Avocette 2009 (33) 2
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2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009
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L’Avocette, un moyen de diffusion de l’information naturaliste pour l’Observatoire de la faune sauvage en Picardie.
Depuis sa création en 1970, l’étude et la protection de la faune sauvage de Picardie sont les moteurs de Picardie
Nature et l’objet principal de ses statuts. Depuis des années, des dizaines de bénévoles parcourent la région pour
mieux connaître le statut des espèces de différents groupes faunistiques.
Chaque jour met un peu plus en évidence la nécessité de préserver ce qu’il reste de nature dans nos trois
départements. Pour cela, l’association a décidé en 2009 de créer un Observatoire de la faune sauvage en Picardie
de manière a mieux cadrer et évaluer les politiques de conservation mises en place.
Les rôles de cet Observatoire :
• aider au recueil d’informations dans les domaines couverts par les différents réseaux naturalistes de l’association
(actuellement 7 réseaux naturalistes : amphibiens et reptiles, avifaune (oiseaux), chiroptères (Chauves—souris),
orthoptères (criquets et sauterelles), mammifères, mammifères marins, mollusques) par l’embauche de salariés qui
aident a l’organisation fonctionnelle des réseaux de bénévoles et participent au travail de terrain pour des enquétes
régionales ou nationales ;
• communiquer les informations naturalistes régionales auprès des décideurs et du grand public. C’est la
qu’intervient notre revue naturaliste l’Avocette où vous trouvez les résultats de ces travaux mais d’autres moyens
existent aussi : publication d’atlas régionaux de répartition, mise a disposition de tous de données (non sensibles)
grâce au site internet de l’association, participation a des colloques, rapports scientifiques...
Le projet d’Observatoire de la faune régionale est soutenu financièrement parle Conseil Régional de Picardie, les
Conseils Généraux, l’Etat et l’Union Européenne.

NUMERO SPECIAL
Extraits du rapport de l’observatoire de Picardie Nature :
«Statut de l’©edicneme criard Burhinus œdicnemus en Picardie :
éléments préliminaires pour la conservation de l’espece en Picardie »
• So m ma i re
p.6 à 18
• L’CEdicnème criard Burhinus CEdicnemus en Picardie en 2004/2005 :
effectifs et répartition des couples nicheurs et des stationnements post-nuptiaux, analyse
Par Laurent GAvoRv & Bernard COUVREUR
p.19 à 27
• L’CEdicnème criard Burhinus CEdicnemus dans le Sud Amiénois et le nord de |’©ise de 1994 à
2005
Par Bernard CouvREuR
p.28 à 36
• Statut de |’CEdicnème criard Burhinus CEdicnemus en Picardie : synthèse et analyse des
données disponibles (1978 à 2005)
Par Laurent GAvoRv
p.37 à 40
• Éléments sur |’éco|ogie et la biologie de |’CEdicnème criard Burhinus CEdicnemus en période
de reproduction en Picardie : présentation et analyse des données 2005 et synthèse des
informations régionales disponibles
Par Laurent GAvoRv
p.41 à 51
• Conservation et suivi de |’CEdicnème criard Burhinus Clîdicnemus en Picardie : Eléments
préliminaires de réflexion et premières propositions d’actions
Par Laurent GAvoRv
L’AV©CETTE, publication naturaliste de :
Picardie Nature - 14 place Vogel - B.P. 50835 - 80008 AMIENS Cedex 1
www.picardie—nature.org - contact@picardie—nature.org
Directeur de publication : Patrick Tnieiav
Rédacteur en chef : Xavier Coiviiviecv
Mise en page :Aude Dexerzvet
Crédits photographiques : Jean-Louis Coiasim, Michel TELuA & Sébastien Lecms
Tirage : 130 exemplaires - Prix d’un numéro : 8 Euros
Date d’édition : Novembre 2010
Dépôt légal : Préfecture dela Somme - FR ISSN 0181 - 0782
Impression : |.P.N.S.
PHSE3
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Introduction Description de |’action
Le présent rapport est une présentation des L’opération a consisté a :
élémentsdeconnaissance accumulésdansle cadre . organiser les recensements de terrain et le
de |’action « Statut de |’œdicneme criard Burhinus retour des informations : mobiliser les observateurs
œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires bénévoles, diffuser la méthodologie, répartir les
pour la conservation de |’espece en Picardie », secteurs de prospection, organiser des sorties
menée par |’Association Picardie Nature. Il a pour collectives de recherche, solliciter le retour des
but premier de produire les éléments d’information données : contacts (téléphoniques, courrie|s...),
préliminaires pour intervenir en faveur de sa information dans la feuille de |iaison...
conservation a |’éche||e de la Picardie.
. analyser les données collectées par les
Objectifs observateurs : saisir les données dans une base
de données, les compiler, les synthétiser...
L’œdicneme criard est une espece considérée
comme en déclin a |’éche||e de notre pays et
vulnérable en Picardie et en Europe. Protégé par
la loi française, il est également inscrit a |’annexe 1 . assurer des recherches complémentaires au
de la Directive « oiseaux ». moyen de temps indemnisés/rémunérés en suivant
deux axes :
Le projet vise a dresser un état de la situation de
la population nicheuse de cette espece dans notre 1. recensement complémentaire sur les
région et de recueillir des éléments d’information zones a plus forte densité et moins connues : Sud-
sur |’éco|ogie de |’espéce en période de nidification. Ouest Amiénois et Laonnois.
Il s’agit ainsi de rassembler les premiers éléments 2. collecte de données sur la reproduction et
indispensables a toutes démarches de conservation |’éco|ogie de |’espéce : calendrier de la reproduction,
visant cette espece. Ils seront compilés et mis a succes dela couvaison et de |’é|evage des jeunes,
la disposition du plus grand nombre sous la forme identification des facteurs d’échec éventuels, milieu
d’une brochure, de publications et de la mise en utilisé (occupation du so|...). Elle s’appuie sur une
ligne surle web. méthodologie qui consiste a suivre des couples
durant des périodes continues a différentes heures
Le contenu proposé de |’action est le suivant : de la journée. Ce point sera mis en oeuvre par le
recrutement d’un stagiaire pour une durée de 5
En 2004 et 2005, |’espece a fait |’objet d’un mois (indemnisation, frais de déplacement pris en
recensement de ses effectifs nicheurs a |’éche||e de charge, encadrement du stagiaire).
la France organisé par la Ligue pour la Protection
des Oiseaux et le CNRS. Dans ce cadre, le réseau . rédiger un bilan des connaissances acquises,
des ornithologues bénévoles de Picardie-Nature accompagné de premiers éléments de réflexion au
s’est mobilisé pour rechercher cette espece sujet de la conservation de |’espéce.
durant la période de nidification. Il s’agissait
ainsi d’amé|iorer la connaissance de son statut a L’ensemb|e des informations et réflexions produites
|’éche||e dela Région. est formalisé sous la forme d’un rapport, d’un a
deux articles pour la revue naturaliste L’Avocette et
Le projet proposé s’appuie sur cette initiative de la mise en ligne de ces supports sur le site web
nationale en la relayant au plan régional. De plus, il de |’association.
chercheacompléterletravaildesbénévolesen ayant
recours a des moyens humains complémentaires Le présent rapport rassemble les éléments de
sous la forme de temps de stagiaire. Deux aspects connaissances accumulés et expose les principales
sont privilégiés : les effectifs et leur distribution et informations nécessaires pour contribuer a la
|’éco|ogie de |’espéce. Ces informations seront conservation de |’espece dans notre région.
synthétisées dans un document technique qui sera
mis a la disposition du plus grand nombre.
Rlîlîéîû Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE ZOO9 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

Il comprend cinq parties rédigées sous la forme de données disponibles (1758 a 2005)
4 articles dont 3 seront publiés dans des revues . Eléments sur |’éco|ogie et la biologie de
spécialisées: |’œdicneme criard Burhinus œdicnemus en
période de reproduction en Picardie : présentation
. L’œdicneme criard Burhinus œdicnemus en et analyse des données 2005 et synthese des
Picardie en 2004/2005 : effectifs et répartition informations régionales disponibles.
des couples nicheurs et des stationnements post- . Conservation et suivi de |’œdicnéme criard
nuptiaux, analyse. Burhinus œdicnemus en Picardie : Éléments
. L’œdicneme criard Burhinus œdicnemus dans préliminaires de réflexion et premiéres propositions
le Sud Amiénois et le nord de |’Oise de 1994 a d’actions.
2005.
. Statut de |’œdicnéme criard Burhinus
œdicnemus en Picardie : synthese et analyse des
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Photo : Gîdicnème criard Burhinus œdicnemus
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Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

• L’Oedicnème criard Burhinus œdicnemus en Picardie en
2004/2005 : effectifs et répartition des couples nicheurs et
des stationnements post-nuptiaux, analyse
Par Laurent GAv©Rv & Bernard C©uvREuR
Résumé |’accroissement de leur intérét pour les prospections
en plaine, notamment dans le cadre des repérages
Au cours des saisons 2004 et 2005, le recensement préalables aux opérations de sauvetage de couvées
des couples d’œdicneme criard réalisé à de Busards gris (Circus cyaneus/pygargus).
|’éche||e de la Picardie a permis de proposer une
estimation du nombre de couples, accompagné Ainsi en 2005, plusieurs estimations d’effectifs
d’une carte de leur répartition. Il s’est appuyé sur régionaux et des cartes de répartition, sont
un effort de recherche jamais égalé mais qui n’a disponibles : MOUTON (1986), GAVORY coord.,
pas été exhaustif. Une fourchette raisonnable de (1995) et FLOHART(1996). Elles se sont appuyées
100 à 115 couples peut étre avancée, sachant sur une compilation des données collectées
que vu les surfaces d’espaces favorables non en continu sur plusieurs années par le réseau
prospectées, la population régionale pourrait d’observateurs. Ces données sont issues soit
approcher les 150 couples. Ils ont une répartition d’observations réalisées au gré des inventaires
éclatée en 5 ensembles plus ou moins proches. menés par les observateurs bénévoles, soit
Les densitésysontfinalementfaibles, à |’exception d’un recensement de |’ensemb|e des espèces
de la partie Sud du Camp militaire de Sissonne nicheuses sur une aire géographique donnée sans
et ses cultures environnantes. De méme, un seul dénombrement des effectifs (présence/absence,
ensemble présente un effectif répondant aux niveau de certitude de nidification) dans le cadre de
critères de désignation d’une Zone de Protection |’é|aboration d’at|as.
Spéciale : partie sud du Sud Amiénois et nord du
Plateau Picard. La répartition des couples semble De façon complémentaire, récemment, des
conditionnée parla présence de zones de cultures dénombrements de couples ont été assurés sur
sur affleurement de craie blanche du crétacé des zones géographiques réduites : LITOUX
supérieur. D’autres facteurs tels que les densités (2002) sur la Basse Thiérache et sur une quinzaine
de boisement et de zones habitées et le climat ne de communes des environs de Breteuil ou une
semblent pas, dans leurs dimensions constatées, recherche systématique des couples nicheurs a été
conditionner la répartition des couples. menée par |’un d’entre nous sur environ 45 200 ha
(COUVREUR, 2009b).
Mots clés : Oedicnème criard, Picardie, coup/es,
effectifs, 2004, 2005. Aussi, dans ce contexte, en 2004 lorsque la Ligue
Française pour la Protection des Oiseaux lance
Introduction une enquête afin d’actua|iser les connaissances
sur la répartition et les effectifs de cette espece en
En Picardie, les couples nicheurs d’œdicneme France, nous avons jugé pertinent de rebondir sur
criard Burhinus œdicnemus n’ont jamais été cette initiative pour mobiliser des moyens humains
recensés de façon exhaustive, ni méme à |’éche||e suffisants, en suscitant à nouveau la participation
d’un des trois départements. Pourtant, récemment, d’observateurs bénévoles afin d’assurer un
deuxinitiatives avaientété prises mais sans susciter recensement le plus exhaustif possible des
une mobilisation suffisante des observateurs pour effectifs de cette espèce à |’éche||e régionale.
assurer une couverture significative. Le premier Le recensement devait se dérouler sur les deux
recensement régional avait été lancé en 1991 années 2004 et 2005 et nous avons choisi de faire
et 1992 pour répondre à une enquête lancée au de la saison 2005 celle du recensement principal
niveau national et le second avait concerné |’Oise qui devait étre préparé par des recherches menées
en 1995. Toutefois, la connaissance des effectifs en 2004.
et de la répartition des œdicnémes n’ont cessé de
progresser, au cours des deux derniéres décennies L’objectif était donc de recenser les couples
avec |’augmentation du nombre des observateurs et nicheurs de façon à estimer la population régionale
Rlîlîéîû Spétïial AVOCette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Pitardie Nature

et a déterminer sa répartition. Il était ambitieux, le méme comportement avec le méme calendrier
pour deux raisons principales. L’espèce possede d’uti|isation de ces dortoirs.
un habitat en Picardie (cultures tardives, jacheres et
pelouses calcaires) (FLOHART (1997), IVIALVAUD Leurs effectifs sont de |’ordre de plusieurs dizaines,
(1996)) qui reste assez Iargementdistribué et vaste plus rarement des centaines d’individus. A cette
donc difficile a prospecter de façon exhaustive époque de |’année, les Oedicnemes muent,
pour quelques dizaines d’observateurs bénévoles notamment leurs plumes de vol (rémiges) devenant
disposant de 4 mois (soit la période durant ainsi plus vulnérables. Ils ont donc intérêt a se
laquelle les couples peuvent être détectés). De rassembler pour mieux résister aux prédateurs
plus, |’©edicneme criard est une espece discrete plus nombreux a cette époque (jeunes émancipés,
car plutôt nocturne, donc moins active le jour, et migrateurs pour les oiseaux). Ces zones de
homochromique sachant tres bien utiliser son rassemblementdoivent certainement être riches en
environnement (topographie, végétation) pour se nourriture pour permettre aux individus d’assurer
dissimuler. En complément, |’étude devait aussi leur mue dans les meilleures conditions et de
porter sur le repérage et le dénombrement de constituer des réserves en vue de leur migration.
dortoirs diurnes postnuptiaux qui étaient connus Elles doivent aussi présenter une végétation et
dans la région par quelques rares observations. une couleur du sol leur permettant de mieux se
Ces dortoirs, d’apres VAUGHAN & VAUGHAN- dissimuler. Les localités de ces dortoirs changent
JENNINGS (2005) se constituent des la fin de peu au fil des années.
I’été (fin août, début septembre). Les effectifs
maximaux y ont été notés sous nos latitudes La présente note expose et analyse les données
(Angleterre, Allemagne) en octobre et les oiseaux collectées au cours des années 2004 et 2005. Elle
les abandonnent début novembre pour leurs se limite a une approche régionale globale. Les
quartiers d’hiver. Ils rassemblent les individus informations surla biologie et |’éco|ogie obtenuesa
ayant passé la période de reproduction sur place cette occasion serontprésentées etanalysées dans
et les jeunes, qui sont probablement rejoints, plus une seconde note. De la même façon, |’ana|yse
|’automne avance, par des migrateurs.Toutefois, de |’évo|ution des effectifs et de la répartition de
les couples et leurs jeunes de la seule population |’espece dans la région fera |’objet d’une troisieme
située au nord de la Picardie, en Grande Bretagne, note.
donc susceptibles de passer par notre région, ont
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NUmérD Spétial AVOC€ttE 2009 · 33 (2) - DECEMBRE ZOO9 - REVLIE naturaliste de Picardie âîîîrë

1)Recensement des couples nicheurs: Le balayage est assuré a vitesse constante et
Collecte des données rapide (par exemple, un balayage a 180° sur une
parcelle en labour prend entre 30 secondes et 1
.MobiIisation des observateurs minute). L’observateur doit respecter ces temps
Un appel a été lancé aupres des observateurs standards. Les couples et oiseaux seuls ont été
bénévoles de |’association Picardie Nature différenciés.
(environ 70 personnes) au moyen d’une annonce
dans la lettre d’information, présentant la méthode L’observateur a relevé différents parametres
et une fiche de renvoi des données. En outre, ils indiqués sur une fiche standard de relevé. Cette
ont été invités a informer |’association en temps méthode de recherche dite du « balayage sur
réel de leurs résultats au moyen d’internet ou par labours « a conduit immanquablement a rater un
téléphone. certain nombre de couples.
A cela s’est ajoutée la participation en 2005 d’un . La Repasse
observateur permanent qui avait pour objectif Elle consiste a passer, au moyen d’un
premier de visiter les sites (lieux-dits) ou |’espece magnétophone, le chant de |’oiseau auquel les
avait été notée précédemment(depuis 1995 inclus). oiseaux proches vont répondre en se manifestant
Pour cela, une extraction des données existantes (chant, vo|...). La repasse a été utilisée
dans la base de données de |’association a été préférentiellement durant toute la saison entre
réalisée (1995-2000), complétées par quelques 1 heure avant le coucher du soleil et une heure
contacts avec les observateurs. Ils ont permis de apres (soit deux heures par soirée). Dans ce cas,
dresser une liste des sites qui figure en annexe. chaque point a été échantillonné durant 5 minutes:
2 minutes d’écoute avant repasse, 1 minute de
. Recherche sur le terrain repasse, 2 minutes d’écoute apres repasse.
Deux méthodes ont été employées pour repérer
et dénombrer les individus dans le respect des . Organisation de dénombrements en
préconisations de |’enquéte nationale : simultané
Quelques dénombrements concertés des couples
.Le balayage auxjumelles ont été organisés. Ils consistent a rassembler
||s’agitd’une prospection exhaustive de |’ensemb|e plusieurs observateurs afin de prospecter une
des labours et des zones a végétation rase zone ou la densité des couples est importante et de
(cultures et prairies) en passant sur la totalité des pouvoir les dénombrer de façon simultanée. Il s’agit
routes et chemins, en voiture ou a vélo, de la zone ainsi de rendre |’éva|uation de |’effectif plus fiable.
prospectée. Des qu’une parcelle favorable est Dans la pratique, plusieurs observateurs se sont
présente (sol a nu, substrat cai||outeux...), un arrét partagés un secteur pour rechercher les especes
permet de balayer la parcelle auxjumelles. selon les méthodes précédemment décrites. Ils
ont noté |’heure de leurs observations et les ont
La période idéale pour cette méthode de recherche localisées sur une carte. Ensuite, une synthese
se situe en début de période de reproduction : avril a été faite de façon a déterminer précisément le
et mai. Il s’agit d’un compromis entre les arrivées nombre de couples, au moyen de la compilation des
des oiseaux, les dates de pontes et la vitesse de cartes et de |’examen des heures d’observation.
croissance des cultures (en effet, quand les cultures
de printemps dépassent 10 cm, la détection des .Recensement des dortoirs postnuptiaux
couveurs ou des oiseaux couchés devient ardue). La recherche et le dénombrement des dortoirs
La recherche par cette méthode s’est effectuée postnuptiaux ne se sont pas appuyés sur une
durant la journée par beau temps, en évitant les méthodologie particuliere. Les recherches ont été
premieres heures du matin (éviter les 2 h suivant le assurées au moyen de prospections des zones
lever du soleil) et les dernieres de la soirée, car a occupées par les couples nicheurs. Une fois
ces heures les oiseaux s’a|imentent, généralement repérés, ils ont fait |’objet de dénombrements plus
en dehors de leur parcelle de ponte, ainsi que le ou moins réguliers.
créneau autour de midi a cause des brumes de
chaleur.
NLIméI0 Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

2) Analyse des données pas forcément favorable. Ils sont alors obligés de
se déplacer de plusieurs centaines de mètres.
Le niveau de certitude de nidification a été évalué Ainsi, un même couple change de site année après
sur la base de la grille proposée par YEATIVIAN- année.
BERTHELOT (1994) :
De plus, il peutassurer1 a4 pontes de remplacement
A) Nidification possible qui sont généralement déposées dans les environs
01 - oiseau vu en période de nidification dans un immédiats du premier nid (200 à 300 mètres
milieu favorable maximum) (VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS
02 - mâle chantant en période de reproduction (2005)). De ce fait, au cours d’une seule saison,
un méme couple peut s’insta||er sur plusieurs sites
B) nidification probable proches les uns des autres.
03 - couple en période de reproduction
04 - territoire occupé Dans ces conditions, pour conforter notre
05- parades nuptiales estimation, nous avons réalisé une cartographie
06-sites de nids fréquentés de la totalité des couples signalés en 2004 et
07 - comportements et cris d’a|arme 2005 et avons examiné la situation de ceux les
08 - présence de plaques incubatrices sur un plus proches les uns des autres. Nous |’avons
oiseau tenu en main assuré en tenant compte des données négatives
C) nidification certaine transmises par les observateurs et en considérant
09 - construction et aménagement d’un nid ou que ceux distants de plus d’un kilomètre étaient
d’une cavité différents. Par ailleurs, pour minimiser les double-
10 - adulte simulant une blessure ou cherchant à comptes induits par des pontes de remplacement,
détourner un intrus nous avons examiné avec attention les dates des
11 - découverte d’un nid vide ou de coquilles données et |’é|oignement des sites.
d’œufs
12 -juvéni|es non volants Deux fourchettes d’effectifs sont proposées pour
13 - nid fréquenté inaccessible dimensionner la situation des années 2004/2005 :
14 - transport de nourriture ou de sacs fécaux
. une minimaliste qui s’appuie exclusivement sur
15 - nid garni (œufs) les observations réalisées en 2004 et 2005, son
16-nid garni (poussins). minimum correspondant aux couples nicheurs
certains et probables cumulés avec prudence sur
Pour réaliser |’éva|uation des effectifs et dresser les deux années, et son maximum étant obtenu en
la carte de répartition des couples, nous n’avons additionnant à |’éva|uation minimale, le nombre de
pas pu nous appuyer sur un recensement exhaustif couples nicheurs possibles.
assuré au cours d’une méme saison. Pour
compenser cette lacune, nous avons pris le parti .une maximaliste dont la détermination aconsisté
de cumuler les couples notés au cours de saisons à prendre en compte les effectifs potentiels sur les
différentes, principalement, 2005 et 2004. zones non prospectées en 2004/2005. Il s’agit des
couplesobservésaucoursdesannées précedentes.
Cette façon de faire induit un risque de prendre Son minimum correspond au maximum de |’éche||e
en compte deux fois le méme couple. En effet, minimaliste, soit |’effectif de couples nicheurs
en Picardie, les couples se répartissent très possibles à certains notés en 2004/2005. Son
majoritairement sur les zones agricoles, en maximum est ce minimum augmenté du nombre
particulier sur les cultures tardives (betterave, mai`s, de couples qui étaient potentiellement présents sur
pois...) (FLOHART (1997), IVIALVAUD (1996)). Or, des secteurs ou au cours d’une période donnée.
la répartition de ces dernières évolue d’une année Sa durée a été déterminée en partant du principe
à |’autre. Aussi, méme si les oiseaux sont très que la présence des couples est conditionnée par
fidèles à leur site de reproduction (VAUGHAN & |’occupation du soldontprincipalementla nature des
VAUGHAN-JENNINGS (2005)), généralement, ils productions végétales, tout en ayant conscience
peuvent ne pas s’insta||er au méme endroit deux qu’e||e n’est pas le seul facteur intervenant. Ainsi,
années de suite car le couvert végétal ne leur est |’effectif régional serait proportionnel aux surfaces
Numéro Spétial AVOC€ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE ZOO9 - REVUE naturaliste de Pitardië lîlîîîrî

des types de culture. Nous avons rassemblê les maximaliste, nous avons tenu compte des couples
êlêments chiffrês disponibles a leur sujet. Nous repêrês durantla pêriode 1996/2003 soit8annêes.
avons comparê ceux des annêes 2004/2005
avec ceux des annêes antêrieures avec le souci Les couples observês ont êtê prêsentês par rêgions
de dêterminer |’annêe de rupture c’est-a-dire naturelles telles qu’e||es ont êtê dêfinies par
celle a partir de laquelle leurs surfaces êvoluent BOULLET (in litt.) dans le cadre de |’|nventaire des
notablement. La pêriode de prise en compte des Zone Naturelles d’|ntêrêt Ecologique Faunistique
donnêes anciennes aurait comme limite cette et FIoristique... ainsi que par rêgions agricoles
annêe de rupture. dêfinies par I’Institut National de la Statistique et
des Etudes Economiques (INSEE) (ANONYME,
Cette comparaisonaêtêrêalisêe en remontant sur 1989). Il s’agissait ainsi de faciliter une future
une durêe correspondant a 3 gênêrations soit 27 êventuelle êtude diachronique avec une approche
annêes, une generation êtant estimêe a 9 annêes plus prêcise a |’êche||e de ces deux êchelons ou
(BIRDLIFE, 2004). Ce choix de 3 generations est d’une part, le paysage, et d’autre part, les types
conditionnê par |’objectif d’uti|iser |’effectif rêgional de cultures implantêes peuvent êvoluer de façon
(et son êvolution dans le temps) pour dêterminer si relativement homogêne.
|’espêce appartient a la liste rêgionale des especes
menacêes de Picardie. La mêthodologie suivie est Concernant les dortoirs postnuptiaux, il faut
celle proposêe par |’Union Internationale pour la souligner que malgrê des effectifs parfois
Conservation de la Nature (IUCN) (IUCN, 2001) consêquents (plusieurs dizaines d’individus), leur
qui a considêrê ce pas de temps pour apprêcier dêcouverte et leur dênombrement ne sont pas
|’êvo|ution dela population d’un taxon. aisês. En effet, ces oiseaux, discrets, mettent a
profit leur homochromie ou profitent de la vêgêtation
Il s’avêre que la rêpartition et |’importance des pour se dissimuler, notamment les couverts d’hiver
cultures au sein de la Surface Agricole Utile (SAU) (lêgumineuses).
êvoluent sans cesse. Nous avons regardê son
êvolution au cours des deux dêcennies prêcêdant Les facteurs conditionnant la répartition des
notre êtude, et plus particulierment celle des types ensembles de couples
de culture utilisês par Burhinus oedicnemus : les
jacheres et les cultures tardives (mai`s, betteraves). Une fois la carte de rêpartition rêgionale êtablie,
D’aprês I’IFEN (2005),AGRESTE (2007), i|s’opêre nous avons essayê d’apprêcier les corrêlations
un point de rupture en 1996, annêe ou les surfaces qui pouvaient exister entre la rêpartition des
enjacheres ont diminuê de pres de 40% par rapport couples et certains facteurs (connus ou supposês)
a 1993, annêe principale de leur mise en place pour susceptibles de conditionner leur prêsence a cette
atteindre un niveau qui sera approximativement êchelle. Il s’agissait ainsi, entre autres, d’identifier
(4% en moins) celui de 2005. D’une façon globale des facteurs indêpendants de |’action directe des
|’usage dela SAU a peu êvoluê entre 1996 et 2005. activitês humaines, donc difficiles a contrebalancer
Nous estimons que même si ce raisonnement est dans le cadre d’actions de conservation. Dans
sêduisant, il s’appuie sur la prise en compte d’un un travail concomitant, nous tentons d’ana|yser
facteur, certes important, mais qui n’est pas le seul la situation a |’êche||e de sites utilisês par des
a conditionner la prêsence des couples. En fait, couples pour nicher (GAVORY (2009 c)). A cette
une combinaison de facteurs interviendrait : type de occasion, nous avons Iistê les facteurs connus pour
culture, êtatdu so|... De plus, ce facteur est regardê conditionner |’insta||ation des couples. Nous nous
a |’êche||e de la rêgion alors que la rêpartition des sommes appuyês sur cette liste pour dêterminer
cultures a un niveau plus local (rêgions agricoles) les facteurs intêressants pour mieux cerner les
serait plus pertinente (mais nous n’en disposions causes de la rêpartition a |’êche|on de la rêgion.
pas). Toutefois, il nous a semblê intêressant car
plus a même d’approcher la rêalitê des effectifs Certains n’ont pu être pris en compte faute
des couples prêsents en Picardie que de prendre d’informations les concernant. Nous avons ainsi pu
en compte la rêpartition des couples sur un pas de confronter la rêpartition des couples a 7 facteurs.
temps dêterminê de façon arbitraire. Parmi eux, plusieurs ontfait |’objet d’une êvaluation
a |’êche||e d’ensemb|es de couples, tel que ceux
Infine,pourdêterminerIe maximum dela fourchette constatês et figurant sur la carte 1. Les couples
Rlîlîélrî Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE ZOO9 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

qui ont servi de référence sont les nicheurs notés en jachere), zone d’é|evage (pâture, prairie), zone
en 2004/2005 c’est-a-dire ceux pour lesquels nous humide (espace en permanence outemporairement
disposions d’une localisation précise. humide), zone urbaine/industrielle, zone seche non
cultivée (pelouses calcaires, friche (espace n’ayant
La liste des facteurs conditionnant |’insta||ation des pas été cultivé)...).
couples est la suivante :
. la géologie: les couches affleurantes influencent 3) Résultats
généralement la composition du sol. Nous avons
déterminé pour chaque couple la couche géologique Etat des recherches
sur laquelle se positionne son territoire. Pour cela,
nous avons utilisé la carte géologique de Picardie Pourle recensementdes couples nicheurs en 2004,
(IVIENESSIER, 1980). une quarantaine de séances d’au minimum une
demi-journée a été assurée par 16 observateurs.
. la topographie : plus particulierement les Elle produit69 citations(une date, un lieu, un effectif,
variations d’a|titude. Nous avons confronté un ou des observateurs) positives et 7 négatives. 6
la répartition des couples avec la carte séances ont été consacrées a la recherche et au
IPSOIVIETRIQUE (|V|ENESSlER,1980) pour tenter dénombrement des dortoirs postnuptiaux.
d’apprécier les caractéristiques dominantes (densité
de points hauts, importance des dénivelés) de la L’année suivante, 14 personnes se sont mobilisées
topographie des principaux noyaux de couples. pour assurer 25 séances de 3 a 4 heures pour la
recherche et le suivi des couples nicheurs. Elles ont
. le niveau d’érosion des sols : elle affecte les été complétées par au moins 85 heures réparties
sols en favorisant |’apparition du substratum ou son sur 44 séances consacrées a |’observation et la
incorporation au sol. Pour ce facteur, nous avons recherche de |’espece assurées par un stagiaire :
fait de méme que pour le précédent avec la carte C. DE FRANCESCHI. 33 dénombrements des
des aléas d’érosion des sols (IFEN, 2005). dortoirs postnuptiaux ont été assurés en sus.
. le climat: nous avons confronté la carte de En plus de ces recherches menées de façon
répartition des couples avec celle de la hauteur, individuelle, 3 dénombrements ont été assurés par
de la fréquence mensuelle des précipitations et plusieurs observateurs de façon concertée et en
du nombre moyen de jours de précipitations. Elles simultané sur une zone donnée.
ont été tirées de |’At|as de Picardie (ANONYME,
1989) seule référence régionale, hélas ancienne, a Sur ces deux saisons, la mobilisation des
laquelle nous avons eu acces. observateurs a été finalement limitée et insuffisante
pour vérifier |’ensemb|e des localités ou |’espece
. la densité de boisements : nous avons avait été notée précédemment, voire pour assurer
dénombré les unités boisées a |’éche||e des des recherchessurdessecteurs qui,potentiellement
différents noyaux de couples. au vu des habitats présents, étaient susceptibles
d’accuei||ir des couples. Elle a toutefois été
. la densité d’habitations : nous avons supérieure a celle des enquétes précédentes et
procédé de la méme façon que précédemment en a permis de vérifier une tres grande majorité des
comptabilisant le nombre de villages et hameau sites ou des couples avaient été notés au cours de
fermes a |’éche||e des différents noyaux de couples. la décennie passée.
. le type de milieu utilisé par les couples : Globalement surles deux saisons, 106 sites ont été
a partir de |’examen des photos aériennes de visités dont une partie correspond a 80 % des sites
Photoexploreur (Institut Géographique National) ou connus (minimum 89 de 1995 a 2003). La couverture
des informations transmises par les observateurs, a été d’environ 80 % pour |’Aisne, d’au moins 90 %
nous avons déterminé sur quel grand type de pour|’©ise et de moins de 80%pour|a Somme. De
milieu se positionnait a priori le couple avec son plus, peu de zones ou |’espece n’était pas connue
nid. Nous avons pour cela utilisé une typologie ont fait |’objet de prospections sans succes:Va|ois
large et simple : zone de culture (espace cultivé ou (environs de Nanteuil-le-Haudouin), environs de
Numéro Spétial AVOC&ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardieplîâîuï

Bray-sur-Somme... Toutefois, ces recherches en la Vallee de |’Ha||ue (80), mais sans succes. Ces
dehors des sites connus sont restees helas tres recherches ont ete largement insuffisantes mais il
ponctuelles. est vrai que la surface a couvrir etait immense et la
tâche ardue. Ces regroupements ne sont pas aises
Concernant les dortoirs postnuptiaux regroupant a trouver, se localisant plutôt dans des secteurs
un effectif important d’oiseaux, deux ont fait |’objet peu accessibles.
de denombrements assez reguliers de septembre
a novembre (premier site : denombrements 3 en Les couples nicheurs en 2004 et 2005 :
2004 et 4 en 2005, deuxieme site : denombrements répartition, effectif
25 repartis sur 3 mois en 2005). De plus, certains
secteurs accueillant |’espece en periode de La carte 1 presente la repartition des effectifs en
nidification et donc susceptibles d’heberger ces 2004/2005 sur la region Picardie et le tableau 1
dortoirs diurnes ont ete prospectes (3 a4seances): presente les effectifs par departement, par region
Sud Amienois (environs de Breteuil), zone entre naturelle et par region agricole. Le detail des
Montididier et Compiegne (80/60), versants de localites etdes effectifs figure en annexe 1.
. ¤:¤:¤:¤:¤:¤:¤
Carte 1 .· Répartition des coup/es nicheurs d’œdicneme criard en Picardie en 2004/2005.
:|î.lîÉ1Iî)S|JÉCiB| AVOCEt’(€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

Régionl Effectif : Effectif :
département fourchette minimaliste fourchette maximaliste
Picardie 76/102 102/116
Aisne 24/30 30/37
Oise 16/19 19/20
Somme 36/53 53/59
Régions naturelles
Vermandois 1/1 1/3
ycîlois-Nord Laon- 11/15 15/19
Champagne 12/14 14/16
Soissonnais 0/0 1/1
Plateau Picard 14/16 16/17
Pays de Thelle 1/2 2/2
Valois 1/1 1/1
Sud-Amiénois 23/35 35/37
Ponthieu 9/13 13/14
Santerre 2/3 3/3
Régions agricoles
î§;nr;îë6nt'n°'S/ 12/16 16/21
gg?/g‘Lï’§"G 12/14 14/16
Soissonnais 0/0 1/1
Plateau Picard Sud 14/16 16/17
Pays de Thelle 1/2 2/2
Valois 1/1 1/1
Santerre 2/3 3/3
Plateau Picard Nord 32/48 48/51
Tab/eau 1 .· Effectifs estimés d’(Edicnèmes criards en Picardie en 2004/2005
Numéro spécial Avocétté 2009 — 33 (2) - DECEMBRE 2009 — Révué naturaliste dé Picardiéplâgîuîî

Nous pouvons en tirer les deux fourchettes 116 couples ce qui nous permet de proposer une
régionales suivantes. La fourchette minimaliste est zone d’occupation de 58 km2 soit 5 800 ha.
de 76 a 102 couples (arrondi a 75/100 couples) et
la fourchette maximaliste de 102 a 116 (arrondi a
100/115 couples). Les couples nicheurs en 2004 et 2005 : facteurs
conditionnant leur répartition
A partir de la carte de répartition des couples, il
est possible de déterminer deux parametres de la Nous avons confronté la carte de répartition
population, notamment utilisés pour son évaluation des couples avec la carte géologique. Les 102
nécessaire pour juger de son appartenance ou couples se répartissent préférentiellement sur
non a la liste des especes menacées de la région. les affleurements de craie blanche du crétacé
Il s’agit d’une part de |’effectif, d’autre part de la supérieur : 92,2 % sur craie blanche du crétacé
zone d’occurrence et de la zone d’occupation supérieur, 5,9 % sur limon des plateaux en place,
définies (UICN, 2001). La zone d’occurrence est 0,98 % sur alluvions récents du quaternaire et pour
la superficie délimitée par une ligne imaginaire 0,98% |’aff|eurementn’est pas connu.
continue la plus courte possible englobant tous
les sites connus, déduits ou prévus de présence Nous avons fait de méme avec la carte
actuelle d’un taxon, a |’exc|usion des individus hypsométrique. Les couples se trouvent
erratiques. Elle peut souvent étre mesurée par un principalement dans les secteurs vallonnés ou
polygone convexe minimum (le plus petit polygone les variations d’a|titude sont denses. Toutefois, ils
dans lequel aucun angle ne dépasse 180 degrés et n’occupent pas |’ensemb|e des secteurs présentant
contenant tous les sites d’occurrence). Elle inclut la ces caractéristiques et loin de la.
zone d’occupation qui est la superficie occupée par
un taxon, a |’exc|usion des individus errants. Concernant le climat, il n’apparaît pas de corrélation
entre la répartition des couples et la hauteur, la
La zone d’occurrence est d’environ 1 160 100 ha fréquence mensuelle ou le nombre moyen dejours
soit 11 601 km2. Quant a la zone d’occupation, de précipitations.
les informations dont nous disposons ne sont pas
assez précises pour en faire la mesure précise. De 85,3 % des couples ont leur territoire en zone
ce fait, nous avons considéré qu’un couple occupe agricole, 10,8 % sur des friches calcaires (camp
0,5 kilometre carré ce quiestunesurfaceimportante militaire) et pour 3,9 %, leur situation n’est pas
et correspond a des densités déja constatées connue. Le tableau 2 rassemble les différents
dans les zones de culture. Nous avons considéré éléments d’information obtenus sur les facteurs
l’effectif maximal de la fourchette maximaliste soit analysés par noyau de couples.
_ _, _ Vimeu Estl
Marlois-Nord Sud Amienoisl _
_ Plateau picard Ouest Sud
Champagne Laonnoisl Nord Plateau _, _
_ _ Est Amienoisl
Vermandois picard _
Ponthieu Est
superficie de la zone (km:) 143,5 316,5 695 4,5 320
nombre de couples 14 14 29 4 27
nombre de couples par km2 0,09 0,04 0,04 0,89 0,08
% surface boisée 26/50 % 0/25% 0/25% 0/25% 0/25%
nombre d’unités boisées
5,99 4,55 3,87 6,67 7,4
par 10 km2
nombre d’unités habitées
1,53 1,55 0,2 0 1,94
par 10 kmz
nombre de villes et villages
0,56 0,82 1,32 0 1,25
par 10 km2
nombre d’unités habitées
_ , 0,98 0,73 0,63 0 0,69
isolées (ferme...) par 10 kmz
Tableau 2 .· Eléments d’information obtenus sur lés facteurs analysés par noyau.
page 14
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2)- DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

Les dortoirs postnuptiaux en 2004 et 2005 : 4) Discussion -Conc|usion
répartition, effectifs.
Répartition, effectifs
Les observations de regroupements postnuptiaux
rapportées ont été peu nombreuses dans la Le recensement réalisé en 2004 et 2005, permet
région. Quatre ont été repérés dont deux aux de disposer d’une photographie satisfaisante du
effectifs modestes. Un a été noté dans le secteur nombre et de la répartition des couples pour ce
de Gournay-sur-Aronde/Ressons-sur-IV|atz (60) : 9 début de XXI ème siècle, méme si elle n’a pu ètre
Oîdicnèmes le 25/08/2004 à Gournay-sous-Aronde exhaustive, en particulier en ne s’appuyant pas sur
(SENGEZ P.) [com. pers.], 6 le 5/09/2005 (ROYER un contrôle de |’ensemb|e des sites ou des couples
P.) [com. pers.], dans ce secteur, 8 le 18/09/2005 à nicheurs avaient été notés précédemment.
Ressons-sur-|V|atz (60) (W. IVIATHOT) [com. pers.] ;
|’autre dans les environs de Poix-de-Picardie : 12 le L’examen de la carte 1 montre clairement que la
8/09/2004 à Caulières (80) (FOURNIER E.) [com. répartition des couples n’est pas homogène sur le
pers.]. territoire régional. 5 ensembles distants d’au moins
10 à 20 km, au sein desquels aucun couple n’est
Ils n’ont pas fait |’objetd’un suivi régulier. à moins de 5 km d’un autre et rassemblant plus
de 3 couples, peuvent étre individualisés. Ils ont
En revanche, deux autres rassemblaient des été nommés en fonction de leur localisation dans
effectifs importants et ont été plus particulièrement une ou plusieurs régions naturelles : Champagne,
suivis. |VIarIois-Nord Laonnois/Vermandois, Sud Sud
Amiénois/Nord Plateau picard, Vimeu Est/Ouest
En 2004, des recherches ont été réalisées dans la Sud Amiénois/Ponthieu Est et Plateau Picard Est et
région d’Airaines (80) et ont permis de découvrir figurentsurla carte 1 ou ils ont été cernés en traçant
|’existence d’un rassemblement important à une limite qui joint les couples les plus extérieurs
proximité de cette commune (BOUSSEIVIART du noyau. Leur délimitation a facilité |’éva|uation
A. & GAVORY L.). En 2004, 95 individus étaient de |’impact de certains facteurs conditionnant la
dénombrés le 16/09, 35 le 17/09 et encore 94 le présence de couple en permettant la détermination
2/10. L’année suivante, le 13/09, 23 étaient vus sur de densité.
un premier site et le 1/10, ils étaient 148 répartis
simultanément sur les deux sites distants de 4,5 Ces noyaux regroupent plus de 85 % des effectifs
kilomètres. Ils y étaient encore 14 le 6/10, date de régionaux. Ils présententdes effectifsetdesdensités
la dernière observation rapportée. Il est probable variables. Entre ces secteurs de plus grande
que ce groupe fréquente un ou plusieurs autres concentration se trouvent parfois des couples
sites non connus, ou les individus se répartissent. isolés. Ces regroupements sont probablement
De plus, les stationnements se sont certainement davantage favorisés par la présence de surface
prolongés au-delà du 6/10, date du dernier d’habitats favorables que par la nécessité pour
recensement. |’oiseau de créer des colonies lâches. Il est peu
probable qu’i|s constituent des sous-populations et
Un autre a été repéré en 2005 dans la région de vu |’état des connaissances ils ne doivent donc pas
Saint-Quentin (02) (Origny-Sainte-Benoîte) par étre considérés comme tels.
(ROUSSEAU C.) [com. pers.] et a été suivi durant
3 mois. Il rassemblait 58 individus dès le 29 août Il s’avère que les densités de couples restent
et deux individus étaient encore présents le 22 faibles (0,04 à 0,89 couple au km2 dans les noyaux)
novembre. L’effectif maximum a été relevé les 10 puisque inférieures à 1 couple par kilomètre carré
et 13 septembre avec 74 individus. et elles sont hétérogènes selon les zones. Nous
avons ciblé les secteurs à densité forte car ils
Enfin, il semble que tous les oiseaux ne se pourraient étre considérés comme des zones
rassemblent pas en dortoir comme peut le laisser prioritaires, ou |’espèce pourrait faire |’objet d’une
supposer |’observation de 2 individus notés le attention particulière. Sur ces zones, pourrait étre
2/10/2004àSurfontaine (Vallée aux loups) (02) (LE assurée la conservation d’effectifs remarquables
SCOUARNEC Y., com. pers.). présents sur des surfaces réduites, donc ou des
mesures pourraient ètre plus faciles à mettre
Numéro Spétial AVOC&ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardieplîïuîî

en œuvre. Pour cela, nous avons dêlimitê les considêrer avec prudence. Notamment, seules
espaces ou un couple êtait distant d’au maximum certaines dimensions de ces facteurs ont pu être
1 kilomêtre (1 couple/km2 qui est une densitê forte analysêes. De ce fait, il est difficile voire impossible
pour la France) d’un autre et qui regroupaient un de conclure sur leur rêel impactglobal.
minimum de 10 couples (environ 10 % de |’effectif
rêgional). Seul un ensemble de couples rêpond Il apparaît que le type de substratum (couche
aux criteres proposês. Il s’agit de la partie Sud du gêologique affleurante) est discriminant : plus de
Camp militaire de Sissonne (02). 90 % des couples s’insta||ent sur des affleurements
de craie blanche dont ils occupent assez largement
Parallêlement, nous avons cernê les espaces les surfaces disponibles dela rêgion. Les territoires
regroupant un minimum de 30 couples qui est le des couples sont a plus de 80 % notês sur les
seuil proposê pour dêterminer une Zonelmportante zones de cultures. Toutefois, une faible surface
pour la Conservation des Oiseaux, susceptible de de la SAU picarde est utilisêe. Il en est de même
devenir une Zone de Protection Spêciale au titre pour les zones a relief qui concentrent les couples
de la Directive dite «©iseaux» (ROCAIVIORA G., mais qui ne sont pas toutes occupêes, loin de la,
1994). Pour cela, nous avons utilisê les ensembles notamment dans la partie tertiaire de la rêgion.
de couples dont aucun ne se trouvait a moins de
5 kilometres d’un autre. Seul un espace rêpond a Le climat ne semble pas influer sur la rêpartition
ce critêre ; il inclut les couples rêpartis sur le Sud du des couples du moins pas de maniêre significative.
Sud Amiênois et le Nord du Plateau picard «Val|êe
de |’Avre et de la Noye» et les couples au Nord Ces points avaient êtê relevês par FLOHART
du Plateau picard dans |’©ise. Il est indiquê sur la (1995) et surtout IVIALVAUD (1996).
carte 1.
Enfin, certaines dimensions d’autres facteurs
Concernant |’êva|uation de |’effectif rêgional, nous que nous supposions influencer la rêpartition des
avons proposê deux fourchettes : une s’appuyant couples apparaissent sans effet. Il s’agit de la
sur les effectifs dênombrês et une autre basêe densitê des boisements et des zones habitêes...
sur les effectifs dênombrês augmentês d’une Du moins dans les conditions proposêes pour les
êvaluation pour les zones non prospectêes, en êtudier.
s’appuyant sur les effectifs constatês au cours de
la dêcennie 1996-2003. Nous reprendrons cette Les dortoirs post-nuptiaux
derniêre fourchette estimant qu’e||e est rêaliste Deux dortoirs comptant des effectifs importants ont
tout en considêrant qu’e||e reste un minimum. êtê dêcouverts a |’occasion de cette êtude et deux
Eu êgard aux carences en prospections et en autres plus modestes. Ils se trouvaient dans des
suivis, qu’e||es soient gêographiques mais aussi secteurs ou les couples nicheurs sont nombreux.
temporelles (faute de temps, le niveau de certitude
de nidification d’un certain nombre de couples
n’a pu être amêliorê), nous considêrons que 116
couples est un minimum. A ceux-la, s’ajoutent ceux
des zones non prospectêes et qui sont favorables
(zone de craie, avec dênivelê) : ouest du Sud
Amiênois, centre Ponthieu, Nord est du Nord-Est
Amiênois, Vermandois, Pays de Thelle) dont il est
bien difficile d’êva|uer les effectifs. La population
pourrait vraisemblablement avoisiner les 150
couples en ce dêbut de XXIème siêcle.
Facteurs susceptibles d’inf|uer sur la répartition
de |’espèce à |’éche||e de la région
L’ana|yse proposêe de quelques facteurs pouvant
influer sur la rêpartition des couples reste
approximative et les rêsultats prêsentês sont a
Rlîlîélrî Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

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Suisse et Cambridge, Royaume Uni. ii + 32 p.
Numéro Spétial AVOC€ttE 2009 · 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardieplîgîuï

Annexes Couvron et Aumencourt : 1 individu (couple
possible)
Annexe 1 : Détail de la répartition des couples La Malmaison, La Selve, Sissonne (Camp militaire
par département, région naturelle, commune et de Sissonne) : min. 10 couples.
lieu-dit avec niveau de certitude de nidification. Vivaise : 1 couple (2004)
· Pour le département de |’Aisne, la fourchette A ceux-la s’ajoutent les couples sur |’ancien
minimaliste est de 24 à 30 couples et la aérodrome d’Athies-sous-Laon non prospecté en
fourchette maximaliste va de 30 à 37 couples. 2004/2005, encore 2 couples y avaient été notés
en 2003.
La quasi totalité des couples a été localisée dans la 12/14 couples — 14/16 couples
moitié nord de ce département:
Soissonnais :
Vermandois : Des oiseaux y avaient été notés en 2003.
Hauteville : 1 couple 0/0 couple -1/1 couple
A ajouter au minimum 2 couples notés sur d’autres
sites au début des années 2000. · Pour |’Oise, la fourchette minimaliste oscille
1/1 couple -1/3 couples entre 16 et 19 couples et la maximaliste entre
19 à 20 couples.
Marlois-Nord Laonnois :
Châtillon-les-Sons (le Mouflet) : 1 couple Plateau Picard :
Ebouleau (L’Epinette) : 1 individu (couple possible) Quatre noyaux distants peuvent étre distingués :
Ebouleau (Les Quatre arbres) : 1 couple Luchy (Forét Ricard) : 1 couple
Erlon : 1 individu (couple possible) Blicourt : 1 individu (couple possible)
Lappion : 1 couple (2004) (couple possible) Blicourt (Régnonval) : 1 couple
La Ferté-Chevrésis : 1 couple
Housset : 1 couple (2004) Bonneuil-les-eaux (Le Fond de Mont Plaisir) :
Montigny-sur-Crécy: 1 couple 1 couple
Origny-Sainte-Benoîte (Mont Courjumelle) : Blancfossé (les Guissements) : 1 couple
1 couple Blancfossé (Bois de la Touée) : 1 couple
Origny-Sainte-Benoîte (Vallée de Guise): 1 individu Croissy-sur-Celle (Carriere Randon) : 1 couple
(couple possible) Croissy-sur-Celle (Les Maresses) : 1 couple
Renansart : 1 couple (2004) Gouy-les-Groseillers (les Champs de pierres) :
Ribemont (Vallée Caux) : 1 couple (2004) 1 couple
Surfontaine (Fay le noyer) : 1 couple Gouy-les-Groseillers (la Fosse de Gouy) : 1 individu
Surfontaine (La Malmaison) : 1 couple (2004) (couple possible)
Surfontaine (Vallée aux loups) : 1 couple (2004) Rocquencourt: 1 couple (2004)
Rouvroy-les-merles (La Vallée noire) : 2 couples
Les environs de Sains-Richaumont, notamment
les communes de Le Hérie-la-Vieville, Monceau- Gournay-sur-Aronde (La Remise de Schuy) :
le-Neuf et Faucouzy, Puisieux et Clanlieu, Sons et 1 couple
Roncheres n’ont pas été prospectées alors qu’a la Gournay-surAronde (La Garenne) : 1 couple
fin des années 90, elles accueillaient des couples Gournay-sur Aronde (La Montagne de Neufty) :
simultanément avec ceux notés en 2004 et 2005. 1 couple
Aussi, nous estimons qu’i| est possible d’ajouter un Lataule (Montagne de la Garenne) : 1 couple
minimum de 5 couples.
11/15 couples -15/19 couples A ces couples peut étre ajouté un minimum de 4
couples et 1 couple pour les versants de la Vallée
Champagne : de la Bréche non prospectés.
Amifontaine (La Harpette) : 1 individu (couple 14/16 couples — 16/17 couples
possible) (2004)
Marchais: 1 couple
FI:Iî.Iîé1fî)S|JéCiaI AVOCEtt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE ZOO9 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

Pays de Thelle : Riencourt (le Caux) : 1 couple
|Vleru : 1 individu (couple possible) Soues (Vallee Jeremie) : 1 couple
Lormaison : 1 couple Soues (Les Six) : 1 couple
1/2 coup|es—2/2 couples Tailly-|’arbre à mouches (Fond du Quesnoy) : 1
individu (couple possible)
Valois : Poix-de-Picardie : 1 couple
Verberie (Remise d’Herneuse) : 1 couple Sur ce secteur, les densites importantes
1/1 couple- 1/1 couple complexifient |’ana|yse de la presence/absence
des couples ce qui nous amène à ajouter un effectif
maximal de 10 couples pour le premier ensemble
· Enfin, pour le département de la Somme, la et5 couples pour le second.
fourchette minimaliste est de 36 à 53 couples et
la maximaliste va de 53 à 59 couples. 23/35 couples - 35/37 couples
Sud Amiénois : Ponthieu :
Environs des vallées dela Selle et de /34vre Brucamps : 1 individu (couple possible)
Bacouel-sur-Selle : 1 couple Domart-en-Ponthieu (Vallee du Bois de la Tarte) : 1
Le Bosquel : 1 individu (couple possible) individu (couple possible)
Chirmont (Les Watels chant) : 1 individu (couple Domart-en-Ponthieu (Le lV|ontgrains) : 1 couple
possible) Flesselles (La Queue de Rivery) : 1 couple (2004)
Contre (Vallee Plaidoire) : 1 couple (2004) Franqueville (Le lV|ar|is de Belleville) : 1 individu
Dommartin : 1 couple (2004) (couple possible)
Folleville : 1 individu (couple possible) Franqueville (Vallee dela |V|otte) : 1 individu (couple
Hallivillers (Montagne |Vloinet) : 1 individu (couple possible)
possible) L’Etoile : 1 couple
Loeuilly (Les Côtes du Bois Duriez) : 1 individu Saint-Leger-les-Domarts (L’Ecce Homo): 1 couple
(couple possible) Saint-Ouen (La Vallee |V|ouf|ers) : 1 couple (2004)
Loeuilly (La Vague) : 1 couple Surcamps : 1 couple
|Vlailly-Raineval (Vallee de Rouvrel) : 1 individu Yaucourt-Bussus (Fond du bois |’abbe) : 1 couple
(couple possible) Vaux-en-Amienois (Fremont/le Bosquet) : 1 couple
|V|onsures (Rideau Jeanne Poule) : 1 individu Vignacourt (Le Bois Ducroquet) : 1 couple
(couple possible)
|Vloreuil (Le Champ Antoine) : 1 couple (2004) Même remarque que precedemment mais 1 seul
|Vlorisel (Le Blamont) : 1 individu (couple possible) couple peut être raisonnablement ajoute.
Nampty (Fond du Camp Broquet) : 1 couple (2004) 9/13 couples -13/14 couples
Quiry-le-Sec (Le Camp gargant) : 1 couple (2004)
Remiencourt: 1 couple Nord-EstAmiénois :
Remiencourt (La Haute Raie) : 1 couple Beaumont-Hamel : 1 couple (2004)
Rogy (Le Plein Soleil) : 1 individu (couple possible) Daours (Le Wagny) : 1 couple (2004)
Rouvrel (Le Bois des sapins) : 1 couple
Ce secteur a ete peu prospecte aussi un minimum
Sud-Ouest amiénois de 3 couples a pu passer inaperçu.
Cavillon (Vallee d’©issy) : 1 couple 2/2 couples - 2/5 couples
Conde-Folie (Les Blancs Camps ?) : 1 individu
(couple possible) Santerre :
Hangest-sur-Somme (le petit ? bois d’Airaines) : Fouilloy (Memorial australien) : 1 couple
1 couple Gentelles : 1 individu (couple possible) (2004)
Hangest-sur-Somme (les Emolons) : 1 couple Le Plessier-Rozainvillers (Les Croisettes) : 1 couple
Le |V|esge (les Croupes) : 2 couples
Longpre-Les-Corps-Saints : 1 couple Les territoires connus ont tous ete prospectes.
Nletigny (Le Valignot) : 1 couple 2/3 couples - 3/3 couples
Oissy (La carriere) : 1 couple
Quesnoy-sur-Airaines : 1 couple (2004)
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• L Oedicneme criard Burhmus œdicnemus dans le Sud
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Amienois et le nord de I Oise de 1994 a 2005
Par Bernard C©uvREuR
Résumé Introduction
De 1994 à 2005 sur 51 communes réparties Habitant dans un secteur de plaine près de
sur le Sud Amiénois et le Nord de |’©ise entre Breteuil (60), depuis 1991, j’avais la chance,
Amiens(80) et Breteuil (60), de nombreuses certaines années, d’être réveillé tôt le matin par
séances ont été consacrées à la recherche des les cris des Gîdicnèmes Burhinus œdicnemus.
couples d’œdicneme criard sur une surface de 45 Depuis 1995, j’avais noté a |’occasion de sorties
200 ha. Elles ont abouti à déterminer un total de 45 ornithologiques la présence de ces oiseaux dans
sites favorables où une quinzaine de couples ont quelques communes proches de chez moi. lV|ais
été nicheurs certains ou probables au cours de 12 c’est en 1998 que j’ai décidé de rechercher cette
années. Leur fréquentation a été relevée plus ou espèce dans le Sud amiénois. La présente note
moins systématiquement année après année. Leur rassemble les principaux résultats que j’ai obtenus,
occupation a varié de 22 % à 42 %. Les éléments complétés de quelques observations faites par des
du paysage qui sont source de dérangement ou ornithologues du réseau «avifaune» de Picardie
forment des écrans représentent 27 % dela surface Nature et G. DEFRANSCHI qui a travaillé sur cette
de la zone et les sites favorables en comprennent espèce en 2005.
peu. Par ailleurs, ces derniers sont surtout situés La recherche des Gîdicnèmes n’estpas chose facile
en haut de versant des vallées et sur des secteurs tant ces oiseaux, qui dans notre région occupent
écorchés où la craie affleure. Au final, la zone essentiellement les espaces agricoles, ont besoin
d’étude est occupée par 12 650 hectares d’espaces de changer chaque année |’emp|acement de leur
défavorables à |’espèce. nid en fonction du type de culture présente. lV|a
disponibilité ne m’ayant pas permis de faire des
Mots c/és:Oedicnème criard, couple, SudAmiénois, recherches assidues chaque année, j’ai plutôt
Nord de /’Oise 1994/2005 orienté ce travail de bilan sur la recherche des
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CarteIGN et BRGM 1/25000 réduite au 1/100000 Q l la vr rl I l
Carte 1 .· Repartition geographique des sites favorables
page ZO
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

potentialités du territoire prospecté plutôt que sur représente |’emp|acement moyen d’un nid avec
le nombre de couples annuellement présents. Ainsi ses variations de localisation interannuelles,
j’ai également été amené a rechercher les facteurs entouré d’un cercle d’un rayon égal a 1 kilometre,
influençant la présence ou non des Clîdicnemes soit la distance approximative de portée des chants
en essayant de quantifier et de cartographier les et cris de |’oiseau (800 metres selon GEROUDET
obstacles et contraintes qu’i|s rencontrent dans (1992), au moins 1 000 metres selon observations
l’installation de leur nid et |’é|evage de leurs personnelles).
couvées.
Ces sites favorables concernent 29 communes,
soit un peu plus de la moitié de |’ensemb|e des
1) Secteur étudié, délimitation géographique communes prospectées (51) ce qui peut donner
(carte 1) une idée de la densité relative de la population
dans ce secteur. Cependant il faut garder a l’esprit
Le secteur étudié est compris globalement entre que des couples ont pu échapper a la prospection,
la vallée de la Selle a |’ouest, la vallée de |’Avre mais leur nombre doit cependant étre assez réduit
a |’est et au sud la D 930 Breteuil-|V|ontdidier compte tenu de |’effort de prospection et des
et son équivalent vers |’ouest, la D 65 Breteuil- conditions nécessaires a |’occupation d’un secteur
Lavaquerie. Au nord par contre, le secteur suivi se favorable.
limite a une ligne imaginaire située a une dizaine
de km au sud de |’agg|omération amiénoise. Ce
sont les prospections réalisées au nord de cette 3) Etude de la répartition de ces sites favorables
ligne qui ont orienté ce choix puisqu’e||es n’ont (carte 1)
apporté aucun indice de présence de |’espece.
Ceci s’exp|ique probablement par la densification Un premier noyau de sites favorables (numérotés
des voies de communication qui induisent une de 1 a 18) est situé tout au long de la vallée de la
circulation automobile assez importante et Se||e,des environs de Nampty au nordaB|ancfossé
continue de jour comme de nuit, par |’étendue au sud.La, 18sites peuvent étre regroupés, ils sont
plus importante des villages, par la présence de assez proches les uns des autres (distance variant
plus grands secteurs boisés que plus au sud et entre 1 et4 kilometres) et semblent, dans le meilleur
enfin par l’influence de |’éc|airage urbain qui, selon des cas, pouvoir étre suffisamment en contact pour
certains auteurs, génerait |’oiseau. Ces facteurs permettre la formation des couples et le maintien
cumulés de réduction de |’espace favorable et de des liens sociaux. La présence de la vallée ne m’a
dérangement poussent les Clîdicnemes a s’insta||er pas semblé constituer une rupture dans la continuité
dans des étendues dégagées et tranquilles plutôt de cette population. Par contre, le plateau situé
éloignées de |’inf|uence des activités humaines. Ce vers |’est (Saint-Sauflieu/Essertaux/Bonneui|-|es-
sont ainsi, en quelques années, 39 communes du Eaux), occupé notamment par |’autoroute A16 et
Sud-amiénois et 12 communes contiguës du nord la N1 constitue peut-étre une barriere entre cette
de |’©ise qui ont petit a petit pu étre prospectées population et celles situées plus a |’est. Toutes
en période favorable (avril/mai/juin/juillet) et qui les observations réalisées sur ce secteur n’ont
représentent une surface d’environ 452 km2 ou 45 jamais permis de mettre en évidence la présence
200 ha. de |’espece sur ce plateau ou les sols sont tres
limoneux contrairement aux bords de vallées au
calcaire affleurant et aux cailloux apparents. Les
2) Résultats globaux biotopes ne semblant pas favorables, mais |’oiseau
ayant des mœurs plutôt nocturnes, il n’est pas
Au total, 45 sites favorables a |’espece ont été possible de conclure catégoriquement.
localisés et cartographiés : 10 dans |’©ise et
35 dans la Somme. Ces « sites favorables » sont Un second noyau de sites favorables (numérotés
des espaces ou un couple a été observé qu’i| soit de 22 a 31 et de 40 a 45) est localisé au nord/nord-
nicheur certain ou probable. est de Breteuil, en partie a cheval sur la vallée de
la Noye. 16 sites peuvent étre regroupés, ils sont
Ils ont été représentés sur carte par un point assez proches les un des autres (distance variant
d’un rayon correspondant a 250 metres et qui entre 1 et3,5 km, le plus souvent1 a 2 kilometres).
Numéro Spétial AVOC&ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardieplîâîuîë

La encore la présence de la vallée ne semble pas de chemin de fer Paris-Amiens, tres fréquentée,
faire obstacle. Ce secteur, que j’ai pu suivre le plus pousse généralement les oiseaux a éloigner leur
souvent a accueilli chaque année de nombreux nid a au moins 1 km sauf pour deux d’entre eux.
couples qui occupaient presque tous les sites Dans un premier cas, a Dommartin, la distance par
favorables. rapport a la ligne est réduite a 600 metres environ.
Un troisieme petit noyau de sites favorables L’étude du secteur montre que |’espece ne peut
(numérotés de 19 a 21). Il est localisé au nord- trouver plus loin les conditions de sols etde visibilité
ouest d’Ai||y-sur-Noye (Jumel, Estrées-sur-Noye, favorables et qu’i| n’a donc pas d’autres choix que
Grattepanche). Seulement 3 sites peuvent étre de s’insta||er ici. Il doit donc s’accomoder de ce
regroupés, ils sont cependant plus éloignés les uns dérangement qui est accentué par la présence de
des autres (environ 2,5 kilometres), les conditions la D90 assez passante et qui longe la ligne a 500 m
d’occupation du sol ne permettant pas vraiment du site de reproduction. Pour le second cas a Quiry-
d’autres possibilités. le-Sec/Rouvroy-les-IVIerles, la distance est encore
plus réduite, en moyenne 100 a 300 metres ; ici par
Un dernier noyau de sites favorables (numérotés contre la voie ferrée est le seul facteur dérangeant
de 32 a 38) est localisé entre Ailly-sur-Noye et du secteur et la position des obstacles potentiels
lV|oreui| ou 7 sites peuvent étre regroupés. Ils sont ne permet pas vraiment |’insta||ation du nid ailleurs
assez proches les uns des autres (distance variant si |’on considere les emplacements favorables
entre 1 et 3 kilometres), le cœur de ce noyau étant voisins déja occupés (a vérifier dans les prochaines
pourtant occupé par un village de 240 habitants années par une prospection plus poussée de ce
situé au sommet d’une butte au carrefour des secteur).
vallées de la Noye, de |’Avre et d’une vallée seche
descendant vers le nord-est pour atteindre |Vloreuil. Enfin, un site favorable (numéroté 39) semble
Dans |’hypothese ou des échanges existent bien plus difficile a rattacher aux autres. Ce site, situé
entre ces sites occupés presque chaque année, il a |’ouest de Sourdon, sur le versant de la vallée
est probable que les oiseaux contournent ce petit est assez distant des autres (5,5 a 7,5 kilometre).
bourg. La encore, les conditions d’insta||ation ne sont
Sur ce secteur, comme plus au sud pour celui pas évidentes dans les alentours, et il n’aurait été
situé au nord de Breteuil, la présence de la ligne occupé qu’une année.
Numéro Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - Rëvue naturaliste de Pitardie Nature

4) Occupation interannuelle des sites favorables
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  Etat de I’0ccupati0n par site favorable et par année durant la période 1994/2005
  Spéc   Voce   evue   ca,d  

L’examen du tableau 1 révèle que, sur la période 7) Influence de la nature du sol.
étudiée, seuls 2 sites favorables ont été notés 4
fois occupés, 8 autres |’ont été 3 fois, 12 autres Apres avoir analysé les obstacles physiques a
|’on été 2 fois et les 23 derniers |’ont été 1 fois. |’insta||ation des couples il convient de réaliser
Les grandes variations dans la prospection de une analyse des substrats les plus favorables a
|’ensemb|e du secteur expliquentprobablementces |’oiseau. Pour cela, |’observation de terrain ainsi
résultats. Retenons donc uniquement les 4 années que |’uti|isation de la carte géologique au 1/25000
qui ont connu une pression d’observation élevée, du BRGM ont permis de visualiser, dans un premier
2004 et 2005 ou |’étude s’est déroulée et 1998 et temps, que la tres grande majorité des sites
2000 ou j’avais tenté un recensement exhaustif favorables sont situés sur les rebords de vallées
sur |’ensemb|e dela zone d’étude. Il en résulte une (sèches ou non), la ou bien souvent |’érosion fait
fourchette d’occupation comprise entre 10 (22%) et apparaître le calcaire en surface, ou la ou une forte
19 (42 %) sites sur les 45 sites favorables. densité de cailloux sur une faible couche de limons
permet a la fois le drainage du sol, mais aussi de
créer les conditions nécessaires d’homochromie
5) Analyse de la cartographie des obstacles ou le mimétisme de |’oiseau jouera pleinement son
physiques rôle de protection pour les adultes, les oeufs, les
poussins et les jeunes.
La présence d’une autoroute, d’une route a fort
trafic, d’une voie ferrée sont des facteurs limitant Une premiere approche consistant a retenir
la surface disponible pour |’œdicneme. Mais bien uniquement les limons de plateaux figurant sur
d’autres facteurs sont aussi rédhibitoires comme la carte du BRGM a permis de cartographier les
la présence des boisements, des fonds de vallées zones aux sols a priori non favorables et qui sont
occupés par des plans d’eau et des peupleraies, et principalement des plateaux cultivés, a tres faible
des zones urbanisées qui interdisent |’insta||ation déclivité, occupés par des limons épais.
des couples. Par ailleurs ces obstacles obligent
aussi les oiseaux a s’en écarter suffisamment, mais Ainsi, sur le secteurétudié, |’ana|yse cartographique
la zone tampon a été, pour ce secteur, impossible indique que 26 % du territoire s’avere fort peu
a évaluer tant les cas de figure sont multiples et favorable aux oiseaux (carte 3). L’ana|yse par site
s’enchevétrent (taille des agglomérations et trafic favorable fait apparaître une tolérance variant de
induit, taille des boisements : hauteur, largeur, 0 % (5 sites) a 55 %. 31 sites montrent moins de
densité). L’emprise de surface de ces obstacles 20 % de présence de limons.
a été estimée a 6 733 ha soit 27 % du territoire
d’étude (carte 2). Enfin, pour terminer cette analyse cartographique,
il serait possible de réduire encore |’espace
disponible en excluant les secteurs qui ne
6) Essai de détermination des contraintes représentent plus que de tres petites entités ne
acceptables pourles sites favorables. laissant pas |’espace minimal a |’insta||ation des
couples. Ce travail pouvant s’avérer tres arbitraire,
Pour le secteur qui nous concerne, |’ana|yse il a plutôt été choisi de tenter une approche par
cartographique indique ainsi que 27 % du territoire cumul des facteurs négatifs jouant sur |’installation
s’avere completement indisponible pour les de |’espece. Ainsi la zone d’étude est occupée par
oiseaux. environ 12650 ha d’espaces défavorables soit 28%
dela surface (carte 4).
L’ana|yse individuelle de chacun des sites
favorables montre une faible tolérance aux
obstacles précédemment cités, la moyenne étant 8) Influence des cultures
de 11 % d’obstac|e présent dans le site, soit 1 km
autour du nid, avec un minimum de 0 % (2 cas) Les couples s’insta||ent, dans ce secteur,
et un maximum de 39 % (1 seul cas extréme, la exclusivement sur les espaces cultivés. Les
donnée immédiatement inférieure étant de 26 %). cultures de pois, de betteraves et de mai`s sont les
39 sites comportent moins de 20 % d’obstac|e. plus fréquemment utilisées pour installer le nid,
puisqu’en période de couvaison, ces espaces sont
Numéro Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE ZOO9 - Rëvue naturaliste de Pitardie Nature

assez peu perturbes par les activites agricoles et abondance de nourriture, alors qu’au même
tres degages, les cultures etant a peine levees moment les parcelles qui les ont vu naître se voient
et ne mesurant que quelques centimetres. Les arrosees de pesticides ou bien sont completement
oiseaux disposent ainsi d’une excellente visibilite envahies parla croissance des vegetaux. Enfin, les
sur leur territoire. Autre element notable, les nids rotations annuelles obligent egalement les oiseaux
sont en general proches de couverts comme a changer |’emp|acement des nids, cependant, a
des jacheres ou de rares friches. Ces espaces |’eche||e des noyaux de sites, les mêmes secteurs
apportent protection aux jeunes juste apres leur semblent occupes d’annee en annee.
naissance et leur fournissent egalement une
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page Z5
Numéro spécial Avocette 2009 — 33 (2) — DECEMBRE 2009 — Revue naturaliste de Picardie Nature

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Carte   .· Répartition géographique des sites favorables en fonction des obstacles potentiels
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  spécial AVOCEIIE 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 — REVUE I'IâîUIE1|iSîE dE PiCE1fdiE NâîUIE

9) Conclusion Belleuse : aucun secteur favorable
Bosquel : 4 secteurs favorables
L’étude réalisée sur ce secteur permet de montrer Chaussoy-Epagny : aucun secteur favorable
|’inf|uence des activités humaines sur |’uti|isation Chirmont : 1 secteurfavorable
de |’espace par les Clîdicnemes. La qualité et la Contre: 1 secteurfavorable
diversité des paysages de ce secteur du Sud- Contyzaucun secteurfavorable
Amiénois semble pouvoir accueillir en moyenne Cottenchy : aucun secteurfavorable
une quinzaine de couples chaque année. Coullemelle : aucun secteurfavorable
|V|a|heureusement |’ensemb|e du territoire de la Dommartin : 2 secteurs favorables
Picardie ne peut en faire autant et il n’est donc pas Esclainvillers : aucun secteur favorable
possible de généraliser ces résultats a |’ensemb|e Essertaux : aucun secteur favorable
de la région. Il est par contre possible d’esquisser Estrées-sur-Noye : 1 secteurfavorable
quelques éléments a prendre en compte, Flers-sur-Noye : 1 secteurfavorable
notamment par le monde agricole et pour la gestion Fleury : 1 secteur favorable
des infrastructures de communication, afin de Folleville : 1 secteurfavorable
permettre a ce magnifique oiseau de continuer a Fransures : aucun secteurfavorable
se reproduire dans notre région. Grattepanche : 1 secteur favorable
Guyencourt-sur-Noye : aucun secteur favorable
En premier lieu, il est nécessaire de garder Hallivilliers : 5 secteurs favorables
un maillage suffisant de friches et jacheres Hailles : aucun secteurfavorable
indispensable a |’é|evage des jeunes ; bien que Jumel : 1 secteurfavorable
cette donnée n’ait pu être quantifiée ici, elle Lawarde-|V|auger-|’Hortoy : 1 secteurfavorable
apparaît intuitivement comme plutôt déterminante Loeuilly : 2 secteurs favorables
pour |’insta||ation des couples. En second lieu, Louvrechy : aucun secteurfavorable
les nouvelles infrastructures qui ont un impact lV|ai||y-Rainneval : 1 secteurfavorable
significatif sur |’occupation de |’espace (autoroutes, |V|ervi||e-aux-Bois : aucun secteur favorable
parcs eoliens, extensions urbaines...) doivent |V|onsures : 1 secteurfavorable
prendre en compte la présence de |’espece pour |V|orise| : : 1 secteurfavorable
permettre de sauvegarder les espaces qu’e||e Nampty : 1 secteurfavorable
utilise. Espérons que les politiques publiques Neuville-les-Lœuillyz 1 secteurfavorable
mises en œuvre dans ces deux domaines pourront Oresmeaux : aucun secteur favorable
prendre en compte cette espece. Quiry-le-Sec : 3 secteurs favorables
Remiencourt : 1 secteurfavorable
Liste des communes prospectées avec le nombre Rogy : 1 secteurfavorable
minimum de sites favorables observés durant la Rouvrel :3 secteurs favorables
période d’étude : Saint-Sauflieu : aucun secteur favorable
Sourdon : aucun secteur favorable
. Pour |’Oise Tilloy-les-Conty : aucun secteur favorable
Blancfossé : 1 secteurfavorable
Bonneuil-les-Eaux: 1 secteurfavorable 10) Bibliographie
Breteuil : aucun secteur favorable
Croissy-sur-Celle : 2 secteurs favorables . GEROUDET, P. (1982) Limicoles, gangas et
Esquennoy : aucun secteurfavorable pigeons d’Europe. Delachaux & Niestlé, Paris.
Fléchy : aucun secteur favorable 607p.
Gouy-les-Groseillers : 3 secteurs favorables
Pai||art: 1 secteurfavorable 11) Remerciements
Rocquencourt : 1 secteurfavorable
Rouvroy-les-|V|er|es : 1 secteur favorable Nous tenons a remercier Frédéric BLIN, Françoise
Sérévillers : aucun secteurfavorable DELCOURT, Sébastien IVIAILLIER et Jean |V|arie
Tartigny : aucun secteur favorable THIERY pour la relecture de la note.
. Pour la Somme
Ailly-sur-Noye : aucun secteur favorable
pê1g€Z7
Numéro Spécial Avûcette 2009 - 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

• Statut de l’Oedicnème criard Burhinus œdicnemus en
Picardie : synthèse et analyse des données disponibles
(1758 à 2005)
Par Laurent GAv©Rv
Résumé nationale et était donc considérée comme une
région de faible importance pour la conservation
L’évo|ution du statut de |’Oedicneme criard en de cette espèce à |’éche||e de notre pays.
Picardie de la fin du XXème siècle au début
du XXI ème siècle a été dressé sur la base de La situation de |’Oedicneme criard a fait |’objet
|’examen des principales publications disponibles. de deux analyses diachroniques régionales :
Durant plus de 2 siècles, les données sont restées MOUTON (1986) et FLOHART (1996) dont seule
fragmentaires et n’ont pas concerné la totalité de la dernière concernait les trois départements de la
la région. L’espèce semblait toutefois commune. région. La première traitait du Nord - Pas-de-Calais
Pour la période récente, sa situation est mieux etde la Somme. La seconde s’est appuyée sur une
documentée mais doit être tout de même examinée consultation partielle des références disponibles et
avec prudence. Il s’avère que les effectifs auraient visait surtout à valoriser les observations réalisées
amorcé une régression dès les années 1960 qui de 1983 à 1987.
s’est poursuiviejusque dans les années 1980 avant
de repartir à la hausse plus récemment. Au début La présente note a cherché à compléter ces deux
du XXI ème siècle, la population serait comprise travaux et à les actualiser pour in fine discuter de
entre 100 à 115 couples et pourrait tendre vers |’évo|ution des effectifs et de la répartition de cette
150 couples. Des dortoirs postnuptiaux ont été espèce et ainsi faire le point sur certains aspects
notés récemment et auraient cumulé jusqu’à 230 de la présence de |’espèce dans la région.
individus en 2005.
Mots clés : Oedicnème criard, couple, effectifs, 1) Méthodologie
migrateurs, dortoirs postnuptiaux, Picardie
Afin de retracer |’historique de la présence de
Introduction |’espèce dans la région, nous avons consulté
les principales références bibliographiques
De catégorie faunique tourano-méditerranéenne, disponibles en nous appuyant sur SUEUR(1980),
|’Oedicnème criard présente une large distribution SUEUR (1988), MULLER (1992), MULLER (1994).
mondiale qui s’étend surtrois continents : |’Europe, Nous avons parallèlement accédé aux données
I’Asie et I’Afrique. Il comprend 6 sous-espèces accumulées de 1995 à 2003 présentes dans la
dont la nominale Oedicnemus occupe la majeure base gérée par Picardie Nature et avons sollicité
partie du Paléarctique occidental et donc la les observateurs de terrain afin qu’iIs transmettent
Picardie (DEL HOYO, 1996). Elle se répartit sur la leurs éventuelles observations inédites.
partie continentale de |’Europe, de la frontière de
la Pologne à la Mer Caspienne, à |’exception de Les régions naturelles citées sont celles proposées
la péninsule grecque ou elle est remplacée par la par BOULLET in litt. dans le cadre de I’Inventaire
sous-espèce saharae. Elle est aussi présente sur des Zone Naturelles d’|ntérêt Ecologique
le sud-est de la Grande-Bretagne mais est absente Faunistique et Floristique.
dela Péninsule scandinave. La population nicheuse
de |’ouest de |’Europe (du nord de |’Adriatique au
Danemark) est estimée entre 110 000 et 170 000 2) Résultats
couples (BIRDLIFE, 2004). En France, la dernière
estimation date du début des années 1990, Malgré les efforts que nous avons pu consentir,
comprise entre 5 et 9 000 couples répartis dans nous avons peut-être omis certaines références.
la moitié sud (MALVAUD, 1999). A cette époque, Toutefois, nous estimons que la grande majorité et
la Picardie n’hébergeait que 1 % de la population les plus importantes ont été consultées.
iilîlîéîî Spétïiai AVOCette 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

|’oiseau au cours de 48 années de 1857 a 1905.
Effectif/répartition des couples nicheurs VAN KEIVIPEN (1913) mentionne unjeune en duvet
a Bray en 1908. Enfin, fait surprenant, |’espece
Ils sont présentés par périodes que nous avons n’est pas signalée partrois auteurs quiont pourtant
déterminées en fonction de |’abondance des observé dans des secteurs favorables (versant de
données et des références. La premiere qui la vallée de la Somme) (DUCHAUSSOY (1913),
s’étend sur deux siecles et demi est la moins riche, CONGREVE (1918) et COCU (1932)).
contrairement a la seconde, plus courte (trente
années) et plus récente. Pour la période allant de 1971 à 2005
Période 1758 à 1970 Pour cette période, nous disposons de cinq
études menées a |’éche||e régionale : trois atlas
La premiere mention de |’espece dans notre région et deux enquêtes dédiées a cette espece. A cela
nous vient de BUFFON (1758) qui rapporte la s’ajoutentdes recensements et études réalisés sur
présence d’individus de septembre a novembre des portions de territoires infra-départementales
au milieu des champs de Picardie et sa nidification qui peuvent notamment aider a déterminer des
dans les dunes. tendances d’évo|ution d’effectifs qui pourraient
étre difficiles a jauger a |’éche||e de la région.
Dans |’Aisne, les premieres mentions datent des Enfin, pour la derniere décennie (1995 a 2005),
années 1930. TROUCHE (1936) le considere |’augmentation du nombre d’observateurs, la mise
comme « un nicheur assez commun dans le en place d’une base de données et la conduite d’un
Tardenois » ou il |’a observé du 8 avril au 30 recensement en 2004/2005 a permis de proposer
septembre. En 1939, dans le Camp militaire de une évaluation des effectifs pour ce début du
Sissonne, CARPENTIER & EBLE (1939) ne |’ont XIXème siecle ainsi qu’une photographie de leur
jamais vu mais |’ont entendu fréquemment le soir. répartition dont la précision n’avaitjamais été aussi
P|ustard,en1965, deux couples étaient cantonnés importante. Toutefois, des portions de régions
sur les buttes crayeuses situées sur la commune présentant des caractéristiques favorables n’ont
de |V|archais (KERAUTRET, 1969). Cinq années pas été prospectées.
plus tard, SCHIPPER (1971) les retrouve. Dans
le Vermandois, BOUTINOT (1981) le note en Al’échelle dela région
régression dans les années 1960 sans proposer
d’éva|uation des effectifs. Les deux atlas nationaux publiés a pres de 20 ans
d’interva||e permettent le constat suivant. Pour
Pour |’Oise, les informations sont trés limitées. la période de 1970 a 1975, YEATIVIAN (1976)
RASPAIL (1905) précise qu’au début du XXème indique la nidification en Picardie de |’espece sur
siecle « L’œdicneme nichait, il y a encore quelques 20 rectangles de 20 x 27 km (10 ou il est nicheur
années dans une petite plaine aride, pierreuse, certain, 9 probable et 1 possible). Ils ne seront que
entourée de carrieres, située sur les confins du 8pour|a période 1985a 1989 (5 certain, 1 probable
territoire de Gouvieux et de La |V|or|aye, au point et 2 possible) (YEATIVIAN-BERTHELOT & JARRY,
ou se termine la forêt de Chantilly » (dans la plaine 1994). Pour la période 1983-1987, |’at|as régional
dite « des usages »). signale également |’espece sur 8 rectangles de
méme taille (6 certain et 2 possible) (FLOHART
Dans la Somme, IVIARCOTTE (1860) le note sur (1996)). Ce dernier, dans la monographie qu’i|
les dunes et zones de galets du sud de la Baie consacre a cette espece reprend MOUTON
de Somme. DE NORGUET (1866) le considere (1986) et BOUTINOT (1981) mais estime que la
comme assez rare et le connaît comme nicheur population régionale devait étre supérieure a 150
dans les dunes ou les garennes de Saint-Quentin- couples pour le milieu des années 1980. Ces trois
en-Tourmont (80). Puis, AUBUSSON (1911) enquétes mettent en évidence |’existence de trois
signale sa nidification dans les dunes de Saint- ensembles de coup|es:Amiénois (30/40 kilometres
Quentin-en-Tourmont au Hourdel et en marge du autour d’Amiens) et Plateau-Picard, Vermandois et
|V|arais du Crotoy. COCU (1929) note le 29 mars Laonnois.
de nombreux individus de |V|er|imont (62) a Cayeux
(80). DUCHAUSSOY (1913) indique la capture de Plus récemment, IVIALVAUD (1996), dans le cadre
Numéro Spétial AVOC&ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE ZOO9 - REVUE naturaliste de Picardiepiîiîîuîî

d’une enquête nationale fait le point sur le statut propose une fourchette de 30 a 50 couples pour
régional de |’espece de 1980 a 1993. Il constate ce département sans préciser les modalités de son
une répartition en 3 noyaux dont un, le principal, évaluation mais en s’appuyant sur le recensement
rassemble au moins 50 couples dans les environs qu’i| a effectué sur le Marlois, Nord Laonnois et
d’Amiens, les deux autres plus modestes se Basse Thiérache. En 2001, il y note un minimum
trouvant dans le nord de |’Oise et dans la partie est de 16 couples au sud de Sains-Richaumont, entre
du département de |’Aisne. Il estimait la population la Vallée de |’Oise et la Vallée de la Serre et estime
régionale entre 50 et 100 couples et la considérait alors la population de ce secteur entre 15 et 30
en déclin et marginale par rapport a la population couples pour la période 1990 a 1999. Egalement,
nationale. GAVORY (coord.) (1995), pour la a un échelon infra départemental, en Vallée de la
période 1990/1994 reprend la situation brossée Souche, BIGNON & GAVORY (1988) constatent
par MALVAUD (1996) mais |’affine a la lumiere des une stabilité depuis 1965, dela petite population (2
données recueillies entre-temps, précisant que couples) installée sur trois buttes crayeuses et les
I’Amiénois et la Champagne rassemblent entre 60 cultures voisines.
et 80 couples et que le Plateau Picard dans |’Oise
accuei||e2a5coup|es. Dans |’Oise, pour le début des années 1970,
THOMAS (1976) mentionne |’œdicneme
La base des données de Picardie Nature comprend comme nicheur probable sur la carte de |’|nstitut
195 citations de 1995 a 2003 (date, lieu, effectif, Géographique National au 1/50 000 de Clermont
observateur) qui correspondent a un minimum de (60). Pour la période 1980 a 1995, LE MARECHAL
89 localités différentes (territoire : couple/lieu) pour & LESAFRRE (2000), dans une synthese qui
un effectif d’au moins 100 couples si les couples concerne la moitié sud de |’Oise et |’extréme sud-
nicheurs possibles a certains étaient cumulés. Ces ouest de |’Aisne signalent |’espece sur les cartes
citations ne sont pas le fruitd’une recherche dédiée au 1/50 000 de Clermont et Creil sans aucune
sur |’ensemb|e de la région mais de séances autre précision Plus récemment, FRANCOIS
réalisées dans la majorité des cas au hasard.Aussi, (1997) précise qu’avant 1995, |’espece était
ce chiffre ne peut constituer une estimation de la considérée comme un nicheur exceptionnel dans
population régionale pour cette période. Pour les ce département avec une seule localité accueillant
années 2004/2005, 227 citations ont été ajoutées. 1 a 2 couples. Il rapporte la découverte d’un
nouveau noyau de couples : 4 chanteurs et un
Enfin, GAVORY & COUVREUR (2009) estiment, individu dans les environs de Crevecoeur-le-Grand
grâce a des moyens jamais mobilisés pour et Breteuil auquel s’ajoutent 2 cantons, estimant
rechercher cette espece que la population régionale que cette population du Plateau picard avoisine la
est comprise entre 115 et 125 couples et qu’e||e dizaine de couples. Puis DE LESTANVILLE (1998)
pourrait avoisiner les 150. Ils constatent qu’e||e se signale 1 a 2 couples dans la méme zone sur la
répartit en 5 noyaux distants au sein desquels les commune de Blicourt.
couples sont proches les uns des autres (de moins
de 2/3 km) : Champagne, Marlois-Nord Laonnois/ Pour le département de la Somme, a la fin des
Vermandois, Sud Sud Amiénois/Nord Plateau années 1970 etau débutdes années 1980, SUEUR
picard, Vimeu Est/Ouest Sud Amiénois/Ponthieu (1983) estime la population départementale a
Est et Plateau Picard Est. quelques dizaines de couples. Trois années plus
tard, MOUTON (1986) réalise une synthese plus
A|’éche||e des départements fouillée des données disponibles pour la période
1950-1984. Il constate la disparition de |’espece du
Dans I’Aisne, THOMAS (1976) signale |’espece massifdunaireen1977apresavoirnoté1a2coup|es
sur la carte de |’|nstitut Géographique National de 1973 a 1976 et il mentionne sa présence dans
au 1/50 000 de Chateau-Thierry (02). Pour la fin le Ponthieu, dans I’Amiénois et dans le Santerre
des années 70 / début des années 80, DUPUICH estimant la population de la Somme a 50 couples
(1983) estime la population axonaise a moins de au début des années 1980 en s’appuyant sur les
10 couples mais pour les années 1983 et 1984, différentes syntheses d’observations parues.
RIGAUX (1985) considere qu’e||e en comprend un
minimum de 10. Plus tard pour la fin des années Sur un certain nombre d’espaces de ce
1990, tout début des années 2000, LITOUX (2002) département, plus particulierement étudiés, les
Rlîlîéîg Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

situations suivantés ont été décrités : récord régional jusqu’a récémmént.
. Sur Iés vérsants dé la Valléé dé la Sommé éntré En 2004, un important dortoir ést découvért dans la
Corbié étBray-sur-Sommé,|’éspécé éstconsidéréé région d’Airainés, cumulant jusqu’a 148 individus
commé un nichéur asséz raré par NEVEU & én 2005. Un sécond ést én 2005 dans Iés énvirons
SUEUR (1978) qui signalént 1 a 2 couplés sur la d’Origny-Sainté-Bénoité pour un éfféctif maximal
communé du Hamél én 1977. Ils y ont niché asséz dé 74 oiséaux. En 2005, Iés déux cumulént 222
réguliérémént jusqu’én 2003 (NEVEU G., com. individus auxquéls péuvént étré ajoutés 8 notés
pérs.). Ils notént |’éspécé du 4 avril au 30 octobré dans Iés énvirons dé Gournay-sur-Arondé dans
ét constatént la préséncé dé groupés d’uné dizainé |’Oisé, soit un total d’énviron 230 individus répartis
d’individus a |’automné. sur trois sités.
. En borduré dé la Valléé dés Evoissons, Dates d’arrivéé et de départ
ROBERT (1978) indiqué qué |’éspécé né niché
plus a Faméchon dépuis 1974 mais qué dés Lé caléndriér dé la préséncé dé |’œdicnémé criard
couplés y sont obsérvés réguliérémént, notammént dans la région n’a pas fait |’objét d’un suivi constant
3 couplés du 3 au 25 mai 1978. Ailléurs, éllé sé ét dé réchérchés activés d’individus dé façon
maintiént sur Iés térrains éxposés au sud ou craié a obténir dés datés éxtrémés ét éncoré moins
ét siléx affléurént. Lé mémé autéur confirmé sa dés moyénnés significativés. Lé suivi récént dés
disparition, 10 ans plus tard, (ROBERT, 1986) mais stationnéménts postnuptiaux a cépéndant pérmis
én signaléra a nouvéau én 1999 (ROBERT, com. dé miéux cérnér |’évo|ution dés éfféctifs durant
pérs.). |’automné.
. Sur Iés vérsants dés Valléés dé |’Avré Lés datés éxtrémés rélévéés sont Iés suivantés :
ét dé la Noyé (trianglé Cagny, Dommartin ét Picardié : 18 mars 1998/22 novémbré 2005
Haillés), |’éspécé ést notéé sur Iés culturés éntré Aisné : 1 avril 2002/22 novémbré 2005
Fouéncamps ét Dommartin avéc 1 a 2 chantéurs Oisé : 18 mars 2005/6 octobré 1996
dépuis 1986 (NEVEU & ROYER, 1995) étjusqu’én Sommé : 1 avril 1998/8 novémbré 1995
2004 (COUVREUR B., obs. pérs.).
Nous né proposérons pas dé daté moyénné
. Sur lé littoral, dé 1983 a 1987, |’éspécé a été d’arrivéé dans lé séns ou fairé la moyénné dés
réchérchéé sans succés dans lé massif dunairé du prémiérés datés rapportéés chaqué annéé né sérait
IV|arquéntérré (ETIENNE & al., 1987) ét aucun cas pas significatif. En éffét, Iés Iiéux dé stationnémént
dé nidification n’a été constaté plus récémmént, dé |’éspécé né sont pas visités suffisammént
séulés quélqués obsérvations dé migratéurs sont réguliérémént pour qué Iés obsérvatéurs répérént
rapportéés (SUEUR &A|., 1999). Iés prémiérs oiséaux dés Iéur arrivéé. Par contré,
pour Iés départs, |’évo|ution dés éfféctifs énrégistrés
. Sur lé Sud Amiénois ét Nord du Platéau Picard dé sur lé dortoir dé la région d’Origny-Sainté-Bénoité
1994 a 2005, COUVREUR (2008) noté dé 3 a 19 én 2005 révélé quélés départs s’opéréntaprés lé 10
couplés sur uné zoné dé plus dé 45 000 ha sur la novémbré. Il ést probablé qu’i|s soiént conditionnés
basé d’uné réchérché qui n’a pas été conduité dé par Iés prémiérés géléés. Ils pourraiént donc
façon systématiqué chaqué annéé. s’opérér plus tôt ou plus tard sélon Iés annéés.
Stationnéménts postnuptiaux : dortoirs Migratéurs
Nous avons répris précédémmént Iés principaux La préséncé dé migratéurs péut étré actuéllémént
éléménts dé connaissancé régionalé a Iéur sujét attéstéé uniquémént sur Iés sités ou |’éspécé
(GAVORY & COUVREUR, 2009). La prémiéré né niché pas, dans la mésuré ou Iés zonés dé
donnéé dé stationnémént ést dé SUEUR ét NEVEU nidification né font pas |’objét dé suivi réguliér pour
(1978) qui indiquént dés rassémbléménts d’uné suivré |’évo|ution dé Iéuréfféctif.
dizainé d’individus. Ensuité, quélqués obsérvations
ponctuéllés : 14 fin séptémbré 1980 ét mémé 28 Lés méntions proviénnéntsurtoutdés sités littoraux
lé 26 octobré 1990 qui a Iongtémps constitué lé faisant |’objét dé dénombréménts réguliérs dés
Numéro Spétial AVOC&ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardieplîgîuï

oiseaux. SUEUR et TRIPLET (1999) proposent peu attirê |’attention a une êpoque ou les espêces
13 mentions de 1975 a 1998, une en avril puis plus rares êtaient plutôt recherchêes. Toutefois,
les autres de la premiêre decade de juillet a la aprês la seconde guerre mondia|e,dans|es annêes
premiere d’octobre, en sachant que 3 proviennent 60, elle amorce une rêgression qui est constatêe
de 1995. Plus rêcemment, en 2000, 1 individu (le dans le Vermandois.
même '?) est notê a 3 reprises sur deux sites en Pour la pêriode 1971/2005, les informations
juillet et en août : bas-champs de Cayeux et Parc deviennent plus prêcises et permettent une
ornithologique du |V|arquenterre. approche certainement plus rêaliste. Sur ces trente
annêes, le dêclin constatê dans les annêes 1960
Les observations imputables de façon certaine s’est poursuivi jusque dans les annêes 1980 avec
a des migrateurs ou des oiseaux en dispersion une rêgression de sa rêpartition entre le dêbut
restentdonc sporadiques. Il est vrai queles oiseaux des annêes 1970 et le milieu des annêes 1980. Il
dela seule population susceptible de survoler notre semble qu’ensuite la population se soit globalement
rêgion sont ceux de Grande-Bretagne qui comptait stabilisêe, voire a três lêgêrement rêgressê. Pour la
en 2005, 307 couples (HOLLING et al. 2008). De premiêre moitiê des annêes 1980, elle est estimêe
plus, ces derniers ont le même comportement a 150 couples (FLOHART, 1996). Dix annêes plus
que les oiseaux picards, restant rassemblês dans tard, IVIALVAUD (1996) propose une fourchette de
les environs des sites de reproduction jusqu’en 50 a 100 couples pour le dêbut des annêes 1990,
octobre. A cela il faut ajouter que |’oiseau reste et GAVORY coord. (1995) la prêcise en estimant
difficile a localiser, vu sa discrêtion et sa capacitê qu’e||e est d’un minimum de 62 couples et d’au
a se dissimuler, d’autant plus qu’i| frêquente des maximum 85. Une dêcennie plus tard, GAVORY
milieux qui sont três largement distribuês en & COUVREUR (2009a) proposent une fourchette
Picardie (> 70%de sa surface). de 100 a 115 couples basêe sur les couples
observês, estimant que cet effectif doit bordurer
Discussion - Conclusion les 150 couples, soit le niveau de population
estimêe pour le milieu des annêes 1980 c’est-a-
Retracer |’êvo|ution de la rêpartition et des effectifs dire 20 ans plutôt (FLOHART, 1996). La situation
de la population nicheuse d’©edicneme criard peut apparaître claire : poursuite dela baisse des
de Picardie sur prês de deux siêcles et demi effectifs amorcêe dans les annêes 1960 jusqu’au
est difficile, tant les donnêes manquent ou sont dêbut des annêes 1990 avec une baisse d’au
fragmentaires. Leur exhaustivitê et leur fiabilitê se moins 50 %, puis remontêe quasi d’autantjusqu’en
sont considêrablement amêliorêes au cours des 2004/2005. Nêanmoins, pour avoir coordonnê
trente derniêres annêes, mais seul le bilan rêcent |’enquête du dêbut des annêes 1990, nous savons
peut être considêrê comme satisfaisant, même si qu’e||e s’est appuyêe sur des prospections assez
il subsiste encore certaines lacunes en matiêre de lacunaires, voire insuffisantes pour les sites de
zones prospectêes. |’Aisne et de |’©ise. Il en est d’ai||eurs de même
pour les donnêes qui ont permis l’estimation pour
Pour la pêriode 1758/1970, les informations sont la dêcennie 1980 (FLOHART, op. cit.). Ces lacunes
peu nombreuses et fragmentaires. Il est difficile de ont certainement travesti la rêalitê et nous amênent
cerner avec prêcision la situation de |’espêce, ceci a nous interroger sur la rêalitê des variations
malgrêla progression delapratiquede|’ornitho|ogie d’effectifs constatêes. D’ai||eurs, les populations
des le dêbut du XXême siêcle. D’ai||eurs, c’est de de |’espêce ont visiblement une dynamique
cette pêriode qu’êmane la majoritê des rêfêrences particuliere, avec un temps de gênêration long
disponibles. Durant la fin du XlXême siêcle et (9 ans) (BIRDLIFE, 2004) et une production de
durant la premiêre moitiê du XXême, |’œdicneme jeunesfaible(VAUGHAN&VAUGHAN-JENNINGS,
criard est signalê dans le dêpartement de |’Aisne 2005). Dans ces conditions, nous nous sommes
au niveau du camp militaire de Sissonne et dans le interrogês sur sa capacitê a doubler sa population
Tardenois, dans un site de |’©ise et uniquement sur en une dêcennie. Nous avons rêalisê une simulation
le littoral, sur une localitê de la vallêe dela Somme tres thêorique en partant de 75 couples avec les
dans la Somme. Plusieurs auteurs indiquent paramêtres tirês de VAUGHAN & VAUGHAN-
que |’espêce est assez commune ce qui pourrait JENNINGS (2005) pour des populations êtudiêes
expliquer, entre autres, |’absence de donnêes plus dans les mêmes conditions (Europe moyenne,
prêcises. Elle serait largement rêpandue et aurait zone de culture intensive) : production de 0,7jeune
pëgE3Z
NLIméI0 Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

par couple, une mortalitêjuvênile de 40 % et adulte annêes 1990 une régression des effectifs, plus
de 20 %, une première reproduction a un an pour particulierement dans les rêgions du Bassin
20 % des oiseaux et le reste |’annêe suivante. Elle Parisien dont la Picardie. Il en rend responsable
nous donne une progression d’environ 10 % de la les mutations rêcentes (des annêes 1950) de
population sur une dêcennie. |’agricu|ture. Il considere que jusqu’a la seconde
guerre mondiale, le paysage agricole lui êtait plutôt
D’autres facteurs ont pu naturellement intervenir favorable (surfaces en jachêres et en friche plus
sur |’êvo|ution des effectifs rêgionaux entre le êtendues, parcelles detaille plus rêduite entraînant
milieu des annêes 1990 et celui des annêes une diversitê des cultures), remarquant que
2000. Nous pouvons êvoquer la venue d’oiseaux |’espêce est plus abondante dans les annêes 1990
provenant d’autres populations que la baisse de la dans les rares zones ou subsiste un environnement
population espagnole ou celle d’autres rêgions de agricole prêsentant ces caractêristiques. Ensuite,
France rend plausible. D’autant que le nombre de |’intensification des pratiques (extension des
couples supplêmentaires nêcessaires pour doubler cultures, dêveloppement du machinisme, utilisation
la population picarde, environ 75, est modeste de pesticides...) luiaêtê nêfaste en supprimant des
comparê a |’importance de ces populations. Une zones de nidification,enrêduisantdesdisponibilitês
amêlioration des conditions locales aurait pu alimentaires, en dêtruisant des couvêes et
aussi contribuer a favoriser la reproduction. Elle poussins... Pour la dêcennie qui a suivi, il faut y
s’est certainement produite puisqu’en 1992 ont ajouter |’êvo|ution des surfaces enjachêres : quasi
êtê mises en place les jacheres, visiblement sur nulles jusqu’en 1993 ou elles occupent plus de
les sols les moins productifs donc sur ceux que 120 000 ha pour descendre a 40 000 ha environ
frêquente prêfêrentiellement |’espêce. Elles ont en 1998 et rester autour de 65 000 ha a partir de
três certainement êtê favorables a |’©edicneme 2002. (IFEN, 2005). Il faut donc peut-être voir dans
criard. Comme nous |’avons êvoquê, le biais induit |’augmentation des surfaces dejachêres le sursaut
par le niveau de connaissance est pour nous dela population aprês 1993, date du recensement
indubitable et nous estimons que nous ne pouvons national.
pas estimer une variation de 50 % des effectifs
sur une dêcennie. Dans ces conditions, nous L’êvo|ution du paysage agricole est certainement
considêrons que sur les trente derniêres annêes, importante mais nous supposons que |’impact des
la population a globalement maintenu son niveau, tirs de cetoiseau ne doitpas êtresous-estimê,même
en passant probablement par une phase de baisse si il n’est pas facile a mesurer. Jusqu’a sa protection
dont |’amp|eur estdifficileaêvaluer. rêglementaire, et même encore au moins une
dêcennie aprês, |’espêce a probablement subi des
Ainsi, en Picardie, repartition et effectif de |’espêce tirs. D’ai||eurs elle estsignalêe dans les tableaux de
semblent avoir suivi le même schêma que dans les chasse publiês avant sa protection. La Picardie est
plaines cultivêes du nord de |’Europe occidentale une rêgion ou le nombre de chasseurs a toujours
avec certainement des variations sur les dates êtê important. Sa protection a certainement eu
de ruptures induites par |’histoire de |’êvo|ution un effet bênêfique sur les populations nicheuses.
du paysage agricole. Des le dêbut des annêes Plus rêcemment, comme IVIALVAUD (1996), nous
1970, YEATIVIAN (1971) constate la rêgression pensons que la chasse, telle qu’e||e se pratique en
voire la disparition de |’espêce dans certains pays plaine actuellement, c’est-a-dire avec finalement
europêens et en rend responsable la progression un nombre dejours limitê et peut-être une pression
des cultures et de |’urbanisation des dunes, mais il plus diluêe dans |’espace, est certainement
voit dans son installation dans les cultures une lueur dêrangeante sur les rassemblements postnuptiaux
d’espoir. Ensuite, |’espêce maintient ses effectifs mais de façon ponctuelle. Elle ne semble pas avoir
ou les conforte comme en Grande-Bretagne (DEL contribuê a la disparition, des la fin septembre/
HOYO & al. (1996), HAEGEIVIEIJER EJIVI & al. dêbut octobre, de ceux notês en Picardie.
(1997)).
A propos des dortoirs postnuptiaux
L’êvo|ution de la population rêgionale est liêe
principalement a |’êvo|ution du paysage agricole, Il faut souligner que ce n’est que três rêcemment
en particulier pour les 3 derniêres dêcennies. que des effectifs importants ont êtê notês. Il
IVIALVAUD (1996) constate au dêbut des est probable qu’i|s soient passês inaperçus
PEISE33
Numéro Spétial AVOC€ttE 2009 - 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Pitardiê Nature

précédemment, les secteurs utilisés étant peu ou étre comparés a ceux notés en Europe dont
pas fréquentés par les observateurs a |’époque ou VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005) ont
ils se constituent (septembre). Un effectif total de fait la synthese. Le record pour la période récente
230 individus a été noté en cumulé a |’automne serait de 250 notés en France en Crau, vient
2005. Son importance peut laisser supposer, dans ensuite un effectif de 227 individus dans le |V|aine-
|’hypothese ou ces dortoirs ne rassembleraient et-Loire mais un groupe de 300/400 individus
que des oiseaux locaux, qu’i|s rassembleraient un avait été noté au XVIII eme siecle en France. En
minimum de 80 couples avec leur progéniture. Grande-Bretagne ou la population dépassait les
250 couples au début des années 2000, le dortoir
Cet effectif peut étre comparé a une estimation du le plus important dénombré est de 97 oedicnemes
nombre d’oiseaux apres la saison de reproduction pour la période récente. Il faut souligner que des
sur le territoire régional soit un minimum de 350 dortoirs de |’importance de ceux notés en Picardie
individus. Il est donc probable que d’autres dortoirs avaient été précédemment observés dans des
existent. Vu son effectif, celui d’©rigny-Sainte- secteurs ou les populations sont plus importantes
Benoite doit rassembler les oiseaux du |V|ar|ois, que celles nicheuses de notre région. IVIALVAUD
un autre pourrait se trouver dans le secteur des (op.cit) rapporte un total de 155 pour la région
couples de Champagne (zone du Camp militaire Poitou-Charentes qui concentrait a cette époque
de Sissonne). Dans la Somme, le dortoir de la plus de 30 % dela population nationale.
région d’Airaines, avec son effectif important,
pourrait drainer les effectifs nicheurs de |’Amiénois
et du nord du Plateau picard. Aussi, un dortoir 3) Remerciements
serait a rechercher au nord-est d’Amiens. Enfin, il
ne faut pas oublier que des oiseaux ont été notés Je tiens a remercier Bernard COUVREUR,
stationnant a |’automne de façon isolée. Une partie Frédéric BLIN, Françoise DELCOURT et Sébastien
de |’effectif resté sur place pourrait donc ne pas se IVIAILLIER pour la relecture du manuscrit puis
rassembler en grands groupes mais attendre ainsi Sébastien LEGRIS pourla compilation des données
le grand départ seul ou en petits groupes. et la production des cartes.
Les effectifs maxima des deux dortoirs peuvent
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  Gîdicnème criard Burhinus œdicnemus
Rlîlîéîâ Spétial Avocette 2009 - 33 (2)- DECEMBRE ZOO9 - REVLIG naturaliste de Picardie Nature

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Rlîlîéîg Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

• Eléments sur l’écologie et la biologie de l’œdicnème
criard Burhinus œdicnemus en période de reproduction
en Picardie : présentation et analyse des données 2005 et
synthese des informations regionales disponibles
Par Laurent GAv©Rv
Résumé en regard des moyens d’investigation et du temps
disponible.
Dans le cadre du dénombrement des couples
nicheurs, un relevé d’informations sur certains La présente note présente et analyse les données
aspects de la biologie et de |’éco|ogie de la collectées dans le cadre de |’étude 2005, ainsi
reproduction de |’œdicneme criard a été assuré. que celles disponibles dans la base de données
Les résultats obtenus sont restés modestes et ne de Picardie Nature (1995-2005) et dans la
reflètentque partiellementla situation régionale. Les bibliographie régionale. Après une présentation de
couples s’insta||ent dans leur grande majorité (85,3 la méthodologie, les données et leur analyse sont
%) en zone agricole. Sur 6 nids étudiés, jachères et présentées par grand thème.
Iuzerne sont préférées pour |’insta||ation qui a lieu
a distance des points d’activités humaines soit au 1) Méthodologie des relevés assurés en 2005
minimum 45 mètres pour un chemin, 200 mètres
pour les routes et voies ferrées et 300 mètres pour Durant la période de reproduction, et notamment
les constructions. Les jachères sont globalement durant la phase de nourrissage des poussins,
les plus utilisées comme lieu de stationnement pour les oiseaux sont actifs de jour, mais aussi au
|’a|imentation et le stationnement. Des oiseaux en crépuscule et a |’aube et ils restent inactifs
train de couver ont été notés de la première décade durant une bonne partie de la nuit (VAUGHAN &
de mai a la première d’août et des poussins du 20 VAUGHAN-JENNINGS (2005)). L’observation des
mai au 11 juillet. oiseaux durant la journée doit donc permettre de
recueillir des informations significatives sur |’habitat
Mots clés : œdicnème criard, habitat, reproduction, et le déroulement de la reproduction. Elle devient de
2005 plus en plus difficile au fur et a mesure de |’avancée
de la saison avec la croissance de la végétation qui
Introduction aide les oiseaux a se dissimuler.
Dans la perspective de proposer des mesures de La zone d’insta||ation du nid a été décrite selon les
conservation pertinentes, nous avons cherché a paramètres suivants:
mieux connaître les exigences écologiques de
|’espèce en région, notamment en décrivant son . type d’occupation du sol, en s’appuyant sur la
habitatainsiqu’enprécisantlesdifférentsparamètres typologie suivante : prairie permanente, prairie
de sa reproduction. Pour cela, nous avons réalisé permanente avec haie, prairie permanente pâturée,
une synthèse des informations publiées en région, prairie permanente pâturée avec haie, prairie
auxquelles nous avons ajouté des données temporaire (ray-grass etautres mé|anges),jachère,
collectées au cours de la saison 2005 en suivant Iuzerne, betterave, ma`i`s, pois, céréale d’hiver,
un modeste protocole. En accompagnement du céréale d’été, pelouse calcaire, affleurement
recensement des couples nicheurs, nous avons calcaire, espace de sable.
en effet conduit une étude qui visait a appréhender . caractéristiques du sol (|orsqu’i| était affleurant
|’usage de leur territoire par quelques couples au niveau de |’occupation du sol) au moyen de
suivis pour |’occasion, et plus particulièrement les deux paramètres :
types d’occupation du sol fréquentés en fonction - la présence ou |’absence de petits et gros
de |’activité de |’oiseau, ainsi que le déroulement cailloux;
et le succès de la reproduction. Cette étude s’est - la pente globale du site, estimée en
particulièrementfocalisée sur les lieux d’insta||ation pourcentage et en prenant en compte la totalité de
du nid. Son objectif était certainement ambitieux la pente du point le plus haut au point le plus bas
Numéro Spétial Av0C€ttE 2009 · 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardiëpâîîuîë

de la zone sur la base de |’examen de la carte de 2) Résultats
|’|nstitut Géographique National.
Les données collectées ont été très modestes,
De façon complémentaire, a partir de |’examen notamment en nombre. Aussi, |’ana|yse qui en
de Photo Exploreur de |’|nstitut Géographique découle n’a qu’une valeur indicative et ne peut pas
National : étre considérée comme reflétant la situation de la
population régionale. En fait, seuls deux couples
. |’ang|e de vue qui s’ouvre aux oiseaux a partir ou emplacements de nid ont été suivis. De méme,
de la partie centrale du territoire ou de nid a été 6 nids ont été localisés et leur emplacement
évalué. Sa détermination a naturellement tenu décrit, tout comme 35 territoires de couples
compte de la pente de la zone ou ils se trouvaient nicheurs possibles ou probables (ou localisations
ainsi que des obstacles présents; d’observations d’individus). De plus, il faut avoir
conscience que les informations collectées ont été
. la distance par rapport a des points d’activités biaisées, notamment du fait que les oiseaux sont
humaines potentiellement dérangeantes a été plus facilement repérables dans des couverts a
mesurée. végétation basse. Enfin, |’ana|yse bibliographique
a fourni des informations modestes, |’espèce ayant
Pour les zones utilisées pour |’a|imentation, le été peu étudiée dans la région.
stationnement (repos) et la toilette, seul le type
d’occupation du sol a été relevé.
Habitat
Les données relatives a la reproduction ont été
recueillies sans protocole particulier, si ce n’est Sur les deux années 2004 et 2005, sur 102
le suivi régulier de couples par passage fréquent couples, 85,3 % étaient installés en zone agricole
sur leur site de reproduction et avec un temps et 92,2 % sur substrat crayeux. Les autres étaient
d’observation prolongé a partir d’un méme point. sur des friches sur calcaire ou assimilées (GAVORY
I Vigna-court
I I I Auchyiiai Blancfossè I Rouvroy-lès- (Bois du
Localites Marchais (02) (Bois de la Blicourt (60) mèrlès (60)
Montagne (60) , Ducroquèt)
trouèè) (60) (2 couples)
(80)
type de culture carotte luzerne jachère luzerne jachères labour
Hauteur
(en centimètre) 5 cm (29/04) 10 cm (13/05) 10 cm (28/04) 0 cm (1/05) 15 cm (22/04) 0 cm (18/05)
(date)
cailloux petits petits et gros petits et gros petits et gros petits et gros petits et gros
Pente (en %) 3 4 15 15 3 7,5
position plr
œiief versant versant versant versant versant versant
exposition Nord Nord-Ouest Nord-Ouest Nord-Ouest Ouest Sud/Sud-Est
Distance du.
Chemin (en 150 m 105 m 55 m 45 m 85 m 130 m
mètre)
Distance de la
route/voie fer- 200 m 590 m 535 m 220 m 485 m 800 m
réè (en mètre)
Distance
bâtiment (en 300 m 1350 m 490 m 550 m 1 015 m 1600 m
mètre)
Champ de
vision (en 360° 260 ° 310° 200° 280° 200°
degré)
Tableau 1 .· Description de 6 sites d’implantation de nid d’œdicneme criard en Picardie en 2005
Numéro Spétial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Pitardie Nature

COUVREUR, 2009a). Cette situation avait été Ces distances ne sont certainement pas
constatée sans être chiffrée par FLOHART (1996) uniquement le reflet du choix des couples mais
et IVIALVAUD (1996). aussi et très probablement de la disponibilité de
sites favorables pour certains paramètres (couvert
Emplacement du nid et d’é|evage des jeunes végétal et présence de cailloux) et de la densité de
poussins ces éléments dans le paysage. Le champ de vision
est visiblement large, de 200 a 360 °.
Six emplacements de nids ont pu étre localisés et Ces constats peuvent difficilement étre généralisés
décrits en 2005. Ils étaient tous en zone agricole. du fait de l’échantillon limité (n=6).
Les éléments d’informations obtenus figurent dans
le tableau 1. Type d’occupation du sol utilisé pour
Deux conditions sont communes a tous les |’a|imentation, le toilettage et le stationnement
emplacements : présence de cailloux et installation
du nid sur une pente qui est finalement assez En 2005, 9 zones d’a|imentation ont été localisées
variable (3 a 15%) mais qui reste modeste. dontune partie correspond auxabordsimmédiats du
L’oiseau s’insta||e sur des types de culture divers nid. Six types de cultures sont notés, généralement
mais qui restent marginaux par rapport aux a faible densité de couverture et a pousse tardive
proportions des différentes cultures au sein de la ou a coupe régulière donc fréquemment basses.
SAU régionale (DRAF, 2006). Les jachères et les Luzerne,jachères et betterave semblent préférées.
luzernes sont donc préférées ; en tous les cas, les La aussi, il est difficile de généraliser vu la taille de
hauteurs de végétations relevées restent faibles l’échantillon (n=9).
(0 a 15 centimètres, avec une moyenne de 6,7
centimètres). L’exposition varie aussi avec une Type d’occupation du sol utilisé pour la toilette
préférence (réelle ?) pour les versants nord.
Les éléments d’information relatifs a ce paramètre
Enfin, concernant les distances par rapport aux sont trop limités pourtenter une analyse.
zones d’activités humaines,
Ce type d’occupation du sol utilisé pour
.pour|es chemins, elles varientde 45 mètresa150 le stationnement a été relevé à 27 reprises
mètres avec une moyenne de 95 mètres, (tableau 4).
. pour les routes/voies ferrées, elles vont de 200 Il inclut les sites d’emp|acementdu nid, les lieux de
mètres a 800 mètres soit une moyenne de 471,7 stationnement pour le nourrissage et la toilette qui
mètres, sont naturellement des lieux de stationnement. Les
. enfin, pour les distances des terrains bâtis, jachères représentent 33,3 % des cas, viennent
elles oscillent entre 300 et 1600 mètres avec une ensuite les betteraves avec 25,9 % puis mai`s,
moyenne de 884,2 mètres. prairie permanente, luzerne, carotte, pois, céréales.
Alimenta- _ Stationne-
_ Toilette
tion ment
Jachères 2 3 9
Labour 1
Betteravel 1 ___
                     
Betterave 2 2 7 ~· N M ~· N M ~· N M ~·
Ma`is 1 3 3 2 4 1 1
Luzerne 2 3
prairie 2 Tab/eau 3: Repartition par decade des observations d’oiseaux
permanente couvant en 2005 en Picardie
Carotte 1
Pois 1
Céréale 1
Tab/eau 2 .· Types d ’occupation du sol uti/ises pour/’a/imentation,
la toi/ette, le stationnement de /’œdicneme criard en Picardie
en 2005.
NLIméI’D spécial Avocette 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE ZOO9 - REVLIE naturaliste de Picardieplîlîîuîî

Déroulement et succès de la reproduction. caillouteux. Les territoires semblent assez éloignés
des points d’activités humaines, en particulier des
11 observations d’oiseaux couvantont été réalisées. habitations. Les voies de communications semblent
Elles sont réparties par décade dans le tableau 3. peu influer sur leur répartition.
Des oiseaux ont été vus en train de couver du 9
mai au 7 août ; la majorité lors des deux premieres Les couples peuvent couver jusqu’en août
décades de mai et juin, période préférentielle de et il semble que les pertes de couvée ou de
ponte. Début juin correspond a des pontes de poussins soient fréquentes mais que le succes
remplacement, tout comme la couvaison de début de reproduction soit de |’ordre de 0,7 individu par
août. couple.
Sur un des territoires suivis, le couple aurait subi la Il est certain que cette recherche mériterait d’étre
perte de sa couvée a deux reprises. Sur un autre, approfondie avec la méme méthodologie mais
un individu a été vu en train de couver durant 2 appuyée par une pression d’observation accrue.
périodes consécutives de mai a août. Dans ces deux
cas, nous n’avons pas la certitude qu’i| s’agisse 4) Remerciements
des mémes individus et nous nous demandons si
un couple peut en remplacer un autre sur un méme Je tiens a remercier:
site au cours d’une méme saison. - Christophe DE FRANCESCHI qui, dans le cadre
d’un stage, a assuré la collecte de données ;
Deux nids ont été notés a une distance estimée a - ainsi que Frédéric BLIN, Françoise DELCOURT,
75 metres |’un a |’autre. Sébastien IVIAILLIER et Jean lV|arie THIERY pour
la relecture du manuscrit et leurs suggestions.
Des poussins ont été vus (3 observations) du 20/05
au 11/07 sans que leur âge ait pu étre évalué. Une
famille volante est notée le 11/07. Pour 3 couples, 5) Bibliographie
le succés de la reproduction (jeune a |’envo|) a
pu étre constaté : 1 couple avec 1 jeune volant, 1 . Direction Régionale a |’Agricu|ture et a la Forét/
couple avec 2 et enfin 1 n’a pas donné de jeune DRAF (2006) Les derniers chiffres annuels de
(moyenne : 1 jeune a |’envo| par couple). |’agricu|ture picarde (2005).
Site web : http://draf.picardie.agricu|ture.gouv.fr.
Enfin, un cas de prédation a été noté : la capture
d’un poussin par une Corneille noire Corvus corone . FLOHART, G. (1996) œdicneme criard Burhinus
corone le 20/06/05. De méme, deux nids ont été œdicnemus in COIVIIVIECY (X.), IVIERCIER (E.) &
détruits lors du retournement d’une jachere par SUEUR, F. (1996) Atlas des oiseaux nicheurs de
des engins agricoles en mai (DE FRANCESCHI C. Picardie (1983-1987) (3eme édition). L’Avocette, n°
com. Pers.). spécial, 241 p.
3) Conclusion .GAV©RY, L. & COUVREUR, B. (2009) L’œdicneme
criard Burhinus œdicnemus en Picardie en
La synthese des données relatives a la biologie 2004/2005 : effectifs et répartition des couples
et a |’éco|ogie de |’œdicneme criard en Picardie nicheurs et des stationnements postnuptiaux,
en période de reproduction s’est essentiellement analyse. Picardie Nature, doc. |V|u|ticop.
appuyée sur les données recueillies en 2005. La
bibliographie régionale et la base de données de .IVIALVAUD,F.(1996)L’œdicneme criard en France.
Picardie Nature se sont avérées étre pauvres en Groupe Ornithologique Normand, Colombelles.
données relatives a ces aspects. Les résultats 140 p.
obtenus sont globalement peu significatifs mais
constituent des premiers éléments d’ores et déja .VAUGHAN R. &VAUGHAN-JENNINGS N. (2005)
intéressants car indicatifs. The Stone Curlew Burhinus œdicnemus. lsabelline
Books, Conn/vell. 345p.
Pour installer leur nid, les oiseaux rechercheraient
plutôt des jacheres ou de la luzerne sur sols
Rlîlîéîg Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

• Conservation et suivi I de |’(Edicnème criard Burhinus
œdicnemus en Picardie : Eléments préliminaires de réflexion
et premieres propositions d’actions
Par Laurent GAv©Rv
Les premiers éléments relatifs â la situation de déplacements vers des régions ou ses conditions
|’©edicneme criard Burhinus œdicnemus en de vie ne semblent pas menacées.
Picardie, espèce en déclin en Europe, inscrite sur
les listes rouges régionale, nationale et européenne L’espèce n’est pas inféodée â un type d’occupation
sont inquiétants mais aussi motivants pour du sol particulier, un couple étant capable d’en
approfondir |’examen de sa situation et déterminer changer au cours d’une même saison. Toutefois,
si nécessaire les mesures â prendre. Tel est |’objet elle a des exigences assez précises qui restent
de cette note qui proposera ainsi de répondre aux rares dans la région : sol sec plutôt caillouteux avec
questions suivantes : des espaces â végétation rase ou clairsemée dans
. |’œdicneme criard est-il une espèce qui des ambiances chaudes et tranquilles. En Picardie,
en Picardie doit faire |’objet de mesures de elle trouve actuellement ces conditions en zones
conservation ? si oui avec quelle urgence ? de culture et il est probable qu’e||e ait profité du
. si elles sont nécessaires, quelles sont ou développement des surfaces de cultures tardives:
seront les mesures â prendre ? maïs, betteraves... et de jachères.
. enfin, en matière de suivi : quelle fréquence, Dans ces milieux très artificiels, il semble que la
quelle méthodologie ? quelles sont les productivité des couples soit néanmoins plus faible
priorités ? que dans des milieux plus naturels.
L’©edicnème criard est globalement sensible â la
Pour cela, il est proposé d’éva|uer la situation de présence humaine, en particulier durant la période
|’espèce (répartition, effectifs) et d’en apprécier les de nidification. La majorité des nids est éloignée
tendances et perspectives d’évo|ution, notamment des routes ou des chemins. Le peu d’études
en examinant les facteurs qui la menacent et qui existantes indiquent des distances de 100 â 500
|’impactent. La liste de ces facteurs sera dressée mètres. En Picardie, les quelques informations
et leur impact évalué, tout comme leurs tendances disponibles donnent les valeurs suivantes : pour
d’évo|ution. L’objectif sera donc aussi d’identifier les chemins : 45/150 mètres, route/voies ferrées :
les facteurs sur lesquels agir et de tenter d’arrêter 200/800 mètres, bâtiments divers : 300/1 600
la méthode d’actions. mètres). Cependant, des situations ou |’oiseau
A partir de lâ, un premier panel de mesures sera s’insta||e â proximité d’insta||ations humaines sont
proposé. connues. Il semble plus tolérant aux infrastructures
linéaires qu’aux bâtiments.
1) Eléments préliminaires : traits marquants de Actuellementdans la région, les couples s’insta||ent
|’éco|ogie et de la biologie de|’œdicneme criard sur les jachères, dans des Iuzernes ou sur des
en Picardie cultures â développement tardif, dans les parties
des parcelles ou la craie affleure voire ou le sol est
Nous avons sélectionné les principaux éléments caillouteux.
d’informations relatives â la biologie et â |’éco|ogie
de |’espèce que nous avons considérés comme Les densités sont très variables, moins importantes
importants â prendre en compte pour aborder sa dans les cultures, notamment de maïs, que dans
conservation. les milieux semi-naturels (pelouses calcaires).
En Picardie, |’espèce est migratrice et ses quartiers L’espèce pond deux œufs, parfois un et beaucoup
d’hiver sont mal connus. Ces derniers sont très plus rarement trois. Les jeunes volent â |’âge de
certainement situés au sud de |’Espagne et en 5 â 6 semaines et sont donc très vulnérables
Afrique du Nord. Un oiseau bagué dans |’Aisne durant une période assez longue. Le pourcentage
ou dans la |V|arne (non précisé) a été repris aux de couvées arrivant â |’éc|osion est très variable :
Baléares. L’espèce assure donc chaque année des 73 % sur 128 couvées et 77 % sur 74 œufs en
Numéro Spétial AVOC€ttE 2009 · 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardiepâêîuîë

Grande-Bretagne, 67 % en Espagne sur 60 nids ses quartiers d’hiver assez tardivement,
(avec une forte prédation), 38,1 % éclos (avec certainement en octobre/novembre.A partir de
une forte prédation). Dans les cultures, certains septembre, il se rassemble en dortoirs diurnes.
auteurs avancent jusqu’a un tiers des couvées et
des jeunes détruits annuellement. En Picardie, un Ses exigences écologiques et sa biologie
cas de prédation et deux de destruction par engins font que la population régionale peut être
agricoles ont été notés. considérée comme sensible car dépendante
des productions agricoles qui peuvent évoluer
Les oiseaux retournent sur leurs lieux de rapidement.
reproduction |’année apres leur éclosion mais seuls
20 % se reproduisent. En fait, la grande majorité
se reproduira |’année suivante. Les oiseaux sont 2) Situation de |’œdicnème criard et de son
tres fidèles a leur site de nidification et reviennent habitat ou |’espèce doit-elle faire |’objet de
|’occuper année apres année. Toutefois, ils le mesures de conservation en Picardie?
désertent |orsqu’i| devient défavorable pour
s’insta||er sur un autre. Niveau de connaissance de la situation de
|’espèce en région
La période de reproduction peut étre longue. Ainsi
des pontes peuvent étre déposées de mars a fin La situation de la population nicheuse régionale
juillet en France. Un couple peut assurer plusieurs a été clarifiée au cours des deux saisons 2004 et
pontes de remplacement mais généralement 2005. Toutefois, malgré les efforts consentis, son
assure une seule couvée par saison. Un couple statutn’est pas connu de façon exhaustive etdivers
produit donc au maximum deuxjeunes. En Grande secteurs, qui n’ont pas été visités, mériteraient des
Bretagne, il a été estimé qu’une production de 0,61 recherches complémentaires car ils apparaissent
jeune par couple suffit au maintien dela population. favorables. Son évolution au cours des 25 dernieres
Les niveaux de production de jeunes enregistrés années est bien documentée avec un niveau
oscillent entre 0,65 et 0,9 jeune par couple dans d’exhaustivité qui peut permettre de considérer
4 études anglaises (155 couples) et une étude que des variations mises en évidence de 25 %
espagnole (12 couples). seraient significatives.
61 % des jeunes survivent a leur premiere année Niveau de population et importance de la
et par an, 27 % des adultes meurent (en Grande Picardie
Bretagne,sur|a based’oiseauxbaguésetmarqués).
Le rôle quejouent des dortoirs postnuptiaux dans le L’©edicneme criard présente une distribution assez
maintien des populations locales n’est pas connu. vaste (figure 1) qui s’étend sur trois continents :
l’Europe, l’Asie et |’Afrique. Au sein de cette aire,
Cesélémentsontété compilésapresla consultation 6 sous-especes ont été déterminées. Burhinus
de VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005), œdicnemus œdicnemus occupe la majeure partie
GAVORY & COUVREUR (2009) et GAVORY (2009 du Paléarctique occidental. Plus précisément, elle
b) se rencontre sur la partie continentale de |’Europe,
de la frontiere de la Pologne a la |V|er Caspienne,
L’œdicnème criard est donc un oiseau a |’exception de la péninsule grecque où elle est
spécialisé qui recherche des conditions peu remplacée par la sous-espece saharae et de la
répandues : sol sec plutôt caillouteux avec des Péninsule scandinave ou elle est absente. La
espaces à végétation rase ou clairsemée dans Grande-Bretagne accueille une population dont
des ambiances chaudes et tranquilles. Suite à la distribution est limitée au sud-est de ce pays.
la disparition d’espaces naturels favorables, Burhinus œdicnemus œdicnemus est donc présent
il s’est installé dans les jachères et dans les en France et a fortiori en Picardie.
cultures à pousse tardive dont les surfaces ont
progressé au cours de la dernière décennie. L’espece est considérée comme non menacée a
Il est donc dépendant de l’implantation des |’éche||e mondiale (catégorie:Least Concern) et ne
cultures dont l’évoIution peut être rapide. Il a figure donc pas dans la Liste Rouge des especes
une production de jeunes faible mais avec un menacées au niveau mondial (risque d’extinction)
taux de survie important. Migrateun il gagne (|UCN,2008).Les effectifs de Burhinus œdicnemus
pëgE42
NLIméI0 Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2) - DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

œdicnémus ont été estimés entre 122 000 ét 206 En Picardie, sa situation a été étudiée récemment
000 couplés, dont 110 a 170 000 couplés pour en 2005, ses effectifs ont été estimés compris entre
la population d’Europe occidentale (Ouest de 76 ét 116 couplés avec une répartition tres éclatée
|’Europe : du Danemarkjusqu’a |’©uest de la |V|er en 5 noyaux. Environ 10 a 15 % de la population
Adriatique) ét 12 a 36 000 couplés pourla population est localisée sur des sites semi-naturels ét le reste
orientale (Est de |’Europe de |’est de la |V|er en zone cultivée (GAVORY & COUVREUR, 2009).
Adriatique au Danemark ét a la Russie). Ces deux
populations sont constatées en déclin et leur niveau Elle figuré donc dans la Liste rouge des especes
d’importance internationale est fixé respectivement menacées en Picardie (statut Vulnérable) ét en
a 1 400 ét a 240 individus. La population d’Europe termes de priorité de conservation elle devrait
occidentale hiverne principalement dans la figurer comme espece « moyennement prioritaire »
Péninsule ibérique, en Afrique du Nord ét au Sahel. (Picardie Nature, a paraître).
(WEATLANDS INTERNATIONAL (2006))
Considérant qué I’estimation nationale est
En Europe, BIRDLIFE (2004) précisé qué actuellement encore validé, notre Région
|’œdicneme criard est une espece largement hébergerait
distribuée mais qui occupé son aire de façon tres . environ 1 % de la population nationale
clairsemée. L’Europereprésente moins dela moitié . moins de 0,01 % de la population d’Europe
de |’aire de répartition globale de |’espece (mais elle occidentale.
correspond a la quasi-totalité de celle de la sous- Il est clair qu’e||e n’est pas déterminante en
espece œdicnemus). La population européenne termes d’effectif mais sé trouvé en limite d’aire de
est réduite ét a subi un important déclin de 1970 répartition actuelle.
a 1990. Bien qué quelques populations sé soient
stabilisées ou aient augmenté durant la décennie En résumé, I’œdicnèmé criard, notamment la
1990, ses effectifs continuenta régresseratravers population d’Europé occidentale de la sous-
beaucoup de pays d’Europe, y compris dans leur espèce œdicnémus est en déclin avéré. La
bastion espagnol ou elles ont subi un déclin de plus France constitué un de ses bastions, deuxième
de 30 %. population après l’Espagne où les effectifs
sont en fort déclin. D’ailIeurs, l’espèce est
Cette régression continué ét importante fait qu’e||e considérée à l’écheIIe de l’Europe en voie de
est une espece considérée comme vulnérable a disparition puisqu’inscrité sur la Liste Rouge.
cet échelon et faisant donc partie dela Liste Rouge Dans cé contexte, la Picardie héberge une
Européenne. Dé plus, en termes de conservation, population qui est globalement marginale en
son statutest considéré comme défavorable (SPEC terme d’importancé bien que située en limite
3 : espece a statut européen défavorable dont la d’airé de répartition. Son statut « Liste rouge »
majorité de la population mondiale sé trouvé hors serait vulnérable ét le niveau de priorité de
d’Europe) conservation serait moyen.
En France, la derniere estimation date des
années 1990 (IVIALVAUD, 1996). La population Niveau de Protection
était comprise entre 5000 et 9 000 couples et
considérée en déclin (IVIALVAUD, 1999). Toutefois, Actuellement, la protection réglementaire d’une
|’espece ne fait pas partie de la Liste rouge des espece se concrétise sous trois formes:
oiseaux menacés de France mais de celle des . protection des individus, interdisant la chasse,
especes a surveiller intégrée dans la catégorie des la capture des oiseaux quel que soit leur niveau de
oiseaux en déclin. Elle est classée quasi menacée développement (œuf, pullis, adulte) ou de leur nid ;
en 2009. De plus, elle est classée dans la catégorie . protection de leur habitat interdisant la
CIVIAP 3 : espece dont la Conservation |V|érite une destruction ou la modification des sites, voire
Attention Particuliere, niveau 3 c’est-a-dire dont des habitats ou |’espece vit, plus précisément se
le niveau de vulnérabilité est moyen en France reproduit;
comme en Europe. (ROCAIVIORA G. & YEATIVIAN- .obIigation de résultaten matiere de conservation
BERTHELOT, 1999). L’estimation des effectifs des habitats de |’espece.
est considérée comme encore valide en 2000
(BIRDLIFE, 2004) mais ils sont annoncés stables.
Pëgë 43
Numéro Spécial Avûcette 2009 - 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - Revue naturaliste de Picardie Nature

A l’éche||e mondiale, la France a ratifié plusieurs cette Directive.
textes relatifs a la conservation des oiseaux et qui Au niveau national, |’espece est protégée en
concernent |’©edicneme criard. L’espece est ainsi vertu de |’arrété du 17 avril 1981, modifié depuis,
concernée parla Convention de Berne (Convention qui interdit la destruction ou |’en|evement des
relative a la conservation de la vie sauvage et oeufs et des nids, la destruction, la mutilation, la
du milieu naturel de |’Europe) ou elle figure a capture ou |’en|evement, la naturalisation des
|’annexe 2 dans la liste des especes strictement oiseaux d’especes non domestiques suivantes ou,
protégées. Ce texte interdit donc sa capture, sa qu’i|s soient vivants ou morts, leur transport, leur
détention ou sa mise a mort intentionnelles ; la colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur
détérioration ou la destruction intentionnelles de vente ou leur achat.
ses sites de reproduction ou de ses aires de A |’éche||e de la Picardie, les protections
repos ; sa perturbation intentionnelle, notamment réglementaires de sites adoptées concernent peu
durant la période de reproduction, de dépendance cette espece.
et d’hibernation ; la destruction ou le ramassage
intentionnel de ses œufs dans la nature ou leur . aucun des espaces protégés (Arrété
détention ; sa détention et son commerce a |’état préfectoral de Protection de Biotope, Réserve
vivant ou mort, y compris naturalisé et de toute Naturelle Nationale, Réserve Naturelle Régionale)
partie ou de tout produit obtenu a partir de |’anima|. n’accuei||e de couples nicheurs d’œdicneme ;
. une seule Zone de Protection Spéciale n°
L’©edicneme criard est également concerné par FR2212006, |V|arais de La Souche, accueille 1 a 2
la Convention sur la conservation des especes couples.
migratrices appartenant a la faune sauvage
dite Convention de Bonn qui est un accord tres En résumé, l’espèce bénéficie d’une protection
large. Il figure a |’annexe 2 qui énumère des qui doit permettre de préserver les individus
especes migratrices dont |’état de conservation et leurs œufs des tirs, de la capture et du
est défavorable et qui nécessitent la conclusion ramassage. Par contre, la quasi-totalité des
d’accords internationaux pour leur conservation sites de reproduction et de rassemblements
et leur gestion, ainsi que celles dont |’état postnuptiaux connus à travers la région ne
de conservation bénéficierait d’une maniere bénéficie pas de mesures réglementaires.
significative de la coopération internationale qui
résulterait d’un accord international. Pour |’instant,
aucun des 6 accords signés ne le concerne. Niveau de conservation
L’espece n’est pas concernée parla Convention sur Depuis une quinzaine d’années, une dynamique en
le commerce international des especes de faune et matiere de gestion conservatoire d’espaces picards
de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). a fort enjeu en matiere de biodiversité a été lancée
avec |’aide de |’Europe, de |’Etat, de la Région
A |’éche|on européen, elle bénéficie de protection Picardie et des trois Départements. Elle a permis
dans le cadre dela Directive 79/409 du 2 avril 1979 d’assurer la gestion conservatoire de nombreux
concernant la conservation des oiseaux sauvages. sites qui sont suivis et gérés par des organismes
Plus précisément, présente au sein de |’annexe 1, spécialisés, sans pour autant bénéficier d’une
elle doit faire |’objet de mesures de conservation protection réglementaire.
spéciale concernant son habitat, afin d’assurer
sa survie et sa reproduction dans son aire de Trois organismes assurent ces missions sur
distribution. Elles doivent prendre la forme de la majorité des sites bénéficiant d’une gestion
classement en zones de protection spéciale (ZPS) conservatoire a travers la région :
des territoires les plus appropriés en nombre eten - le Conservatoire des Sites Naturels de
superficie a sa conservation. Les États-membres Picardie;
doivent adopter les mesures adaptées pour éviter - le Syndicat |V|ixte Baie de Somme-Grand
dans ces zones de protection, la pollution ou la Littoral Picard;
détérioration des habitats ainsiqueles perturbations - |’©ffice National des Foréts.
touchant les oiseaux, pour autant qu’e||es aient un
effet significatif eu égard aux objectifs fixés par Sur ces surfaces, |’©edicneme ne niche pas. Le
Rlîlîéîg Spétial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE ZOO9 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

Conservatoire des Sites Naturels de Picardie tente avons dressê la liste de celles qui pour nous,
de mettre en place un partenariat avec le |V|inistêre êtaient susceptibles de concerner la population
de la Defense sur le Camp militaire de Sissonne rêgionale. Nous essaierons d’êva|uer leur impact
qui pourrait ouvrir des perspectives sur un site sur la population rêgionale en sachant que nous
ou |’espêce est nicheuse. De même, le Syndicat disposons d’ê|êments partiels car elles n’ont pas
|Vlixte gêre plusieurs dizaines d’hectares de dunes êtê êtudiêes. Notre analyse dêbouchera donc sur
et de levêes de galets qui pourraient, moyennant des hypothêses.
quelques interventions lourdes, peut- être être
recolonisêes par |’espêce. . Perte d’habitat
Parallêlement, des mesures relatives a une En Picardie, plus de 10 % de la population se
gestion plus êcologique du territoire agricole reproduit sur des sites dits naturels, surtout des
ont vu le jour. Elles fonctionnent selon le mode pelouses calcicoles et le reste, soitplus de 85 % se
contractuel. Une aide financiêre de la collectivitê trouvent sur des zones agricoles.
permet de compenser un manque a gagner induit
par des pratiques peu rentables mais favorables Les habitats semi-naturels concernês (pelouses
a |’environnement et plus particuliêrement a la calcaires, prairies permanentes...) ont vu leur
biodiversitê. Il s’agit des mesures « agriculture surface dêcroître rêguliêrement en un peu plus
environnement » et de la dêmarche « gestion d’un siêcle et cette tendance continue. De 1992 a
de territoire » initiêes par le Conseil Regional de 2002, les surfaces de landes, prairies naturelles et
Picardie. pelouses calcaires ont rêgressê de 4 400 ha soit
environ 15 % de leur surface en une dêcennie
De plus, d’une façon globale, la mise enjachêres de (AGRESTE (2007), IFEN (2005)). Cette baisse n’a
terres a três certainement favorisê la reproduction pu pênaliser qu’un nombre três limitê de couples.
de notre oiseau, surtout qu’i| est vraisemblable Il est fort probable que cette tendance se prolonge
qu’e||es aient êtê implantêes sur des zones afaibles mais avec une ampleur moindre.
rendements, sur des sols caillouteux favorables
a |’espêce. En 2005, 63 000 hectares êtaient en Toutefois, elle n’a pas touchê les deux principaux
jachêres soit 5,36 % de la surface agricole utile sites naturels utilisês : les camps de Sissonne et
rêgionale. de Couvron. Nêanmoins, les perspectives sur ces
deux sites sont loin d’être positives.
D’une façon générale, l’Oedicnème ne
profite pas du développement de la gestion Pour le Camp militaire de Sissonne (6 000 ha dont
conservatoire des sites naturels. Par contre, 2500 de milieux ouverts),un des sites de nidification
différentes mesures contribuant à favoriser connu (hêbergeant1 a2coup|es) doitêtre construit
la présence de zones non cultivées (bandes prochainement sur environ 60 ha ce qui induit une
« abri ») dans le paysage agricole lui sont activitê qui pourrait rendre dêfavorable a |’espêce
certainement favorables, sans qu’iI soit au minimum une centaine d’hectares. De plus, le
possible d’en mesurer l’impact réel. La mise devenir de |’uti|isation du reste du camp n’est pas
en place des jachères aura certainement eu un connu. L’espêce y est dêpendante des activitês qui
impact positif sur la population régionale. Les vont maintenir des espaces crayeux ou sableux a
perspectives de gestion conservatoire d’une vêgêtation clairsemêe. Il s’agit de |’entretien et de
partie du Camp militaire de Sissonne, si elles la frêquentation des pas de tirs avec une utilisation
se concrétisent devraient lui être favorables et rêduite durant la pêriode de reproduction d’avri|
pourraient compenserles pertes. a juillet, |’entretien des abords de route... mais
aussi les quelques espaces broutês par les lapins.
L’êvo|ution de ce site, qui accueille une des plus
Niveau de menace fortes densitês rêgionales, devra être suivie.
VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005) La situation du Camp de Couvron (600 ha dont
et d’autres auteurs ont dressê une liste des un minimum de 300 de milieux ouverts) n’est pas
facteurs susceptibles d’impacter les populations connue mais son maintien est loin d’être assurê.
de |’©edicnême criard. En annexe 1, nous |V|is en vente, cette espace pourrait au mieux
Numéro Spétial AVOC&ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE 2009 - REVUE naturaliste de Picardiepîlîîuîî

être mis en culture (c’est dêja le cas pour partie) avons êvoquê dans la partie prêcêdente les
et au pire pour |’oiseau, être construit pour être perspectives d’êvo|ution des habitats.
transformê en zone d’activitê qu’i| pourrait être
logique de dêvelopper pour compenser la perte Au sujet des zones agricoles, comme nous |’avons
êconomique induite par le dêpart des militaires. indiquê,deuxpointssontaexamineravecattention:
Il est fort probable que ce site êvolue de façon |’êvo|ution des surfaces en jachêres et celles des
dêfavorable a |’©edicnême criard. cultures a pousse tardive : mai`s, betteraves...
Pour les zones de culture, la tendance est plutôt a Les jachêres sont menacêes, dêcriêes par les
une baisse rêguliêre de 1 a 2 % sur une dêcennie agriculteurs conventionnels. Leurs surfaces ne
ce qui reprêsente tout de même entre devraient pas rêsister longtemps, notamment si
10 000 et 15 000 hectares. Cette rêgression se une pêriode de rêduction dela production mondiale
fait au profit des zones urbanisêes mais aussi intervientousilesagro-carburantssontdêveloppês.
des zones boisêes, soit des milieux non utilisês En 2005, elles couvraient 62 900 ha et êtaient en
par |’œdicnême. Cette tendance ne lui est pas progressionde18,2%parrapporta2004.Poussêes
favorable, toutefois, il est vraisemblable que ce par la Politique Agricole Commune, leur surface a
grignotage de la surface agricole utile se fasse três largement progressê en une dêcennie. Elles
en pêriphêrie des zones urbanisêes qui sont ont en 2008/2009 quasiment disparu.
gênêralement peu utilisêes par notre oiseau. Ce
phênomêne pourrait nêanmoins ponctuellement Par contre, il semble que la tendance d’êvo|ution
soustraire des zones favorables a |’espêce (moins des cultures a pousse tardive est la suivante :
de 5 couples concernês ?) - les surfaces en mai`s ont progressê de plus de
18 % en une dêcennie (1992/2002)
. Dêgradation de son habitat - celles de betteraves sont stables sur le même
pas de temps
Evolution globale du couvert végétal - celles des protêagineux accusent une baisse
Les espaces semi-naturels frêquentês sont importante (-37 % (1993/2003)). Globalement de
aussi menacês par une certaine dêprise et plus 1992 a 2002, c’est une perte d’au moins 42 000
localement par la forte rêgression des populations hectares (d’aprês (AGRESTE, 2007)).
de lapins qui contenaient le dêveloppement de la
vêgêtation. Enfin, un autre facteur est a examiner : l’ér0sion
des sols. Dans les endroits ou elle est intense, elle
Les dunes et les levêes de galets ont êtê dêsertêes peut permettre |’aff|eurement du substratum (la
par |’espêce au cours des annêes 60 et 70. Les craie) et globalement en Picardie le phênomêne
premiêres restent encore aujourd’huidêfavorab|es. s’accentue sans qu’i| soit possible d’en mesurer
La forte rêgression des populations de lapins finement l’ampleur.
et la plantation systêmatique des espaces de
dunes non arbustives en pins puis en oyats ont Implantation des champs d’éoliénnés
contribuê a fermer le milieu par densification de Le dêveloppement de |’êo|ien va engendrer la
la strate herbacêe ou progression des surfaces construction de nombreux parcs d’êo|iennes, en
arbustives, notamment par |’Argousier Hippophae particulier surles espaces cultivês. Il s’agit de parcs
rhamnoidés. Actuellement, la dynamique naturelle comprenant un nombre modeste de machines (4 a
crêe un nouvel espace de dunes au nord de la une vingtaine) mais qui seront nombreux.
Baie de Somme. Il est d’une surface importante,
de plus, il bênêficie d’une protection rêglementaire Comme toutes les especes, |’©edicnême criard
qui devrait le soustraire a la frêquentation humaine. peut subir les impacts de ce type d’insta||ation qui
Ainsi, les perspectives de sa recolonisation sont sont principalement:
rêelles. Quant aux zones de galets, elles ont êtê - collision avec les mâts et pales ;
mitêes de mares a huttes puis de graviêres qui ont - perte de milieu induite par le caractere
rêduit considêrablement les surfaces les rendant dêrangeant et |’emprise des mâts;
inutilisables par |’œdicnême. - changement des modalitês d’usage de ces
sites.
Concernant le Camp militaire de Sissonne, nous
Rlîlïéîg Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

Peu d’é|éments sont disponibles sur |’impact des chemins. Il est plus a craindre quelques problemes
eoliennes sur |’œdicneme criard. IVIERIDIONALIS ponctuels qu’un phénomene d’amp|eur.
(2005) qui a tenté d’éva|uer la sensibilité de
différentes especes aux champs d’éo|ienne a . |V|orta|ité par braconnage
considéré qu’i| serait impacte de façon forte par (tir, piégeage, empoisonnementvolontaire).
la perte d’habitat induite et de façon moyenne
par le changement de comportement qu’induirait Peu d’é|émentsd’informations permettentd’éva|uer
la présence des machines. Concernant le risque ce facteur qui n’est sans doute pas a négliger. La
de collision, il indique que |’impact est inconnu. Picardie est uneterre de chasse, plus de cinquante
LEKUONA et URSUA (2007) ont noté a peu de mille permis. De plus, |’espece est encore présente
reprises |’espece dans les champs d’éo|iennes au début de la période de chasse en plaine. Toute
(<1% des observations) qu’i|s ont étudiés (n=13) mortalité sur des effectifs aussi faibles et dans un
et les individus n’ont pas été observés dans une contexte de régression généralisée dela population
situation a risque ou morts. peut étre négative. Elle est un facteur a prendre
compte mais certainement de foyer secondaire.
Nous n’avons pas trouvé de références relatives a
un constat d’impact d’éo|iennes sur notre oiseau. . Prédation
Toutefois, les effectifs annoncés du nombre de
projets de parcs nous conduisent a les considérer L’oiseau est soumis a la prédation de multiples
comme unfacteur menaçant. Dansla mesure ou ces especes mais nous disposons de peu d’é|éments.
oiseaux sont sensibles au dérangement, ce serait Il est difficile d’en apprécier |’impact réel mais
un minimum de 25 hectares d’espaces qui seraient en premiere approche nous en ferons un facteur
rendus défavorables par machine. La confrontation secondaire de menace.
dela carte des gisements éoliens (EQS & IVIETRIS,
non daté) et de la répartition des couples montrent Enjeux et Objectifs
clairement des points de correspondance.
Il ressort de |’ana|yse précédente que nous
. Pesticides sommes en face d’une espece qui est considérée
comme menacée a échéance moyenne et dont le
Nous disposons de peu d’é|éments sur ces produits statut de conservation est plutôt défavorable. En
qui peuvent avoir deux effets principaux : Picardie, sa situation apparaît stable mais elle y est
- réduire les populations des especes proies ; tout de méme présente avec des effectifs réduits.
- contaminer |’oiseau et impacter sa physiologie. L’ana|yse des menaces montre qu’e||e est sensible
et son avenir reste incertain car dépendant de
En Picardie ou la grande majorité de la surface |’usage des terres agricoles. Sa vulnérabilité est
agricole est traitée en agriculture conventionnelle, accrue par plusieurs traits de sa biologie et son
|’espece est soumise a ce facteur sans qu’i| soit écologie : recherche des conditions finalement
possible d’en mesurerles effets directs ou indirects. rares pour installer son nid, niche au sol, produit
peu de jeunes a |’envol...
. Perturbation
Dans une analyse globale et plus superficielle que
L’©edicneme criard est apparemment sensible celle proposée, |’espece est considérée comme
aux dérangements induits par la fréquentation moyennement prioritaire (référentiel faune de
de ses sites de reproduction. Toutefois, aucun Picardie). Elle est confirmée par notre analyse
élément précis n’est disponible sur les seuils plus approfondie. Ce niveau fait que sa situation
supportés. La tendance actuelle est plutôt a ne nécessite pas de mesures urgentes (a 5 ans)
|’accroissement de la taille des parcelles agricoles d’amp|eur et rapidement efficaces. Néanmoins sa
et a la réduction des linéaires de chemins. Alors situation européenne et nationale fait qu’il s’agit
que la tendance générale va vers une réduction d’une espece qui mérite un suivi régulier, tout
du nombre d’interventions de travaux agricoles, le comme la prise de mesures complémentaires
développement des loisirs notamment motorisés qui peuvent garantir le maintien de la population
(développement des quads. ..) peut laisser craindre régionale.
un accroissement de la fréquentation de certains Par ailleurs, |’œdicneme est certainement un
Numéro Spétial AVOC&ttE 2009 · 33 (Z) - DECEMBRE ZOO9 - REVUE naturaliste de Picardieplîlîîuîë

élément original de la campagne picarde par sa Européenne ét relayés par |’Etat. Un secteur du
silhouette, le mystere qu’i| dégagé mais aussi son Sud Amiénois pourrait en bénéficier.
chant émis plutôt en fin de journée. Fascinant,
il peut susciter un certain intérét de la part de la Dans les secteurs de reproduction connus ou ceux
population ét constituer un des symboles de la en présentant les principales caractéristiques :
biodiversité sauvage des zones agricoles. zone agricole présentant des affleurements de
craie, |’ensemb|e des décisions qui encouragent
la construction ou |’imperméabi|isation des zones
3) Prescription de gestion ou les mesures à sontaéviter. Il est indispensable que les Schémas
prendre pourtenter de garantirla conservation de Cohérence Territorial confirment la vocation
de la population régionale d’œdicnème criard agricole des secteurs favorables (qui doivent étre
précisés a cette occasion) et que les Plans Locaux
Il est proposé de déterminer les mesures qui d’Urbanisme (PLU)|es integrent. ln fine, il s’agit de
permettront le maintien de la population régionale garantir le caractere inconstructible des secteurs
soit entre 100 et 150 couples. propices a |’espece.
Quelques objectifs opérationnels . Gestion des habitats
. intégrer |’espece dans les objectifs de Les cultures
conservation des gestionnaires d’espaces et Elles sont actuellementun élément clé du maintien
s’assurer qu’i| soit pris en compte au maximum des de |’espece. Cependant, leur gestion dépend
possibilités; de choix assurés par |’exp|oitant mais aussi par
.déve|opper et encourager les opérations a petit |’Europe dans le cadre de la Politique Agricole
budget qui contribueront a favoriser cet oiseau : Commune. Les interventions locales s’averent
information/sensibilisation des intervenants donc limitées. Dans ce contexte, elles devraient
sur |’espace rural (agriculteurs et chasseurs), étre portées sur la mise en place de zones non
intégration dans les dispositifs favorisant une cultivées au sein des cultures. Ces ex clos, qui
agriculture plus respectueuse de |’environnement ; pourraient faire environ un hectare seraient gérés,
. intégrer l’œdicneme (surtout qu’e||e fait partie notamment par des pratiques culturales et la
des especes prioritaires européennes) comme fauche. La régression programmée des surfaces
une des cibles « biodiversité » des mesures prises de jacheres devra faire |’objet d’une étude d’impact
en faveur d’une agriculture plus respectueuse en sur la population et pourrait justifier la prise de
particulier dans les secteurs de plus fortes densités mesures compensatoires.
de |’espece
.assurer un suivi régulier de la population avec un L’imp/antation des parcs d’éo/iennes doit étre
pas detemps d’une décennie minimum.Dans le cas étudiée avec sérieux pour limiter leur impact sur
ou les surfaces de culture évolueraient rapidement, la population régionale d’CEdicnemes criards. Elle
un nouveau recensement seraitjustifié. devra étre précédée d’une étude d’impact qui
devra prévoir les moyens suffisants pour mettre en
Mesures plus concrètes à prendre évidence la présence de couples de |’oiseau ou de
dortoirs postnuptiaux : relevés réguliers en avril/mai,
. Protection des sites et habitats notamment au crépuscule et visite en septembre/
octobre. Ce type de recherche devra étre exigé sur
Il nous semble indispensable pour garantir le |’ensemb|e des zones connues ou |’espece niche
maintien des populations que les zones de plus mais d’une façon globale sur|’ensemb|e des zones
fortes concentrations puissent étre classées en agricoles de la partie crayeuse de la région, plus
Zones de Protection Spécia|e.Ainsi,|’ensemb|e des particulierement dans les secteurs vallonnés ou
interventions majeures (du moins celles nécessitant en haut de versant de vallée. Les zones sensibles
une autorisation administrative) pourraient faire correspondent actuellement aux 5 noyaux de
|’objet d’une étude d’impact avec une prise de population précédemment décrits.
décision en phase avec ses conclusions (notice
d’incidence) et |’agricu|ture pourrait bénéficier Dans le cas de la présence de couples, nous
des appuis financiers mis en place par |’Union suggérons que les espaces favorables, zone
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Numéro Spétïial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - Rëvue naturaliste de Pitardie Nature

d’êrosion des sols avec zone pierreuse, ne fassent L’ensemb|e de ces informations devra être
pas |’objet d’imp|antation. accumulê dans une base de donnêes jusqu’au
recensement rêgional. Pour l’organisation de ce
impliquer les acteurs ruraux dans la préservation dernier, il en sera tirê |’ensemb|e des territoires
de cette espèce (commune, lieu-dit voir coordonnêes) qui devront
Il est essentiel de faire connaître |’espêce au être contrôlês lors de la saison du recensement.
monde agricole et |’encourager a assurer sa Ce contrôle devra être complêtê par des sêances
conservation de façon autonome, notamment plus prospectives consacrêes a la recherche de
en êvitant d’êcraser les œufs lors des travaux nouveaux couples, surtout si prêcêdemment les
agricoles. Ce travail de sensibilisation pourrait se zonesjugêes favorables n’ont pu être prospectêes.
faire au moyen de plaquettes et interventions, lors Pour cela, un plan de prospection pourra être
de rêunions ciblêes dans les secteurs a plus fortes êtabli en superposant la carte gêologique, la carte
densitês. Dans le cas d’une baisse importante de topographique et la cartographie des territoires/
la population rêgionale, le repêrage des nids et couples connus de façon a cerner les lacunes
leur signalement pour marquage au sol, pourraient qui seront les espaces d’aff|eurement de la craie
être encouragês. En Grande-Bretagne, ce type de prêsentant un certain dênivelê. Ces secteurs
mesure a permis d’amener 37 % dejeunes de plus pourront être ensuite confiês a des observateurs
a l’envo|. pour prospection.
Suivi de la popu/ation régionale Concernant la mêthode de recherche, nous
Elle doit être axêe sur la population nicheuse et proposons de suivre celle utilisêe pour le
plus particulierement le recensement des couples recensement de 2004/2005.
nicheurs. L’idêa| serait qu’i| soit organisê au cours
d’une même saison. Il est vraisemblable que le Deux mêthodes avaient êtê utilisêes pour repêrer
cumul couple/site sur plusieurs annêes induise et dênombrer les individus:
une surestimation des effectifs car |’insta||ation des
couples est conditionnêe par la prêsence de culture Le balayage aux jumelles, qui consiste en une
a pousse tardive et d’un sol caillouteux et crayeux, prospection exhaustive de |’ensemb|e des labours
et donc contrainte par la rotation des cultures. et des zones a vêgêtation rase (cultures et prairies)
en passant sur la totalitê des routes et chemins
Le pas de temps entre deux recensements du secteur a prospecter en voiture ou a vêlo,. Des
rêgionaux est a caler en fonction de |’ê|aboration qu’une parcelle favorable est presente (sol a nu,
de la Liste d’espêces menacêes soit au minimum substrat cai||outeux...), un arrêt doit permettre de
une dêcennie. Durant la dêcennie qui prêcêde balayer auxjumelles la parcelle.
le recensement rêgional des couples, nous
prêconisons de consacrer quelques soirêes chaque La pêriode idêale pour cette mêthode de recherche
annêe a rechercher |’espêce avec 3 objectifs : se situe en dêbut de pêriode de reproduction : avril
et mai. Il s’agit d’un compromis entre les arrivêes
- dêcouvrir de nouveaux territoires/couples en des oiseaux, les dates de pontes et la vitesse de
prospectant en prioritê les zones qui sont a priori croissance des cultures (en effet, quand les cultures
favorables et qui n’ont pas êtê visitêes jusqu’a de printemps dêpassent 10 cm, la dêtection des
present : Nord de Pêronne, Vermandois... ; couveurs ou oiseaux couchês devient ardue).
- contrôler pêriodiquement, au minimum a deux Elle s’effectue durant la journêe, en êvitant les
reprises durant la dêcennie, |’occupation des premieres heures du matin (êviter les 2 h suivant le
territoires connus ; lever du soleil) et les derniêres de la soirêe, car a
- rechercher et dênombrer annuellement les dortoirs ces heures les oiseaux s’a|imentent, gênêralement
en y assurant un minimum de deux passages, un en dehors de leur parcelle de ponte. De plus, cette
avant |’ouverture de la chasse autour de la mi- recherche s’effectue par beau temps en êvitant le
septembre et un autre plus tard, vers la mi-octobre. crêneau autour de midi a cause des brumes de
chaleur.
Cette phase pourrait se faire avec |’appui Le balayage doit être assurê a vitesse constante et
d’observateurs pasforcêmentchevronnês, |’espêce rapide (par exemple, un balayage a 180° sur une
êtant facile a dêterminer. parcelle en labour devait prendre entre 30 secondes
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et1 minute). L’observateur doit respecter ces temps avancement de la reproduction...
standards. Les couples et oiseaux seuls ont êtê
diffêrenciês. Cette mêthode de recherche dite du «
balayage sur Iabours « a conduit immanquablement
a rater un certain nombre de couples. 4) Remerciements
La Repasse consiste a passer, au moyen d’un Je tiens a remercier Frêdêric BLIN, Françoise
magnêtophone, le chant de |’oiseau auquel les DELCOURT et Jean |V|arie THIERY pour la
oiseaux proches vont rêpondre en se manifestant relecture du manuscrit et leurs suggestions.
(chant, voI...). Cette mêthode est utilisêe
prêfêrentiellement durant toute la saison entre
1 heure avant le coucher du soleil et une heure
aprês (soit deux heures par soirêe). Dans ce cas, 5) Bibliographie
chaque point est êchantillonnê durant 5 minutes :
2 minutes d’êcoute avant repasse, 1 minute de . AGRESTE (2007) Le panorama du monde
repasse, 2 minutes d’êcoute aprês repasse. agricole, forestier et agro-alimentaire. êdition 2006,
rêsultats 2005.
En fait, il conviendrait d’user des deux mêthodes
de façon complêmentaire, la repasse permettant . BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004) Birds
de repêrer les couples, plutôt en fin de journêe in Europe : population estimates, trends and
mais aussi dans la journêe avant les êclosions et conservation status. Cambridge, UK : BirdLife
la recherche visuelle permettant de les localiser International. (BirdLife International Conservation
et donc de les dênombrer avec plus de fiabilitê. Series N°12
Ne pas se contenter d’un seul contact auditif est
d’autant plus nêcessaire que les nids peuvent être . EQS & IVIETRIS (non datê) L’êo|ien en Picardie.
installês relativement prêts les uns des autres et ADEIVIE, CRP. 23p.
que des individus non nicheurs peuvent se joindre
a un couple qui |’est. Aussi, il est certain que .GAVORY,L.&COUVREUR,B.(2009)L’œdicnême
|’objectif du recensement rêgional dêcennal serait criard Burhinus œdicnemus en Picardie en
de dênombrer les couples nicheurs (couveur). Il 2004/2005 : effectifs et rêpartition des couples
devrait être alors conduit sur une pêriode courte en nicheurs et des stationnements postnuptiaux,
dêbut de saison certainement deuxiême quinzaine analyse. Picardie Nature, doc. |V|u|ticop.
d’avriI.
. GAVORY, L. (2009a) Statut de |’œdicnême criard
Pourles secteursaplus forte densitê,|’organisation Burhinus œdicnemus en Picardie : synthêse et
de dênombrements concertês sera profitable analyse des donnêes disponibles (1758 a 2005).
voire indispensable vu la mobilitê des oiseaux. Picardie Nature, doc. |V|u|ticop.
Ils consisteront, aprês avoir rassemblê quelques
observateurs motivês en fin de journêe a les .GAVORY, L. (2009b) Elêments sur|’êco|ogie et la
rêpartir sur des secteurs ou les couples sont biologie de |’œdicnême criard Burhinus œdicnemus
assez rapprochês : Camp militaire de Sissonne en pêriode de reproduction en Picardie :
(02), versant de la Vallêe de la Niêvre (80), Nord prêsentation et analyse des donnêes 2005 et
de Gournay-sur-Aronde (60)... Ensuite, la même synthêse des informations rêgionales disponibles.
mêthode de recherche sera appliquêe. Picardie Nature, doc. |V|u|ticop.
Chaque observation de couple nicheur, au . IFEN (2005) L’êrosion des sols un phênomêne a
minimum nicheur probable, devra faire |’objet surveiller. Lettre thêmatique mensuelle de |’|FEN.
d’une description de la zone de stationnement 4p.
et de la zone d’impIantation du nid. De façon
systêmatique, nous proposons que soient relevês . LEKUONA, J.|V|., & URSUA, C., (2007) Avian
un certain nombre de paramêtres : commune, lieu- mortality in wind power plants of Navarra (Northern
dit, coordonnêes pour le nid, le type de culture, spain)
date, effectif, comportement du ou des oiseaux,
Rlîlîéîg Spétial AVOCEtt€ 2009 - 33 (2)- DECEMBRE 2009 - REVLIE naturaliste de Picardie Nature

.|V|ALVAUD, F. (1996) L’œdicneme criard en France. (1999). Oiseaux menaces et a surveiller en France.
Groupe Ornithologique Normand, Colombelles. Societe d’Etudes Ornithologiques de France et la
140 p. Ligue pour la Protection des Oiseaux. 560 p.
. IVIALVAUD, F (1999). œdicneme criard .WEATLANDSINTERNATIONAL(2006)Waterbirds
Burhinus œdicnemus. Pp. — in ROCAIVIORA, G. Population Estimates - Fourth Edition. Weatlands
& YEATIVIAN-BERTHELOT, D. (1999). Oiseaux International,Wageningen,The Netherlands.
menaces et a surveiller en France. Societe
d’Etudes Ornithologiques de France et la Ligue . IVIERIDIONALIS (2005) Reactualisation et
pour la Protection des Oiseaux. 560 p. complement de |’At|as regional eolien, realise
en 2000, concernant les donnees sur |’avifaune.
. ROCAIVIORA, G. & YEATIVIAN-BERTHELOT, D. DIREN Languedoc Roussillon. doc. pdf. 25p
Annexe 1 .· Liste des facteurs connus pourimpacter . Perturbation par vehicule et chien
les popu/ations d’Oedicnème criard d’après .Chasse et tirs d’individus adultes
VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005) et . Evenements meteorologiques intenses : neige,
/l/IALVAUD (1999) averses de grêle, pluies torrentielles
. Abandon de la couvee suite a la pousse de la
. Perte d’habitat, du fait de la progression des vegetation
surfaces impermeabilisees : route, parking, . Ecrasement des œufs et des pullis par le betail et
habitation, industrie... les engins agricoles (labourage, hersage...)
.Degradation de |’habitat : disparition desjacheres, . Predation. Elle a un impact reel sur les œufs et
deprise induite par differents facteurs : declin pullis.
des populations de lapin, declin des activites de
paturage... ; evolution des pratiques agricoles : En Espagne, sur 60 nids, 16ont ete predates parle
intensification ; evolution de |’asso|ement ; recours renard, 3 probablement par Corneille. L’impact est
aux cereales d’hiver dont la poussee hâtive au plus important avant la mi-mai (71,43 %), qu’apres
printemps empêche |’insta||ation des couples, (22,73 %).Toujours dans ce pays, c’est 45,5%des
irrigation nids qui ont ete predates par des oiseaux, |V|i|ans
. Pesticides entraînant la reduction des proies, et Corvides pour 57,1 %, renards et blaireaux avec
voire contaminant les oiseaux 37,1% et 5,7 % pour les serpents.
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