La lettre du hérisson - 1986 - 55bis
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La France exporte donc du bois de trituration et importe de la pâte à
papier.
- "LA LETTRE DES SYLVES" - '
Responsable de la Publication et de la Rédaction: Philippe POINTEREAU.
6 rue des prêtres - 31000 TOULOUSE - Tél: 61.53.29.61.
NB: "On numérotera chaque année, du 1er Janvier au 31 Décembre, chaque
info suivant des chiffres croissants, de façon à faciliter le dialogue
éventuel à propos de la lettre entre nos lecteurs".
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bimensuel 15 nov 1086
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BORDEAUX,
Le 10/09/86.
Depuis 1984 déjà l'idée d'une continuation du Réseau Forêt, et d'une in-
formation sur les problèmes forestiers fiable pour les associations de
protection de la nature, et permanente, avait été adoptée.
Nos engagements personnels respectifs ne nous avaient pas permis de la
mettre en oeuvre. C'est aujourd'hui chose faite, essentiellement à l'i—
nitiative de Philippe POINTEREAU. Par ailleurs, mon élection à la Prési-
dence de la FFSPN en Juin 1986, conduisait en toute logique à confier à
un autre membre du CA la responsabilité du Contrat "Objectif Forêt".
Après en avoir délibéré, le Bureau de la FFSPN a chargé Philippe POINTE-
REAU de ce travail, qui, après décision du CA du 26/09/86, aura donc
vraisemblablement la pleine charge du Dossier Forêt.
PIERRE DELACROIX
PRESIDENT DE LA FFSPN
Voici la 1ère lettre du réseau forêt. Elle se donne pour but d'informer
les personnes sur les problèmes touchant l'environnement et la forêt et
d'ètre une suite logique au réseau forêt qui avait fonctionné activement
en 1983-84 et qui avait débouché sur la parution d'un livre. .
La lettre du réseau se voudrait la plus simple et la plus efficace
possible. Elle vise à mettre en contact les différentes personnes appar-
tenant pour la plupart à nos associations (mais pas exclusivement) qui
travaillent et s'intéressent à la forêt.
Cette lettre paraîtra en annexe de certaines lettres du Hérisson
(bulletin de la FFSPN) au rythme théorique d'une lettre-forêt tous les
deux mois. Un certain nombre de membres du Réseau Forêt ne sont pas tous
responsables d'associations de la FFSPN, ou sont isolés et souhaitent le
recevoir directement, ou enfin sont extérieurs à la FFSPN et non concer-
nés par la lettre du Hérisson. Il est donc nécessaire de leur faire un
routage particulier. Afin de permettre l'autonomie financière de la
lettre, nous vous demandons simplement un abonnement de 20 F pour 6 lit-
tres pour couvrir les frais d'envoi et le papier.
Chèques à l'ordre de la FFSPN, à adresser à la rédaction de la revue.
La lettre n'aura d'intérêt que si elle est un lieu d'échange
d'informations. Aussi nous vous demandons de nous faire parvenir toutes
les informations que vous jugerez nécessaires et que l'on pourrait si-
gnaler dans les prochaines lettres. A

Il faudra bien sûr trier les informations qui nous paraissent intéres-
santes dans ce sujet aussi vaste que constitue la forêt et ce qui en
découle.
Nous chercherons à privilégier toutes les actions qui concilient exploi-
tation du bois et conservation de notre patrimoine forestier.
Notre tâche à tous n'est pas facile car l'exploitation des forêts est
indispensable, nous consommons tous du bois et la France n'est pas
autosuffisante.
Cette tâche est p¢unhMJ'indispensable quand nous constatons que la forêt
n'a jamais été tant menacée qu'aujourd'hui (peut-être est-ce seulement
plus visible) avec les incendies, les pluies acides, les maladies à vi-
rus et à champignons, les attaques des chenilles, le remembrement et
l'urbanisation.
Si cette lettre existe aujourd'hui c'est pour montrer que face à tous
ces périls qui menacent la forêt et donc l'homme, et qui découlent pour
la plupart de notre société de consommation, nous pouvons encore faire
quelque chose.
Philippe POINTEREAU
Responsable du Contrat
d'objectif "Forêt"
à la FFSPN.
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Lettre du réseau Forêt de la FFSPN
1[[0RET§ et CEE: Le 12 Mai 1986 s'est déroulée à Bruxelles une réunion
organisée par le Bureau Européen de l'Environnement (BEE) afin de discu-
ter d'un document de la CEE: "Action de la Communauté dans le secteur
forestier" et de faire part de nos propositions. N'étaient pas représen-
tés la Grèce, l'Italie, le Danemark et l'Irlande (pour la France:
P.Pointereau-FFSPN, C.Batisse - Bazin - Amis de la Terre).
Une première réunion sur ce même thème s'était déroulée en Mai 1981 à
Utrecht.
Il n'existe pas actuellement de politique forestière européenne. La di-
vision forêt de la CEE est rattachée à la division agriculture et repré-
sente 1% des effectifs.
Le problème qui est posé au niveau de la CEE est que tous les pays sont
importateurs nets. Le déficit est actuellement de 54% et passera à 80%
en l'an 2000 (Source CEE).
Les exposés des participants ont montré que chaque pays avait sa propre
politique forestière et la forêt ses propres problèmes: érosion et in-
cendies au Portugal et en Espagne, taux de boisement très faible en
Angleterre, en Irlande et en Hollande, pluies acides en Allemagne.
Les propositions émises lors de la réunion par les membres présents vont
faire l'objet d'un rapport critique qui sera remis prochainement à la
CEE. Nous en reparlerons dans la lettre 1.
Les adresses des correspondants-forêt du BEE et les documents cités sont
disponibles au réseau forêt.
2["Résegu forestier dg sauvegarde in situ": Il s'agit d'un projet lancé
à l'initiative de la FFSPN et qui consiste à proposer des mesures pour
conserver les ressources génétiques de nos forêts. La méthodologie n'est
pas encore complètement définie mais le projet consisterait à créer un
réseau de parcelles représentatif des différents écotypes forestiers et
espèces forestières et qui n'auraient pas été trop "polluées
génétiquement" (parcelles en régénération naturelle, absence de planta-
tions pour les espèces concernées dans un certain périmètre). Ces par-
celles seraient exploitées mais avec un cahier des charges particulier
qui serait inclus dans le plan d'aménagement (forêts soumises) ou dans
le plan simple de gestion (forêts privés).
M § .

Deux réunions rassemblant les organismes concernés (Direction des
forêts, ENGREF, IFN, INRA, Bureau des Ressources Génétiques, ONF) se
sont déjà déroulées en Décembre 1985 et Février 1986. Les comptes-rendus
sont disponibles au réseau forêt. Le projet démarre actuellement en
Poitou-Charentes et en Lorraine. Midi-Pyrénées pourrait constituer la
3ème zone pilote.
Responsable FFSPN: P.GUY - 4 rue Rangonnière - 86600 LUSIGNAN.
 
Bfhlignegents bord de route: Nous avons reçu un rapport critique (11 p.)
de J.Niqueux (membre du groupe de travail élargi sur les plantations
d'alignement au titre des associations) concernant la relance de la po-
litique de gestion des arbres d'alignement au bord des routes. En effet,
une circulaire du Ministère de l'Urbanisme du 28 Novembre 1984 concer-
nant les RN et ultérieurement applicable aux CD, précise que si la dis-
tance entre l'arbre et la chaussée est inférieure à 1,50 m, la suppres-
sion progressive des arbres est prévue. Ceci va se traduire par un abat-
tage important d'arbres qui ne sera pas forcément suivi de
replantations. Il est pourtant facile de pouvoir montrer que l'arbre
n'est pas le premier responsable des accidents mortels mais bien la
vitesse.
Toutes les DDE ne semblent pas appliquer la même politique concernant
les arbres d'alignement. Signalons le cas encourageant du Tarn-et-
Garonne qui a réalisé un guide de gestion de ses alignements
(cartographie de ses peuplements et plan de gestion pour les années à
venir).
Signalons aussi deux documents:
"Plantations d'alignement routières" - Meurthe et Moselle - IDF
"Ces arbres qu'on aligne" - Ministère de l'environnement
Le réseau forêt souhaite que vous lui fassiez part de la situation dans
votre département pour effectuer une synthèse de ce problème.
 
§[§lugggc: Signalons le document "Elagage et protection des arbres" dis-
ponible au STU - 64 rue de la Fédération - 75015 PARIS.
L'élagage est quelque chose de coûteux (300 F/arbre) et n'est pas tou-
jours obligatoire.
Les élagages barbares n'ont de plus aucun fondement biologique.
A partir de ces divers documents il est possible de mener des actions
envers les DDE et les municipalités pour promouvoir un autre élagage ou
le non élagage.
 
M .

Ãéâggggigi g=§gg_gjxgggj_1ggg!g1!;;: Le régime fiscal applicable au bois
et forêts résulte de la combinaison des articles 63 et 76 du code géné-
ral des impôts.
Selon l'article 63, les bénéfices provenant de l'exploitation forestière
sont considérés comme des bénéfices agricoles. La base d'imposition est
constituée par le revenu cadastral (article 76). Le régime d'imposition
ne dépend donc pas des coupes de bois effectuées. Le produit de la vente
du bois n'est donc pas imposable.
6[Sauyeqarde des forêts riveraines de l'Isère: Actions lancées par la
FRAPNA Isère - 4 rue H.Berlioz - Grenoble (contacter Nr MACAIRE) à plu—
sieurs niveaux:
- intervention pour la prise en compte de ces forêts au niveau des POS
en les classant "espaces boisés à conserver".
- obtenir une amélioration sensible des mesures compensatoires de la vé-
gétation riveraine disparue sous les barrages EDF.
- obtenir une protection globale des espaces boisés riverains dans tout
le Grésivaudan.
7[Sauvons le bois de Vincennes: Menacé par une gestion peu écologique,
la construction d'un stade olympique (jeu de Paris), de parkings...
Contacter Martine DEZON - Association "Sauvons le bois de Vincennes" -
2 rue Georges Huchon - 94300 VINCENNES.
8(D§bg[§g§¤ pa; cable: Ce mode d'exploitation des forêts de montagne
largement utilisé dans les Alpes suisses et françaises vient de faire à
nouveau son apparition dans les Pyrénées suite à une action lancée en
1981 par la SPN - Midi-Pyrénées. Un cable pêcheur a été acheté avec
l'aide de la DRAE et de la région. Actuellement ce cable permet d'ex-
ploiter une coupe dans la vallée de la Pique au niveau de la route de
l'Hospice de France actuellement en construction. Nous pouvons être sa-
tisfaits de voir que cet outil est à nouveau disponible dans les Pyré-
nées mais nous devons rester vigilant quant à l'utilisation qui en sera
faite.
Dans ce cas précis, on observe que si la protection de la nature fait
ici un pas en avant, elle recule à côté de deux en même temps. En effet,
la route de l'Hospice de France actuellement en construction dans un des
derniers refuges de l'ours brun constitue l'exemple type du projet des-
tructeur avec comme toile de fond des intérêts financiers.
Pour tous renseignements sur le débardage par cable contacter la SPNMP —
57 rue Léo-Lagrange - 31000 TOULOUSE.
 
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1LIgg§]|_jgggigg1g£:Ce sujet nous concerne directement à de nombreux
points de vue.
Trois sont à retenir:
- le fait que la France possède 7 millions d'ha de forêts tropicales en
Guyane.
- le fait que nous importons des bois tropicaux.
- le fait que ce sont des entreprises françaises qui exploitent abusive-
ment selon les organismes de Protection de la Nature (UICN, FFSPN, Les
Amis de la Terre), les forêts tropicales dans de nombreux pays étrangers
souvent ex-colonies comme le Cameroun et le Gabon.
L'extrait d'un article de Mr QUENTIN (ancien Directeur du centre de per-
fectionnement pour les industries du bois) paru dans la revue :
"Le Bois National" N° 9 (Mars 1986) est très éloquent et montre claire-
ment comment disparait la forêt tropicale.
"La forêt camerounaise couve 9 Millions d'ha .... l'0ffice National de
Régénération des Forêts (ONAREF), est chargé de la mise en oeuvre de la
politique forestière en matière de reforestation et de reboisement, de
vulgarisation sylvicole et des protections des sols. Faute de moyens,
l'action dans ce domaine n'a été que timidement amorcéeLLL Dans les 6
provinces forestières, 113 exploitants se partagent 7 Millions d'ha de
superficies concédées dont 60 expatriés (pour la plupart français) avec
72 licences exploitent 4,5 Millions d'ha... Les licences sont accordées
pour 5 ans et renouvelables pour une durée qui ne peut excéder 15 ans...
La coupe par la campagne 1983/84 a été de 1,9 Millions de m3 de grumes.
Parmi les 135 essences officiellement exploitées, 8 dépassent 30 000 m3:
l'ayou, le sapelli, l'azobé, le movinghi, le sipo, le tali, le froké et
l'ilomba... Ce qui parait le plus important à signaler c'est que le mé-
tier de l'exploitant relève davantage de celui d'entrepreneur de travuax
publics: des kilomètres de pistes construites au bulldozer et constam-
ment entretenues au grader, sur lesquelles ont peut rouler à 120
km/heure en toute sécurité...
Sur la route s'affairent de gros engins: DC7, chargeurs caterpillar,
grumiers travaillant 7 jour sur 7. Car il faut coûte que coûte, par tous
les temps, évacuer 400 m3/J de la coupe...
L'abattage d'un de ces monstres de matière ligneuse, de plus en plus ra-
res malgré tout dans la forêt africaine, fait partie du rituel réservé
aux hôtes de passage. Dans l'est du Cameroun, ce sont souvent des ayous
protégés par d'énormes contreforts que, naguère, deux bûcherons noirs
entaillaient au passe-partout, perchés à 3,50 m sur un frêle échafaudage
de branchages assemblés par des lianes. Aujourd'hui, les contreforts
sont entailles, à la tronçonneuse, par un seul homme.
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0n y rencontre aussi de très gros mokulingui, une essence proche du
moabi, recherchée par les Japonais, et dont on n'est pas peu fier, à
Dimako, d'avoir "exécuté" un exemplaire de 175 m3, avec un diamètre à la
base de 3,40 m et un fût découpé à la longueur de 35 m.
La chute d'un géant procure toujours un de ces moments privilégiés que
savoure, non sans un petit serrement de coeur et une pointe d'émotion,
toute âme bien née de forestier ou d'homme de bois.
Lorsque toutes les précautions ont été prises pour maintenir les visi-
teurs à bonne distance et, qu'après avoir pratiqué l'entaille du côté ou
l'arbre doit tomber, l'ouvrier, avec sa tronçonneuse, s'attaque en sens
opposé aux dernières résistances, alors commence le spectacle grandiose,
impressionnant. Tandis que les premiers crépitements des fibres
éclatées, puis les craquements brefs, sonores comme des coups de fusil,
révèlent au bûcheron l'imminence de la chute et lui donnent tout juste
le temps de se retirer précipitamment en arrière avec sa tronçonneuse,
on peut déjà observer de légers frémissements dans le feuillage, suivis
I d'une profonde oscillation de la tête de l'arbre, une sorte d'hésitation
puis, majestueusement, le géant commence à s'incliner, lentement
d'abord, avec un mouvement qui s'accélère dans un fracas étourdissant de
branches arrachées, brisées, broyées, d'arbres environnants entrainés
dans son sillage.
L'écrasement au sol soulève un nuage de poussière, fait vibrer, un
instant, sourdement le sol, tandis que l'écho s'en répand aux alentours
et que la forêt semble lui répondre par un silence méprisant, Le géant
gît maintenant au sol. Il reste aux bûcherons à lui faire sa toilette
pour être prêt à servir les hommes.
Sans commentaires...
 
10[Des tonnes de bois français en partance pour la SUEDE:
"En 1985, les sylviculteurs landais ont exporté plus de 100 000 tonnes
de bois par le port de Bordeaux. Cette année le trafic augmentera. Pour
preuve: plus de 180 000 tonnes ont déjà pris le chemin de l'exportation
à la fin du mois d'Avril.
Ainsi voit-on au minimun un navire par semaine dans le port de Bordeaux
venu charger des bois de trituration destinés aux papeteries suédoises.
C'est la SICA "Le bois Gascon" créée il y a près de 10 ans par les pro-
priétaires forestiers, qui est en très grande partie responsable de cet-
te évolution spectaculaire du trafic. Notamment depuis la création, en
1985 de "Bois et Sciages Gascons International" en association avec des
industriels, des sylviculteurs et le Crédit Agricole...
Des tonnes de bois donc pour la Scandinavie. Mais à cela il faut ajouter
les grumes de peupliers pour l'Italie, la Tunisie et le Maroc, les gru-
mes de pins pour l'Algérie, sans oublier les trafics traditionnels à
Bordeaux d'exportation de poteaux de mine vers le Maroc et de bois sciés
pour les Antilles et 1'océan indien en particulier... Il s'agit mainte·
nant de franchir le cap des 400 000 tonnes".
- Source: Port Autonome de Bordîaux Magazine - N°76 - Juillet 1986.