde boréale
Macreuse noire
Macreuse brune
Garrot a oeil d'or

Harle piette

Harle huppé
Erismature rousse

Râle d'eau

Poule-d'eau
Foulque macroule

Huîtrier pie
Avocette eleante

Grand Gravelot
Grav. à collier int.
Pluvier doré
Pluvier arenté
Vanneau huppé
Bec. maubèche
Bec. sanderlin
Bécasseau variable
Combattant varié
Bécassine marais
Bare à queue noire
Bare rousse
Courlis cendré
Chevalier arlequin
Chevalier ambette
Pinouin torda
Martin pêcheur

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N
(A?
NI

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R)

N
U)

6350 8160
617

1550

1036
1788

C)

NI

127
687

6600
57

3
1350
57 3
5 le 2

395
217

30
7700

11
88 7788 1050

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Tableau 1 : bilan des effectifs d'oiseaux d‘eau recensés à la mi-janvier 2002 en baies de Somme et d’Authie, au lagunage de Fort-Mahon
plage et sur la façade maritime picarde (stationnements en mer), sous-secteurs de l'unité "Littoral picard". Picardie Nature (coord.)

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Total "Bas-
champs de
Cayeux, basse
vallée de la
Somme, marais
et gravières du

Gravières Total
du Crotoy marais et

ESPECES

Ploneon catmarin
Grèbe castaneux
Grèbe hu é
Grand Cormoran
Butor étoilé
Airette arzette
Grande Ai rette
Héron cendré
C ne tuberculé
Tadorne de Belon
Canard siffleur
Sarcelle d’hiver
Canard colvert
Canard souchet
Fuliule milouin
Fuliule morillon
Garrot a œil d’or
Erismature rousse
Poule-d’eau
Foulue macroule
Grand GraVelot
Bécasseau minute
Bécasseau variable
Courlis cendré
Martin êcheur

(a!
GO

N

(.0 l\J
O L0

Tableau 2 : bilan des observations réalisées à la mi-janvier 2002 au sein des bas-champs de Cayeux, en basse vallée de la Somme et
dans les marais et gravières du Crotoy, sous-secteurs de l’unité "Littoral picard". Picardie Nature (coord.)

TOTAL
Basse-Vallée "Basse
Gravières de Rue/ de |'Authie Vallée de
Rue (foraine Vercourt (Maintenay à |'Authie et
de Hère) (les étangs) Colline marais
Beaumont) arrière-
littoraux"

Vallée de la

ESPECES Maya

Dates d'observation 12-ian

\I

Grèbe castagneux
Aigrette garzette

Grande Aigrette
Cygne tuberculé
Canard siffleur
Canard chipeau
Sarcelle d'hiver
Canard colvert

©

Foulque macroule
Martin pêcheur

Tableau 3 : bilan des effectifs recensés a la mi-janvier 2002 en vallée de la Maye, sur les gravières et plans d’eau de Rue et Vercourt et
en basse vallée de I’Authie, sous-secteur de l'unité "Basse vallée de |'Authie et marais arriere- littoraux". Picardie Nature (coord.)

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde Numero special de Mvocette - 2003

 

TOTAL "Basse vallée
"LITTORAL PICARD" de I’Authie et marais
arrière-littoraux"

TOTAL "PLAINE

ESPÈCES MARITIME PICARDE"

Ploneon sp
Ploneon catmarin
Grèbe castaneux

Grèbe huppé

Grand Cormoran
Butor étoilé
Bihoreau ris
Airette arzette
Grande Airette
Cione blanche
Spatule blanche
C ne tuberculé
Oie rieuse

Oie cendrée
Bernache nonnette
Tadorne de Belon

Canard siffleur

Canard chipeau
Sarcelle d'hiver
Canard colvert

Canard pilet

Canard souchet
Fuliule milouin
Fuliule morillon
Fuliule milouinan
Eider à duvet
Harelde boréale
Macreuse noire
Macreuse brune
Garrot à oeil d'or

Harle piette

Harle huppé
Erismature rousse

Râle d'eau

Gallinule poule-d'eau
Foulque macroule

Huîtrier pie

Avocette éléante
Grand Gravelot
Gravelot à c. interrompu
Pluvier doré
Pluvier arenté
Vanneau huppé
Bécasseau maubèche
Bécasseau sanderlin
Bécasseau minute
Bécasseau variable
Combattant varié
Bécassine des marais
Bare à queue noire

Bare rousse

Courlis cendré
Chevalier arlequin
Chevalier ambette

Pinouin torda
Martin êcheur

577
222 373 aux 3 dortoirs

577
222 373 aux 3 dortoirs

4 mais 12 au dortoir 7 mais 12 au dortoir

U’!
(a!

—\ N C5 U1 -\

Tableau 4 : récapitulatif global des effectifs recensés en plaine maritime picarde à l'occasion du dénombrement international des oiseaux
d'eau organisé à la mi-janvier 2002. Picardie nature (coord.)

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde E l Numéro spécial de Mvocette - 2003

LE PRINTEMPS 2001 : UN PRINTEMPS ORNITHOLOGIQUE
EXCEPTIONNEL EN BASSE VALLEE DE L'AUTHIE

Synthèse des observations réalisées entre le 2 mars et le 5juillet 2001
Par Michael GUERVILLE

 

INTRODUCTION

Alors que la vallée de la Somme subissait en de multiples
localités des inondations aux conséquences humaines dra-
matiques, il est apparu opportun de parcourir les zones
humides de la basse vallée de l'Authie afin de mesurer les
incidences ornithologiques de niveaux d’eau exceptionnels.
Ici, bien qu'absolument remarquables, les niveaux d’eau
n’ont quasiment pas affecté les habitations ni d'autres
bâtiments. En revanche, l'inondation a concerné des super-
ficies particulièrement étendues de prairies humides et a été
particulièrement prolongée dans certaines d'entre elles.
Ceci n'a pas été sans effet sur le peuplement ornithologique
rencontré au cours du printemps.

l - Matériel et méthode.

La zone que j'ai prospectée correspond a la portion de la
basse vallée de l'Authie située entre Villers-sur-
Authie/Colline-Beaumont en aval a Roussent et Maintenay
en amont (cf. figure 1, présentée en fin d'article).

Le secteur concerné est subdivisé selon les quatre unités
représentées sur la figure 1 et a fait l'objet de 25 sorties
entre le 2 mars et le 5 juillet. Le tableau ci-dessous présente
les différentes dates auxquelles chacun des secteurs a été
couvert.

Mars j Ami Mai j Juin Juillet

Secteur A: 2. 1U. 2, 22 T. 9. l1, 1. 5. 21. 5
Colline Bcaumont l'a‘. 22 12. l3. 25
à la N1 _ 22. 25
Secteur 13 : 2. 1U. 2, 13, î‘. 12.
Ncmpont ct Nalupoiït 1?. 22 22 26
Secteur C: 2. 1U. 2 7. 8. 9. 6. l3
Roussent et _\-Laintc1lay 22 11. 12.

_ 23, 26
Secteur D: 2. 1U. T. 12.
Marais du Pendé 22 13. 31
à Yillers-sur-Authic

Les sorties ont été effectuées, en général, a l'aube et/ou au
crépuscule. Des jumelles 8x40 et une longue-vue grossis-
sant 20 fois ont été employées.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

Il - Résultats.

Les résultats bruts associés à la localisation des observa-
tions réalisées permettent de dresser l'inventaire spécifique
commenté suivant qui n'a pas de prétention d’exhaustivité :

- Grèbe castagneux Tachypbaptus rufico/Iis

Ce sont pas moins de 19 chanteurs cantonnés qui sont
repérés sur l'ensemble du secteur d'étude : ce chiffre est
bien supérieur aux effectifs maximaux notés lors d'une
seule journée car tous les oiseaux ne sont pas repérés a
chaque sortie.

- Grèbe huppé Podiceps cristatus

Cette espèce est restée peu abondante sur le secteur d'étu-
de malgré les inondations. A noter toutefois la reproduction
effective d'au moins deux couples sur le marais de Roussent
(62) : 1 couple avec 4 poussins de 2 semaines le 8 mai, 1
adulte avec 2 poussins de 4 semaines le 13 mai.

- Grèbe a cou noir Podiceps nigricollis

Des couples cantonnés sont notés dès le 7 mai : 2 couples
du 7 au 13; puis 3 du 22 mai au 1erjuin ; 3 couples et 3
ind. le 6 juin ; 5 ind. dont 4 couveurs le 13 juin ; 3 ind. dont
2 couveurs le 21 juin ; 5 ind. dont 1 couveur le 25juin.
Mais, semble t’il, cette petite colonie n'a donné aucun
jeune, les nids construits étant progressivement abandon-
nés au fur et à mesure de l'abaissement du niveau d'eau.
Plus aucun Grèbe à cou noir n'est noté le 5 juillet.

- Grand Cormoran Phalacrocorax carbo

Il n'a jamais été abondant sur le site au cours de ce prin-
temps, les oiseaux reproducteurs des environs allant
s'alimenter essentiellement en mer.

- Butor étoilé Botaurus stellaris

Un chanteur a été entendu en 3 localités au cours du mois
de mai : 1 le 11 à Flexicourt, 1 le 13 au marais du Pendé a
Villers-sur-Authie, 1 à nouveau à Flexicourt le 22 et 1 le 25
à Fresne. Aucune sortie d'écoute n'ayant permis d'entend-
re plusieurs chanteurs, il se peut fort bien que ce soit le
même chanteur qui ait été entendu en diverses localités.

- Héron garde-boeufs Bubu/cus ibis
Noté une seule fois : 5 le 5 juillet à Tigny Noyelle.

- Aigrette garzette Egretta garzette

Régulièrement observée sur le site à compter de la secon-
de décade de mai et jusque fin juin, à raison de quelques
individus (max. 7 le 11 mai qui se posent dans les arbres à
Tigny Noyelle).

- Grande Aigrette Egretta alba

Les observations de 2 individus du 23 mai au 13 juin sont
dignes d'intérêt. Dernière observation : 1 le 25 juin.
Décidément, la Grande Aigrette s'installe dans le paysage
local, y compris à la belle saison. Aucun indice sérieux de
reproduction toutefois.

- Héron cendré Ardea cinerea
Présence régulière sur le site avec un maximum de 41 indi-
vidus le 25 juin.

- Héron pourpré Ardea purpurea

Les deux observations d'un individu les 9 et 11 mai pour-
raient être relatives à un migrateur. Mais Jérôme Mouton
(comm. pers.) a revu l'espèce à de multiples reprises jus-
qu'au 20 juin. A cette date, il observe 2 adultes nuptiaux qui
semblent cantonnés dans le marais de Colline Beaumont
où il considère qu’ils ont probablement niché.

- Cigogne blanche Ciconia Ciconia

Bien qu'aucun nid ne fut construit, un couple arrivé tardive-
ment sur la zone a fait montre d'une grande activité, se
posant même sur les toits de maisons de Colline
Beaumont. Par ailleurs, un autre individu, nicheur du Parc
ornithologique du Marquenterre, porteur de bagues de cou-
leurs, a pu être observé sur le site où il s'alimentait (Thierry
Rigaux, comm. pers.).

- Spatule blanche Platalea leucorodia

L'observation régulière de 2 a 3 individus au cours de la
dernière décade de mai et de la première décade de juin
est intéressante. Le secteur a pu servir de zone d'alimenta-
tion aux oiseaux reproducteurs du Parc ornithologique du
marquenterre.

- Cygne tuberculé Cygnus olor

Une présence importante de l'espèce est notée de début
mars à la mi-juin, les effectifs déclinant alors rapidement
avec la baisse accusée du niveau de l'eau. L’importance
puis la chute des effectifs observés sur le secteur pendant
la période précisée ci-dessus a probablement participé à
l'augmentation brutale des effectifs de Cygnes au lagunage
de Fort-Mahon notée au début de juillet par Thierry Rigaux
(comm. pers.) alors qu’ils étaient restés modestes jusqu'à
la mi-juin : les effectifs y passent de 55 individus le 14 juin
2001 à 225 individus le 7 juillet, l'afflux d'oiseaux provenant
probablement de différents sites en cours d'exondation.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Reproduction : 15 couples cantonnés et 81 individus non
nicheurs sont recensés dans la zone d'étude le 25 mai alors
qu'un couple et 77 individus sont recensés en aval du sec-
teur d'étude, en baie d'Authie. Ce jour, 16 couples
cantonnés et 158 individus sont donc notés de la baie
d'Authie à l'amont du secteur d'étude, constituant potentiel-
lement une part importante des oiseaux rejoignant la zone
de mue du lagunage de Fort-Mahon.

Mais il semble bien que, dans la zone d'étude, seuls 3 cou-
ples aient produit des jeunes, à savoir : 5 pulli à Tigny le 7
mai, 7 à Villers-sur-Authie le 13 mai et 5 à Roussent le 6 juin.

- Ouette d’Egypte Alopochen aegyptiacus

Le cantonnement d'un couple entre le 11 mai et le 13 juin
n'a donné aucun jeune mais cette observation s'inscrit dans
l'augmentation de la fréquence de cette espèce dans notre
région.

- Oie cendrée Anser anser
1 seul individu noté le 10 mars.

- Tadorne de belon Tadorna tadorna

1 couple a niché avec succès dans la digue de l'Authie à
Tigny Noyelle : 12 poussins sont notés le 31 mai dont 9 sont
volants le 21 juin.

- Canard siffleur Anas penelope
Les effectifs recensés sont toujours restés très faibles (<5
individus).

- Canard chipeau Anas strepera

1 a 2 couples pourraient avoir niché (2 mâles les 11 et 13
mai et 6 juin ; 2 mâles et une femelle le 1erjuin) mais ceci
reste tout à fait hypothétique : aucun indice sérieux ne
reproduction n'est recueilli à l'occasion du suivi effectué.

- Sarcelle d'hiver Anas crecca
1 couple est noté le 6 juin, mais sans indice sérieux de
reproduction.

- Canard colvert Anas platyrhynchos
L'origine sauvage douteuse des oiseaux observés a limité
l'intérêt porté à leur suivi.

- Canard pilet Anas acuta

Les stationnements notés au mois de mars sont remarqua-
bles par l'importance des effectifs observés : maximum de
560 individus, essentiellement sur le marais de Nampont-
Saint-Martin (80), le 17 mars.

Des stationnements tardifs d'un couple le 13 mai, de 2
mâles le 25 mai et d'un mâle le 31 mai laissent envisager
des velléités reproductrices ; mais aucun indice probant de
reproduction n'est recueilli.

- Sarcelle d'été Anas querquedula

A noter l'observation remarquable de 39 mâles regroupés
le 6 juin. J’estime à 13 le nombre de couples cantonnés sur
le secteur d'étude le 25 mai.

- Canard souchet Anas clypeata

Les effectifs recensés de la mi mars a la première décade
d'avril sont conséquents : de 130 a 180 individus. Et le pas-
sage a laissé de nombreux oiseaux sur place en période
de reproduction : 30 mâles regroupés le 26 mai. La popula-
tion reproductrice du secteur et des environs a pu atteindre
une certaine importance mais aucune preuve de reproduc-
tion n’est curieusement recueillie.

(au “'- l

Canards souchets

r .

 

- Fuligule milouin Aythya ferina

Alors que les effectifs observés pendant toute la période
couverte par le présent bilan sont restés toujours très
modestes (max. de 11 adultes le 14juin), 4 familles sont en
revanche notées ce même jour par Thierry Rigaux (comm.
pers.) : 2 familles vues furtivement n'ont pu être comptées ; les
deux autres comptaient respectivement 7 et 9 pulli.

- Fuligule morillon Aythya fuligula

3 couples pourraient avoir niché (3 couples sont observés
le 1e‘ juin et des mâles sont régulièrement notés) mais
aucun indice solide de reproduction n'est recueilli.

- Busard des roseaux Circus aeruginosus
2 a 3 couples nicheurs probables.

- Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus
1 individu du 16 au 24 mai.

- Faucon hobereau Fa/co subbuteo
2 a 3 couples nicheurs probables.

- Râle d'eau Rai/us aquaticus

Au minimum 20 chanteurs ont été recensés au cours du
printemps, à l’occasion d’écoutes crépusculaires, noctur-
nes ou matinales..

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

- Marouette ponctuée Porzana porzana

Les recensements nocturnes conduits au cours du prin-
temps ont permis de comptabiliser des chanteurs en 13 ou
14 localités. Ceci signifie t'il qu’il y ait eu au minimum 13 à
14 chanteurs distincts au sein du périmètre d'étude ? C'est
incertain car tous les chanteurs n'ont pu être contactés la
même nuit et parce que la baisse importante des niveaux
d'eau intervenue au cours de la période d'étude a pu pro-
voquer des déplacements des cantonnements.

Cette incertitude ne remet pas en cause la caractère stra-
tégique du secteur pour cette espèce au statut précaire et
à l'avenir incertain.

Notons que les chanteurs étaient répartis environ équita-
blement entre le département du Pas-de-Calais (6
chanteurs) et celui de la Somme (7 à 8 chanteurs).

- Foulque macroule Fulica atra

Les stationnements d'une centaine d'individus en mars flé-
chissent en avril pour être minimaux au cours des deux
premières décades de mai. Dès la troisième décade de
mai, ils augmentent de nouveau pour être maximaux lors
des deux premières décades de juin.

Foulque macroule Fulica aire

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Ê-ËÎ f3... H} À- Ï-Ç .'.". ‘u’: V: _|' _|__' _|_ï _ .:L

L'évolution des effectifs à compter de fin mai est sans
aucun doute à mettre en relation avec l'augmentation de la
détectabilité des jeunes issus des nombreuses couvées
locales tandis qu'un certain apport d'oiseaux de sites envi-
ronnants exondés n’est pas exclu.

Nidification : 33 couples cantonnés ont été recensés

- Œdicnème criard Burhinus œdicnemus

2 individus en vol Est sont vus a l'aube à Roussent le 23
mai : ils étaient en train de remonter la vallée à une cin-
quantaine de mètres d'altitude.

- Petit Gravelot Charadrius dubius

1 accouplement est noté le 25 juin à Tigny mais le site est
ensuite déserté, en relation probable avec le passage d'un
engin agricole (Scarificateur).

- Grand Gravelot Charadrius hiaficula

Le dénombrement d'une quinzaine d’oiseaux le 5 juin fourni
une nouvelle illustration de la poursuite tardive de la migra-
tion pré-nuptiale de cette espèce.

- Chevalier culblanc Tringa ochropus

La réapparition précoce traditionnelle des premiers migra-
teurs post-nuptiaux est notée ici lors de la troisième décade
de juin.

- Chevalier sylvain Tringa glareola
Même remarque que pour le culblanc.

- Mouette rieuse Larus ridibundus

Présente en nombre sur le site à compter de la troisième
décade de mai, la Mouette rieuse s'est installée pour nicher
à Tigny : 38 couveurs le 25 mai. Seulement 2 couveurs sont
encore notés le 5 juillet, cette chute des effectifs étant peut-
être imputable à une perturbation de la colonie d'origine
humaine.

- Martin pêcheur Alcedo atthis
1 couple nourrit le 6 juin à Tigny ; 1 autre couple reproducteur
probable à Maintenay.

- Torcol fourmilier Jynx torquilla
Un chanteur est noté le 31 mai à Tigny puis le 1erjuin : s'agit-
il d'un migrateur ou d'un nicheur ?

- Gorgebleue à miroir Luscinia svecica
Une belle population reproductrice est notée : 20 chanteurs
cantonnés sont recensés.

- Tarier pâtre Saxicola forquata
1 couple cantonné le 12 mai à Nampont Saint-Martin.

- Bouscarle de Cetti Cettia cettia
Une population importante est dénombrée : 37 chanteurs
sont comptabilisés.

- Locustelle luscino'i'de Locusfella luscinoides
6 chanteurs sont repérés sur la zone d'étude.

- Loriot d'Europe Oriolus oriolus
2 à 3 chanteurs cantonnés sont repérés sur la zone d'étude.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

Ill - Discussion.

La basse vallée de l'Authie a déjà fait l'objet de prospections
ornithologiques fouillées à diverses reprises : lors du prin-
temps 1988 : Mouton et Flohart (1990) ; en 1994 : Guerville,
Mouton et Terrasse (1994) ; en 1995 : Guerville (1995).
Celles-ci ont déjà montré la valeur patrimoniale exception-
nelle de cette entité écologique, en particulier comme zone
de reproduction d'espèces localisées ou au statut précaire,
telles que certaines espèces d’Ardéidés (Butor étoilé),
d’Anatidés (Sarcelle d'été, en particulier), de Rallidés
(Marouette ponctuée) ou de petits passereaux (Locustelle
luscinoi'de, par exemple).
Les prospections réalisées cette année se sont inscrites
dans un contexte hydrologique exceptionnel, caractérisé
d'une part par des niveaux d'eau records ou proches des
records pour les dernières décennies et d'autre part par des
inondations particulièrement prolongées.
Globalement, ces niveaux d'eau ont été particulièrement
bénéfiques pour l'avifaune du secteur et ce à deux points
de vue :

- vis à vis des stationnements pré-nuptiaux d’oiseaux en

halte migratoire,

- vis à vis des populations reproductrices de certaines

espèces et pour la reproduction d'espèces inhabituelles.

A) Des stationnements pré-nuptiaux d’Anatidés excep-
tionnels.

Les effectifs exceptionnels observés chez plusieurs espè-
ces d’Anatidés (max. de 560 pour le Canard pilet, max. de
180 pour le Canard souchet, max. de 39 individus pour la
Sarcelle d'été...) sont clairement en lien avec le niveau
d'eau remarquablement élevé.

B) Un peuplement d’oiseaux reproducteur important et
diversifié.

On retiendra parmi les espèces reproductrices potentielles
les plus remarquables :

- le Butor étoilé (1chanteur),

- le Grèbe à cou noir (4 couveurs),

- le Canard pilet (1 couple possible),

- la Sarcelle d'été (peut-être plusieurs dizaines

de couples),

- le Canard souchet (plusieurs dizaines de couples ?),
- le Râle d'eau (20 chanteurs),

- la Marouette ponctuée (13 à 14 chanteurs repérés,

non simultanément toutefois),

- la Gorgebleue (20 chanteurs),

- la Bouscarle de Cetti (37 chanteurs),

- la Locustelle luscinoi'de (6 chanteurs).

Malheureusement, les prospections répétées ne laissent
guère d'espoir sur le maintien de la Pie Grièche grise
Lanius excubitor: sa disparition complète du secteur semble
confirmée. Le dernier contact dontj’aie connnaissance date
de 1995 avec l'observation de 2 jeunes volants et de leurs
parents le 20 juin a Nempont Saint-Firmin.

lci comme dans d'autres localités, la disparition totale de
l'espèce est difficile à comprendre, certains habitats favora-
bles semblant toujours présents.

ll me paraît enfin important de souligner que le bénéfice
qu'ont tiré de multiples espèces d'oiseaux d'eau des
niveaux d'eau exceptionnels provient de deux facteurs
complémentaires :
- les niveaux d'eau élevés, en inondant des zones prai-
riales périphériques au coeur des zones humides, ont
bien sûr créé des conditions favorables pour des espè-
ces nécessitant la présence d'eaux libres, tels que les
Anatidés,
- mais ils ont aussi garanti une quiétude exceptionnelle
dans ce secteur de la vallée en rendant inaccessibles
de vastes étendues naturelles.

Après un ensemble d'années classiques depuis 1996,
la basse vallée de l'Authie s'est parée d'une splendeur que
l'on souhaiterait moins éphémère. Trois conditions doivent
êtres maintenues pour que les potentialités d'accueil
exceptionnelles de la vallée puissent a nouveau s'exprimer,
au moins de façon occasionnelle :
- la première est bien sûr la conservation des habitats
naturels,
- la seconde, liée à la première, est celle du respect du
fonctionnement hydraulique actuel de la basse vallée
de l'Authie : dans le cadre de démarches contractuelles
avec les propriétaires ou leurs ayants-droit, on pourrait
même favoriser l'inondation de certains secteurs,
- la troisième est celle du maintien d'une quiétude suffi-
sante : aux naturalistes qui visitent le secteur de veiller
à éviter les dérangements et aux usagers traditionnels
des marais (chasseurs en particulier) de mieux respec-
ter un ensemble de précautions et de bonnes pratiques
afin que la gestion cynégétique des marais soit rendue
aussi favorable que possible au maintien et à l'expres-
sion de leurs potentialités ornithologiques.

Dans le cadre d'un travail réalisé conjointement entre
l'Office National de la Chasse et l'association picarde des
chasseurs de gibier d'eau de la Somme, Mouronval &
Triplet (1991) listent les comportements à éviter. Les chas-
seurs pourront éventuellement s'y référer ou se rapprocher
des résultats d'une étude en cours sous l'égide de la fédé-
ration départementale des chasseurs de la Somme dans le
cadre de Natura 2000.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

Enfin, à l'heure où certains projets d'aménagement hydrau-
lique de la basse vallée de l'Authie ou de la baie d'Authie
sont à l'étude, il convient de bien mesurer l'enjeu patrimonial
exceptionnel du territoire présenté ici.

Depuis la rédaction de cette synthèse, le printemps 2002 a
une nouvelle fois permis de confirmer les potentialités
d'accueil de la basse vallée d'Authie, comme en témoi-
gnent, à titre d'exemple, les observations au mois de mars
de 590 Canards pilets (T. Rigaux, comm. pers.) et de 260
Canards souchets (obs. personnelles).

Espérons que la qualité exceptionnelle de cette zone
humide, déjà durement touchée par le passage de l'auto-
route A16, sera désormais mieux prise en compte par les
autorités qu'elle ne l'a été jusqu'à présent.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier Thierry Rigaux pour sa contribution
active à la rédaction de l'article ainsi que Christophe Windal
pour la réalisation de la carte localisant et délimitant le sec-
teur d'étude.

BIBLIOGRAPHIE

GUERVILLE M., MOUTON J., TERRASSE G. (1994) -
Inventaire zoologique de la basse vallée de l'Authie.
Groupe Ornithologique Nord. DIREN, Conseil régional du
Nord-Pas-de-Calais

GUERVILLE G. (1995) - Synthèse ornithologique de la
basse vallée de l'Authie en 1995. Document polycopié, 4 p.

MOURONVAL J-B. et TRIPLET P. (1991) - Oiseaux d'eau
nicheurs en plaine maritime picarde (saison de reproduc-
tion 1991 pour les anatidés, foulques et limicoles).
Association Picarde des Chasseurs de Gibier d'Eau de la
Somme, ONC, Conseil régional de Picardie, 217 p.

MOUTON J. & FLOHART G. (1990) - 1988 : un printemps
remarquable en basse vallée d'Authie (Pas-de-Calais,
Somme). Le Héron, volume 23, 11-18.

     
 

  

LLERS-
R-AUTHIE

W SecteurA

i111] Secteur B
È Secteur C

Secteur D

Figure 1 : Territoire prospecte en vallée de |‘Authie lors du printemps 2001.

 

EVOLUTION DES EFFECTIFS DES PRINCIPALES ESPÈCES D’ANATlDÊS
ET DE LA FOULQUE SUR LA RÉSERVE D’AVlFAUNE

DU HÂBLE D'AU LT (SOMME) ENTRE 1975 ET 2001
Par Patrick TRIPLET et Estelle SOMONT

 

INTRODUCTION

Le Hâble d’Au|t figure parmi les sites de la Plaine Maritime
Picarde les plus riches sur le plan avifaunistique. Plus de 270
espèces y ont été contactées depuis le milieu du XlX° siècle.
Sueur et Triplet (1999) exposent le statut des différentes
espèces rencontrées sur le site, en comparaison avec le
reste de la Plaine Maritime Picarde. Le présent travail analyse
plus en profondeur l'évolution récente des principales espè-
ces d'anatidés et de la Foulque et tente d'apporter des
éléments d'explication sur les résultats obtenus.

l - Le site.

Le Hâble d’Au|t est une réserve de chasse, créée en 1982
à l'instigation de l’Office National de la Chasse sur des ter-
rains que cet établissement venait d’acquérir par
l'intermédiaire d'une Société Civile Immobilière. A partir de
cette même année, le Conservatoire de l’Espace Littoral et
des Rivages Lacustres a commencé un programme d'ac-
quisitions, encore d’actualité, qui a pour résultat de faire
passer la zone gérée de façon écologique de 62 ha à un
peu plus d’une centaine d'un seul tenant. Ces deux établis-
sements publics de l’Etat ont confié la gestion du site au
Syndicat Mixte pour l’Aménagement de la Côte Picarde
(SMACOPI).

Le Hâble d’Au|t est connu depuis près de deux siècles pour
la richesse de son avifaune, base d'une chasse importante
jusqu’à la mise en réserve. ll se compose d'une lagune
isolée de la mer depuis 1752. La profondeur moyenne
(environ 1,30 mètres) se prête aux stationnements de
canards plongeurs, tandis que les berges en interface avec
des milieux prairiaux pâturés conviennent aux stationne-
ments des canards de surface.

Il - Méthodes.

L'ensemble des données collectées au cours de la période
1975-2001 a été extrait des synthèses ornithologiques
parues dans les revues suivantes : l’Avocette, Documents
Zoologiques, Picardie Ecologie et Avifaune Picarde.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  ‘ Numéro spécial de Mvocette - 2003

Ces données sont regroupées sous forme de fichiers infor-
matisés tenus à jour mensuellement.

Une série de graphiques rappelle la phénologie migratoire
des différentes espèces et permet d'apporter des arguments
quant a l'analyse de certains mois dans la suite de l'étude.
La présente étude porte sur l'évolution des effectifs de
chaque espèce au cours des décades des différents mois
de présence maximale sur le site.

Onze espèces d'anatidés ont été considérées en dehors du
Canard colvert Anas platyrhynchos que nous avons préféré
ne pas traiter en raison de l'importance croissante prise par
des oiseaux issus de lâchers qui faussent les résultats et
constituent un risque génétique grave, dont il devient impéra-
tif de se préoccuper. La douzième espèce est la Foulque
Fulica atra dont les effectifs très importants sont connus
depuis fort longtemps (voir synthèse dans Triplet et al., 1983).
Une série de figures permet de discerner les pics d'abon-
dance de chaque espèce. Afin que les statistiques puissent
ensuite concerner des effectifs très différents de 0, nous ne
conservons que les périodes pendant lesquelles les sta-
tionnements, soit de longue durée, soit en halte migratoire,
sont les plus élevés. Seule la Foulque, espèce la plus abon-
dante en tous mois, sera analysée pendant toutes les
décades.

Ill - Résultats.

Les périodes d’abondance des espèces

Les douze graphiques représentant l'évolution des effectifs
par décades au cours de l'année permettent de distinguer
les différentes périodes d’abondance des espèces.

Le Cygne muet (ou tuberculé) Cygnus olor est surtout
abondant en période estivale, lorsque les oiseaux se
regroupent (ou comme nous le verrons plus loin, se regrou-
paient) sur le plan d'eau pour la mue des rémiges.

De nombreuses espèces sont par contre les plus abondan-
tes à la fin de l'hiver et au tout début du printemps : l'oie
cendrée Anser anser, le Canard siffleur Anas penelope, la
Sarcelle d'hiver Anas crecca, le Canard chipeau Anas stre-
pera, le Canard pilet Anas acuta, la Sarcelle d'été Anas
querquedula (avec également pour cette espèce un nou-
veau pic en période estivale) et le Canard souchet Anas
clypeata.

Le Tadorne de Belon Tadorna tadorna est présent pendant
toute la période printanière, quand de nombreux oiseaux
tentent de trouver sur place un site de reproduction. Les
Fuligules milouin et morillon (Aythya ferina et A. fuligula)
sont essentiellement des hivernants. Les effectifs de Foulque
sont les plus élevés en été, automne et début d’hiver.

Cygne muet
aso
300

250
200
150
100 _ '-
“JJI Il eI-l
o JÎLl ..:_ ____ ____
J F M ñ M J J R 5 O N D

Oie cendrée

2500

200|] -

1500 -

100|] -

500 -

 

Tadorne de Belon

Figure 1 : évolution des effectifs de huit espèces danatidés au
cours des différentes décades de l‘année. Les effectifs moyens
sont représentés par la surface grisée tandis que les effectifs
maximaux de la période 1975 - 2001 sont indiqués au moyen de
barres verticales noires. Bien que pratiquement tous les gra-
phiques soient de la même taille, on notera que l'échelle des
ordonnées varie d'une espèce à l'autre. Prendre par exemple le
cas de l‘Oie cendrée et de la Sarcelle d’hiver.

Canard siffleur
140

120
100

 

Sarcelle d'hiver
250

200-
15'0-

100-

Canard chipeau

 

Canard pilet
250 -

200-
150 -
100-

50-

Sarcelle d'été

?0

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde

 

Fuligule milouin

î-‘00

500

500

400

300

200 h

100 I
o z Ql-"zl. [LI .l=l.-l.—lsl:l-:H:lzlzl.—l+p—l=l=l=lzlz _'_'

J F M A M J J à 5 O

Fuligule morillon

250 -

   

Numéro spécial de Mvocette - 2003

 

Canard souchet

 

Foulque macroule
2500

2000
1500
1000

500

 

Figure 1 (suite) : évolution des effectifs du Canard souchet et de
la Foulque macroule au cours des différentes décades de l'année.
(mêmes légendes et remarque que ci-dessus).

Evolution du statut de chaque espèce

- Cygne muet

Les coefficients de corrélation des décades de juillet et août
(tableau l) n’indiquent une augmentation significative des
effectifs qu’au cours de la première décade du mois d'août.
Les observateurs réguliers du Hâble d’Ault ont pu noter ou
au moins sentir que le statut estival du Cygne muet avait
changé ; les effectifs montrant manifestement une tendan-
ce a la diminution ces dernières années. L'établissement
d'une régression polynomiale permet la mise en évidence
de ce qui s'est réellement produit de 1978, année a partir
de laquelle des données estivales sont disponibles, à 2001
(voir figure 2 pour une illustration de l’évolution des effec-
tifs). Les données des différentes décades suivent toutes le
même profil, une augmentation jusqu'au début des années
1990, une phase de stabilisation jusqu’en 1996 (les valeurs
très élevées de 1994 sont peut-être en fait le résultat de
données intégrant également les effectifs présents sur les
plans d’eau de Woignarue), une tendance très marquée a
la diminution depuis cette année 1996. Ce schéma est
conforté par un coefficient de détermination significatif, au
seuil de 5%, pour quatre des six décades. ll est donc pos-
sible de considérer le Cygne muet comme présentant une
diminution d'effectifs au cours de la période estivale.

Décade Jul Ju2 J113
Cocfficicnt 1' 0.12 0.23 0.28
R3 - Ré rcssion ‘J['l|\"l'l()ITIÎäl1D(2) [),6'Ü** 0.26‘ 0,19

  
 

     

0,58** 0 0.25
Û.60** 0.31 Û.37**

Cocfficicnt l‘

R: — Régression polvnonliale (2)

Tableau l : Cygne muet - valeurs des coefficients de corrélation (r)
et des coefficients de détermination R2 pour les différentes déca-
des de juillet et août.

 

Cygne muet
250
200
Ë 150
+0
ë
o 100
50
0 - - . . .
19?5 l 980 1985 1990 1995 2000 2005

Figure 2 : Cygne muet - représentation graphique de l'évolution
des effectifs moyens des mois de juillet et août. On remarquera le
manque de données chiffrées pour les années 1986 et 1987.

- Oie cendrée

Les calculs de coefficients de corrélation ne sont possibles
que pour le mois de mars. Les valeurs sont respectivement
pour chaque décade, 0,14, 0,13 et 0,27. Aucune n’est signi-
ficative. Les stationnements de cette espèce sont en fait
très fluctuants d'une année a l’autre, ce qui explique ce
résultat mais ne permet pas de l'interpréter.

Oie cendrée

 

- Tadorne de Belon

Comme pour l'espèce précédente, les calculs des coeffi-
cients de corrélation concernent le mois de mars (période
1979-2001), pendant lequel les effectifs des oiseaux qui
pourront éventuellement se reproduire sont les plus élevés.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

Les valeurs des coefficients sont respectivement de 0,63“,
0,79*** et 0,34. Une augmentation très forte est donc per-
ceptible au cours des deux premières décades du mois
(figure 3). Elle traduit l'implantation, qui n'est toujours pas
terminée, de cette espèce en tant que nicheur dans les
Bas-Champs de Cayeux.

Tadorne de Belon

160
140 - _
1'20 ' '

Ëlûù- q”,
«so- _ *' -m2
€50. ' _ .‘M3.
4o- ‘ -_Ï '
2°‘  “n” ':
g a_n"

19î’5 1980 1985 1990 1995 2000 2005

Figure 3 : Tadorne de Belon : évolution des effectifs des différen-
tes décades du mois de mars, au cours de la période 1979-2001.

- Canard siffleur

Les coefficients calculés sur la troisième décade de mars
jusqu'en seconde décade d'avril s'élèvent respectivement a
0,27, 0,45 et 0,43. Aucune de ces valeurs n'est significative
au plan statistique même si une très légère augmentation
semble se révéler au cours des deux décades d'avril.

- Sarcelle d'hiver

Les coefficients des trois décades de mars sont de -0,04,
0,18 et 0,22. Aucune de ces valeurs n'est significative. Les
effectifs présents au cours du mois de mars restent donc
très aléatoires d'une année a l'autre.

- Canard chipeau
En mars, les valeurs des coefficients de corrélation sont
égaux à 0,39, 0,37 et 0,27 et ne sont pas significatives.

- Canard pilet

Comme pour les espèces précédentes, les calculs ne
concernent que le mois de mars pendant lequel les valeurs
des coefficients sont de 0,05, 0,43 et 0,27. La remise en
eau de la pointe d'Offoy à partir du printemps 2001 pourrait
se concrétiser par une tendance à l'augmentation des
effectifs en stationnement. Les premières observations
réalisées depuis cette époque le laissent envisager.

- Sarcelle d'été

Les effectifs de cette espèce sont toujours faibles mais les
calculs sont possibles pour le mois de mars : 0,06, -0,16 et
0 sont les valeurs non significatives du coefficient de corré-
lation.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  l Numéro spécial de Mvocette - 2003

- Canard souchet

Le Canard souchet est l'espèce d'anatidés la plus abon-
dante en période printanière. L’évolution de ses effectifs a
été calculée sur les mois de février a avril (tableau ll). Une
augmentation significative est enregistrée pour la troisième
décade de février puis, sans interruption, de la seconde
décade de mars a la seconde décade d'avril. La figure 4
montre que cette augmentation revêt un côté spectaculaire,
avec des pics pouvant atteindre 551 oiseaux au cours de la
troisième décade de mars de l'année 2000.

décades! F1 | F2 F3 Ml M2
r 0.12 11,20 11,59* 11.27 (),64***

décades] M3 | Al A2 A3
r _o.35*** _ :155” _ 11,4% _ 11.12

* 9:11.115; M P-=:0.n1;*** puzaooi

Tableau Il : Canard souchet - valeurs des coefficients de corréla-
tion (r) pour les différentes décades de février à avril.

Canard souchet

600
500 '
400 -

3m- u

effectifs

200‘

mo- g:  =°

0 . a = ° a .  E 2 , _
1970 I975 1930 I985 1990 1995 2000 2005

Figure 4 : Canard souchet - évolution des effectifs des différentes
décades du mois de mars, au cours de la période 1974-2001.

- Fuligule milouin

Les données se prêtant a l'analyse sont hivernales, concer-
nant les mois de décembre et janvier. Aucune valeur du
coefficient de corrélation n'est significative, ce qui tend à
prouver qu'il n'existe pas de tendance nette, même s'il faut
conserver en mémoire que pour cinq des six décades
considérées un signe négatif accompagne la valeur trou-
vée, indiquant qu'une très légère diminution des effectifs
hivernants est perceptible.

11

Décades J2 J3
1* | -0,33 0,30

   

-0,24

Tableau III : Fuligule milouin - valeurs du coefficient de corrélation
pour les décades de décembre et janvier.

- Fuligule morillon

Aucune tendance significative n'est enregistrée, mais on
notera les valeurs de la première et de la troisième décade
de février, proche du seuil de signification, qui pourrait donc
correspondre a une amorce d'augmentation des effectifs au
cours de ce mois.

Décadcsl Dl | D2 D3 | J1 | J2 |

r 0.13 0.09 -0.09 0.09 0.25

Décades J3 F1 F2 F3 |
r 0.32 0.42 0.23 0.42

Tableau IV : Fuligule morillon - valeurs du coefficient de corréla-
tion pour les décades de décembre, janvier et février.

- Foulque

Hormis quelques points isolés représentant des valeurs
positives, le coefficient de corrélation est négatif en période
automnale et hivernale (figure 5), ce qui indique une ten-
dance au déclin, même si au cours de cette période, hormis
en troisième décade d'octobre, aucune valeur prise par le
coefficient n'est significative au seuil de 5%.

La valeur du coefficient remonte jusqu'à 0,5 et 0,52 respec-
tivement en première et troisième décade de juin (seules
valeurs significatives des périodes printanière et estivale.
La valeur du coefficient de corrélation s'effondre dès la pre-
mière décade de juillet. Elle prend un signe négatif, non
significatif, à partir du début du mois de septembre.

Foulque macroule
0.6 -

0nd q  ._. 

 

I I I J. '._ U
g.._..,_ . . . . . .._. . . . . . . . . ..,.._.... . . . . . 
41| ua, F2 M1 n53 a2 Ml M3 J2 Jul Juä n: sans: 02 m ua._u2:

p.2 -  Il __  ‘t,   I. _

0.4 _   

valeu r‘; de r

-Ü.6

décades

Figure 5 : Evolution de la valeur du coefficient de corrélation au
cours des différentes décades de l'année.

ll y a donc chez cette espèce deux tendances, l'une à l'aug-
mentation pendant la période estivale, l'autre à la diminution
pendant tout le reste de l'année.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

IV - Discussion.

Les résultats fournissent un éclairage sur l'utilisation de la
réserve du Hâble d'Ault par les anatidés et la Foulque.

Plusieurs éléments peuvent être distingués :

Pour l'ensemble des espèces de canards de surface, l'hiver-
nage est très faible, en liaison manifeste avec l'absence de
sites d'alimentation nocturnes accessibles. ll n'existe en effet
que peu de zones propices dans les bas champs : zones
humides de très faible profondeur bénéficiant en plus d'une
grande quiétude. La réserve et ses abords ne suffisent pas
pour assurer l'alimentation de ces oiseaux.

La situation est un peu différente pour les canards plongeurs
qui trouvent sur place une partie de leur alimentation. Les
ressources sont probablement limitées (peu d'herbiers) et
cette situation se répercute sur les effectifs qui ne montrent
aucune tendance significative. Cependant, il faut remarquer
la situation du Fuligule milouin qui pourrait montrer une réelle
tendance à la diminution.

Pour la plupart des espèces, les effectifs sont les plus élevés
au moment de la période de migration prénuptiale. La chasse
fermée, l'ensemble des zones humides des bas champs, en
particulier les mares de hutte, sont disponibles pour la
recherche alimentaire, ce qui permet des stationnements de
plus ou moins grande ampleur, selon les années, en fonction
de nombreux autres facteurs que locaux.

Le Canard souchet est le plus bel exemple d'une espèce
connue pour être en augmentation (cf Deceuninck et al.
2002), augmentation qui peut également être observée
pendant la période printanière. On notera avec intérêt l'aug-
mentation significative en troisième décade de février, qui
n'est peut être pas sans lien avec l'arrêt de la chasse à une
date antérieure au 28 février. En période printanière, il est
parfois difficile d'évaluer les effectifs d'oiseaux qui restent
dispersés sur les mares tranquilles et ne reviennent sur la
réserve qu'en cas de dérangement (Triplet, 1993).

Le Cygne muet a été pendant une période une des espèces
phares de la période estivale quand les oiseaux se regrou-
paient ici pour muer (Triplet et al. 1996). A ce moment, les
herbiers étaient importants, offrant des ressources alimen-
taires importantes aux oiseaux. Est ce la diminution des
herbiers qui a entraîné celle des effectifs estivants ou est ce
que les cygnes sont responsables de la diminution impor-
tante des herbiers ? Les réponses semblent être oui dans
les deux cas. En effet, il y a un déséquilibre important dans
la végétation aquatique, en lien étroit avec la présence
d'une Cyanobactérie (Triplet et al., 1999). En même temps,
il faut bien constater que sur différents plans d'eau, l'abon-
dance de cygnes pourrait conduire à la raréfaction de la
ressource végétale et une analyse plus poussée sur ce
point s'avère indispensable.

On ne peut alors s'empêcher de penser que la diminution
récente des effectifs estivaux de foulques peut venir de la
faible importance des herbiers aquatiques, qui conduit les
oiseaux à s'alimenter sur la terre ferme, pâtures ou cultures.
Cette diminution locale des effectifs de cygnes est com-
pensée par l'occupation d'un nouveau site favorable à cet
oiseau, la Station de Lagunage de Fort-Mahon (Rigaux,
1998 & 2000 ; Sueur, 2000 & 2001) sur laquelle une forte
proportion d’oiseaux s'alimente des graminées terrestres
constituant les pelouses bordant les bassins, désormais
utilisés comme zone de mue.

L'amélioration des conditions d'accueil des oiseaux d’eau
est une préoccupation à court, moyen et long terme du ges-
tionnaire de la réserve.

REMERCIEMENTS

A tous les observateurs qui consacrent de précieux
moments à l'observation des oiseaux sur le Hâble et qui
contribuent ainsi à un suivi de plus en plus précis.

A François Sueur pour son apport à la rédaction de ce travail.

BIBLIOGRAPHIE

DECEUNINCK B., MAILLET N., KERAUTRET L., DRON-
NEAU C., MAHEO R. (2002) - Synthèse des
dénombrements d’anatidés et de foulques hivernant en

France à la mi-janvier 2001. LPO, Wetlands International,
ONCFS, 40 p.

RIGAUX T. (1998) - Première synthèse sur l'intérêt ornitho-
logique de la station d'épuration des eaux usées de Quend

et Fort-Mahon, communes littorales de Picardie (Somme).
L'Avocette 22 : 2-9.

RIGAUX T. (2000) - Synthèse ornithologique 1999 de la
station d'épuration des eaux usées de Quend et Fort-
Mahon, communes littorales de Picardie (Somme).
L'Avocette 24 : 36-44.

SUEUR F. (2000) - Quelques observations ornithologiques
1999 sur la station de dépollution par lagunage de Fort-
Mahon (Somme). Avifaune picarde, 10 : 89-96.

SUEUR F. (2000) - Actes ornithologiques 2000 de la station
de dépollution par lagunage de Fort-Mahon (Somme).
Avifaune picarde, 11 : 75-85.

SUEUR F. et TRIPLET P. (1999) - Les oiseaux de la baie de
Somme, SMACOPI, GOP, RNBS, 510 p.

TRIPLET P. (Coord.) (1983) - Le Hâble d'Ault, première
synthèse des connaissances. Picardie Ecologie Hors Série
1 : 146 p.

TRIPLET P. (1993) - Stationnements printaniers du Canard
souchet Anas clypeata en Plaine Maritime Picarde
(Somme). Bull. Mens. ONC 176 : 10-16.

TRIPLET P., MAURY F. et LECOMPTE J.-P. (1996) - Bilan
de cinq années de marquage de cygnes muets Cygnus olor
sur le littoral picard. Avifaune picarde 1 : 89-94.

TRIPLET P., TERNOIS V., SOURNIA A., CASSORET G.,
OGET E., FAGOT C. et LEU H. (1999) - Plan de gestion du
Hâble d'Ault (1999-2003). SMACOPI, CEL, ONC, 39 p.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

HALTES MIGRATOIRES DE LIMICOLES SUR LE LITTORAL PICARD :

Nouvelles données sur l'importance des stationnements et recherche

d'une optimisation des méthodes de dénombrement
Par Pierre ROYER et Thierry RIGAUX

 

Au cours des deux dernières décennies, les visites de plus en
plus fréquentes et régulières d'ornithologues dans la réserve
naturelle de la baie de Somme ont permis d'apprécier de
mieux en mieux les effectifs d'oiseaux d'eau y stationnent tout
au long de l’année. En particulier, les Limicoles y font l'objet
de comptages sur des lieux privilégiés, les reposoirs de
marée haute : abords du banc de l'lslette (en règle générale)
et parc ornithologique du Marquenterre. L'importance et la
phénologie de ces stationnements ont été décrits récemment
par Sueur & Triplet (1999).

Cependant, comme l'illustrent par exemple les résultats du
dénombrement concerté conduit à l'échelle de la globalité
de la baie de Somme au mois de mai 2000 (Rigaux, 2000),
à certaines saisons tout au moins, une part importante des
Limicoles séjournant en baie de Somme peut passer la
marée haute sur des reposoirs situés en dehors de la réserve
ou repartir en migration à marée montante avant l’étale de
pleine mer.

Afin de confirmer et de préciser cette appréciation, il a été
décidé de renouveler en 2001 des dénombrements concertés
et simultanés à l’échelle de la globalité de la baie de
Somme (et même des deux baies picardes), ces dénom-
brements ayant été conduits non seulement lors du
passage prénuptial (pour l'essentiel au mois de mai,
comme en 2000) mais aussi lors du passage post-nuptial
(entre la fin juillet et la fin août).

Le présent article se propose de faire une mise au point sur
l'importance et la phénologie des stationnements observés
au cours de la dernière décennie (1991-2000) et de mettre
en lumière les apports complémentaires des divers dénom-
brements (globaux et simultanés pour certains) réalisés lors
des passages pré et post nuptiaux de l'année 2001.

Des recommandations pourront être finalement formulées
en vue d'une amélioration du suivi des Limicoles sur le lit-
toral picard.

l - Matériel et méthode.

Les détails de l'organisation des dénombrements concertés
figurent dans un premier article publié dans l’Avocette
(Rigaux, op. cit.). Différents groupes d'observateurs se
répartissent le long du littoral picard sur les principaux sites
d'accueil des Limicoles en halte migratoire afin d'en assu-
rer une couverture aussi complète que possible.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Cette couverture est gardée en mémoire pour chacun des
recensements afin de mesurer les lacunes de prospection
éventuelles et éviter les interprétations abusives.

Avec cinq équipes, la répartition suivante a été effectuée :
- la première dans le parc ornithologique du
Marquenterre ;

- la seconde au sein du domaine Public Maritime de la
réserve naturelle de la Baie de Somme (de la Maye à
l’Anse Bidard en passant par le banc de l'lslette) ;

- la troisième du parking de la Maye au Crotoy puis en
fond de baie (secteur compris entre la renclôture de
Noyelles, Saint Valery et Le Crotoy) ;

- la quatrième de Saint Valery au Hourdel et au poulier
de galets de la Mollière ;

- la cinquième en Baie d’Authie.

Les observateurs effectuent des comptages à l’étale de
pleine mer et - pour les trois premiers sites du nord de la
baie - à l'approche de la marée haute, afin de comptabiliser
les oiseaux repartant en migration active et quittant la baie :
les oiseaux quittant la baie à marée montante sont systé-
matiquement comptés ainsi que la direction de leur vol de
même que les heures de leurs mouvements.

Dans le cadre de groupes comptant au minimum un obser-

vateur expérimenté, les personnes suivantes ont pris part

aux dénombrements concertés : Nathalie Baron, Didier

Baverel, Vincent Bawedin, Frédéric Blin, Aurore

Boussemart, Philippe Cannesson, Stéphane Caron,

Philippe Caruette, Xavier Commecy, Patrick Decory,

Vincent Delcourt, Ludovic Farcy, Stéphanie Flipo, Marie-

Hélène et Jean-Louis Frémeau, Laurent Gavory, Michael

Guerville, Olivier Laluque, Hubert Lévêque, José Lejeune,

Sébastien Maillier, Thierry Nansot, Frédéric Noël,

Emmanuel, Marc et Anne Parmentier, Guillaume Petit-

renaud, Thierry Rigaux, Pierre Royer et Gilbert Terrasse.

Les dénombrements ont eu lieu aux dates suivantes :

a) pour le passage pré-nuptial :
- dénombrement concerté : 8 mai 2001 (ensemble des
deux baies).
- dénombrements complémentaires : pour la baie
d'Authie (22 et 29 avril ; 6, 23 et 24 mai), pour la baie
de Somme (6, 7, 12, 19 et 25 mai ; 3 juin).

b) pour le passage post-nuptial :
- dénombrements concertés
2001,21 août 2001.

: 22 juillet 2001, 4 août

- dénombrements complémentaires: 17 et 18 août 2001
(baie de Somme).

Pour commenter les résultats obtenus lors des différents
dénombrements concertés de 2001, nous avons établi, sur la
base d'une consultation des revues ornithologiques locales :
l’Avocette et Avifaune picarde, la moyenne des données
obtenues pour la période 1991-2000 lors des décades
considérées (cf. bibliographie).

Une autre source de comparaison est la moyenne des
effectifs comptés en réserve proposée par Sueur & Triplet
(1999), en général pour la période 1975-1998 (sauf mention
contraire).

Nous verrons dans quelle mesure les résultats obtenus en
2001 peuvent être comparés à ces moyennes.

Pour l'année 2001, il convient de rappeler que l'ouverture
de la chasse sur le domaine public maritime est intervenue
le 11 août.

Il - Résultats des comptages de l’année 2001 et rappro-
chement avec les données disponibles pour les
périodes 1975/1998 et 1991/2000.

- Huîtrier pie Haematopus ostra/egus

- Passage de printemps :
Les résultats des dénombrements 2001 et des moyennes
et maxima décadaires calculés pour la période 1991-2000
sont présentés dans le tableau suivant :

"ljrrgugk  I“- .1.-'.-;1.Lc   " " .1“-
m:     
RBDS lllTu" 965 965 6T0 T53- T42
MOYENNE ‘
l9‘) l-JOŒJU
RBDS I800 2440 241.0 1835 I830 [450
MAXIMA
I9‘) | JUIN}
21m1 3010-! N05 N05 ] 2.105 24:05 3100
llll
‘ 25H05
RRÜS 2001 '.’ 1480 I 2H5 > N0 |Î"50 > H00
BDA 200i [53 [f1 | b0 ‘.' 33 25
'I'O'I'1\L '.’ 1496 2245 '.' | îäî :- B25
RUS + BI).\

Les données du mois de mai de l'année 2001 se situent au
dessus de la moyenne calculée pour la décennie 1991-
2000 et se rapprochent des maxima relevés pour cette
période. Une légère décroissance des effectifs entre début
mai et fin mai / débutjuin apparaît.

Les données de la baie d’Authie ne représentent que 1 à
3 % des oiseaux présents dans les deux estuaires. Le
recensement exhaustif du 8 mai 2001 montre que, ce jour
la, la baie d’Authie accueille seulement 2,6 % des Huîtriers
pies présents dans les estuaires picards. Ceci s’inscrit dans
la faible abondance habituelle de l’Huîtrier pie en baie
d’Authie en dehors des périodes automnales et hivernales
(Rigaux, en préparation).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Les effectifs comptés en baie de Somme les 12 et 19 mai
puis le 3 juin sont des minima qui se situent vraisemblable-
ment très en deçà de la réalité des stationnements, des
groupes ayant probablement échappé aux observateurs.
Le 6 mai 2000, soit un an auparavant, le dénombrement
concerté n'avait permis de comptabiliser que 730 oiseaux
en baie de Somme et 210 en baie d’Authie, soit moins de
50% des effectifs comptés en 2001.

On constate de surcroît que l’importance relative des deux
baies constatée en mai 2000 et 2001 n’est pas identique.
Cette variabilité des effectifs et de leur distribution illustre
l’intérêt d'un suivi global des deux baies de la côte picarde.
Pour cette espèce, cette remarque vaut encore plus pour
l'automne et l’hiver au cours desquels des contingents
importants d’Huîtriers (jusqu'à plusieurs milliers) peuvent
regagner la baie de Somme en cours de marée montante
après s'être alimentés en baie d’Authie.

- Passage d'automne :
Les résultats des dénombrements 2001 et des moyennes
et maxima décadaires calculés pour la période 1991-2000
sont présentés dans le tableau suivant :

Hl.'['l'RI[-IR  _|“‘ 
"' ‘i ‘îîiïlï 117'315: ‘J-"älïi
RDDS 381|) 52110 55110
moyemie
19511-2000
m: n}; mnxinlu 511117 9mm 142411
19111-21101:
2mn 22:11‘: 42m1 2m13
RBDS 2001 2700 52.14 sono
hors; 1mm; 1m .195
2001
BDA 1s 7o 13
TOTAL 2333 571m 6613
1ms + 1m11

La dernière décade d'août 2001 présente un pic migratoire
qui n'apparaît pas dans la période 1975 à 1998 (Sueur &
Triplet, 1999). De plus, des données très hétérogènes ont
été recueillies à cette époque. En effet, les observations
réalisées le 19 août 2001 par Florent Violet (comm. pers.)
concluent à la présence de 12 850 oiseaux dans la réserve
naturelle de la baie de Somme tandis que le comptage
effectué par nos soins le 21 août (soit le surlendemain) et
considéré comme exhaustif ne donne que 6600 individus et
que 7300 Huîtriers pie sont comptés par François Sueur le
30 (comm. pers.). ll faut donc constater un déficit d'environ
6000 oiseaux en deux jours.

Ce maximum de 12 850 individus le 19 août 2001 est à
rapprocher des 14 240 observés le 31 août 2000 sur le
même site (Violet F. et al., 2000).

Si on retient la donnée exceptionnelle de 12 850 oiseaux le
19 août 2001, et compte tenu de l’importance du décalage
entre les données collectées les 19 et 21 août (trop important
pour être attribué à l'incertitude entachant le dénombre-
ment), il faut admettre l'hypothèse qu'un flot de migrateurs

a stationné quelques heures ou dizaines d'heures en baie
de Somme avant de continuer sa route vers le sud. Ces
migrateurs auraient ainsi précédé les observateurs pré-
sents sur le terrain le 21 août. Le sea-watch réalisé a
Cayeux le matin du 21 août par Patrick Decory et Thierry
Rigaux n’a permis d'observer que 11 Huîtrier pies en vol
Sud (de 7h15 à 9h00, heure légale).

Mais la migration de |’Huîtrier pie est essentiellement nocturne
(Géroudet, 1982). Aussi avons-nous essayé de savoir si un
afflux inhabituel avait été noté dans les sites traditionnels
d’accueil de |’Huîtrier pie situés plus au sud : baie de Seine,
baie des Veys, baie du Mont-Saint-Michel.

Pour la période considérée, on ne dispose pas de données
significatives pour cette dernière baie dont l'étendue nécessite
l'organisation de dénombrements concertés impliquant de
multiples observateurs (Sébastien Provost, comm. pers.).
Pour la baie des Veys, les données décadaires du mois
d'août disponibles pour la période 2000-2002 montrent une
augmentation moyenne de 32 % des effectifs entre la
deuxième et la troisième décade, faugmentation ayant été
maximale au cours de l'année 2001 : de 1160 le 18 à 1833
le 25, soit une augmentation de 58 %. Les effectifs comptés
en baie des Veys en août 2000 et 2001 restent toutefois
conformes a ce qui était enregistré les années précédentes
(Emmanuel Caillot, comm. pers.).

- Avocette élégante Recurvirosta avosetta

Seuls les stationnements post-nuptiaux sont présentés ici :

AvOÇETTE .'€"4|.qEi:-.u|.: lL-n: lltÏzhjL‘ .1 u liLÏlllill
Iuillcl clbhfll alïhnît
Mnycnitc R R] )S 5] 4H 27"
1991-2000
Malximit RBDS "f8 S2 65
1991- 2000
Zillll 221'117 04H“ 2 H08
RBDS 2001 106 3E1 I4
hurs RBDS 200| 31 83 32
'I‘(}'I‘.-\I. HIE-i _ 13? l l9 46

Les effectifs comptés en 2001 appellent les remarques
suivantes : la forte diminution des effectifs comptés en
réserve entre fin juillet et début août ne concerne pas la glo-
balité de la baie. A l'échelle de la baie, l'évolution des
effectifs comptés présente de fortes similitudes avec l’évolu-
tion moyenne constatée pour la période 1991-2000. Le
diagramme des effectifs moyens et maxima observés au
cours de cette dernière période rappelle par ailleurs la phé-
nologie des stationnements observée pour la période
1975-1998 (Sueur & Triplet, 1999). Dans tous les cas, on
constate une nette diminution des effectifs entre fin juillet et
fin août.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

- Petit Gravelot Charadrius dubius

PFÏH‘.   
““'“"‘“’T ‘ËÏÎÂËÏ ÉÏL-ÏÂÏËÎÂ ÂÏŸÂÂÏÏ
MÜYENNE RBÜS 5 9 5
19L; l .2000
NIAXIMA RHDS i0 52 21
leu l .2000
2001 22207 Iwim 2110s
mans 200i 4 - -
hurs 0013s 200i . 2 l 1
0m 2001 . 4 .
'l't)'[‘.-\[. 4 r: l 1
uns + 3m

Que ce soit dans la décennie 1991-2000 ou dans la période
1975-1998 les effectifs du Petit Gravelot restent faibles aux
passages et seuls quelques maxima permettent de situer le
passage post-nuptial. Celui ci débute à la mi-Juillet, culmine
en moyenne dans la première décade d'Août et cesse à la
fin de ce mois.

Les Petits Gravelots n’effectuent pas de regroupements
comme les autres espèces de Gravelots, ce qui rend difficiles
des recensements exhaustifs. D'autres sites continentaux
(bassins de décantation des industries agro-alimentaires,
notamment) permettent de cerner beaucoup plus précisé-
ment la phénologie de la migration de cette espèce.

- Grand Gravelot Charadrius hiaticula

a) Dénombrements concertés :

- Passage de printemps :

  
       
   
 
       
 
   

(ËRANÏ)
(ERAVEMÏF
À-IOYENNE RBDS
Jériudr lŒJl-ZINJŒ)

NI.=\X1ËN1:\ RBDS
‘riude lïflJl-ltltlt!

   

    

325
@ÆÆ

  

BIJS-i-Bllfl

Les dates des comptages simultanés correspondent au
passage migratoire de mai, période où les effectifs sont les
plus élevés de l'année. En 2001, on voit que le pic des
stationnements se situe dans la deuxième décade de mai
avec un nombre maximum de 4650 individus à rapprocher
des 4800 notés au même moment en l'an 2000.

Les données du printemps 2001 produisent une courbe qui
épouse parfaitement le diagramme des migrations des
années précédentes (voir figure page suivante).

Les comptages de la baie d'Authie rendent compte de
l'importance de cette baie pour les stationnements pré-nup-
tiaux de cette espèce : l'effectif compté y représente alors au
moins 30 % de l'effectif compté sur le littoral picard.

Enfin, on notera que les dénombrements de 2000 et 2001
mettent en lumière la réelle importance des estuaires
picards - notamment de la baie de Somme - que les données

acquises pour la période 1975-1998 ne permettaient pas de
mettre en évidence selon Sueur et Triplet (1999).

- Passage d'automne :

GRAND 01ml l ‘Plu 
.‘ ‘ L'L"\I.L U L CL“: l." L ÛL" C
GRÀ‘ RI '01‘ Juillcl cl ‘AM1! tFAnvfnl
MÛYËNNË 55 264 I E150
RBDS
199i QÛÛÜ
MAXIMA ËIÎÜ ÜÜÜ ÏËÜÜ
RBDS
199] QUÜÜ
2001 22307 04508 21H08
RBÛS ÊCÛI 43 88 ÎÎÎÛ
HÛRS RRÜS - 45 -
ËÜU]
BÜA ËÛÛ] 30 l4? ËÎÛ
TÜTAL IÈÎ 2T5 ËÂËÛ
RRDS + BÜA

Les données recueillies en 2001 situent le pic migratoire
dans la dernière décade d'août, conformément aux obser-
vations des décennies précédentes.

Les effectifs dépassent la moyenne des stationnements
entre 1991 et 2000 sans en atteindre le maximum. Si la baie
d'Authie accueille la majorité des Grands Gravelots jusque
début août 2001, la tendance s'inverse ensuite lorsque le pic
migratoire se concentre dans la réserve de la baie de
Somme. Les stationnements en dehors de la réserve ne
concernent plus alors que quelques dizaines d'oiseaux,
voire aucun, peut être du fait de la conjugaison des déran-
gements occasionnés par la fréquentation touristique d'une
part et par la chasse au gibier d'eau d'autre part.

b) Période 1991 - 2000 :

Les passages du Grand Gravelot sur le littoral picard se dérou-
lent avec une régularité remarquable. On retrouve pendant la
décennie 1991-2000 le même calendrier des migrations que
pendant la période 1975-1998 (Sueur & Triplet, 1999) avec
deux pics au printemps et un autre à l'automne.

Le premier se situe dans la deuxième et troisième décade
de mars suivi d'un second vers la mi-mai, de loin le plus
important. Ensuite, les effectifs chutent jusque dans la
deuxième décade de juin pour devenir quasiment nuls.

6000

5000

4000

3000

2000

1000

 

1-(0011-(0011-{0011-
-:-: _l

LL 2 2 < 2 2 a
-2001 —-—moy1991-2000 _..max1991-2uoo

-:

Figure 1 : Phénologie des stationnements du Grand Gravelot en
baie de Somme.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Le troisième flot migratoire apparaît à la fin de l'été : il débute
dans les derniers jours de juillet et croît jusqu'à son maxi-
mum vers la fin du mois d'août, se prolonge avec une très
forte intensité pendant la première décade de septembre
pour ensuite chuterjusqu'au mois d'octobre. Les passages
sont plus étalés dans le temps pendant la migration post-
nuptiale.

- Gravelot à collier interrompu Charadrius alexandrinus

a) Dénombrements concertés :

- Passage de printemps :

rrknvmnï l._=«--I I n‘ la‘ I 1m‘
A COLLIER ‘.““"“." “m? “m? “m.”
INTERRONIPU cl .'\\'1'l| Lie Mati Llc Mati dt Juin

MOYENNE RBDS .1 là 5 3
I951 l-2000

MAXIMA RBDS 8 2€ 25 I2
l9‘) l —2000

2001 29304 08H05 25H05 3 un 4 1'06

RB DS 200i '.’ — — -

BDA 200| l4 I4 f: l2

1 0l AL l 4 I4 f: l 2
BDS + BDA

Les observations de printemps ne concernent que la baie
d'Authie et pourraient se rapporter à des nicheurs locaux (7
couples signalés par Michael Guerville (comm. pers.). Les
comptages concertés du printemps 2001 ne révèlent aucun
stationnement de Gravelots à collier interrompu atteignant
l'ampleur des effectifs de la période 1975-1998 (Sueur &
Triplet, 1999). Les effectifs calculés pour la période
1991/2000 montrent également le déclin des stationne-
ments pré-nuptiaux du Gravelot a collier interrompu en
réserve naturelle de la baie de Somme.

- Passage d'automne :

üràrütfll‘    
f‘  (lift. L‘ LTJ ’L' L-ÛL" ’C L51“: “I:
INTERRONIPU ILËIILICl LI Ami: LI Ami: d Ami
MÜYÉNNË RBDS Ë |.'—1 l 4
l9‘) I-ÏŒIU
MAXIMA RRÙS 8 4 5 30
l9‘) I-ËLÏÜU
2001 22.03’? D4103 l ÏKÜS 21H08
RB DE - - - 5
BUS SUI) - m1 4U
BDA 5U - - IÜ
TOTAL 50 83 4U l5 Î’

La réserve naturelle de la Baie de Somme et le parc orni-
thologique du Marquenterre se caractérisent par une faible
présence de Gravelots à collier interrompu en août.
Cependant, des petits groupes font l'objet d'observations
au nord et au sud de l'estuaire. ll faut noter l'effectif remar-
quable de 50 individus en Baie d'Authie le 22 juillet, et, au
sud de la Baie de Somme, de 88 début août et de 40 mi-
août. Le Gravelot à collier interrompu a préféré les environs
du poulier de galets de la Mollière et la pointe sableuse de

Routhiauville en Baie d’Authie a l'estran de la réserve natu-
relle de la Baie de Somme.

- Pluvier argenté Pluvialis squatarola

a) Dénombrements concertés :

- Passage de printemps :

PLUVIER F" l“" 2“' -' 2"“ 1""

. ' . décade LÏLÏEÀÏL‘ dénude ÜLÏŒJU décade
ARGENT‘: A\r|'| 31:11 .\I.'n' .\1:Ai Juin
MIÂJYLËNNE 2T 618 227 T3 l3

RBDS
1991-2000
MAXIMA 1.10 RJ00 470 2.1? 34
RBÛS
1001-2000
ZŒII 291104 08m5 I 21"05 25:05 0.1106
RBDS Z‘ I353 2100 > 300 2l
POM t dont
ËÜÜI 73 I
NE}
hors RBDS Z‘ T5 NE 930 î‘ .°
200|
BDA 45 | 25 ' 145 T
200|
TOTAL I’ HTI ‘Ï 4-15 Î’
BUS + BDA

Les comptages réalisés en Baie de Somme concernent
chacune des décades de mai.

Les trois comptages déterminent un pic qui épouse parfai-
tement le passage migratoire traditionnel de printemps (voir
figure ci-dessous) avec un maximum le 12 mai. Comme pour
le 6 mai 2000, le comptage du 8 mai 2001 démontre que
près de 60 % des oiseaux reprennent leur migration active à
marée montante. Il se confirme donc que les dénombre-
ments des reposoirs de marée haute de cette espèce ne
permettent pas de cerner convenablement les effectifs qui
stationnent en baie de Somme au printemps.

Les données du 8 mai 2001 montrent que la majorité des
Pluviers fréquente la réserve de la baie de Somme a l'ap-
proche de la marée haute tandis que 16 % d’entre eux se
trouvent en dehors (25 % le 6 mai 2000).

- Passage d'automne :

PLUVIER  1'" 
«nom»:  21:11:: 15:11::
01011010110 12 31 11s
RRDS 1001 2000
MAXIMA 0130s 42 53 120
1001 2000
2001 22:07 04:03 21103
RBDS — 10 00
‘IUÏA L - 10 90

Le passage d'automne se distingue nettement du passage
prénuptial par sa relative discrétion. Les nombres affichés
caractérisent des effectifs sans commune mesure avec ceux
du mois de mai. Les observations concernent la réserve
naturelle de la baie de Somme tandis que la baie d'Authie
semble totalement désertée par l'espèce. L’impact des
dérangements touristiques et de la chasse pourrait être la
cause de cette absence d'exploitation de l'estuaire de l’Authie
à cette période l’année.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  ‘ Numero spécial de Mvocette o 2003

b) Période 1991 - 2000 :

Le passage de printemps présente des maxima concentrés
dans les deux premières semaines de mai. D’un effectif très
réduit fin avril, on passe en quelques jours a un pic migra-
toire intense avec des effectifs parfois élevés (3300 dans la
première décade de mai 1996, Sueur et al., 1999). Ce flot
d'oiseaux se poursuit dans la deuxième décade avec une
intensité habituellement du même ordre. Fin mai, les sta-
tionnements présentent une chute rapide du nombre de
Pluviers, lequel devient quasiment nul en juin. C'est en Août
qu'apparaissent les migrateurs d'automne mais le passage
est à la fois nettement plus modeste et beaucoup plus pro-
longé puisqu'il s'étale jusqu'en octobre. Une augmentation
des effectifs fin septembre laisse deviner un pic discret à
cette période.

3500
3000

2500

2000
1500

1000
500 ,

0,

1-(‘701 ("JËVI-(ÜN (Vx-(O
ñfi

u-Ezqïzäñâäqïwwäëgg

12001 +muy10012000 +max 100172000

Figure 2 : Phénologie des stationnements du Pluvier argenté en
baie de Somme.

- Bécasseau maubèche Calidris canutus

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

BECASbPL-äü     
NIMIBECIIE :.'-‘::::: ::::::: :::::1f: 3:0: 21:30:
TUIOYENNFË 5T 7R0 670 1 l0 2l

RBDS
1991-2000
MAXIMA 3-00 5000 5000 650 8U
RBDS
1091-2000
2001 201'114 0310s I 2105 25105 1131011
RBDS ‘i 43 3S > 960 > 400 20
(dont
I630
NE
houx RBDS L’ 10 - i‘ i‘
BDA I l 300 L‘ 105 l9
BUS + BDA

Le comptage du 8 mai 2001 s'inscrit dans le pic migratoire
des deux premières décades de mai et affiche un effectif
très élevé (4338 individus) proche des maxima relevés
dans la dernière décennie (5000 individus). ll faut remarquer
que l'effectifde 535 individus, noté le 6 mai 2000 en baie de
Somme (Rigaux, 2000), est curieusement loin d'atteindre
ce nombre.

La chute brutale du passage début juin 2001 apparaît avec
seulement 39 individus le 3 de ce mois.

Le pourcentage d'oiseaux qui quittent la Baie de Somme a
marée haute est moins élevé qu’en 2000 mais reste impor-
tant : 37 % contre 45 a 53 %. ll confirme, comme pour le
Pluvier argenté, que les recensements des oiseaux de cette
espèce exploitant la baie ne peuvent se limiter au comp-
tage des oiseaux posés à l'étale de marée haute.

- Passage d'automne :

BECÀSSEAI] EILËÛHIIL‘ ilütîlizlu iliîîuzlïlu (lfilflriu
51'“ Bhcflh Lll! Juilloi tiz-xuru travail. u ‘Août
MÜYENNË 9 5U 149 149

RB D5;
1991 QUÜÜ
MAXINÏÀ l6 ÈÜI 39|’) ËQÛ
RBDS
l 99 [ÈÙÜÜ
2001 ZËÏÜT ÜWÜË 21103 31103
RBDS 2 33 45 l ÎÎ!
i‘ 90 ŸË J j‘ UÏÊËË J
BÜÂ - 4 1
TÜTÀÏ, 2 43 4? l ÎÎ!
BUS + BDÀ

Les effectifs relevés en août 2001 (surtout la deuxième
décade) s'avèrent particulièrement bas, inférieurs à la
moyenne des dix années précédentes. lls ne révèlent pas
de passage notable à cette époque de l’année. La donnée
du 31 août correspond à un pic constaté fin août / début
septembre (Sueur & Triplet, 1999).

La majorité des Bécasseaux maubèche reste concentrée
dans la réserve naturelle de la Baie de Somme (90 à 100 %).

b) Période 1991-2000 :

La migration prénuptiale du Bécasseau maubèche ressemble
a celle du Pluvier argenté. Elle présente un pic maximum
dans les deux premières décades de mai puis chute jusque
début juin. Des maxima extrêmement élevés ont été notés
en 1993 et 1995 (5000 individus).

Le passage d'automne débute en août et se termine fin
octobre. Les maxima sont divisés par dix par rapport au
passage printanier et présentent un premier pic fin août /
début septembre et un second dans la première décade
d'octobre.

La phénologie de la migration reste identique a celle de la
période 1975 à 1998 (Sueur & Triplet , 1999).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

- Bécasseau sanderling Calidris alba

a) Dénombrements concertés de 2001 :

- Passage de printemps :

BECASSFAU [IËIQÏIB-It.‘ ljfitliïûlü 05:10 ilâîïlu utlæïiu
SANDERLING nlïiçril «le nmi «le l'ami alu nmi lll.“ suin
.|
MOYENNE 99 24T 6T3 1S] IE5
RBDS IÜÜI-ÈÜÜÛ
MÀXIMÀ RHDS HËÜ KHÜ ÏÜÜÜ 450 KIËIU
IWN-ËIJÜU
200| 291'04- DSFIIS IÛIÜS 24 ou ÜÂIÜÙ
35H15
RRDS ËÜUÏ I’ ÔÏÎÜ - ÎÜÜ ÏÏU
hurs RHDS ËÜEII Ï’ 42Ü ËSUÜ [ÎIJEI 415
H]).\ ÈIIÜÎ 3.3l] 4ÜÜ L’ 3'20 L’
TÛTÀL Î’ l 41W! L’ ‘ZTZEI L’
BUS + BIÏA

En 2001, le pic migratoire se situe mi-mai, en conformité
avec les données antérieures mais il atteint un maximum
supérieur à ceux relevés jusqu’alors. De même, les dénom-
brements réalisés avant et après le pic révèlent des effectifs
qui dépassent largement les maxima décadaires des
années précédentes. A cette époque, l’essentiel des effec-
tifs peut se concentrer au sud-est de la Maye, hors réserve
naturelle, comme observé les 17 et 25 mai 2001.

- Passage d'automne :

BFÏCASSFAIJ   
SAHUERLING 11313.‘... 21:2’; 21:1’;
MOYENNE RBDS 3 i0 203 186
199| 2000
MAXIMAL RBDS 2l 00 r90 l 100
me i-zmn
2mn 22:07 (W08 2ms
RRDS l? 4 500
BDS sud 350 i300 i su
3m l — i0
Tu-rAL 368 i304 090
BDS + nm

Les données enregistrées de 1991 à 2000 dans la réserve
naturelle de la Baie de Somme révèlent un maxima dans la
dernière décade de Juillet puis les effectifs chutent dans la
première et deuxième décade d’Août, contrairement a la
tendance notée dans la période 1975-1998 (Sueur, Triplet,
1999) qui signalait un pic migratoire important au milieu de
ce mois. Si on examine les données de 2001, on constate
une prédominance de bécasseaux au sud de la baie de
Somme avec un maximum qui pourrait expliquer qu'une
partie des oiseaux ait échappé aux observateurs postés
dans la réserve naturelle les années précédentes.

Le 4 août 2001, le regroupement des 1300 Bécasseaux
sanderlings notés s'effectuait a la Mollière, sur le poulier
sud, alors qu'ils étaient quasiment absents au nord de la
baie (seulement 4 individus au sein de la réserve).

Ainsi, pour cette espèce également, le suivi de la seule
réserve naturelle n'est pas adapté pour suivre convenable-
ment et de façon fiable les fluctuations d'abondance en
baie de Somme.

b) Période 1991-2000 :

Bien que les passages de printemps aient la même phéno-
logie dans les périodes 1975-1998 et 1991-2000, ils se
distinguent par des effectifs beaucoup plus élevés pour la
dernière décennie (maxima 3300 au lieu de 1000). Le mou-
vement débute rapidement dans la dernière décade d'avril
et atteint son apogée mi-mai. Il chute ensuite jusque dans
la première décade de juin pour devenir nul.

Les effectifs relevés lors du passage post-nuptial demeu-
rent, quant à eux, identiques dans les deux périodes mais
on relève cette fois un glissement du pic migratoire du mois
d’août vers la dernière décade de juillet. Les derniers migra-
teurs passent dans la deuxième décade de septembre.

 

FTOOII-rflwl-rfiflll-[OÜIFFÜÔIÉÉÛI
"”l-l-ää<âë"=j=j<wwozzo

Z2001 —-—moy1991-2000 —-—max1991-2000

Figure 3 : Phénologie des stationnements du Bécasseau sander-
ling en baie de Somme.

- Bécasseau cocorli Calidris ferruginea

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :
ll se distingue par l'observation de 29 individus le 8 mai,
effectif supérieur a tous ceux notés auparavant à cette
période. La répartition spatiale est la suivante : 20 sur le
Domaine public de la réserve naturelle, 3 entre la Maye et le
Crotoy, 6 au parc ornithologique du Marquenterre.

- Passage d'automne :

RECASSEAIJ   
0000km JÏÜLÎTÏE. Îlïäîïi ÏlÀîË-ÏQ
MOYENNE 1413135 12 30 1s
11391-2000
MAXIMAL x1305 11s 120 a4
12491-2000
2001 22:07 04m3 2110s
RBIJS 22 3R 37
1313.4 2 - 2
TOTAL 24 J3 ÂÛ
1ms + 3m

Les données du mois d'Août 2001 s'inscrivent dans les
deux pics migratoires connus à cette époque de l'année.
Les nombres enregistrés en 2001, sans dépasser les maxima
notés pour la période 1991-2000, sont en revanche supé-
rieurs a la moyenne. La majorité des Bécasseaux cocorlis
est observée dans la réserve de la baie de Somme.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

b) Période 1991-2000 :

Le passage de printemps n'est noté qu'à travers l'observation
de quelques individus en avril et en mai : il est très faible.
Les données automnales reflètent deux pics migratoires,
lesquels avaient déjà été notés dans la période 1975-1998.
Ces deux passages distincts concerneraient celui des adultes
et des juvéniles (Sueur & Triplet, 1999). Le manque de pré-
cision sur l'âge des oiseaux observés en 2001 ne nous
permet pas de confirmer cette affirmation.

- Bécasseau minute Calidris minuta

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

 

RECASSEAIJ  ""' —
. . . Lléctnlc Iücudc Lléctnlc
M1” U 1 '5- al‘A\-ril _ :11- Mai .1.- Mm
MOYENNE RBDS 0.4 r: a
1901-2110::
MAXIMA RBDS 2 14 21 l 1
19111-2000
2mn 29104 03m5 12105 24 uu
25:05
RBÜS '.' 5 3 -
ttnrx RHDS '.' Î '.' -
13m 2 ' - 9 lû
'l'0'1'AL ‘P ' 1 2 t’ î‘
ans + nm

Les comptages du printemps 2001 font ressortir des effectifs
qui s'inscrivent dans les données de la période 1991-2000.
Les nombres relevés restent faibles, largement inférieurs à
la moyenne (70 ind.) et au maxima (120 ind.) indiqués par
Sueur & Triplet (1999) pour la période 1975-1998. Le comp-
tage du 8 mai, pouvant être considéré comme exhaustif, ne
totalise que 12 individus pour l'estuaire de la Somme, alors
que ce total était de 44 en 2000.

- Passage d'automne :

BIÈCAÊSSEAL:  (ILÏLIIE «là-ml:
NIIN “TE LIU Juilld dÏ-‘hvül :I'.-‘\U1'II
MOYFNNË RBDS l2 R 9
l Ü‘) l-ZÜÜU
MAXIMÀ RBÛS 38 22 22
l ‘J9 l-ZÜÜU
200| 22.1"]? _ 04308 2 1ms
RB DS-PONÎ 2 9 I .3
hors RHDS-PÜM - _ 4 3
TUIEII BDS 2 13 I 6
RB DA l 3 |
'I'Ü'I'A L 4 Ï Û I 7
ÏIDS + BDA

L'ensemble des comptages réalisés en 2001 sur tous les
estuaires révèle des effectifs se situant dans l'ordre de
grandeur de la moyenne pour la période 1991-2000. Le pic
migratoire du mois de septembre n’a pas été étudié dans le
cadre du présent travail.

b) Période 1991-2000 :

Les premiers migrateurs arrivent en avril puis le passage
culmine a la mi-mai pour se prolonger en juin. Ce pic
n'apparaît pas pour la période 1975-1998. La migration
prénuptiale se termine à peine qu'apparaissent déjà les
migrateurs d’automne qui fréquentent la baie de Somme
jusqu'en octobre. Le pic du passage, largement supérieur a
celui du printemps, se situe dans les deux premières décades
de septembre. Les derniers individus sont observés en
novembre avec un dernier sursaut des effectifs au début de
ce mois.

- Bécasseau variable Calidris alpina

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

BECASSEALÎ   _-  
VARIABLE Éîääïä tlîïïîfiî" îlïîäî ZIÏÏÏJI 
‘MOYENNE 33e 415 245 2s ,21

RBDS
199 [-2000
MAXIMA i500 IñEJEJ ÎIJEI TÜ KEI
RBDS
r99 [-2000
100| 29x94 93m5 19:95 23:95 9.99a
RBDS 290i 574 _ son sa
un: 200i l5] 5 25  90 i5
TOTAL - 649 L‘ - 95
uns + 15m

Les effectifs du mois de mai 2001 se situent au dessus de
la moyenne des années précédentes. La baie d’Authie peut
accueillir à cette époque des effectifs élevés proches des
maxima de la baie de Somme si on se réfère au comptage
du 29 avril 2001 mais la tendance peut s'inverser comme le
montre le dénombrement du 8 mai. A noter que le 6 mai, la
baie d'Authie accueillait encore 800 individus.

- Passage d'automne :

«un:

. . . . - .1""'- l"‘
BvhtAbbbAU SÎLÏHAII.‘ ilüunclu ilüLurlu
5R1)‘ “LE .1.- j'aille: slïmfit tiamm
NÏËJYHNNE ‘J53 H3? [UÜÜ
RBDS
I091 52H00
NÏAXIMA i400 ISTÛ 2692
RBDS
I991 QÛÛÜ
200| 221W]? 04"08 2H08
II.\ J
BUS 2U 33 2
hors‘ RN (b9? l (309?)
RBDS 94 664 800
(2353?) [ÔÜÇEJ [3290
HÜÀ ÏÏU ÏZÜ l8?
teste-i t ID‘): ‘,1 r ISFPE y
'1‘(_)'[‘A]_, 33? I | I5 984

L'augmentation des effectifs dans la dernière décade d'août
est apparente mais elle se situe sous la moyenne de la
dernière décennie. La répartition spatiale des oiseaux montre
que les Bécasseaux variables ne restent pas concentrés
dans la réserve mais fréquentent d'autres secteurs avec

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  l Numéro spécial de Mvocette - 2003

des variations importantes dans leur distribution : 72% hors
réserve le 22 juillet, 40% le 4 août, 23% le 21 août, la baie
d'Authie totalisant jusqu'à 65 % des effectifs comptés le 22
juillet 2001. Mais, à cette date, les effectifs globaux comptés
sont faibles.

bl Période 1991-2000 :

L’hivernage cesse fin février et débute dès le mois de
décembre. Deux maxima caractérisent les stationnements
en baie de Somme : le premier a la mi-janvier et le second
début novembre. Une recherche plus approfondie des
oiseaux au moment des comptages de la mi-janvier peut
éventuellement expliquer le pic hivernal tandis que celui de
la première décade de novembre peut traduire un dernier
flot de migrateurs important. La migration de printemps se
déroule de mars à juin, celle d'automne montre une pro-
gression des effectifs jusque fin août puis une décroissance
et à nouveau une augmentation dans les derniers jours
d'octobre et le début du mois de novembre .

- Combattant varié Philomachus pugnax

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

Seul le 8 mai fournit deux données: 15 en vol NE Le Crotoy
et 2 en vol NE au POM.

Ces deux observations se situent en fin de période de
migration et peuvent expliquer le faible effectif compté. Par
ailleurs, les sites de prédilection du Combattant n’ont pas
été prospectés.

- Passage d’automne :

 

COMBATTANT _'_'_" -.‘f_"'
vanne îf-Ëiii’; tilt’;
MOYENNE RBDS T 12 7
r99 12009
MAXIMA mans l8 4o l6
r99 [-2000
2mn 22m7 94:03 21m3
IL—\ 1 - -
mM a sa sa
hors RBDS - 13 3
nm - l 1
'I‘O'I‘A L ï 22 l 2

La majorité des Combattants fréquente la Baie de Somme au
passage d'automne. Les effectifs observés en 2001 dépassent
légèrement la moyenne de la période 1991-2001.

Le Combattant fréquente plutôt les pâtures humides que les
espaces inter-tidaux. Or, les étendues de la basse vallée de
la Somme et certains secteurs des renclôtures du sud de la
Baie d'Authie ou de la basse vallée d'Authie n’ont pas été
prospectés. Les données recueillies sur l'espèce au printemps
2001 ne sont que de peu d'utilité pour apprécier les capacités
d'accueil de la Picardie maritime vis a vis de cette espèce
au cours du passage pré-nuptial.

b) Période 1991-2000 :

Le passage de printemps débute en mars et se termine au
mois de juin. Si l'apogée du mouvement prénuptial se
situait plutôt autour de la deuxième quinzaine d'avril pour la
période 1975-1998, on assiste à un glissement de ce maxi-
mum vers la dernière décade de mars et la première d’avri|
pour la décennie 1991-2000.

Le pic de migration post-nuptial débute toujours fin juin /
débutjuillet. Un second pic discret peut être distingué début
août puis les derniers migrateurs sont notés fin août.

- Barge à queue noire Limosa limosa

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

L'effectif de neuf oiseaux en Baie de Somme le 8 mai 2001
s'inscrit dans la période de l'année où l'effectif est au plus
bas. Un dénombrement a cette date ne fait que confirmer le
creux constaté entre les passages pré et post nuptiaux.
Les dénombrements concertés concernant cette espèce
devraient être mis en place plus tôt dans l'année, principa-
lement en mars si l'on veut mieux cerner les mouvements
prénuptiaux.

- Passage d'automne :

. . .'l--='- l‘ ‘ “m?
ouïîfääoînc .;:r’:.=:r:.. l  iïzrs:
MOYENNE RBÛS 40 41'] 27
l9‘) I-ZŒU ‘
MAXIMA RBDS 8h ‘ 10.1 Î?-
IÜ‘) I-ZŒU
200] 22H17 l 04108 21103
RBDS PÜM 200| 84 I ‘f8 ‘J3
BDA - I 5 -
hors RBDS - I — 1
TOTAL BUS BDA 84 I 83 ‘J4

Les effectifs comptés à l'échelle du littoral picard se rap-
prochent des maxima relevés pour la décennie 1991-2000
pour la réserve naturelle, le parc ornithologique du
Marquenterre assurant l'accueil de la quasi-totalité des
oiseaux. Les Barges apprécient les prairies humides
aménagées dans le parc et, sauf évolution des capacités
d'accueil d'autres secteurs, les dénombrements de cette
espèce lors du passage post-nuptial pourraient rester limités
à ce site qui abrite alors entre 95 et 100 % des oiseaux en
stationnement.

b) Période 1991-2000 :

Le statut de la Barge à queue noire a évolué dans la dernière
décennie du XXe siècle puisque la quasi absence hivernale
(de novembre à février) notée jusqu'en 1995 a laissé la place
à des observations tout au long de l'année plus conséquentes.
Un passage de printemps peut être décelé dès la fin février;
celui-ci culmine en mars pour ensuite décroître jusque début
mai. La migration postnuptiale se distingue par des effectifs

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

moyens et maximaux beaucoup plus élevés. Dès la deuxième
décade de juin apparaissent les premiers passages qui vont
culminer en juillet pour régresser d'août jusqu'en novembre.
Les effectifs présents entre fin novembre et février sont en
augmentation régulière depuis 1995. Les observations
proviennent en majorité du parc ornithologique du
Marquenterre.

- Barge rousse Limosa Iapponica

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

BARGE ilüïrïlu IÎLäIÏIL‘ uÇ-ïlrc iIüË-nîlc
ROUSSE u.- Nlzti de Mati (la! lt-Iui «le Juin
MOYENNE 502 ltJl I3 2
RHDS
I99I-2000 _
LJAXIÏHA I986 550 60 b
RRÙS
lüül-EÜUÜ
mm m5 l 2105 24:05 03mn
RHDS 2mn H24 > un . 5
hui-s ' au 9o
RBDS 20m
30.4 _ 160 z> r5
'1‘u'1‘_=\]_, uns I344 > 230 r5 5
+ BDA

En 2001, le passage de printemps est concentré dans la
première décade de mai, conformément aux données des
années précédentes. Il décroît ensuite de façon abrupte
jusqu'en juin. Les effectifs dépassent nettement la moyenne
1991-2000 mais restent nettement inférieurs au maximum
enregistré au cours de la période 1975-1998 bien que le
comptage soit exhaustif le 8 mai. Le rôle de la réserve natu-
relle de la Baie de Somme comme reposoir de marée haute au
cours du pic migratoire de printemps demeure essentiel puis-
qu'elle accueille près de 85 % des oiseaux comptés le 8 mai.

- Passage d'automne :

RA RGE -,‘ F" 
uotlssu .;.'.";.;:‘.fl“.. rififi‘; ïlîäl-r;
MOYENNE 43 29 2s
RBDS
19914000 _ _
MAXIMAL 325 52 «s5
RBDS
lüül-EEJEJÜ _ _
21m1 2mn 04:03 3ms
RBDS 4 — 45
aux — u 
mTAL 4 l 2 > 45
RDS + nm

Les effectifs comptés en août 2001 sont restés extrêmement
faibles, voire nuls, pendant les trois premières semaines de
ce mois, nettement en deçà (en valeur relative) des effectifs
décadaires moyens. Mais ces variations relatives portent
sur des effectifs très faibles.

b) Période 1991-2000 :

La migration de printemps de la Barge rousse se concentre
sur trois décades : elle débute dans les derniers jours d'avril,
présente un pic important début mai, est encore assez
intense la seconde décade de mai puis s'amenuise jusqu'à
la fin de ce mois. Les maxima constatés dans les périodes
1975-1998 (Sueur & Triplet, 1999) et 1991-2000 se situent
autour de 2000 individus et ne présentent pas de différences
sensibles. De même, la moyenne pour chacune de ces
périodes tourne autour de 500 individus.

Les données de la dernière décennie relatives aux station-
nements post-nuptiaux montrent un léger pic à la fin juillet
et un second maximum, également peu marqué, au cours
des deux dernières décades de septembre.

 

2500 -

2000 ,
1500

1000

500  
__ ._ ."/'
. nz-Hsa-J. .

ŒNTŒNFŒN‘_NN'—ŒN‘—WN
ñuääflääñ-Ig-Œmmozzo

—)
:-2001 . moy1991-2000 . max1Q91-20Ü0:

 

Figure 4 : Phénologie des stationnements de Barge rousse en
baie de Somme.

- Courlis corlieu Numenius phaeopus

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

COURLIS 1161011111.‘  îlllliïi-{IJG
CORLIEI] du 5111i LIU 3111i du Juin
MOYENNE T3 2 l
R13 D5
| 99 I-ZIÏIÜÛ
N1AXIMÀ 146 (‘r 5
RB D5
| 9'31 I-ÈÜÜÙ
2111H 031'115 23 Ull ÜÏIÏÜÔ
251105
RB DS t’)? - -
BD. \ 35 - Ï’
TK ITÀ I . ÏÜË - Ï’
BDS + BDA

Le dénombrement du 8 mai s'inscrit dans les dates de
passage traditionnelles du Courlis corlieu sur le littoral
picard et souligne l'importance relative de la baie d'Authie
dans les comptages de cette espèce (34 % des oiseaux
observés).

Le comptage du 6 mai 2000 avait démontré qu'une proportion
importante d’oiseaux fréquentant la baie de Somme pouvait
se trouver en dehors de la réserve naturelle (84 %), ce qui ne
fut pas observé en 2001 puisque les Courlis corlieux comptés
stationnaient tous au parc du Marquenterre le 8 mai 2001.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Il n’y a donc pas de régularité de la répartition spatiale des
oiseaux à l'approche de la marée : ceci signifie que l’effectif
compté sur un site donné à un moment donné ne peut four-
nir à lui seule une indication fiable de l'abondance globale à
ce même moment. Enfin, on notera que des quantités non
négligeables d’oiseaux peuvent fréquenter les prairies perma-
nentes de l’intérieur des terres et échapper aux
dénombrements organisés en pleine journée sur le domaine
public maritime et dans ses franges immédiates.

- Passage d'automne :

COURLIS
CORLIEU

J. . , A
MOIYENNE RBDS 219 185
énode 1991-2000
MAXIMA RBDS
33 280 150 65
18/08
4 08
(A. et F. Violet)
103 ‘.7

Î

1
2001 22/07
6

Hors RBDS

 

Les comptages de fin juillet et août tombent dans la période
de passage des corlieux : leurs résultats sont concordants
avec la baisse habituelle des effectifs intervenant après le
pic de fin juillet. La répartition des oiseaux en baie de
Somme varie d'une date à l'autre et montre que les Courlis
corlieux peuvent utiliser différentes zones de l'estuaire au
moment des stationnements. La fréquentation de la baie
d’Authie par l'espèce n’étant pas anecdotique, son intégration
aux comptages post-nuptiaux devra être assurée si l'on
veut obtenir une appréciation de la réalité des stationne-
ments intervenant sur le littoral picard.

bj Période 1991-2000 :

Le calendrier migratoire du Courlis corlieu présente une
grande régularité. Le passage de printemps débute en avril
mais le gros des effectifs passe dans la dernière décade de
ce mois etjusque mi-mai. La migration post-nuptiale culmine
à la mi-juillet etjusqu'à la première décade d'août avant de
s'amenuiserjusque dans les premiers jours de septembre :
elle est alors quasiment achevée.

350

300 A
250 / \
20., in \

.50 //'\
100 
50 l? / /

-:

12001 —I—moy1391-20ÜÜ —-—ma)(1991-2ÜÜÜ

Figure 5 : Phénologie des stationnements de Courlis corlieu en
baie de Somme.

- Courlis cendré Numenius arquata

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :

dtkzhlt‘ Lidüallc dficaldt‘

1201111149 ""'  '“'
CÏÏNDRE CIL‘ Nlni 11e 1111.11 .11- 1.11.1

NHJYENNE 2l 8
RBDS
1991-2000

MAXIJN-IJL RBDS I2U 53
1991-2000
2001 08.0.15 ËÏVÜÏ
RBÛS 200| - -
BDA 200| - |
TOTAL - I
BUS + BDA

b5

03H06
I0

I0

Le Courlis cendré est quasiment absent du littoral picard au
mois de mai 2001. Cette situation est conforme avec les
données relevées entre 1991 et 2000 en baie de Somme
alors que, au cours de la période 1975 a 1998, des maxima
compris entre 100 et 300 individus avaient été constatés
(Sueur & Triplet, 1999).

La migration pré-nuptiale de l'espèce intervient avant la
période d'étude retenue dans le présent travail : la cerner
par le suivi des stationnements n'est pas évident compte
tenu de l'importance de l’hivernage de l'espèce et de la
difficulté de percevoir et de quantifier le turn-over susceptible
d'intervenir a effectifs constants.

- Passage d'automne :

luf

CQUFLJS 4130i: 1100.1.1.‘ .1;
(ïlï-‘DRE .1.- 11111111 .1'..\.»c11 LIIÂS in
MOYENNE (J39 ÎÔE ÎÔS
RB ÜS
1 992 l JUÜÜ
MAXÏMÀ 92H 930 9R5
RE D5
199 I QÙÛÜ
200| 22/07 “N08 2 H08
R B D5 93 Ü 64 5 Î? Û
200i
llurii R3 D5 2 Î Ü Ô
ËÜÛ I
BDÀ l Ü I 3
'|‘0'|‘,.\]__ i ÜÛR E545 ÎQ-ll-
BUS + RÜA

Les comptages d'août 2001 mettent en évidence une certaine
diminution des effectifs recensés en baie de Somme entre le 22
juillet et le 3 août. De même, les zones situées en dehors de la
réserve sont désertées par les Courlis au cours de ce mois.

b) Période 1991-2000 :

Après une présence hivernale en baie de Somme bien
marquée fin janvier par un maximum, les effectifs décroissent.
Un mouvement de remontée prénuptiale discret apparaît
dans la deuxième décade d'Avril puis les passages cessent.
Lorsque la période de reproduction est achevée, les effectifs
de Courlis cendré croissent à nouveau à partir de juin puis
atteignent un plateau qui se maintientjusqu'en hiver.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

Les effectifs moyens et maximaux demeurent stables entre
les périodes 1975-1998 et 1991-2000.

3000 A

2500 f \

2000 l X
/ \

1500
1000  H A

500 y \\V\

    

‘l-(‘OCVFEÜÜIFGÜCVFCÎÜI
4-‘(00000220

Figure 6 : Phénologie des stationnements de Courlis cendré en
baie de Somme.

- Chevalier gambette Tringa totanus

a Dénombrements 2001 :

 

- Passage de printemps :
. c , , C
GAMBETTE de mai de mai 1' d'août
MOYENNE RBDS 7s7 7s7 s31 s31 357 12s
période 1991-2000
MAXIMA 1213135
3 101 3010 3250 3250 4 460
  ---
2001 6 et 7/05 8/05 12/05 19/05 25/05 03/O6
RBDS 2001 2 3500 2000 1600 205

I700 -
---

TOTAL 2840 1980 5300 2000 3030 ‘
BDS+BDA

En italique : chiffres obtenus à marée basse.

11
1

 

Le maximum enregistré le 12 mai 2001 constitue un record
d'abondance absolu pour la baie de Somme. A marée basse,
les oiseaux s’aliment dans l'ensemble de l'estuaire.

Les effectifs recensés en baie d'Authie restent assez faibles
cette année. Les effectifs comptés le 6 mai 2000 (1990 ind.)
et le 8 mai 2001 (1980 ind.) sont quasiment identiques mais,
contrairement à ce qui fut noté en 2000, les observations du
comptage concerté du 8 mai 2001 ne font pas apparaître de
départ migratoire à l'approche de la pleine mer.

il existe donc une variabilité comportementale des oiseaux,
dont le déterminisme n'apparaît pas évident à comprendre à
ce jour.

- Passage d'automne :

Si les effectifs du mois de mai atteignent des maxima
jamais observés auparavant, inversement, les données
d'août se situent nettement en dessous de la moyenne.
On ne retrouve pas les nombres qui caractérisent les passages
d'août dans les périodes précédentes malgré une approche
exhaustive des estuaires. Seul le comptage du 22 juillet
donne un chiffre qui s'approche de la moyenne.

CHEVALIER Ïi““"' I“"‘ Ïi“""'
GAfijB E1115 décade tléuidc déceutr
du: Juillet tl“.-\nûl d‘.=\ùût
RWÜYËNNE 3T2 54S [ÜÛ
RBDS
[99 I -2ÜÜÜ
MAXIMA RBDS 943 [515 (‘IÛÛ
[99 I -ËÜÜÜ
ZÜÜI ZËÏÜÎ 044'113 2 H03
RBDS 200| 96 36 36
hors‘. R BUS [4Ü - 24
ËÜÜI
BÜA ËÜÜI 4? I 1 -
TÜTAL 283 47 1 IÜ
HDS + BÜA

Sueur et Triplet (1999) signalaient de grandes variations
des effectifs avec une tendance à la baisse ces dernières
années ; les observations de 2001 s'inscrivent dans cette
tendance actuelle au déclin. A l'avenir, un suivi des
Chevaliers gambettes en août selon des modalités appropriées
(à priori, recherche dans la globalité des deux estuaires
picards) permettra de vérifier si la tendance se confirme.
La dissymétrie entre les deux évolutions pré et post-nuptiales
est assez énigmatique.

b) Période 1991-2000 :

La migration de printemps débute fin avril et prend toute
son ampleur en mai avec un pic dans la deuxième décade
de ce mois. Elle se poursuit en décroissantjusqu’en juin. La
migration post-nutiale s’étale de juillet a septembre. Les
plus gros effectifs sont habituellement notés dans la première
et la deuxième décade d’août. Les maxima et la moyenne
des effectifs restent identiques pour les périodes 1991-
2000 et 1975-1998 (Sueur & Triplet, 1999).

5000

5000

4000

3000

2000

 

FFFIOIFŒNFLÜNFŒNFIÜNFŒN
fifiLEE<Eëfi4J<wwOZZD

11

Z2001 —-—moy1991-2000 +max 19191-2000

Figure 7 : Phénologie des stationnements de Chevalier gambette
en baie de Somme.

- Chevalier aboyeur Tringa nebularia

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :
Les comptages réalisés en mai 2001 donnent des résultats
en dessous de la moyenne et largement inférieurs aux
dénombrements effectués en 2000. La majorité des
oiseaux est observée dans le parc du Marquenterre alors
que l’expérience du 6 mai 2000 avait montré que les

Chevaliers aboyeurs pouvaient fréquenter abondamment
les abords de la réserve et le reste de l'estuaire de la
Somme (“fond de baie”, notamment).

Enfin, les données de la baie d'Authie sont faibles.

(ÏHIËVÆ\ I JER |""' 2"""' 3‘""" |""'
 tlëcudi.‘ dEËELIIÏE düumlc (Iëcmlu
tic .\1'.ni tic i\-I'.Ii dt‘ Mali dt‘ Juin
MOYENNE 6T 4] 6 1.?
RHÜS
[99 l-ZÜUIÏJ
MA X] M A 346 200 I8 1U
RBÜS
[99 l-ZÜUCI
200 I 08H05 I 23'115 2.3105 031'116
RHDS ËÜÜI 2l": > 3U " I
dnnl 8 NE
BDA 200| - I’ P. ?
ÎÏÏÏAI. 36 I’ '.’ "
BDS + BDA

 

- Passage post-nuptial :

CHEVALIER  l"" 2"" - 
A R0]? EU R dficauh‘ dflîdc Liützndc dfcanlt‘ Llëcunlc
dt (IÏ-Âofil tlÏ-Âotîl LIIAÂI-II dÏ-hiil
Jilillcl
MOYENNE 20 33 I5 2l 2|
RB D3
[99 I-ÏÜÜU _
MAXIMA 43 43 3| 4T 4'."
RB DS
[99 I-ÈÜÜÜ
200] 2H07 04308 I 7H18 2H03 301'118
RBDSËÛÛÎ Il l1 34 l2 3|
PÜM PÜM
Ilnrr; RBDS 200| 3 - .° - ‘Ï
BÙA 54 - I‘ - L’
TÜTAI. (‘r9 l1 >34 l2 231
BUS + BDA

Les données du 22 juillet désignent la baie d’Authie comme
principale zone d'accueil du Chevalier aboyeur à cette date.
Les données d’août concernent essentiellement le parc du
Marquenterre. Globalement, pour l’ensemble du passage
post-nuptial, les effectifs recensés s'inscrivent tout a fait
dans les ordres de grandeurs habituels des effectifs comptés
lors de la période 1991-2000.

bj Période 1991-2000 :

Le passage de printemps croit a partir de la mi-avril pour
atteindre son maximum à la mi-mai puis les effectifs chutent
jusqu'en juin. Le passage post-nuptial s'étale de juillet à
octobre mais la majorité des oiseaux passe entre mi-juillet
et mi-août. On ne constate pas de différence d'effectifs
avec la période 1975-1998.

- Tournepierre à collier Arenaria interpres

a) Dénombrements concertés 2001 :

- Passage de printemps :
Le dénombrement du 8 mai 2001 se situe dans la décade
où l'amplitude du passage est au plus haut. L'effectif alors
observé en baie de Somme (63 ind.), sans atteindre le
maximum de 68 individus enregistré en 2000, demeure
largement supérieur à la moyenne de 23 individus obtenue

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

pourla période 1991-2000. L’obtention, deux années consé- I|I - Observations sur les effectifs enregistrés en mai

cutives en 2000 et 2001, à l'occasion des dénombrements 2001 et sur leur distribution spatiale.
concertés, des effectifs les plus élevés enregistrés pour la
période 1991-2000 est à mettre en relation avec le mode de - Effectifs
comptage qui permet d’intégrer les nombreux oiseaux pré- Les dénombrements de mai 2001 font apparaître de nomb-
sents, certains jours, à marée haute hors réserve naturelle. reux effectifs remarquables proches ou supérieurs aux
TÜURNEPIERRE    maxima des décennies précédentes.
AÇULLIER 06-.- t‘ dtÏïd‘ dwu- .
iiL-Lçitaîi iIL-LÇi-Âi 4:31.11 NOUS POUVONS reten" Ï
Moîäîÿaîäjgns 23 f’ ' - le Grand Gravelot avec 4650 individus, effectif supérieur à
MAX]MA R305 6g 30 9 celui des dix dernières années et proche du maximum de la
199'400" période 1975-1998 (Sueur & Triplet, 1999),
2001 03x05 19:05 03x06 , , , , ,
1111115 15111111 211111 111 111 1 - le Pluvier argente avec 3000 individus, nombre proche
111,11 1113113 311111 45 .1 _ des maxima de 3300 des annees precedentes,
BDA 200| 4 î’ î’ - le Bécasseau maubèche avec plus de 4500 individus sur
TOTAL 57 ‘P ‘P 1 1 b 1.1, d 1.11 1
- le Bécasseau sanderling avec deux maxima en mai 2001
- Passage post-nuptial : largement supérieurs aux données des années précédentes :
TOURNF-PIERRE    3500 le 12 mai, 2400 le 25 mai,
A  difrildi: ilfcniù: difcildi: _ I l
dcJu-‘Iier dent-n 14mm - le Chevalier gambette avec des effectifs comptes records
MOYENNE RBDS s 7 7 _ _ , _ _ _ _ _
i9ül-2üüfl pour la migration prenuptiale : 5300 individus le 12 mai.
MAXIMA RBDS l‘) l‘) I5
iüÿl-2tltltl _ _ _ _\ l
20m 22,107 114,103 21m3 Comme le concluait Rigaux (2000) a la lumiere des resultats
113115 111111 g, 2 4 des dénombrements concertés de mai 2000, une évaluation
‘WËËÎDS g  ; de la globalité des effectifs faisant halte en baie de Somme
‘IIÏFAI. 5 l0 5 à cette époque nécessite, pour la plupart des espèces, des
BDS +lîl)1\ . , . . , .
recensements simultanes en diverses localites de la baie.
Les effectifs se rapprochent de la moyenne toujours infé- Cette appréciation peut naturellement être élargie à l’ensemble

rieure à dix individus. Les Tournepierres se répartissent du littoral picard.
dans différentes zones et ne restent pas cantonnés dans la

réserve naturelle. Comme au printemps, les Tournepierres - Distribution spatiale : rôle des deux baies et des sous-
doivent donc également faire l’objet d’une recherche sur tout secteurs de la baie de Somme.
le littoral picard au cours des stationnements post-nuptiaux. Le tableau suivant en rend compte pour un ensemble de 8
espèces (Pourcentage d’oiseaux présents sur trois secteurs
b) Période 1991-2000: du littoral picard par rapport au total des dénombrements
C’est en avril que débute la migration de printemps du effectués le8 mai 2001):
Tournepierre, qui se poursuit avec un pic dans la première 1 151,511}. 1 11131111111 1 1m ME
décade de mai et décroît ensuite jusque débutjuin. Les der- 1 GRAND 6111111111101. 1 “A” ‘Ë_f1"‘"‘“- 1  " 11?“-
niers oiseaux qui passent dans les estuaires picards l PI-IEVIERARGF-NTF l 80 l 51591 815W
_ ‘ _ BECASSEAU 93 ‘E: 0.2 ‘if {LR ‘i?
laissent la place a quelques estivants. 1 x-muimcHE 1 i115 c; ilprèsicnvo] NE] 1
. . . . , . HICCASSIÇAU 449€ 29'315 2'115
A partir de la mi-juillet se declenche le passage post-nuptial 1 11111111111111“; 1 1
qui culmine a la fin de ce mois et début août puis se poursuit  m‘ ‘f 13 "ï
avec une amplitude plus faible jusque fin septembre. Les BARGEROIISSE 84 W 129?
, , _ _ _ _ _ 1 connus CORLIEIJ 1 111161100511 | 34122
donnees de la periode 1991-2000 semblent indiquer lexis- 1 13111311111111; 1 111,11 1 1 
l - - - - - - z A - - 1 GANIBPÏFFIÇ
tence d un pic migratoire fin juillet / debut aout suivi d un 1 TOURNEPIERRE 1 21,1 1 111,1 11,11

second maximum fin août / septembre, pic qui n’était pas
connu pour la période 1975-1998 (Sueur & Triplet, 1999).

Il apparaît que la baie d'Authie joue un rôle important au
moment des stationnements pré-nuptiaux pour trois espèces :
le Grand Gravelot, le Bécasseau sanderling, le Courlis corlieu.
Pour chacune de ces trois espèces, la Baie d’Authie
accueille grossièrement un quart à un tiers des effectifs du
littoral picard.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

Cette baie accueille également plus de 10 % des effectifs
de deux espèces : le Bécasseau variable et la Barge rous-
se, tandis que les quatre dernières n'y sont présentes qu'à
raison de 5 à 10 % de leur effectif compté à l'échelle des
deux baies.

Globalement, le Tournepierre et le Bécasseau sanderling
occupent des zones très variées avec une forte dispersion
dans l’estuaire de la Somme.

lV - Evolution du rôle des zones situées en dehors de la
réserve naturelle au cours de la période d'étude estivale
(fin juillet à fin août 2001).

Lors du passage post-nuptial, on remarque que la baie
d’Authie accueille une proportion de plus en plus faible
d'oiseaux à mesure que le temps avance. Le Grand
Gravelot et le Bécasseau variable présentent près de 65 %
de leurs effectifs en baie d’Authie fin juillet puis les pour-
centages chutent.

Inversement, le Bécasseau sanderling est quasiment
absent de la réserve et de la baie d’Authie jusque fin août,
période à partir de laquelle la proportion d'oiseaux devient
rapidement élevée en réserve naturelle de la Baie de
Somme.

On constate que fin août, la baie de Somme concentre la
majorité des espèces et des effectifs alors qu'elles étaient
plus dispersées dans les deux estuaires les semaines
précédentes. Cet effet de convergence vers la réserve au
moment des stationnements post-nuptiaux pourrait bien
résulter de la combinaison de pressions de dérangements
exercés par la chasse (ouverte le 11 août en 2001 et donc
entre les deux recensements concertés des 4 et 21 août) et
par diverses autres activités de loisir à cette époque de l'année.
Les oiseaux se regroupent dans les zones de la baie de
Somme les plus tranquilles et les plus sûres.

V - A propos des espèces en départ migratoire à
l'approche de la pleine mer.

Le dénombrement du 8 mai 2001 nous apporte des ensei-
gnements sur les oiseaux qui reprennent leur migration
lorsque la marée monte.

Comme en 2000, on retrouve les espèces suivantes :
- Pluvier argenté, 60 % en vol NE.
- Bécasseau maubèche, 37 % en vol NE.
- Chevalier aboyeur, 32 % en vol NE.

D’autres espèces réagissent a ce phénomène :
- Combattant varié, 100 % en vol NE.
- Chevalier aboyeur, 7 % en vol NE.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Ces informations recoupent celles de mai 2000 et nous
amènent à conclure que certaines espèces doivent impéra-
tivement être comptées avant l'étale de pleine mer, c'est à
dire en fin de marée montante lorsqu'elles reprennent leur
vol migratoire (2 à 3 heures avant la marée haute).
Remarquons tout de même que le Grand Gravelot a quasiment
échappé à ce phénomène en 2001 avec seulement 1,5 %
des oiseaux qui reprenaient leur départ en 2001 contre 11 à
22 % en 2000 (Rigaux, 2000).

Il serait intéressant de cerner l'impact des dérangements
dans l’estuaire de la Somme afin de préciser si ceux ci ont
une influence sur le départ des oiseaux en vol migratoire ou
si ce sont d'autres facteurs qui modulent la propension de
certaines espèces a reprendre leur migration active à l’ap-
proche de la pleine mer.

CONCLUSION

Le dénombrements conduits en 2001 lors de la migration
prénuptiale à l'échelle de tout ou partie de la baie de
Somme ont permis de confirmer l'importance des départs
en migration à l'approche de la marée haute chez un
ensemble d'espèces. Ils ont aussi montré la variabilité de
ce phénomène.

Comme en 2000, une partie importante des effectifs de
certaines espèces comptés en 2001 était parfois localisée
en dehors de la réserve naturelle : la recherche de l'évaluation
de la capacité d'accueil globale de la baie de Somme passe
donc par l'organisation de dénombrements concertés mobi-
lisant simultanément un ensemble d'observateurs.

Ces dénombrements concertés sont surtout utiles lors de la
migration pré-nuptiale (la réserve naturelle accueillant à elle
seule une part plus importante des oiseaux lors de la migra-
tion post-nuptiale) et ont permis de mettre en lumière un
rôle important de la baie de Somme en tant que site de
halte migratoire pour la migration pré-nuptiale du Grand
Gravelot, rôle sous-estimé jusqu'à présent.

La lourdeur relative de l'organisation de tels dénombre-

ments conduit à proposer deux voies d'actions

complémentaires :
- leur organisation répétée pendant les mois où la pres-
sion de dérangement limitée hors réserve permet une
certaine dispersion des oiseaux à marée haute ; la
mobilisation simultanée des ornithologues de différen-
tes associations devrait rendre possible l'organisation
de tels recensements avec une certaine régularité au
cours de la période de fermeture de la chasse,
- la poursuite des dénombrements décadaires réalisés
de façon assidue depuis de multiples années au sein de
la réserve naturelle.

Pour l’avenir, il faudra veiller a ce que les effectifs comptés
a l’occasion de dénombrements globaux devenus plus
fréquents ne soient pas imprudemment comparés aux
effectifs obtenus dans le cadre du seul suivi des oiseaux
présents en réserve naturelle à marée haute.

Le biais potentiel, surtout en dehors de la période de chasse,
est considérable : il apparaît ainsi dans la présente publication
que les effectifs comptés en mai 2001 (ou en mai 2000) se
situent bien souvent nettement au dessus des moyennes
obtenues pour les décennies précédentes à partir d’effectifs
comptés le plus souvent au sein de la seule réserve naturelle.
Les données quantitatives relatives à l’abondance des limi-
coles en baie de Somme hors période de chasse publiées
a ce jour sont donc hétérogènes et les moyennes d’abon-
dance calculées sur cette base doivent donc être utilisées
avec précaution. Les moyennes que nous avons produites
dans le présent article pour la période 1991-2001 n’échap-
pent pas à cette observation.

L’adoption d'un nouveau protocole de suivi des oiseaux
d’eau de la baie de Somme, distinguant clairement les
effectifs d'oiseaux comptés au sein de la réserve naturelle
des effectifs comptés à l’échelle de la globalité de la baie,
apparaît donc utile. ll conviendrait a cette occasion de
décrire plus en détail les modalités de dénombrements, afin
de disposer d'un référentiel partagé et explicite quant aux
modalités de comptage et, de ce fait, quant a la valeur à
accorder aux effectifs comptés.

BIBLIOGRAPHIE

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Synthèse des observations ornithologiques de 1995 en
Picardie. L’Avocette, 21 (3-4) p. 27 à 115.

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Picardie. L’Avocette, 22 (3-4) p. 27 à 122.

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Réserve Naturelle de la baie de Somme. Avifaune picarde 3,
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Réserve Naturelle de la baie de Somme. Avifaune picarde 4,
p. 51 à 74.

SUEUR F., (1998) -Actes ornithologiques 1994 de l’actuelle
Réserve Naturelle de la baie de Somme. Avifaune picarde 5,
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SUEUR F., CARRUETTE Ph., TRIPLET P., (1998) - Actes
ornithologiques 1995 de l’actuelle Réserve Naturelle de la
baie de Somme. Avifaune picarde 6, p. 51 a 74.

SUEUR F., CARRUETTE Ph., TRIPLET P., (1999) - Actes
ornithologiques 1996 p. 1 à 31 ; 1997, p. 33 a 60 ; 1998,
p. 61 à 91, de l’actuelle Réserve Naturelle de la baie de
Somme, Avifaune picarde 7.

SUEUR F., CARRUETTE Ph., TRIPLET P., VIOLET F. -
Actes ornithologiques 1999 de l’actuelle Réserve Naturelle
de la baie de Somme, Avifaune picarde 9, p. 1 a 31.

SUEUR F., CARRUETTE Ph., TRIPLET P., VIOLET F. -
Actes ornithologiques 2000 de l’actuelle Réserve Naturelle
de la baie de Somme, Avifaune picarde 11, p. 1 a 29.

SUEUR F. & TRIPLET P., (1999) - Les oiseaux de la baie
de Somme. Syndicat mixte d'aménagement de la côte
picarde, Groupe Ornithologique Picard. 510 p.

VIOLET F., BACQUEVILLE A. & SUEUR F. (2000) -
Stationnement remarquable d’Huîtriers pies Haematopus
ostralegus en baie de Somme, Avifaune picarde 9, p. 66.

Grand Gravelot (Photo : Philippe Pulce)

LE BÊCASSEAU SANDERLING Calidris alba SUR LE LITTORAL PICARD

Mise au point sur les variations saisonnières d'abondance
et les effectifs maxima observés en baies de Somme et d’Authie

 

Par Thierry RIGAUX et Vincent BA WEDIN

INTRODUCTION

Le Bécasseau sanderling fréquente abondamment le littoral
picard lors des migrations pré et post-nuptiales tandis que
son hivernage y est faible : Rigaux (1984) et Sueur & Triplet
(1999).

En 1984, Rigaux signalait que la baie d’Authie et la baie de
Somme semblaientjouer des rôles dissymétriques à l'égard
du Bécasseau sanderling, la baie d’Authie apparaissant
nettement plus attractive que la baie de Somme au prin-
temps (et, en particulier, au mois d’avril) alors que, lors de
la migration post-nuptiale, les données disponibles indi-
quaient que c'était la baie de Somme qui, de loin, accueillait
le plus grand nombre de migrateurs (en particulier, en
juillet-août, période à laquelle la baie d’Authie apparaissait
comme très peu utilisée). Les raisons de cette dissymétrie
apparente n'étaient pas élucidées par l'auteur.

   
 
  

Les compléments d'information apportés en 1999 par
Sueur & Triplet sur les variations saisonnières de l'abon-
dance de l'espèce en baie de Somme montrent que la baie
de Somme peut également accueillir au printemps (de fin
avril à début juin) des effectifs importants (maximum de
1000 ind. à la mi-mai 1995), éventuellement supérieurs à
ceux présents simultanément en baie d’Authie.

Nous disposons de données complémentaires à celles pré-
sentées par ces auteurs dont l'importance justifie de
dresser un bilan actualisé du statut de cette espèce sur le
littoral picard sachant que de nombreuses données récen-
tes sur la baie de Somme et, plus encore, sur la baie
d’Authie n'avaient pas été publiées ou exploitées à ce jour.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

l - Matériel et méthode.

Les données complémentaires apportées dans le présent
article proviennent des recensements de l’avifaune littorale
effectués par des ornithologues bénévoles. La très grande
majorité des comptages a été effectuée à marée haute,
essentiellement sur les reposoirs traditionnels de la plupart
des Limicoles mais aussi parfois sur des reposoirs nouvel-
lement identifiés.

Elles ont été obtenues soit directement auprès d’ornitholo-
gues consultés spécialement pour le présent bilan, soit en
consultant les revues ornithologiques régionales : l’Avocette
et Avifaune picarde.

1) Pour la baie d’Authie, la majeure partie des données pro-
vient des recensements effectués par Michael Guerville et
Thierry Rigaux. Une base de données a été constituée sur la
période s'étendant de décembre 1977 à novembre 1999, par
Christine Dobroniak d'après les observations réunies par les
ornithologues précités et les données publiées dans le Héron
(revue du Groupe Ornithologique Nord).

Les dénombrements sont réalisés de façon assez régu-
lière (surtout depuis le début des années 1990), sans
que leurs auteurs ne se soient astreints jusqu'à présent à

tenter d'obtenir des données significatives par décade.
Le tableau ci-après, comptabilisent le nombre de visites
ornithologiques réalisées par mois en baie d’Authie et
intégrées dans la base de données pour la décennie
1990-1999, fournit une indication de la pression d'observa-
tion réalisée. Celle-ci doit être interprétée toutefois avec
précaution dans la mesure où un certain nombre de visites
ont pu porter avant tout sur d'autres espèces et n'ont pas for-
cément permis de recenser convenablement le Bécasseau
sanderling, faute d'une couverture suffisante de leurs sec-
teurs d'alimentation ou de repos.

| J F M | A M | J
Nombre de visites 3l 35 52 56 75 27
Nombre d'années avec 9 8 9 9 9 9
min. I visite mensuelle

l J A s l 0 N l D
Nombre de visites 25 4l 36 26 24 21
Nombre d'an n ries. avec 7 9 8 7 7 6
min. l visite mensuelle

Tableau 1 : Nombre de visites mensuelles intégrées dans la
banque de données “baie d'Authie" pour la période 1990-1999 et
nombre d'années pour lesquelles au moins un recensement a été
effectué au cours du mois considéré.

Des données postérieures (acquises en 2000 et 2001) sont
également intégrées au présent travail.

2) Pour la baie de Somme, les données susceptibles de
compléter ou de réviser la présentation fournie par Sueur et
Triplet en 1999 proviennent d'observations personnelles
non encore publiées, de la consultation des synthèses
d'observations publiées dans I’Avocette ou dans Avifaune
picarde et d’informations recueillies auprès d’autres orni-
thologues pour les données les plus récentes.

Il - Résultats.
1) Effectifs recensés en baie d’Authie :

On peut distinguer les données recueillies au cours de la
période 1978-1989 (période pour la quelle la pression d'ob-
servation a été relativement faible) de celles recueillies au
cours de la période 1990-1999, suivie de façon plus régu-
lière et rapprochée.

a) Pour la période 1978-1989, les résultats peuvent être
synthétisés comme suit :

J F M A M J
Maxima 365 380 250 1300 100 1
mensuels

J A S 0 N D
Maxima 32 80 20 180 290 120
mensuels _

Tableau 2 : Effectifs mensuels maximaux de Bécasseaux sander-
lings observés en baie d‘Authie au cours de la période 1978-1989.

Ces données peuvent également être représentées par la

figure suivante :
1400 -
1200 -

1000-

Effectifs
{JE D?
8 8

n
8

N
8
\
/
r

D
t
l.

o
K
l

Figure 1 : Effectifs mensuels maximaux de Bécasseaux sander-
lings observés en baie d‘Authie au cours de la période 1978-1989.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde n l Numéro spécial de Mvocette - 2003

b) Pour la période 1990-2001, les résultats peuvent être
consignés comme suit :

|I r1 IÏIIVVVI

Effectifs mensuels 150 200 250 230 760 25
maximaux _
Efficctits inertstlels

moyens * _ 47 54 25 114 265 6
Nombre dhmtées 1 1 10 1 1 11 10 9
prises en

considération

VII VIII IX X XI XII
Effeclifslnenstlels 85 450 380 480 300 270
maximaux _
Efiîcctitä inertstlels

moyens‘ _ 13 60 136 233 125 _ 103
Nombre damlécs 8 1 1 10 9 9 8
prises en
considération

Tableau 3 : Effectifs mensuels maximaux et moyens de

Bécasseaux sanderlings observés en baie d’Authie pour la pério-
de 1990-2001. ( * les moyennes ont été calculées sur la base des
années pour lesquelles des données ont été effectivement obte-
nues. Ce nombre est indiqué dans la dernière ligne du tableau).

Ces résultats peuvent être représentés par la figure suivante :

B00 -

700 -

500 -

500 '

4m I a Moyenne
. ._-_lsta>s!nïa_
300 -  -  :.._... '
200 - .» " ' i '
100- -'  ; » ' ' - -
0- - — ' . . . 5 . ' .

l Il lll IV V VI Vll Vlll IX X XI XII

Figure 2 : Bécasseau sanderling - effectifs mensuels moyens et
maximaux recensés en baie d‘Authie au cours de la période 1990-
2001.

2) Effectifs remarquables recensés en baie de Somme
au cours de la période 1990-2001 :

Pour la période 1990-2001, la compilation des données
recueillies à l'occasion de sorties individuelles ou de
dénombrements concertés organisés par l’association
Picardie Nature permet de dresser le tableau suivant :

r] l III IV V | VI
Effectifs mensuels 70 35 100 820 3500 118 5

_ Inaxitnnux _
Eflecti fs mensuels 28 19 43 21 8
moyens *
Nombre (l'amena; 5 4 9 7 12 l0

Frises en compte

1119' 25s

V11 V111 1X X XI X11
Effectifsmensuels 2100 1150 1100 390 475 180

Inaxitnnux
ElÏeelifs mensuels 756 68‘) 30] 9‘) l2‘) 66

Inovcns *
Numbre d'années 8 l l l l 8 8 5

_priscs en compte

Tableau 4 : Effectifs mensuels et moyens du Bécasseau sander-
ling Calidris alba comptés en baie de Somme au cours de la
période 1990-2001. ( * les moyennes ont été calculées sur la base
des années pour lesquelles des données ont été effectivement
obtenues. Ce nombre est indiqué dans la dernière ligne du
tableau).

Ces données peuvent être rendues plus lisibles par la figure
suivante :

4000
3500 - 3

3000 = I

2500

 = 10:02:03.2’;
1500 _ E ïm ___mmm..mu
1000 . Ë ' I ' ‘

50g; .   - ‘H1 -  ._

0.0447.  , 

| Il ||| IV V VI VII VIII IX X XI XII

Figure 3 : Effectifs mensuels et moyens du Bécasseau sanderling
comptés en baie de Somme au cours de la période 1990-2001.

lll - Commentaires.
1) stationnements en baie d’Authie :

Les données des tableaux 2 et 3 conduisent à apporter des
nuances aux appréciations qu'apportait Rigaux en 1984 sur
la phénologie des stationnements du Bécasseau sanderling
en baie d’Authie. Les connaissances nouvelles acquises et
synthétisées ici permettent de redéfinir également pour par-
tie le statut proposé en 1999 par Sueur & Triplet.

La faiblesse des stationnements estivaux (si l’on excepte la
donnée exceptionnelle et isolée de 450 ind. en août 1998)
et l'importance du passage prénuptial sont confirmées mais
des différences sont notées par rapport au statut établi
antérieurement :

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette o 2003

- les stationnements de fin d’automne et de début d’hiver
(novembre et décembre) apparaissent un peu plus
importants : les données toutes récentes acquises en
baie d’Authie (270 le 31 décembre 2001, obs. pers.)
dépassent nettement les maxima fournis pour ces mois
par Rigaux (1984) ou Sueur et Triplet (1999).

- les effectifs observés au mois de mai pour la période
1990-2001 (moyenne des maximaux : 265 ind.) appa-
raissent désormais plus élevés en moyenne que ceux
notés en avril (114 ind.). Cette situation contraste avec
les données disponibles pour la période 1980-1989, la
moyenne des effectifs mensuels comptés étant alors
respectivement de 428 ind. pour avril et de 48 ind. pour
mai. Pour la période 1980-1989, il convient toutefois de
noter qu’on ne dispose que d’un faible nombre de don-
nées pour le mois de mai (5 années totalisant
seulement 8 visites), ce qui doit amener à n’accorder
qu'une fiabilité limitée à la moyenne de 48 ind.

- l’effectif moyen calculé pour le mois d’avril pour la
période 1990-2001 (114 ind.) est nettement inférieur à
celui calculé pour ce mois pour la période 1980-1989
(428 ind.). Cette diminution ne peut être attribuée à une
baisse de la pression d’observation au cours de la
période récente puisque, au contraire, la moyenne est
établie sur 11 années fournissant des données et plus
de 60 visites. L’évolution des effectifs maximaux obte-
nus en avril au cours de la période 1980 à 2002 tend à
montrer une décroissance (Figure 4).

1400 -
1'200 --
1000 n
80D n

ÔÜÛ‘:
4ÛÛ-
ËÜÜ -I- - - I
0 -- — - .
Ë Ë Ê

Figure 4 : Evolution des effectifs maxima de Bécasseaux sander-

lings comptés au mois d'avril en baie d‘Authie au cours de la
période 1980-2002.

On pourrait avancer comme hypothèse d’explication de la
régression apparente des effectifs de Bécasseau sanderling
observés en baie d’Authie au mois d’avril l'augmentation de
la pression de dérangement affectant cet estuaire. Nous ne
disposons pas de mesures rigoureuses de ce dérangement
mais des observations personnelles et celles de Michael
Guerville révèlent au minimum une diversification des sour-
ces de perturbation.

A notre avis, compte tenu du caractère isolé (et de ce fait
assez tranquille, voire très tranquille) des secteurs d'ali-
mentation principaux, le dérangement pourrait s'exercer
principalement à marée haute ou à l'approche de la marée
haute.

Dans ce cas, les chars a voile traditionnels ne peuvent être
mis en cause comme une source de dérangement à forte
incidence pour l'espèce considérée car l'exercice de cette
activité ne s'effectue pas à l'approche de la marée haute.
Cette activité génère globalement peu de dérangements
préoccupants vis a vis de l'avifaune.

En revanche, l'incidence cumulée des diverses pressions
suivantes pourrait être invoquée :

- les promeneurs et “joggers" en provenance de la plage
de Fort-Mahon ou du parking de la baie d'Authie sont de
plus en plus nombreux a effectuer des déplacements
jusqu'aux abords de Berck (et donc jusqu'à l'extrémité
du poulier sableux),

- la présence de cavaliers dans ces secteurs est de plus
en plus fréquente (mais reste marginale, l'activité étant
pratiquée, pour l'essentiel, dans le massif dunaire où, à
notre connaissance, elle ne pose pas de problème de
dérangement vis a vis de l'avifaune),

° mais aussi - et peut-être surtout - de nouvelles activités
ludiques se sont développées ou sont apparues, telles
que le char tracté par un cerf-volant. Or, cette activité
est praticable (et pratiquée) sur le sable durci du poulier
jusqu'aux abords immédiats des zones de repos.

Cette hypothèse d'une incidence des dérangements opérés
au sein des reposoirs sur les effectifs en stationnement per-
mettrait d'apporter également une explication à la faiblesse
des effectifs observés en juillet/août en baie d'Authie com-
parés à l'importance des stationnements observés alors en
baie de Somme. Cette dernière, grâce à son étendue et aux
restrictions apportées par la réserve naturelle sur une partie
de sa surface (interdiction de la chasse, pour l'essentiel, sur
un espace comportant des reposoirs de marée haute fonc-
tionnels), offre des conditions de quiétude et de sécurité
incomparablement meilleures.

2) Stationnements en baie de Somme :

L'importance et la phénologie des stationnements illustrées
par la figure 3 diffèrent assez nettement de celles présentées
par Sueur & Triplet (1999) : le présent bilan montre que les
effectifs atteints lors du passage prénuptial dépassent ceux
observés en été, que l'on s'intéresse au maxima ou aux
moyennes mensuels.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Globalement, les maxima et les moyennes présentées ici se
situent assez largement au dessus des chiffres proposés par
les auteurs cités ci-dessus : par exemple, plus de 1100 ind.
en mai en moyenne et 3500 au maximum contre respective-
ment environ 200 à 300 oiseaux en moyenne et un maximum
d'environ 1000 ind. selon Sueur & Triplet (op.cit.).
Il existe deux raisons majeures à cela :
- la première, en importance, tient au fait que les données
réunies par nos soins au cours des dernières années ont
été obtenues sur des secteurs dépassant largement la
réserve naturelle de la baie de Somme, y compris à
marée haute, car les oiseaux sont loin de s'y réfugier sys-
tématiquement de façon massive : à titre d'exemple, le
25 mai 2001, un peu plus de 70% des 2400 dénombrés
en baie de Somme se trouvaient en dehors de la réserve
naturelle à l'étale de marée haute.
- la seconde tient au biais suivant : nous n'avons pas
établi les moyennes et les maxima par décade, mais par
mois, ce qui tend structurellement à fournir des résultats
moyens et maximaux supérieurs.
Notons que la collecte de données par décade est, sur le
principe, bien préférable a l'obtention d'une seule donnée
mensuelle puisqu'elle permet de suivre plus finement l'évo-
lution temporelle de l'utilisation des sites. Il convient
toutefois de veiller à ce qu'une fréquence accrue d'acquisition
des données ne s'accompagne pas d'une moindre qualité
des données recueillies.
C‘est la difficile question à laquelle nous sommes confrontés
en baie de Somme, et qui a conduit a la promotion de
dénombrements concertés, encore insuffisamment réguliers.
Si ces derniers se mettent en place comme mode de suivi
de routine des effectifs présents, il faudra se garder des
erreurs d'interprétation pouvant en résulter.

3) Comparaison des stationnements sur les 2 sites :

Les différences majeures dans les stationnements du

Bécasseau sanderling notés en baie de Somme d'une part

et en baie d'Authie de l'autre sont les suivantes :
- les effectifs moyens comptés en baie d'Authie en juillet
et août (13 et 60 ind.) sont très inférieurs à ceux notés
en baie de Somme (de l'ordre de 700 pour les deux
mois) : une hypothèse d'explication (dissymétrie des
pressions de dérangement) a été proposée ci-dessus.
Elle paraît d'autant plus recevable que...
- les effectifs comptés en baie d'Authie d'octobre a
février (période de moindre diversité des dérange-
ments) sont comparables, et même souvent supérieurs
à ceux notés en baie de Somme à cette époque.

La baisse des dérangements en baie d’Authie n'est toute-
fois pas la seule à pouvoir être avancée pour expliquer la
prise d'importance relative de la baie d’Authie au cours de
la mauvaise saison : comme le signalent Sueur & Triplet
(1999), le Bécasseau sanderling semble plus inféodé aux
zones sableuses en hiver et la préférence pour cet habitat
n'est sans doute pas sans incidence sur les reposoirs de
marée haute choisis par l'espèce et les effectifs comptés
lors des dénombrements traditionnels.

Des observations récentes (obs. pers. du 3 novembre 2001 et
de Michael Guerville du 13 janvier 2002) ont montré que les
reposoirs de marée haute du Bécasseau sanderling peuvent
se situer en dehors des baies, y compris lors des marées de
vives eaux : le 3 novembre 2001, 475 étaient rassemblés au
nord de la baie de Somme, au nord de la nouvelle pointe (en
face du débouché du sentier d'accès à la mer), et le 13 janvier
2002, 740 Bécasseaux sanderlings sont comptés en haut de
plage entre Le Touquet et Berck, alors qu'il en est dénombré
très peu la veille en baie d’Authie et en baie de Canche.
Dans un bilan du recensement des Limicoles hivernant sur
les côtes ouvertes de Normandie (hiver 1996/1997), Debout
(1998) propose une estimation de l'effectif du Bécasseau
sanderling de 1660 oiseaux et rappelle que Lang avait four-
ni en 1985 une estimation de quelques dizaines d'individus.
ll en conclut que l'accroissement apparent de l'hivernage de
l'espèce sur les côtes normandes résulte de la conjonction
de deux phénomènes : “une bien meilleure connaissance
des stationnements de l’espèce et un accroissement de ces
derniers".

CONCLUSION

L'importance considérable du littoral picard pour les migra-
tions pré et post-nuptiales du Bécasseau sanderling est
clairement démontrée. Les deux passages donnent lieu a
des haltes migratoires très conséquentes, les plus specta-
culaires ayant été notées en mai, avec un maximum de
3500 individus en 2001 (et une moyenne mensuelle
dépassant 1100 individus pour la période 1990-2001).
Le passage post-nuptial est très marqué également en
juillet et août (de l'ordre de 700 individus en moyenne pour
ces deux mois pour la période 1990-2001).

Les deux baies ont une capacité d'accueil importante mais
il se pourrait que celle de la baie d’Authie soit restreinte en
été (juillet et août) par l'intensité et la diversité des déran-
gements pouvant s’y exercer, essentiellement sur les
reposoirs de marée haute.

Une fois de plus, l'amélioration de notre connaissance du
statut d'une espèce nous invite par ailleurs à faire preuve de
prudence dans les interprétations des données collectées sur
le terrain, notamment parce que les effectifs comptés peuvent

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

s'éloigner nettement, dans certaines circonstances (éventuel-
lement assez fréquentes), des effectifs réellement présents.
Lorsqu'on analyse les fluctuations des effectifs comptés, il
est parfois difficile de faire la part des choses entre les
variations effectives d'abondance et les fluctuations résultant
en réalité de l'exhaustivité inégale des dénombrements
réalisés. Cet aspect n'est pas toujours suffisamment pris en
compte dans les interprétations.

Cette difficulté est inhérente a l'étendue des espaces sus-
ceptibles d'être utilisés par les espèces concernées aussi
bien pour s'alimenter que pour se reposer.

Comme cela a été initié par T. Rigaux et F. Sueur il y a une
quinzaine d'années pour le recensement hivernal des
Tadornes de Belon, comme cela s'est développé depuis
entre les ornithologues, de Picardie Nature notamment, les
plus actifs sur le littoral, il conviendrait de rendre plus sys-
tématiques les recensements concertés de telle sorte que
l'ensemble des localités susceptibles d'accueillir le
Bécasseau sanderling (et d'autres espèces d'oiseaux déli-
cates à étudier) soient recensées simultanément.

D'ores et déjà, des progrès ont été accomplis et ont permis
de repérer des localités utilisées au moins occasionnellement
par des groupes importants d'oiseaux et sur lesquelles ils ne
sont pas encore régulièrement comptés.

Pour parvenir à des dénombrements réguliers exhaustifs, une
coopération entre l'ensemble des ornithologues picards
fréquentant régulièrement la côte picarde serait la bienvenue.

REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont en priorité a Michael Guerville
pour le volume et la qualité des informations fournies sur la
présence du Bécasseau sanderling en baie d’Authie, dont il
est un des piliers du suivi ornithologique.

Nous remercions également Christine Dobroniak pour la
réalisation de la banque de données ornithologiques cons-
tituée essentiellement sur la base des données recueillies
par Michael Guerville et Thierry Rigaux.

BIBLIOGRAPHIE

DEBOUT G. (1998) - Recensement des Limicoles hivernant
sur les côtes ouvertes. Le Cormoran 10 (48) : 255-259.

RIGAUX T. (1984) - Le Bécasseau sanderling Calidris alba
sur le littoral picard (département de la Somme).
L’Avocefte 8 : 41-48.

SUEUR F. & TRIPLET P. (1999) - Les Oiseaux de la baie de
Somme. SMACOPI, Groupe Ornithologique Picard. 509 p.

Bergeronnette grise... ou de Yarrell (Photo : Philippe Pulce)

PRËCISIONS SUR LE STATUT DE LA BERGERONNETFE DE YARRELL

 

Motacilla alba yarrellii EN PICARDIE MARITIME

Par Vincent BAWEDIN

INTRODUCTION

Cet article s'intéressera uniquement au statut de Ma. yarrellii
sur le littoral picard (au sens large) ; d'une part parce que
l'origine britannique de cette sous-espèce de la
Bergeronnette grise (Motacilla alba) l'amène à fréquenter
plus régulièrement et plus assidûment l'ouest de la région,
et d'autre part parce que la riche biodiversité de la Picardie
maritime - composée d'espaces “naturels” fragiles dont cer-
tains connaissent une évolution rapide - doit peut-être
impliquer qu'on accorde encore davantage d'attention à
l'ensemble des espèces qui s'y trouvent.

Si la Bergeronnette de yarrell peut être rencontrée dans
toute la Picardie, ce n'est que sur la portion littorale de cette
région qu'elle est régulièrement présente au cours de l'an-
née, puisqu'elle y est notée comme hivernante, migratrice
et nicheuse (Bawedin, 1995).

Nous affinerons ici les connaissances sur le statut de cet
oiseau, présentées dans une précédente étude (Bawedin,
op.cit.), à l'aide des données plus récentes obtenues. Mais
celles-ci concerneront un espace géographique plus réduit
et essentiellement côtier (et arrière littoral) comprenant le
littoral, les marais arrières littoraux et les basses vallées de
la Somme et de l'Authie.

l - Un hivernage relativement récent et peu abondant.

Les données hivernales de la Bergeronnette de yarrell en
Picardie maritime sont peu nombreuses comparées à cel-
les concernant la migration et la nidification. Elles sont, de
plus, relativement récentes. Ainsi, il n'existe qu'une seule
donnée connue pour le XlX° siècle, relatant la présence
d'un individu àAult en 1897 (Van Kempen, 1912). Au début
du XX° siècle, ces données restent peu abondantes
(Chabot, 1922) et l'espèce est ensuite considérée comme
hivernant en très petit nombre dans l’Ouest de la Somme
(Sueur, 1995). Ceci s'explique par la localisation de la côte
picarde, située à plusieurs centaines de kilomètres au nord-
est de la principale zone d'hivernage de la Bergeronnette
de yarrell : la Bretagne (Czajkowski, 1991).

Les données les plus récentes obtenues pour la Picardie
montrent un hivernage diffus, même s'il est de mieux en
mieux remarqué, avec parfois des effectifs notables. Les
observations hivernales s'étalent de décembre à février ;
ce dernier mois coïncidant avec le début de la migration
prénuptiale (Sueur, 1997).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

 

Le nombre de données littorales obtenues l'hiver pour la
Bergeronnette de yarrell avoisine la quarantaine pour la
décennie 1990. Quelques beaux rassemblements sont à
noter, comme ces 17 le 4 janvier 1995 puis 16 le 20 janvier
à Onival (Bardet et al., 1997). Ce sont les seuls groupes de
plus de dix individus rencontrés. Les rassemblements les
plus importants notés ensuite n'excèdent pas cinq indivi-
dus : 5 le 11 février 1995 à Grand-Laviers puis 5 le 30
décembre de la même année en Baie de Somme.

- histogramme : analyse et commentaire

L'histogramme qui suit montre les minima et maxima d'indi-
vidus notés en Picardie maritime pour chaque hiver de la
décennie 1990 (hiver 90/91 à hiver 98/99). Il a été évité de
cumuler les effectifs provenant de données issues de sites
distincts, même proches, afin de parer à une possible sur-
estimation. Cela nous incitera à parler de nombre minimum
d'individus (individus assurément distincts observés) et de
nombre maximum (maximum probable d'individus distincts
observés).

30

25
I nombre
20 maximum
d'individus
15 distincts

10 |:| nombre

minimum
d'individus
distincts

5

O

hiver 9m31 j

hiver 91:92 ]

hiver 92:93

hiver 93:94 j

hiver 94:95

hiver 9519B :-
hiver 95:97-‘ :-
hiver ÉIÎJËS :|

hiver 98199 j

Figure 1 : Effectifs hivernaux (mini/maxi) de M.a.yarre/li en

Picardie maritime au cours de la décennie 1990.

Seul l'hiver 1992/93 ne fournit pas de données. En revanche,
certains hivers permettent l'observation de 10 a près de 30
individus : c'est le cas de l'hiver 94/95, avec 22 a 27 oiseaux
distincts, et 95/96 avec un maximum de 13. Ces effectifs
demeurent relativement peu importants eu égard aux nomb-
res remarqués sur les sites d'hivernage principaux: 1 200 en
janvier 1987 à Brest (Finistère), 1 500 à 2 000 à Saint Brieuc
(Côtes d’Armor) durant l'hiver 1991/92 ; en dortoirs (Dubois
et al., 2000). Toutefois, un autre dortoir important a été noté
l'hiver non loin de la côte picarde, dans un département voi-
sin :680 en février 1995 à Fécamp (Seine maritime) - Dubois
et al., op.cit. -. Notons que c'est ce même hiver que la picardie
maritime obtient ses effectifs "records"... ce terme devenant
là tout relatif (figure 1).

Cela permet bien d'inscrire le littoral picard comme zone
d'ordre secondaire concernant l'hivernage de la
Bergeronnette de yarrell.

Ainsi, elle est sur nos côtes un hivernant plutôt régulier mais
peu abondant ; janvier restant, comme nous l'indiquent les
données recueillies, le mois où le nombre de contacts
comme le nombre d' individus sont les plus nombreux.

Il - Migrations : passage dense et étalé au printemps,
très discret et diffus à l'automne.

- migration prénuptiale :

Le début du passage prénuptial est peut-être difficile à dis-
cerner de la fin de l'hivernage.

Février semble néanmoins amorcer la migration de printemps
puisque des individus épars sont notés à partir de la dernière
décade de ce mois. Ensuite, mars concentre à la fois le plus
grand nombre de données (près d'une quarantaine pour la
dernière décennie) et celles qui fournissent le plus d'individus
(voirfigure 3) :8 le 3 mars 1995 à Onival et 19 le 5 mars 1995
sur la commune de Noyelles-sur-mer (Bardet et al., 1997), 10
le 15 mars 1997 en Réserve naturelle de la baie de Somme
(Picardie Nature, 1999), 15 le 15 mars 1998 au Hâble d'Ault
(Triplet, Robert et al., 1999)...

 

Figure 2 : Migration prénuptiale de M.a.yarre//i en Picardie

Maritime : nombre de données mensuelles pour la décennie 1990.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Le passage de printemps se poursuit durant tout le mois
d'avril, les données étant toutefois moins nombreuses,
avec des effectifs ne dépassant pas la dizaine d'individus ;
puis un à deux oiseaux peuvent encore être vus jusqu'à fin
mai çà et là. Les observations effectuées en juin peuvent
concerner des nicheurs locaux.

Ainsi, la migration de printemps débute dès fin février pour
atteindre un pic très net en mars, plus modéré en avril, et
se poursuitjusqu'à fin mai.

Cela apporte de nouveaux renseignements concernant la
migration prénuptiale, et relativise, d'une part, le pic en avril
signalé précédemment (Bawedin, 1995) et d'autre part la
fréquence maximale de la présence de l'espèce, également
notée pour ce mois par d'autres auteurs (Sueur et Triplet,
1999)

20
18
16
14

12 |:| nombre de

10 données > ou =
8 à 10 individus
6
4 I donnée la plus
2 importante (nb

d" d" "d
0 C7 in lVl us)
février î

mars .
avril .
mai

Figure 3 : Répartition temporelle des effectifs importants de
migrateurs prénuptiaux de M.a.yarrellii en Picardie maritime
(années 1990).

- migration postnuptiale :

La Picardie maritime concentre l'essentiel des données de
migration d'automne pour cette espèce dans la région. Les
données récentes confirment la période qui s'étale de mi-sep-
tembre à mi-octobre comme étant celle qui concerne
l'essentiel du passage postnuptial (Bawedin, 1995) ; avec une
donnée plus tardive : 2 le 4 novembre 1997 au Hâble d'Ault.
Une donnée de 2 oiseaux un 28 novembre au Hâble d'Ault
(Triplet et al., 1996) correspond vraisemblablement à un
début d'hivernage.

lll - Une nidification régulière mais ne concernant que
quelques rares couples, essentiellement mixtes (M.alba X
M. a. yarrellii)

Si la côte picarde recueille la quasi-exclusivité des nicheurs
de Bergeronnette de yarrell de la région, le premier cas de
reproduction certaine connu en Picardie a néanmoins été
noté dans l'Oise en 1894 (Commecy, 1995). ll s'agissait
également du premier cas Français (Raspail, 1905 in
Sueur, 1995).

Le premier cas de reproduction connu en plaine maritime
picarde date de 1977 et concerne un couple mixte :
Bergeronnette de yarrell X Bergeronnette grise (Sueur et
Triplet, 1999). A partir des années 1980, des couples mixtes
sont notés, toujours en petit nombre (quelques unités). Les
cas de reproduction concernant des couples formés de
deux yarrellii sont encore plus rares : 1 cas en 1985 et 1986
à Quend (obs. G. Flohart in Bawedin, 1995).

L’hybridation entre M.aIba et M.a.yarrellii engendre une des-
cendance au plumage particulier, rendant parfois difficile la
détermination des oiseaux. Quelques cas d’individus hybri-
des sont notés sur nos côtes, essentiellement au printemps.
La reproduction reste aujourd’hui relativement discrète et
concerne moins de 5 couples.

Les sites de nidification les plus réguliers se trouvent au
nord de la Baie de Somme (Parc Ornithologique du
Marquenterre, Quend - Fort-Mahon, Basse Vallée de
l’Authie). L’espèce est nicheuse possible (observations en
juillet) à probable au Hâble d’Ault : 2 ad. et 1 juv le 12 juillet
1999 (Triplet et al., 2000).

CONCLUSION

La Bergeronnette de yarrell reste globalement un oiseau
peu abondant sur le littoral Picard, qui se situe au nord de
ses principales zones d’hivernage. Cela explique le nomb-
re relativement restreint (le maximum se situant autour de
20) d’individus observés, même si la présence de l’espèce
à cette saison est régulière.

C’est lors de la migration prénuptiale (février à mai) que l’on
a le plus de chances de l'observer, celle-ci voyant son apo-
gée en mars ; la migration d’automne est plus discrète et
plus brève (septembre-octobre, voire début novembre).
Enfin, les cas de nidification demeurent peu abondants et
sont trouvés au nord de la picardie maritime. Elle reste à
confirmer au sud de la baie.

BIBLIOGRAPHIE

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Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

LA REPRODUCTION DU GRAND CORMORAN Phalacrocorax carbo

 

SUR LE LITTORAL PICARD, SON ARRIÈRE-PAYS ET SES CONFINS NORMANDS

Par Thierry RIGA UX

Le Grand Cormoran niche de longue date sur les falaises
haut-normandes mais sa reproduction au cours des XlXe et
XXe siècle sur les falaises picardes, au sens administratif du
terme, ne semble pas établie avec certitude (Sueur &
Triplet, 1999).

Sur le littoral picard, c'est tout d'abord au Hâble d’Ault, en
1980 et 1982, que sont rapportées des tentatives de repro-
duction par Commecy & Sueur (1983). Mais la véritable
implantation de l’espèce en Picardie maritime pour la pério-
de contemporaine s'effectue à l'intérieur des terres, au sein
d'un marais peu fréquenté situé a cheval sur les communes
de Bernay-en-Ponthieu et Arry. Un premier couple nicheur
y est noté en 1992.

Sueur & Triplet (1999) relatent la croissance de la colonie
reproductrice installée sur ces communes pour la période
1992 à 1999. Dans le présent article, nous reprendrons les
effectifs publiés par ces auteurs pour les années antérieu-
res à 1999 et à compter de 1999 inclus nous utiliserons les
données recueillies par nos soins.

La présente publication se propose de retracer l'évolution
de la taille de la colonie reproductrice d’Arry/Bernay-en-
Ponthieu de 1992 à 2002 et de rendre compte, pour la
même période, de l'évolution ayant affecté les colonies
rupestres cauchoises proches de la Picardie, suivies par le
Groupe Ornithologique Normand.

l - Evolution de la taille de la colonie reproductrice
installée dans les marais arrière-littoraux d’Arry et
Bernay-en-Ponthieu (80).

1) Présentation succincte de l'habitat utilisé :

Les sites de reproduction sont offerts par des arbres
(Bouleaux, Aulnes et probablement d'autres essences, tel-
les que des Saules) se développant sur un îlot ou en
bordure d'un vaste plan d'eau. En bordure de plan d'eau,
les nids sont installés dans de grands arbres mais a des
hauteurs très variables. Le marais concerné est caractérisé
par une faible fréquentation et de faibles dérangements. Par
exemple, la chasse n'est pratiquée qu'à une certain distance
du site de reproduction.

2) Evolution des effectifs :

Le tableau suivant retrace l'évolution du nombre de couples
reproducteurs dénombrés à Arry/Bernay-en-Ponthieu :

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numero spécial de Mvocette - 2003

Nb 1 4 26 39
de
couples

1997 1998 1999 2000 2001 2002

52 112 (J08)
179 219 333 334

 

Tableau 1 : Evolution du nombre de couples reproducteurs de la
colonie de Grand Cormoran établie à Arry / Bernay-en-Ponthieu
(en italique, les chiffres produits par Sueur & Triplet, 1999 ; en
caractères droits, mes données personnelles).

Le décalage considérable entre les effectifs relatés par
Sueur & Triplet et mes observations pour 1999 tient au fait
qu'une partie (dès lors majoritaire) de la colonie est installée
sur un site qu'il n'est possible de recenser convenablement
qu'en entrant au sein de la propriété privée concernée. Il est
possible que l'effectif nicheur ait été sous-estimé dès 1998.
Ayant obtenu l'autorisation des propriétaires, j'ai pu procéder
au dénombrement dans des conditions adéquates.

Pour l'année 2000, il est possible toutefois que quelques nids
(quelques dizaines au grand maximum) aient échappé à
mon dénombrement, celui-ci ayant été effectué à une date
tardive (13 mai) à laquelle les feuillages étaient bien déve-
loppés. Notons cependant que les fientes des Grands
Cormorans limitent le développement des feuilles autour des
nids et concourent à en maintenir la visibilité. Le dénombre-
ment de la colonie en 2001 est effectué les 13 et 29 avril,
cette dernière date ayant permis de comptabiliser de nomb-
reux nouveaux nids par rapport au 13. En 2002, les nids sont
dénombrés les 6, 20 et 28 avril, le maximum étant noté ce
dernierjour. On notera enfin que compte tenu de l'échelon-
nement de la reproduction, les dénombrements réalisés en
avril-mai ne permettent pas de recenser de façon tout a fait
exhaustive les couples nicheurs.

400 -
350

300

25Û '

2ÛÛ '

150

‘IÜÜ

5o - l

0 . . — . - l l . .

1992 1993 1994 1995 1996 199? 1998 1999 2000 2001 2002

Figure 1 : Evolution du nombre de couples reproducteurs de la
colonie de Grand Cormoran établie à Arry / Bernay-en-Ponthieu
entre 1992 et 2002.

3) Commentaires :

La croissance observée à Arry est forte mais s’apparente à
celle notée antérieurement sur d'autres sites, telle que la
colonie de la Grande Noé dans la boucle de Poses (Eure)
(Gérard Debout, comm. pers.). L’année 2002 semble noter
une stabilisation des effectifs, qu'il conviendra de vérifier
ces prochaines années. ll convient d’étre prudent car la
foliaison précoce a rendu le dénombrement particulière-
ment délicat.

Il - Evolution de la taille des colonies des falaises du
pays de Caux situées entre Dieppe et le Tréport au
cours de la même période.

1) Présentation succincte des habitats utilisés :

Il s'agit de hautes falaises présentant des entablements
(replats) suffisants, au sein du tombant de la falaise, pour
l'installation des nids. La distribution des Grands Cormorans
dans les falaises cauchoises est donc fortement tributaire
de leur morphologie.

2) Evolution des effectifs :

Les données utilisées ici proviennent du bilan réalisé par
Debout en 1999 pour le compte de la DIREN Haute-
Normandie sur les oiseaux marins nicheurs du Pays de
Caux et des bilans dressés par Triboulin en 1999 et 2000
pour les recensements effectués entre1998 et 2000 et par
Lethuillier pour les années 2001 et 2002 (comm. pers. pour
cette dernière année).

NB : le secteur compris entre Berneval le Grand et Dieppe
n‘ayant pas été dénombré en 2000 et 2001, les effectifs nicheurs
sur ce secteur pour ces années ont été établis sur la base d'une
interpolation linéaire des données obtenues en 1999 (136 nids) et
2002 (99 nids), donnant une estimation de 124 nids en 2000 et
112 en 2001 (données arrondies).

Années 1988 1992 1998 1999
Nb couples 215 318 395 357
Années 2000 2001 2002

Nb couples 324 354 251

Tableau 2 : Evolution des effectifs reproducteurs de Grand

Cormoran entre Dieppe et le Tréport entre 1988 et 2002.

Cette évolution peut être illustrée de la façon suivante :

450 -

400 -
350  -._
300 _
250 - "a -
200 - °
150
100
5o -
o 1 . _ .
1988 I990 1992 1994 ‘I995 199E 200D 2002

Figure 2 : Evolution des effectifs nicheurs de Grands Cormorans
entre Dieppe et le Tréport entre 1988 et 2002.

Pour les années 1998 à 2002, au sein de ce vaste secteur
de falaises, les effectifs ont évolué comme suit selon les
sous-secteurs :

Sous-secteur 1993 | 1999 2000 | 2001 2002 |
Ltffréporl-(Îricl 140 _ 119 10a _ 125 93
Cricl-Pcttly 125 102 94 117 s9
Bcnwval le (‘rrand 130 136 124 112 9‘)
—[)ieppe

TOTAL 39s 357 324 354 251

Tableau 3 : Evolution des effectifs reproducteurs de Grand
Cormoran de 1998 à 2002 selon trois sous-secteurs du domaine
de falaises compris entre Le Tréport et Dieppe.

450
400
350
300 -
250 -
200
150



Le Tréport-Criel Cnel-Penly Berneval le Grand Le Tréport-Dieppe
- Dieppe

  

Æ

I 199B

  

:1995

1:1 2000

S 2001

z 2002

 

 
: 

Figure 3 : Evolution des effectifs reproducteurs de Grand
Cormoran de 1998 à 2002 selon trois sous-secteurs du domaine

de falaises compris entre Le Tréport et Dieppe.
3) Commentaires :

L'essor démographique considérable de l'espèce intervenu
sur le pays de Caux de 1975 à 1985, faisant passer les
effectifs de 63 couples a 220 couples (Debout, 1987), s’est
poursuivi jusqu'en 1998 avec un effectif global de 573 cou-
ples. En 1999, Debout souligne toutefois l'inégalité du
rythme d'accroissement entre les populations des secteurs
“Le Tréport-Dieppe" (objet d'une croissance soutenue entre
1992 et 1998) d'une part et “Saint Valéry-Fécamp" et
“Fécamp-Le Havre" (relativement stables) d'autre part.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde a l Numéro spécial de Mvocette - 2003

Debout (1988) avait prévu que la population du secteur
"Le Tréport-Dieppe" disposait d'un potentiel de développe-
ment plus fort que les autres du fait d'une superficie de
hauts fonds favorables (fonds marins de moins de 10 m
disponibles dans un rayon de 30 a 50 kilomètres des colo-
nies) plus grande qu'ailleurs.

Toutefois, le secteur “Le Tréport-Dieppe" est désormais
concerné également par la stabilité et même par une légère
décroissance, qui semble s’accentuer en 2002.

lll - Quels enseignements tirer de ces évolutions ?
Existe t’il une relation entre le dynamisme démogra-
phique de la colonie d’Arry et la stagnation - voire la
décroissance - de la population reproductrice des falai-
ses situées entre Le Tréport et Dieppe ?

En l'absence d'atteintes significatives et connues aux
zones de nourrissage potentielles de l'espèce, différentes
hypothèses peuvent être invoquées a priori pour expliquer
la stagnation, voire la décroissance, des populations repro-
ductrices des falaises situées entre Le Tréport et Dieppe :

- hypothèse 1 : la falaise pourrait avoir subi des évolu-
tions réduisant le nombre de sites favorables à
l'installation des nids ;

- hypothèse 2 : les Grands Cormorans du secteur
“Le Tréport-Dieppe (et tout particulièrement ceux situés
ente Penly et le Tréport) subissent la concurrence de la
population florissante qui s'est installée en plaine mari-
time picarde au début des années 90 et qui s'est
fortement développée (cf. tableau 1 et figure 1 ci-dessus) ;

- hypothèse 3 : une partie des oiseaux établis dans les
falaises s'est installée au sein du site de reproduction
continental, alimentant ainsi sa très forte dynamique
démographique.

Nous considérons la première hypothèse comme assez peu
probable en raison de la régularité de la baisse observée sur
les deux sites maritimes les plus au nord-est : sud du Tréport
et nord de Penly.

Cette hypothèse nous semble d'autant moins pouvoir four-
nir à elle seule un explication des évolutions observées que
les témoignages recueillis auprès des ornithologues ayant
suivi ces secteurs ne rendent pas compte d'événements qui
auraient pu provoquer une baisse importante de la capacité
d'accueil de la falaise entre 1998 et 2000 : éboulement de
sites de reproduction, en particulier.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numéro spécial de Mvocette - 2003

Au cours de l'hiver 2001/2002, des pans importants de falai-
se se sont certes effondrés au sein de sites exploités par les
Grands Cormorans, entre Le Tréport et Criel notamment,
mais des éboulements importants se sont également pro-
duits lors de l'hiver 2000/2001 sans s'accompagner d'une
baisse de la population reproductrice : celle-ci subit même
alors un léger rebond.

Nous ne sommes pas en capacité d'établir laquelle des
hypothèses 2 et 3 est la plus convenable. Elles ne sont
d'ailleurs pas incompatibles et pourraient même avoir un
effet synergique sur la baisse des effectifs en milieu rupes-
tre. La réalité est éventuellement un panachage de ces
deux axes d'explication.

Quoi qu’il en soit, un fait est certain, compte tenu des rap-
pels effectués ci-dessus sur les caractéristiques des zones
d'alimentation des Grands Cormorans : c'est le très fort
recoupement des zones d'alimentation potentielles des
deux colonies. La baie de Somme, dont l'utilisation réguliè-
re par les oiseaux de la colonie d’Arry est avérée
(observations personnelles, notamment), se situe égale-
ment à moins de 10 kilomètres de la colonie du Tréport.

Est-ce à dire que les ressources alimentaires présentes en
baie de Somme et dans ses environs constituent un facteur
limitant de la taille cumulée des deux colonies ? Ceci
demanderait à être clairement établi. Il est possible que la
croissance de la colonie d'Arry, dont les oiseaux se nour-
rissent en milieu marin, restreignent l'accessibilité des
ressources pour la colonie du secteur LeTréport-Penly : en
effet, les zones de pêche de deux colonies adjacentes ne
devant pas se superposer (Debout, 1987), la superficie
exploitable par les oiseaux rupestres a du diminuer avec
l'extension des zones de péche de la colonie arboricole.
Dans ce contexte, compte tenu de l'abondance et de la pro-
ximité des zones d’alimentation potentielles, l'absence
complète d'utilisation des falaises picardes comme site de
reproduction, pourtant situées au plus près de la baie de
Somme, résulte de façon quasi-certaine de l'absence de
sites de reproduction favorables. Le secteur de falaise situé
entre le lieu dit “le bois de Cise" et la ville d'Ault offre actuel-
lement des reposoirs convenables en tant que dortoirs mais
ils sont inadéquats pour l'établissement de nids, lesquels
nécessitent de larges entablements ou cavités. Si, pour une
raison ou une autre, des cavités ou des plate-formes natu-
relles adéquates venaient a apparaître au sein des falaises,
on peut penser qu’elles seraient occupées rapidement.

CONCLUSION

Longtemps dépourvue de population reproductrice de
Grands Cormorans, la Picardie maritime accueille désor-
mais une colonie qui se situe parmi les plus importantes de
France. Cette colonie n’est pas implantée sur la côte mais
dans des marais de l’arrière-pays, proche des baies de
Somme et d'Authie. L’espèce y niche sur des arbres en
bordure d’étang. Le très grand essor de la colonie (elle est
passée de 1 a 333 couples en 10 ans) contraste avec la
légère régression de populations voisines installées dans
les falaises du Pays de Caux, entre Dieppe et le Tréport,
avec lesquelles elle partage certaines zones d'alimentation
importantes : baie de Somme, en particulier.

ll est difficile à ce jour de savoir si la régression des popu-
lations installées dans les falaises cauchoises du secteur
considéré tient à ce que leurs capacités d’accueil en matière
d’installation des nids se sont dégradées ou si ces popula-
tions rupestres sont limitées par l’abondance des fonds
favorables et des ressources alimentaires accessibles. ll
semble en définitive que les deux facteurs aient pu se
conjuguer : les populations rupestres, confrontées à une
instabilité des conditions d’installation des nids dans la
falaises, pourraient subir de surcroît la concurrence de la
population arboricole et pourraient avoir contribué à accélérer
la dynamique démographique de cette dernière par une
émigration vers le site continental de reproduction.

ll est en revanche assez largement assuré que l’absence
de toute colonie reproductrice dans le petit secteur de falai-
se picard puisse être attribuée à l’absence de sites de
reproduction suffisants pour l’installation des nids.

REMERCIEMENTS

Je remercie l'ensemble des ornithologues contribuant au
suivi des falaises haut-normandes et picardes et, en parti-
culier, Lionel Triboulin, Gilles le Guillou, Cyriaque Lethuillier,
qui ont assuré, dans le cadre des activités du Groupe
Ornithologique Normand, la coordination des dénombre-
ments réalisés ces dernières années sur le littoral de la côte
d’albâtre (Seine-maritime) ou ont pris une part très impor-
tante à leur réalisation.

Mes remerciements vont aussi à Gérard Debout qui a bien
voulu me faire bénéficier de sa connaissance approfondie
du Grand Cormoran en apportant des observations sur le
projet du présent article.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

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LES GRAVELOTS Charadrius Sp. NICHEURS DES BAS-CHAMPS

 

DE CAYEUX-SUR-MER, DE 1994 À zooo
Par Jean-Claude ROBERT et Jacques BELLARD (T)

En 1994, nous entamions une étude à long terme sur l'évo-
lution spatio-temporelle des populations nicheuses des
trois espèces de Gravelots le long du littoral du sud de la
Baie de Somme ; un tel travail n'ayant jamais été entrepris.
La plupart des données ont déjà été publiées (Robert et
Bellard 1996, Robert et Bellard 1999, Robert et Bellard
2000) ou intégrées à d’autres communications ( Fojt 1997,
Ternois 1998, Triplet, Robert, Sueur et Ternois 1999, Robert
et Bellard in Sueur et Triplet 1999, Fojt, Triplet, Robert et
Stillman 2000).

Notre propos ici est de centraliser l'ensemble des chiffres
recueillis sous forme de synthèses spécifiques ; une éva-
luation de “l'état de santé” des populations reproductrices
du Petit Gravelot Charadrius dubius, du Grand Gravelot
Charadrius hiaticula et du Gravelot à collier interrompu
Charadrius alexandrinus est abordée.

Zone d'étude (voir les cartes 1 et 2 en fin d'article) :

L’aire étudiée dans le cadre de ce programme s’étire
d’0nival au sud (commune de Woignarue), à la pointe du
Hourdel au nord (commune de Cayeux). La description
précise des différents milieux et secteurs a été donnée dans
Robert et Bellard (1996) : nous y renvoyons donc le lecteur.

Méthodologie :

Le littoral des bas-champs de Cayeux-sur-mer a été subdi-
visé en cinq secteurs (carte 2) (La délimitation de ces
différents secteurs est liée aux caractéristiques physiques
des paysages) :
- Secteur l : du camping d'Onival à la “ferme à galets”
- Secteur ll : de la “ferme à galets” à la pointe d’0ffoy
- Secteur lll : de la pointe d'Offoy à la limite nord de la
réserve terrestre de l'O.N.C.
- Secteur lV : de cette dernière limite à Cayeux-sur-mer
- Secteur V : de Cayeux au Hourdel, ce dernier secteur
étant depuis divisé en trois sous-secteurs aisément
repérables sur le terrain :
Va : Cayeux à Brighton ; Vb : Brighton à La Mollière ;
Vc : de La Mollière au Hourdel.

La quasi-totalité des comptages a été réalisée à partir d'un
véhicule automobile notamment pour repérer et comptabili-
ser les couveurs; ces recensements avaient lieu dans les
premières heures suivant le lever du jour.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numero spécial de Mvocette - 2003

Les sites inaccessibles en auto ont été explorés à pied avec
une longue vue (x20). Enfin, les endroits peu (ou ne sem-
blant pas) propices ont été parcourus au moins une fois en
mai et en juin. Les effectifs chiffrés incluent les couples
nicheurs probables et certains. L'enquête s'étale de mars à
juillet avec un dénombrement complet dans la dernière
semaine de mai (séquence observée depuis 1994).

Résultats :

- PETIT GRAVELOT (Tableau 1 ; figures 1 et 2)

Année Nombre de couples
1994 36/40
1995 49/50
1996 42
1997 40/43
1998 42/43
1999 40
2000 31/34

Tableau 1 : Variations des effectifs nicheurs de Petits Gravelots
dans les bas-champs de Cayeux/mer (1994-2000)

U‘!
G

à
G

4—minimum
—l—maximum

Nombre de couples
—x N c»
O O O

G

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Années

Figure 1 : Evolution démographique du nombre de couples
nicheurs de Petits Gravelots dans les bas-champs de Cayeux/mer

(1994-2000).

La population nicheuse de Petits Gravelots est relativement
stable de 1994 à 2000, seule l'année 2000 marque un déficit
sensible dû manifestement aux mauvaises conditions
météorologiques du printemps et de l'été et aux perturba-
tions d'origine humaine (passages bruyants et incessants
de camions travaillant au renforcement de la digue de mer,
tout près des sites de nidification traditionnels).

Cette baisse des effectifs touche essentiellement le secteur
l (plans d’eau de la ballastière d’Hautebut) où on enregist-
re une perte de 50% de la population entre 1998 et 2000
(Figure 2). Par ailleurs, la croissance non contrôlée de la
végétation des pelouses arrière-littorales, près du plan
d’eau, en écarte définitivement les Gravelots quelle que soit
fespèce.

60

50
W
2
ä-40
u —o—si
ä 30 —I—Sll
U3
5 —o—Slll
Ë 2° +siv
2

A
O

—E|— S V
  
0

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Années

Figure 2 : Evolution spatio-temporelle des effectifs de Petits
Gravelots nicheurs dans les bas champs de Cayeux-sur-mer entre
1994 et 2000.

La réserve terrestre de l'O.N.C. sensu stricto, voisine du
Hable d’Ault, accueille chaque année entre 18 et 30 % des
couples de Petits Gravelots du littoral sud picard. Les amé-
nagements entrepris dans cet espace protégé depuis
plusieurs années et surtout depuis 2000 (création de plans
d’eau et d’îlots) ne peuvent être que profitables à l’avifaune
en général et aux Gravelots en particulier. On notera éga-
lement l’émergence d'un petit noyau de Petits Gravelots
dans le secteur nord de Cayeux-sur-mer, en légère pro-
gression depuis sept ans.

- GRAVELOT A COLLIER INTERROMPU
(Tableaux 2 et 3 ; figures 3 et 4)

Année Nombre de couples

1994 27

1995 39/40
1996 35/36
1997 34/35
1998 36/38
1999 38

2000 25/27

Tableau 2 : Variations des effectifs nicheurs de Gravelots à collier
interrompu dans les bas-champs de Cayeux/mer (1994-2000).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numero spécial de Mvocette - 2003

F’ 25 —o—minimum
‘U 20 —I—maximum

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Années

Figure 3 : Evolution du nombre de couples nicheurs de Gravelots à
collier interrompu dans les bas-champs de Cayeux/mer (1994-2000).

On peut dire que la population nicheuse de Gravelots à col-
lier interrompu, inféodée au littoral des bas-champs de
Cayeux-sur-mer, n’a pas connu de grandes variations d’ef-
fectifs, les années 1994 et 2000 se distinguant par un léger
déficit (Tableau 2 et Figure 3). Pour cette espèce, des
recensements bimestriels (minimum) sont indispensables
si l’on veut appréhender convenablement l’importance de la
population reproductrice. En effet, dans certains secteurs
(lV et V, par exemple), des couples entament tôt leur repro-
duction alors que d’autres ne s'installent qu’en juin.

On remarquera (Tableau 3) que les secteurs lV et V
accueillent entre 47 et 71% des effectifs nichant en Picardie
au sud de la baie de Somme, le solde se répartissant dans
la réserve et accessoirement au sud du Hable d'Ault. La
chute de la population localisée au sud du sémaphore de
Cayeux-sur-mer en 2000 trouve sa cause dans les déran-
gements occasionnés par les travaux de renforcement et
de reprofilage de la digue à la mer.

‘ Armée Nombre de couples

%f total de ‘
la a ulalion icardc

1994 15 55. 5
1995 2 l 52. 5
1996 20.521 58.3
1997 22 62.8
1998 l8 47.4
1999 27 71.1
2000 l 7/19 70.4

Tableau 3 : Importance de la population nicheuse de Gravelots à
collier interrompu dans le nord de Cayeux-sur-mer.

Le cas du secteur lV (Figure 4) :
Rappel : 15 couples nicheurs en 1999 et 2 à 3 en 2000.

L’étroite frange littorale à micro pelouses à Armeria maritime
sur substrats de galets entre le sud de Cayeux-sur-mer et le
nord de la réserve de l’O.N.C., milieu original fréquenté par
une dizaine de couples de Gravelots à collier interrompu
(moyenne entre 1994 et 1999) a disparu au printemps 2000.
Afin de renforcer la digue du front de mer des bas-champs,
un programme de consolidation entamé depuis plusieurs
années s’est accéléré en 2000.

Une cohorte infernale de camions a déversé des milliers de
tonnes de galets sur ce milieu préalablement aplani par des
bulldozers, détruisant au passage plusieurs pontes de
Gravelots à collier interrompu au mois de mai. Fin juin 2000,
ce ballet quotidien de semi-remorques, déversant au sud du
sémaphore des galets extraits à la pointe du Hourdel conti-
nuait. La nouvelle digue créée en pente douce vers l’est
deviendra probablement un milieu rapidement colonisé par
l'espèce (ce que nous avons déjà du reste constaté en
2001), du moins dans la phase colonisatrice de la végétation
car nous savons que le Gravelot à collier interrompu est une
espèce supportant mal un recouvrement végétal important
(FOJT 1997).

Jà
U’!

Jà
O

I.I'I

2 35 —o—S|
Êso

o —I—Sll
3 25 —o—Slll
fi 2o +siv
ë 15 -D-SV
o 10 —x—T0ta|
z

U’!

O

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Années

Figure 4 : Evolution spatio-temporelle des Gravelots à collier
interrompu nicheurs dans les bas champs de Cayeux-sur-mer.

Le secteur V (au nord de Cayeux-sur-mer) attire de plus en
plus l’espèce depuis 1994 ; si bien que sa population repro-
ductrice a presque triplé (Tableau 3).

Les secteurs autour des plans d'eau d’Hautebut sont désertés
pour les mêmes raisons que celles évoquées pour les autres
espèces de Gravelots. Les deux couples de Gravelots à
collier interrompu découverts en 1997 et 1998 ont niché sur
la digue maritime.

- GRAND GRAVELOT (Tableau 4, figure 5)

Année Nombre de couples
1994 4
1995 4
1996 6
1997 8
1998 10
1999 8
2000 10

Tableau 4 : Variations des effectifs nicheurs de Grand Gravelot le
long du littoral des bas-champs de Cayeux-sur-mer.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde   Numero spécial de Mvocette - 2003

Le Grand Gravelot se trouve ici à la limite sud de son aire de
répartition. Nicheur certain depuis les années 1960, ce limi-
cole est peu commun à rare en Picardie maritime. Les
couples reproducteurs du littoral des bas champs de
Cayeux-sur-mer occupent les mêmes secteurs depuis 1994
mais désertent de plus en plus les platières des plans d'eau
d’Hautebut (Figure 5). En fait, le Grand Gravelot n'a pas été
trouvé nicheur en ces lieux depuis l'année 1998. En sept
années, la population des bas-champ de Cayeux a plus que
doublé ses effectifs, passant de 4 couples en 1994 à 10 cou-
ples en 2000. La réserve terrestre (secteur lll) et le nord de
Cayeux-sur-mer (secteur V) accueillent la grande majorité
des nicheurs locaux. Au cœur de la réserve, la population
s’est stabilisée autour de 3 couples (+ ou - 1 couple).

_\
N

3

_ 1o

g —o—S|
c, 8 +811
° —o—Slll
° 6

E +siv
E 4 —D—SV
E

o 2 —x—Total
2 .

0 1:‘. :1. o
1994 1995 199e 1997 199e 1999 zooo
Années

Figure 5 : Evolution spatio-temporelle des Grands Gravelots
nicheurs dans les bas champs de Cayeux-sur-mer.

Le Grand Gravelot est un nicheur précoce et les premières
pontes sont régulièrement découvertes dans la dernière
décade de mars (le 24 en 2000).

Discussion :

L'occupation de l'espace dans les bas champs de Cayeux
par les Gravelots nicheurs ne doit rien au hasard mais
résulte du choix de certaines variables du milieu : influence
de l’activité humaine, sélection des habitats, importance
des surfaces de galets, distances des nids par rapport à un
point d'eau et à la mer... (FOJT 1997).

Pour schématiser, le Gravelot à collier interrompu est le
plus exigeant dans le choix des sites de nidification : sensi-
bilité aux dérangements, adaptation à un milieu
essentiellement minéral (galets) où l'espèce recherche des
zones à faible recouvrement végétal.

Chez le Petit Gravelot la situation s'inverse : une certaine
tolérance aux perturbations d'origine humaine est tolérée,
sélection de milieux à recouvrement végétal de l'ordre de
30 - 40 % et présence d’environ 50 % de galets autour des
nids.

Alors que les pontes sont déposées assez loin de la digue
de mer chez le Petit Gravelot, elles sont beaucoup plus
près du rivage (en général souvent sur la digue de mer elle-
même) chez le Gravelot à collier interrompu.

La répartition des couples de ces deux espèces le long du
littoral des bas-champs (Figure 6) montre aussi clairement
une utilisation différente des secteurs. Le Petit Gravelot
colonise surtout les secteurs au sud du Hable d’Ault alors
que le Gravelot à collier interrompu se retrouve essentielle-
ment au nord de Cayeux-sur-mer. La réserve terrestre
sensu stricto (secteur lll), de par son statut de zone proté-
gée et gardée, présente un grand intérêt pour les Gravelots
(tranquillité, gestion du milieu). Cette réserve a accueilli de
22 a 35 % des couples nicheurs des Gravelots des 3 espè-
ces entre 1994 et 2000 avec une mention particulière pour
le Grand Gravelot : 33 à 75 % des reproducteurs locaux.

25
Ë
a 20
:
a
ä I5 —o—PetitGravelot
g 10 —I—G.C.|.
Ë
D 5
z
O

SI Sll Slll SlV SV
Secteur

Figure 6 : Distribution des Petits Gravelots et Gravelots à collier inter-
rompu sur le littoral des bas-champs de Cayeux-sur-mer.

Bien qu’aucune étude n’ait été entreprise sur la prédation
subie ici par les Gravelots en période de nidification, nous
avons néanmoins pu identifier certains prédateurs : Busard
des roseaux Circus aeruginosus, Faucon crécerelle Falco
tinnunculus, Goélands Larus sp., Epervier d’Europe
Accipiter nisus, Putois Mustela putorius, Hermine Mustela
erminea, Belette Mustela nivalis, Renard roux Vulpes Vulpes
et chiens errants. Autre prédateur ailé : la Corneille noire
Corvus corone, dont des effectifs parfois importants (migra-
teurs prénuptiaux puis jeunes de l'année) parcourent à
pattes les secteurs autour du Hâble d’Ault, gobant ici des
œufs, là des poussins.

De nombreux cas d’abandons de pontes et de disparitions
de jeunes non volants sont imputables à ce Corvidé.

La figure 7 matérialise l’évolution spatio-temporelle des
populations nicheuses de Gravelots des trois espèces le
long du littoral des bas-champs de Cayeux-sur-mer de
1994 à 2000. La centaine de couples n’a pas été franchie
au cours de ce laps de temps, les années 1994 (début de
la présente enquête), 1996 et 2000 sont les plus mauvaises
en terme quantitatif (conditions météorologiques défavora-

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

bles) alors que, pour les autres années, l’effectif est relati-
vement stable.

Secteur par secteur, nous relevons la chute progressive
des effectifs dans le secteur l (plans d’eau d’Hautebut) où
la pression et la densité des dérangements d’origine humai-
ne ainsi qu’une croissance non contrôlée de la végétation
des pelouses arrières littorales semblent en cause. A l’op-
posé, au nord de Cayeux-sur-mer, le secteur bénéficie d’un
apport régulier de nouveaux couples nicheurs des trois
espèces et surtout de Grands Gravelots et de Gravelots à
collier interrompu.

100

m 9o
ä 8o +si
3 7° —-—S ll
° 60
° —o—S lll
"' 5o
'° 40 +8 lV
Ë —i:i—SV
3o
E
o 2o —x—Totaux
z 1o
o

1994 1995 1996 1997 1993 1999 2000
Années

Figure 7 : Evolution spatio-temporelle des couples nicheurs des
Gravelots des trois espèces dans les 5 secteurs du littoral des
bas-champs de Cayeux-sur-mer entre 1994 et 2000.

CONCLUSION

Notre enquête, en assurant le suivi précis des variations
démographiques des populations nicheuses de Gravelots
dans cette partie de la Picardie maritime, a permis de mettre
en évidence certains paramètres éthologiques chez ces
espèces. Les préférences dans le choix des sites de repro-
duction ont notamment été mises en lumière. Après 2001,
année de transition, l’année 2002 sera importante car de
profonds aménagements ont été réalisés dans et au sud de
la réserve terrestre de I’O.N.C., près du Hable d’Ault. Nous
analyserons ainsi mieux les modalités d’occupation de ces
nouveaux espaces et leur impact réel sur les populations
locales.

BIBLIOGRAPHIE

FOJT E. (1997) : Les Gravelots à collier interrompu
Charadrius alexandrinus et les Petits Gravelots Charadrius
dubius en période de reproduction dans un même environ-
nement. Sympatrie ou succession ? Mémoire D.E.A.
Université de Tours, 25 p. + annexes.

FOJT E., TRIPLET P., ROBERT J.C. et STILLMAN R.A.
(2000) : Comparison of the breeding habitats of littel ringed
Plover Charadrius dubius and Kentish Plover Charadrius
alexandrinus on a shingle bed. Bird Study, 47 : 8 -12.

ROBERT J.C. et BELLARD J. (1996) : Les Gravelots
Charadrius sp. nicheurs du littoral sud picard estimation des
populations de 1994 à 1996. Picardie écologie 9 : 1-35.

ROBERT J.C. et BELLARD J. (1999) : Les Gravelots
Charadrius sp. nicheurs du littoral sud picard en 1999.
Avifaune picarde, volume 8 : 67-71.

ROBERT J.C. et BELLARD J. (2000) : Les Gravelots
Charadrius sp. nicheurs du littoral sud picard en 2000.
Avifaune picarde, volume 10 : 131-138.

SUEUR F. et TRIPLET P. (1999) : Les oiseaux de la Baie de
Somme. Inventaire commenté des oiseaux de la Baie de
Somme et de la Plaine Maritime Picarde. SMACOPI, GOP,
510p.

TERNOlS V. (1999) : Suivi de la reproduction des trois
espèces de Gravelots Charadrius sp. Hâble d’Ault en 1998.
O.N.C., SMACOPI, CELRl, 37 p.

TRIPLET P., ROBERT J.C., SUEUR F. et TERNOIS V.
(1999) : Gestion des pelouses graveleuses pour les
oiseaux, le cas des Gravelots au Hâble d’Ault. Avifaune
picarde, volume 8 : 59-65.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Carte 1 : localisation

  
  
  
  
 
  
   
      
 
 

de la zone d‘étude
(carte : J.-C. Robert).

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Carte 2 : localisation
des secteurs étudiés
(carte : J.-C. Robert).

 

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde Numéro spécial de Mvocette o 2003

LE RETOUR DU FAUCON PELERIN Falco peregrinus

DANS LES FALAISES PICARDES

 

Par Jean-Claude ROBERT, Jacques BELLARD (T) et Gérard BELLARD

Autrefois florissante dans les falaises picardes et norman-
des, la population nicheuse de Faucon pèlerin Falco
peregrinus s'est éteinte il y a un peu plus d’un demi siècle.
L'espèce ne sera, dès lors, observée qu'en période inter-
nuptiale (Bellard, Robert et Royer in Sueur et Triplet, 1999).
En 1994, le Faucon pèlerin colonise à nouveau les falaises
de Haute Normandie avec 4 couples reproducteurs dénom-
brés, ayant produit 9 jeunes à l’envol (GUILLEMONT,
ROBERT et BELLARD, 1995) ; parallèlement, l'espèce
s'implante durablement en Picardie maritime.

En effet, de 1994 à 1999, un à deux couples y sont repérés
notamment au sud du Bois de Cise (commune d’Ault) et
plus particulièrement en période hivernale.

Un couple inféodé au nord de Mers, hivernant côté picard,
niche côté normand (sud du Tréport) dans une grotte de la
falaise (3 jeunes en 1999 ; 2 en 2000, obs. pers.). Côté
Somme, aucune niche favorable n'étant disponible, aucune
nidification n'est répertoriée. Ce n'est qu'à partir de 2000
qu'un couple de Faucon pèlerin se sédentarise le long de la
falaise picarde alors qu’un autre couple occupe le secteur
Le Tréport - Mesnil Val. En 2001, deux couples (dont un
formé d'un mâle adulte et d'une femelle immature) sont
répertoriés entre Ault et Mers sans qu'il y ait nidification tan-
dis que le couple installé en Haute Normandie (entre
Dieppe et le Tréport) ne se reproduit pas davantage.

NIDIFICATION 2002

Sédentaire depuis 2000 en Picardie maritime, le couple de
Faucon pèlerin (adultes), d'abord localisé au secteur nord
de Mers, étend son territoire vers Ault et s'installe définitive-
ment sur les falaises de la Somme dès la fin de février 2002
après de nombreuses manifestations nuptiales commen-
cées dès le mois d’octobre 2001, près d'une cavité naturelle.
Le 4 mars 2002, les adultes écartent les Goélands argen-
tés Larus argentatus tentés par cette excavation dans la
falaise, au nord du bois de Cise.

Le 6 mars, la femelle observe de longues poses perchée à
l'entrée de l'aire (parfois des heures entières sans “bouger
une patte").

En avril, seul le mâle est détecté par intermittence : le sec-
teur est si calme que l'on peut croire que les pèlerins ont
disparu. Le 2 mai, nous assistons aux relais des couveurs ;
la femelle alarme à plusieurs reprises aux passages de
ramasseurs de moules.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Les 18 et 19 mai, le couple alarme également dès qu'un
touriste ou un “cueilleur" de coquillages passe devant l'aire
(Florent Violet, comm. pers.).

Le 21, un affût de 2 heures confirme la reproduction : la
femelle monte la garde à l’entrée de l'aire tandis que son
partenaire chasse. Durant dix minutes, elle gagne l'aire et
s'y maintient pour réchauffer les poussins.

Le 29 mai, la situation évolue lentement : quand la femelle
réchauffe ses jeunes, nous apercevons alors trois têtes et
le corps chahuté de la mère. Le 2 juin, confirmation de la
présence de troisjeunes dans l'aire (Thierry Rigaux, comm.
pers.). Le 18, la progéniture occupe la plateforme d'envol et
le 21 juin nous retrouvons les trois jeunes volant de concert
avec la femelle, qui passe beaucoup de temps à crier ! Un
jeune mâle (de la nichée) s'entraîne aux piqués en fondant
régulièrement sur les Goélands argentés du secteur.

L'aire se trouve à une vingtaine de mètres du sommet de la
falaise qui mesure, à cet endroit, environ soixante dix mètres
de hauteur. La cuvette de ponte se situe en contrebas de la
plateforme d'envol, protégeant la femelle puis les jeunes,
des vents dominants, de la pluie et de la vue des observa-
teurs. Cette cavité, absente au printemps 2001, s'est créée
avec la chute de blocs de calcaire, libérant ainsi un espace
favorable à la reproduction du Faucon pèlerin ; l'événement
a dû se produire au début de l'hiver 2001/2002 car, en février
déjà, le couple se tenait souvent perché près de l'aire.

CONCLUSION

Après plus de cinquante années d'absence, le Faucon
pèlerin a niché de nouveau, en 2002, dans la falaise picar-
de, produisant trois jeunes à l'envol. Cet heureux
événement est intervenu huit ans après la réapparition de
l’espèce en Haute-Normandie voisine.

Gageons que cette réinstallation soit durable.

BIBLIOGRAPHIE
GUILLEMONTA., ROBERT J.C et BELLART J. (1995) - Le
Faucon pèlerin F. peregrinus niche à nouveau en

Normandie. Ornithos, 2 (2) : 92-93.

SUEUR F. et TRIPLET P. (1999) - Les oiseaux de la baie de
Somme. SMACOPI , Groupe Ornithologique Picard, 509p.

In memoriam :
Jacques BELLARD (1948-2002)

Ornithologue discret, passionné et efficace, Jacques nous a
quittés le 11 mars 2002.

Perfectionniste, il vivait sa passion tel un sacerdoce depuis
plus de trente ans.

Nous nous étions connus en 1969, à une époque où l'orni-
thologie picarde prenait à peine son envol, sous |’impu|sion
de Noël RANSON. Délaissant le fusil pour les jumelles,
Jacques arpenta, dès lors, les moindres coins et recoins de
la baie de Somme. Cheville ouvrière du bureau Calidris dès
‘I973, puis de l'Association pour la Promotion de la
Recherche sur l’Environnement (A.P.R.E.), il consacra une
grande part de son temps libre à l'observation de la nature.
Combien de temps avons-nous passé ensemble à épier la
sortie nocturne du Blaireau ou du Renard, à étudier le retour
des Phoques veaux-marins, à rechercher les preuves de
nidification certaine d'espèces rares ou peu communes ?
Cisticole des Joncs (mise en évidence de la polygamie pour
la première fois en Europe), Pic Noir, Panure à moustaches,
Fulmar, Gorge-bleue, Hibou brachyotte, Bondrée, Epervier,
Grand Gravelot, Faucon pèlerin...

Toujours disponible, il donnait volontiers un coup de main
lors des opérations de baguage au Hâble d’Ault. Sans
Jacques, je n'aurai jamais mené à bien certaines études tel
le suivi démographique des populations nicheuses de
Gravelots ou du Traquet motteux le long du littoral des bas-
champs de Cayeux.

Combien de kilomètres avons-nous parcouru à travers
l'Europe et plus particulièrement l'Espagne, que nous
avions découverte a bord de sa 2 CV ? Que de souvenirs
accumulés lors des six voyages effectués dans ce pays a
observer la Grande Outarde, les Gangas, l'Elanion blanc, le
Vautour moine, la Pie bleue... Que d’émotion, sur le rocher
de Gibraltar, parmi les Magots, en contemplant la côte
marocaine, en face l Dernièrement, en janvier 2002, nous
“cochions" la Harfang en Belgique et retrouvions les Oies a
bec court de Damme.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

La passion pour les Rapaces diurnes entraîna Jacques en
lsraël, en Ethiopie, en Laponie, et depuis 1994, le long des
falaises picardo-normandes.

C'est en Haute-Normandie que nous découvrions les pre-
miers cas de reproduction du Faucon pèlerin revenu après
une absence de près d'un demi-siècle.

Jacques s'impatientait de retrouver l’espèce en Picardie :
c'est en contrôlant les évolutions d'un couple près du bois
de Cise que Jacques s’est tué accidentellement le 11 mars
2002, là-même, ironie du sort, où l'espèce nichera en ce
même printemps 2002.

Jacques laissera un grand vide dans la communauté orni-
thologique régionale.

L'amitié et la complicité que nous partagions depuis plus de
30 années, dans la vie comme sur le terrain, ne s'effacent
pas d’un revers du destin, mais s'alimentent désormais à la
source des souvenirs.

Adieu, Jacques.

Jean-Claude ROBERT
Famechon, 11 avril 2002.

RÉSULTATS DU SUIVI PENDANT SIX ANNÉES (1994 A 1999)
D'UNE POPULATION DE CH EVÊCHE D'ATHENA Athene noctua

DANS UN SECTEUR BOCAGER DE LA PLAINE MARITIME PICARDE

 

Par Stéphanie FLIPO

CONTEXTE

Une opération locale agriculture-environnement a été mise
en œuvre en plaine maritime picarde (sur environ 20 000
hectares) entre 1994 et 1999. Cette opération visait à pro-
mouvoir des pratiques agricoles respectueuses de
l'environnement grâce â l'attribution de primes compensa-
toires aux exploitants agricoles s'engageant à respecter
certains contrats. Ces contrats comprenaient le respect de
chargements pastoraux (2 UGB/ha au maximum ; 1 UGB =
1 “Unité Gros Bétail” = 1 vache adulte), l'interdiction d’utili-
ser des produits phytosanitaires, la limitation d'apports
d'engrais voire l'absence de leur utilisation ainsi que l'obli-
gation d'entretenir les éléments structurants du paysage
(haies, mares, fossés...) et de maintenir les prairies naturelles
sur l'ensemble des exploitations concernées.

L'objectif principal de cette opération locale était de préserver
les prairies naturelles humides, qui représentent des
milieux d'intérêt régionaux à internationaux sur le territoire
concerné, grâce au maintien et au développement des pra-
tiques extensives d’élevage. Parallèlement au lancement
de cette opération locale, une étude d’accompagnement a
été menée afin :

- d'une part, de réaliser un état initial du patrimoine
naturel présent au démarrage de cette opération (occu-
pation des sols, habitats, faune, flore, agriculture,
hydrologie),

- d'autre part, de définir des indicateurs permettant
d'évaluer, à la fin de l'opération, son efficacité en
faveur de l'environnement.

 

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numero spécial de Mvocette - 2003

Le dispositif de suivi devant permettre une évaluation de
l’opération a été basé sur le suivi d'indicateurs biologiques
(végétation et avifaune) et de l'occupation des sols. Les
opérations d'étude et de suivi ont été réalisées par le
Conservatoire des Sites Naturels de Picardie sous maîtrise
d'ouvrage du Syndicat Intercommunal de Développement
Economique et d’Aménagement du Ponthieu-Marquenterre,
et grâce à l'appui financier de la Direction Régionale de
l'Environnement de Picardie et du Conseil Régional de
Picardie.

UTILISATION DE LA CHEVÊCHE D'ATHENA COMME
INDICATEUR DE SUIVI DE L’OPERAT|ON LOCALE

Un certain nombre d'espèces bio-indicatrices a été choisi
afin d'essayer de vérifier la validité des cahiers des charges
des contrats, et leur impact sur l'état des milieux.

La Chevêche d'Athena a été sélectionnée comme espèce
indicatrice de l'état des secteurs de bocage en plaine mari-
time picarde. En effet, ce rapace nocturne a besoin de
milieux présentant deux caractéristiques essentielles : des
cavités pour nicher (vieux arbres) et des prairies pâturées â
végétation basse pour chasser. Cette espèce se nourrit
d'insectes, de vers de terre, de micro-mammifères et de
petits passereaux, autres indicateurs de milieu.

Sédentaire, elle est considérée comme étant en déclin en
Europe (Tucker & Heath, 1994), en France (diminution
probable de 20 à 50% depuis les années 1970, d'après
Génot in Rocamora & Yeatman-Berthelot, 1999), vulnérable
en Picardie (Gavory (coord.), 1995). Les causes de ce
déclin sont principalement liées à la destruction des habitats
(remembrement, mises en culture des prairies naturelles,
suppression des vergers, urbanisation), à l’utilisation de
pesticides (raréfaction des proies) et à la circulation automobile.

L'objectif du présent article est de présenter les résultats du
suivi de cette espèce sur le bocage du Marquenterre et
d'essayer d'évaluer les répercussions de l'opération locale
sur ce rapace nocturne.

Les résultats présentés ci-après sont issus des différentes
études coordonnées par le Conservatoire des Sites Naturels
de Picardie pendant la durée de l'opération locale (cf. biblio-
graphie). Les données sur la Chouette chevéche proviennent
du Conservatoire des Sites Naturels de Picardie (O. Bardet,
S. Flipo), de Picardie-Nature (L. Gavory, T. Rigaux) ainsi que
d'observateurs locaux, qui ont bien voulu transmettre leurs
données (P. Etienne, J. Mouton).

1 - Méthodologie d’étude.

Lors de l'état initial réalisé en 1994, plusieurs secteurs
bocagers de la plaine maritime ont fait l’objet d'inventaires
concernant la Chouette chevêche :

1 - le secteur des bas-champs du Marquenterre situé
entre Rue/Quend/Saint-Quentin-en-Tourmont,

2 - le secteur des bas-champs du Marquenterre situé
entre Favières/Ponthoile/Noyelles-sur-mer,

3 - le secteur de la basse vallée de la Somme situé
entre Boismont et Saigneville,

4 - le secteur des bas-champs de Cayeux situé entre
Hurt/Wathiéhurt/Salenelle.

Nous avons ensuite choisi de suivre la Chouette chevêche
pendant les cinq années suivantes uniquement sur un
secteur: celui des bas-champs du Marquenterre entre Rue/
Quend/Saint-Quentin-en-Tourmont. En effet, c'est le secteur
qui présente les effectifs les plus significatifs et pour lequel
nous disposons de données antérieures au lancement de
l'opération locale du fait de recherches réalisées par des
observateurs locaux (P. Etienne, J. Mouton). Cette connais-
sance plus ancienne de la zone constitue une aide à
l'analyse des résultats et à l'interprétation concernant le
rôle de l'opération locale vis-à-vis de l'espèce. Enfin, ce
secteur a effectivement fait l'objet de contractualisations
avec les agriculteurs (environ 20% des prairies de la zone
d'étude ont été contractualisées dans le cadre de |’opération
locale, ce qui correspond environ au pourcentage de
contractualisation sur l'ensemble de la zone). Il était donc
envisageable a priori de mesurer d'éventuels changements
imputables à ces contractualisations.

Le protocole d'étude consistait a réaliser un recensement
crépusculaire et nocturne en utilisant la technique de la
“repasse" (le chant enregistré de la Chouette chevêche est
diffusé au magnétophone de façon à provoquer une réponse
d'un individu cantonné). Deux passages sont nécessaires
afin de recenser les chanteurs de Chouette chevêche (un
passage en mars-avril et un passage en mai).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Environ 30 points d'écoute ont été réalisés sur l’ensemble de
la zone et ce, pour chaque passage. A chaque point d'écou-
te, la repasse et l'écoute ont été effectuées pendant 5 a 10
minutes. Les sorties ont été réalisées, autant que possible,
lors de conditions météorologiques favorables (vent nul à fai-
ble, temps dégagé). Tous les contacts étaient notés lors des
sorties : cris, chants, contacts simultanés. A la fin de la sai-
son, les données des deux passages (environ 60 écoutes)
étaient reportées sur la carte de la zone et analysées de la
manière suivante :

- si l'espèce a été contactée lors des deux passages :

on la considère nicheuse probable,

- si l'espèce n'a été contactée que lors d'un seul passage :

on la considère nicheuse possible,

- lorsque des données supplémentaires ont été appor-

tées par des observateurs locaux, il a parfois été

possible d’attribuer le statut de nicheur certain (suivi des

couples pendant l'ensemble de la saison de reproduction).

Après l'état initial réalisé en 1994, ce suivi a été réalisé
annuellementjusqu'en 1999.

Parallèlement au suivi d’espèces indicatrices, l'occupation
des sols a été cartographiée en 1994 et en 1999 (par photo-
interprétation et vérifications partielles sur le terrain), afin de
mesurer l'évolution des surfaces des prairies naturelles et
leur répartition sur le territoire concerné. Pour le suivi des
haies, les dégradations ont été notées sur le terrain (des-
truction d'arbres, de haies...), à chaque fois que possible,
mais n’ont malheureusement pas pu être cartographiées.

L'ensemble de la zone d'étude a été prospecté chaque
année, afin de suivre les secteurs non contractualisés pou-
vant servir de témoin, de détecter des déplacements de
couples à l'intérieur de la zone d'étude, et, éventuellement,
de contacter des chanteurs non contactés auparavant.

2 - Résultats.

Sur les quatre secteurs étudiés en 1994 (cf. supra), la
population globale de Chevêche d'Athéna recensée est
comprise dans une fourchette de 27 à 37 chanteurs,
décomposée comme suit dans les différents secteurs :

- Bocage du Marquenterre : 12 à 14 chanteurs (Mouton,
Etienne in Flipo, 1996),

- Bocage de Favières-Ponthoile :
(Gavory in Flipo, 1996),

- Bocage de Boismont-Saigneville :
(Gavory in Flipo, 1996),

- Bocage de Lanchères : 7 à 11 chanteurs (Gavory in
Flipo, 1996).

5 à 7 chanteurs

3 à 5 chanteurs

A partir de ces résultats, l'effectif total pour la plaine mariti-
me picarde peut être estimé comme situé entre 27 et 50
chanteurs, compte-tenu des milieux bocagers présents
(Gavory in Flipo, 1996).

Concernant le secteur du bocage du Marquenterre, les
résultats annuels se déclinent comme suit :

1994 1995 1996

Nombre 12 à 14 9 à 13 6 à 15
de couples (12 NP, 2 Np). (2 NC, 7 NP, 4 Np). (1 NC, 5 NP, 9 Np).
nicheurs

1997 1998 1999
Nombre 11 à 15 11 à 15 8 à 14

de couples (11 NP,4Np) (11 NP,4Np) (8 NP, 6Np)

nicheurs

Légende : NC = nicheur certain, NP = nicheur probable,
Np = nicheur possible.

Evolution du nombre de chanteurs de Chevêche d'Athéna
entre 1994 et 1999 - Bocage du Marquenterre

16
5
14 4 14 —O—Nbr. de
13 chanteurs
12 12 minimum
11 (NP + NC)
10
9
8 8
6 6 —I—Nbr. de
chanteurs
4 maximum
(ajout des
2 Np)
0
1992 1994 1996 1998 2000

Années

Le nombre de chanteurs de Chevêche d'Athéna contactés
dans le bocage du Marquenterre s'est révélé relativement
stable entre 1994 et 1999. En particulier, le nombre maxi-
mum de chanteurs (addition des nicheurs certains,
probables et possibles) n'a quasiment pas varié au cours
du suivi (variation entre 13 et 15).

En revanche, le nombre minimum de chanteurs (défini
comme l'addition des nicheurs certains et probables) a
varié de manière plus importante (6 à 12). Cela signifie que
certains chanteurs n’ont été contactés que lors d'un passage
sur deux ou une année sur deux. Les variations inter-
annuelles des effectifs recensés peuvent être liées, pour
partie au moins, aux mauvaises conditions météorolo-
giques lors de certains comptages.

En reportant sur une carte l’ensemble des données collectées
au bout des six années de suivis, on peut estimer que la
zone accueille environ 17 cantons réguliers (cf. localisation
estimée des cantons sur la carte présentée en fin d'article).
Pour chaque canton, il est précisé les années où un chan-
teur a été contacté. Les cantons ont été dessinés en
“rassemblant” les chanteurs les plus proches possibles
géographiquement et contactés lors d’années différentes
(cf. carte en fin d'article).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Un canton a été considéré “régulier" à chaque fois que
celui-ci a été détecté pendant au moins trois années de
suivi (non forcément consécutives). Si on considère égale-
ment les cantons contactés pendant une voire deux années
de suivi, on trouve un total de 23 cantons potentiels sur
cette zone d’étude.

Pour mieux visualiser la régularité des contacts en fonction
des différents cantons détectés, on trouvera ci-dessous le
nombre d'années d'observation pour les 23 cantons estimés.

|\ombre de cantons contactés 1 cantons

pendant 1 année de suivi

5 canto ns 6 cantons

l\ombre de cantons contactés
pendant 2 années de suivi
(pas forcément consécutives)
lxombre de cantons contactés
pendant 3 années de suivi
(pas forcément consécutives)
lxombre de cantons contactés
pendant 4 années de suivi
(pas forcément consécutives)
lxombre de cantons contactés
pendant 5 années de suivi
(pas forcément consécutives)
lxombre de cantons contactés

pendant les 6 années de suivi.

3 cantons

3 cantons

17 cantons

6 cantons

5 cantons

Nombre total de cantons
cartographiés

23 cantons

La Chouette chevêche est un oiseau sédentaire qui a montré
une certaine fidélité à ses sites de nidification au cours du
suivi (17 cantons ont été notés pendant au moins 3 années
de suivi).

En revanche, certains couples semblent s'être déplacés au
cours du temps. Ces déplacements de chanteurs s'expli-
quent parfois par des modifications de la structure du
paysage. Par exemple, un chanteur a été noté chaque
année entre 1994 et 1997 au niveau du lieu-dit “Foraine de
Hère". En 1998 et 1999, des prospections ont été réalisées
sans succès. Or, nous avons pu constater que certaines
prairies permanentes ont été retournées et des travaux
importants, source de dérangements, ont été réalisés dans
ce secteur (aménagement d'une carrière d'extraction de
galets).

Quasiment tous les secteurs favorables à la Chevêche
d'Athéna (prairies naturelles pâturées et haies comprenant
de vieux saules taillés en têtard avec des cavités) ont été
occupés par des chanteurs de Chevêche pendant la durée
du suivi (cf. carte avec la localisation des cantons et l'occu-
pation des sols). Compte-tenu de la structure des
paysages, il semblerait que la zone d'étude pourrait
accueillir au maximum une vingtaine de couples nicheurs
de Chevêche d'Athéna.

3 - Analyse de |’impact de l’opération locale sur
la population de Chevêche d’Athena.

Il s’agit d'évaluer le rôle de l’opération locale dans le main-
tien des chanteurs de Chevêche au cours de l'opération
locale sur la zone étudiée.

Tout d'abord, signalons que les contrats signés n'ont pas
entraîné, globalement, de modifications des pratiques agrico-
les. En effet, la majorité des agriculteurs qui ont souscrit ces
contrats, l'ont fait à des niveaux de contraintes qui cor-
respondaient déjà à leurs pratiques. Cela revient à dire que
l’opération locale a eu surtout comme effet de maintenir les
pratiques agricoles existantes, ce qui est déjà un résultat
positif en soi, compte-tenu de la forte diminution des surfaces
prairiales qui a été constatée avant la mise en place de cette
opération agri-environnementale. Ce constat a d'ailleurs été
une des raisons essentielles du lancement de l'opération.

Sur l'ensemble du périmètre de l'opération locale (environ 20
000 hectares), 1 900 hectares de prairies naturelles ont été
contractualisées sur 6 900 hectares (soit 28%). Concernant
le secteur étudié, les données de surfaces en prairies sur les
communes concernées sont les suivantes (ADASEA,
Conservatoire des Sites Naturels de Picardie, 2000) :

Surfaces Surfaces Différence Surfaces Proportion
en en (1999-1994) prairiales surface-prairies
prairies prairies contractualisées en contrats /
en 1994 en 1999 pendant surfaces en
(hectares) (hectares) l’opération prairies
locale en 94
(1994 et 1995)

Q“°“d 943 911 - 32 154 16%

R" 693 666 - 27 196 28%

Saint-Quenün- 237 245 8 55 23%

en-Tourmont

TOTAUX 1373 1822 — 51 405 22%

Sur Quend, la diminution des surfaces en prairies est liée à
des mises en culture (lieu-dit “Ferme le Colombier", à la fin
de l'opération locale). Sur Rue, certaines prairies ont été
remplacées par des extractions de galets dans des foraines.

Globalement, on constate une fzible érosion des surfaces
prairiales (perte de 51 hectares sur 1873 hectares, soit
2,7%). Le taux de contractualisation étant de 23% sur les
trois communes concernées, il est difficile de considérer
que le maintien approximatif des prairies peut être entière-
ment attribué à l’opération locale.

Le maintien des populations de Chevêche qui a été cons-
taté au cours du suivi peut être corrélé avec le maintien des
surfaces prairiales, compte-tenu des exigences écolo-
giques de cette espèce. Par contre, l'impact réel de
l'opération locale sur la population de Chevêche d'Athéna
est beaucoup plus difficile à établir.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Il est en effet difficile d’estimer ce qui serait advenu sans
“l'opération locale agriculture environnement" (OLAE), dans
la mesure où même si près de 80% des surfaces prairiales
n'ont pas été contractualisées, seulement 2,7% des surfa-
ces en prairies naturelles ont été perdues.

Il est néanmoins important de rappeler que lorsqu'un éleveur
souscrit un contrat sur une de ses prairies, cela l’oblige à
conserver les surfaces en prairies naturelles sur l'ensemble
de son exploitation. Cette opération a donc un impact lar-
gement au-delà des 405 hectares de prairies en contrats
sur la zone. Une prise de conscience de l'intérêt du patri-
moine naturel présent sur la zone s'est faite également de
manière accrue par les éleveurs, grâce au dispositif d'ani-
mation qui a été mis en place (ADASEA, avec la
collaboration de la Direction Départementale de
l'Agriculture et de la Forêt, du Conservatoire des Sites
Naturels de Picardie, de l’0ffice National de la Chasse, et
de la Chambre d'Agriculture de la Somme).

Ainsi, sans être en mesure d'évaluer précisément l'impact
de l'opération sur la population de Chevêche, on peut néan-
moins affirmer que cet impact n’a pu être que positif.

Cette appréciation est confortée par les retournements de
prairies qui ont été constatés à la fin de l'OLAE : le noyau
de prairies localisées au niveau du lieu-dit “Ferme le
Colombier" a été fortement entamé, avec la mise en cultu-
res de 2/3 des surfaces prairiales et la destruction de haies.

Cette opération n'a duré que cinq années et a laissé les
éleveurs dans l'incertitude de l'avenir. Une nouvelle poli-
tique a été mis en place à la suite de cette opération locale,
via les Contrats Territoriaux d'Exploitation (CTE), issus de
la Loi d'Orientation Agricole de juillet 1999. Ce nouveau
dispositif, basé sur un projet d'exploitation, n'a pas encore
connu de logique territoriale dans le département de la
Somme. Ces contrats sont plus lourds à mettre en place
d'un point de vue administratif et n'ont fait que trop peu d'a-
deptes pour l'instant en plaine maritime picarde. Par
ailleurs, il existe un catalogue important de mesures possi-
bles pour les agriculteurs, ce qui pourrait avoir comme effet
éventuel que des mesures “biotopes sensibles" se trouvent
en concurrence défavorable par rapport a d'autres mesures
plus attractives financièrement (in Dehondt, 2001).

CONCLUSION

La préservation de la Chouette Chevêche doit se faire par le
maintien des noyaux de populations stables devant servir
de “réservoirs” et permettre une recolonisation spontanée
(Génot in Rocamora & Yeatman-Berthelot, 1999). Or, à la
suite de l'opération locale (dès 1999) en plaine maritime,
J. Mouton et P. Etienne signalent la disparition de prairies et
de haies, en particulier une quinzaine d'hectares au niveau
du lieu-dit “Ferme le Colombier” et une dizaine au niveau du
lieu-dit “les Clières". D'autres facteurs semblent également
intervenir en défaveur de la Chevêche comme l'augmenta-
tion de la circulation routière qui est une cause de la
mortalité des jeunes (Mouton, comm. orale).

Ainsi, cette espèce continue d'être menacée à la fois par la
régression des surfaces en prairies naturelles et par le
vieillissement généralisé des haies, qui ne sont que trop
rarement renouvelées et, parfois, pas entretenues. Le main-
tien de ce rapace nocturne doit passer par la poursuite
d’actions agro-environnementales ciblées, avec des mesu-
res spécifiques en faveur des prairies naturelles et des
haies, qui doivent concerner l’ensemble de l'exploitation. Il
est également nécessaire de sensibiliser les éleveurs sur la
responsabilité qu'ils ont vis à vis du devenir du patrimoine
naturel. Des mesures d'accompagnement peuvent égale-
ment être nécessaires (pose de nichoirs) ainsi que des
actions plus volontaristes telles que la plantation de haies et
la reconversion de cultures en prairies permanentes.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tout particulièrement Pascal Etienne,
Jérôme Mouton et Thierry Rigaux pour avoir participé à la
collecte des données pendant le suivi de cette opération
locale et pour leurs contributions à la rédaction du présent
bilan.

Je souhaite également remercier Vincent Bawedin, Xavier
Commecy et Thierry Lemaire pour la relecture de cet arti-
cle, ainsi que Christophe Windal (Conservatoire des Sites
Naturels de Picardie) pour la réalisation de la carte.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

BIBLIOGRAPHIE

ADASEA, Conservatoire des Sites Naturels de Picardie
(2000) - Analyse de l'évolution de l'occupation des sols entre
1994 et 1999 en plaine maritime picarde. - Conseil Régional de
Picardie, Direction Régionale de l’Environnement de Picardie,
Syndicat Intercommunal de Développement Economique et
d'Aménagement du Ponthieu-Marquenterre, 17 p.

DEHONDT F. (2001) - Préparation du suivi des mesures
agro-environnementales en plaine maritime picarde. Partie
environnementale. - Conservatoire des Sites Naturels de
Picardie, Conseil Régional de Picardie, Direction Régionale
de l’Environnement de Picardie, Syndicat Intercommunal
de Développement Economique et d’Aménagement du
Ponthieu-Marquenterre, 19 p + annexes.

FLIPO S., GAVORY L., TRIPLET P. (1995) - Etude
d'accompagnement de |’opération locale agriculture - envi-
ronnement en plaine maritime picarde. Volet écologique :
avifaune. - Conservatoire des Sites Naturels de Picardie,
Centrale Ornithologique Picarde, Office National de la
Chasse, Conseil Régional de Picardie, Direction Régionale
de l’Environnement de Picardie, Syndicat Intercommunal
de Développement Economique et d’Aménagement du
Ponthieu-Marquenterre, 135 p.

FLIPO S. (1996) - Avifaune nicheuse de la plaine maritime
picarde en 1994 (milieux prairiaux, palustres et bocagers).
- L’Avocette n° 20 (1-2) : 1-16.

FLIPO S. (1998) - Suivi environnemental de l'opération locale
agriculture-environnement en plaine maritime picarde.
Résultats 1994-1998. - Conservatoire des Sites Naturels de
Picardie, Conseil Régional de Picardie, Direction Régionale
de l’Environnement de Picardie, Syndicat Intercommunal de
Développement Economique et d'Aménagement du
Ponthieu-Marquenterre, 51 p, + annexes et note de synthèse.

FLIPO S. (2000) - Suivi environnemental de l'opération locale
agriculture-environnement en plaine maritime picarde.
Résultats 1999. - Conservatoire des Sites Naturels de
Picardie, Conseil Régional de Picardie, Direction Régionale
de l’Environnement de Picardie, Syndicat Intercommunal de
Développement Economique et d’Aménagement du
Ponthieu-Marquenterre, 21 p, + annexes.

GAVORY L. (coord.) (1995) - Oiseaux nicheurs menaces de
Picardie. - Centrale Ornithologique Picarde, Conseil Régional
de Picardie, Direction Régionale de l’Environnement de
Picardie, 60 p.

ROCAMORA G., YEATMAN-BERTHELOT D. (1999) -
Oiseaux menacés et à surveiller en France. Liste rouge et
priorités. - Société d’Etudes Ornithologiques de France.
Ligue pour la Protection des Oiseaux, 598 p.

TUCKER G., HEATH M.-F. (1994) - Birds in Europe : their
Conservation status. - BirdLife International (BirdLife
Conservation Series n°3), Cambridge, UK, 600 p.

A signaler aussi les références bibliographiques
régionales complémentaires suivantes (non exploitées
directement dans l’article) :

ETlENNE P. (1986) - Désertion du territoire de nidification
Chez la Chouette Chevêche Athene noctua.
- PiCardie—Ecologie (sér. ll-2) : 75-78.

ETlENNE P., ROBERT J.-C., TRIPLET P. (1987) -Avifaune
nicheuse du Marquenterre (deuxième partie)
- Picardie Ecologie (sér. Vl-1) : 28-45.

FRANÇOIS R. (1996) - La Chouette Chevêche (Athene noc-
tua) dans le bocage des franges normandes de l’Oise et de
la Somme. - L’Avocette n°20 (1-2) : 25-28.

MORONVALLE P. (1994) - Recensement de la Chouette
Chevêche dans les vallées de l’Avre et de la Noye.
- L’Avocette n°18 (1-2) : 39-41.

MORONVALLE J. et P. (1992) - Recensement de la
Chouette Chevêche (Athene noctua) dans le Nord-Amiénois.
- L’Avocette n° 16 (1-2) : 23-32.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Bilan du suivi de la Chevêche d’Athéna
dans le bocage du Marquenterre
entre 1994 et 1999

"rfl

\x  - snùlnqr...

   
     

 
 
 
   

 

 

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' g-a-‘Êlfi x ‘ΟJËÊÂÜ-‘Ëfæeÿa

   
 

4,»

Occupation des sols
(réalisée en i994) :

Q Zone d'étude Milieux prairiaux
Contour du canton délinfilé lorsqu'un Cultures

C) chanteur a été détecte pendant au
moins trois années de suivi sur six (non 2 Espaces boisés

forcement consécutives)
Marais
_ _ Contour du canton délimite iorsqdun
f_ _ u chanteur a été détecté pendant une a Réseau hydraugraphique
deux annèæ de suivi sur six
Espaces urbanisés
B-flàlm-J Année où un chanteur de Chevêche

a été localisé 2 Routes flhdqamar‘

   
    
 
 

h 4L . .
Mafrrisedbuurage: Syndicat inrcitommunai de Dèoeioppmrenifcwmirique "mm", _:' Échelle ' ‘Q5000
et dflménagenrenr du Pbmhieu-Jlfiarqucirrerre ce 0 0 25 0 5 I km
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Direction ègibnaie de ifnuirannemenr de Pfcardie l.
Rèaiisarion .- Cbnsenmioire des Sites Naturels de Picardie - - 

   

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Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde Numéro spécial de l’Avocette o 2003

Le maintien de la Chouette chevêche au sein de la plaine maritime est étroitement dépendant
de celui d’un élevage fondé sur l'exploitation de prairies permanentes... (Photo : Thierry Rigaux)

 et du maintien dans le paysage pastoral d'arbres présentant des sites
de nidification, tels que les vieux saules têtards. (Photo : Philippe Thiéry)

 

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde Numéro spécial de l’Avocette o 2003

LA REPRODUCTION DE LA CHOUETTE CH EVÊCHE Athene noctua

 

Parades et occupations de l'espace
Par Pascal ETIENNE

La présente étude porte sur un secteur de Bas-Champs
(commune de Quend, Somme, Picardie maritime) de struc-
ture bocagère (en cours de dégradation) où les derniers
pâturages sont maintenus à la faveur des quelques fermes
pratiquant encore un élevage bovin fondé essentiellement
sur l'exploitation de prairies. Les observations portent sur
une quinzaine d'années (1985-2001) dans des conditions
de proximité idéales puisque les Chouettes chevêches sui-
vies sont régulièrement notées entre 3 et 50 m depuis
l'habitation de l'auteur ou d'affûts placés à cet effet. Des
micros incorporés dans les nichoirs permettent également
de suppléer les données visuelles.

Site hivernal et accouplements précoces réguliers :

Juillard (1984) signale la première observation de deux
conjoints ensemble dans la même cavité, et nicheurs le prin-
temps suivant au même endroit, le 3 décembre. ll précise en
accord avec Ullrich (1980) que la formation des couples a lieu
dès la fin de l'automne (fin novembre à début décembre).
Selon Géroudet (1978) et Génot (1994), les accouplements
s'étalent de février à mai, avec une fréquence soutenue en
mars-avril, généralement la nuit, parfois de jour. Cependant
Hainard (1955) a vu des chevêches s'accoupler le 25
novembre 1954 (coït qu'il qualifie d'inutile), Delamain le 21
décembre 1917 (Jouard 1937), Haverschmidt (1946) le 31
janvier 1939 , Racz (1917) un 17 décembre et Ancelet (1994)
le 28 septembre 1989. K.M.Exo (1987) observe l'acte un 6
décembre en précisant que cette copulation bien avant la
ponte aurait une fonction sociale, afin d'atténuer l'agressivité
des partenaires, qui peuvent selon lui se disputer, voire se
mordre après l'acte (avec poursuites en vol et combat) l

Cette copulation en période hivernale ne semble pas si
exceptionnelle si l'on se réfère à ce couple observé à Quend
(Somme). Le 28 novembre 2000, le mâle chante à 16H30
TU et la copulation a lieu dès l'apparition de la femelle (tem-
pérature douce : 12.6 °C). De nouveau un coït est observé
le 2 décembre (t°= 9.7°C) après une phase de chant, puis le
22 décembre, le 7, 25, 27 et 31 janvier, le 6, 9, 11, 18 février,
le 7, 8, 21, 22, 23, 30 et 31 mars et encore le 1 avril 2001.

Ce couple ne s'installe finalement qu'en avril dans le nichoir
retenu comme l'année précédente pour la nidification, mani-
festant ainsi une constance comportementale remarquable.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Peut-on généraliser cette stabilité des comportements aux
autres chevêches, révélée ici par des conditions idéales
d'observation ?

Bénéficiant d'une dizaine d'hectares de pâturages, ce couple
dispose de 14 nichoirs artificiels et quelques cavités
naturelles. Cependant, durant tout l'hiver (de septembre à
mars) c'est dans un creux de pommier dans une pâture
voisine que dort le mâle, et sous une faîtière de la ferme
attenante que s'établit la femelle pour la mauvaise saison.

Cependant, chaque soir, de novembre à mi février, le mâle
quitte la cavité en premier, chante à proximité immédiate,
puis vient se poser devant le nichoir artificiel qui sera retenu
pour la ponte (distant de 100 m de la cavité hivernale) et
invite la femelle à le rejoindre en chantant de plus belle.
Soirée après soirée, ce rituel immuable reprend, jusqu'à ce
que subitement, sans raison apparente, les partenaires
décident de changer de logement. Vers la mi-février, le
futur nichoir est délaissé pour un autre distant de 200 m,
pour un séjour plus ou moins régulier de 15 jours à trois
semaines. Puis vers le 20 mars, d'autres nichoirs et cavités
sont essayés l'un après l'autre chaque soir avec le rituel
habituel (chant et copulation). Finalement, c'est à la fin mars
ou début avril que le couple revient au nichoir “préféré" en
s'y installantjusqu'à la ponte déposée fin avril-début mai. La
cavité hivernale est alors totalement abandonnée, vraisem-
blablement jusque septembre prochain.

 

Parades et accouplements :

Mes données à ce sujet concordent assez bien avec celles
de Hague et Hague (1969) ainsi que celles d'Haverschmidt
(1946). Le rituel est toujours le même. Lorsqu’arrive le soir,
peu après le coucher du soleil, le mâle s'extirpe de la cavi-
té et chante sur un ou deux perchoirs habituels mais c'est
en général à proximité immédiate du futur nid qu'il se poste
pour appeler la femelle par des “hou-hou" (chant normal).
Celle-ci ne tarde pas à venir et se perche non loin. La plu-
part du temps, c'est lui qui la rejoint, parfois l'inverse. Deux
options sont alors possibles : soit l’acte intervient aussi-
tôt, soit les oiseaux prennent le temps de se caresser. Les
partenaires se touchent simultanément ou alternativement
la tête, les joues ou le bec, ce que Hague et Hague (1969)
ont probablement confondu avec un possible échange de
proie pour ne l'avoir observé qu'une fois et dans de mau-
vaises conditions (signalons que ces caresses
interviennent également a d'autres moments de la journée
sans qu’il y ait copulation pour autant). Ancelet (à paraît-
re) a toutefois observé avec certitude plusieurs offrandes
de la part du mâle en mars et avril.

Les deux conjoints, côte à côte, regardent parfois dans tous
les sens comme excités puis la femelle se baisse, positionne
son corps à l'horizontale, queue étalée. Le mâle grimpe
alors sur son dos, s'y maintient en équilibre ailes fermées
et lance parfois des “hou-hou". Plus souvent, il pousse des
“Ki-ou Ki-ou" retentissants, excités (jusqu’à 30-40 à la
suite). Il s'interrompt parfois pour inspecter les parages et
nettoyer son plumage... Je l'ai noté se penchant vers la tête
de la femelle de façon à attraper son bec. Celle-ci demeure
souvent silencieuse mais je l'ai entendue répondre par des
“Keu" faibles ou des “Tic-tic-tic - Ki-ki-ki" (un peu sembla-
bles a ceux du Faucon crécerelle Falco tinunculus mais
plus faibles). Cette phase dure en moyenne 30 secondes
(moyenne : 27 s ; n=10) puis le mâle abaisse son croupion
pour atteindre le cloaque de la femelle, et maintient son
équilibre en agitant vigoureusement les ailes (en lançant
éventuellement encore des “Ki-ou" puissants). Après cette
phase de coït très courte (moyenne : 3.16 s ; n=18) les
oiseaux se séparent et le mâle gagne en vol la cavité. S’il
lui arrive d'y entrer, il n'effectue généralement qu’une boucle
passant a proximité, de façon à inciter la femelle à y péné-
trer, ce qu’elle ne tarde pas à faire d'ailleurs. Elle en ressort
après 2 ou 3 minutes. Parfois le mâle la rejoint entre temps
dans la cavité.

Parfois aussi, c'est le mâle qui entre en premier et je l’ai
alors entendu chanter à l'entrée ou à l'intérieur du nichoir
alors que la femelle patiente sur son perchoir. Si elle tarde à
venir, il la rejoint ; les oiseaux se nettoient alors, se cares-
sent et un nouveau coït peut avoir lieu, très rapidement.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Finalement, après l'acte et la visite de la cavité, les parte-
naires demeurent à proximité du nichoir 4 à 5 minutes encore
puis finissent par partir à la chasse, chacun dans leur coin.

Une fois, le 6 février 2001, la femelle est arrivée (à 17H23
TU) alors que le mâle chantait à distance puis est entrée
dans le nichoir alors qu'il s’approchait à 20 m de là. Elle
resta à l'entrée, tête dehors en poussant de légers “Ki-ki"
(au nombre de six) espacés d'une seconde alors que le
mâle continuait de chanter. Elle le rejoignit et le coït eut lieu.

Plusieurs actes sexuels peuvent survenir par jour, parfois
en quelques minutes et même en plein après midi comme
le révèle certaines données du tableau suivant. Ces faits
sont confirmés parAncelet qui note jusqu'à 4 co'i'ts parjour
dans le département du Nord.

 

Date Heure Temps sur le dos Temps du coït
en TU de la femelle avant coït
26 avril 1985 18h52 25 secondes 5 secondes
19h08
18 avril 1987 10h26
17h33
21 avril 1987 13h00
26 avril 1987 10h15
9 mars 2000 16h00
28 novembre 2000 16h30
2 décembre 2000 16h30
22 décembre 2000 16h30
25 janvier 2001 16h52 35 5
27janvier 2001 17h07 21 5
31 janvier 2001 17h20
6 février 2001 17h20 26 2
17h29 3
17h40
9 février 2001 17h26 26 2
11 février 2001 17h29 25 2
17h30 2
18 février 2001 17h30 70 5
7mars200l 18h10
8mars 2001 18h05 10 3
21 mars 2001 18h43 4
22 mars 2001
23 mars 2001
30 mars 2001
31 mars 2001
1 avril 2001 18h25 21 3
18h45 3

Tableau 1 : Données relatives à la durée du coït et de la phase
comportementale le précédant habituellement. Pour certaines
heures, les durées des copulations n'ont pu être mesurées.

Marquage du territoire :

Vers la fin mars, alors que les nombreuses copulations ont
bien scellé le couple mais que la cavité pas encore été
clairement choisie (semble t-il), le mâle chante, non plus
pour attirer la femelle, mais plutôt pour marquer le territoire
apparemment. En effet je l'ai noté maintes fois chantant
près de la femelle guère intéressée, en lui tournant le dos et
en poussant des “hou-hou", ainsi que des “hou-out", et des
“oui-iou" (ou whi-ou), ce dernier cri correspondant au cri
d'alarme généralement entendu quand l’oiseau est inquiet.

Plus tard en mai, alors que les jeunes sont nés, le mâle
chante encore parfois mais avec moins d'intensité et d'en-
gouement. Lors du premier envol des jeunes, le mâle peut
se montrer extrêmement nerveux devant un danger poten-
tiel. A la simple vue d'un humain à grande distance il peut
alarmer à plusieurs endroits en poussant de très nombreux
“douk - douk - diouk - douk (4 à 5 par seconde et durant
plusieurs secondes de suite) perceptibles à 200 mètres l

Liens entre mère et jeunes :

Durant le nourrissage, dès son entrée dans le nichoir, la
femelle pousse des “tchiouk - tchiouk..." (fort semblables à
des cris de poulet) bas et espacés en réponse aux cris des
petits. A ce stade, même si le mâle apporte directement des
proies aux jeunes, il lui arrive souvent de les transmettre à
la femelle venue à sa rencontre sur un perchoir près du nid.
Même en juillet, lorsque les jeunes sont sortis de la cavité
depuis 10 jours mais stationnent à proximité du nichoir, le
mâle apporte des proies qu'il donne à la femelle en milieu
de pâture (à 100 m de là). Celle-ci transporte alors le butin
aux jeunes.

Une aide extérieure lors du nourrissage :

Lors d'une des séances photographiques effectuées au
crépuscule près du nichoir, j'ai remarqué un soir de juin
l'arrivée d'une chevêche beaucoup plus sombre que les
adultes du couple suivi. Quelle ne fut pas ma surprise de
constater que l'oiseau, tenant une proie (Ver de terre) dans
la serre s'approchait du nichoir pour s'y engouffrer et y
nourrir les poussins qui n'étaient pas les siens. Elle revint
plus tard avec une autre proie mais, au troisième passage,
fut prise en chasse par le mâle qui l’éloigna du site.
Temporairement car il dut intervenir une fois encore
quelques minutes plus tard devant sa persévérance. Les
photos confirmèrent les faits observés. Etait-ce là la seule
intervention d'un oiseau extérieur au couple ou la chevêche
“auxiliaire" venait-elle de temps à autre ou régulièrement
sans que je ne la remarque par ailleurs ? Une photographie
prise par une autre personne (Marc Mailler) quelques jours
plus tard révéla encore sa présence et l'apport de proies de
sa part aux jeunes. L'aide d'un "auxiliaire" lors du nourrissage
a déjà été citée dans la littérature pour de nombreuses
espèces, bien souvent des passereaux.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Importance des cavités multiples :

Nombre de voix s'élèvent parmi les défenseurs de la
chouette chevêche contre le bien-fondé des nichoirs artifi-
ciels dans un site comportant déjà des cavités naturelles.
Sur le secteur d'étude, les trois couples suivis furent favori-
sés par l'installation de nichoirs artificiels malgré la
présence de cavités naturelles. L'importance des nichoirs,
et, de façon générale, d'une diversité de cavités, est
démontrée par les exemples suivants :

Utilisées habituellement comme garde-mangers ou comme
abris de secours en cas de dérangement, les diverses cavités
sont fréquentées bien plus régulièrement qu'on ne le pense.

Arrivée le 29 septembre 1994 dans le jardin, une chevêche
occupe l'un des deux nichoirs (effet attractif) déjà installés
à destination des pigeons colombins. Les jours suivants,
elle fréquente indifféremment l'un ou l'autre jusqu'à ce que
j'en installe 3 nouveaux qui seront visités le jour même de
leur pose (preuve de l'intérêt indéniable) et durant les
semaines suivantes.

Ce même individu dévoile un autre aspect de la stratégie
d'occupation de l'espace par cette espèce : sur 27 journées
d'observation non régulière, de novembre à février, j'ai
constaté que sur 7 journées au moins (soit minimum 26 %
des cas) l'oiseau changeait plusieurs fois de cavité dans la
journée, fréquentant successivement 3 ou 4 nichoirs, reve-
nant parfois dans l'un ou l'autre abandonné 2 heures plus
tôt (par exemple nichoir B, puis A vers 13H15 TU, puis de
nouveau B, A, C, D...). Ce comportement ne peut guère
s'interpréter comme une simple visite des cavités en vue de
la nidification à venir puisque l'oiseau les connaissait déjà
“par cœur". Au contraire, la chouette sommeillait dans un
nichoir puis se dorait au soleil devant celui-ci avant de
rejoindre un autre pour y sommeiller de nouveau une heure
ou deux, avant de passer au suivant.

Délaissés parfois durant l'hiver et jusqu'à la naissance des
poussins, des nichoirs se révèlent subitement attractifs
pour le mâle, puis plus tard par la femelle, qui y stationnent
durant les mois de l'été à l'écart de la cavité de nidification.
En juillet, août et septembre, ce sont ces mêmes nichoirs
qui abritent les grands jeunes émancipés avant leur erratisme
automnal. A l'occasion, l'un d'entre eux élira domicile défi-
nitivement à la faveur d'une de ces boîtes nichoir dans le
site même de sa naissance, renflouant ainsi une population
en déclin.

BIBLIOGRAPHIE

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Chouette Chevêche Athena noctua. Alauda 62 (4) : 246

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cavité de nidification. Le Héron.

EXO K.M (1987) - Das Territoriaverhalten des Steinkauzes.
Thèse Doctorat Kôln.

GENOT J-C. (1994) - La chouette chevêche. Eveil Nature.
72 p

GEROUDET P. (1978) - Les rapaces diurnes et nocturnes
d’Europe. Delachaux et Niestlé : 369-377.

HAGUE J.B. et HAGUE A.E. (1969) - Some observations
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Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

EVOLUTION RËCENTE DU STATUT HIVERNAL
DU BUSARD DES ROSEAUX Circus aeruginosus

EN PLAINE MARITIME PICARDE
Par Xavier COMMECY

 

Essentiellement considéré jusqu’à il y a peu comme migra-
teur et reproducteur en Picardie, le Busard des roseaux a
vu récemment son statut évoluer, en particulier en plaine
maritime picarde.

Sur la base des enquêtes hivernales conduites entre
1977/78 et 1980/81, Nicolau-Guillaumet (in Yeatman-
Berthelot, 1991) souligne la désertion hivernale “très
significative mais non absolue" des régions métropolitaines
situées au nord d’une ligne joignant la baie de Somme au
territoire de Belfort. Il rappelle l'observation d’un mâle en
février 1978 dans le Pas-de-Calais, qui constitue alors la
première mention hivernale de cette espèce depuis onze
ans dans ce département, et souligne les notations d’indivi-
dus isolés en février dans la Somme et en région
Champagne-Ardenne publiées dans les revues régionales
(le Héron, L’Avocette, Bull. de liaison du C.O.C.A.).

En 1983, Commecy et Sueur dans un bilan sur l’avifaune
de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde indi-
quaient ne connaître aucune donnée entre le 16 octobre
(date la plus tardive) et février. Ces mêmes auteurs signa-
laient ensuite le cas d’un hivernage complet en 1986-1987
ce qui était alors considéré comme exceptionnel (Sueur et
Commecy, 1990) alors que cet oiseau était donné comme
sédentaire par Marcotte (1860) au XIX° siècle. Plus récem-
ment, Royer (in Sueur & Triplet, 1999) précise que
“quelques oiseaux peuvent stationner sur le littoral en
hiver”, observations reliées à des oiseaux venant “de popu-
lations nordiques poussées par les vagues de froid", ce qui
donnait un caractère irrégulier à cet hivernage. Cet auteur
fournissait seulement 5 données de décembre, 1 de janvier
(3 dans les deux dernières décades de novembre et 10 de
la première décade de février) entre 1976 et 1998 pour
illustrer son propos ; elles correspondaient le plus souvent
à l’observation d’un individu isolé.

Depuis l’hiver 1998-1999, date de cette dernière mise au
point sur l’espèce dans le secteur considéré, de nouvelles
observations nous amènent à changer quelque peu ce statut.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

Méthode

Nous pouvons classer les nombreuses données obtenues
au cours de ces 4 hivers en 2 catégories :

- celles obtenues au hasard des observations en cours de
journée, le plus souvent dans les sites les plus riches orni-
thologiquement et les plus visités (Bas champs de
Cayeux-sur-mer, renclôtures entre Noyelles-sur-mer et
Saint-Valéry-sur-Somme, Réserve Naturelle de la baie de
Somme et Parc Ornithologique du Marquenterre.),

- celles obtenues lors de recherches orientées sur des sites
connus de dortoirs de Busards en hiver (recherches qui
portaient jusqu’à une période récente uniquement sur les
Busards Saint-Martin), essentiellement dans les marais du
nord du Marquenterre (autour de Villers-sur-Authie - vallée
du pendé (V/A) et de Noyelles-sur-mer - Sailly Bray (SB)).
Ces sites drainent et rassemblent en soirée
généralement plusieurs oiseaux et leur
suivi permet de repérer en quelques
minutes des Busards dispersés
dans la journée mais plusieurs
dortoirs peuvent être utilisés (et

il semble que leur occupation
soit très variable au cours de
l’hiver). On notera ainsi que les
dortoirs mentionnés ne regrou-
pent probablement pas tous
les oiseaux de la plaine
maritime picarde. Leur
suivi, bien qu’épisodique,
permet toutefois de mieux
appréhender d’un point

de vue quantitatif ce nouvel
hivernage dans la région.

   
 
 
 
 
 
 
  
 

Résultats

Observations aléatoires
(données des deux dernières
décades de novembre, de décembre,

de janvier et des 15 premiers jours de février). Nombre de
données/nombre d’oiseaux (1 seule donnée par mois lors
de suivis d’oiseaux, en particulier dans la réserve naturelle
de la baie de Somme).

Novembre Décembre Janvier Février

Hiver 3/4 2/2

1998 - 1999

Hiver 1/1 1/1 1/1 3/8 *
1999 - 2000

Hiver 2/3 1/1 3/4
2000 - 2001

Hiver 1/1 2/2 3/4
2001 - 2002

* 6 oiseaux le 10 février (Avifaune picarde, vol 11), migrateurs pré-
coces probables.

Observations aux dortoirs

- Hiver 1999-2000 : 5 le 19/12 (dont 2 M. et 2 F./im.) ; 3 le
29, 2 F. le 30; 3 le 23/01 (dont 1 M.) ; 3 le 11/02 (dont 2 M.
im. et 1 F./im.) (Toutes les observations à V/A)

- Hiver 2000-2001 :5 (le 4/11 et le 26/11 (V/A) ; 6 le 2/12 et
4juv. le 17 (SB) ; 4 le 30/12 (3juv. et 1 M.) (SB) ; 4 le 12/01
(dont 2 M.) (V/A) ; 3 juv. le 10/02 (SB) ; (7 le 7/03) (V/A).

- Hiver 2001-2002 : 8 le 17/11(V/A) ; 9 le 8/12 (V/A) ; 2 le
26/12 (V/A) ; 5 (dont 1 M.) le 30 (V/A) ; 3 le 02/01 (F./im.)
(V/A).

(Données partielles, tous les naturalistes n’ayant malheureu-
sement pas encore envoyé leurs observations concernant
cette période à la centrale à la date de rédaction de ce bilan).

Discussion

ll apparaît ainsi, qu’en quelques années, à la charnière
entre les deux siècles, cet oiseau soit passé d’un statut
d'hivernant irrégulier à celui d’hivernant régulier en plaine
maritime picarde et ceci avec des effectifs non négligea-
bles : minimum de 3 individus (5 en début d'hiver) en
1999-2000, environ une dizaine pendant l’hiver 2000-2001,
min 9 en 2001-2002 d'après les seules données obtenues
aux dortoirs repérés au nord du littoral picard. Les observa-
tions réalisées de manière aléatoire ont elles aussi bien
entendu fortement progressé : 22 (valeur partielle) en 4
hivers à comparer aux 16 obtenues en 23 ans entre 1976
et 1998 (Royer, op. cit.).

Cet hivernage concerne aussi bien des mâles adultes, que
des femelles et immatures puisque ont pu être déterminés :
6 mâles, 7 femelles et 6 juvéniles en décembre ; 1 mâle et 2
femelles en janvier; 1 mâle et 4 femelles en février (valeurs
cumulées sur les différents mois des différentes années).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

REMERCIEMENTS

Atous les naturalistes picards qui fournissent régulièrement
leurs observations à l'association afin de monter une base
de données ornithologiques qui montre une fois de plus ici
son intérêt. Nous ne les citons pas nommément dans cette
note : ils se reconnaîtront. Ont été systématiquement
consultés aussi les volumes de la revue “Avifaune picarde”
traitant des années 1998 à 2000.

Remerciements particuliers à T. Rigaux qui a fourni de nom-
breuses données, a participé à la rédaction de cette note,
et m’a encouragé à la produire et à P. Decory qui a, lui
aussi, fourni de nombreuses données.

BIBLIOGRAPHIE

COMMECY X. et SUEUR F. (1983) - Avifaune de la Baie de
Somme et de la plaine maritime picarde. GEPOP, Amiens
235 p.

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dissement d’Abbeville. Mém. Soc. lmp. Emul. Abbeville. 9 :
217- 470.

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YEATMAN-BERTHELOT D. Atlas des oiseaux de France
en hiver. Paris, S.O.F. : p.154-155.

ROYER P. (1999) in SUEUR F. et TRIPLET P. (1999) - Les
oiseaux de la Baie de Somme, inventaire commenté des

oiseaux de la Baie de Somme et de la Plaine Maritime
Picarde. SMACOPI, GOP. 509 p.

SUEUR et COMMECY X. (1990) - Guide des oiseaux de la
baie de Somme. GEPOP, DRAE Picardie, EDF, 192 p.

LE STATUT DE LA CIGOGNE BLANCHE Ciconia Ciconia SUR

 

LE LITTORAL PICARD :APPROCHE HISTORIQUE ET CONTEMPORAINE

Par Pascal ETIENNE et Philippe CARRUETTE

Bien qu'ayant failli disparaître de France dans les années
1970, la Cigogne blanche recolonise aujourd'hui les sites
d'antan et étend actuellement son aire de répartition dans
le pays. Une récente synthèse (Etienne et Carruette, 2002)
résume la colonisation de l'hexagone et l'expansion de
l'espèce qui compose une population nationale nicheuse de
550 couples en 2000.

Ce présent article se limite à l'historique de l'espèce dans
la plaine maritime picarde (Somme), depuis les quelques
couples épars du siècle dernier jusqu'à la colonisation
actuelle de la région, en passant par les projets de réintro-
duction au Parc Ornithologique du Marquenterre.

Statut régional avant les réintroductions :

Carruette (1996) mentionne un couple nicheur au Crotoy en
1836 tandis que Parel (1928 et 1932) signale la reproduc-
tion d'un couple à Port-le-Grand de 1928 à 1932. En 1936,
Mayaud indiquait que la Cigogne blanche était reproductri-
ce en “Alsace, Moselle et ça et la dans les Vosges et la
Somme”. Un couple se reproduit à Becquerel, près de Rue,
en 1944 puisque Emile Etienne assiste au mitraillage des
oiseaux au nid par les Allemands battant en retraite
(Etienne et Carruette, 2002).

Ce n'est que 30 ans plus tard, en 1978, qu'un couple occupe
un nid à Ponthoile (naissance de 3 jeunes dont 2 à l'envol)
et un autre à Cambron. Le couple de Ponthoile se réinstal-
le en 1979 (sans donner de progéniture) et en 1980, date à
laquelle la femelle meurt, délaissant un nid avec 5 œufs
que le mâle abandonnera.

Ces quelques données éparses s'insèrent bien dans un
contexte régional de rareté de l'espèce puisque, dans
l'Aisne, deux cas seulement de nidification sont connus (en
1943 et 1978), et dans l'Oise, une tentative de reproduction
en 1989 (Spagnuolo, 1989).

L’hivernage était noté ponctuellement comme ces cas en
1877 (Choquart, 1911), en 1963 (Anonyme, 1964) et en
1974, mais ce n'est qu'à partir de 1979 qu'il devient régulier,
d'abord avec de faibles effectifs (1 à 3 individus).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Les réintroductions au Parc du Marquenterre :

Dès 1975, Michel Jeanson tente de réintroduire l'espèce
dans la Somme, avec l'aide et l'expérience d'Alfred
Schierer. Après de multiples déboires dans cette expérien-
ce, finalement, un couple captif niche et fournit 2 jeunes à
l'envol en 1980. Ce n'est qu'en 1984 qu'une nouvelle ten-
tative a lieu, donnant 3 jeunes (mais aucun à l'envol). La
nouveauté vient cependant du fait que cette fois c'est un
mâle sauvage qui s'est accouplé avec une femelle captive.
Il faudra encore attendre 5 ans pour qu'en 1989, l'espoir
renaisse. Sur 3 oiseaux en halte migratoire, l'un restaure un
vieux nid de héron cendré dans la pinède mais il n'y aura
aucune suite puisque les femelles captives éjointées ne
peuvent accéder à l'aire trop élevée.

En 1992, le Parc possède 16 oiseaux réintroduits volants,
et l'année suivante un couple donne naissance à 3 jeunes
qui mourront en raison des mauvaises conditions clima-
tiques (Anonyme, 1994). L'année 1994 voit l'installation de
2 couples. Seul l'un d'entre eux donnera un jeune qui gran-
dira pour mourir malheureusement peu avant l'envol sous
les coups de bec d'un autre couple désireux de s'accaparer
l'aire.

En 1995, trois nids (toujours sur plate-forme artificielle) sont
construits. L'un fournit 3 jeunes pour 2 à l'envol, le second
1 jeune mort-né et 2 œufs non fécondés, et le troisième
tombe de son support (Carruette, 1996).

En 1996, le nombre de plate-formes est augmenté ce qui
incite 6 couples à procréer. Cependant sur un total de 15
jeunes, seuls 5 prendront leur envol en raison d'un prin-
temps particulièrement froid et pluvieux. Notons tout de
même la naissance exceptionnelle de 6 poussins dans un
nid le 16 mai. L'année suivante, le nombre de couples ne
varie pas et sur 13 jeunes à la naissance, seuls 4 partiront,
les autres périssant sous les violentes pluies accompa-
gnées de basses températures.

A compter de 1998, la réussite de la reproduction s'amélio-
re considérablement comme en témoigne le tableau
chdessousz

  
 
 
     

Source

15 Carruette, 1999
14 Carruette, 2000
16 Carruette, 2001
19 Carruette, 2002

  

Tableau 1 : Evolution du nombre de couples reproducteurs de
Cigogne blanche du Parc Ornithologique du Marquenterre et de la
réussite de leur reproduction entre 1998 et 2001.

On remarquera que depuis le dernier couple naturel de
Ponthoile (1978-80), seuls les oiseaux ré-acclimatés au Parc
du Marquenterre ont participé avec succès au retour de
l'espèce sur le littoral picard, sans pour autant sortir de cette
réserve jusqu’a ce qu'on favorise finalement leur reproduc-
tion en dehors de ces limites, laquelle surviendra en 1998.

Expansion hors de la réserve :

En 1995, nous installons une plate-forme artificielle dans un
jardin, sur la commune de Quend, distante de 4 Km du parc
ornithologique. L'année suivante, une femelle volante du
Parc (baguée “Strasbourg 1560") vient y dormir régulièrement.
En 1997, elle revient encore visiter le nid ainsi que 4 de ses
congénères (dont des oiseaux de passage).

Finalement en février 1998, cette même femelle s'accouple
avec un mâle d'origine sauvage, transporte des matériaux
mais, très vite, les oiseaux sont effarouchés par des chiens
qui rodent sous le nid plusieurs jours de suite. Ce n'est
qu'en mai qu'un couple d'origine sauvage en migration fait
halte pour s’accaparer l’aire (10 accouplements sur le nid le
jour même). Dans la Somme, c'est donc cette année la que,
de nouveau, un couple totalement sauvage se réinstalle, et
en dehors du Parc. Quatre jeunes naîtront mais seulement
deux irontjusqu'à l'envol (l'un, bagué P4476 sera repéré en
mars 1999 aux Pays-Bas et en juillet-août en Allemagne
avant de revenir nicher en 2000 dans des pâtures à 500 m
de son nid d'origine, et finalement en 2001 au Parc du
Marquenterre où il y construira le premier nid naturel, dans
la pinède, avec une femelle d’origine hollandaise).

En 1999, un couple s'établit de nouveau dans le jardin de
Froise (3 jeunes mais 1 seul à l’envol, bagué) et un autre
couple construit une ébauche de nid dans un saule au Bout
d'Amont (commune de St Quentin-en-Tourmont). Devant ce
succès, 9 hectares de pâtures sont achetés, 3 plate-formes
installées et des mares creusées pour favoriser l'espèce les
années suivantes.

En 2000, c'est la réussite avec de nouveau le couple dans
le jardin de Froise (3 jeunes, 2 à l'envol, bagues) et 2 aut-
res couples nicheurs dans les pâtures (dont l'oiseau bagué
P4476 de 1998 !). Par ailleurs un couple construit un nid
près de la Haie-Penée (Froise les Rue) dans une tête de
peuplier mort, avant de déserter le site, peut-être suite à
des dérangements. Et à quelques kilomètres de la, dans le
Pas-de-Calais, 2 couples s’installent sur une plate-forme
située à Rang-du-Fliers (0 jeune) et dans un pin d’un
marais privé à Bazinghem (1 jeune à l'envol non bagué).
En 2001, le couple du jardin de Froise se réinstalle tôt en
saison mais les 3 jeunes mourront à cause du très mauvais
temps (à l'origine de sinistres inondations dans le départe-
ment). Les autres nids seront visités régulièrement par
d'autres couples mais sans succès.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Les conditions climatiques très particulières pousseront les
adultes nicheurs à se déplacer sur de plus longues distan-
ces que d'ordinaire (13 Km aller au lieu des 2 ou 3 Km
habituels l ) pour rechercher leur nourriture dans le secteur
de Tigny-Noyelles et Colline-Beaumont (vallée de l'Authie).

A cette date, pas moins de 19 plate-formes auront été
implantées en dehors du Parc du Marquenterre pour favo-
riser l'expansion de la Cigogne blanche dans la région.

Les migrations :

Essayer de réimplanter la cigogne dans la région par le
biais des ré-acclimatations ou l'installation de plate-formes
hors du Parc n'était pas une utopie au regard des quelques
cas de nidification spontanée observés durant le siècle
mais surtout des passages très réguliers, même s'ils ne
correspondaient qu'à quelques individus isolés.

La figure ci-dessous donne un ordre d'idée de l'évolution du
nombre de migrateurs transitant annuellement par le littoral
picard, même si quelques rares individus ont pu être éven-
tuellement oubliés, de la phénologie de migration de la
cigogne blanche sur le littoral.

effectif cumule annuel des migrateurs dans la plaine maritime picarde
120

19s

sa

sa
.0
2o
D..|]lù— Il II-NN

1959 1954 1995 1995 1997 1995 1959 1990 1991 1992 1993 199A 1995 1995 1997 1995 1999 zoou 2991

Ilûmhæ

année

Figure 1 : Evolution de l'effectif cumulé de migrateurs en transit
noté dans la plaine maritime picarde au cours de la période 1983-
2001.

Le littoral picard ne constitue pas un axe de migration
majeur mais on y a noté plusieurs groupes quelque peu
conséquents. Ainsi Parel (1931) signale déjà 11 migrateurs
le 17 mars 1931 alors qu'en 1980, un premier groupe de 32
individus est remarqué en avril au dessus de St Quentin-
en-Tourmont, et un autre de 28 oiseaux en mai à
Noyelles-sur-Mer.

En 1987, 11 migrateurs survolent la région en septembre,
15 en mai 1989, 13 en septembre 1998 et surtout 32 le 1er
août et 35 le 19 août 2001 (avec un arrêt d'une nuit dans
les champs situés entre Quend et Monchaux) !

On constate une indéniable croissance du nombre de migra-
teurs les 4 dernières années, augmentation qui reflète le
retour de la cigogne en Europe avec des effectifs nettement
a la hausse en France, Belgique et Pays-Bas. Or, ce sont
surtout ces deux derniers pays qui, en automne, procurent
des oiseaux de passage au littoral picard, comme le révèle la
lecture des bagues colorées ou métalliques (à titre d'exem-
ple, signalons 10 oiseaux bagués en Hollande sur le groupe
de 35 en août 2001). Il est dommage que de nombreuses
lectures de bague ne donnent pas lieu a des réponses des
pays émetteurs, qu’ils soient français ou étrangers.

De plus en plus, ces cigognes s'arrêtent dans le Marquen-
terre, attirés par les oiseaux d'acclimatation du Parc et
hivernent avec eux (exemple : 28 hivernants étrangers à la
région en 2000). Nul doute que ces individus supplémentaires
renforceront dans l'avenir la population nicheuse locale,
comme on le remarque déjà pour quelques couples, chez
qui l'un des conjoints est un oiseau porteur d'une bague
hollandaise.

A signaler au passage les déboires des cigognes au cours
de leur migration. Ainsi, le 18 août 2001, ce sont 36 individus
qui survolent Verton (Pas-de-Calais) à basse altitude. L'une
d’entre elles percute mortellement un câble aérien. Les 35
restantes se posent pour la nuit à proximité de Quend et
repartent le 19 août en matinée mais quelques minutes plus
tard le groupe perd encore 2 individus qui se font littérale-
ment “griller” sur une ligne électrique à Mons-Boubert
(Somme). Et combien d'autres encore durant le trajet pour
l'Espagne et l'Afrique ? Toujours en 2001, trois jeunes
bagués au Parc sont retrouvés électrocutés ensemble dès
le début de leur migration près de Caen. N'oublions pas,
que pour cette année, au moins 31 cigognes blanches ont
été électrocutées en France a l'automne (Dubois 2001).

Devenir des jeunes bagués sur le littoral picard :

Sans établir un inventaire exhaustif, signalons 7 oiseaux
bagués au Parc et contrôlés l'année même ou les années
suivantes en Belgique, au Zwin. Ce parc animalier semble
constituer un pôle attractif important puisque, parmi nos
jeunes cigognes, trois d'entre elles y sont allées directe-
ment peu après l'envol du nid, au lieu d'entamer leur
migration vers le sud. Ce comportement est à rapprocher
de celui du jeune bagué P4476 et observé aux Pays-Bas et
en Allemagne au lieu d'hiverner normalement en Afrique.
Trois autres jeunes furent contrôlés en Espagne où l'un
d'entre eux fut empoisonné. Et finalement la donnée la plus
lointaine concerne un oiseau retrouvé mort en Mauritanie
l'année suivant sa naissance.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

REMERCIEMENTS

Nous remercions particulièrement Monique Couble,
Caroline Maison et Samuel Heng ainsi que tous les guides
du Parc du Marquenterre pour les diverses données mises
à notre disposition.

BIBLIOGRAPHIE

Anonyme (1994) - L'avifaune du Parc en 1993. Bull. Ass.
Marquenterre Nature : 11-52.

CARRUETTE Ph. et TRIPLET P. (1996) - Chronique orni-
thologique du Parc en 1995. Bull. Ass. Marq. Nat. : 26-56.

CARRUETTE Ph. (1998) - 1997, année cigogne blanche.
Bull. Ass. Marq. Nat. : 19.

CARRUETTE Ph. (1999) - 1998, année cigogne blanche.
Bull.Ass. Marq. Nat. : 15-17.

CARRUETTE Ph. (2000) - Des nouvelles des cigognes
(saison 1999) Bull. Ass. Marq. Nat. : 59-60.

CARRUETTE Ph. (2001) - Des nouvelles des cigognes
(saison 2000) Bull. Ass. Marq. Nat. : 56-57.

CARRUETTE Ph. (2002) - Des nouvelles des cigognes
(saison 2001) Bull.Ass. Marq. Nat.

DUBOIS Ph. (2001) - Mauvais automne pour les migrateurs.
L'Oiseau Magazine n°65 :15.

ETIENNE P. et CARRUETTE Ph. (2002) - La cigogne blanche.
Delachaux et Niestlé. 180 p.

MAYAUD N. (1936) - Inventaire des Oiseaux de France.
S.E.O. Paris.

PAREL A. (1928) - Nidification de cigognes dans la Somme.
12 : 197-198.

PAREL A. (1931) - Passages observés du 14 juillet 1930 au
31 mars 1931. O.R.F.O1 : 551-560.

PAREL A. (1932) - Les cigognes blanches dans la Somme
O.R.EO. 2 : 718-720.

SPAGNUOLO A. (1989) - Tentative de nidification de la
cigogne blanche près de Noyon. Le Pic Mar1 : 11-13.

Han‘ Ilulsnllr fila-NI"!

Cigogne blanche (Photo : Marc Delsalle)

 

Cigogne noire (Photo : Philippe Pulce)

LA CIGOGNE NOIRE Ciconia nigra

 

DANS LE MARQUENTERRE (SOMME)
Par Pascal ETIENNE et Philippe CARRUETTE

La région située au nord de la Baie de Somme avec ses
nombreux cours d’eau, fossés, mares et pâturages (zones
de Froise, Rue, Noyelles-sur-mer, Favières, Parc du
Marquenterre) reçoit assez régulièrement la visite de
Cigognes noires. Alors que les données étaient rares avant
1981, on comptabilise tout de même une moyenne de 5,6
individus par an, sur un total de 171 contacts de 1973 à
2001. Les dates d’observation extrêmes sont le 20 avril
1982 et le 23 septembre 2000, le record historique étant
rapporté par Van Kenpen (1912) avec une mention le 10
octobre 1909.

Le passage printanier est peu représenté avec seulement 8
observations (quasiment toujours des oiseaux solitaires)
contre 163 en été. La plupart du temps, les Cigognes noi-
res voyagent solitairement, parfois par deux. Cependant
des groupes de 6 ou 7 ensemble ont déjà été vus (1986,
1991...).

Le passage dans la région se fait nettement plus régulier
ces dernières années avec par exemple 22 individus totali-
sés l’été 1998, 13 individus l’été 1999, 18 en 2000 et 13 en
2001. Ces chiffres doivent être considérés comme des
minima car ils concernent des oiseaux en migration active.

La figure 1, relative aux effectifs cumulés observés par
décade au cours de la période 1973-2000, permet de bien
cerner la phénologie de la migration.

Effectif cumulé de I973 à 2001
50

nombre

o m a a Ë ä ‘é’ ä à à
4l

I

l.

6l

4l

6l

x1-

n:
'1.3 
24 
Ji-

,31

aàrèm_a\....n:c-p;.n;c-.;.ñ-mr.'...;._mr.

périodes

Figure 1 : Effectifs cumulés par décade des individus notés en
halte migratoire ou en migration active pour la période 1973-2000.

Comme on le remarque, la période du 9 au 24 août repré-
sente le pic migratoire dans la région pour la migration
post-nuptiale.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Sur 101 oiseaux pour lesquels on a tenté de déterminer
l’âge, 10 étaient des adultes, 53 des juvéniles/immatures, et
38 sont restés indéterminés. Pour l’instant, seuls 2 oiseaux
posés portant des bagues métalliques (en septembre 1991)
ont été vus mais la lecture ne fut pas possible. En juillet
2002, un individu portant des bagues colorées est repéré
au Parc du Marquenterre. ll avait été bagué quelques
semaines auparavant à Bastogne en Belgique par Gérard
Jadoul

Ces dernières années, les cigognes noires choisissent de
s'alimenter pour certaines dans les “pannes” (zones inon-
dées dans les dunes) au milieu de la pinède du
Marquenterre où elles restent pour dormir. D’autres se
nourrissent dans les fossés et mares de huttes en cours
d’assèchement ou au niveau très bas (captures d’anguilles
Anguilla anguilla, épinoches Gasterosteus aculeatus et
batraciens). Les fossés de faible étendue sont parfois
entourés de végétation dense, dissimulant les oiseaux.

Des comportements agressifs des Cigognes blanches
Ciconia Ciconia et des Hérons cendres Ardea cinerea sont
parfois notés lors de la pose de Cigognes noires, mais ces
dernières sont tolérées sur les zones d’alimentation.

La région de la Baie de Somme se révèle une zone de pas-
sage et de halte migratoire d’importance pour certains
individus qui n’hésitent pas à y faire étape 15 à 20 jours
consécutifs en été.

A noter le cas d'un juvénile de passage le 11 juin 1982 révé-
lant une nidification précoce de cette espèce quelque part
en Europe, peut-être même dans un secteur proche. Les
données du printemps 2001, dont 2 individus aux abords de
la forêt de Crécy le 28 mai (David Rosair, comm. pers.), sont
particulièrement intéressantes, notamment après la récente
nidification de l’espèce dans le département du Nord,
suspectée également dans l’Aisne (Fournier, 2001).

REMERCIEMENTS

Nous remercions Thierry Rigaux de nous avoir communiqué
les observations qu'il a réalisées au sud de la baie d’Authie.

BIBLIOGRAPHIE

La compilation des données provient des observations
relatées dans les multiples bulletins de l'Association
Marquenterre Nature ainsi que des nombreuses observa-
tions personnelles recueillies dans le secteur de Froise
(commune de Quend).

FOURNIER A. (2001) - La Cigogne noire Ciconia nigra
dans la région Nord-Pas-de-Calais de 1968 à 2001 :
mouvements et nidifications. Le Héron 34 (4) : 55-172.

VAN KENPEN C. (1912) - Contribution à l'étude des
oiseaux du nord de la France. Bull. Soc. Lin. N. Fr. 21 : 10-
42, pp 55-83.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

LE GOËLAND ARGENTÊ Larus argentatus ET AUTRES OISEAUX
NICHEURS DES FALAISES PICARDES AU COURS

DE LA SAISON DE REPRODUCTION 2001

 

Par Thierry RIGAUX

Dans le cadre du suivi régulier des oiseaux nicheurs des
falaises picardes, de nouvelles prospections ont été conduites
au cours de la saison de reproduction 2001 dans le cadre
des activités d’études ornithologiques de l’association
Picardie Nature.

Comme en 2000, nous avons effectué un premier recense-
ment début mai sur les falaises picardes (d’un linéaire de 6
km), synchrone avec celui organisé sur la majeure partie
des secteurs de falaises haut-normands sous l’égide du
Groupe Ornithologique Normand (GONm), avec lequel
nous travaillons de concert.

Compte tenu de la phénologie de la reproduction de certaines
espèces sur les falaises picardes (Goéland argenté Larus
argentatus en particulier, Rigaux, 2000), j’ai réalisé un
nouveau recensement les 27 et 28 mai.

La présente note présente la technique de recensement
utilisée, fournit les résultats obtenus pour les quelques
espèces suivies (Goélands argentés, principalement,
Fulmar boréal Fulmarus glacialis accessoirement) ou ren-
contrées sans suivi particulier. Quelques commentaires
accompagnent les résultats obtenus.

Nous n’avons pas cherché cette année à comptabiliser les
nids d'Hirondelles de fenêtre Delichon urbica, nécessitant
un recensement plus tardif, ni à préciser le statut d’espèces
nicheuses telles que le Faucon crécerelle Falco tinnunculus,
le Pigeon colombin Co/umba oenas, la Bergeronnette grise
Motacilla alba, le Rougequeue noir Phoenicurus ochruros,
le Choucas des tours Con/us monedula, comme nous l’avions
fait précédemment (Rigaux, 2000).

1 - Matériel et méthode.

Sur chacun des secteurs, Jumelles 10x40 et télescopes
grossissement 20 à 45 fois ont été utilisés de façon combinée.

Pour le secteur “Mers - le bois de Cise", d’environ 3,5 kilo-
mètres, les prospections ont été effectuées par Stéphane
Caron, Sébastien Maillier, Frédéric Noël, Guillaume Petit-
Renaud le 8 mai (de 17h30 à 20h15) et par Thierry Rigaux
le 27 mai (entre 17h30 et 21h30).

Pour le secteur “le bois de Cise - Ault”, d'environ 1,75 kilo-
mètres, elles ont été conduites par Bernard Couvreur et
Thierry Rigaux le 8 mai (de 18h15 à 20h15) et par Thierry
Rigaux le 28 mai (de 19h00 à 21h10). Les heures indiquées
ci-dessous sont des heures locales.

Les recensements ont été effectués à partir du platier
rocheux situé en pied de falaise alors qu’il était suffisam-
ment exondé et laissait ainsi un recul satisfaisant pour
observer la paroi rocheuse et le sommet de la falaise. C’est
dans ces conditions que les Fulmars boréaux et les
Goélands nichant dans l'abrupt, les pentes enherbées et le
replat sommital (et ses poches d’argile sub-sommitales)
peuvent être repérés. Chaque secteur est recensé de deux
façons complémentaires : à distance du pied de falaise (pour
observer l’abrupt, les pentes enherbées et le sommet de la
falaise) et en longeant le pied de falaise (exercice quelque
peu risqué...) pour comptabiliser les nids installés sur le haut
de l’estran et en détailler le contenu. Les observations sont
faites en fin de journée afin de bénéficier d’un éclairage favo-
rable compte tenu de l’orientation des falaises.

2 - Résultats.

a) Le Goéland argenté Larus argentatus

Cette espèce est la plus abondante et a constitué, de loin,
l’essentiel de notre travail de recensement.

 

Goéland argenté

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Données globales sur les effectifs nicheurs comptés :
Les résultats consignés ci-dessous (fournis en nombre de
couples) correspondent aux nids observés ou présumés du
fait de l'observation d'oiseaux couchés en des sites a priori
favorables.

Pour les oiseaux établis en pied de falaise, ce sont les nids
visibles qui sont comptés.

Mers - bois de Cise - Total :
bois de Cise Ault Mers - Ault
8 mai 2001 198 111 309
fin mai 2001 325 157 482

(27 et 28 mai)

Tableau 1 : Nombre de nids de Goéland argenté Larus argentafus
comptés entre Ault et Mers-les-Bains en 2001.

Informations sur les différents types de sites occupés :
Les oiseaux peuvent s'établir en sommet de falaise, dans
l'abrupt, dans les pentes enherbées situées dans la falaise
ou enfin au pied de la falaise : soit sur des éboulis récents
non encore déblayés par la mer, soit sur les cordons de
galets situés a leur pied.

Pour la globalité des falaises picardes, la répartition des
nids de Goélands argentés dans les différentes parties de
la falaise est la suivante :

Résultats pour la
globalité du secteur
Mers-Ault
Sommet de falaise

Abrupt 29
Pentes 96 96 — —
(+/- enherbées)

au sein de la falaise

Eboulis et galets 148 314 +166
en pied de falaise

TOTAL 309 | 482 | +173 | +56% |

8 mai 2001 27 et 28

mai 2001

Variation Variation

      
    
     
 

+112 %

Tableau 2 : Répartition des nids de Goéland argenté dans les
différentes parties de la falaise située entre Mers-les-Bains et Ault
en 2001.

Informations sur la phénologie et la réussite

de Ia reproduction :

Le 27 mai 2001, les 196 nids observés en pied de falaise sur le
secteur “Mers - le bois de Cise" sont dans les états suivants :

Nids Nids/ Nids/ Nids/ Nids non inventoriés
vides 1 oeuf 2 oeufs 3œufs (dans éboulis

difficilement accessibles)
18 25 49 95 9

Tableau 3 : Etat des 196 nids de Goéland argenté recensés en
pied de falaise le 27 mai sur le secteur "Mers - le bois de Cise"

Le 28 mai 2001, en plus d'un nid contenant 2 pulli morts et
1 pullus vivant, les 117 autres nids observés en pied de
falaise sur le secteur “le bois de Cise - Ault" sont dans les
états suivants :

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Nids Nids/ Nids/ Nids/ Nids/ Nids/ Nids/ Nids/ Nids/
vides 1 oeuf 2 oeufs 3 œufs 4 oeufs 1 oeuf & 1 oeuf & 2 pulli 3 pulli

1 pullus 2 pulli
11 20 26 |43 |1 1 5 1 9

Tableau 4 : Etat des 118 nids recensés en pied de falaise le 28
mai sur le secteur “le bois de Cise - Ault" (le 118 ème est décrit ci-
dessus).

La reproduction pourrait donc être un peu plus avancée sur
le secteur “bois de Cise - Ault" que sur le secteur “Mers - le
bois de Cise".

b) Les autres espèces.

- Fumar boréal Fulmarus glacialis

Mers - bois de Cise - Total :
bois de Cise Ault Mers - Ault
8 mai 2001 9 à 10 sites 23 sites avec 1 ind., 37 a 38 sites
5 sites avec 2 ind.
fin mai 2001 5 sites a 1 ind., 11 sites à 1 ind., 21 sites
27 ou 28 mai 2 sites à 2 ind. 3 sites à 2 ind.

Tableau 5 : Nombre de sites comptabilisés pour le Fulmar boréal
Fulmarus glacialis entre Ault et Mers-les-Bains en 2001.

C’est donc un minimum de 37 sites “simultanément” occupés
qui a été dénombré.

Lors du recensement de fin mai, l'attention de l'observateur
est avant tout portée sur les Goélands argentés, ce qui peut
avoir conduit a des oublis, le repérage des oiseaux dans la
falaise étant parfois bien délicat. De surcroît, les 27 et 28
mai, je constate que les Fulmars sont très peu loquaces par
rapport au 8 mai, ce qui a sans doute augmenté la discré-
tion de l'espèce a cette époque et la sous-estimation de ses
effectifs par l'observateur (cf. commentaires).

- Grand Cormoran Phalacrocorax carbo

Le Grand Cormoran n'est toujours pas trouvé nicheur dans
les falaises picardes. Une nouvelle fois, les observations
réalisées le 8 mai attestent de l'utilisation régulière des
falaises situées entre le bois de Cise et Ault comme sites de
repos et de dortoir: 30 oiseaux y sont posés en fin de soirée.

- Faucon pèlerin Falco peregrinus

Cette espèce, dont la reproduction est attendue sur notre
littoral depuis plusieurs années, a fait l'objet de plusieurs
rencontres lors de nos prospections : 3 individus en vol au
dessus du Bois de Cise - et de nos têtes ! - nous révèlent
leur présence par leurs cris typiques le 8 mai.

Ce jour, 2 couples sont observés simultanément, de part et
d'autre du bois de Cise.

Le 27 mai, j'observe, au sud du bois de Cise, une femelle
posée sur le piquet horizontal d'une clôture qui se déroule
le long de l’abrupt de la falaise depuis son sommet, résultat
du recul de la falaise.

Le 28 mai, je note 1 couple au nord de cette même localité.

- Goéland marin Larus marinus

A noter l'observation de 2 adultes entre Mers et le bois de
Cise le 27 mai. La présence de cette espèce le long des falai-
ses picardes à cette époque est inhabituelle. Rappelons
qu'elle a niché en 2001 dans les bas-champs de Cayeux (sur
la commune de Woignarue), au bord d'une gravière : c'était le
premier cas de reproduction connue de l'espèce en Picardie.
Cette espèce n‘étant pas à proprement parler rupestre
(même si quelques couples nichent en falaise dans des lam-
beaux de pelouse surAntifer, Seine maritime, C. Lethuillier,
comm. pers.), le profil des falaises picardes n'est vraiment
pas favorable à son installation comme reproducteur. Le
Goéland marin pourrait cependant tirer parti d’effondrements
qui conduiraient à de gros éboulis ou des accumulations de
galets en pied de falaise ; il ne l’a pas fait au cours des
années récentes malgré la présence de tels sites.

- Etourneau sansonnet Sturnus vulgaris

2 juvéniles non volants sont observés sur les galets juste au
sud d'Ault le 28 mai.

- Merle noir Turdus merula

1 juvénile à peine volant est observé sur les galets le 28 mai
tout près de l’accès à la mer du bois de Cise.

3 - Commentaires.

Nous développerons quelques commentaires pour les trois
espèces suivantes : le Goéland argenté, le Fulmar boréal et
le Faucon pèlerin.

a) Le Goéland argenté Larus argentatus

Effectif global :

L'effectif compté en 2001 constitue un effectif élevé et
même record puisqu'il sort de la fourchette de 300 à 400
couples indiquée par F. Violet et F. Sueur in Sueur et Triplet
(1999) et qu'il semble dépasser le précédent record de
1996 mentionné par ces auteurs pour la période 1975-
2000.

ll est en progression nette par rapport à 2000 : 482 contre
322 soit une augmentation de près de 50 %.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Phénologie de la reproduction :

L'augmentation considérable (+ 56%) des nids comptabili-
sés entre la première et la dernière décade de mai illustre
l’installation tardive de toute une partie de la population
reproductrice.

Fin mai, seuls 17 des 305 nids dont le contenu a pu être
observé (soit 5,6% de l'échantillon observé) contient déjà
un ou plusieurs poussins.

Cet échantillon n’est toutefois pas représentatif de la globali-
té de la population car il ne rassemble que des nids situés en
pied de falaise. Or, la chronologie de l'installation des nids
dans les différentes parties de la falaise est différenciée.

Chronologie d'installation dans les différentes parties
de la falaise :
La comparaison de l'évolution entre début et fin mai de la
part relative des nids dans les différentes parties de la falai-
se montrée par le tableau 3 est très intéressante.
L'essentiel de la croissance des effectifs intervenant entre
début et fin mai est attribuable à l'installation de nids en
pied de falaise : 166 des 173 nids supplémentaires (soit
96 % de l’augmentation).
Ceci semble indiquer que les Goélands argentés occupent
préférentiellement l’abrupt de la falaise et ses pentes enher-
bées, ces dernières semblant avoir leur préférence : tous les
sites favorables semblent occupés dès début mai.
La diminution du nombre de nids observés en haut de
falaise entre début et fin mai doit être considérée avec pré-
caution : la diminution relative est certes nette mais elle ne
concerne qu’un nombre limité de nids (7). Cette diminution
pourrait toutefois traduire la désertion de sites du som-
met de la falaise suite aux dérangements provoqués par la
fréquentation humaine. Cette hypothèse reste fragile dans
l'état actuel des informations recueillies. Par ailleurs,
Cyriaque Lethuillier (comm. pers.) fait remarquer que les
renards Vulpes vulpes pourraient avoir un impact nettement
plus important que la fréquentation humaine sur les nichées
localisées sur les crêtes de falaises.
Corollaire de la préférence du Goéland argenté pour les pen-
tes enherbées ou, à défaut leurs abrupts, le pied de falaise
n’est occupé que lorsque les autres sites sont saturés. ll est
vrai que l’installation des nids au sol, sur les éboulis et plus
encore sur les galets les expose à une multitude de risques :

- prédation naturelle (par les rats notamment, observés

à l'occasion des dénombrements),

- destruction potentielle par l'Homme,

- submersion marine potentielle, les grandes marées de

fin avril ou début mai pouvant submerger éventuellement

les plages de galets si les conditions météorologiques

s'y prêtent.
Cette dernière menace ne s'est pas manifestée en 2001, un
temps calme étant installé au moment des dernières gran-
des marées du printemps.

b) Les autres espèces.
- Fulmar boréal Fulmarus glacialis

Nous avons déjà souligné (Rigaux, 2000) à quel point les
modalités de recensement du Fulmar boréal pouvaient
conduire à des effectifs recensés extrêmement éloignés. Les
données recueillies en 2000 par Florent Violet selon une
méthode précise mais lourde se situaient bien à 72 Sites
Apparemment Occupés (SAO) ayant donné lieu à l’observa-
tion de 52 poussins contre un recensement de 27 sites selon
la méthode légère que nous avons employée.

L'effectif maximal instantané de 37 à 38 sites occupés obte-
nu cette année signifie t’il que les Fulmars étaient
nettement plus nombreux qu'en 2000 ? D'après les infor-
mations obtenues auprès de Florent Violet, le nombre de
couples cantonnés et effectivement nicheurs de Fulmar en
2001 n'était pas supérieur à celui de 2000 : il note même 62
SAO et 45 poussins, soit des diminutions relatives respec-
tives de 14% et 13,5%. ll apparaît donc que l'évaluation de
l'abondance du Fulmar par un parcours rapide au début du
mois de mai ne permet pas un suivi satisfaisant de ses
populations reproductrices, même de façon relative.
Notons par ailleurs que le comptage de la fin mai a été effec-
tué en portant une moindre attention au Fulmar : il ne peut
donc être utilisé sans précaution. Toutefois, ces réserves
énoncées, les résultats des comptages effectués pourraient
indiquer une forte variabilité des effectifs présents instanta-
nément dans la falaise d'un jour a l'autre, voire au sein d'une
même journée. Cette appréciation est partagée par Cyriaque
Lethuillier et Florent Violet (comm. pers.).

- Faucon pèlerin Falco peregrinus

D'après Jean-Claude Robert (comm. pers.), qui suit l'espèce
avec Jacques Bellard depuis de nombreuses années, le
Faucon pèlerin ne s'est toujours pas reproduit cette année
2001 sur les falaises picardes. Une synthèse par J-C Robert
du statut de l’espèce sur les falaises situées entre Dieppe
(76) et Ault (80) doit paraître dans la revue Avifaune picarde
tandis qu'il rend compte, dans le présent ouvrage, du retour
de l'espèce en 2002.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

CONCLUSION

Le dénombrement effectué cette année a surtout permis de
consolider notre connaissance de la population reproductrice
de Goéland argenté nichant dans les falaises picardes.
L'effectif recensé en 2001 (482 couples entre Mers-les-
Bains et Ault) est l'effectif le plus élevé qui ait été enregistré
au cours des 25 dernières années mais, faute d'un suivi
standardisé et continu au cours de cette période, il n’est
pas exclu qu’un tel effectif ait déjà été atteint voire dépassé.
En 2000, nous avions émis l’hypothèse que la diminution
observée entre 1998 et 2000 des couples reproducteurs
établis sur le secteur Mers-les-Bains/Ault pourrait être due
à une diminution de la capacité d'accueil de cette portion de
falaise consécutive à l’érosion d'un énorme éboulis initiale-
ment présent. En 2001, alors qu’aucun éboulis nouveau
n'est apparu et que l'éboulis de 1998 n'est presque plus
repérable, l’effectif reproducteur de ce secteur de falaise a
malgré tout augmenté : l'hypothèse émise en 2000 était-elle
erronée ?

Le matelas de galets présent en pied de falaise s’est-il
consolidé, engraissé, rehaussé en renforçant les possibilités
d'installation des Goélands en pied de falaise ? C'est une
éventualité qu'on ne peut exclure : la disparition complète
de l'épi que constituait le gros éboulis noté en 1998 dans la
partie “amont" (par rapport à la dérive littorale) du territoire
d'étude peut avoir conduit à libérer les galets accumulés
pendant quelques années en amont de l'épi et avoir aug-
menté de façon significative le stock de galets sur un grand
linéaire d'estran. Il se pourrait donc qu'en définitive les
éboulements puissent faire fluctuer la capacité d’accueil de
la falaise vis à vis du Goéland argenté de façon complexe,
en générant un impact d'abord positif avec la création
d’éboulis non submersibles en pied de falaise (où les
Goélands peuvent installer leurs nids), puis négatif en
créant une pénurie sédimentaire sur le haut-estran sous
l'influence de l'épi créé par l'éboulis (rendant impossible ou
très risquée l'installation de nids en pied de falaise)... avant
que l’effacement de l’éboulis ne libère à nouveau les galets
piégés transitoirement en amont en engraissant alors le
haut-estran et en rendant plus facile son exploitation par les
Goélands.

Mais, en l'absence d’un suivi suffisamment fin et régulier
des stocks de galets présents en pied de falaise, il ne s'agit
que d'une hypothèse incertaine.

Un suivi et une compréhension fine des mécanismes
régissant la taille et la répartition spatiale de la population
reproductrice du Goéland argenté sur les falaises picardes
nécessiteraient probablement le recueil concomitant de
données sur la géologie et la dynamique de la falaise et du
haut-estran.

Par ailleurs, nos dénombrements n'ont pas permis de
recueillir de résultats sur la réussite de la reproduction du
Goéland argenté : c'est aussi une faiblesse dans nos
connaissances pour comprendre la dynamique et le fonc-
tionnement de la population reproductrice suivie. Mais le
recueil de telles données nécessiterait un investissement
sur le terrain bien plus lourd.

Les apports de nos dénombrements en matière de connais-
sance de la valeur absolue de l'effectif reproducteur du
Fulmar boréal sur les falaises picardes sont limités. Les
recensements effectués permettent toutefois de fournir une
nouvelle comparaison entre les effectifs obtenus par la
méthode légère que nous avons employée et ceux résultant
de prospections plus approfondies et consistant à multiplier
les passages et à cartographier l'emplacement des “nids”.
Cette comparaison est intéressante car, répétée sur des
secteurs de falaises haut-normands, elle pourrait permettre
de mieux cerner la valeur des informations fournies par la
méthode légère.

La question de l'estimation de la population reproductrice
effective des Fulmars boréaux à l'échelle de linéaires
côtiers aussi vastes que celui des falaises haut-normandes
et picardes reste, à ce jour, une question épineuse car il
n'est pas évident qu'il soit possible d'établir un coefficient
de corrélation constant, dans l'espace et le temps, entre les
effectifs appréhendés par un passage unique et par des
prospections approfondies.

Enfin, concernant le Faucon pèlerin, les observations répé-
tées sont de plus en plus prometteuses mais, comme le
pense Jean-Claude Robert (comm. pers.), il semble que
l'installation de cette espèce sur la côte picarde stricto
sensu reste suspendue à l'apparition d'un site adéquat
pour l'installation du nid. L'année 2002 a confirmé cette
hypothèse.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tous les participants au dénombrement
collectif du 8 mai 2001 : Stéphane Caron, Bernard Couvreur,
Sébastien Mailller, Frédéric Noël, Guillaume Petit-Renaud.
Je remercie également Jean-Claude Robert et Florent Violet
pour les observations aimablement communiquées.

Merci aussi à Cyriaque Lethuillier qui a bien voulu relire le
projet et lui apporter d'utiles propositions d'amendements.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

BIBLIOGRAPHIE

RIGAUX T. (2000) - Les oiseaux nicheurs des falaises
picardes au cours de la saison de reproduction 2000.
L’Avocette n°24 (1-2), pp 15-18.

VIOLET F. & SUEUR F. (1999) - Le Goéland argenté, 331-
336 in SUEUR F. & TRIPLET P. (1999) - Les Oiseaux de la
baie de Somme. SMACOPI, Groupe Ornithologique Picard.
509 p.

VIOLET F. (2000) - Recensement des oiseaux nicheurs des
falaises picardes. Avifaune picarde. Volume 9, pp 67-71.

Héron garde-bœufs (Photo : Philippe Pulce)

LAVAGUE DE FROID DE L'HIVER 2001/2002 ET SES INCIDENCES SUR LA POPULATION
DE HERON GARDE-BŒUFS BuIbuCuS ibis, D'AIGRETTE GARZETTE Egretta garzetta

ET DE GRANDE AIGRETTE Ardea alba HIVERNANT EN PLAINE MARITIME PICARDE
Par Philippe CARRUETFE et Thierry RIGAUX

 

INTRODUCTION

Au cours de la dernière décennie, la plaine maritime picarde
a vu progressivement augmenter les populations hivernantes
du Héron garde-bœufs, de |’Aigrette garzette et de la Grande
Aigrette. Jusqu'à présent - et sous réserve d'un futur éclate-
ment des dortoirs -, l'effectif des "ardéidés blancs”
fréquentant la côte picarde et sa plaine maritime ne peut être
appréhendé convenablement que par le recensement du
dortoir situé au Parc Ornithologique du Marquenterre
(Réserve naturelle de la baie de Somme). Ainsi, lors du
recensement International Wetlands de la mi-janvier 2001
étaient comptabilisés par P. Carruette : 60 Hérons garde-
bœufs, 417 Aigrettes garzettes et 16 Grandes Aigrettes.

Un hivernage d'importance comparable était en cours lors
de l'hiver 2001/2002 lorsque survient une vague de froid à
compter de la mi-décembre 2001. Celle-ci s’est poursuivie
jusqu'à la mi-janvier. Les moyennes décadaires des tempé-
ratures moyennes et minimales sont présentées dans le
tableau ci-dessous :

Déc 01 Déc O2 Déc 03
Moyennes décadaires
des températures moyennes 7 1,8 3,9
Moyennes décadaires
des tem ératures minimales 4,9 -0,6 1,6
Janv 01 Janv 02 Janv 03
Moyennes décadaires
des températures moyennes 0,9 5,8 10,2
Moyennes décadaires
des tem ératures minimales -1,2 3,3 7,8

Tableau 1 : Moyennes décadaires des températures moyennes et
minimales enregistrées par Météo France à la station automatique
du Hourdel (Cayéux/mer, 80) au cours des mois de décembre et
janvier de l’hiver 2001/2002.

Les basses températures enregistrées a partir de la seconde
décade se traduisent par une prise en glace superficielle et
partielle des plans d'eau, observée dès le 16 décembre. Le
4 janvier, les plans d'eau du parc ornithologique sont gelés
à 90%, le dégel n’étant remarqué qu’à compter du 12 jan-
vier : il s’est donc passé près d'un mois sans eaux douces
accessibles.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

 

Les conséquences de cette vague de froid sur les Ardéidés
fréquentant le dortoir ont été marquées. Le présent article
se propose de relater l'évolution des effectifs s’étant main-
tenus en plaine maritime picarde (département de la
Somme) appréhendés par divers modes de recensement
(dénombrement du dortoir traditionnel, prospections diur-
nes à l'échelle de tout ou partie de la plaine maritime
conduites les 12, 13 et 30 janvier 2002), de rendre compte
des adaptations comportementales et de la mortalité obs-
ervées avant de conclure sur les stratégies de réponses qui
ont pu être adoptées par les différentes espèces.

l - Evolution des effectifs comptés aux dortoirs de
début décembre 2001 à début février 2002.

a) Sur la côte picarde :

Décembre Janvier Janvier Février

3ème décade 2è" décade 3è“ décade 1“ décade

Héron 61 (23) o (12) 2 (25)

garde-bœufs 29 (28)

Aigrette 514 (23) 1s (12) 27 (24)

garzette

Grande 18 (23) 10 (12)

Ai rette

 

Tableau 2 : Evolution des effectifs des trois espèces d’Ardéidés
suivies au dortoir du parc ornithologique du Marquenterre de la
troisième décade de décembre 2001 à la première décade de
février 2002 (source : P. Carruette ; dates précises d'observation
entre parenthèses).

Le 12 janvier, une Grande Aigrette au dortoir est par ailleurs
notée à Arry, en vallée de la Maye (80).

Le 13 janvier, le suivi des arrivées au dortoir potentiel de
Boismont (80) permet d'enregistrer par ailleurs les arrivées
de 3 Aigrettes garzettes.

b) Au dortoir de Cucq (62) :

Le suivi du dortoir de Cucq (62) par G. Terrasse a permis
de réunir les données suivantes sur |’Aigrette garzette : 70
le 30 octobre 2001, 36 le 8 décembre (avant le début de la
vague de froid), plus que 9 le 21 janvier et seulement 2 le
30 janvier. Ces données doivent être interprétées avec pré-
caution car le dénombrement, fait de la périphérie du site,
ne prétend pas à l'exhaustivité, des oiseaux pouvant par-
venir au dortoir à l'insu de l'observateur.

Cependant, d'après G. Terrasse, auteur des dénombre-
ments, la chute des effectifs comptés traduit bien
cependant un effondrement de la fréquentation du dortoir.

 

Il - Observations complémentaires sur l'abondance et
la distribution diurne, le comportement et la mortalité
des oiseaux.

a) informations sur les effectifs recensés “en milieu
de journée” et sur Ia distribution observée :

- sur la côte picarde (baie de Somme notamment) :

Le 2 janvier, 83 Aigrettes garzettes sont notées dans les
mollières de la baie de Somme, hors réserve naturelle.

Le 12 janvier, à l'occasion du recensement international
d'oiseaux d'eau, sont dénombrées 51 Aigrettes garzettes,
dont 6 dans le secteur des bas-champs de Cayeux (au sud
de la baie de Somme), 38 en baie de Somme (1 dans la
réserve naturelle, 28 dans les mollières situées au sud/sud-
est du Crotoy, 9 dans les mollières situées entre
Saint-Valery et Le Hourdel) et 7 en baie d'Authie, quelques
oiseaux ayant pu nous échapper dans les marais arrière-
littoraux notamment. Ce 12 janvier, le nombre d'Aigrettes
comptées le jour (51) dépasse donc nettement l'effectif
compté au dortoir (18).

Le 30 janvier, l'effectif compté sur l'ensemble des baies de
Somme et d'Authie se monte à 92 individus.

En début de vague de froid, des Hérons garde-bœufs sont
observés a 18 kilomètres à vol d'oiseau du dortoir du Parc
ornithologique dans une pâture gelée de la basse vallée de
l'Authie, à Rapéchy (80).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

En revanche, le 12 janvier, aucun Héron garde-bœufs n'est
observé malgré une prospection relativement exhaustive de
la plaine maritime. Les prospections marginales complémen-
taires conduites le 13 (sur les communes de Favières,
Noyelles, Ponthoile) ne sont pas davantage fructueuses.

- sur la côte d'opale (baie de Canche) :

D'après G. Terrasse, 30 Aigrettes sont comptées en plein
jour dans les prés salés le 30 décembre, 15 le 15 janvier et
16 le 18 février. Ces données sont à rapprocher des don-
nées de 9 et 2 individus obtenues au dortoir respectivement
les 21 et 30 janvier.

Pour l'Aigrette garzette, on retiendra que les effectifs recen-
sés dans la journée ont dépassé pendant la vague de froid
les effectifs comptés sur les dortoirs traditionnels, ce qui
constitue une situation tout a fait inhabituelle.

b) Comportements atypiques notés pendant
Ia vague de froid.

- maintien anormalement tardif d'un petit groupe d'Aigrettes
garzettes sur un site d'alimentation à la tombée de la nuit le
18 janvier 2002 :

Le vendredi 18 janvier 2002, une observation d'Aigrettes
exploitant un secteur de mollières du fond de la baie de
Somme situéjuste au nord de la renclôture Elluin permet de
constater que seul 1 oiseau sur la dizaine présent s'envole
vers le Crotoy (jusqu'au dortoir du parc ornithologique ?)
avant que la nuit ne soit installée. Des oiseaux sont observés
en train de s'alimenter dans de petits chenaux et des
vasques du haut des mollières jusqu'à l'obscurité quasi
complète alors que le départ des oiseaux vers les dortoirs
s'effectue d'ordinaire à une heure à laquelle des lueurs du
jour sont encore perceptibles. D'ailleurs, le renouvellement
d'une observation des oiseaux de ce secteur en fin de journée
du 30 janvier - alors que la vague de froid a cessé depuis
plusieurs jours - permet d'observer le départ vers le Crotoy
des 10 oiseaux présents à l'arrivée de l'observateur tandis
qu'il fait encore bien jour. Les départs ont lieu a 17h44,
17h50 et 18h02 (heure locale) pour respectivement 2, 6 et
2 individus.

- fréguentation de bâtiments d'élevage (stabulations libres)
gardes Hérons garde-bœufs :

Comme déjà noté lors du premier hivernage en Picardie
maritime en 1992, des oiseaux sont observés se nourris-
sant dans des stabulations libres destinées à des bovins
des bas-champs du Marquenterre.

Le 31 décembre, à Pinchefalise, 6 individus très affaiblis sont
notés dans une pâture gelée qui accueillait encore des bovins.

- observation d'un nouveau dortoir de Grande Aigrette en
vallée de la Maye :

Le 12 janvier 2002, une Grande Aigrette se perche sur un
arbre en bordure d’un plan d'eau de la commune d’Arry.
Elle reste posée à cet endroitjusqu’au départ des observa-
teurs alors qu'il fait déjà très sombre. ll est environ 17h30.
On peut considérer que l'oiseau a dormi sur place.

c) Mortalité.

- Observation d'une mortalité ou de morbidité chez les
Hérons garde-bœufs au dortoir du Parc Ornithologique : 2
individus trouvés morts au pied du dortoir le 3 janvier (un
dévoré par les sangliers, l'autre ne pesant que 254 gram-
mes), 1 autre trouvé mort le 3 janvier (pesant également
255 grammes), 1 quatrième cadavre est découvert le 9 jan-
vier alors qu'un cinquième oiseau, très affaibli, peine à
s'envoler du sol : il est probable qu'il n'ait pas survécu.
Géroudet (1978) indique que le poids de cette espèce se
situe entre 300 et 475 grammes.

- Observation d'une mortalité d’Aigrettes garzettes au pied
du dortoir du Parc Ornithologique (3 individus très amaigris
trouvés morts le 3 janvier, 3 autres le 12 janvier) et recueil
d'une Aigrette morte et amaigrie dans les mollières de la
réserve naturelle de la baie de Somme le 12 janvier : elle
ne pesait que 315 grammes (X. Commecy, comm. pers.)
alors que Géroudet (1978) signale des masses comprises
entre 450 et 614 grammes pour l'espèce.

° Un ramassage d'oiseaux morts organisé par l’association
Picardie Nature le 20 janvier 2002 sur la laisse de mer n'a
conduit à aucune découverte : il est vrai que la recherche des
oiseaux faite a cette occasion n'a pas couvert la portion de lit-
toral comprise entre le Hourdel et le Crotoy, c'est à dire la partie
de la baie, interne, où la probabilité de découvrir des individus
morts des espèces objet de la présente note était la plus forte.

Les cadavres d’Aigrettes et de Hérons garde-bœufs observés
au dortoir du parc ornithologique fournissent une appréciation
par défaut de la mortalité réellement intervenue car les
corps des oiseaux morts laissés sur place disparurent dans
leur majorité dès le lendemain, emportés vraisemblablement
par un Renard, voire de gros Mustélidés (Fouine, Putois...) :
7 cadavres sur 9 disparurent de la sorte tandis que 2 furent
consommés sur place par des sangliers. ll est donc possible
qu'une mortalité nettement plus conséquente que celle
observée se soit produite.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Ill - Discussion sur la stratégie de réponse adoptée par
les trois espèces.

Les trois espèces d'Ardéidés étudiées ont pu combiner
différents modes de réponse à la vague de froid intervenue
de la mi-décembre à la mi-janvier : fuite vers le sud, main-
tien sur place accompagné d'éventuelles adaptations
comportementales.

Informations générales apportées par la littérature sur la
vulnérabilité au froid des espèces d’Ardéidés étudiées :

Hafner & al. (1999) rappellent que les Aigrettes garzettes du
paléarctique occidental sont largement dispersées en hiver,
la migration transsaharienne étant commune pour l’espèce.
Mais il souligne simultanément que, vu la forte proportion
d’hivernants en France, la population est grandement dépen-
dante des aléas climatiques. Ainsi les rigueurs de 1985 ont
fait passer l'effectif nicheur national de 3 161 couples en
1984 à 1 841 couples en 1985. Hafner (in Yeatman -
Berthelot,1991) relate la mortalité considérable intervenu sur
la côte atlantique lors du grand froid de janvier 1985 : 352
cadavres d’Aigrettes garzettes furent ramassées de la
Bretagne à la Charente et 203 dans le bassin d’Arcachon.
Quant au Héron garde-bœufs, Hafner & al. (1999) met aussi
en lumière la vulnérabilité aux périodes de froid intenses de
cette espèce aujourd'hui largement sédentarisée : "lorsque le
froid est intense (janvier 1985, février 1987), les garde-bœufs
meurent et leurs cadavres jonchent le sol des sites utilisés
comme dortoirs". Cette vulnérabilité se traduit par une chute
des effectifs nicheurs suivants les hivers rigoureux.

Dans la même publication, Le Marechal & Marion (1999) ne
soulignent pas de vulnérabilité particulièrement aiguë de la
Grande Aigrette aux vagues de froid.

Interprétation des phénomènes observés en plaine
maritime picarde au cours de l’hiver 2001/2002 :

Un départ massif probable des Aigrettes garzettes et
des Hérons garde-bœufs.

Au cours de l’hiver 2001/2002, en plaine maritime picarde,
en l'absence de recueil de données sur une mortalité très
importante (notée quasi exclusivement au Parc ornitholo-
gique), l'effondrement des effectifs de Hérons garde-bœufs
et d’Aigrettes garzettes comptés aux dortoirs du parc orni-
thologique du Marquenterre (80) et de Cucq (62) et la
raréfaction prononcée des oiseaux de ces deux espèces
observés en Picardie sur leurs zones d'alimentation diurnes
traditionnelles semblent indiquer que la vague de froid a
provoqué un départ de la grande majorité des oiseaux.

La stratégie de réponse dominante aurait donc consisté en
un mouvement de fuite. Mais cette hypothèse reste incer-
taine du fait des difficultés a cerner suffisamment bien la
mortalité intervenue réellement.

Les données dont nous disposons ne nous permettent pas
de connaître les destinations principales des oiseaux ayant
quitté la côte picarde. On notera cependant que si elle s'est
orientée vers le sud comme on peut légitimement le penser,
la fuite des oiseaux les aura d'abord conduit vers des
régions où la vague de froid sévissait au moins aussi rigou-
reusement que sur les côtes de la Manche et le nord-ouest
de la France. Une mortalité particulièrement importante
pourrait donc avoir affecté les oiseaux ayant fuit la région.

Des modifications comportementales accusées de
I’Aigrette garzette : prolongement de la recherche
alimentaire lors des heures crépusculaires voire
nocturnes et modification de l’utilisation des dortoirs.
Parallèlement à ce mouvement de fuite, les oiseaux restés
sur place ont manifestement modifié certains de leurs com-
portements. Le prolongement de l'alimentation observée
chez des Aigrettes garzettes aux heures crépusculaires et
leur maintien sur une zone d'alimentation jusqu'à la nuit
noire ont été suivis soit de leur stationnement tout au long
de la nuit sur leur gagnage, soit de leur déplacement noc-
turne jusqu'à un dortoir, éventuellement différent du dortoir
traditionnel. Ces deux scénarios correspondent l'un et l'autre
à des comportements inhabituels.

L'utilisation d'autres dortoirs que le dortoir traditionnel du
Parc ornithologique du Marquenterre (éventuellement à
même le sol dans les mollières de la baie de Somme, hypo-
thèse non démontrée mais vraisemblable) ou une arrivée
au dortoir traditionnel anormalement tardive - et vraiment
nocturne - peuvent expliquer qu'au milieu du mois de janvier
les effectifs comptés dans la journée sur les zones d'ali-
mentation aient - à contrario de ce qui est habituellement
observé - dépassé les effectifs comptés au dortoir du parc,
le même constat pouvant être dressé pour la baie de
Canche et ses abords.

Des Hérons garde-bœufs ont été vus se nourrir dans une
stabulation libre, alors qu'ils se contentent habituellement
d'arpenter les prairies, surtout lorsque celles-ci sont pâturées
par des bovins ou des chevaux.

Une mortalité marquée du Héron garde-boeufs et de
l'Aigrette garzette.

Pour le Héron garde-bœuf comme pour l'Aigrette garzette,
les indices de mortalité recueillis principalement au dortoir
du parc ornithologique montrent que les oiseaux restés sur
place lors de la vague de froid ont probablement payé un
tribut non négligeable à cette vague de froid.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Un possible éclatement partiel des dortoirs de Grande
Aigrette pouvant correspondre à une stratégie d’économie
d’énergie.

L'arrivée d'une Grande Aigrette à Arry à la tombée de la nuit
et son repos au sommet d'un arbre en bordure d'un plan
d'eau laissent à penser qu'elle y a passé la nuit. Il est donc
possible que la Grande Aigrette (dont on ne connaissait à
ce jour qu'un dortoir en plaine maritime picarde - sans cer-
titude sur l'unicité de ce dortoir) ait adopté une stratégie
d'économie d'énergie en rapprochant son dortoir de son
secteur d'alimentation diurne, lui-même éventuellement
déplacé du fait des perturbations induites par le gel de
nombreuses surfaces en eau.

CONCLUSION

La vague de froid intervenue au cours de l'hiver 2001/2002
s'est traduite par un effondrement des effectifs au dortoir
d'Ardéidés du parc ornithologique du Marquenterre, qui
regroupe désormais en hiver Hérons garde-boeufs,
Aigrettes garzettes et Grandes Aigrettes.

La chute des effectifs, en valeur relative, a concerné en
priorité les garde-bœufs, puis les garzettes et enfin les
Grandes Aigrettes. Elle s'est aussi traduite par une mortalité
chez les deux premières espèces. Des modifications com-
portementales ont été observées chez le garde-bœuf et la
garzette, telles que la désertion partielle du dortoir traditionnel
pour un dortoir alternatif (ou un sommeil sur les lieux d'ali-
mentation) répondant probablement a une stratégie
d'économie d'énergie.

Le suivi des populations reproductrices locales de Hérons
garde-bœufs et d'Aigrettes garzettes permettra de montrer
dans quelle mesure la vague de froid leur aura porté atteinte.
Hafner (1999) signale que la remontée d'oiseaux apparte-
nant à des populations plus méridionales peut jouer un rôle
déterminant dans la reconstitution des populations repro-
ductrices nordiques. D'après les informations aimablement
communiquées par A. Fleury, la vague de froid subie sur le
bassin d'Arcachon a été moins durable mais plus vive. Elle
a conduit à une chute sévère des effectifs des Ardéidés
blancs, les effectifs des Hérons garde-bœufs, des Aigrettes
garzettes et des Grandes Aigrettes suivies au parc ornitho-
logique du Teich étant passées respectivement de 68 à 2,
200 à 62, et 40 à 18 avant et après la vague de froid. Ces
évolutions sont une indication supplémentaire de la vulné-
rabilité différentielle des trois espèces étudiées. A l'échelle
du bassin d'Arcachon, les recensements collectifs effectués
par J-J. Bouber, J. Gernigon, P. Nadet etA. Fleury situent les
effectifs d'Aigrettes garzettes à 1745 individus avant la vague
de froid (mi-décembre 2001) et 684 après (mi-janvier 2002).

Certaines populations françaises plus méridionales ont
donc souffert du froid de l’hiver 2001/2002, ce qui pourrait
limiter les apports allochtones et la rapidité de la reconsti-
tution d’effectifs nicheurs importants.

Cependant, les effectifs comptés dès le début du mois de
février (34 garde-bœufs et 252 garzettés) incitaient dès
cette époque à une certaine confiance dans la capacité des
deux espèces à restaurer progressivement leurs popula-
tions reproductrices locales.

Cette perspective s’est remarquablement vérifiée pour

l’Aigrette garzette puisque ses effectifs nicheurs sont passés

entre 2001 et 2002 :
- de 114 couples à 102-108 au parc ornithologique du
Marquenterre (P. Carruette, obs. pers.),
- de 38 à 51 couples à la colonie de Cucq (juste au sud
de la baie de Canche, 62 ; G. Terrasse, comm. pers.) ;
- la seule baisse importante étant notée sur le site de
reproduction secondaire de Boismont (80) : de 11 à 3
couples (X. Commecy, comm. pers.).

Pour la globalité de ces trois sites, tous inscrits au sein de
la plaine maritime picarde (ou à ses franges immédiates),
les effectifs nicheurs d’Aigrette garzette sont donc passés
de 163 couples à 156-162 couples. Cette relative stabilité
globale n’est pas anodine car elle intervient dans une
période de croissance des populations reproductrices
locales : le coup de froid a provoqué un coup d’arrêt
momentané au dynamisme démographique de l’espèce.
Dans le bassin d’Arcachon, l’impact de la vague de froid a
été nettement plus marqué puisque les effectifs reproduc-
teurs de l’Aigrette garzette sont passés entre 2001 et 2002
de 780 à 382 couples, soit une chute voisine de 50% (Alain
Fleury, comm. pers.).

Pour le Héron garde-bœufs, la population reproductrice
recensée au parc ornithologique du Marquenterre est passée
entre 2001 et 2002 de 8-10 couples à 3 (éventuellement 4)
couples, soit une baisse d’au moins 50% : l’impact de la
vague de froid est particulièrement net. Cet impact est
encore plus fort dans le bassin d'Arcachon puisque, selon
Alain Fleury, les effectifs sont passés de 30 à 4 couples, soit
une chute supérieure à 85%.

La question de l’impact de la vague de froid sur les effectifs
reproducteurs de la plaine maritime picarde ne se pose pas
encore pour la Grande Aigrette : sa reproduction n’y a pas
été prouvée jusqu’à présent. Mais les séjours printaniers et
estivaux de quelques individus en plumage nuptial laissent
espérer une installation prochaine.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier Alain Fleury, Xavier Commecy et
Gilbert Terrasse pour les données ornithologiques commu-
niquées ainsi que Patrick Triplet pour les informations
météorologiques mises à notre disposition.

BIBLIOGRAPHIE

GEROUDET P. (1978) - Grands échassiers, Gallinacés et
Râles d’Europe. Delachaux et Niestlé. 429 pages.

YEATMAN-BERTHELOT D. (1991) - Atlas des oiseaux de
France en hiver. Société Ornithologique de France. Paris.
575 p.

HAFNER H. & al. (1999) - Aigrette garzette Egretta garzet-
ta pp 372-373 in ROCAMORA G. & YEATMAN -
BERTHELOT D. (1999) - Oiseaux menacés et a surveiller
en France. Listes rouges et recherche de priorités.
Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société
d’Etudes Ornithologiques de France / Ligue de Protection
des Oiseaux. Paris. 560 p.

Aigrette garzette (Photo : Thierry Tancrez)

IMPLANTATION DE L'ECHASSE BLANCHE Himantopus himantopus

EN PLAINE MARITIME PICARDE
Par Jérôme MOUTON

 

Statut ancien :

Jusque dans un passé récent, l'Echasse blanche était un nicheur
très occasionnel, voire exceptionnel en plaine maritime picarde
(Somme et Pas-de-Calais) (Mayaud, 1946 ; A. Ropars et
J. Hédouin in Milbled, 1977 ; Etienne et al., 1987).

Statut récent :

Depuis une quinzaine d'années, l'espèce montre une nette ten-
dance à s'installer plus durablement. L'année 1989 apparaît
comme une date charnière dans l'évolution de ce phénomène. En
effet, depuis cette année-là, non seulement la reproduction est
devenue pratiquement annuelle (au moins 11 années sur 13),
mais l'effectif nicheur est aussi en nette augmentation (Deloison,
1997 ; Sueur et Triplet, 1999 ; Lengignon et al., 2000 ; Montel et
Sueur, 2000 ; Rigaux, 2000 ; obs. pers). C'est également en 1989
que l'Echasse blanche s'installe durablement dans le département
voisin du Pas-de-Calais, sur des complexes de bassins de décan-
tation de sucreries ou papeteries (Kérautret in Tombal, 1996 ;
Luczak, 2001). Le graphique ci-dessous illustre l'expansion de
l'Echasse blanche mentionnée supra.

25

20 I:I nombre de
couples nicheurs
certains

lnombre de
couples nicheurs
w possibles

Dnombre total de
couples nicheurs
potentiels

O
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

La nidification de l'Echasse blanche en 2001 :

Lengignon et al. ont fait le point sur la nidification de l'Echasse
blanche en plaine maritime picarde pour l'année 2000. Voici le
bilan dont nous disposons pour l'année 2001 :

- marais de Balançon / Merlimont (62) : 1 couple alarme le 16 juin
(M. Guerville). Pas de visite ultérieure,

- marais de Villers-sur-Authie (80) : 1 couple cantonné à partir du 4
juin. Le 14, un oiseau en position de couveur. Sans suite, semble t'il :
le couple abandonne le site à partir du 1erjuillet (J. Mouton, T. Rigaux),
- baie d‘Authie sud (80) : au moins 2 couples cantonnés mais un
seul semble avoir eu des jeunes (T. Rigaux, comm. pers.),

- marais communal du Crotoy (80) : 1 couple éléve 4 jeunes
(T. Rigaux et obs. pers.),

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde

- bassin de chasse du Crotoy: 1 couple élève 4 jeunes (T. Rigaux).
Vers le 10 août, c'est vraisemblablement ce couple avec ses
jeunes volants qui s'est déplacé vers une grande mare située à un
kilomètre à l'est du site (J. Mouton),

- prairies de Boismont et Noyelles-sur-mer (80) : 3 couples au
moins ont élevé des jeunes (A.Canny, comm. pers),

- enfin, dans la seconde quinzaine de mai 2001, je découvre par
hasard, dans un site dont nous ne divulguerons pas la localisation
exacte afin d'éviter d'éventuels dérangements excessifs, une
véritable colonie d'Echasse, forte de 14 à 17 couples l

On atteint donc le chiffre cumulé record de 20 à 23 couples
nicheurs à l'échelle de l'ensemble de la plaine maritime picarde
(62/80). Cet effectif pourrait avoir été dépassé : par exemple, en
baie d'Authie, l'observation de 9 adultes le 9 août (et d'un juvénile)
a la station de lagunage de Fort-Mahon pourrait résulter de l'instal-
lation d'au moins 4 couples dans les polders de la baie d‘Authie
sud, l'effectif de 2 couples nicheurs retenu ici étant un minimum.

Remarques concernant la colonie principale :

L'effectif reproducteur avancé se situe dans une fourchette de 14
a 17 couples et n'est pas davantage précisé car il y avait toujours
une partie des adultes en train de se nourrir sur les mares de
huttes peu profondes des alentours : à aucun moment, il n'a été
possible de comptabiliser le nombre total d'oiseaux présents sur le
site. A cette colonie est associée une petite colonie d'Avocette
Recurvirostra avocetta : 5 couples / 5 nids occupés.

Lors de la seconde visite, dans les tout derniers jours du mois de
mai, au moins 6 à 7 couples d'Echasses sont accompagnés de 2
a 4 poussins chacun, âgés de quelques jours à une semaine.
D'autres couples alarment, ayant sans doute des poussins cachés
dans la végétation. A cette même date, la couvée d'un couple
d'Avocettes est en train d’éclore, tandis que les quatre autres
couples sont encore occupés a couver. Afin de garantir la tran-
quillité du site, et suivant la demande expresse du propriétaire des
lieux, aucune visite n'a été effectuée par la suite.

L'implantation de l'Echasse blanche en plaine maritime picar-
de replacée dans le contexte européen :

L'Echasse blanche n'est nullement considérée comme en
expansion à l'échelle de la globalité de l'Europe, la population
de Méditerranée orientale et de la Mer Noire étant même en
déclin (European Census Council, 2000). La population de
Méditerranée occidentale (Espagne, France, ltalie) est stable.

Toutefois, la modification des milieux aquatiques en Espagne
(assèchement des lagunes saumâtres continentales, culture

Numéro spécial de Mvocette - 2003

 

intensive dans les écosystèmes deltaïques) pourrait entraîner la
remontée d'un contingent non négligeable de reproducteurs vers
la France, où les biotopes favorables ne sont pas encore saturés
(Delaporte et al. 1994). Ainsi, en France, les populations des
marais littoraux atlantiques ont triplé leur importance entre 1980 et
1995 tandis que celles de Méditerranée sont restées stables
(Delaporte et Robreau in Rocamora et Yeatman-Berthelot, 1999).
Selon ces auteurs, ce phénomène laisse supposer une relation
plus étroite avec les colonies espagnoles, dont certaines sont en
déclin numérique. Ce glissement progressif vers le nord le long de
la façade atlantique se traduit principalement par une expansion de
l'espèce au nord de la Loire, en direction des Pays-bas notamment,
via les côtes de la Manche. C'est dans ce contexte d'expansion
géographique récente qu'il faut replacer l'installation de l'Echasse
blanche dans notre région. lllustrant concrètement ce phénomène,
une Echasse baguée à l'état de poussin au Portugal en 1993 est
contrôlée visuellement en mai 1999 à Fort-Mahon (T. Rigaux,
comm. pers.).

Menaces et fragilité de l'implantation :

De par la nature des biotopes qu'elle choisit pour se reproduire,
l'Echasse blanche est particulièrement vulnérable aux variations
des niveaux d'eau ainsi qu'aux dérangements humains et au pié-
tinement causé par la présence de bétail (bovins et chevaux).

En témoignent les aléas rencontrés récemment par une petite
colonie d'Echasses et d'Avocettes installée en 1999 à la station de
lagunage de Fort-Mahon (Rigaux, 2000).

Une autre menace à prendre en compte est l'ouverture précoce de la
chasse aux Limicoles en France. Ainsi, T. Rigaux observe une
Echasse au ventre ensanglanté le 24 juillet 1999 à Fort-Mahon, au
lendemain de l'ouverture de la chasse. Me trouvant un jour en pré-
sence simultanée d'Echasses blanches et d'un chasseur, j'ai entendu
ce dernier les déterminer comme des Chevaliers aboyeurs...

La protection dont bénéficie théoriquement cette espèce est donc
loin d'être intégralement respectée sur le terrain, sans doute plus
par ignorance que par une réelle volonté de destruction.

L'avenir nous dira si l'installation de cette espèce remarquable va
se pérenniser. D'ores et déjà, à l'heure d'écrire ces lignes, nous
avons connaissance d'au moins 12 couples ayant niché avec suc-
cès en 2002 en plaine maritime picarde.

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier, pour les informations de premier ordre qu'ils ont
pu me fournir, Aurélien Canny, Michael Guerville et Thierry Rigaux.

BIBLIOGRAPHIE

Birdlife International / European Bird Census Council (2000) -
European Bird Populations : estimates and trends. Cambridge,
UK : BirdLife International (BirdLife Conservation Series N°10).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numero spécial de Mvocette - 2003

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in YEATMAN-BERTHELOT D. et JARRY G. (1994) - Nouvel Atlas
des Oiseaux Nicheurs de France. Paris, S.O.F., 776p.

DELAPORTE P. et ROBREAU H., Echasse blanche Himantopus
himantopus in ROCAMORA G. et YEATMAN-BERTHELOT D.
(1999) - Oiseaux nicheurs menacés et à surveiller en France.
Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances.
Menaces Conservation. Société d'Etudes Ornithologiques de
France / Ligue pour la Protection des Oiseaux. Paris, 560 p.

DELOISON G. (1997) - Nidification de l'Echasse blanche
Himantopus himantopus en Picardie en 1995. L'Avocette 21 : 20-21 .

ETlENNE P., MOUTON J., ROBERT J-C. et TRIPLET P. (1987) -
Avifaune du Marquenterre (Somme) Picardie Ecologie (Série ll-2) :
27-80.

KERAUTRET L. (Echasse Blanche) in TOMBAL J-C (1996) - Les
Oiseaux de la Région Nord-Pas-de-Calais. Effectifs et distribution
des espèces nicheuses : période 1985-1995. Le Héron 29 : 211.

LENGIGNON A., MONTEL F. et SUEUR F. (2000) - Nidification de
l'Echasse blanche Himantopus himantopus sur la plaine maritime
picarde en 2000. Avifaune picarde, 10 : 121-124.

LUCZAK C. (2001) - Limicoles in Synthèse des observations du
printemps et de l'été 1998. Le Héron 34 (2) : 61-65.

MAYAUD N. (1946) - Commentaires sur l'Ornithologie Française.
2ème supplément. Alauda 15 : 34-38.

MlLBLED T. (1977) - Les Limicoles nicheurs du Nord de la France.
La Sauvagine et sa chasse 161 : 30-34.

MONTEL F. et SUEUR F. (2000) - Avifaune des bassins de décan-
tation de Grand-Laviers (Somme) de 1981 à 1999. Avifaune
picarde 10 : 15-50.

RlGAUX T. (2000) - Reproduction perturbée d'une colonie
d'Avocettes élégantes Recurvirostra avocetta et d'Echasses blan-
ches Himantopus himantopus en baie d'Authie. Propositions pour
une meilleure réussite de la reproduction. L'Avocette, 24 : 19-22.

RlGAUX T. (2000) - Synthèse ornithologique 1999 de la station
d'épuration des eaux usées de Quend et Fort-Mahon, communes
littorales de Picardie (Somme). L'Avocette, 24 : 36-44.

SUEUR F. et TRIPLET P. (1999) - Les oiseaux de la Baie de
Somme et de la plaine maritime picarde. SMACOPI, GOP, 510p.

RYTHME D'ACTIVITÉ DES FAMILLES DE TADORN ES DE BELON

 

Tadorna tadorna SUR DEUX SITES DE LA PLAINE MARITIME PICARDE

Par Elodie RICHARD et Patrick TRIPLET

INTRODUCTION

Le Tadorne de Belon présente cette caractéristique d'élever
ses jeunes sur des zones découvertes, plan d’eau ou
estran, qui sont soumises a l'influence de différentes activi-
tés humaines. Des dérangements sont assez souvent
notés, avec pour conséquences éventuelles la dislocation
des familles et le rattachement de jeunes à d'autres cou-
vées. Si cette conséquence est très visible, une autre l’est
beaucoup moins : les modifications dans les rythmes d'ac-
tivités. Afin d'évaluer celles-ci, nous avons analysé en
première approche le rythme d'activité de familles sur une
zone pratiquement pas dérangée : le Parc Ornithologique
du Marquenterre (Réserve Naturelle de la Baie de Somme).
L’objectif est ensuite de définir ce rythme sur d’autres sites
et d'essayer d'en tirer des enseignements. Les résultats
présentés ici concernent essentiellement notre site témoin,
ainsi que, a titre pratiquement anecdotique, un autre site au
bord de la D940, entre Noyelles-sur-mer et Saint-Valery-
sur-Somme, dans la basse vallée de la Somme. Ils
fournissent une première approche qu’il sera nécessaire
d’approfondir sur une espèce dont l’étude, démarrée il y a
deux décennies (Sueur, 1982), pourrait encore apporter de
nombreux résultats intéressants.

Matériel et méthodes

Les calculs des rythmes d'activité ont été effectués à partir
du suivi sur la journée, a la longue vue (grossissement 25
fois) et aux jumelles (grossissement 10 fois).

Un suivi préliminaire de quelques jours a permis de détermi-
ner les activités de base des membres des couvées,
adaptées des catégories de Hill et Ellis (1983) sur le Fuligule
morillon Aythya fuligula : sommeil et repos, alimentation, toi-
lettage ou activité de confort. Une activité dite de surveillance
a été ajoutée pour les adultes et de nage pour les poussins.
Les couvées présentes dans le parc étaient recensées régu-
lièrement et leur âge déterminé en fonction du plumage et
surtout de la taille des poussins par rapport aux adultes
(Williams, 1974). Sont calculés les rythmes d'activité en pour-
centage du temps total d'observation pour le mâle adulte, la
femelle adulte et l'ensemble des poussins.

L’activité des poussins présentée dans les résultats cor-
respond à la moyenne des rythmes individuels qu'il est
impossible d'étudier séparément, les poussins d'un même
âge ne pouvant être discernés les uns des autres.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Afin de réduire la dispersion des valeurs, les graphiques ont
été tracés avec, en abscisse, des classes d'âge de cinq
jours. Les observations ont été réalisées sur deux étés, du
6 Juillet au 3Août 1995 et du 1er Juillet au 7Août 1996 au
Parc Ornithologique; soit 59 jours d'observation, 397 heures,
18 couvées différentes suivies, 6 h 45 d'observation parjour
en moyenne. En basse vallée de la Somme, les observa-
tions se répartissent du 20 mai 1997 au O4 juillet 1997, soit
22 jours d'observation, 104 heures, une seule couvée avec
13 poussins, 5h12mn d'observation par jour en moyenne.

Résultats

La figure 1 présente les données relatives aux poussins,
aux mâles et aux femelles sur chacun des sites.

poussins RN

100%
90%
80%
70%

60% D nage

50% ltoilette
40% nrepos
30% nAlimentation
20%
10%
0%
0-5 6-10 11- 16- 21- 26- 31- 36- 41- 46- 51- 56+
15 20 25 30 35 40 45 50 55
femelles RN
100%
90%
80%
 nsurveillance
500/: ltoilette
40% nrepcs
30% nalimentation
20%
10%
0%
0-5 6-10 11- 16- 21- 26- 31- 36- 41- 46- 51- 56+
15 20 25 30 35 40 45 50 55
mâles RN
100%
90%
80%
70% nsurveillance
60"/ -
500/: ltoilette
40% nrepos
30% nalimentation
20%
10%
0%
0-5 6-10 11- 16- 21- 26- 31- 36- 41- 46- 51- 56+

15 20 25 30 35 40 45 50 55

poussins BVS

100%

80%

60% D nage

lloilette
nrepos
40% uAlimentation
20%
0%
0-5 6-10 11-15 16-20 21-25 26-30
femelles BVS
100%
80%
600/ nsurveillance
° ltoilette
nrepos
40% nalimentation
20%
0%
0-5 6-10 11-15 16-20 21-25 26-30
mâles BVS
100%
80%
600/ nsurveillance
° ltoilette
40% nrepos
nalimentation
20%
0%

0-5 6-10 11-15 16-20 21-25 26-30

Figure 1 : représentation du rythme d'activité des poussins, des
mâles et des femelles de Tadornes de Belon, au Parc
Ornithologique du Marquenterre (réserve naturelle de la baie de
Somme), page 139, signalés RN et en basse vallée de la Somme,
ci-dessus, signalés BVS.

- Les poussins :

Les changements d'activité sont fréquents et rarement
communs à l'ensemble des membres de la couvée, contrai-
rement aux couvées de Fuligule morillon étudiées par Hill et
Ellis (1984). La comparaison des rythmes d'activités sur
deux périodes fixes de trois heures dans la journée (8h30 à
11h30 et 11h30 à 14h30, heure solaire) a montré qu'il
n'existe pas de différence significative entre les deux pério-
des. Le changement d'horaires et de durée d'observation
d'un jour sur l'autre n'a donc pas provoqué de perte signifi-
cative d'informations.

La figure Poussins RN montre une très grande hétérogénéi-
té des valeurs obtenues en fonction de l'âge des poussins.
Globalement, aucune conclusion statistiquement significati-
ve sur le comportement des oiseaux n'est obtenue par
analyse des rythmes d'activités. Les tendances sont nulles
pour le sommeil et l'alimentation en fonction de l'âge des
oiseaux. Globalement, ces deux activités représentent 80 à
90 % du temps d'observation avec une moyenne d'environ
30 % pour le sommeil et 50 à 60 % pour l'alimentation.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Buxton (1975), cité par Patterson (1982), trouve une
moyenne de 41,7% du temps passé à l'alimentation pour
des poussins de Tadornes de 0 à 10 jours dans l'estuaire de
l'Ythan (Grande-Bretagne) ; les résultats présents donnent
58 % pour la même période.

Chaque pic de diminution du temps moyen d'alimentation
s'accompagne d'une augmentation du temps de sommeil,
les deux activités étant donc inversement liées.

Deux épisodes se distinguent dans l'évolution des rythmes
d'activités ; deux pics apparaissent aux périodes 11-15
jours et 36 à 45 jours avec une baisse du temps d'alimen-
tation et une augmentation du temps de sommeil. L'étude
des valeurs et des notes prises sur le terrain concernant les
conditions climatiques et les événements annexes survenus
lors de l'observation ne permet pas d'identifier le ou les
facteurs responsables de ces variations. Le deuxième pic
s'étale sur deux classes (36-40 et 41-45 jours). ll pourrait
aussi être interprété comme un artefact si plusieurs obser-
vations ne permettaient d'y voir un fait comportemental de
l'espèce. En premier lieu, ce changement du rythme d'activité
intervient sur une période plus longue que le précédent. De
plus, il s'accompagne d'une augmentation significative du
temps relatif de toilettage des couvées (moyennes de toi-
lettage 26-30 j. et 36-40 j. significativement différentes, t de
Student : -2,65 pour 13 ddl).

L'hypothèse la plus probable est l'existence d'un lien causal
entre la modification du rythme d'activité des poussins et
leur envol ; cette période pourrait correspondre à une
phase de préparation à l'envol. L'activité de toilettage aug-
mente en durée ; les restes de duvet sont éliminés, les
plumes en formation sorties de leurs fourreaux et l'ensemble
du plumage nettoyé des morceaux d’épiderme desquamant
et des parasites. Le plumage est lissé et imperméabilisé
grâce aux sécrétions de la glande uropigienne, ce qui, de
plus, limite les frottements lors du vol. Lorsque toutes les
plumes adultes sont opérationnelles , le rythme de toilet-
tage retrouve une valeur correspondant aux premières
classes d'âge (entre 0 et 35 jours). La diminution du temps
d'alimentation et l'augmentation du temps de sommeil
peuvent aussi intervenir dans la préparation à l'envol. Une
hypothèse possible, vérifiée chez d'autres espèces d'oi-
seaux, est la nécessité pour les poussins de perdre une
partie des réserves lipidiques accumulées lors des premières
semaines. Le temps d'alimentation augmente à nouveau
après cette période, avec une moyenne de 68,7 % du
temps total sur les trois dernières classes d'âge observées
(46 â + 56 jours). Cette valeur, très élevée par rapport à la
moyenne globale des adultes (34,4 %) pourrait correspondre
â la création de nouvelles réserves.

En basse vallée de la Somme, il apparaît clairement que la
plus grande partie du temps des poussins est consacrée au
repos avec environ 76 % du temps total, contre environ 16 %
pour l'alimentation, 7% pour la nage et 1% pour la toilette.

- Les adultes :

Comme pour l'activité des poussins, on trouve chez les
adultes une très grande variance dans les données classées
en fonction de l'âge des poussins, empêchant l'obtention de
coefficients de corrélation significativement différents de zéro.
La figure de chaque classe de sexe n'exprime donc qu'une
tendance globale possible de l'évolution des activités des
adultes en fonction de l'âge des poussins. Ces résultats ne
permettent finalement aucune conclusion.

D'après Patterson (1982), après la naissance des poussins,
l'activité du mâle devient totalement dépendante de celle de
la femelle. Cette dernière se nourrissant sur de longues
périodes, le mâle réduit son propre rythme alimentaire au
bénéfice de la surveillance de sa femelle. Au Parc
Ornithologique, le mâle ne s'alimentait pas en même temps
que la femelle. Lorsque celle-ci s’immergeait à demi pour
se nourrir, les poussins étaient surveillés par le mâle.
Lorsque le mâle se nourrissait, les poussins et la femelle se
reposaient et n'étaient pas sur l'eau.

L'activité de sommeil semble constante au cours du temps,
oscillant autour d'une moyenne de 24,8 pour les femelles et
23,6% pour les mâles. La diminution du temps de sommeil
observée dans la classe d'âge des poussins 51-55 jours
n'est pas significative (test t entre 45-50 et 51-55 jours pour
les femelles, t = 1,34 à 3 ddl).

En basse vallée de la Somme, comme chez les poussins,
les rythmes d'activité des mâles et des femelles sont large-
ment dominés par le sommeil.

- Rythme global d'activité :

RN
70,0
60,0
50,0
40,0 nPoussins
lMâle

303 |:|Femelle
20,0
m l—l—l

0,0

repos Alimentation toilette nage/surveillance
BVS

80,0
70,0
60,0
503 E! Poussins
40,0 I Mâle
30,0 E! Femelle
20,0

0,0

repos Alimentation toilette nage/surveillance

Figure 2 : représentation synthétique des différentes activités
pour les trois catégories d'oiseaux étudiées.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette o 2003

La figure 2 résume les différentes activités des trois caté-
gories d'oiseaux pour des poussins âgés de moins de cinq
jours à trente jours, âge d'arrêt d'observation de la couvée
de la basse vallée de la Somme. Le contraste entre ces
données est important, avec un pourcentage de repos très
supérieur chez les oiseaux de la basse vallée que chez
ceux du Parc Ornithologique, et en conséquence, un pour-
centage de temps d'alimentation plus élevé sur ce second
site que sur le premier.

Différentes hypothèses peuvent être émises pour expliquer
cette situation. La première est la couvée unique suivie en
basse vallée, quand 18 l'ont été dans le Parc ornitholo-
gique. La seconde est l'existence de ressources trophiques
plus importantes en basse vallée qu'au Parc Ornithologique
qui permettrait aux oiseaux de s'alimenter rapidement, avec
un minimum d'efforts. Cette hypothèse doit expliquer une
bonne partie des résultats.

En effet, en basse vallée, sur la mare étudiée, les densités
de Chironomes, consommés par les poussins de tadornes
(obs. pers), sont comprises entre 10 000 et 36 000 au m2,
tandis qu'au parc ornithologique, elles n'atteignent que
4 000 individus/m? Une étude précise de la consommation
des différents types de proies serait souhaitable pour confir-
mer cette hypothèse, ce qui requiert des techniques de
prises de données très difficiles à mettre en œuvre.

Une seconde hypothèse peut provenir de la localisation de
la mare de la basse vallée. Les observations, conduites aux
mêmes heures que dans le parc ornithologique, montrent
que les oiseaux ne fréquentent pas la partie de la mare la
plus proche de la D 940. De plus, on ne peut exclure que la
possibilité d'être dérangés sur cette mare pendant la jour-
née conduise les oiseaux à s'alimenter de préférence au
cours des heures de moindre présence humaine aux
abords de la mare et de moindre importance du passage de
véhicules et du bruit occasionné. Le Tadorne de Belon figure
en effet, en baie de Somme, parmi les espèces les plus
vulnérables aux dérangements, avec cependant quelques
nuances (Triplet et al., 2001).

t“.
_,  
.v.'ä
z... .31

ä

CONCLUSION

ll aura fallu un nombre énorme d'heures d'observations de
terrain pour aboutir à des résultats limités. Si l'évolution du
rythme d'activité en fonction de l'âge des poussins semble
peu prometteur, l'analyse du rythme d'alimentation global,
sur une longue période, pourrait apporter des éléments
capables de nous éclairer sur un certain nombre de com-
portements des oiseaux et sur leurs exigences écologiques.
Facile à observer, le Tadorne de Belon pourrait ainsi consti-
tuer un bon indicateur du fonctionnement des zones
humides, et pourrait peut-être servir de “baromètre" déran-
gements au cours de la période de reproduction.

BIBLIOGRAPHIE

HILL D.A., ELLlS N. (1984) - Survival and age related
changes in foraging behaviour and time budget of Tufted
Ducklings Aythya fuligula. Ibis 126 : 544-550.

PATTERSON l.J. (1982) - The Shelduck : a study in behaviou-
ral ecology. Cambridge University Press (267p.).

SUEUR F. (1982) - Le Tadorne de Belon, Tadorna tadorna
sur le littoral de la Manche. Le Héron 4 : 51-68.

TRIPLET P., SUEUR F., URBAN M. (2001) - Distance
d'envol de quelques espèces d'oiseaux d'eau hivernant en
baie de Somme. Alauda 63 : 457-458.

WILLIAMS M. (1974) - Creching behaviour ofthe Shelduck
Tadorna tadorna L. Omis Scand. 5 : 131-143.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

LE PHOQUE VEAU-MARIN Phoca vitulina EN BAIE DE SOMME

Concilier sa conservation et le développement
des activités récréatives : un défi à relever

 

Par Philippe THIERY, Alain WILLIAM et Jérémy KISZKA

INTRODUCTION

Le Phoque veau-marin Phoca vitulina est un pinnipède de
l'hémisphère Nord vivant entre 30°et 80° de latitude. La
population mondiale se répartie en cinq sous-espèces dont
une population est-atlantique (P. v. vitulina) qui se répartit
dans les eaux comprises entre l'lslande, le Royaume-Uni,
la France, la mer de Wadden, la mer Baltique et la mer de
Barents.

Au cours des deux derniers siècles, les colonies européen-
nes ont connu de grosses variations démographiques. Entre
le XlXe et le milieu du XXe siècle, les populations se sont
effondrées du fait d'une trop forte pression cynégétique
(Reijnders, 1981, 1987 ; Steman & Helle, 1987). Acette pre-
mière cause de déclin s'est rajouté le développement de la
pollution des milieux côtiers et des activités anthropiques.
L'ensemble a contribué à faire disparaître certaines colo-
nies d’Europe (Reijnders, 1985 ; Duguy, 1987). Selon les
pays, la chasse aux phoques fut interdite entre les années
soixante et soixante dix. Des plans de conservation furent
développés par certains d'entre eux. Les populations
étaient en cours de reconstitution lorsqu'en 1988 une épi-
zootie virale liée a un Morbilivirus (Osterhaus & Vedder,
1988) provoqua la perte de 60 % des effectifs européens
(Dietz et al., 1989). Les estimations récentes des effectifs
évaluent la population Est-atlantique a 72 000 individus (De
Jong et al., 1997). L’épizootie de 2002 a conduit à la décou-
verte de 21.000 cadavres (Reineking, 2002).

Dans la Communauté Européenne, la vulnérabilité du
Phoque veau-marin en fait une espèce inventoriée a
l’Annexe ll de la Directive "Habitats-Faune-Flore" (92/43/
CEE) relative a la conservation des habitats naturels ainsi
que de la faune et de la flore sauvages. Le Phoque veau-
marin est par conséquent une espèce pour laquelle les
états membres sont tenus de désigner des Zones
Spéciales de Conservation.

En France, la population estimée au milieu du XlXe
siècle à plus d'une centaine d'individus (Labitte, i,

1848) a cessé de se reproduire vers 1930 et n'était 
plus considérée comme sédentaire vers 1960 

(Duguy, 1987). Une population reproductrice de
l'espèce s'est reconstituée depuis les années 1990
(Thiery et al, 2002). Les trois colonies qui produisent
des jeunes sont celles de la baie du Mont-Saint-
Michel, de la baie des Veys, et de la baie de
Somme (figure 1).

 
   
  
   

baie de Somme

baie des Veys

h aie d u
Mont-S aint-Miche!

  

Figure 1 : localisation des trois colonies reproductrices de Phoque
veau-marin (Phoca vitulina) sur les côtes françaises. La baie de
Somme et la baie des Veys bénéficient de Réserves Naturelles.

Actuellement, 85 % de la population reproductrice utilisent
des reposoirs situés dans des Réserves Naturelles. La colo-
nie de la baie de Somme accueille 60 % de cette population
(figure 2).

100% a
30% 13
gmmæifl
60% ‘a Il
a
a5
40%
mm
0%

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

 

I Baie de Somme I Baie des Veys El Baie du mont St Michel

Figure 2 : proportions et effectifs des trois colonies reproductrices
de Phoque veau-marin sur les côtes de France entre 1989 et 2001.
(Sources : Groupe Mammalogique Normand et Picardie Nature).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Les Phoques veaux-marins sortent de l'eau plusieurs heures
parjour. lls en ont besoin au cours de plusieurs séquences
biologiques vitales. Pour muer (Thompson & Rothery,
1987), pour le repos et le sommeil (Da Silva & Terhune,
1988), pour leur thermorégulation (Watts, 1992), pour les
interactions sociales (Krieber & Barrette, 1984 ; Godsell,
1988.) pour mettre bas puis allaiter (Ronald & Thomson,
1981). En effet, les jeunes naissent et sont allaités hors de
l'eau. Leur développement avant sevrage nécessite un
apport énergétique important. Durant cette période, ils sont
très sensibles aux dérangements, au point que les déran-
gements ont été identifiés comme étant d'importants
facteurs de risques pour l'espèce (Allen, 1984 ; Brasseur et
al., 1996 ; Reijnders, 1997).

Notre zone d'étude est la baie de Somme (50° N, 01° E). En
période estivale, cet estuaire macrotidal connaît une très
forte attraction touristique qui multiplie la population rési-
dente par un facteur supérieur à 10 entre l'hiver et l'été
(figure 3) (Thiery, 1996). Mais cette période coi'ncide, pour
les Phoques veaux-marins, avec la période de mise bas,
d'allaitement, de mue et d'accouplements (Thompson,
1986 ; Reijnders, 1989). En 1989, une étude menée en pério-
de de reproduction a montré que les phoques subissaient
d'importantes perturbations sur les bancs de sables utilisés
comme lieux de repos (De Heij, 1989). Pour les prévenir
ou les réduire, l'association Picardie Nature a développé
depuis 1990 une surveillance de la colonie de phoques en
période de mise-bas et a organisé des actions de sensi-
bilisation du public. Ce programme d'action a été
ultérieurement intégré au plan de gestion 1996-2000 de la
Réserve Naturelle de la baie de Somme, créée en 1994.

Le présent article a comme objectif de dresser un bilan des
actions de suivi et de surveillance de la colonie conduites
depuis 1990 afin de comprendre ce qui a permis ou limité
l'efficacité des mesures mises en œuvre, ceci dans la per-
spective d'adaptations éventuelles à leur apporter. Après un
regard sur l'évolution de la fréquentation touristique estivale
en baie de Somme et son développement à venir, nous pré-
senterons quelques éléments concernant l'utilisation des
zones de repos des phoques. Puis nous aborderons quelques
aspects quantitatifs et qualitatifs de la pression humaine qui
s'exerce sur la colonie en période estivale. lls seront présen-
tés par le biais des éléments obtenus dans le cadre d'une
action de protection destinée à réduire l'impact des activités
humaines sur la colonie de phoques. Les éléments d'évalua-
tion retenus sont la pression humaine risquant de perturber les
phoques sur leur reposoir, la prévention effectuée par les
bénévoles, les dérangements constatés en cours de saison et
la réussite de l'élevage des jeunes phoques. La discussion
portera sur l'intérêt et les limites de ces actions et sur des
recommandations pour un futur plan de conservation.

Nombre d'habitants
0 50 000 100 000 150 000 200 000

F°"'Ma“°" ä“ 000

Quend-Plage   40 000

Le Crotoy 3 300 2o 000

St Naléy-sur-Somme 2 40235 000

2 400
Cayeux-sur-mer b‘ 30 000

Ail" 1 80% ooo

Me” 3 30% ooo

ma‘ 14 800 175 ooo

I Population sédentaire El Population estivale

Figure 3 : estimation de la population permanente et de la popu-
lation estivale des stations balnéaires de la Côte Picarde d'après
une étude de la DDE réalisée en 1989 (in Thiery et a/.,1996).

l - Matériel et méthodes.

Développement du tourisme estival sur la côte picarde
Nous avons utilisé comme indicateur de l'évolution de la
pression touristique sur la baie de Somme les données du
Réseau d'informations Economiques du Tourisme pour les
années 1996 à 2001. Ce réseau est animé par le Comité du
Tourisme de la Somme. Les informations concernent la fré-
quentation de l'hôtellerie et de l'hôtellerie de plein air sur la
côte picarde. L'observation porte sur un panel de structures
d'accueil représentant, selon les années, entre 23 % et
50 % de la capacité d'accueil et des emplacements de la
côte picarde. L'indicateur retenu pour mesurer l'évolution
de la fréquentation touristique, source potentielle de déran-
gements, est le nombre de nuitées et emplacements
constatés au sein de ce panel l'année N divisé par le nom-
bre correspondant pour l'année 1996.

Effectifs de phoques et utilisation des zones de repos
Depuis novembre 1986, les phoques veaux-marins de la
baie de Somme font l'objet de dénombrements décadaires
effectués sur les bancs de sable à marée basse.

En juillet et août des années 1990 a 2001, des équipes de 6
à 8 bénévoles coordonnées par un responsable se répar-
tissent dans l'estuaire. Selon les conditions météorologiques
et les horaires de marée, une équipe contrôle les chenaux
avec un bateau pneumatique. Cette équipe intervient deux
heures après l'heure de marée haute jusqu'à trois heures
après la marée basse, soit pendant 7 à 8 h. Les deux à trois
autres équipes contrôlent l'estran 3 heures après la marée
haute jusque 2 heures après la marée basse, soit pendant 5
heures. A partir de 1995, il a été possible d'étendre la pério-
de de suivi des phoques : une équipe restreinte à deux ou
quatre observateurs ont pu effectuer des recherches de
femelles gestantes en juin et contrôler les individus sur les
reposoirs en septembre.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numero spécial de Mvocette - 2003

Le tableau 1 établit le bilan horaire de la pression de contrôle
de l'estuaire pendant ces périodes. Durant ces contrôles,
les reposoirs sont localisés, les phoques sont dénombrés,
les couples mère-petit sont repérés.

1991 1992 1995 1996 Moyenne

Nombre
de journées . 73

de conlrôle
Nombre

de mxrées
basses
eonlrolées

Nombre
d'heures

de conlrôle
de l'estuaire

Nombre
d'heures

de cnnlrôles
lcrrcslres

Nombre
d'heures
de conlrôle
zodiac
Nombre
d'heures
cumulées
parles
snrveillnnts

 

Tableau 1 : total annuel du nombre d'heures de contrôle des
reposoirs des phoques de la baie de Somme de 1990 à 2001.

Pression humaine et dérangements des phoques

Les dérangements sont les évènements qui perturbent le
comportement des phoques. Nous ne traiterons ici que des
dérangements qui perturbent les phoques lorsqu'ils sont au
repos sur les bancs de sable. lls sont caractérisés par une
mise en éveil brutale des animaux, suivi par un déplacement
avec mise à l'eau du groupe ou partie du groupe.

La prévention des dérangements est effectuée en juillet et
août sous forme de sensibilisation des usagers de l'estuaire
qui s'approchent des zones sensibles, c'est à dire à moins de
300 m des zones de repos des phoques. En effet, en deçà
de cette distance, des perturbations sont constatées sur les
comportements des phoques (Allen et al., 1984).

La configuration des chenaux de l'estuaire étant en perpé-
tuel mouvement, les reposoirs des phoques ont des
situations évoluant dans le temps (Thiery et al., 1995). Dès
lors, l'organisation spatiale du dispositif de surveillance doit
aussi s'adapter. La figure 4 est un exemple d'organisation
de la surveillance adaptée à une localisation donnée des
divers groupes de phoques et à la dispersion des usagers
de l'estuaire.

Naissances et devenir des jeunes phoques

La forte pression de contrôle de l'estuaire permet le suivi
des femelles en gestation et des couples mère-petit. Si un
petit semble avoir été séparé de sa mère, des recherches
spécifiques peuvent êtres organisées. Le garde de la
Réserve Naturelle, les surveillants de plages, le club de
kayak, les baliseurs, les gendarmes, sont régulièrement
informés de l’évolution des naissances au sein de la colonie.
Tous contribuent à un réseau d'alerte en cas d’échouage
d'un jeune.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Slalion balnéaire
al flarkinfl de Plan‘:

phage Aclivilès na ulnucs

et de plages

Survoillanls pbuclws
4 Zanc de «:995
' ltdeænues

n’! bancs de sable

_ Chenal u: de drainage
. ctdc naviaalion

Figure 4 : exemple d'organisation logistique d'une "Surveillance
estivale” de la colonie de phoques en baie de Somme. Localisation
des groupes de phoques, dispersion des usagers de l'estuaire et
disposition des surveillants.

L'équilibre arithmétique entre le nombre de femelles
gestantes et le nombre de naissances observées (Thiery et
al., -sous presse-) et le suivi chronologique des femel-
les gestantes puis des couples “mère-petit" (Thiery et al.,
1997 ; Picardie Nature, données inédites) nous permettent
de penser qu'en terme de naissances et d’échouage de
jeunes, nos données sont représentatives de la réalité au
sein de la colonie.

Il - Résultats.

Développement du tourisme estival sur la côte picarde
Entre 1996 et 2000, pour le mois de juin, le nombre de
nuitées d'hôtels a doublé. Pour les mêmes périodes, ce
développement numérique est de 1,6 pour le mois dejuillet,
de 1,52 pour le mois d'août, de 2,17 pour le mois de
septembre. Entre 1996 et 2001, le développement numé-
rique des emplacements de camping est pour le mois de
juin de 2,48, pour le mois de juillet de 1,5, pour le mois
d'août de 1,21, pour le mois de septembre de 3,37. Hormis
pour l'activité de camping du mois d'août (R2=0,26), les
augmentations enregistrées sont significatives (R2>0,8) et
permettent de proposer un scénario évolutif par le simple
prolongement de la croissance linéaire observée.

Il ne s'agit certes que d'une hypothèse d'évolution visant
surtout à souligner le fait que la croissance de la fréquenta-
tion devrait être au rendez-vous.

 

1 ———-o
199e 1997 199e 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 200e

o Juin |:| Juillet A Août
o Septembre ——— Linéaire (Septembre) - - - - --Linéaire (Juin)
— - Linéaire (Juillet) Linéaire (Août)

 

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

<> Juin i:i Juillet

A Août o Septembre
——— Linéaire Se tembre) ---- --Linéaire Juin
— - Linéaire Jui let) Linéaire Août

Figure 5 : évaluation et projection pour les cinq prochaines
années de l'augmentation numérique de la fréquentation de l'hô-
tellerie et de des campings sur la côte picarde (daprès les
données du site Côte Picarde du Réseau d‘|nformations
Economiques du Tourisme (Comité du Tourisme de la Somme)
pour les années 1996 a 2001).

Effectifs de phoques et utilisation des zones de repos
Toutes les zones de repos hors de l'eau ne sont utilisées
qu’a marée descendante, marée basse et en début de
marée montante. Les phoques n’utilisent donc pas de zone
de repos hors de l’eau au cours de la marée haute.

Entre 1989 et 2001, le nombre moyen des reposoirs
annuellement fréquentés est de 10 (i 5). Le nombre mini-
mal de reposoir fréquenté est de 3 en 1992 et le nombre
maximal est de 19 en 1994. La variabilité inter annuelle
peut donc être importante. Ainsi, entre 1993 et 1994, douze
nouveaux reposoirs ont été fréquentés (figure 6). Les
valeurs intra annuelles montrent qu’il existe une variabilité
saisonnière du nombre total de reposoirs utilisés mensuel-
lement et que le nombre de reposoirs utilisés est plus grand
en période estivale que durant les autres saisons. La figure
7 montre ces variations saisonnières du nombre de repo-
soirs utilisés pour les années 1998 et 1999.

Les effectifs de phoques fréquentant les bancs de sable
sont sujet à des variations saisonnières (figure 8). C’est au
cours de l’été que les effectifs maxima de l’année sont
dénombrés. Sur les quatorze années de suivi, ces maxima
ont été observés au cours d’une à trois journées situées
entre la troisième décade de juillet et la première décade de
septembre (n=1 pour cette décade). C’est au cours des
deuxièmes et troisièmes décades d’août que les maxima
ont été le plus souvent observés (n=6).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

 

20
18
16
14
12
10

Un

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

OlQ-PŒED

Figure 6 : nombre de reposoirs utilisés à marée basse par les
Phoques veaux-marins en baie de Somme entre 1989 et 2001.

.......lillillli.ii

S \\‘\‘\"\\‘\‘\'\‘\‘\“\\'\nl0
326,9- 9992009oecgogvflodgsgäooèoæ

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E1!!! I199!

Nombre de reposoirs
A .5 .5 .5 —l
8L d} ce D N h- däv Ü

Figure 7 : exemple de variation saisonnière du nombre total mensuel

     

de reposoirs utilisés en baie de Somme par les Phoques veaux-
marins au cours des marées basses des années 1998 et 1999.

ŒŒHIOJ
G555

Numbers of seals i decad
—s m m 4:.
c: o o c: o

1985
1985
198?
1988
1988
1989
1990
1991
1991
1992
1993
1993
1994
1995
1998
1996
199?
1998
1999
1999

Figure 8 : évolution des effectifs dénombrés par décade sur les
bancs de sables de la baie de Somme entre novembre 1986 et
décembre 2000. La courbe est une moyenne mobile sur 3 décades.

Pression humaine et dérangements des phoques

En juillet et août des années 1991 à 2001, 1486 interférences
humaines en zones sensibles pour les phoques ont été
enregistrées, soit une moyenne de 135 par saison.

La variabilité inter annuelle est importante (figure 9). Ces
arrivées de personnes en zone sensible ont engendré 980
interventions de la part des équipes de surveillance, soit
une moyenne annuelle de 89. On constate également que
la variabilité inter annuelle des interventions requises est
aussi importante pour les mêmes années.

250 90%
30%
20° 70%
50%

150
50%
40%

100
30%
50 20%
10%

0 0%

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

lîlPenetrations humaines en zones sensibles

îlnterventions
—A—Pourcentages d'interventions par rapport aux pénétrations humaines

Figure 9 : dénombrement annuel des personnes ou groupes de
personnes pénétrant dans un périmètre de moins 300 mètres
autour des reposoirs des phoques de la baie de Somme en juillet et
août (années 1991 à 2001). Nombre d’interventions pédagogiques
orientées vers ces personnes et effectuées par les écovolontaires.
Ratio d’intervention par rapport aux pénétrations humaines.

Les interventions des surveillants sont relativement propor-
tionnelles aux pénétrations humaines en zones sensibles.
Le pourcentage de personnes sensibilisés sur la totalité de
celles qui risquent de déranger les phoques est en moyenne
61 % (i 16 %). La figure 9 présente le nombre de pénétra-
tions humaines en secteurs sensibles pour les phoques et le
nombre d’interventions de sensibilisation réalisées par les
écovolontaires au cours de la période 1991-2001. Le ratio de
ces deux éléments exprime le pourcentage de personnes
sensibilisées sur la totalité de celles qui risquent de déranger
les phoques.

Le nombre total de mises à l'eau de phoques ou groupes
de phoques a été de 507, soit une moyenne annuelle de 48.
Les écarts inter annuels (écart-type : 8) sont donc faibles au
regard des variations inter annuelles de la pression humaine.
Le pourcentage de dérangements par rapport aux pénétra-
tions humaines en zones sensibles est en moyenne de
39% i 17%. La figure 10 montre l’évolution inter annuelle
des dérangements de phoques comparés aux pénétrations
humaines autour des reposoirs. Le ratio de ces deux élé-
ments permet d’apprécier l’impact de la sensibilisation
effectuée par les écovolontaires. Ce pourcentage n’est
jamais descendu en deçà de 20%. La sensibilisation
contient près de 60 % des activités humaines pouvant être
délétères aux phoques. L’analyse de ces activités permettra
de mieux comprendre les limites de la sensibilisation appor-
tée sur le terrain.

Nous avons distingué 21 origines de mise à l’eau des
phoques. Parmi celles-ci, 22 % consistaient en des activités
terrestres, 55 % en des activités nautiques, et 18 % en des
activités aériennes. Entre 1990 et 2001, les six premières
causes de mise à l’eau des phoques sont la plaisance à
moteur (18,64 %, n = 99), la plaisance à voile (18,08 %,
n = 96), les promeneurs (11,49 %, n = 61), les kayaks
(8,10 %, n = 43), les avions de tourisme (7,72 %, n = 41) et
les avions de chasse (6,21 %, n = 33).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Les autres facteurs représentent moins de 5 % de l'ensemble
des causes de mise à l’eau. lls sont aléatoires et ces activités
ne peuvent être considérées aujourd’hui comme de véritables
menaces.

250 70%
60%

200
50%
15° 40%
100 30%
20%

50
10%

0 0%

1991 1992 19931994 1995 19961997 19981999 2000 2001

lîlPénetrations humaines en zones sensibles
lîl Dérangements
—o—Pourcentage de dérangement par rapport aux pénétrations humaines

Figure 10 : évolution de la proportion des dérangements des
phoques de la baie de Somme comparés aux pénétrations humai-
nes dans le périmètre rapproché des reposoirs durant les mois de
juillet et août des années 1991 à 2001. Ratio de dérangements
par rapport aux pénétrations humaines en zones sensibles.

L’existence des activités aériennes et de certaines activités
nautiques explique la fraction de pénétrations humaines en
secteur de repos des phoques pour lesquelles des inter-
ventions de sensibilisation sont impossibles.

La comparaison inter annuelle des principales causes de
dérangements présentée à la figure 11 montre des varia-
tions dans leur occurrence. Nous attribuons les régressions
qui ont suivi les pics de dérangements liés à la plaisance à
moteur et à voile à un effort de sensibilisation exercé pré-
ventivement dans les clubs nautiques. Le même effort a été
accompli avec le club de kayak de Saint-Valery-sur-Somme
et à permis d’être efficace sur les sorties de groupes. Les
dérangements liés aux kayakistes sont maintenant le plus

souvent le fait de pratiquants indépendants.
20

Moy. mobile
sur 2 per.
(Plaisance a
moteur)

18

16

î Moy. mobile
sur 2 per.

(Promeneurs)

14
12

10 - - - Moy. mobile

sur 2 per.
(Kayak)

à - Moy. mobile
sur 2 per.
(Avions
tourismes)

 

GÏQ-P

Moy. mobile
sur 2 per.
(Avions
Militaires)
Figure 11 : évolution des dérangements des phoques de la baie
de Somme, parmi les cinq premières sources de dérangements

identifiées, entre 1991 et 2001.

Naissances et devenir des jeunes phoques

Ce n'est qu'a partir de 1992 que des couples mères-jeunes
sont observés durant toute la période d'allaitement en baie
de Somme. Depuis cette date, 59 naissances ont été cons-
tatées. Parmi les jeunes nés en baie de Somme, seuls 33
ont survécu jusqu'au sevrage, soit 56 % d'entre eux. Les
autres ont été retrouvés échoués vivants sur une plage
(34% ; n = 20), sont morts après naissance (5 % ; n = 3),
sont nés prématurément et non viables (3 % ; n = 2) ou ont
disparu après naissance (2 % ; n = 1). La figure 12 montre
le nombre de Phoques veaux-marins nouveau-nés observés
annuellement en baie de Somme et le devenir des jeunes
jusqu'au sevrage, pour la période 1992-2001.

Nombre dejeunes

 

992 993 994 995 1996 99T 998 999 2000 200

IMort ne prématurément
IDlsparus

nEchoués morts
Echoués vivants
ElSevrage naturel

Figure 12 : évolution inter annuelle du nombre de naissances de
Phoques veaux-marins observés en baie de Somme et évolution
de leur devenirjusqu'au sevrage pour la période 1992-2001.

lll - Discussion.

Développement du tourisme estival sur la côte picarde
La baie de Somme connaît une très forte affluence humaine
durant les mois de juillet et août. Les indicateurs que sont la
fréquentation des hôtels et des campings nous montrent
que cette pression estivale augmentera probablement dans
des proportions importantes les années à venir.
L'augmentation de cette fréquentation risque de se traduire
par un développement des activités récréatives utilisant
l'espace estuarien. C'est au développement du tourisme
d'arrière saison qu'il conviendrait d’accorder la plus grande
attention. En effet, c'est en septembre que l’augmentation de
la population résidente est la plus fortement marquée alors
que cette période est particulièrement critique pour les
femelles qui ont élevé des jeunes. Elles ont besoin de repren-
dre du poids, donc de dépenser le moins d'énergie possible.
Elles vont être de nouveau fécondables. Il faut donc permettre
que les accouplements se fassent sans perturbations.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Effectifs de phoques et utilisation des zones de repos
La forte pression d'observation liée à la présence quotidienne
de plusieurs observateurs permet d'apprécier à sa plus
juste valeur la population de phoques utilisant les bancs de
sable de l’estuaire comme zone de repos. Au cours de la
dernière décennie (1989-2001), la population française du
Phoque veau-marin a multiplié son effectif par 5 (Elder et al.,
2002). Ce développement numérique n'est pas équivalent
au sein des trois colonies reproductrices. Ainsi le nombre
de phoques observés dans la colonie de la baie de Somme
a augmenté de huit fois alors que celui des colonies de la
baie des Veys et de la baie du Mont-Saint-Michel s'est
respectivement multiplié par 5 et 2 (figure 13). Avec 60 %
des effectifs reproducteurs du pays en 2001, la colonie de
la baie de Somme tient une place prépondérante pour la
maintien de cette espèce en France. Rappelons que l'arrêté
ministériel du 9 juillet 1999 (J. O. du 28 / 08/ 1999) cite le
Phoque veau-marin parmi les espèces menacées de notre
territoire.

9,00
5,00
7,00
6,00
5,00
4,00
3,00

2,00

 

1,00
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Années

- - - baie du Mont-Saint-Michel

baie de Somme — —baie des Veys

Figure 13 : développement numérique de la population de
phoques au sein des colonies de la baie de Somme, de la baie
des Veys, de la baie du Mont-Saint-Michel. Les maxima annuels
sont comparés au maxima respectifs de l'année 1989. D'après
Elder et al. (sous presse).

Chez le Phoque veau-marin, le comportement de sortie de
l'eau peut être influencé par des facteurs environnementaux
comme les conditions météorologiques (Pauli & Terhune,
1987 a), les marées (Pauli & Terhune, 1987 b), les déran-
gements (Allen et al., 1984 ; Krieber & Barrette, 1984 ;
Terhune, 1985). Le statut biologique des individus comme
l'âge, le sexe, le statut maternel ou reproducteur des mâles
peuvent modifier la fréquentation des zones de repos hors
de l'eau (Godsell, 1988 ; Walker & Bowen, 1993 ;
Thompson & Rothery, 1987 Thompson, 1989 ; Thompson
et al., 1989). Ces repos sont nécessaires tout au long de
l'année et les privations de repos hors de l'eau affectent les
phoques (Brasseur et al., 1996). Chez les adultes, le repos
est particulièrement important pendant la période de repro-
duction et de mue (Reijnders et al., 1997), période durant
laquelle les phoques ne s'alimentent pas (Renouf &
Noseworthy, 1991).

En baie de Somme, les phoques n'utilisent pas de reposoir
de marée haute. En baie des Veys, plusieurs zones de
repos sur le schorre (appelé localement mollières, prés-
salé ou herbu) sont utilisées à marée haute. Leur durée
d'utilisation est en moyenne de 5 h 37 et elles sont utilisées
pour l'élevage des jeunes (Michaud & Elder, 2001). En baie
du Mont-Saint-Michel, 34 % des observations de phoques
réalisées a marée haute concernent des phoques émergés.
Jusqu'à cinq reposoirs situés sur des bras d'eau pénétrant
dans le schorre peuvent être utilisés simultanément par 1 à
6 phoques (Lapeyre, 1997; Chabredier et al., 1997 ; Beigue
& Froissart, 2000). ll serait intéressant de comprendre le
particularisme comportemental des phoques de la baie de
Somme. Est-il lié aux caractéristiques physiques de l'estuaire
picard ou à des facteurs humains ?

Pression humaine et dérangements des phoques

C'est au cours des mois de juillet et août que le nombre de
phoques fréquentant les zones de repos est le plus grand
et que le nombre de reposoirs utilisés est le plus élevé. La
prévention des dérangements est d'autant plus difficile à
organiser qu'il y a un nombre important de zones à contrôler.
Entre 1991 et 2001, les risques de dérangement des
phoques par des personnes s'approchant à moins de 300
mètres des reposoirs a varié entre 73 et 221 fois par saison
(juillet, août). Les écovolontaires ont en moyenne sensibili-
sé 61 % des personnes ou groupes de personnes. Pour les
mêmes périodes, le nombre de dérangements constatés
sous forme de mise à l'eau de tout ou partie des groupes
de phoques est compris entre 35 et 61. Si la sensibilisation
de terrain limite de façon incontestable les dérangements et
parait donc nécessaire, on en perçoit aussi les limites.
L'identification de ces limites est nécessaire pour adapter
les stratégies de conservation.

Dans la plupart des cas, les personnes responsables des
mises à l'eau des phoques n'ont pas été contactées par les
surveillants. En effet, très rares sont celles qui restent insen-
sibles aux arguments présentés lorsque le dialogue peut
s'établir. Certaines activités ne peuvent faire l'objet d'inter-
ventions sur le terrain. C'est le cas des activités aériennes
qui représentaient 22 % (n = 113) des sources de dérange-
ments entre 1991 et 2001. Pour ces types d'activités, seules
des actions de sensibilisation effectuées dans les aéroclubs
ou les services administratifs concernés peuvent être efficaces
pendant quelque temps. Pour certaines activités nautiques
comme le kayak ou le jet-ski, l'impossibilité de contact est
liée à l'impossibilité de se déplacer en zodiac dans une trop
faible hauteur d'eau et/ou à une vitesse suffisante.

Pour certaines activités, le nombre annuel de dérange-
ments est inférieur à cinq mises à l'eau par saison
touristique. Il n'est pas toujours facile d'argumenter auprès
des pratiquants ou des représentants associatifs la nécessité
d'une conduite adaptée à la sensibilité des phoques.

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

Si l'activité est fédérée, l'organisation d'une sortie de décou-
verte de la colonie permet d'échanger des informations
constructives pour les encadrants comme pour les naturalistes.
Pour plusieurs activités de plein air comme le kayak, l'équi-
tation, la navigation à moteur, et plus récemment le jet ski,
l'activité offre la possibilité de se déplacer aisément dans
l'estuaire. Dans la plupart des cas, les pratiquants expriment
clairement que leur première motivation est de voir les
phoques. Dans des colonies outre atlantiques subissant de
fortes perturbations liées à l'accroissement des activités
récréatives, la mise en place de programmes de sensibilisa-
tion accompagnés d'une présence d'éco-volontaires a
permis la réduction des dérangements liés à ces activités
(Mortenson et al., 2000). En baie de Somme, la sensibilisa-
tion des usagers de la plaisance à moteur pratiquant la
pêche à la ligne ou au trémail a également produit des
effets positifs significatifs (Thiery et al., 1997). Les effets sur
les kayakistes semblent inexistants dans les résultats
présentés. Mais ce n'est qu'une apparence. En réalité, les
dérangements créés par des groupes de kayakistes issus
d'un club ont nettement diminué alors que ceux créés par
des kayakistes indépendants se sont développés. Avec les
clubs, il a été possible de proposer soit un passage des
kayaks à proximité de la berge opposée de celle des
phoques, soit un arrêt à distance des phoques pour les
observer avec des longues-vues et recevoir des informa-
tions sur la colonie. Ces options pédagogiques se
transforment alors en plus-values pour la sortie : les
clubs peuvent y trouver un intérêt. Les interventions avec
les kayakistes indépendants sont moins aisées. lls peuvent
en particulier se déplacer à marée basse alors que le
zodiac est immobilisé à cause de la faible profondeur d'eau
dans les chenaux. L'article 5 du règlement de la Réserve
Naturelle précise qu'il est interdit de troubler ou de déranger
les animaux par quelque moyen que ce soit. Dans la pratique,
la plupart des dérangements sont liés à un manque d'infor-
mation sur la sensibilité des phoques à l'approche de
l'homme ainsi qu'à l'impact des mises à l'eau. L'éducation
est donc un outil indispensable pour que la réglementation
soit comprise, acceptée et respectée et pour qu'elle ait un
réel impact (Lelli & Harris, 2001).

Naissances et devenir des jeunes phoques

Rappelons que la reproduction n'avait pas été décrite en
baie de Somme depuis 1930 (Duguy, 1987). Dans la période
contemporaine, un jeune à été photographié en 1987
(Thiery, inédit), une autre naissance est probable en 1988
(Etienne et al., 1989). Une femelle gestante est observée
en 1989 (De Boer, com. pers.). Une femelle gestante est
photographiée en 1991 (Thiery, inédit). Depuis 1992, les
observations régulières de couples mère-jeune permettent
d'attribuer le statut de colonie de reproduction au groupe de
phoques de la baie de Somme.

En 2001, les naissances produites en baie de Somme
représentent 65 % des naissances observées sur les côtes
françaises.

Chez les Phoques veau-marins, les naissances ont lieu
entre la mi-juin et la mi-août. Durant les premiers jours, les
jeunes sont très vulnérables. Ils doivent impérativement
pouvoir rester de longues périodes “hors de l'eau" pour
s'alimenter et se reposer. Selon les conditions météorolo-
giques et de marée, leur mise a l'eau accidentelle peut leur
être fatale. Au-delà d'une distance de 12 mètres, une mère
ne retrouvera plus son jeune entre les vagues (Renouf,
1984). Durant les trois premières semaines de la vie, le
cœur des phoques n'est pas complètement constitué. Il y
persiste un mélange de sang veineux et artériel qui expose
le jeune à un risque d'essoufflement (De Jong et al., 1997).
S'il est obligé de nager trop longtemps, l'épuisement le
conduira alors a l'échouage sur une plage.

En baie de Somme, il n'a jamais été observé de couple
mère-petit sur une zone de repos hors de l'eau pendant la
marée haute. En baie du Mont-Saint-Michel et en baie des
Veys, les femelles gestantes et les couples “mère-petit"
utilisent des reposoirs pendant la marée haute (Lapeyre,
1997 ; Chabredier et al., 1997 ; Beigue & Froissart, 2000 ;
Hignard & Elder 2001 ; Michaud & Elder, 2001). En mer de
Wadden (Pays-Bas), dont la superficie représente 9000 km2,
la région du Eems-Dollard connaît une très forte proportion
de jeunes, 30 % comparé a la moyenne de 19 % pour
l'ensemble de la mer de Wadden. Cet estuaire se caractérise
par d'importantes zones de schorre et de platiers vaseux. Ce
sont les secteurs où l'on rencontre la plus forte proportion de
couples “mère-petit" sur les reposoirs. Ries et Reijnders
(1999) concluent que les caractéristiques des zones d'élevage
des jeunes incluent des secteurs permettant un important
temps d'émersion et bénéficiant surtout d'une grande tran-
quillité. En n'utilisant pas de reposoir de marée haute, les
mères allaitantes de la baie de Somme ont un comportement
atypique. Il paraît important d'en comprendre les raisons car
le manque de repos des jeunes pendant la marée haute
entraîne de fortes dépenses énergétiques réduisant ainsi
leurs conditions physiques. Ces dernières interviennent
certainement dans les séparations des couples mère-jeune.
Sur les reposoirs de marée basse, les dérangements sont
identifiés comme facteurs d'augmentation de la mortalité des
jeunes (Allen et al., 1984). Chez lesjeunes, les mises à l'eau
répétées provoquent des lésions par abrasion du cordon
ombilical qui, dans des eaux polluées notamment, ne se
cicatriseront pas et finiront par tuer l'animal du fait de la pré-
sence de germes pathogènes opportunistes. Les dépenses
énergétiques (stress, nage, privation de lait) provoquées
par des dérangements répétés amoindrissent les poids de
sevrage des jeunes et augmentent la mortalité de première
année (Brasseur & Reijnders, 1994 ; Brasseur et al., 1996 ;
De Jong et al., 1997).

Oiseaux et phoques de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde  Numéro spécial de Mvocette - 2003

On estime selon les régions entre 25% et 65 % la mortalité
des jeunes au cours de leur première année (Reijnders et
al.,1997). Entre 34 % et 58 % de cette mortalité survient au
cours des six premières semaines de la vie des phoques
(Reijnders et al., 1999). Si l'on considère que la mortalité
théorique correspond à la somme du nombre de jeunes
échoués vivant et du nombre de jeunes échoués morts, la
mortalité théorique des jeunes de moins de six semaines
était en baie de Somme de 44 % entre 1992 et 2001. La forte
pression de contrôle de la colonie qui est exercée durant l'été
permet de repérer des séparations de couple mère-petit. Les
interventions rapides sur les jeunes séparés accidentelle-
ment de leur mère puis leur mise en soins ont permis de
réduire la mortalité précoce des jeunes à moins de 15 %.

CONCLUSION

Selon toute vraisemblance, la baie de Somme devrait connaître
dans les années à venir un fort développement du tourisme
estival. Cette perspective n'est pas sans risque pour la colonie
de Phoques veaux-marins. La prévention et l'éducation des
groupes d'usagers sont actuellement les moyens qui semblent
les plus adaptés pour limiter l'impact des activités humaines
sur les groupes de phoques. Cette sensibilisation s'est avérée
assez efficace et a permis le développement de la colonie.
Mais il n'est pas sûr qu'elle suffise dans les années à venir à
contenir pleinement le surcroît de pression de dérangement
pouvant résulter de l'augmentation de la pression touristique.
Plus que l'augmentation du nombre de visiteurs de la côte
picarde, ce sont en fait les activités de pleine nature et les
comportements qui seront adoptés dans leurs pratiques qui
conditionneront le devenir de la colonie. La décennie passée
a montré que, grâce à la compréhension des enjeux par leurs
responsables et leurs animateurs, les activités organisées
actuellement en vigueur pouvaient se développer de façon
respectueuse de la colonie. Le développement de pratiques
ludiques et sportives individuelles, hors de tout encadrement,
est en revanche fort préoccupant. Certains de leurs pratiquants
n'étant absolument pas réceptifs aux recommandations leur
étant faites, le contrôle réglementaire apparaît indispensable.
Le nombre de dérangements supportés par la colonie n'a pas
empêché l'augmentation du nombre de phoques qui fréquen-
tent les bancs de sables de la baie de Somme. La mise en
évidence de particularités comportementales des phoques
exploitant l'espace estuarien picard (absence de reposoir de
marée haute) soulève des interrogations quant à leur impact
éventuel dans la réussite de l'élevage des jeunes. ll convien-
drait de comprendre si elles résultent des caractéristiques de
l'habitat ou de facteurs anthropiques. La connaissance de
l'utilisation de l'espace estuarien par les couples mère-petit
semble être prioritaire pour comprendre les séparations acci-
dentelles.

REMERCIEMENTS

Aux organismes financeurs qui ont soutenu le programme
d’étude et de protection de la colonie de phoques : Union
européenne (FEDER), Etat (Direction Régionale de
|’Environnement, Direction Régionale de la Jeunesse et des
Sports), Conseil Régional de Picardie, Conseil Général de
la Somme, Association Université-Entreprises pour la
formation en Picardie (AUEFP), Université de Picardie
Jules Verne, la fondation Ford, la fondation Nicolas Hulot,
la fondation Brigitte Bardot.

Au Syndicat Mixte d’Aménagement pour la la Côte Picarde,
gestionnaire de la Réserve Naturelle de la baie de Somme.
Les auteurs tiennent également à remercier Laurence
Tellier pour son assistance technique, tous les surveillants
bénévoles pour leur dévouement et leur passion, les per-
sonnes rencontrées auprès du service des balisages de la
Direction Départementale de l’Equipement de Saint-Valery-
sur-Somme, du Comité du Tourisme de la Somme, du
Groupe d’Études des Milieux Estuariens et Littoraux,
d’lFREMER, du Groupe Mammalogique Normand, de la
Coordination Mammalogique du Nord de la France, du
Groupe Ornithologique Nord, du CHENE, du Seal Réha-
bilitation and Research Centre de Pieterburen (Pays-Bas).
Nous adressons nos remerciements personnels à John de
Boer, Lies Vedder, Lenie’t Hart et François Moutou pour
leurs aides et conseils régulièrement apportés et à Thierry
Rigaux pour sa contribution à l’amélioration du manuscrit.

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A Deux phoques d'un an (été 2002) : l'individu de gauche, bagué, récupéré en situation de détresse au cours de l'été 2001
et relâché en octobre, s'est bien réinséré dans la colonie (Photo : Philippe Thiéry).

 

A “Fleur de |ys” dont la présence en baie de Somme est démontrée depuis 1996 grâce aux marques distinctives
de son pelage (Photo : Philippe Thiéry).

 

A Jeune phoque gris d'environ 2 ans : cette espèce (Halichœrus grypus) fréquente aussi la baie de Somme
en petit nombre (Photo : Philippe Thiéry).

 

A Reposoir : les animaux se rapprochent progressivement du bord de l'eau dont le niveau baisse avec le jusant afin de
maintenir leur capacité à rejoindre l'élément liquide (sécurisant) au plus vite (Photo : Philippe Thiéry).

 

A Pattes (nageoires) postérieures hors de l'eau, ces phoques, dans la position caractéristique de la “banane", limitent les
déperditions énergétiques provoquées par les courants d'eau sur la partie postérieure de leurs corps, la moins entourée de
graisse (Photo : Philippe Thiéry).

 

A Reposoir de “marée basse” : les zones de repos hors de l'eau sont une exigence écologique forte qui permettent
notamment aux phoques de bénéficier des bienfaits du soleil (Photo : Philippe Thiéry).

{ Le parc ornithologique du Marquenterre,

conquis sur la mer, est une mosaïque

de plans d’eau et de prairies humides
pâturées. Ses fonctions écologique,
pédagogique et touristique sont primordiales.
(Photo : Thierry Rigaux)

Située au sein de la réserve naturelle
de la baie de Somme, l’Anse Bidard
est un espace en pleine évolution :
encore occasionnellement submergé
par la mer dans les années 70, le site
se “continentalise” progressivement.
(Photo : Thierry Rigaux) P

 

 

A Exposées à une sédimentation active, les vasières situées entre
le Hourdel et le cap Hornu ont laissé place, pour l’essentiel, à des mollières
(dénomination locale des “herbus“ ou “prés salés“). (Photo : Thierry Rigaux)

A Les falaises picardes prolongent sur environ 6 kilomètres les falaises normandes de la côte d‘albâtre,
avec lesquelles elles constituent une entité cohérente. (Photo : Jacques Rigaux)

Les levées de galets qui se développent

au nord de Cayeux abritent une faune

et une flore très originales. Site de

reproduction des Gravelots, cet

habitat accueille l'hiver des passereaux
{ nordiques. (Photo : Thierry Rigaux)

 

Le survol des marais arrière-littoraux
révèle l'intensité des actions de gestion
résultant de la chasse : en particulier,
les roselières sont parsemées d'une
multitude de trouées : les “platières"

à bécassines. (Photo : Philippe Thiéry) Ÿ

 


			
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ISSN 0181-0782