Avocette 2013 (37) 2
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revue naturaliste de Picardie Nature

o ‘Il

2013 - 37 (2) - ocToBRE 2013

PICàRDIE NàTURE

0 p 356 : Le suivi Jes Bécasseau): sanJerlings porteurs Je bagues
Je couleurs en Baie Je Gomme.

0 p 363 : Évolution Je la colonie Je phoques Je la baie Je Gomme
(France) : Phoque veau-marin et Phoque gris

0 p 3?6 : Le programme Halte migratoire Jans la Réserve Naturelle
Je la Baie Je Gomme, bilan Je 5 années Je baguage sur

la périoJe ZOOS-ZOIZ.

0 p 386 : Bilan préliminaire Je l'enquete sur les oiseaux « marins >>
nicheurs (Jite enquete GIQOM) pour la PicarJie. PérioJe ZOO9-ZOIZ

 

.-u..-n -.-.-..... - IÏNIEHI-

L’Avocette, un moyen de diffusion de l’information naturaliste pour |’Observatoire de la faune sauvage en Picardie.
Depuis sa création en 1970, |’étude et la protection de la faune sauvage de Picardie sont les moteurs de Picardie
Nature et |’objet principal de ses statuts. Depuis des années, des dizaines de bénévoles parcourent la région pour
mieux connaître le statut des espèces de différents groupes faunistiques.

Chaque jour met un peu plus en évidence la nécessité de préserver ce qu’il reste de nature dans nos trois
départements. Pour cela, l’association a décidé en 2009 de créer un Observatoire de la faune sauvage en Picardie
de manière a mieux cadrer et évaluer les politiques de conservation mises en place.

Les rôles de cet Observatoire :

- aider au recueil d’informations dans les domaines couverts par les différents réseaux naturalistes de l’association
(actuellement 11 réseaux naturalistes : amphibiens/reptiles, araignées, chauves-souris, coccinelles, criquets/
sauterelles, libellules, mammifères, mammifères marins, mollusques, oiseaux, papillons) par l’embauche de salariés
qui aident a l’organisation fonctionnelle des réseaux de bénévoles et participent au travail de terrain pour des
enquêtes régionales ou nationales ;

- communiquer les informations naturalistes régionales auprès des décideurs et du grand public. C’est la
qu’intervient notre revue naturaliste l’Avocette où vous trouvez les résultats de ces travaux mais d’autres moyens
existent aussi : publication d’atlas régionaux de répartition, mise a disposition de tous de données (non sensibles)
grâce au site internet de l’association, participation a des colloques, rapports scientifiques...

Le projet d’Observatoire de la faune régionale est soutenu financièrement par le Conseil Régional de Picardie, les
Conseils Généraux Somme et Aisne, l’Etat et l’Union Européenne.

- Sommaire

p.356

- Le suivi des Bécasseaux sanderlings Calidris alba porteurs de bagues de couleurs en Baie de Somme.
Par Xavier COMMECY, Sébastien NÉDELLEC et Thierry RIGAUX.

p.363

- Evolution de la colonie de phoques de la baie de Somme (France) : Phoque veau-marin Phoca vitulina
vitulina et Phoque gris Halichoerus grypus de 1986 à 2012.
Par Laëtitia DUPUIS et Cécile VINCENT

p.376

- Le programme Halte migratoire dans la Réserve Naturelle de la Baie de Somme, bilan de 5 années de
baguage sur la période 2008-2012.
Par Adrien LEPRETRE, Parc du Marquenterre

p.386

- Bilan préliminaire de l'enquête sur les oiseaux << marins »nicheurs (dite enquête GISOM) pour la Picardie.
Période 2009-2012
Par Thierry RioAux, coordonnateur Picardie de l'enquête GISOM 2009-2012.

L’AVOCETTE, publication naturaliste de :

Picardie Nature - 1 Rue de Croÿ - BP 70010 - 80093 AMIENS Cedex 3
www.picardie-nature.org - contact@picardie-nature.org

Directeur de publication : Patrick THIERY

Rédacteur en chef : Xavier COMMECY

Conception, relecture et mise en page : Xavier COMMECY, Florence FRÉNOIS

Photo de couverture : Couple mère-petit de Phoque veau-marin Laetitia DUPUIS

Tirage : 130 exemplaires - Prix d’un numéro : 8 Euros

Date d’édition : Octobre 2013

Consultable à l’adresse suivante : http ://www.picardie-nature.org/spip.php?rubrique35
Dépôt légal : Préfecture de la Somme - FR ISSN 0181 - 0782

Impression : I.P.N.S.

 

Le suivi des Bécasseaux sanderlings Calidrfs
alba porteurs de bagues de couleurs en Baie

de Somme.

Par Sébastien NÉDELLEC, Xavier COMMECY et Thierry RIGAUX.

Le Bécasseau sanderling est un oiseau de l'Arctique,
nichant dans la toundra au Groenland, en Sibérie et
au nord-est du Canada. Grand migrateur, l'oiseau se
disperse vers le sud, le long des côtes des cinq continents.
L'Europe et l'Afrique de l'ouest sont concernées par
la voie de migration Est-Atlantique, fréquentée très
majoritairement par les Bécasseaux sanderlings nichant
au Groenland (RENEERKENS & KOOMSON, 2008).

En Picardie, on peut rencontrer l'espèce presque toute
l'année sur le littoral, avec un minimum de quelques
dizaines d'oiseaux, voire une absence complète, entre la
mi-juin et la mi-juillet. Les maxima, qui peuvent atteindre
certains jours des milliers d'individus, sont observés aux
deux passages au cours des mois de mai puis de fin juillet
à septembre. Quelques centaines d'individus hivernent,
avec une tendance à la hausse de ces effectifs depuis
une quinzaine d'années : presque toujours plus de 100
individus depuis une dizaine d'années avec plus de 500
en janvier 2006 et plus de 600 en janvier 2010 (RleAux
2013).

En période migratoire, des stationnements brefs sont
observés occasionnellement loin de la mer, mais ils
concernent des oiseaux isolés ou de petits groupes ;
les chances d'y rencontrer un oiseau bagué sont donc
réduites, mais au moins un cas a été signalé, en dehors
de notre région, en vallée du Rhône au printemps 2010,
concernant un oiseau hivernant au Ghana (V. PALOMARES,
comm.pers.).

Notre littoral semble être un site des plus importants en
Europe pour les haltes migratoires de l'espèce compte
tenu des effectifs remarquables qui ont été relevés à
plusieurs reprises : 4 500 les 12 mai 2009 et 19 mai
2008 ; 2 650 le 31 juillet 2005 ou 2 100 le 20 août 2009
(RIGAUX 2013). Il est intéressant de noter que ces maxima
sont significativement plus élevés que ceux observés
précédemment en période migratoire, entre 1974 et
1984 puis entre 1991 et 2000 (RlGAux 1984, RlGAux &
BAWEDIN 2003, RoYER & RIGAux 2003).

Les oiseaux fréquentent l'ensemble de la baie à marée
basse. En fonction des coefficients, ils se regroupent à
marée haute en quelques points où ils sont alors plus
faciles à observer, notamment à la Mollière / Cayeux-sur-
mer d'où proviennent la majorité des contrôles. Quelques
oiseaux bagués ont également été observés à la Maye/
le Crotoy et à Quend-Plage.

L'observation fortuite d'oiseaux porteurs de bagues
colorées, les réponses rapidement obtenues du
responsable du programme Jeroen RENEERKENS et
la lecture de la page très complète et instructive
consacrée à cet oiseau sur le site internet du
Wader Study Group (http:Ilwww.waderstudygroup.
orglreslprojectlsand-background-fr.php)
ont incité certains d'entre nous à rechercher
particulièrement ces oiseaux marqués, notamment lors
des pics migratoires. C'est le résultat de ces premières
recherches que nous vous proposons ici.

Sites de contrôle des Bécasseaux sanderlings sur le littoral picard

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Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Objectifs du programme et
contexte géographique

Ce programme de baguage est mené dans le cadre
des travaux de recherche de l'université de Groningen
(Pays-Bas) en collaboration avec l'institut Néerlandais
de la recherche maritime (NIOZ) et le ‘Centre for African
Wetlands' (Ghana), sous la tutelle du ‘Global Flyway
Netvvork‘.

Quatre thèmes principaux sont étudiés :

1) Avantages et inconvénients de l'hivernage des
sanderlings à différentes latitudes

2) Stratégies de reproduction

3) Voies de migration et phénologie

4) Suivi des populations

5) Etude des lieux d’hivernage des juvéniles et de
leur survie.

Les points n°1, 3, 4, et 5 sont des recherches habituelles
sur les oiseaux et ils permettent de mieux connaître
l'espèce pour mieux la protéger : on sait que la taille
de la population est liée à la survie et à la productivité
des adultes ; le contrôle des oiseaux bagués permet de
déterminer le taux de survie d'une saison à l'autre. Par
ailleurs, la production annuelle de jeunes est obtenue
en calculant le pourcentage dejuvéniles dans un groupe
donné, à travers l'observation ou les captures.

Le thème n°2 mérite lui quelques explications de par
son originalité.

Type de baguage

Les opérations de baguage ont lieu à différentes
étapes de leur cycle de vie : sur les sites de nidification
au Groenland, sur les sites de halte migratoire en
Europe (Islande, Pologne, Angleterre, Pays-Bas,
Portugal) et sur les sites d'hivernage en Europe et en
Afrique (Mauritanie et Ghana). Au total, 5100 individus
ont été bagués (situation au 19' mars 2013).

Les oiseaux capturés sont équipés de plusieurs bagues
réparties sur les deux pattes : une bague en acier avec
un numéro unique, quatre bagues couleur en plastique
et un «drapeau » ou « flag » en anglais (bague avec un
petit prolongement plastique coloré).

La position et la couleur des bagues et du drapeau
forment une combinaison unique dans laquelle la
couleur du drapeau indique le pays où le baguage a été
effectué :

o rouge : Ghana (hivernage)

o blanc : Mauritanie (hivernage)

o vert : Islande (migration), Groenland (nidification)
o bleu :Angleterre, Portugal, Pologne (migration,

hivernage)
o jaune : Pays-Bas (migration, hivernage)

Les Bécasseaux sanderling ont une stratégie de
reproduction originale mais globalement mal cernée.
Certaines femelles pondent quatre œufs répartis en
deux nids, le premier est couvé par le mâle l'autre par
la femelle. Ce système permettrait de produire plus
de jeunes, mais requiert, en contrepartie, des efforts
importants pour les parents qui doivent couver les œufs
seuls. En définitive, ils ne peuvent quitter le nid que
durant un laps de temps très court pour se nourrir car les
œufs refroidissent vite. Les travaux de suivi des oiseaux
marqués visent à déterminer ce qui conduit les couples
à utiliser un ou deux nids sur les sites de nidification
groenlandais. Ce choix est-il conditionné principalement
par les conditions de nidification dans le Haut Arctique
(variation annuelle du niveau de neige, température,
disponibilité de la nourriture, présence de prédateurs) ?
Les conditions d'hivernage (maladie, nourriture) ou
durant les migrations prénuptiales (direction et force
du vent, alimentation durant les arrêts) jouent-elles
également un rôle ? Y a-t-il une différence de survie pour
les oiseaux nés de couples à un ou deux nids... ? (Texte
tiré de la page internet citée ci-dessus).

Les données acquises sur le littoral picard, agrégées
avec celles venant de bien d'autres points d'observation
dans toute l'Europe et l'Afrique doivent permettre
d'avancer dans la réponse à toutes ces questions.

 

Individu avec un flag vert (bagué en Islande)

 

Individu avec un flag blanc (bagué en Mauritanie)

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Premiers résultats en Picardie

Depuis l'automne 2008, jusqu'au 31 décembre 2012,
47 oiseaux bagués différents ont été repérés sur le
littoral picard et pour 36 d'entre eux, nous avons des
informations sur leur lieu de baguage et les contrôlés
ultérieurs (pour les 11 autres, une incertitude due à une
lecture incomplète de la combinaison de bagues ne
permet pas d'identifier formellement l'individu).

  
 

Remarques :
mig pré = migration prénuptiale (mai-début juin) ;
mig post = migration post-nuptiale (fin juillet-octobre).

La pression d'observation est plus forte au passage post-
nuptial (notamment de fin juillet à début septembre) qu'au

printemps, ce qui explique, au moins pour partie, le nombre

important d'oiseaux contrôlés durant cette période.

Au printemps, malgré la présence de groupes dépassant
le millier de bécasseaux observés dans de bonnes
conditions, il a parfois été constaté une absence d'oiseaux
bagués (ou au mieux une très faible proportion). Ces
groupes pourraient correspondre à des populations
d'oiseaux adoptant des stratégies migratoires échappant
aux opérations de baguage. La plupart des individus
contrôlés (64 %) n'ont été vus qu'une fois en baie de
Somme. Pour d'autres, les contrôles répétés mettent en
évidence un stationnement de plusieurs jours (11 cas
avec des stationnements d'au moins 2 et jusqu'à 17 jours)

° G5GGRG

Il s'agit d'un mâle adulte bagué au Groenland en juillet
2009, contrôlé en migration post-nuptiale dans les Côtes
d'Armor en juillet 2010, puis en hiver en Mauritanie en
janvier 2011 et enfin en migration pré-nuptiale en baie

2008 2009 2010 2011

nb d'individus

En prenant en compte les 36 individus et ceux dont
les combinaisons sont incomplètes mais dont le flag a
été observé, le total s'élève à 43 individus dont 13 ont
été bagués au Ghana, 12 en lslande, 8 au Groenland,
7 en Mauritanie, 2 aux Pays-Bas et 1 en Allemagne
(programme de baguage différent). Du printemps 2008
à l'automne 2012, le nombre d'oiseaux contrôlés se
répartit de la manière suivante :

   
 

2012
mig post

11(+2)

  

Certains oiseaux ont été vus plusieurs fois. Le nombre
d’oiseaux dont la combinaison a été partiellement
relevée apparaît entre parenthèses.

ou une fidélité au site de halte migratoire sur plusieurs
années (9 cas), ce qui est classique chez les limicoles.

Certains oiseaux illustrent ces deux cas. Par exemple,
l'individu G4RYRG (code indiquant la position des
différentes bagues et drapeau colorés, cf. http:llwww.
waderstudygroup.orglreslprojectlsand-colrings-fr.php)
a séjourné du 16 au 31 août 2011 mais avait déjà été
contrôlé les 31 juillet et 1er août 2010.

Lorsque des oiseaux sont observés en plusieurs
endroits, en fonction de la localisation des contrôles,
il est possible de connaître une partie de leurs trajets.
Les figures suivantes illustrent les lieux de baguage et
de contrôles de 7 individus pour lesquels les parcours
migratoires sont globalement assez semblables, à
quelques détails près.

de Somme en juin 2012.

Cet oiseau possède un CV peu fourni mais il a été
observé à chaque étape de son cycle de vie.

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- G3GWYR

La seule information concernant la migration post-
nuptiale provient de la baie de Somme en juillet 2011.
Sa zone d‘hivernage est inconnue.

Bagué en lslande en mai 2008, il est contrôlé ensuite
à la même période, en halte pré-nuptiale, en lslande
(mai 2009), en Ecosse (mai 2010) puis de nouveau en

lslande (mai 2011).
Cet oiseau révèle une voie migratoire utilisant au moins

Sa zone de nidification est supposée se trouver au rmande’ "Eœsse 9H3 France-

Groenland.

- G4WRWW

BaQUé e” mai 2009 e” ‘mamie (Seuk? infmmati?" Cet oiseau està cejour le seul individu contrôlé en baie
concernant la migration pré-nuptiale), loiseau transite de somme qui htveme en Europe qui plus est, eut un
par la baie de Somme en Juillet et aout 2011 et 2012. site relativement proche

Un stationnement « prolongé » y est remarqué au moins
du 30juillet au 16 août 2011.

Ensuite, l’oiseau poursuit sa route vers le sud pour se
fixer sur sa zone d’hivernage dans le Calvados (contrôlé
deux hivers consécutifs).

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° G1YYWY

Bagué en ‘Siande 3U Printemps 2010 (en halte Dié- Passé inaperçu en 2011, l‘oiseau est revu en migration
nuptiale). Sa zone de nidification est supposée se pré-nuptiale en baie de Somme en mai 2012

trouver au Groenland. Cet oiseau s‘est arrêté en

migration ioost-nuiotiaie dans le nord Finistère en Juillet Cet oiseau met en évidence l'utilisation de deux points
2010 (sa zone diiivernage demeure inconnue ; elle se du littoral de la Manche en période migratoire.

situe probablement en Afrique).

- R3RYRY

Cet oiseau a été bagué en janvier 2008 sur sa zone
d’hivernage au Ghana où il est contrôlé à plusieurs Si les données hivernales au Ghana sont nombreuses,

reprises pendant3 hivers consécutifs. |es périodes migratoires fournissent nettement moins

d’informations. On peut dire a minima que l‘oiseau
La seule donnée concernant la migration pré-nuptiale semble faire (régulièrement?) étape en France.
provient de la baie de Somme, en mai 2010. Sa zone de
nidification est inconnue.

Enfin, une donnée en migration post-nuptiale provient
de la Loire-atlantique en août 2011.

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Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Pîcardie Nature

- W4YRGY

Cet oiseau a été bagué en décembre 2006 sur sa zone
d‘hivernage en Mauritanie où il est contrôlé plusieurs
fois par la suite jusqu’en décembre 2010.

Entre temps, l‘oiseau effectue une halte printanière
en lslande en juin 2010. En migration post-nuptiale,
l‘oiseau a été observé 3 années consécutives en baie
de Somme (août 2010, août 2011 et août 2012). Une

- W4WWYY

halte en sud Finistère est constatée en août 2012, peu
après l‘observation en baie de Somme. Sa zone de
nidification est inconnue. En 2012, cet oiseau est au
moins dans sa 7è année.

Comme l'individu précédent, les données hivernales
sont nombreuses. On peut remarquer en outre la
régularité des haltes post-nuptiales en baie de Somme.

Bagué en décembre 2006 en Mauritanie, cet individu est
contrôlé aux Pays-Bas en mai 2012, puis en baie de
Somme en août 2012 (il est alors au moins dans sa 7è
année). Sa zone de nidification est inconnue.

Cet oiseau dénote par sa voie de migration printanière
semble-t-il plus orientale, mais moins que « OYOG »
(autre programme de baguage) qui a été bagué en
Allemagne en juin 2004 et observé en baie de Somme
en août 2010 et août 2011.

Une origine sibérienne pourrait alors être envisageable
pour ces deux oiseaux. Cependant, les observations
réalisées en mer des Wadden fin mai-début juin
prouvent que les Bécasseaux sanderlings prennent la
direction nord à nord-ouest, vers le Groenland, alors
que les Pluviers argentés, Barges rousses, Bécasseaux
maubèches et Grands Gravelots se dirigent vers le
nord-est (Klaus GÜNTHER, comm. pers.).

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Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Conclusion :

Les contrôles successifs d'oiseaux bagués mettent en
évidence d'une part une connexion importante entre le
Groenland, l'lslande, les lles Britanniques et la France,
et d'autre part, la grande amplitude de la migration de
ces oiseaux (de l'ordre de 4000 km du Groenland à la
France et 9000 km du Groenland au Ghana).

La régularité du Bécasseau sanderling aux deux
passages sur le littoral picard et les effectifs qui y sont
observés montrent l'importance de la baie de Somme
et ses environs pour l'espèce, en tant que zones de
repos et d'alimentation lors des étapes migratoires. La
nécessité de la préservation de ces sites est évidente.

Il sera très utile de poursuivre les recherches ciblées afin
de préciser l'importance des sites picards. En particulier,
des prospections supplémentaires au printemps (dès
le mois de mars) devraient permettre de contrôler un

Remerciements :

Nos plus vifs remerciements s'adressent à Jeroen
RENEERKENS et Klaus GÜNTHER, responsables de deux
programmes de baguage de Bécasseaux sanderlings,
pour les échanges fructueux et enthousiastes que nous
avons eus durant ces années.

Bibliographie :

RIGAUX T. (1984). Le Bécasseau sanderling (Calidris
alba) sur le littoral picard (département de la Somme).
L'Avocette 8 : 41-48.

ROYER P. & RIGAUX T. (2003). Halte migratoire de limicoles
sur le littoral picard : nouvelles données sur l'importance
des stationnements et recherche d'une optimisation des
méthodes de dénombrement. L'Avocette — n°spéciaI :
67-81.

RIGAUX T. & BAWEDIN V. (2003). Le Bécasseau sanderling
Calidris alba sur le littoral picard. Mise au point sur les
variations saisonnières d'abondance et les effectifs
maxima observés en baies de Somme et d'Authie.
L'Avocette — n°spéciaI : 83-87.

nombre d'oiseaux bagués peut-être plus important que
ne laissent paraître les résultats actuels et de mieux
évaluer le renouvellement des oiseaux et les durées
de stationnement des individus bagués. Enfin, malgré
la taille modeste de la population hivernant en Picardie,
des recherches d'oiseaux bagués seraient également
intéressantes à mener en hiver.

Nous incitons donc les observateurs à surveiller les
pattes des Bécasseaux sanderlings pour faire avancer
ce travail collectif. Jeroen RENEERKENS, responsable
du programme de baguage, répond très vite aux
sollicitations, ce qui permetde créer une vraie dynamique
au sein du réseau d'observateurs.

Nous remercions également Jacques LE BAiLL (site
internet penfoulic.com) pour la réalisation des figures et
la mise à disposition de clichés.

Nous remercions enfin tous les observateurs qui ont
contribué à ce travail collectif.

RENEERKENS J. & KOOMSON E. (2008). Migration routes of
sanderling along the East-Atlantic flyway : insights after
a year of colour-ringing. pp. 62-68 in : Global Flyway
Network : progress report for 2007. T.P. Piersma (comp.)
Privately printed. 73 p.

RiGAux T. in COMMECY X. (Coord.), BAvEREL D., MATHOT W.,
RieAux T. & ROUSSEAU C. (2013). Les oiseaux de Picardie.
Historique, statuts et tendances. L'Avocette 37 (1) : 152-
153.

RieAux T. Bécasseau sanderling in COMMECY X. (Coord.),
BAvEREL D., MATHOT W., RiGAux T. & RoussEAu C. (2013).
Les oiseaux de Picardie. Historique, statuts et tendances.
L'Avocette 37 (1) : 152-153.

Xavier COMMECY
4 place Godailler Decaix 80 800 Gentelles
xavier.commecy@wanadoo.fr

Sébastien NÉDELLEC
seb_nedellec@yahoo.fr

Thierry RIGAUX
11 rue d'Armor 80090 Amiens
rigaux.th@gmail.com

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Évolution de la colonie de phoques de la

baie de Somme (France) : Phoque veau-

marin Phoca vitulina vitulina et Phoque gris
Halichoerus grypus de 1986 à 2012.

Par Laëtitia DUPUIS et Cécile VINCENT

Introduction

La baie de Somme est un estuaire sablonneux de 70
km2 situé au nord-ouest de la France, au niveau duquel
le fleuve << la Somme » se jette dans la Manche (50°14'
N et 1°34' E). Cet estuaire est soumis à un régime tidal
important, présentant un marnage de 9 mètres. Le flot,
atteignant une vitesse de 2m/s, y est plus rapide que le
jusant, ce qui explique en partie l'ensablement de cet
estuaire.

La baie de Somme accueille actuellement deux
espèces de phoques : le Phoque veau-marin Phoca
vitulina vitulina et le Phoque gris Halichoerus gruypus.
Le Phoque veau-marin y est sédentaire et reproducteur,
il représente à l'heure actuelle 63% de la population
française de cette espèce (HAssANi et al. 2010). Le
Phoque gris est présent toute l'année et a tenté à quatre
reprises de mettre bas dans l'estuaire, 100% de ces
jeunes se sont échoués.

La publication la plus ancienne faisant mention de l'état
de la population de phoques de la baie de Somme
date de 1858. Une seule espèce de phoque est alors
décrite : le Phoque veau-marin. L'auteur (LABITTE 1858)
décrit alors une population sédentaire que l'on pouvait
nombrer par centaines d'individus dans les années 1840,
qui est en déclin en cette fin de XIX° puisqu'il écrit << je
suis bien content maintenant quand j'en peux compter
une trentaine, les petits de l'année compris ». Quelques
années plus tard, DE LA BASSÉE recense jusqu'à 15
individus (en 1895) et DIGUET note que l'espèce est
devenue très rare et que la cause de cette diminution
des effectifs est imputable à l'homme (en 1896). LOMIER
note qu'en 1911, 6 individus furent prélevés. Deux
autres captures sont signalées en 1924 et 1925 par
CHABOT (ETIENNE 1985). De 1976 à 1978 DUGUY (1980)
signale la présence de 2 individus et envisage une
réintroduction de l'espèce. Au cours de l'été 1979, 8
individus sont observés et le projet de réintroduction
est différé (ROBINEAU 2004). Ce projet sera ensuite
abandonné. Entre 1976 et 1985 les effectifs sont faibles,
en moyenne 4,2 individus présents par an (ETIENNE
1987). En 1986, un effectif de 10 individus est noté ;
une première naissance est observée en 1988 (ETIENNE
1989) en baie de Somme. Depuis 1986, les effectifs
sont en augmentation avec un taux d'accroissement de
population variable d'une moyenne de 17% (entre 1987
et 2012) ; cette nouvelle population donne naissance à
au moins un petit par an depuis 1992 avec un taux de
reproduction moyen de 13,5%.

La présence de Phoques gris a été décrite en France
au XVlll° siècle, mais l'ouvrage ne faisait pas mention
de la présence d'une colonie permanente (PRIEUR 1984).
L'observation la plus ancienne de Phoque gris en baie
de Somme remonte à 1988. Initialement présents
hors période de reproduction, ils sont actuellement
présents tout au long de l'année et présentent un pic
de fréquentation en été. Le taux d'accroissement de
la population de Phoques gris en baie de Somme est
de 24% sur la période 1988-2012. Des échouages
de jeunes possédant un lanugo blanc et un cordon
ombilical frais laissent supposer que des naissances
ont eu lieu sur ce site au cours des hivers 2007-2008
(n=1, fév. 2008), 2008-2009 (n=2, déc. 2008 et fév.
2009), 2010-2011 (n=1, janv.2011). Parmi les 4 jeunes
nés en baie de Somme, 1 s'est échoué vivant, il a alors
été pris en charge par l'association, transporté au centre
de sauvegarde de la faune sauvage de Picardie Nature,
transféré au centre de soins d'Océanopolis puis remis
en milieu naturel près de Molène en avril 2011.

Des études ont démontré que les dérangements
peuvent avoir une conséquence sur l'évolution des
populations animales, comme la chute des effectifs

notée sur les dauphins ou le Phoque moine d'Hawaï
Monachus schauinslandi. Le comportement des
phoques vis-à-vis des activités humaines est dépendant
de divers facteurs : la période de l'année (par rapport
à son cycle de vie), la taille de l'élément perturbateur,
le type d'activité humaine, la pression de chasse sur
l'espèce (dans certains pays) ou encore la répétition
du dérangement. (ANDERSEN et al. 2011). La distance de
fuite à l'arrivée d'une activité humaine est variable en
fonction des périodes de l'année. Le temps de retour
des phoques sur le reposoir après une mise à l'eau
est lui aussi variable, il est plus court en période de
reproduction et on note hors période de reproduction
des cas où les phoques ne remontent pas sur les
reposoirs. Ces réponses aux dérangements peuvent
être mises en relation avec la nécessité d'être hors de
l'eau (repos, vitamine D, naissances...) Par conséquent,
l'effet négatif principal des dérangements récurrents en
période de reproduction, lorsque les animaux ont un
besoin important d'utiliser les reposoirs, est la dépense
énergétique plus importante et une influence sur les
résultats de la reproduction. (ANDERSEN et al. 2011)

L'association Picardie Nature mène depuis 1986 un
programme d'étude et de protection des phoques de la
baie de Somme à travers lequel des comptages réguliers
des effectifs de phoques présents à terre sont réalisés.
L'objectif de cet article est de décrire les observations
relevées au cours de ces dernières années.

page 363
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Phoque gris C.MARTIN

Phoque veau-marin C.MARTIN

page 364
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Pîcardie Nature

Matériel et méthodes

Les recensements de phoques sur leurs reposoirs de
marée basse sont réalisés de façon décadaire de la mi-
septembre à la mi-juin et quotidiennement de la mi-juin
à la mi-septembre (surveillance estivale).

La baie de Somme est un site où de nombreuses
activités humaines sont présentes, notamment en été,
lors des vacances scolaires. Cette période correspond
à la saison des naissances, de l'allaitement et de la
reproduction des Phoques veaux-marins (RoBiNEAu
2004), qui ont alors besoin de plus de tranquillité sur les
reposoirs. Une surveillance estivale est alors mise en
place, depuis 1990, afin de protéger les zones de repos
des phoques à marée basse.

Les recensements sont réalisés sur une période de 5 à
6 heures autour de la marée basse (de 3h avantjusqu'à
2 à 3 h après). Lors des comptages décadaires, les
marées basses situées entre 10h et 16h sont favorisées.
En fonction du nombre de personnes disponibles lors

Résultats

des recensements, différentes équipes sont formées.
Seuls les effectifs maxima observés par séance de

terrain, sont conservés et analysés. Les recensements

peuvent être réalisés en observations terrestre, maritime

(bateau moteur et/ou kayak) et aérienne (ULM).

Les recensements sont réalisés à l'aide de longues-
vues 30x (terrestre et maritime) et d'un appareil photo

numérique équipé d'un zoom 500 mm (maritime et

aérien) en respectant une distance de sécurité de 300

m, avec les groupes, pour ne pas provoquer de mises

à l'eau.

Lors de leur présence sur les terrains, les observateurs

relèvent toutes les interactions avec l'homme dont ils

sont témoins : les mises à l'eau dues à des activités

pratiquées à proximité des reposoirs, le nombre de

personnes qu'ils sensibilisent  Toutes ces données

sont enregistrées et analysées.

Evolution interannuelle des effectifs maxima de phoques

La Figure 1 montre l'évolution des effectifs de phoques
en baie de Somme basés sur les effectifs maxima
dénombrés, en été, chaque année pour les deux
espèces.

La tendance générale est à l'augmentation des
populations pour les deux espèces, passant de 10
à 370 Phoques veaux-marins de 1986 à 2012 et de 1
à 92 Phoques gris sur cette même période, avec une

tendance exponentielle. Pour les Phoques veaux-
marins on observe un accroissement moyen de +17%
/an depuis 1986 (f(x)=1,61e°—‘5X; R2=0,94). Pour les
Phoques gris, on observe un accroissement moyen de
+24% depuis 1988 (f(x)=0,05e°=2”; R2=0,98).

Figure 1 : Evolution des effectifs maxima annuels de phoques
recensés en baie de Somme à marée basse (Phoques veaux-
marins : carrés bleus, Phoques gris : losanges rouges).

 

400
350
..,, 300
‘hl
«a:
C
m 250
(5
 200
ä
E 150
(D
"âme
8:
Lu 50
0
Ëèèäägâæâääâäâäëâäîä
ÔÎÔÎÔÎÔÎÔÎÔÎÔÎÊÊÊÊŒÊÊ
Années

page 365
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Évolutions saisonnières des effectifs de phoques

Figure 2 : Evolution saisonnière des effectifs de Phoques
veaux-marins observés en baie de Somme (moyenne sur la

période 1989-2011).

Figure 3 : Evolution saisonnière des effectifs de Phoques gris
observés en baie de Somme (moyenne sur la période 1989-

1
0,9
0,8
0,7

0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
“IIII I
O n. n.
g 
ë L?

Q
m
È

Juin

ñ
È

proportion / effectif maximum annuel
Avril
Juillet
Aout
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre

mois de l'année

1

2011).
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2

“IIII I

O n. n.

a: a: r“

—)

Q
È

ñ
È

proportion [effectif maximum annuel
a

Avril
Juin
Juillet
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre

mois de l'année

Les Figures 2 et 3 présentent les évolutions saisonnières
des effectifs maxima mensuels recensés en baie de
Somme, pour les deux espèces de phoques.

Ainsi on observe une variation des effectifs dans l'année,
avec un pic de population pour les Phoques veaux-marins
en août et une population réduite à moins de 50% des
effectifs maxima en période hivernale (décembre à février).

Evolution des naissances de phoques en baie de Somme

60 30%
50 25%
(I)
<1!
«v
a R2=0, 20%
8 40 g
.Q
o la:
(n 15% ‘à
‘D ‘o
ë 30 e
(U O.
Ê 10% e
Ë 20 g
g 5% ä
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.Q
E10 o
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0 III l _5%
ooovox-cximvmcoixoooäox-NoovLocoixooovox-N
ŒŒOÜOÜOÜOÜOÜOÜOÜOÜOÜOÜŒŒŒŒŒŒŒŒŒŒFFx-
ouovovovovovovovovovovovooooooooooooo
‘-v-v-v-v-v-v-v-v-v-v-v-NNNNNNNNNNNNN

Années

Les deux espèces ont tenté de se reproduire en baie de
Somme, seul le Phoque veau-marin réussit à mener son
jeune au sevrage. La première naissance fut observée
en 1988 (ÉTIENNE 1989), ce n'est que depuis 1992
qu'on observe au moins un petit par an. Les taux de
reproduction constatés sont variables allant de 8% en
1997 à 22% en 2001. La Figure 4 montre l'évolution des
naissances de Phoques veaux-marins observées en
baie de Somme de 1988 à 2012. On observe un taux
de reproduction moyen de 13,47% et une augmentation
exponentielle des naissances (f(x)=0,82e°v”*; R2=0,96).
Le taux de reproduction permet-il d'expliquer
l'augmentation de la population ? C'est ce qui est
représenté à la Figure 5. Si le nombre de phoques
maximum observés lors de l'année N est égal au nombre

page 366
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

maximum N-1 additionné au nombre de naissances
observées lors de l'année N on peut penser que les
naissances sont responsables de l'augmentation de
la population. Or, le graphique nous montre que dans
48% des cas, le nombre maximum de phoques observé
en année N est inférieur à l'addition. Ainsi les phoques
observés durant l'année N-1 ne sont plus tous présents
lors de l'année N.

Sur la période 1992-2002, la majorité des naissances
ont eu lieu en juillet (à 71%) et en juin (à 20%), on note
quelques naissances tardives en août (8%).La date
moyenne des naissances est calculée et représentée en
Figure 6. Ainsi sur la période 1992-2012 on observe une
avancée annuelle des naissances de 0,9 jour par an.

Nous avons déjà présenté les quatre naissances de
Phoques gris, repérés suite a leurs échouages. Les

12/02/2008,

18/12/2008 et 10/11/2009 il

s'agissait

d'animaux morts; le 11/01/2011 l'animal était vivant.

Nombre de naissances observées

60

50

40

30

20

10

1988
1989
1990
1991

R2= OJ

2008 —

III N l I
NOOWLOCONOOŒOvç-JOOvLOŒN ovox-N
ŒŒŒŒŒŒŒŒOOOOOOOO Ox-x-x-
ŒŒŒŒŒŒŒŒOOOOOOOO OOOO
FFFFFFFFNNNNNNNN NNNN

Années

3096

2596

2096

1596

1096

598

096

-5%

Taux de reproduction

Figure 4 : Evolution du nombre de naissances constatées
(histogrammes) et du taux de reproduction (courbe) des
Phoques veaux-marins, en baie de Somme, de 1988 à 2012.

Nombre de phoques

400
350
300
250
200
150
100
50

0

î Maxi Phoques veaux-marins
comptabilisé (N-1)

Î Effectif maximum observé

1988

Nombre de naissances
observées (N)

   
    

_  i
cnox-Nœvmœrxoocnowcæioovmcovxoocnox-N
OOCDCDCDŒCDCDCDCDCDŒOOOOOOOOOOx-x-x-
CDCDCDCDCDCDCDŒŒŒŒOOOOOOOOOOOOO
x-x-x-x-x-x-x-x-x-x-x-NNNNNNNNNNNNN

AnnéesN

Figure 5 :

marins en baie de Somme

Comparaison des effectifs de Phoques veaux-

maxima observés l'année

précédente (n-1) + les naissances observées l'année en cours
(n) et les effectifs maxima observés l'année en cours (n), de

1988 à 2012.

page 367

Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

_ Ü

Dates

20/06

Années

ü Dates de naissances moyenne
Linéaire (Dates de naissances moyenne)
—————————————— —— Médiane

 

1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

Mortalité juvénile

Parmi les naissances constatées chaque année, tous
les jeunes ne sont pas amenés jusqu'au sevrage par
leur mère. Il arrive fréquemment que des jeunes non
émancipés soient retrouvés échoués, soit vivants, soit
morts au cours de l'été. Il arrive parfois que des jeunes
émancipés dans leur première année de vie, s'échouent
dans les mêmes conditions. Lorsque ces animaux
s'échouent vivant, ils sont pris en charge en centre de
sauvegarde puis remis en milieu naturel lorsque leur
état de santé le permet.

Entre 1992 et 2012, 380 Phoques veaux-marins sont
nés en baie de Somme, seuls 268 d'entre eux, ont
été sevrés naturellement par leur mère. Ce sont donc
112 jeunes (29%) nés en baie de Somme qui ont été
prématurément séparés de leur mère et se sont échoués,

Interactions avec les activités humaines

Chaque année depuis 1990, Picardie Nature met en
place une surveillance estivale, des bénévoles sont alors
recrutés et assurent une présence quotidienne sur le
terrain sur une durée de 12 semaines. Les mises à l'eau
des groupes de phoques par les activités humaines ont été
recensées (n=1513 en 23 ans), une trentaine d'activités
ont été répertoriées comme ayant provoqué au moins
une mise à l'eau. La Figure 7 présente le nombre total
de mises à l'eau observées chaque année. On s'aperçoit
que malgré la mise en place de la surveillance estivale,
les mises à l'eau sont en augmentation. La Figure 8
présente l'évolution des mises à l'eau provoquées par les
3 activités les plus représentées :

> Les promeneurs et kayaks avec respectivement
20,8% et 21 ,3% des mises à l'eau totales, sont en nette
augmentation,

> Les bateaux de plaisance avec 17,3% des mises à
l'eau totales, sont en légère augmentation.

page 368
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Figure 6 : Évolution des dates de naissances moyennes des
Phoques veaux-marins en baie de Somme de 1992 à 2012.

dont 81 vivants et 31 morts. Parmi ces jeunes non
émancipés échoués vivants qui ont été pris en charge
dans un centre de soins, 71 (soit 87%) ont retrouvé leur
milieu naturel, tandis que 10 sont morts en centre de
soins. Tous ces animaux remis en milieu naturel après
réhabilitation ont été marqués d'une bague permettant
de les identifier en cas de nouvel échouage.

Cinquante jeunes de moins d'un an ont été retrouvés
échoués morts au cours de leur première année. En
émettant l'hypothèse que tous les animaux morts ont été
retrouvés, on peut donc estimer qu'au total, 91 animaux
nés dans la baie sont morts avant l'âge d'un an. Le taux
de survie (à 1 an) des jeunes Phoques veaux marins
nés en baie de Somme serait ainsi au maximum de 76%,
phoques réhabilités inclus.

Dans le but de pallier aux dérangements, les bénévoles
de Picardie Nature vont à la rencontre des personnes
susceptibles de provoquer une perturbation afin de les
informer de la présence des phoques en baie de Somme,
des distances de sécurité à respecter pour l'observation
et des impacts d'une mise à l'eau provoquée par une
activité humaine à marée basse, c'est ce que l'on appelle
une « intervention ». Au total 3452 interventions ont été
réalisés au cours de ces 23 années d'étude et concernent
27 activités humaines. On s'aperçoit à la Figure 7 que
les interventions sont également en augmentation au
cours du temps. Parmi les activités humaines sujettes à
intervention, 4 sont majoritaires, elles sont présentées à
la Figure 9.

> Les promeneurs représentent 77% des interventions
totales, les interventions auprès des promeneurs sont en
augmentation importante

> Les kayaks représentent 8,4% et les cavaliers 3,6% > Les bateaux de plaisance représentent 6,1% des
des interventions totales, les interventions auprès de ces interventions totales, elles sont quant a elles en légère

 

deux activités sont en légère augmentation diminution.
450 l mises a l'eau
400 Î Linéaire (mises a l'eau) ,
o interventions .
350 ————lJnéake(hüervenfions)
‘E’ 300
ê’
g 250
‘ê
o 200
.5
o 150
100
50
0 6
Années

Figure 7 : mises à l'eau des phoques se reposant hors de
l'eau et interventions réalisées auprès d'activités humaines
à proximité des reposoirs, constatées pendant la période
estivale de 1990 à 2012.

Ü Bateaux de plaisance Linéaire (Bateaux de plaisance)
50 A Kayaks

ë Promeneurs Linéaire (Promeneurs)

45 ,,

Linéaire (Kayaks)

Dénombrement

    

5
a a
0 A Ï A
1987 1992 1997 2002 2007 2012

Années

Figure 8 : Evolution des mises à l'eau observées pour les
activités les plus fréquentes, en période estivale de1990 à
2012.

page 369
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

350

 

6 Bateauxdeplaisance p
300 Kayaks
ACavalIers 5p
250 > Promeneurs
‘â
E200
Ë150
E
o
.5 100
D
50
Ÿ Ô 4 >>‘ V ÀÀ
o kg‘ ‘AæAAAtAxA4xX0**A
OFNMVLCDŒNCDOUCJFNMVLCDCDNŒŒOFN
ŒŒŒŒŒŒŒŒŒŒOOOOOOOOOOFFF
ŒŒŒŒŒŒŒŒŒŒOOOOOOOOOOOOO
FFFFFFFFFFNNNNNNNNNNNNN
Années

Figure 9 : Evolution des interventions réalisées sur les types
d'activités les plus fréquentes, en période estivale de1990 a

2012.

Pour compléter le nombre de personnes sensibilisées des points d'observation depuis ie iittoiai (depuis

‘Ors des Séances de terrain» Picardie Nature pmpœe 1998) et des balades guidées à travers |'estran (depuis
ÜGPUÎS qüelqües années des anlmatlms Qratültes à 2006). Durant ces 20 années, ce sont près de 277 000

sur les phoques de la baie de Somme (depuis 1992),

60000
50000
._, 40000
C
<1)
E
9 30000
.9
E
g 20000
«a:
D
10000 l  
o I I N I I N I I N N
ox-Ncov-Lororxooœox-oicofl-Lororxooœox-N
ŒŒŒŒŒŒŒŒŒŒOOOOOOOOOOFww
ŒŒŒŒŒŒŒŒŒŒOOOOOOOOOOOOO
FFFFFFFFFFNNNNNNNNNNNNN
Années

Figure 10 : nombre de personnes accueillies lors des anima-
tions entre 1992 et 2012. (ci aprés)

page 370
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Discussion

Evolution des populations de Phoques veaux-
marins

Actuellement, les Phoques veaux-marins sont présents
le long du littoral du nord-ouest de la France, allant de
Dunkerque au Mont-Saint-Michel mais ils fréquentent
principalement trois sites, sur lesquels ils sont notés
sédentaires et reproducteurs la baie de Somme,
la baie des Veys et la baie du Mont-Saint-Michel.
Les effectifs maxima de Phoques veaux-marins observés
sur ces sites ont été compilés par HASSANI et al (2010).
En analysant ses données, on s'aperçoit que les
proportions de tailles de populations sont semblables
chaque année (entre 2004 et 2008), et représentent :

> en baie de Somme : environ 63% des effectifs recensés
le long des côtes françaises,

> en baie des Veys : environ 24%,

> en baie du Mont-Saint-Michel : environ 13%.

Figure 11 : répartition des 92600 Phoques veaux-marins en
Europe (données 2008, publiées dans Nammco 2010)

La France se situe au sud de l'aire de répartition
européenne du Phoque veau-marin que l'on retrouve en
Norvège, Russie, lslande, Danemark, Suède, Allemagne,
Pologne, Grande Bretagne, lrlande, Pays-Bas, Belgique
et France. Certains individus isolés sont parfois observés
plus au sud, en Espagne et au Portugal.

Dans les années 2006-2008, la population européenne
était estimée à environ 128 000 phoques, la France
en représentait alors que 0,3% (NAMMCO 2010).
Les populations de Phoques veaux-marins les plus
importantes sont celles de Grande-Bretagne avec 40%
de la population européenne et la mer des Wadden
avec près de 22%. Des échanges entre ces colonies et
celle de la baie de Somme existent, comme l'attestent
les observations de phoques marqués, faites en baie de
Somme : pour exemple, un Phoque veau-marin marqué
« P6 » à l'azote liquide est observé chaque année en
baie de Somme depuis les années 90, il a été marqué
en 1989 au Danemark.

Des bagues néerlandaises, belges et anglaises sont
régulièrement observées sur des phoques en baie de
Somme.

Norvège 8,3%

lslande 13,0%

Baltic 0,7%

Scandinavie 12,6%

France 0,3% lrlande 3,2%

   

mer des Wadden 21,9%

Grande Bretagne 40,0%

Plusieurs types de milieux sont utilisés en Grande-
Bretagne par les Phoques veaux-marins et représentent

une quinzaine de sites où ils sont présents. Sur les

côtes est de l'Angleterre et de l’Écosse les phoques

fréquentent principalement des estuaires où ils peuvent

se reposera marée basse ; sur les côtes ouest, ils utilisent

des rochers. Environ 50% de la population britannique

est observée dans les archipels écossais des Orcades

et de Shetland. Ces deux populations sont en déclin

depuis une quinzaine d'années, entre 2001 et 2008

elles ont chuté de 67% et 40% (Thompson et al, 2010).
Globalement, la population de Phoques veaux-marins

d'Ecosse diminue, celle de la côte est de l'Angleterre est

de nouveau en augmentation. Les comptages réalisés

en 2010 entre Donna Nook et Scroby Sands montrent un

taux d'accroissement de population de +5% par rapport

à 2009 et +21% par rapport à 2008 (SCOS, 2011). La

baie de Wash présente à elle seule une augmentation

de +26% par rapport à 2009.

Ce fut le site le plus touché par l'épizootie à Morbilivirus
en 2002, les effectifs actuels sont quasiment ceux
observés avant la chute des effectifs due au virus. De
1967 à 1988, la baie de Wash présentait une évolution
de population exponentielle ; elle a chuté de -52% en
1989 due au Morbillivirus, puis a repris sont évolution
exponentielle de 1990 à 2002, année au cours de
laquelle l'épizootie a de nouveau fait chuter la population
de -22%. Depuis 2003, les effectifs fluctuaient avec une
tendance à la baisse mais ces dernières années, la
courbe semble remonter (THOMPSON et al. 2010).

La mer des Wadden borde trois pays : les Pays-Bas,
l'Allemagne et le Danemark, elle est séparée de la mer
du Nord par une barrière d'îles. Elle est caractérisée
par une importante zone d'estran qui se découvre à
marée basse entre les îles et le continent. Elle couvre
environ 8000 km2. La population de Phoques veaux-
marins présentait une augmentation moyenne de 1975

page 371
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

à 1987 de +7,5% par an. En 1988, le Morbillivirus y a
tué environ 57% de la population. Durant les quatorze
années qui suivirent, de 1988 à 2001, la population
présentait une augmentation moyenne de +12,6% par
an, proche de la fonction exponentielle. En 2002, elle
a de nouveau été victime de l'épizootie à Morbillivirus

avec plus de 50% de mortalité (REIJNDERS et al. 2010).

Depuis, la population croit de nouveau de façon proche à
l'exponentielle avec une moyenne de +10,5% par an de
2004 a 2012 (TSEG 2012).

La population française de Phoques veaux-marins
présente actuellement une courbe d'évolution
semblable à ces deux sites proches (baie de Wash et
mer des Wadden). Lors des deux dernières épizooties
à Morbilivirus, cette population était jeune et peu

importante (25 individus en 1988 et 162 individus en
2002). On peut se demander si elle va suivre ce modèle
d'évolution. En travaillant sur l'immunité face au PDV
chez les Phoques veaux-marins, HÂRKÔNEN (2010) émet
l'hypothèse de retours de l'épidémie de façon cyclique.
En se basant sur l'intervalle entre les deux précédentes
épizooties de 14 ans, on peut s'attendre à un retour du
PDV en 2016 environ. La Figure 12 présente l'évolution
théorique des populations françaises de Phoques veaux-
marins en émettant les hypothèses d'une continuité de
l'exponentielle et d'un retour d'une épizootie en 2016
avec un taux de mortalité semblable à ceux observés
précédemment. D'autres facteurs peuvent entrer en
compte dans l'évolution des populations, comme l'arrivée
de nouvelles pathologies, les ressources halieutiques, la
compétition pour le milieu avec une autre espèce...

1BUU
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200

Effectifs théoriques
1979-1983
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999

Années

2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019

Figure 12 : Evolution théorique des Phoques veaux-
marins en France en cas d'épisode épizootique en 2016

Reproduction des Phoques veaux-marins

Au cours de l'été 2012, un total de 7267 jeunes ont été
comptabilisés en merdes Wadden, ce qui représente un
accroissement par rapport à 2011 de 3% et un taux de
reproduction annuel de 27,7%. Au cours des dernières
années, on observe un taux de reproduction variable sur ce

site, allant de 20,4% en 2001 à 31,5% en 2005 (TSEG 2012).

En Grande-Bretagne, globalement la population de
Phoques veaux-marins décroit, de façon variable selon
les sites depuis les années 1990 (SCOS, 2011). La baie
de Wash présentait jusqu'à épizootie à Morbillivirus de
2002, une augmentation proche de l'exponentielle. De
2002 à 2006 elle présentait une courbe décroissante, qui
remonte de nouveau.

page 372
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Les dénombrement réalisés en 2010 montrent un
accroissement de population de 9% et une augmentation
de la production de jeunes de 26% par rapport à 2009
(SCOS 2011).

En France, les Phoques veaux-marins se reproduisent

sur deux autres sites : la baie du Mont-Saint-Michel

et la baie des Veys. Celles-ci présentent un taux de

reproduction annuel moyen calculé sur la période 1997-
2008 de respectivement 21 ,9% et 17,3% par an (HAssANi

2010). Ce qui est supérieur à ce qui est observé en baie

de Somme de 13,9% par an sur la même période.

En comparaison, le taux de reproduction constaté en baie

de Somme est inférieur à celui observé sur les autres

sites de reproduction français et en mer des Wadden.

La production de jeunes constatées de 2009 à
2010 était de 11%, ce qui estégalement inférieurà ce qui
est calculé en baie de Wash. On a estimé précédemment
qu'au mieux 77% des jeunes nés en baie de Somme
ont passé la première année, soit une mortalité juvénile
d'au moins 24% la première année. Ce pourcentage
est néanmoins un minimum ne tenant pas compte de
la mortalité non observée, et intègre les jeunes sauvés
en centre de soins et réhabilités. Une étude globale
par marquage-capture-recapture serait nécessaire
pour estimer de façon plus fiable ce taux de survie en
milieu naturel. REIJNDERS estimait en 1992 qu'environ
60% des jeunes nés en mer des Wadden mourraient
la première année, contre 33% dans le Kattegat. THIÉRY
et al. (2003) émettent l'hypothèse que ces problèmes
de reproduction des Phoques veaux-marins en baie de
Somme seraient liés aux dérangements fréquents lors
de leur repos à marée basse et à l'absence de reposoirs
de marée haute.

Evolution des populations de Phoques gris

Aujourd'hui deux colonies sédentaires et reproductrices
sont observées en Bretagne: dans l'archipel des Sept-
Îles et dans l'archipel de Molène-Ouessant. En 1991,
on y notait respectivement la présence d'une dizaine et
d'une cinquantaine d'individus (RoBINEAu 2004). Entre
1991 et 2001, le taux d'accroissement de population à
Molène avoisinait les +7% par an (VINCENT et al. 2005),
les effectifs maxima y sont dénombrés en période de
mue (janvier-mars). La présence de Phoques gris
a cependant été signalée, entre 2007 et 2010, sur
plusieurs autres sites : baie du Mont-Saint-Michel, baie
de Somme, baie d'Authie et Phare de Walde (VINcENT et
al. 2010).

Environ 38% de la population mondiale de Phoques
gris se reproduit en Grande-Bretagne. La majorité
(88%) de ces phoques se trouvent en Ecosse : dans
les archipels des Hebrides et des Orcades. En 2010, la
population totale de Phoques gris en Grande-Bretagne
était estimée à 111 300 individus et 50 174 naissances
ont été dénombrées. Toutes les populations de Phoques
gris observées en Grande-Bretagne n'évoluent pas de
façon similaire. Selon les sites, les naissances ont lieu
de septembre à décembre. Dans l'archipel des Hebrides,
le taux d'accroissement de population diminue depuis
les années 1990 et le taux de reproduction reste
relativement constant. Dans l'archipel des Orcades,
ce même phénomène est observé depuis 2000. Sur
les autres côtes, le taux de reproduction continue
d'augmenter de façon exponentielle et les populations
augmentent. (SCOS 2011)

Reproduction des Phoques gris

En Grande Bretagne, au cours de l'année 2010, on
notait un taux de reproduction de 31%. Globalement sur
ces sites, la production de jeune est en augmentation
de +5,5% par rapport à l'année précédente et présente

Nous avons observé sur la période 1992-2012 une
avancée annuelle des naissance de 0,9 jour par an
(Figure 6). REIJNDERS et al. (2010) ont étudié le cycle
de reproduction des Phoques veaux-marins et se sont
aperçus qu'entre les années 1970 et 2009, les femelles
mettent bas 25 jours plus tôt. Plusieurs facteurs sont
décrits comme pouvant modifier la reproduction des
phoques (copulation, implantation de l'oeuf, gestation
et allaitement) :

> La photopériode au moment de l'implantation de l'oeuf,
> Les conditions physiques des animaux au moment de
l'implantation de l'oeuf,

> L'abondance des proies disponibles dans le milieu ;

> L'âge de la population ;

En moyenne sur la période 1974-2009, ils ont trouvé
que les naissances étaient avancées de 0.71 jour par
an.

Le second site, proche et important, pour les Phoques
gris en Europe est la mer des Wadden. Là-bas, le
maximum dénombré durant la mue (mars-avril 2012)
était de 4039 individus, ce qui représente un taux
d'accroissement de population de +22% par rapport à
2011. Entre novembre 2011 et janvier 2012, un total de
427 blanchons ont été observés, ce qui représente pour
cette saison un taux de reproduction de 10,6% (TSEG
2012).

En France, les effectifs maxima ne sont pas observés
à la même saison sur chaque site : en baie de Somme
ils sont observés en été, en baie d'Authie ils sont
observés principalement en été mais également en
octobre (2011), alors qu'en Bretagne c'est en hiver, lors
de la mue (janvier-mars). De même, les naissances
sont principalement observées en novembre-décembre
en Bretagne alors qu'en baie de Somme les jeunes
retrouvés échoués seraient nés entre décembre et
février.

Des variations saisonnières dans les effectifs de
Phoques gris sont décrits sur divers sites, les pics de
population sont observés en été (juin-août) au Kattegat-
Skagerrak, en février-mars au Danemark, lors de la mue
en mars-avril en Allemagne et aux Pays-bas (HÀRKÔNEN
et al. 2007).

Ces variations reflètent l'utilisation saisonnière des
sites de repos par les phoques, préférant certains
sites pour des périodes clés de leur cycle annuel, telle
la reproduction, la mue, la reconstitution des réserves
corporelles, et se déplaçant donc d'un site à un autre
entre ces périodes (VINcENT et al. 2005).

une évolution exponentielle depuis quelques années
(SCOS 2011). La population de Phoques gris dans
les eaux britanniques était estimée en 2011 à 111 300
individus avant la saison de reproduction, et le nombre
de naissances à 50 174 (SCOS 2011)

page 373
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

En 2011 le TSEG comptait 427 naissances de Phoques
gris dans la totalité de la mer des Wadden, ce qui
représente un accroissement par rapport à l'année
précédente de +11% et un taux de reproduction annuel
d'environ +10,5%.

La baie de Somme présente, à l'heure actuelle, un
taux de reproduction de Phoques gris quasi nul avec
5 naissances en 5 hivers dont la dernière le 2 janvier

2013. Cependant, au vu des habitats multiples utilisés
par cette espèce et de la forte croissance des effectifs
observés ces dernières années, il n'est pas impossible
que l'espèce devienne reproductrice dans l'avenir. Il
faudrait cependant qu'elle trouve un endroit calme et
émergé pendant plusieurs semaines sur lequel les
femelles pourraient allaiter leur petit : hauts de plage,
dunes, mollières, poulier de galets...

Interactions Phoques veaux-marins / Phoques gris

En Angleterre, l'hypothèse d'une interaction entre les
Phoques gris et les Phoques veaux-marins est réfléchie
pour expliquer la chute des populations de Phoques
veaux-marins.

Cette interaction pourrait se traduire par une compétition
pour la nourriture, une exclusion des Phoques veaux-
marins de leur habitat ou le fait que les Phoques gris
tueraient les jeunes Phoques veaux-marins. (SCOS,
2011).

Conclusion

Les phoques français ont souffert d'une extermination
due principalement à la chasse intensive au cours de
la seconde moitié du XlXe siècle (LABITTE 1858). La baie
de Somme semblait être, à cette époque, le seul site
français sur lequel on pouvait observer une population
sédentaire et reproductrice de Phoques veaux-marins.
Cette espèce était encore observable de façon régulière
jusqu'au début des années 1960.A partir de cette période
etjusqu'au milieu des années 1980, les phoques étaient
quasiment absents de la baie de Somme, probablement
en raison d'une pression humaine trop importante
dans l'estuaire (chasse, exploitation commerciale,
navigation...) qui a joué un rôle de facteur dérangeant
pour les animaux. Les observations de phoques
faites alors, sur les côtes françaises, concernaient
principalement des jeunes individus. Ces derniers se
dispersent après le sevrage, en fin d'été. Il est donc
fort probable, en l'absence de colonie reproductrice en
France que cesjeunes phoques provenaient de Grande-
Bretagne (Duouv 1980). Les phoques sont interdits de
chasse, en France, depuis 1972. Ce n'est qu'en 1986
qu'une petite population de Phoques veaux-marins se
réinstalle, naturellement, en baie de Somme, elle est de
nouveau reproductrice depuis 1992. Les Phoques gris
sont quant à eux observés depuis 1988 mais à ce jour,
aucune naissance réussie aboutissant à la présence
d'un jeune sevré naturellement n'a été observée. C'est
au regard de l'histoire des phoques que Picardie Nature

Remerciements

Le programme d'étude et de protection des phoques de
la baie de Somme a été mis en place grâce au soutien de

page 374
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

La compétition inter-spécifique est notamment avancée
comme la principale cause du déclin des Phoques
veaux-marins sur l'île de Sable au Canada, avec une
plus forte pression des Phoques gris sur les ressources
halieutiques (BovvEN et al. 2003).

En Grande Bretagne, les résultats ont montré que le
taux de mortalité juvénile est identique pour les deux
espèces de phoques et qu'il n'est pas en relation avec
les dynamiques de populations constatées (SCOS
2010).

a mis en place son programme d'étude et de protection
en baie de Somme. La France représente aujourd'hui la
limite méridionale des aires de répartition des Phoques
veaux-marins et des Phoques gris en Altlantique Nord.
Le maintien de ces colonies constitue donc un modèle
biologique particulièrement pertinent pour l'étude du
fonctionnement des populations (VINCENT et al. 2010).
De plus, ces espèces classées en Annexe Il de la
Directive Habitats Faune Flore (92/43/CEE) présentent
un intérêt patrimonial national élevé, et nécessitent la
mise en place de mesures de protection de leur habitat
(zones « Natura 2000 »).

En conséquent, le programme d'étude et de protection
des populations de phoques en baie de Somme doit
être maintenu. Il pourrait être approfondi par la mise
en place de suivis télémétriques sur les deux espèces,
qui nous permettrait d'appréhender le rôle de la baie
de Somme pour ces espèces de phoques européens.
Cette approche est entamée pour les deux espèces
mais nécessiterait d'être complétée. En 2008, 10
Phoques veaux-marins de la baie de Somme avaient
été capturés et équipés de balises GPS/GSM. Les
suivis ont montré que ces individus étaient plutôt côtiers
et qu'ils se déplaçaient sur la zone littorale comprise
entre Fécamp et le Cap Gris-Nez. En 2012, 12 balises
GPS/GSM ont été déployées sur des Phoques gris de la
baie de Somme.

Les données acquises seront diffusées dès 2014 par
l'université de La Rochelle.

nos partenaires : DREAL Picardie, Conseil Régional de
Picardie, Conseil Général de la Somme, fonds FEDER,

Réserve Naturelle de la baie de Somme, Centre de
Recherche sur les Mammifères Marins (CRMM)... et
grâce à l'investissement de nombreux bénévoles de

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l'association Picardie Nature qui ont permis la réalisation
des suivis des effectifs, suivis des naissances, suivi des
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2010. Rapport 23 p.

Laëtitia DUPUIS Picardie Nature,
1 rue de Croy- BP 70010 — 80 097Amiens cedex 3

Cécile VINCENT LlENSs, CNRS/Universite de La Rochelle,
2 rue Olympe de Gouges, 17 000 La Roche/le, France

page 375
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Le programme Halte migratoire dans la
Réserve Naturelle de la Baie de Somme, bilan

de 5 années de baguage sur la période 2008-

2012.

Par Adrien LEPRETRE, Parc du Marquenterre

Présentation du programme.

Ce programme national concerne le suivi des haltes
migratoires, à savoir l'évaluation de la qualité des sites
utilisés par les oiseaux migrateurs pour se reposer et
reconstituer leur réserve énergétique entre deux vols.
La France a une responsabilité internationale pour
les oiseaux migrateurs, et ce programme contribue
à évaluer si le territoire national maintient un réseau
de sites de qualité suffisante pour assurer la bonne
conservation de ces populations migratrices dans un
contexte de réchauffement climatique. Pour cela le
CRBPO encourage la mise en place d'un réseau de
sites d'étude sur lesquels sont organisés un suivi de la
biologie des oiseaux en haltes migratoires (phénologie,
durée de séjour, prise de poids) en utilisant la technique
du baguage pratiquée par des bagueurs agréés.

Dans la Réserve Naturelle de la baie de Somme, dans
le parc du Marquenterre (partie terrestre de la Réserve
Naturelle), le programme Halte a été lancé en 2008 et
vise à capturer les oiseaux en halte dans les dunes
durant leur migration postnuptiale.

Le milieu est composé principalement de ronciers
Rubus sp., argousiers Hippophae rhamnoides, sureaux
noirs Sambucus nigra ainsi que de quelques Pins laricio
Pinus nigra laricio en périphérie. Deux sites sont utilisés
pour le baguage : la zone dite << du Triangle » au nord-
ouest du parc du Marquenterre ; il se trouve à la limite
du Domaine du Marquenterre, à la limite du Banc de
l'llette. Ce site est idéalement situé : premières zones de
buissons en front de baie, juste à la sortie de la grande
pinède du Domaine. Les captures sont nombreuses, le
nombre d'espèces capturées important mais le site n'est
que très peu abrité du vent et difficile d'accès. L'autre
site, dit << fond des parkings », est protégé des vents
dominants et facilement accessibles depuis le parking
du Parc. Il est plus éloigné de la mer et forme une
enclave de buissons dans la pinède : les captures sont
généralement moins nombreuses qu'au << Triangle » et le
nombre d'espèces présentes est également beaucoup
plus faible.

Les captures d'oiseaux sont effectuées exclusi-vement
avec des filets verticaux (dits filets «japonais »),et avec
utilisation d'une repasse sonore (diffusion de chants
et de cris des espèces d'oiseaux visées) destinée à
augmenter le nombre de captures.

La longueur de filets installée est constante : le dispositif
de capture comportant 10 filets de 12m, soit 120 mètres

page 376
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

linéaires, sur une hauteur de 2,5 mètres.

Les opérations de captures débutent vers la deuxième
quinzaine du mois d'août pour se terminer vers mi-
novembre. Le nombre de sessions de captures est
de 2 par semaine (sauf en cas de météo défavorable
ne permettant pas d'ouvrir les filets); chaque session
commençant 30 minutes avant le lever du jour et se
terminant généralement vers midi (en fonction du
nombre de captures).

En 5 années, environ 12.000 oiseaux ont été capturés
dans le cadre de ce programme.

Le nombre d'oiseaux concerné n'est pas du même ordre
de grandeur mais ce suivi par le baguage est un élément
complémentaire pour la connaissance aux suivis visuels
de la migration active tels ceux qui ont déjà paru dans
cette revue. Pour le littoral picard traité ici, voir par
exemple RieAux (2001)

Bilan par espèce : Pour chaque espèce est indiqué
LE NOM FRANÇAIS suivi du nom scientifique.
Le nombre entre parenthèses qui suit correspond au
nombre d'individus bagués entre 2008 et 2012 dans le
cadre de ce programme Halte migratoire.

Pour les espèces migratrices n'hivernant pas sur le
site (par exemple, la Locustelle tachetée), la date de
capture la plus tardive est généralement indiquée, il en
est de même pour les espèces ne nichant pas sur le
site (comme la Grive mauvis) : dans ce cas, la date de
capture la plus précoce est indiquée.

Deux types de graphiques peuvent être présentés
dans ce document:

> le total d'individus capturés pour chaque semaine
de l'année, sur la période 2008-2012. Ce type de
graphique permet de visualiser des plages ou pics de
passage d'une espèce et n'est présenté que lorsque le
nombre de captures est suffisant pour être exploité et
caractérise la migration de l'espèce.

> le nombre d'individus bagués par année. Ce type
de graphique n'est présenté que lorsque celui-ci montre
des variations d'effectifs capturés d'une année sur
l'autre, sans que celle-ci ne s'explique par une variation
de la pression de capture.

Afin de faciliter la lecture de ce bilan, l'ordre systématique
a été partiellement modifié, les non passereaux, non
visés par le programme, ont été placé à la fin du rapport,
après les passereaux.

Remerciements :

Je remercie l'ensemble des aide-bagueurs ayant
participé au programme Halte migratoire. Je tiens
également a remercier l'équipe du Domaine du
Marquenterre et plus particulièrement Fanny GIRAUD et
François POIDEVIN pour m'avoir autorisé a passer par

Bilan :

PIPIT DES ARBRES Anthus trivialis (11)
Capturés chaque année en petit nombre, principalement
de la fin août a mi septembre.

Une donnée assez tardive a été obtenue le 12 octobre
2010.

TROGLODYTE MIGNON Troglodytes troglodytes
(83)

Entre 10 et 20 individus sont capturés chaque année
durant le programme Halte. Bien que les populations
scandinaves de Troglodytes soient migratrices, les
opérations de baguage sur le site ne montrent pas
de mouvement migratoire. Les captures indiquent
une présence régulière durant toute la période du
programme et les contrôles interannuels montrent qu'il
s'agit d'oiseaux sédentaires présents également sur le
site en période de reproduction.

AccENTEUR MOUCHET Prunella modularis
(284)

Une cinquantaine d'oiseaux sont capturés chaque
année. Les contrôles intra et interannuels sont rares,
ce qui montre le caractère migrateur d'une majorité des
individus capturés sur le site.

Le pic de passage s'inscrit de la fin août a la fin
septembre.

52
39
26
13

EEEEEE
Il

Effectifs cumulés des captures d’Accenteurs mouchets par
semaine entre 2008 et 2012.

 

le Domaine du Marquenterre et ainsi me permettre
de mener a bien ces opérations de baguage. Enfin, je
remercie messieurs Sébastien DESANLIS et Philippe
CARRUETTE d'avoir aménagé mon temps de travail afin
de pouvoir réaliser ce programme.

ROUGEGORGE FAMILIER Erithacus rubecula
(806)

156 156
l1? l1?
T8 T8
39 39

EEEEEE!

 

le

Effectifs cumulés des captures de Rougegorges familiers par
semaine entre 2008 et 2012.

Chaque année, plus d'une centaine d'individus sont
bagués dans le cadre du programme. Quelques
contrôles d'oiseaux locaux sont réalisés, mais dans la
plupart des cas, il s'agit d'individus migrateurs, comme le

montre le très faible taux de contrôles intra saisonniers.

Le passage commence dès la fin août, mais c'est entre
mi-septembre et mi-octobre que les captures sont les
plus nombreuses. Le nombre de données obtenues
chaque année est stable.

ROSSIGNOL PHILOMÈLE Luscinia megarhynchos
(13)

Pratiquement aucune capture de cette espèce
migratrice, abondante sur le littoral en reproduction. Les
opérations de baguage réalisées dès juillet sur des sites
géographiquement proches et présentant les mèmes
types de milieu (dunes littorales arbustives) comme les
Dunes de la Slack (Wimereux, 62) ou celle du Mont Saint
Frieux (Dannes, 62) ont mis en évidence un passage
des Rossignols entre la mi-juillet et la mi- août, avec un
net pic de passage a la fin du mois de juillet. Le début
de ce programme Halte, passé la mi-août, explique donc
cette absence de captures. Les données de baguage en
septembre sont rares dans le nord de la France. La capture
la plus tardive sur le site date du 10 septembre 2010.

page 377
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

ROUGEQUEUEÀFRONT BLANC P. phoenicurus
(30)

Ce grand migrateur présent uniquement sur le littoral
picard durant les périodes de migration est capturé en
petit nombre chaque année, avec moins de 10 individus
bagués par an. Les captures sont majoritairement
réalisées entre début août et fin septembre. La
capture la plus tardive sur le site est obtenue le 9
octobre 2012.

TARIER DES PRÉS Saxicola rubetra (10)
Capturé presque annuellement en tout petit nombre, en
août et septembre. Le faible nombre de données de
baguage ne permet pas de définir de pic de passage
pour l'espèce.

La donnée la plus tardive est obtenue le 18 septembre
2009.

TRAQUET MOTTEUX Oenanthe oenanthe (1)
Une unique capture réalisée le 23 septembre 2008. Le
milieu ne correspond pas a celui recherché par l'espèce
qui préfère les zones ouvertes.

MERLE NOIR Turdus merula (521)

 

116 116
i3? Et?
5B 5B
29 29

l aoü sep oct I nov déc

Effectifs cumulés des captures de Merles noirs par semaine
entre 2008 et 2012.

Avec plus d'une centaine de captures chaque année,
le baguage sur le site permet de mettre en évidence un
passage des migrateurs débutant fin septembre avec
un pic de passage mi octobre.

On note des migrateurs jusque mi novembre.
Passé cette date, le nombre de migrateurs diminue
sensiblement. Les captures réalisées en août et
septembre concernent principalement des oiseaux
locaux. Le nombre de données obtenues sur ces cinq
années est relativement stable.

GRIVE LITORNE Turdus pilaris (1)

Une seule capture, le 20 octobre 2009. Les Grives
litornes passent en nombre important sur le littoral
picard, mais ne s'arrêtent pratiquement pas dans
le parc du Marquenterre. Les quelques individus
stationnant sur le site restent généralement dans le
haut des arbres les plus grands, hors de portée des
filets de capture.

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Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

GRIVE MusIcIENNE, Turdus philomelos (295)
Le graphique des captures de la Grive musicienne est
très semblable a celui du Merle noir, les deux espèces
migrant a la même période. Comme pour le merle,
les captures effectuées avant octobre concernent
majoritairement des oiseaux provenant du secteur.

Il n'a pas été constaté de fortes fluctuations dans le
nombre de captures durant les cinq années de suivi.

Parmi les nombreuses grives baguées, on retiendra la
reprise d'un oiseau bagué le 13/09/2009 au Triangle,
tué a la chasse 26 jours plus tard a Orellana la vieja,
Espagne, soit une distance minimale parcourue de 1371
km.

BÜ BÜ
6D 6D
4U 4U
2D 2D

EEEEEEEEIEE

 

î
Effectifs cumulés des captures de Grives musiciennes par
semaine entre 2008 et 2012.

GRIVE MAUVIS, Turdus iliacus (29)

Peu de captures pour cette espèce migrant pourtant
en grand nombre au dessus du site de baguage. Le
déplacement des filets de baguage du Triangle vers les
fonds des parkings du Parc du Marquenterre a la mi
octobre explique très certainement ce faible nombre de
captures (hypothèse valable également pour les Grives
musiciennes). La zone du Triangle est bien mieux située
et la configuration du milieu bien plus favorable a la
capture des grands turdidés. L'espèce est capturée de
mi-octobre a mi-novembre. La donnée la plus précoce
est du 9 octobre 2012.

BOUSCARLE DE CETTI Cettia cetti (76)
L'espèce est capturée de manière assez régulière durant
toute la durée du programme Halte, avec néanmoins
une baisse des captures a partir d'octobre.

De 2008 a 2011, le nombre de captures annuelles
est d'environ 15-20 oiseaux. En 2012, une chute
conséquente des effectifs a été constatée, avec
seulement 4 captures. Cette diminution peut ètre liée
a la sévère vague de froid qui, début février 2012, a
touché la région est une bonne partie de la France
Enfin, bien que considérée comme sédentaire, les
données de baguage sur le site tendent a montrer un
certain erratisme chez une partie de la population de
Bouscarle de Cetti, sans que l'on connaisse l'origine de
ces oiseaux.

25

21
20
16

15

10

5

0 l l

2008 2009

20
15
l 4
2010 2011 2012

Nombre d'individus de Bouscar/es de Cetti captures par année
entre 2008 et 2012.

LocusTELLE TACHETÉE LocusteIIa naevia
(37)

Moins d'une dizaine d'individus sont capturés chaque
année sur le site. Le milieu n'est pas très favorable à
l'espèce et les périodes de baguage ne correspondent
pas à celles de la migration de l'espèce qui, comme
les autres sylvidés paludicoles migrateurs, passent
principalement durant la première quinzaine du mois
d'août. La capture la plus tardive est obtenue le 27
septembre 2012.

PHRAGMITE DES JONcs A. schoenobaenus
(28)

Très peu de captures sur le site, ce qui s'explique
aisément : tout d'abord, le milieu ne correspond pas
à celui recherché par l'espèce, ensuite, le programme
Halte migratoire démarrant dans la deuxième quinzaine
d'août, la grosse majorités des Phrag mites desjoncs sont
déjà passés en migration. Les opérations de baguage en
roselières début août à l'Anse Bidard (RN de la Baie de
Somme) visant à capturer les passereaux paludicoles
durant leur migrations confirment ce pic de passage : en
2011, 567 individus bagués en une semaine début août.
L'espèce est rare dès septembre sur le littoral picard.
Une donnée tardive le 22 septembre 2010.

ROUSSEROLLE EFFARVATTE A. scirpaceus
(89)

Comme pour le Phragmite des joncs, le milieu et les
dates de baguage ne correspondent pas aux mœurs
de l'espèce. Néanmoins, bien que le pic de migration
soit le même que pour le Phragmite des joncs, la
période de migration s'étale davantage et les captures
en septembre sont fréquentes. Les données les plus
tardives sont obtenues les 27 septembre 2010 et 27
septembre 2012.

ROUSSEROLLE VERDEROLLE A.palustris (1)
Une seule donnée d'un individu bagué le 9 septembre
2008 au Triangle. L'espèce fréquente normalement les
zones à végétation herbacée touffue.

HYPOLAÏS ICTÉRINE Hippolais icterina (3)
Quelques rares captures sur le site. L'espèce migre tôt,
principalement fin juillet à mi-août.

La donnée la plus tardive est obtenue le 8 septembre 2009.

FAUVETTE BABILLARDE Sylvia curruca (51)
Cette fauvette est peu capturée sur le site. Ceci s'explique
en bonne partie par un démarrage du programme
Halte migratoire trop tardif pour l'espèce. Le passage
migratoire commence dès fin juillet et s'étend jusqu'à
début septembre, avec un net pic de passage mi août.
La donnée la plus tardive est obtenue le 22 septembre
2010.

= 32333435363?

 

Effectifs cumulés des captures de Fauvettes babi//ardes par
semaine entre 2008 et 2012.

FAUVETTE GRISETTE Sylvia communis (238)

 

a1

sep oct des

Effectifs cumulés des captures de Fauvettes grisettes par
semaine entre 2008 et 2012.

Le graphique des captures de l'espèce sur le site
indique un passage migratoire important en août,
mais le baguage sur d'autres sites de baguage dans
le nord de la France a mis en évidence un début de
passage dès début juillet, qui s'intensifie fin juillet début
août. L'espèce passe encore en petit nombre durant la
première quinzaine de septembre.

Une seule donnée en octobre : 1 oiseau contrôlé le 6
octobre 2009, bagué sur le site 2 semaines plus tôt.

FAUVETTE DES JARDINS Sylvia borin (509)
Entre 50 et 150 individus sont capturés chaque année,
principalementdu mois d'aoûtà mi- septembre. L'espèce
se raréfie dans la deuxième quinzaine de septembre et
devient très rare en octobre (seulement 5 captures en
5 ans).

La donnée la plus tardive est obtenue le 26 octobre
2010.

page 379
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

 

 

96

Î"2

48

24

3132333435363ÏÏ3339Ü4ÏL 4234445464Ï4349 5U 51 52
I aoû se oct nov déc:

Effectifs cumulés des captures de Fauvettes des jardins par
semaine entre 2008 et 2012.

FAUVETTE À TÊTE NOIRE Sylvia atricapilla
(2441)

Il s’agit de l’espèce dont le nombre de captures est le
plus important sur le site dans le cadre de ce programme.
Plusieurs centaines d’individus sont bagués chaque
année. Dès le début du mois d’août, le passage des
migrateurs est visible, mais c’est entre mi-août et la
première semaine de septembre que les migrateurs
sont les plus nombreux.

Durant cette période, les captures de Fauvettes a
tète noire représentent entre 50 et 80% des captures
journalières. Le nombre de données annuelles est
variable, mais cette variation n’indique nullement
une augmentation ou une diminution du nombre de
migrateurs (ni une bonne ou mauvaise année de
reproduction). La fréquence de baguage n’était que de
deux jours par semaine, il est tout a a fait possible que
lesjours de baguage ne tombent systémati-quement sur
les jours de forts passages. Dès octobre, les captures
deviennent rares. L’espèce hiverne en très petit nombre
sur le littoral picard.

484
363
242

121

EEEEEEEEEEE
|

Effectifs cumulés des captures de Fauvettes a téte noire par
semaine entre 2008 et 2012.

FAUVETTE ÉPERVIÈRE sylvia nisoria (1)

Cette espèce d’Europe de l’Est et ne passant
qu’occasionnellement en France durant sa migration a
été capturée une fois, le 28 septembre 2009.

page 380
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

   

 

POUILLOT À GRANDS SOURCILS P. inornatus
(4)

Originaire de Sibérie, le Pouillot a grands sourcils est
contacté chaque année sur le littoral de la moitié nord
de la France, avec moins d’une centaine de données
annuelles en France.

L’espèce a été capturée 4 fois sur le site, entre fin
septembre et mi octobre. (30 septembre 2010, 3 octobre
2011,27 septembre et 9 octobre 2012)

POUILLOT VÉLOCE Phylloscopus collybita
(549)

Nicheur et migrateur commun sur le site, plus d’une
centaine d’oiseaux sont généralement bagués chaque
année durant le programme Halte. En juillet et août, les
captures concernent probablement des oiseaux nés
localement et quelques migrateurs. Vers mi septembre,
le passage s’intensifie nettement et les captures restent
assez abondantes jusqu’a mi octobre et se raréfient
ensuite. Quelques individus peuvent, certaines années,
hiverner sur le site.

1Ü4

?8

52

26

IEEE! 52

Effectifs cumulés des captures de Pouillots véloces par
semaine entre 2008 et 2012.

POUILLOT FITIs Phylloscopus trochilus (367)

8B B3
66 66
44 44
22 22

Effectifs cumulés des captures de Pouillots fitis par semaine
entre 2008 et 2012.

Nicheur très commun sur le site, le baguage début août
met en évidence un passage important de l’espèce au
début du mois, passage qui décroît dès la deuxième
quinzaine du mois, mais les opérations de baguage
réalisées dès juillet sur certains sites proches comme
les Dunes de la Slack (62) ou les Dunes du Mont Saint
Frieux (Dannes, 62) montrent que le passage est

 

important dès le début dejuillet. En septembre, l'espèce
se fait beaucoup plus rare, et cela dès le début du mois.
La donnée la plus tardive obtenue sur le site est le 27
septembre 2012.

ROITELET HUPPÉ Regulus regulus (814)
Migrateur venant principalement du nord et de l'est de
l'Europe, le Roitelet huppé est capturé chaque année.
Les premières données sont obtenues à partir de mi
septembre (donnée la plus précoce le 7 septembre
2012) mais on note un pic de passage autour de mi
octobre. Selon les années, le nombre d'individus
bagués est très fluctuant, ainsi 381 oiseaux furent
bagués en 2008, mais seulement 54 en 2009. L'espèce
hiverne ensuite sur le site, mais nous ne détectons pas
visuellement de mouvement de migration prénuptiale
au printemps.

232
1T4

116

58

32333435363Ï"3839 Ü 1 2 3 4 546Ï"4B495Ü5152
aoû déc

Effectifs cumulés des captures de Roitelets huppés par
semaine entre 2008 et 2012.

400 361
350
300
250
200
150

165
tfl
83
100 54
5° I l
0 l l . l

2008 2009 2010 2011 2012

Nombre d'individus de Roitelets huppés captures par année
entre 2008 et 2012.

ROITELET À TRIPLE BANDEAU R. ignicapilla
(506)

Le Roitelet à triple bandeau est une espèce dont
les effectifs bagués sur le site sont parmi les plus
importants d'Europe. L'espèce ne semble pas nicher sur
le site. Les premières données sont obtenues fin août
début septembre, mais le pic de passage se dessine
clairement dans la deuxième quinzaine de septembre.
En octobre, le nombre de captures de Roitelets à triple
bandeau diminue alors que celles de Roitelets huppés
augmentent. Comme pour ce dernier, l'espèce hiverne
sur le site.

124

93

62

31

 

Effectifs cumulés des captures de Roitelets a trip/e bandeau
par semaine entre 2008 et 2012.

200
180
160
140

176
1 19
120
100 94
80 521
60 53
40
20
0 l l l l

2008 2009 2010 2011 2012

Nombre d'individus de Roitelets a trip/e bandeau captures par
année entre 2008 et 2012.

GOBEMOUCHE GRIS Muscicapa striata (3)
Seulement 3 captures pour cette espèce nichant partout
dans la région, sans jamais être abondante. Toutes les
données de baguage sont collectées vers mi août. Ce
faible nombre de données ne permet pas de donner une
quelconque tendance quant au passage de l'espèce
sur le site. Les opérations de baguage réalisées sur
les sites de baguage des Dunes du Mont Saint Frieux
(Dannes, 62), et des Dunes de la Slack (Wimereux, 62)
n'apportent guère plus de données et d'informations.

GOBEMOUCHE NOIR, Ficedula hypoleuca (9)
Les 9 captures réalisées sur le site durant ces 5 années
s'échelonnent de début août à la première semaine
de septembre. Elles ne permettent en aucun cas de
donner une tendance. L'espèce n'est pas capturée
annuellement sur le site (pas de captures en 2011 et
2012). Sur les sites voisins du Pas-de-Calais ou encore
des dunes du Clipon, (Dunkerque, 59) l'espèce n'est
guère mieux notée. Le Gobe-mouche noir ne niche pas
sur le littoral picard et les effectifs notés en migration, en
dehors des opérations de baguage, sont très faibles. Il
semblerait donc que l'espèce ne passe qu'en nombre
très réduit sur le littoral du nord de la France. La donnée
la plus tardive est obtenue le 9 septembre 2008.

MÉSANGE À LONGUE QUEUE A. caudatus
(190)

L'ensemble des données concerne la sous-espèce
continentale Aegithalos caudatus europaeus. Les
captures sont aléatoires et ne reflètent pas l'état des

page 381
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

populations. Les nombreux contrôles interannuels
réalisés sur le site tente a montrer une forte sédentarité
des Mésanges a longue queue. Se déplaçant en groupe,
les opérations de baguage montrent également que les
individus d'un groupe restent ensemble d'une année sur
l'autre.

MÉSANGE NONNETTE Poecile palustris (15)
Capturée chaque année en petit nombre, l'espèce ne
montre aucun signe de migration, les captures s'étalent
sur l'ensemble de la période de baguage, d'août a
novembre. L'espèce niche et hiverne sur le site.

MÉSANGE BORÉALE Poecile montanus (2)
Espèce en déclin a l'échelle de l'Europe, elle a disparu
du site en temps qu'espèce nicheuse depuis une dizaine
d'années. Les données de baguage sur le site sont
excessivement rares puisqu'elles ne concernent que
2 individus : l'un bagué le 29 août 2010, l'autre, déjà
porteur d'une bague, contrôlé le 30 août 2010. Cette
seconde donnée est intéressante car elle concerne un
jeune oiseau de l'année bagué au printemps sur son
site de naissance, dans les marais du Pendé (Villers/
Authie, 80) : cela montre, malgré le caractère sédentaire
de l'espèce, un certain erratisme.

MÉSANGE HUPPÉE Lophophanes cristatus
(28)

Nicheuse sédentaire présente dans les forêts de Pins
laricio du secteur, la Mésange huppée est peu capturée
sur le site, avec seulement 2 a 8 individus bagués par
an. Aucune tendance n'est décelable avec un nombre
de données aussi faible.

MÉSANGE NOIRE Periparus ater (1393)

Non nicheuse surle site, la Mésange noire est une espèce
sédentaire, mais certaines années, les populations
nordiques migrent vers le sud en grand nombre. Ces
phénomènes d'incursions s'expliquent certainement par
un manque de nourriture au nord, obligeant les oiseaux
a descendre et arriver massivement sur le littoral picard.
Selon les années, elles concernent plus au moins
d'oiseaux (voir graphique). Etonnamment, ces dernières
années, ces incursions ont eu lieu une année sur deux,
mais par le passé, elles n'ont pas observées cette
régularité. Lors de cesirruptions, les premières données
sont obtenues vers mi septembre (10 septembre 2008,
21 septembre 2010, 16 septembre 2012), mais c'est en
octobre, particulièrement durant la première quinzaine
du mois, que les captures sont les plus abondantes
(239 individus bagués le 13 octobre 2008). Après ces
mouvements, l'espèce hiverne ensuite en petit nombre
sur le site.

En 2008, quelques contrôles étrangers sont réalisés : un
individu contrôlé le 27 octobre sur le site avait été bagué
le 28 septembre aux Pays-Bas, au sud des îles de la
Frise, soit une distance minimale parcourue de 380 km.
Un autre individu contrôlé le 20 octobre avait été bagué
le 7 septembre a Ventes Ragas, en Lituanie, soit une
distance minimale parcourue de 1450 km.

page 382
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

   

43a
35s
244
122
5E 52

Effectifs cumulés des captures de Mésanges noires par
semaine entre 2008 et 2012.

800

722
700
600
500
400
300
200 150
100
0 0
0

521
2008 2009 2010 2011 2012

Nombre d'individus Mésanges noires captures par annee
entre 2008 et 2012.

MÉSANGE BLEUE Cyanistes caeruleus (688)
12Ü

9U

6U

3E!

 

aoû se oct nov déc
I
Effectifs cumulés des captures de Mésanges bleues par
semaine entre 2008 et 2012.

Espèce nicheuse commune sur le site, le nombre de
captures peut fortement varier d'une année a l'autre : La
Mésange bleue est une espèce sédentaire qui, comme
la Mésange noire, peut voir ses population du nord-est
de l'Europe descendre massivement vers l'Europe de
l'Ouest. Il faut noter que les incursions de Mésanges
bleues n'ont pas toujours lieu les mêmes années que
celles de Mésanges noires. Ainsi, en 2008 et 2012, les
deux espèces ont été concernées par ce phénomène,
mais en 2010, seule la Mésange noire a été notée en
grand nombre. A l'inverse, en 2011 un mouvement
de Mésanges bleues étaient décelés, mais aucun

 

mouvement de Mésanges noires. Lors des années où
il y a incursion de Mésanges bleues sur notre littoral,
le passage est principalement noté de mi octobre à
mi novembre. On retiendra une donnée de contrôle
intéressante: un individu est contrôlé le 27 octobre sur le
site, cet oiseau avait été bagué le 7 septembre à Ventes
Ragas, en Lituanie, soit le même jour que la Mésange
noire contrôlée le 20 octobre (voir texte Mésange noire).

250
213 210
200
149
150
100 30
50 36 l
0 . I . . .
2008 2009 2010 2011 2012

Nombre d'individus Mésanges bleues captures par année
entre 2008 et 2012.

MÉSANGE CHARBONNIÈRE Parus major (1 029)
La Mésange charbonnière est une nicheuse sédentaire
abondante sur le site. Les effectifs capturés sont très
variables selon les années, ce qui indique, comme pour
d'autres espèces de mésanges, un certain erratisme
voir même des phénomènes d'incursions, comme cela
a pu être le cas en 2012 où plus de 400 individus ont été
capturés, parmi lesquels 3 contrôles d'oiseaux bagués
en Belgique quelques jours plus tôt.

SÎE:

2E2

1B8

94

EEEEEEEEEEEE 52
—

Effectifs cumulés des captures de Mésanges Charbonnières
par semaine entre 2008 et 2012.

450 4T0
400

350
300

25° 231 20s

200

150 98
100 — 82

0 l

2008 2009 2010 2011 2012

Nombre d'individus Mésanges noires captures par année
entre 2008 et 2012.

SITELLE TORcHEPOT, Sitta europaea

(6)

Très peu de données de baguage pour cette espèce
sédentaire assez commune dans les pinèdes du
Marquenterre. 3 captures sont réalisées en août, et 3 en
septembre. En 2012, llfaut retenirl'observation régulière
d'individus en migration active au banc de l'llette, tout
proche du site de baguage : 76 individus ont été noté
entre mi août et fin octobre. Ni l'observation visuelle ni
les opérations de baguage n'ont permis de déterminer
l'origine de ces oiseaux. Il peut s'agir d'individus
provenant de boisements proches, ou d'oiseaux venant
de plus loin, comme par exemple d'Europe de l'Est, cela
restant des hypothèses. En revanche, il est certain qu'il
ne s'agit pas d'oiseaux scandinaves, la détermination de
la sous espèce en main ayant exclut la Sitelle torchepot
scandinave S. e. europaea.

GRIMPEREAU DES JARDINS C. brachydactyla
(28)

Capturé chaque année en petit nombre, généralement
autour de 5 individus, le Grimpereau des jardins est
une espèce sédentaire nicheuse dans les pinèdes du
Marquenterre et aux alentours.

GEAI DES CHÊNES Garrulus glandarius

(2)

Seulement2 captures pour cette espèce assez commune
dans le secteur, toutes deux réalisés en septembre (2009
et 2010). Le diamètre des mailles des filets utilisés n'est
pas adapté à des oiseaux de grande taille. Certaines
années, le suivi visuel réalisé sur le site (Point de vue du
Parc du Marquenterre) ou à proximité (Bans de l'llette)
permet de déceler d'importants mouvements de Geais
des chênes venant du nord-est de l'Europe. Comme
pour les Mésanges noires, bleues et charbonnières, il
ne s'agit pas de migration à proprement parlé, mais de
phénomène d'incursions. Les oiseaux capturés peuvent
être des oiseaux locaux ou des migrateurs.

ÉTOURNEAU SANSONNET Sturnus vulgaris
(19)

Les quelques captures réalisées concernent des
groupes d'oiseaux en migration venus se nourrir dans
les Argousiers. Systématiquement, il s'agit de groupes
de plusieurs dizaines d'individus (entre 50 et 300) se
posant à proximité des filets de baguage, mais seuls
quelques uns sont capturés. Espèce migrant en groupes
denses, le comptage visuel est bien plus adapté pour
suivre la migration de cette espèce.

PINSON DES ARBRES Fringilla coelebs

(75)

Comme pour beaucoup d'autres fringillidés, les
opérations de baguage ne permettent pas de définir une
plage ou un pic de passage, et les captures ne reflètent
pas l'intensité du passage. Généralement, moins
de 10 individus sont bagués chaque année durant le
programme Halte, alors que des dizaines de milliers
d'oiseaux sont notés en migration active sur le littoral,
principalement en octobre. Le suivi visuel est donc
indispensable pour cette espèce.

page 383
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

PINSON DU NORD Fringilla montifringilla (1)
Même constat que pour le Pinson des arbres, l'unique
capture réalisée en octobre 2011 ne reflète pas la réalité
du passage de l'espèce sur le littoral picard, notamment
en octobre. Le suivi visuel est donc à privilégier.

VERDIER D'EUROPE Carduelis chloris (6)

Six individus capturés entre fin août et fin septembre.
Les opérations de baguage ne permettent pas de définir
de plage de passage migratoire sur le site.

CHARDONNERET ÉLÉGANT carduelis carduelis
(7)

Comme pour le Verdier d'Europe et d'autres fringillidés,
les captures réalisées durant le programme Halte sont
trop peu nombreuses pour indiquer une période de
passage de l'espèce sur le littoral picard.

TARINS DES AULNES Carduelis spinus (5)

Très peu de captures durant le passage migratoire de
l'espèce. Comme pour les pinsons, l'espèce est pourtant
bien notée en migration active de fin septembre à fin
octobre.

BECCROISÉ DES SAPINS Loxia curvirostra
(1)

Une seule capture de cette espèce migrant et hivernant
régulièrement sur le littoral picard. Les oiseaux restent
en haut des pins et ne descendent pas dans les travées
de baguage.

BOUVREUIL PIVOINE Pyrrhula pyrrhula (26)

Espèce principalement sédentaire, les comptages
visuels réalisés au Banc de l'llette ont montré des
mouvements réguliers à l'automne sur le littoral
picard, concernant quelques centaines d'individus. Les
quelques captures réalisées chaque année (autour de
5) durant le programme Halte sont réalisées tout au
long de la période de baguage. Elles peuvent aussi bien
concerner des individus sédentaires que des migrateurs.

BRUANT JAUNE Emberiza citrinella (1)

Une seule capture le 20 octobre 2009 pour cette espèce
rare sur le site, alors qu'elle est commune dans les
campagnes des alentours.

BRUANT DES ROSEAUX Emberiza schoeniclus
(4)

4 captures sont réalisées dans le cadre du programme.
Cela ne permet aucune interprétation. Seul le baguage
en roselière en automne permettrait d'obtenir des
informations sur le passage de l'espèce dut le littoral picard.

ÉPERVIER D'EUROPE Accipiter nisus (7)
Seulement 1 ou 2 individus sont capturés chaque
année, ces données ne permettent évidemment pas de
définir la période de passage migratoire sur le site. Les
comptages visuels d'individus en migration sont bien
plus adaptés pour suivre le passage de cette espèce
et attestent d'un pic de migration en octobre. L'Epervier
d'Europe fréquente le site toute l'année.

page 384
Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

FAISAN DE cOLcHIDE Phasianus colchicus (
1)

Espèce introduite pour la chasse faisant l'objet de
lâchers importants a proximité du site. Une capture le 7
septembre 2012.

RÂLE DES GENÊTS crex crex

(1)

Un oiseau bagué le 30 août 2012. La capture d'un
individu au milieu de ronciers est très surprenante, cette
espèce étant typique des prairies de fauche humides.

FOULOUE MAcROULE Fulica atra
(1)

Capture inattendue d'un individu le 3 septembre 2012.

BÉcASSE DES BOIS Scolopax rusticola

(1)

Un individu a été capturé le 7 novembre 2008. Le
dispositif de capture n'est pas adapté à cette espèce.
Les opérations de baguage nocturne de l'ONCFS et les
observations ont néanmoins mis en évidence une zone
de gagnage sur le site entre octobre et mars.

GOÉLAND ARGENTÉ Larus argentatus

(1)

Capture très surprenante d'un individu de première
année le 31 août 2010. Le milieu n'est pas propice à
l'espèce, et le dispositif de capture inadapté pour ce
genre d'oiseau. Il s'agit sans aucun doute d'un oiseau
quittant le reposoir du Parc du Marquenterre partant en
direction de la Baie de Somme

TORcOL FOURMILIER Jynx torquilla

(2)

Deux oiseaux ont été bagués en 2009, le 15 août et
le 18 septembre. Ces deux seules données ne nous
permettent pas de connaître la période de migration
post-nuptiale de l'espèce, néanmoins, les captures
effectuées sur d'autres sites de baguage (Dunes du
Mont Saint-Frieux, Dannes, 62 et Dunes de la Slack,
Wimereux, 62) semble confirmer un pic de passage
entre ces 2 dates.

Plc VERT Picus viridis
(2)

2 captures ont été réalisées, en 2008 et 2009. L'espèce
est sédentaire.

Plc ÉPEIcHE Dendrocopos major
(1)

1 individu capturé le 4 septembre 2012. Surtout
sédentaire, quelques rares individus migrentà l'automne.

Plc ÉPEIcHETTE Dendrocopos minor
(1)

1 capture le 13 octobre 2008. Sédentaire.

Prospectives et améliorations

Il est indispensable de poursuivre les efforts de baguage permettre de nous rendre sur le site de baguage). Cela
qui ont été réalisés pendant ces cinq dernières années permettrait également d'installer des filets en roselière,
afin de pouvoir évaluer l'attractivité du site pour les et donc de suivre les populations d'oiseaux paludicoles.

passereaux migrateurs en halte dans le futur. (Une roselière existe à proximité du site de baguage
Cela permettra également de suivre les populations actuel, mais n'est actuellement pas accessible).
d'oiseaux et leurs dates de passage sur le site. -L'ouverture de nouvelles travées de baguage,
perpendiculaires à la travée principale existante : cela
Plusieurs pistes permettraient d'améliorer ce suivi: favoriserait les captures, la travée principale étant

-L'installation d'une trappe dite d' << Helgoland » permet- malheureusement parallèle à l'axe de migration des
trait d'avoir un suivi plus régulier, indépendant des oiseaux, elle ne permet pas d'optimiser les captures,
conditions météorologiques. Cela permettrait également alors que des travées << coupant » cet axe de migration
de baguer des espèces que ne permet pas le mode de augmenterait sensiblement le nombre de captures.
capture actuel (Grands turdidés, fringillidés).

-L'ouverture d'un passage entre la digue partant de -L'intensification des opérations de baguage en Halte
l'observatoire 7 et la prairie du Triangle : cette ouverture Migratoire permettrait d'obtenir un plus grand nombre
permettrait d'avoir accès au site de baguage sans avoir de données, et réduirait le biais liés aux jours sans
à passer par le Domaine du Marquenterre (même si il baguage alors que les conditions météorologiques
faut souligner les efforts réalisés par ce dernier pour nous semblent favorables à la migrations de passereaux.

Bibliographie

RIGAUX T. (2011). Le suivi de la migration diurne post- (des années 1980 aux années 2000) et tentative
nuptiale de ravifaune au banc de mette (baie de d'établissement de tendances évolutives. L’Avocette 35

Somme) : éléments de bilan sur les dernières décennies (2) ; 11- 26_

Adrien LEPRETRE
Parc ornithologique du marquenterre.
adrien.lepretre@gmail.com

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Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Bilan préliminaire de l'enquête sur les oiseaux
« marIns »nicheurs (dite enquête GISOM) pour
la Picardie. Période 2009- 12

Par Thierry RIGAUX, coordonnateur Picardie de l'enquête GISOM 2009-2012

Introduction.

Le présent bilan s'inscrit dans l'enquête conduite
à l'échelle nationale par le Groupement d'intérêt
Scientifique << Oiseaux Marins » (encore appelé GISOM).
Il présente les résultats de cette enquête pour la Picardie.
L'exploitation des données 2009 à 2012 (en fait
principalement 2009 à 2011) via le recours à des
extractions de Clicnat s'est avérée laborieuse :

- il a fallu faire le tri d'une masse de données considérables
dont beaucoup ne concernaient absolument pas la
reproduction,

- tous les auteurs ne renseignent pas convenablement
les champs fournissant une indication ou une preuve
de ce que l'observation concerne la reproduction
(colonie de reproduction, nid occupé ...) ou le champ
« commentaires » permettant de rendre en compte de la
reproduction et de sa réussite.

Simultanément, les prospections conduites par de
nombreux bénévoles, qui coïncidaient avec des
inventaires conduits dans le cadre de l'atlas des oiseaux
nicheurs de France métropolitaine (AONFM), ont permis
de collecter une masse d'information considérable
sur l'essentiel des sites de reproduction des oiseaux
qualifiés ici de marins (même s'ils se reproduisent, pour
certains, à l'intérieur des terres). Il m'est donc agréable
de remercier tous ces observateurs sans lesquels ce

Résultats de l'enquête

FULMAR BORÉAL Fulmarus glacialis
Reproducteur uniquement sur les falaises maritimes,
entre Ault-Onival et Mers-les-Bains.

Effectif relativement stable pendant la période 2009-
2011 : 55 SAO (Sites Apparemment Occupés) en 2009,
62 en 2010, 59 en 2011. Espèce suivie de longue date
par Florent VIOLET sur les falaises picardes.

GRAND cORMORAN Phalacrocorax carbo

Population reproductrice régionale proche de 600 couples.
Reproduction trouvée uniquement dans la Somme
et dans l'Aisne, en 11 communes (si on rattache
arbitrairement les données du littoral à une seule commune)

- sur les falaises maritimes : environ 50-60 nids,
stable au cours des trois années 2009-2011 (Thierry
RIOAUx avec des collaborations occasionnelles),

- à l'intérieur des terres : colonies arboricoles

Dans la Somme, Arry (365 à 440 couples; suivi annuel
Thierry RIGAUx), Péronne (environ 100-150 couples
; suivi annuel Sylvain BOURG et Mélanie CHAMPION),
Chipilly, Méricourt-sur-Somme, Offoy, Rouy-le-Petit
(une vingtaine de couples cumulés pour ces 4 localités,
suivies partiellement : années sans décomptes sur
certains sites, et décomptes parfois trop précoces
pour fournir une estimation complètement fiable de la
population nicheuse ; suivi Xavier COMMECY)

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Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

bilan aurait été impossible.
Des compléments d'information sur les populations
urbaines littorales de Goélands ont été obtenus en 2012.

Liste des observateurs ayant communigué leurs

observations (soit directement au coordonnateur, soit,
en général, à Picardie Nature, et extraites de Clicnat) :
Amiens Métropole, Baptiste AUDRECHY, Nathalie BARON,
Florian BAUDREY, Didier BAvEREL, Pascale BEOUE, Frédéric
BLIN, Régis BONTROND, Sylvain BOURG, Pierre CAMBERLEIN,
Philippe CARRUETTE, Mélanie CHAMPION, Fabrice COCHON,
Xavier COMMECY, Xavier CORTEEL, Thibaud DAUMAL,
Patrick DECORY, Thierry DEOOUTERRE, Mickael DEHAYE,
Dominique DENOYELLE, Adrien DORIE, Yves DUBOIS,
Yann DUPONT, Jean-Paul FAGARD, Patrick FIOLET, Jean-
Marie GERNET, Abraham GROENEWEG, Marie-Astride
HALALI, Thomas HERMANT, Richard KASPRZYK, Régine Le
COURTOIS-NIVART, Arnaud LEKERVERN, Henry de LESTANVILLE,
Pascal & Rémi MALIGNAT, Adrien MAUSS, William MATHOT,
Jérôme MOUTON, Régine LE COURTOIS, Sébastien LEGRIS,
Arnaud LEKERVERN, Henry de LESTANVILLE, William MATHOT,
Jérôme MOUTON, Bertrand SEIONEz, Thierry RIOAUx, Cédric
ROUssEAU, Pierre ROYER, Daniel SOHILDKNEOHT, François
SUEUR, Gérard TOMBAL, Emmanuel VIDAL, Florent VIOLET,
Martial VOTTE.

Dans |'Aisne : Fontenoy et Villers-en-Prayères (suivi
Richard KASPRZYK; pas de données 2011 pour Villers-en-
Prayères, au total une petite dizaine de couples (7) pour
ces deux communes de l'Aisne) ; la Fère (5-10 couples
environ, Bertrand SEIONEz). Une colonie repérée à
Amigny-Rouy en 2001 n'a pas été dénombrée (au moins
une dizaine de nids).

> dans |'Oise : aucune reproduction n'est encore notée.

MOUE1'I'EMÉLANOCÉPHALELarusmelanocephalus
Population reproductrice régionale, faible et fluctuante,
surtout littorale, avec un maximum de près de 85
couples en 2009 (mais une réussite de reproduction
désastreuse sur le site de reproduction majeur : le
Parc Ornithologique du Marquenterre, selon Philippe
CARRUETTE).

Dans l'Aisne, deux cas de reproduction certaine sont
documentés et concernent à chaque fois un couple
nicheur certain (dans les bassins de décantation de
Bucy le Long, en 2009, Richard KASPRZYK et à Deuillet
en 2009 et 2011, Bertrand SEIGNEZ).

Dans |'Oise, un seul site de reproduction certaine est
rapporté : la gravière de Rivecourt avec des minima de 6
couples en 2009 et 10 couples en 2010 (William MATHOT
et coll.; pas d'estimation du nombre de couples en 2011).

Dans la Somme, la reproduction est notée uniquement

sur le littoral (au Parc Ornithologique du Marquenterre:
72 couples en 2009 selon Philippe CARRUETTE et à
Lanchères/maison de l'Oiseau : respecti-vement 5, 3 et
1 couples en 2009, 2010 et 2011, selon Yann DUPONT).

MOUETTE RIEUSE Chroicocephalus ridibundus
Espèce nicheuse de Laridé la plus abondante en Picardie,
et la mieux répartie dans le territoire régional.

Dans l'Aisne, notée nicheuse dans une bonne
quinzaine de communes, avec un effectif reproducteur
maximal recensé sur un même site de plus de 500 nids
en 2009 aux bassins de décantation de Bucy-le-Long
(Richard KASPRZYK). La colonie de Vermand est connue
pour être importante : en 2010, un cliché de Xavier
CORTEEL réalisé le 4 mai en compagnie d'Adrien MAUSS
montre 450 oiseaux en vol et conduit à une estimation
par ces observateurs de 200 à 250 couples. Le troisième
plus grand effectif compté se rapporte à la reproduction
de 120-150 couples à Deuillet, en vallée de l'Oise, en
2009 également (Gérard TOMBAL, Bertrand SEieNEz).
D'une façon générale, les sites ne bénéficient pas d'un
suivi annuel.

La population départementale peut être située à environ
820-900 en 3 colonies pour la période d'enquête.

Cet effectif dépasse les 531 couples (516-546) recensés
en 1998 (Commecy, 1999).

Dans l'Oise, des oiseaux reproducteurs ont été trouvés
dans 5 communes avec les fourchettes estimatives
suivantes pour les meilleures années (indiquées entre
parenthèses): Houdancourt (30-40), Rivecourt (55-100
selon William MATHoT), Varesnes (18-22), Pont-Sainte-
Maxence (1-2), Saint-Vast-les-Mello (1).

La reproduction est notée aussi à Chevrière en 2009
mais sans que la taille de la colonie ne soit cernée. La
reproduction est fortement suspectée aux marais de
Sacy mais aucun effectif nicheur n'est disponible.

La population reproductrice départementale peut donc
être évaluée à une fourchette de 100-150 couples
répartis entre 6 localités.

Cet effectif est à comparer avec les 38 couples (36-
49) enregistrés en 1998 pour le département, mais au
moins 22 des 38 couples étaient alors comptabilisés au
marais de Sacy. Une augmentation sensible est donc
enregistrée entre 1998 et la présente période.

Dans la Somme, l'espèce est notée nicheuse sur une
petite dizaine de communes. Les principales colonies
sont implantées :

- près du littoral, sur les sites du Parc ornithologique du
marquenterre (420 couples en 2011), de la Maison de
l'Oiseau à Lanchères (100 couples en 2009, 400 à 450
couples en 2010 mais seulement 35 en 2011), et dans
le marais communal du Crotoy (quelques centaines de
couples : 200 à 300 couples en 2009 selon Thibaud
DAUMAL, 365 en 2011 selon François SUEUR), avec
quelques couples dans les bas-champs de Cayeux (17
en 2009 à Woignarue, selon Mickael DEHAYE/Picardie
Nature).

- à distance du littoral, elle esttrouvée en quelques sites de
la vallée de la Somme (surtout Corbie : 60 nids en 2011;
Emmanuel VIDAL, Sébastien LEGRIS, Adrien DORIE, Yves
DUBOIS) et dans des bassins de décantation d'industries
agro-alimentaires (Roye : 76 couples en 2011, Eppeville :
93 en 2009 mais seulement 5 en 2010, Xavier COMMECY).
La population départementale globale peut donc être
estimée à environ 1000 couples, sachant que l'absence de

simultanéité du dénombrement de l'ensemble des colonies
rend l'estimation difficile. Il n'est en effet pas possible de
considérer la somme des maximum des effectifs comptés
sur chacun des sites comme l'effectif total probable, des
transferts d'un site à l'autre pouvant avoir lieu d'une année
à l'autre. Si l'on effectue ce total des maximum, on parvient
à un effectif de plus de 1400 couples, ce qui constitue
le haut de la fourchette départementale : 1000 à 1400
couples. Cette estimation de la population départementale
est à rapprocher des 1500 couples (1497-1537) recensés
en 1998 (Commecy, 1999).

Pour l'ensemble de la Picardie, la population
s'élève donc à 1920-2450, fourchette qui ne montre
pas de différence significative avec celle proposée
pour 1998 : 2049-2132. En revanche, l'abondance des
nicheurs recensés a augmenté dans l'Oise à la faveur
de l'installation de colonies dans des gravières et dans
l'Aisne, tandis qu'une diminution est notée dans le
département de la Somme.

GOÉLAND CENDRÉ Larus canus

Espèce nicheuse très rare en France, elle n'a été
trouvée cantonnée que sur le littoral de la Somme ou à
sa proximité : un cantonnement de 2 couples est noté
en 2009 à Grand-Laviers (80) et la reproduction est
attestée de 2009 à 2011 avec un à deux couples nichant
sur les toits d'un bâtiment très proche du front de mer
à Fort-Mahon plage (Pierre CAMBERLEIN, Jérôme MOUTON,
Thierry RiGAUx).

En 2012, un couple de Goélands cendrés se cantonne à
nouveau et établit un nid sur le toit de prédilection. Il en
est évacué par un couple de Goélands argentés, dont
l'un des individus est retrouvé en position d'incubation
quelques semaines plus tard en lieu et place du Goéland
cendré. Le couple de Goélands argentés échouera lui-
même dans sa reproduction.

GOÉLAND MARIN Larus marinus

Le premier cas documenté de reproduction de cette
espèce a été enregistré en 2001 sur un îlot d'une
gravière sur la commune de Woignarue, cette installation
ne s'étant pas pérennisée. Elle semble se reproduire
désormais en tout petit nombre mais de façon régulière
sur les toits des zones urbanisées de Mers-les-Bains
avec 1-2 couples cantonnés en 2009 (Mickael DEHAYE/
Picardie nature) et 3 couples en 2011 (François SUEUR).
En 2012, 9 couples sont recensés à Mers-les-Bains
par François SUEUR. Au cours de ces dernières années,
des pulli de cette espèce sont observés, la reproduction
effective d'une partie de ces couples étant donc avérée.

GOÉLAND BRUN Larus fuscus

Ne se reproduit en Picardie que depuis un nombre limité
d'années (depuis 2000). Son aire de reproduction est
restreinte à quelques zones urbanisées : secteur de
Mers-les-Bains sur le littoral (avec 4-5 couples en 2009

selon Mickael DEHAvE/Picardie nature, 11 en 2011 et 9 en
2012 selon François SUEUR) et agglomération d'Amiens
(4 à 9 en 2009, 4 à 15 en 2010, 8 à 11 couples en 2011
selon Amiens métropole).

Aucune information sur la réussite de la reproduction de
cette petite colonie installée dans la capitale régionale
ne nous a été transmise.

GOÉLAND ARGENTÉ Larus argentatus
Traditionnellement inféodé au littoral et à ses falaises de

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Avocette 2012 - 37 (2) - OCTOBRE 2013 - Revue naturaliste de Picardie Nature

craie, le Goéland argenté se reproduit désormais dans les
milieux urbains. Une population reproductrice importante
s'est constituée dans l'agglomération d'Amiens, grâce
aux ressources alimentaires offertes par la décharge
d'ordures ménagères située à proximité de la ville :

- à Amiens (zone industrielle - et ville ?) : environ 100
à 150 couples cantonnés ou nicheurs effectifs selon
Amiens métropole pour la période 2009-2011 (110-156
pour 2009, 112-140 pour 2010,122-154 pour 2011).

- dans les secteurs urbanisés du littoral : en 2009, de
l'ordre de 200 couples à Mers-les-Bains, de l'ordre de 5 à
Ault-Onival et 5 à Cayeux/mer (Mickael Dehaye/Picardie
Nature) et une grosse augmentation en 2011 et 2012
avec respectivement 425 et 700 couples installés sur les
toits de Mers-les-Bains, 29 à 34 couples à Ault-Onival et
12 à 15 couples à Cayeux/mer (François SUEUR).

- sur et au pied des falaises de craie s'étandant de Mers-
les-Bains à Ault-Onival : 96 à 117 couples cantonnés/
nids au cours de la période 2009-2011 (Thierry RiGAux),
soit un effectif très en deçà de celui qui était connu en
2001 sur ces mêmes falaises : 482 couples les 27 et 28
mai, selon RioAux (2003).

STERNE cAUGEK Sterna sandvicensis

Pas de reproduction effective ni d'installation de colonie
enregistrées au cours des années 2010 et 2011. En
2009, en revanche, une colonie assez importante
s'était installée au Hable d'Ault avec un minimum de
33 couples le 1erjuin (Mickael DEHAYE/Picardie Nature).
La reproduction a échoué sans que la cause ne soit
certaine. Il est vraisemblable toutefois que des chiens
non tenus en laisse qui se promenaient régulièrement au
coeur même de la réserve soient à l'origine de cet échec.

STERNE PIERREGARIN Sterna hirundo

Dans l'Aisne :

En 2009 : environ 35 couples nicheurs au minimum
notés répartis sur une dizaine de sites (avec 14 couples
à Beaurieux), près de 40 (37 ?) en 2010 dont 12 couples
à Ciry-Salsogne ; 31 recensés en 2011 dont 8 à Ciry-
Salsogne (la majeure partie des données émanent de
Richard KASPRZYK). Des reproduc-tions sont notées ici et
la sur des sites isolés n'accueillant qu'un couple : étangs
de Boué, Fesmy-le-Sart (Cédric RoussEAu)...

Dans |'Oise :

En 2009: un minimum 22 couples, dont 13 à Rivecourt et
8 à Varesnes ; en 2010 :27 couples dont 25 à Rivecourt;
en 2011 : 16 à 32 couples dont min 10 à Varesnes
(William MATHOT et autres observateurs).

Dans la Somme:

En 2009 : 1 couple certain à Méricourt-sur-Somme. En
2010 :2 à 6 couples dont 1 sans production de jeunes au
marais du Crotoy et un maximum de 5 couples potentiels
en vallée de la Somme (dont un considéré comme
reproducteur certain à Eclusier-Vaux par Xavier COMMECY,
auteur de la plupartdes données en vallée de la Somme) ;
en 2011: 3 à 6 couples nicheurs en vallée de la Somme
(dont 2 à 3 couples à Cléry-sur-Somme) et encore un
couple cantonné au marais du Crotoy, avec la production
d'au moins deux jeunes photographiés (Pascale BEcuE).
Une installation supplémentaire dans une gravière de
Rue : 1 couple/nid sans production de jeunes observée.
Au total, pour la région, ce sont donc une soixantaine de

couples nicheurs qui sont recensées au cours de ces
dernières années, principalement dans l'Aisne puis dans
|'Oise.

Conclusion

Alors que nous n'avons pas été en mesure de conférer
à l'atlas des oiseaux nicheurs en cours de réalisation au
cours des années 2009-2012 une dimension quantitative
pour l'ensemble des espèces, la recherche des oiseaux
marins, qui sont souvent grégaires en période de
reproduction, aura permis non seulement de cerner leur
distribution spatiale mais aussi d'approcher l'importance
numériquedeleurs populationsreproductricesrégionales.
Ce travail n'aurait pas été permis sans la contribution
bénévoles des membres du réseau avifaune de Picardie
Nature ainsi que de quelques autres observateurs qui
ont apporté une contribution précieuse à l'enquête.
Merci à tous ces observateurs.

La photographie de la situation réalisée permet d'ores
et déjà quelques comparaisons avec les situations
antérieures connues (ainsi, la sterne pierregarin a
considérablement progressé dans notre région) et
servira de référence pour l'établissement de nouvelles
tendances dans les années à venir.

Généralement, les suivis réalisés ont été relativement
légers, faute de temps, et on a donc peu d'information
en général sur le niveau de réussite des multiples cas de
reproduction observés.

Bibliographie.

RIGAUX T. (2003). Avifaune reproductrice des falaises
haut-normandes et picardes : valeur patrimoniale et
distribution spatiale. p. 25 - 34 in RIGAUX T. (Coord.),
BAWEDIN V. & COMMECY X. (2003) — Oiseaux et phoques
de la baie de Somme et de la plaine maritime picarde.
Contribution à la connaissance des richesses ornitho-
logiques et mammalogiques de la Picardie maritime.

N° spécial de l’Avocette, Picardie Nature, DIREN, 158 p.

COMMECY X. (1999). Recensement des colonies de
reproduction de Mouettes rieuses Larus ridibundus en

Picardie, année 1998, L'Avocette, 23 (1-2) : 7-9.

Thierry RIGAUX
11 rue d'Armor 80090 Amiens
rigaux.th@gmail.com

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