Avocette 1992 (16) 3-4
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1992 16 (3-4)
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' ACTES DE LA Zèmê JOURNEE INTER-REGIONALE
D’ORNITHOLOGIE.
· Le 17 NOVEMBRE 1991 à SAINT-QUENTIN (Aisne)
J .P. JACOB : La contribution belge à l’atlas européen des oiseaux
nicheurs et à l’enquête CIPO sur les espèces nicheuses a
distribution dispersées. p. 6
F. SUEUR 2 Grands traits de l’avifaune picarde nicheuse p.7-12
P. RAEVEL 2 La mortalité des oiseaux sur le littoral du Nord/
Pas-de-calais et de la Picardie en février 1991. p.13- 22
J. MOUTON : Impact de la chasse au gibier d’eau dans le nord
de la France sur l’avifaune européenne. p. 23
G. FLOHART : Contribution a l’étude de la migration postnuptiale
des oiseaux continentaux en baie de Somme. p. 24 — 29
H. DUFOURNY 2 La migration en Hainaut Occidental. p. 30
D. MUYSHONT : La biochimie au secours des migrations. p.31
J .C. TOMBAL : Le régime alimentaire des Faucons émerillons
hivernants en Cambrésis. p. 32 - 34
P. RAEVEL : Migration et hivernage de la Mouette mélanocéphale
dans le Nord de la France. p. 35 - 46
X. COMMECY : Les Corvidés sur le plateau picard. p. 47 - 51
I J. MOUTON : L’avifaune de la Plaine Maritime Picarde de 1970 à
çenïra/6 1990.p. 52-53
Ornitho/ogique
Picarde L. GAVORY : Evolution de l’avifaune des marais de la Souche
en 20 années. p. 54 - 59
43, chemin de _
ha/age P. ROYER : Avifaune de deux vallées picardes 2 l’Avre et la Noye. p.
80 OOO Amiens 60 ' 61
l I I I J.M. SANNIER : Avifaune de la vallée de la Bresle p. 62 - 66


			
,-5-.:
CENTRALE ORNITHOLOGIQUE PICARDE (C.O.P.)
Salle polyvalente de |’|le aux fagots
43, Chemin de halage 80000 AMIENS
Conseil d’Administration 1992
Président: F. SUEUR
Trésorier:X. COMMECY
Secrétaire : L. GAVORY
Membres 2 L. LARZILLIERE et A. ROUGE
L’Avocette Revue de la Centrale Ornithologique Picarde
Rédacteur en chef : X. COMMECY
Réalisation technique de ce N° : X. COMMECY et F. SUEUR
Edité par PICARDIE NATURE
14 PLACE VOGEL BP 835
80000 AMIENS
La D.l.R.E.N. (Direction Régionale de l’Environnement)
Picardie a aidé par une subvention à la parution de ce volume.

ACTES DE LA 2ème JOURNEE INTER-REGIONALE
D’ORNlTHOLOGIE.
Le 17 NOVEMBRE 1991 à SAINT-QUENTIN (Aisne)
J.P. JACOB : La contribution belge a l’at|as européen des
oiseaux nicheurs et a l’enquête CIPO sur les espèces
nicheuses a distribution dispersées. p. 6
F. SUEUR : Grands traits de l’avifaune picarde nicheuse p.7-12
P. RAEVEL : La mortalité des oiseaux sur le littoral du Nord/
Pas-de-calais et de la Picardie en février 1991. p.13- 22
J. MOUTON : Impact de la chasse au gibier d'eau dans le nord
de la France sur |’aviiaune européenne p. 23
G. FLOHART : Contribution a |’étude de la migration
postnuptiale des oiseaux continentaux en baie de Somme.
p. 24 - 29
H. DUFOURNY : La migration en Hainaut Occidental. p. 30
D. MUYSHONT : La biochimie au secours des migrations. p.31
J.C. TOMBAL : Le régime alimentaire des Faucons émerillons
hivernants en Cambrésis. p. 32 - 34
P. RAEVEL : Migration et hivernage de la Mouette
mélanocéphale dans le Nord de la France. p. 35 - 46
X. COMMECY : Les Corvidés sur le plateau picard. p. 47 - 51
J. MOUTON : L’avifaune de la Plaine Maritime Picarde de 1970
a 1990. p. 52 - 53
L. GAVORY : Evolution de l’avifaune des marais de la Souche
en 20 années. p. 54 - 59
P. ROYER : Avifaune de deux vallées picardes : l'Avre et la
Noye. p. 60 - 61
J.M. SANNIER : Avifaune de la vallée de la Bresle p. 62 - 66

PROGRAMME DE LA 2ème JOURNEE INTER—REGIONALE D'ORNITHOLOGIE
17 novembre 1991
SAlNT—QUENTlN (Aisne)
08:45 Ouverture : allocution de Noël RANSON
fondateur et ancien président du GEPOP
Thème 1 : Distribution
Président de séance : Jean-Charles TOMBAL
09:00 Jean—Paul JACOB : La contribution belge à l'atlas européen des
oiseaux nicheurs et à l’enquête CIPO sur les espèces à
distribution dispersée
09:20 Francois SUEUR : Grands traits de l'avifaune nicheuse picarde
Thème 2 : Mortalité
Président de séance : Serge BOUTINOT
09:40 Pascal RAEVEL : La mortalité des oiseaux sur le littoral du Nord/
Pas-de—Calais et de la Picardie en février 1991
10:00 Jérôme MOUTON : Impact de la chasse au gibier d'eau dans le Nord
sur l'avifaune européenne
10:20 Pause
Thème 3 : Migration
Président de séance : Xavier COMMECY
10:40 Guy FLOHART : Contribution a l‘étude de la migration postnuptiale
des oiseaux continentaux en baie de Somme
11:00 Hugues DUFOURNY : La migration en Hainaut Occidental
11:20 Didier MUYSHONT : La biochimie au secours des migrations
11:40 Discussion
12:00 Pause repas
Thème 4 : Etudes spécifiques
Président de séance : Jean-Paul JACOB
14:00 Jean-Charles TOMBAL : Le régime alimentaire des Faucons
émerillons hivernant en Cambrésis
14:20 Pascal RAEVEL : Migration et hivernage de la Mouette
mélanocéphale dans le Nord de la France
14:40 Xavier COMMECY : Les Corvidés sur le Plateau picard
L’AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée intenrégionale d'0mith0|0gie © Picardie Natura/C.O.P. 1

15:00 ,“ _ Pause
Thème 5 : Avifaunes picardes
Président de séance : Lucien KERAUTRET
15:20 Jérôme MOUTON : L'avifaune de la Plaine Maritime Picarde de 1970
à 1990
15:40 Laurent GAVORY : Evolution de l'avifaune des marais de la
,. Souche en 20 années
1%:00 Pierre ROYER : Avifaune de deux vallées picardes : l’Avre et la
Noye
16:20 Jean—Michel SANNIER : Avifaune de la vallée de la Bresle
(montage diapo)
17:00 Pause cocktail
17:30 Table ronde : Renforcer les liens entre les associations
ornithologiques du nord—ouest de la communauté francophone
En parallèle :
- une exposition de la Société pour l‘Etude et la Protection de la
Nature en Thièrache ; F
- des stands d'Aves, de la Centrale Ornithologique Picarde, du Groupe
Ornithologique Nord et de Picardie Nature.
Les salles abritant cette 2ème journée inter-régionale
d`ornithologie nous sont prêtées gracieusement par la Chambre de
Commerce dï d‘lndustrie de l'Aisne.
La Centrale Ornithologique Picarde tient à remercier Honsieur
1e Dèputé—maire de Saint—Quentin, Monsieur le Secrétaire général de la
Sous-préfecture de Saint—Quentin et Monsieur le Président de la Chambre
de Commerce et d‘Industrie de l‘Aisne pour le soutien apporté à
l'organisation.
Les pochettes contenant les résumés de communication nous
ont été aâmablement Éournies par l'Agence Régionale pour l'Environnement
de Picardie (Conseil Régional).
L'AVOCETTE 1992 16(3·4) Actes de la 2ème jouméa inter-régionale d'0mith0|0gia D Picardie Nature/C.O.P.  

INTRODUCTION AUX ACTES DE LA
2ème JOURNEE INTER-REGIONALE D'ORNITHOLOGIE
17 novembre 1991
SAINT-QUENTIN (Aisne)
par François SUEUR
Ayant eu la lourde mais agréable charge d'organiser cette 2ème Journée Inter-régionale
d'©rnithologie et d'assurer la publication des actes de celle-ci pour la Centrale Ornithologique
Picarde, me revient également la présentation du bilan d'ensemble de cette journée.
Dans une région comme la Picardie, où l'environnement apparaît davantage un créneau
électoral qu‘une réelle préoccupation, il est réconfortant de constater que certaines personnes ont
favorisé cette réunion alors qu'elles ne pouvaient s'attendre à d'importantes retombées médiatiques.
La Centrale Ornithologique Picarde et moi-même tenons ainsi à remercier Monsieur LE MEUR,
Député-maire de Saint-Quentin, Monsieur Jean-Marie DELACROIX, Secrétaire général de la Sous-
préfecture de Saint-Quentin, Monsieur Pierre ANDRE, Président de la Chambre de Commerce et
d'Industrie de l’Aisne, Mademoiselle BOU, Adjointe à l'Environnement de Saint-Quentin, Madame
Bernadette BLIN, Assistante bureautique Gestion des réunions à la Chambre de Commerce et
d'Industrie de l'Aisne, Monsieur Thierry RIGAUX, Chargé de mission à l'Agence Régionale pour
l'Environnement de Picardie (Conseil Régional) et Monsieur Jean-Luc IVIERIAUX, Directeur des
études de l'Al\/KBE, pour le soutien apporté à l'organisation.
Mes remerciements vont également à Monsieur Nôel RANSON, fondateur et ancien
président du GEPOP, qui a bien voulu accepter le redoutable honneur d'ouvrir cette journée. Fils
spirituel particulièrement remuant, je ne saurais oublier que l'ornithologie picarde lui doit d'avoir
regroupé nombre de passionnés d'oiseaux en vue de les étudier et de les protéger au sein du GEPOP
(devenu depuis Picardie Nature) tout d'abord, puis d'une structure interne spécialisée dans l'étude, la
Section Ornitho, noyau à l'origine de la Centrale Ornithologique Picarde.
Il m'est agréable de remercier les 5 présidents de séance, Messieurs Serge BOUTINOT
(Conseil Scientifique de la réserve naturelle des marais d‘Isle), Xavier CONHVLECY (COP), J ean—PauI
JACOB (Aves), Lucien KERAUTRET (GON) et Jean-Charles TOMBAL (GON) qui ont permis à
cette journée de se dérouler sans trop d'accrocs au programme. Certains cependant n'oublieront pas
que les multiples questions suivant l'exposé sur la biochimie ont bien failli nous priver de repas.
Mademoiselle Nicole GALLET m'a aidé lors de la préparation sur place et des envois des
circulaires préalables à cettejournée, Monsieur Xavier COMMECY m'a dégagé de certaines tâches
matérielles lors du déroulement de celle-ci. Que tous deux veuillent bien accepter le témoignage de
ma gratitude.
Enfin, je ne saurais oublier dans mes remerciements Monsieur Pierre ROYER qui avait
accepté l'organisation d'un premier projet de journée inter-régionale en 1990 et 1n'a évité certaines
embûches.
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0milh0Iogie © Picardie Nature/C.O.P. 3

 
Cette 2ème Journée Inter-régionale d'©rnithologie a permis tout d'abord à des ornithologues
belges, nordistes et picard de se rencontrer. Ce fait est déjà intéressant en soi, les oiseaux ignorant les
'Frontières et la communication et la di§l'l’usion des connaissances étant, avec la documentation et
l'étude, l'une des trois phases nécessaires à toute démarche scientifique.
Additif : Le très long délai entre le déroulement de cette journée et la
publication des actes est du à la difficulté de centraliser l'ensemble des textes
des auteurs (nous publions d'ailleurs pour certaines communications des
résumés et non leur intégralité), à des problèmes matériels (la
  microinformatique c'est formidable mais les micro-ordinateurs montrent trop
souvent des incompatibilités (d'humeur?) entre eux), à un manque de
disponibilité de ceux qui ont bien voulu assurer la réalisation de ces actes   et
il faut bien |'avouer à une certaine négligence. Enfin, l'essentiel est là, les
textes sont publiés.
F. SUEUR qui a collecté les textes des communications et en a assuré une
sortie papier
X. CONIMECY qui a réalisé la maquette finale.
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L’AVOCETTE 1992 16(3—4) Actes de la 2èm• joumée inter-régionale d'omithologie Q Plcafdlë Nâlülü/@-0-P·  

ALLOCUTION
par Noël RANSON
Ma présence ici à cette présidence ne doit pas faire croire à certains que je reprends du
service.
Je suis ici en qualité d'ornithologue et là personne ne peut le contester.
Je suis heureux de vous accueillir dans cette bonne ville de Saint-Quentin qui évoque pour
moi beaucoup de souvenirs intenses, ne serait-ce que la Libération en août 1944, le 8 mai 1945 et il y
a 34 ans une nuit de noces...
Je ne puis passer sous silence mes joies ornithologiques partagées depuis plus de 38 ans avec
"1'ornitho local" Serge BOUTINOT qu'il est inutile de vous présenter. ~
Avant de vous laisser attaquer cette journée queje souhaite attractive, je vous livre quelques
notes a méditer.
Il s'agit d'ornithologie à Marcy par Homblières à 6 km d'ici, pour les puristes 49.51 Nord 3.20
Est.
De 1950 à 1960, nous trouvons, Serge et moi, 70 espèces nicheuses, c'est à dire au nid garni.
En 1990-91, de ces 70, il en reste environ 45 mais 3 nouvelles sont apparues : Tourterelle turque,
Serin cini et Martinet noir. Que s'est-il passé?
Je ne vais pas ici faire l'inventaire ou du moins épiloguer sur telle ou telle pollution,
traitement, ou même culture. Tout cela, nous le savons, n'est pas du tout du ressort de l'ornithologue
mais pensez plutôt à la vie de ce village de 780 ha.
En 1960, il y avait encore 200 vaches, il en reste 15 et encore aucune ne produit du lait à la
vente. Des chevaux, toujours en 60, près de 50, actuellement il n'y en a plus. 30 ha de bois ont été
défrichés pour la culture. Sur 60 ha de pâtures, il en reste à peine 15. 15 ouvriers agricoles
journaliers, 1 aujourd'hui. 5 tracteurs, plus de 15 en 91. Plus de 30 % du terroir servait à fournir
l'a1imentation du cheptel bovin, ovin et equin.
En conclusion, toute la vie du terroir est bouleversée. Je doute fort que revienne un jour y
nicher l'©utarde, les Pies-grièches, la Huppe, les Traquets, etc... Par contre, depuis deux ans, la
Bondrée y chasse l'été. J'ai vu 2 terriers de Guêpes déterrés et plusieurs observations de jeunes l'an
dernier. Espérons.
Sur cet espoir, nous allons débuter cette journée internationale d'ornithologie. Je demande
donc à Monsieur Jean-Charles TOMBAL de bien vouloir présider ce premier thème et vous souhaite
à tous une excellente et fructueusejournée ornithologique internationale.
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LA CONTRIBUTION BELGE A L'ATLAS EUROPEEN DES
OISEAUX NICHEURS ET A L'ENQUETE CIPO SUR LES
ESPECES A DISTRIBUTION DISPERSEE
par Jean-Paul JACOB *
Coup sur coup, deux enquêtes menées à l‘échelle continentale ont permis de faire le point sur
les e1`fectif`s et les tendances de l'avifaune nicheuse en Belgique. Ces enquêtes sont l'Atlas européen
couvrant la période 1985-88 et, en 1991, l'enquête du CIPO, qui apparut à bien des égards
complémentaire de la première. En Belgique, ces contributions n'ont pas généré de vastes recherches
de terrain, comme un second atlas des nicheurs, mais elles ûirent plutôt l'occasion de rassembler les
informations récentes et de valoriser l'expérience des ornithologues. Cette démarche s'est d'ailleurs
avérée riche d'enseignements en ce qui concerne les espèces trop fréquentes pour être bien signalées
dans les rapportsd'obsewation.
Cette communication est non seulement l'occasion d'analyser quelques-uns des résultats
acquis, mais aussi de présenter ou de remémorer l'existence de certaines des principales O.N.G.
ornithologiques à vocation internationale : le C.I.P.O. et surtout l'E.O.A.C. (European Organization
of Atlas Committee) et l'I.B.C.C. (International Bird Census Committee).
L'avit`aune nicheuse belge compte actuellement 185 espèces, y compris quelques irréguliers et
les peu désirables oiseaux introduits. Dans ce total, 52 espèces sont considérées en augmentation et
46 en diminution. Cette liste ne tient pas compte d'espèces remarquables arrivées au terme de leur
extinction au cours des dix dernières années (Busard cendré, Pipit rousseline, Pie-grièche à tête
rousse par exemple). Les tendances à moyen terme sont notamment exprimées par comparaison avec
l'atlas de LIPPENS & WILLE (1972, données essentiellement de 1961-68) et avec l'atlas national
(données de 1973-77).
* 76 rue de Petit Leez, B-5938 Grand-Leez
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GRANDS TRAITS DE L'AVIFAUNE NICHEUSE PICARDE
par François SUEUR
INTRODUCTION
La Picardie comporte 5 grands ensembles de biotopes :
- les milieux littoraux,
- les zones humides continentales représentées principalement par les rivières et les marais qui les
bordent,
- les massifs forestiers,
- les milieux cultivés,
— les zones urbanisées.
Nous allons brosser à grands traits l'avifaune nicheuse de ces biotopes en insistant sur les
espèces les plus remarquables.
LES MILIEUX LITTORAUX
Trois biotopes de niditication se rencontrent exclusivement sur le littoral : les levées de
galets, les dunes et les bords de lagunes. Les falaises, quant à elles, n'atteignent une certaine
extension que sur la côte.
Les dunes abritent la plus forte part des Tadornes de Belon Tadoma tadoma nicheurs en
Picardie (250 couples potentiels en 1984 sur le littoral et 380 en 1991) même si des couples se
reproduisent à 1'intérieur des terres depuis 1977 dans la Somme (BOUTINOT, 1980), puis dans
l'Aisne, principalement près des bassins de décantation mais également en marais naturel d'eau
douce (COMMECY & DUPUICH, 1985). La population nichant à l'intérieur des terres, si nous
exceptons la frange bordant la plaine maritime picarde, étant actuellement confinée à l‘est de la
Picardie, nous pouvons émettre l'hypothèse que ces oiseaux seraient éventuellement issus de de la
population méditerranéenne transitant par la région lors de ses déplacements entre la Camargue et
sa zone de mue de la mer des Wadden puisqu'ils peuvent migrer sur un large front, un oiseau
camarguais ayant même été contrôlé sur le littoral picard.
Nicheur sur les levées de galets et surtout dans les dunes initiales, le Gravelot à collier
interrompu Charadrius alexandrinus était représenté par 26 à 27 couples en 1981 et 1983 puis 31 à
37 en 1984 (RIGAUX, 1985). Il semble actuellement en régression sur le littoral picard ou cette
évolution négative a commencé beaucoup plus tardivement que dans d'autres régions de France.
L'Avocette Recurvirostra avosetta se reproduit essentiellement en bordure des caux
saumâtres. Elle niche pour la première fois au Parc Ornithologique du Marquenterre en 1975 avec
12 couples (SUEUR, 1975). Ses effectifs croissent ensuite pour atteindre plus de 100 couples de
1983 à 1985 (SUEUR & COMMECY, 1990). Puis, ils régressent pour chuter à 41 couples en 1991
suite à une série d'années d'échecs de la reproduction complets ou presque pour des raisons diverses
: météorologie défavorable, dérangements provoqués par un cinéaste, opérations de déminage en
L'AVOCET1'E 1992 16(3·4) Actes de la 2ème joumée intewégionale d'omith0|0gie © Picardie Nature/C.O.P. T

baie de Somme provoquant des taux anormaux d'échecs de l'incubation non seulement chez cette
espece mais également chez la Mouette rieuse Larus ridibundus (autre oiseau colonial nichant au
sol), prédation notamment par des Sangliers Sus scrofa attirés volontairement en bordure de la
zone, collecte des oeufs, etc.
Des cas de reproduction en dehors de ce site sont occasionnellement enregistrés en baie de
Somme (suite à des échecs au Parc), en baie d'/\uthie, au Hâble d'Ault (en 1990) et en milieu
cultivé à Boismont (tentative en 1982, 3 couples dont au moins un réussissant en 1990 et 8 couples
en 1991).
Les falaises littorales abritent une population de Fulmar Fulmarus glacialis depuis 1972. La
reproduction est prouvée en 1979 alors que 16 couples étaient présents puis 49 couples en 1986
(MERCIER, 1987). Cette population ne semble pas entrer en compétition avec les 300 à 335
couples de Goélands argentés Larus argenzarus qui nichent dans ces falaises, ni avec d'autres
habitants comme le Pigeon colombin Columba oenas ou le Choucas des tours Corvus monedula.
LES ZONES HUMIDES CONTINENTALES
Les deux espèces les plus menacées car au bord de 1'extinction alors que leurs populations
étaient autrefois florissantes en Picardie peuplent les phragmitaies. Il s'agit en l'occurrence du
Blongios nain Ixobzychus minutus et du Butor étoilé Botaurus stellaris.
Pour le Blongios, une chute brutale des effectifs est constatée dans le Vermandois entre
1950 et 1964 (BOUTINOT, 1980) alors que 230 couples peuplent encore la Picardie en 1970. En
1983, la population est estimée à 40 couples soit 25 dans la Somme, une dizaine dans 1'Aisne et pas
plus de 5 dans 1'Oise, cette situation semble s'être encore dégradée par la suite (COMMECY in
C.O.P., à paraître).
Les effectifs du Grand Butor chutent de 105 couples en 1970 vers une fourchette de 31 à 50
couples en 1983.
La population du Cincle plongeur Cinclus cinclus, localisé en Thièrache (forêt de Saint-
Michel) sur le cours de l’Oise, compte au moins 10 couples. Elle se prolonge au nord vers
1’Avesnois voisin.
LES MASSIFS FORESTIERS
Entre 1970 et 1975, la Bondrée apivore Pemis apivorus peuplait 1'est et le sud de 1'Aisne, la
frange littorale de la Somme (YEATMAN, 1976) et très probablement les grandes forêts du sud de
l'Oise, soit un statut fort proche de celui enregistré au siècle dernier. De 1979 à 1982, une
fourchette de 60 à 80 couples est proposée pour ce département (dont une vingtaine pour la seule
forêt de Compiègne), 27 à 50 pour 1'Aisne et peut—être 4 dans la Somme (COMMECY, 1984). De
1983 à 1987, 130 à 175 couples peuplent la Picardie soit 70 à 90 dans 1'Aisne, 50 à 70 dans 1‘Oise et
10 à 15 dans la Somme (COMMECY in C.O.P., à paraître).
De 1979 à 1982, 10 couples d'Autour des palombes Accipiter gentilis peuplent la forêt de
Compiegne-Laigue (Oise) et cette espèce niche peut-être également dans le nord de 1'Aisne
(COMMECY, 1984).
De 1979 à 1982, les effectifs de l'Epervier d'Europe Accipirer nisus semblent au plus bas en
Picardie avec seulement 6 à 11 couples dans 1'Aisne, la présence de 1'espèce seulement constatée en
forêt de Compiegne-Laigue et aucun indice de nidification anregistré dans la Somme (COMMECY,
1984).
La présence de la Gélinotte des bois Bonasa bonasia suspectée en forêt de Saint—Miche1
(Aisne) depuis la fin des années 70 (H. DUPUICH, comm. pers.) est prouvée en 1991 (L.
L'AVOCETfE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omith01og1e © Picardie Nature/C.O.P. 8

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UAVOCETFE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omitho|0gi¤ © Picardie Nature/C.O.P. 9

LARZILLIERE, comm. pers.), Cet oiseau sédentaire y niche tres probablement. Il s'agirait alors,
sans aucun doute, d'un des nicheurs les plus rares de Picardie.
Le Pic noir Diyocopus martius peuple surtout les grandes forêts du sud de l’Oise et de
l’Aisne. Cependant, il niche également dans la Somme et a même atteint le littoral (Marquenterre)
ou sa reproduction reste toutefois à prouver.
LES MILIEUX CULTIVES
Du fait de la modernisation des pratiques culturales, 1'avifaune des milieux cultivés s'est
banalisée lors des décennies les plus récentes avec la disparition de 1'Outarde canepetière Tetrax
tetrax du Vermandois en 1968 (BOUTINOT, 1980).
Le Râle des genêts Crex crex, bien représenté jusque vers 1950, n'est plus actuellement
cantonné qu'en de très rares prairies humides.
Les effectifs de la Caille des blés Coturnix coturnix tluctuent de manière importante selon
les années mais à des niveaux bien inférieurs à ceux des années 60.
Dans les secteurs les plus favorisés, se reproduisent les Busards Saint-Martin Circus cyaneus
et cendré C. pygargus. Si la colonisation de ce milieu par le Busard des roseaux C. aeruginosus
(COMMECY, 1990) peut représenter un aspect positif, elle peut également poser des problèmes
aux deux oiseaux précédents, ce dernier semblant les supplanter et les évincer des zones les plus
favorables.
Dans nombre de localités, l'avifaune des milieux cultivés se limite à la Perdrix grise Perdix
perdix, l'Alouette des champs Alauda awensis, le Bruant proyer Emberiza calandra et à quelques
autres espèces plutôt banales.
LES ZONES URBANISEES
L'avifaune des zones urbanisées ne comporte aucune espèce remarquable (SUEUR, 1985).
Le Moincau domestique Passer dom.esticus est l'oiseau le plus abondant (16,8 à 19,4 couples pour
10 ha), viennent ensuite le Pigeon biset (de ville) Columba livia, le Martinet noir Apus apus et la
Tourterelle turque Streptopelia decaocto. Seules 3 autres espèces, le Rougequeue noir Plzoenicurus
ocliruros, les Hirondelles de cheminée Hirundo rustica et de fenêtre Delichon urbica, sont
presqu'exclusivement inféodées aux zones urbanisées (densités généralement plus importantes dans
les villages).
CONCLUSION
La Picardie héberge plusieurs espèces aviennes considérées comme menacées ou en très
forte régression en France. Les effectifs de deux d’entre elles (Grand Butor et Tadorne de Belon)
représentent rrne fraction importante de leurs populations françaises.
BIBLIOGRAPHIE
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L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mitho|ogia © Picardie Nature/C.O.P. 10

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L'AVOCE`ITE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0I0gie © Picardie Natura/C.O.P. 11

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L'AVOCETTE 1992 15(3—4) Actes de la 2eme joumée inter-régionale d'0mi1h010gie I G Picardie Nature/C.O.P.  

LA MORTALITE DES OISEAUX SUR LE LITTORAL DU NORD DE
LA FRANCE
(NORD-PAS-DE-CALAIS-PICARDIE) ET DE BELGIQUE EN FEVRIER
1991
par Pascal RAEVEL
INTRODUCTION
A la mi-février 1991, B. MILLECAMP, F. MARTIN & G. TERRASSE constatent une trés
forte mortalité d'oiseaux sur la rive sud de la Baie d'Authie (à peu près un cadavre tous les mètres l).
Ils me préviennent donc pour que j'informe au plus vite les participants à l‘enquéte internationale sur
lerecensement des oiseaux morts du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie afin que ceux—ci prennent
leurs dipositions (temps de réalisation des dénombrements plus long que la normale, difïicultés de
recensements et de détermination car la plupart des cadavres sont à l‘état de fragments et il y a
beaucoup de passereaux, ...).
J'effectue moi-même rapidement avant la date oüicielle européenne de recensement quelques
sondages sur des secteurs répartis sur la façade maritime de la Manche et de la Mer du Nord. En
Flandre maritime et en Boulonnais, je constate peu de mortalité et peu de passereaux. En revanche,
sur le pourtour de la Baie d'Authie, il y a une mortalité sans précédent : trois journées sont
nécessaires pour la prospection de 12 kilomètres de plages. 3500 cadavres seront ainsi dénombrés et
ramassés.
Aprés le coup de froid, il s'est avéré que l'essentiel de la mortalité directement liée au froid a
été concentrée sur le littoral des Bas-Champs.
METHODOLOGIE
Les résultats présentés ici se basent sur différentes sources d'information complémentaires 1
- d‘une part les résultats des recensements traditionnels d'oiseaux morts sur les plages centrés pour
cet hiver autour des dates suivantes : 23 et 24 février 1991 ; les résultats du Nord-Pas-de-Calais sont
tirés du bilan régional (RAEVEL, 1992a) et ceux de la Somme ont été transmis par X. COMMECY
et L. GAVORY. La méthodologie générale a déjà été présentée pour le Nord-Pas-de-Calais
(RAEVEL, 1990) et pour la Picardie (COMMECY, 1982) ;
- des recensements complémentaires ont été réalisés d'autre part, soit seul, soit en compagnie
d'autres observateurs, sur le littoral du Nord-Pas-de-Calais et de la Somme; dans ce cas la plupart
des cadavres (tout au moins pour les passereaux) ont été collectés. Ils ont été mis en sacs sur place,
puis triés et déterminés ultérieurement (plusieurs journées nécessaires...) g la grande majorité des
cadavres se trouvait dans un très mauvais état de conservation à la suite d‘une très forte prédation
(RAEVEL,1992b) ;
- le littoral de la Belgique a été prospecté de manière discontinue dans l'espace et dans le temps par J.
van GOMPEL au cours de l'hiver ; j'ai effectué quelques sondages qui ont été réalisés début mars en
compagnie de P. POIRE ;
L'AVOCET|'E 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omith0|ogia © Picardie Nature/C.O.P. 13

- enlin, les résultats des recensements réalisés par le "Groupe Oiseaux marins" (NZG—NSO) des
Pays-Bas ont été communiqués par C.J. CAIVIPHUYSEN et J.A. van FRANEKER.
Quelques biais dans les résultats sont liés à un changement de météorologie au cours de la
période de recensement. Les compatges qui ont eu lieu vers la fin-février et début mars ont manqué
très probablement une bonne partie des cadavres enfouis à la suite de vents violents de secteur sud-
ouest. C'est le cas des deux secteurs suivants : Baie de Canche à Merlimont (secteur No 7) et secteur
du Portel à Hardelot (secteur No 5) où de 50 à 80 % des cadavres ont disparu en l'espace de
quelques jours. Les chiffres présentés pour certains secteurs ne représentent donc que des minima
absolus.
SECTEURS PROSPECTES
La carte No 1 localise les secteurs prospectés depuis la frontière belgo-néerlandaisejusque la
Somme.
Un grand total de 215 km ont été parcourus :
— 30 km en Belgique ; seule la partie la plus orientale du littoral belge a été prospectée (frontiere
jusque Oostende) (J. van GOMPEL, P. RAEVEL, P.POIRE) [secteur No 0] ;
- 147 km dans le Nord-Pas-de-Calais (secteurs traditionnels des membres du Groupe ornithologique
Nord - voir ci—après dans les remerciements) [secteurs No 1 à 8] ;
- 12 km sur le pourtour de la Baie d'Authie (P. RAEVEL, S. DEROO, B. MILLECAMP, F.
MARTIN, C. BOUTROUILLE, B. BOUTROUILLE, B. LAMBERT, C. LAMBERT) [secteur No
9] ;
- 26 km sur le littoral de la Somme (de Quend—Plage à La Maye ; du Hourdel à Brighton et de
Cayeux-sur-mer à Ault) (L. GAVORY et X. COMNLECY de Picardie-Nature) [secteur No 10].
CARTE N °1 :
LOCALISATION DES SECTEURS
c0T1E12s RECENSES PAYS”BAS
r ri
' 0 \,’*`«_“/4*/*
1 BELGIQUE
2 K
r ¥
3 i` Norm 1
4 ` ir
5 PAS-DE—·CAL/1IS'
5 1v° SECTEUR LIMITES
7 0 Belgique
1 Frontière belge à l’Aa (Nord)
L 3 Aa au Cap Blanc Nez (Pas—de—Calais)
9 « ·‘\" 3 Cap Blanc Nez au Cap Gris Nez (Pas-de—Calais)
*` 4 Cap Gris Nez au Portel (Pas-de-Calais)
10 ` 5 Le Portel à Hardelot (Pas—de—Calais)
6 Hardelot à Baie de Canche (Pas—de—Calais)
SOMME 7 Baie de Canche à Merlimont (Pas-de-Calais)
__ 5 Merlimont à Berck (Pas—de—Calais)
\\ 9 Pourtour de la Baie d’Authie (Pas—de—Calais & Scvneu
~ 10 Pourtour de la Baie de Sonvne (Mers à Quend) (Sorte}
SEINE-MARITIME 50 km
L'AVOCETTE 1992 1G(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mlthologie © Picardie Nature/C.O.P. 14

RESULTATS
Un grand total de 9561 cadavres ont été dénombrés représentant 43 espèces. L'indice
kilométrique global de mortalité (IKM) est de 45 pour cet hiver, soit un individu tous les 22 mètres.
Le pourcentage d'indétermination est faible malgré les très mauvaisesconditions de _
prospection et de détermination évoquées plus haut. La technique proposée aux membres du G.O.
NORD a donc été efficace. Il s'agissait dans un premier temps de ramasser les cadavres qui risquaient
de poser problème (passereaux, limicoles, etc...) et tous les restes indéterminés. Une recherche plus
approfondie de retour au foyer, documents à l'appui, a permis ensuite une détermination beaucoup
plus aisée de la plupart des restes. Enfin, il avait été demandé aux participants à l'enquête de
m'envoyer les restes ou de me les déposer à certains endroits convenus pour ultime tentative de
détermination des cadavres indéterminés.
Il apparaît nettement à la lecture du tableau No 1 que ce sont les oiseaux terrestres
(essentiellement des passereaux) qui ont souffert de cette vague de froid. Ils représentent un peu plus
de 75 % des effectifs trouvés sur les parcours recensés.
TABLEAU N°l: Répartition des effectifs par groupes d‘espèces
cnoupas Nonsns Nonnnm p0uRcEN— IKM
¤·EspEcEs 0·1N01v10us macs
pnoucxaows ET cmzmzs _ 102 1,07 0,47
  EAUX DE   1-1 42 lïl O4 19
0100000 000100   56 1 0,50 1 0,20
ANSER     WNS  10 ini   lï
Tanonua DE nanou ` 1 \ 91 i 0,95 i 0,42
LIMICOLES l 18 l 673 \ 7,04 t 3,12
  l-!   lïl  
  1-lÉl   1  
OISEAUX Tzanasœnas 22 7180 75,10 33,39
Pour ce qui concerne la répartition par familles, ce sont les Turdidae qui viennent en tête avec
plus de 56 % de l'effectif total compté, suivis par les Alaudidae (11,1%), les Alcidae (7,2%) et les
Limicoles (7%) (cf tableau No 2). Au total 18 familles/ordres etaient représentés.
Parmi les 10 espèces les plus abondantes, on trouve 4 passereaux en tête, dont 2 grives (les
Grives litorne -2927 individus comptés- et mauvis—2187-), l'Alouette des champs (1061) et le Pipit
farlouse (541), viennent ensuite le Guillemot de Troïl (502), le Goéland cendré (187), la Mouette
rieuse (163), le Petit Pingouin (157), le Merle noir (149) et l'Huitrier pie (120).
Parmi les espèces à effectifs élevés, il faut encore citer la Grive musicienne (104 individus
recensés), le Tadorne de Belon (91), le Grèbe huppé (82), le Canard pilet (20), la Sarcelle d'hiver
(33) et le Canard siffleur (15) et le Grand Cormoran (7).
Parmi les espèces les plus remarquables, soit rarement découvertes sur les plages, soit en
nombre plus élevé qu'à l'accoutumée, il faut retenir : l'Avocette élégante (4), le Cormoran huppé (3),
le Héron cendré (3), les Canards souchets et chipeaux (3), le Fuligule milouinan (1 1), l'Eider à duvet
(11), le Pluvier argenté (11), le Vanneau huppé (64), le Bécasseau maubèche (13), le Bécasseau _
variable (154), le Bécasseau cocorli (3), le Bécasseau sanderling’(4), le Combattant varié (1) et la
Bécassine sourde (4), la Bécassine des marais (61) et surtout la Bécasse des bois (162), la Barge
rousse (7), le Chevalier aboyeur (1), la Mouette mélanocéphale (5) et le Mergule nain (5).
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème ioumée inter-régionale d'omi1h0|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 15

TABLEAU N°2: Répartition des effectifs par famille par ordre décroissant
FAMILLES Noneae pouacau- IKM
¤·1N¤1v10us TAGE
Tuanxnas 5372 56,63 24,99
A1.Au¤1¤Aa 1 1062 1 11,19  
  1Él   1  
CHARADRIIFORMES 1 673 1 7,09 1 3,13
LARIDAE 1 631 1 6,65 1 2,93
MOTACILLIDAE 1 545 1 5,75 1 2,53
ANATIDAE 1 243 1 2,56 1 1,13
PODIC I PEDIDAE l 
FRINGILLIDAE 1 42   0,20
8MBER1z1¤A8 1 32 1 0,22 1 0,15
coLuM81¤A8 1 32 1 0,22 1 0,15
pR0cELLAR10AE 1 18 1 0,19 1 0,08
0Av11¤AE 1 17 1 0,18 1 0,08
RALLIDAE 1 16 1 0,17 1 0,07
SULIDAE 1 14 1 0,15 1 0,07
Paaracaocoaacruaa 1 10 1 0,10 1 0,05
Aa¤81¤A8 1 2 1 0,03 1 0,01
STRIGIDAE 1 0,01 0,001
Il est à noter également beaucoup de passereaux, souvent inhabituels dans les recensements
d'oiseaux morts sur les plages en fin d'hiver 1 Bmant des roseaux, Alouette lulu, Verdier et
Chardonneret, Linotte mélodieuse...
La répartition de la mortalité est très inégale sur l'ensemble de la façade maritime Manche —
Mer du Nord.
On constate une relative homogénéité des indices kilométriques de mortalité sur la façade
maritime de la Mer du Nord, avec des valeurs allant de 3,5 à 21,1. Les valeurs les plus élevées sont
atteintes entre Calais et le Cap Blanc Nez, dans les Iles de la Frise et entre la frontière belge et
Dunkerque.
En revanche, le littoral de la Manche offre des chiffres beaucoup plus contrastés, allant de
18,1 à 273 cadavres par kilomètre. Les valeurs les plus élevées sont atteintes sur le littoral des Bas-
Clianips, principalement autour de la Baie d'Authie (273,5 cadavres par km), de Merlimont à Berck-
Plage (151,4) et sur le pourtour de la Baie de Somme (78,7). Il y a donc eu une surmortalité
concentrée sur le littoral des Bas-Champs, et étndue sumne vingtaine de kilomètres entre les Baies
d'Authie et de Somme.
L'AVOCETTE 1992 l6(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0l0gie © Picardie Nature/C.O.P. 16

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La carte No 2 présente l'ensemble des indices kilométriques de mortalité depuis le nord des
Pays-Bas jusque la Picardie.
Les valeurs moyennes des indices kilométriques de mortalité sont de 12,2 (n = l l; Et = 5,98)
pour la façade de la Mer du Nord contre 99,2 (n = 7 ; Et = 89,92 ; la valeur très faible du secteur Le  
Portel - Hardelot n'est pas reprise dans le calcul car non représentative comme il a été mentionné
plus haut en raison des mauvaises conditions de prospection, i.e. ensablement intervenu entretemps)
pour la Manche. Ces valeurs sont très significativement différentes (test-F et test-t ; p= 0,01).
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DISCUSSION
Cet hiver a connu de toute évidence la plus forte mortalité sur le littoral du Nord de la France
depuis que les recensements réguliers et standardisés des oiseaux morts en fin d'hiver existent (cf
figure 1).
Si la mortalité constatée habituellement oscille entre 5 et 10 oiseaux par kilomètre, cette
année le total record de plus de 45 a été obtenu.
Ces valeurs très élevées sont dues à une augmentation anormale du nombre des oiseaux
terrestres dans les totaux recensés (cf figure 2) notamment des passereaux qui atteignent, en
moyenne, 5% des effectifs recensés lors des comptages de fin d'hiver sur les plages (cftableau No 4).
TABLEAU N°4: Valeur moyenne interannuelle du pourcentage de passereaux
dâI'1S les recensements d'OiSEâUX morts SUI les PZLBQSS
dans quelques régions voisinnes.
REc1oN / PAYS POURCENTAGE PER1o¤E EFFECTIF
DE PASSEREAUX
PAYS—BAS (1) 6,2 HI 1977-1990 116953
NORD—PAS—DE—CALAIS (2) I 5,1 % I 1974-1987 I 10265
NoRD-PAS-DE—cALA1S (2) I 4,9 15 I 1967-1987 I 11872
PICARDIE (5)   1967-1981 I 5555
NORMANDIE (4) I 3,6 % I 1974-1980 I 2263
MANCHE—MER DU NORD (5) 74,3 % 1991 9561
(1) D'après NZG-NSO (1991)
(2) D'après RAEVEL (1990)
(3) ¤·ap1-ès coMMEc¥ (1982)
(4) D'après DEBOUT (1980)
(5) Cette étude A
C'est également la proportion de passereaux dans les résultats des différents secteurs qui
explique la différence statistique constatée dans les valeurs moyennes de l'IKM entre la façade de la
Mer du Nord et de la Manche (cf carte No 3). On constate en effet un gradient très net du nord au
sud dans le pourcentage des passereaux dans les totaux sectoriels.
Depuis des valeurs nulles à quasi-nulles dans le nord des Pays-Bas (Iles Frisonnes et côte
continentale du Friesland), le pourcentage de passereaux augmente graduellement (1,4 à 2,6 sur la
façade centrale et sud des Pays-Bas et de la Belgique) pour atteindre 6 à 30% sur le littoral de la Mer
du Nord dans le Nord de la France et enfin de 75 à 93% sur le littoral de la Manche. A partir de la
Baie de Somme et ensuite en Normandie, la proportion de passereaux décroît ensuite assez
rapidement (J.C. DUBOSC, in lill,).
Il y a donc eu une surmortalité concentrée sur le littoral des Bas-Champs, et étendue sur une
vingtaine de kilomètres entre les Baies d'Authie et de Somme.
C'est à l'évidence une mortalité à relier directement à la vague de froid de janvier-février
1991, avec une structure typique des résultats 1 abondance des espèces terrestres, très grande
richesse et diversité, notamment chez les passereaux, limicoles et ansériformes, présence d'espèces
nordiques (canards, limicoles, ...) absentes ou très rarement représentées dans les résultats des
recensements de fin d'hiver,
L'AVOCETI'E 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0|0gie © Picardie Nature/C.O.P. 16

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L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0Iogie © Picardie Nature/C.O.P. 19

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Il semble que la grande majorité de la mortalité soit liée directement avec le froid. Quelques
témoignages cependant attestent que le prélèvement cynégétique a été également supérieur à la
normale pendant cette période de froid, avec notamment une pression de chasse ininterrompue dans
certaines liuttes de la Baie d'Autl1ie tout au long du coup de froid. La très grande majorité des
cadavres se trouvaient toutefois dans un état ne permettant pas de diagnostiquer la cause de la mort
(forte prédation post-mortem).
Plusieurs espèces ou familles ont atteint cet hiver leur record de densité linéaire de mortalité
depuis 25 années de prospection des littoraux picards et nordistes : Grand Cormoran, Cormoran
huppé, canards non marins, Eider à duvet, Tadorne de Belon et limicoles.
UAVOCETFE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omith0|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 20

CONCLUSION
Les recensements d'oiseaux morts réalisés à la tin de février 1991 ont mis en évidence sur le
littoral du Nord-Pas—de-Calais et de Picardie une mortalité sans précédent. Les indices kilornétriques
dc mortalité les plus importants ont été relevés dans le secteur des Bas-Champs picards,
principalement sur le pourtour de la Baie d'Authie et, dans une moindre mesure, de la Baie de
Somme.
Cette mortalité a touché essentiellement des familles terrestres : passereaux, limicoles et
canards. Cette surmortalité est typique des hivers avec vague de froid (richesse et structure du
cortège des espèces touchées).
Un gradient très net a été mis en évidence du nord au sud, depuis les Pays-Bas jusqu‘en
Picardie, à la fois pour les IKM et la proportion de passereaux dans les totaux recensés. C'est ce qui
explique la forte différence entre les deux façades maritimes.
L'hypothèse la plus vraisemblable pouvant expliquer cette surmortalité locale (étendue sur
une vingtaine de kilomètres) est celle d'un "piège" météorologique ayant atteint de forts contingents
de passereaux concentrés le long du littoral picard lors de mouvements de fuite face au froid.
Ce fut également le cas lors de l'hiver 1984-1985 dans le Nord de la France, où la mortalité
intervint surtout dans le secteur du Cap Gris Nez (RAEVEL, 1985).
Il semble toutefois que cette fois-ci les oiseaux soient morts en majorité au cours de leur
fuite, et probablement en mer. En effet, les cadavres étaient concentrés sur quelques mètres de large
dans les laisses de mer les plus anciennes et uniquement face aux secteurs maritimes (pas dans les
rentrants des estuaires). De plus, des prospections effectuées dans l'arrière-pays de plusieurs secteurs
littoraux, n'ont pas permis de découvrir de telles mortalité, même dans les cordons dunaires tout
proches des plages où se trouvaient des milliers de cadavres. En 1984-1985, la mortalité était
intervenue de manière assez uniforme sur le littoral etsur une frange plus ou moins large de l'arrière-
pays (RAEVEL, 1985).
Un taux de prédation post-mortem très élevé a été constaté lors de ces deux vagues de froid
et sera discuté plus en détail par ailleurs (RAEVEL, 1992b).
REMERCIEMENTS
Je remercie ici vivement les personnes suivantes:
- Brigitte MILLECAMP, Françoise MARTIN et Gilbert TERRASSE qui m'ont prévenu rapidement
lorsqu'ils ont constaté l'importance de la mortalité sur le littoral des Bas-Champs ;
- Xavier COMMECY & Laurent GAVORY qui m'ont transmis les données picardes et ont réalisé les
dénombrements sur le pourtour de la Baie de Somme ;
- le Dr John van GOMPEL qui a bien voulu me communiquer ses données pour la côte belge ;
- Kees C.J. CAJVIPHUYSEN & Jan Andries van FRANEKER pour m'avoir transmis avec diligence
les résultats des recensements réalisés aux Pays-Bas ;
- Philippe POIRE qui m'a aidé dans les recensements etïectués sur la côte belge et Philippe
DUMONT, Serge DEROO et Georges BEAL pour avoir réalisé des recensements complémentaires
du littoral Nord-Pas-de-Calais à ma demande ;
- Denis TIRMARCHE et Vincent COHEZ pour m'avoir transmis leurs recensements
complémentaires.
Je tiens également à exprimer mes plus vifs remerciements à toutes les personnes, membres
du Groupe ornithologique Nord ou non, qui ont participé à la traditionnelle enquête de tin d'hiver,
certains depuis de très nombreuses années, et à toutes les autres personnes qui m'ont communiqué
les résultats de leurs dénombrements : G. BEAL, P. BERNARD, C. BERNARD, B.
BOUTROUILLE, C. BOUTROUILLE, B. BRIL, D. CLAYS, L. COULIER, S. DELOFFRE, S.
DEROO, C. DUPONCHEEL, P. GOETGHELUCK, D. HARS, B. LAIVLBERT, C. LAMBERT, A.
LASTAVEL, C. LEGAL, V. LEVIVE, J .P. MARCHYLLIE, M. MARCHYLLIE, N.
MARCHYLLIE, F. MARTIN, B. MILLECAIVH), S. ROYER, L. SAMIEZ, E. TELLIER, D.
TIRMARCHE, H. VAN HEMEL, E. VENEL, J .M. VENEL et G. VERMEERSCH.
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème ioumée inter-régionale d'0mithoIogie © Picardie Nature/C.O.P. 21

BTBIJIOGRAPHIE
Commecy X. (1982) Une expérience originale, 13 ans de ramassages d'oiseaux morts sur le littoral
picard. L7lvoccllc 6 : 1-39.
Raevel 1}. (1985) La mortalité des oiseaux dans le secteur du Cap Gris Nez à la suite de la vague de
Froid dejanvier 1985. Lc Héron 18 (3):44-48.
Racvcl L). (1990) Bilan de 20 années de recensement des oiseaux morts sur le littoral du Nord—Pas-
de-Calais à la En de l'hiver. Exemple de l'intérê=t d'une enquête à protocole déterminé. Lc
Héron 23 i 159-167.
Raevel P. (1992a) Bilan du recensement des oiseaux trouvés morts sur le littoral du Nord et du Pas-
`I de—Calais. Février 1991. Lc Héron (in prcp.)
Raevel P. (1992b) La mortalité des oiseaux sur le pourtour de la Baie d'Authie en février 1991.
L 94 vocclic(in prcp. ).
Pascal RAEVEL
Résidence du fief Route d'Hazebrouck
F- 59270 BAILLEUL
L'l¤«VOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème journée inter-régionale d'0mith0|ogie 0 Picardie Natur:/C.O.P. É-

IMPACT DE LA CHASSE AU GIBIER D'EAU DANS LE NORD
DE LA FRANCE SUR L'AVIFAUNE EUROPEENNE
par Jérôme MOUTON *
A partir des reprises d'oiseaux bagués tués par chasse, on a pu établir que 43 % des oiseaux
d'eau (Anatidès, Limicoles, Rallidés) tués en France le sont dans les départements du Nord, du Pas-
de-Calais et de la Somme. Le Pas-de-Calais arrive en tête avec 20 %, puis la Somme (15 %) et le
Nord (8 %). 45 % des oiseaux d'eau bagués sont tués dans l'année même où ils ont été bagués. 86 %
des oiseaux d'eau bagués sont tués dans les 3 années qui suivent leur date de baguage. Pour les
oiseaux tués dans l'année de leur baguage, la période moyenne entre la date de leur baguage et la
date où ils sont tués est de 43 jours. Leur espérance de vie est donc extrêmement courte.
Actuellement, il n'existe aucune limitation du nombre de pièces tuées.
Chez les Anatidés, rappelons que l'Oie des moissons et la Sarcelle d'été sont dans une
situation critique. Les dénombrements hivemaux montrent également une évolution négative chez le
Canard siffleur et le Canard pilet, ces deux espèces étant fort sensibles au drainage et à la disparition
des prairies inondables.
Mais c'est chez les Limicoles que la situation est la plus grave ; 48 % des Limicoles tués en
France le sont dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme. Si l'on ne prend en
compte que les petits Limicoles (Gravelots, Bécasseaux, petits Chevaliers), la proportion est encore
plus forte: 60 % sont tués dans ces 3 départements ! Sachant que la plupart de ces "petits gibiers" E
sont même pas consommés, on peut se permettre de critiquer sévèrement une telle destruction
gratuite, alors qu'au même moment plusieurs pays d'Europe déploient des efforts considérables pour
enrayer le déclin des Limicoles nicheurs. Partout en Europe, le drainage, la mise en cultures des
prairies, l'enrésinement des landes et des tourbières, l'urbanisation des littoraux provoquent une nette
diminution des effectifs de Limicoles nicheurs. Les espèces dont le déclin apparaît nettement ces 20
dernières années sont les suivantes : Bécassine des marais, Pluvier doré, Courlis cendré, Barge à
queue noire, Chevalier gambette, Combattant et même Vanneau huppé. En raison du faible taux de
réussite des nichées de ces espèces nichant à même le sol, le renouvellement des générations n'est
même plus assuré puisque le nombre de pièces tuées chaque année est supérieur au nombre de jeunes
à l'envol. Il est urgent que les chasseurs de gibier d'eau décident d'eux-mêmes de limiter leur ponction
sur ces espèces menacées.
D'autre part, les zones humides de notre région continuent à disparaître les unes après les
autres alors que les huttes de chasse sont de plus en plus nombreuses. Les oiseaux d'eau migrateurs
qui traversent la région ont donc de plus en plus de chance de se poser sur les mares de huttes et
donc de se faire tuer.
Les réserves existantes sont peu nombreuses, trop exigües, parfois mal gérées et souvent
victimes d'un braconnage chronique. Dans l'état actuel des choses, elles sont tout à fait insuffisantes
pour garantir la sécurité des oiseaux d'eau qui transitent par notre région.
Comme on l'aura compris, le but de ce court exposé n'est pas une critique de la chasse en
général, mais le désir de faire réagir tant les chasseurs que les ornithologues à une situation dont ils
sous-estiment la gravité.
* "La Marouette" Froise, F-80120 Rue
L'AVOCETl'E 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0l0gie © Picardie Nature/C.O.P. 23

MIGRATION POSTNUPTIALE DES OISEAUX CONTINENTAUX
EN BAIE DE SOMME
par Guy FLOHART
INTRODUCTION
La migration postnuptiale des Passereaux et alliés est connue depuis bien longtemps sur le
littoral de la Mer du Nord et de la Manche : des études ponctuelles ont été réalisées au Cap Gris-
Nez-62 (CGN—Report, synthèses GON) et en Baie de Somme-80 (SUEUR, 1982). En 1984, après
un blocage météorologique de plusieurs semaines, un passage de plusieurs centaines de Rapaces a pu
être mis en évidence (FLOHART, 1985).
Ces raisons nous ont amené à réaliser un suivi migratoire des oiseaux continentaux en Baie de
Somme en 1985 sur une durée aussi que possible en fonction de nos disponibilités. L'étude a été
poursuivie jusqu'en 1990 avec l'aide de Laurent GAVORY.
La communication présente les résultats obtenus au cours de ces 6 saisons et une analyse plus
line des données pour l'Epervier Acczpilcr nisus et pour le Pinson des arbres Fringilla coelebs.
METHODES ET OBJECTIFS
Site d'étude
Le site retenu (carte 1) est le Banc de l'Ilette. Il est situé au nord de la Baie de Somme : c'est
un banc de sable situé à 200 m des dernières dunes de la pointe de Saint—Quentin. Ce site est
stratégique i
- il prolonge dans la baie la côte nord-sud et concentre donc bon nombre de migrateurs,
- il donne un champ de vision très important et permet une détection facile des migrateurs.
Méthodes
Les migrateurs ont été déterminés et comptés quart d‘heure par d‘heure à partir d'une demi-
heure après le lever du soleil. Lorsque le flux est important, l'espèce dominante est dénombrée 3
minutes par quart d'heure. Les 12 autres minutes sont consacrées aux autres migrateurs.
Objectifs
Ils sont de deux ordres :
- composition du flux migratoire,
— dénombrement précis des Rapaces.
RESULTATS
Bilan des 6 années
Le tableau I regroupe les bilans horaires et spécifiques des 6 saisons. Un total de 1331,5
heures d'obsewations ont été réalisées. Leur répartition mensuelle fait apparaître un biais : elles ne
sont pas réparties également ; seule une comparaison des mois d'octobre et de novembre est possible.
Un total de 104 espèces a été notée en migration active, les chiffres évoluant de 70 à 87
espèces par saison. Les nombres d'oiseaux comptés varient de 328000 en 1988 à 792000 en 1989.
L’AVOCET`|'E 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omitho|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 24

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Etant donné les journées sans observation, on peut estimer le nombre de migrateurs à plus de
1200000 lors de cette dernière saison.
Tableau I - Présentation des 6 saisons de mi ration
Année l 1985 1986 I 1987 1988 1989 1990
Juillet 15 h
_ Août 16,5h~ 14h 36,5h 80h 50h 5h
Èeptembre 99 h 13 h 19 h 118 h 89 h
Octobre 110 h 73 h 109 h 105 h 82 h
îovembre 33,5 h 33 h 19 h 54 h 13,5 h
Bilan 259 h 132 h 182 h 227 h 342 h 189,5 h
Période 26-8/14-11 13-8/16-11 10-8/7-11 1-8/11-11 24-7/19-11 25-8/9-11
Espèces 70 77 77 78 82 87
Individus 431000 330000 360000 328000 792000 398000
Composition du 11ux
La figure 1 présente la composition du flux en 1989. L'énorme majorité est constituée par le
Pinson des arbres avec 507000 oiseaux, suivi par l'Etourneau Slurnus vulgaris avec 170000, la Grive
mauvis Yi/rc/us iliacus avec 30000, l'Alouette des champs A lauda awcnsis avec 11700...
Les Rapaces avec environ 1000 individus sont surtout représentés par l'Epervier. Ont été
notées 17 espèces dont le Pygargue Haliaeclus albicilla 1 fois, le Faucon kobez Falco vespcrlinzzs 2
fois, la Buse pattue Bulco lagopus 14 fois.
Des espèces rares ont été notées t une Glaréole Glarcola sp. et un Oedicnème Burhinus
occ/icncmus en 1988, 3 Cassenoix Nucwaga cazyocalaclcs en 1985...
Des espèces peu fréquentes ont été notées en nombre important : Alouette lulu Lulh/la
arborca de 156 à 856 oiseaux, Pipit rousseline Ani/tus campcslris de 1 à 33, Bruant lapon Calcariz/s
lapponicus de 7 à 38...
Des espèces considérées comme sédentaires ont été contactées : Mésange boréale Pari/s
pa/us/ris(1 en 1988 et 6 en 1989), Mésange à longue queue Acgilhalos caua’a/us (7 en 1986, 6 en
1987 et 28 en 1989), Moineau domestique Passer domcslicus (maximum de 2525 en 1989),
Bouvreuil Pyrrhula pyrrhula (maximum de 61 en 1987), Pic épeichette Dendrocopos minor (2 en
1988). ·
DISCUSSION
Importance de la Baie de Somme
Bien que des suivis n'aient pas été réalisés sur un grand nombre de sites pour les Passereaux,
la Baie de Somme se place au premier plan quantitativement (Anonyme, 1988 ; BEAUFILS,
1988...). Au niveau qualitatif, le flux est typique du littoral du nord-ouest de l'Europe. Pour les
Rapaces, les cliiffres sont faibles par rapport aux autres sites mais la diversité est comparable à celle
d'Orgambideska ou de Eyne. Ils sont par contre importants au niveau régional. Seuls les chiffres de
l'Epewier sont conséquents et placent la Baie de Sommejuste après Gruissan.
Analyse des résultats obtenus pour l'Epervier
La figure 2 présente les résultats des 6 années. Divers éléments apparaissent :
- variabilité des ef`f`ectif`s 1 les vents de nord-est à sud-est poussent les oiseaux sur le littoral ; la
météorologie explique donc en partie le phénomène ;
- variabilité de la date des 50 % en relation avec celle des dates de forts passages (plus de 30
oiseaux) notés entre le 27 août et le 17 novembre ; ils dépendent de la direction et de la force du vent
; les maxima ont été observés par vent de sud-est de force 4 à 5.
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter·régiona|e d'0milhoIogie © Picardie Nature/C.O.P. 26

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  Flux migratoire du Pinson des arbres Fringilla coelebs (Mêmes légendes que Fig. 2)
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1990 220000 (1752) 183043 (1973)
  Comparaison des flux de Pinson des arbres en Baie de Somme et en baie de
Canche
 C0mparais0n des effectifs de Pinson des arbres Fringi//a coe/ebs en Baie de
Somme et en Baie de Canche.
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L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 28

La carte 2 compare les flux en plusieurs sites (d'après SCI·1MID & ol., 1986 ; Migrans,
1988). 2 populations apparaissent : l'une orientale migrant tôt, l'autre scandinave migrant plus tard.
Les Eperviers picards appartiennent à la population scandinave.
Localement, les différences observées avec la Baie de Canche-62 (GUERVILLE & al., 1991)
ou le Gris-Nez-62 peuvent être expliquées par la plus grande difficulté de détection en ces 2 sites et
par la collecte sur la côte d'oiseaux migrant vers le sud-ouest.
Analyse des résultats obtenus pour le Pinson des arbres
La figure 3 présente les résultats des 6 années.
Le passage est très concentré sur le mois d'octobre. Les 50 % se situent entre le 15 et le 25
octobre (sauf en 1985).
La comparaison des effectifs est donc possible. On constate une grande variation des
nombres comptés (de 152000 à 507000) mais une relative stabilité des moyennes horaires d'octobre
(1165 à 1482 saufen 1985).
La comparaison avec d'autres sites est enrichissante 1
- le flux est plus important (tableau 2) ;
- la moyenne horaire est comparable avec la Baie de Canche (située 20 km an nord) en 1988 et 1990
mais est double en 1989. Pourquoi ? Une ébauche de réponse est apportée par la comparaison des
résultats journaliers (tableau 3) : les eff`ectifs sont comparables les jours de faible passage et non les
jours de rush. Les résultats obtenus le 6 octobre 1985 lors d'une journée d'observation concertée de
la migration sur le littoral des Pays-Bas à la Normandie (RAEVEL, 1986) confirme l'hypothèse d'un
apport de migrateurs de l'intérieur en provenance des Pays-Bas entre la Baie de Canche et la Baie de
Somme. Lors d'un passage "normal", la majorité des Pinsons migrent le long du littoral. Lors des
forts passages, une majorité d'oiseaux coupent et se collectent sur le littoral entre les 2 baies. Mais, il
est difficile de se représenter le phénomène sachant que les maxima migrent pendant la deuxième
heure après le lever du soleil dans la Somme comme aux Pays-Bas : on doit avoir mise en
mouvement lors de conditions favorables d'une population présente sur toute la région. ( mt/2 3 )
CONCLUSION
Le suivi a permis de mieux cerner le flux migratoire d'oiseaux sur les côtes du nord de la
France. La Baie de Somme est très riche au niveau qualitatif et quantitatif Des hypothèses relatives
au trajet suivi par les oiseaux ont été émises et seront résolues lors de journées d'observations
concertées sur l'ensemble de l'Europe du Nord-ouest.
BIBLIOGRAPHIE
BEAUFH,S M. (1988) Migration postnuptiale visible des passereaux à Carolles (Manche) en 1986 et
1988. Lc Cormoran, (34)247-261.
FLOHART G. (1987) La migration postnuptiale en Baie de Somme en 1985. L71voccllc, 1 1 : 53-62.
FLOHART G. (1987) Phénologie de la migration des Motacillidés en Baie de Somme. LV1 voccrtc,
11 : 103-108.
FLOHART G. (1988) La migration postnuptiale en Baie de Somme en 1986. L71vocclIc, 12 : 210-
215.
FLOHART G. & GAVORY L. (1989) La migration postnuptiale en Baie de Somme en 1987.
L71v0ccllc, 13 : 76-83.
GUERVILLE M., TERRASSE G., MARTIN F. & TOMBAL J.C. (1991) La migration diurne
visible en Baie de Canche à l'automne 1988. Lc Héron, 24 : 137-147.
Migrans (1988) Synthèse inter-sites 1986. 1-92.
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0m1th0|ogie ©' Picardie Nature/C.O.P. 29

LA MIGRATION EN HAINAUT OCCIDENTAL
par Hugues DUFOURNY
La revue "Les Oiseaux du Hainaut Occidental" publiée par la section Aves Mons-Tournai
était tombée dans l'oubli dans le courant de 1'année 1988. En juin 1990, une petite équipe dynamique
a redonné vie à cette publication, injectant du même coup un sang neuf dans le réseau d'observateurs.
Ceux-ci, à nouveau motivés par la publication de leurs observations, n'ont pas tardé à réagir en
masse en transmettant leurs données pour en faire maintenant la section la plus active d'Aves au
niveau de l'observation.
C'est dans ces bonnes conditions que fut lancée 1'enquête "Migration d'automne" en 1991.
L'année 1990 avait déjà connu un suivi assez désorganisé qui avait néanmoins produit des faits
remarquables comme 1400 Grands Cormorans, 10000 Oies cendrées, 5 Balbuzards, 184 Alouettes
lulus, 18000 Alouettes des champs, 3160 Bergeronnettes grises, presque 4000 Moineaux friquets,
17500 Pinsons des arbres, 5500 Linottes mélodieuses, 350 Beccroisés des sapins... ceci surtout en
octobre.
En 1991, il fut décidé d'organiser de manière beaucoup plus sérieuse le suivi de la migration
d'automne. Une fiche conçue et des sites désignés. Au départ, il y avait 5 sites, puis ce nombre est
passé à 7. Ces sites sont répartis d'est en ouest dans le Hainaut Occidental et constituent un front
d'observation qui couvre pour ainsi dire toute la zone d'études.
L'enquête se déroule de la manière suivante ï chaque site a un responsable qui doit assurer un
maximum de présence à son point d'obsewation. Sur place, il note tout oiseau migrateur. Les
migrateurs actifs sont le but principal de l'enquête mais la fiche fut conçue pour traiter également les
migrateurs en halte tels que Busards, Traquets, Bruants.
Le but majeur de l'enquête est d’assurer une couverture maximale de l'automne afin de cerner
le mieux possible le phénomène migratoire dans son déroulement chronologique et de se rendre
compte des quantités qui survolent nos régions.
Nous espérons reproduire l'enquête d'année en année mais cela dépend encore de la
possibilité de pouvoir traiter l'énorme nombre de données qui ne va pas tarder de s'imposer à l'équipe
d'encodage-rédaction. Si tout se passe bien, le Hainaut Occidental pourra être considéré comme un
nouveau site de suivi migratoire au niveau européen tels que Orgambidexka ou Gibraltar, même si les
espèces et les nombres n'ont rien en commun.
Dès à présent, il peut déjà être annoncé que 1991 connut un suivi intensif et que les nombres
de 1990 sont déjà dépassés. Il est toutefois trop tôt pour présenter un bilan : le traitement des
- données commence seulement.
L'AVOCETTE 1992 1G(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith01ogie © Picardie Nature/C.O.P. $0

LA BIOCHIMIE AU SECOURS DES MIGRATIONS
par Didier MUYSHONT *
Quand on parle d'études sur la migration, on pense directement au baguage. En effet, cette
méthodologie a permis de montrer, de manière irréfutable, le déplacement saisonnier de populations
d'oiseaux et de déterminer les grands axes migratoires. Mais cette technique a ses limites : elle
dépend notamment du nombre de reprises des oiseaux bagués. Ainsi, pour des espèces difïiciles à
capturer, il faut attendre de nombreuses années pour obtenir un nombre de reprises suüisantes qui
permet une exploitation correcte des résultats. Enfin, lorsque l'on capture pour la première fois un
oiseau en dehors de la période de nidification, il est très difficile voire impossible de déterminer son
origine.
Pour répondre à cette dernière limitation du baguage, nous avons envisagé l'étude du
patrimoine génétique de l'oiseau capturé. Les récents progrès de la biologie moléculaire nous
donnent les outils nécessaires pour réaliser ce type d'étude.
Etudier tout le génome d'un oiseau est utopique. Par contre l'étude de son ADN
mitochondrial (mtADN) permet, dans la plupart des cas, de déterminer des caractéristiques
` géographiques. L'utilisation de la teclmique PCR (pour Bolymerase Qhain _l§eaction) permet
l'amplitication de certains gènes (par exemple : cytochrome b, 12S rARN, région de contrôle de Pro
tARN,...) et le séquençage de ces gènes à partir de petits échantillons biologiques (faible quantité de
sang (env. 10 ul) ou même quelques plumes). Ces analyses peuvent donc apporter des
renseignements sur l'origine de l'oiseau, ce qui permettrait de mieux le suivre dans ses déplacements.
Il est aussi possible d'appliquer cette technique pour des oiseaux en collections et ainsi de déterminer
les caractéristiques géographiques d'une région sans devoir recourir à de nouvelles captures. De plus,
nous pourrions déterminer des variations dans la population au cours du temps et estimer, par
exemple, l'effet d'une invasion sur une population locale.
BIBLIOGRAPHLE
PÀÀBO S. (1989) Ancient DNA : extraction, characterization, molecular cloning and enzymatic
amplification. Proc. Nail. Acad Sci. USA, 86 : 1939-1943.
ZINK R.M. (1991) The geography of mitochondrial DNA variation in two sympatric sparrows.
Evolution, 45 1 329-339.
* place du Bastion vert 14H, B-7000 Mons
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0milho|ogia © Picardie Nature/C.O.P. 31

DONNEES COMPLEMENTAIRES
SUR LE REGIME ALIMENTAIRE
DES F AUCONS EMERILLONS Falco columbarius
HIVERNANT EN CAMBRESIS (NORD, FRANCE)
par Roger CLARKE & Jean-Charles TOMBAL
Résumé
L'analyse de 43 nouvelles pelotes de réjection collectées dans un dortoir hivernal en janvier 1990 en
Cambrésis confirme les résultats de l'année précédente. L'Alouette des champs est la proie dominante
et représente 75,81 % des espèces déterminées dans les deux lots, les autres étant dans l'ordre
décroissant de fréquence, le Bruant des roseaux et le Moineau domestique (6,45 %) ; le Verdier, la
Linotte mélodieuse et le Bruantjaune (3,23 %) ; la Mésange bleue (1,61 %).
Les proies trouvées dans un premier lot de pelotes collectées dans le dortoir hivernal de
Ruesnes (Nord) ont été présentées dans un article précédent (CLARKE & TOMBAL, 1990). Les
résultats sont rappelés dans le tableau I.
l=16/02/89 l 24/01/90 TOTAL l %dU tOtaI
Alouette des champs 17 g 30 47 75.81
Éruâ‘nî`des"Fô‘s`ë5u$£ ```` `   "2 E ` 2 " `     `````'`` 6.45 ``````
Verdier ` 1 2   2 3.23
É“Fijè`riÉjà`r]`rïaT"T"'—T`jÀ " H`- ·```  ÉTTTÉTTT" HWÉWM m"É3î23— T
'rVlë'§`â}i§ë`Eiëi]ë ``''```````````'```   '```'``'`''` `1"T ''```''` 1 `'``'```'`````'``````````` ` `'```'``'``` 1 ''`''``````` ` ''`'```` 1 ".`6'1 `````'``
TOTAL [ 28 ; 34 62 100
Passereaux sp. Q 2 1 4 6 l
Tableau I - Espèces d'oiseaux capturées en hiver par les Faucons émerillons dans deux lots de
pelotes collectées en Cambrésis (Nord, France)
Table 2 - Birds cauglzt in winter by Merlins in two samples of pellets collecter! in Cambrésis
(NorrL France)
Le 24 janvier 1990 une nouvelle collecte était elïectuée et permettait de rassembler 43
pelotes.
L'ensemble des deux lots constitue probablement un des échantillons hivernaux les plus
importants au niveau européen.
Au moment du ramassage tout comme à l‘analyse (tableau II), il apparut que certaines pelotes
contenaient du poil. Elles représentent 16 % de l'échantillon, soit une part non négligeable. Ces
pelotes proviennent certainement d'un Faucon crécerelle Falco linmmcnlus qui chassait
régulièrement dans les prairies où se trouvait le dortoir de Faucons émerillons. Cet oiseau dormait
probablement dans des arbres proches de ceux occupés par l'autre espèce.
UAVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omitho|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 32

CONTENU   Nombre
Passereaux   36
Alouette etrnicro-mammifère   2 H
`”"îÉ>TêcT;5`tÈë`F¢îaYp5il`_”"" ;”"`”`1" C "
Campagnol sp.   3
Tableau H - Contenu général des pelotes : part des oiseaux et des niicro-mammi|`ères. Les
pelotes avec des micro-mammifères proviennent certainement d'un Faucon crécerelle.
Table II - Types 0f item fouml in the pellets .· birds and small mammals.
The pellets with fur have been probably rejected by a Kestrel.
Dans notre analyse nous ne tiendrons pas compte de ces pelotes contenant des poils, même si
rien ne prouve finalement que certaines d'entre elles n'aient pas été rejetées par un Faucon
émerillon...
Nous n'avons pas tenu compte non plus de deux plumées trouvées sur le site 1 une de Grive
mauvis T urdus iliacus et une d'Etourneau sansonnet Slurnus vulgaris. Ces oiseaux peuvent très bien
avoir été capturés par d'autres prédateurs que le Faucon émerillon, Des Eperviers d'Europe Accipirer
nisus, des Busards Saint-Martin Circus cyaneus et des Buses variables Buleo buleo chassent
également à cet endroit.
Le tableau I détaille les résultats de l'analyse des deux lots de pelotes.
Le spectre de prédation est moins large en 1990 qu'en 1989, avec seulement 3 espèces
déterminées contre 6 l'année précédente.
Une nouvelle espèce est néanmoins notée, le Bruant jaune Emberiza cilrinella, ce qui porte à
7 le nombre d'espèces de Passereaux déterminées comme proies du Faucon émerillon hivernant.
Toutes ces espèces sont de petite taille et caractéristiques des milieux présents dans un rayon
de 3 km autour du dortoir (CLARKE & TOMBAL, 1990).
L'A1ouette des champs Alauda arvensis reste de loin la proie la plus recherchée. En 1990 elle
dépasse même les 88 % de l'échantillon ! Sur les deux hivers elle représente les trois quarts des
proies.
Le Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus et le Moineau domestique Passer domeslicus
viennent loin derrière avec chacun un peu plus de 6 % des proies.
Ces deux espèces montrent que le Faucon émerillon peut chasser dans des milieux autres que
les champs ouverts 1 dans le secteur d'étude, le Bruant des roseaux se trouve dans des prairies
humides parfois entourées de haies et le Moineau domestique ne s'éloigne guère des villages, sinon
lorsqu'un silo d‘ensilage est laissé ouvert.
Si le Bruant des roseaux apparait dans les deux lots et peut être considéré comme une proie
régulière, le Moineau domestique n'a été détecté qu'en 1989 et semble une proie capturée par
opportunisme.
Il en va de même pour les 4 autres espèces de Passereaux représentées dans notre échantillon
1 non seulement leur nombre est faible, mais elles n'apparaissent qu'une année sur les deux.
Une dernière remarque pourrait être faite à propos de certains Passereaux assez communs en
hiver dans les champs, qui sont des proies potentielles du Faucon émerillon, mais qui n‘ont pas été
trouvées dans les pelotes.
L'AVOCE`l`l'E 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omitho|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 33

I 
I
I.
Ijabscnce du Bruant proyer Miliaria calcmdra est certainement liée à plusieurs facteurs 1  
abondance nettement plus faible en hiver qu'en saison de reproduction, rassemblement en groupes
Fnvorisant Ia surveillance des prédateurs, taille peutëétre trop forte pour le Faucon émerillon. .
Mais l'espèce dont l'absence est la plus surprenante est probablement le Pipit farlouse Antlms
pmIcnsi.s·. Ce petit Passereau est souvent considéré comme la proie typique du Faucon émerillon. Il
est présent dans le secteur d'étude en nombre non négligeable, par petits groupes disséminés dans les
prairiês ou les ëteules. Quelques sujets non identifiés figurent peut-être dans les restes de Passereaux I
non déterminés. I
I
I
I
"' BIBLIOGRAPHQJ I
CLARKE   & TOMBAL J.C. (1990) Le régime alimentaire de Faucons émerillons Falco  
coliynzbarius hivernant dans le Nord de la France. Le Héron, 22 : 149-154. ’
I
‘ 
I
Roger CLARKE, New Hythe House, Reach, Cambridge, GB Il
Jean-Charles 'KOMBAL, 38 me de la Nation, F~59296 Avesnes-le-Sec >
II
I
I
I
I
 
I
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I
I
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IÈAVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2üme joumée Inter-régionale d'0mitho|ogie IQ Picardie Nature/C.O.P. È

MIGRATION ET I-IIVERNAGE DE LA MOUETTE MELANOCEPIIALE (Larus
mclanoccphalus) DANS LE NORD DE LA FRANCE
(NORD - PAS-DE-CALAIS - SOMME)
par Pascal RAEVEL
INTRODUCTION
En 1961, ERARD & NAYLOR déclaraient déjà, après un bref séjour au Cap Gris Nez en
parlant de la Mouette mélanocéphale (Larus melanoccphalus) : "Nous croyons fermement que cette
espèce n'est pas rare sur les côtes françaises de la Manche. Quinze ans plus tard, MILBLED &
APCHAIN (1978) à la suite d'une année de suivi intensif du complexe portuaire de Boulogne-sur-
mer / Le Portel concluaient à la régularité de la présence de l'espèce. Sans grande originalité de ce
point de vue, j'àfîirme également à présent que la Mouette mélanocéphale est non seulement
régulière mais également abondante sur le littoral du Nord de la France, en période de migration et
d‘hivernage.
Or, dans les mentalités (esprits des observateurs, présence encore à l'heure actuelle de
l'espèce dans la liste des espèces à homologuer dans le Nord-Pas-de-Calais) et dans les faits
(observations et synthèses), la Mouette mélanocéphale reste une espèce rare.
Je vois deux causes principales à cet état de fait :
- la première est objective et intrinsèque au comportement de l'espèce, elle sera développée ci-après;
il s'agit de la localisation des observations. Cette espèce est en eff`et très casanière et fréquente avec
assiduité les mêmes sites d'année en année. Elle est peu observée en dehors de ces sites de
stationnement privilégiés; `
- la seconde est subjective et liée aux observateurs eux-mêmes. La Mouette mélanocéphale, au
même titre que l'ensemble des laridés et peut-être de manière renforcée en liaison avec son statut de
rareté ancienne, bénéficie d'un a priori défavorable (i.e. difficulté de détermination de la part de la
très grande majorité des observateurs). Comme tous les laridés, la Mouette mélanocéphale bénéficie
d'une mauvaise presse et d'un préjugé d'indétermination chronique. De ce fait même, découle une
sous-recherche qui donc facilite le fait qu'elle puisse passer inaperçue dans des groupes pluri-
spécifiques.
Quelques diapositives illustrent, lors de la communication, les différents plumages de l'espèce
au vol et au posé, et contribuent à démontrer que cette espèce n'est pas difficile à déterminer sur le
terrain.
Le but de cet article est d'actualiser le statut actuel de cette espèce pour le Nord de la
France depuis les synthèses régionales déjà anciennes, compte-tenu de la vitesse de l'évolution
démographique de l'espèce. Deux synthèses des connaissances avaient été réalisées en Picardie et
dans le Nord-Pas-de-Calais respectivement par ROBERT & TRIPLET (1984) et MILBLED &
APCHAIN (1978).
L’AVOCE`lTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mithoIogie © Picardie Nature/C.O.P. 35

M ETIIODE
Pour réaliser cette synthèse, la collecte des informations a été réalisée à quatre niveaux:
- extraction des données publiées dans les synthèses régionales des observations (principalement
LZ4v0cct/c pour la Picardie et Le Héron pour le Nord-Pas-de-Calais) et dans les articles spécialisés
(cf bibliographie extensive citée ci—dessous);
— données du seawatching réalisé au Cap Gris Nez depuis douze années (Equipe sea-watch Cap Gris
Nez) et collecte des données antérieures et étrangères;
- résultats d'un suivi personnel du complexe portuaire de Boulogne-sur-mer depuis une dizaine
d'année de manière extensive et de manière intensive depuis 4 années (plus de 600 visites réalisées
principalement par moi-même, avec l'aide de Denis TIRMARCHE, Camille DUPONCHEEL, Serge
DEROO, Georges BEAL, Peter L. MEINTNGER, Pim WOLF, Ted HOOGENDOORN);
- enfin, un contact personnel a été réalisé avec la plupart des observateurs ayant un intérêt prononcé
plus ou moins grand pour les laridés.
Par convention, il sera question d'observations "à l'intérieur" (i.e. : hors littoral) lorsque les
oiseaux sont observés à plus de 5 kilomètres de la côte.
RESULTATS
Cette collecte tous azimuts des données a permis de réunir un certain nombre d'observations
qui seront la base de la discussion suivante:
- pour la Somme, ca. 100 données ont été réunies pour la période 1872-1991;
- pour le Nord-Pas-de-Calais, au total plusieurs centaines de données ont été collectées de manière
très inégale sur l'ensemble de la région:
-- pour le Cap Gris Nez, plus de 800 observations ont été réalisées entre 1960 et 1991; les
données concernent en majorité des oiseaux en vol migratoire actifi
-- pour le port de Boulogne / Le Portel, plus de 20 000 individus ont été comptés à l'occasion de
plus de 600 visites; ici, les données se rapportent à des oiseaux en stationnement (hivernage,
dortoirs, haltes migratoires);
-- enfin, 320 contacts ont été réalisés pour le reste des deux départements en une vingtaine
d'années (les données concernent aussi bien des migrateurs actifs que des stationnements).
Pour ces raisons de pression inégale d'observation et également pour des raisons biologiques
(fonctionalité différentes des sites), les résultats pour le Nord et le Pas-de-Calais seront présentés
séparément pour les 2 sites mentionnés ci-dessus (Cap Gris Nez et complexe portuaire de Boulogne-
sur-mer) et pour le reste de la région.
STATUT ANCIEN
Pour le Nord-Pas-de-Calais, l'espèce n'est pas citée dans les recueils ornithologiques des
auteurs du XIXème siècle (DEGLAND, 1831 et DE NORGUET, 1865).
La première mention date donc de 1932 à Gravelines (Nord) et provient du fichier de reprises
dc bagues (RAEVEL, inédit). Un individu marqué sur l'Ile Orlov (Mer Noire - Ukraine) le 6 juillet
1930 est tué le 23 septembre 1932 à Gravelines.
l.'AVOCETTE 1992 16(8-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mithologle © Picardie Nature/C.O.P. 36

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LAVOCETTE 1992 `16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omilh0|0gie © Picardie Natura/C.O.P. 37

Pour la Somme, en revanche, l'espèce est citée par plusieurs auteurs anciens, notamment
MARCOTTE (1860) qui la signale rare et de passage accidentel lors des hivers rigoureux. Il doit
s'agir ici d'une confusion avec une autre espèce (Goéland sénateur Pagophila alba ?), car ceci ferait
supposer une répartition plus nordique de l'espèce en période hivernale ce qui n'est pas le cas.
MENEGAUX, VAN KEMPEN et DUCHAUSSOY écrivant entre 1912 et 1920 signalent quelques
captures identifiées: les deux premières datent de septembre 1877 au Crotoy. Ensuite l'espèce
disparaît des écrits jusqu‘au début des années 1960 ou elle est "redécouverte" en Picardie et dans le
Pas-de-Calais respectivement par FOURNIER & YEATMAN [OISEAUX DE FRANCE 14(3): 5]
et ERARD & NAYLOR (1961).
Ce n'est qu'à partir du milieu des années 1970 que l'espèce est observée de manière régulière
et abondante aussi bien en Picardie que dans le Nord-Pas-de-Calais.
STATUT RECENT
La Mouette mélanocéphale est observée régulièrement en Picardie depuis 1975, auparavant
les contacts sont rares et irréguliers. Les obsewations sont plus nombreuses surtout depuis 1985. La
barre des contacts annuels est franchie une première fois en 1985 puis en 1988. Le rythme actuel est
de l'ordre d'une dizaine d'observations par an en moyenne (cf figure 1). Le record des observations a
été réalisé en 1991 avec 21 individus diff`érents contactés.
Pour le Nord-Pas—de-Calais, c'est la même évolution avec les mêmes époques charnières:
observations régulières à partir du milieu des années 1970 et augmentation constante des effectifs en
stationnement et de passage. Au Cap Gris Nez, après une "découverte" en force de l'espèce en 1960,
par ERARD & NAYLOR (1961) avec 13 individus en un seul automne, les contacts oscillent ensuite
entre 1 et 5 par année jusqu'en 1973, où de nouveau la barre des 10 observations par an est franchie.
Un premier pic est atteint en 1975 avec près de 70 individus observés. Dans les années 1980, l'espèce
fournit des contacts nombreux (30 à 90 individus par année - cf figure 2) et avec une tendance
croissante régulière (cf figure 3). Les valeurs moyennes triannuelles montrent une tendance positive
régulière. La baisse enregistrée au cours des dernières années est un artefact lié à la pression
d'observation. A Boulogne / Le Portel, les premières mentions datent du milieu des années 1960.
L'espèce y reste discrète jusque dans les années 1970. C'est dans la décennie 1980-90 que l'explosion
démographique est spectaculaire. Un premier pic d'abondance est observé à l'automne 1983, avec un
maximum de 550 oiseaux comptés en octobre (S. DEROO & P. RAEVEL) au dortoir lors d'une
tempête. La croissance des effectifs redevient ensuite plus "normale", avec un second pic atteint à
l'automne 1991 où plus de 600 oiseaux ont été comptés encore une fois en octobre (P. RAEVEL &
1-1. van HEMEL) (cf fig. 4). Pour le reste du Nord-Pas-de-Calais, l'espèce reste d'observation
sporadiquejusque dans la seconde moitié de la décennie 1970-80. Il faut attendre le début des années
80 pour dépasser la barre des 10 observations par an. L'année record est 1990, avec plus de 100
contacts. Cette augmentation brutale des effectifs est liée en grande partie à la découverte et au suivi
d'une population dans le Dunkerquois par l'équipe Jacques LECLERCQ (LECLERCQ, 1990;
LECLERCQ & SELOSSE, 1991; J. LECLERCQ, in lili.; cffigure 5).
PIIENOLOGIE ANNUELLE DES OBSERVATIONS
Pour la Somme, la phénologie annuelle est très dissymétrique. Le maximum annuel est centré
sur le printemps, surtout avril (34 individus en eff`ectifcumulé), puis avec des maxima secondaires en
mai (20) et mars (10). Mis à part juillet, aucun autre mois ne fournit plus de 5 contacts en effectif
cumulé pendant plus d'un siècle. Le minimum est centré sur l'automne (août à octobre) (cf figure 6).
Pour le Nord-Pas-de-Calais (en dehors des 2 principaux sites), la phénologie est très
semblable à celle notée en Picardie. Traditionnellement, le pic d'observations a lieu au printemps
(mars-avril) et le creux des contact est remarqué en automne (août-septembre). Toutefois, les
données toutes récentes du Dunkerquois (1988-1990), ou un estivage a été mis en évidence ont
faussé la belle régularité des courbes et ont créé un maximum principal en été (cf figure 7). Pour le
Cap Gris Nez et le Port de Boulogne / Le Portel, la phénologie est très semblable et montre un
fonctionnement cohérent des populations en transit sur le littoral Boulonnais. Le maximum annuel
est atteint en automne (pic en octobre). Un pic secondaire a lieu régulièrement au printemps lors de
la remontée pré-nuptiale, il est centré sur mars-(avril). Le creux des effectifs en stationnement a lieu
en fin de printemps-été (mai à juillet). Les effectifs croissent de nouveau très rapidement dès le mois
d'août (cffixzures 8 et 9)
UAVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée intenrégionale d'0mith0|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 38

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·vés en une localité (voir ci-dessous).
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L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème jouméa inter-régionale d'omith0|ogis © Picardie Nature/C.O.P. 39

 
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REPARTITION SPATIALE DES OBSERVATIONS
La Mouette mélanocéphale est essentiellement une espèce côtière dans le Nord de la France
(cf carte No 1 ).
Dans la Somme, 3 sites retiennent plus de 80% des contacts réalisésjusqu'à présent, il s'agit :
- du Parc ornithologique du Marquenterre (POM) avec plus de 50% des données;
- du Hâble d'Ault avec plus de 20% des données;
- la Baie de Somme ne fournit qu'un peu plus de 10% des observations.
Une seule observation a été réalisée dans l'arrière—pays (1% des données), il s'agit d'une donnée de
1977 1 un individu de 2ème hiver partiellement mazouté est observé à Famechon (sud—ouest
amiénois) (ROBERT, 1979).
Au printemps, une part importante des observations est faite dans le département de la
Somme et plus particulièrement dans le Parc ornithologique du Marquenterre (cf carte No2).
Dans le Nord-Pas-de-Calais, outre les deux sites principaux de stationnement (Boulogne / Le
Portel) et de passage (Cap Gris Nez), quelques autres sites fournissent des contacts plus ou moins
réguliers avec l'espèce:
- la région dunkerquoise (secteur du Nouvel—Avant-Port de Dunkerque et de Gravelines) est un site
secondaire d'hivernage et surtout d'estivage apparemment régulier mis en évidence par J.
LECLERCQ et collaborateurs (J. LECLERCQ, in. lill.; LECLERCQ, 1990, LECLERCQ &
SELOSSE, 1991) (cf carte No3);
- le littoral et l'arrière—pays du Boulonnais fournissent des contacts réguliers mais en petits effectifs
tout au long de 1'année (cf cartes No2 à 4); ces données correspondent aux oiseaux en stationnement
migratoire ou hivernal à Boulogne / Le Portel et qui se dispersent quotidiennement dans l'arrière-
pays (0bs.pcrs.; S. DEROO, C. DUPONCHEEL et G. BEAL, comm. pers.);
` - la Baie de Canche a vu se développer un petit noyau d'hivernants au début des années 1980, qui ne
semble pas s'être développé par la suite (cf carte No5).
Seulement 0,2 % des observations proviennent de l'intérieur des deux départements. Toutefois si
l'on ne prend pas en compte les données de Boulogne / Le Portel et du Cap Gris Nez, celles ci
représentent alors 20 % du total, ce qui est important. C'est en partie lié à la dispersion journalière
des oiseaux en stationnement dans le port de Boulogne / Le Portel dans l'arrière-pays Boulonnais. Il
est à noter un cas d'hivernage récent deux années consécutives (probablement par le même individu)
dans un site intérieur de la région Nord-Pas-de-Calais, à Avion / Parc des Glissoires.
AGE-RATIO
L'évolution annuelle de l'âge-ratio en Picardie est illustré par la figure 10 et par la figure 1 1
pour le Nord—Pas-de-Calais (exemple de cumulé de Boulogne / Le Portel et du Cap Gris Nez) Il
est difficile de donner un âge-ratio global car les proportions bougent constamment par un taux de
turn-over assez élevé au sein des stationnements (0bs.pc1·s.).
Au cours du temps les observations n'ont pas toujours été très fiables, ni suffisannnent
abondantes pour esquisser un tendance sur le long terme. Il semble cependant y avoir de plus en plus
d'oiseaux d'un an (développement important des colonies de reproduction belges et néerlandaises?).
ORIGINE DES OISEAUX ET EVOLUTION DU STATUT
Autrefois uniquement migratrice dans le Nord de la France, la Mouette mélanocéphale est
devenue une espèce régulière tout au long de l'année et a developpé un estivage régulier (15-25
individus en région dunkerquoise et 50 individus à Boulogne / Le Portel) et un hivernage très
important sur le littoral Boulonnais (jusqu'à 350 individus).
L'AVOCETTE 1992 16(3·4) Actes de la 2ème joumée inter·régiona|e d'omitho|0gie © Picardie Nature/C.O.P. 41

Les oiseaux provenaient au début essentiellement de la Mer Noire et de la Méditerranée et
une migration en boucle s'êtait développée. Des essaimages se sont produits à partir de ces colonies
prospères d'Europe du sud-est, notamment le long des axes de mouvements à travers le continent
européen entre les sites d'Europe du sud-est et la Baltique et la Mer du Nord.
Des populations non négligeables se reproduisent actuellement en Europe du nord-ouest,
notamment aux Pays-Bas et en Belgique (175 couples en 1990, 225 couples en 1991; MEININGER
& BEKHUIS, 1990; BEKHUIS & MEININGER, 1990; MEININGER, comm.pers.). Au
phénomène de migration en boucle s'est très probablement rajouté une migration de "type normal"
(orientée NE-SW) pour ces nicheurs nouvellement installés ; l'un des buts du programme de
marquage coloré lancé conjointement par une équipe de baguage franco-néerlandaise va être de
mettre en évidence ces mouvements.
Il y a actuellement un mixage des populations dans le Nord de la France 1 des oiseaux
originaires de Méditerranée (et de Mer Noire?) continuent de venir passer (et hiverner?) tandis que
les nicheurs nouvellement installés développent de nouveaux quartiers d'hiver sous nos latitudes.
DISCUSSION
L'augmentation des effectifs de manière assez brutale au milieu des années 1970 correspond
aussi bien à une réelle augmentation des effectifs présents qu'à une pression d'observation accrue.
Cette évolution très positive des contacts est liée à deux phénomènes concomitants :
- prise de conscience de la présence de l'espèce (la mise au point de MILBLED & APCHAIN (1978)
ajoué un rôle moteur non négligeable pour le Nord de la France, beaucoup moins ressenti
parmi les observateurs picards) et intérêt croissant des observateurs pour les laridés, .en partie par
une amélioration très nette des critères d'identitication sur le terrain (série d'articles dans les revues
anglaises puis sortie du guide de GRANT, 1982) ;
— réelle augmentation des effectifs migrateurs et hivernants dans la région.
L'évolution démographique de l'espèce est certaine mais très ditïicile à chiffrer précisément
dans le Nord de la France en raison de la surimposition des deux facteurs précédents. L'augmentation
des effectifs de passage et en stationnement n'est pas seulement à mettre en liaison avec le
dynamisme des effectifs reproducteurs des colonies d'Europe de l'est et du sud-est comme l'avancent
MILBLED & APCHAIN (1978), mais également avec le développement d'une population nicheuse
en Europe du nord-ouest et en particulier aux Pays-Bas (MEIFHNGER & BEKHUIS, 1990). En
effet, des oiseaux originaires des deux "aires" de reproduction de l'espèce, l'Europe du nord-ouest et
la Mer Noire / Méditerranée, fréquentent de manière régulière dans le Nord de la France comme
l'attestent des reprises de bagues (RAEVEL, 1991; RAEVEL, inédit) et les observations d'oiseaux
porteurs de marques, colorées ou non (RAEVEL, TIRMARCHE, DEROO, BEAL &
DUPONCHEEL, 1992; RAEVEL & al., in p1·cp.).
Dans la Somme la Mouette mélanocéphale apparaît donc essentiellement comme une
espèce migratrice avec un passage développé au printemps et au début de l'été (juin-juillet), un
passage automnal plus réduit (7) et un hivernage faible à inexistant.
Dans le Nord-Pas-de-Calais en revanche l'espèce montre une tendance inversée pour le
passage migratoire dont le principal pic annuel est situé en automne (octobre-novembre) et avec un
hivernage très développé.
La différence de phénologie entre les deux régions peut probablement s'expliquer par les
deux phénomènes suivants 1
- la Mouette mélanocéphale possède un caractère très casanier comme souligné ati début de cet
article. Il en résulte probablement une très grande fidélité aux voies de déplacements ainsi qu'aux
sites de halte migratoire. Les haltes migratoires n'ont peut-être pas lieu aux mêmes endroits en
automne et au printemps. Au printemps, la présence de colonies de reproduction de Mouettes rieuses
(Lmws ridibnndus) joue un rôle attractif non négligeable sur cette espèce nichant volontiers en
commensalisme avec cette dernière. La présence régulière de la Mouette mélanocéphale dans le
Parc ornithologique du Marquenterre est probablement pour une bonne part liée au développement
d'une colonie de Mouettes rieuses depuis quelques années (SUEUR, 1990) ; la remontée printanière
de mars-avril à mai-juin voit passer des oiseaux déjà accouplés (obs. pers.) et paradant sur les sites
favorables (P. CARRUETTE, conimpcrs. ; 0bs.pe1·s.) ;
UAVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d‘0mith0logie © Picardie Nature/C.O.P. 42

- l'autre facteur responsable pour une part inconnue, mais probablement assez importante, réside
dans l'identification des oiseaux en automne. Cette espèce est en effet nettement moins
reconnaissable en automne (plumages juvéniles, immatures en mue et adultes en mue ou en plumage
d'hiver) et passe facilement inaperçue parmi les autres espèces de laridés. C'est ce qui explique
probablement la convergence des tendances observées dans la Somme et dans le reste du Nord-Pas-
de-Calais ou la quasi-totalité des observations provient d'observateurs non spécialisés.
Compte-tenu de l'aire d'hivernage de l'espèce sur la façade atlantique (CRAMP, 1985;
RAEVEL & al., inprcp.), il apparaît logique, sinon obligatoire, que l'ensemble des oiseaux transitant
par le Nord-Pas-de-Calais passent également par la Somme. Les données très anciennes, basées sur
des captures ou des reprises d'oiseaux bagués attestent de la présence de l'espèce en cette saison dans
la Somme.
CONCLUSION
La Mouette mélanocéphale continue son expansion démographique et spatiale dans
l'ensemble de son aire de nidification (BEKI·IUIS & MEININGER, 1990). Parallèlement dans le nord
de la France, la tendance évolutive des contacts avec l'espèce est positive et croît de manière
continuelle depuis le milieu des années 1970. Le statut de cette espèce s'est modifié au cours du
temps. Au début, seulement de passage occasionnel, elle est ensuite devenue migratrice plus
régulière au début des années 1970, puis est devenue nicheuse à partir de 1976/1977 (MILBLED &
APCHAIN, 1978). Cette population nicheuse est restée peu développée pour des raisons encore
inconnues. Un hivernage et un estivage se sont ensuite développés sur le principal site de
stationnement du Nord de la France, le complexe portuaire de Boulogne / Le Portel, puis dans une
moindre mesure, ailleurs. Actuellement l'espèce est donc présente toute l'année dans le Nord de la
France et continue d'accroitre ses effectifs migrateurs et hivernants parallèlement à la croissance
démographique des effectifs nicheurs d'Europe du Nord-Ouest.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier ici très sincèrement tous les observateurs qui m'ont soit aidé dans les
recensements des stationnements de laridés à Boulogne/Le Portel ou lors des migrations au Cap Gris
Nez, soit communiqué leurs observations (j'espère en avoir oublié aucun ...) 1 G. BEAL, P.
BERNARD, C. BERREVOETS, P. CAIVIBERLEIN, G. DEBEVER, D. DELVILLE, P.J. DUBOIS,
C. DUPONCHEEL, L. GAVORY, H. van HEMEL, M. HOEKSTEIN, T. HOOGENDOORN, J.P.
MARCQ, F. MARTIN, P.L. MEININGER, P. POIRE, A. van POPPEL, S. van POPPEL, A.
ROUGE, H. SCHEKKERMAN, N.D. van SWELM, B. TAILLIEZ, C. TOMBAL, H.
VERCRUIJ SSE, P. WOLF.
Je tiens à faire une mention spéciale aux observateurs plus ou moins spécialisés dans les
laridés qui ont su faire fi de l'appréhension globale face aux laridés et de leur mauvaise réputation
auprès des observateurs, pour réaliser des comptages réguliers au Cap Gris Nez ou à Boulogne / Le
Portel : Serge DEROO, Guy FLOHART, Thierry FOURNET, Gilbert TERRASSE et Denis
TIRMARCI—IE.
Enfin, je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à Jean-Charles TOMBAL qui 1n'a fait
découvrir et m'a appris à identifier "ma première" Mélanocéphale.
Philippe CARRUETTE, Pascal ETIENNE, Jean-Claude ROBERT, François SUEUR, Guy
FLOHART, Philippe POIRE et Patrick TRIPLET m'ont aidé à collecter les informations en Picardie.
Jacques LECLERCQ en a fait de même pour la région Dunkerquoise.
Je remercie enfin tous les observateurs du Groupe ornithologique Nord, de la Centrale
ornithologique Picarde et les autres observateurs, étrangers ou non, pour leurs observations.
|_'AV©CETTE 1992 16(a-4) Actes de la 2ème ioumée inter-régionale d'0mi1hoI0gig @ pgcardig Name/C_O_p_ 43

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LES CORVIDES SUR LE PLATEAU PICARD
par Xavier COMMECY
INTRODUCTION
Ayant entrepris de suivre les populations de Rapaces tant en hiver qu'en période de
nidification sur deux carrés de 10 km x 10 km du plateau picard au sud—est d'Amiens (COMMECY
en préparation). Nos nombreuses sorties de prospection nous ont permis de relever, entre autres
observations, la répartition et l'abondance des Corvidés (Corbeau freux C0m»us)9·ugi/cgns, Choucas
des tours Corvns monedula et accessoirement Corneille noire Corvus coronc).
La présentation du secteur étudié (délimité approximativement par les communes de
Longueau, Bayonvillers, Le Quesnel et Guyencourt-sur-Noye) sera détaillée dans notre article sur les
rapaces. Disons simplement qu'il s'agit d'un plateau de grandes cultures traversé par les vallées de
trois petites rivières (Avre, Luce et Noye) ; les secteurs boisés représentent de l'ordre de 10 % des
200 kilomètres-carrés essentiellement avec des petits bois.
L'HIVERNAGE
Omniprésents, les Corvidés occupent pendant lajournée toute la surface du secteur mais les
concentrations se rencontrent essentiellement dans les milieux cultivés. Les tentatives d'évaluation de
cette population hivernante pour les 200 km2 ont été effectuées à l'occasion des rassemblements que
ces oiseaux font chaque soir lors de la constitution de leurs dortoirs nocturnes.
Trois dortoirs ont été repérés et un quatrième situé hors des limites que nous nous sommes
définies draine des oiseaux du secteur que nous avons pu comptabiliser. Sur la figure, nous avons
localisé les dortoirs et indiqué les directions suivies par les principaux flux les alimentant. Les
Corvidés (surtout Corbeaux freux et Choucas des tours, les Corneilles noires ne participant pas ou
peu à ses rassemblements) ont l'habitude de se regrouper en des sites réguliers avant de s'envoler en
bandes plus ou moins importantes pour gagner tardivement les sites nocturnes. Cette habitude a
permis de tracer l'essentiel des limites des zones occupées par les oiseaux de chacun de ces 4
dortoirs. Il est remarquable de constater à quel point ces limites sont stables tout au long de la
période hivernale (et même d’une année sur l'autre). On peut repérer aussi qu'il n'y a pas de
chevauchements entre les zones occupées par les oiseaux des différents dortoirs, ceci permettant une
occupation maximale du secteur sans compétition.
Les effectifs des dortoirs ont été relevés à la mi-janvier, période qui semble être celle des
effectifs maximaux. Nous avons relevé :
- Hangard : 3000 à 5000 oiseaux (1/3 de Choucas des tours),
- Sains-en-Amiénois 1 2500 à 3000 oiseaux (20 % de Choucas)
- Ignaucourt : 750 à 800 oiseaux (10 % de Choucas),
- Moreuil (dortoir hors secteur) : 350 oiseaux (des Corbeaux freux) du secteur étudié rejoignent
ce dortoir.
Soit, 6600 à 9250 oiseaux pour 200 km2 (moins de 50 oiseaux au km?). Les secteurs boisés
(surtout localisés au Sud-Est des 2 carrés prospectés) sont les moins fréquentés dans la journée. Ces
dortoirs se situent en peupleraie (2 cas : Hangard et Ignaucouiî) et dans un bois de feuillus (Sains-
en-Amiénois, à proximité de la grande décharge d'Amiens où beaucoup se nourrissent de jour).
L'AVOCElTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème journée intenrégionale d'omithologie © Picardie Nature/C.O.P. 47

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i_·Av©c;ETTE 199216(3-4) Actes de la 2ème journée inter-régionale d'0mitho|ogia © Picardie Natura/C,0,P, 48

L'imprécision des valeurs avancées tient au grand nombre d'oiseaux à compter en peu de
temps et venant parfois de plusieurs directions en même temps ainsi qu'à la faible luminosité (nuit .
tombante) qui règne alors.
La part de Choucas des tours est non négligeable (de l'ordre de 2000 oiseaux) pour une
espèce qui passe généralement inaperçue (ces valeurs ont été obtenues par plusieurs échantillonnages
dans des bandes d'oiseaux comptées et où les oiseaux ont été déterminés 1 à 1, ces échantillons ont
été pris tout au long de la période de retour au dortoir).
Ces premiers résultats ne sont que des préliminaires et nous pensons les compléter dans les
années suivantes en privilégiant deux axes principaux de recherche :
- suivi d'un dortoir tout au long de la saison pour mieux appréhender l'évolution des effectifs au
cours de l'hiver,
- suivi des modalités du retour au dortoir (heure de début, durée...).
LA REPRODUCTION
Dès le début du mois de mars, les grandes bandes de Corbeaux freux et de Choucas
disparaissent et le retour aux colonies est effectif Pour les Corneilles noires, l'installation des
nicheurs est plus tardive et des petits groupes (de la taille d'une dizaine d'oiseaux) se rencontrent
encore en avril.
Peu discrètes, les colonies ont été repérées et le nombre de nids comptabilisé à la fin du mois
de mars quand la couvaison a commencé (des comptages ultérieurs ont été effectués à l'occasion
pour vérifier l'éventuelle installation tardive de nouveaux couples).
Quatre colonies de Corbeaux freux, proches les unes des autres (sur environ 5 kilomètres
linéaires), ont été localisées dans la vallée de la Luce. Trois de ces colonies sont installées en
peupleraie, la quatrième dans un petit bois de feuillus (Hangard). Elles regroupent 29 nids à
Aubercourt, 5 et 19 nids à Demuin et 27 nids à Hangard, soit 80 nids pour cette vallée. Une
cinquième colonie occupe les feuillus d'un parc de château à Thézy-Glimont (35 nids) dans la vallée
de l'Avre et une sixième, installée tardivement (début avril) et de petite taille (10 nids), dans les
feuillus en bordure de la décharge de Sains-en-Amiènois,
Ces 250 à 300 Freux sur les 200 km? prospectés sont à comparer aux 5 à 7000 oiseaux
présents quelques semaines plus tôt ; plus de 95 % des Corbeaux freux hivernant dans notre région
sont donc des migrateurs.
Pour la localisation des colonies de reproduction, notons l'importance des vallées et la
comparaison des deux cartes de répartition (dortoirs hivernaux/colonies de nidification) montre une
fidélité certaine de ces oiseaux tout au long de l'année à certains secteurs.
Nous n'avons pas repéré de colonies de Choucas des tours (tous les hivernants seraient donc
des migrateurs) et n'avons pas effectué de comptage des nids de Corneilles noires qui nichent elles de
manière isolée et dispersée (elles sont probablement présentes en période de reproduction avec des
effectifs comparables à celui des Corbeaux freux et sont données comme sédentaires pour notre
région comme dans toute la France).
Ces dernières années, sans recherches particulières comme nous en avons mené ce printemps
1991, nous connaissions 2 autres colonies occupées sur nos deux carrés 10 x 10 km (Fouencamps et
Boves), elles ont aujourd'hui disparu sans semble-t-il avoir été remplacées car les actuels sites de
nidification sont connus depuis longtemps. L'espèce serait-elle en déclin au moins dans cette partie
du département ’? Une comparaison est possible avec une étude menée en 1978-1979 sur la
nidification du Corbeau freux avec les données des gardes chasses synthétisées par ROBERT (1978
et 1979) ; cette enquête concernait tout le département de la Somme.
Notre secteur, Sud Amiènois, avait été défini comme zone de forte colonisation pour le
département avec des tailles de colonies importantes. 7 colonies étaient alors connues contre 6
actuellement. On peut comparer les effectifs de ces colonies Z
UAVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter·régi0na1e d'0mitho|ogie © Picardie Nature/C.O.P, 49

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Carte 3 : Répartition des corvidés en hiver
® Localisation des dortoirs hivernaux
E Dircction d 1 1 d . (Taille des flèches proportionnelle
cs VO S Vers cs Ortolrx à l'importance des flux d'arrivée)
\ Limite de 1’aire de recrutement de
È chaque dortoir
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Carte 4 : Localisation et importance des colonies de reproduction
des Corbeaux freux
L'AVOCETI'E 199216(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d‘0mith0|0gie ©Picardie Natura/C.O.P. 50

| 1978 | 1991
Aubercourt 0 29 '
Boves 15 0
_— Demuin ï 0 24 _
Dommartin 16 0
— Fouencamps 25 0 _
Hangard __ 140 27 _
Èns-en-Amiènois 9 10
Thézy-Glimont 88 35
TOTAL 1 293 125
En 1979, J.C. ROBERT dans ses conclusions indiquait que selon lui les el’t`ectit`s nicheurs
avaient vraisemblablement baissé depuis les dernières décennies dans le département de la Somme et
il pensait que le processus continuait. Pour la décennie 80, cette conclusion est vérifiée et étayée : il y
a eu perte de 59 % des couples nicheurs. On ne peut penser à une redistribution de ces couples en
périphérie car nous connaissons certaines de ces colonies (Beaufort-en-Santerre, Moreuil...), elles
ont elles aussi des effectifs en diminution par rapport à l‘enquête de 1978.
Cette forte diminution est inquiètante pour l'espèce et quand certains groupes de pression
(chasseurs et agriculteurs) réclament encore aujourd'hui l'inscription des corvidés sur la liste des
espèces classées nuisibles, on ne peut que s'en étonner et leur conseiller d'étudier les animaux vivants
avant de les condamner à mort.
COMMEOY X. (en préparation) t Hivernage et reproduction des rapaces diurnes dans le
- Sud-Est amiénois -Somme. (Paru in Lvivocette 1991 - 15 (2-3-4) p. 41-52. ·
ROBERT J.C. (1978) 1 Les corbeautières du département de la Somme. 1ère partie :
|'arrondissement d'Abbevi11e.  1 (2) 3-9.
ROBERT J.C. (1979) : Les corbeautières du département de la Somme. 2nd partie et
fin) . Documents zoologigues 2 (2) 5-28.
L'AVOCE1TE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème ioumée intenrégionale d'0mitho|0gie © Picardie Nature/C.0.P. 51

EVOLUTION DE L'AVIFAUNE NICHEUSE DE LA
PLAINE MARITIME PICARDE DE 1970 A 1990
par Jérôme MOUTON *
La plaine maritime picarde, qui s'étend sur les départements de la Somme et du Pas—de-Calais,
présente une très grande diversité de milieux qui attirent un grand nombre d'espèces nicheuses
(environ 140). Le but de ce bref exposé est de montrer l'inf1uence de l'évolution, parfois très rapide,
de certains milieux sur le déclin ou la croissance des oiseaux nicheurs.
Depuis 1970, le nombre d'espéces nicheuses est resté stable puisque 8 espèces ont disparu et
10 espèces sont apparues. Parmi les espèces disparues, signalons par exemple le Râle des genêts et le
Courlis cendré ; parmi les espèces nouvelles, signalons l'Avocette, le Goéland cendré, la Gorgebleue
et l'Hypolaïs polyglotte. 14 espèces n'ont niché que de façon occasionnelle (par exemple : Cigogne
blanche, Grèbe à cou noir, Echasse blanche, Mouette mélanocéphale et Beeeroisé).
Il ne faudrait cependant pas conclure que la situation est favorable. En effet, au moins 12
espèces ont atteint un seuil critique et plusieurs d'entre elles rejoindront la liste des espèces disparues
dans les prochaines années. Dans cette catégorie, citons le Butor étoilé, la Marouette ponctuée, le
Traquet tarier, la Pie-grièehe grise... Par contre, le nombre d'espéces susceptibles de nicher à l'avenir
est très limité (Grand Cormoran et Guêpier d'Europe par exemple).
De plus, on assiste à une banalisation de 1'avifaune nicheuse, c'est-à-dire que les espèces en
expansion se retrouvent un peu partout en France, tandis que celles qui disparaissent sont associées à
des milieux caractéristiques et très localisés.
Globalement, on assiste à une diminution des zones humides et à une extension des zones
boisées. `
L'important massif dunaire (un des plus vastes de France) subit une évolution très rapide i
assèchement des pannes humides, enrésinement de 50 % du massif, le reste étant très rapidement
colonisé par le maquis d'Argousiers et le tourisme. La plaine littorale en arrière du massif dunaire
subit également des modifications rapides : drainage important et disparition de 50 % des prairies
humides en 20 ans, destruction du magnifique bocage à Ormes, Saules têtards et Aubépines. Quant
aux vastes phragmitaies, fleuron des marais picards, elles disparaissent pour ainsi dire "à vue d'oeil" :
plantations de Peupliers, multiplication des bassins de pêche ou de chasse, drainage transformant la
phragmitaie en mégaphorbiàie, et surtout extension spectaculaire de la saulaie—aulnaie (là où
nichaient Butors et Marouettes, nicheront bientôt Fauvette à tête noire et Pouillot véloce).
Dans les anciens bancs de galets, s'ouvrent de nombreuses carrières bénéficiant à quelques
espèces (Grèbe huppé, Hirondelle de rivage...).
Enfin, l'évolution positive des Rapaces diurnes résulte plus de leur protection depuis 1972
que de la transformation des milieux.
L'avenir doit être envisagé avec pessimisme ; la volonté des élus politiques de transformer la
côte picarde en "supermarché du tourisme" laissera bien peu de place aux oiseaux nicheurs...
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée intenrégionale d'0mllh0|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 52

 
H -
Quant à l'agriculture, les prairies et le bocage continueront à être remplacés par les champs de
céréales et les peupleraies.
L'envahissement des roselières par les Saules semble irrémédiable.
Seul point positif : le développement actuel de l'élevage des chevaux mstiques (pour le
tourisme équestre) permettra la conservation de certains secteurs de prairies humides et limitera la
croissance arbustive dans les quelques marais où ces chevaux ont été introduits récemment.
* "La Marouette" Froise, F-80120 Rue
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L'AVOCE`FTE 1992 1U(3-4) Actes du la Zèmujouméu inter-régionale d’0milh0|ogi! Q; Picardie Natura/C.O.P. EK};

EVOLUTION DE L‘AVIFAUNE NICHEUSE
DES MARAIS DE LA SOUCHE EN 20 ANNEES
par Laurent GAVORY
INTRODUCTION
En 1987, suite à une pollution de la rivière Souche, la Délégation Régionale à l'Architecture
et à l'Environnement de Picardie a financé la réalisation d'une étude écologique pluridisciplinaire sur
les marais de la Souche. Cette vallée était déjà à l'époque connue pour sa grande valeur écologique.
Elle faisait partie, et fait encore partie, des zones humides majeures du département de l'Aisne et de
la région Picardie.
L'inventaire avifaunistique de cette étude écologique nous a été confié. Les résultats que nous
avons obtenus à cette occasion ont pu être comparés à deux inventaires qui avaient été réalisés vingt
ans auparavant, pour ainsi tenter de cerner l'évolution de certaines espèces.
PRESENTATION DES MARAIS DE LA SOUCHE
Localisation
Les marais de la Souche se situent au nord-est de Laon, sur les communes de Vesles-et-
Caumont, Grandlup—et-Fay, Pierrepont, Missy-les-Pierrepont, Chivres-en-Laonnois, Liesse, Gizy,
Marchais, Montaigu et Sissonne. Leur superficie avoisine les 3500 hectares.
Milieu physique
La Souche, autrefois nommée Petite Serre, prend sa source à Viéville à l'est de Sissonne à 84
mètres d'altitude et coule en direction sud—est/nord—ouest jusqu'à sa confluence avec la Serre au
niveau de Crécy—sur-Serre, à 61 mètres d'altitude. La moitié supérieure de son cours traverse un
marais tourbeux (plusieurs mètres de tourbe) très plat, dont les eaux mal drainées du fond de vallée
gagnent en surface sur plus de 3500 hectares.'L'alimentation en eau provient des nappes profondes
de la craie (Craie à Micraslcr corangzzinczmr) et des eaux de subsurface issues de la plaine. Des
sources artésiennes ou plongs sont disséminés dans tous les marais, alimentant la Souche et son
afiluent la Buze, qui confluent au nord de Pierrepont.
La physionomie actuelle est le résultat des nombreux plans d'assèchement commencés dès le
17ème siècle. Mais c'est au 19ème siècle que l'Association Syndicale des Marais Septentrionaux du
Laonnois se crée. Elle lance en 1833 un grand programme : le redressement du cours des deux
rivières, la Souche et la Buze, et la création d'un réseau de drainage par des fossés et canaux en vue
de l'assèchement. Les aménagements permettent la culture en périphérie du marais.
A la fin du 19ème siècle, le centre du marais est exploité pour la tourbe. L'extraction connaît
son apogée vers 1920 pour décroître vers 1935. Cette activité eût pour conséquence le creusement
de trous rectangulaires et alignés qui correspondent de nosjours à la plupart des étangs de pêche et
de chasse. Ils font également l'objet d'implantation d'habitats légers de loisirs.
Végétation
Les marais de la Souche présentent un paysage très hétérogène, résultant de la dynamique des
groupements végétaux existant au sein de la couverture végétale. Les différentes phytocénoses sont
relativement bien délimitées.
An nord des marais, entre Vesles—et-Caumont et Pierrepont, dominent les phragmitaies et les
mégaphorbiaies encore mouilleuscs et peu boisées. A leur périphérie subsistent quelques pâtures, qui
sont le plus souvent plantées de Peupliers Populus sp.
joumée inter-régionale d'0mith0|ogie © Picardie Nature/C.O.P. 54

Dans la partie centrale, entre Pierrepont et Liesse, le fond de vallée est occupé par un grand
nombre d'étangs résultant de l'exploitation de la tourbe. Certains présentent encore de bellés
ceintures d'hélophytes. Entre ces zones d'eau, des mégaphorbiaies, des cladiaies et des prairies à
Calamagroslis se développent. Le boisement est très important (Saules, Bouleau...). En marge de
cette zone d'étangs, quelques pâtures subsistent, elles sont trop souvent plantées de peupliers. Cette
zone subit une forte pression humaine : routes, cabanons... La partie méridionale est plus épargnée
par les activités anthropiques. Le paysage ressemble fortement à celui du secteur précédent, c'est-à-
dire des marais en cours de boisement en zone centrale. En marge, quelques belles roseliêres se
maintiennent et deux complexes prairiaux, peu boisés par des peupliers, subsistent i un, au sud de
Chivres-en-Laonnois, et 1'autre, encore plus vaste, au nord de Sissonne.
Le secteur d'étude comprend quelques bois de hauts arbres.
METHODOLOGIE
Pour mener à bien cet inventaire, nous avons réalisé, en deux années (1987 et 1988), une
vingtaine de sorties.
Le recensement a surtout porté sur les oiseaux nicheurs avec un dénombrement des couples
(ou des individus cantonnés) des espèces rares ou en voie de raréfaction.
Dans ce présent exposé, je vais comparer les données obtenues dans le cadre de cette étude
avec celles de deux auteurs, qui ont effectué, voilà une vingtaine d'annéés, le même type de travail 1
KERAUTRET (1969) et SCHIPPER (1971). De cette façon, je vais essayer de cerner l'évolution de
l'avifaune nicheuse. Cette analyse est qualitative (disparition ou apparition d'espèces) et surtout
quantitative (variation du nombre de couples nicheurs). Elle concerne les espèces pour lesquelles
nous disposons de sulïisamment d'informations. Il s'agit surtout d‘oiseaux non Passereaux, les plus
remarquables, les moins abondants et les faciles à recenser. Le choix est donc dicté par la possibilité
d'utiliser les données. L'éxercicé est périlleux, puisque les trois inventaires n'ont pas été réalisés, en
suivant une méthodologie commune rigoureuse. Le principal écueil se situe au niveau de la
couverture géographique, c'est-à—dire évaluer si les trois inventaires ont porté sur les mêmes
secteurs. Apparemment KERAUTRET (1969) et SCHIPPER (1971) ont observé sur les mêmes
zones. Comme pour les espèces remarquables, ils ont indiqué sulïisamment précisément dans leurs
publications la localisation des couples nicheurs, nous avons pu apprécier pour chaque espèce, si nos
données pouvaient être comparées aux leurs.
EVOLUTION DES EFFECTIFS NICHEURS DE CERTAINES ESPECES
Grèbe huppé Podiceps crislalus
Pour la période considérée, l'elfectif nicheur est resté stable : 3 à 6 couples. Globalement dans la
région, cette espèce était en nette augmentation.
Butor étoilé Bolaurus slellaris
KERAUTRET (1969) et SCHIPPER (1971) signalent un maximum de 6 chanteurs. Nous en avons
dénombré 9. Cette différence n'est certainement pas due à une augmentation des effectifs, mais
plutôt, à un problème lié à la détection des chanteurs (tous les secteurs favorables n'ont peut-être pas
été visités par ces deux auteurs, les mâles ont peut-être peu chanté en 1965, 66 et 71). BROSSELIN
(1974), lui évalue la population à 15 chanteurs. En se réferrant à cette estimation, il y aurait donc
plutôt eu une baisse des effectifs.
Blongios nain Ixobryc/ms minnlus
Nous estimons que la population est comprise entre 3 et 5 couples. KERAUTRET (1969) le
considérait déjà comme peu abondant. L'effectif nicheur a certainement peu varié.
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0|ogi¤ © Picardie Natura/C.O.P. 55

Sarcelle d‘hiver Anas crccca
Cette espèce, dont la nidilication est difïicile à prouver, n'était pas signalée comme reproductrice il y
a vingt ans. Récemment, nous l‘avons découverte et estimons le nombre de couples à moins de 6.
Elle a dû passer inaperçue à KERAUTRET (1969) et à SCI—HPPER (1971), d'autant plus que la
principale zone de reproduction se situe dans une grande propriété privée.
Sarcelle d'été Anas qucrqucdula
Elle a disparu de la vallée depuis 1972. En 1965, 66 et 70, l'elï`ectif était compris entre 1 et 5
couples.
Canard souchet Anas cbrpcala
Il y a vingt ans, il était régulier mais toujours en petit nombre. Aujourd'hui, il est irrégulier et les
effectifs sont très faibles (1 à 2 couples). Il régressé donc.
Fuligule milouin Aylhyafcrina
L'effectif nicheur n‘a pas varié en 20 ans. Il faut tout de même signaler que les couples présents
actuellement sont issus d'oiseaux désailés et maintenus par les chasseurs. Le nombre de couples varie
de 1 à 2.
Milan noir Milvus migrans
Un couple de ce rapace a niché, de façon probable en 1987 et 1988. Il n'était pas signalé, il y a vingt
ans.
Busard des roseaux Circus aeruginosus
KERAUTRET (1969) et SCHIPPER (1971) situent le nombre de couples entre 1 et 5. Actuellement,
la population est de l'ordre de 11 paires. L'espèce est en nette augmentation.
Busard Saint-Martin Circus cyaneus
L‘effectif nicheur est en baisse. En 1965, 66 et 70, 3 couples étaient signalés. Aujourd'hui, il en reste
un.
Busard cendré Circus pygargus ‘
En vingt ans, il a complètement disparu. L'ef1`ectif nicheur est passé de 10 couples à 0. Cette chute
des effectifs s'est faite sentir dès les années 70.
Buse variable Bulco bulco
Les effectifs nicheurs de ce rapace ont légèrement augmenté en 20 ans. En 1970, le nombre de
couples était compris entre 5 et 10 couples. Actuellement, il se situe entre 10 et 15 couples.
Aigle botté Hieraaclus pcnnalus
Durant nos deux années d‘étude, nous avons constaté la présence d'au moins deux individus pendant
la période de reproduction. Cette espèce n'était pas signalée, il y a vingt ans.
Faucon crécerelle Falco linnunculus
Ce faucon, relativement commun, a vu ses effectifs baisser. KERAUTRET (1969) et SCHIPPER
(1971) dénombrent un minimum de 15 couples. Actuellement, l'effectifnicheur est de 5 couples.
Faucon hobereau Falco subbulco
Ijelfectif semble stable avec moins de cinq couples repérés.
Caille des blés Colurnix colurnix
UAVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème jouméa inter-régionale d'0mlth0|0gie © Picardie Natura/C.O.P. 56

Ce gallinacé a fortement régressé. Il y a vingt ans, le nombre de couples nicheurs se situait entre 25
et 100 couples. Aujourd'hui, il est inférieur à cinq couples. ’
M arou ette ponctuée Porzana porzana
Dans les années 70, elle était peu abondante. Elle n'a pas été retrouvée récemment, malgré quelques
séances d'écoute nocturne. Elle doit donc être considérée comme disparue.
Râle de genêts Crcx crcx
Même sort pour cet autre rallidé qui a complètement déserté cette vallée. Le dernier a été entendu en
1972.
Vanneau huppé Vancllus vancllns
En 1965 et 66, l'effectif nicheur était de l'ordre de 100 couples. En 1970, il était compris entre 10 et
25 couples. En 1983, il était encore d'une vingtaine de couples et aujourd'hui, il n'est plus que de 8
couples. Il s'agit d'un effondrement complet.
Bécassine des marais Gallinago gallinago
Actuellement, elle ne niche que de façon occasionnelle, alors qu'il y a vingt ans, le nombre de couples
était au minimum de 7.
Courlis cendré Numenius arquala
KERAUTRET (1969) et SCHIPPER (1971) estimaient l'efï`ectif nicheur entre 4 et 6 couples. Il
n'était plus que trois en 1987-88, et il n'en reste plus que deux en 1991.
Guêpier d'Europe Mcrops apiaslcr
Cette espèce aurait niché pour la première fois en vallée de la Souche en 1977. Depuis, elle doit y
être régulière avec des effectifs réduits. Durant notre période d'étude, l'effectif nicheur était de deux
couples au minimum.
Pic noir Diyocopus marlius
Cette espèce niche depuis le début des années 80 ('?) dans la vallée (un couple).
Tarier d'Europe Saxicola rubelra
En vingt ans, ce petit Turdidé a presque complètement disparu. Un seul couple a été noté en 1988,
alors que l'effectif nicheur était compris entre 10 et 25 couples en 1970.
Grive litorne T urdus pilaris
Il s'agit d'une nicheuse installée récemment, puisque nous l'avons découverte en 1987. Elle n'avait
jamais été signalée auparavant.
Bouscarle de Cetti Cellia celli
Espèce autrefois abondante avec 10 à 25 couples en 1970, elle est aujourd'hui complètement absente.
Elle était encore signalée en 1984.
Locustelle luscinioïde Locuslclla luscinioidcs
En 1970, SCHIPPER (1971) estimait l'effectif nicheur entre 25 et 100 couples. De nos jours, il est
inférieur à 10 couples. Il est donc en nette baisse.
Rousserolle turdoïde Acrocephalus arzuzdinacczzs
L'effectif semble avoir peu varié. Il est toujours compris entre 10 et 25 couples, plus près de 10 à
l'heure actuelle. Cette faible variation est peut-être imputable à une meilleure couverture du site.
L'AV©CE`|`|'E 1992 16(3·4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith010gie © Picardie Nature/C.O.P. 57

Hypolaïs ictérine Hippolais iclerina
Elle semble avoir disparu de la vallée.
Hypolaïs polyglotte Hippolais pobrglolla
Non signalée il y a vingt ans, elle est aujourd'hui présente.
Sitelle torchepot Silla curopaea
Même remarque que pour l'espèce précédente. Cette espèce avait peut-être été oubliée par
KERAUTRET (1969) et SCHIPPER (1971) ou a-t-elle profité du boisement du marais ‘?
Pie-grièche écorcheur Lanius collurio
Les effectifs Ont peu varié, toujours inférieurs à 5 couples.
Pie-grièche grise Lanius cxcubilor
Elle n‘était pas signalée par SCHIPPER (1971) et KERAUTRET (1969). Ce dernier avait d'ailleurs
remarqué son absence. Aujourd'hui, elle est présente et l'eff`ectif nicheur avoisine les 7 couples.
COMMENTAIRES
Les espèces nouvelles
En vingt ans, les Marais de la Souche ont vu leur avifaune nicheuse s'enrichir de 8 nouvelles
espèces. Il s'agit généralement d'espèces
- qui étendent leur aire de répartition : Pic noir, Guêpier d'Europe, Grive litorne, Hypolaïs polyglotte;
- pour qui l'Aisne est en marge de leur aire de répartition et où les effectifs sont susceptibles de varier
fortement : Milan noir, Aigle botté ;
- qui étaient présentes en périphérie de la vallée et qui ont profité du changement du paysage dans la
vallée, et notamment du boisement qui a progressé rapidement ces vingt dernières années : Sitelle
torchepot et peut—être Sarcelle d'hiver (??).
Concernant la Pie—griéche grise, nous n'avons pas d'explication à formuler. Alors qu'en vingt ans, elle
a régressé partout en France, elle s'est installée en Vallée de la Souche. Les milieux sont-ils devenus
plus favorables (jeunes peupleraies abondantes...) ?
Les espèces en augmentation
Deux espèces sont concernées. Il s'agit du Busard des roseaux et de la Buse variable, qui
actuellement sont en voie de conforter leurs effectifs qui étaient devenus très faibles suite aux
persécutions, à l'utilisation de produits phytosanitaires dangereux...
Les espèces disparues ou en régression
Elles sont nombreuses, trop nombreuses. Elles peuvent être classées en fonction des causes
que nous pouvons supposer responsables de leur régression.
Les espèces des prairies humides ont souff`ert de l'assèchement progressif de leur milieu de
niditication (drainage et plantation de peupliers), de sa destruction en vue de sa mise en culture. Il
s'agit de : Canard souchet, Sarcelle d'été (disparue), Marouette ponctuée, Marouette ponctuée
(disparue), Râle de genéts (disparu), Vanneau huppé, Bécassine des marais, Courlis cendré, Tarier
d'Europe.
Les espèces des roselieres ont souffert de leur asséchement progressif (drainage, évolution
naturelle de la végétation du marais vers le boisement) ainsi que de leur fréquentation de plus en plus
importante par l'homme 1 Grand Butor, Locustelle luscinioïde.
Des espèces ont régressé pour d'autres raisons :
- conditions d'hivernage dif`ficiles en Afrique : Sarcelle d'été, Busard cendré, Caille des blés ;
UAVOCETTE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'omitho|ogie © Picardie Natura/C.O.P. $8

- espèce sédentaire n'ayant pas résisté aux derniers hivers rigoureux : Bouscarle de Cetti ;
- changements dans les pratiques agricoles : techniques de récoltes (Râle de genêts disparu et Caille
des blés) ; retournement des prairies sèches au profit des cultures (Faucon crécerelle).
Pour une espèce, il est difficile de formuler des hypothèses sur les causes de régression 1
Busard Saint-Martin.
Les espèces dont les effectifs nicheurs semblent stationnaires
Grèbe huppé, Blongios nain, Fuligule milouin, Faucon hobereau, Rousserolle turdoïde et Pie-
grièche écorcheur.
CONCLUSION
Sans être exhaustif; nous avons pu mettre en évidence l'évolution des effectifs nicheurs sur
une vingtaine d'années de 33 espèces d'oiseaux des Marais de la Souche.
Durant ces vingt années, nous avons constaté :
- l'implantation de 8 nouvelles espèces ;
- l'augmentation des effectifs nicheurs de 2 espèces ;
- le caractère stationnaire des effectifs de 6 espèces ;
- la forte régression, voire la disparition, de 16 espèces.
Le nombre d'oiseaux de cette dernière catégorie est inquiètant. Les espèces en régression ou
disparues ont besoin de milieux très humides. Elles appartiennent à l'avifaune nicheuse des prairies
humides et des roselières. Dans la Vallée de la Souche, comme hélas dans le reste de notre région et
de notre pays, ces milieux ont été fortement altérés ou détruits, ce qui a eu des répercussions
évidentes sur l'avifaune.
A l'heure où l'on parle beaucoup d'environnement, il faut bien constater que la destruction de
ces milieux n'a pas cessé de se poursuivre. Je suis de ce fait, très pessimiste sur le devenir de
quelques espèces d'oiseaux nicheurs qui vont d'ici quelques années venir prendre place aux côtés de
ceux déjà disparus au nombre de 5. Je pense notamment au Courlis cendré, au Vanneau huppé, au
Canard souchet et au Tarier d'Europe.
Il est urgent que des mesures soient prises pour empêcher la disparition de ces espèces :
mesures réglementaires de protection (arrêté de biotope, réserve naturelle...), actions associatives
(achat et location de terrains, convention de gestion avec des agriculteurs...), actions administratives
(prime aux agriculteurs pour non retournement des prairies, application de l'article 19...).
BIBLIOGRAPHIE
BROSSELIN M. (1974) Hérons arboricolcs de Francc. Répartition /974. SNPN, 143 p.
KERAUTRET L. (1969) Notes sur l'avifaune de la zone humide de Pierrepont-Sissone (Laonnois-
Aisne). Alauda, 37 : 37-42.
SCHLPPER W. (1971) Notes sur l'avifaune de la zone humide de Pierrepont-Sissone (Laonnois-
Aisne) II. Alauda, 39 : 204-208.
L'AVOCE`|TE 1992 16(3-4) Actes de la 2ème joumée inter-régionale d'0mith0|0gie · © Picardie Nature/C.O.P. 59

Avifaune de deux vallées picardes : l‘Avre et la Noye
par Pierre ROYER *
Les vallées confluentes de l'Avre et de la Noye, au
sud—est d'Amiens, ont entaillé le plateau picard pour
donner naissance à un ensemble de milieux diversifiés :
étangs, roselières, fourrés humides, pâturages, vergers,
côteaux calcaires, bois de plaine, plateau cultivé. Cette
mosaique de milieux accueille de nombreuses espèces
d'oiseaux qui ont fait l’objet d'un suivi ornithologique
depuis une quinzaine d'années. On peut estimer que les
observations enregistrées régulièrement sur ce secteur sont
représentatives de l‘avifaune des vallées picardes et en
font une zone témoin de l'évolution locale des populations
d'oiseaux.
178 espèces ont été recensées en quinze ans
d'observation. Ce nombre se rapproche de celui estimé en
vallée des Evoissons dans le Sud amiènois.
Parmi les 91 espèces nicheuses, 43 se répartissent
dans les zones humides, soit 48 %, attachées aux milieux de
fond de vallée : étangs, roselières, bois humides. 18
espèces sont strictement inféodées à ce genre de biotope ;
parmi elles, il faut souligner la présence du Butor étoilé,
du Blongios nain, de la Locustelle luscinioîde, de la
Rousserolle turdoide et du Busard des roseaux. Ces oiseaux
figurent sur la liste rouge des espèces menacées en France.
Le Héron cendré est un nicheur très récent dans ce milieu.
Les cours d‘eau avec ripisylve occupent le deuxième
rang avec 41 espèces nicheuses. Deux espèces sont attachées
à ce milieu : le Martin—pêcheur et la Bergeronnette des
ruisseaux. Le Faucon hobereau présente le statut de nicheur
probable dans ce biotope ces deux dernières années.
Les massifs boisés des flancs de vallée et de plaine
regroupent 40 espèces nicheuses ; 11, soit 25,6 %,
recherchent exclusivement ce milieu pour se reproduire.
L‘Epervier d‘Europe est réapparu en tant que nicheur en
1990 et 1991.
Les cultures et les agglomérations sont les milieux
les plus pauvres qui n'attirent que des espèces plutôt
banales ou anthropophiles.
La position géographique des deux vallées, orientées
nord—sud, constitue un axe de passage pour les migrateurs.
Certains empruntent ces couloirs naturels sans s'arrêter
pour transiter entre leurs zones d'hivernage et de
reproduction : c'est le cas de l‘Oie cendrée ou du Grand
Cormoran. D'autres peuvent stationner quelques heures ou
L'AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes da ia 2ème jouméa inter-régionale d'0rnith0|0gis © Picardie Nature/C.O.P. SG

quelques jours sur le site. Les milieux humides constituent
les zones les plus attractives pour le repos des
migrateurs, particulièrement pour les limicoles (en avril-
mai et août—septembre) ainsi que pour les canards de
surface (en mars-avril et septembre—octobre). D'autres
catégories de migrateurs empruntent également ces voies de
passage : passereaux (Hirondelles, Pinsons, Pipits),
rapaces (Epervier d'Europe, Buse variable).
Enfin, les hivernants trouvent un refuge dans ces
vallées et les secteurs avoisinants. On peut distinguer des
hivernants réguliers (Grives litorne et draine, Vanneau) et
des hivernants occasionnels qui n'arrivent dans nos
contrées que pendant les coups de froid (Harles).
L`étude réalisée depuis une quinzaine d‘années dans
les vallées de l'Avre et de la Noye a permis de constater
une continuité dans le temps de l'avifaune. Peu de
bouleversements ont affecté ces milieux ces dernières
années. Nous avons constaté quelques variations
quantitatives : augmentation du Grèbe huppé, diminution des
Fauvettes aquatiques certaines saisons. D’un point de vue
qualitatif, certaines espèces se sont éteintes : Chouette
chevêche et Pie—grièche grise. Le secteur s'est enrichi
d'espèvces nicheuses nouvelles ou réapparues : Héron
cendré, Epervier d'Europe, Faucon hobereau et Gorgebleue.
La richesse spécifique est liée a la diversité des
milieux ; parmi eux, les zones humides demeurent les plus
fragiles et accueillent les espèces les plus rares. La -
conservation des biotopes de fond de vallée demeurera le
seul moyen de protéger les espèces les plus menacées au
niveau régional et même national.
* 32 rue Montcalm, F—8009O Amiens
Ce texte dont seul le résumé est domié ici a paru dans l’ 1988 -
12(3) p.97 à 165 sous le titre :
G. NEVEU et P. ROYER : L’avifaune de la confluence des vallées de
l’Avre et de la Noye (suite), 2ème période : 1977-1988.
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L'AVIFAUNE DE LA VALLEE DE LA BRESLE
OISE (60) SEINE-MARITIME (76) SOMME (80)
lère NOTE DE SYNTHESE
par Jean-Michel SANNIER
I - PRESENTATION
La Bresle est une rivière côtière qui constitue la frontière administrative entre la Normandie
et la Picardie depuis la départementalisation de 1790.
D'environ 72 km de longueur, cette rivière prend sa source dans l'©ise à Hadancourt au pied
des larris de Lannoy—Cuillère, qui culminent à plus de 200 mètres d'altitude.
Avant de se jeter dans la Manche au Tréport, elle reçoit successivement comme affluents
principaux : le Ménillet, le Liger, la Fontaine Saint-Pierre et la Vimeuse.
Quarante-cinq communes sont directement riveraines de la Bresle et de ses atïluents. Le
recensement de population correspondante s'èlève à environ 45000 habitants. La moitié de cette
population évolue au voisinage de la partie aval dela vallée (Basse vallée de la Bresle).
L'agriculture, autrefois basée sur l'élevage extensif, n'a pas connu ici, compte tenu de la
texture du sous-sol, le même développement que dans certaines autres régions de la Somme.
L'activité industrielle est diversitiée, mais est cependant symbolisée par les verreries (tradition
de la vallée) ainsi que par les industries de métaux (mouleries, polissages,...).
Essentiellement depuis une trentaine d'années, le ballast constitué par les alluvions anciennes
est exploité intensivement en de nombreuses carrières. Aujourd'hui plus d'une centaine d'ètangs
ornent le fond de vallée depuis Ponts-et-Marais jusqu'à Saint-Valery-sur—Bresle.
C'est ainsi que ces sites présentent un intérêt touristique non négligeable tant par son faciès
littoral que par l'attrait de son arrière—pays (randonnées, pêche,...).
II - LES BIOTOPES
La diversité de ses paysages délimitent autant de biotopes différents.
Tout au long de son parcours, les pentes sont entrècoupées par des pelouses calcaires (larris)
ou de champs cloisonnés de taillis.
La rive droite (ou versant picard) d'exposition ouest à sud-ouest est moins boisée que la rive
gauche 1 sur ce versant, on rencontre surtout des bois de taillis, des cultures ou herbagés. Le plateau
sommital est souvent occupé par des champs ou pâturages.
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La rive gauche (ou versant normand) exposé à l'est/nord-est et les sommets qui la dessinent
sont couronnés pratiquement sans discontinuer, soit par les abords de la forêt d'Eu (vaste forêt
domaniale de 94OO ha), soit par des bois ou taillis qui la bordent.
Par l'épanchement continu de ses multiples sources qui l'alimentent, l'eau de la Bresle s'écoule
en s'attardant en de nombreux méandres et se répand en divers bras parasites chargés d'anàstomoses
sur l'ensemble du talweg.
Cette particularité a permis le développement de marécages et de générer des paysages
présentant un aspect bocager caractérisé par de petites parcelles de prairies (autrefois "prés flottés",
voir Note 1) régulièrement soulignées de haies composées de Saules blancs, Frênes, Aulnes... Ces
haies entourent également des fossés ainsi que de nombreux réseaux de sources, ou fontaines,
ceinturées de Laîches à tourillons.
III - L'AV[FAUNE
A - Caractéristiques générales
L'avifaune est étroitement tributaire des biotopes mis à sa disposition. C'est ainsi que dans un
compte-rendu un observateur cite (1943, voir Note 2) : "... la rivière de la Bresle au cours rapide ne
gèle pas, même dans les froids les plus vifs. De nombreuses sources par suite de son plan synclinal à
O° offrent de plus aux oiseaux de passage des eaux toujours vives, bordées de végétation favorable.
Lorsque le thermomètre descend à - l5°, tous les étangs de la vallée de la Somme sont pris dans la
glace alors que la vallée de la Bresle reçoit les Canards, Cygnes, Harles bièvres qui y trouvent des
eaux favorables".
A la suite des transformations des milieux, par abandon des techniques agricoles extensives
(prés tlottés), par exploitation systématique du ballast alluvionnaire, par mdéralisation, une évolution
du panel d’espèces aviennes s'est évidemment produit.
L'archétype du processus de déliquescence des milieux naturels n'est pas propre à cette
vallée, il se résume ainsi Z
BIOTOPE EVOLUTION
Biotope naturel Biotope anthropogène
1) Talweg
marais gravière, plan d'eau aménagé
roselière lotissements, zones industrielles
prés flottés champs, peupleraie
2) Larris carrière de craie, friches, champs
B - Espèces caractéristiques
Dans ce contexte les statuts des espèces aviennes ont bien souvent évolué. Nous y
reviendrons longuement lors d'une étude détaillée à paraitre.
a - Zones humides
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Hormis la Poule d'eau Gallimila ch/oropus, les nicheurs les plus communs sont la Foulque
macroule Fulica aira, le Grèbe castagneux Tachybaplus r1g’îc0/lis, le Cygne tuberculé Cygmis 0/or
(une vingtaine de couples, espèce nicheuse depuis 1964), le Grèbe huppé Podiceps crislalns(espèce
implantée depuis le début des années 70), le Canard colvert Anas plagirhync/10s. D'autres espèces se
reproduisent plus rarement comme la Sarcelle d'hiver Anas crecca, la Bécassine des marais
Ga/linago gallinago, le Fuligule milouin Ayllvyaferi/1a,... Pour d'autres, les tentatives de nidification
échouent par action anthropique : Héron cendré Ardea cinerea, Grand Cormoran Pha/acrocorax
carbon. Pour deux espèces de Hérons, Butor blongios Ixobrychus minulzis et Butor étoilé Bolaurus
.s·tel/aris, la reproduction est à prouver à nouveau compte tenu de la raréfaction des sites favorables
(statut de nicheurs anciens). Etc,  
En l'absence de réserves appropriées et de quiétude permettant les haltes diurnes, les
comptages réguliers d'hivernants ne sont qu'un pâle reflet des tableaux de chasse grossis par les
passées suscitées par les échanges avec la zone littorale proche. Notons cependant le recensement
régulier de 1000 à 1500 Foulques, d'environ 100 Fuligules milouins et la présence de nombreuses
autres espèces, les paramètres quantitatifs variant en fonction des conditions climatiques ou des
disponibilités alimentaires.
b — Massifs forestiers
L'étendue de ces milieux permet de déterminer une réelle richesse des populations de Rapaces
nicheurs tant diurnes (Faucon hobereau Falco subbuleo, Faucon crécerelle Falco limizmczilus,
Epewier d'Europe Accipiler nisus avec jusqu'à 9 couples pour 900 ha, Buse variable Buleo buleo
avec jusqu'à 4 couples pour 900 ha, Bondrée apivore Pemis apivorus, Autour des palombes
Accipiier geniilis) que nocturnes (Chouettes effraie T ylo alba, hulotte Slrix alnco et chevêche
/li/zene noclua qui se raréfie d'année en année, Hibou moyen-duc Asio olzis).
L'hiver d'importants rassemblements sont notés.
CONCLUSION
A cette date ce sont 226 espèces qui ont été observées des falaises du Tréport ou de Mers
jusqu'aux sources de la Bresle. Cette liste pourra s'enrichir d'autre part des espèces pélagiques
évoluant au large des côtes.
Par ailleurs les espèces nicheuses probables ou certaines (statuts anciens et récents) s'élèvent
à 1 I3.
Note l : Prés flottés ou flottants : technique d'irrigation saisonnière mise en oeuvre grâce à
l'ouverture de petits canaux munis d'écluses jusqu‘â l'aube du 2ème conflit mondial.
Note 2 : Emile BOUCHER (1943) "Souvenirs et réflexion sur la chasse et sur la pêche aux abords de
la Bresle et de la Somme".
L'extrait proposé s'explique par l'exploitation ancienne de la tourbe dans les "Intailles" de la
Vallée de la Somme, alors que le sous-sol de la Bresle en est très pauvre.
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l
l
ANNEXE l - Nombre d'espèccs rcccnsécs S
A — LITTORAL
Procellariidae 3 espèces (2 données anciennes)
Hydrobatidae 1 (donnée ancienne) ,
Sulidae 1 '
Stercorariidae 2 (dont l espèce à l‘intérieur des terres) '
Alcidae 3
B - AUTRES SITES
Gaviidae 3 espèces
Podicipedidae 5 ’
Phalacrocoracidae 1
Ardeidae 5 (1 donnée ancienne) l
Ciconiidae 1
Treskiornithidae 1 = '
Anatidae 30 '
Accipitridae 11 (1 donnée ancienne)
Pandionidae 1 .
Falconidae 4 (dont 1 espèce autrefois nicheuse)
Phasianidae 3 ¤
Rallidae 5
Gmidae 1 ·
Haematopodidae 1 1
Recurvirostœidae 1 I
Burhinidae 1 (ancien nicheur)
Charadriidae 4 '
Scolopacidae 16 I l
Laridae 7 (dont 1 sur le littoral) l
Sternidae 3 (dont 2 sur le littoral) lî
Columbidae 5 Ii
Cuculidae ;« 1 ii
Tytonidae 1 1
Strigidae 5 (dont Hibou petit-duc signalé au début du siècle en E
forêt d'Eu) ·
Caprimulgidae 1
Apodidae 1 .
_:_Alcedinidae 1 I
Upupidae 1 (ancien nicheur)
Picidae 5 l
Alaudidae 1
Hirundinidae 3
Motacillidae 8 (dont une sous-espèce nicheuse) I
Troglodytidae 1
Prunellidae 1
Turdidae 14 r
Sylviidae 20
Laniidae 1
Bombycillidaè 1 (visiteur hivernal rare)
Paradoxornithidae 1
Aegithalidae 1
Paridae 6
Sittidae 1
Certhiidae 1
L’AVOCETTE 1992 16(3-4) Actes da la 2ème jouméa inter-régionale d'omith0|0Qa [G Picardie Natura/C.O.P. È?

Emberizidae 4
Fringillidae IO
Ploceidae 2
Sturnidae l
Oriolidae 1
Corvidae l (dont l espèce disparue comme nicheuse)
C - Espèces probablement échappées de captivité
Flamant rose Phocnicoplcrus rubcr
Cygne noir Cygmzs alralus
Oie d'Egypte Alopochcn acgypliacus
~2~
\
  Hua
  _ LA BRESLE " INTERET ORNITHOLOCIQUE"
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Plan d'eau offrant un intérêt ornithologique
A Ecgngg de Bouvaincourt sur brculc I M [ V Qiiîîynpoh
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5 Etangs Sainte Marguerite à Ganachen  *'
Launay
Cclllln
(3 Etang de 1'Epinoy à Gnnachea
D Etangs du Parc de Sénarpont
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