Avocette 1994 (18) 3-4
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1994 - 18 (3-4) p.-35 - -78
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\ A X. COMMECY : Résultats du recencement regional 1994 des lierons
cendres Ardea cinerea en Picardie. p. 45-49
. Y. LECOMTE : Y a-t-il une relation entre 1’éclosion des Tipuies Tipula
maxima et le départ des Hirondelles rustiques Hiriuzdo rastica ?
_ p. SO
Y. LECOMTE : Observations et analyses sur des plumees de l`Epervier
~ d’Europe Accipiter nisus trouvées dans l’Oise. p. 51-55
U Y. LECOMTE : Comportement ntagoniste entre un Rouge-gorge
à L 1 ~ Erithacus rubecula et un?Rouge-queue-noir Phoenicurus
l , ochrams . p. 55
X. COMMECY 2 Nouvelle preuve de lïinthropophilie chez le grebe
I É huppé Padiceps cristattts . p. 56
l J.M. SANNIER : Les oiseaux de la décharge controlee de ganiaches-SU
vallée de la Bresle. p. 57-61
Y. LECOMTE : Examen d’un nid de Troglodyte mignon Tmgladytes
tragladytes . Inventaire des matériaux utilisés. ri. 62
X. COMMECY : Mise en évidence d'une compétition interspeciûque
entre ie Grand cormoran Phalacrocarax carba et le Héron
l cendré Arden cizierea . p. 63-67
Y. LECOMTE : Capture et consommation d’un papillon par un juvéniic
de grèbe huppé Podiccps cristatus . p. 68
ï I I V. BAWEDIN : Nidification de l’Echasse blanche Himantnpizs
P É I himantopus dans l’Abbevillois (SO) en 1993. p. 69-70
MEN razê
Om/z‘ho/ag/que
Pjggydg P. CARRUETTE, C. DANCOISNE et L. GAVORY : Uéclinssc blanche
Himantapus himantopus nicheuse cn Picardie en 1989.
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CENTRALE ORNITHOLOGIQUE PICARDE (C.O.P.)
Salle polilvalente de l’Ile aux fagots _
43, Chemin de halage 80000 Amiens
Conseil d’administration 1993
Président : F. SUEUR _
Trésorier : X. COMMECY
Secrétaire : L. GAVORY
Membres : L. LARZILLIERE et A. ROUGE A
L’Av0cette :
Rédacteur en chef : X. COMMECY
Réalisation technique : X. COMMECY
Adresse des auteurs : V
V. BAWEDIN : 8 rue Philippe d’Auxy 80000 AMIENS
P. CARRUETTE : 2 rue F©nck80550 Le Crotoy
X. COMMECY : 4 Place Godailler Decaix 80380 GENTELLES
C. DANCOISNE : 7 rue du Bas 80400 VOYENNES `
Y. LECOMTE : 12 rue Général de Gaulle 60600 BREUIL LE VERT
. P. MORONVALLE : 6 bis me de Cosse 80260 VILLERS BOCAGE
J.M. SANNIER : 49 Place Aristide Briant 80000 AMIENS
L’AVOCETTE est publié grâce à l’aide de Picardie Nature
Maison des Sciences et de la Nature, Place Vogel 80000
AMIENS


			
RESULTATS DU RECENCEMENT; REGIONAL 1994
DES HÉRONS CENDRÉS ARDEA CINEREA
EN PICARDIE c
Par Xavier COMMECY
Résultats des recensements précédents , `
En 1981, le quatrième recensement national des colonies
d’ardéidés avait montré en Picardie l’apparition de nouveaux sites
r occupés en plus de celui, ancestral, de Boismont -80-. Les 3
colonies picardes uniquement localisées _ dans la Somme
regroupaient alors : 101 couples : sur le littoral (Boismont : 84 `
nids) et en haute vallée de la Somme (6 et 11, nids à Cléry/Somme
et Péronne Sainte-Radegonde). _
Un recensement intermédiaire organisé suite à la forte vague de L
froid de Janvier 1985, montrait qu’en Picardie, région considérée
comme sous-peuplée par rapport au reste du pays et en regard de
· . ses potentialités (rémanence de la haine passée des chasseurs
L locaux envers cet oiseau?), la progression se poursuivait (209
couples recensés), seulement ralentie en 1984 par les rigueurs _
hivernales qui avaient éliminé tant de hérons cendrés. Dans
certaines régions françaises, les effectifs de nicheurs augmentant
encore plus lentement voire enregistrant des baisses parfois ·
importantes. (L. DUHAUTOIS et L. MARION 1986).
Le cinquième recensement national de 1989 nous révélait un total
de 282 co_uples nicheurs, soit une croissance toujours soutenue.
pour les colonies anciennes, celle littorale de Boismont s’était
séparée en 2 : Boismont - 118 nids et Parc Ornithologique du
Marquenterre - 70 nids. Seule la colonie de Péronne subsistait en _
. ' H.V.S. -83 nids, celle de Cléry/Somme ayant été détruite au fusil en
période de nidification 1984.
De nouvelles colonies apparaissaient : Moyencourt -80-`: 9c.,
( Nampont St Martin -80- : 1c.; Hermes -60- : 1c.; Montcornet-02- :7
c.
Cette augmentation du nombre de colonies apparaissait plus faible r
dans notre région que dans la plupart des autres régions françaises
(L. MARION 1991).
Résultats 1994
Pour le recensement organisé cette année, de nombreuses nouvelles
colonies apparaissent :
Pour chaque colonie nous indiquons le nombre de nids comptés ce
printemps 1994 (et lorsque les données sont disponibles les
valeurs pour les années 1993, 1992, 1991, 1990).
Y
r ·^\Irv*1î'1*t*w 1004 , ic r2-A\ 45 © Picardie Nature / Centrale Ornithologique Picarde ,

Somme : · —
Boismont : 211 (199, '? , ’? , 196)
` Fouencamps : 28 (23, 10, 5, 0, 0 )
Hangest/Somme : 36
_ Hombleux : 18 (? , ? , ? , 10)
Péronne : 81 ( 78, 89, 85, 83)  
P.©.M. : 81 (72, 70, 80, 112, 70)
Voyennes : 4 (2, 0, 0, 0, 0) . ,
Total : 459 couples en-7 colonies ' ·
Aisne :
· Chamouille (Plan d’eau de l’Ailette) : 2 (4, 2, 0, 0, 0)
Essômes sur Marne : 1 (0, 0, 0, 0, 0)
Fontenoy :22 (16, '? , ? , ? , ’?) _ `
Hary : 21 (?, '?, '?, ’?, ?) `
Luzoir : 1 (0, 0, 0, 0, 0) ;
l\/|archais:21('?,’?,?,?,) _ ·
Saint Quentin : 10 (8, 6,95, 4, 0) .
Total : 78 couples en 7 colonies V
Oise : V 0 4
Lepine : 1 (0, 0, 0, 0, 0)
Flethondes ; 1 couple probable (0, 0, 0, 0, 0) ' · (
Total : 1 couple en une "colonie". ~ ,
` Total pour la Picardie : 538 couples pour 15 colonies. ` _ '  
. _ La figure 1, nombre de couples nicheurs en Picardie illustre cette "
· progression numérique des nicheurs en picardie. '
` ` Fig 1 : nombre de couples nicheurs
_ 000   0  
    l————
9 400 *  ( — Q  É
¤ ;
E 300 l ` _ · 5
¤ 200   I Ã
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1974 ,
, — 1981 4%/ . ' ‘
A 1985   S1
` · 1989 , — î
année de recencement 1994 .
L'AVOCE'I'I`E 1994 - 18 (3-4) 46 © Picardie Nature / Centrale Omithologîque Pîcarde

Cgmmentaires sur l’évo|ution de la population picarde de
Hérons cendrés : . ·
On peut remarquerque les anciennes colonies persistent (Boismont,
» P.O.M., Péronne) dans la Somme et ont des effectifs qui stagnent ou
augmentent très légèrement depuis le recensement de 1989. Ceci
peut probablement s’expliquer par une saturation des sites
colonisés. Le dynamisme de la population est donc à mettre au
crédit d’une colonisation de nouveaux territoires par cette espèce
' et une augmentation du nombre de sites occupés. La figure 2 montre
le nombre de colonies recencées au cours des différentes enquetes.
Fig.2 : nombre de colonies en Picardie
nombre de colonies en Picardie
16 '
. 14 ` ,
12 « .
É '
C
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4 ` 1 î' (
  2 lv I I
, C 0 Ail L L L
1974 1991 1985 1989 1994
année
9 ll faut aussi remarquer que les colonies apparues entre 1981 et V
1989 ont disparu; d’autres implantations, ne concernant toujours ï
` que des effectifs très réduits et souvent un seul couple, éphémères
ont été repérées entre 1989 et 1994. G. NEVEU et P. ROYER (1993)
ont retracé l’historique des ces nidifications dans la Somme.
Plusieurs cas de reproductions isolées ont de même été signalées
dans l’Oise (1 couple en 1986 et 1987 à Villers Saint sépulcre et
un couple en 1992 près de Gisors 60-76 Y. LECOMTE 1988 et com.
pers.) département ou la nidification de cet oiseau reste g
exceptionnelle contrairement au département de l’Aisne qui semble
maintenant occupé par des colonies pérennes. Dans le département
de l’Oise, des sites favorables étant occupés en été existent, on
peut donc penser que des implantations devraient bientôt s’y
produire (J.P. BONNEL com. pers.) .
L'AVOCETI`E 1994 - 18 (3-4) 47 © Picardie Nature / Centrale Omithologiquc Picarde Z

Les graphiques 2 et 3mo-ntrent la croissance de la population J
picarde de Hérons cendres nicheurs en nombre de couples et
l’évo|ution du nombre de colonies dans les trois départements. On
peut remarquer (Fig.3) qu’aprés le ralentissement de la croissance
du nombre de couples nicheurs suite à la vague de froid du milieu
des années 80, la pente de l’accroissement de ce nombre est de
nouveau importante. cette augmentation semble plutôt imputable à
une augmentation du nombre de colonies (Fig. 2) qu’à une
augmentation du nombre de nicheurs dans les colonies anciennes.
Fig. 3: évolution du nombre de couples nicheurs en Picardie _ ·
évolution du nombre de couples nicheurs
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1 s00
E 300
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100
0 ( .
1974 1981 _1985 » 1989 ‘ ·1994 _
g .0 _ année` ' (
Les biotopes et supports des héronnières : A
Le protocole de l’enquète demandait aux observateurs de fournir _
i ces renseignements; nous les reprenons ci-aprés.
Les biotopes utilisés par ce Héron pour s’installer dans notre
région sont presqu’exclusivement les boisements des vallées et
bords d’étang, à I’exception de 3 colonies de la Somme : Boismont
et Hangest/somme : bois de plateaux surplombant la vallée de la
Somme et le P.O.M. dans un bois des dunes.
Les grands arbres des vallées : Aulnes (A), Peupliers (P) et Frênes
(F) sont majoritairement utilisés dans notre région comme arbres
support des nids (-02- : Essômes sur Marne (P), Hary (P), Luzoir (P),
Marchais (Chênes et. F), Saint-Quentin (A-P), -60- Lépine (F?) ; -
. 80- Fouencamps (A-P) , Hombleux (A-F), Péronne (F), Voyennes (F).
A Fontenoy-02- se sont de grands Saules morts qui sont occupés.
L'AVOCE'I'I`E 1994 - 18 (3-4) 48 @ Picardie Nature / Centrale Omitholo gique Pîcarde A

l
I Les deux colonies littorales font exception avec comme arbres '
supports : les Hètres à Boismont et les Pins laricio au P.O.M. (à
noter dans cette dernière colonie la présence de 74 couples
d’Aigrettes garzette Egretta garzetta , ‘1 couple de Hérons b
gardeboeuf Bubulcus ibis et d’un couple nicheur probable de
Spatules blanches Plata/ea leuoorodia (P. CARRUETIE et al.) ce qui
fait decette colonie la seule colonie mixte _de la région. La
présence d’Aigrettes garzette et de Spatules blanche avait déjà été `
mentionnée antérieurement dans la colonie de Boismont sans que la
nidification _y ait jamais été effective.
La dernière colonie est réoente·(1992) et de petite taille (max. 4
nids en 1993) les Hérons sont installés sur des supports
totalement atypique pour la région : des Saules bas ( nids entre 1,5
mètres et 3 mètres) dans une petite phragmitaie inondée, au Plan · .
d’eau de l’AiIette -O2-. -
C Les participants à I’e_nguète 1994 : 4 -
. C. BERNUZEAU, J.P. BONNEL, S. BOUTINOT, P. CARRUETTE, X.
COMMECY, C. DANCOISNE, J. et P. DOLPHIN, E. DELHAY, J. MORENIAUX, W
L. GAVORY, L. LARZILLIERE, J. LITOUX, P. ROYER. 3
BIBLIOGRAPHIE : b ·. . ·
DUHOTOIS L. et MARION L. (1986) : Effets de la vague de frois de
Janvier 1985 sur les effectifs reproducteurs de Héron cendré et
de I’Aigrette garzette au printemps 1985. Ministère de
I’Environnement, S.N.P.N. 22p. ¤ —
MARION L. (1991) ; Inventaire national des héronnières de france
1989. Héron cendré, Héron bihoreau, Héron garde boeuf, Héron .
crabier, Aigrette garzette. Ministère de l’environnement,
* M.N.H.N., Université de Rennes I, S.N.P.N. 75p.
· LECOMTE Y. (188) : Première nidification dutHéron cendré dans
l’Oise (60). ' L’Avocette 12(2) p.94-96. .
NEVEU G. et ROYER P. (1993) : La nidification du Héron cendré Ardea .
cinerea dans le département de la somme : historique et
installation d’une colonie dans la vallée dela Noye. L’Avpcette
(à paraître) 6p. ( .
L'AV©CETI'E 1994 — 18 (3-4) 49 © Picardie Naturel Centrale Omithologique Pîcarde _

Y A-T-IL UNE RELATION ENTRE L’ECLOSIO’N D
DES TIPULES TIPULA MAXIMA
ET LE DEPART DES HIRONDELLES RUSTIQUES HIRUNDO
RUST ICA ?
' Par Y. LECOMTE
Les observations suivantes ont été réalisées entre 1986 et 1994. Les A
1 éclosions de Tipules (sorte de gros et inoffensifs moustiques) débutent
habituellement vers- le 12-15 Septembre et se prolongent pendant 3
' semaines environ. Ces insectes représentent une nourriture riche et
abondante pour les Hirondelles rustiques dont elles font a cette époque une
grande consommation, accumulant alors des réserves de graisse pour
leur long Voyage. ·
C’est en observant les envols de Tipules en marchant sur le gazon que
nous avons estimé la date de tin des éclosions. Le déclin se remarque très
vite et le départ des oiseaux s’efî`ectue dans les 48 à 72 heures ainsi que le
_ montre les tableau et graphique suivants. `
p Y a·t-il une relation entre ces deux faits? A suivre en complétant les
'observations.
- A ÉÉ »C ÉPÉÉ F G ÉEÉÉÉ J
 Rsumon entre T1PuLEs et H1R©NoELLEs—  _
3
EI É É  ,
B Dé arl 2 ·
 Arrêt 1 2 7 14 3 7 
` · 7 Années 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
 —-_ 2
 Le 0 de 1992 et 1994 = Le ao Se tembre  
Relation entre : Tipules et Hirondeiies ` >
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O 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
ANNEES
A I Départ • Arrêt i
UAVOCETITE 1994 — 18 (3-4) 50 @ Picardie Naturel Centrale Omithologique Picarde

’ OBSERVATIONS ET ANALYSES SUR DES
PLUMEES DE L’EPERVTER D’EUROPE ACCIPI T ER NISUS —
TROUVEES DANS L’OISE.
Par Yves LECOMTE C
Plumées recueillies dans un Village ; Breuil le yggg, »
Situé en périphérie de village, le verger où ont été recueillies les plumées
’ est planté d’arbres fruitiers et de Noisetiers Corylus avellana ;i1 est
fréquenté depuis quelques années par le petit rapace. , ,
Quatre postes ou lardoirs sont utilisés: une souche de Saule pleureur
, Salix babylonica , un Cerisier Prunus cerasus mort (depuis Août 1994, ce _
A ‘ Cerisier est tombé- et l’oiseau a remplacé son perchoir-lardoir par une
branche d’un autre Cerisier), un Abricotier Prunus armeniacu et le mur
de séparationde la cour et du verger est aussi utilisé. Les attaques de
l’Epervier sont souvent signalées par l’installation d’un grand silence;
' plus_ un chant d’oiseau... là l’effet de surprise est râté.
Au total, 28 proies y ont été récoltées, représentant 11 espèces (Tableau 1 et
` graphique 1). · . E
Tableau 1 et Graphique 1 : Plumées obtenues dans un verger de village -
Breuil le Vert 60. _ · _ , ·
Es1>EcEs CONSOMMEES Nombre %TOTAL SEXE} ___1yÉ_`,Ãj
_ ___ M, · .
‘  CCENTEUR M©ucHET 1 3,6%  1
HARDONNERET 4, 14,3% 3`uv. 2
HIRONDELLE DE EENETRES 1 3,6% _ E ,,2_
HIRONDELLE RUSTIQUE "TT"   1`C     T 3,6%  4
1_1NQTrEMELQD1EU3E ______    _ ____3,6% _,_j,_, _ _ ,
· ERLE NOIR 2 10,7% 1M/2E 6 " _   —·
, OINEAU DOMESTIQUE î 21,4% 4M/2F 1
P1Ns©N des ARBRES 1 3,6°É> _n . ·
ANSONNET ETOURNEAU 2 7,1% ·
©uRTERE1.LE TURQUE 6 21,4%   _
ERo1ER 2 1 7.1%  » 11,_____ C C
0TAL des P1.uMEEs 28 100,0% _
 _  ‘
_ 
Nombre d'es  èces 4 · ·
¤¤-—¤-¤-—¤¤  ,   ,,,,,,, , ,,, ,   ,,,,, ,, ,,,,,,   , ,,,,, s ,, ,, ,,,,   rrrrr,, ,,,,,,,, ,,,,,,, E rrs,
' . 20,0% ......   ...,       . .....,.,   .,...,....·..... ,..   ..   ..... . ......   .....     .....,.,..   r
li 15,0% .. .... . ......   .....,.,   .,...   ,........>     ..,.,,   ...,   ,,..   ,...   ,,,,,...,  
‘ 0 10,0% ..,... . ,..,,.,   ,   .....,,..,.....,   .....,... .   ,,,,. , .,..     .,,,     ........,.   .,..   ........,.,.A. -  
À 5,0% ....,,..,,.     .,.,......,.,..   .,,,,,..,,,..,,.   ...,..,..,..,...          
00%              
,123-4567891011
· NUMERO DES PROIES
Pour les proies hivernales (d’Octobre à Mars), on peut remarquer l
(Tableau 2)que les Moineaux domestiques et les Tourterelles turques sont
les plus capturées : 62 % des proies (n=8). Ces deux espèces sont avec le
Merle noir (espèce aussi capturée) les 3 espèces les plus abondantes dans
le verger à cette époque. Ceci est tout à fait comparable aux résultats
L'AV©CE'ITE 1994 - 18 (34) 51 © Picardie Nature / Centrale Omith010giqucPicarde K

obtenus par COMMECY (1992) dans un jardin de village du département
voisin de la Somme.
En été, la part des Moineaux domestiques et Tourterelles turques diminue
35% (n=20) tout en restant importante; l’Epervier d’Europe montre à cette
' saison tout son opportunisme en capturant 10 espèces proies, dans un
milieu accueillant plus d’espèces à ce moment de l’année qu’en hiver. .
Tableau 2 ; Liste alphabétique et chronologique des plumées d’Epervier
dans un verger —Bre11il le vert 60.
- DATE [11]} ESPECE LIEU - L
1- 0.08.94 1  CCENTEUR MOUCHET BREUIL LE VERT 1n·‘ar¤1n —
 108-94 1 CHARDONNERET  
 12-07-94 1 'CHARDONNERET  
Il ¤-08-94 10 CHAR¤®~~ERE1  
 31-07-94 1 CHARDONNERET  
Ii 1.07.94 1 HIRONDELLE DE FENETRES  
7 12.07.94 1 HIRONDELLE RUSTIQUE  
El 1-09-91 1 L1N01`1E MEL0D1EUSE  
 2-04-94 L 1 MERLE M-  
 3-08-91 1 MERLE N01R F-  
 5-02-94 1 MERLE 11018 E-  
121  9.12.92 1 Mo1NEAu DOMESTIQUEF   -
13 17.07.94 1 MOINEAU D©MEsT|ouE F`.  
14 02.07.94 1 MOINEAU DoMEsT1oDE M  
 6.08.94 1 Mo1NEAD D©ME8T¤ouE M  
[Q 3.05.94 1 MOINEAU DoMEsT1oDE M.  
17  1.11.94 1 Mo1NEA0 D©ME8T|oDE M.  
18  6.03.94 1 P|Ns©N des ARBRES   L
E 19  3-01-93 1 8/4N90NNET   L
El 9-05-91 1 SANSCNNET -  
21 19.09.93 1 OURTERELLE TDRQDE   _ Q
22  0.03.93 1 OURTERELLE TURQUE ·   - —
É 0-08-94 1 GURTERELLE TURGUE  
É 009-93 1 0URTERELLE TURQUE  
 1-12-91 1 1`JURTERELLE TURQUE  
E1 5-02-94 1 OURTERELLE TURQUE  
27 17-07-94 1 ER01ER  
_ E] 0.08.94 1 ERD1ER 8RE01L LE VERT in wenn -
EI_ 
30 — 
A propos des captures de Tourterelles turques, signalons cette anecdote
concernant l’une d’entre elles passant au dessus de la cour; elle est tapée D
par la femelle de l’Epervier en plein vol. Sous le choc elle tombe à terre,. 2 _
“kaï... kaï” du rapace, mais elle n’est pas venue la prendre. Aprés l’avoir
ramassée, nous l’avons posée sur un des postes de nourrissage pendant 2
jOI11'S; elle 11,3 PRS été COIISOIIIIIIÉG b1€I1 (1119 IIOUS 8.V01'1S COI'1SÈ8.l3é qllê CGS
oiseaux peuvent revenir sur leur proie ainsi que l’a aussi mentionné
COMMECY (1992).
L'AVOCE'ITE 1994 - 18 (3-4) 52 @ Picardie Naturel Centrale Omîthologique Picarde

Plumées recueillies en forêts ; ‘
Ces plumées ont été relevées au cours desorties dans les massifs
forestiers du centre de l’Oise, en particulier en forêt de Hez-Froidmont. —
129 plumées de 24 espèces ont été identifiées (voir tableau 3).
 Plurnées obtenues dans l’Oise (Total : Forêts + Breuil le vert ou
L forêts uniquement : Nb- B. vert) '
ESPECES CONSOMMEES lmmzg %TOTAL  Nb·B.VB %·B.v6n _ _ _
 îîîî
· CCENTEUR MOUCHET 1 0,6%   0,0%
·LoLIE1·rE 666 CHAMPS 1 0,6% “ 1 0,8%
BOUVREUIL PIVOINE 5 3,2% 2M/3F n 5 3,9%
CHARDONNERET §§ 5,1%  4 3,1% '
CHEVALIER GUIGNETTE L 1 0,6% 1616 Année  1 0,8%
L oRNEILLE NOIRE 1 0,6% jf 1 0,8%
EAI « 6 1,9% — 7 6 2,3% ·
RIVE 6  , 1 0,6% --1 1 0,8%
RIVE LIT©RNE 1 0,6% _}§ 1 0,8%
— RIVE IvI0SIcIEI~II~IE · 2 1,3%  10 2 1,6%
HIRONDELLE de FENETRES 1 0,6% § _ 11 [f 0,0%
HIRONDELLE RLISTIQLIE 2 1,3%  12 1 0,8% _
5 LINoTrE IvIEL©oIEuSE 1 0,6% - 13 jj 0,0%
MERLE NOIR · 24 15,3% 6IVII12I=  . 21 5 16,3% L
  IVIEsANeE BLEUE 6 1,9% Q · 15 6 2,3%
·· ESANGE cHARBoNI~IIERE jf 3,8% - 16 î 4,7% ‘
oII~IEAu B©IvIEsTIouE jî 3,8% 4IvI/2I= 17 11 0,0% _
PERDRIX GRISE 1 0,6% --1 1 0,8%
PIC EPEICHE · 4 · 2,5% -11 4 -6,1%
PIGEON DOMESTIQUE 4 ‘ 2,5% —É— 4 , 3,1%
PIGEON RAIVIIER 47 29,9% 1 21 47 66,4%
. ,  II~I6oN 666 ARBRES 11 7,0% È 1O 7,8% A
POULE D'EAU 1 0,6% Juvenile 23 1 0,8%
ROSSIGNOL I¤EIILoIv1ELE 1 0,6% §@— 1 0,8% j
ROUGE GORGE 4 2,5% Qï 4 6,1%
ANSONNET ETo0RI~IEALI 5 · 3,2% jf -6 2,3%
OURTERELLE TURQUE 11 5,1%  27 2 1,6% A
ERDIER 4 2,5% È 2 1,6%
oTAL 666 PLLIIVIEES 157 100,0% _§ 129 100,0%
Notons que parmi les espèces capturées, les Merles noirs et Pinsons des
arbres sont les plus nombreux après le Pigeon ramier. Les plumées de cet 5
oiseau, bien visibles de loin avec ses nombreuses plumes claires,
` s’observent surtout en période de chasse (oiseaux blessés par les
, chasseurs donc plus faciles à capturer par le rapace) et pendant la
période de naissance des pigeonneaux (période d’élevage et de _
nourrissage des jeunes Eperviers). · _ `
Plus anecdotique, cette plumée de Perdrix grise, lâchée 8 jours
auparavant comme gibier, "cueillie” par le rapace très aisément et
consommée sur un poste habituel de plumée proche de la plaine ou ce
5 Chevalier guignette et cette Poule d’eau, preuves de chasses en bordure
des mares et étangs que l’on trouve dans les bois du secteur.
L'AV©CE'lTE 1994 - 18 (3-4) 53 © Picardie Naturel Centrale Omithologique Picarde

` Qgmparg 'sgn des dej; IQ ts de plgmées. ,
Le graphique 2 permet de comparer ces deux lots. ` /
' _ Plumées Epervier Oise ·
· Avec et sans Breuil le vert
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N° des proies
.   Avec B.V.   iSans'B.V.  p B.V. Seul
La lecture de ce graphique permet faire plusieurs remarques :
· * 11 espèces proies ont été trouvées dans le jardin de village, 24 dans les
` forêts; seuls les Moineau domestique, Accenteur mouchet, Hirondelle de
' fenêtre et linotte mélodieuse ont été prélevés en jardin et pas en forêts, les
~ 7 autres espèces (63%) sont communes aux deux lots. Parmi ces quatre
· ·· espèces, l’Accenteur mouchet est une espèce que l’on trouve aussi bien en
· i x ` forêts qu’en milieu suburbain en aurait pu être aussi capturés par les ·
I ` p Eperviers chassant dans les bois; les trois autres sont plus spécialisées.
‘ * Pourles proies des bois et forêts on peut relever que le Pigeon ramier est
l’espèce la plus capturée, elle représente plus d’un tiers des proies (36,4%,
l mais n’oublions pas que c’est une proie très détectable : plumes claires, —
abondantes et restes persistant plus longtemps que ceux des petites · '
espèces). Parallèlement on trouve comme proie la plus fréquente dans les
jardins, la Tourterelle turque : près d’un quart (21,4% des proies). Ces
j deux grosses espèces, limites quant à la taille des proies que peuvent
habituellement prendre ces rapaces, ont donc un rôle équivalent dans les A
deux milieux. Dans les deux cas on relèvera la place du Merle noir, espèce r
ubiquite avec 16,3% (seconde proie par l’abondance dans les bois) et 10,7 %
V (4ème proie aprésjle Moineau domestique 21,4%«et le chardonneret élégant
1 14,3%) des captures. `
Toutes les autres proies peuvent être considérée comme secondaires (avec
la présence non négligeable d’oiseaux caractéristiques des milieux boisés
dans le second lot : Pinson des arbres : 7,8%, Mésange charbonnière : 4,7%,
(ensemble des Mésanges 7%), Bouvreuil pivoine : 3,9% ) ou occasionnelles
(moins de 4 exemplaires pour 157 proies déterminées.
L’Epervier d’Europe est donc une espèce opportuniste, capable d’assurer
ses repas avec toutes les espèces présentes dans un milieu (dans la limite
de tailles compatibles avec ses capacités physiques), capturant le plus les
espèces les plus · abondantes (Moineau domestique 21,4% en milieu
L'AVOCETI'E 1994 — 18 (3-4) 54 © Picardie Naturel Centrale Omithologique Picardc

suburbain) mais essayant de prélever des espèces assez grosses
(Tourterelles turques ou Pigeon ramier, secondairement Merle noir) pour
rentabiliser son effort de chasse. Ces résultat sout cohérents avec ce que la
littérature donne sur le régime alimentaire de ce prédateur et
régionalement avec les résultats obtenus par COMMECY (1992).
Remerciements : , _ _ _ t
Je tiens à remercier Xavier COMMECY pour laide apportée a correction
et à la rédaction de cette synthèse. e _
· BIBLIOGRAPHIE : _ _ _ ‘ _ ·
COMMECY X. (1992) : L’Epervier d’Europe Acczpzter msus rapace urbain
et suburbain en Picardie.   16 (1-2) p. 15-17.
GEROUDET P. (1978) : Les rapaces diurnes et nocturnes 'd’Europe.
Neuchâtel. (Delachaux et Niestlé) 426p.
A · E C()MPOR  ANTAGONISTE ENTRE UN ROUGE GORGE_ ‘ E
·· ERITILÀCUS RUBECULA ET UN RCUWGE-QUEUE-NOIR A t
" A PHOENICUHUS OCHFIUROS .
· · par Y; LECOMTE.
A A Villers Saint Sépulcre (60), le 21 février 1994, à l'entrée d'une usine, un Rouge gorge C
agressait furieusement un Rouge queue noir mâle. Le motif de la bagarre : une branche
de charme Carpinus betulus " poste de chant territorial " .
Un problème se pose cette année pour les deux oiseaux suite à l' élagage des branches des
arbres des espaces verts et parking. L' importante diminution de celles-ci utilisées
comme perchoirs dans le passé, les ont rendues peu nombreuses d' où ces problèmes de
"cohabitation", chacun chantant l'un après l'autre. Quoique le Rouge queue noir, sans
oublier de temps à autre le Charme   du perchoir, alterne les chants sur les pilasses de
la clôture.
· Résultat d'une simple séance d‘élagage, cette modification du milieu a modifié le
comportement de ces deux oiseaux, paisibles voisins habituellement. Le Rouge gorge est
resté le maître du lieu. ' E E
L'AVOCETl`E 1994 - 18 (34) 55 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde A

. NOUVELLE PREUVE DE L'ANTHROPOPHILIE CHEZ
t LE GREBE HUPPE Podiceps cristatus
Par Xavier COMMECY
La tolérance dont fait preuve le Grèbe huppé à l'égard de l'homme et
de ses activités est l'une des raisons avancées pour expliquer son
actuelle expansion géographique et quantitative en Picardie comme
` dans toute la France. Les exemples d'installations dans des zones _
humides périurbaines sont légion et ceci même si les berges des
plans d'eau qu'il occupe pour nicher sont habituellement A
fréquentées par des promeneurs, des pêcheurs et tout autre
’ utilisateur de la nature. L _
C'est dans le cadre de ces nidificatlons en milieu urbanisé que nous
avons découvert une nouvelle preuve de l'adaptabilité de l'espèce
aux transformations de son milieu de vie. L‘obsen/ation a été faite _
le 18 Avril 1993 aux étangs Sainte Ftadegonde-Péronne (BO), étang
de pêche en bordure de la ville abondamment fréquenté toute la S
semaine et surtout en fin de semaine. L'un des 7 nids repéré ce jour
là, accroché aux branches basses d'un Saule à moins d'un mètre de
la berge, différait des habituels empilements de débris végétaux et
feuilles vertes de plantes aquatiques qui forment les nids de cette
, espèce. Celui ci était orné (’?), mêlés aux composants habituels de _
4 déchets d'origine humaine : un grand sac qui avait contenu des
W légumes surgelés, un sac poubelle bleu, un morceau de plastique
vert (sac poubelle?) et morceau 'de papier aluminium! Le nid ‘ `
contenait trois oeufs. ·~ ·- . ·
Quelques semaines plus tard, le nid est vide, son état montre qu'il a '
_ contenu des jeunes; la couvaison a-donc réussi. La quantité de
matériaux d'origine humaine présents atteste ‘d'un apport
volontaire et non accidentel par l'oiseau. L
A'l'instar ·d'autres oiseaux rudologues (qui étudie les déchets) tels
le Merle noir Turdus merula, le Moineau domestique Passer
domesticus .... le Grèbe hup_pé va-t-il employer couramment de tels
matériaux de substitution pour |‘élaboration de son nid? Espérons
‘ que non, l‘image d'une nature poubelle serait renforcée et ce n'est
· pas celle que nous voulons. . A
Fiemarquons que pour notre part c'est le premier cas que nous ‘
observons sur les quelques centaines de nids déjà observés et la
littérature générale consultée ne cite pas de tels exemples. Il
s'agirait de la spécialisation d'un individu ou d'un couple.
L'AV©CET1`E 1994 - 18 (3-4) 56 © Picardie Nature / Centrale Omitholo gique Picardc

LES OISEAUX DE LA DECHARGE CONTROLEE
DE GAMACHES -80-, VALLEE DE LA BRESLE
PAR JEAN MICHEL SANNIER
» L’avifaune de sites anthropiques a déjà fait l’objet de publications dans la
Somme, notamment pour les décharges d’ordures ménagères (SUEUR
1984, 1985 OU TRIPLET 1982). Il nous a semblé intéressant de préciser les
statuts des oiseaux fréquentant la décharge contrôlée du S.l.V.O.M. de
Gamaches, compte tenu de son originalité et de sa localisation près des
` grandes concentrations de laridés du littoral.
E   : A Ã i
Actuellement les décharges contrôlées à ciel ouvert du département de la
' _ Somme concernent 18 sites dont 12 devraient fermer avant 1998.. Elles
représentent 60% du tonnage de déchets traités (Préfecture de la Somme ·
· 1994). Celle de Gamaches située au sommet du vallon sec dit de “la · .
Briqueterie”, enchâssée entre deux reliefs boisés (bosquet du Fonds des
· Comte et Bois de Beaumont) a été créée par arrêté préfectoral du 10 Juin
» r 1976. Des arrêtés modiiicatifs d’extension correspondent au comblement
· du vallon et à sa réhabilitation progressive à usage agricole. La surface de
· dépôts est toujours restée identique. Voir plan. · W
Ugyifggng gxplgitgnt le site ; ' · ·
1°) Qoéland argenté Lgrgs grggmgggs ; t
. * le mouvement principal
Cette décharge mise en place par le- S.I.V.O.M. de Gamaches a succédé
à une politique sectorielle des communes du canton. La décharge
. d’Embreville (distante de 3,5 kilomètres), village situé sur le .rebord du
. plateau du Vimeu et du versant de la Bresle (fermée au début dus années
- 80) était auparavant déjà visitée par de nombreux laridés. dès le début de
l’exploitation la nouvelle décharge a été investie par les Goélands L
argentés. La surface d’épandage restreinte n’a jamais permis
· l’alimentation simultanée d’effectifs importants. Le tableau 1 précise les ,
observations -directes des Goelands sur le site. En fait divers groupes q
peuvent se succéder. Bien souvent, 150 à 200 oiseaux sont groupés sur le A
plateau, à quelques centaines de mètres de la décharge dans leschamps
contigus, en attente. ,
Les effectifs présents sont constants tout au long de l’année à
l’exception d’une fluctuation durant la période de nidiiication. Durant
cette dernière décennie ils sont restés aussi invariables. Les périodes de
( gel et d’hiver rigoureux ne font pas cesser les échanges d’oiseaux entre le
littoral et la vallée (96 Goélands argentés avec 1 Goéland cendré le 14 É
Février 1985, 250 Goélands argentés avec 24 Goélands cendrés le 9 Février
1991 sur l’étang voisin du stade de Gamaches qui ne gèle jamais
complètement). Temps d’alimentation et activités de toilettages ou de
désaltération se succèdent. Ces derniers se déroulent principalement sur
l’étang voisin (classé réserve ornithologique) où leur présence est attestée
, L'AVOCETI`E 1994 · 18 (3~4) 57 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picardc

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LAVOCETTE 1994 — 18 (3-4) 58 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde

quotidiennement. Les effectifs maximaux présents sur les étangs de
Gamaches sont de 455 le 16 Mars 1991 et 450 le 29 Janvier 1994.
Des accouplements ont été notés dans les groupes en situation d’attente
aux abords de la décharge (le 21 Avril 1985, un autre dès le 13 Mars 1988
dans un groupe de 225 Goélands argentés dont 5 immatures de 1° année).
Comme tous les auteurs le mentionnent, des allers et retours quotidiens
de ces laridés sont enregistrés entre la vallée et le littoral proche ce qui '
constitue la plus grande partie des échanges; cependant des groupes
stationnent très tardivement la nuit dans les champs. ( A Amiens, en
vallée de somme, une petite- partie_ des représentants de cette espèce ~
fréquentant la décharge de Sains en Amiénois intègre un dortoir hivernal
de Mouettes rieuses Larus ridibundus (SANN IER à paraître). ·
* Les autres mouvements. . '
Les Goélands argentés investissent l’ensemble du bassin dela Bresle
dans leur quête alimentaire. On recense aussi des vols quotidiens (de 35 à
200 adultes observés) en haute vallée, dans la région d’Aumale (en aval de
Gamaches, à environ 30 kilomètres au Sud-Est) qui empruntent la voie de
` , migration traditionnelle du linéaire val de Bresle/vallée du Thérain,. C’est ·
` probablement ces oiseaux que l’on retrouvait pour partie sur la décharge
de Rochy-Condé dans l’Oise (A. ROUGE in—X. COMMECY et al. 1990). Voir
carte 2. _ ` `
2°) Les aetres laridés : ~
(Ne sont pas citées ici les nombreuses données obtenues sur l’étang St `
· , Sauveur de Bouvaincourt-sur-Bresles dont les_ échanges avifaunistiques .
avec le littoral très proche sont importants);
i * Mouette rieuse Leree rieilgeeeee ; ·
Bien que cette espèce possède des dortoirs hivernaux sur chaque groupe
d’étangs de la vallée ( Blangy-sur-Bresle, Monchaux—Soreng, Incheville,
Bouvaincourt-sur-Bresles...) et notamment sur les étangs Ste Marguerite é
et la station d’épuration de Gamaches (effectif maximum de 400 le 11
— Avril 1986) la présence directe sur la décharge ne concerne qu’une seule
observation d’un adulte le 30 juin 1986. ·
* Goéland marin Leree merieee ;
‘ Observation d’un individu au moins du 7 Juin au 13 Septembre 1986 avec
des groupes de Goélands argentés (et nombreuses autres observations sur -
les étangs). ` · ,
* Qeéland eendre Leree eeeee ; `
Cette espèce occupe les mêmes postes d’hivernage que la Mouette rieuse
avec une présence régulière de moins de 10 oiseaux exceptées les années -
d’hiver rigoureux. Elle est notée- avec les groupes de Goélands argentés.
lors des hivers rigoureux sur ces mêmes étangs. Pas d’observation directe
sur la décharge. _ 5
* Goéland bgn Leree feeee,5 ;
Une seule observation d’un adulte de le sous-espèce fuscus (donc
probablement un oiseau en halte migratoire) noté avec 7 Goélands
argentés le 11 Décembre 1993. _
* Qeeland leeeephee Larus cachinmms :
Aucun recensement systématique de cette espèce n’a été entrepris. Les
individus observés semblent appartenir à la sous-espèce méditerranéenne
michacllis . Ces oiseaux, régulièrement observés sur le littoral proche
(au Tréport par exemple) doivent se glisser communément au,. sein des
L'AV©CE'l'I'E 1994 — 18 (3-4) 59 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde

vols de Goélands argentés. Une seule observation sur le site de la
décharge, 2 adultes le 15 Août 1992 en compagnie des Goélands argentés.
· 3°) Uayifaane assegee ; . .
* Qheaeae des teare Qeggaa meaedala ;
Passage d’un adulte isolé le 26 Novembre 1985.
* Qerbeaa fregix Corvus @gilegus : ‘
1 adulte de passage le 26 Novembre 1985. 1
* Qerneille neire Qeggae eereae ; a
Voir tableau en annexe. Les effectifs enregistrés sont désormais moins
importants, peut être suite à des “régulations” de population. p
* Pie bavarde Pica gica ,·‘ · ‘
, ` A cause de préséances alimentaire existant entre les espèces, elle quittent
le site dès l’arrivée des Corneilles noires et des Goélands argentés;
maximum de 10 le 2 Février 1985. A
* Qeai des ehênee Qarralas glaagl_ar1'ae ; _ A
Présence occasionnelle, 2 le 29 Mars 1987 .
Les autres passereaux : . . ‘
»* Bergerennette ggse Motacilla alba : - i
Présence constante, chasse les insectes en courant parmi les détritus. ·
Maximum de 10 le 17 Janvier 1993, 2 couples le 28 Mars 1985 avec parades
nuptiales. ‘
· * Bergeronnette printanière Metaeilla Qava egg )fZa;g;'se;'ma : L
Même comportement que l’espèce précédente, minimum un couple. Dates ,
extrêmes de présence : 29 Mars (1987) - 13 Septembre (1986).
* Etourneau sansonnet Stumus vulgaris : .
» En petit nombre en hiver, maximum de 300. · _
* Pouillot véloce phylleeeegae eellybita ; · _ , _
Hiverne régulièrement sur le site ou il s’alimente. (Premier chanteur :« 1
1 le 17 Janvier 1993). _ É  
` Par ai1leurs·des»Rouge—queue noir Phoenocurus ochruros, Pinsons des A c
4 arbres Fringilla coelebs, Moineaux domestiques Passer domesticus, '
Mésanges ·charbonnières Parus major, Mésanges boréales Parus 1
montanus,   côtoient les grandes espèces dans leurs quêtes nutritives.
Les rapaces : · - ` _
Le Faucon crécerelle Falco timzunculus et l’Epervier d’Europe Accipiter
. nisus font des apparitions ponctuelles.` La Buse variable Buteo buteo se
perche elle directement sur les pieux délimitant la décharge pour
· capturer ses proies (2 ad. le 13 Septembre 1986). Une décharge représente
donc un biotope avec tous ses étages de la chaîne alimentaire. .
5°) Une celonie de Qerneillee neires ‘, A .
Le site est occupé en permanence par une bande importante de
· Corneilles noires immatures augmentée par les effectifs des nicheurs ,
A locaux. fL’une des spécialités de ces oiseaux éboueurs est de ramasser les
os de côtelettes que l’on retrouve après nettoyage en grand nombre sous
les arbres. '
. Une nidification en maillage serré a été relevé dans le bosquet du fond du
Comte (maximum de 5 nids sur un linéaire de 70 mètres début Avril 1988) ,
° et au bois de Beaumont (maximum de 7 nids sur 100 pmètres, 3 arbres
. portant un nid mais un autre en portant 3 en Avril 1993) et le phénomène
dure au moins depuis 1984. L’abondance des ressources alimentaires ’
‘ 1_·Av()CET1'E 1994 - 18 (3-4) 60 © Picardie Nature I Centrale Omithologique Picarde '

· développe donc des comportements différents du statut normatif de .
,1’espèce (GEROUDET 1980). D’autres espèces d’oiseaux peuvent montrer ` a
une telle adaptation mais cela a rarement été noté chez la Corneille noire _ ·
et cet exemple n’est .probablement pas un casiunique compte tenu du
nombre de décharges à ciel ouvert existant ça et là. L’observation d’une I
telle colonie de Corneilles noires s’articule sur deux critères interactifs :
la décharge (site de nourrissage) à proximité immédiate d’une zone boisée
(site de nidiücation). On trouve de telles conditions ailleurs, par exemple à
la décharge de Neufchâtel en Bray (7 6). _ _ .
6°)   V ' - ( ' ·` .
. Les décharges de déchets ménagers apportent des ressources
alimentaires qui sont recherchées par les populations aviennes avec
. parfois des effectifs importants. Elles sont fréquentées par des espèces qui
ont su s’adapter à ces nouvelles facilités. La loi du 13 juillet 1992 qui fixe
entre autre l’objectif d’interdire d’ici l’an 2002 les décharges d’ordures
ménagères brutes causera la fermeture de la plupart de ces sites. Celle de
· Gamaches prévue pour 1988 entraînera la disparition sur le site réhabilité
. de la fréquentation des laridés, principalement du goéland argenté. Par
2 contre l’intrusion a vocation alimentaire des laridés en vallée (fortuite
avant les années 60 sauf lors des tempêtes et lors des migrations) se
_ perpétuera certainement compte tenu des habitudes prises et du régime
alimentaire omnivore de la plupart de ces espèces. Tout au plus la taille
des effectifs (au moins pour le Goéland argenté) devrait être modifiée., 2
  D I 1 g A '
A coM*MEcY X., FLOHART G;, GAVORY L. et SUEUR F. (1990) : Synthèse L `
‘ I des observations ornithologiques de 1988 en Picardie. L’Av0gette 14 `
- 3-4, p. 92-135. · D V
A GEROUDET P. (1980) : Les Passereaux I. Du Coucou aux corvidés. 3° _ é I D
édition. Delachaux et niestlé. Neufchâtel, Paris. 287p..
Préfecture de la Somme (Mai 1994) : Organisation et Environnement :
Plan départemental pour l’élimination des déchets ménagers et “
assimilés de la Somme. Conseil général de la Somme.
SUEUR F. (1984) i Les oiseaux de la décharge d’Àrry. Picardie Nature N°
23. p. 15-16. · »
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TRIPLET P. (1982) : Les oiseaux des décharges d’ordures. Picardie Nature
IN°17. p. 14-17. ·
EFFECTIFS DE GEOLANDS ARGENTES ET DE COFINEILLES I NOIRES
DECHARGE CONTROLE DU I SIVOM DE OAMACFIES
E S P FC E __     .îîÈ}9¢‘ÃÉÃI:zI ÉïM_¤î_É=   `ÉiîÉ‘U.§!i|ïÉï5   *SèbiE‘î ë*âQct.îÉEî   Déc.'-
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date dobserv. 14-I 14—I| 26-III 21-IV 23-V 30-VI 31-VII 25—V|II 23-lX 27-X 30-XI 24-XIi
L|AvœE'I'I'E 1994 _ 18 (34) · ' 61 © Picardie Nature/ Centrale Omithologiquc Picarde  

' EXAMEN D’UN NID DE
TROGLODYTE MIGNON TROGLODYTES TROGDODY TES .
INVENTAIRE DES MATERIAUX UTILISES .
' » Par Y. LECOMTE
Le nid fut ramassé dans un talus sableux, entre les racines d’un Chêne _
· en forêt de Hez-Froidmont (Parcelle 11, série 3) le 28 Août 1993, près de
l’étang Notre Dame de la Garde. ·
Le tableau 1 indique l’o1igine des propriétaires des plumes utilisées pour
la réalisation du nid ainsi que les autres matériaux trouvés. _
A Ces plumes et autre matériaux utilisés par l’oiseau pour aménager son
nid et provenant de 12 espèces différentes (oiseaux et mamières) Sont
. révélatrices du milieu occupé. ·
Le Troglodyte mignon n’étant pas un prédateur, ces matériaux sont
A évidemment récupérés sur des animaux trouvés morts ou par prise de g
`plumes ou poils perdus. Par exemple, nous pouvons penser que les _
plumes de Canard colvert viennent (des mues?) des individus fréquentant
l’étang distant d’une centaine de mètres; celles des Poules domestiques
viennent des élevages des habitations situées à moins de 200 mètres; celles
de la Corneille noire du Geai des chênes et peut—être d’autres encore
proviennent de plumées de l’Autour des Palombes Accipiter gentilis
. souvent observé en ce lieu. - ~
Toutes les plumes utilisées sont des plumes de couverture .: _
dos/ventre/poitrine sauf celles de la Mésange charbonnière : aile et queue.,
‘ » Nous avons aussi trouvé : . ~
_ Pour les poils utilisés, ceux de Blaireau _ peuvent siexpliquer par la
. présence de terriers situés à moins de 100 mètres et les crins de Cheval
L par leur stationnement dans une pâture à moins de 200 mètres; de plus, . 7
A ce secteur de la forêt est aussi fréquenté par des_ randonneurs équestres.
EsPEcEs Nom 1.ATm lmmglï ‘
_  L
coRNEu.LEN©1RE — coms corone 73 n 4 A
CANARD c©LvERT . Anas  iat m ncnos 4 j
» SANSONNET ETOURNEAU Stumus vul  aris 2 K
MESANGE cHARs©NN1ERE Parus mam - 2 jj
GEA! des CHENES Garrulus  landarius 19 É C
CHOUETTE Hutoîrs smx amen 3 §=§
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L'AVOCE'lTE 1994 - 18 (3-4) 62 © Picardie Nature / Centrale Omithologiquc Picardc ,

_ IVIISE EN EVIDENCE D’UNE COMPETITION —
INTERSPECIFIQUE A i
ENTRE LE GRAND CORMORAN Phalacracorax carbo ·
ET LE HERON CENDRE Ardea cinerea
Bar X. COMMECY W
La nidification en terres du Grand cormoran a été décrite très
précocement (1988) en Picardie (COMMECY 1989) puisqu’il ne
s’agissait alors que du troisième cas en France. Cette installation dans
une colonie de Hérons cendrés à Péronne Sainte-Radegonde -80-
s’inscrivait comme une suite logique aux augmentations des Grands
cormorans migrateurs et hivernants observés depuis la En des années 70, i
tant nationalement (YEATÀIANN) que régionalement (SUEUR 1989). .
Depuis, d’autres nidiiications continentales ont été signalées en France. _
A Péronne, depuis 1988, la repr_oduction des Grands cormorans s’est
poursuivie chaque année sans interruption et l’on peut parler maintenant
d’une véritable colonie, mêlée à celle de Hérons cendrés installée
antérieurement. La croissance de cette colonie est continue, surtout
· importante ces deux dernières années aussi nous sommes nous _ '
interrogés sur les relations entre ces deux espèces dans une originale
_ q colonie mixte de reproduction .'`. · . - ,_ · ·
— V Le graphique 1 montre le nombre de nids des deux espèces comptabilisés
années après années. . ` · _ V
Fig,1 V I _
nombre de couples de Herons cendrés, Grands
, cormorans et nombre total de nids q I
I 120 . ‘ 1 I
100 •/‘/ _
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80 ,/'G \,,- —···+· H.c.
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œO3œœœœ(DœCDœO)O>C'>OJG) .
' année
Si la courbe de croissance cumulée est régulière, pour celle présentant la G
population annuelle de Hérons cendrés, on peut remarquer qu’après une
T L'AV©CE'ITE 1994 - 18 (3—-4) 63 © Picardie Nature / Centrale Ornithologiquc Picarde

période de croissance régulière de 1980 à 1988 (+48% d’augmentation en
moyenne annuelle pendant ces 8 ans), puis une stagnation (ou une moins
forte croissance) de 1989 à 1992 (+6% d’augmentation en moyenne
annuelle) elle montre une régression du nombre de couples présents en
1993 et 1994 (-5% en moyenne annuelle). L’installation des grands V
cormorans dans cette colonie date de 1988, dernière année de forte
progression à l’image de celle des autres colonies picardes qui depuis
n’ont pas elles connue de régression (X. COMMECY 1994) et voit ses
` V effectifs exploser à partir de 1993 année ou commence la régression des
Hérons cendrés. On peut donc légitimement s’interroger pour savoir si
Papparition des Grands cormorans nicheurs en ce site ne perturbe pas
_ les autres nicheurs coloniaux. On ne peut de toute façon pas invoquer un
_ manque de place et une saturation du site de nidification (îlot boisé d’un
étang) puisque le nombre total de nids (Hérons cendrés + Grands
cormorans) continue de croître. '
Comment une telle concurrence peut-elle s’exercer? ·
Qengirrenee elimentaire`7,
Elle semble peu vraisemblable, les nicheurs des deux espèces se A
dispersant largement en amont et en aval de Péronne dans la riche vallée
de la somme où ils doivent trouver une nourriture abondante. De plus, le
Héron cendré ayant une diète beaucoup plus variée que le Grand
~ cormoran très sténophage est régulièrement observé sur les plateaux où _ V
comme ailleurs il doit prélever abondamment des micro mammifères.
(nous ne disposons pas d’analyses de pelotes de rejection de cette espèce
en ce lieu mais celles obtenues en d’autres sites du département montrent
la grande proportion de micro mammifères capturés (SUEUR 1991 et
COMMECY inédit). ^ '
A ssivit’ directe`? . V V
Nous n’avons jamais observé de figures d’agression entre ces deux .
espèces, que· ce soit sur les sites de nids ou sur les lieux de chasse. D’autre
part, le Héron cendré cohabite régulièrement avec d’autres espèces de C
grands oiseaux coloniaux, (Aigrette garzette Egretta garzetta Bihoreau «
_ Nycticorax nycticorax ...) alors pourquoi pas avec le Grand cormoran? Il
semble donc difficile d’admettre que le déclin local du Héron cendré soit ·
du à son élimination par une agressivité directe à son égard du Grand ·
cormoran. · · -
Il nous faut donc chercher cette concurrence sur le site mêmede la .
` reproduction en excluant la saturation du milieu.
Pour cela, comparons : .
- les dates de nidification des deux espèces. -
- les localisations des nids pour les deux espèces dans la colonie. è t
Comparaison des dates de nidifieation.
La figure 2 montre les périodes des différentes phases de la reproduction
chez les deux espèces en 1998, date de la première reproduction à Péronne
du Grand cormoran. On constate une installation précoce des hérons -
cendrés dès le début février (des constructions sont régulièrement notées
en Janvier mais les coups de froid au cours de ce mois ou en` février
entraînent leurs arrêts) et un étalement important de ces installations
(plus de 2 mois). Le Grand cormoran lui s’est installé seulement à la mi-
°Avril, soit bien plus tardivement. Les deux reproductions étaient alors
nettement décalées dans le temps.
L'AVOCETI'E 1994 - 18 (3-4) 64 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde

Fig.2:' Comparaison nidification 1988
70
· o-o W
6 0 ,_,_,_,_,_(,_, ··""î H.c. construcl
5 0 ···¤·‘·‘· G.c. construct
A···û···à··A îî H -
.c. couv.
4 0 A-—A—A—A—-A-A-A-4-4--4-4
1 A ····'°'— G.c. couv
30 . . p
· A 0-0-0 ` ·····^‘··'· H.c. juv./nid
20 V O-0-O-—©-O-0--O-019 l
- A ·‘—·û·"'· G.c. juv./nid
10 A 1 ¤—-¤—¤
·...·...·...·..·...·..· _ V î<°··· H.c. envois
i -ease-ease-ease-Ne-ww-een-<~u*a ""°—`G··°-€'“'°'S
w-:··aU·LLU·EEE<<<EEEj—>w—»11
décades » I ·
· La figure 3 montre l’évolution des périodes de construction ches le Grand `
cormoran à Péronne les ( années pour lesquelles nous avons pu repérer le ,
début de ces activités (à dix jours près). ,
FlG.3: Périodes de construction des nids c q
(Grand cormoran) `
25 À*'*'A"""'À*"ïÀïÀ l I
20 o—<>—<>-<>—<> A , """*"'“1988 '
15 r·······•—• ·····¤·······1989l
. v
· 10 U U D U -•——— 1 ooo
5 I--—l·——I——l l
, -0-—_1992
. 1··t\i(')v·C\|€')1·L\iC')v·C\|C')·r· A
4-5-;·r·rtcÉÉÉ<<<É 1994
décades
On peut y repérer la nette évolution vers une reproduction commençant de ·
plus en plus précocement pour aboutir à la situation de l’ann'ée 1994
représentée sur la figure 4 où les deux cycles de reproduction sont
quasiment synchrones.
L‘AVOCETI'E 1994- 18 (3-4) I 65 ©PicardieNature/Ccnt:ra1cOmitho1ogiquePicard¤

Fig.4: Comparaison nidificatîon 1994 '
70
  ·'—'*·· H.c. construct
6 0 •-•-•-•-•··•···•-•·•-•-•
» **3**** G.c. construc
q 5 0 r
  '_"*"* H.C COUV.
4 0 AïA"'A"'A"A*A*A*A"A*A*A*À"A"'A"A‘*A*A 5
· **9*** G.c oouv. J
r 30 .
2 0 •____·___·_____•_· ‘····^·-' H.c. juv./nids I
1 Q   ` _—"ù——` G.C. jUV./I'llClS
_ ` 0 ·"·"—'· H.c.envo|s `
‘·°'%°!·î°’2°!*î°?°!‘î°?°!
. ,`;1u'EE<E.E`1`°< î°·"‘G.c.envols
décades
· Cela peut—il expliquer le déclin constaté? L’observation de la localisation
des nids au sein de la colonie va nous aider à répondre.
Localisation des nids des deux espèces dans la gglonie,
9 En 1988, le nid (probablement construit de l’année car c’est alors une
plate-forme peu épaisse et non -un ancien nid de Héron réutilisé) est
installé à une quinzaine de mètres de haut, en bordure Sud du petit îlot r
boisé, site de la colonie. C’est un grand Frêne Fraxinus excelsior de la »
' zone la plus densément occupée par les Hérons cendrés qui le supporte et ·
l’on trouve sur cet arbre 5 nids occupés. Dans un rayon d’une dizaine de
A mètres ce sont pas moins de 9 nids occupés que Pon peut compter;
· En 1989, ce nid est réutilisé et les autres sont proches, la plupart sur le
— même arbre. ` H · ,
En 1993, on peut remarquer sur 1’arbre de la colonisation : 9 nids de
· Grands cormorans et aucun de Héron cendré. Dans les arbres voisins on
trouve : · ·
— 2 nids de Grands cormorans et 1 nid de Héron cendré en construction à q
la mi-Avril (soit très tardivement); ce nid est situé très bas.
- 4 nids de Grands cormorans et 0 de Héron ·
- 8 nids de Grands cormorans et 0 de Héron ·
- 1 nid de Grands cormorans et 2 de Héron, construits très·bas.
En 1994, la colonie est ‘fexplosée” en trois sous-groupes, tous au Sud de
l’îlot, au dessus de l’eau. _
9 nids sont groupés sur un arbre à la pointe Ouest; autour on trouve 4
arbres portant 1, 2, 4 et 2 nids de hérons.
Au centre, lieu d’installation en 1988, un ensemble de 3 arbres portant 6, 4
et 10 nids de Grands cormorans et respectivement 1, 3 et 2 nids de Hérons
4 cendrés à des hauteurs anormalement basses par rapport à la hauteur
· moyenne des nids de cette `colonie; soit sous les nids de Grands cormorans
(1 cas) soit au sommet des arbres (5 cas). De cette zone qui était la plus
L'AVOCETI’E 1994 - 18 (3-4) 66 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde

densément occupés par les Hérons cendrés il y a à peine 5· ans, ils sont  
donc quasiment absents. L’essentiel des nids de Hérons de ce secteur  
central sont décalés en arrière de ce premier rideau d’arbres occupés; ils ·
, ne sont donc plus au dessus de l’eau et d’accès plus difficiles.
Le troisième sous—groupe, à la pointe Est, est constitué de 3 nids posés sur
3 arbres différents; dans ce secteur on trouve aussi 29 nids de Hérons.
Il semble donc qu’en quelques années, grâce à une installation de plus en
plus précoce, les Grands cormorans ont progressivement occupé les
- , emplacements les plus favorables ( les plus densément occupés avant);
· restait donc aux Hérons cendres soit à s’installer à des emplacement _
moins favorables (moins utilisés auparavant), soit à quitter le site et aller
' s’installer ailleurs. On peut remarquer que l’installation de la colonie de
Saint-Quentin (marais d’lsle) -02- à une trentaine de kilomètres en amont
` dans la vallée de la Somme date de 1990 et augmente régulièrement =
· depuis : 8 nids en 1994 (S. BOUTINOT in COMMECY 1994). S’agit-il e
` . d’individus chassés de la colonie de Péronne? On peut le penser.
Conclusion ; 1 '
A la lumière des informations récoltées dans une colonie mixte Hérons 4
cendrés-Grands cormorans, il semble donc qu’il existe une concurrence x
· ' ` entre ces deux espèces, le Grand cormoran occupant les sites de nids de
meilleure valeur et pour des raisons d’attractivité sociales spécifiques se ·
·— regroupant, repousse en marge les Hérons cendrés qui en réponse
semblent pour certain quitter ce site. Loïc MARION, que nous avons
consulté et qui a bien voulu nous renseigner ce dont je le remercie,
_ confirme que dans les grandes colonies de Grand-Lieu (44) où il n’y a pas ._ ·
de concurrence de place le site étant vaste, les Hérons cendrés évitent de
nicher dans la colonie de Cormorans, en occupant la périphérie même
lorsque ces colonies se déplacent spontanément d’1me année à l’autre. Ce
comportement est du selon lui aux dérangements (le Cormoran étant une
espèce très active et bruyante). Sur un site plus restreint comme celui de
Sainte-Radegonde Péronne, cette séparation peut donc entraîner un
mouvement vers d’autres colonies voisines. Ce point est bien évidemment
à confirmer, aussi bien dans le suivi du site de Péronne qu’ailleurs si
d’autres colonies mixtes apparaissent.
Bihliggrgphig ; I A
COMMECY X. (1989) : Le Grand cormoran Phalacrocorax carbo nicheur
en Picardie continentale. L’oiseau et R.F.O., 59 p.197-201. _
COMMECY X. (1994) : Résultats du recencement régional 1994 des Hérons
` cendrés Ardea cinerea en Picardie. L’Avocette 18 (3-4), à paraître.
DEBOUT G. (1991) : Grand cormoran in YEATMAN-BERTHELOT, D. .
( Atlas des oiseaux de France en hiver. Paris, S.O.F. : 66-67. _
SUEUR F. (1989) : Le Grand cormoran Phalacrocomx carbo en Picardie.
L’Avocette 13 (2-3-4) p.87-98. ,
SUEUR F. (1991) : Le régime alimentaire du Héron cendré Ardea cinerea
sur le littoral picard. Picardie Nature N°52 p. 12-13.
L'AV©CE'1TE 1994 - 18 (3.4) E 67 @ Picardie Nature / Centrale Omitliologique Picarde A

CAPTURE ET CONSOMMATION D'UN PAPILLON . Q `
PAR UN JUVENILE QDE GREBE HUPPE PODICEPS CRISTATUS
‘ . L · l ' C I Par Y. LECOMTE
, Ce Lundi 15 Août, en visite aux étangs d‘Angy -60-, j'observe un
adulte de Grèbe huppé qui apprenait à pêcher à son jeune. L'adulte, A
après chacune de ses captures de poisson le secouait
énergiquement et appelait le juvénile. A l'arrivée de ce dernier près _
de lui, il déposait la proie dans |'eau et le jeune la récupérait en la
i' "pêchant“`et la consommait... avidement.
Un Papillon de type Piéride passant à côté d'eux, près de la surface,
l'adulte s'est précipité sur lui, l'assommant d'un coup de bec, il le
dépose sur l'eau où, il se débat. Le jeune approche rapidementjet
après plusieurs essais infructueux |'a capturé et consommé. Puis
l'apprentissage de la pêche continuera. V
Paul GEFIOUDET dans son ouvrage sur les Palmipèdes ne signale pas
_ la capture et la consommation de Papillon par le Grèbe huppé_. _ ' '
Bibliographie : V · ‘ C
GEROUDET P. (1988) : Les Palmipèdes DELACHAUX ET NIESTLE 284 p. j
UAVOCETTE 1994 _ 18 (g_4) 68 ® Picardie Naturel Centrale Omitholo gique Picarde

·N]])IFICATION DE
` L‘ECHASSE BLANCHE HIMANTOPUSHIZWANTOPUS • . ,
DANS L'ABBEV1LLOIS (80) EN 1993 L
_ Par Vincent BAWEDIN
Les observations de ce couple d'Echasses ont été réalisées par G.
DELOISON et moi même. C'est le cumul de nos données qui a permis de _
conclure à une reproduction de l'espèce. Le site occupé par les oiseaux est
proche d'Abbeville. et situé à une dizaine de kilomètres de la baie de (
Somme; il se compose de plusieurs bassins de décantation d‘une'sucrerie. c
Les observations se sont étalées sur trois mois (Mai à Juillet) s'achevant à `
la date de 1'ouverture de la chasse, celle ci étant pratiquéescsur les lieux. `
Un minimum d'une visite par décade a été effectué (tableau 1). · L
: MAI : JUIN :JUILLET 2 '
~ 2 O 2 O 2 1 Z 1_ Z1 Z 1 Z 2 Z 1 C 1 ïTableau`1 ; répartition des visites par décade.
Chronologie des observations : ' E ` L ' _
Le A31 Mai, 2 adultes alarment avec insistance. ` L ·
Le 6 Juin, 1 adulte seulement est visible. Il survole le site en criant. La . _
recherche du second (avec éventuellement des jeunes) est brève afin de_ne
· - c pas entraîner de dérangements trop importants ;·elle restera, vaine. j . ‘
, ' Les 20 et 26 Juin, le couple est vu en compagnie de 3 juvéniles déjà ` ·
L grands. _
— . · Le_2 Juillet, le couple est observé uniquement accompagné d'un jeune.
‘ Le 4 juillet, seuls les deux adultes sont notés. A .
Les 1.1 et 21 Juillet, aucune Echasse n'est observée sur le site.
Analyse et réflexion : — L
C'est le 20 Juin que sont vus pour la première fois les jeunes, déjà
volants mais reconnaissables au plumage brun-grisatre de la nuque et du
~ dos (ce dernier présentant des liserés jaunâtres) et aux pattes rosâtres. Il
peut paraître surprenant qu'aucune observation de poussins n'ait été '
· effectuée auparavant. Toutefois GEROUDET (1982) indique que `
~ l'observations des poussins d'Echasse est rendu difficile à cause de la
vigilance des parents; en effet, dèsque ces derniers alarment, les pulli se
plaquent au sol et restent immobiles jusqu'à la fin de l'alerte. On ne les e
voit généralement qu'au moment des premiers vols. De plus, si on se
penche sur la chronologie de la reproduction chez l'Echasse blanche, ·
l'hypothèse d'une nidification sur place est renforcée. »
L'envol des jeunes survient chez cette espèce 28 à 32 jours après la
naissance. Dans le ces présent, celle ci aurait donc eu lieu autour du 20 ·
Mai, même si cette supposition reste délicate, étant donné 1'absence de _
prospection entre le 6 et le 20 Juin. Mais à quelques jours prés la
fourchette du 18-22 Mai pour l'éclosion est fort plausible en nous basant
sur les environs du 20 Juin comme date d`envol. Notons qu'une étude faite .
' dans le Centre-Ouest de la France en 1983 indique que la majeure partie
_ des éclosions (44%) a lieu entre le 21 et le 31 Mai DUBOIS et MAHEO 1986). · 9
La durée de l'incubation étant quant à elle comprise entre 22 et 24 jours,
nous pouvons conjecturer sur une ponte entre le 25 Avril et le 1 Mai.
L'étude précédemment citée réalisée en 1983 dans le Centre—©uest de la
L·Av()CET[·E [994 - 18 (3-4) 69 © Picardie Naturel Centrale Omithologique Picaxdfê

— france en milieu littoral donne les fourchettes suivantes pour les dates de
» ponte : 21-30 Avril (25%), 1-10 Mai (41%) soit les 2/3 des cas entre le 21
Avril et le 10 Mai. Nous pouvons maintenant comprendre l'attitude des
adultes les 31 Mai et 6 juin (alarmes, survols de l'observateur-intrus les
g pattes pendantes.,) destinée à alerter les petits déjà nés. Ces derniers ont
du adopter l'attitude décrite auparavant, les bassins accueillant ce couple
étant couvert d'une végétation rase, leur découverte devenait alors plus
difficile. L'inquiétude des adultes n'augmentant considérablement qu'en
présence de jeunes, nous pouvons penser qu'avant l'éclosion les parents
- se sont faits plus discrets. Enfin, l'absence des Echasses sur le site dès la
seconde décade de Juillet s'explique par le départ en migration de l'espèce
· aussitôt la reproduction achevée. ·
_ Même si les fourchettes données pour les dates de ponte et d'éclosion
restent de l'ordre du probable, il est à noter qu'elles sont très proches de
celles trouvées dans le Centre-Ouest. Pour la Picardie SUEUR (1990)
mentionne comme dates : ,
-24 Mai au 17 Juin pour la ponte, 17 Juin au 22 Juillet pour l'éclosion.
Cela est très différent de ce que nous avons trouvé mais ces fourchettes
prennent en compte des cas de nidification ayant eu lieu à l'intérieur de la
région (Aisne) or VAUCHER (1955) signale la date du 20 Juin pour la
I majorité des éclosions en Dombes (Ain), autre région continentale. Notre
site d'étude bénéficiant très largement du climat océanique il n'est guère
surprenant que nos résultats soient plus proches de ceux obtenus sur la t
côte du Centre-Ouest de la France que de ceuxcités par F. SUEUR
Conclusion : ' »
Ces bassins de décantation ont l'avantage d'apporter aux oiseaux une
, grande tranquillité en dehors de la période de chasse. Signalons qu'une -
le importante colonie de Mouettes rieuses Larus iridibundus occupait le site; ‘
la présence de ces laridés était peut-être un atout supplémentaire pour la _
_ tranquillité des Echasses blanches dont la reproduction en Picardie n'est
· pas régulière tant en terres que sur le littoralet l'année 1989 avec ` ·
plusieurs couplesreproducteurs en divers sites continentaux et littoraux _
7 i_ reste une exception.
Dire que la nidification de l'Echasse tend à se régulariser serait peut-être
‘ exagéré mais à l'avenir‘? ‘ ` —
Remerciements : ” V
Je remercie vivement Gérard DELOISON sans qui la présente note
`n'aurait pas vu le jour ainsi que Monsieur LESTIENNE pour avoir
. — - autorisé une prospection régulière des bassins de décantation. A i
Bibliographie : ,
DUBOIS P.J. et MAHEO R. (1986) 1 Limicoles nicheurs de France.
Maremesq ` Ministère de l'Environnement, L.P.O.,
'B.l.R.©.E. 291 p.(p. 35-53). _ '
_ 'GEROUDET P. (1986) : Limicoles, Gangas et Pigeons d'Europe. Tome I.
Delachaux et Niestlé. Neuchatel, Lausanne, Paris 240 p. (p. 52-60).
. SUEUR F. (1990) : Phénologie de la reproduction de l'avifaune Picarde. C
L'Avocette 14(1) p.6-35.
C L'AVOCE'ITE 1994 - 18 (3-4) 70 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde

L'ECHASSE BLANCHE Himantopus himantopus .
NICHEUSE EN PICARDIE EN 1989 L
par P. CARRUETITE, C. DANCOISNE et L. GAVORY E
INTRODUCTION :, ·
I En 1989, P. VILLERS (1989 a) signale dès le mois de mars, l‘arrivée en nombre
d'Echasses blanche en France, dont certains couples se cantonnent dans des localités
où l'espèce n'est pas une nicheuse régulière. La Picardie est concernée par cet afflux
inhabituel d'oiseaux et trois couples y nicheront avec succès.
La présente note propose, de faire une synthèse des observations effectuées au cours
de la saison de reproduction, 1989 et de les situer dans le contexte picard, précisé à
cette occasion, et national. En outre, une synthèse des données recueillies au cours t
des années 90 complétera la définitiondu statut régional A .
_ LES OBSERYATIONS REALISEES EN 1989 _;
A AISNE A h ` ·
-,Guiggicourt : A ' A I
Bilan des observations i v · · , . — · ‘
Le 5 juillet, un couple est observé. Un individu alarme et l'autre se nourrit en
bordure de végétation (L. KERAUTRET com. pers,). Ce site a été visité le 14 mai, le 22
juin et le 3 août sans que des Echasses soient observées.
Habitat A   j A
Il s'agit de bassins de décantation d'une usine agro-alimentaire. 4 `
SQMME : PLAINE MARITIME PICARDE : ' Il
Parc Ornithologigue du Marguenterre A L A `
Observation de la reproduction ` j -
Les premières échasses sont observées le 23 avril sur une mare de hutte en
bordure de la Baie de Somme (Ph. CARRUETTE et D. LEGEMBLE). Il s'agit de deux
mâles et une femelle qui se nourrissent d'insectes aquatiques. Un des mâles est _
régulièrement chassé par l'autre..Le soir, les oiseaux gagnent les prairies inonclées î
du Marais du Crotoy et deux-individus sont vus survolant le parc ornithologique (J .S.
ALLUARD). ` _
Le 14 mai, un couple est noté sur le parc ornithologique. Ils paradent et plusieurs
accouplements ont lieu. D'autres sont observés les 17 et 20, où 3 sont notés en 30
minutes (F. SUEUR com. pers,). Ce même jour, la femelle creuse unedépression. Le _
24, elle est notée sur le nid où le mâle la relaie très régulièrement. La ponte est
déposée entre le 21 et le 24, date à laquelle débute l'incubation. Il y a un minimum de 3
oeufs. Le 28 mai un nouveau mâle est noté, il est immédiatement chassé par le mâle
` nicheur. Les éclosions ont lieu le 17 juin où les 2 premiers pullis sont observés. · ,
L'incubation aura donc duré environ 24 jours. Le 18 juin un oeuf n'est toujours pas ‘
éclos, mais le 20, 3 poussins sont observés sur le nid.
Du 16 au 18 juin, deux autres individus de sexe indéterminé sont observés. Le 24, le
couple est vu avec les 3 pullis à 500 mètres du nid, de l'autre côté d'une digue de sable.
L'AVOCE'l`I`E 1994 — 18 (3-4) 71 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde

Le 4 juillet, un des jeunes disparaît. Le 19, un des juvéniles effectuent de timides
tentatives de vol,·il doit avoir approximativement 33 jours. La famille restera sur le
parc jusqu'au 22 juillet. Elle sera revue le 3 août et, le 5, où seuls, 1 adulte et 2
juvéniles sont observés. · `
‘ Habitat
Le couple s'est d'abord installé sur un îlot sableux en eau saumâtre. Le nid, =
une faible cuvette avec quelques débris végétaux, est situé près de l'eau. Ensuite, la
famille gagne un secteur à faible niveau d‘eau, riche en insectes et couvert de Laiches
Carex sp. et de J oncs Juncus sp.. Ces végétaux constituent un cachette idéale pour les
poussins dès qu'un danger survient. Les adultes ont été également observés sur la
zone interdidale. i
Quelques domiées sur le comportement » *
Le couple a fait son nid à proximité de nids de Mouette rieuse Larus
ridibundus, d'un couple d'Huîtrier pie Himqntopus ostralegus et de quelques V
Avocettes Avocetta recurvirostra. L'agressivité du couple envers les Mouettes rieuses §
nichant à—proximité n'est vraiment importante que lorsque l'une d'entre elles, se pose
près du nid. L'oiseau de garde, chasse alors l'intrus, ou s'il est absent, le couveur ' Q
quitte le nid et s'en charge. Avec les Avocette, les altercations sont rares mais plus [
violentes, l'Avocette faisant front, obligeant les 2 Echasses à défendre ensemble le ,
territoire de nidification. Après l'éclosion des jeunes, les adultes sont devenus É
. particulièrement agressifs et défendent un secteur d'environ 2000 m2 où ils ne ;
Q supportent aucune ‘pi~é.Se¤œ. Toutes les espèces sont expulsées —même si elles ne l
présentent a priori, aucun danger. Elle évite peut-être ainsi toute concurrence ï
alimentaire. Les Goélands argentés Larus argentatus ou le Busard des roseaux î
Circus aeruginosus sont pris en chasse, parfois de très loin, dès qu'ils sont repérés  
, I aux alentours de la zone fréquentée (annexe 1, listes des espèces expulsées par les ` §
Echasses). u I · ” I S · · l u L
Elles étaient particulièrement agressives vis à vis des petits groupes d'Etourneaux  
, sansonnet Sturnus vulgaris et des`Chevaliers gambettes Tringa totanus qui se l
posaient, pourtant à 100 ou 150 mètres des pullis. De même, des accrochages violents `
ont parfois eu lieu notamment avec la Poule d'eau Gallinula ochropus et avec une .
femelle_ de Tadornede Belon Tadorna tadoma accompagnée de ses poussins. Le mâle
. ` décollait même lors du survol d'un Cygne tuberculé Cygnus olor sans trop insister _
néanmoins. g — ' »
Le Hâble d'Ault (80) _ · c
Observation delareproduction · ·
Les premières étaientqobservées le 30 juinoù 2 adultes alarrnent,raprès un _
· homme qui passe dans le secteur (L. GAVORY et T. RIGAUX). Avant, aucune i
observation n'avait été réalisée, alors que le site est régulièrement visité.vLe 8 juillet, A
deuxadultes sont observés en compagnie de trois pullis dont l'âge est estimé à une
` dizaine de jours (L. GAVORY et G. FLOHART), dans un secteur éloigné d'environ
1000 m du lieu où elles avaient vues pour la première fois. Les 5 individus sont ensuite
notés les 15 et 18 juillet. Ils ne le seront pas le 24, mais par contre, le 7 août, est
observé. 1 adulte blessé à la patte droite, qui ensanglantée, pendait, en compagnie d'un
juvénile. I ·
Habitat:
La première fois qu'elles ont été observées, les Echasses se trouvaient dans une ·
prairie humide, adjacente à une zone en eau, bordée d'une roselière. Au milieu de
cette prairie se trouvent des fossés et une vasière de très faible superficie. Ensuite,
elles ont gagné un secteur constitué de buttes de galets, entre lesquelles s'étendaient
L'AVOCE'I'l`E 1994 - 18 (3·4) 72 @ Picardie Nature / Centrale Omithologique Picardc

des vasières peu étendues, pauvres en végétation. Les zones en eau étaient très
restreintes. _ ` ~. .
` SQ [MME : INTERIEUR DES TERRES
— @4   .
Déroulementdelareproduction I '
Le couple d'Echasse arrive vers le 15 mai. Il est à nouveau observé le 20 mai et `
le 4 juin, où il est cantonné au milieu d'une colonie de Mouettesrieuses (15 nids). Le
6, la femelle a fait un nid avec des débris végétaux. Le 10, un ball-trap organisé par .
l'association de chasse locale à 200 mètres du nid, dérange le couple, qui alarme
fortement. Il ne sera plus revupar la suite. V
· Habitat _ j
· ‘ Il s'agit d'un bassin de décantation de sucrerie, qui présente des secteurs en
eau, des zones envasées où la végétation est peu abondante et des secteurs envahis de
j végétaux. L , . - 1 ‘ I
— - lÉ 2 _ O I V S . O
. Bilan des observations ' I _
Le 9 juillet, 1 mâle et 1 femelle sont observés (A. ROUGE, com. pers.), le 4, ils
sont absents. _ _ _
Il s'agit du même type de milieu que le site précédent.
I — Roye : _
Déroulement delarepnoducüon ' . . i ~ _
Le 13 juin, un couple est observé pour la première fois. Il serait arrivé le 11,
d`aprèsele garde de chasse du site. Il survole d'abord l'ensemble des bassins puis se
cantonne dans un secteur à proximité de nids de Mouette rieuses. Le 19 juin, d'après
le comportement de la femelle, le nid est construit et l'incubation a débuté. Un A
minimum de deux poussins est observé pour la première fois le 15 juillet. 22 jours
plus tard, le 6 août, 2 adultes et 3 jeunes sont vus (A. ROUGE, com. pers,). La famille ·
sera notée pour la dernière fois le 10.
Ce couple pourrait être celui qui a échoué à Ham car les dates coïncident. , _
Habitat ( ( É
Là encore, il s'agit de bassins de décantation de sucrerie. Le bassin utilisé est
une alternance de zone en eau, de vasières avec quelques végétaux morts et un
secteur avec une végétation luxuriante. Le nid était installé sur la vasière à environ 15 `
mètres de l'eau, dans la végétation rase. . j
S - Estrées—lVIons : · V '
Bilan des observations S
Un couple e. t trois juvéniles volants sont observés pour la première fois le 26 · .
août (X.COMMECY, com. pers.), Ils seront _vus àv trois_ reprises jusqu'au 16
septembre. Il est peu probable que cecouple se soit reproduit avec succès sur ce site,
en effet, nous y étions passés à 8 reprises auparavant dont deux fois (les 11 juillet et 10
août) sur le secteur où les oiseaux seront présents sans que nous l’ ayons observé.
L'AV©CE'ITE 1994 - 18 (3-4) 73 © Picardie Nature / Centrale Omitbologique Picarde A

Habitat '
Il s'agit d'un bassin de décantation d'une conserverie.
STAÃ [IL DE L'E§PECE EN PIQARDIE Z , _
Précédemment cet himantopidé a déja été signalé dans les trois départements :
AISNE : · ‘
BOUTINOT (1980) signale la reproduction de 6 couples près de Bohain en 1958
dans une pâture à demi inondée. L'espèce avait été signalée, dans le Vermandois, en `
1933 et 1949.
OISE : _
Elle a été signalée vraisemblablement pour la première fois, le 3 mai 1986, à
Vauciennes (ROUGE, 1992 a) °
` SOMME ; A
Dans ce département , 1'Échasse n'avait été observée qu'en Plaine maritime
· picarde. 9
Elle y était déjà signalée nicheuse au XIXe siècle : 1 cas près d'Abbeville en 1818
(TEMMINCK (1820) INA MARTIN (1973)) et un autre, dans les garennes de Saint- O
Quentin-en—Tourmont en 1849 (MARCOTTE 1860). L'espèce est ensuite, signalée plus
récemment : un couple aurait niché en 1949 (MAYAUD, 1949, 1950 Q DUBOIS et
MAHEO (1986)). Dans les années soixante, elle s'est reproduite, probablement en 1964
et en 1968 (MARTIN, 1_973), et de façon certaine-en 1965 avec 3 couples, de même
qu'en 1966(FOURNIER et SPITZ, 1966 Q DUBOIS et MAHEO (1986)). ` -
Elle est signalée au minimum à 18 reprises durant les années 70, au cours des mois _
_ de mai (n=9), juin (n=3), juillet (n=2) et août (n=4). La majorité des observations sont ,
° . effectuées au Parc Ornithologique du Marquenterre (n=8), Rue (marais) (n=3), au _
` Hâble d'Ault (n=2). En 1977 et 1979, elle a probablement niché au marais de Rue,. »
, Quelques observations y avaient été_réalisées, notamment celle d'un jeune volant.
· Dans les années .80 , malgré l'augmentation de la pression d'observation, les données
recueillies n'ont pas été plus nombreusesyune vingtaine environ. Les principaux ‘
sites fréquentés sont : le Parc ornithologique du Marquenterre (n=5), le Hâble d'Ault
(n=5), le Marais de Rue (n=3), et les zones humides de Noyelles—sur-mer et Boismont
(n=3), Comme au cours de la décennie précédente, les observations sont effectuées
surtout en mai (n=9) , mais également en avril (n=2), juin (n=2), juillet (n=2) et août · ,
(n=2) L'espèce n'a pas été signalée en 1983, 1984 et 1985. En 1980, 1981, 1982, et 1987,
des stationnements de couples se sont prolongés durant la période de reproduction È
mais sans qu'aucune preuve de reproduction ne soit collectée. .
A Ce bilan sur les vingt dernières années se basent sur les références suivantes : les
synthèses de 1976 à 1988, parues dans l'Avocette ; les synthèses de 1984 à 1988, parues
dans le bulletin de l'Association Marquenterre Nature, synthèses parues dans les
· Documents zoologiques, TRIPLET et al. (1987), SUEUR et COMMECY (1990),
TRIPLET et MOURONVAL (1991). ·
.   NIÈITESE PIQARDIE
De cette synthèse des données publiées, il apparaît que l'Echasse blanche niche A
de façon très occasionnelle dans la région. Au cours de ces vingt dernières années,
aucun cas certain de reproduction n'a été noté, au plus 4 sont probables. En fait, le
dernier date de 1966. Par contre, elle est signalée relativement régulièrement lors de
ses déplacements mais quasiment exclusivement en Plaine maritime Picarde. En
UAVQCETTE 1994 _ 18 (34) 74 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde K

Picardie continentale, seule une donnée a été recueillies au cours de ces vingt
dernières années et le dernier cas de reproduction date de 1958. ` R A
. De 1976, date de la parution de la première synthèse, à 1988, soit 15 années, elle a été
notée au cours de 10 années, surtout au mois de mai (environ la moitié des C
observations recueillies). Les dates extrêmes de présences sont, 17 avril et 27 août,
6 cette fourchette est indicative car dans certaines publications, il n'est pas fait mention -
du jours d'observation, mais uniquement du mois.
STAÉLÃLQÉIQÈ REQ QENT DE IIESPEQE EN   ‘, . . .
D'après DUBOIS et MAHEO (1986), l'Echasse blanche est un limicole
cosmopolite, et la sous-espèce himantopus (ou espèce carsa taxonomie est quelque _
peu controversée ) qui fréquente l'Ouest paléarctique niche sur le pourtour de la
Méditerranée, de la Mer Noire et de la Mer Caspienne. La limite Nord de répartition
de ses populations est le 47 ème parallèle Nord, soit les côtes atlantiques françaises.
La France accueille ,5 à 10 % de la population européenne avec en moyenne 890 A
‘ couples (i 190). Ils se répartissent dans deux airesdifférentes : la façade maritime
atlantique (32 % des effectifs), des Charentes jusqu'au Morbihan et le littoral
_ méditerranéen (66 % des effectifs) des Bouches-du-Rhône aux 'Pyrénées—Orientales.
` En dehors de ces deux zones, l'espèces peut s'installer de façon occasionnelle et en
· faible nombre dans d'autres départements (11 de 1985 à 1989). (DELAPORTE·et COLL.`
(1994)) A · · .
Ces variations d'effectifs sont à mettre en relation avec la pluviométrie en Espagne. Si? 9
_ ‘ dans ce pays, les pluies sont abondantes, de grande surface deterrain vont être
favorables à l'espèce, par conséquent un nombre de couplespimportant va pouvoir
s'installer. Par contre, lors des années sèches, les surfaces favorables sont beaucoup
moins étendues, obligeant des couples à émigrer, généralement vers le Nord à la
recherche de zones plus propices à la reproduction. A cela, il faut ajouter, les_ ‘
conditions d'hivernage,· en Afrique de l'Ouest (DUBOIS & MAHEO (1986),
DELAPORTE et al (1994)) A `
. QQNQLUSIQN A 7
Les trois cas de reproduction, constatés en 1989 sont exceptionnels puisque la
nidification certaine de l'espèce n'avait pas était signalée depuis 1966. Ils n'ont ‘
cependant rien d’étonnant puisque dans notre pays, en dehors d` une portion de la
façade maritime méditerranéenne et atlantique, l'Echasse blanche estun nicheur
occasionnel. i .
Ils entrent dans le cadre d'un afflux exceptionnel d'oiseaux qui a touché. au moins le
Nord—Ouest de l'Europe. En France, quelques cas ont été notés (VILLERS, P. _1989 b),
notamment dans le Nord de la France. Ainsi dans le Nord, Pas-de-Calais : 11 couples Ã
(KERAUTRET, 1992) sont signalés. Dans le Bénélux, des nicheurs sont observés. En g
Wallonie, le premier cas de nidification est noté et un grand nombre d'observations
est effectué (DE LIEDKERKE et al, 1990, VAN DER ELST, 1991). Aux Pays-Bas, 22 ‘
couples nicheurs se sont cantonnés et 10 nids ont été trouvés (MEINIGER, 1991).
En comparant, la répartition chronologique des données picardes et des cas de _
reproduction aux Pays-Bas (MEINIGER, 1993), nous avons pu constater que les t
quelques cas certains de reproduction picards ont eu lieu les années où l'espèce s'est
reproduit en grand nombre au Pays-Bas. .Il y a également corrélation, entre·les ,
années où l'espèce n'a pas été signalée. dans notre région et celles, où le nombre de
couples été réduits ou nul au Pays-Bas. Nous pouvons donc émettrelhypothèse que
les oiseaux non nicheurs, observés en Picardie, en mai et juin, sont des migrateurs
qui gagnent les Pays-Bas, où jusque 40 couples ont niché (MEINIGER, 1991) et/ou des .
L'AVOCETl`E 1994 - 18 (3-4) 75 © Picardie Nature / Centrale Omithologiquc Picardc

individus qui stationnent dans notre région, suite à un afflux qui concerne une zone q
géographique plus vaste. _ _ ' L _
EEMARQQES
  La parution tardive de cet article nous oblige à y joindre une synthèse des -
» observations effectuées de 1990 à 1994
AISNE
' * Anotre connaissance, l'espèce n'a pas été observée durant cette période. i-
` OISE 9 . V ,
. 1'Elle a été signalée en 1992 où le 26 avril, 3 individus ont été observés à Chevrières ~
· ` Q (Bassin de décantations d'usine agro-alimentaire) , une femelle y est encore présente _
les 28 et 30 mai (ROUGE, 1992 a et b).
En 1994, elle est à nouveau observée. Elle fréquente deux sites et niche sur l'un : A _ ,
. 1 , ·— Chevrières : Les premières sont signalées le 19 juin, 1 alarme les 11 si 14
= . juillet et 7 individus dont 2 adultes et 2 juvéniles. 3 seront encore présentes le 19 août.
(DELVILLE, 1995). Il s'agit du premier cas de nidification constaté dans ce
département. , s
— Varesnes (gravières) : 1 le 8 mai (DELVILLE, 1994) et 3 le 12 mai (O. BARDET,
V. BAWEDIN et L. GAVORY). J
SOMIVIE .i -
Elle est signalée uniquement en plaine maritime picarde dans 3 sites :
<; - Parc ornithologique du Marquenterre : l
1990 : 2 mâles et 1 femelle sont présents le _il5 avril. Des accouplement et parades  
seront observées les 16 et 17 mais ils ne furent pas suivi de nidilication. Une femelle  
est présente le 13 mai et le 20 juin. Deux individus seront observés le 22 mai. l
1992 : Une femelle baguée est observée le 28 avril. Un couple sera ensuite présent à  
‘ ' partir du 2 mai. Le,3, il parade, s'accouple et recherche un site de nidification. La ' `  
mâle est encore là le 16 mai, puis il faut attendre le 4 juillet pour revoir un couple. La
' femelle baguée sera présente du 20 juin au 21 juillet.
1994 : La première est observée le 20 avril et un couple le 28. Au cours du mois de mai,
des individus seront observés à 4 reprises : 1 couple les 1 et 25, un mâle et deux _
femelles le'27 et 4 le 29. - - - . . _ . ‘
a En juillet, un mâle est noté le 15 et 2 adultes et 3 juvéniles le 24 ; en août, 2 adultes et 2
juvéniles seront présents du 1 au 17. ‘
- Hâble d'Au1t,
1990 : Elle y fut observée à deux reprises : 1 le 26 et 29 juillet. ,
L _ ·- Grand·Laviers » (
· 1993 : Elle a niché sur ces bassins de décantation en 1993, (BAWEDIN, à paraître) `
» 1994 : L'Echasse y a été observée mais sans qu'elle ne s'y reproduise. Le 5 juillet, 5 y
individus stationnent (G. DELOISON, à paraître) ` ·
- Renclôtures de Noyelles-sur-mer et de Boimont
1993 : 1 adulte le 19 juin (Prairie Beauvisage)
1994 : Deux couples ont respectivement élevé 2 et 4 poussins qui sont allés à l'envol. Le
· .7 juillet, alors que les deux couvées ne sont pas encore volantes, l'observation de 9 I
È$)dividus ensembles peut laisser supposer la nidification d'au moins un autre couple
G - L'AV©CET1`E 1994- 18 (3-4) ° 76 ©pawaaeNamercsmmieom1rho1<>giqucPicawd¤ i

Les observations effectuées au cours de ces cinq années, ont modifié quelque peu le D
‘ statut en Picardie tel que nous l'avions précédemment défini.
. Pour l'Oise, l'espèce a été observé en 1992, et surtout a niché pour la première fois
dans ce département en 1994. , ,
Pour la Somme,.le nombre d'observations a été relativement important comparé à
celui des années 80 et 3 cas de nidification ont été constatés.
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DAVOCETTE 1994 · 18 (3-4) 77 @ Picardie Nature / Centrale Omithologique Picarde V

VILLERS, P. (1989 b) : Le coin des branchés. L'Oiseau Magazine, 17 : 48-49.
REMERC  ‘
Nous tenons à remercier les observateurs qui nous ont fait l'amabilité de nous
transmettre leurs observations : X. COMMECY, G. DELOISON, L. KERAUTRET, A.
ROUGE et S. FLIPPO ainsi que P. LE MARECHAL pour avoir consulté pour nous la
centrale, lle de France.
ANNEXES 4 r A
Annexe 1 : Liste des espèces expulsées du secteur de nourrissage par les L
Echasses (P.O.M.).
Grèbe castagneux, Héron cendré, Cygne tuberculé, Oie cendrée, Tadorne de
Belon, Canard colvert, Faucon crécerelle, Busard des roseaux, Faisan de
Colchide, Poule d'eau, Huitrier pie, Vanneau huppé, Petit gravelot, Chevalier S
gambette, Chevalier guignette, Combattant, Avocette, Goéland argenté,
_Mouette rieuse, Tourterelle des bois, Bruant des roseaux, Linotte mélodieuse, »
Etourneau sansonnet, Pie bavarde, Corneille noire.
Rat musqué, Belette. ·· _
` LOCALISATION DES SITES DE REPRODUCTION en 1989 A ï
N
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' — Abbeville e, Y V
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_ AMIENS Q   · l ,
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`\\ BFAUVAIS Compiêgàc   S0iS`6‘4<` `4 - . 7 `
_ I ` U A Creil I v
» 0
. q 0 F . ..W ,., 1
1 :Parc Ornithologique du Marqucnterre ; 2 :Hâble d’Ault ; 3 : bassins il
de decantatiqn de Ham ; 4 : bassins de décantation d’Ercheu ; 5 : .
bassins de decantation de Roye ; 6 : bassins de décantation d’Estrées—
Mons ;7 : bassins de décantation de Guignemicoun
L'AVOCE'l'l`E 1994 - 18 (3-4) 78 © Picardie Nature / Centrale Omithologique Picardc
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