Avocette 1991 (15) 1
Télécharger le PDF
Télécharger le document
1 5 (1) 1 28   if
I s
 J  
  __ `:':`’'' —   ISSN 0/8/-0782 ·····"
./jl
r _!
\\ I; 9
A `
 80 ,,
"""\.__§)*?'/1.}  I,
H    I-ux- ___4_,,*}'
X. COMMECY : Actualités ornithologiques 1990
p. 1-6
F. SUEUR : Régime alimentaire des anatidés dans la
_Somme
` p. 7-16
Ph. CARRUETTE : Note sur la nidification probable de la
Barge â. queue noire L1}110.·:··.-2 ûizzosa en Picardie
p. 17-18
X. COMMECY : Dates anormales de reproduction du
Grèbe huppé Ponbbcps cx7Ãs·t'.a1‘u.s en Picardie
p. 19-20
Ph. CARRUETTE : Première nidification du Grèbe huppé
Polaûireps CIYÈTZIIJS au Parc Ornithologique du
Marquenterre en eau saumàtre
p. 21-22
Ph. CARRUETTE : Note sur le régime alimentaire
inhabituel de quelques oiseaux
p. 23-25
Ph. CARRUETTE : Deux moyens efficaces face à la
prédation du Busard des roseaux Cîirzzs acrzigzhoszzs
p. 25
Cl. BERNUZEAU et Ph. CARRUETTE : L'Hermine
/ld91.¢f«·/a cnrzzizea , les Pies Bba pzba et les Lapins de
garenne OQ-·Z`I‘(?/¥_.Q‘I!.$` czzzzzbzzûzs
· p. 26
Ph. CARRUETTE : Comportement et technique de pêche
de l'Aigrette garzette Ãgmitcgarzeita
p. 27
Centra/e P. BERRY : Technique de chasse concertée de deux
Q,-njthg/ggfqug jeunes Renards l'/?1[0c·.·:·· wzjocs
· . 2
Prcarde P 7
Ph. CARRUE'YFE : Comportement de jeunes Mouettes
43, Chemjn de rieëges Larrzs nkûbzzzzdrzs
ha/age p'
80 000 Amiens

CENTRALE ORNITHOLOGIQUE PICARDE (C.O.P.)
Salle polyvalente de l'Ile aux Fagots
43 chemin de halage
80000 Amiens
Conseil d’administration (1991)
Président 2 F. SUEUR
Trésorier 2 X. COMMECY
Secrétaire 2 L. GAVORY
Membres 2 L. LARZILLIERE et A. ROUGE
L 34 vvccttc
Rédacteur en chef 2 X. COMMECY
Réalisation technique 2 X. COMMECY et F. SUEUR
, Adresses des auteurs
Cl. BERNUZEAU 2 P.O.Ma.rquenterre 80120 Saint—Quentin-en—Tourmont
P. BERRY : P.©.1\/Iarquenterre 80120 Saint-Quentin-en—Tourmont
Ph. CARRUETTE 2 2 rue Fonck. 80550 Le Crotoy
X. COMMECY : 4 place Godailler Decaix 80380 Gentelles
F. SUEUR 2 Le Bout des Crocs 80120 Saint—Quentin—en·Tourmont

1
_ Redaction, X..COMI"lECY
* donnee en cours d’nomoIogation nationale
PLONGEON CATMARIN Gama ste//ai.?
Plus de I©©© le I4 janvier en mer en face du HA (G. FLOHART)
GREBE JOUGRIS A°o¢7m.e,c·s gr,·seg¢=na?· 35 en meren face du HA le I4 janvier
(G FLOHART)
PUFFIN DES BALEARES />oW1k7z/$,00/?7r2usmat/reran/tus
I le 29 Août a Fort—Manon (BO) (E. MERCIER et F. SUEURI, cette observation
precise Ia periode G8 presence G6 cette sous-espece sur nos cotes.
FOU DE BASSAN 50/a 02552/za
Plus de 2©© le I3 Janvier face a la Baie d'Autnie (T. RIGAUX)
GRAND CORMORAN P/72/ammarax 02/270
330 le SI août en BCS (effectif record); 44 le 9 Decembre au POM (R. DEVISSE et V
F SOEUR), nouveau maximum hivernal.
HERON CENDRE Arves? crz/7e·re=2
4 nids au moins au marais d'Isle GG Saint-Ouentin (O2), second site de
reproduction pour ce departement (5. BOUTINOT et T. RIGAUX) ; I96 nids le 5
Avril a Boismont(R. BALEJ, X. COMMECY, E. MERCIER et F, SOEUR), nouveau
maximum pour Ia plus importante colonie picarde.
AIGRETTE GARZETTE Egrefiagarzatta
Toujours rare en terres, I le 4 Août à Moru—Pontpoint (60) (D. DELVILLE).l I nids
au POM (P CARRLIETTE), nouvelle croissance ; IO les 28 et 3I Decembre en Bd5 et
au POM (L GAVORV, H. DLIPUICH et al I, hivernage maximal connu.
CIGOGNE NOIRE (`/C`c’2·'}/c? 0,372
Seul Ie passage d'automne est regulier dans la region ; repere aussi cette annee
au prIntemps,I le 7 Mai a Noyelles s/Mer (G FLOHART et L. GAVORY).

2
IBIS FALCINELLE P/egadzs I2/ame//us
I le 28 Juillet au POM (P. CARRUETTE, C. VIEZ et al.).*
IBIS SACRE 7/ares/emrnzs ze!/2/tvpztrus
I du 28 Juillet au 6 Aout et du 6 Octobre au 2 Novembre (P. CARRUETTE, F. SUEUR,
C. VIEZ et al.), seconde mention picarde et plus long stationnement
enregistre. Origine 2
SPATULE BLANCHE P/ata/ea .'¢=0c0r0d1â
Nouveau cas d'nivernage· I iuv du 24 Decembre I989 au IB Janvier I99O au POM
(P CARRUETTE, N. PLANCKE, F. SUEUR et L. WITTMER).
SPATULE AFRICAINE P/ata/ea 2/02
Apres la premiere mention picarde ce printemps (voir article dans l'Avocette),
une donnee estivale · I du 27 Juin au 2I Juillet (P. CARRUETTE, F. SUEUR,E. von
WANTOCI-I-REl<OwSI<.I et coll.) *
CYGNE DE BEWICK (Q:/g·r2o's0e)wc)(11' .
6 nivernants au PdA (O2) (L. GAVORY).
OIE CENDREE mser asser
2l 40 contactees au passage entre le 4 et le 6 Novembre dans l'Oise (GEOR 60)
TADORNE DE BELON Tzctvma fswvma
Peussite desastreuse de la reproduction littorale cette annee pour une cause
Indeterminee (COP) ; 7SOO le I I Novembre en Bds (T. RIGAUX).
SARCELLE D’HIVER DE LA CAROLINE A/725 crecca cara//nens/5
I male dul au I I Novembre au POM (P CARRUETTE, J B. MOURONVAL et
D VANDROMMEQ), premiere mention picarde de cette sous—espece nord-
americaine *
EIDER A DUVET 50m.2z‘er12 ma//Ass/ma
Estivage exceptionnellement important en Bds: IOO de fin Mai au 20 Juin (JB.
MOURONVAL et F. SUELJR), IIS le 24Juin, I2© le II Juillet et I35 le 2I (F.
SOEUR).
MACREUSE NOIRE /tte/anztta mgra
Donnée estivale maximale a ce jour, 2OO le 2O Juin en Bds (F. SLJEUR).
FULIGULE MILOUINAN »4_VZÉ'§_(/2 mar//2
I M. le l9 Juillet au l—l.A. (SO) (L GAVORY), (déja une donnee connue pour ce mois,
en IQBB, I M du B au I I); I3 (7 M.) le 3O Novembre a Tergnier (O2) (L. GAVORYI

2
HARELDE DE MIQUELON C/angu/2 /iyema/25
Donnée automnale la plus précoce sur lé littoral picard: I F./Im. le 24 Octobre a
Ouend (F. SUEUR)
HARLE COURONNE A/argus CUCU//·:7Z`U.$`
l M du I4 Août au 26 Octobre au FIA. (L. GAVORY et al). *
BUSARD SAINT—MARTIN Czrcus cyanéus
une bonne prospection dans l'Oise, essentiellement dans le Nord-Ouest du
département permet dé repérer IO a I I couplés nichéurs.(L. GAVORY)
BUSARD DES ROSEAUX Ezrcoœr aemgmosus
2 ont nivérné 3 Sacy (60) (A.Slï’AGNU©LO), I F le I3 Janvier a Fléssons (60) (J.
LA.‘.^/) ; nouvelles données hivernales avec I lm. les 5 et 9 Décembre au POM (F2.
DEIJISSE et F. SUEUFI) 2 couples se reproduisent avec succés sur le plateau du
Santerre (80) dans des champs 06 blé (X. COMMECY).
AIGLE BOTTE Hzarasra/5 f.25C/LBR/5: I le 3 Mars a Brétigny (60) (A.
SPAGNUOLLO), secteur d'ou proviennent les données obtenues danslés années
I960 I phaâé claire le 24 mai a Sissonne (02) (G. FLOI-IART)
FAUCON KOBEZ F.2·'cc¤ véspértznw
I M et I F le 5 mai a Noyélles—sur-mer (80), 2 F le 6 a Neuville-Marais (80) et 3
le 7. (6. FLOI-IART)
CAILLE DES BLES ·C`6'(£/f)’7‘·’·\’CT·i?[t«%7û\'
un chanteur précoce lé 25 Avril a Ouérriéu (80) (V. BAWEDIN)
GRUE CENDREE ërc/sgrc/5
6 vols repérés (pour un minimum de 250 oiseaux) du 22 Octobre au 4 Novembre
dans l'Oise (GEOP 60).
BECASSINE SOURDE Lyswvoparyptes m//wm/s
Donnee la plus tardive pour la migration prénuptlale : 2 lé 2 Mai en Bos (F.
SUEUPI
AVOCETTE kcorwroszra avorérts
Echec de Ia nidification au POM mais un couple nicheur au I-IA. donne 3 jeunes a
l'en~.«oI (L GAVORY et al.) et 3 couples nicheurs a Boismont (80) (P. CARFIUETTE,
J B MOUPONV AL et F SUEUR), premieres reproductions menées a terme
en cé lieu

4
BECASSEAU SANDERLING 627/,·i7rz5· .2/02
1 juv. le 5 Octobre a Vauciennes (60) (A. ROUGE).
COURLIS CENDRE zvumemos argow!2
1 couple nicneur DOSBIDIE dans les prairies humides de Vlanlcamps (O2), nouveau
site (GEOR60).
CHEVALIER STAGNATILE 7'rmga stagnat/`//Ls
Plus rare au printemps qu'en automne, 1 le ler 1*Iai a Estrees—1'Ions (80) (V.
BAWEDIN, C. DANCOISNE, L. GAVORY et C. LOUVET). *
PHALAROPE A BEC ETROIT P/va/2r0,0a/5 /002:%
I F le 4c1uin a Boismont (80) (C. VIEZ).
BARGETTE DE TEREK Xenus cznereus
1 le 4Juin au ROM (F. SUEUR et al,). *
GRAND LABBE Sëercararzus 5/wa
Suite aux tempêtes, 3 le I8 Fevrier au l-l.A. (V. BAWEDIN, L. GAVORY et
C LOUVET) et 1 le 13 mars a Ouend-Plage(8©). Il est plutot rare en remontée.
LABBE PARASITE Srercararzotsparaszfecus
I ad. le 28 Juillet a I'1oru—Pontpo1nt (60) (A. ROUGE).
GOELAND BRUN Lames ,*2./sms
IO ad.   subad. IO lm le 12 Aout a Caulaincourt (O2) (X COMMECY et F SUEUR),
maximum observe a l’interieur des terres en Picardie.
GOELAND LEUCOPHEE Laws cac/7/nnans
21 le 16 Septembre a Cayeux/mer (80), (X. COMMECY et F. SUEUR), maximum pour
le littoral Sud ou cette espece demeure le plus souvent rare.
GOELAND CENDRE Aarc/5 62/Jets
Minimum de 10000 le 27 Janvier a Cayetix/mer (80) (X. COMMECY, D. COUSIN et F.
SUEUR), maximum a ce jour pour le littoral picard. Le mème jour, 1©©©© etaient
vus par G FLOI-IART en migration vers le Sud
STERNE PIERREGARIN Stema /vrc//20*0
2 couples nicheurs et 2 couples cantonnes (6 juv et au moins 5 a l‘envol> a Moru-
Pontpoint (60) (D DELVILLE et al.)
Fort passage d’au moins 2000 en vol vers le Sud le 19 Aout a Fort—l”1anon et

5
(Iuend (>(. COMMECY, E. MERCIER et F. SUEUR), plus important mouvement note a ce
jour sur le littoral picard. l le 25 Novembre en BUS (G. FLOHART et L. GAVORY), la
plus tardive jamais reperee dans la region.
GUIFETTE MOUSTAC C/7//000/Les /7;/br/2705  
8 le 5 mai a Noyelles—sur-mer (80) (G. FLOI-IART).
P I GEON COLOMB I N. C0/z/moa amas
4553 individus denombres en migration en Baie de Somme du mois de septembre
au mois de novembre; (G. FLOHART et L. GAVORY), chiffre tres important I
TORCOL FOURMILIER Jy/vx taraw//2
4 couples repères dans l’Oise en dehors de la foret de Compiegne : F. de Chantilly
et Elois du lieutenant (D. DELVILLEJ, F. d’l-lalatte (Y. LECONTE), F. de Retz (G.
EIALANDRA5) et I a Vivieres (02) (G EIALANDRAS).
P I C NO I R Orywmpus marz‘/os
Une loge decouverte a Montonvillers le 26 Avril, un individu repond a la repasse
Ie 2 Mai (P MOURONI/AL)
ALOUETTE LULU Au//zx/2 sroorea
Premieres mentions hivernales depuis l975 r 6 le 3l Janvier (F. SUEURI et 5 le
Sl Decembre (E MERCIER et F SUEUR) en Bd5.
HIRONDELLE RUSTIQUE H/rc/00*0 rusmra
l le 23 fevrier a Noyelles—sur-mer (80)
PIPIT DE RICHARD Anmz/5 novaesee/.200*120
l le l7 septembre en Bd5 (G. FL0l-IART) *
PIPIT A GORGE ROUSSE An:/ws cer://nc/.9
Nouvelle donnee relativement tardive: 2 le 3 Novembre en Bds (G. FLOHART et F
SOEUR). *
BERGERONNETTE DE YARRELL /702*20/`//2 .2/.02 yare//1°
Toujours peu notee en hiver a l'interieur des terres, I F. le I2 Decembre a
Abbeville (80) (F SLIEUR)
BERGERONNETTE PRINTANIERE /*10!2c1°//2 f/ava
une observation tardive, IO le 3 Novembre dans la Somme (P. MOURONVAL).
MERLE A PLASTRON Tomas targc/.2205
4 le 28 Avril au I-lourdel (80), 9 leler Mai a Chivres en laonnois (02) (L. GAVORY)

6
et 9 du Ier au S 1*lai a V1lI€r`S·BOC3ge(8©) (P. MOURONVAL) ; belle serie inhabitu-
elle
GRIVE LITORNE Tc/rm/sp//ar/5
Nidifications dans la Somme, un couple certain (nourrissages le 24 Mai) et un
autre DFODBDIG a Ouerrieu (P. l*1OURONVAL), I couple a Heilly le 30 Mai (L.
GAv©RV) _ —
TRAOUET HOTTEUX Oe/mme amant/7e
Premieres mentions tardives depuis 1971, 2 le2l~Iovembre en Bds et 1 le 3 (G
FL©I-IART)
GOBE—r·1OUCHE NOIR Fzcedu/2 /7,1400/et/ca
2 ou 3 couples en foret de Laigue (60) (J.P BONNEL et J. LAW), nouveau site.
PHRAGI1 I TE AQUAT I QUE A craœp/72/us pa/udma/2
I BO le I4 aout 1990 a N0ye|Ies—su1`·me1`(8©) (G. FLOI-IART) *
GRIPIPEREAU DES BOIS Cart/7/.2 /Lam//1;2r1s
I cnanteur le 18 ltlars en F de Retz (60) (A. SPAGNLIOLO).
BEC CROISE DES SAPINS [OX/3 CC//"V//`05`[/`«?
ADOBE ga invasion ; passages sur le littoral des fin Juin, repere aussi en Juillet ;
6 FLOHAPT et L GAVORY compte en 26 jours de suivi des migrations entre le 7
Septembre et le IS Novembre, 1969 migrateurs (max. journalier OE 270). Pas de
donnees avant le 30 Juillet dans 1'Oise, nombreuses observations a partir de
Septembre et ]usqu'a la i in G6 l'annee engne et ailleurs. Quelques observations
en terres dans la Somme (COP)
POUI LLOT VELOCE /2*;)'//ascopos 60/A/0/'Z2
1 de la race 20/erem/s(Qou zrzsr/s'? 1 le 19 Novembre a Cnevrieres (60) (A.
ROUGE). *
BRUANT ORTOLAN 5070er/22 /20/Tu/202
1 le I4 Septembre en Bds (L. GAVORY) precedente donnee sur le littoral, 7 le 21
Septembre 1986 au I-l A.)
Abreviations · Bds · Baie de Somme ; I~I.A: l-lâble d'Au1t (80) ; l"l. r Mâle;
F ·F61`11eIle;|lT1 '|l`IlI`1l3(Llf`S

7
REGIME ALIMENTAIRE DES ANATIDES DANS LA SOMME
par Francois SUEUR
I
INTRODUCTION
Il y a quelques années, nous avons publié des
résultats sur le régime alimentaire de quelques oiseaux
aquatiques du littoral picard (SUEUR 1985). Un seul
Anatidé, la Bernache cravant Branta bernicla, était
mentionné dans ce travail. Le régime alimentaire d‘oiseaux
appartenant à cette famille a également été décrit, de
facon le plus souvent sommaire, dans d'autres études (SUEUR
1982 et 1986). La présente note a pour but d’apporter des
informations complémentaires sur le sujet. Les observations
ont été réalisées dans la Somme mais concernent cependant
essentiellement la plaine maritime picarde.
LISTE SYSTEMATIQUE
Cygne tuberculé Cygnus 01or
Seules quelques données préliminaires ont été publiées
sur l’alimentation du Cygne tuberculé dans la Somme (SUEUR
1986).
Au Hâble d'Ault, il semble consommer exclusivement le
Potamot à feuilles pectinées Potamogeton pectinatus en mai
(n = 72), novembre (n = 29) et décembre (n = 24), ou
presque en octobre (163 oiseaux se nourrissant de cette
plante et 1 autre une Algue, l'Ulve Ulva lactuca). De
juillet à septembre, son régime est plus varié avec bien
évidemment toujours une prédominance du Potamot (89,8 % ; n
= 59) mais aussi du pain lancé par les estivants (3,4 %),
des feuilles de Renouée persicaire Polygonum persicarïa
(3,4 %) et d‘Arroche Atriplex sp. (1,7 %) ainsi que des
algues vertes filamenteuses (1,7 %). Lors des vagues de
froid, il survit essentiellement grâce aux aliments que
l'homme met à sa disposition volontairement (85 individus
consommant des grains de blé Trîticum aestivum pour un seul
prélevant du Potamot en janvier 1985 dans cette localité)
ou non comme cela a été noté ailleurs (utilisation de
champs de céréales toujours début 1985 en janvier et
février dans les bas-champs de Cayeux et sur le plateau du
Vimeu tout proche, voire de champs de Radis chinois comme
ces 11 individus très affaiblis en janvier 1979 à
Lignières—Châtelain, N. RANSON).
Au Parc Ornithologique du Marquenterre (tableau I).
les végétaux aquatiques d'eau douce prédominent de janvier
à mai et le Potamot à feuilles pectinées le reste de

 
È
.\ I
J F IB M A M J M
n 50 34 28 21 58 84
J
Ecorce - — 7.1 — — ° —
VAED 54,0 55,9 85,8 61.9 74.2 16.7
Sulix sp. —--- 3,4 :·
M. ¤1b¤ s — -“ ----
T. repens ·-————
H. rhamnoîdes —--—--
P. pectidütus - - - 23,8 19,0 83,3
Poâgeàe 2,0 - - 14,3 3,4 -¤
T. Égstivum 30,0 44,1 7,1 - - "—
I E
J ' A S O N D
n 76 52 109 143 104 117
Ecorce - - — 0.7 - -
VAED 2.6 1.9 44.0 37.8 7.7 21.5
Sa1iw·sp. ---———
M.- 2:11 ba — 1 7 , 3 ————
T. Éepens - - 7,4 — - -
H. rhàmnoîdes - - - 2,1 M - 0,9
P. pectinàtus 97,4 80;8 48,6 55,9 87,5 79,8
Pqnceâe - · - 3,5 4,8 6,8
·T.¤estivum ——-———
Tàbleàu I - Régime nlimëntsire au Parc Ornitholoaique du
MàrquenterÉÈ du Cygne tuberculé Cygnus olor
(eiprimé en pourcentêgb d'individus consommant
I un type d'nlimentz.
s . .  
il _
I'
I I
LH
§'L'

9
l'année. Ces faits peuvent être interprétés par
l’épuisement progressif au cours de l’hiver des herbiers de
cette dernière plante, exploités intensivement par
plusieurs espèces végétariennes, notamment les nombreuses
Foulques macroules Fulica atra, et le retour vers leurs
cantons, plutôt situés dans les zones d'eau douce, des
Cygnes tuberculés à la fin de cette saison et au début du
printemps. Les grains de blé Trîtîcum aestîvum, donnés aux
oiseaux captifs du site, peuvent jouer un rôle important en
janvier et février lorsque les températures sont rudes.
Quelques plantes terrestres peuvent jouer un rôle non
négligeable à certaines époques de l'année : Poaceae (ex
Graminées) en avril et décembre, Mélilot blanc Melîlotus
alba en août et Trèfle blanc Tïifolium repens en septembre.
Les écorces sont consommées en mars et octobre mais ne sont
qu'accessoires dans le régime au cours de ce dernier mois.
Les feuilles de Saules Salix sp. en mai et d'Argousier
Hîppophae rhamnoides en octobre et décembre n'apparaissent
que de façon mineure.
Dans les autres localités du littoral picard, nos
données, moins nombreuses, concernent essentiellement des
végétaux aquatiques. apparemment seuls représentés dans le
régime en décembre et janvier (n = 45) et de mai à
septembre (n = 14). En février et mars. ces plantes
dominent toujours (92,7 % ; n = 55) mais sont accompagnées
par des Poaceae (7,3 %). Signalons seulement nos modestes
données d’avril concernant toujours des végétaux aquatiques
dont une Renoncule Ranunculus (Batrachium) sp. (un cas sur
12).
BAUER et GLUTZ VON BLOTZHEIM (1968). CRAMP et SIMMONS
(1977), BIRKHEAD et PERRINS (1986) ne mentionnent pas les
écorces, la Renouée persicaire, l‘Arroche, le Mélilot
blanc, le Trèfle rampant, les feuilles d'Argousier et le
Radis chinois dans le régime alimentaire du Cygne
tuberculé.
Le régime alimentaire des pulli au Parc Ornithologique
du Marquenterre est peu varié puisque composé exclusivement
de végétaux aquatiques d'eau douce et de Potamot à feuilles
peotinées (tableau II). Le passage d‘une catégorie
d'aliment à l‘autre de mai à août s'explique par un
déplacement local des couvées des cantons plutôt situés en
eau douce où les ressources finissent par s‘épuiser vers
les canaux saumâtres où les herbiers de Potamot n’ont pas
encore été exploités de manière très intensive.
Nos données sur le régime alimentaire des pulli en
juillet et août au Hâble d°Ault sont très modestes : Algues
vertes filamenteuses (4 cas), pain (4), feuilles d’Arroche
(3), de Renouée persicaire (3) et de Potentille ansérine
Potentilla anserina. Dans les autres localités de la plaine
maritime picarde, nous n'avons noté que des végétaux
aquatiques d'eau douce (17 cas).

10
M J J A
n 25 72 29 30
VAED 100,0 47,2 10,3 20,0
P. pectinatus - 52,8 89,7 80,0
Tableau Il — Régime alimentaire au Parc Ornithologique
du Cygne tuberculé Cygnus 01or pullus
(exprimé en pourcentage d'individus
consommant un type d'aliment).
Bien que peu nombreuses, nos données concernant les
pulli sont intéressantes dans la mesure où CRAMP et SIMMONS
(1977) signalent sans plus de précisions la consommation de
végétaux aquatiques, et probablement celle d‘insectes et
d‘invertébrés aquatiques.
Oie cendrée Anser anser
Le régime alimentaire de l‘Oie cendrée est
continuellement dominé par les feuilles de Poaceae au Parc
Ornithologique du Marquenterre (tableau III). Seul. le
Mélilot le complète de manière non négligeable en juin.
juillet et septembre. Les autres végétaux, qu’ils soient
d’eau douce ou terrestres (Arroche, Jonc Juncus sp. et
Scirpe maritime Scirpus maritimus) jouent un rôle presque
marginal.
BAUER et GLUTZ VON BLOTZHEIM (1968), CRAMP et SIMMONS
(1977) ne signalent pas l’Arroche, le Mélilot et les
inflorescences de Jonc dans le régime alimentaire de l'Oie
cendrée.
Il faut remarquer que des espèces apparentées ont des
régimes encore beaucoup moins variés, tout au moins au Parc
Ornithologique du Marquenterre, puisque composés
exclusivement de Poaceae : Oie rieuse A. albîfrons ( n = 99
d'octobre à février), Oie des neiges A. caerulescens (n =
41 de décembre à avril) et Bernache nonnette Branta
leucopsïs (n = 422 en juin et d'octobre à mars).
Canard colvert Anas platyrhynchos
Le Canard colvert est l’Anatidé qui présente le régime
alimentaire le plus varié. Les grains de blé prédominent en
janvier. Le Potamot à feuilles pectinées prend la première

11
J F/A M/J A S O N__ D
n 31 27 20 40 56 33 57 49
A —-—--- 3,5 -
B - - - 5,0 -—--
C - — 10,0 — 10,7 - - -
D - — — 5,0 ----
E - - - 5,0 ----
F - - — 5,0 3,6 - 1,8 -
G ---- 3,6 - - -
H 3,2 ---- 6,1 - -
I 96,8 100,0 90,0 80,0 82,1 93,9 94,7 100,0
Tableau III - Régime alimentaire au Parc Ornithologique du
Marquenterre de l'Oie cendrée Anser anser
(exprimé en pourcentage d’individus consommant
un type d'aliment).
A : végétaux aquatiques d'eau douce
B : Arroche Atriplex sp.
C : Mélilot Melîlotus sp.
D : Potamot à feuilles pectinées
Potamogeton pectînatus
E : Jonc Juncus sp. (inflorescence)
F : Scirpe maritime Scirpus marîtîmus
(rhizomes)
G : Scirpe maritime (feuilles)
H : Poaceae (racines)
I : Poaceae (feuilles)
place en février et de juillet à décembre. Celle-ci est
occupée de mars à juin par les feuilles de Poaceae qui sont
présentes toute l’année dans le régime. Leur importance
demeure mineure de juillet à décembre et s’accroit en
janvier et surtout février. De septembre à décembre, les
champs de Maïs Zea mays sont exploités très régulièrement
après la fauche. Les végétaux aquatiques d‘eau douce
occupent une place importante en juillet et d'octobre à
décembre (tableau IV).
BAUER et GLUTZ VON BLOTZHEIM (1968). CRAMP et SIMMONS
(1977) ne signalent pas les feuilles et les baies
d'Argousier, le Laiteron Sonchus sp., le Phragmite commun
Phragmites australîs et la Patience_ d‘eau Rumex
hydrolapathum mais cependant ce dernier genre est
mentionné. Ces auteurs indiquent la consommation de
Poissons de diverses espèces mais pas celle du Mulet Liza
ramada ou L. aurata.

12
J F M/J J A S O N D
n 321 51 15 102 664 872 399 304 382
A ---- — 0,1 - — -
B 4,1 — — 23,5 5,4 7,7 32,6 19,4 23,0
C - - - 5,9 3,0 2,6 - 0,3 -
D - - 26,7 - - ` ----
E ---- - - 1,5 - -
F - — - 10,9 -----
G --—- - 1,4 — 0,7 1,6
H ---- - 0,1 - - -
I ---- - 0,1 - - -
J ——-- - - 0,3 - -
K -——- 0,5 --—-
L ---- - 3,0 - - -
M ---- 0,5 ----
N 25,2 56.9 — 53,9 82,6 45,4 39,1 48,0 47,6
O --—- 0,2 -——-
P --—- 0,5 0,1 0,3 - —
Q - - - 2,9 1,2 0,1 - - -
R 13,7 23,5 66,7 2.9 5,8 3,8 5,0 5,3 3,4
S ---- 0,3 ----
T ---— - 37,9 21,2 26,3 13.1
U -—-- — 0,5 - - -
V 57,0 19,6 --—--- 11,0
W — - 6,6 --—---
X ---— - — — - 0,3
Tableau IV — Régime alimentaire au Parc Ornithologique du
Marquenterre du Canard colvert Anas platyrhynchos
(exprimé en pourcentage d'individus consommant un
type d‘aliment).
A : racines
B : végétaux aquatiques d‘eau douce
C : Algues vertes
D : Algues vertes filamenteuses
E : végétaux halophiles
F : végétaux terrestres
G : Salicorne Salicornia sp.
H : Arroche Atriplex sp.
I : Patience d‘eau Rumex hydrolapathum
(graines)
J : Patience d‘eau (feuilles)
K : Argousier Hippophae rhamnoides
(feuilles)
L : Argousier (baies)

13
M : Laiteron Sonchus sp.
N : Potamot à feuilles pectinées
Potamogeton pectînatus
O : Scirpe maritime Scîrpus maritimus
(rhizomes)
P : Scirpe maritime (feuilles)
. Q : Scirpe maritime (graines)
R : Poaceae (feuilles)
S : Poaceae (graines)
T : Maïs Zea mays
U : Phragmite commun Phragmites australîs
V : Blé Tiîticum aestîvum
W : Crustacé
X : Mulet Liza sp.
De mars à mai, l‘alimentation des pulli et des jeunes
non volants se compose d’Enteromorphes Ehteromorpha sp.
(46,4 % pour n = 28) et d’autres Algues vertes
filamenteuses indéterminées (21,4 %), de petits Crustacés
(25 %) et d'Insectes (7,2 %). Pour le régime alimentaire
des pulli de moins d’une semaine défini par analyse
stomacale d’individus trouvés morts, le lecteur pourra se
reporter à une de nos précédentes études (SUEUR 1982).
Sarcelle d'hiver Anas crecca
S’alimentant essentiellement de graines envasées ou
immergées, la Sarcelle d`hiver ne se prête guère à l'étude
du régime alimentaire par observation directe. Nos données
ne correspondent donc qu’au complément alimentaire prélevé
d’une autre manière. Nous présentons donc les résultats
(tableau V) sans aucun commentaire en l'absence de
renseignements sur la nature de la part principale du
régime.
En février, nous avons également noté la consommation
de blé (1 cas) et en août, celle de végétaux aquatiques
d‘eau douce (5).
Canard chipeau Anas strepera
Nos données pour cette espèce demeurent encore un peu
trop modestes (tableau VI). Nous pouvons constater
cependant l'importance des végétaux aquatiques d’eau douce
et du Potamot à feuilles pectinées dans son régime.
En juillet 1987, 10 jeunes non volants consommaient
des Potamots à feuilles pectinées.
Nos maigres données apportent toutefois quelques
précisions supplémentaires quant au régime du Canard
chipeau car, ni BAUER et GLUTZ VON BLOTZHEIM (1968), ni
CHAMP et SIMMONS (1977) ne mentionnent la Salicorne dans
celui-ci et demeurent fort vagues quant aux aliments
consommés par les jeunes.

ÈÈ
IT- I
I I az S O N
F1
- È? I
n 109 445 37
I " | I
VAED 0,9 29,9 —
Sdlicornîë sp.
tiges 80,7 4,7 —
gmnines - 0,4 100,0
Atriplex sp. .
feuilles - 2,5 -
graines 5,5 0,5 —
P. pectînatus 5,5 - - È
Poaceëe 7,4 62,0 —
- I
ii
Tnblenu V - Régime alimentaire nu Pirclprnithologique du
Murquenterre de la Snrcelle d'hiver Anës creccï
(exprimé en pourcentage d‘individus consommant
. un type d’nliment).
: _ Ja Jl/A S/O N D
I
n 53 9 14 24 37
VAED 100,0 - 50,0 58,3 48,6
Salicornïn sp. — — — 4,2 —
P. pectinàtus - 100,0 50,0 25,0 51,4
Pdîceïe — · — 12,5 —
Tableau VI — Régime nlimentiire au Pârc Ornithologique du
Marquenterre du Canard chipeàu Anâs streperâ
(exprimé enwpourcentage d‘individus consommânt
un type d'nliment). _ I
I I I ju 1
_ F
I "
I I I
- I I I I
I\' : _ I:.
2 11
r rî U : fn  

15
Canard siffleur Anas penelope
Les Poaceae occupent toujours la première place dans
le régime du Canard siffleur. Leur importance montre une
nette tendance à l’augmentation de septembre à mars lorsque
la disponibilité en. Potamot à feuilles pectinées décroît
notamment sous l'action de la consommation des Foulques
macroules. Cette dernière plante ne joue un rôle régulier
dans la diète du Canard siffleur que de septembre à
décembre et les végétaux aquatiques d'eau douce en
septembre et octobre.
J F M A/M S O N D
n 577 396 238 21 158 813 1181 842
A 6,1 4,3 2,1 9,5 25,3 27,4 7,4 9,6
B ————- 0,9 0,3 0,4
C - - 0,8 ----—
D —-—- 3,8 15,4 3,0 -
E -——— 1,3 0,1 - -
F 1,7 - - 4,8 25,9 19,5 25,8 15,7
G 92,2 95,7 97,1 85,7 43,7 36.7 63,5 74,3
Tableau VII - Régime alimentaire au Parc Ornithologique du
Marquenterre du Canard siffleur Anas penelope
(exprimé en pourcentage d'individus consommant
un type d’aliment).
A : végétaux aquatiques d'eau douce
B : végétaux halophiles
C : Salicorne Salicornia sp. (graines)
D : Salicorne (tiges)
E : Arroche Atrîplex sp.
F : Potamot à feuilles pectinées
Potamogeton pectînatus
G : Poaceae
CONCLUSION
Cet article apporte des précisions sur le régime
alimentaire de 9 Anatidés : le Cygne tuberculé, les Oies
cendrée, rieuse et des neiges, la Bernache nonnette, la
Sarcelle d'hiver, les Canards colvert, chipeau et siffleur.
La méthode utilisée n'est pas adaptée à l’étude des régimes
des espèces s'alimentant principalement de graines
immergées ou envasées comme la Sarcelle d'hiver présentée

16
ici, ou encore de proies animales aquatiques comme le
Canard pilet A. acuta ou la plupart des Canards plongeurs.
Cependant, nous tenons à inciter nos collègues picards
à accumuler ce type de données qui à long terme permettent
d'établir, au moins de manière semi-quantitative et sans
aucun dommage pour les espèces étudiées, le régime
alimentaire non seulement des Anatidés (présent travail),
de divers oiseaux aquatiques (SUEUR 1985) ou de Passereaux
comme le Chardonneret Carduelis carduelis (SUEUR 1990).
Ces relevés systématiques ont permis de détecter des
plantes non encore signalées dans le régime alimentaire de
quelques Anatidés si nous nous référons aux synthèses de
BAUER et GLUTZ VON BLOTZHEIM (1968) et de CRAMP et SIMMONS
1977).
Les renseignements apportés concernent essentiellement
le Parc Ornithologique du Marquenterre mais. même pour
cette localité, ils peuvent encore être affinés notamment
par l'obtention de nouvelles données de janvier à août chez
le Cygne tuberculé, de février à juin chez le Canard
colvert, d’avril à août chez le Canard siffleur et tout au
long du cycle annuel chez l’Oie cendrée et le Canard
chipeau.
BIBLIOGRAPHIE
Bauer K.M. et Glutz von Blotzheim U.N. (1968) Handbuch der
Vôgel Mitteleuropas. Band 2. Anserîformes (1. Teil) ·
Frankfurt am Main (Akademische Verlagsgesellschaft),
535 p.
Birkhead M. et Perrins C. (1986) The Mute Swan - London
(Croom Helm), 157 p.
Cramp S. et Simmons K.E.L. (1977) The Birds of the Western
Palearctïc, Vol. I - Oxford, London, New York (Oxford
University Press), 722 p.
Sueur F. (1982) Régime alimentaire des pulli de Canard
colvert Anas platyrhynchos dans le Marquenterre —
L'Avocette 6 : 100-101.
Sueur F. (1985) Régime alimentaire de quelques oiseaux
aquatiques sur le littoral picard - L’Av0cette 9 : 43-
50.
Sueur FÉ (1986) Le Cygne tuberculé Cygnus olor : statut
européen et premier cas de nidification au Parc -
Quelques aspects vie Parc Ornithologique, Bull. ann.
1986, Ass. Marq. Nat. 30-33.
Sueur F. (1990) Le régime alimentaire du Chardonneret
Carduelis carduelis dans la Somme - 0RfO 60 : 60-62.

17
NOTE SUR LA NIDIFICATION PROBABLE DE LA BARGE
A QUEUE NOIRE Lîmosa Iimosa EN PICARDIE
par Philippe CARRUETTE
La Barge à queue noire Limosa lîmosa est une nicheuse
rare en France (38 à 51 couples, DUBOIS et MAHEO 1986) et
particulièrement menacée. Elle figure d’ailleurs dans le
"Livre Rouge..." (de BEAUFORT et coll. 1983).
En Picardie, elle est notée aux deux passages
principalement de mi-mars à fin avril et de juillet à
septembre ainsi qu'en petit nombre en estivage (SUEUR et
COMMECY 1990).
En 1976, un couple a peut—être niché dans le
Marquenterre (chants et vols nuptiaux). Les couples les
plus proches de notre région se reproduisent en Seine-
Maritime (baie de Seine).
En 1990, deux Barges à queue noire sont notées en
permanence sur le Parc Ornithologique du Marquenterre du 28
avril au 5 septembre, une seule est observée jusque début
novembre. Un individu porte le plumage nuptial alors que
l‘autre présente le plumage d‘hiver légèrement roussâtre à
la poitrine (subadulte ‘? L'espèce niche généralement à, 2
ans). Le 2 mai, un chanteur parade et défend un territoire
sur une prairie patûrée par des Chevaux. Le 15, il survole
le Parc en vol nuptial. Entre les 15 mai et 29 juin, un
seul oiseau est noté puis à nouveau 2 le 30 juin. Il est
néanmoins peu probable qu’il y ait eu une reproduction
réussie.
Le 24 juin 1990, dans les prairies humides de
Noyelles—Boismont, un adulte en plumage nuptial parfait
défend son territoire. Il nous survole en émettant des
"kieu kieu" longs et bruyants sur deux syllabes rappelant
le Vanneau huppé Vanellus vanellus. Il s'éléve rapidement
puis vole de manière ralentie et mesurée, la tête inclinée.
Le site très favorable est constitué de canaux bordés de
Phragmites Phragmites australis, de mares de huttes à
faible niveau d'eau, de patûrages humides et de petites
parcelles labourées au sol sablonneux. Sur ce dernier
secteur à la même date. un couple d’Huîtriers pies
Haematopus ostralegus est cantonné et un couple d’Avocettes
Recurvirostra avosetta défend ses poussins. Six Combattants
Philomachus pugnax (3 mâles porteurs de couronnes nuptiales
et 3 femelles) sont également présents.

 
EI
18
I
La Bwrze à queue noire étant fidèle à son lieu de
nidificâtion, il serait intéressint en 1991 de prospecter
ce secteur fin mii ou début juin en évitant absolument tout
dérangement afin de prouver lâ nidification de cet oiseau E
rare et-menacé en France.
I REMERCIEMÈNTS
Je tiens È remercier Monsieur J.B. Mouronval et les
animateurs-nature du Parc Ornithologique du Marquenterre
pour leur participation aux observations.
BIBLIOGRAPHIE
de Beaufort F. (1983) Livre Rouge des espèces menacées en
Frânce, tome 1 : vertébrés - Paris (Secrétariat Faune
É Flore), 231 p.
Dubois P.J. et Mahéo R. (1986) Limicoles nicheurs de France
- Marennes (Ministère Environnement, LPO, BIROE), 291
P.
Suéur F. et Commeéy X. (1990) Guide'd@s oiseâui de 1ë baie
de Somme - EDF, DRAE Picardie, GEPOP, 192 p. '
   
ll
I
I
I I
I
I I
I I
I-
I
I
I1
.5*. ‘J
Ce I D
0
I E pj .;.
  u LEE J â ii-:. î -2514 -   â: IEEE J¤tlê|-Eëün h   BÃI|\.'L'€'E|ÃI 

19
DATES ANORMALES DE REPRODUCTION
DU GREBE HUPPE Podiceps cristatus
EN PICARDIE
4 Par Xavier COMMEC
Le 11 Octobre 1987, observant les oiseaux dans le marais de Boves
(Somme), je suivais aux jumelles un couple de Grèbes huppés qui
nageait et remarquais l'un d'eux s'engager entre les Phragmites
Phragmites australis ceinturant le plan d'eau et se coucher sur
un nid.
De retour sur place le 19 Octobre, je retrouve le couple avec au
moins deux poussins cachés dans les plumes du dos de l'un des
adultes. Cette éclosion de mi—Octobre vient s'ajouter à beaucoup
d'autres tardives que nous avons observées depuis maintenant plus
de 10 ans dans notre région.
En 1986 nous avions publié (1) une synthèse des données
concernant cet oiseau dans la région picarde. Cette étude
montrait que l'essentiel des reproductions se fait de Mars à
Août. Pour 167 nids repérés entre 1980 et 1984, 131 (78,5%) l'ont
été entre le 15 Avril et le 15 Juin. Pour 374 couples repérés
accompagnés de leurs poussins, toujours pendant ces 5 années, 92%
l'ont été entre le 1 Mai et le 31 Août.
Quelques observations de couples tardifs avaient aussi été faites:
10 couples pour lesquels les éclosions se sont produites entre le
15 Septembre et les premiers jours de Novembre (2 cas en
Septembre; 7 en Octobre : 2 pour la première décade, 4 pour la
seconde et 1 pour la troisième; 1 en Novembre). Dans le cas
décrit au début de l'article, l'éclosion qui s'est produite ente
le 12 et le 18 Octobre si elle est tardive n'est donc pas
exceptionnelle; pourtant Cramp et Simmons (2) semblent ignorer ce
phénomène en signalant les dernières pontes début Septembre. De
même ces auteurs ne signalent pas l'existence de secondes couvées
alors que nous avons montré que 15 à 20% des couples picards
effectuent cette seconde couvée (Commecy 1986 op. cite).
De 1980 (date du début des observations suivies sur la
reproduction de cette espèce en Picardie) à 1987, aucun succés
n'avait été enregistré pour les 4 pontes effectuées en Janvier ou
Février que nous avions repéré (chaque année une vague de froid
faisant échouer ces tentatives). En 1988, 4 jeunes d'environ 25
jours sont observés le 27 Mars dans un marais de Boves (différent
de celui où s'était déroulée la nidification tardive); cette
couvée (dont les 4 jeunes iront à l'envol) avait donc éclos fin
Février—début Mars, la ponte ayant été déposée fin Janvier-début
Février. L'hiver 1987-1988 ayant été particulièrement doux peut
expliquer cette réussite exceptionnelle.

20
Ces observations nous ont incité à réexaminer pour la période
1985 à 1989 les dates de nidification du Grèbe huppé dans la
Somme,en les classant comme nous l'avions fait précédemment pour
les données picardes.
Pendant cette nouvelle période examinée de 5 années, 74,7%
(n=l03) des couples observés sur le nid l'ont été entre le 14
Avril et le 15 Juin; valeur à comparer aux 78,5% observés entre
1980 et 1984. De même, 89,9% (n=238) des couples observés avec
leurs poussins l'ont été entre le 1 Mai et le 31 Août; valeur à
comparer aux 92% pour la même période entre 1980 et 1984.
Il apparait donc que même en dehors d'un hiver particulièrement
clément comme en 1987/1988, les Grèbes huppés de la Somme ont
encore étalé leur période de nidification, tant en commençant la
reproduction plus tôt qu'en en entamant de plus tardives. Ceci
devant contribuer à expliquer la vitalité actuelle de cet oiseau
dont la population nicheuse régionale augmente.
BIBLIOGRAPHIE
COMMECY X. (1986) : Eco—éthologie du Grèbe huppé (Podiceps
cristatus) en Picardie. L'Avocette 1986-10(1) p.5-29.
CRAMP S. et SIMMONS K.E.L. 1978. The Birds of the Western
Palearctic. Vol.1. Oxford.
\
X l
· W
\ _ _ Q   l .
--· x i" —   ·§ w .-
‘— m ?';wÉ= la A x
I ·  ·* K QL
'    jf  '* ` 1    -...... -  
q I v 7 _ R. X È? ,
· ¤ x'- \¤· . 
` · ‘ } »·• È _ , I ` ,
. . · · . « *1 -- ·
' .· . È ,·%FÈâ. M [ ~% X
\\ / . ‘yi§%%g£§. X-;;;,.-—-*'É‘ F
`M ·' fr ·   1  
‘5¤ .   -;:-¢qî·fî"‘%?'··j -~ \ F K
` ‘  .f" 'ÃFT;   'À''     /0
·  \ ' ' , III V, '_ _   ' }.
  I I X if] 'lfl il 4·>»:  \  
` · 1 z ,   'A;?·5‘(:r·`;`T? ` `* ·, I".
A ' ‘ · X \ xüQyLœÉ§FÈ¥&%Eï X .1.1.. — l
· ' ·_¢·  "' ·"_'f;Ã;`i   __ ' `
G C 1* \ @%&kM”"ë‘¥3'I¥?§*¤
· , _ -· \ . ‘ \< i   78; * g
- — .  "`bw L 1 q` I È" I    ·   ai Pl'};  / :
P \r .Q%% È , 7 `   / 1 E
`.‘ I` · 5   [ ‘     · -'    " $:1;;     aka;   ' \
~ ·' L , . 4 ..·. .»¢* yaïhüüüm "iz \ ·
2 J È I __H   —î  _    1%"`l?1".iï.'£j·-.;;=Z?;,«îïîiëïîif , Il    ·-
‘ - —~i¤;` ~’;y€—€Éïî?·*· ··—' ‘î=,;}ï *%$·T$3îFi§f?' 1. . `
j È-  â%·=é$.··_â¤'°"‘ sëitaîêïîîjëaistggïëàâl-;   »î#=->a<wî«-Éêëîâï§   · ·
Ã,. È, WL.;  —» 4     ’  `
-·'*· ' ·· - "'· · =:«     f‘””` »;?·*z=;·s#ê<?P=- ¢· uî   "‘iï»»;;i*“·î;·=·ëïàï<~.;-».,.·;=r* ‘1 · ·:
-- ? -Ã:: %=?—ÉSëg@ÉÉÈÉâ?`    ·
P" ° —·¤â. ' "SJÉÉ üyk?dVJ@%HïÃëüJë¢?â§gâi? ’î`;
<’ ._;x .  » =  .;·'é=v;`;:§~;ca#ë2.~;·=.??yÀ‘ ~ ' j "
·'*· —··—· -4;   —-· ' i    s çsv ·¢<r¢‘e2€€;·=5£#··îÉ·>>:=»··.~·>¢É"ï¤f\WL ··.l«· i¢s;=<=-- · =€=:î"’  xi? .  É
~ . .4. .  · ·  - ··- _ ·   Mr" 7.,13 ,.h,1,,·.« Pur É";   vl L Ã ·/*·«· 6*-. ';“·—. _ · 1 — ¤
"""' I  `-»— ‘ î  ·;:9·%}Ig/w'*··‘ju@·*"‘-O`!ï'*d" €·\'%ë"?'yZ27  I   ";·"*
 :·· ? ";;·',·_· 2 ` ,.., » lî ”Y·c··   K *."·—-ii?.    ` ` ' `
( 1, [if  ""- -=-T}   _ɧlïL»?;;.,···—-;·—‘.?tè`T§ I     + '
__ _ _   _ _~,§;'·<'< ·‘,-,»·t .·;:.:|5_ç;·'E_§î!‘ ‘. ï ,;~_:·,3t... L î
  -5 N; F   y i _·  · .Ã;;2· ——?\ .€·  ’-`î"?·":.<2ê-’ "· e 
  l` E I  _ "  °'_..·..t`à,*î?_
! [   " L ‘ ` I   Fill`? ~s;¥ 1.  1  I / ' ·'
S ·>"" ' _"`i.1ï_. ¥à—`J)É·l.L..`â —;  4]/ ...1 .. ,4,,,. * `
_ âîër- f Èîîîë- 21,T* ;%A»;L r4,'w

2 1
PREMIERE NIDIFICATION DU GREBE HUPPE
.P0¢ûbcps crzkiztus AU PARC ORNITHOLOGIQUE
DU MARQUENTERRE EN EAU SAUMATRE
par Philippe CARRUETTE
HISTORIQUE
Depuis plusieurs années, le Grèbe huppé est en extension en
Picardie et de plus en plus noté sur le Parc Ornithologique du Marquenterre
sans y nicher.
En 1984, il n'est noté qu'en période internuptiale. C'est à. partir de
1985 qu'on assiste à une présence plus régulière. Un individu est noté `
jusqu’au 6 avril. Le 27 octobre, deux adultes en plumage d'éclipse paradent et
échangent des matériaux. En 1988, la migration de printemps est bien notée
avec 9 oiseaux les 21 et 25 février mais l'espèce est absente en mai-juin. Elle
sera de retour en juillet avec la dispersion des nicheurs (adultes et juvéniles).
En 1989. on constate un nombre peu important d'individus mais un adulte
stationne en mai-juin. En 1990, un couple parade les 30 juin, 13 juillet et 3
octobre sans nidification décelée.
LA NIDIFICATION EN 1991
Un individu hiverne sur le Parc en janvier. La migration prénuptiale
ne fut jamais aussi bien notée avec 10 oiseaux le 25 février et un maximum de
16 lc 26. En mars, 4 individus sont observés le 4, 2 le 1 1 et 3 les 23 et 24. En
mai, un individu reste seul tout comme en 1989. Les 25 et 27 juin, deux
individus paradent avec offrandes de végétaux, danse de Pingouins, poursuites
et cris habituels... En juillet, un adulte est noté de temps en temps alors que le
passage postnuptial est bien commencé avec 2 grands juvéniles le 1 1 juillet et
1 adulte 3 juvéniles le 6 août. Le 1 1 août, le nid est repéré en bordure de berge
dans une roselière sèche. Il n'est pas visible du poste d'observation habituel ce
qui explique sa découverte tardive. Un adulte couve alors que l'autre lui
amène un poisson. Le 16 août, un poussin est observé sur le dos d'un des
adultes. Ce sera le seul. Deux semaines plus tard, il manque d’être capturé par
le male du couple de Goélands argentés L.anJ.s· 2/gcnfafzzs qui niche sur le
site. Le couple de Grèbes huppés et le pullus resteront sur ce plan d'eau
durant toute la. période de nourrissage.
A noter que, cette année, on constate la présence de nombreux
poissons sur tous les plans d'eau.
Ce couple de Grèbes huppés a niché sur le canal le plus saumâtre
du Parc Ornithologique. Une vanne.y permet d'amener régulièrement de l’eau
(et des poissons, surtout de jeunes Mulets LJ2.2 spp.) de l’estuaire de la
Somme pour maintenir un niveau moyen et constant.
Les futurs aménagements, notamment la mise en eau de cette
roselière, ne pourront qu'être favorables au Grèbe huppé. Les autres sites
s'avèrent peu favorables à l'espèce en période de nidification (qua.si—absence
de nourriture, niveaux d'eau volontairement bas, absence de site de
nidificationm). Le Grèbe huppé n'aura donc guère la possibilité de se
développer sur le Parc Ornithologique.

.        _ É î _ î _ _,T..,_,î,_,îT (
I
ii!  
2 2
I
¤ I
· il I"! 2 ·
.··1??f '
/g.,z .
I EI /’//,œ|( ’ I.
Q, I /' }   _ I
;, I I / /  
F-• I J I (' [I}, I . '· "" I
2 I E ' ·/ I »·" ·"I]   H
E 5   ,·I" ff .·'I;I`E
- g" I ig; /·/" ·/J   Ã-
. / · » i
L1 _//¢ rx'! ··'·/ _ ,’/ , F; .
È _.<ï~ q <; l -- 2
\\ \I I Il I
:3 \ Il \I.
IG ' ‘· `\ À |
CJ Ã R 1 1
5 I ‘\ D- I\ ' \`
.2* - +· A CI   ¤>
un I jr ll I
pg IÈH `   jl l/ (È
E I É I !/ [/I (II
°'_: I-.   rl ,·' I
É: I (IX"     _I`-· mv   œ
I J © I -·"\,` IHQ;   I
P - \"\     ` - I
Q; `·._"`\ BEI, ·‘;- I \§.`\ Q'. I
I = \` 1 ai "àx M   gi ·—
—· E `î· " L_ ' " ' ;:· ..
É ¥u\`—;`%Éi\\ .`\ I   I
I., `*î^2 ~~·\   È . .2
ma   \·"\ u` Eg $ .9
5; z;I·\__ _ "aàsâî ‘
s ag: É'- · ·   gg
È É Ik  
·aa °‘ "I.,  
L. I •" ‘ :1 '· ri
© É ’
I ‘ | I ZI
D I Il   îr
,¤ ·   .
ii ' ls" I àl · Y
M I _\"îL I
:5 ; ' I
Q I : I 'V   II
:2    
1% I-4. Li1,I L
| - · /· É
  I I
I m' ’Ã I
  "° " I
In I Il I 4// /` #1,* I
·; É · ' _,.·~·-"'<J   un   M I
E d___/_..···"'-P-I,   LI   |
«. -1* J,./·"”" //’ É. E · ya [
ê È ff I I /'· ;_\Ã / \\‘
I -" z f \
:‘··/’ / ¤ L ·
È Ã · N
·· I2 - ·"î··-———~x · *`\   I  
I _ III I -- 1. I ‘.  I·‘ :
LJ "î___î~ \ x" _ Il
·· ¤ #4. "~—~    
I 1 | I "*·—.___%;~î· É ÉIII P ’
I Il . I Zï I II II: I __ I I S'  I I; '_1
f*'î"’ ' "'— ,' "' ' '   É ‘ Ã A
- I I M al I I II Il il ELI I 1 I ¤
. I E I   I È I 2 x cc àà. Il I ca- I IQ I I
I
' I   I" I
SI Il
U ' I M
8
Qd
gg .
II Bi
I}   ¤'I'¤
··   E ... —.. ..
CI
' _ É
  JIM

23
NOTE SUR LE REGIME ALIMENTAIRE INHABITUEL
DE QUELQUES OISEAUX
par Philippe CARRUETTE
Le suivi régulier de l’avifaune du Parc Ornithologique
du Marquenterre donne parfois lieu à des observations
curieuses notamment sur le comportement alimentaire de
certaines espèces.
Le 4 juillet 1990. une Cigogne blanche Cîconia ciconia
arpente lentement les prairies désséchées du Parc, tête
baissée. Pratiquement à chaque coup de bec, elle capture
des Insectes dans les herbes hautes (à priori des Criquets)
en relevant la tête pour les avaler. Elle est entourée de
Lapins de garenne Oryctolagus cuniculus adultes et jeunes
qui n'ont absolument aucune réaction de crainte face au
grand échassier. C'est sûrement ce comportement peu
farouche qui va favoriser la capture d'un lapereau par la
Cigogne. Tué d'un seul coup de bec sur la tête, il est
avalé rapidement.
Le 7 juillet, cette même Cigogne capture un Lapin de
garenne adulte nettement plus grand que son bec (30 à 40 cm
?). Le Lapin, non atteint de la myxomatose, n'a pas bougé
lorsque la Cigogne est passée à côté de lui. Calmement,
comme si elle attrapait un Criquet, elle lui a donné un
coup de bec sur la tête. Le Lapin blessé agonise alors au
sol en remuant sans pouvoir fuir. Plusieurs autres coups de
bec l’ont achevé et la Cigogne mit 45 minutes pour l‘avaler
en entier la tête la première, les pattes arrières
dépassant longtemps du bec. Durant ce laps de temps, elle
régurgite huit fois sa proie.
Le 8 juillet, un Lapin de taille adulte est de nouveau
capturé, toujours au même endroit. Plus petit que le
précédent, la Cigogne l'avale en 5 minutes, habituée
maintenant à. ce genre de proie. Les Lapins sont devenus
nettement plus méfiants à l'égard de la Cigogne et
s’écartent, voire se dissimulent dans les hautes herbes à
son passage.
Opportuniste, la Cigogne a profité durant quelques
jours de ces proies faciles lors de sa recherche de
nourriture sur les prairies. Jamais l'oiseau n'a été vu
chassant le Lapin en se mettant à l’affût immobile comme il
peut le faire pour les Micromammifères. Ce comportement
alimentaire ne fut plus ensuite remarqué.

24
Le 12 mai 1990, un Héron cendré Ardea cinerea est noté
` à l'affût sur une dune face à un poste d’observation. Cet
affût n‘est pas pratiqué au hasard puisque le grand
échassier attend la sortie de lapereaux devant un terrier.
Par deux fois dans l‘après—midi, il capture deux jeunes
Lapins en les tuant à coups de bec.
Le 8 avril, un Héron cendré utilise une toute autre
. technique puisqu’il tente de noyer et d'avaler un jeune
Lapin de garenne encore vivant.
Il faut signaler que cette année, sur le Parc, les
Lapins de garenne étaient très abondants. Il n‘était pas
rare de voir des Renards Vulpes vulpes tentant de capturer
en vain des Lapins en pleine après—midi.
Le 16 juin. un Héron cendré adulte se pose sur un plan
d’eau. Aussitôt. une cane colvert Anas platyrhynchos
accompagnée de 6 pulli de 3 ou 4 jours les entraîne vers
une phragmitaie en émettant des cris d‘alerte. Le Héron
arrive à capturer un caneton resté en arrière.
Le 6 juillet, un Héron cendré adulte s'empare d'une
Musaraigne (couronnée ? Sorex coronatus).
En 1988, un jeune Héron cendré capture une Poule d'eau
Gallinula chloropus juvénile mais de taille équivalente à
celle d'un adulte et l’avale. .
Un Héron cendré adulte tue le 6 mai 1990 un Grèbe
castagneux Tachybaptus ruficollîs adulte (CARRUETTE à
paraître).
Le 29 octobre 1984, un Héron cendré juvénile capture
un jeune Rat musqué Ondatra zibethïca dans l'eau sur la
rivière des Evoissons (Somme).
Le 27 juillet 1982, un adulte tue et avale une
Couleuvre à collier Nëtrix natrix adulte prise dans l'eau
(réserve de Saint—Denis—du—Payré. Vendée) alors qu’un Héron
cendré juvénile regarde et se prépare à harponner une
Couleuvre à collier nageant devant lui mais ne la capture
pas en août 1982 dans les marais de l’Ile d’Olonne
(Vendée).
Le 21 septembre 1989, un Goéland marin Larus marinus
en vol capture un Grèbe castagneux nageant au milieu d'un
chenal du Parc.
La Poule d'eau a un régime alimentaire très
éclectique. En mai 1989, un couple niche sur un îlot dans
une touffe de Joncs Juncus sp. à trois mètres d'un nid
d'Avocettes Recurvirostra avosetta. Lors du départ
momentané du couple de Limicoles, une Poule d'eau casse les
trois oeufs pour les consommer.
L'espèce peut avoir des tendances charognardes. Ainsi.
le 30 juin 1990, un adulte se nourrit d'un cadavre de jeune
Mouette rieuse Larus ridîbundus sur la colonie.

25
De nombreuses espèces animales consomment les baies
d'Argousier Hippophae rhamnoîdes. Le 8 août 1990. deux
Becs—cr0isés des sapins Loxia curvirostra, espèce au régima
alimentaire très spécialisé, s'alimentent de ces baies.
REMERCIEMENTS
Tous mes remerciements vont à Mesdemoiselles C.
Descarpentries , E. Fojt , M. Legrand, C. Douche et C.
Clippet , Monsieur et Madame P. Dolphin. Messieurs D.
Chagot, F. Prévost, P. Poiré et V. Cohez pour leurs
observations.
DEUX MOYENS DE DEFENSE EFPTCACES FACE
A LA PREDATION DU BUSARD DES ROSEAUX
Cîïcus acrugzhasus
par Philippe CARRUETTE
Le 4 septembre 1991, un Busard des roseaux femelle et un juvénile
chassent ensemble au-dessus des plans d'eau du Parc Ornithologique du
Marquenterre. Dès l'arrivée des Rapaces, un groupe d’une centaine de
Sarcelles d'hiver Ana.; cnrcca décolle pour se reposer aussitôt. Devant
l'insistance des oiseaux de proie. les Sarcelles préfèrent s'éloigner sur un
autre plan d'eau.
Les deux Busards survolent ensuite un groupe d’une centaine de
Canards colverts Ana: la/ag/râ_}07c/}·0.s· qui réagit différemment. Les
Canards se regroupent au milieu de l'étang en une bande très serrée où se
mêlent une trentaine de Foulques Fizlzha atra , 8 Grèbes castagneux
Yëcâyàaptzzs ru/}è·0M3· , 7 Canards pilets Anas JCIJÃB et un Grèbe huppé
Podbcps czvlsfafus . Les deux Rapaces les survolent , les pattes pendantes,
serres ouvertes. provoquant un resserrement des oiseaux sur l'eau. Puis. la
femelle, posée sur un Argousier 150}:,00,0/}ac r/}.21111101?/c.s· , tente en vain à.
plusieurs reprises de capturer un mâle de Canard colvert isolé rejoignant le
roupe.
8 En septembre 1989, une femelle adulte de Busard des roseaux
capture sur l'eau, sur ce même plan d'eau, un mâle de Canard colvert isolé
(de taille aberrante !) avant l'envol. Les serres plantées dans le dos, elle le
soulève hors de l'eau et le dépose sur la berge toute proche pour le plumer.
Le Busard des roseaux capture également des Huïtriers pies
.ê’«2¢w1.af0pr1s os/ra/qgzzs au reposoir de marée haute. Ce sont toujours des
individus blessés qui ne s'envolent pas ou trop tard lors du passage du
Rapace, ou qui se tiennent isolés du fait d'un handicap (maladie...).

26
L'HERMINE Alusfc/a crmzbca, LES PIES 1%*2 pzba
ET LES LAPIN S DE GARENNE Ogrcta/agrus cuuzbu/us
par Claude BERNUZEAU et Philippe CARRUETTE
Le 12 octobre 1991, une Hermine Aûzste/a cnizziyca mâle est
observée en train de prospecter les dunes et les Argousiers Hippopâac
1·b.·21111101}f¢:s· sur le Parc Ornithologique du Marquenterre. Elle tente de
pénétrer dans un trou à. flanc de dune. Seule la partie avant de son corps
pouvant pénétrer, elle creuse avec ses pattes antérieures. Deux Pics
bavardes Bea pxkra en profitent pour descendre des branches d'un Pin
laricio Bims xzggra lanhzb et s'approcher du petit Carnivore. Une des Pics,
attirée par le mouvement, donne des coups de bec sur l'extrémité de la
queue de l'Hermine, la prenant même plusieurs fois dans son bec et tirant
dessus à chaque fois que l'Herminc disparaît en partie dans le trou. Cette
dernière sort régulièrement pour poursuivre les Pies mais sans grande
conviction. La curiosité des deux oiseaux silencieux, et non pas alarmant
comme envers un prédateur, vis-à-vis de la queue de l'Herminc est
étonnante.
L'Hcrmine part ensuite dans le couvert d'Argousiers. Quelques
minutes plus tard, un cri aigu s'en échappe. L'Hcrmine ressort aussitôt avec
deux Lapins de garenne §§/6/0/QQIJS cuzzzirzzhzs la poursuivant.
Que s'est-il donc passé à l'intérieur de ce fourré ? Nous laissons le
soin à un La Fontaine éventuel de trouver une morale à ce comportement de
la faune du Marquenterre.
OA = _ ·
‘ -*3* .
' ;y.·,,•;F", " ui  _   i.
. —\ •-··*‘ ""**· vl i  F

27
COMPORTEMENT ET TECHNIQUE DE PECHE DE
L'AIGRE'I’I`E GARZETTE Egrcttagarzcltz
I par Philippe CARRUETTE
Sur les étangs et canaux peu profonds du Parc Ornithologique du
l\/[arquenterre, l'Aigrette garzette emploie plusieurs techniques de pêche,
déjà décrites, en fonction de la densité des proies disponibles, de la
profondeur et de la turbidité de l'eau.
La pêche à. l'affût employée également par le Héron cendré Axdca
czizerca. Aucune tolérance d’individu de même espèce à. proximité.
La pêche en déplacements rapides (type danseuse). Une certaine
tolérance envers d'autres individus pêchant est constatée. Cette technique
est employée pour la capture dans des petits groupes d'alevins dispersés et
pour les insectes (Gerris) en surface.
La pêche en groupe. Elle est notée surtout l'été lorsque la totalité
des jeunes ont quitté les nids et que l'ouverture des vannes déverse de l'eau
saumâtre de l’estuaire chargée de jeunes Mulets Ã/Èâ spp. (forte densité de
proies). C'est lors de ces pêches collectives qu'un jeune volant est observé
en train de quémander de la nourriture à un adulte, ailes et bec entrouverts,
fléchi sur les tarses. Il adopte cette attitude successivement face à 7 adultes
différents qui ne régurgitent pas mais ne le repoussent pas.
Une technique, apparemment non décrite, est observée en bordure
des petits chenaux courant au milieu des vasières. L'Aigrette s'installe sur
la berge dans le sens du courant, complètement fléchie sur les tarses, le cou
replié prêt à. harponner. Le bec légèrement entrouvert effleure l'eau,
probablement pour diffuser un mouvement vibrant attirant les poissons.
L'oiseau peut être pratiquement couché, la tête au ras de l'eau. Cette
technique, notée chez un adulte le 15 septembre 1991, est utilisée de
manière solitaire (poursuite des autres Aigrettes) pour capturer des alevins.
•••Ol
TECHNIQUE DE CHASSE CONCERTEE DE DEUX
JEUNES RENARDS Vu.¢vc.s· Vujocs
par Patrick BERRY
Le 17 septembre 1991, en pleine après-midi, sur une prairie du Parc
Ornithologique du Marquenterre, nous avons pu observer deux jeunes
Reuards pratiquant une technique de chasse assez rare chez cette espèce.
L'un des deux individus contourne un rassemblement d'une dizaine
de Lapins de garenne OQ/CIO/ÃQIJS cuzzzitvzûzs qui se nourrissent sur la
prairie. Se déplaçant au trot, il resserre le cercle et rabat d'un seul coup tous
les Lapins vers les buissons d'Argousiers Hippopâac rbamxznzkics et les
hautes herbes. Le deuxième Renard, s'étant dissimulé dans le couvert, sort
alors brusquement et capture un des Lapins en le mordant au dos. Il part
vers la zone forestière avec sa proie dans la gueule, suivi par son
coixxpagxxoxx de chasse.

28
COMPORTEMENT DE JEUNES 1VIOUE'I'I`ES RIEUSES
.L'.zrus rzüüuudus
par Philippe CARRUETTE.
Depuis 1990, une Mouette rieuse adulte avec le pied gauche amputé
est observée sur le Parc Ornithologique. 1'..'oiseau se déplace en boitant,
prenant appui sur le tibia. Il est souvent noté sur le parking où son
agressivité et sa hardiesse pour la récupération des déchets alimentaires
sont bien supérieures à celles des autres Mouettes rieuses.
Cet individu, qui est un mâle, va élever une couvée sur la colonie du
Parc juste sur un îlot devant un poste d’observation. Le 8 mai, ce mâle
apporte comme offrande à sa femelle une tranche de saucisson sec (refusée
par celle-ci peut-être en raison de son état de fraîcheur."!) et le 15 mai un
fromage identifié comme de marque Vache qui Rit ( B0.s·r1i*29üz111¢û1.s·...!).
Le 30 juin, deux poussins se déplacent aux abords du nid et,
comportement étrange, boïtent tous les deux à gauche comme le mâle, sans
aucune malformation apparente ou blessure. Il est donc fort probable que
les jeunes ont imité la claudication de l'adulte. Le 2 juillet, ce
comportement est encore bien noté mais de manière irrégulière, confortant
la thèse de l'imitation.
Il est dommage que le manque de temps ne permit pas de suivre de
manière plus poussée cette famille de Mouettes rieuses.
5;:, __ .
. ·.'-0
PY'? ’.? 
•v’ \
: î Ve  
1  / ‘·‘°‘ ° “·
·   \ i W5
' 1 `È• ' ._  
 /   vx A  —  
J ~·· • ··»,— _ · V 2
  .