Avocette 2009 (33) 1
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P|cARmE NATURE
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L'Avocette, un moyen de diffusion de |'information naturaliste pour |'Obsen1atoire de la faune sauvage en Picardie.
Depuis sa création en 1970, |'étude et la protection de la faune sauvage de Picardie sont les moteurs de Picardie Na-
ture et |'objet principal de ses statuts. Depuis des années, des dizaines de bénévoles parcourent la région pour mieux
connaître le statut des espèces de différents groupes faunistiques.
Chaque jour met un peu plus en évidence la nécessité de préserver ce qu'i| reste de nature dans nos trois départe-
ments. Pour cela, |'association a décidé en 2009 de créer un Obsenratoire de la faune sauvage en Picardie de manière
à mieux cadrer et évaluer les politiques de consenration mises en place.
Les rôles de cet Obsenratoire :
• aider au recueil d'informations dans les domaines couverts par les différents réseaux naturalistes de |'association
(actuellement 7 réseaux naturalistes : amphibiens et reptiles, avifaune (oiseaux), chiroptères (Chauves-souris), orthop-
tères (criquets et sauterelles), mammifères, mammifères marins, mollusques) par |'embauche de salariés qui aident à
|'organisation fonctionnelle des réseaux de bénévoles et participent au travail de terrain pour des enquêtes régionales
ou nationales ;
• communiquer les informations naturalistes régionales auprès des décideurs et du grand public. C'est là qu'intenrient
notre revue naturaliste |'Avocette où vous trouvez les résultats de ces travaux mais d'autres moyens existent aussi :
publication d'at|as régionaux de répartition, mise à disposition de tous de données (non sensibles) grâce au site internet
de |'association, participation à des colloques, rapports scientitiques...
Le projet d'Obsenratoire de la faune régionale est soutenu tinancièrement par le Conseil Régional de Picardie, les
Conseils Généraux, |'Etat et |'Union Européenne.

NUMERO SPECIAL
Extraits du rapport de |’Observatoire Faune de Picardie Nature :
«EIéments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations du
Blongios nain Ixobrychus minutus de Picardie».
 
• Som maire
p.6 à 14
• Le Blongios nain Ixobrychus minutus en Picardie au début du XXI ème siècle :
bilan des recensements de 2001 et 2005
Par Laurent GAvoRv et Sébastien LEcR¤s
p.15 à 29
• Statutdu Blongios nain Ixobrychus minutus en Picardie : synthèse des principales
données disponibles de 1860 à 2005
Par Laurent GAvoRv et Sébastien LEcR¤s
p.30 à 42
• Éléments sur |’éco|ogie et la biologie du blongios nain Ixobrychus minutus
Par Laurent GAvoRv, Sébastien LEcR¤s et Emmanuel FouRN¤ER
p.43 à 44
• A propos de la difficulté de recenser le Blongios nain Ixobrychus minutus :
comparaison des résultats obtenus avec deux méthodes de dénombrement
Par Laurent GAvoRv et Sébastien LEcR¤s
L'AVOCETTE, publication naturaliste de :
Picardie Nature - 14 place Vogel - B.P. 50835 - 80008 AMIENS Cedex 1
vvwvv.picardie-nature.org - contact@picardie-nature.org
Directeur de publication : Patrick THIERY
Rédacteur en chef : Xavier COMMECY
Mise en page :Aude DEKERVEL
Crédits photographiques : Mark S JOBLING, Philippe PULCE, Jean-Pierre TROUILLAS, Gabriel RASSON & Sébastien
LEGRIS
Tirage : 100 exemplaires - Prix d'un numéro : 8 Euros
Date d'édition : Juin 2010
Dépôt légal : Préfecture de la Somme - FR ISSN 0181 - 0782
Impression : |.P.N.S.

Introduction Objectifs
Le présent rapport est une présentation des L’objectif principal est de contribuer a la
éléments de connaissance accumulés dans le conservation du Blongios nain dans la région en
cadre de |’action « Un cahier de prescriptions mettantala disposition des acteurs dela protection
pour une meilleure conservation des populations de la nature les informations qui leur seraient
de Blongios nain lxobrychus minutus en Picardie indispensables pour une meilleure prise en compte
», menée par |’Association Picardie Nature. Elle de |’espece, notamment dans le cadre de la
avait pour but premier de produire les éléments rédaction des documents d’objectifs Natura 2000
d’information indispensables pour oeuvrer a la et autres démarches de protection de la nature
conservation des populations de Blongios nain. (plan de gestion de réserve naturelle, documents
de cadrage...);
Le contenu proposé de |’action était le suivant :
Pour cela, deux objectifs opérationnels seront
Le Blongios nain fait partie des especes les plus poursuivis :
menacées présentes sur le territoire régional. En · assurer une synthese d’informations et la collecte
effet, il est considéré comme en danger a |’éche||e de nouvelles données sur son statut en région :
de la région et du pays, et vulnérable en Europe. répartition, effectif, niveau de reproduction... et
Jusqu’a récemment, la population picarde avait été surtout de ses exigences écologiques : parametres
estimée a une cinquantaine de couples. Elle aurait du ou des milieux utilisés...
chuté en une vingtaine d’années de plus de 75 · produire un document rassemblant des
%. Aujourd’hui, il semblerait qu’e||e soit dans une prescriptions, c’est-a-dire un documentcomprenant
situation plus avantageuse puisque approchant les éléments nécessaires a une meilleure prise en
la centaine de couples. Cette situation mériterait compte, voire conservation, de cette espece et le
d’étre éclaircie etdiscutée. diffuser aupres des organismes gestionnaires et
principales collectivités territoriales.
Vu les effectifs régionaux, la Picardie a une
responsabilité importante pour la conservation
de cette espece a |’éche||e nationale mais aussi Description de |’action
européenne puisqu’e||e accueille respectivement
30 % et 0,5 % de leur population estimée. La Elle comprendra deux points complémentaires:
majorité de cet effectif se trouve en Vallée de la - un diagnostic qui comprendra la collecte et
Somme. la synthese d’informations sur le statut et les
exigences écologiques de I’espèce en région ;
Actuellement, un certain nombre de démarches
de conservation de sites sont engagées en fond - la production et la diffusion d’un document :
de vallées, en particulier en Vallée de la Somme le cahier de prescriptions qui rassemblera les
ou I’espèce est bien distribuée. Toutefois, elles ne éléments d’information nécessaires a |’ensemb|e
ciblent pas particulierement cette espece. De plus, de la chaîne des acteurs de la protection des
il semble que, faute d’é|éments de connaissance milieux naturels dans la région pour contribuer a
sur sa répartition et sur ses exigences écologiques une meilleure conservation de cet ardéidé.
facilement mobilisables, elle soit peu prise
en compte. C’est du moins ce qu’i| ressort de 1)Le diagnostic
différents documents consultés : documents
d’objectifs, plans de gestion de réserve naturelle   Il s’articu|era autour de deux themes principaux :
et de discussions que nous avons pu avoir avec
différents gestionnaires. · le statut de I’espèce : collecte et compilation des
données anciennes (de la fin du XIXème siecle a
C’est pourquoi, |’association propose d’apporter sa nos jours), synthese, discussion de |’évo|ution de
contribution a la conservation de cette espece en son statut, position dela population dans le contexte
portant le projet « un cahier de prescription pour national et international, localisation des couples
une meilleure conservation des populations de par rapport aux zones protégées et discussion sur
Blongios nain en Picardie ». les mesures prisesjusqu’a présent
Kîlîlîeîo spécial Avûcette ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

En complément, son statut sera actualisé au ét elle traitera de façon tres partielle les aspects
sein des sites Natura 2000, plus particulierement trophiques.
les Zones Importantes pour la Conservation des Plus précisément, il sera tenté de déterminer
Oiseaux (ZICO) sous la forme de prospections la surface utilisée par couplé ét de décrire les
de terrain nouvelles. Elles viseront a compléter conditions et éléments du milieu utilisés pour:
la couverture des données recueillies de 2001 a s’a|imenter, chanter, s’accoup|er, parader, pécher/
2004 ét a confirmer la présence de |’espece sur chasser, implanter le nid, rechercher des matériaux
certaines zones. Elle nécessitera d’associer les pour le nid, élever des jeunes... ét autres aspects
observateurs bénévoles de terrain. Elles porteront qu’iI apparaîtrait pertinent d’étudier en cours
sur les secteurs accessibles ; ceux privés ét pour d’étude. Pour cela, 5 sites seront suivis. Ils seront
lesquels il n’est pas possible d’entendre les oiseaux choisis de façon a échantillonner des situations
de |’extérieur né pourront pas étre intégrés. Elles différentes ét représentatives : taillé du sité,
seront signalées dans le bilan. plusieurs couplés, couplé iso|é... L’observateur sé
Elles sé borneront a localiser les couplés ou males positionnera en des points d’observation particuliers
cantonnés (nicheur probable). ét suivra le ou les oiseaux sur de longues périodes
en décrivant particulierement le comportement des
· les exigences écologiques de I’espèce : il s’agit oiseaux et les éléments du milieu utilisé en suivant
d’identifier et de décrire les principaux points de une typologie pré-établie.
I’habitat qui seraient indispensables a |’espece pour
pouvoir se reproduire dans les marais picards. 2) Valorisation des données accumulées et
édition/diffusion d’un cahier de prescriptions
Pour cela, une synthese bibliographique sera
réalisée et une étude de terrain particuliere menée. L’ensemb|e des informations recueillies lors de
La premiere s’appuiera plus particulierement sur la premiere phase sera compilé puis synthétisé
les travaux du Groupe National sur le Blongios et dans un document qui sera appelé cahier de
la compilation des principales références en langue recommandations. Il comprendra une cinquantaine
française et anglaise. de pages en noir et blanc avec une couverture
couleur en A4 et une série de planches. Il sera tiré
L’étude de terrain, vu les moyens d’investigation a 250 exemplaires.
mobilisables, se bornera aux composantes du Il comprendra donc au minimum les éléments
milieu suivantes : biotope, végétation (organisation, d’information suivants: statut de I’espèce et son
structuration verticale), fréquentation humaine... évolution, localisation des principaux sites de
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Numéro spécial Avocëtte 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitardiê Iïlîiîîrî

• Le Blongios nain Ixobrychus minutus en Picardie au début
du XXI ème siècle : bilan des recensements de 2001 et 2005
Par Laurent GAvoRv & Sébastien Lsorais
Cet article reprend pour partie en le détaillant le au Nord-Est de Laon (02) et le |V|arais de Sacy-
volet répartition de GAVORY & LEGRIS (2006) le-Grand (60). Quelques couples sont connus sur
d’autres sites : Vallée de |’Authie (80/62), Vallée de
Résumé |’Aisne (02), Vallée de la Bresle (80/76), Vallée de
|’©mignon (02)... (COIVIIVIECY in COIVIIVIECY et al.,
En 2001 et 2005, deux recensements des effectifs op. cit., GAVORY, op.cit.)
nicheurs de Blongios nain lxobrychus minutus
en Picardie ont permis une estimation de 66 à Dans ce contexte,deuxdénombrements du nombre
96 couples pour la période 2001/2005. Environ de couples ont été organisés sur |’ensemb|e des
65% d’entre eux se trouvaient en Vallée de la trois départements de la région, |’un en 2001 et
Somme. Cette estimation trés inférieure à celle |’autre, en 2005 avec |’objectif principal d’éva|uer
proposée pour la fin des années 60 : 240 couples, |’effectif nicheur régional en ce début de XXIème
est cependant supérieure à celle publiée pour les siécle.
années 80 et 90, respectivement 42 et 50 couples.
Cette progression de 32 à 128,6 % selon les effectifs
comparés ne doit pas faire oublier que durant 1) Présentation de la Région et contexte
trois décennies, les effectifs de |’espéce se sont des dénombrements
maintenus à des niveaux bas du fait probablement
de conditions d’hivernage défavorables. Or, si Située au Nord dela France, la Picardie,composée
actuellement |’amé|ioration de ces derniéres a de trois départements, |’Aisne (02), |’©ise (60) et
permis cette augmentation du nombre de couples, la Somme (80) s’étend sur 19 500 km2. Elle est
sa portée pourrait étre limitée par la dégradation majoritairement occupée par des zones agricoles
des habitats de |’espéce intervenue au cours des (environ 70 % de sa surface) et est peu boisée
trois derniéres décennies. (18 % de sa superficie). La région est maillée d’un
réseau assez dense de vallées comprenant quatre
Mots clés : Blongios nain, Picardie, couple, 2001, cours d’eau principaux et structurants : la Somme,
2005 |’©ise, |’Aisne et la lV|arne. La population régionale
de Blongios nain se situe principalement dans les
Introduction vallées tourbeuses dont la principale unité est la
Vallée de la Somme longue de 245 kilomètres,
La région Picardie a été identifiée dés les premiers cumulant plus de 8 000 hectares de zones humides.
recensements du Blongios nain en France comme Elle est également distribuée sur deux autres sites
étant une région accueillant une part significative plus modestes : les |V|arais de la Souche (2 000
des effectifs nationaux:19%en1970 puis 9,3%en ha) et le |V|arais de Sacy-le-Grand (1 000 ha).
1983 (DUHAUTOIS, 1984). Plusieurs évaluations Ces espaces sont principalement des alternances
de ses effectifs nicheurs ont été proposées :240 en plus ou moins lâches de plans d’eau, de saulaies,
1970, 42 pourla période 1983-1987 (DUHAUTOIS, de formations à hautes herbes (roseliéres,
op.cit, COIVIIVIECY in COIVIIVIECY et al., 1996) et mégaphorbiaies) et de prairies d’étendue trés
plus récemment, pour les années 1989 à 1994, variable.
GAVORY (1995) propose un minimum de 50
couples, tout comme SUEUR (1998) mais pour Au cours des deux années de dénombrement,
deux décennies de 1983 à 1998. la situation des niveaux d’eau qui conditionnent
fortement les surfaces de milieux favorables au
Ces couples sont distribués sur 3 zones. La Blongiosaété trés différente. En 2001,ces niveaux
principale, avec un minimum de 60 % des effectifs étaient exceptionnellement hauts avec une crue
régionaux, est la Vallée de la Somme de Saint- centennale sur |’ensemb|e des cours d’eau, et
Quentin (02) à Abbeville (80) et ses affluents. notamment la Vallée de la Somme aval (Amiens/
Les deux autres sont les |V|arais de la Souche Abbeville). En 2005, la situation était à |’opposé,
Rîlîiéîo spécial AVDC€tt€ Z009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

três seche avec des eaux superficielles au niveau programme d’étude dédié a cette espece. Ainsi,
três bas. environ 300 heures ont pu être consacrées a
|’observation de cet oiseau.
En outre, en 2001, les conditions météorologiques
(pluie, vent) du printemps ont été plus clémentes Le recensement tel qu’i| a été conduitdans le cadre
que celles de la saison 2005. de notre étude présente des limites qui doivent
être soulignées et prises en compte lors de la
2) Méthodologie, limites et état des proposition d’estimation :
recherches · |’espêce reste difficile a repérer et a dénombrer
et elle peut facilement passer inaperçue, surtout sur
Relevés de terrain des sites assez vastes comme parfois en Vallée de
En premier lieu, le dénombrement a été conduit de la Somme ;
maniere a confirmer la nidification et évaluer les · des sites ne sont pas accessibles car privés
effectifs sur les sites connus préalablement, et en ou physiquement difficiles d’accês (utilisation de la
second lieu, rechercher de nouveaux sites et leurs barque nécessaire). Ces lacunes ont été listées ci-
couples. Un bilan des données disponibles (soit sur apres ;
la période 1989/1995) a donc été réalisé fin 2000. · les conditions météorologiques peuvent
Il a permis de dresser une liste de 52 sites sur avoir un effet sur la recherche : elles doivent
lesquels 66 a 84 couples (correspondant au cumul être clémentes, en particulier pour entendre les
des minima et des maxima enregistrés sur chaque chanteurs. Leur impact peut être d’autant plus
site pour ces 7 années) avaient été dénombrés. pénalisant que la période de recherche de |’espêce
est courte :2,5 mois ;
Les observateurs, principalement bénévoles, · la forte densité des couples dans certaines
pratiquant |’ornitho|ogie dans la région ont été zones, rend plus difficile Ieurindividualisation.
sollicités. Ceux intéressés par le dénombrement
ont signalé en début de saison leur zone de
prospection. En réponse, ils ont été destinataires Analyse des résultats
des localités ou |’espêce y avait été précédemment Le niveau de probabilité de la reproduction a
notée.|||euraété proposé d’assurerentre|a mi-mai été évalué sur la base de la codification des
et la fin juillet, au moins deux passages sur chaque indices de reproduction utilisée par YEATIVIANN-
site connu ou semblant favorable a |’espêce. A BERTHEL©T&JARRY(1994) et en tenant compte
cette occasion, ils étaient encouragés a y assurer des prescriptions de BOILEAU & BARBIER (1998).
des points fixes d’écoute et d’observation en début
ou en fin dejournée. Le bilan de leurs observations L’estimation est proposée sous la forme d’une
(positives mais aussi négatives) par site devait être classe d’effectif et a été conduite de la façon
consigné sur une fiche synthétisant les informations suivante.
relatives a |’état de leur recherche, aux milieux
présents et aux observations de |’oiseau réalisées. Le minimum de cette classe d’effectif correspond au
En complément, en 2001, trois recensements nombre de couples nicheurs (probables, certains,
concertés sur des secteurs ou les couples mais aussi possibles) observés, additionné a une
étaient denses ont été organisés (confluent Avre/ estimation du nombre de couples présents sur les
Noye, Boves/Hailles (80), zone de La Chaussée- sites partiellement ou non visités et ayant déja fait
Tirancourt/Picquigny (80), zone de |V|orcourt/ |’objet de signalement d’individus nicheurs.
Etinehem (80)). Ils ont consisté a répartir des
observateurs sur des sites proches afin qu’i|s Pour réaliser cette estimation, nous avons pris en
dénombrent simultanément les oiseaux. compte |’effectif maximum de couples nicheurs
possibles recencé lors de relevés réalisés au cours
En 2005, les observateurs bénévoles ont été de ces 16 dernieres années (1989/2004). Pour
sollicités sur les mêmes bases, avec le conseil 2001, année ou les effectifs étaient importants,
supplémentaire d’effectuer des points d’écoute nous avons considéré comme estimation ce
et d’observation sur une durée d’au moins 30 maximum. Par contre, pour 2005, ou les effectifs
minutes. En complément de leur intervention, des étaient globalement moindres, nous avons retenu
moyens ont pu être débloqués dans le cadre d’un la moitié de celui-ci.
Numéro spécial Avocette ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Eîiîîrë

Les « couples nicheurs possibles » ont été pris en • |’éva|uation des densités et |’appréciation de
compte suite à un constat réalisé en 2005. En effet, la qualité du milieu pour les sites non visités sont
cette année-là, sur 4 sites, deux observateurs ont restées empiriques ;
assuré une pression d’observation importante alors • le fait de considérer comme vide de couples les
que sur ces mémes sites, d’autres ornithologues se sites ayant fait |’objet de recherches infructueuses
sont limités à 1 à 3 visites (soit ce qui a été condit est susceptible de conduire à sous-estimer les
sur la grande majorité des sites). En comparant effectifs, car des individus peuvent facilement
leurs estimations, nous avons pu constater que le passer inaperçus.
nombre de couples nicheurs probables et certains
proposé par les deux premiers observateurs était État des recherches
au moins égal, voire supérieur, au nombre de En 2001, 10 personnes ont répondu en transmettant
couples nicheurs, probables et certains, mais aussi 23 tiches et en 2005, 9 observateurs se sont
possibles, fourni par les autres. mobilisés et ont formalisé 16 tiches. La technique
de la repasse a été très peu utilisée.
Le maximum de la fourchette est le minimum
additionné à une estimation du nombre de couples Au niveau de la couverture géographique, les
pour les sites qui n’avaient jamais pu étre visités lacunes ont varié selon les années. Les principaux
mais qui ont étéjugés favorables à |’espèce (à partir secteurs où |’espèce était connue nicheuse et qui
d’un examen des photos aériennes de |’|nstitut n’ont pas été prospectés sont : en 2001 et 2005
Géographique National). Elle s’est appuyée sur : vallée de la Somme : Marais entre Péronne
la densité appréciée sur d’autres zones proches (Faubourg de Flamicourt) et Brie (80), Marais
présentant, a priori les mémes caractéristiques, de Saint-Christ-Briost à Offoy (80); Marais de
ceci pour|’année concernée. la Souche : Marais de Mobillau (Marchais, 02) ;
Marais de Sacy-le-Grand (60) (les deux tiers de la
Cette façon de conduire |’estimation présente un surface) ; en 2001 : vallée de la Somme : marais
certain nombre de biais : entre Cappy et Eclusier-Vaux (80).
• intégrer les nicheurs possibles dans
|’estimation de |’effectif minimal est source possible
de surévaluation, car des mâles non reproducteurs
peuvent chanter sans nicher (BARBIER com. pers., 3) Résultats
obs pers). Nous estimons ce risque réel, mais
très réduit vu le résultat de la comparaison des Les résultats figurent dans le tableau 1 et la carte 2
estimations faites avec une intensité de recherche
différente en 2005 ;
llïlîiïéîo spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

  555 W -55
Marais de la Souche 5 5 4 4
Autres sites 2 4 0 1
Marais de Sacy-le-grand 5 7 4 5
  74 82 55 57
Vallée de la Somme : 30 32 28 28
AmiensIPéronne
Vallée de I’Avre et de la Noye 11 14 10 12
Tableau 1 : Nombre de couples de Blongios nain Ixobrychus minutus par zone géographique.
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Carte 1 : Localisation des principaux secteurs occupés par le Blongios nain Ixobrychus minutus en Picardie.
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Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune — Picardie Nature - Février 2009

En 2001,sur42sites,55 couplesontete denombres % selon les effectifs comparés. Cette situation
dont 29 nicheurs possibles, 23 probables et 3 plutôt favorable ne doit pas faire oublier que les
certains. En 2005, 46 couples, dont 23 nicheurs effectifs qui ont regresse dans les annees 60,
possibles, 17 probables et 6 certains, ont ete notes se sont maintenus a des niveaux bas durant 2 a
sur 27 sites. Il faut ajouter que sur 17 autres sites, 3 decennies, certainement du fait de conditions
susceptibles d’accuei||ir potentiellement environ d’hivernage defavorables (KAYSER et al., 1999).
23 couples, aucun oiseau n’a ete note. Pour la Or, durant cette periode, les habitats naturels
majorite d’entre eux, un effort certain a ete fait necessaires a |’espece se sont visiblement
pour rechercher |’espece. Neanmoins, il n’est pas degrades et cela devrait limiter la portee de cette
impossible que quelques couples et/ou chanteurs remontee des effectifs.
aient pu passer inaperçus sur ces zones visitees.
Cette progression des effectifs regionaux s’inscrit
L’effectif estime oscille donc entre 63 et 103 couples dans une dynamique constatee sur la plupart de son
selon les annees. Ainsi, une classe d’effectif aire de repartition en Europe ou depuis 15 ans le
prudente peut être proposee pour la periode nombre de couples est stable voire en progression
2001/2005 en s’appuyant sur la mediane des dans une majorite de pays (BirdLife International,
classes de ces deux annees, soit 66 a 96 couples. 2004).
Les couples de Blongios nains picards sont 5) Bibliographie
principalement distribues sur la Vallee dela Somme
qui concentre environ 65 % des effectifs regionaux, • BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004). Birds
etde ce fait sur le departement de la Somme qui en in Europe : population estimates, trends and
heberge plus de 80%. conservation status. Cambridge, UK : BirdLife
International. BirdLife International Conservation
4) Discussion - Conclusion Series N°12.
Les deux recensements organises en 2001 et · BOILEAU, N. & BARBIER, L. (1998). Aspects
2005 permettent d’estimer les effectifs nicheurs de methodologiques sur les suivis des populations
Picardie en ce debut de XXI e siecle. Ils ont ete nicheuses de Blongios nain lxobrychus minutus.
conduits sur deux annees au cours desquelles, Groupe d’Etude sur le Blongios Nain, rapport
les conditions bathymetriques dont dependent les annuel n°2 :22-31.
surfaces de milieux favorables a |’espece ont ete
opposees. Cette situation a vraisemblablement · COIVIIVIECY, X. (1996). Blongios nain lxobrychus
contribue a augmenterla pertinence de Iafourchette minutus in COIVIIVIECY X., IVIERCIER E. & SUEUR
proposee. En outre, |’effort de recherche de|’espece F. (1996). Atlas des oiseaux nicheurs de Picardie
qu’i|s ont genere n’avait jamais eu d’equiva|ent (1983-1987) (3eme edition). L’Avocette, n° special,
par le passe. Cette estimation recente de 66 a 241 p.
96 couples, place la Picardie, avec autour de 12
% de |’effectif national (estime entre 505 et 826 · DUHAUTOIS, L. (1984). Herons paludicoles de
pour une moyenne de 670 (BARBIER & IVIARION, France : statut 1983. Rapport SNPN/|V|inistere de
a paraître), parmi les regions presentant un enjeu |’environnement. doc. multicop. 37 p.
pour la conservation de |’espece en France. Dans
ce cadre, les marais de la Vallee de la Somme ont • GAVORY, L. (coord.) (1995). Oiseaux nicheurs
une responsabilite de premier plan. menaces de Picardie. COP/Picardie Nature,
Amiens. 60p.
L’effectif nicheur regional propose pour la periode
2001/2005 reste eloigne de celui considere pourla · GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2006). Blongios
fin des annees 60 : 240 couples (BROSSELIN in nain Ixobrychus minutus en Picardie : evaluation
DUHAUTOIS, op. cit.). Il est cependant superieur des effectifs nicheurs pour la periode 2001 a 2005.
a |’estimation des annees 80 et 90, respectivement Alauda 74 (1) : 171-176.
42 et 50 couples (DUHAUTOIS, op.cit, COIVIIVIECY
in COIVIIVIECY et al., op. cit., GAVORY, op.cit, · KAYSER, Y., IVIARION, L. & DUHAUTOIS, L. -
SUEUR, op. cit.) progressant ainsi de 32 a 128,6 in ROCAIVIORA, G. & YEATIVIANN-BERTHELOT
Kîlîielrî spécial Avocette ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

(1999). Oiseaux menacés et a surveiller en Jean-François, FOURNIER Emmanuel,FRANCOlS
France. Listes rouges et recherche de priorités. Rémi, LALLUQUE Olivier, LE KERVERN Arnaud,
Populations. Tendances. lV|enaces. Conservation. MAILLIER Sébastien, NANSOT Thierry, NEVEU
Société d’Etudes Ornithologiques de France/Ligue Gilles, NOEL Frédéric, ROYER Pierre ainsi que
pour la Protection des Oiseaux. Paris. 560 p. |’ensemb|e des observateurs qui au quotidien
alimentent la base de données de |’association
• SUEUR, F. (1998). Effectif nicheurs du Blongios Picardie Nature et contribuent ainsi de façon
nain lxobrychus minutus en Picardie. 11. Groupe essentielle a la production de ce type de bilan.
d’étude sur le Blongios nain, rapport annuel n°1 :
11. Nos remerciements s’adressent également a la
Direction Régionale de |’Environnement de Picardie
6) Remerciements et au Conseil Régional de Picardie pour le soutien
financier qu’i|s ont apporté au travail mené sur cette
Nous tenons a remercier |’ensemb|e des espece en 2005.
observateurs qui ont contribué directement au
recensement, en particulier ceux qui ont réalisé des Enfin, nous sommes reconnaissants envers Luc
prospections dédiées a la recherche de |’oiseau, BARBIER et Loi`c IVIARION pour la relecture de
et ont renvoyé leurs observations : BAVEREL |’artic|e paru dans Alauda et envers Sébastien
Didier, BOUSSEMART Aurore, DAUIVIAL Thibaud, MAILLIER pour la relecture de la présente note.
CALIVIUSFrançois,COl\/||\/|ECYXavier,DELASALLE
  '        i i   .ls.v.    
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Photo 2 .· Etangs du Perac/et à Fouecamps
Numéro spécial AVOCEtt€ ZOO9 · 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitafdiêplîîîuië

Annexe 1 : Nombre de couples de Blongios nain lxobrychus minutus par site
Département de I’Aisne 10 12 - 7
Marchais («MobilIau») 1 1 1 1
Chivres-en-Laonnois («Marais aux 1 1 1 1
Blanc boul|es»)
Villers-en-Prayères 1 3 “ 1
Eta"9 de V€'"‘a"d 1 1  
Ollezy («Marais d’O||ezy») 1 1 1 1
S=11111·S111111 <«111 1*11111 M1=11=11S»> 1 1  
Saint-Quentin (Réserve Naturelle des
«Marais d’|sIe»)
1>11•===11111·1111111 1111 101111   1
Fofêt d'El’ml’T1€f1OHVl"€ (étang de |’Epin@) 1 1  
Département de la Somme 74 83 53 58
D°'“"1°‘$ 1 1  
S1111111111111 u 1 1 1
Mareuil-Caubert (Le Maçon, Petit 1 1 1 1
Marais)
Fontaine-sur-Somme («Pré des Trois 2 2 1 1
fœtus»)
Condé-Folie (La Dunette) 2 2 1 1
Belloy-sur-Somme («Petit et Grand
4 4 2 2
Marais»)
Ailly-sur-Somme («Les grandes 1 1 1 1
aiguilIes»)
Saint-Sauveur (gravière) 1 1 0 0
Pâgè 12
Numéro spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Rivery-Camon («Les Hortil|onnages») 1 1 2 2
1111111115 <11^111=11S>   1 1
Hamelet («Etang entre deux eaux, 1 1
Grand Etang»)
Le Hamel («La Seigneurie, Etang des
2 2 3 3
Bracheux»)
Morcourt («Marais à vaches, Etang de 1 1
la HUtî6»)
Méricourt-sur-Somme, («Marais du
1 1 2 2
Moulin»)
La Neuville-les-Bray («L’A||ée au foin») 2 2 1 1
Cappy, Suzanne, Eclusier-Vaux
(Marais de Suzanne ; ensemble des 4 2 2
marais)
Eclusier-Vaux («Marais de Vaux») 3 3 1 1
cunu (Eau de cunu) n 1 1 1
Vallée de la Somme de Péronne à 11 3
Ham
Saint-Christ-Briost («Marais du 1 1 1 1
G0rd»)3
E¤¤<1v1··¤ 1 1 îîîî
1*11165 $1183 n 3 “ 2
^m1€¤S 1111111113 116311013 1%*11181 1 1  
Boves («Marais à scier») 1 1 2 2
Boves («Marais de Pavry») 1 1 1 1
Hailles (Marais communal) 1 1  
Themes <G1=1v1è1€S>   1 1
page 13
Numéro spécial Avoœtte 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

1-1116 =1m¤¤1€1T1<>1S Dm n 3 n 2
Vallée de |’Ancre 2 2 1 1
Tm 1 1 —“
Longpré-les-Corps Saints (Basse 1 1
vallée de |’Airaines)
Gravière de Loeuilly 1 1 “ 1
Pâgê 14
Numéro spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

• Statut du Blongios nain Ixobrychus minutus en
Picardie : synthèse des principales données disponibles de
1860 à 2005
Par Laurent GAvoRv & Sébastien LEsi=<is
Résumé cette espèce depuis les premières publications
disponibles aux derniers recensements organisés
Pour la première fois, les principaux éléments en 2005. Après avoir synthétisé les principaux
de connaissance accumulés sur la situation du éléments recueillis, elle en proposera une analyse
Blongios nain lxobrychus minutus en Picardie dans le but premier de mesurer I’évo|ution de la
depuis la fin du XIXème siècle ont été synthétisés répartition etde |’importance des effectifs à |’éche||e
et discutés. Sur la base d’une quarantaine de des trois départements qui constituent la Picardie.
références et des éléments contenus dans les Elle sera ensuite comparée à celle des populations
bases de données modernes, |’évo|ution de la à |’éche|on national et international et aboutira à la
répartition et des effectifs dela population régionale détermination d’un éventuel effectifde référence qui
a été analysée. Il apparaît que la connaissance de pourrait contribuer à évaluer I’état de conservation
ces deux paramètres n’a cessé de s’amé|iorer en des populations, tout comme I’impact des mesures
un peu plus d’un siècle. Jusqu’après la seconde de conservation éventuellement prises.
guerre mondiale, |’espèce ne semble pas rare,
sa population étant estimée à un minimum
de 170 couples. Elle déciinera ensuite pour 1) Méthodologie, état des recherches et
atteindre quarante à cinquante couples au milieu limites
des années 1980. A la fin de cette décennie, les
effectifs amorceront une remontée qui les amènera Les principales publications donnant des éléments
au début du XXI ème siècle à une population d’informationsurlasituation de|’espèceen Picardie,
évaluée entre 66 et 96 couples selon les années. ou comprenant des observations la concernant,
Des années 1970 aux années 2000, sa répartition ont été recherchées et compilées de façon
évoluera peu, la très grande majorité des couples certainement non exhaustive. Nos recherches se
étant distribuée principalement sur la Vallée de La sont focalisées sur les données agrégées pour un
Somme et ses affluents (02 et 80), les Marais de espace géographique donné (département, canton,
La Souche (Nord-Est de Laon) (02) et le Marais de commune, région naturelle ...) et pour une période.
Sacy-le-Grand (60). Elles se sont appuyées sur les bibliographies
régionale et nationale disponibles : SUEUR (1980),
Mots clés : Blongios nain, Picardie, couple, XXème SUEUR (1988), MULLER (1992) et MULLER
siècle (1996). Pour la période récente de 1974 jusqu’en
1989, nous avons également utilisé les synthèses
Introduction d’observations régionales et départementales
parues dans les revues régionales. Toutefois, elles
Le Blongios nain n’a jamais fait |’objet d’une comprennent des données synthétisées, donc le
analyse diachronique poussée de la situation plus souvent imprécises (Ia date, la commune, le
de ses effectifs nicheurs et de sa répartition en lieu-dit |’effectif ne figurant pas systématiquement),
Picardie. Le travail le plus abouti reste COMMECY voire qui peuvent étre erronées. Ces erreurs
(1996) qui comprend toutefois un historique resté concernentles communesindiquées car|’ensemb|e
cantonné aux estimations régionales disponibles. des observateurs ne vérifiaient pas forcément
Proposées recemment, trois références traitent la localisation de leur observation sur une carte
d’effectifs régionaux : GAVORY (1995), SUEUR comportant les périmètres des communes. Le plus
(1998) et GAVORY & LEGRIS (2005) mais en souvent, le village le plus proche était indiqué.
évoquant très succinctement leur évolution pour la
période récente uniquement. Pour pallier ces imprécisions, nous aurions pu
reprendre les données brutes ayant servi à
Dans ce contexte, la présente note propose une leur rédaction, surtout qu’eIIes n’étaient pas si
présentation du statut (répartition et effectifs) de nombreuses. Cependant, elles ne figurent pas
Numéro spécial Avocëtte ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardieplîîîuiïé

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Citation positive 42 29 34 49 23 45 97 27 26 32 101
Tab/eau 1 .· Répartition du nombre de citations par année dans la base de données Picardie Nature
dans ùne base de données et les fiches « papier a 2004 (non professionnels), il s’avère qùe 40,2 %
» renvoyées par les observateurs durant ces deux des données (n=404) ont été transmises par ùn
décennies ont disparu. Il en est de méme poùr les seul et mème observateur.
archives (les données brutes) des deux derniers
recensements nationaux (1970 et 1983) qui ne Ces deux constats tendenta montrer qùe |’espèce
sont pas disponibles (COIVIIVIECY, com. pers.). est peu observée dans le cadre des séances
menées habituellement par les observateurs. Pour
Nous avons pù consulter ùne quarantaine d’artic|es ètre trouvée, elle doit ètre recherchée activement
et de synthèses d’observations. ce qùe ne fait pas la majorité des observateurs
contributeurs a la collecte de données en région.
Pour la période 1990 a 1994, nous avons Cette situation doit nous condùire a ètre très
constitué ùne base de données, sùr le modèle prudents sùr|’interprétation des données collectées
de celle de Picardie Nature (champs : date, en continu parle réseau et valorisées dans le cadre
observateùr(s), commune, lieù-dit, effectif (sexe, des synthèses régionales et départementales. Les
âge), comportement), comprenant les observations données accumulées dans les années 1980, si ce
récupérées dans les actualités publiées par le n’est en 1989 et 1990 où ùn effort plus important
Groupe d’Etùdes Ornithologiqùes de |’©ise ainsi avait été consenti dans le cadre de |’actùa|isation
qùe les observations de divers observateurs. La des données de |’inventaire des Zones Naturelles
également, les données brutes qui avaient été d’|ntérét Ecologiqùe, Faùnistiqùe et F|oristiqùe,ont
transmises par certains observateurs poùr la été réalisées en dehors d’ùne recherche poussée.
rédaction des synthèses des ardéidés (qui n’ont Même |’enqùète nationale de 1983 ne semble pas
pas été produites) poùr ces 4 années n’ont pas été avoir mobilisé davantage d’observateùrs poùr la
retrouvées (COIVIIVIECY, com. pers.). recherche des couples nicheurs de cette espèce.
Pour la période 1995 a 2005, nous avons consulté La localisation précise des observations est
et utilisé la base de données de Picardie Nature essentielle, qui plus est dans la perspective
qùi rassemble les observations transmises d’apprécier |’importance et la répartition des
par le réseau d’observateùrs bénévoles de effectifs d’ùne espèce comme le Blongios nain dont
|’association. Elle comprend la très grande majorité les couples se répartissent le long de vallées où les
des observations recùeillies sùr cette espèce. limites de commùnes sont soùvent très imbriqùées.
Concernant leùr localisation, les observateùrs ont D’ai||eùrs, il n’est pas rare qù’ùne ùnité de
consenti a faire des efforts poùr |’amé|iorer. prospection (ùn espace (ùn étang, ùn marais) avec
ùn mème accès) s’étende sùr plùsieùrs commùnes
Toùtefois, certaines imprécisions demeùrent, dont et lieùx-dits. Dans ces conditions, la localisation
ùne partie a pù étre corrigée après contact avec précise sera déterminante poùr individùaliser les
|’observateùr. Cette base de données comprend coùples et ainsi proposer ùne estimation plùs
505 citations (date, lieù, effectif, observateùr) avec précise des effectifs.
en 2005, 94 mentions négatives émanant de sites
où |’espèce avait été notée aù coùrs dela décennie Certains sites fréqùentés par |’espèce sont
précédente. Elles se répartissent par année, difficilement accessibles physiqùement (soùvent
comme indiqùé dans le tableaù 1. privés). C’est le cas des |V|arais de Sacy-le-Grand
et des |V|arais de la Haùte Somme ; en particùlier
Les deùx années de recensement sont marqùées le secteùr entre Péronne et Brie. Les estimations
par ùn nombre plùs important de citations (39,2 récentes ont tenù compte de ce pointen proposant
% des citations). De plùs, sùr 10 années (1995 a ùne estimation faite aùjùgé dù nombre de coùples.
2004), 2005 n’ayant pas été prise en compte car Elle s’estappùyée sùrùne extrapolation de densité
les recherches ont été menées cette année-la avec relevée dans des conditions similaires a la zone
des moyens différents de ceùx mobilisés de 1995 concernée.
Numéro spécial Avûœtté ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Révué r1atLIraIiSté de Picardié Nature

Sur la période considérée, les variations de la récents, 2001 et 2005 peuvent étre considérés
quantité et de la qualité de |’information sont très comme ayant une exhaustivité suffisante pour
importantes. Elles n’ont cessé de s’amé|iorer. permettre d’apprécier une évolution d’au minimum
Toutefois, en dehors des 4 recensements 10 %. DUHAUTOIS (1983) indique que le niveau
régionaux, |’espèce a fait |’objet de recherches d’incertitude a diminué au fil des recensements :
très hétérogènes dans |’espace et globalement plus de 50 % pour celui de 1968, 30 % pour celui
insuffisantes. de 1974 et moins de 20 % pour celui de 1983.
La qualité des trois recensements a très fortement Dans le cadre de |’ana|yse conduite, le niveau de
évolué. Celui des années 1970 s’appuie sur une certitude de la reproduction des couples nicheurs
estimation faite au jugé, certainement après a été apprécié selon la typologie proposée par
consultation des rares observateurs présents a la fin YEATIVIAN & BERTHELOT (1994).
des années 1960. Quant au recensement de 1983,
la classe d’effectif qui a été proposée semble s’étre
appuyée pour son minimum sur une compilation 2) Résultats
des données recueillies jusqu’a cette date et pour
son maximum a une estimation faite aujugé. Elle ne La situation de |’espèce a été présentée au cours
semble pas avoir été a |’origine de campagnes de de 3 périodes qui ont été déterminées en regard de
prospections particulières, du moins c’est ce qu’i| la qualité etde la nature de |’information disponible.
ressort de |’examen des synthèses d’observation
publiées pour cette année-la. Enfin, l’estimation de Période de 1860 à 1969
la population régionale proposée pour les saisons
2001 et 2005 s’est appuyée sur une campagne de Pour ces 100 années, nous de disposons pas
prospection qui a conduit a une visite de plus de 80 de dénombrement global pour la région. Seules
% des zones favorables a |’espèce et les effectifs quelques indications sont disponibles sur le statut
proposés se sont principalement appuyés sur des du Blongios nain sur différents sites ou régions
observations. Pour de rares sites, |’estimation s’est naturelles.
faite au jugé.
Dans ce contexte, il est certain que les variations Dans le département de la Somme, il est considéré
d’effectifs interannuelles sont très difficiles a comme assez commun par VAN KEIVIPEN (1912)
déceler, méme pour la période ou des synthèses a la fin du XIXème siècle.
sont disponibles. Seuls les deux comptages
Période de 1970 à 2000
Carte 1 .· Répartition du Blongios nain lxobrychus minutus en
Picardie (d’après Servain & Morin et al., 2003. Le Blongios nain.
GEBN, LPO, GNFC, DIREN Franche—Comté) et en Picardie (1970
à 2000)
Numéro spécial AVOCEtt€ ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardieplîîîuil

En Plaine Maritime Picarde (Somme), MARCOTTE constat (BOYD, 1919). Enfin, en amont de Ham
(1860), sur |’arrondissement d’Abbevi||e, le (Vermandois) (Aisne), plus récemment, BOUTINOT
considere comme commun dans les marais (1981) constate une chute brutale entre 1957 et
boisés, ou il niche dans les joncs, parfois sur les 1964 et s’interroge sur les causes de ce fort déclin.
buissons et souvent sur une vieille souche au bord Il ne propose pas d’estimation d’effectifs mais
de |’eau. Il est tué au Hâble d’Au|t de 1857 a 1905 rapporte le passage de 4 couples/10 ha (densité
(DE BAYENGHEM, 1913). AUBUSSON (1911) forte) en 1950 a 0,2 couple pour la méme surface
(reprenant MARCOTTE (1860) '?) le considere en une quinzaine d’années. Dans les Marais de la
comme commun dans les marais boisés ou il Souche (02) (Nord-Est de Laon), durant les années
niche. Plusieurs captures de mâle, de femelle et 1965 a 1968, KERAUTRET (1969) considere
dejeunes sont effectuées du 1 au 8 août dans les |’espece comme peu abondante, la signalant a
renclôtures (COCU, 1929). Pierrepont et a Mâchecourt.
En Vallée de la Somme, entre Abbeville et Amiens Pour le département de |’©ise, les mentions sont
(Somme), GUYENCOURT in COCU (1932) rares. Une seule provientdes environs de Gouvieux
considere, suite a des observations effectuées (Oise) au début du XXème siecle, de passage
en 1885, le Blongios nain nicheur commun de régulier ou accidentel (?) mais pas rarissime
mai a la mi-octobre. Au début du XXème siecle, (RASPAIL, 1903).
il est considéré comme commun entre Amiens et Pour la région, la premiere évaluation des
Abbeville mais comme plus rare pres de la côte effectifs est de 230 couples, (BROSSELIN (1974)
(DUCHAUSSOY, 1913). Plus récemment, MARTIN DUHAUTOIS, 1984) ce qui doit correspondre a la
(1973) le considere comme non rare dans les situation a la fin des années soixante, début des
marais entre Amiens et Abbeville, et exceptionnel années 1970. Ils se répartissent ainsi :
sur le littoral. Puis entre Amiens et Ham (Somme), · étangs et marais de la Somme : 150
dans les Hortillonnages (Amiens, Camon, Rivery), couples
durant la seconde moitié du XIXE siecle, RATTEL · étangs et marais de |’Aisne : 80 couples
(1890) ne mentionne pas |’espece, tout comme le · marais de Sacy-le-Grand : intégré dans
Major W. M. CONGREVE qui a observé |’avifaune |’||e de France : effectif non signalé mais
de mars ajuillet 1917 dans les environs de Péronne inférieur a 10 couples puisqu’i| correspond a celui
(CONGREVE, 1918). Le Capitaine A. W. BOYD qui des vallées dela Seine et de |’©ise.
fréquenta la zone a la méme époque fait le méme
ï
  Blon ios n i
î\!!!!t'l!!!4¤
lIllIP!FlI]
lllllllf
II!·l"'
L`r_ÃÉ—-ni'
LEQQII!
nomb./fréquence esp. présente nm. possible mu. px . certaine
des mentions O • O TOTAL
cartes 1/25000 2/1.3% 1/0,6% 4/2.5% 6/3,8% 13/:;.2%
cartcsl/500001/2.3% 0/0% 2/4.5% 6/13.61%,9/20,5%
Carte 2 .· Répartition du Blongios nain lxobrychus minutus
d’apres /’At/as des oiseaux nicheurs de Picardie 1983-
1987 (COMMECK X. 1995)
Rîlîielrî spécial AVDCette ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Pour le début des années 1970, YEATIVIAN (1976) une dizaine dans |’Aisne et moins de 5 pour
offre la premiere carte de répartition régionale |’©ise. Cet auteur souligne la forte régression de
de |’espece sur la trame des rectangles du |’espéce, qui amorcée dans les années 1970, s’est
carroyage des cartes au 1/50 000 éme de |’|nstitut visiblement poursuivie de 1983 a 1987. Elle se
Géographique National (IGN). Celle-ci est présente traduit, fort logiquement par une évolution négative
sur 16 rectangles. 4 ou elle est nicheuse certaine, de sa répartition. Elle n’est plus signalée que sur 9
10 ou |’est probablement et 2 ou elle est nicheuse rectangles correspondant aux cartes au 1/50 000
possible. Sur ces rectangles, elle doit étre présente éme de |’|GN. Elle disparaît donc de façon probable
surleszoneshumidessuivantes pourlesindications d’une partie des |V|arais arrieres-littoraux, de la
de nicheuse certaine et probable : |V|arais arriere- Vallée de la Somme en aval d’Amiens et en amont
littoraux, Basse Vallée de la Bresle, Vallée de la de Ham, de la Vallée de |’©ise et de |’Aisne, par
Somme de sa source a son estuaire avec la basse contre elle est signalée sur la Vallée de l’Authie. Fait
vallée de |’Avre, les |V|arais de la Souche et le surprenant, pour la méme période, une estimation
|V|arais de Sacy. supérieure « pres dela cinquantaine « est proposée
par BACROT et al. (1984).
Treize ans plus tard, un recensement est organisé.
Il aboutira a une nouvelle évaluation comprise Puis celle du dernier Atlas national de 1985 a
entre 17 et 38 couples (DUHAUTOIS, 1984) qui se 1989 (YEATIVIAN-BERTHELOT & JARRY, 1994)
répartissent ainsi : a quelque peu évolué en étant plus proche de la
• étang et marais de la Somme : 11 a 25 situation de YEATIVIAN (1976) avec une présence
couples de 16 rectangles dont 7 ou elle est nicheuse
· étangs et marais de |’Aisne : 5 a 12 couples certaine, 6 probable et 3 possible.
· marais de Sacy-le-Grand (intégré par cet
auteur dans |’||e de France, DUHAUTOIS, com. Les données disponibles dans les synthèses
pers) : 1 a 2 couples. COIVIIVIECY (1995) reprendra d’observations publiées pour la région et/ou les
cette situation, |’at|as régional (1983/1987) n’ayant départements pour les années de 1974 a 1989
pu apporter d’é|éments suffisants pour proposer sont synthétisées dans le tableau 2figurant sur les
une estimation actualisée. Il rappelle donc une pages suivantes.
estimation a 40 couples avec la répartition
départementale suivante : 25 dans la Somme,
Nombre total d'ind.iccs ISS 17,2 %
[»ï"É_;L:n\ Niditîcanionz §îë§É    
T ' /_,/<ç?;îj·-·ë,»@x
,lÈ"iîE“Éû,;,§ë r“?î>IQ2~=»——
  È%r‘¤\È»J "ï~î'<j;,.à 
.3»-:.;-à,.Ãf"1î..\,£;,i“rjtî‘~ Nr.  
  Messi i aa. Èîfx
Carte 3 .· Répartition du B/ongios nain lxobrychus
minutus d’apres le nouvel At/as des oiseaux
nicheurs de France (YEAT/l//AN—BERTHELO7j D. &
JARRK G. 1992)1983-1987 (COMMECX X. 1994)
NLImér0 spécial Avocette ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitïardiëplîîîuiî

Ré¤1<·~ ÉÉ—ÉÉÉÉÉÉÉÉÉ 1 1 É 1 1 É
1 1
Chivres-en-Laonnois 1 1
PO PO
Saw-16-<==1<=1¤<1 ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ 1 PB III
 111111111111 
1 1
Blangy-Tronville 1
PO PO
min
3 5 3-4
37 1 2
Boves (non localisé) 2PB PB! PB! 4PB 3PB 3PB 2PB PB! 4PB
PB! PO PO
PO PO PO
PO
Boves (Réserve
1CE
Naturelle)
1 1 1 1
Camon 1CE 1 1
PO PO PO PO
C 1
ayeux
PO
_ 1
Corbue 2CE
PO
1
Dreuil-les-Amiens 1
PO
Emhêm ÉÉ—ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
_ 1
L’Et01|e
PO
Pâgê 20
Numéro spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Fontaine-sun 1 CE
Somme
1 1 1 1 1
Fouencamp 1 1
PO PO PO PO PO
La Chaussée-Tiran- 1 1 1 1
zma 1 1
court PO PO PO PO
1 1
Le Hamel
PO PO
1
Long PO 1
Long le Catelet 1 1
PO
Tab/eau 2 .· Nombre dé coup/és par commune et niveau dé certitude dé reproduction. CE .· certain, PB .· probable, PO .· possible.
1 en face du département et d’une année indique que la synthésé a été publiée et est donc disponible d’aprés les synthèses
d’obsén/ations publiées dé 1974 a 1989
Elles révèlent qu’au cours de ces 16 années, des de détection des couples. Il fonde son analyse sur
couples ont été notés sur 33 localités différentes le nombre de couples signalés dans les synthèses
avec des variations parfois importantes relevées d’observations parues de 1983 a 1987, puis en
sur les sites visités chaque année etquiaccueillent 1989. Un examen rapide des données qu’e||es
plus d’un a deux couples, ils sont peu nombreux proposent (tableau 2) révèle une situation qui est
(n=4). L’effectif noté sur ces 16 années serait de loin d’étre aussi claire. De plus, il est certain qu’a
39 couples sur la base d’un cumul des effectifs cette époque |’insuffisance des données et des
maximaux relevés au cours de la période sur prospections ne permettaient pas de déceler une
chaque site. Si la même évaluation est assurée variation de 25 %.
pour la période allant de 1983 a 1987, années de
|’At|as régional, 23 couples sont proposés pour · enfin, dans la perspective d’une synthèse
16 localités qui correspondent approximativement régionale qui n’a finalement pas été publiée, une
au minimum proposé par DUHAUTOIS (1984). Le compilation des données collectées au cours des
haut de la classe d’effectif est donc une estimation années 1990 a 1995 a abouti a une fourchette de
dont les modalités d’éva|uation auraient mérité 56 a 87 couples (GAVORY inédit), supérieure a
d’étre précisées. Les effectifs notés chaque année celle proposée par SUEUR (1998). Elle s’appuie
de 1976 a 1987 oscillent entre 3 et 9 couples, puis principalement sur les données disponibles dans
16 et 10 en 1988 et 1989. la base de données de Picardie Nature et est
présentée en annexe 1. Le minimum est |’effectifqui
Ensuite, pour la décennie 1990, semble étre nicheur chaque année et le maximum
correspond a celui des années plus favorables (où
· GAVORY (1995) propose un minimum de 50 les niveaux d’eau sont plus hauts ?).
couples sur la base d’une synthèse des données
collectées a la fin des années 80 et au tout début A une échelle inférieure à la région, la
des années 90, plus particulièrement de 1989 a situation des effectifs est la suivante.
1993, sans précision particulière sur la méthode
utilisée. Dans le département de |’Aisne, au début des
années soixante-dix, la population est estimée a 80
· SUEUR (1998), ignorant la précédente couples (DUHAUTOIS, 1984). Une décennie plus
référence et BACROT (1984) ( ?), propose de tard, en 1983, elle est au minimum de 5 et estimée
réévaluer |’estimation de DUHAUTOIS (1984) a a 12. DUHAUTOIS, (1984) et DUPUICH (1983) la
50 couples pour la période 1983 a 1998 (soit 15 considère inférieure a 10 couples eten régression.
années) dont 35 dans la Somme sans détailler la Pour cette même année, la synthèse publiée ne
méthode et les données utilisées. Il considère que mentionne aucune observation (COIVIIVIECY et Al.,
durant cette période les effectifs se sont stabilisés. 1985).
D’ai||eurs, il estime que leur baisse annoncée par Dans son principal bastion départemental, les
COIVIIVIECY (1995) pour les années 1984 a 1986 |V|arais de la Souche, SCHIPPER (1971) ne signalé
n’est pas réelle, mais qu’e||e est liée aux variations pas |’espèce après trois mois de prospection
NLIITIÉTO spécial Avocette ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitïartliëplîîîuîé

en 1970 pour |’êtude des Busards. Par contre, a estimation de 25 couples, en s’appuyant sur des
la fin des annêes quatre-vingt, la population de donnêes collectêes de 1985 a 1989. Sur le même
la vallêe êtait estimêe a un minimum de quatre secteur, vingt ans plus tôt, NEVEU et SUEUR
couples (BIGNON & GAVORY, 1988) suite a des (1978) le considêraient comme un nicheur estivant
prospections rêalisêes en 1987 et 1988. GAVORY prêsent de fin avril a fin septembre, encore bien
(1992) conclutque sur ces zones humides, au cours reprêsentê mais en diminution, signalant 2 couples
des deux dêcennies 1970 et 1980, ses effectifs ont a Bray-sur-Somme et a Corbie en 1976 et 2 a 3 en
peu variê. 1977 au Hamel.
Pour la zone humide du confluent Avre/Noye
Pour I’Oise, DUHAUTOIS (1984) ne mentionne (Sud d’Amiens, sur les communes de Boves,
pas d’êva|uation dêpartementale pour le dêbut des Fouencamps, Thêzy-Glimont et Hailles), NEVEU
annees 1970. Toutefois, il propose une estimation et ROYER (1988) proposent une estimation de 5
infêrieurea10coup|es pourles vallêes de la Seine et a 6 couples pour la pêriode 1977-1988, et estiment
de |’Oise qui concerne pour partie ce dêpartement. que de 1977 a 1994, le nombre de couples n’a
Il êvalue a 1 a 2 couples la population isarienne au pas connu de variations, oscillant de 5 a 6 couples
dêbut des annêes 1980. Plus prêcisêment sur le (ROYER et NEVEU (1995)).
|V|araisde Sacy, son bastion dêpartementa|,|’espece En Vallêe de la Bresle (80), SANNIER (2001)
n’est pas signalêe par TOIVIBAL (1984) mais l’est affirme que la population de cette espece a
ensuite comme nicheuse possible par IVIERIAUX rêgressê et qu’e||e n’est plus « remarquêe » que
& TOIVIBAL (1985). Ces derniers prêcisent qu’e||e dans la region de Sênarpont, en amont de Neslette
y nichait «il y a quelques annêes» mais que «sa sur la commune de Nesle-|’Hôpita|, sans plus de
prêsence actuelle est a êtablir», sans êvoquer les prêcision.
effectifs. 4 couples seront ensuite signalês en 1988
. Période de 2000 à 2005
Au cours de ces 6 annêes, deux recensements
Dans la Somme, |’estimation de sa population ont êtê organisês (GAVORY & LEGRIS, 2006) et
passe de 150 couples au dêbut des annêes 1970, ont permis de fournir une estimation du nombre
a 11 a 25 en 1983 (DUHAUTOIS, 1984) puis 25 de couples 66 a 96, qui s’appuie sur des effectifs
pour les annêes 1983 a 1987 (COIVIIVIECY, 1995), constatês et estimês sur les sites ou |’espece n’a
35 pour les annêes 1983 a 1998 (SUEUR, 1998) et pas pu être recherchêe.
enfin 44 a 67 couples pour les annêes 1990 a 1995. Le minimum correspond a |’effectif de couples
Au dêbut des annêes quatre-vingt, SUEUR (1983) (nicheurs certains, probables et possibles)
considere que |’espêce esten rêgression, mais que dênombrê sur les sites visites, complêtê par une
ses effectifs restentaprêciser. estimation de celui potentiellement prêsent sur
ceux qui n’ont pas êtê visitês mais ou |’espece avait
En Plaine |Vlaritime Picarde (Somme), SUEUR & êtê notêe prêcêdemment. Elle s’appuie dans la
COIVIIVIECY (1990) signalent sa nidification dans majorite des cas, sur des dênombrements rêalisês
les phragmitaies, mais le considere au bord de prêcêdemment.
l’extinction avec une seule mention d’un oiseau Le maximum est dêfini par |’addition du minimum
cantonnê entre1980 et1988. Puis, plus rêcemment et d’une estimation du nombre de couples qui
de 1989 a 1998, deux a trois cas de nidification y pourraient être prêsents dans des milieuxfavorables
sont notês au Hâble d’Au|t, un en 1995 puis un voire a |’espêce.
deux en 1998 (SUEUR et TRIPLET, 1999). Parallêlement des donnees ont êtê accumulêes
par les observateurs. Elles ne remettent pas en
En Vallêe de la Bouvaque (Nord d’Abbevi||e - question la situation brossêe a |’occasion de ces
Somme), dans les annees soixante dix, il est deux recensements.
considêrê comme nicheur possible (IVIONTEL,
1981). En Vallêe de la Somme entre Abbeville et
Amiens (Somme), SUEUR (1985) signale |’espece
dans un minimum de 4 sites, pour un minimum
de 4 couples entre Erondelle et Amiens, au dêbut
des annêes 80. Tandis que sur le tronçon Corbie/
Pêronne (Somme), BACROT (1989) propose une
Rîlîîeîî spécial Avûcette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

2001 2005
mini maxi mini maxi
Aisne 10 12 6 7
Marais de la Souche 5 5 4 4
Vallée dela Somme :
Ham/St Quentin 3 3 2 2
Autres sites 2 4 0 1
Oise 6 8 4 5
Marais de Sacy-le-Grand 5 7 4 5
Autres sites 1 1 0 0
Somme 74 82 sa 57
Vallée dela Somme :
Abbeville/Amiens 20 20 10 10
Vallée de la Somme :
Amiens/Péronne 30 32 28 28
Vallée dela Somme :
Péronne/Ham 8 1 1 3 5
Vallée de l’Avre et de la
Noye 11 14 10 12
Autres sites 5 6 2 3
Picardie 90 103 63 70
Tab/eau 3 .· Effectif minimum et maximum de coup/es de B/ongios nain lxobrychus minutus par zones humides principales, par
département et pour la région Picardie pour les années 2001 & 2005.
3) Discussion - Conclusion comme surestimé (IVIARION & al., 2006). Dans ce
contexte, quel crédit doit-on lui accorder ? Au début
Jusqu’aprés la seconde guerre mondiale, dans les des années 1970, si nous considérons qu’i| y a eu
années 1960, |’espéce est distribuée au minimum surévaluation et que le niveau de fiabilité était de
sur|aVa||ée dela Somme etles lV|arais dela Souche |’ordre de 30 %, la population se situerait plutôt
avec des effectifs impossibles a évaluer. Elle n’y autour de 170 couples.
semble pas rare jusque dans les années 1950, ou
son déclin est constaté a la fin de cette décennie sur Les trois décennies qui suivirent (1970-1980-
une petite partie de son aire de répartition régionale. 1990) ont été marquées par une amélioration
En fait, la situation de |’espece de la fin du XIXE de la connaissance des effectifs de |’espece et
siecle etjusque dans les années 1960 n’estquetrés de leur répartition notamment au moyen, d’un
partiellement connue. Durant cette longue période, recensement dédié en 1983 et surtout de |’essor
|’effort de rechercheaétélimité, aucun recensement de |’ornitho|ogie de terrain, complétée par |’intérét
n’a été organisé et les données éparses restent porté par quelques observateurs a |’espéce. La
limitées et lacunaires dans le temps comme dans multiplication des données n’a pas pour autant
|’espace. De ce fait, |’estimation proposée de 230 facilité |’éva|uation des effectifs régionaux comme
couples (sans les effectifs de |’©ise, avec peut-étre le montre le récapitulatif figurant dans le tableau 4.
235 ?) surprend, surtout qu’e||e pourrait servir de D’ai||eurs, |’absence du détail des observations
référence pour estimer le niveau de saturation des utilisées ne permet pas d’apprécier des variations
sites de la région et donc pour mesurer la portée fines (5/10%) de |’effectiftota|. Pourle recensement
des mesures de conservation prises. Il est vrai que de 1983, DUHAUTOIS (1984) estime son niveau
vu la connaissance trés partielle qui apparaît a la d’incertitude a 20 % et précise que de nombreuses
lumiere des éléments bibliographiques disponibles, vérifications sont a assurer dans la région.
elle apparaît incroyable. D’ai||eurs, |’incertitude Soulignons que pour le début des années 1980,
de ce recensement national a été évalué a 30 % |’estimation proposée passe de 38 a 50 couples soit
et par exemple, en région Nord-Pas de Calais, une variation de plus de 25% entre deux estimations
|’effectif proposé pour cette période a été considéré proposées au même moment.
Numérü spécial Avocêtte ZOO9 · 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitardiëplîlîîuîî

1974 minimum 230 couples (sans les effectifs de l'Oise), peut-être 235
1983 17 à 38 couples
1983 50 couples
1983/1987 40 couples
1985/1990 environ 50 couples
1990/1995 56 à 87 couples
1983/1998 50 couples
Tableau 4 .· Récapitulatif des estimations de la population régionale de Blon-
gios nain Ixobrychus minutus disponible par année ou période depuis 1974
La distribution des couples a évolué en cohérence légères. La situation est similaire sur les décennies
avec la régression des effectifs. Ainsi, entre les 1980, 1990 et début 2000 avec une pression
deux périodes des deux atlas nationaux, |’espèce d’observation bien moindre sur les lV|arais de la
a disparu de 8 rectangles et est apparue sur 1, Souche.
pour un maximum de 17 rectangles occupés pour
les deux périodes. Elle est restée présente sur Au début du XXI ème siècle, la connaissance
les principales zones humides fréquentées dans de la répartition des effectifs (Carte 2) s’est
les années 1980. Elle aurait disparu de la vallée considérablement améliorée avec des
de |’©mignon. Elle reste quasi absente des vastes dénombrements d’une exhaustivité qui n’a pas eu
ensembles d’étangs issus de |’exp|oitation des d’éga| par le passé, même si il reste d’un niveau de
granulats et présents dans les Vallées dela lV|arne, certitude qui peut être estimé a au moins 10 %.
de |’Aisne, de |’©ise, du Thérain, des Evoissons, de
la La Selle, de La Bresle   2001 : 90 a 103 couples
2005 : 63 a 70 couples
L’évo|ution des effectifs estimés et/ou constatés,
révèle une baisse, un effondrement devrions-nous Sur les deux zones humides suivies citées
écrire, de |’ordre de 80 %, entre la fin des années précédemment, les effectifs constatés se sont
1960, début des années 1970 et le début des légèrement accrus, notamment en 2001.
années 1980 ou les estimations sont très variables
(plus ou moins 25 % :38 a 50). Au début des années
1990, une augmentation est perceptible, et nous
estimons a la lumière des observations effectuées
a la fin des années 1980, qu’e||e a du s’amorcer dès
ce moment. Ensuite, I’estimation proposée pour le
début des années 1990 confirme une progression
de |’ordre de 50 %.
Toutefois, les situations brossées sur les rares
sites suivis régulièrement révèlent des variations
interannuelles des effectifs dont |’appréciation
est certainement amplifiée par la présence de
mâles se cantonnant mais ne se reproduisant pas
(BOILEAU & BARBIER (1999) , obs. pers.). Ainsi,
sur les zones humides de la confluence de |’Avre
et de La Noye dans la Somme, qui bénéficie d’une
pression d’observation importante depuis le début
des années 1970 (mais qui n’a pas été évaluée
dans les publications qui lui ont été consacrées), il
est démontré une stabilité des effectifs durant près
de 3 décennies avec des variations interannuelles
 
Numéro spécial Avoœtte ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue r1atLIraliSté de Picardie Nature

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        ,·~_          
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Ãîrïïëüëî ` w ·. 5 .
    l 25 km
Carte 2 : Répartition du Blongios nain lxobrychus minutus en Picardie de 2001 à 2005.
Lapopulation régionaleaglobalementsuivileschéma autour de 50 couples comme le propose SUEUR
d’évo|ution de la population nationale. MARION (1998). S’i|s |’ont été durant ces quinze années,
& al. (2006) relèvent une chute exponentielle des rgffgctjf avojgjngrajt pjutôt jgs 55 C0up|gS_
effeetîfe de 88 % Gmœ 1988 Gt 1989, Puis Une L’ana|yse conduite a montré que pour une espèce
legere rementee e¤tre1995 et1997, qui ee i¤e¤re¤lt aani les effectifs sont de raiaia de la cinquantaine
en 2000 pour s’accé|érer fortement en 2003/2004. de COU · ·
_ _ ples ou de la centaine, les connaissances
En |î'°a"d'6· eieree une Chute ee p"ÈS ee 80 % 6'îtœ restent fragmentaires et le manque de détail sur les
geggâbut des fînnîes 1970 îlje debut dîbannâes modalités précises d’estimation ainsi que sur |’effort
,’ SGS G QCNS S9 sta usent er, G UF GS de prospection pénalisent une analyse objective
annees 1980 autour de 50 couples, et s accroissent , . . . .
. , . , et precise de la situation. Il est certain que pour
des la fin de cette decennie pour progresser d au , . , . . .. , ,
. 0 ., , la periode recente, la disponibilite d une base de
moins 20 A au cours des premieres annees de la , _ _ , ,
, . . , donnees comprenant une majorite de donnees
decennie1990. llsemble que cette progressionsest t t , I |_ , T T t
poursuivie ensuite avec des variations en lien avec Coîrâc eme'? geo 088 'SGGS a G G en eemee
les conditions du milieu, en particulier la situation pœC'GU?( ee a r>erm·_e wîe apprfmhâ œ"ta'nGmGm
aaa niveaux aaaa. Elle aaaatn au aaaat aaa années r>'¤e ebieetwe ee le e·*¤e*·err ee leeeeee-
2000 à un effectif compris entre 66 et 96 couples.
jj apparaît dppp que la tampptaa des attapttta data Ace niveau, les seules donnees compilees dans des
pjutôt dg ja tin deg années 198Q, début des années synthèses d’observations, sans aucune information
1990, que des années 1995 comme |g propose sur |’effort de prospection et sans retour possible
|’ana|yse nationale. En tout cas, les effectifs ne sont sur les données de base, ont réduit la portée de
certainement pas restés stables de 1983 à 1998 |’ana|yse pour deux décennies, année 1970 et1980.
Pâgê 25
Numéro spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

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Rîlîîlezrî spécial Avûcette ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

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fonction de leur intérêt avifaunistique. GEPOP, doc.
multicop. 18 p.
Numéro spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardieplâgîuîë

Annexe 1 : Localisation des effectifs des Vallee dela Bresle 2 ?
couples du Blongios nain Ixobrychus
minutus de 1990 à 1995 en Picardie. Vallée dela Somme d’AbbeviIIe à Amiens: 10 à
15 couples
Les effectifs ont été estimés par cumul des |V|areui|-Caubert, Bray-les-IVlareuil (ensemble des
données collectées au cours de ces 6 années. marais) :2 à 4 couples (G. DELOISON com. pers.)
Leur estimation s’appuie donc pour leur grande Fontaine-sur-Somme («Pré des Trois foetus) : 0 à
majorité sur des observations réalisées. La classe 1 couple (G. DEBAS com. pers.)
d’effectif correspond au minimum noté au cours de Fontaine-sur-Somme, Long, Longpré-|es-Corps-
la période et au maximum relevé. Les observations Saints, L’Etoi|e (ensemble de fosses d’extraction
ont été réalisées par L. GAVORY en dehors des de tourbe) : 3 couples
informations transmises par les observateurs L’Etoile («lVlarais de |’Etoile») : 1 couple
mentionnés ainsi que par V. BAWEDIN, P. ROYER Bourdon (|V|arais du Château) :0 a 1 couple
pour certains sites de la Vallée de la Somme. Belloy-sur-Somme («Petit et Grand |V|arais») : 1
couple
Région Picardie : 56 à 87 couples Picquigny (|Vlarais communal) : 1 couple
Ailly-sur-Somme («Les Grandes Aigui||es») : 1 à 2
Département de |’Aisne : 12 à 15 couples couples
Dreuil-les-Amiens («Le Pré des Corvées») : 1
Vallée de la Somme de Ham à Saint-Quentin : 5 couple
couples
Ollezy («lVlarais d’©||ezy») : 2 couples Vallée de la Somme d’Amiens à Péronne : 27 à
Saint-Simon («Les Etangs») : 1 couple 36 couples
Saint-Quentin (Réserve Naturelle des «lVlarais Rivery-Camon («Les Horti||onnages») : 2 à 4
d’|s|e») : 1 couple (S. BOUTINOT com. pers.) couples
Corbie («IVlarais de la Barette») : 1 couple
Vallée de La Souche : 3 à 5 couples Hamelet («Etang entre deux eaux, Grand Etang) :
Marchais («IVlobil|au») : 1 couple 1 couple
Chivres-en-Laonnois, Liesse, |V|issy-les-Pierrepont, Sailly-le-Sec («|Vlarais de Vaux, Blanches terres»)
Pierrepont («IVlarais Saint-Boétien») :2 a 4 couples : 3 couples
Le Hamel («La Seigneurie, Etang des Bracheux»):
Vallée de I’Aisne: 1 à 2 couples 1 à 2 couples (G. NEVEU, com. pers.)
Villers-en-Prayeres : 1 à 2 couples (J. LITOUX |V|orcourt («Etang Florimond, Etang du Bas») : 2
com. pers.) couples (X. COIVIIVIECY com. pers.)
|Vlorcourt («lVlarais à vaches, Etang de la Hutte») :
Vallée de l’Omignon : 3 couples 1 à 2 couples
Etang de Vermand : 3 couples (S. BOUTINOT com. |V|éricourt-sur-Somme, Etinehem («|Vlarais des
pers.) Tourberies») : 1 a 2 couples
Etinehem («Hétuberne») : 1 couple
Département de |’Oise : 0 à 5 couples La Neuville-les-Bray («L’Allée au foin») : 2 à 3
couples
Marais de Sacy-le-Grand: 0 à 5 couples La Neuville-les-Bray, Cappy («La tourbiere») : 4 a
0 à 5 couples (divers observateurs : GEOR 60) 5 couples
Cappy, Suzanne, Eclusier-Vaux (ensemble des
Département de la Somme : 44 à 67 couples marais) : 3 a 4 couples
Eclusier-Vaux («IVlarais d’Ec|usier») : 1 couple
Domaine maritime : 0 à 1 couple Eclusier-Vaux («|Vlarais de Vaux») : 3 à 4 couples
0 à 1 couple Frise («La Grenouillere») : 1 couple
Vallée de l’Authie : 0 à 1 couple Vallée de la Somme de Péronne à Ham : 2 à 3
0 à 1 couples (estimation pas d’observation durant couples
la période) Saint-Christ-Briost («|Vlarais du Gord») : 1 couple
Béthencourt-sur-Somme («Etang de |V|onsieur
RîIî`IîÉ2l'î Spécial AVDC€tt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardie Nature

l’Homme») : 1 à 2 couples (C. DANCOISNE com. Vallée de l’Hallue : 0 à 1 couple
pers.) Querrieu («Marais du Hou||on») : 0 à 1 couple (P.
MORONVALLE com. pers.)
Vallée de l’Avre : 5 à 9 couples
Boves («Marais Saint-Nico|as») : 1 à 2 couples Vallée de l’Airaines : 0 à 1 couple
Boves («Marais à scier») : 2 à 3 couples Longpre-les-Corps Saints (Basse vallée de
Fouencamps (Le Paraclet) : 0 à1 couple (G. NEVEU |’Airaines) : 0 à 1 couple (P. DOLPHIN, com. pers.)
com. pers.)
Thezy-Glimont («Marais communa|») : 1 couple
Moreuil («Marais de Genonvi||e») : 1 à 2 couples
Numéro spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardiepâgîuîz

• Eléments sur |’écoIogie et la biologie du Blongios
nain Ixobrychus minutus en période de reproduction en
Picardie : synthèse des données disponibles et résultats de
I’étude menée en 2005
Par Sébastien LEoRis, Laurent GAVORY & Emmanuel F©uRNiER
Résumé Introduction
Peu d’é|éments étaient disponibles sur |’éco|ogie Le Blongios nain est une espêce pour laquelle
et la biologie du Blongios nain en Picardie. Aussi, la région Picardie, eu égard à |’importance des
en 2005, 185 séances (295 heures d’observation) effectifs qu’e||e héberge, a une responsabilité
ont été consacrées à la caractérisation de |’habitat particulière pour sa conservation à |’éche||e de la
et différents paramètres de sa reproduction, France mais ausside|’Europe de|’©uest(GAV©RY
principalement sur 5 sites de la Somme. Les & LEGRIS, 2009). L’espêce est présente avec des
résultats obtenus constituent une premiêre effectifs limités etsetrouve être considérée comme
approche qui reste partielle. menacée. Actuellement, trois espaces concentrent
Les couples fréquentent surtout les marais la majorité de |’effectif régional : les vallées de la
tourbeux ou leur territoire oscillerait entre 8,5 Somme et de la Souche et le Nlarais de Sacy-|e-
et 33 ha. Le territoire s’organiserait autour de Grand.
zones en eau mais les oiseaux utiliseraient les
végétations situées sur et au-dessus de |’eau, Les éléments disponibles sur sa biologie et ses
principalement les bosquets de saules, les saulaies exigences écologiques en période de reproduction
et plus rarement les roseliêres inondées qui sont restent fragmentaires, notamment en Picardie.
imbriquées les unes dans les autres. Les oiseaux Récemment, dans le cadre du Groupe de travail
ont été vus principalement posés sur un saule, ou national «BIongios», un certain nombre d’études
plus rarementsurdes roseauxsituésàuneinterface a été lancé mais seul le marais Audomarois (62)
entre plusieurs types de milieu, le plus souvent eau a fait |’objet d’une approche poussée. Même si il
et saule. Le peu d’individus vus pêchant |’ont été sur est un marais tourbeux proche de ceux fréquentés
des branches de Saule situées au-dessus de |’eau. par |’espêce en Picardie, les résultats des études
Le Saule est également le support le plus utilisé qui ont été menées ne peuvent être transposés de
par le mâle pour émettre son chant. Concernant le façon pleine et entiêre à la situation picarde.
déroulement de la reproduction, des chanteurs ont
été entendus du 25 avril au 5 août mais |’activité Aussi,dans|a perspective de proposerdes mesures
de chant est plus intense lors de la troisiême de conservation pertinentes, notammenten matiêre
décade de mai et la premiêre de juin et en soirée. de gestion des habitats et plus particulièrement
Ponte et couvaison se déroule principalement de la végétation, nous avons proposé d’étudier
lors des deuxiême et troisiême décades de mai. les territoires fréquentés par quelques couples de
Les éclosions et la présence de pulli au nid se Blongios nain, plus particulièrement les éléments
situent surtout en premiére et deuxiême décade de végétation présents et utilisés, tout comme
de juin, puis les départs des jeunes du nid et leur les supports exploités par les oiseaux pour ses
émancipation a lieu à partir de la troisiême décade principales activités menées durant la période
dejuin. de reproduction. Il était également nécessaire
de synthétiser les informations relatives au
Mots clés : Blongios nain, Picardie, habitat, déroulement, ainsi qu’au succês dela reproduction
calendrier de la reproduction. de |’espêce. Les données recueillies en 2005 ont
été complétées par les données compilées par le
passé, notamment publiées.
La présente note rassemble les principaux
éléments d’information collectés en Picardie et en
propose une analyse.
Rîlîieîî spécial Avûcette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

1) Méthodologie occupation du sol et ses différentes unités de
végétation.
Description des grands milieux fréquentés, des
territoires et supports liés aux activités essentielles. La description des supports utilisés a été conduite
Nous avons détaillé pour les deux années (2001 & de la façon suivante. Les oiseaux étaient
2005) les sites ou les recherches des couples ont recherchés dans le cadre de séances d’observation
été plus importantes et actives, les types de milieux a poste fixe d’une durée de 15 a 30 minutes. Dès
fréquentés selon une typologie qui s’appuie sur qu’un oiseau était repéré, ont été relevés : la date,
l’origine dela zone humide, et plus particulièrement |’heure, le sexe, |’âge et son comportement (selon
de la zone en eau. la typologie suivante : chasse/pèche, toilette, chant,
repos...). Ensuite le support sur lequel il se trouvait
a été décrit a deux échelles, la partie directement
Il s’agit : utilisée par |’oiseau et |’é|ément du paysage auquel
· des étangs et marais tourbeux issus du il appartenait pour cela. Les éléments d’information
tourbage : constitués principalement d’étangs plus suivants ont été notés :
ou moins vastes (anciennes fosses d’extraction de · lâ nature du SUPDON (VêQêi8ii0¤, b€FQ6···),
tourbe) comportant des herbiers a Nénuphars, des avec dans le cas d’un élément de végétation vivant,
roselières (phragmitaie, typhaie (plus rare) ainsi une précision du genre ou de |’espèce ;
que des saulaies); • la hauteur a laquelle se trouvait l’oiseau,
évaluée au plusjuste ;
·des complexes marécageux ayant pour origine · la densité de |’ensemble de végétation sur
des barrages du litmajeur : constitués par un cours lequel il se trouvait (dense, peu dense) ainsi que
d’eau au lit mineur large, circulant entre des îlots sa position par rapport a |’eau. Quand |’oiseau était
plus ou moins vastes, constitués de saulaies et posé au-dessus de |’eau, la largeur de végétation
de roselières (principalement des phragmitaies) et surplombant était calculée ;
incluantdes plans d’eau parfois étendus (en amont · la proportion des grands types de milieux
des chaussées «barrage» ou sont présents des présents en périphérie immédiate du point de
herbiers a Nénuphars); stationnement, dans un rayon de 5/10 m, évalué
en pourcentage.
· des gravières qui sont des étangs et très Le territoire a été considéré comme étant |’espace
rarement des marais sur granulats (sable et utilisé (posé mais aussi en vol) par les oiseaux
graviers) : anciennes fosses d’extraction de (couple et pullis), jusqu’a leur départ vers leurs
granulats (sables et graviers) plutôt récentes (30 sites d’hivernage. Il a été délimité en cartographiant
a 40 ans au maximum) dont les milieux adjacents |’ensemb|e des observations réalisées sur un
(roselières, saulaies) se développent sur un mème site durant la saison de reproduction de la
substrat sablo-graveleux, plus rarement tourbeux mi-mai a la mi-juillet, puis en les englobant dans
un polygone dont le périmètre relie les localisations
· des étangs de pisciculture : constitués les plus externes et suivent le contour des unités
généralement d’un ou plusieurs plans d’eau (créés de végétation ou de milieu utilisés.
par creusement ou barrage d’un petit cours d’eau) Pour la description, cinq sites ont été étudiés. Ils ont
et d’une ceinture d’hé|ophytes (phragmitaie, été choisis pour leur accessibilité par |’observateur
typhaie...)ou de saules Salix sp. et leur représentativité en terme de milieux. Du
point de vue initial, il s’agissait ainsi de couvrir le
Au cours de la saison 2005, nous avons cherché a panel des situations dans lesquelles s’insta||aient
décrire les éléments nécessaires a la reproduction les oiseaux dans la région : type de milieux
des couples de Blongios nain avec deux niveaux présents, étendues d’eau... En fait, il s’est avéré
d’approche : que les situations étaient assez homogènes et que
finalement la taille des étendues d’eau constituait
· les éléments utilisés comme support pour un facteur discriminant.
assurer les principales activités : installation du nid,
chant, chasse et pèche, confort (repos et toilette)   Chaque site devait faire l’objet de visites, les plus
régulières et fréquentes possibles au cours de la
· le territoire, plus particulièrement son saison, et a chaque reprise les contacts obtenus
Numéro spécial Avocëtte ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardiéplîgîuîà

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Carte 2 .· Relevé des habitats sur le marais d’Hecquet a Camon
étaient cartographiés. Dans un second temps, les d’eau de juin/juillet 2005. Dans les vallées de
différents éléments constituant le territoire délimité la Somme et de |’Avre, ils varient peu au cours
ont été relevés. d’une même saison, en particulier pour les zones
Les différents types de support (eau, terres humides qui ne sont pas en relation directe avec
émergées) puis les unités de végétation ont les cours d’eau. Une unité a été considérée comme
été cartographiés et leur surface évaluée en inondée lorsque plus de 50 % de sa surface était
s’appuyant sur les photos aériennes des sites. ennoyée. Toutefois, dans la majorité des situations,
Il en a été de même pour les autres éléments |’unité dela végétation était ou n’était pas dans sa
d’occupation du sol présents. Ces cartographies totalité inondée.Ainsi, les surfaces mixtes sont peu
et évaluations de surface ont été assurées grâce courantes. Cette situation est liée a |’origine des
a Photoexploreur de |’|GN comprenant des photos plans d’eau choisis : fosse de tourbage creusée
aériennes du début des années 2000. Ainsi, pour avec des pentes abruptes ou des bassins de
chacune des unités, des polygones ont été tracés pisciculture (Fouencamps).
pour permettre |’éva|uation de leur surface.Pour
chaque unité de végétation ont été déterminés les Ensuite, au sein de ces deux domaines ont été
éléments suivants : distinguées les unités de végétation présentes
•ligneux(présence/absence)zessence, hauteur, et autres types d’occupation du sol. La typologie
extension en centimètre des branches au-dessus utilisée était la suivante :
de |’eau (par tranche de 50 cm), la densité (dense, · Saulaie : formation constituée de Saules,
non dense), surface ; surtout Sa/ix cinerea ,·
• roseliere : surface, âge de la formation (jeune, · Peupleraie : surface occupée par des Peupliers
mature, âgée) estimé en fonction de la présence Popu/us sp. généralement plantés;
de tiges anciennes et de |’importance de débris au · Autres boisements : surface occupée par des
pied, le niveau d’inondation et la densité (dense, boisements aux essences variées, le plus souvent
peu dense) de tige; de |’Au|ne A/nus g/utinosa ou du Frêne Fraxinus
· nupharaie : espece, surface et densité (dense, excelsior;
peu dense) • Roseliere : formations plutôt monospécifiques
• mégaphorbiaie : surface ; de Roseaux Phragmites communis ou de |V|assettes
· autres formations : surface. Typha sp.
· |V|égaphorbiaie : ensemble de hautes herbes a
Les différents types d’occupation du sol ont été composition diversifiée;
relevés selon |’ennoiement : les zones émergées · Nupharaie : herbiers a nénuphar le plus
et immergées. L’état d’ennoiement a été estimé souvent blanc Nymphea alba et plus rarement
lors des visites, et correspond donc aux niveaux jaune Nuphar lutea ;
§î.Iî'|î|!Éî'ë spécial AVDC€ît€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue hatLIfaIiStE de Picardie NHÈLITQ

· Végétation éntréténué : il s’agit dé surfacés én d’obsérvations dépuis 1976.
hérbé fauchéés réguliérémént ;
· Végétation morté : généralémént dés arbustés
morts présénts én bérgé ; 2) Résultats
· Hutté dé chassé ét routé. État des recherches
Il s’ést avéré qué la bibliographié régionalé offrait
Pour Iés déux domainés, én éau ét émérgés, nous péu d’é|éménts d’information concérnant lé
avons évalué Iés surfacés qui étaiént inaccéssiblés déroulé dé la réproduction dé |’éspécé, ainsi qué
par Iés pérsonnés fréquéntantlésliéux. ||s’agissait son écologié. Aussi, la trés grandé majorité dés
én fait, au cœur dés zonés én éau, dés îlots ét én informations sont issués dés séancés dé térrain
zonés émérgéés, dés séctéurs trés émbroussaillés éfféctuéés én 2005. Au cours dé cétté annéé, 185
ou fangéux. séancés ont été consacréés a réchérchér |’éspécé
ét sé sont répartiés commé indiqué dans lé tabléau
Enfin, nous avons dénombré Iés différéntés unités 1. Uné séancé corréspond a uné daté, un crénéau
par domainé (émérgé, immérgé), dé façon a horairé ét un liéu. Si un mémé liéu a été visité a
éssayér d’éva|uér léur dispérsion. déux réprisés au cours d’uné mémé journéé ét si
Iés crénéaux horairés sont éloignés, déux séancés
Deroule et succès de la reproduction ont été comptabiliséés.
Un total dé 295 héurés d’obsérvations éfféctivés
Dés éléménts d’information ont été colléctés au a été consacré a la réchérché ét a |’étudé dé 5
fil dés séancés d’obsérvation ménéés én 2005 sités par déux obsérvatéurs (Sébastién LEGRIS ét
sans protocolé particuliér, hormis la réalisation dé Emmanuél FOURNIER).
points fixés d’obsérvation dé duréé variablé dé
façon a sé donnér lé plus dé chancés dé détéctér L’étudé dés cinq térritoirés a été pérmisé par 51
Iés oiséaux ét d’obsérvér léur comportémént. séancés répartiés sur 8 décadés (tabléau 2). Ellé a
Parfois, la « répassé » au magnétophoné du chant été focaliséé sur 5 sités :4 én marais tourbéux ét 1
du mâlé a été assuréé pour incitér Iés individus a én pisciculturé. Lés sités situés sur dés compléxés
sé maniféstér. Dans cé cas, lé comportémént dé marécagéux étaiént péu accéssiblés, nécéssitant
chantéur n’a pas été pris caril n’était pas spontané. |’usagé d’uné barqué ; dé mémé pour Iés rarés
Aux donnéés colléctéés én 2005, nous avons sités dé graviérés qui étaiént privés.
ajouté céllés disponiblés dans la basé dé donnéés
dé Picardié Naturé ainsi qué dans la bibliographié Lés rélévés ont été éfféctués déjour.
régionalé disponiblé, ésséntiéllémént Iés synthésés
2005 mai-1 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 août-1
nombre
I 1 8 23 21 50 29 22 16 8 7
SBZHCBS
Tab/eau 1 .· Répartition des seances d’obsen/ation en 2005 par decade
2005 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 août-1
Boves (Marais à Scier) 0 1 1 3 2 1 3 1 1
Camon
0 1 2 1 1 2 8 3 0
(Marais d’Hecquet)
Fouencamps 0 O 1 1 2 5 1 1 2
Le Hamel
0 0 0 1 1 0 4 2 1
(Etang des Bracheux)
Pmqwgny 0 0 1 2 0 0 2 0 0
(Marais communal)
Tab/eau 2 .· Nombre de seances par decade et par site etudie
 
Numero spécial Avocette ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitardie Nature

Grands types de milieux occupés en 2001 & 2005
La répartition des couples par grand type de milieu est résumée dans le tableau 3.
Complexe marécageux
Marais Tourbeux Gravières Divers
tourbeux
2001 60 23 6 1
2005 45 15 3 0
Tab/eau 3 .· Tvype de grands milieux occupés en 2001 & 2005 par les couples
La tres grande majorité des sites, 67 à 71 % (se- part importante des surfaces de zones humides de
lon les années) sont des marais tourbeux tels que Picardie. De méme, elle n’a pas été traversée le
décrits dans la méthodologie. L’espéce est quasi long des cours d’eau comme BOUTINOT (1981) le
absente des grands ensembles de graviéres des signalait. Il est vrai que les rives garnies de roseaux
vallées de la région (5 à 6%) : Bresle, Selle, Evois- sont tres rares.
sons, Oise, Aisne et Thérain... qui représentent une
,     .
2  il .,1,; Q Z _' ;J,_     i
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Photo 3 .· Marais d’Hecquet à Camon
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Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Description de territoires occupés
Cinq territoires, fréquentés par 1 a 3 couples, ont fait l’objet d’une description précise résumée dans les tableaux 4
et 5 et un exemple de carte est proposé (carte 2).
surface surface surface surface surface
% % % % %
m2 m2 m2 m2 m2
Le Hamel Picquigny Camon Fouencamps Boves
nombre de couples 3 1 2 1 2
surface par couple (ha) 6.1 18.9 16.5 20.9 4.2
zone en eau
eau libre 99 977,0 54,7 114 335,0 60,5 140 674,0 42,7 82 857,0 39,7 41 794,0 49,1
roselières inondées 5 687,0 3,1 3 793,0 2,0 4 914,0 1,5 11 304,0 5,4 624,0 0,7
mégaphorbiaies
_ r 0,0 0,0 10 366,0 5,5 5 744,0 2,7 0,0 0,0
rnondees
saules 4 286,0 2,3 9 043,0 4,8 3 317,0 1,0 7 849,0 3,8 4 500,0 5,3
nupharaie 22 490,0 12,3 33 483,0 17,7 117 521,0 35,6 0,0 0,0 307,0 0,4
huttes de chasse 563,0 0,2
surface de végétation sur
32 463,0 17,8 56 685,0 30,0 125 752,0 38,1 24 897,0 11,9 5 431,0 6,4
eau
surface inaccessible par
7 702,0 4,2 13 467,0 7,1 10 506,0 3,2 8 755,0 4,2 0,0 0,0
I’homme
total 132 440,0 72,4 171 020,0 90,5 266 989,0 81,0 107 754,0 51,6 47 225,0 55,5
zone émergée
saulaie 33 093,0 18,1 14 249,0 7,5 54 303,0 16,5 10 064,0 4,8 21 194,0 24,9
peupleraie 0,0 0,0 0,0 0,0 15 572,0 7,5 0,0 0,0
autres boisements 9 055,0 5,0 0,0 0,0 2 022,0 0,6 0,0 0,0 7 237,0 8,5
mégaphorbiaie 6 535,0 3,6 3 801,0 2,0 1 425,0 0,4 16 474,0 7,9 2 526,0 3,0
roselière 1 686,0 0,9 0,0 0,0 435,0 0,1 1 656,0 0,8 6 498,0 7,6
zone herbacée tondue 0.0 0.0 0,0 0,0 57 371,0 27,5 474,0 0,6
route 4 622,0 1,4
surface inaccessible par
6 864,0 3,8 11 178,0 5,9 26 505,0 8,0 290,0 0,1 27 626,0 32,4
I’homme
total 50 369,0 27,6 18 050,0 9,5 62 807,0 19,0 101 137,0 48,4 37 929,0 44,5
surface totale 182 809,0 100,0 189 070,0 100,0 329 796,0 100,0 208 891,0 100,0 85 154,0 100,0
surface totale
14 566,0 8,0 24 645,0 13,0 37 011,0 11,2 9 045,0 4,3 27 626,0 32,4
inaccessible
Tab/eau 4 .· Etat des surfaces des principales unités de végétation et type d’occupation du sol présents sur 5 territoires de B/ongios
nain lxobrychus minutus en Picardie en 2005
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Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Cinq territoires ont été décrits. Leur surface varie Concernant la part inaccessible des territoires,
de 8,5 ha à 33 ha, la moyenne estde 19,9 ha. Trois elle oscille pour les zones en eau, entre 0 et 7,1
d’entre eux accueillaient plus d’un couple. Si nous % et 0,1 à 32,4 % de la surface totale pour les
rapportons la surface à un couple, le territoire d’un secteurs terrestres. Elle semble donc ne pas
seul couple varierait de 4,2 ha à 20,9 ha selon les être une condition sine qua non. Cependant, les
sites. surfaces inaccessibles ne correspondent pas
complètement (loin de la !) à celles tranquilles,
Les milieux qui les constituent se répartissent autour surtout qu’apparemment ce seraient celles situées
des zones en eau. La grande majorité des surfaces aux environs immédiats du nid qui seraient
de zones émergées sont en fait les parties qui se déterminantes (BARBIER & DELELIS, 2006). Dans
sont trouvées incluses dans le polygone. Elles sont ces conditions, |’intérét de cette information peut
survolées mais rarement utilisées directement. La étre considéré comme limité.
part de celles utilisées est difficile à cerner mais
reste bien inférieure à la surface totale proposée. L’ensemb|e des surfaces mentionnées, notamment
d’eau libre n’est pas utilisé directement par les
Les surfaces en eau sont importantes (entre 51,6 oiseaux. D’ai||eurs, la situation des deux territoires,
et 81 % de la surface des territoires) avec une Camon ou Fouencamps, où 1 couple est présent
moyenne de 70,2 % et sont surtout constituées est intéressante. Sur le premier, les zones utilisées
d’eau libre qui représente entre 39,7 et 60,5 % peuvent étre distantes ce quiagrandirait le territoire
également de la surface totale. alors que dans le cas de Fouencamps, |’ensemb|e
des espaces utilisés sont présents à de faibles
Les étendues de végétation présentes sur |’eau distances d’où un territoire moins étendu, d’autant
ou au-dessus de |’eau sont variables, de 6,4 % à plus qu’i| a été surestimé avec |’intégration de
38,1 %. Les nupharaies sont également de surface plus de 15 ha de peupleraie qui sont des espaces
variable, d’absente à couvrant 35,6 % de la surface interstitiels non utilisés et partiellement sur·vo|és.
totale du territoire. Il s’agit d’un minimum dans
la mesure où elles n’intègrent pas les surfaces Après les surfaces globales, nous nous sommes
d’unités de végétation émergées qui s’étendent au intéressés aux effectifs et à la distribution des
dessus de |’eau, essentiellement des saulaies. unités constitutives des territoires.
Les roselières et les mégaphorbiaies occupent des
surfaces mineures (0,7 % à 8.1 %), qu’e||es soient
inondées ou pas, mais sont toujours présentes.
llïlîiïéîg spécial Avocette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

Boves Camon Fouencamps Le Hamel Picquigny
n % n % n % n % n %
surface en ha 8,5 32,9 20,8 18,3 18,9
unité totale 29 82 95 50 34
unité/ha 0,29 0,4 0,22 0,37 0,56
boisement mélangé 5 17,2 1 1,2 0 0 1 2,0 2 5,9
boisement mélangé inondé 0 0,0 0 0,0 0 0 0 0,0 0 0,0
boisement mélangé s’éten-
dantswlieau 2 6,9 1 1,2 0 0 0 0,0 2 5,9
boisement divers sec 3 10,3 0 0,0 0 0 0 0,0 0 0,0
étatinconnu 0 0,0 0 0,0 0 0 0 0,0 0 0,0
saulaie 10 34,5 34 41,5 23 24,21 18 36,0 12 35,3
saulaie inondée 3 10,3 0 0,0 9 9,47 0 0,0 0 0,0
saulaie s’étendant sur l’eau 4 13,8 24 29,3 11 11,58 8 16,0 5 14,7
saulaie sèche 2 6,9 0 0,0 3 3,16 6 12,0 4 11,8
étatinconnu 1 3,4 10 12,2 0 0 4 8,0 3 8,8
roselière 6 20,7 16 19,5 17 17,89 16 32,0 2 5,9
roselière inondée 5 17,2 12 14,6 15 15,79 12 24,0 2 5,9
roselière sèche 1 3,4 3 3,7 1 1,05 0 0,0 0 0,0
état inconnu 0 0,0 1 1,2 1 1,05 4 8,0 0 0,0
nupharaie 2 6,9 7 8,5 0 0 4 8,0 7 20,6
nupharaie à Na 2 6,9 7 8,5 0 0 4 8,0 6 17,6
nupharaie à N1 0 0,0 0 0,0 0 0 1 2,0 1 2,9
mégaphorbiaie 2 6,9 6 7,3 15 15,79 6 12,0 3 8,8
mégaphorbiaie sèche 0 0,0 0 0,0 3 3,16 2 4,0 1 2,9
mégaphorbiaie inondée 1 3,4 0 0,0 2 2,11 1 2,0 0 0,0
étatinconnu 0 0,0 6 7,3 10 10,53 3 6,0 2 5,9
eau stagnante 3 10,3 2 2,4 32 33,68 1 2,0 2 5,9
eau courante 0 0,0 0 0,0 2 2,11 0 0,0 0 0,0
végétation morte 0 0,0 0 0,0 0 0 0 0,0 3 8,8
végétation tondue 0 0,0 4 4,9 3 3,16 0 0,0 2 5,9
hutte de chasse 1 3,4 4 4,9 0 0 1 2,0 1 2,9
Tableau 5 .· Etat des effectifs d’unités de végétation et de types d’occupation du sol présents sur 5 territoires de Blongios nain
lxobrychus minutus en Picardie en 2005
Le nombre d’unités par surface varie de façon tres grande majorité d’entre eux est soit inondée
importante, passant de 0,22 a 0,56 unité par soit pour partie sur |’eau. Les unités de nupharaie
hectare. Les territoires sont des mosa`iques d’unités restent plus vastes que nombreuses et constituent
de végétation éclatées autour des zones en eau. donc des unités étendues.
A |’éche||e de notre analyse, les types d’unités
de végétation sont finalement peu diversifiés, Cette situation est certainement en lien avec
essentiellement saulaie, roseliere (phragmitaie et |’évo|ution redevenue spontanée des milieux. Les
typhaie) et nupharaie. plans d’eau creusés par |’homme ont peu évolué
en surface ce qui n’est pas le cas de la végétation
Les unités d’eau libre sont peu nombreuses mais en périphérie. Les prairies, cariçaies et roselieres
vastes. Elles constituent la matrice du territoire, ou certainement présentes a la suite de |’exp|oitation
plutôt le ou les éléments centraux, autour desquels (ou le creusement) mais aussi du pâturage qui y
ou sur lesquels se répartissent les unités de était mené, ont fait place a des mégaphorbiaies et
végétation. Les saulaies sont les plus représentées, roselieres qui se sont progressivement boisées. Ce
viennent ensuite les roselieres. Ces deux dernieres boisement s’est organisé en tâches.
sont les plus nombreuses entre 41,2 et 64 %. La
 
Numéro spécial Avocette ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitardie Nature

Supports utilisés et leur milieu environnant un support qui a été décrit. Dans 81,5 % des cas, il
était simplement posé, dans 17,8 % il était posé et
La majorité des informations provient des 5 sites chantait, enfin dans 2,2 %, il péchait et/ou chassait
suivis. posé. La description de |’ensemb|e des supports
ou un oiseau a été vu posé est résumée dans les
Au total, |’oiseau a été observé a 135 reprises sur tableaux 6 a 8.
_ X N gp C È   u 2
8 5 8 É . È É 3 2 È î -5 -9 e È
.¤ ê ê '; .2 = E .,, W ¤· =¤ ·¤ E C ° ¤ =
E 2 2 S il T9 ;§_ 8 2 `E |z` cv È : : É E S
"* ¤·¤· *-8 >··> ¤'ë= 2 ë><‘«ë SS 9 ·~
2 È É È ài È S ¤* E ïî -*1* °’ °' 5 -° 'E °’
È E 5 1*.* ‘6 g E 3 16 É un È *° S’
W < < ¤- S œ É È: ¤- ir U; °
effectif 97 2 1 1 21 1 7 1 5 1
% 70,8 1,46 0,73 0,73 15,33 0,73 5,11 0,73 3,65 0,73
Tab/eau 6 .· Effectif et pourcentage par type de support (éléments de végétation) (n=135)
Les supports sont diversifiés (n=10). La majorité constats.
est constituée des végétaux, surtout des arbres ou La hauteur ou |’oiseau était posé, par rapport au
arbustes (74,5 %) et des roseaux communs (15,3 niveau du sol ou de |’eau, a été évaluée dans 32
%). Il est vrai que les oiseaux sont plus faciles a cas. Elle est présentée dans le tableau 7. Elle os-
localiser dans les arbres et arbustes que dans les cille entre 0,2 m et 4 m avec une moyenne de 1,9
hélophytes. Fait surprenant, aucun oiseau n’a été m. Dans plus de la moitié des descriptions, les oi-
vu posé sur des Nénuphars. seaux se trouvent a moins de 2 metres de hauteur.
Les éléments en particulier arborés et herbacés
ont été jugés comme denses dans 71,1 % des
0/0,5 0,51/1 1,01/1,5 1,5/2 2,01/2,5 2,51/3 3,01/3,5 3,51/4
effectif 8 5 2 5 2 4 4 2
Tableau 7: Hauteur des oiseaux vus posés par rapport au niveau du sol ou de I’eau par classe de 0,5 mètres
La situation des milieux présents dans les environs immédiats de |’oiseau est présentée dans les tableaux
8 et 9.
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°’ iv ¤> .¤ È È 2 B E ¤. 'E ; : _g S
*4 É vi ¤ * É = E É gu ¤ E É îë ==
f 9 â Ã 8 É ë" ·g 9, .·s w.: ,g
.2 5 9 ~ 2 É Z§= ~§’ .2*
effectif 95 42 1 2 4 16 6 6 9 24 1 1 2 1 1
% 44,8 19,8 0,5 0,9 1,9 7,5 2,8 2,8 4,2 11,3 0,5 0,5 0,9 0,5 0,5
Tab/eau 8 .· Effectif et pourcentage par type de mi/ieu environnant /’oiseau posé. n = 212.
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Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Plusieurs types de milieux peuvent être présents phragmitaies qui sont présentes dans 85,3 % des
simultanément. L’eau est omniprésente et viennent cas.
ensuite les saulaies, les mégaphorbiaies, puis les
effectif %
eau 7 6,8
saulaie 1 1,0
autres boisements 1 1,0
phragmitaie 1 1,0
roselière atterrie 2 1,9
eau saulaie 26 25,2
eau mégaphorbiaie 15 14,6
eau phragmitaie 6 5,8
eau roselière inondée 6 5,8
eau roselière atterrie 4 3,9
eau autres boisements 3 2,9
eau tremblant à fougères des marais 9 8,7
eau végétation entretenue 1 1,0
saulaie phragmitaie 1 1,0
saulaie végétation rudérale 1 1,0
saulaie roselières atterries 1 1,0
saulaie branches mortes 1 1,0
eau saulaie mégaphorbiaie 4 3,9
eau saulaie phragmitaie 5 4,9
eau phragmitaie mégaphorbiaie 3 2,9
eau branches mortes mégaphorbaie 2 1,9
eau saule : 1 1,0
rejet végétation entretenue
eau saulaie branches mortes 1 1,0
eau saulaie cariçaie 1 1,0
Tab/eau 9 .· Effectifs et pourcentage par assemblage de milieux constatés (n=135)
Les milieux environnant les oiseaux vus posés posés sur les branches d’un saule peu dense au
a travers la Picardie sont assez variés avec 24 dessus de|’eauaune très faible distance,que|ques
combinaisons, dont 16 ou |’eau est omniprésente, centimètres. Aucune information sur le régime
soit 91,3 % des cas. De plus, |’oiseau est souvent alimentaire n’a été collectée. L’un d’entre nous (LG)
noté en situation d’interface de 2 milieux (12 cas sur avait pu observer un individu capturer un gardon
24) ou de 3 (7 cas sur 24) soit un total de 17 sur 24 Ruti/us rutilus d’une dizaine de centimètres posé
et 88,3 % des constats. sur un Nénuphar Nymphea alba.
Les combinaisons les plus fréquentes (58,3% des Activité de confort: repos, toilette
cas) sont eau/saulaie (25,2 %), eau/mégaphorbiaie
(14,6%) et eau seule (6,8%), eau/phragmitaie L’activité de repos n’a pas été mentionnée et un
(5,8%) et eau/roselière inondée (5,8%). oiseau faisant sa toilette a été observé a une seule
reprise. Il était posé sur un arbre mort en bordure
Alimentation : zone de pêche et de chasse et d’eau.
régime alimentaire
Des oiseaux ont été vus a trois reprises en train de
chercher leur nourriture. A chaque fois, ils étaient
NLImér0 spécial Avocêtte ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardiëplîlîîuîî

Poste de chant
24 postes de chants ont été décrits en totalité ou en partie. Atrois reprises, la hauteur de leur position par
rapport au sol a été évaluée : 1, 1,5 ét 3 m. Les supports relevés sont notés dans le tableau 10. Le Saule
est tres largement utilisé (75 % des cas).
saule phragmite patience d’eau arbre mort
effectif 18 4 1 1
% 75,0 16,7 4,2 4,2
Tab/eau 10 .· Effectif et pourcentage par type de support (n=24)
Dans 17 cas, les milieux environnants du poste de chant ont été relevés et indiqués dans les tableaux 11
et 12.
tremblantà
autres branches roselière mégaphor-
eau saulaie phragmitaie fougère des
boisements mortes atterrie _ biaie
marais
effectif 16 5 1 1 1 1 4 2
% 51,6 16,1 3,2 3,2 3,2 3,2 12,9 6,5
Tab/eau 11 .· Effectif et pourcentage de milieux (n=31) présent dans les environs des postes de chants (n=17)
Eau, saulaies et tremblant a fougères des marais, représentent 80,6 % des milieux relevés. L’eau est
quant a elle toujours prépondérante avec 51,6 % des cas.
effectif %
eau 6 17,6
roselière atterrie 1 5,9
eau saulaie 4 23,5
eau mégaphorbiaie 2 11,8
eau phragmitaie 1 5,9
eau autres boisements 1 5,9
eau tremblant à fougères des marais 4 23,5
eau saulaie branches mortes 1 5,9
Tableau 12 : Effectifs et pourcentage par assemblage de milieux constatés (n=17)
Plus de 76 % des postes décrits se trouvent a |’interface de 2 a 3 milieux et dans prés de 95 % des cas,
|’eau est présente.
pêlgë 40
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Déroulé et succès de la reproduction
• Période de chant
Nous avons essayé de mesurer |’intensité du chant (période quotidienne, nombre de chanteurs) en
calculant la fréquence du nombre de chanteurs, par séance et par décade durant |’année 2005, ou |’espece
a fait |’objet de recherches plus poussées (tableau 13). Pour cela, nous avons tenu compte des séances
négatives qui concernaient des sites ou |’espece y avait été contactée au cours de la saison.
2005 mai-1 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 aout-1
nb séances 1 5 14 17 26 27 20 14 7 7
nb chanteurs 1 1 8 6 8 8 6 0 0 0
% 100,0 20,0 57,1 35,3 30,8 29,6 30,0 0,0 0,0 0,0
Tableau 13 : Nombre de séances, nombre de séances avec chanteur(s) noté(s) et pourcentage de séances avec chanteur(s) par
rapport au nombre de séances.
Parallèlement, nous avons essayé de cumuler de chanter et le nombre total de séances.
|’ensemb|e des contacts recueillis, depuis les D’une façon globale, les dates extrémes de chant
premieres publications de synthesesd’observations sont le 25 avril et le 5 août sur la période allant
ornithologiques départementales et régionales de 1976 a 2005. Les oiseaux chantent de façon
dans les années 1970. Cependant, le manque de plus intensive lors de la troisieme décade de mai
précisions indiqué dans la nature des contacts ne et la premiere de juin, ensuite |’activité de chant
permetpas de réa|iser|’exercice de façon objective. se maintient jusque début juillet, voire se prolonge
De la méme façon, nous avons essayé d’uti|iser les ensuite, méme si ce ne fut pas le cas en 2005.
observations effectuées en 2001 mais, les données Dans la journée, la fréquence des contacts avec
négatives n’ayant pas été transmises, il n’a pas des chanteurs est plus importante en soirée qu’en
été possible de faire le rapport avec le nombre de début puis en milieu de journée comme |’indique le
séances où des oiseaux ont été observés en train tableau 14.
Matinée (avant 8 h 00 TU) journée Soirée (après 18 h 00 TU)
Nombre de séance
BVSG Chânfêuf 9 2 16
Fréquence : séance avec chan-
teur/séance total 0,18 0,04 0,25
Tab/eau 14 .· Nombre de séances total et avec chanteur(s) en 2005
NLIITIÉTO spécial Avocëtte ZOO9 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardiëpââîulià

• Lieu d’implantation du nid. • Période de nourrissage desjeunes.
Aucun nid n’a été localisé en 2005. BOUTINOT Nous avons tenté de déterminer le calendrier de
(1981) qui a pu localiser 23 nids dans les années la période de nourrissage (tableau 15) en étudiant
1950 précise qu’i|s sont édifiés soit a quelques sur 2005 la fréquence du nombre d’observations
centimétres de |’eau au sein des phragmitaies, soit d’adu|tes en vol, considérant qu’a cette période ils
dans les buissons de Saule. Il observe en 1952, un multiplient les allers et retours au nid, puis auprés
nid a 2 métres de hauteur. de leurs poussins qui s’éparpi||ent rapidement dans
la végétation environnant le nid avant de voler.
mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 aout-1
Fœq. vol 0,50 0,40 0,20 0,40 0,54 0,00 0,70 0,43
Tab/eau 15 .· Fréquence de contact avec des oiseaux en vol par decade en 2005
En fait, la fréquence d’observation des oiseaux en le 15/06 et ensuite, les juvéniles du 20/07 au 2/08.
vol est importante en début de saison, probable- L’examen des informations disponibles de 1976 a
ment en lien avec les manifestations nuptiales (sur- 2005 a produit une trentaine d’observations de pulli
vol de territoire, parades en vol), puis elle se réduit et de jeunes. La date la plus précoce notée est le
lors des deux premieres décades de juin avec pro- 15/06/2005 mais seules deux autres observations
bablement la couvaison et le début du nourrissage de juveniles ou pulli ont été réalisées au cours du
des poussins, puis croît progressivement au cours mois de juin. La majorité a été assurée en juillet et
des 3 décades suivantes pour atteindre son maxi- des pullis sont notés jusqu’au 26/07. La majorité
mum lors de la 2éme décade de juillet. Elle baisse de ces informations proviennent de sites qui sont
ensuite, tout en restant élevée au cours dela 3éme plus fréquemment visités par les observateurs. Les
décade dejuillet. sites de Boves, Camon et du Hamel cumulent 62
% des observations réalisées durant cette période.
• Pulli et succés de la reproduction
Peu d’informations ont pu étre amenées.Au mieux, Le succés de la reproduction est difficile a évaluer
quelques observations defamille avec leursjeunes. car les données sont trop partielles. Le bilan ob-
En 2005, malgré un grand nombre d’heures d’ob- tenu sur les 5 sites suivis en 2005 figure dans le
servation, pullis etjuvéniles n’ont fait |’objet que de tableau 16.
7 observations. Les premiers pullis ont été notés
2005 nombre de couples nombre dejuvéniles observés
Boves (Marais à Scier) 2 min minimum4
Camon (Marais d’Hecquet) 1/2 2
Fouencamps 1 0
Le Hamel (Etang des Bracheux) 2/3 minimum 4
Picquigny (Marais communal) 1 0
Tab/eau 16 .· Nombre de juveniles obsen/es par site suivi
 
Numéro Spécial Avûœtté ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Révué r1atLIraIiSté de Picardié Nature

De plus, sur |’ensemb|e des observations récoltées : 1 couple/20 ha qui reste finalement faible. Les
(1976/2005), les observations de familles sont peu conditions offertes ne seraient donc pas optimales
nombreuses. 5 ont été notées : 1 de 4, 3 de 3 et 1 ('?).
de 2p. Des groupes de pulli âgés ou de juvéniles
sont aussi rares : un total de 8 réparti ainsi :2 de 5, Avec les éléments collectés, il est pourtant
5 de 2 et 1 de 3. difficile de préciser la taille minimale d’un territoire
en toute rigueur. Ce point reste important a
3) Discussion -C0nc|usion déterminer et mériterait donc des investigations
complémentaires. Il est certain que les éléments
En 2005, une pression d’observation de cette décrits ne sont pas utilisés sur la totalité de leur
espece sans précédent a été exercée. Toutefois, surface, seules les zones offrant un surplomb au
les séances ont commencé assez tardivement, dessus de |’eau, et |’oiseau est apparemment prét
notamment celles consacrées a |’étude des a réaliser des déplacements assez longs pour
territoires, réduisant les chances de découvrir des gagner des secteurs propices.
nids. D’ai||eurs, aucun n’a été localisé suffisamment
précisément pour en permettre une description. En Picardie, |’espece est assez sélective, utilisant
des milieux tourbeux dont les surfaces en eau
L’oiseau reste assez discret, passant une bonne sont issues d’activités anciennes (vieilles d’au
partie de son temps a couvert. De ce fait, les moins plus d’un siecle). Elle estquasi absente des
résultats présentés ont certainement surestimé les gravieres créées plus récemment. Il est vrai que
situations ou |’oiseau était a découvert. La raison ces dernieres, a de rares exceptions, d’ai||eurs
en est évidente, il était alors plus aisé a repérer. parfois fréquentées par |’espece, présentent
Il est donc possible que |’uti|isation de certains des caractéristiques qui lui sont peu favorables :
milieux comme les roselieres inondées ait été absence de surface importante de végétation au-
sous-estimée. dessus de |’eau (saulaie, roseliere, nupharaie)
zones de tranquillité plus souvent inexistantes...
Les surfaces des 5 territoires étudiés sont assez
variables. En fait, il a été assez difficile de les Globalement, sur les zones humides fréquentées
cerner, dans la mesure ou la pression d’observation par |’espece, les niveaux d’eau présentent de
a trés certainement été insuffisante, pour garantir faibles variations durant la période de nidification.
la localisation exhaustive des zones utilisées par Elles sont tamponnées parla présence de couches
les oiseaux sur chaque site. Aussi, les surfaces de tourbe.
qui pourraient étre utilisées par un méme couple
restent difficiles a apprécier (4,2 a 32,9 ha). L’étude des 5 sites révele que les couples utilisent
Toutefois, elles semblent assez variables car les des espaces ou |’eau est omniprésente, et dont
oiseaux, comme ce fut tres probablement le cas les surfaces constituent la matrice du territoire.
pour le site de Camon, sont capables de faire des Naturellement, ce sont les formations végétales
déplacements assez longs entre la zone du nid et autres, présentes au-dessus ou aux abords
et/ou leurs jeunes, et les zones d’a|imentation. immédiats de ces zones en eau, qui sont plus
BOUT|NOT(1981)avait constaté 0,2 couples pour directement utilisées. Aussi, leur linéaire et leur
10 hectares et 4 pour la méme surface en 1950. Ce surface seraient un parametre important (DELELIS
constat est cohérent avec les quelques éléments & BOUIN, 2006). Nos résultats ne permettent pas
d’information disponibles (BOILEAU, 2001). Nous de dégager de valeurs proches par couple ce
avons constaté sur les 5 sites étudiés, qui sont qui pourrait étre un argument pour valider cette
toutefois a |’image de la situation régionale en hypothèse. Les territoires étudiés sont composés
matiere d’effectifs relevés (GAVORY & LEGRIS, de formations végétales peu diversifiées, dont les
2009), que les couples ne sont pas présents avec saulaies et les nupharaies occupent la majorité de
des densités importantes. L’espece est rappelons- la surface couverte, mais leur répartition au sein
Ie, capable de constituer des colonies lâches avec des territoires est tres éclatée. Ils sont en fait une
des densités parfois importantes : 40 nids/100 mosai`que de saulaie, nupharaie et roselieres (pour
ha, 5,3 nids/ha, 27 couples/5ha   (BOILEAU, ne citer que les formations directement utilisées)
2001). La Picardie se situerait plutôt dans la répartie autour de surfaces en eau plus ou moins
moyenne nationale avancée par IVIARION (1994) vastes.
 
Numéro spécial Avocêtte ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaiistë de Pitardië Nature

Le Saule joue un rôle important, il constitue Des pulli observês fin juillet laissent supposer
le support le plus utilise, notamment |orsqu’i| des pontes dêposêes en dêbut de ce mois. Il suit
surplombe |’eau. Il est três majoritairement utilisê globalement celui proposê par BARBIER & BOUIN
comme poste de chant, notamment |orsqu’i| est (2006) pour les marais Audomarois, constatant
situê a |’interface de 2 a 3 milieux dont |’eau libre, egalement une pêriode avec une moindre activitê
qui est presente quasi systêmatiquement. juste apres les premiêres arrivêes. Est-ce peut-être
le temps nêcessaire aux oiseaux pour rêcupêrer
Ausujetde|’importancedesSau|es pour|eB|ongios, de leur migration de retour, certainement tres
IVIARION & al. (2006) soulignent qu’i|s devenaient gourmande en ênergie, le dêcalage de temps pour
omniprêsents dans la majorite des zones humides |’arrivêe des femelles  
utilisêes par |’espêce en France en ce dêbut de XXI
eme siêcle, alors que prêcêdemment les roselieres Concernant la mêthode d’êtude, il faut souligner
inondêes êtaientplutôtrecherchêes. Ils vontjusqu’a qu’i| s’agit d’un premier essai qui peut apparaître
se demander si les saulaies ne seraient pas leur intêressant dans le contexte picard etqui se prête a
optimum. La situation picarde ne le confirmerait pas une êtude qui pourrait être affinêe. Les sites utilisês
eu êgard aux densitês apparemment prêsentes. par |’espêce sont relativement faciles d’accês par
Toutefois, leur developpement en berge, en |’observateur, et leur faible superficie ne permet
augmentant les surfaces de supports au-dessus d’accuei||ir qu’un faible nombre de couples. De
de |’eau (probablement de façon importante ?) a ce fait, il est possible de cerner les territoires et
peut-être contribue a |’accroissement des effectifs permettre de mieux mesurer les besoins d’un seul
constatê depuis au moins le dêbut des annêes couple. Par rapport a la mêthodologie initiale et
1990. notamment la conduite de relevês d’informations,
plusieurs sont a amêliorer : assurer un pointage
Les formations a helophytes ou a grandes herbes rêgulier des contacts sur un même plan (photo
aux pieds dans |’eau seraient peu utilisêes, aerienne de prêfêrence) pour faire êvoluer la
d’ai||eurs, elles occupent des surfaces limitêes sur localisation des points d’observation, pour estimer
les sites frêquentês (lien de cause a effet?). au plusjuste la zone frêquentêe par les oiseaux, et
focaliser |’êtude sur des sites ou un seul couple a
Le caractere inaccessible des lieux tel qu’i| a êtê êtê prêcêdemmentobservê.
envisage dans |’êtude, ne semble pas être un
facteurimportant. Par ailleurs, la rêalisation de budgets d’activitê
pourrait être tentêe en êvaluant le temps passê
Les oiseaux ontêtê observês utilisantfrêquemment a chaque activitê (du moins durant la journêe),
les zones en interface entre la vêgêtation et |’eau. notamment pour mettre en êvidence le temps
passê a couvert, dissimule, et mieux relativiser les
rêsultats obtenus.
Des observations collectêes sur le cycle de
reproduction permettent d’avancer le calendrier
suivant:
• deuxieme et troisieme dêcade de mai = ponte
et couvaison
• 1ere et 2ême dêcade de juin = êclosion et
prêsence des pullis au nid ;
· 3ê dêcade de juin et suivantes = dêpart des
jeunes du nid et êmancipation.
BOUTINOT (1981) relate des deuxiêmes nichêes
lors de la premiere quinzaine de juillet a |’appui
d’observations de nids garnis d’oeufs du 1 au 18
juillet.
Ce schêma peut être perturbe par les couvêes
de remplacement voire les installations tardives.
Rîlîelig spécial Avûcette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

• A propos de la difficulte de recenser le Blongios nain
Ixobrychus mmutus : comparaison des resultats obtenus
avec deux methodes de denombrement
Par Sébastien LE©Ris & Laurent GAVORY
Résumé observateurs y ont réalisé des observations dans
le cadre du protocole allégé que devaient suivre
Les résultats de recensement de couples obtenus les bénévoles (GAVORY & LEGRIS, 2006 a). Il
au moyen de deux méthodes ont été comparés. comprenait un minimum de 2 passages au cours
La premiére prévoyait deux passages minimum dela saison, principalement en fin de journée. Ces
par site au cours de la saison et |’autre, 1 à deux derniers ont transmis leurs observations dont les
passages par décade. La comparaison révèle des résultats ont été comparés à ceux recueillis dans
différences notables sur 5 sites étudiés : 3 cas de le cadre d’un suivi plus poussé qui avait comme
sous-estimation et 1 cas de sur-estimation. principal objectif d’approcher |’usage des sites par
|’espéce (GAVORY & LEGRIS, 2006 c). Il s’est
Mots clés : B/ongios nain, méthode de recensement appuyé sur un nombre de séances plus importants
des coup/es, comparaison avec des temps fixes d’observation plus longs.
Introduction Les couples pris en compte sont ceux considérés
comme nicheurs certains et probables.
Dans le cadre du travail mené en 2005, 5 sites ont
fait |’objet d’un suivi poussé avec une fréquence L’état de prospection figure dans le tableau 1 et le
importante de passages. Parallèlement, des tableau 2 résume les résultats.
2005 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 aout-1
Boves
O 1 1 3 2 1 3 1 1 Suivi régulier
(Marais à Scier)
Boves Suivi
4 0 1 1
(Marais à Scier) sporadique
Camon
O 1 2 1 1 2 3 3 0 Suivi régulier
(Marais d’Hecquet)
Camon Suivi
1 1 1 1 1
(Marais d’Hecquet) sporadique
Fouéhcamps O O 1 1 2 5 1 1 2 Suivi régulier
Suivi
Fouencamps 1 1
sporadique
Le Hamel (Etang des
O O 0 1 1 O 4 2 1 Suivi régulier
Bracheux)
Le Hamel (Etang des 1 1 Suivi
Bracheux) sporadique
Picquigny (Marais com-
O O 1 2 0 O 2 0 0 Suivi régulier
munal)
Picquigny (Marais com- 1 Suivi
munal) sporadique
Tab/eau 1 .· Nombre de visites par decade par site se/on /’intensite du suivi en 2005
pasws
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

2005 Suivi régulier Suivi sporadique
BOVGS (Marais à Scler) 2 à 3 couples 2 couples
Camon (Marais d’Hecquet) 2 couples 1 couple
Fouencamps 1 couple 1 couple
Le Hamel (Etang des Bracheux) 3 couples 1 couple
Plcquighy (Marais communal) 1 couple 2 chanteurs (2coup|es)
Tab/eau 2 .· Comparaison des effectifs de coup/es certains ou probables par site se/on les modalités de
suivi en 2005
La comparaison proposée dans le tableau 2 montre Notre constat ne fait que confirmer |’ana|yse
clairement qu’une sous-estimation est fréquente proposée par IVIARION & AI. (2006) et BARBIER,
dans le cadre du protocole d’étude allégé (3 cas L. & BOILEAU N. (1999).
sur 5) et donc les cas de surestimation sont plus
rares (1 sur 5). Dans le cas du marais de Picquigny, • BOILEAU, N. & BARBIER, L. (1999) Aspects
elle est liée a la prise en compte d’un male chanteur méthodologiques sur le suivi d’une population
noté en début de saison qui finalement n’est pas nicheuse de Blongios nain Ixobrychus minutus (L.)
resté cantonné. L’examen dela chronologie et de la . Rapport annuel n°2 GEBN :22-31.
nature des contacts révele que dans la majorité des
cas, 3 passages ont été nécessaires pour trouver • GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009a) Le Blongios
les oiseaux au minimum nicheurs probables. nain lxobrychus minutus en Picardie au début du
XXI eme siecle : bilan des recensements de 2001
Ce constat encourage a une certaine prudence et 2005.A|auda 74 (1) : 171-176;
quant a |’ana|yse des données, il semble notamment
indiquer que le protocole standard sous-estime • IVIARION, L., BARBIER, L. & IVIORIN, C. (2006)
I’effectif réellement nicheur et dans de rares cas, Statut du Blongios nain lxobrychus minutus en
lorsque les relevés ont été réalisés en début de France entre 1968 et 2004 et causes probables de
saison, le surestime. |’évo|ution de ses effectifs. Alauda 74(1) : 155-170.
Aussi, dans le but d’amé|iorer les futurs
recensements de |’espece, ce constat conduit a Nous tenons a remercier Françoise DELCOURT
réaliser un minimum de 3 passages par site, une et Sébastien IVIAILLIER pour la relecture du
fois que les couples sont installés c’est-a-dire en document.
juin.
Rîlîîellg spécial Avocette ZOO9 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature