Avocette 2009 (33) 3
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L’Avocette, un moyen de diffusion de l’information naturaliste pour l’Observatoire de la faune sauvage en Picardie.
Depuis sa création en 1970, l’étude et la protection de la faune sauvage de Picardie sont les moteurs de Picardie
Nature et l’objet principal de ses statuts. Depuis des années, des dizaines de bénévoles parcourent la région pour
mieux connaître le statut des espèces de différents groupes faunistiques.
Chaque jour met un peu plus en évidence la nécessité de préserver ce qu’il reste de nature dans nos trois
départements. Pour cela, l’association a décidé en 2009 de créer un Observatoire de la faune sauvage en Picardie
de manière a mieux cadrer et évaluer les politiques de conservation mises en place.
Les rôles de cet Observatoire :
• aider au recueil d’informations dans les domaines couverts par les différents réseaux naturalistes de l’association
(actuellement 7 réseaux naturalistes : amphibiens et reptiles, avifaune (oiseaux), chiroptères (Chauves—souris),
orthoptères (criquets et sauterelles), mammifères, mammifères marins, mollusques) par l’embauche de salariés qui
aident a l’organisation fonctionnelle des réseaux de bénévoles et participent au travail de terrain pour des enquétes
régionales ou nationales ;
• communiquer les informations naturalistes régionales auprès des décideurs et du grand public. C’est la
qu’intervient notre revue naturaliste l’Avocette ou vous trouvez les résultats de ces travaux mais d’autres moyens
existent aussi : publication d’atlas régionaux de répartition, mise a disposition de tous de données (non sensibles)
grâce au site internet de l’association, participation a des colloques, rapports scientifiques...
Le projet d’Observatoire de la faune régionale est soutenu financièrement parle Conseil Régional de Picardie, les
Conseils Généraux, l’Etat et l’Union Européenne.

NUMERO SPECIAL
Extraits du rapport de l’observatoire de Picardie Nature :
«Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations
de l’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie »
• So m mai re
p.7 à 22
• Statut de |’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie : synthèse des données
anciennes et situation en 2005
Par Laurent GAvoRv & Bernard CouvREuR
p.23 à 35
• Éléments sur |’éco|ogie et |’étho|ogie de |’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picar-
die : description des stations et synthèse des connaissances accumulées en 2005
Par Bernard CouvREuR
p.36 à 44
• Éléments généraux sur |’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale
Par Laurent GAvoRv
p.45 à 53
• Conservation et suivi de |’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie : état des
stations connues, prescriptions pour leur conservation et le suivi de |’espèce
Par Laurent GAvoRv
L’AV©CETTE, publication naturaliste de :
Picardie Nature - 14 place Vogel - B.P. 50835 - 80008 AMIENS Cedex 1
www.picardie—nature.org - contact@picardie—nature.org
Directeur de publication : Patrick THIERY
Rédacteur en chef : Xavier Coiviiviecv
I\/lise en page :Aude Dexerzvet
Crédits photographiques : Sébastien Leorais
Tirage : 130 exemplaires - Prix d’un numéro : 8 Euros
Date d’édition : Novembre 2010
Dépôt légal : Préfecture dela Somme - FR ISSN 0181 - 0782
Impression : I.P.N.S.
PHSE3
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (3) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Introduction 1) Le diagnostic
Le présent rapport est une présentation des Ilcomprend les phases s’appuyantsur|es méthodes
«éléments de connaissances préliminaires pour suivantes:
la conservation des populations de |’Agrion de
mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie» 1°Synthèse des données existantes
menée par |’Association Picardie Nature. Elle L’intérét est de faire le point sur |’ensemb|e des
avait pour but premier de produire les éléments observations de |’Agrion de Mercure en Picardie.
d’information indispensables pour œuvrer à la Il s’agit d’obtenir les éléments disponibles sur la
conservation des populations d’Agrion de Mercure répartition de |’espece, ses effectifs et son écologie.
Cœnagrion mercuriale en Picardie. Plusieurs sources d’informations sont mises à
contribution :
Le contenu proposé de |’action était le suivant : - la base de données de Picardie Nature,
- les observateurs ayant contacté |’espece en
L’Agrion de Mercure présente un fort enjeu Picardie, afin d’obtenir des précisions sur la station
patrimonial en Picardie avec un statut d’espece (localisation la plus précise possible), |’habitat
«Exceptionnelle»,toutcomme en France ou ilfigure utilisé (parametre et état du milieu à la date
dans la liste des insectes protégés sur le territoire d’observation), |’espece (comportement, âge, sexe,
national (menacé d’extinction) et en Europe de par nombre d’individus...), et s’i|s ont connaissance
son appartenance à l’Annexe Il de la « Directive d’autres secteurs favorables à |’insecte en Picardie
Habitat ». La région comprend un certain nombre - recherche bibliographique
de sites classés en zones «Natura 2000» ou
|’insecte est connu. Toutefois, les connaissances Cette premiere phase permet de faire un état des
actuelles sur cette espece restent tres succinctes, lieux de |’ensemb|e des stations connues et d’avoir
notamment concernant sa répartition régionale et une premiere approche des milieux utilisés par
son écologie. Ces lacunes limitent les possibilités |’espece. Elle débouche notamment sur un plan de
de mettre en place des mesures de conservation prospection.
adaptées.
2° Etude de terrain
L’association Picardie Nature propose de réaliser Cette étude se partage en 2 points :
une étude visantà améliorerles connaissances sur - un relevé sur les sites ou |’espece est connue,
|’espece (effectifs, écologie), plus particulierement d’apres les différents éléments obtenus lors de la
sur les zones « Natura 2000 ». synthese des données existantes.
- une recherche de sites potentiellement favorables
Objectifs à |’espece (ruisseaux et fossés sur sols calcaires,
riche en végétation etexposé au so|ei|),en particulier
Les objectifs de |’action seront de : sur les secteurs classés en zone «Natura 2000».
- améliorer les connaissances de son statut Ces sites sont sélectionnés d’apres une recherche
(répartition, effectif, niveau de reproduction...) et cartographique et bibliographique (consultation des
de son écologie (parametres du ou des milieux documents d’objectifs...), et grâce à |’ensemb|e
utilisés...) des informations obtenues lors de la synthese des
- produire des prescriptions de gestion qui pourront données existantes.
étre générales mais également sitologiques
(maximum de 10 sites ) et de les mettre à disposition L’étude de terrain est réalisée sur 8 jours et s’étend
d’un large public. de la fin mai à la mi-juillet. En moyenne une séance
par semaine est effectuée. Les relevés ont lieu lors
Description de |’action de conditions météorologiques favorables (Ciel :
dégagé, Température comprise entre 20 et 30°C,
L’action comprend deux aspects : un diagnostic et absence de vent et de précipitation...).
la production d’une synthese des connaissances,
mise en forme de façon à pouvoir étre largement En plus des 8jours de terrain, |’association propose
diffusé. d’organiser au minimum une sortie de bénévoles
(peut-étre plus), dans le but d’approfondir les
mîeîo special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE zoog — Revue naturaliste de Picardie Nature

recherches. criteres : abrupte, moyenne ou douce ;
La methode de recherche repose sur la capture au - la vegetation : relevee en distinguant, les ligneux,
filet (puis relâcher des animaux) et |’observation les helophytes et les hydrophytes. Pour chacun
directe. est evalue, le recouvrement (en pourcentage) et la
hauteur. Les informations sont relevees en realisant
Pour chaque releve sont notes : un schema du recouvrement et de la hauteur des
1) les elements concernant la zone d’etude : differents types de vegetaux ;
la date, la commune, le lieu-dit, les coordonnees de - |’environnement immediat : les milieux attenants â
la zone d’observation, la station sont releves en utilisant la nomenclature
2) les informations sur |’espece : CORINE BIOTOPE (utilisation du deuxieme
le nombre d’individus, le sexe et |’âge (larve, niveau) ;
immature ou adulte) ; le comportement (exuvie, - le type d’activite present 500 metres autour de la
defense de territoire, ponte, tandem, plante station (pâturage, culture, route, urbanisation...) ;
utilisee...). - analyse des menaces potentielles (fermeture par
3) les differents parametres de la station : les ligneux, processus de comblement, risque de
- la surface dela zone utilisee par |’espece : evaluee pollution, predation, mauvaise gestion, entretien de
sur le terrain en utilisant un metre ou grâce â des la vegetation...)
mesures sur cartes au 1/25000 si la zone est de
plus grande superficie ; 2) Le cahier de prescriptions
- la profondeur moyenne : evaluee en sondant le
milieu. Il est preferable de relever la lame d’eau Pour chaque site prospecte, une synthese des
dans laquelle evolue |’espece ; observations est realisee. Les stations decouvertes
- la vitesse du courant : estimee, en chronometrant durant |’etude et celles connues auparavant
le deplacement d’un flotteur (courant rapide, sont cartographiees sur carte au 1/25000 et
modere, lent â peine perceptible et nul) accompagnees d’un descriptifde leurs parametres.
- le substrat: releve en analysant sa granulometrie Ensuite un commentaire sur |’etat des stations
(blocs, cailloux, graviers, grains de sables, elements (mode de gestion, menaces, activites presentes...)
fins) et sa nature (vaseux, tourbeux, sableux, est realise. Enfin |’ana|yse debouche sur des
argileux) ; propositions de gestion par station, afin d’assurer
- la pente de la berge est appreciee en utilisant les la conservation de |’espece.
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Numéro Spécial Avûcette 2009 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie lïlîîîrî

L’ana|yse comprend une synthese des données région.
disponibles, en particulier les localités. Chaque
station connue est ensuite visitée ainsi que celles Il comprend quatre parties rédigées sous la forme
susceptibles d’accuei||ir |’espece (en particulier de quatre articles dont deux seront publiés dans
dans les zones «Natura 2000»). des revues spécialisées :
Lors des visites de terrain aboutissant a un contact
avec |’espece, un relevé précis d’information est - Statut de |’Agrion de |V|ercure Cœnagrion
réalisé dans le but de décrire le milieu fréquenté et mercuriale en Picardie : synthese des données
les modalités de son utilisation par |’espece ainsi anciennes et bilan des prospections menées en
que les principales caractéristiques du site. 2005 ;
Les informations sont formalisées sous la forme - Eléments sur |’éco|ogie et |’étho|ogie de l’Agrion
d’un cahier de recommandations, d’au moins deux de |V|ercure Cœnagrion mercuriale en Picardie :
publications dans la revue naturaliste régionale et description des stations réalisée en 2005 et
d’un bilan d’activités pour les financeurs. synthese des données disponibles ;
3) Organisation du rapport - Eléments généraux sur |’Agrion de |V|ercure
Cœnagrion mercuriale ;
Le présent rapport rassemble les éléments de
connaissances accumulés principalement au - Conservation et suivi de |’Agrion de |V|ercure
cours de la phase étude de |’action. Il rassemble Cœnagrion mercuriale en Picardie : situation de
ainsi les principales informations nécessaires pour |’espece, état actuel des stations et prescriptions
contribuer a la conservation de |’espece dans notre de gestion, éléments pour le suivi des populations.
pageô
Numéro Spetïial Avücette 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitïardie Nature

• Statut de l’Agrion de Mercure cœnagrion mercuriale en
Picardie : Synthèse des données anciennes et situation en
2005
Par Sébastien LE©Ris & Laurent GAv©Rv
Résumé de présence, en particulier dans les Zones de
Conservation Spéciale. A |’occasion des relevés
Un bilan des données disponibles sur |’Agrion de réalisés les effectifs présents devaient être
Mercure, complété par des recherches conduites en dénombrés dans le but d’éva|uer |’importance des
2005 a permis de clarifier sa situation en Picardie. populations présentes.
La premiére mention daterait de 1994. Aujourd’hui,
|’espêce est répartie en trois ensembles (Vallée de L’espêce étant connue pour ses déplacements
La Souche (02), de La Thêve (60) et de La Bresle de faible ampleur et par le cloisonnement de ses
(80)) espacés de 85 à 100 kilomètres et composés populations (THOMPSON D.J et al ., 2003), |’état
de 7 noyaux d’individus potentiellement isolés. Ils de la répartition de sa population a été analysé à
sont répartis sur 26 stations qui sont des linéaires la lumiêre des éléments connus sur les facteurs
ou les individus sont présents sans discontinuer. isolant les individus, en particulier à partir des
Leur longueur varie de 3 à 1 200 métres mais la travaux réalisés en Grande-Bretagne. Il s’agissait
majorité est comprise entre 100 et 500 métres. 21 ainsi de proposer une répartition hypothétique des
sont incluses dans des Zones de Conservation populations(grouped’individusiso|és),danslesouci
Spéciale. Les effectifs dénombrés sont peu de déterminer des unités possibles d’interventions
significatifs. Néanmoins, les densités les plus fortes pertinentes pour contribuer efficacement à la
ont été relevées sur La Bresle et les effectifs les conservation de |’espêce.
plus élevés sur La Thêve. Notre étude s’est appuyée essentiellement sur
|’observation des imagos. La recherche des larves
/l/Iot(s) c/é(s) : Picardie, popu/ation, historique, 2005 et des exuvies n’a donc pas été engagée. En fait,
la découverte des larves nécessite une capture
Introduction induisant une perturbation du milieu (utilisation
du troubleau) et nécessitant une autorisation
L’Agrion de Mercure est un des odonates les plus administrative. Pour trouver les exuvies, une
menacés présent en Picardie. De plus, inscrit à prospection minutieuse des rives des cours d’eau
l’annexe Il de la Directive CEE 92/43 relative aux devrait être assurée. Ces derniéres étaient hors de
habitats de la faune et de la flore sauvages, ces notre portée avec les moyens mobilisables (temps
populations doivent présider à la mise en place disponible, absence de barque...). De plus, cette
des Zones de Conservation Spéciale. Dans ce méthode risquait fort d’être perturbante pour bon
contexte, la connaissance fine de sa répartition nombre de sites. Enfin, la détermination des larves
et de |’importance de ses populations sont deux et exuvies s’avêre difficile et demande un examen
élémentsclés pourmesurerla nécessité d’intervenir attentif et donc assez long de chaque individu
en faveur de sa conservation. Ces connaissances collecté.
permettront de déterminer les éventuelles mesures
à faire figurer dans les documents planifiant la Les prospections ont été conduites à |’éche||e
conservation de |’espêce etin fine, évaluerla portée de la station qui correspond à une portion du
des actions qui auront été entreprises. milieu occupée en continu par |’espêce. Il s’agit
généralement d’un tronçon de cours d’eau le
Dans ce contexte, un diagnostic spatio-temporel long duquel des individus sont présents sans
des populations de ce zygoptêre s’est avéré discontinuer. Ce choix a été motivé par le souci de
nécessaire. Aussi, en 2005, aprés avoir réalisé une déterminer des groupes d’individus (susceptibles
synthèse des données existantes, des recherches en fonction de leur niveau d’iso|ement de constituer
sur le terrain ont été conduites. L’objectif était de des populations), de disposer d’unité spatiale
confirmer la présence d’individus sur |’ensemb|e cohérente par rapport à la distribution des individus
des localités ou |’espêce avait été précédemment pour décrire le milieu...
observée et de rechercher de nouveaux sites
Numéro Spécial AVDCétté 2009 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - Révué naturaliste de Pitardié âîîîré

I. Méthodologie présence et dresser un état de sa situation au
cours d’une même saison ;
1) Collecte des données antérieures à 2005 - rechercher |’espece sur des sites potentiellement
favorables, en priorité autour des stations connues
Elle a été assurée en consultant trois sources et sur les zones du réseau «Natura 2000» de la
d’informations : région.
· la base de données naturalistes de Picardie Il est avéré, selon la bibliographie et la physionomie
Nature. Gérée avec le logiciel F’NAT, elle de ces stations en Picardie, que |’Agrion de Mercure
rassemble |’ensemb|e des observations qu’ont pu recherche les cours d’eau de petite a moyenne
transmettre les collaborateurs de |’At|as National largeur en secteur calcaire et acide, présentant
des Odonates, projet coordonné par la Société en rive une ceinture d’hé|ophytes et riche en
Française d’©donato|ogie. L’association assure hydrophytes etauxeauxplutôtoxygénées. ||s’agit|e
un travail de relais régional pour cet atlas, en plus souvent de cours d’eau de premiere catégorie
particulier en mobilisant les odonatologues de piscicole peu ombragé et qui circule donc au milieu
Picardie et en centralisant leurs données. Elle a de prairies. Les sites potentiellement favorables a
ainsi pu récupérer celles réalisées en région depuis |’espece ont été sélectionnés en recherchant sur les
le milieu des années 1980. cartes au 1/25 000 éme de |’|nstitut Géographique
National ce type de situation.
· les données non communiquées (ou publiées)
par les odonatologues ayant pratiqué dans la Ainsi, d’une façon générale, les prospections
région. Pour les récupérer, une annonce a été se sont orientées vers les trois vallées et leurs
passée dans la feuille de liaison des réseaux affluents, ou |’espece avait été signaléezla Souche
naturalistes de Picardie (La Petite Avocette) que dans |’Aisne, la Theve dans |’©ise et la Bresle dans
reçoit la grande majorité de ces spécialistes leur la Somme et les zones Natura 2000 proches soit en
demandant de communiquer les données restées priorité : FR2200380 : Massifs forestiers d’Ha|atte,
dans leur carnet ou base de données personnelle. de Chantilly, et d’Ermenonvi||e ; FR2200363 :
Elle fut complétée par des sollicitations directes. Vallée de la Bresle. La station connue en vallée de
la Souche se situe a 10-15 kilometres d’une zone «
· la bibliographie existante. Les principales Natura 2000 » (FR220390 : Marais dela Souche et
références sur les odonates de la région qui restent Forêt de Samoussy).
peu nombreuses ont été consultées.
A ces zones s’est ajouté un linéaire important de
Les données centralisées sont, dans leur grande cours d’eau ou |’espece pouvait étre présente. La
majorité, une date, un lieu plus ou moins précis, un Picardie ne compte pas moins de 4 600 kilometres
effectif et un ou des auteurs. L’Agrion de Mercure de rivieres de premiere catégorie piscicole dont une
n’avait pas fait |’objet, avant la présente étude de partie présente les caractéristiques recherchées
recherches particulières. par ce Cœnagrionidé. En fait, la tâche s’est avérée
immense et la sélection a été difficile. Cette derniere
2) Collecte des données en 2005 : gestion des a été assumée par les observateurs, membres du
prospections réseau odonates de Picardie Nature, en fonction
de leurs connaissances géographiques de leur
La synthese des données antérieures secteur.
précédemment évoquée a été réalisée avant la
saison de recherche. Elle a permis de dresser la 3) Modalités de recherche de |’espèce et
liste des stations connues de |’espece, et ainsi, éléments relevés
de déterminer, dans une approche certainement
partielle, les conditions écologiques qui lui étaient Les prospections ont été programmées entre la mi-
nécessaires pour vivre en Picardie. Fort de ces mai et la fin juillet, soit au cours de la durée de la
éléments, un plan de prospection a été établi avec période de vol de |’espece en plaine dans le Nord
deux objectifs : de son aire de répartition. Elles se sont toujours
- visiter |’ensemb|e des stations ou |’espece avait déroulées lors de conditions météorologiques
été signalée précédemment pour confirmer sa favorablesztempérature supérieurea 20°, absence
page8
Numéro Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitïardie Nature

de précipitations, pas ou peu de vent. survolé) ou au repos (en déterminant le support
utilisé, notamment |’espece végétale utilisée) ou a
L’observateur s’est rendu sur les secteurs été décrit |orsqu’i| n’entrait pas dans ces catégories.
préalablement localisés, souvent accessibles â
partir d’un pont.Ade rares occasions, |’observateur L’identification des individus a été réalisée â la
a prospecté le fond du cours d’eau â pied, marchant vue, directement â |’œi| pour les individus capturés
dans son lit. La durée et la distance de prospection et â la jumelle pour les autres (essentiellement
de chaque secteur variaient en fonction de les mâles lors du dénombrement). En effet, â
|’existence ou non de contacts avec |’espece, et/ |’aide de jumelles, il est possible de distinguer les
ou du potentiel d’attractivité du milieu pour celle-ci : criteres de silhouette et de dessins caractéristiques
présence ou non de courant,degré d’enso|ei||ement de |’abdomen des mâles. Pour les femelles,
du milieu, type de substrat, transparence de |’eau, |’identification étant plus délicate, elle s’est faite
présence de végétation aquatique... systématiquement, aprés capture, â la loupe, ou
lors de |’observation de tandems. Les criteres
Les stations ont été déterminées en tenant compte utilisés ont été ceux proposés par WENDLER &
des conditions du milieu présent (en particulier NUSS (1994). Lorsque les individus étaient peu
présence d’hé|ophytes etd’hydrophytes en continu, nombreux, ils ont été capturés puis relâchés ceci
absence de zones d’ombre) beaucoup plus que sur pour garantir l’identification.
la base de la présence d’individus. Ainsi, dans peu
de cas, |’absence de discontinuités majeures dans L’effectif a été évalué sur la base d’un décompte
les milieux présents a conduit â prolonger la station des individus présents en parcourant la station.
voire â regrouper deux ou trois points de présence
peu éloignés et situés dans un continuum qualitatif La longueur (en metres) des stations a été
d’habitats. mesurée au moyen d’un ruban hectométrique ou
sur une carte au 1/25 000 lorsque les individus se
Certains individus ont été capturés â |’aide d’un répartissaient sur un long linéaire.
filet pourvu d’un manche de 1m50 de long, ainsi
que d’une poche en tissu mousseline de 30cm de 4) Analyse du cloisonnement des populations
diametre et d’une profondeur de 50cm. Chaque
individu capturé a été identifié puis relâché. Cette analyse s’est appuyée principalement sur
un examen des photos aériennes de l’lnstitut
Lors de |’observation, différents parametres ont été Géographique National, qui datent du début des
relevés et consignés sur une fiche préalablement années 2000, complété par quelques données
établie (voir ANNEXE I) : accumulées sur le terrain, dans le but de trouver
les points possibles de blocagesdes individus.
||s’agissait: Nous avons ainsi localisé les barrières jugées
infranchissables â la lumiere des différents travaux
· d’é|éments concernant les conditions de de |’Université de Liverpool et notamment PURSE
l’inventaire : le nom de |’observateur, la date, et al. (2003) et WATTS et al. (2004). Ainsi, les
les conditions météorologiques de la séance éléments suivants ont été considérés comme étant
et des jours précédents, |’heure de prospection un obstacle impossible âfranchir par les individus:
(arrivée et départ), les conditions météorologiques une distance de plus de 3 km, une agglomération
(nébulosité, température, précipitations et vent avec les rives du cours d’eau bâties sans continuité
selon une typologie), la commune, le lieu-dit et les d’habitats naturels (berge végétalisée) et massifs
coordonnées de la zone d’observation. d’arbustes et d’arbres se développant jusqu’en
rive du cours d’eau. A partir de lâ, sur la base de
· d’informations relatives â |’espece : le nombre la cartographie des stations, nous avons localisé
d’individus, |’âge (adultes et immatures : individus les principaux obstacles aux déplacements des
aux couleurs ternes et aux ailes brillantes) et le individus et ainsi déterminé la ou les stations
comportement â |’aide d’une typologie préétablie. probablement isolées les unes des autres.
Elle comprenait des comportements suivants :
défense de territoire, ponte, tandem, chasse,
alimentation, individu en vol (en indiquant le milieu
Numéro spécial AVDC€tt& ZOO9 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardië lîlîîîrî

ll. Principales limites à |’étude réalisée (THOMPSON & al., 2003). Les limites des stations
n’ont pas toujours été faciles à déterminer, du fait
Concernant la recherche de nouvelles stations, ce principalement des difficultés de prospection déjà
n’est pas moins de 250 kilomètres de cours d’eau évoquées et de faible densité d’individus.
qui auraient mérité d’étre parcourus, auxquels
s’ajoutait |’ensemb|e des rus, ruisseaux, fossés Enfin, |’ana|yse des cloisonnements et la
de drainage... potentiellement favorables. De détermination des îlots de population sont une
plus, les prospections devaient être menées démarche qui relève plus de |’hypothèse que
durant 3 mois raccourcis par les périodes ou les du constat. Il serait indispensable de valider, en
conditions météorologiques étaient défavorables. particulier par une étude des déplacements mais
En 2005, elles n’ont pu étre conduites que durant surtout par un travail sur la diversité du génome, la
24 jours sur 60. A cela s’ajoute la difficulté d’accès détermination des groupes d’individus qui en a été
aux stations favorables pour plusieurs raisons : le fruit. En outre, |’éche||e insuffisante de la photo
propriétés privées fermées, animaux à |’herbe, aériennea|imité|’ana|yse.Certains points auraient
végétation luxuriante, berges abruptes... L’amp|eur certainement mérité d’étre confirmés sur le terrain.
de la tâche était donc sans commune mesure avec Toutefois, |’hypothèse proposée constitue à nos
les moyens que nous pouvions mobiliser. yeux une situation minimale suffisamment sérieuse
pour étre prise en compte notamment dans le
Dans ces conditions, la prospection des sites cadre de |’é|aboration de Documents d’objectifs
favorables dans les sites Natura 2000 peut étre Natura 2000.
considérée comme satisfaisante. Par contre, celle
dédiée à la découverte de nouvelles stations est
loin de |’étre. Seules 10 stations potentiellement III. Résultats
favorables ont été visitées.
1) Etat des recherches conduites
Les modalités de détermination des individus
(à la jumelle principalement) peuvent sembler La consultation de la base de données de Picardie
peu fiables, en raison des confusions possibles Natureadonné 11 citations antérieuresà2005 (une
avec d’autres Agrions (tels que |’Agrion gracieux date d’observation, un ou plusieurs noms d’obser-
Coenagrion pu/che//um, |’Agrion jouvencelle vateur, une commune, un lieu-dit, |’âge, le sexe, le
Cœnagrion pue//a, |’Agrion porte coupe Ena//agma nombre d’individus, et parfois, un commentaire).
cyathigerum) . Ces espèces sont généralement
peu fréquentes, voire absentes dans les secteurs Peu de cours d’eau favorables à |’Agrion de Mer-
occupés par Cœnagrion mercuriale, et ce dernier, cure ont fait |’objet de séances de recherche des
a la particularité d’avoir des segments abdominaux odonates si ce n’est les Vallées de la Bresle et de
ayant la méme proportion de couleur noire et bleue, la Souche.
facilement visible à |’œi| nu. La détermination
à vue est également utilisée dans d’autres La base de donnéesapermis d’identifier les tron-
régions (DELIRY, 2004). Dans tous les cas, n’ont çons de cours d’eaux, potentiellementfavorables
été pris en compte que les individus dont les à|’espèce et visités par des odonatologues entre
critères diagnostics ont été vus. Cette méthode a 1970 et 2005 (rus, rivière de première catégo-
probablement contribué à sous-estimer les effectifs rie...) (carte 1).
présents et le nombre de stations.
Pour les comptages, il faut souligner que de
nombreuxfacteursinfluencentle nombre d’individus
présents et observés, notamment : les conditions
météorologiques, la période d’émergence... C’est
pourquoi, les effectifs relevés seront considérés
comme non significatifs et indicatifs. En effet, il
s’avère nécessaire de réaliser des dénombrements
régulièrement sur un méme site pour espérer
obtenir une évaluation significative de la population
mîelrï special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

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Carté 1 .· Répartition dés localités ayant fait/’objét dé réchérché d’odonatés étpoténtié//émént favorab/és
à /%\grion dé /l/Iércuré Coenagrion mercuriale éntré 1970 ét 2005.
9 observateurs des organismes et associations qui de ces deux espaces compétents dans |’étude de
suivent ont été contactés : Conservatoire des Sites ce groupe d’animaux ont transmis les éléments de
Naturels de Picardie, Parc Naturel Régional Oise connaissance relatifs aux populations concernées.
Pays de France, Association des Entomologistes De plus, le nombre importantde propriétés privées,
Picards, Picardie Nature et autres naturalistes en particulier en Vallée de la Theve a rendu plus
indépendants. difficile les prospections le long de ce cours d’eau.
Une dizaine de références bibliographiques a été Ont également été visités :
consultée. - dans des zones Natura 2000 concernées : les «
prairies de Charlemont » a Mortefontaine (60) et
En 2005, les trois secteurs ou |’espece avait été les marais dela Souche (02).
notée précédemment ont été prospectés : - a proximité des zones Natura 2000 concernées :
- la Souche de Sissonne a Crécy-sur-Serre, - la Serre (02) de Nouvion-et-Catillon a Dercy,
- la Theve de Mortefontaine a Lamorlaye, - le ruisseau des Barentons (02) de Verneuil-
- la Bresle de Saint-Germain-sur-Bresle a Oust- sur-Serre a Barenton-sur-Serre (affluent de la
Marest. Souche),
- la Launette (60) de Ver-sur-Launette a
L’ensemb|e des stations connues a été visitée a Ermenonville a proximité dela Theve,
|’exception de deux sites privés difficiles d’acces. - la Vimeuse (80) de Maisnieres a Gamaches.
La premiere se situe a Plailly dans l’emprise du «
Parc Asterix » et la seconde, a Coye-la-Forêt sur Le détail des localités visitées figure sur la carte 2.
les « marais de la Troublerie ». Les gestionnaires
pëlgë 11
Numéro spécial Avocetté 2009 — 33 (3) — DECEMBRE 2009 — Révue naturaliste de Picardie Nature

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Carte 2 .· Localités de recherche de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en 2005. Un rond blanc materialise le
constat d’une absence de l’espece et un rond noin sa presence
Des recherches ont également été menées sur des - dans la Somme sur les cours d’eau : |’Airaines
cours d’eau qui présentaient les caractéristiques (commune de Bettencourt-riviere, Airaines et
recherchées par |’espece : Nlétigny), le Saint-Landon (commune de Riencourt),
- dans |’Aisne sur le Domptin (commune de La Poix, Les Evoissons, Le Liger.
Domptin, Villers-Saint-Denis et Charly), et le ru de
Vergis (commune de Nogent-|’Artaud) ; le Dolloir Un total de 96 localités a ainsi fait |’objet de
(commune de Essises) ; prospections au cours de la saison 2005.
pëgë 12
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (3)- DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

2) Période de prospection et conditions d’assurer la prospection systématique d’un
météorologiques en 2005 linéaire important de cours d’eau.
Un total de 19 séances a été réalisé du 26/05/05 Les mauvaises conditions météorologiques
au 21/07/05 en majorité au cours du mois de fin juin expliquent le manque de recherche
de juin (11 séances), lorsque les conditions entre le 22/06/05 et le 05/07/05. L’ensemb|e
météorologiques étaient favorables aux des séances s’est déroulé avec des conditions
odonates, c’est-a-dire avec un ciel dégagé, favorables au vol des odonates, a |’exception de
des températures comprises entre 20 et 30°, celle du 21/07/05 ou les températures étaient
une absence de vent et de précipitations. Les relativement basses et le ventfort. La vallée de la
séances ont généralement débuté en milieu de Thêve a fait |’objet d’une pression d’observation
matinée vers 10h30 et se sont terminées en fin plus forte que les autres vallées, suite au projet
d’aprês-midi vers 17h00. de la Direction Régionale de |’Environnement
de Picardie d’êtendre la zone « Natura 2000 »
Une recherche a été menée de façon concertée (FR2212005 : Forêts picardes : massif des trois
par plusieurs personnes lors d’une journée forêts et bois du roi) sur ce territoire.
favorable en Vallée de la Bresle. Elle a permis
Date T° Vent Nébulosité Précipitations Arrivée Départ Secteur
26/05/05 22° Faible Ciel dégagé aucune 10:30:00 17:00:00 La Bresle
27/05/05 28° Faible Ciel dégagé aucune 14:00:00 17:30:00 La Bresle
09/06/05 20° 10 km/h NE Ciel dégagé aucune 10:30:00 17:00:00 La Souche
_ Ciel peu
11/06/05 22° Faible aucune 10:30:00 17:00:00 La Bresle
nuageux
16/06/05 22° Nul Ciel très aucune 10:30:00 17:00:00 La Thève et la Lau-
nuageux neüe
18/06/05 23° Nul Ciel nuageux aucune 10:30:00 17:00:00 La Bresle
18/06/05 23° Nul Ciel nuageux aucune 10:30:00 17:00:00 La Bresle
18/06/05 23° Nul Ciel nuageux aucune 10:30:00 17:00:00 La Bresle
18/06/05 20° Nul Ciel dégagé aucune 10:00:00 13:00:00 La Thève
19/06/05 ? ? ? ? ? ? L’Airaines
20/06/05 ? ? ? ? ? ? La Souche
22/06/05 28° Nul Ciel dégagé aucune 10:30:00 17:00:00 La Thève
Le Domptin et le Ru
25/06/05 ? ? ? ? ? ? _
de Vergis
Ciel peu _
05/07/05 18° Nul aucune 10:30:00 17:00:00 La Theve
nuageux
_ Ciel peu _
11/07/05 26° Faible aucune 10:30:00 17:00:00 La Theve
nuageux
13/07/05 25° 20 km/h SO Ciel dégagé aucune 10:30:00 17:00:00 La Souche et la Serre
Tab/eau 1 .· Dates, conditions météorologiques, horaires et secteurs prospectés en 2005
page 13
Numéro spécial AVDC€tté 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

3) Répartition des populations
Avant 2005, les principales références consultées de Bouttencourt en juin (BRUNEL & BIGNON,
(BRUNEL & al., 1988 ; GAVORY, 1989 ; FLIPO, 1995). Il sera ensuite signalé à Oust-|V|arest en
1997 et DELASALLE & al., 2004) indiquent que 1995 (SANNIER, 1999). Les éléments disponibles
la premiere mention régionale date de 1994 et supplémentaires sont des données brutes émanant
provient de la Vallée de la Bresle au lieu-dit « les de la base de |’association Picardie Nature et qui
grands prés » sur la commune figurent dans le tableau 2.
A A _ A _ _ Date d’observa- Nombre
Vallee Dept Localité Lieu-dit _ _ _ _ Age et Sexe
tion d’mdividus
B©UTTEN— __ 18/06/1996 & _ l\/Iâles et femelles
la Bresle 80 l\/Ionthieres 1 a 15
COURT 14/07/1997 adultes
18/05/1998 & A
la Bresle 80 OUST-MAREST Marest 2 Males
17/06/2000
_ |\/larais dela
la Theve 60 C©YE—LA—F©RET _ 09/06/2003 4 ?
Troublerie
_ M©RTEF©N— Bois de _ A
la Theve 60 __ 02/06/1997 1 a 10 Males adultes
TAINE l\/lornere
_ M©RTEF©N— Etang de
la Theve 60 __ 2004
TAINE Valliere
_ A _ 08/08/1998 &
la Theve 60 PLAILLY Parc Asterix 1 ?
22/06/2000
_ Neufmoulin/la
la Theve 60 PLAILLY _ 28/05/2004 1 Adulte
Theve
A|’©uestdu
la Thève 60 PLAILLY Bois de la ? ? ?
Grande l\/lare
FR©IDI\/I©NT— A
la Souche 02 La Souche 21/07/2003 2 Males
COHARTILLE
Tab/eau 2 .· Données brutes de /34grion de Mercure Cœnagrion mercuriale co//ectees de 1996 à 2004
La cartographie de |’ensemb|e des stations figure données de Picardie Nature tout en précisant la
en annexe Il sur des extraits de carte topographique localisation de certaines stations et en fournissant
au 1/25 000 eme. des renseignements supplémentaires sur |’éco|ogie
de |’espece. Enfin et surtout, leur examen a
S’ajoutent à ces données, les observations permis de prendre connaissance d’une nouvelle
collectées aupres d’observateurs. Elles ont station, située à Coye-la-Forêt sur les |V|arais de la
confirmé la situation brossée au moyen des Troublerie (LEBRUN & BOCQUILLON (2004)).
données bibliographiques et de la base de
pëgë 14
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (3)- DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Carte 3 .· Localisation des stations de l%\grion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie de
1994 a 2004
En 2005, a |’éche||e de la Picardie, sur les 96 occupée en continu par |’espece), cartographiées
localités prospectés, |’espece a été trouvée en 15 en Annexe ll.
points rassemblés en 26 stations (portion de milieu
Qin
O 1-10 ; 1-1:-1 D gf
© 11-50 z 11:r  
Q 51-100 z 11:2
Q: 101 : 11:2 -
bit maxi individus
Carte 4 .· Localisation des stations de lïlgrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie en
2005
pêlgê 15
Numéro spécial Avocetté 2009 — 33 (3) — DECEMBRE 2009 — Révue naturaliste de Picardie Nature

L’espece fréquente toujours les 3 vallées ou elle 85 et 100 kilometres.
avait été observée précédemment. La visite des
9 stations découvertes avant 2005, a permis de Quant a la distance les séparant, elle varie de
confirmer sa présence sur 8 d’entre elles. Elle n’a quelques centaines de metres a plus d’une
pas été revue en Vallée de la Souche a Froidmont- quinzaine de kilometres.
Cohartille (02), au niveau du pont de la Route
Nationale 2, alors que le milieu semble lui étre 4) La longueur des stations
toujours favorable. |V|ais, elle a été repérée a 500
metres de la. Les localités fréquentées sont uniquement des
cours d’eau. Les 23 linéaires mesurés sont compris
Les recherches de sites potentiellement favorables entre 3 (Oust-|V|arest) et 1 200 metres (Plailly). La
autour des secteurs connus ontpermis de découvrir majorité mesure entre 101 et 500 metres, et une
20 nouvelles stations : 12 en Vallée de la Bresle, 6 seule dépasse les 500. Leurs longueurs different
en Vallée de la Theve, et 2 en Vallée dela Souche. d’une vallée a |’autre :
- en Vallée de la Bresle, les stations de petite taille,
La prospection d’autres cours d’eau proches entre 1 metre et 25 metres, sont nombreuses (42%
des précédents, la Launette (60), la Serre (02), des cas) et présententun nombre comparable aux
le ruisseau des Barentons (02), la Vimeuse (80) stations plus importantes de 101 a 500 metres.
n’a donné aucun résultat, tout comme les autres La station la plus longue mesure 250 metres. La
secteurs prospectés en Picardie. longueur totale de cours d’eau occupée sur cette
vallée est de 960 metres, pour une longueur
Ainsi, |’espece se répartit sur 3 ensembles de moyenne de 80 metres par station,
stations situés dans chaque département picard : - en Vallée dela Theve, les stations de grande taille
- en Vallée de la Souche, sur 2 stations situées a entre 101 et 500 metres sont majoritaires (67% des
Froidmont-Cohartille et Barenton-sur-Serre ; cas) et aucune station au-dessous de 25 metres de
- en Vallée de la Theve, sur 13 stations qui se longueur n’a été relevée. La longueur maximale du
trouvent sur 3 communes : |V|ortefontaine, Plailly cours d’eau occupée est de 1 200 metres. Cette
et Coye-la-Forêt; vallée totalise 3 815 metres de linéaire occupée
-en Vallée de la Bresle, sur11 stations localisées par |’espece, soit une longueur moyenne de 424
sur 7 communes : Oust-|V|arest, Beauchamps, metres par station.
Gamaches, |V|onchaux-Soreng, Blangy-sur-Bresle, - en Vallée de la Souche, les 2 stations sont
Bouttencourt, et Saint-Germain-sur-Bresle. comprises entre 101 et 500 metres de long, avec
une longueur maximale de 400 metres. Le total de
L’éloignement de ces trois ensembles est linéaire occupé par |’espece estde 600 metres, soit
relativement important puisqu’i| est compris entre une moyenne de 300 metres par station.
Longueur des stations
Fourchette de longueur en mètres Nombre %
de 1 a 25 5 22%
de 26 a 100 5 22%
De 101 a 250 6 26%
de 251 a 500 5 22%
plus de 500 2 8%
Tab/eau 3 .· Effectif par amplitude de longueur de station (n=23) en mètres
page 16
Numéro Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitïardie Nature

5) Le cloisonnement des populations Au sein d’une population, les distances séparant
les stations seraient variables, tout comme
Les cartes en ANNEXE Ill proposent la répartition |’é|oignement entres les populations potentielles.
des populations potentielles (nous parlerons de La situation par vallée est la suivante:
population dans la suite du document) issue du
regroupement de plusieurs stations apres |’ana|yse -pour|ava||ée dela Bresle, on observe3 populations
des facteurs considérés comme isolant les groupes relativement proches (de 3 a 4,375 km de distance)
d’individus. Le nombre de populations se répartirait les unes des autres, et une tres éloignée (de 15
ainsi selon les vallées : km) des autres. Au sein d’une méme population,
- 1 en Vallée de la Souche les stations peuvent étre relativement proches (125
- 2 en Vallée dela Theve m), mais aussi fortement éloignées (2 875 m). Sur
- 4 en Vallée de la Bresle cette vallée, 33 kilometres séparent les 2 stations
les plus éloignées.
_ _ _ _ _ Distance dé la
_ _ Distance mini Distance maxi _
Populations Nombre dé stations , _ , _ population la plus
séparant 2 stations séparant 2 stations
proché
1. Oust-Marest 2 125 m 125 m 4 375 m
2. Béauchamps ét
5 150 m 2875 m 3 000 m
Gamachés
3. Bouttencourt et
3 375 m 2250 m 3 000 m
Blangy-sur-Bresle
4. Saint-Gérmain-sur-
1 15 000 m
Bréslé
Tableau 4 .· Récapitulatif par population potentielle de la Vallée de La Bresle
- pour la vallée de la Theve, 2 populations assez stations, situées a |’Est du Bois dela Grande |V|are,
éloignées (6 750mde distance)ont été notées. Les qui sont séparées par 1125 metres de celle se
stations au sein de la population « lVlortefontaine trouvant sur le « parc Astérix ». Sur cette vallée,
et Plailly » sont relativement proches (séparées 12 kilometres séparent les 2 stations les plus
en général de 150 a 500 m), a |’exception des 3 éloignées.
_ _ _ _ _ Distancé dé la
_ _ Distancé mini Distancé maxi _
Populations Nombré dé stations , _ , _ population la plus
séparant 2 stations séparant 2 stations
proché
1. Nlortefontaine et 10 125 m 1 125 m 6 750 m
Plailly
2. Coye—|e—Forét 2 750 m 750 m 6 750 m
Tableau 5 .· Récapitulatif par population potentielle de la Vallée de La Theve
- pour la vallée de la Souche, il n’existe qu’une de 1,875 kilometres de distance.
seule population comprenant 2 stations éloignées
_ _ _ _ _ Distancé dé la
_ _ Distancé mini Distancé maxi _
Population Nombré dé stations , _ , _ population la plus
séparant 2 stations séparant 2 stations
proché
Froidmont-Cohartille et
2 250 m 1 875 m 85 km
Barénton—sur—Sérré
Tableau 6 .· Récapitulatif par population potentielle de la Vallée de La Souche
page 17
Numéro spécial Avocetté 2009 — 33 (3) — DECEMBRE 2009 — Révué naturaliste dé Picardie Nature

6) Les stations et les périmètres : protection Par ailleurs, sur les 26 stations, 11 se trouvent sur
réglementaire, Natura 2000 et ZNIEFF la ZNIEFF, (Zone Naturelle d’|ntérêt Ecologique
Faunistique et Floristique) « Forêt de Chantillyi
Aucune des stations repérées ne bénéficie d’une Ermenonville » dans |’©ise ce qui représente 42%
protection réglementaire de type réserve naturelle des stations.
ou arrêté préfectoral de protection de biotope.
Sur les 26 stations repérées, 21 sont incluses dans 7) Effectifs et densités
une Zone Spéciale de Conservation soit 81%. Il
s’agit de |’ensemb|e des stations de la Vallée de la Un total de 561 individus a été comptabilisé. De
Bresle (FR2200363 : Vallée de la Bresle), et de la gros écarts sont constatés entre les effectifs des
plupart de celles rencontrées en Vallée de la Thêve stations, de 2 individus pour Oust-|V|arest (80) à
(FR2212005 : Forêts picardes : |V|assif des Trois 136 individus pour Plailly (60). Si |’on considere
forêts et Bois du Roi), à|’exception d’une située sur le nombre d’individus par rapport à la longueur
le ru Saint-|V|artin et de 3 situées à |’Est du Bois de des stations, on constate que ce chiffre est
la Grande |V|are, localisées à une cinquantaine de généralement compris entre 0,01 et 0,25 individus
metres de la zone Natura 2000 concernée. Enfin, au metre (78% des cas), ce qui parait relativement
les stations situées en Vallée de la Souche en sont faible (moins de 1 individu pour 4 m de stations
éloignées de 10 à 15 ki|omêtres» (FR220390 : visitées). Une seule station (4% des cas) présente
|V|arais de la Souche et Forêt de Samoussy). plus de 2 individus au metre.
, _ Effectif Effectif Effectif Densité Densité Densité
Vallee Effectif Total _ _ _ _ _ _
m3XImUm mII’1ImUm MOy€I’1 m3XImUm mII’1ImUm mOy6I’1I’1€
Bresle 157 37 2 15,7 1,32 0,05 0,35
Thève 371 136 4 37,1 0,23 0,02 0,09
Souche 33 27 6 16,5 0,14 0,02 0,08
Tab/eau 7 .· Effectif et densité re/eves de /94grion de Mercure Cœnagrion mercuriale par station en Picardie
En fonction de chaque vallée, la situation est la soit 66% des comptages, et une moyenne de 0,09
suivante : individus par mêtre de station visitée,
- la Bresle, un total de 157 individus, soit 28% des - la Souche, un total de 33 individus, soit 6% des
effectifs comptabilisés durant|’étude, etune densité effectifs comptabilisés. On trouve sur cette vallée
moyenne de 0,35 individus par metre de station, une moyenne de 0,08 individus par metre de station
- la Thêve, la plus importante station repérée avec repérée.
136 individus à Plailly. Elle totalise 371 individus
mîelrî special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE zoo9 — Revue naturaliste de Picardie Nature

. . , . . Longueur . ,
Station Localite Dpt Nombre Individus ‘ Densite
(en metres)
Station a Oust—lV|arest 80 18 100 0,18
Station b Oust-Marest 80 33 25 1,32
Station c Beauchamps 80 2 3 0,66
Station d Beauchamps 80 2 7 0,29
Station e Beauchamps 80 5 100 0,05
Station f Gamaches 80 4 27 0,15
Station g lV|onchaux—Soreng 80 22 250 0,09
Station h Blangy-sur-Bresle 80 25 175 0,14
Station i lV|onchaux—Soreng 80 9 ? ?
_ _ Saint-Germain—sur-
Station ) 80 37 150 0,25
Bresle
Station k Nlortefontaine 60 4 250 0,02
Station I Mortefontaine 60 15 500 0,03
Station m Nlortefontaine 60 5 35 0,14
Station n Mortefontaine 60 15 500 0,03
Station o Nlortefontaine 60 100 600 0,17
Station p Mortefontaine 60 136 1200 0,11
Station q Plailly 60 7 30 0,23
Station r Plailly 60 25 300 0,08
Station s Plailly 60 30 500 0,06
Station t Coye-la-Forêt 60 34 500 0,07
_ Froidmont—Cohar—
Station u _ 02 27 200 0,14
tille
Station v Barenton—sur-Serre 02 6 400 0,02
Tableau 8 .· Nombre d’individus longueur de la station, densité relevés par station (n=21) en Picardie
8) Age et Sexe ratio individus a ce stade durant |’étude, notamment aux
abords immédiats des sites de reproduction.
Les 461 individus dont le sexe et |’âge ont pu
être déterminés étaient adultes à |’exception de La grande majorité des individus observés sont
4 immatures. 2 ont été trouvés à Beauchamps des mâles (399 individus mâles soit 87% pour 62
(80) sur un habitat a priori peu favorable à la femelles).
reproduction (peu ensoleillé, faible recouvrement
d’hydrophytes...) qui pourrait servir de zone de Cette différence pourrait avoir comme origine par
maturation, et 2 a lVlortefontaine (02). Sur cette la détermination moins aisée des femelles (capture
derniére localité, les individus étaient fraîchement obligatoire, observation à la |oupe...), mais aussi
émergés. par leur comportement plus discret que les mâles,
et a priori une fréquentation moins importante des
Le faible nombre d’immatures rencontrés peut zones de reproduction, notamment pour éviter le
s’exp|iquer par leur départ dés |’émergence harcèlement des mâles (THOMPSON et al., 2003).
des zones de reproduction (pour le temps de la La plupart des femelles ont été comptabilisées lors
maturation) et la recherche non approfondie des de comportement d’accoup|ement.
Numéro spécial AVDC€tté 2009 · 33 (3) · DECEMBRE ZOO9 - RéVLIé r1atLIraliSt€ de Picardiepââîuiî

IV. Discussion - Conclusion 8 populations isolées qui devraient constituer les
unités de référence a prendre en compte dans le
cadre des démarches de conservation de |’espèce.
1) Historique - Répartition
L’Agrion de |V|ercure a été noté pour la première 2) Effectifs, sexe ratio
fois en Picardie en 1994. Toutefois, il est fort
probable qu’i| soit passé inaperçu précédemment. Concernant les effectifs, les éléments relevés
L’espèce n’a en effet pas connu de progression restent indicatifs car les décomptes sont influencés
particulière de son aire de répartition, bien au par bon nombre de facteurs qui empéchent de
contraire. En fait, ses exigences écologiques font garantir la réelle abondance de |’espèce dans
qu’e||e passe facilement inaperçue aux yeux des ces stations. Toutefois, les effectifs seraient plus
odonatologues. Ces derniers sont peu attirés par importants en Vallée dela Bresle (densité moyenne
les milieux fréquentés par |’Agrion de |V|ercure car de 0,35 individus par mètre) alors que les stations
ils sont pauvres en espèces. De plus, la majorité s’étendent sur un linéaire réduit (837m).
des zones qui lui sont favorables se trouve en
milieu ouvert (LEGRIS & GAVORY, 2009 b), le plus Les éléments sur le sexe-ratio sont trop
souvent au milieu de prairies fermées et pâturées fragmentaires pour étre discutés.
donc difficilement accessibles. Le faible nombre
de données accumulées sur cette espèce depuis
sa découverte en 1994 appuie cette hypothèse. 3) Synthèse par vallée
Seules 11 données dans la base de données dont
3 concernent le méme site. · Sur la Vallée de La Souche, ou avant 2005 une
seule station était connue, |’étude a permis de
Ce Cœnagrionidé était connu avant 2005 de 3 découvrir 2 nouvelles stations. Lors des visites, le
cours d’eau : La Souche, La Thèves et La Bresle. nombre d’individus comptabilisé était réduit avec
Les recherches dédiées réalisées en 2005 ont une moyenne de 16,5. Les stations repérées sont
confirmé cette situation et ont permis de trouver réparties sur2 kilomètres.
18 nouvelles stations uniquement sur ces cours Sur chaque station, Cœnagrion mercuriale
d’eau. Les recherches menées sur d’autres cours a été observé en petit groupe, réparti sur
d’eau ont été limitées et insuffisantes pour pouvoir d’importantes longueurs. Cette distribution pourrait
conclure définitivement a |’absence de |’espèce y étre conditionnée par |’absence de gros herbiers
sur ces sites. Il sera nécessaire de réaliser dans d’hydrophytes émergeantes, ce qui pousserait
les années a venir de nouvelles prospections en les individus a utiliser des habitats constitués
les ciblant a la lumière des éléments accumulés de plantes très variées (Baldingère Phalaris
dans le cadre du présent programme de collecte arundinacea, Consoude Symphytum ofücina/e,
de données sur |’éco|ogie de |’espèce (LEGRIS & Reine des prés Fi/ipendu/a u/maria...) fréquents sur
GAVORY, 2009b). la rivière Souche.
L’amont et |’ava| des stations ainsi que d’autres
En 2005, la répartition de |’Agrion de |V|ercure en points de cette rivière ont été prospectés sans
Picardie est donc éclatée en 3 noyaux sur 3 cours succès. Or, en amont de Froidmont-Cohartille,
d’eau très éloignés les uns des autres (entre 85 et les habitats apparaissent moins favorables, en
100 kilomètres). Cette situation est défavorable aux particulier a partir de Vesles-et-Caumont, et tout le
échanges entre populations quisontindispensables long des |V|arais de la Souche. Il en est de méme
au brassage génétique, facteur déterminant pour la en aval de Barenton-sur-Serre Les autres rivières
viabilité des populations. proches, la Serre et le Ruisseau des Barentons
ont été prospectés sans succès. Cependant, les
Au sein de ces trois ensembles, une analyse des difficultés de prospection dues aux berges abruptes
barrières au déplacement des individus nous a etala faible densité d’individus n’ont pas facilité les
amené a avancer |’hypothèse qu’i|s pourraient recherches et donc |’observation d’individus.
étre scindés en 8 sous unités entre lesquelles
les échanges pourraient étre très limités voire Actuellement, les deux noyaux situés a Froidmont-
nuls. Ainsi, en Picardie pourraient étre présentes Cohartille et a Barenton-sur-Serre » ont été
mîeîrî special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE zoog — Revue naturaliste de Picardie Nature

considérés comme formant une seule population. Saint-Germain-sur-Bresle.
Ils sont distants de 2 kilometres ou les milieux Les principaux facteurs pouvant limiter les
sont favorables rendant possibles les échangés mouvements de Cœnagrion mercuriale sur cette
d’individus. vallée semblent étre la présence d’agg|omérations
comme Gamaches ét Blangy-sur-Bresle, ét les
Le niveau de population faible relevé (0,08individus zones de cours d’eau fermées par les ligneux
au metre) ét |’iso|ement apparent de la population, sur de longs tronçons. Citons également que la
peuvent laisser supposer qu’e||e est dans une création de nombreuses gravieres surdes secteurs
situation de conservation peu favorable ét son autrefois composés de prairies traversées par
devenir pourrait étre considéré comme compromis. des rus favorables a |’espéce, a pu contribuer a
l’iso|ement des populations.
· En Vallée de la Theve, |’étude 2005 a permis de
découvrir 6 stations en périphérie de celles connues
auparavant amenant leur nombre a 13 pour 3 4) Importance et conservation des populations
localités. Mémé si les effectifs y sont importants, picardes et leur conservation
59 % des effectifs picards, la densité moyenne
des individus par station est faible : 0,09 individu Les populations picardes se trouvent en limite
par metre. Cette densité est nettement plus basse Nord de répartition et constituent un des éléments
que celle de la Vallée de la Bresle (0,35 individu essentiels dans le réseau de populations du
par metre). Des individus y ont été notés sur 12 Bassin Parisien. Leur nombre et leurs effectifs leur
kilometres de vallée. confèrent un rôle important dans le maintien de
|’espece dans le Nord de la France.
Trois populations pourraient étre présentes : une
sur |Vlortefontaine et Plailly, et deux sur Coye-|a- Globalement, aujourd’hui sur les 27 stations
Forét. Ces deux derniéres sont distantes de 7 répertoriées, 2 font |’objet d’un processus de
kilometres, entre lesquelles aucun individu n’a conservation, une a Plailly au « Parc Asterix »,
été rencontré, et ou les milieux semblent peu sur un terrain géré par le Conservatoire des Sites
favorables a |’espéce, notamment le cours d’eau Naturels de Picardie, et une autre a Coye-la-Forét
« la Batarde ». Notons également le passage de aux « marais de la Troublerie » faisant |’objet de
l’Autoroute A1 sur la partie Ouest de la population mesures de gestion, encadrées par le Parc Naturel
« |Vlortefontaine et Plailly », qui laisse supposer Régional Oise Pays de France.De plus,21 stations
un risque d’iso|ement des 3 stations du « Bois de sont incluses dans un site Natura 2000.
la Grande lV|are ». De plus, la principale station
de la vallée, est menacée par la plantation d’une
peupleraie qui risque d’ombrager le milieu dans les
années a venir.
· Enfin en Vallée de la Bresle, deux stations étaient
connues avant 2005 sur 2 localités. Suite a cette
étude, 12 stations sont recensées sur 7 localités
qui se répartissent sur 33 kilometres de vallée.
La Bresle concentre 34% des effectifs régionaux
comptabilisés durant |’étude. Les stations
comprennent souvent un faible nombre d’individus
entre 2 et 10, mais les densités relevées sont
plus élevées que sur les autres vallées avec 0,32
individu par metre linéaire.
L’ana|yse des obstacles a la circulation des
individus permet de proposer |’existence de
5 populations potentielles localisées sur les
communes suivantes : Oust-|V|arest, Beauchamps,
Gamaches, Bouttencourt et Blangy-sur-Bresle,
page Z1
Numéro Spécial AVDC€tté ZOO9 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - RévLIE naturaliste de Pitardié Nature

Bibliographie
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Lin. N. Pic. 13 : 107-113. Cœnagrion mercuriale. Conserving Natura 2000
Rivers Monitoring Series No. 8, English Nature,
• BRUNEL C, DUQUEF, M. & GAVORY, L. (1988) Peterborough.
Les odonates de Picardie (2eme note). Martinia
4(1) : 11-16. · WATTS, P.C., ROUQUETTE, J.R., SACCHERI,
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des Entomologistes Picards. Doc.mu|ticop. 50p
· FLIPO, S. 1997 Odonates in Modernisation de Remerciements
|’inventaire ZNIEFF, propositions méthodologiques
complémentaires. doc. multicop. Nous tenons à remercier :
- les personnes citées dans le texte qui ont pris de
· DELASALE, JF., LEGRIS, S. & MAILLIER, S. leurtempspourrechercher|’especeen2005ounous
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ouvert leur base de données : Conservatoire des
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d’un premierjet
· GAVORY, L. 1989 Les odonates de Picardie. - Françoise DELCOURT et Sébastien MAILLIER
Mémoire de maîtrise. Université de Picardie Jules pour leurs ultimes corrections
Verne. Doc multicop. 104p
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des insectes dela vallée dela Bresle (Lepidoptera- Annexe I : Fiche de relevé de terrain
Odonata). Bresle-Nature n°19. p.25-38
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THOMPSON, D.J. (2003). Dispersal characteristics Annexe Ill : Carte de répartition des
and management of a rare damselfly. Journal of populations
Applied Ecology 40, 716-728.
· SANNIER J.M. 1999 Les odonates rares et
leur intérêt comme indicateurs de |’évo|ution des
milieux, 61-69.in AMBE (1999) Espèces animales
rares et protégées de la région Picardie. AMBE,
Raismes (59) 263p.
· THOMPSON D.J., PURSE B.V. & ROQUETTE
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Cœnagrion mercuriale. Conserving Natura 2000
Rivers Monitoring Series No. 8, English Nature,
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mîeîrîa special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

• Eléments sur l’écologie et |’éthologie de l’Agrion de mercure
Cœhâgflûh m9I‘CUI‘IâI9 Bh PIC3l'ClI9 Z Cl9SCl'Ip‘IZIOh des SIZHIZIOHS
et synthèse des connaissances accumulées en 2005
Par Sébastien LE©Rrs & Laurent GAv©Rv
Résumé situent sur les mêmes espaces chez Cœnagrion
mercuriale. Les raisons de ce choix sont multiples :
En 2005, 23 stations ont fait |’objetd’une description sites importants pour la conservation de |’espêce ;
détaillée : longueur, largeur, profondeur, vitesse sites três fréquentés ou les adultes (notamment les
de |’eau, granulométrie du substrat, transparence mâles) sont faciles à repérer...
de |’eau, pente des berges, ensoleillement,
recouvrement par les différents types de végétaux, Nous avons tenté de cerner les principales
occupation du sol de leur environnement immédiat, caractéristiques de ces espaces. La liste des
usage des berges. Parallèlement, des données points à relever a été établie, entre autres, dans la
éparses ont été recueillies sur le comportement perspective de décrire les paramètres de |’espace
des individus. En Picardie, les stations de cet sur lesquels il serait possible d’intervenir dans le
Agrion sont présentes le long de cours d’eau dont cadre d’un programme dédié à la conservation
|’eau est courante et ou les hélophytes et surtout de cette espêce. Ces mesures de conservation
les hydrophytes sont bien représentés. Elles se doivent être susceptibles de figurer dans un
trouventdans un environnementouvert etensoleillé document d’objectifs Natura 2000 (pouvant être
et leurs rives sont principalement utilisées pour des mises en œuvre par les ayant-droits) : occupation
activités agricoles dont une partie importante du du sol, gestion de la végétation   De plus, il devait
linéaire est en déprise. Des individus ont été vus être possible de les relever avec les moyens dont
sur des eaux stagnantes nous disposions (temps, matériel, compétences...).
De ce fait, il ne s’agit pas d’une étude compléte
Mots clés : habitats, stations, comportement et exhaustive, mais d’une premiére approche
certainement partielle même si elle a été voulue
pragmatique.
Introduction
L’unité de travail a été la station qui rappelons-
En parallèle à la recherche d’informations sur la le est une portion du milieu occupée en continu
répartition et les effectifs de Cœnagrion mercuriale par |’espêce. Il s’agit généralement d’un tronçon
(LEGRIS & GAVORY, 2009a) en Picardie, nous de cours d’eau le long duquel des individus sont
avons collecté des données sur son écologie et son présents sans discontinuité. (GAVORY & LEGRIS,
éthologie. Il s’agissait d’obtenir des informations 2009 a).
susceptibles d’aiderà la détermination des mesures Ces relevés ont nécessité de passer du temps sur
de conservation à prendre, en particulier celles Iesstations pourrechercher mais aussiobserver les
concernant son habitat. animaux. Défait, des observations du comportement
des animaux ont pu être réalisées, en essayant
Les odonates au cours de leur vie peuvent notamment de déterminer les composantes du
fréquenter des espaces différents qui peuvent milieu qui pouvaient être utilisées pour tel ou tel
être éloignés les uns des autres. Ils peuvent donc comportement.
différer selon la phase de leur cycle. Généralement
etc’est|e cas pour |’Agrion de Mercure Cœnagrion Ce type d’étude n’avait jamais été entrepris en
mercuriale, un lieu est utilisé pour la reproduction, Picardie et la présente note en expose les résultats.
de |’accoup|ement à |’émergence, et un autre, pour
la maturation.
La présente étude a porté sur les sites de recherche
de partenaires, d’accoup|ement et de ponte qui se
Numéro Spécial AVDCétté 2009 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - Révué naturaliste de Picardiepââîuîî

I. Méthodologie a 100 %).
· la végétation a fait |’objet d’une attention
1) Etude du milieu particulière. Son relevé a été réalisé par
types biologiques de végétaux proposés par
En plus, des éléments relatifs aux conditions du BOURNERIAS et al. (2001):
relevé, a |’éva|uation des effectifs et du sex-ratio - les phanérophytes (arbres et arbustes) dont
(LEGRIS & GAVORY, 2009(a)), ont été relevés la projection recouvre une partie de la station ;
un certain nombre d’é|éments relatifs au milieu a - les hélophytes soit |’ensemb|e des plantes
|’éche||e de la station. émergées en rive (sauf hydrophytes et ligneux)
ayant la base de la tige et les racines en contact
Les paramètres étudiés sont décrits ci-après avec avec |’eau, au minimum une partie de |’année ;
la méthode utilisée pour les relevés : - les hydrophytes, plantes qui se développent
dans |’eau et sont en grande partie immergées.
· la largeur (en mètres) du cours d’eau, en
particulier si les individus se répartissaient de part Pour chacun de ces types ont été relevés :
et d’autre, a été estimée a |’œi| nu au demi mètre - la hauteur (en mètre),
près. - le recouvrement, en relevant a |’œi| le pourcentage
· la profondeur (en centimètres) a été mesurée en de la surface occupée au sein de la station,
plongeant le manche du filet utilisé pour capturer - les principales espèces végétales présentes pour
|’espèce, et en mesurant au centimètre près la chaque type, a savoir les 3 a 4 espèces les plus
longueur humectée. La lame d’eau maximum a été communes sur la station.
estimée, ainsi que celle des zones ou |’espèce a été
observée. Elle révèle une situation moyenne qui ne · |’occupation du sol des environs de la station
correspond pas forcément a celle des parties des a été relevée en utilisant le second niveau de la
stations directement utilisées par |’espèce, pour nomenclature CORINE BIOTOPE. La proportion
son développement larvaire. de chaque milieu présent dans un rayon de 100
· la vitesse du courant a été mesurée en mètres autour de la station aété estimée au moyen
chronométrant le déplacement d’un flotteur le long de |’ana|yse de photos aériennes prises au début
d’une ficelle de 1 mètre sur une distance de 1 mètre. des années 2000 puis classée dans une fourchette
· la granulométrie du substrat composant le fond de proportion : 0 a 5%, 6 a 10%, 11% a 25%, 26%
du cours d’eau a été décrite par observation directe a 50%, 51% a 75 % et 76 % a 100 %.
en utilisant la typologie suivante : cailloux (5 mm
a plus de 50 mm), gravier (1 mm a 5 mm), sable · |’usage du sol a été relevé aux abords
(1mm a 0,08mm) et vase (<0,08 mm). immédiats de la station, soit le long des berges de
· la transparence de |’eau estimée a |’œi| la portion de cours d’eau. En fait, le linéaire utilisé
selon la possibilité de voir a travers |’eau les par telle ou telle activité humaine a été mesuré en
différents éléments du milieu (substrat, végétation s’appuyant sur la photographie aérienne.
aquatique...). Trois catégories ont été utilisées :
limpide (substrat visible jusque 3m), trouble 2) Etude du comportement
(substrat visible jusque 50 cm) et opaque (substrat
visible jusque 20 cm)... Les comportements ont été relevés par observation
· la pente moyenne de la berge a été appréciée etdescription libres etdirectes. Ils n’ontdonc pas fait
en s’appuyant sur la typologie suivante : douce (0 |’objet de recherches systématiques et poussées.
a 20 %), moyenne (20 a 50 %) et abrupte (+ de
50 %). Les points étudiés et les méthodologies utilisées
• |’enso|ei||ement a été évalué en fonction de ont leurs limites. La détermination des plantes
|’exposition de la station au soleil aux différentes a été très partielle pour des raisons de temps, et
heures de la journée, en tenant compte de la aussi par déficit de connaissances de la part des
localisation et du recouvrement des ligneux a observateurs. Elleaété au moins assuréejusqu’au
proximité et/ou sur la station. Il a été exprimé en genre. La délimitation dela station n’a pas toujours
pourcentage de temps sur lajournée en utilisant les été aisée en raison des difficultés a apprécier avec
termes : très faible (0 a 20 %), faible (20 a 40 %), certitude la continuité d’uti|isation d’un secteur par
moyen (40 a 60 %), fort (60 a 80 %) et très fort (80 les différents individus. Les relevés concernant
mîeîrî special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE zoog — Revue naturaliste de Picardie Nature

le comportement ont été limités par manque de compenser.
temps. Ils auraient nécessité des observations
en continu sur des stations avec un protocole de Il est a noter que cette analyse aurait mérité de
relevé standardisé ce qui n’a pas pu être mis en s’appuyer sur un traitement statistique permettant
place. L’estimation a |’œi| d’un certain nombre de une approche multivariée. Cette analyse statistique
parametres (largeur de la station, transparence de n’a pu être réalisée mais reste cependant un
|’eau, recouvrement du substrat, enso|ei||ement...) objectif.
est a relativiser, car elle reste une appréciation
générale de |’observateur, et non pas le fruit II. Résultats
d’une mesure précise réalisée avec des appareils
standards. Ces lacunes ont été prises en compte Ils portent sur 23 relevés localisés sur les points de
lors de |’ana|yse des résultats de façon a les la carte 1.
 
Carte 1 .· Localisation des stations ayant fait /’objet d’une description.
En annexe IV ügure le détail des relevés effectués.
Numéro Spécial AVDC€tt& 2009 · 33 (3) · DECEMBRE ZOO9 - REVLIE naturaliste de Pitardiëpâêîuîî

1) Le Milieu : analyse par paramètre relevé et
synthèse
a. Longueur des stations b. Largeur de la zone en eau.
La longueur des stations afait |’objetd’une analyse Le tableau 1 résume la répartition en fonction de
par GAVORY & LEGRIS (2009). En résumé, les 4 catégories.
28 stations mesurées avaient une longueur com-
prise entre 3 et 1 200 mètres mais la majorité l’était
entre 101 et 500 mètres avec une moyenne de 278
mètres.
Largeur des stations
Fourchette de largeur (en mètres) Nombre Part du total en %
de 0,1 a 1 7 33%
plus de 1 à 3 4 19%
plus de 3 à 6 6 29%
plus de 6 4 19%
Tab/eau 1 .· Nombre de stations (n=21) par fourchette de largeur en metres et part de chaque categorie
La largeur des cours d’eau fréquentés varie de 0,5 La largeur des stations notée varie d’une vallée à
mètre (Plailly) à 10 mètres (Froidmont-Cohartille et |’autre, en fonction des caractéristiques du cours
Beauchamps)et|a moyenne estde 3,8 mètres pour d’eau principal. En vallée de la Bresle, les sta-
21 mesures. La médiane est à 3 mètres et |’écart- tions sont de largeur importante puisqu’aucune ne
type de 2,5 mètres révèle une dispersion plutôt se situe en dessous d’1 mètre et la moyenne est
homogène, en sachant que la valeur 1 mètre est de 5,6 mètres. Celles comprises entre 3 mètres
la plus fréquente avec 5 cas sur 21. Le tableau 1 et 6 mètres (44%) sont les plus nombreuses. Sur
révèle que les cours d’eau dont la largeur est com- la Vallée de la Thève, les largeurs relevées sont
prise entre 0,1 et 1 mètre seraient les plus fréquen- plus modestes, en moyenne de 1,3 mètre (n=10) et
tés, viennent ensuite ceux ayant une largeur allant celles comprises entre 0,1 et 1 mètre sont majori-
de 3 à 6 mètres. taires (n=6). Les 2 stations dela Vallée dela Souche
ont une largeur respective de 6 et 10 mètres.
c. Profondeur de la zone en eau
Largeur des stations
Fourchette de largeur (en mètres) Nombre Part du total en %
0.01 a 0,2 7 37%
plus de 0,2 à 0,5 5 26%
plus de 0,5 a1 4 21%
plus de 1m 3 16%
Tab/eau 2 .· Nombre de stations (n=19) par fourchette de profondeur en metre
La profondeur enregistrée varie de 0,05 mètre majoritairement comprise entre, 0,5 et 1 mètre
(Plailly) à 4 mètres (Barenton-sur-Serre) avec une (50%) avec une moyenne de 0,72 mètre. Aucune
moyenne de 0,7 mètre, une médiane à 3 mètres station de moins de 0,2 mètre de profondeur n’a
et un écart-type à 2,5. Les stations de 0,01 à été relevée. En Vallée dela Thève ou la moyenne
0,2 mètre de profondeur sont les plus nombreuses. des profondeurs relevées est de 0,24 mètre, les
Globalement, il s’agit de profondeurs modestes. mesures les plus fréquentes sont celles comprises
entre 0,01 et 0,2 mètre (70%) et ne dépassent pas 1
Comme pour la largeur, la profondeur des stations mètre. Enfin, en vallée de la Souche, la profondeur
varie selon les cours d’eau. Sur la Bresle, elle est des 2 stations est supérieure à 1 mètre : 1,5 et 4.
mîeîrî special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE zoog — Revue naturaliste de Picardie Nature

d. La vitesse de circulation de I’eau
Il faut souligner qu’e||e a été relevée ponctuellement alors qu’e||e peut varier selon les caractéristiques
du cours d’eau.
Vitesse du courant des stations
Fourchette de vitesse en mètre par Nombre Part du total en %
seconde
0 1 6%
< =0.01 2 11%
>0,01 a 0,25 14 78%
> 0,25 a 0,5 1 6%
Tab/eau 3 .· Nombre de stations (n=18) par fourchette de vitesse de /’eau metre par seconde
Les 18 valeurs mesurées présentent de fortes différent en fonction des cours d’eau. La vitesse
variations passant de 0 à Plailly à 0,5 metre par du courant de |’ensemb|e des stations de la Bresle
seconde à Coye-la-Forêt. La moyenne est de est comprise entre 0,1 et 0,25 metre par seconde.
0,2 métres par seconde avec une médiane de En vallée de la Theve, 56 % des stations entrent
0,17 et un écart type de 0,1. 78% des stations ont dans cette méme fourchette. Par contre, pour 2, la
un courant compris entre 0,1 et 0,25 metre par vitesse est quasiment nulle. Pour La Souche, elle
seconde. est plus faible, de 0,17 m par seconde relevé sur
Dans la logique de ces résultats, les situations les deux stations.
e. Turbidité dela zone en eau
Transparence de I’eau
Niveau de transparence Nombre Part du total en %
Totale (Limpide) 19 91%
l\/Ioyenne (Trouble) 2 9%
Nulle (Opaque) 0 0%
Tab/eau 4 .· Nombre de stations (n=21) par niveau de transparence de /’eau .· limpide, trouble, opaque
Pour la tres grande majorité des 21 stations la Bresle, situation apparemment liée aux rejets
étudiées (91%), la transparence de I’eau était d’une station d’épuration, |’autre, en Vallée de la
totale. Sur deux stations, elle était trouble : une sur Theve de couleur rouille (dépôt ferrique).
f. Matériaux du fond dela zone en eau
La granulométrie est dépendante de la vitesse du courant ainsi que de la nature de roche mobilisable.
Matériaux du fond du cours d’eau
Classe de matériaux Ensemble des stations Stations de la Bresle Stations de la Theve Stations de la Souche
Cailloux 18% 28% 0% 29%
Graviers 26% 33% 14% 29%
Sable 39% 33% 50% 29%
Vase 16% 6% 36% 14%
Tab/eau 5 .· Part en pourcentage des re/eves de presence de chacun des materiaux note (n=21) par va//ee
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Numéro spécial Avocetté 2009 — 33 (3) — DECEMBRE 2009 — Révué naturaliste dé Picardie Nature

Gravier, sable 5
Cailloux, gravier, sable 3
Sable, vase 3
Sable 3
Vase 3
Cailloux 2
Cailloux, gravier 1
Cailloux, gravier, sable, vase 1
Tab/eau 6 .· Nombre de mentions des diffe-
rentes associations de materiaux relevées
par station (n=21)
Le type de matériaux constituant le fond du cours cailloux sont également bien représentés et la
d’eau est lié à la vitesse de |’eau qui conditionne vase est beaucoup plus rare (notée sur une seule
la taille des particules déposées. Le sable est le station). Sur les cours d’eau de la Vallée de la
plus fréquemment relevé. Il est suivi par le gravier. Théve, le substrat dominant est le sable, suivi par
Les cailloux et la vase sont plus rares. Le couple, la vase. Le gravier représente une faible part et la
gravier/sable est le plus fréquent. présence de cailloux n’a pas été observée.
Sur la Souche, cailloux, graviers et sable ont été
En vallée de la Bresle, le sable et le gravier sont relevés à part égale. La vase a été relevée sur une
dominants dans les mêmes proportions. Les seule station.
g. Pente de la berge
Pente de la berge Nombre de stations Part du total en %
Douce 5 23%
Moyenne 8 36%
Abrupte 9 41%
Tab/eau 7 .· Nombre de stations (n=22) par niveau de pente .· douce, moyenne, abrupte
Les pentes relevées sur 22 stations sont surtout méme en Vallée de la Theve ou les pentes douces
abruptes (41%) et la part des berges à pente douce sont plus rares (20%). Notons que la présence de
reste faible. pentes abruptes sur les stations de cette vallée
En vallée de la Bresle les pentes moyennes concerne des fossés de drainage et ne limite pas le
sont légérement dominantes (40%) tandis que développementde la végétation, celle-ci profitantde
les pentes douces (30%) et abruptes (30%) sont la faible profondeur des milieux pour se développer.
présentes à part égale. Sur ce cours d’eau, la pente Sur La Souche, les 2 stations présentent des pentes
des berges ne semble pas conditionner la présence abruptes qui ne permettent pas le développement
de la végétation rivulaire qui serait plutôt favorisée de végétation en rive, d’autant que le cours d’eau
par la faible profondeur du cours d’eau. Il en est de est profond.
h. Ensoleillement
Niveau d’ensoleillement Nombre de stations Part du total en %
Très fort 9 41%
Fort 7 32%
|\/Ioyen 4 18%
Faible 2 9%
Très faible 0 0%
Tab/eau 8 .· Nombre de stations (n=22) par niveau d’enso/ei//ement .· tres fort, fort, moyen, faible, tres faible
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Numéro Spétial Avocette 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Les stations tres fortement a fortement ensoleillées présente deux stations dont |’indice est « faible ».
représentent 73 % des situations relevées. En vallée de la Theve, les situations tres ouvertes
D’une vallée a |’autre |’enso|ei||ement des stations (tres fort ou fort) sont encore plus nombreuses
varie sensiblement. En Vallée de la Bresle, il est (80%). En vallée de la Souche, sur une station
tres fort ou fort sur 66% des stations. Cette vallée |’enso|ei||ement est tres fort et sur |’autre moyen.
i. Végétation présente sur les stations
Les différentes strates végétales et leurs niveaux de recouvrement sont présentés dans le tableau en
ANNEXE V.
· Les phanérophytes (arbres et arbustes)
Recouvrement des ligneux
Part de surface de la station couverte Nombre de stations Part du total en %
en %
0 a 5 8 38%
6 a 15 8 38%
16 a 30 3 14%
Plus de 31 2 10%
Tab/eau 9 .· Nombre de stations (n=21) par part de surface de station couverte par des arbres et arbustes .· 4 catégories
Le recouvrement des stations par les arbres et essences notées sont plus ubiquistes : Sureau
arbustes est majoritairement faible de 0 a 15%, Sambucus sp, Fréne élevé Fraxinus excelsior,
et seules 2 stations présentent un recouvrement |’Erab|e Sycomore Acer pseudoplatanus, Bouleau
supérieur a 31% de leur surface. Les essences Betu/a sp., Aubépine Crataegus sp. et Prunellier
rencontrées sont pour partie inféodées aux Prunus spinosa. La hauteur des arbres est
ripisylves : Saule Sa/ix sp., Peuplier Popu/us sp. généralement comprise entre 3 et 10 metres.
et Aulne glutineux A/nus glutinosa. Les autres
· Les hélophytes et plantes poussant en rive
Recouvrement de la végétation rivulaire
Part de surface de la station couverte Nombre de stations Pourcentage
en %
0 a 10 11 50%
11 a 25 6 27%
26 a 50 1 5%
plus de 51 4 18%
Tab/eau 10 .· Nombre de stations (n=22) par niveau de part de surface de la station couverte par des hélophytes .· 4 catégories
Le recouvrement de la station par des hélophytes sp. (6 stations), ensuite des Joncs Juncus sp., des
est généralement faible : 0 a 10% pour 50% des graminées indéterminées (Poaceae), la Consoude
relevés. Toutefois, il est tout de méme de plus officinale Symphytum officinale, la Reine des
de 51% pour 18% des stations. La hauteur de prés Fi/ipendu/a u/maria, la lV|ore||e douce-amere
ce type de végétation est comprise entre 40 So/anum du/camara, des lV|assettes Typha sp.,
centimetres et 1 metre. Les especes les plus |’Eupatoire chanvrine Eupatorium cannabinum, des
souvent rencontrées sont la Baldingere Pha/aris Chardons Cirsium sp., des Orties Urtica sp., des
arundinacea (13 stations), puis des Laîches Carex Ronces Rubus sp., et de |’Eg|antier Rosa sp.
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Numero spécial Avocette 2009 - 33 (3) - DECEMBRE zoog — Revue naturaliste de Picardie Nature

Sur les stations étudiées, des différences ont été présents, et leur recouvrement dépasse les 51 %
constatées : sur 3 stations.
Sur celles de la Vallée de la Bresle, la Baldingere En vallée de la Souche, sur les 2 stations, les
Pha/aris arundinacea est régulierement citée, le especes relevées sont tres variées mais le
recouvrement est toujours inférieur a 20%, mis a recouvrementesttres faible (2 et3%) en raison des
part sur une station ou il est de 60 %. En Vallée de berges abruptes et de la plus grande profondeur du
la Theve, Laîches et Joncs sont les plus souvent cours d’eau.
· Les Hydrophytes
Recouvrement des hydrophytes
Nomenclature Nombre de stations Pourcentage
0% a 25% 9 43%
26% a 50% 8 38%
51% a 75% 2 10%
76 a 100% 2 10%
Tab/eau 11 .· Nombre de stations (n=21) par niveau de part de surface de la station couverte par des he/ophytes .· 4 categories
Les Hydrophytes présentent un recouvrement qui stations) et sont représentées en général par des
est de 0 a 25% (43% des cas) et de 26% a 50% Callitriches Ca//itriche sp. (notée sur 8 stations),
(38% des cas). 4 stations soit 20% des relevés, et |’Ache faux cresson Apium nodiiiorum sous
présentent un recouvrement supérieur a 50%. forme aquatique. D’autres moins courantes ont été
Trois stations ne comportent aucun hydrophyte, re|evées:des potamotsindéterminés Potamogeton
elles se trouvent sur des fossés de drainage, dont sp., le nénupharjaune Nupharlutar, la |Vlyriophylle
un récemment curé (|V|ortefontaine) et 2 autres Myriophy//um sp., les lentilles d’eau (Lemnaceae).
avec une tres faible lame d’eau et envahis par la
végétation rivulaire. Un important recouvrement Si |’on considere chacune des 3 vallées, les
par les hydrophytes ne semble pas toujours situations sont les suivantes :
indispensable a |’espece. - sur La Bresle : les herbiers aquatiques recouvrent
Les herbiers d’Ache faux-cresson Apium nodiüorum en général de 26 a 50% des stations ;
et de Cresson de fontaine Nasturtium oflicinale de - en vallée de la Theve, leur recouvrement est
20 a 30 cm dela surface de |’eau, sont présents sur généralement faible, entre 0 et 25%, a |’exception
75% des stations. Sur 2 stations, 2 autres especes de 2 stations ou il est de 35 et 75%. Trois stations
d’hydrophytes émergeantes ont été notées : la ne comportent aucune hydrophyte ;
Véronique aquatique Veronica beccabunga et le - sur La Souche : les plantes aquatiques sont tres
|V|yosotis des marais Myosotis scorpioides. abondantes, et leur recouvrement va de 70% a
85%.
Les plantes aquatiques immergées et affleurantes
ont été régulierement observées (75% des
mîegrg special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

j. Occupation du sol autour des stations dans un périmètre de 100 mètres
La situation globale est résumée dans le tableau 12 et le détail figure dans |’annexe 3. Une zone peut être
couverte par plusieurs types d’occupation du sol.
Type d’occupation du sol relevé dans un rayon de 100 Recouvrement moyen de |’occupation du sol
mètres autour des stations sur le périmètre immédiat des stations
Zones boisées : peupleraie 6 a 10%
Zones boisées : autres boisements 11 a 25%
Total zones boisées 26 à 50%
Zones agricoles : prairies pâturées 11 a 25%
Zones agricoles : prairies de fauche 6 a 10%
Zones agricoles : champs cultivés 6 a 10%
Total zones agricoles 26 à 50%
Roselières, friches, mégaphorbiaies... 11 a 25%
Etangs, mares 6 à 10%
Zones urbaines : parcs urbains -jardin 0 a 5%
Zones urbaines : terrain de sport 0 a 5%
Zones urbaines : industrie, usine 0 a 5%
Zones urbaines : habitation 0 a 5%
Total zones urbaines 0 a 5%
Eaux courantes 0 a 5%
Autres milieux : routes 0 a 5%
Tab/eau 12 .· Bi/an global du recouvrement (par fourchette de pourcentages) des types d’occupation du sol pour /’ensemb/e de
stations (n=26)
D’une façon générale, |’environnement des environs de ces stations compris entre 25 et 50%,
stations offre un paysage diversifié de 2 a 8 types - les prairies pâturées, présentes autour de 13
d’occupation des sols avec une moyenne de 5. stations (50%), dont 7 en Vallée dela Bresle (54%),
Cette diversité est plus grande autour des stations 5 en Vallée de la Thève (38%) et une en Vallée de
de la Vallée de La Bresle que de celle des deux la Souche (8%), ou elles représentent entre 25 et
autres vallées. 50% du périmètre immédiat,
- les champs cultivés, relevés autour de 6 stations,
Les zones boisées ont été rencontrées autour dont 4 en vallée de la Bresle (67%) et 2 en vallée
de |’ensemb|e des stations et recouvrent entre de la Souche (33%), ou ils couvrent entre 25 et
25 et 50% du périmètre immédiat. Deux types de 50% du périmètre immédiat.
boisements ont été distingués: Friches et mégaphorbiaies ont été notées autour
- les peupleraies, relevées autour de 7 stations de 16 stations (62%), dont 5 en Vallée de la Bresle
(27%), dont 4 en Vallée dela Bresle (57%) et 3 en (31%) et 11 en vallée de la Thève (69%), ou elles
vallée de la Thève (43%), avec un recouvrement couvrenten moyenne entre 25 et 50% du périmètre
compris entre 10 et 25%. immédiat.
- les autres boisements ont un recouvrement entre
10 et 25%. Etangs, mares et pièces d’eau présents autour
de 9 stations (35%), dont 7 en vallée de la Bresle
Ces types d’occupation du sol qui peuventombrager (78%) et 2 en vallée de la Thève (22%) recouvrent
les stations couvrent en moyenne un quart de la une surface moyenne, de 10 à 25% du périmètre
surface du périmètre immédiat des stations. immédiat de ces stations.
Des terrains agricoles sont présents sur 19 stations Des zones urbanisées ont été notées autour de 6
(73%) avec 3 catégories principales : stations (23%), toutes situées en Vallée dela Bresle
- les prairies de fauche, notées autour de 5 stations, avec des situations différentes selon les catégories
dont 4 en vallée dela Thève (80%) et une en vallée suivantes :
de la Bresle (20%) avec un recouvrement des - parcs et jardins, présents autour de 5 stations
Numéro spécial AVDC€tté ZOO9 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - RévLIé r1atLIraliSt€ de Picardieplîlgîuîé

(19‘V) autour desquelles rls recouvralent5 a 10/ Des eaux courantes ont ete notees autour de
du périmètre immédiat, 24 stations (92%) et représentaient en général
-terrains de sport etautres équipements de loisirs, de 1 a 5 % du périmètre immédiat, a |’exception
rencontrés autour d’une station (4%) avec un d’une station en vallée de la Bresle, ou elles
recouvrementde 10 a 25% du périmètre immédiat, représentaient 6 et 10 % du périmètre immédiat.
- zones industrielles, relevées sur une station (4%) La présence d’axes routiers a été constatée autour
avec un recouvrement de 25 a 50% du périmètre de 15 stations (58%), avec des recouvrements
immédiat, faibles de 0 a 5% du périmètre immédiat.
k. Usage du sol le long des berges
Pour chaque linéaire de berge a été mesuré en mètre le type d’activité qui s’y déroulait. Le tableau 13
présente les résultats globaux en pourcentage.
8 ê 2 3 A
œ § Ã È 3 È É É
«» «» ¤> g E ~¤ = 2 3% jë `ë
*5 -¤ E Q o s: E E ·¤ o ¤
o .8 = = 5 '6 : o Q, .¤ ¤
n: ¤_ 25 If · E : ': <.> 0, E
°- É = É' 2 É È ‘°
fg Q Q, VJ ; Q
O ~ .¤ cn W
.| Ã < E,
V ll' d I
8 69 9 8 7% 10% 34% 18% 13% 10% 8%
Bresle
Vallée dela
_ 10% 26% 11% 28% 25%
Theve
Vallée dela
33% 33% 33%
Souche
Tab/eau 13 .· Part en pourcentage du lineaire utilise par 8 activites presente pour les 3 va//ees
D’une façon générale, les activités agricoles d’hydrophytes immergées en rive. L’ensoleillement
occupent une part importante (plus de 50 %) des y est de moyen a très fort. Les ligneux recouvrent
linéaires de berges des cours d’eau fréquentés par faiblement les stations. Les hydrophytes y sont
le Coenagrion mercuriale. Il faut souligner que sur particulierementabondantes avec un recouvrement
les vallées dela Thève et de La Souche entre 25 et de 70 % a 85 %.
33 % du linéaire est en déprise. Sur chaque station, le Cœnagrion mercuriale a
été observé en petits groupes dont la répartition
I. Synthèse par vallée semble conditionnée par la présence d’importants
herbiers d’hydrophytes émergeantes. Leur faible
Sur les 3 vallées, la physionomie des stations est nombre et leur présence clairsemée a conduit les
assez différente. individus a se répartir sur d’importants linéaires de
cours d’eau et a utiliser des plantes poussant en
· En vallée de la Souche, |’espèce fréquente la rive (Baldingère, Consoude officinale, Reine des
rivière sur une longueur moyenne de 300 mètres. près...).
Le cours d’eau est caractérisé par sa forte largeur
(8 mètres en moyenne), son importante profondeur · En vallée de la Thève, le Cœnagrion mercuriale
(2,75 mètres en moyenne), sa vitesse de courant fréquente les fossés de drainage sur des longueurs
modérée de 17 centimètres par seconde, sa importantes de 101 mètres a 500 mètres avec de
transparence de |’eau limpide, son substrat faibles largeurs (10 centimètres a 1 mètre), et de
composé de cailloux, de graviers et de sable, faibles profondeurs (1 centimètrea20 centimètres).
ses berges abruptes qui laissent place a une très La vitesse du courant y est généralement rapide
faible végétation rivulaire, et une quasi-absence (de 10 centimètres par seconde a 50 centimètres
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Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (3)- DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

par seconde), mais des stations avec des eaux Les zones ou les effectifs sont importants sont
stagnantes, et un courant a peine perceptible, ont celles qui prêsentent les herbiers a Ache faux-
egalement êtê rencontrêes. La transparence de cresson et Cresson de fontaine bien dêveloppês,
|’eau est gênêralement totale, et |’eau semble de et /ou, lorsque la vêgêtation rivulaire est riche en
bonne qualitê. En ce qui concerne les ligneux, leur Baldingere accompagnêe d’herbiers d’hyrophytes
recouvrement est variable d’une station a |’autre, comme la Callitriche, affleurant a la surface de
et rien de significatif ne ressort concernant les |’eau,|e tout avec un ensoleillement bonatrês bon.
essences, sinon que |’Aubêpineaêtê rêguliêrement Les stations sont situêes a proximitê de prairies
rencontrêe. La vêgêtation rivulaire est dominêe pâturêes defaçon extensiveou defauche,dezones
par les Laîches et les Joncs, et son recouvrement boisêes type ripisylve, et parfois d’habitations.
peut être important sur certaines stations. Celui
des hydrophytes est gênêralement faible et surtout 2) Comportement
reprêsentê par des herbiers a Ache faux-cresson.
Le substrat est souvent sableux ou vaseux. La La plupart des observations se rapportent a des
pente des berges est moyenne ou abrupte. Les mâles survolant la vêgêtation ou les femelles
individus sont nombreux dans des cours d’eau bien sont susceptibles de pondre tels que les herbiers
fournis en herbiers aAche faux-cresson êmergeant a Ache faux-cresson, Cresson de fontaine...
et suffisamment profonds pour permettre un Souvent, ils semblaient prospecter (a la recherche
dêveloppement minimal d’hydrophytes immergêes, de femelles tres probablement) car ils changeaient
le tout avec un ensoleillement bon a tres bon. rêguliêrement de secteur. Ce type de dêplacement
n’êtait apparemment pas un marquage de territoire
La prêsence de Cœnagrion mercuriale sur des comme celui assurê par Calopteryx splendens par
stations aux eaux stagnantes estoriginale. Elle avait exemple.
deja êtê observêe a plusieurs reprises en Vallêe de
la Theve, notamment a Plailly « Parc Astêrix » et a Nous n’avons pas vu d’individus en dehors des
|Vlortefontaine « Etang de la tour Rochefort ». La abords des zones en eau. Aussi les recherches
même situation avait êtê constatêe en Champagne n’ont pas êtê concentrêes sur ces derniers.
Ardennes sur des êtangs forestiers. TERNOIS Cependant, lors de nos dêplacements s’i|s avaient
(2005) avait êmis |’hypothêse qu’un assêchement êtê abondants, nous estimons que nous en aurions
de fossês avait pu pousser les imagos vers des inêvitablement notês.
eaux stagnantes ou que la circulation de |’eau y
êtait suffisante pour la reproduction. De plus, la Nous avons pu observer sur la Souche, a plusieurs
reproduction de Cœnagrion mercuriale dans des reprises des mâles se dêplacer sur plusieurs
eaux totalement stagnantes a dêja êtê observêe dizaines de metres entre îlots de vêgêtation. La
dans d’autres rêgions de France et en Grande- rêpartition des herbiers sur les stations de cette
Bretagne (DELIRY, 2004). riviere est particuliere. Ils sont de faible surface et
· En vallêe de la Bresle, |’espêce se rencontre sur a |’êche||e d’une station, dissêminês sur plusieurs
le fleuve et ses affluents sur de faibles longueurs centaines de mêtres, en raison des berges
(entre 1 metre et 25 metres). Les cours d’eau ont abruptes (peu favorables a |’insta||ation de ce
unelargeurvariable de1a6mêtres, une profondeur type de vêgêtation). Les individus semblent s’en
comprise entre 21 centimêtres a 1 mêtre, et une accommoder en assurant ces dêplacements qui
vitesse de courant entre 10 centimêtres par peuvent être qualifiês de grande ampleur.
seconde et 50 centimêtres par seconde. L’eau a
une transparence totale, et semble être de bonne A plusieurs reprises, nous avons constatê que des
qualitê. La pente des berges est moyenne. Les individus se posaient rêguliêrement, souvent a
composants dominants du substrat sont le sable faible distance les uns des autres, sans marquer
et les graviers. En ce qui concerne la vêgêtation de comportement hostile ou de dêmonstrations
ligneuse, aucune remarque n’est a formuler. La assimilablesa dela dêfense de territoire.
vêgêtation rivulaire recouvre peu la surface en
eau, et est surtout reprêsentêe par la Baldingere. Les individus ont êtê vus posês exclusivement
Les hydrophytes recouvrent entre 30 et 50 % sur des vêgêtaux. Dans la majorite des cas, il
des stations, et sont surtout prêsents sous forme s’agissait d’herbiers a Cresson de fontaine, aAche
d’herbiers aAche faux-cresson. ou de Baldingere en bordure de cours d’eau. Plus
Numéro Spécial AVDC€tt& ZOO9 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardiëpââîuîî

rarement, Graminées indéterminées, Laîches, couvrent des surfaces plus importantes.
Joncs, Véronique aquatique, Myosotis des marais
et Ortie servaient de support. Les ligneux sont présents sur la plupart des
stations, mais leur influence sur la présence de
Des individus en tandem ont été observés sur 13 |’espece ne semble pas important, ils peuvent
stations soit sur un peu de plus de la moitié (57%) cependant servir de coupe-vent, et de zone refuge
des stations étudiées. lors d’intempéries.
Nous avons observé une femelle en train de pondre
a deux reprises et sur deux localités : Oust-marest Les hydrophytes restent indispensables, et leur
(80) et Froidmont-Cohartille (02). Contrairementau faible recouvrement dans certaines stations ne
déroulement décrit dans la bibliographie, la femelle doit pas minimiser leur rôle. Les individus observés
n’était pas entierement immergée, thorax et téte fréquentaient en général ce type de formation
étaient hors d’eau. Nous n’étions probablement végétale, avec quelques exceptions de sujets vus
qu’au début de la ponte, |’immersion venant uniquement sur de la végétation rivulaire (carex,
plus tard. Dans les deux cas, la plante utilisée joncs...), mais en périphérie de stations ou se
pour |’insertion des oeufs était une Callitriche trouvaient des hydrophytes. Dans la littérature, le
indéterminée Callitriche sp. dont les tiges et les rôle des plantes émergeantes est régulièrement
feuilles affleuraient. Ce genre d’hydrophyte ne fait cité, notamment la Berle dressée Berula erecta,
pas partie des plantes les plus utilisées pour la |’Ache aquatique Apium inundatum, le Cresson
ponte. de fontaine Nasturtium of/icina/e, la Véronique
des ruisseaux Veronica beccabunga, le Myosotis
Nous avons pu constater que les individus se des marais Myosotis scorpioides, ou la menthe
déplaçaient au sein de la station pour trouver aquatique Mentha aquatica (GOFFART, 1995 ;
des conditions, notamment d’enso|ei||ement, TERNOIS, 2005).
favorables. Ainsi un passage sur Oust-Marest le
26/05/05 entre 12h00 et 14h00, puis le lendemain Certaines stations a priori peu favorablesa |’espece
entre 16h00 et 17h00, nous a permis de constater (ombrageimportant,absencedevégétation rivulaire
que la répartition des individus avait évolué, en se et aquatique .... ) semblent accueillir des individus
calquant sur les zones ensoleillées, quiombragées de maniere occasionnelle, a en croire le faible
la veille étaient alors désertes. nombre d’individus, |’absence de comportement
reproducteur, et la présence d’immatures en priorité.
Ces sites ne semblent pas utilisés par Cœnagrion
III. Discussion -Conc|usion mercuriale pour la reproduction, mais plutôt
comme zone de maturation (ex. Beauchamps « les
Caractéristiques de |’habitat de reproduction Quarante »), ou seraient en cours de colonisation
de Cœnagrion mercuriale (ex : Mortefontaine « Tour Rochefort » : fossé
En Picardie, |’espece est présente sur 3 cours récemment curé). Ces stations pourraient étre des
d’eau qui offrent des conditions qui sont finalement points de dispersion des individus.
assez différentes en termes de gabarit du cours
d’eau (largeur (inférieure a 6 metres) et profondeur Cœnagrion mercuriale semble occuper en Picardie
(inférieure a 1 metre)) et de composition de des sites qui présentent des caractéristiques
matériaux constituant le fond. Par contre, la identiques : eau courante, herbiers d’hydrophytes,
vitesse de circulation de |’eau est un facteur dont stations peu ombragées. Cependant, nous n’avons
les valeurs sont assez proches pour la grande pas assuré un relevé de|’ensemb|e des parametres
majorité des stations tout comme la transparence dont certains ont certainement leur importance
de |’eau. La pente des berges ne semble pas étre : qualité de |’eau, milieux jeunes et oligotrophes,
un parametre discriminant ce qui n’est pas le cas exposition aux vents dominants   D’ailleurs, la
de |’enso|ei||ement dont le niveau d’importance disparition de la station de Froidmont-Cohartille
(tres fort a fort) est identique pour la grande (visitée a 2 reprises a des heures différentes)
majorité des stations. Il est d’ai||eurs conditionné confirme |’importance de ces caractéristiques que
par le recouvrement arboré ou arbustif qui, d’une nous n’avons pas relevés.
façon globale, est peu important. Il en est de méme
pour les hélophytes. Par contre, les hydrophytes
mîegrâ special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Bibliographie Remerciements
· BOURNERIAS, M ., ARNAL G., BOCK C. (2001) Nous tenons à remercier:
Guide des Groupements végétaux de la région - les personnes qui ont pris de leur temps pour
parisienne. Belin, Paris. 639 p. rechercher |’espèce en 2005 ou nous transmettre
leurs données anciennes, ainsi que les organismes
• GAVORY & LEGRIS, (2009) Statut de |’Agrion qui nous ont fort sympathiquement ouverts leur
de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie : base de données, tels que le Conservatoire des
synthèse des données anciennes et situation en Sites Naturels de Picardie...
2005. Picardie Nature. 18p. - Jean-François DELASALLE pour la relecture
d’un premierjet,
· GOFFART P. 1995 - Situation actuelle de |’Agrion - Françoise DELCOURT et Sébastien MAILLIER
de Mercure (Cœnagrion mercuriale) en Wallonie et pour leurs ultimes corrections et remarques
propositions de mesures visant sa conservation —
Gomphus, 11 (2) :27-40. Annexes
· DELIRY, C. (2004) Coenagrion mercuriale. [en Annexe I : Paramètres des stations
ligne]. http://cyri||e.de|iry.free.fr/coemereu.htm
Annexe Il : Végétation relevée sur les stations
· TERNOIS V. 2005 — L’Agrion de Mercure
Cœnagrion mercuriale (Charpentier, 1840) : Annexe III : Occupation du sol en périphérie des
Synthèse de trois années d’observations dans stations
le Nord-est aubois et la frange haut-marnaise
limitrophe (Odonata, Zygoptera, Cœnagrionidae) —
CPIE du Pays de Soulaines — Naturale, Mai 2005,
N° 0 : 47-53
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Photo : La rivière Bresle à Beauchamps (80)
Numéro spécial Avocetté 2009 — 33 (3) — DECEMBRE 2009 — Révue naturaliste de Picardiepâîîuîî

• Eléments généraux sur l’Agrion de Mercure Cœnagrion
mercuriale
Par Laurent GAv©Rv & Sébastien LE©Ris
Introduction
Cette partie comprend les principaux éléments de postérieurs sont droits de chaque côté de
connaissances relatifs à |’espece dont les aspects la protubérance médiane, et |’abdomen est
plus importants en matière de conservation dorsalement presque entièrement noir comme les
(statut, milieux uti|isés...) ont été développés. Les cerco`i`des. (WENDLER A., NUB J.H., 1994).
éléments présentés concernent principalement les
populations situées dans la partie septentrionale
de son aire de répartition ou se situe la Picardie.
En langue anglaise et française, les principaux
éléments de connaissance relatifs à cette espèces
ont été synthétisés récemment par ASKEW (2004),
ANONYME (2003) et surtout THOMSON & al. R I,
(2003). Cette synthèse s’appuie donc sur ces xf     ï
trois références principales auxquelles se sont à  ¢*a*r*—)   s  
ajoutés plusieurs articles parus plus récemment.   C  ” ~
d
Naturellement, ce travail est certainement partiel É r   Q
du fait principalement d’absence de consultations   W  
des éventuelles publications en langue allemande,   r
italienne, espagno|e... E e   Q J
I     ¢··rr«~··~   <.... T QL]. ..i.
si-si 6 irez de la iiaie eiiaiix ii Z
Figure 1 : Critères de détermination de |’Agrion de Mercure
I Présentation de Pespèce Source : Les guides du Naturaliste, <<Guide des libellules
I de France et d’Europe>>, K.—D. B. Dijkstra. Illustrations de
1) Identification de |’espèce R' Lewmgton
L’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale est un Ces deseias Sent tiîes de /jam/rage Les guides
insecte de |’ordre des odonates (Odonata) faisant du Natura/'stei «GU'de aes /'be/lu/es de France
partie du SOUS_Ordr6 des Zygontères et appartenant ît dEurope», K.-D. B. Dykstra. Illustrations de R.
à la famille des Cœna rionidés. swing on
9 La larve reste difücile a distinguer de ce//e des
A |’état imaginal, il se singularise par un abdomen autres especes " les Critères portant sur les
iin et cylindrique d’une taille modeste de 19 e 27 p’°C"’S (HE'DE^"^^'^' H· & SE'DE^'BUSCH Ri
mm. Il se différencie des espèces proches par les 2002)
caractères suivants :
1- les mâles arborent sur le 2° segment de
|’abdomen qui est bleu un motif ressemblant à
un « casque gaulois » ou encore à une « tête de
taureau ». Les segments 3 à 6 et 9 ont la moitié
basale noire tout comme la totalité des segments 7
et 10. Les cerco`i`des ont une dent apicale allongée
et droite ainsi qu’une dent interne visible de dessus,
2- les femelles ont un prothorax dont les bords
page 36
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (3) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

2) Répartition géographique et statuts En France |’espèce est bien répandue voire
abondante dans certaines localités, en particulier
BOUDOT (2005) a précisé la répartition de cette dans le sud du pays. Elle est cependant plus rare
espèceà la lumière des éléments de connaissance au Nord de la Loire, bien qu’i| existe localement
récents. Cette atlantico-méditerranéenne a une des effectifs importants. Toutefois les prospections
distribution relativement limitée, son aire principale seraient plus réduites dans ces départements.
se situant entre la France, |’|ta|ie, la Péninsule (ANONYME, 2003).
ibérique et le Nord du Maghreb (Maroc, Algérie et
Tunisie). En marge, elle est présente en Grande Dans les régions limitrophes de la Picardie, sa
Bretagne (Sud Ouest), Belgique, Allemagne, situation est disparate. Ainsi, dans le Pas-De-
Suisse, Liechtenstein, Autriche et Slovaquie ou les Calais, ou |’espèce est connue depuis 1996, elle
populations sont généralement peu abondantes et est uniquement notée le long de la Course et des
souvent en régression. Elle est considérée comme ruisseaux de Camiers et du Crevé de Dannes
disparue du Luxembourg, des Pays-Bas et de au Nord-Ouest de Montreuil-sur-mer. (CALOIN
Slovénie. Enfin, les données venant de Bulgarie et & TERRASSE, 2003), soit à 15 kilomètres du
de République Tchèque sont soumises à caution département de la Somme, (notamment de la
et celles provenant d’A|banie, Hongrie et de la Vallée de |’Authie). En Haute Normandie, elle a été
République de Moldavie sont erronées. repérée, outre en Vallée de la Bresle, dans trois
secteurs : boucles de la Seine, Vallée de la Risle
L’espèce est plutôt commune en France, à et Vallée de |’Avre. En lle de France, au Nord de
|’exception du Nord-Ouest, en Espagne et dans Paris, elle est connue depuis 2000 dans un site
le Nord du Maroc. Une importante régression de proche de la Haute-Normandie et de la Picardie,
|’espèce est constatée en Europe, notamment dans le Val d’Oise : la Vallée de |’Epte soit a
en limite Nord de son aire de répartition. Elle est quelques kilomètres de notre région (DODELIN,
considérée comme en danger d’extinction en 2005). Enfin, en Champagne-Ardenne, la présence
Grande Bretagne, Suisse, Italie, Algérie, Tunisie, de |’Agrion de Mercure est attestée sur plusieurs
Slovaquie et en danger critique d’extinction en stations présentes sur les 4 départements de cette
Belgique, Allemagne, Liechtenstein et Autriche. région et notammentune station dans|esArdennes
Cette carte est tirée de |’ouvrage Les guides du et deux dans la Marne (COPPA, 1990). La plus
Naturaliste, «Guide des libellules de France et proche doit se situer au nord-ouest de Reims dans
d’Europe», K.-D. B. Dijkstra. Illustrations de R. des petits marais infra-forestiers (COPPA, 1992).
Lewington. Quant aux populations belges connues, elles sont
_ _ éloignées de plusieurs centaines de kilomètres.
fm -~—e-e - . îf Elles sont réparties entre Famenne (2 populations)
ib er ai   et Gaume (3 populations) ou |’espèce est peut-étre
A-ÈJ en expansion du fait des tendances climatiques
'   (GOFFART, 1995, GOFFART & al., 2004).
ê · .
J? `° G *<(_
  ûr `G, l` Vu sa situation, |’Agrion de Mercure intègre
  _ 4 différents classements à différentes échelles :
in     rareté, liste rouge, protection réglementaire :
Q1}     _  A · Mondiale
  `F —   _` ` ' Statut de menace : quasi menacé (2001) avec
L _,   x une population considérée comme en régression
    (BOUDOT, 2005).
i ' _ ‘   `   1 · Europe dont Union Européenne
' _ - Statut réglementaire : inscrite à |’Annexe Il de
C L   la Directive « Habitats-Faune-Flore » en tant
Carte 1 : Répartition de l’aire de l’Agrion de Mercure qwespèce dïntérêt Communautaire,
Source : Les guides du Naturaliste, <<Guide des libellules _ Conventions .
de France etd’Europe>>, K.-D. B. Dijkstra. Illustrations de Convention de Bonn pour la Conservation des
R. Lewington.
Numéro Spécial AVDC€tté 2009 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - Révué naturaliste de Picardiepâîîuîé

animaux sauvages migrateurs pratiques agrico|es...) de celles rencontrées en
Convention de Berne (|’annexe 2) pour la Picardie, |’espece est notée en Champagne-
conservation de la faune et la flore sauvages ainsi Ardenne, pour 65 observations sur des zones
que les habitats naturels. de sources (24, 6 %), sur des ruisselets et
ruisseaux de 1 a 4 m (18,5 %), sur des fossés
· France et canaux d’irrigation (16,9%), des marais de
- Statut de menace : Vulnérable (MAURIN coord., plaines, tourbieres alcalines (15,4%), des rivieres
1994) qui est en cours de révision. a eaux vives entre 5 et 25 m (7,7 %) et diverses
- Statut réglementaire : protégée par |’arrété du 22 eaux stagnantes (16,9 %) soit plus globalement
juillet 1993, fixant une liste des insectes protégés sur diverses catégories d’eaux courantes (plus
au niveau national. ou moins rapides sur calcaire ou sur des dépôts
alluviaux et de façon plus ponctuelle sur des marais
· Picardie tuffeux (COPPA, 1990)) mais aussi des petits
- Statut de rareté : tres rare cours d’eau ensoleillés a débit faible s’asséchant
-Statut de menace:en danger critique de façon partielle, des fossés de drainage en
- Niveau de priorité de conservation : fortement bordure de route ou de champs, étangs forestiers
prioritaire (sans reproduction ?) (TERNOIS, 2005). En Haute-
Normandie, |’espece est notée, entre autres, sur
un réseau de fossés circulant dans des ensembles
ll. Habitat prairiaux comprenant des parcelles riveraines
cultivées (DODELIN, 2005). Dans le Pas-de-Calais,
1)Approche générale elle fréquente des petits ruisseaux temporaires a
eaux calcaires circulant au milieu des dunes et une
L’Agrion de Mercure recherche les milieux riviere de petit gabarit circulant majoritairement au
aquatiques courants (rhéophiles) ensoleillés milieu de prairies (CALLOIN & TERRASSE, 2003).
(héliophiles). Ainsi, il fréquente les milieux lotiques Enfin, en Wallonie, elle a été notée sur des fossés
permanents de faible importance, aux eaux claires de drainage et un ruisseau traversant un paysage
et le plus souvent calcaires, bien oxygénées, a de prairies (GOFFART, 1995)
minéralisation variable (sources, suintements,
fontaines, résurgences, puits artésiens, fossés 2) La végétation
alimentés, drains rigoles, ruisselets et ruisseaux,
petites rivieres...), avec une végétation aquatique Les exigences de ce Cœnagrionidé par rapport a
souvent abondante, le tout situé dans des zones la végétation varient en fonction de la phase du
bien ensoleillées (zones bocageres, prairies, cycle de sa vie : la période larvaire, |’émergence,
friches, clairieres des foréts). Il peut toutefois la maturation, la période de reproduction plus
fréquenter des milieux ne rassemblant pas les particulierementpourla ponte. Concernant la flore
conditions listées précédemment comme des présente, |’espece ne recherche pas de plantes
ruisseletstrés ombragés (bois, foréts), des sections ou de formations végétales précises. Toutefois, la
de cours d’eau récemment curées, ou parfois des présence d’hydrophytes tout au long de |’année
eaux nettement saumâtres voire des exutoires est un facteur essentiel pour la reproduction de
de tourbières acides (ANONYME , 2003). Des |’espece.
individus sont parfois observés sur des milieux
stagnants qui serviraient de zones de substitution La larve recherche les secteurs calmes au sein des
a des habitats plus favorables (TERNOIS, 2005). hydrophytes, les tiges et les racines d’hé|ophytes
L’Agrion de Mercure semble avoir une bonne et autres plantes rivulaires (ANONYME , 2003).
résistance aux bouleversements de son habitat, Elle hiverne sur le fond des cours d’eau ou enfouie
pourvu qu’une partie des effectifs soit épargnée et dans la vase (HEIDEMANN H. & SEIDENBUSCH
proche (DOMMANGET, 2005). En outre, il semble R., 2002). Pour se développer, elles se tientdans la
avoir un comportement « post-pionnier », comme végétation aquatique, et surtoutdans les racines de
cela a été constaté sur la Drôme (DELIRY, 2004). petits hélophytes a tissus mous, qui sont également
utilisés par les adultes pour pondre (THOMPSON
Dans les régions limitrophes, c’est-a-dire dans & al., 2003).
des situations souvent proches (climat, contexte
géologique et hydrogéologique, état des aquiferes, Pour émerger, elle ne recherche pas d’espece
mîegrî special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

particulière. La situation idéale est une tige rigide ne généralement inférieures a 0,025 mg/I avec parfois
risquant pas d’étre courbée parle ventqui doit ainsi ponctuellement des niveaux bien supérieurs
évitera|’abdomen etaux ailes du frais imago d’étre (0,2 mg/I). Quant a la teneur en oxygène, elle
déformés suite a un contact avec la végétation. Ce est généralement assez importante : 9,8 mg/I en
type de déformation lui serait a court ou moyen Grande-Bretagne,2,5a30 mg/|enA||emagne Dans
terme fatale (THOMPSON & al. (2003)). ce dernier pays, un courant d’eau permanent, la
Les espèces floristiques utilisées pour émerger proximitédesourcesou de nappesphréatiquessont
sont nombreuses et les situations disparates : desfacteursimportantsde|’habitatde|’espèce,tout
GERKEN & STERNBERG (1999) signalent comme un courant régulier sur les bas-fonds des
différentes situations : toujours près de |’eau a 1 rivières et la présence de sources qui garantissent
a 4 cm sur du choin Schoenus sp., a quelques le maintien d’une température plus haute que la
décimètres de la surface de |’eau en Allemagne, moyenne en hiver (4 a 10 °C) et sans trop d’écart
et approximativement a 50 cm dans le Sud de la au cours de |’année. Cette présence de sources
France. permet d’éviter la prise en glace et |’assèchement.
Les eaux courantes en zone crayeuse présentent
Le mâle adulte utilise la végétation pour se poser généralement ces caractéristiques car la craie est
et surveiller les mouvements des femelles. Aucun un bon tampon hydrogéologique, réduisant les
élément n’est disponible sur les caractéristiques et variations de niveaux et de températures. Enfin,
|’importance de ces perchoirs. la ponte a lieu dans des zones ou le courant est
faible (0 a 5 cm/s), au moins inférieur a 2,9 cm/s
Lors de la ponte, les œufs sont insérés dans (THOMPSON&a|.,2003).
les tiges d’hydrophytes sous le niveau de |’eau
(DOMMANGET, 1999). L’espèce reste donc plutôt 4) En résumé
opportuniste mais sa préférence va a des plantes
aux tissus mous, ou |’insertion des œufs est plus L’espèce recherche, d’après THOMPSON & al.
facile, et a ceux dont les tiges vont résister a (2003),unezone dontla pente estinférieurea10%,
l’hiver, et offrir ainsi un abri pour les œufs en cas une eau provenant de sources issues de grès, de
d’assèchement (DODELIN, 2005 ; DELIRY, 2004). roche calcaire ou d’argi|e, un substrat inorganique
Plus d’une vingtaine d’espèces ont été recensées recouvert de tourbe ou de vase organique sur une
et les plus citées sont:Apium nodiüorum, Veronica faible épaisseur, un cours d’eau peu profond et
beccabunga, Berula erecta, Nasturtium ofücinale, étroit sur des zones de lande ou dans un système
/l/Ientha aquatica, Myosotis scorpioides... de rivière sur craie, un courant d’eau permanent
(THOMPSON et al., 2003, HEIDEMANN H. & mais modéré a proximité d’une source ou d’une
SEIDENBUSCH R., 2002) ; nappe, une zone éloignée de cultures intensives,
un cours d’eau ouvert et ensoleillé entretenu par
3) Le biotope le pâturage, la fauche, la coupe des arbustes ou
le faucardage, une surface importante a moyenne
Desinformations sontdisponibles surles conditions d’hydrophytes et d’hé|ophytes (de taille moyenne
recherchées, notamment hydrologiques. En a petite), la présence d’hydrophytes vivaces, une
Grande-Bretagne, les imagos sont présents sur des eau distrophe a oligrotrophe, non polluée et a forte
sites ou la vitesse du courant est comprise entre concentration en oxygène dissous.
7,5 et 20 cm/s alors que dans les habitats larvaires,
elle oscille entre 2 et 15 cm/s. En Allemagne, Plus précisément, les conditions recherchées
des valeurs proches ont été constatées avec une par |’espèce dans un système de cours d’eau
médiane de 10 cm/s et un maximum de 35 cm/s, sur craie comme en Picardie ont été précisées
avec une teneur en oxygène comprise entre 2,5 et par THOMPSON & al. (2003) et complétées par
3 mg/|.. En Angleterre, les valeurs des pH relevées ROUQUETTE & al. (2005) : tronçon ouvert, non
sur les sites fréquentés ont une amplitude large ombragé, de fossé au centre duquel le courant
de 6,6 a 8,5. Quant a la conductivité, elle se situe est faible a modéré (7,5 a 20 cm s-1), plus faible
dans des valeurs basses, comprises entre 150 pS/ sur ses bords qui sont peu profonds. Ces derniers
cm/s et 550 pS/cm/s dans des eaux très calcaires. présentent une large frange d’hydrophytes et
Pour ce qui est de la composition chimique des d’hé|ophytes tels de G/yceria maxima, /l/Ientha
eaux fréquentées par |’espèce, toujours outre aquatica, Rorippa nast-aquaticum, Ranuncu/us
Manche, les concentrations en Phosphates sont spp. et Veronica spp,. Au-dela de cette frange, sur
Numéro spécial AVDC€tt& ZOO9 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardiëplîlîîuîî

les rives du cours d’eau sont présentes des plantes sont présents de la fin mai a la mi-juillet (DODELIN,
de taille moyenne en touffe ou émergeantes. 2005). En ChampagneArdenne, les dates extrémes
Les conditions sont mésotrophiques, comme en d’observation sont le 10 mai etdeuxieme quinzaine
témoigne |’absence d’amas d’a|gues, de film de de septembre avec un maximum a la mi-juillet
bactéries ou de plantes supérieures envahissantes (COPPA, 1990 ; TERNOIS, 2005). En Belgique,
comme Pha/arisarundinacea,So/idago canadensis, il est noté de début mai a la mi-août (GOFFART,
Fi/ippendu/a u/maria et Rubus spp.. Le fond du 1995).
cours d’eau peut étre constitué detourbe ou d’autre Les imagos émergent, le matin en position droite
substratorganique. De façon secondaire, de petites en quittant |’eau en montant sur de la végétation
zones de buissons ou d’arbres bas a moins de 20 émergée ou en progressant sur le sol et ainsi
metres du cours d’eau peuvent étre présents. utiliser une tige située au-dessus de la terre ferme
(HEIDEMANN H. & SEIDENBUSCH R., 2002).
Les variations dans la croissance de la larve et
son caractere semi-voltin font que les émergences
III. Cycles et caractères biologiques des imagos ne sont pas synchrones. Ainsi,
deux générations de larves pourraient se faire
1) Les larves concurrence. Cette derniere serait réduite voire
absente du fait de la fréquentation d’habitats
Les larves sont plutôt sténothermes, ainsi la différents par ces deux classes d’âge de larves
présence d’une température constante de |’eau est (THOMSON & al. (2003)).
donc indispensable a leur développement. Elles
se nourrissent de zooplancton, de jeunes larves 3) L’imago
et autres micro-invertébrés qu’e||es capturent
en chassant a |’affût (DOMMANGET, 1999). Il ·|a maturation
s’agit notamment de larves de Chironomidae, de Apres |’émergence, les imagos vont connaître une
Simuliididae, d’Ephémeropteres, Gamaridae... Les période de maturation sexuelle au cours de laquelle
larves sembleraient fortement opportunistes selon le mâle acquerra sa couleur. Elle se déroule a
les ressources du milieu (BOUSFIELD, 2003 in proximité du lieu d’émergence (prairies, chemin...)
DODELIN, 2005). et sa durée, fonction de la météorologie, est de
|’ordre dela dizaine dejours (DOMMANGET, 1999),
Elles ont un cycle de développement qui se entre 5 et 8 en Grande Bretagne (THOMPSON
déroulera sur2 années (espece semi-voltine). Elles D.J., PURSE B.V. & ROQUETTE J.R., 2003).
passent donc un premier hiver avant de poursuivre
leur croissance durant |’été, et se métamorphosent · la reproduction
apres un second hiver (GOFFART, 1995 ; Suite a la période de maturation, les imagos
DOMMANGET, 1999). Toutefois, en Allemagne, rejoignent le milieu aquatique pour s’accoup|er. Le
un cas de développement sur une année a été mâle visite le site de reproduction tous les jours
noté, certainement lié a une augmentation de la durant sa vie alors que la femelle ne s’en approche
température. THOMPSON & Al. (2003) considere que |orsqu’e||e porte des œufs.
que |’espece s’adapterait en fonction des conditions Le mâle parcourt la zone et se perche souvent pour
du milieu : productivité et température de |’eau. repérer les femelles. Il ne défend pas de territoire
mais semble cantonné a un site. Le mâle tente
La larve stopperait son développement au cours de de saisir toute femelle qui passe sur « sa » zone
|’automne. pour copuler. Une fois accroché, le couple passe
en moyenne 70 minutes ensemble accrochés dont
2) L’émergence 23 a copuler et 30 a chercher un site favorable
pour la ponte puis a pondre. La ponte consiste
Les dates d’émergence des imagos varient en a insérer chaque œuf dans une tige de plante.
fonction de |’a|titude et de la latitude de la mi-mai Dans la majorité des cas, le mâle reste avec la
a fin juillet avec de petites variations liées a la femelle durant la ponte. Un couple peut pondre
météorologie locale selon les années (THOMPSON dans différentes tiges et pieds de plante. Les œufs
& al., 2003 ;ANONYME, 2003). Dans les régions mettraient en Grande-Bretagne 3 a 4 semaines
voisines de la Picardie, les créneaux suivants ont pour éclore (THOMSON & al. (2003)).
été enregistrés. En Haute-Normandie, les imagos
mîeîtî special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

· I’aIimentation de chemin de fer et les autoroutes ne semblent
Peu d’informations sont disponibles sur le régime pas constituer une barriere aux déplacements, en
alimentaire des adultes. Ils se nourrissent de petits particulier si elles sont traversées par des cours
insectes volants. A |’instar de ce qui a été constaté d’eau jalonnés de ponts. Ce n’est pas le cas des
chez d’autres especes, les femelles doublent leur zones urbanisées, et de celles sans végétation
poids a |’émergence pour leur premiére ponte. (vasieres...), embroussaillées et cultivées.
Elles doivent pour cela disposer d’habitats riches
en proies (THOMSON &a|. (2003)). · sur le plan génétique, la faible capacité de
dispersion influence la diversité génétique des
individus. Ainsi, les individus d’un méme site ont un
IV. Dynamique des populations génome différent, méme si la population principale
se trouve a moins de 10 km et, sauf |orsqu’iIs vivent
1) Etat des populations sur des ensembles d’î|ot d’habitats favorables
présents en continu. Le niveau de parenté est donc
L’importance des populations est difficile a estimer. plus important entre individus vivant a proximité (a
Les principaux travaux publiés se sont appuyés moins de 0,8 a1 km), entraînant un cloisonnement
sur le comptage des imagos. Les données ainsi génétique de la population a petite échelle. Il
obtenues doiventétre analysées avec beaucoup de semble que la distance et la fragmentation des
prudence. En effet, la comparaison de comptages habitats aient le méme impact sur la génétique des
réguliers et le nombre d’individus marqués sur un populations.
méme site permettent a THOMSON & al. (2003) Les mouvements peuvent limiter les variations
d’estimer que la population annuelle serait au génétiques dans une matrice de sites favorables
moins 10 fois supérieure au maximum compté sur de 3 a 4 km dans la mesure ou les îlots d’habitats
la base d’une série de comptages réguliers. favorables sont éloignés les uns des autres de
moins de 2 km et sans obstacles entre eux. La
2) Dispersion, génétique des populations et fragmentation des habitats n’exp|ique pas a
impact de la fragmentation des habitats elle seule |’appauvrissement génétique d’une
population. En effet, sa taille influe également sur
Ces aspects sont particulierement étudiés sur les ce phénoméne.
populations anglaises par |’Université de Liverpool Le cycle de |’espéce sur deux ans fait que toutes
et ont fait |’objet de plusieurs travaux publiés. cohortes pourraient étre génétiquement isolées.
Ces populations sont éclatées et en limite d’aire Or, la différence génétique entre deux générations
de répartition donc dans la méme situation que est inférieure a celle constatée en deux sites.
celles de la région Picardie. Aussi, les éléments Aussi, il se pourrait que des larves décalent leur
de connaissances accumulés outre Manche émergence d’une année et se reproduisent ainsi
pourraient étre pris en compte, en particulier pour avec une autre génération (PURSE et al., 2003).
déterminer les mesures de conservation adaptées
aux populations picardes. 3) Mortalité
· la majorité des individus se dispersent sur La durée de vie d’un imago est courte : 5 a 6 jours.
une faible distance : en Grande Bretagne, 20 a En Grande-Bretagne, la mortalité a été étudiée au
47 % se dispersent a moins de 25 métres avec cours de différents stades du cycle :
des déplacements enregistrés maximum de 0,8 a - 14 % au moment a |’éc|osion, mais tres variable ;
2,7 km. 1,3 a 11,4 % des individus se déplacent - autour de 5 % a |’émergence (faible comparé a
entre deux îlots de population. Pour comparaison, d’autres especes) ;
en Allemagne, 96 % des individus vont a moins - importante durant la maturation (seu|ement4,8 %
de 25 métres, avec des distances maximales des individus sont recapturés aprés la période de
parcourues de 0,6 km, a 3 km. La localisation des maturation) ;
zones d’habitats favorables influence positivement - faible durant la période imaginale : le taux de
les dép|acements.Ainsi, les espaces ou les habitats survie quotidien est de 0,8 et 0,9 respectivement
favorables sont présents en continu sont propices pour mâle et femelle.
aux déplacements et une grande majorité des C’estcertainementau stadelarvaire quela mortalité
individus opérent des déplacements a |’intérieur est la plus importante, mais elle est difficile a
de ces continuums d’habitats favorables. Les voies évaluer (THOMSON & al. (2003)).
Numéro Spécial AVDC€tté ZOO9 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - Révué naturaliste de Picardiepâîîulié

4) Concurrents et prédateurs (approfondissement,destruction dela végétation...);
· gestion drastique des cours d’eau, notamment
LesconcurrentsdeslarvesdeCœnagrionmercuria/e les faucardages et les curages réalisés en période
sont |’ensemb|e des autres petits prédateurs de vol de |’espèce ou touchant |’ensemb|e du
présents dans les habitats fréquentés, en particulier linéaire occupé par cette dernière ;
d’autres odonates, notamment Ca/opter)/x · baisse du niveau d’eau et assèchement
sp/endens, Pyrrhosoma nymphula, Ishnura (temporaire ou permanent) des cours d’eau suite
e/egans, Cordulegaster bo/toni... Concernant ses au pompage rendu nécessaire pour |’irrigation
prédateurs à |’état adulte, les données manquent et ou du fait de la gestion dans une perspective
quelques espèces sont des prédateurs potentiels: d’irrigation ou bien encore de |’exp|oitation des
Cordulegaster bo/toni... La mortalité au moment de nappes phréatiques ;
|’émergence est principalement due à la prédation, · pollution des eaux par des rejets réguliers ou
surtout des araignées. Ces dernières et les gerris ponctuels de produits chimiques ou parla présence
Gerris/acustris ontperturbé5 % des ovipositions en régulière de nutriments (nitrates, phosphates)
capturantles pondeuses. Le Lézard vivipare Lacerta provenant de |’agricu|ture et des zones urbanisées
viviparus et le Tarier pâtre Saxicola torquata ont été qui conduisent à |’eutrophisation des eaux dont la
vus capturant des adultes. Certains ont été trouvés principale conséquence est la présence d’amas
dans des Droséras Drosera sp. (THOMSON & al. d’a|gues filamenteuses
(2003). A ceux-là s’ajoute des parasites, pouvant · drainage des zones humides.
s’attaquer aux pontes (Cecidomyies et Drosophiles)
ou directement aux adultes (ex. protozoaires Enfin, |’évo|ution du climat avec un réchauffement
de la classe des Grégarines) (AGUILAR J., global provoquant |’augmentation de la fréquence
DOMMANGETJ.L. (1998)). des périodes de sécheresse et |’a||ongement des
étés secs devrait contribuer à assécher certaines
5) Les menaces anthropiques zones humides les rendant inhospitalières pour le
Cœnagrion meruriale.
Plusieurs facteurs sont connus pour avoir un
impact sur les populations de ce Cœnagrionidé · la fragmentation des habitats : Elle est
(ANONYME (2003), THOMPSON & al. (2003), induite par la perte d’habitat qui isole des groupes
BOUDOT (2005) ...) : d’individus. Ce phénomène pourrait avoir des effets
à moyen terme par son impact sur la génétique
· la perte d’habitats : |’habitat est modifié des populations en particulier si elle touche des
ponctuellement ou progressivement à un point tel populations àfaible effectif(induite parla première).
qu’il devient inutilisable par |’espèce. Un appauvrissementdu patrimoine génétique aurait
pour effet de rendre plus vulnérable la population à
Les actions humaines connues pour entraîner ce de petites variations de son environnement.
type de conséquence sont les suivantes :
· évolution des pratiques agricoles par mise en
culture intensive (mai`s qui peut étre irrigué) et Lesfacteursimportants pourle maintien de|’espèce
d’une façon globale |’intensification des pratiques semblent étre:
agricoles autour des stations ;
· abandon des environs immédiats et des rives - la qualité de |’eau : eau calcaire bien oxygénée
des cours d’eau qui entraîne un embroussaillement oligotrophe à dystrophe, facteur très important
et un boisement ombrageant le cours d’eau. Il est pour les larves dont le temps de développement
souvent la conséquence de |’abandon du pâturage est assez long,
parles équins et bovins qui contribuentau maintien - |’hydrographie : courant lent mais permanent,
de |’ouverture du milieu et à la structuration de la proche de la source,
végétation des abords des cours d’eau, mais aussi - la végétation : recouvrement moyen à important
de la gestion douce des cours d’eau (coupe des par des petits hélophytes, présents toute |’année,
arbres et arbustes...); présence de buissons à proximité des zones de
· boisement volontaire des environs des sites reproduction pour le refuge des adultes, végétation
(popu|icu|ture...) ; des berges assez dense,
· redressement des cours d’eau - |’environnement : constitué de différents milieux,
mîeîâ special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

en grande partie de prairies. graphiques, 16 tableaux, 5 croquis. - Analyse in
Martinia, 6(3) :73-74.
De ces elements generaux, il ressort que l’Agrion
de Mercure est dans une situation precaire, quasi · COPPA G. 1990 - Elements cartographiques et
menace a |’eche|on mondiale et inscrit sur les ecologiques sur les Odonates de Champagne-
listes d’especes menaceesatous les echelons. En Ardennes. - Publ. Sc. du Pavillon St Charles,
Picardie, il est plutôt localise dans3ensemb|es de Troyes, AGURNA : 92+11 pp., 64 cartes, 116
noyaux d’individus eloignes les uns des autres, au graphiques, 16 tableaux, 5 croquis. - Analyse in
sein desquels, les stations sont souvent distantes Martinia, 6(3) : 73-74.
et tres certainement isolees. Cette situation justifie
qu’i| fasse |’objet de mesures de conservation · COPPA G. 1992 b. Especes peu courantes en
urgentes. Champagne-Ardennes : annee 1991.- Martinia, 8
(3) : 61-64.
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n° 1- 36p. propositions de mesures visant sa conservation —
Gomphus, 11 (2) :27-40.
· COPPA G. 1990 - Elements cartographiques et
ecologiques sur les Odonates de Champagne- ·GOFFART P.,TESTAERT D.etPAQUAYM.2004
Ardennes. - Publ. Sc. du Pavillon St Charles, — Actualisation du statut de |’Agrion de Mercure
Troyes, AGURNA : 92+11 pp., 64 cartes, 116 (Cœnagrion mercuriale) dans la plaine du Focant
Numéro Spécial AVDC€tt€ 2009 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardiëplîlîîuliî

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(departement de |’|ndre) - Martinia 17 (3). Pages Entomology 30, 541-547.
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dans un parc urbain sur une population de zygoptera). Freshwater Biology 51, 193-205.
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(Departement de la Loire-Atlantique)- Martinia, 21 • WENDLER A., NUB J.H. 1994 — Guide
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septentrionale et centrale — Societe française
· ROUQUETTE, J.R. & THOMPSON, D.J. (2005). d’odonato|ogie — 129p.
Habitat associations of the endangered damselfly,
Cœnagrion mercuriale, in a water meadow
ditch system in southern England. Biological Remerciements
Conservation 123, 225-235.
Nous tenons a remercier :
• TERNOIS V. 2005 — L’Agrion de Mercure - Jean-François DELASALLE pour la relecture
Cœnagrion mercuriale (Charpentier, 1840) : d’un premierjet,
Synthese de trois annees d’observations dans - Françoise DELCOURT et Sebastien MAILLIER
le Nord-est aubois et la frange haut-marnaise pourleurs ultimes corrections et remarques
limitrophe (Odonata, Zygoptera, Cœnagrionidae) —
CPIE du Pays de Soulaines — Naturale, Mai 2005,
N° 0 : 47-53
· THOMPSON, D.J., PURSE, B.V. & ROQUETTE,
J.R. (2003). Monitoring the Southern Damselfly,   >,_,      
Cœnagrion mercuriale. Conserving Natura 2000        
Rivers Monitoring Series No. 8, English Nature,          
Peterborough.  X   (    
· THOMPSON, D.J., PuRsE, B.v. & RoouETTE,        aâ
J.R. (2003). Ecology of the Southern Damselfly,   ' _8   ,_,, ï 4ï*»jj;j;i»,a
Cœnagrion mercuriale. Conserving Natura 2000     '_ j;l;QLî.§ ,.-4;
Rivers Monitoring Series No. 8, English Nature,   E   .-,,    
'°6*6’b°“°“9“·     —>·‘       .i«    K ...> û’  
•VOTAT P.P., 1993. Les Odonates de nord-est de la M Ã · .I°-     si ~   rr /
Mayenne, du sud-ouest de |’Orne et du nord-ouest L - `           ,‘V_ f' J g ‘
de la Sarthe (suite). Notes sur quelques especes ;   i       îf  
remarquables ou rares. — Martinia, 9 (2) : 35-41. @ I-8 rivière Thé)/9 à I)/ioriëioriiairiê (60)
· WATTS, P. C., ROUQUETTE, J. R., SACCHERI
I.J., KEMP S. J. and THOMPSON D. J. (2004)
Molecular and ecological evidence for small-scale
isolation by distance in an endangered damselfly,
Cœnagrion mercuriale. Molecular Ecology 13,
2091-2945.
mîeîg special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

• Conservation et suivi de I Agrion de Mercure Cœnagrion
mercunale en Picardie : etat des stations connues,
I I I I I , \
pI'ESCI'IptIOI1S pOUI' lEUI' COIISETVHÉIOII Et le SUIVI de l ESDECE
Par Sébastien LEcR¤s & Laurent GAvoRv
Introduction
En complément des éléments relevés sur les La principale difficulté de |’exercice est d’éva|uer
populations, |’éco|ogie et |’étho|ogie de |’Agrion |’impact potentiel d’un facteur sur les populations
de Mercure Cœnagrion mercuria/e (GAVORY & de |’espèce. L’impact de certain est apparu évident
LEGRIS, 2009 a, LEGRIS & GAVORY, 2009 b) (suppression du ruisseau ...) contrairement à
et dans la perspective de proposer des mesures d’autres (surpâturage d’une partie des berges...).
de conservation adaptées, la détermination des Aussi, il nous a fallu dans un premiertemps arréter
facteurs susceptibles de porter atteinte à |’espéce le cadre pour déterminer la liste des facteurs
s’est avérée nécessaire. Nous proposons de menaçants puis les modalités de leur relevé sur
|’assurer à |’éche||e de chaque station dans une le terrain. Enfin ils ont fait |’objet d’un relevé par
optique opérationnelle pour déterminer un niveau station.
de menace et d’urgence à intervenir pour chaque Ces facteurs font |’objetd’une présentation globale,
station et pour identifier les facteurs menaçants. Il comprenantune description puis un bilan parstation,
s’agit ainsi de disposer de |’information nécessaire visant à aboutir à des prescriptions pertinentes. En
à |’é|aboration de propositions d’actions pour complément, nous avons déterminé les modalités
remédier aux situations défavorables. Elles seront d’un suivi des populations de |’Agrion de Mercure
hiérarchisées dans le temps en terme d’urgence. en Picardie.
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Photo :Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale
Page 45
Numéro spécial Avocette 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

I. Méthodologie et démarches sur |’ana|yse de la situation car la description des
stations a été réalisée de façon assez complète, et
1) Les facteurs menaçants des photos de chaque station ont été prises ce qui
a permis de compléter les relevés de terrain.
· Détermination Ces derniers ont été réalisés a la vue au niveau
Dans le cadre de cette étude, ont été jugés comme de la station mais aussi dans un périmètre de 100
menaçants les facteurs anthropiques ou naturels mètres autour d’e||e.
susceptibles d’entraîner la disparition d’un noyau
d’individus a brève échéance (soit au maximum a
10 ans). Ils sont susceptibles de tuer directement 2) Detetminaticn du niveau de menace neeant
ou indirectement les individus (imagos mais surtout Sui- cnauue etaticn
larves) ou de porter atteinte au milieu utilisé par
ddidddnàdd du’iiddvid¤¤diniiddpiiaiidr de meneee au sein d’une enne e 3 échelons.
Cette détermination s’appuie sur la synthèse des
Ndud aV0nS didiinduè ddu>< ddiêddiids da iddiduid eaneieniee informations eeneeieee et le respect du
inanaçanta ï cadre suivant :
- les facteurs (avérés) qualifiés de « menaçant »
c’est-a-dire ceux qui sont connus pour avoir un - station non menacée: risque faible a nul de voir
impact certain sur les populations, notamment disparaître la population présente car constat de la
en entraînant la disparition des individus a brève présence d’au maximum 2facteurs potentiellement
échéance. menaçants,
- les facteurs susceptibles (avec un niveau - station menacée : risque important de voir
de certitude limité) d’entraîner la disparition disparaître la population a échéance (10 ans) car
des individus a brève échéance, appelés constat d’au moins un facteur menaçant ou d’au
« potentiellement menaçants ». moins 3 facteurs potentiellement menaçants,
- station très menacée : risque important de voir
La détermination des facteurs de menace et disparaître la population a très brève échéance
|’éva|uation de leur impact potentiel se sont (5ans)carconstatd’au moins2facteurs menaçants.
appuyées:
- sur une connaissance préalable de |’impact de
certains facteurs qui avait été constaté dans le 3)Détei·n1inatiOn du niveau de ccneetvaticn de
cadre d’autres études publiées et que nous avons cnauue etaticn
synthétisées (GAVORY & LEGRIS, 2009a) ;
- Sui und ddnndiësdndd des didmdnis du miiieu Il e ete determine au eenn d’une échelle e trois
estimés indispensables a |’espèce et dont la niveaux;
destruction ou |’a|tération rendraient le site _ nul i cane Conservation i aucune rnesure n’eSt
défavorable. Elle découle d’une part, de notre niice i
atnda SUV ttnanttat dd ttaalaaca an ia9t0n (t-EGRtS -moyen : conservation partielle c’est-a-dire mesure
& GAVORY 2009 b) ati dtatitta Patti de dt)/ataaa de gestion conservatoire possible/effective sur
attidaa Pubttaaa le site (Zone Natura 2000, site du Conservatoire
des Sites Naturels de Picardie...), ou mesure de
' Relevé d’informations etdescription des facteurs protection regiernentaire du Site et/ou du rniiietai  
Sur le terrain, les facteurs répondant aux critères _ fort i mecuiec de gestion Conservatoire et
dattnta Ptaaadatntnant Ont été tatavéa at décttta dd protection réglementaire s’app|iquent sur la station.
façon détaillée. Pour cela, |’opérateur s’est appuyé
sur la liste des facteurs menaçants connus évoquée
précédemment et celle des paramètres de |’habitat 4) Detetminatien du niveau ti,ui_genee
indispensables a |’espece. La connaissance de ces d,intei_ventien nat etatien
derniers s’estetoffee au fil de la conduite des releves
sur-les caractéristiques de |’habitat de '|’espèce Eiie Sieet annuvee peut enauue Station Sui iee
realises detlfaçon concomitantes. Cette evolution niveaux de menace et de eeneetvatien qui Ont
en Cours d etude 3 œrtamement QU peu d tmpact été confrontés pour étre classés dans une des 3
page46
NLIITIEIO Spétïiai AVOCEttE 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de PiCaI'diE NatUrE

catégories :
- Très prioritaire : le site doitfaire |’objet de mesures
dans les 2 ou 3 prochaines années, passant par un 5) Limites du travail réalisé
diagnostic plus approfondi et la détermination des
mesures qu’i| aura rendues nécessaires La détermination des facteurs s’est faite a la vue.
- Moyennement prioritaire : la station doit faire Ainsi, ceux ayant un effet invisible n’ont pu étre
|’objetd’un suivi régu|ierd’au minimum un passage détectés : pollution de |’eau, par exemple. De
tous les deux ans et étre intégrée dans les plus, ils ont été relevés a |’éche||e de la station a
processus de protection dela biodiversité sauvage, un moment donné. Or, certains facteurs ont une
au minimum dans une Zone de Conservation origine qui se situe au-dela de la station, soit
Spéciale géographiquement (facteurs liés a |’évo|ution de la
-Peuprioritaire:|a station doitfaire|’objetd’un suivi qualité de |’eau (par exemple, point de rejets d’eau
moins régulier et étre dans la mesure du possible au pollués, zone de culture intensive traitée...), a la
minimum dans une Zone de Conservation Spéciale gestion hydraulique (seui|...), a la gestion du bassin
versant (évolution de |’occupation du so|...)...), soit
En fait, a chacun des trois statuts de menace temporellement (document d’urbanisme, projets
correspond un niveau de priorité de base : non divers... ) qui auront des effets a échéance de
menacée, peu prioritaire; menacée, moyennement moins de 10 ans.
prioritaire, tres menacée, tres prioritaire. Ce
niveau de base est ensuite pondéré par le niveau
de conservation de la station d’une façon tres
simple. Si la station est tres menacée et que son II. Etat, niveaux de menaces et de conservation
niveau de conservation est moyen, elle devient des stations, état des priorités d’intervention
moyennement prioritaire, s’i| est fort, elle est peu
prioritaire. Si la station est menacée et que son 1) Etat des recherches conduites
niveau de conservation est moyen, elle devient
moyennement prioritaire, s’i| est fort, elle est peu 26 relevés ont été réalisés répartis ainsi voir carte
prioritaire. Enfin, si la station n’est pas menacée, 1.
elle est automatiquement peu prioritaire.
 
Carte 1 .· Localisation des stations évaluées
Numéro Spécial AVDC€tt& ZOO9 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardiëplîlîîulï

2) Description etorigine des facteurs menaçants d’herbicides dans le cadre de traitement d’un cours
d’eau situé en aval hydraulique immédiat de la
Un total de 8 facteurs ont été déterminés sur le station, connexion d’une station à un émissaire de
terrain et décrits ci-apres. bassin de stockage d’eau d’autoroute, accumulation
de feuilles de peupliers venant de peupleraie
·Les facteurs menaçants proche du cours d’eau, déversement d’eaux de
ressuyage de chaussée, dépôt ponctuel de gravats
La pollution de I’eau est un facteur menaçant en rive du cours d’eau.
dans la mesure ou des rejets de polluants issus de
station d’épuration et d’usine et des pulvérisations Les variations de niveau d’eau qui aboutissent à
de produits phytosanitaires ou autres atteignaient defaible niveau d’eau sontdéfavorablesà |’espece.
directement ou par ruissellement le cours d’eau ou La faible profondeur des eaux de certaines stations
ses rives fréquentés par des individus. peut laisser craindre un assechement qui est
pénalisant pour l’Agrion de |V|ercure.
La fermeture de stations parla strate arborée La coupe des hélophytes situées en rive du
et arbustive a été constatée. Elle résulte du cours d’eau durantla période de voldesimagos
développement d’arbres et d’arbustes dans des a été constatée. Il s’agissait de fauche mécanique
proportions telles que ces derniers risquent de de la végétation des rives dans le cadre de :
la couvrir completement à breve échéance. Ce - |’entretien des parcs etjardins par des particuliers,
développement est induit par trois dynamiques - la gestion des abords du cours d’eau par les
différentes : déprise par arrét du pâturage ou de communes pour faciliter sa fréquentation par le
la fauche, plantation de peupliers et absence public
d’entretien du cours d’eau avec généralement une - la maintenance des abords de route par fauche
baisse de son niveau quifavorise le développement des bermes par les services ou entreprises
des arbres et arbustes en rive. missionnés par le gestionnaire public.
La rectification du cours d’eauquisefaitau moyen La destruction ponctuelle de la rive a été notée
d’opérations de curage avec dépôt des sédiments par le dépôt de gravats et la surfréquentation par
en berge conduites à |’aide d’engins mécaniques. des animaux d’é|evage qui piétinent la végétation
Elles entraînent une destruction quasi complete de de la rive voire grattent le sol  
la station : modification du substrat, suppression de
la végétation aquatique et rivulaire, modification de L’altération de la végétation de la rive par
latopographie des berges. L’intensité de leurimpact une importante fréquentation de la rive par
est certainement conditionnée parla longueur du des personnes ou des animaux d’é|evage peut
cours d’eau traité, sa situation par rapport à la entraîner un piétinement de la végétation qui la
répartition des individus présents et la période de fait disparaître ou la rend moins dense. De méme,
|’année ou elles sont réalisées. les animaux par leurs déjections favorisent le
développement de végétation nitrophile (orties...)
· Les facteurs menaçants potentiels défavorable à |’espece.
L’urbanisation reste un facteur potentiel avec la 3) L’origine des facteurs effectivement et
construction toujours possible de route et de leurs potentiellement menaçants
dépendances notamment sur les stations tres
proches des zones déjà urbanisées. Une station En complément de la détermination des facteurs
concernée se situait à proximité immédiate d’une menaçants, nous avons cherché à connaître
zone ou visiblement |’extension des constructions les activités dont ils étaient la conséquence ou
paraissait fort probable : terrain de sport, zones le produit. Il s’agissait ainsi cerner les cibles des
d’habitations, zone d’activité économique actions à mener pour faire disparaître ces facteurs.
(industrielle, commerciale), terrain en déprise à
côté d’un secteur en cours de construction... Les rejets d’eaux polluées sont induits par la
gestion des eaux polluées :
Certaines pollutions ont un effet qui reste - des zones habitées qui incombentaux communes
potentiel car les produits n’ont pas été rejetés ou à leurs délégataires ;
directement sur la station. Il s’agit d’épandage - des établissements industriels qui sont du ressort
mîeîg special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE zoog — Revue naturaliste de Picardie Nature

des exploitants ; Les dépôts sauvages de déchets et des eaux usées
- issues du ressuyage de chaussée de directement dans le milieu sont la conséquence
la compétence de différents opérateurs d’actes irresponsables et illégaux (infraction au
(communes, Etablissement Public de Coopération Code de |’environnement) qui devraient étre
Intercommunal, département, société d’autoroute) poursuivis par les différentes polices (Gendarmerie,
- de maison particuliere. Office National d’Etude des |V|i|ieux Aquatiques).
La construction des infrastructures routiéres La gestion des cours d’eau (parfois «sévére» :
est dans la plupart des cas la conséquence rectification du cours etdépôten rive des produits de
des politiques publiques menées en matiere curage,faucardage des hélophytes et hydrophytes,
d’aménagement par divers maîtres d’ouvrage régulation des niveaux d’eau dans les cours d’eau
(communes, Etablissement Public de Coopération conduisant a |’asséchement) est assurée par
Intercommunal,département, Etat). les ayant-droits qui peuvent étre regroupés en
associations syndicales de propriétaires, ainsi que
L’entretien des routes (fauche des bermes, par des structures publiques.
traitement a |’herbicide aux pieds des panneaux,
des glissiéres, des bornes) estgénéralementassuré 4) Répartition des facteurs de menace et niveau
par la structure publique qui a compétence. Elle de menace pesant sur chaque station
peut étre une commune, un EPCI, le département,
la société d’autoroute). La situation de chaque station est détaillée en
Annexe I sous la forme d’un tableau et d’une façon
L’urbanisation est portée le plus souvent par des globale, pour chacune des vallées, la situation est
personnes privées (particuliers, entreprises) mais la suivante:
aussi par des acteurs publics. Dans tous les cas,
selon |’importance du projet, il doit faire |’objet En Vallée de la Bresle, le principalfacteur, bien qu’i|
d’une autorisation administrative de la part de la ait été uniquement relevé sur 3 stations, semble
commune ou du Préfet. étre la pollution de |’eau, en raison du nombre
La popu|icu|ture,sous|a forme plantation volontaire important d’habitations et d’usines le long du
d’arbre est menée parle ou les propriétaires ou son cours d’eau. De plus, la fermeture des milieux par
prestataire. les ligneux et la populiculture menace 5 stations.
Notons également que |’urbanisation, peut poser
Lesactivitésagricoles,notammentla mise en culture probleme sur certaines stations. Les autres
de prairies, |’épandage de produits phytosanitaires, menaces comme |’abandon de terrain, I’entretien
|’abandon du pâturage ou des prairies de fauche mécanique de la végétation, la forte fréquentation
(déprise), la charge excessive en bétail des patures, du public, les opérations de curage et le passage
|’abandon de la coupe des arbres et arbustes des d’axes routiers, ne semblent pas mettre en péril
rives   sont les conséquences des stratégies de les stations, mais seront cependant a prendre
développement et des choix techniques du ou des en compte pour améliorer la qualité du milieu de
exploitants. Ils sont souvent conditionnés par des Cœnagrion mercuriale.
politiques plus larges, en particulier, la Politique
Agricole Commune.
Sur cette vallée, trois stations (27%) sont
La gestion des espaces publics : fauche des considérées comme « trés menacées
hélophytes en rive, traitement des rives et abords », 5 comme peu menacées (45%) et 2 comme non
immédiats du cours d’eau a |’herbicide, abandon menacées (18%).
de I’entretien « doux » des rives (coupe des arbres
et arbustes). En Vallée de la Theves, la fermeture du milieu par
les arbres et arbustes, constatée sur 9 stations
La gestion générale de |’espace, avec son (69%) est la principale menace. Elle est suivie
corollaire |’abandon de la gestion qui permet la de la pollution de |’eau et de la rectification des
reprise de la dynamique naturelle de la végétation cours d’eau notées chacune sur 3 stations (23%).
(embroussaillement), est de la compétence de son D’autres facteurs de menace aux impacts plus
ou des propriétaires du foncier. limités que les précédents ont été notés : coupe
des hélophytes situées en rive du cours d’eau,
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Numéro spécial AVDCétté 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Révué naturaliste de Pitardié Naturé

destruction ponctuelle de la rive, altération de la 6) Niveau d’urgence à intervenir par station
végétation de la rive ....
Enfin, la profondeur faible de |’eau repérée au Pour chaque station, le niveau d’urgence a
niveau des fossés de drainage sur 6 stations (46%) intervenir a été déterminé et figure dans l’ANNEXE
est un facteur inquiétant car risquant lors de saisons ll.
a faible pluviométrie d’entraîner un assechement
rapide défavorable a |’espece. Ainsi, une seule station est tres prioritaire, 11
sont moyennement prioritaires et 13 sont peu
Sur cette vallée, 4 stations (31%) ont été désignées prioritaires.
comme tres menacées, 6 comme peu menacées
(46%) et 3 comme non menacées (23%).
III. Propositions de mesures à prendre
Les deux stations situées sur La Souche sont
potentiellement menacées par la pollution de |’eau Sur la base de la connaissance des menaces qui
carellessontsituéesaproximité de champscultivés pesent sur |’espece et les stations, des actions
qui subissent des traitements phytosanitaires qui ont été définies. Elles |’ont été en intégrant les
peuvent atteindre directement ou, indirectement dispositifs, démarches existantes (initiatives en
par ruissellement la riviere. Cependant une bande cours, rég|ementation...) et en les appliquant a
enherbée implantée le long des berges réduit |’éche||e les plus adaptées, souvent celles ou se
le risque de contamination. A cela s’ajoute de situent les possibilités d’initiatives et d’actions.
possibles rejets d’eaux usées d’origine industrielle Ainsi, il s’agit d’étre opérationnel.
et domestique des villes et villages situés en amont.
Dans ces conditions, les 2 stations présentes (31%) 1)Actions à |’éche||e de la région et des vallées
ont été considérées comme peu menacées (46%). fréquentées
5) Etat de Conservation des différentes stations · Garantir les débits et la qualité de |’eau : il s’agit
de mettre en oeuvre une gestion des cours d’eau
Un niveau de conservation a été déterminé pour et de leur bassin versant qui garantisse une bonne
chaque station en fonction de 3 catégories : Bon, qualité de |’eau et le maintien des débits :
|V|oyen et Nul. Le tableau correspondanta |’Annexe - définition et mise en oeuvre de Schéma
Il présente la situation pour chaque station. d’Aménagement et de Gestion des Eaux a
|’éche||e des bassins de La Souche, de la Theve
Seules deux stations (8%) ont été considérées et de La Bresle qui intégrerait la présence du
comme ayant un bon niveau de conservation. Elles Cœnagrion de |V|ercure en favorisant les actions
sont toutes deux situées en Vallée de la Theve. La visant a améliorer la qualité de |’eau (limitation de
premiere se trouve sur la commune de Plailly a |’épandage de produits phyto-sanitaires, plantation
proximité du Parc Astérix et sa gestion est assurée de haies, installation de bandes enherbées le long
par le Conservatoire des sites naturels de Picardie. des cours d’eau, contrôle de diverses installations
La seconde, sur le territoire de Coye-la-Forét sur industrielles, arrét de |’uti|isation de phytocides
le site des « marais de la Troublerie »bénéficie de pour entretenir les fossés en communication avec
mesures de conservation dela part du Parc Naturel les stations .... ).
Régional « Oise Pays de France ».
· Garantir l’intégrité des sites et des habitats
Au total, 20 stations (77%) présentent un niveau nécessaires a |’espece : |’objectif est de prendre
« moyen » de conservation. Elles sont toutes les mesures quiempécheronttoute destruction des
situées sur la vallée de la Bresle et de la Theve. stations connues :
Actuellement aucune mesure de gestion n’est - mise en protection des stations, de façon a rendre
engagée sur ces stations, alors que nous avons hors la loi la destruction de |’habitat de |’espece :
considéré 9 d’entres elles comme « tres menacées prise d’arrété préfectoral de protection de biotope
». Enfin, 4 stations (15%) ont un niveau « nul » pour les sites qui ne sont pas déja protégés,
de conservation, alors qu’e||es sont considérées - classer en Zone de Conservation Spéciale au titre
comme « menacées » a « tres menacées ». de la Directive CEE 92/43 relative aux habitats de
la faune et de la flore sauvages, les stations qui ne
le sont pas et étendre les périmetres aux abords
mîeîrg special Avocette 2009 — 33 (3) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

des cours d’eau qui sont tout aussi importants, actuellement isolées, et ainsi de mieux apprécier
-prendreen comptela présencede|’especedans|e le probleme de fragmentation des habitats sur
cadre des Schéma de Cohérence et d’©rganisation |’espece.
Territorial (SCOT) puis dans les Plans Locaux - un approfondissement des connaissances
d’Urbanisme (PLU) en rendant inconstructibles les sur |’éco|ogie de |’espece, en s’intéressant a la
abords immédiats des cours d’eau, en localisant les recherche des larves et des exuvies, afin de mieux
zones d’activités eturbanisées en aval hydraulique définir les principales zones de reproduction.
des stations, Les relevés pourraient notamment concerner
- notifier aux propriétaires et ayant-droits la les stations semblant fréquentées de maniere
présence de |’espece, secondaire par |’espece (habitat de substitution :
- intégrer |’ensemb|e des stations dans les zones ex. mares et étangs de Plailly), ou sa reproduction
de |’|nventaire des Zones Naturelles d’|ntérét semble douteuse en raison du faible nombre
Ecologique et Faunistique (ZNIEFF). d’individus et des conditions peu propices du milieu.
Une étude sur le taux de prédateurs présents dans
· Garantir la qualité des habitats nécessaires a les cours d’eau pourrait également étre menée.
|’espece : ces mesures concernent les cours d’eau
avec ses rives mais aussi les environs immédiats · La mise en place d’un suivi de |’évo|ution et de la
(50/100 metres de |’eau) des stations : qualité de son habitat :
- dans le cadre des Documents d’©bjectifs - la réalisation d’ana|yses d’eau, en priorité sur
Natura 2000 déterminé de la Zone Spéciale de les stations ou des menaces de pollution ou
Conservation de la Bresle prévoir des actions qui d’eutrophisation ont été relevées.
financeraient :
- le maintien des pâturages autour des Ces analyses peuvent-étre également menées
stations connues mais aussi dans les corridors sur les cours d’eau autour des stations connues,
- l’entretien «doux» dela ripisylve ou |’espece est absente, afin de vérifier ci cette
- sensibiliser les ayant-droits et gestionnaires de absence ne serait pas liée a une mauvaise qualité
cours d’eau sur la présence de |’espece en leur de |’eau. Parmi ces cours d’eau, ont peut citer la
présentant les actions (a leur portée) favorables a riviere Souche, en aval de Barenton-sur-serre, et
|’espece. en amont de Froidmont-Cohartille, ainsi que la
riviere Theve en amont de |V|ortefontaine, et en
· Rétablir les corridors entre les populations : aval de Coye-la-Forét, le ru « la Batarde » situé
comme nous |’avons précisé, a |’éche||e des a |’ouest du « Bois de la Grande |V|are » a Plailly,
vallées, notammentde la Theve et de la Bresle, les et enfin la riviere Bresle entre Blangy-sur-Bresle
stations sont isolées créantdes îlots de populations et Saint-Germain sur Bresle. Les analyses d’eau
quisonttres probablement isolés. en plus de rechercher des traces de polluants,
doivent prendre en compte d’autres parametres
2) Actions globales de suivi scientifique de comme la conductivité, la température, le pH, et
|’espèce et des stations la teneur en oxygene dissous, afin d’apporter des
renseignements supplémentaires sur les exigences
· La mise en place d’un suivi scientifique de de |’espece par rapportason habitat aquatique.
|’espece, en réalisant :
- un suivi des stations connues sur la base d’un 3) Action de gestion par station
protocole restant a définir, permettant d’éva|uer
|’état des populations dans le temps comme Un certain nombre d’actions sont a entreprendre
dans |’espace. Ce suivi doit étre focalisé sur les pour conserver ou améliorer les stations.
stations jugées tres prioritaires, ou présentant
des effectifs importants, (populations sources ?), Ces mesures peuvent étre regroupées en 2
ou potentiellement fragiles (population isolée, catégories:
faible nombre d’individus). Il doit aller jusqu’a une
évaluation des effectifs. - la réalisation de mesures de gestion : |’intérét est
- une recherche de nouvelles stations, en d’amé|iorer|es caractéristiques des stations,afin de
particulier sur les secteurs situés entre les favoriserla présence de Cœnagrion mercuriale. Elle
populations connues, afin de mieux connaître les nécessite tout d’abord, un travail en collaboration
possibilités d’échanges entre les stations semblant avec les propriétaires des terrains (sur et autour de
Numéro Spécial AVDC€tt& ZOO9 · 33 (3) · DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardiëplîâîuîë

la station), et ensuite la mise en oeuvre de travaux pour enlever des détritus et empécher |’existence
de gestion. Ces mesures demandent des moyens de décharges sauvages.
financiers, matériels et humains importants,
· Reprofilage des berges. L’objectif est d’adoucir
- la réalisation de mesures de conservation : le but la pente de certaines berges devenues abruptes, en
est de préserver les parametres des stations et de raison du régalage des sédiments lors d’opération
leurs milieux périphériques, afin de maintenir la decurage.Lessurplusdeterredevrontétreexportés
présence de |’espece. Elle suppose un important hors des stations. Celles concernées par ce type
travail en collaboration avec les différents acteurs, d’opération sont celles situées a |V|ortefontaine «
en particulier de sensibilisation. Tour Rochefort » et « prairie de Charlemont ».
En annexelllfigure un détail parstation des actions · Réaliser des opérations ponctuelles de
qui pourraient étre engagées de façon a assurer la curage. L’intérét est de pouvoir recréer des milieux
conservation de |’espece. favorables a Cœnagrion mercuriale, lorsque
ceux-ci sont en voie de comblement, mais aussi
d’augmenter la lame d’eau de certaines stations
4) Des mesures de gestion de |’habitat menacées par |’assechement. Il est nécessaire que
ce type d’opération soit réalisé de façon ponctuelle,
· La coupe des ligneux, dont |’objectif est de en alternance sur plusieurs années, afin de limiter
favoriser |’enso|ei||ement de certaines stations, et une trop forte destruction du milieu, risquant de
d’amé|iorer la capacité d’accuei| de Cœnagrion mettre en danger le maintien de |’espece. Les
mercuriale pourd’autres. ||s’agitsurtoutdedéboiser stations pouvant faire |’objet de ces actions sont
les rives qui ombragent le milieu (rives exposées |V|ortefontaine « la tour Rochefort », et Plailly « le
au sud), et aussi de chaque côté des stations, Bois de la Grande |Vlare ».
afin d’augmenter la surface d’habitat ensoleillé. Il
est cependant conseillé de laisser une partie des · Creuser de nouveaux fossés. Cette opération
linéaires de berges avec des buissons (2-5 metres), peut étre envisagée dans les prairies et autres
afin de garder |’effet coupe-vent, et d’abris contre environnements favorables a |’espece, et de
les intempéries, appréciés par |’espece. préférence a proximité des stations connues, en
s’assurant toutefois de leur compatibilité avec
· Reconversion de peupleraie en roseliére d’autres enjeux (nappe phréatique peu profonde,
ou en prairie, sur les stations concernées par topographie intéressante, d’enjeux éco|ogiques...).
cette menace, afin de favoriser |’ensoleillement
du milieu, et d’amé|iorer la qualité de |’eau et de · |V|ise en place de sources artésiennes dans les
la végétation. Cette opération est a réaliser sur 3 secteurs favorables (Vallée de la Bresle '?)
stations, a ©ust-|V|arest (80), Bouttencourt (80), et
Plailly (60). Aussi, les plantations systématiques en · Entretien du milieu, tel que le dégagement des
bordure des cours d’eau sont a proscrire. obstacles a |’écou|ement (ligneux obstruant le cours
d’eau) (ex |V|ortefontaine « la Tour Rochefort »),
· Gérer les terrains abandonnés, afin ou encore le débroussaillement de certaines rives
d’améliorer l’environnement immédiat des stations. colonisées par une végétation de type rudérale
Il peut s’agir notamment de reconvertir les friches (ronces, orties...),
et mégaphorbiaies en prairie pâturée de façon
extensive, ou en prairie de fauche. Ce type de
gestion peut faire |’objet d’un partenariat avec un 5) Des mesures de conservation
agriculteur. Les 2 stations concernées sont situées
sur Oust-|V|arest. · |Vlaintien des prairies pâturées et de fauche,
· Supprimer et interdire les dépôts en tout genre afin de préserver un milieu favorable a Cœnagrion
(déchets, gravats...). Il s’agit d’exporter |’ensemb|e mercuriale autour des stations. Il s’agit de pouvoir
de ces dépôts hors des stations, et d’empécher dialoguer avec les agriculteurs, afin de les
leur renouvellement (ex. panneau d’interdiction, encourager a continuer ce type d’activité, mais
surveillance). Cette opération doit étre menée, aussi pour les conseiller sur un mode gestion du
notamment a Oust-|V|arest pour retirer un tas de pâturage etde la fauche, respectueux des stations,
gravats,ainsiquesurBeauchamps,etIV|ortefontaine par exemple en limitant le nombre d’Unité Gros
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Numéro Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (3) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitïardie Nature

Bêtail sur certaines parcelles et a certains moments Bibliographie
de |’annêe, en empêchant les animaux de piêtiner
les stations (pose de clôtures), ou en êvitant une · GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009) Elêments
fauche trop pres des stations. prêliminaires pour la conservation des populations
de |’Agrion de |V|ercure Cœnagrion mercuriale en
• Proscrire |’entretien mêcanique de la vêgêtation Picardie. Picardie Nature. 64p.
rivulaire, afin d’amê|iorer les conditions de certaines
stations. Il s’agit ici de sensibiliser les propriêtaires • GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009a) Statut de
privês, les agents communaux, et les services des |’Agrion de |V|ercure Cœnagrion mercuriale en
routes, afin de laisser une partie en vêgêtation Picardie : synthese des donnêes anciennes et
aux abords des stations. Cœnagrion mercuriale situation en 2005. Picardie Nature. p.6-28
s’aventure rarement au-dela des premiers
metres de vêgêtation bordant les cours d’eau, la · GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009b) Elêments
proposition de maintenir une bande de 1 ou 2m de sur |’êco|ogie et |’êtho|ogie de |’Agrion de |V|ercure
vêgêtation limiterait |’impact de la fauche. Aussi, Cœnagrion mercuriale en Picardie:description
les travaux doivent être rêalisês apres le mois de des stations et synthese des connaissances
juillet, afin d’êviter la destruction des êmergences, accumulêes en 2005. Picardie Nature. p.29-43
et des imagos.
· Limiter la frêquentation du public, en canalisant
davantage les promeneurs et en empêchant le Remerciements
passage de sentiers aux abords immêdiats des
stations. Nous tenons a remercier :
- Jean-François DELASALLE pour la relecture
• Lutter contre |’urbanisation, en vêrifiant la d’un premierjet,
compatibilitê des POS (Plan d’Occupation des - Françoise DELCOURT et Sebastien IVIAILLIER
Sols) ou des PLU (Plan local d’Urbanisme), avec pour leurs ultimes corrections et remarques
la volontê de protêger les terrains autour et sur les
stations, notamment de façon a ce qu’i|s soient
classês dans la catêgorie N (zone naturelle et Annexes
forestiêre).
Annexe I : Facteurs menaçants et niveau de
· lntêgrer de nouvelles stations dans le rêseau menace.
«natura 2000» : comprenant le cours d’eau mais
aussi ses abords immêdiats. Pour cela les stations Annexe Il : Niveau de conservation et de protection.
situêes en vallêe de la Bresle doivent être prises
en compte dans la rêalisation des documents Annexe III : |V|esures de gestion par station.
d’objectifs. Et, d’autres situêes a proximitê des
zones « Natura 2000 » doivent intêgrer le rêseau,
il s’agit notamment du « ru Saint-lV|artin » a Coye-
la-Forêt, et de |’ensemb|e des stations de Plailly et
lV|ortefontaine.
· Surveiller les niveaux d’eau, pour les stations
a faible lame d’eau situêes en vallêe de la Thêve
sur les communes de |V|ortefontaine et Plailly, afin
de mieux cerner les risques d’assêchement des
milieux et ses consêquences pour |’espêce.
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