Avocette 2014 (38) 1
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revue naturaliste de Picardie Nature

l
PICARDIE NATURE .
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2014 - 38(1) - MARS 2014

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0 Note sur la présence de phoques en baie
J'Autlaie p 2

0 Suivi des couples nickeurs de Pie-grièclae
écorcheur en Baie de Gomme p 9

0 Évolution de la présence du Garrot à oeil d’ or
de I973 à 20l3 au parc du Marquenterre p l?

0 Le passage des Phragmites aquatiques
sur le littoral picard : un rapide bilan p l9

 

Enwronnement

L’Avocette, un moyen de diffusion de l’information naturaliste pour l’Observatoire de la faune sauvage en Picardie.
epuis sa création en 1970, l’étude et la protection de la faune sauvage de Picardie sont les moteurs de Picardie
Nature et l’objet principal de ses statuts. Depuis des années, des dizaines de bénévoles parcourent la région pour
mieux connaître le statut des espèces de différents groupes faunistiques.

Chaque jour met un peu plus en évidence la nécessité de préserver ce qu’il reste de nature dans nos trois dépar-
tements. Pour cela, l’association a décidé en 2009 de créer un Observatoire de la faune sauvage en Picardie de
manière a mieux cadrer et évaluer les politiques de conservation mises en place.

Les rôles de cet Observatoire :

t aider au recueil d’informations dans les domaines couverts par les différents réseaux naturalistes de
l’association(actuellement 12 réseaux naturalistes : trame verte et bleue, amphibiens/reptiles, araignées, chauves-
souris, coccinelles, criquets/sauterelles, libellules, mammifères, mammifères marins, mollusques, oiseaux, papillons)
par l’embauche de salariés qui aident a l’organisation fonctionnelle des réseaux de bénévoles et participent au travail
de terrain pour des enquêtes régionales ou nationales ;

t communiquer les informations naturalistes régionales auprès des décideurs et du grand public. C’est la
qu’intervient notre revue naturaliste l’Avocette où vous trouvez les résultats de ces travaux. D’autres moyens existent
aussi : publication d’atlas régionaux de répartition, mise a disposition de tous de données (non sensibles) grâce au
site internet de l’association, participation a des colloques, rapports scientifiques...

Le projet d’Observatoire de la faune régionale est soutenu financièrement par le Conseil Régional de Picardie, les
Conseils Généraux Somme et Aisne, l’Etat et l’Union Européenne (F.E.D.E.R.).

 

° Sommaire

p. 2
- Note sur la présence de phoques en baie d'Authie

Par Laëtitia DUPUIS et Marie-Hélène FRÉMAU

p. 9
- Suivi des couples nicheurs de Pie-grièche écorcheur Lanius collurio en Baie de Somme
Par : Alexandre LAUBIN

p. 17

- Évolution de la présence du Garrot a œil d’or Bucephala clangula de 1973 a 2013 au
parc du Marquenterre.

Par Philippe CARRUETTE

p. 19

- Le passage des Phragmites aquatiques Acrocephalus paludicola sur le littoral picard :
un rapide bilan.

Par Xavier COMMECY

L’AVOCETTE, publication naturaliste de :

Picardie Nature - 1 Rue de Croÿ - BP 70010 - 80097 AMIENS Cedex 3
www.picardie-nature.org - contact@picardie-nature.org

Directeur de publication : PATRICK THIERY

Rédacteur en chef : XAVIER COMMECY

Comité de relecture : DIDIER BAVEREL, XAVIER COMMECY, THOMAs HERMANT et Thierry RIGAux

Conception et mise en page : XAVIER COMMECY, FLORENCE FRÉNOIS

Photo de couverture : Pie-grièche écorcheur, SYLVAIN BOURG

Tirage : 130 exemplaires - Prix d’un numéro : 8 Euros

Date d’édition : Mars 2014

Consultable à l’adresse suivante : http ://www.picardie-nature.org/spip.php?rubrique35
Dépôt légal : Préfecture de la Somme - FR ISSN 0181 - 0782

Impression : l.P.N.S.

 

Note sur la présence de phoques

en baie d'Authie

Par Laëtitia DUPUIS et Marie-Hélène FRÉMAU

Introduction

Le fleuve « Authie » se jette dans la Manche en un
estuaire sablonneux de 119 ha situé au nord-ouest
de la France. La baie d'Authie se situe à 50°23' N
et 1°34' E. A marée basse la mer se retire, laissant
apparaître une large zone d'estran, qui sert de
zone de repos aux phoques.

La baie d'Authie accueille actuellement deux
espèces de phoques qui sont observées tout au
long de l'année : le Phoque veau-marin Phoca
vitu/ina vitu/ina et le Phoque gris Halichoerus
glypus. Une naissance de Phoque veau-marin y

Matériel

Le suivi régulier des phoques en baie d'Authie
a commencé le 16/12/2001. Le site de la baie
d'Authie est suivi par des prospections mensuelles
depuis 2002, soit sur une période totale de 12
années. Ce suivi fut intégré au programme d'étude
et de protection des phoques mené par Picardie
Nature en 2003. ll est réalisé en partenariat avec
l'association ADN (Association Découverte Nature)
de Berck-sur-Mer. Au minimum un comptage

a été soupçonnée en 2008 et une seconde a été
observée et suivie au cours de l'été 2013.

L'œuvre la plus ancienne faisant mention de
l'observation de phoques en baie d'Authie date du
XlXe siècle, il s'agit d'une esquisse réalisée par le
peintre Francis TATTEGRAIN qui séjourna à Berck de
1877 à 1914. Le journal local « Réveil de Berck »
du 31 août 1899 fait état d'un pêcheur local ayant
capturé un phoque et l'ayant revendu au Jardin
des plantes de Paris pour la modique somme de
25 francs.

mensuel d'une durée de 3h et un comptage
décadaire d'une durée d'1 h minimum sont réalisés.
Des comptages opportunistes peuvent être
réalisés entre deux. La présence des observateurs
est quotidienne en période estivale avec la mise en
place d'un point d'observation des phoques pour
la sensibilisation du public depuis 2008 réalisé via
l'action de « surveillance estivale ».

 

Carte 1 : Situation des points d'observation des phoques en baie d'Authie (fond de carte googlemap)

page 2
Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Les suivis sont réalisés a l'aide de deux
longues-vues l'une sert aux observations et a la
sensibilisation du public, la seconde permet de
faire des photographies en digiscopie pour le suivi
par photo identification des animaux.

Pour ces suivis, 2 points d'observation sont utilisés :
l'épi 17 situé a proximité de la base nautique, au
pied de la cabane SNSM pour la surveillance
des plages et plus rarement au bout de la digue
submersible vers l'intérieur de l'estuaire.

Résultats

Les observations sont réalisées a pieds, en
respectant une distance de sécurité avec les
animaux, pour ne pas provoquer de mises a l'eau.

Des survols de la baie d'Authie sont réalisés
a l'occasion des survols de la baie de Somme
organisés dans le programme d'étude et de
protection des phoques. L'estuaire est alors
prospecté, aucune observation n'a permis
d'observer des phoques en d'autre endroit que les
deux cités précédemment et prospectés en sorties
pédestres.

Évolution saisonnière des effectifs maxima de phoques

Les effectifs maxima mensuels ont été saisis

dans un tableau pour les 12 années d'étude.

Des moyennes mensuelles ont été calculées en
différenciant 3 périodes : les années 2002 a 2006
(= 5 ans), les années 2007 a 2011 (= 5 ans) et les
années 2012 et 2013 (= 2 ans)

On note la présence de Phoques veaux-marins
tout au long de l'année depuis 2002 avec des
effectifs mensuels très variables au cours du
temps. La figure 1 présente ces variations. Pour
la première période, on note des effectifs faibles
et stables sur l'année avec une moyenne maxi de
3,2 individus en juin. Pour la seconde période, on
constate une croissance des effectifs avec une
variation intra-annuelle plus marquée, présentant
un pic en juin avec 16,4 individus en moyenne
contre seulement 3,8 pour le mois de février. Les

60.00 + 2002—2006

+2007—2011
50,00 2012—2013
40,00
:n
ë
E 30,00
u
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E 20,00
.n
E
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10,00
0,00
Ë Ë l’l É E .E Ë Êi
Ë  g à E a î æ
g r4—

septembre
octobre
novembre
décembre

Mois

Figure 1 : Évolution saisonnière des moyennes des
effectifs maxima mensuels de Phoques veaux-marins
en baie d'Authie.

deux dernières années, 2012-2013 montrent
une nette augmentation des effectifs de phoques
dénombrés avec des abondances maximales entre
avril et octobre, présentant jusqu'à 55 individus en
moyenne en août.

La figure 2 présente le même type de graphique
pour le Phoque gris. Au cours des années 2002-
2006, cette espèce n'était présente que 7 mois sur
12, avec une moyenne d'individus mensuelle sur les
5 ans très faible (<1). La seconde période, 2007-
2011 montre une présence de Phoques gris plus
longue avec au moins 1 individu observé 10 mois
sur 12 et une moyenne mensuelle allant jusque
9,6 individus en août. Les deux dernières années
(2012 et 2013) on a noté la présence de Phoque
gris en baie d'Authie tout au long de l'année avec
un maximum d'individus en octobre.

35,00
+ 2002-2006
30,00 + 2007-2011
2012-2013

25,00
20,00
15,00

10,00

Nombre d'individus

5,00

0,00

Janvner
février
mars

avnl

mal

juin

jurllet

aout
septembre
octobre
novembre
decem bre

Mois

Figure 2 : Évolution saisonnière des moyennes des
effectifs maxima mensuels de Phoques gris en baie
d'Authie.

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Évolution inter-annuelle des effectifs maxima de phoques

La figure 3 montre l'évolution des effectifs de
phoques en baie d'Authie basés sur les effectifs
maxima annuels, chaque année pour les deux
espèces. Globalement, sur la période étudiée de
2002 à 2013, les effectifs maxima sont notés en
août pour le Phoque veau-marin et en octobre pour
le Phoque gris.

140
120

100

80

La tendance générale est à l'augmentation des
populations pour les deux espèces. Sur la période
2002-2013, les Phoques veaux-marins présentent
un taux d'accroissement moyen annuel de +40,9%
et les Phoques gris de +51 ,2%. Les effectifs
maxima observés au cours de l'année 2013 étaient
de 63 Phoques veaux-marins et 38 Phoques gris.

 

 

2001
2002
2003
2004
2005 ç
2006

2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013

Figure 3 : Évolution des effectifs maxima annuels de phoques recensés en baie d'Authie à marée basse (Phoques
veaux-marins : carrés bleus, Phoques gris : losanges rouges).

Naissance de Phoque veau-marin en baie d'Authie

La présence de femelles gestantes au sein des
groupes de phoques qui se reposaient en baie
d'Authie laissait suspecter la présence de mises-
bas sur ce site depuis quelques années.
Cependant, aucune n'avaitjamais été observée en
direct avant cette année 2013.

Le 01/08/08 un couple mère-jeune avait été observé,
le 05/08/08 ce même couple est de nouveau
observé, la femelle allaitait son jeune (photo 1).
Cette femelle a été identifiée par l'association ADN
sous le nom de « Mascotte ». ll s'agit d'une femelle
régulièrement observée sur ce site et paraissant
gestante chaque printemps depuis 2008.

C'est vers 18h, le lundi 10juin 2013, qu'une femelle
de Phoque veau-marin est observée en train de
donner naissance à son jeune. La photo 2 montre
le couple mère-jeune quelques minutes après
la naissance. Les animaux se sont déplacés de
quelques mètres, laissant le placenta derrière eux
(sur la droite de la photo).

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

 

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© Marie-Hélène Frémau

Photo 1 : Phoque veau-marin « Mascotte » et son
jeune le 01/08/08

 

Ce couple mère-jeune est de nouveau observé
en baie d'Authie au cours de la marée basse du
12 juin. La femelle est photographiée au moment
où elle allaite son petit (photo 3). Ce couple mère-
jeune est photographié a l'occasion du survol
aérien réalisé le 24 juin 2013, il se trouve alors
au sein du groupe de phoques qui se reposent a
marée basse (photo 4). Au total, ces deux individus
ont été observés ensemble sur 31 marées basses
comprises entre le 10 juin et le 3 juillet. Le 6 juillet,
le jeune est observé seul, sevré (photo 5). La
femelle est connue de l'association ADN qui l'a
identifiée et nommée « Epsilon », il s'agit d'une
femelle de 4 ans, observée pour la première fois
en baie d'Authie le 15/08/2009 et suivi depuis ce
temps sur ce site.

 

Photo 3 :Allaitement 12 juin 2013

 

Photo 2 : Naissance 10 juin 2013

 

Photo 4 : couple mère-jeune 24 juin 2013

 

Photo 5 : jeune sevré 6 juillet 2013

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Discussion

Évolution des populations de Phoques veaux-marins

Actuellement le Phoque veau-marin est présent au
nord-ouest de l'Europe. On le retrouve en Norvège,
Russie, lslande, Danemark, Suède, Allemagne,
Pologne, Grande-Bretagne, lrlande, Pays-bas,
Belgique et France. Dans les années 2006-2008,
la population européenne était estimée à 128 000
individus, la France en représentait alors 0,3%
(HASSANI et al. 2010). Les sites européens les plus
proches de chez nous sont la mer des Wadden
avec 26220 Phoques veaux-marins dénombrés en
2012 (TSEG, 2013) et la Grande-Bretagne avec
26262 individus dénombrés en 2011, dont 12,5%
se situaient en baie de Wash (SCOS, 2012).

En France, on connait trois sites où les animaux
sont sédentaires et reproducteurs : la baie de
Somme, la baie des Veys et la baie du Mont-Saint-
Michel depuis les années 1980. La baie d'Authie
est quant à e||efréquentée depuis moins longtemps
avec un suivi régulier des effectifs depuis 2001 et
le premier suivi mère-jeune en 2013.

La baie d'Authie présente un taux moyen
d'accroissement de population entre 2002 et
2013 de 40,9% par an. La figure 4 et le tableau
1 permettent de comparer l'accroissement de
cette population aux évolutions constatées sur
les populations de phoques avoisinantes. Les
périodes 1990-2001 ont été choisies afin d'exclure
les épizooties à morbillivirus de 1988 et 2002

250,0%
200,0% I
150,0°/o
100,0°/o

50,0%

dont les animaux ont été victimes sur ces sites
et ayant engendré jusqu'à 60% de mortalité chez
les Phoques veaux-marins. Les sites choisis pour
la comparaison sont : les trois sites sédentaires
et reproducteurs français (baie de Somme, baie
des Veys et baie du Mont-Saint-Michel), la mer
des Wadden (qui borde les côtes des Pays-Bas,
Allemagne et Danemark ; elle est séparée de la
mer du nord par une série d'îles) et la baie de Wash
en Angleterre.

On s'aperçoit tout d'abord que la baie d'Authie (en
bleu) présente des taux d'accroissements annuels
très variables allant de -28,6% en 2006 à 140%
en 2007. La variabilité importante de ces taux
d'accroissement annuels sont dus au fait qu'ils
sont calculés sur un nombre d'individus très faibles.
La courbe de tendance montre une baisse très
marquée au cours du temps. Les 3 autres sites
étudiés présentent des taux annuels beaucoup
moins disparates, les tendances étant beaucoup
plus similaires. La France (en rouge) et la mer
des Wadden (en vert) présentent des évolutions
identiques avec des tendances d'évolutions en
légère baisse et des taux moyens d'accroissement
de populations sur la période 1990-2001 quasi-
identiques (16,7% en France et 14,1% en mer des
Wadden). La baie de Wash (en jaune) présente
quant à elle une tendance en légère hausse et un
taux moyen sur les 12 années d'étude de 7%.

 

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Ô A . .
- . u .
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-50,0%
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Figure 4 : Evolution des taux d'accroissements de populations de Phoques veaux-marins sur 12 années
consécutives et droite de tendance sur4 sites : baie d'Authie (carrés bleus), France (losanges rouges), mer des
Wadden (triangles verts) et baie de Wash (nœuds papillons, orange).

La baie d'Authie, toute fréquemment utilisée
comme zone de repos par les phoques, présente

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardîe Nature

des effectifs dénombrés en nette hausse d'une
année à l'autre. Cependant la tendance de la

courbe d'accroissement de la population en baisse
marquée tend vers un taux d'accroissement annuel
entre 5% et 15% dans les prochaines années.
Aussi, l'étude des 3 autres sites laisse penser que

le taux d'accroissement annuel pourrait se stabiliser
autour de ces valeurs, comme ce fut le cas pour les
3 autres sites dans les années 1990.

 

France (BdS, BdV,

Site Baie d'Authie (80)

Wash Bay (GB)

Wadden sea (Pays-Bas/

 

 

 

 

 

sur 12 ans.

BmSM) Allemagne/Danemark)
Source des données ADN'P'CarQ'e NAMMCO, 2010 scos, 2002 STEG, 2002
Nature, cette etude.
Premiers comptages 2002 1990 1990 1990
Effectif année 1 3 10 1 532 4 744
Effectif année 12 62 83 3 164 19 390
Accroussement annuel moyen 40,40% 16,70% 7,00% 14,10%

 

Baisse marquée Légère baisse

Légère hausse

Légère baisse

 

Tendance de l'accroissement

sur les 12 ans f(x)=0,0477x+0,9040 f(x)=0,0159x+0,3632

 

 

 

 

f(x)=0,0063x+0,0261

 

f(x)=0,002x+0,1558

 

 

Tableau 1 : Variations des populations de Phoques veaux-marins sur plusieurs sites sur une période de 12 ans ; de

2002 à 2013 pour la baie d'Authie et de 1990 à 2001 pour les autres sites.

Évolution des populations de Phoques gris

La baie d'Authie sert également de zone de
repos aux Phoques gris. Jusqu'en 2011, ce site
était utilisé hors période de reproduction pour cette
espèce, soit de mars à octobre. En baie de Somme,
les Phoques gris sont également plus nombreux
hors période de reproduction, leur fréquentation fut
progressive : d'abord des individus furent observés
en été, puis tout au long de l'année, puis des essais
de mises-bas sur ce site furent constatés (DUPUIS,
2013)

Les colonies européennes de Phoques gris les
plus proches se situent en Grande-Bretagne avec

Conclusion

L'utilisation de la baie d'Authie par les phoques
est très récente (2001). L'accroissement de
population sur ce site pour les deux espèces de
phoques paraît rapide.

La courbe de tendance de l’accroissement annuel
des effectifs maxima de Phoques veaux-marins
est en nette baisse et tend vers un taux compris
entre 5% et 15% par an dans les prochaines
années. Ce ne sont pas les naissances qui
expliquent l'accroissement du nombre de Phoques
veaux-marins observés en baie d'Authie, mais

104 200 individus dénombrés en 2010 et en mer
des Wadden avec 3 312 individus dénombrés en
2011. Depuis les années 1980, les effectifs de
phoques observés en Grande-Bretagne sont en
augmentation de 2,6% par an (1985-2010), le taux
d'accroissement annuel de population est en nette
baisse et fut négatif en 2010 avec une baisse de la
population de -1,98%.

Parallèlement le taux de reproduction constaté
sur ce site est en légère augmentation avec une
moyenne de 34,7% entre 1984 et 2010 (SCOS,
2012 et TSEG, 2012).

l’immigration d'animaux venant d'autres sites. En
Grande-Bretagne, depuis la dernière épizootie
a Morbillivirus de 2002, les populations sont en
régression de -3% par an, cela pourrait expliquer
l'arrivée d'animaux sur nos côtes.

Les effectifs maxima de Phoques gris dénombrés en
baie d'Authie sont également en nette augmentation
ces dernières années. Les populations les plus
importantes pour cette espèce, à proximité de nos
côtes, se situent en Grande-Bretagne où on note un
taux de reproduction de 34,7% pour une population

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

stable avec un taux d'accroissement proche de
zéro, voire négatif. Les individus observés en baie
d'Authie proviennent probablement des côtes

Remerciements

Le programme d'étude et de protection des
phoques de la baie de Somme a été mis en place
par Picardie Nature grâce au soutien de nos
partenaires : DREAL Picardie, Conseil Régional
de Picardie, Conseil Général de la Somme, fonds

Bibliographie

Anonyme (1899). Un phoque. Réveil de Berck du
31 août 1899.

DUPUIS L. & VINCENT C. (2013). Évolution de la
colonie de phoques de la baie de Somme
(France) : Phoque veau-marin Phoca vitulina
vitulina et Phoque gris Ha/ichoerus glypus de
1986 a 2012. L’Avocette 37(2) p.363-375.

HASSANI.S., DUPU|s.L., ELDER.J.F., CAILLOT.E.,
GAUTIER.G., HEMON.A., LAIR.J.M & HAELTERSJ.
(2010). A note on harbour seals (Phoca
vitulina) distribution and abundance in France

anglaises, le travail de photo-identification mené
sur les animaux pourrait permettre de le montrer
dans les prochaines années.

FEDER. Les séances de suivis des phoques sur
le terrain ont été réalisés grâce à l'investissement
de nombreux bénévoles des associations ADN et
Picardie Nature.

and Belgium. NAMMCO Sci. Publ.8: 107-116.
Picardie Nature (2013). Rapports annuels du

programme d'étude et de protection des

phoques 1986-2013. http://www.picardie-

nature.org/spip.php?article347
[SCOS] Special Commitee on Seals (2012).
Annual reports.www.smru.st-andrews.ac.uk
[TSEG] Trilatera Seal Expert Group (2012).
Annual reports. Www.waddensea-secretariat.

m

Laëtitia DUPUIS, Picardie Nature
1 rue de Croy — BP 70010 — 80 097 Amiens cedex 3

Marie-Hélène FRÉMAU, ADN
BP44 62606 Berck-sur—mer CEDEX

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Suivi des couples nicheurs de Pie- rièche

écorcheur Lanlus collurio en Baie

Par : Alexandre LAUBIN

Introduction

Le bocage est encore bien présent dans la Basse
vallée de la Somme. Malgré une modification
de ce paysage, des espèces inféodées telle la
Chevêche d’Athéna Athene noctua y sont toujours
bien représentées. De son côté, La Pie-grièche
écorcheur, bien installée dans l’est de notre région,

Présentation de l’espèce

La Pie-grièche écorcheur appartient à l’ordre des
Passériformes et au genre des Laniidés. Passereau
de taille moyenne, à la silhouette d'un rapace
en miniature, la Pie-grièche écorcheur présente
un dimorphisme sexuel accusé. Le mâle adulte,
vivement coloré, arbore un manteau brun roux, une
calotte et un croupion gris cendré, une queue noire
bordée de blanc à la base et des parties inférieures
d’une couleur rose vineux plus ou moins intense
selon les individus. Le bec et les pattes sont noirs.
Le masque de « bandit de grand chemin », typique
de la famille des Laniidés, est noir aussi et s’étend
sur les lores, les yeux et la zone parotique. La
femelle adulte est beaucoup plus terne, un peu
couleur moineau avec un dessus plus ou moins
brun-gris, parfois roussâtre (BEAMAN & MADGE,

e Somme

n’est qu’occasionnellement contactée sur ces
milliers d’hectares qui lui sont pourtant favorables.
C’est face à ce constat que nous avons décidé, en
2013, d’aller à la rencontre de cette espèce dans
l’espoir de découvrir des individus nicheurs et de
suivre leur reproduction.

1998 ; LEFRANC, 2004). Le juvénile, très semblable
à la femelle adulte, s’en distingue surtout par les
dessins en forme de croissants qui ornent ses
parties supérieures.

La Pie-grièche écorcheur apprécie les milieux
semi-ouverts. En France on la trouve surtout dans
le bocage, les clairières, les zones de lisière. La
Pie-grièche écorcheur a besoin d’espaces ras
telles que les prairies fauchées ou pâturées où elle
repère ses proies à vue. La Pie-grièche écorcheur
hiverne dans la moitié orientale de l’Afrique, son
aire d’hivernage s’étend du sud du Kenya jusqu’en
Afrique du Sud (DUBOIS & ROUSSEAU, 2005 ;
GÈROUDET, 2010). En France, les premiers oiseaux
arrivent à la fin avril ou début mai (GÈROUDET, 2010 ;
LEFRANC, 1994).

État des populations, statut de protection, menaces

En Europe ainsi qu’en France, la Pie-grièche
écorcheur est une espèce protégée. En Europe, le
statut de conservation de la Pie-grièche écorcheur,
est considéré comme « défavorable » en raison
d’un déclin historique avéré (BirdLife International,
2004). En France, le statut de conservation de la
Pie-grièche écorcheur est considéré comme « En
déclin » (LEFRANC, 1999). Au XlXe et au début du
XXe siècle, l’espèce était beaucoup plus répandue
dans le nord-ouest et le nord de la France. La
limite de l’aire de répartition a progressivement
glissé vers le Sud-est. A partir des années 1960,
cette pie-grièche a également connu un fort déclin
dans les plaines et les vallées (CHABOT, 1999 ;
LEFRANC, 1999). Suite à une enquête nationale
réalisée en 1993 et 1994, la population nicheuse

française est estimée entre 160 000 et 360 000
couples nicheurs (LEFRANC, 1996).

Depuis 15 à 20 ans, des fluctuations assez
sensibles sont notées, avec parfois des
augmentations locales assez spectaculaires dans
les secteurs restés favorables, sans observer
pour autant une extension de l’aire de nidification
(CHABOT, 1999 ; LEFRANC, 1999). Cette tendance a
également été constatée en Wallonie (Belgique) où
l’espèce a entamé une remontée franche dans les
années 1970, 1980. En Belgique, contrairement
à la France, cette remontée numérique s’associe
à une augmentation géographique de l’aire de
reproduction (BRONNE, 2010).

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardîe Nature

État des lieux des connaissances de l’espèce dans la zone

géographique étudiée

En Picardie, l’espèce se trouve en limite Nord-
Ouest de son aire de répartition en Europe
occidentale. Elle niche régulièrement dans l’Oise
avec 30 à 50 couples et dans l’Aisne, département
où elle se porte le mieux (300 à 400 couples
nicheurs). La situation de la Pie-grièche écorcheur
est plus critique dans la Somme continentale, où la
dernière preuve de reproduction certaine remonte
à 2003 à Daours (ROUSSEAU, 2013).

Principe et résultats du suivi

En Baie de Somme, la dernière preuve certaine
de reproduction date de 1997, avec un couple
transportant de la nourriture pour les jeunes sur la
commune de Noyelles-sur-Mer (ROUSSEAU, 2013).
Deux couples cantonnés ont été contactés en 2011
sur la commune de Noyelles-sur-Mer (LEPRÊTRE &
WIECKIEVITZ, communication personnelle) ; quelques
informations sur des oiseaux vus en période de
reproduction figurent dans la base de données
ClicNat de l’association entre ces deux dates.

Protocole du suivi et prospections en 2013.

Les prospections ont été réalisées entre le mois
d’avril et le mois de juillet. L’association Picardie
Nature nous a fourni l’ensemble des données de
Pie-grièche écorcheur récoltées, via la base de
données Clicnat, en Baie de Somme depuis 1997.
Ces informations ainsi qu’une lecture attentive des
cartes IGN 1/25000 nous ont permis de cibler les
zones à prospecter.

Les prospections ont été effectuées à l’aide d’une
paire dejumelles, l’utilisation de la longue vue s’est
faite uniquement lors de problème d’identification

puis pour le suivi des couples nicheurs découverts.

Au moins un passage a été accompli sur chaque
zone prospectée. Pour les zones jugées les plus
favorables, un second passage a été réalisé en fin
de saison (juin-juillet). Enfin sur les zones où les
couples ont été découverts plusieurs passages ont
été réalisés afin de connaître le statut du couple
observé (nicheur possible, probable, certain) et si
possible le nombre de jeunes à l’envol ainsi que
l’emplacement du nid.

Cartographies des zones de prospection

La zone de prospection s’étend des Bas Champs
(Marquenterre, Bas champs de Cayeux-sur-
Mer à Ault) jusqu’à la Basse vallée de la Somme
(communes de Ponthoile, Rue, Saigneville,

Résultats du suivi

Onze couples de Pie-grièche écorcheur ont été
découverts lors des prospections pour l’année
2013 (Carte 2). 3 couples sur la commune de
Ponthoile, 3 couples sur la commune de Saigneville,
3 couples sur la commune de Noyelles-sur—Mer (1
couple découvert par V. BAWEDIN (communication
personnelle), 2 couples découverts par Benjamin
BLONDEL et Valentin BORS (SMBSGLP)) et 1 couple

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Boismont, Saint-Valery-sur-Somme, Noyelles-sur—
Mer, Port-le-Grand). Pour l’année 2013, plus de
1200 hectares ont ainsi été prospectés, soit plus de
50 heures de suivi sur le terrain (Carte 1).

sur la commune de Ponthoile. Le suivi régulier
de ces couples a ensuite permis pour 9 d’entre
eux de les classer comme nicheurs certains (Les
codes utilisés sont ceux retenus dans le Nouvel
atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989
(LEFRANC, 1994)).

Carte 1: Cartographie des zones prospectées, année 2013 (source: Alexandre LAUBIN, SMBSGLP)

 

Cartographie des zones
prospécte’es.
année 2013

Zones prospéctées
 - (1207 hectares)

Source : Bd Ortho, IGN
Réalisation ; Syndicat Mixte

 

3‘445 rrdicatMIxte
‘  aledeSomme L
«f Grand LittoralPIcard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Statut des couples nicheurs de
Pie grièche ècorcheur

en Baie de Somme,

année 2013

. Coupte nicheur certain

. Couple nicheur probable
O Couple nicheur possible

N
Source : Bd Ortho, IGN
Réalisation : Syndicat Mixte

 

n’dicat Mixte
aledesomme _
Grand Littoral Picard

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

page 11
Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Caractéristiques des milieux utilisés par la Pie-grièche

écorcheur en Baie de Somme

Pour 9 des 11 couples suivis, un relevé des
éléments paysagers utilisés par les adultes et les
jeunes de Pie-grièche écorcheur a été réalisé.

A proximité de tous les nids (n=9) nous retrouvons
des prairies pâturées. Nous retrouvons ensuite
les haies discontinues, les arbres isolés et les fils
barbelés qui sont respectivement utilisés par les
couples de Pie-grièche écorcheur et leurs jeunes à
hauteur de 89%, 78% et 78% (n=9) (Graphique 1).

Sur les prairies pâturées, la végétation entretenue
par l’action du bétail, reste toujours de faible
hauteur. De ce fait, ces milieux sont des zones
très appréciées par la Pie-grièche écorcheur qui y
chasse à l’affût. Nous n’avons pas été en mesure
d’étudier précisément la qualité des prairies ;
cependant nombre d’entre elles semblaient
composées d’une flore variée et favorable à
la présence de nombreux insectes. Les haies
discontinues et les arbres isolés sont toujours
composés d’essences épineuses et principalement
d’Aubépines monogynes Crataegus monogyna qui
permettent à la Pie-grièche écorcheur d’installer
son nid en hauteur, à l’abri des prédateurs terrestres
et dans une végétation dense et piquante qui limite
fortement la prédation. Au pied des haies et des
arbustes ainsi qu’au sein de ceux-ci, la Pie-grièche
écorcheur retrouve une nourriture abondante.
L’espèce étant très territoriale, elle utilise dès son
retour d’Afrique ces supports pour affirmer son
territoire et guetter tout intrus. Ces trois éléments

servent également de perchoirs et de garde-
manger (lardoirs) (Lefranc, 2004).

Cet état des lieux sur l’utilisation des éléments
paysagers par les couples de Pie-grièche écorcheur
en Baie de Somme confirme l’attrait de l’espèce
pour les milieux semi-ouverts qui comprennent les
trois éléments suivants : buissons bas épineux,
perchoirs et zones herbeuses riches en insectes
(Lefranc, 2004).

En Baie de Somme, il semblerait que la Pie-
grièche écorcheur ait besoin de trois éléments
sur son site de reproduction : une haie arbustive
continue ou discontinue ou un arbuste isolé;
des prairies de fauches ou des pâtures et des
arbustes épineux dont les branches dépassent et/
ou des fils barbelés. Les milieux où les couples
ont été observés semblent être des milieux secs.
La présence de l’Aubépine monogyne qui se
développe uniquement sur des milieux non soumis
à l’eau en hiver semble confirmer cette observation.
A cela s’ajoute la toponymie de deux lieux-dits où
nichent des couples de Pie-grièche écorcheur :
« Les salines ». En Baie de Somme, ce sont
d’anciens sites d’exploitation et de production de
sel, dont le niveau est plus élevé que le reste de
la vallée.

Graphique 1 : Utilisation des milieux par les couples
nicheurs.

 

100%
90%
80%
70%
60%

50%
40%
30%
20%
10%
0% . I

Utilisation des milieux par les couples nicheurs (n=9)

. \'e . \è , ‘o 'ee 'ee au “e 3K5 x5 se . 0e . “e r je 'm
‘e 6° r “36° tek? . &aüç‘fl . av“ e“ e au N\ 9° q g? 0690 oflæm 00K.“ Chat“
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(5 5 a?»
c0“

l Pourcentage de couple utilisant le milieu
(n=9)

 

 

 

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

 

Support et hauteur du nid

Onze nids ont été découverts lors de ce suivi.
100% d’entre eux ont été construits dans des
Aubépines monogynes. Cette essence est connue
pour accueillir les nids de Pie-grièche écorcheur
dans de nombreuses régions (LEFRANC, 1999). Par
son caractère épineux l’Aubépine protège le nid et
les poussins des différents prédateurs, ses épines
peuvent également servir de garde manger. Ce
chiffre peut s’expliquer par l’omniprésence de cette
essence sur l’ensemble des zones de bocage de la
basse vallée de la Somme (l’essence était utilisée
comme barrière naturelle pour garder le bétail dans
les prairies).

Alexandre Laubin

 

Surle secteurdeSaigneville,deux couples ontniché
au sein d’une haie arbustive continue, constituée
d’espèces épineuses dont l’Aubépine monogyne
ainsi que le Prunellier Prunus spinosa. Sur son
site d’étude, Norbert Lefranc, cite comme première
essence cette espèce épineuse (22% des couples
(n=330)) (LEFRANC, 2004). ll serait donc intéressant
de mieux suivre ces couples afin de mettre en
évidence une nouvelle espèce végétale support
de nid potentiel dans l’aire étudiée. Les nids ont
été construits à une hauteur située entre 1 m 00 et
3 m 00, la majorité de ceux-ci à une hauteur située
entre 1 m 00 et 2 m 00.

Nombre de jeunes à l’envol, période de reproduction

Les nids n’ayant pas été visités dès le début de
saison, il nous est impossible de connaître le
succès de reproduction de l’espèce dans l’aire
étudiée pour la saison 2013. 6 couples ont pu
être suivis jusqu’à l’envol des jeunes. Pour ces 6
couples nous avons pu observer une production
moyenne de 3 jeunes par nid.

D’après LEFRANC (2004), en France, le pic des
pontes se situe autour de la troisième décade de
mai, la première décade de juin étant également
une période propice à la ponte. L’incubation dure
14 à 15 jours et les jeunes quittent le nid à l’âge
de 14-15 jours ce qui donne un pic de jeunes
volants du 20 juin au 10 juillet. Pour l’année 2013,
en Baie de Somme, le premier contact auditif de
jeunes quémandant de la nourriture a eu lieu le 16
juillet. ll a fallu attendre le 21 juillet pour contacter
visuellement les premiers poussins volants de Pie-
grièche écorcheur. C’est autour de cette date, que
5 des 6 couples les plus suivis, ont eu des poussins
volants. C’est également le 21 juillet 2013 qu’ont

été observés les poussins volants du couple de
Noyelles-sur—Mer découvert par V. BAWEDIN (Paul
DUFOUR, communication personnelle). Pour le
sixième couple, les poussins ont été découverts au
nid le 31 juillet 2013 et le 5 août 2013 ils étaient
nourris par les adultes hors du nid. Le pic dejeunes
volants, pour 6 des 7 couples dont les jeunes ont
pu être observés, se situe autour du 21 juillet,
soit vingt jours à un mois plus tard que les dates
classiques données dans la bibliographie. Nous
pouvons supposer que cette année, avec un début
de printemps froid et pluvieux, les Pies-grièches
écorcheurs ont retardé leur date de ponte. Pour le
couple dont les jeunes ont été observés au nid à la
date du 5 août 2013 il s’agit sûrement d’une ponte
de remplacement.

Un suivi plus poussé de ces couples nous
permettrait de connaître le succès de reproduction
de l’espèce dans l’aire étudiée ainsi que l’époque
de ponte (qui semble être variable en fonction des
conditions climatiques et de la zone géographique

(LEFRANC, 2004).

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardîe Nature

 

Nombre de jeunes à l'envol (n=6)

 

 

«me 85‘

x
eueS
e salglœ

 

Graphique 2 : Nombre de jeunes
à l'envol

 

 

Proximité des couples

La réalisation d’une cartographie des couples
de Pie-grièche écorcheurs nicheurs en Baie de
Somme (cartes 3 et 4), nous a permis de localiser
deux zones favorables à l’espèce. La première se
situe sur les communes de Ponthoile Noyelles-sur—
Mer avec 4 couples nicheurs certains, la seconde
sur les communes de Boismont et Saigneville, au
Sud de la Baie, avec 5 couples nicheurs certains.
Entre ces deux zones de reproduction on retrouve
les renclôtures, des zones favorables à l’espèce
mais sûrement trop ouvertes et où les haies
basses et discontinues sont peu présentes. ll est
difficile de savoir si ces deux îlots représentent
des milieux relictuels où la Pie-grièche écorcheur
trouve encore des zones favorables pour se

Conclusion

Ce suivi, réalisé sur une courte période et
uniquement sur les zonesjugées les plus favorables
de la Baie de Somme pour la Pie-grièche écorcheur,
a tout de même permis de découvrir deux îlots de
reproduction pour l’espèce et un total de 11 couples
nicheurs. Unefois les couples découverts, un suivi de
la reproduction a été effectué pour 9 d’entre eux. Ce
suivi nous éclaire sur le milieu utilisé par les couples
de Pie-grièche écorcheur en Baie de Somme, sur
les supports des nids ainsi que sur la reproduction
de l’espèce pour l’année 2013. Au fil des rencontres,
des idées de sensibilisation des différents acteurs
du Littoral Picard sont apparues. Certaines d’entre
elles, telle qu’une animation destinée aux scolaires
de la commune de Ponthoile, ainsi qu’un reportage
diffusé sur France 3 Picardie ont pu être mises en
place. La rédaction de cet article a également pour
but de valoriser la partie scientifique de ce suivi et de
créer une dynamique autour de cette espèce au sein

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

reproduire ou si plusieurs couples s’y sont installés
récemment. La première hypothèse semble cepen-
dant plus réaliste puisque l’on retrouve dans la
littérature naturaliste picarde un à deux couples de
Pie-grièche écorcheur nicheurs en basse vallée
de la Somme dans les années 1990 et sûrement
jusqu’en 2000 sur les secteurs de Noyelles-sur—Mer
et de Saigneville (COMMECY et al, 2013). Compte
tenu de la forte fidélité de l’espèce à son territoire
de reproduction, nous pouvons supposer que ces
territoires ont déjà été occupés par des individus de
plus de 2 ans. La découverte d’anciens nids sur ces
secteurs semble confirmer cette hypothèse. D’autre
part, nous pouvons nous interroger sur d’éventuels
échanges entre les individus de ces deux îlots.

des naturalistes fréquentant la côte picarde. Pour
les personnes passionnées que nous sommes, au
delà des satisfactions que nous avons pu éprouver
au cours de l’année 2013, il serait intéressant de
pouvoir aller plus loin dans nos recherches. Ainsi un
suivi plus précis pourrait être réalisé dès l’an prochain.
Un suivi par baguage coloré des couples nicheurs
permettrait de connaitre la fidélité des jeunes et des
adultes aux sites de reproduction et de naissance.
Cette technique nous informerait également sur
les échanges entre les deux ilots et avec un peu
de chance sur les voies de migration de « nos »
couples de Pie-grièche écorcheur. Cette année, 6
pelotes de rejection ont été trouvées sur les sites de
reproduction. Une analyse des pelotes ainsi qu’une
observation directe des proies consommées nous
permettrait également de mieux connaitre le régime
alimentaire de cet oiseau sur le Littoral Picard.

Statut des couples nicheurs de
Pie grièche en Baie de Somme
Secteur de Ponthoile
Noyelles-sur-Mer, année 2013

. Couple meneur certain
O Couple nicheur probable

[z.

_ ’ J Couple nicheur possible

Source : Bd Onho, IGN
Réalisation Syndicat Mixte

 

t .4. . Svnd cat Mixte

'  Baiechomme l
iGrand Littoral Picard

 

 

 

Carte 3 : Statut des couples nicheurs de Pie-grièche écorcheur en Baie de Somme, secteur de Ponthoile, Noyelles-
sur-Mer, année 2013

Statut des couples nicheurs de

Pie grieche écorcheur en Baie de Somme
Secteur de Saigneville Boismont,

année 2013

. Couple nicheur certain
O Couple nicheur probable

’ Couple nicheur possible

Source . Bd Ortho. IGN
Réalisation : Syndicat mixte

\‘..;._ .5“ iljiflïl M‘XÎP
ï  Ëaiedesomme l
»' Grand LittoralPicard

 

 

Carte 4 : Statut des couples nicheurs de Pie-grièche écorcheur en Baie de Somme, secteur de Saigneville,
Boismont, année 2013.

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Remerciements

Mes remerciements s’adressent tout particu-
lièrement a Adrien LEPRÊTRE qui m’a épaulé dans
la réalisation de ce suivi. Je remercie également
l’équipe du parc du Marquenterre et de la station

Bibliographie

BRONNE L. (2010). L’écorcheur, le retour. Natagora
n°38.

DUBOIS P. & ROUSSEAU E. (2005). La France à tire
d’aile. Delachaux & Niestlé, Paris.

GÉROUDET P. (2010). Les passereaux d’Europe.
Delachaux & Niestlé, Paris.

LEFRANC N. (1993). Les Pies-grièches d’Europe,
d’Afrique du Nord etdu Moyen-Orient. Delachaux
& Niestlé, Paris, 240p.

LEFRANC N. (Pie-grièche écorcheur) in YEATMAN-
BERTHELOT D. & JARRY G. (1994). Nouvel atlas
des oiseaux nicheurs de France 1985-1989.
Société Ornithologique de France, Paris : 632

— 635.
LEFRANC N. (2004). La Pie-grièche écorcheur. Belin

Webographie

Migraction, fiche espèce La Pie-grièche écorcheur,

disponible ici : http://wwwmigraction.net/index.
php?m id=1517&bs=128

Oiseaux.net, la Pie-grièche écorcheur, disponible
ici : http://wwwoiseaux.net/oiseauX/pie-grieche.
ecorcheur.html.

La Pie-grièche écorcheur en Wallonie, disponible ici:

scientifique de Blanquetaque. Merci également
à l’association Picardie Nature qui m’a permis de
rédiger cet article et d’accéder à certaines données
naturalistes.

éveil et nature. Paris.

ROUSSEAU C. (Pie grièche écorcheur) in COMMECY
(X) (Coord.), BAVEREL D., MATHOT W., RIGAUX T.

& ROUSSEAU C. (2013). Les oiseaux de Picardie.
Historique, statuts et tendances. L’Avocette
37(1) : 281-282.

SORDELLO R. (2012). Synthèse bibliographique sur
les traits de vie de la Pie-grièche écorcheur
(Lanius collurio Linnaeus, 1758) relatifs à ses
déplacements et à ses besoins de continuités
écologiques. Service du patrimoine naturel du
Muséum national d’Histoire naturelle, Paris.

SUEUR F & TRIPLET P. (1999). Les oiseaux de la Baie
de Somme. SMACOPI, 512 p.

http://biodiversite.wallonie.be/fr/laniuscollurio.
html?lDD=50334261&IDC=305.

Atlas des oiseaux nicheurs de France, carte de

reproduction de la Pie-grièche écorcheur,

disponible ici : http://www.atlas-ornitho.fr/index.
php?m id=509&frmSpecies=490&action=speci
es&y= 20052012&y start=2005&y stop=2012#*

Alexandre LAUBIN
Laubin-alexandre@live.fr

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Évolution de la présence du
Garrot à œil d’or Bucephala clangula
de 1973 à 2013 au parc du Marquenterre.

Par Philippe CARRUETTE

Le Garrot à œil d'or se reproduit essentiellement
dans les régions nordiques de tout l’Holarctique
(Amérique, Asie, Europe) en Europe depuis la
Grande Bretagne où il est en extension vers le
sud jusqu'à la Sibérie en passant par la Fenno—
Scandinavie.

C’est un nicheur récent et toujours occasionnel en
France : en Moselle, un couple en 1999 et en 2007,
un couple dans la Meuse en 2001 et plus récemment
en Seine et Marne (DUBOIS et al. 2008). L’effectif
moyen compté en hiver, à la mi janvier de 1997 à
2006 est de 2640 individus (COMMECY 2013). Les
sites de stationnement les plus importants sont : le
cours du Rhin, le lac Léman, le golfe du Morbihan...
En Picardie, il est surtout noté d’octobre à mars sur
les plansgrands d’eau intérieurs etsurle littoral mais
aussi des ballastières de plus petite taille où ces

stationnements sont plus limités. ll apparaît plus
abondant lors des vagues de froid, notamment sur
le littoral où les principaux lieux de stationnements
sont les espaces protégés : parc du Marquenterre,
Hâble d’Ault et plus récemment la station de
lagunage de Fort Mahon. Lors des hivers rigoureux
de 1978/79 et de 1985 le canal de la Somme non
gelé entreAbbeville et Saint Valery a accueilli jusqu’à
113 oiseaux le 19 janvier 1979, 21 le 26 janvier
1985... Un cas de stationnement d’un oiseau en
mue a été noté à Fort Mahon : une femelle en juillet
2007. Ailleurs en Picardie, l’espèce est présente
dans l’Aisne et l’Oise sur les grands plans d’eau
et gravières (Ailette, Vauciennes, Wallu, Pontpoint,
Bazoches...) Un autre cas d’estivage y est connu :
un mâle dans l’Oise à Vauciennes du 3 au 11 juin
1989. En Picardie, la moyenne en janvier est de 20
oiseaux de 1997 à 2006 (maximum de 40 en 1997).

Le point pour le Parc du Marquenterre.

De 1973 à 1993 le Garrot à œil d'or est présent de
la dernière décade d'octobre à mars sur le parc du
Marquenterre avec bien souvent des oiseaux isolés
ou des groupes dépassant rarement 5 individus. La
présence maximale est pour les dernières décades
de décembre et de février (CARRUETTE & TRIPLET
1993)

Le Garrot à œil d’or est maintenant un hivernant
de plus en plus observé sur ce site. Les premiers
individus (des juvéniles ou des femelles adultes)
arrivent généralement fin octobre : 1 juvénile les
18 et 20 octobre 2009, 1 mâle du 20 au 24 octobre
2000, 1 jeune mâle le 29 octobre 2008, mais surtout
à partir de début novembre (2 femelles adultes le
10 novembre 2011). Ces deux dernières années les
premiers oiseaux sont observés très tardivement :
le 20 novembre en 2012 et le 23 novembre 2013.

Les effectifs maximums ont fortement augmenté à
partir des années 2000 avec un maximum de 17
oiseaux le 25 février 2009 (5 mâles) ; 15 le 7 février
2011 (4 mâles), le 21 février 2012 (6 mâles) et le
2 avril 2013 ; 14 le 11 mars (7 mâles 7 femelles ou

immatures) 2006, le 30 janvier 2011 et le 14 mars
2013 (7 mâles) ; 12 (6 mâles) le 24 février 2013 ;
11 le 24 décembre 2008 (2 mâles, 5 juvéniles, 4
femelles), le 2 janvier 2009 (2 mâles) alors que le
parc est gelé à 99%, le 18 février 2009 (2 couples
formés) et 10 le 14 février 1999.

Les maxima sont donc souvent obtenus fin février
et mars voire début avril quand se cumulent les
hivernants et les oiseaux stationnant en migration
prénuptiale. La majorité des oiseaux sont des
individus en plumage de femelles (juvénile et
femelle adulte), les mâles adultes représentant
souvent moins de 20% des effectifs.

Les oiseaux se tiennent la majorité du temps sur le
plus vaste et profond plan d'eau saumâtre (devant
les postes 4, 5 et 6). lls passent la très grande
majorité de leur temps à chercher leur nourriture
en plongée. Les proies ne sont pas visibles et
absorbées sous l'eau. Seule la capture d'un petit
Crabe vert Carcinus maenas fut identifiable. En
décembre 2013 les oiseaux au maximum de 9 sont
beaucoup plus mobiles et se nourrissent aussi

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardîe Nature

bien en eau douce qu'en eau saumâtre du fait
probablement des faibles ressources alimentaires
(printemps froid, niveau d'eau très haut dès
l'automne avec fort clapot).

C’est surtout a partir de la mi-février, lors dejournées
ensoleillées et claires que l’on peut assister a des
parades nuptiales très démonstratives et même
depuis 2001 a des accouplements. Des parades et
accouplements ont été notés aussi dès le 27 janvier
2008 puis de plus en plus tardivement : le 12 mars
2012, le 26 mars 2001 et le 7 avril 2013 où 4 mâles
sont présents. Même si l’espèce est rare comme
nicheuse (en extension de la population vers le
Sud) il est alors intéressant d’installer des nichoirs
(l’espèce est cavernicole, nichant dans les trous
des arbres) vers les postes 4 et 6. Le 19 mars 2012,
deux nichoirs (d’après des plans canadiens) sont
construits et installés au poste 6 sur des piquets,
dans la roselière en limite de la zone forestière :
saulaie inondée. Le 7 avril 2013 un couple vole
autour de ces nichoirs. Une jeune femelle et un
mâle de deuxième année resteront jusqu'au 14
avril mais sans comportement nuptial. Le mâle sera
encore présent jusqu'au 3 mai 2013.

Maintenant, les derniers individus nous quittent
de plus en plus tardivement : vers le 10/15 avril.
Auparavant, les observations postérieures au mois
de février étaient occasionnelles : une femelle avait
été vue du 5 au 13 avril 1988, 1 mâle en plumage
nuptial était noté le 24 mai 1994 (période de 1973
a 2010).

Depuis, et avant les observations rapportées pour

Bibliographie

COMMECY (2013). Garrot à œil d’or in COMMECY X.
(coord.), BAVEREL D., MATHOT W., RIGAUX T. et
ROUSSEAU C. (2013). Les oiseaux de Picardie.
Historique, statuts et tendances. L'Avocette 37
(1) : p 65-66.

2013, nous avions repéré : un mâle en plumage

nuptial les 26 et 28 mai 2011, un mâle paradant
auprès d'une femelle de Harle piette Merge/Ius
a/bel/us les 9 et 10 avril 2011, un jeune mâle présent
tout l'hiver restejusqu'au 12 mai 2012.

 

Un autre phénomène s’est développé récemment :
le stationnement de mue. ll avait déjà été décelé
de manière anecdotique en juin 1978. Depuis, 1
femelle est notée le 10 août 1998 (c’est peut être
la même qui est présente du 7 avril au 3 mai) ; 1
femelle vue les 13 et 28 juillet présente également
de septembre a octobre 2007 ; 2 femelles en mue
le 27 juillet 2008. A l'inverse de l'hivernage, ces
oiseaux choisissent un canal d'eau douce, bien
abrité du vent, assez fermé par les berges laissées
volontairement boisées permettant aux oiseaux de
s'abriter du vent lors des tempêtes.

A noter un individu avec un bec entièrement jaune
vu les 15 et 21 novembre 2009.

CARRUETTE Ph. & TRIPLET P. (1993) Les oiseaux
du Parc ornithologique du Marquenterre.
Association Marquenterre Nature, 146 p.

DUBOIS Ph. J. Le MARECHAL P. OLIoso G et YESOU P.
(2008) Nouvel inventaire des oiseaux de France.
Delachaux et Niestlé, 560 p.

Philippe CARRUETTE
Canteraine, 80120 Rue
philippecarruette@baiedesomme.org

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Alexander Hiley

Le passage des Phragmites aquatiques
Acrocephalus paludicola sur le littoral
picard : un rapide bilan

Par Xavier COMMECY

A deux reprises (COMMECY 2007, BAWEDIN 2011),
des articles relatant les efforts entrepris grâce au
baguage pour repérer le passage de cet oiseau
dans notre région ont paru dans les pages de notre
revue naturaliste. Cette espèce est rare et menacée
dans le monde et sa population a chuté de 95 % au
cours du 20e siècle, essentiellement en raison des
changements de l’agriculture traditionnelle sur ses
sites de nidification ; sa population mondiale est
actuellement estimée entre 10 200 et 13 800 mâles
chanteurs.

Dans le cadre d’un programme LlFE (L'lnstrument
Financier pour l’Environnement) européen, un
Plan National d’Actions (PNA) visant à mieux
comprendre le fonctionnement de cette espèce
en migration et ainsi mieux protéger les zones de
halte migratoire a été mis en place en France. Nos
interventions se font dans ce cadre.

Résultats

Le tableau 1 reprend globalement les résultats
obtenus. Les détails (sauf pour les années 2008 et
2010) peuvent être consultés dans les références
bibliographiques indiquées et elles sont accessibles
sur le site de Picardie Nature dans ses pages

d’archives http://archives.picardie-nature.org/.

 

Phragmite aquatique pris dans le filet

Xavier Commecy

Les modalités employées lors des sessions de
captures ont déjà été présentées (périodes —
surtout le mois d’août, utilisation de la repasse,
localisation des filets...) dans les deux références
citées précédemment, nous ne les reprendrons
pas ici. Selon les années et nos disponibilités,
plusieurs sites sont suivis (simultanément ou
non).

130 Phragmites aquatiques ont ainsi été capturés
et bagués sur le littoral picard en 11 saisons,
résultats inespérés il y a encore quelques années
tant les observations directes de cet oiseau, sans
la technique du baguage, sont exceptionnelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nombre de Phragmites , . Temps de
, . Nombre d Oiseaux , ,
Annee aquatiques , , captures en Reference
, , captures/bagues
captures/bagues heures

2003 3 93 10 COMMECY 2007
2004 1 193 16 COMMECY 2007
2005 1 531 42 COMMECY 2007
2006 1 611 56 COMMECY 2007
2007 5 362 30 COMMECY 2007
2008 8 1502 110 inédit
2009 50 3311 240 BAWEDIN 2011
2010 17 2727 210 inédit
2011 30 2285 141 COMMECY 2011
2012 9 1648 118 COMMECY 2012
2013 5 1419 171 COMMECY 2013

 

 

 

 

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Avocette 2014 - 38 (1) - FÉVRIER 2014 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Les conclusions tirées précédemment restent valables

> Ce sont essentiellement des oiseaux de première
année qui sont capturés sur le littoral picard. Pour
51 individus dont nous possédons les détails
relevés lors des captures, seulement 6 oiseaux
adultes (11%) ont été reconnus. Ils passent plus tôt
en saison (4 captures entre le 30/07 et le 2/08, deux
« tardifs » les 13 et 17/08) que les jeunes oiseaux
que nous avons capturé entre le 06/08 et le 08/09
— pour cet échantillon, essentiellement entre le 10
et le 20/08.

> Si la Picardie et son littoral voient certes passer
chaque année des Phragmites aquatiques, cela
reste généralement en nombre réduit par rapport
à d’autres sites français (en particulier ceux situés
entre la Normandie et la Vendée).

Pour la saison 2013, un site internet permettait aux
bagueurs de France de consigner au jour lejour les
résultats obtenus dans le cadre de ces opérations.

http://www.bretagne-vivante.org/content/
view/499/111/1/4/

Sa consultation montre que malgré notre présence
sur le terrain lors des périodes de passages les
plus forts en France, nous avons capturé peu de
Phragmites aquatiques, ce qui confirme que notre
région est en marge des voies principales de
passage. ll faut remarquer qu’il n’a pas été possible
pour nous, d’organiser à nouveau des captures
sur le site de Noyelles-sur—Mer (renclôture Elluin)

Remerciements

Je remercie les bagueurs de Picardie qui donnent
beaucoup de leur temps pour ces suivis et qui m’ont
communiqué leurs résultats ainsi que la DREAL

Bibliographie

BAWEDIN V. (2011). Bilan de la saison de baguage
2009 consacrée à l’opération ACROLA
L’Avocette 2011 (35) 2 p. 38-42.

COMMECY X. (2007) Opérations ACROLA en Baie
de Somme (80) L’Avocette 2007 (31) 1 p. 7-13.

COMMECY X. (2011) A la recherche des Phragmites
aquatiques Acrocepha/us paludico/a dans le
département de la Somme. Résultats de la fin
d’été 2011.6 p.

après l’année 2009 hors ce site s’est révélé être le
site le plus propice à la capture de l’espèce dans la
région (BAWEDIN 2011).

> Faute d’espaces propices à la recherche de
nourriture pour cette espèce très spécialisée
(prairies humides à Scirpes), il n’y a de pas de
stationnements de longue durée et le littoral
picard semble se trouver en dehors des zones
d’engraissement de l’espèce.

Malgré ceci, étant donné le statut mondial très
critique de l’espèce, chaque site fréquenté est
important pour sa survie. Conscient de ce fait, nos
opérations ont bénéficié en 2011, 2012 et 2013 de
subventions nationales dans le cadre du PNA pour
l’achat de matériel de baguage.

Hors littoral, de nombreuses séances ont été
réalisées dans les vallées de Somme au cours de
ces trois années, pour un total de 138 heures et
902 oiseaux capturés. Aucun Phragmite aquatique
n’a été capturé alors que d’autres sites français
en capturent régulièrement (par exemple dans les
basses vallées angevines), même si l’essentiel des
captures en France se fait dans des sites littoraux.

Ceci vient confirmer l’absence de l’espèce qui n’a
jamais été capturée et baguée en Picardie hors des
sites littoraux malgré le grand nombre de captures
effectuées chaque année.

Picardie qui grâce à des subventions annuelles
dans le cadre du PNA nous a permis d’acheter ou de
renouveler le matériel nécessaire à ces opérations.

COMMECY X. (2012) A la recherche des Phragmites
aquatiques Acrocepha/us paludico/a dans le
département de la Somme. Résultats de la fin
d’été 2012.4 p

COMMECY X. (2013) A la recherche des Phragmites
aquatiques Acrocepha/us paludico/a dans le
département de la Somme. Résultats de la fin
d’été 2013.5 p

Xavier COMMECY
4 Place Godailler Decaix 80800 Gentelles
xavier.commecy@wanadoo.fr

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