Bulletin SHF XXXX 63
Télécharger le PDF
Télécharger le document
Bulletin de la Société
Herpétologique de France
3è'“° trimestre 1992 n° 63
.—?”`_È· É V 
I    
I T <2r~ î
I issu 0754-9962 een. soc. Hem. Fr., (1992) 63 i

I l I P O l
Bulletin de la Societe Herpetologique de France
Directeur de Publication ( Editor:
Roland VEHNET
Comité de Rédaction I Managing Co-Editors:
Michel LEMIRE, Jean LESCURE, Claude PIEAU,
Jean-Ciaude RAGE, Alexandre TEYNIE, Jelt TIMMEL (index)
Secrétariat de Rédaction il Secretaries :
Valérie HAAD et Yannick VASSE (Bulletin)
Sophie BERLAND (Index}
Comité de lecture} Advisory Editorial Board:
Fiobert BARBAULT (Paris, France}; Aaron M. BAUER (Villanova, Pennsylvania);
Liliane BODSON |3Lié e, Belgique); Donald BFIADSHAW (Perth, Australie);
Maria Helena _CAETA O ?Lisbonne, Portugal); Max GOYFFON (Grenoble, France);
Robert GUYETANT (Chambéry, France}; Ulrich JOGEH (Darmstadt, Aliemagne);
Mic ael Fl.K. LAMBERT (Chatham, Angieterreà
Bendelto LANZA (Florence, lta|ie);Ftavmond LECLAIR (Trois- iviéres, Canada);
Guy NAULLEAU (Chizé, France); Sa'id NOUIRA (Tunis, Tunisie);
V. PEREZ-MELLADO (Salamanque, Espagne]; Armand DE RICQLES (Paris, France);
Zbynek ROCEK (Prague, Tchécoslovaquie; Hubert SAINT-GIRONS (Paris, France}.
instructions aux auteurs ( Instructions to authors
Des instructions détaillées ont été publiées dans le numéro 33. Les auteurs peuvent s’y
reporter. S'i|s ne les possédant pas, ils peuvent en obtenir une copie auprés du
responsable du comité de rédaction. Les points principaux peuvent étre résumés ainsi:
Les manuscrits, dactyiograpniés en double interligno, au recto seulement sont envoyés en
double exemplaire. La disposition du texte doit respecter les instructions. L‘aclresse de
|'auteur se place en derniére page. Les figures sont réalisées sur papier calque ou bristol.
Les Photographies (noir et blanc} ne sont publiées qu'exceptionnel ement. Les légendes
des lgures sont dactylogàaphiées sur leuilles séparées. Les références bibliographiques
sont regroupées en lin ‘artic e.
Exemple de présentation et référence bibliographique:
BONS, J., CHEYLAN, M. et GUILLAUME, C.P. (1984} · Les Fteptiles méditerranéens. Bull.
Soc. herp. Fr., 29: 7-17.
Tlrés à part
Les tirés à part (payants) ne sont fournis qu'à la demande des auteurs (lors du renvoi
de leurs épreuves corrigées) et seront facturés par le service d'imprimerie. Tous
renseignements auprés du Trésorier,
La rédaction n`est pas responsable des textes et illustrations publiées qui engagent la
seule responsabilité des auteurs. Les indications de tous ordres, données dans les pages
rédactionneîles, sont sans but publicitaire et sans engagement.
La reproduction de quelque maniere que ce soit même partielle, des textes, dessins et
photographies publiées dans le Bulletin de la Société I-lerpétologique de France est
interdite sans l‘accord écrit du directeur de la publication. La .H.F. se réserve la
reproduction et la traduction ainsi que tous les droits v allérant, pour le monde entier. Saul
accord préalable, les documents ne sont pas retournés.
ENVOI DES MANUSCFIITS à:
Nl. Flo and VERNET _
Laboratoire d'Eco|ogie. Ecole Normale Supérieure
46 rue d’U|m - 75230 PARIS CEDEX 05
Fax : (1) 44 32 38 85
Tél : (1) 44 32 37 O4
Directeur de la publication :
Roland VERNET
l~l° commission paritaire 59374
Imprimeur : SAI E’»|AFiFilTZ
Dépot legal : 2° trimestre 1994

Bulletin de le Société Herpétclogique de France
3ème trimestre 1992 n° 63
SOMMAIRE
* Priorité de Pheisuma cepediana (Milbert, 1812)
sur Phefsuma ceoediana (Merrem, 1820) dans la désignation
de Pespéoe type du genre Phelsuma Gray (Sauria, Gekkonidae)
Georges PASTEUR et Roger BOUR .................................. 1
" Nouvelles observations sur fherpétofaune marocaine
3 : te Sahara occidental
Michel GENlEZ, Pierre-Christian BEAUBRUN
et Philippe GENIEZ ..................................................... 7
' L’atIas des reptiles du Rif (Maroc) :
résultats préliminaires
Soumia FAHD et Juan Manuel PLEGUEZUELOS ................... 15
* Intoxication par consommation de tortue marine
Stephan BRODIN ......................................................... 31
' Résumés et analyses de thèses ....................................... 47
* Analyse d’ouvrage .......... . ............................................. 52
CONTENTS
* Priority ot Phelsoma cqoediana (Milbert, 1812) over
Pheisuma cepediana (Merrem, 1820) in designating the
type species of genus Phelsuma Gray (Sauria, Gekkonidae)
Georges PASTEUR and Roger BOUR ................................. 1
* New records on Moroccan herpetofauna,
3 : Western Sahara
Michel GENIEZ, Pierre-Christian BEAUBRUN
and Philippe GENIEZ ..................................................... 7
* Atlas of Reptiles in the Rif (Northern Morocco) :
Preliminary results
Soumia FAHD and Juan Manuel PLEGUEZUELOS .................. 15

" Sea-turtle meat pnisoning
Stephan BHODIN ........................................................ 31
* Thesis summarîes and nverviews ....................................... 47
" Bnnk review ............................................................... 52

Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) 63 : 1-6
PRIORITE DE Phelsuma cepediana
(IVIILBERT, 1812) SUR Phelsunqa cepedrana
(IVIERREIIII, 1820) DANS LA DESIGNATION
DE L’ESPECE TYPE DU GENRE
Phelsuma GRAY (SAURIA, GEKKONIDAE)
par
Georges Pasteur et Roger Bour
Résumé - Une description de Gecko cepedianus, espèce-grpe du genre Phelsuma, est de
huit ans antérieure à celle qui a servi de référence jusqu' présent. Son auteur, Jacques
Milbert, se réfère à un manuscrit dont une illustration represente un spécimen qui a été
choisi comme Iectotype de Pespèce.
Mots-clés : Règle de priorité. Typologie. Pheisuma. Lézards.
Summary - A book published eight years beiore the Merrem 1820 description oi Gecko
cepedlanus, and consistently applying the principle ol binominal nomenclature, has been
found to give a valid description oi this Phelsuma under the same name. Its author,
Jacques Milbert, reiers to manuscript notes an illustration oi which shows za specimen
which is selected as a lectotype ol Phelsuma cepediana.
Key words Z Priority rule, Typoiogy. Phelsuma. Lizards.
l - INTRODUCTION
Les travaux zoo_|ogiques où se trouve mentionné le gecko endémique
de I’rle Maurice qui, au début du XIXG siècle, fut dedié à Lacepède, en
attribuent la denomination au naturaliste Blasius lvlerrem. Ils suivent en
cela Gray (1825), lorsque ce|ui·ci y a reconnu une espece de son genre
Phelsuma.
Or, le _premier à avoir écrit, dans_un texte publie, Gecko cepeoïanus - du
norn du cr-devant comte de La Cepede -, est le voyageur Jacques Miibert,
huit ans avant Ivierrem. La présente note a pour but de montrer que |e.texte
de Mrlbert (1812) ne laisse aucune piace au doute quant à l‘identité de
l’espéce qu‘rl désignait ainsi, et que, de la sorte, sa dénomination a
préséance. Il se trouve que son ouvrage applique de manière cohérente le
principe de la nomenclature binominaie - aussi bien pour nommer des
animaux que des plantes - condition sine que non pour qu'i| soit pris en
compte (section 11c du Code international de la nomenclature zoologique,
Ride et al. 1985). Corréiativernent, nous désignons un lectotype.
Rappelons que Gecko cepedianus est |'espèce-type du genre Phelsuma
par désignation subséquente de Malcolm Smith (1935: 120).
Manuscrit accepte le 7 lévrler 1992
1

Il - HISTORIQUE
Lorsque Merrem (1820: 43) a décrit son Gecko cepeolianus, il a renvoyé
en note au Règne anima! de Cuvier : de fait, il se bornait à condenser la
description de ce dernier - omettant toute référence aux coloris - et à
Iatiniser Vexpression ··gecko cépédierw. Or, celle-ci était déjà la
francisation du nom latin. Notons Vensemble de ce qu'avait écrit l’auteur du
Règne anima! (1817: 46-47) sur la question :
La premiére [...] division des geokos, que j’appe|lerai
Ptaty-Dactytes,
a les doigts élargis sur toute leur longueur, et
garnis en dessous d'écailles transversales. Parmi ces
[...] platydactyles quelques-uns n‘ont ps d’ongIes
du tout, et leurs pouces sont trés-petits. Ce sont de
jolies espèces [...]. Celles que |'ont connaît
viennent de l'|s|e-de-France. Quelques-unes manquent
de pores aux cuisses [...]. Quelques autres ont, au
contraire, ces pores trés-marqués. Tel est
Le Gecko cèpeolien Péron.
De l’lsle-de-France, aurore marbré de bleu, une ligne
blanche le long de chaque flanc.
L‘î|e-de-France, c'est Maurice. L’auteur désigné par Cuvier est le
naturaliste François Péron (voir Laissus, 1976), auteur d'un Voyage de
decouverte aux terres austrates dans la préface duquel on lit que, |orsqu‘i|
quitta |’île Maurice en avril 1801, il y laissait le peintre de paysages
Jacques Milbert, alors malade (Péron et Freycinet, 1816: xxvii).
Si maintenant nous nous reférons a la propre relation de voyage de
Milbert (1812), nous y lisons les lignes suivantes (tome ll: 261-262) :
Le lézard de l'île de France est du genre gecko. L'on
en compte trois espèces; savoir :
Gecko cepedianus. Couleur générale du corps,
verte, bleuàtre et trés variée, la tête et le dos
tachetés de rouge, et des lignes longitudinales sur
les côtés.
[...]. Les détails oe la plupart des animaux observés
à l’î|e de France seront publiés dans l‘Histoire
naturelle de MM. Péron et Lesueur, qui m'ont communiqué
ces notes.
Planche 1 (ci-contre) : Portion d`une planche de Charles—A|eJ<andre Lesueur (1778-1846)
intéressant le lézard Gecko Cepedianus, aujourtfhui Phetsuma cepediana (Mi|bert 1812, nec
Merrem 1820). Parmi les dessins au crayon, au-dessus de |‘aquare|le, ce sont ceux de gauche qui
s'y rapportent. La planche, de même qu’une aquarelle représentant Panimal seul mais trop pâle pour
être reproduite ici, accompagne des notes manuscrites de François Péron (1775-1810) destinées à
une l-Iistoire naturelle titre projetaient les deux naturalistes, et dont la preparation lut interrompue par
le deces du second. ’1ndrvrdu qui a servi de rnodelea la presente aguarelle est desormarslle
lectotype de Phetsuma cepeolrana. Collection Musee d‘Hrstoire Naturelle, -76600 Le Havre, dossier
78122, dessin 78115.
2

PLA N CHE I
· ·  _. ev-.
  . ' · '-È .
É 2. ' · ` ç'2·¤·
    _   ..   .5-  _,,·ç
    }:_§:%;É:··;r   -  · <.1,—_._ë }  ‘) gE%_~_;_ L.
à   _ I. _ '·_ t_-._.  .·_§É_r
-.   . _  ·.   —, ‘f f- ·- ··.
,<j *, P3 L  lg _ ‘ ; `P_.', '|._  (·'
I .-;:-`I ·.¤1`;1J   . L'.
 È     '_ ·::
. _  ki'., I J _.¤
·—r. .—‘ Ã     Q- il
T .._ .` j ‘-iÉ)É'·*
( ‘ .
. ,- l I _
-·-‘   Fr  #' È;. El'-. ·. ` `
  `· F/rw     H
É.;  J.._§_ ' . . _-
  ‘——- . · " ..
  ·· · — _. ·- t'
'·¤,;§¢'?;·î-2, - · _ I-  
f&·'·1·.‘ÃÉÈ   . ,·  
' c·g%x.·` . `·; . ` ·!-·` J
«·*.H,f?`?à gy ·' -· ‘ f ·:î` "
É'. · 1:   ï Ã. *’ `=. é§$   ..-3-j`
> .' ·. '_ Q ne. -’.·`
'%—#·<«a. · *··—·î. __·-   --··‘   . . · ·,
- _.Z}4gÃ:'}f `__.
.4:*fh, I
s · ' -

L’ouvrage de Péron et Lesueur n’a jamais vu le jour. Peron était mort en
1810, et Lesueur n'a pu mener la tâche à son terme. ll reste donc à savoir
quel gecko Milbert désignait aujuste, sous le nom de cepedianus. Car si sa
description est plus pertinente que celle de Meriem, laquelle s'applique
indifféremment aux quatre Phelsuma de |’î|e Maurice («gec|<o à pores
fémoraux à doigts entierement élargis et sans griffe habitant l'i|e de
France»), elle pourrait néanmoins s’adresser à l'espéce nommée ornata
par Gray en 1825.
Heureusement, nous disposons toujours des notes de Peron,
conservées au museum du Havre (dossier n° 78122). Elles ont pour titre
«Gecko cepeoïanusv en latin, comme |’a recopie Milbert, et sont illustrées
de deux aquarelles de Lesueur, dont un projet sur vélin pour une planche
en couleurs qwagrémentent des dessins de details au crayon (Planche I).
Sur les deux illustrations, |'animal figuré presente typiquement la coloration
habituelle de l’espèce cepedfana traditionnellement attribuée à Merrern. La
queue est sans doute plgmentée à l‘excés, mais la forme et la disposition
des tachettes correspondent bien a ce qu'on observe chez les sujets qui
n’ont pas la queue immaculée.
Non seulement la description de Péron. aussi en latin, s'accorde avec
ces images, mais |'indivldu qu'i| a choisi possédait un nombre de pores
préanaux typique de Ph. cepediana (lvlerrem) et inconnu chez Ph. ornata.
Bien qu'i| n’ait pas été possible, même a un transcripteur professionnel, de
lire le nom qu’il donnait aux pores, sa description d’une «ligne légérement
anguleuse de vingt-quatre [...] très distincts en avant de |'anus== les
désigne clairement.
Ceci établi, tournons notre attention vers deux spécimens de Pnetsuma
des Mascareignes conservés dans la serie des Ph. cepediana du museum
de Paris avec la mention rr[è1§JBS de Peron» (collections du Laboratoire des
Fieptiles et Amphibiens, n MNHN 6664 et 1991.3006).
D‘une part, ces deux sujets ne sont pas des mâles : ils n’ont pas de
pores fémoraux. D’autre part, le plus grand des deux (le 1991.3006) est un
Phefsuma borbonica Mertens, 1966, et comme tel il ne saurait provenir de
|'ï|e Maurice; il appartient à la sous-espece nominale D. borbonica, et
provient de la Fiéunion (voir Cheke, 1982).
Duméril et Bibron (1836: 301-303), qui decrivaient leurs phelsumas
sous le nom unique de Pfatydactylus cepedfanus, precisaient, après avoir
indiqué qu‘0n trouvait celui—ci a Maurice, La Fiéunion et Madagascar: «La
collection en renferme des échantillons provenant de ces trois îles. La
plupart ont été rapportés de la premiére par Peron et Lesueum. Ces
derniers ont en effet exploré Maurice par deux fois, y étant repassés en
1803.
«La plupartn, dans le texte de Dumeril et Bibron, cela implique un
minimum de trois sujets sur cinq. Or, le catalogue de Durnéril et Dumeril
paru en 1851 sembte indiquer qu’il n’y avait plus en collection à cette date
qu’un seul Phefsuma mauricien de Péron. La femelle de Ph. borbonfca lui
aurait été annexée par erreur quelque temps plus tard, car le registre où
I‘on voit apparaitre «types de Péron>= au pluriel, avec en face le nombre
«2>=, (lait? G6 `IB64.
4

Ill — CONCLUSION
1 - Milbert (1812) a bien décrit sous le nom de cepedianus le gecko de
Pèron auquel devait plus tard se referer Cuvier (1617), lui-même reference
de Merrem (1820). _ _
2 - Nous savons, par les notes de Peron et les illustrations de Lesueur,
laquelle des quatre especes de Phelsuma de Maurice est Gecko
cepedfanus. _ _ _
3- Il s’enSu1t (Article Tdu Code de nomenclature) que Mllbert (1812) est
l'auteur du nom d’espece de Pheisuma cepedrana.
4 - Le texte de Milbert n'e|imine pas le sexe femelle, et n’empêche donc
pas de choisir comme lectotype MNHN 6664, le dernierspecimen de Péron
existant. Néanmoins cette femelle, contrairement a l’mdividu représente
par I’aquarelIe de Lesueur (Planche l), est Iargementdecolorée. Or les
phelsumas sont des geckos diurnes entre lesquels la pigmentation, aussi
variée que vive, joue un rôle déterminant dans la reconnaissance
spécifique mutuelle et le rapprochement des sexes. D’où l’importance clé
de ce caractere pour la taxinomie et Pidentification des espèces. Nous
élisons donc le spécimen représenté par Lesueur comme lectotype, et
MNHN 6664 devient un paralectotype.
Remerciements — Nous sommes reconnaissants à Rolande Roux-Estève de
nous avoir révèle |’existence des documents Lesueur du Musée d’histoire
naturelle du Havre, et à Michel Thireau de nous en avoir confie des copies.
Le Professeur E. Poullef nous a fait connaître Parchîviste qui pouvait
transcrire le texte de Peron (Mr B. Van Reeth à Angers); Madame J.
Bonnemains, conservateur des documents, et les professeurs E.R. Brygoo
et A. Dubois on_t_ bien voulu relire notre manuscrit. ©u’ils soient tous
vivement remercles.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
CHEKE, A.S. ($982) · A note on Phefsuma Gray 1825 of the Agalega Islands, Indian
Ocean. Senckenberglana Bio!. 62: 1-3.
CUVIER, G. (1817) ~ Le règne animal distribué d'après son organisation. Tome II.
Deterville, Paris.
DUMÈRIL, A.M.C. et BIBRON, G. (1636) - Erpèlologie generale. Tome Ill. De Roret, Paris.
DUMÈRIL, C. et DUMÈFIIL, A. (1851) - Catalogue méthodique dela collection des Reptiles,
Muséum d'hîstoire naturelle de Paris. Gide et Baudry, Paris.
GRAY, J.E. (1825) - Synopsis of the genera of reptiles and amphibia, with a description ol
som new species. Ann. Phi.·'0s.(2}, 10: 193-217,
LAISSUS, Y. (1976) - Un naturaiiste exemplaire : François Péron. Bub'. Soc. Emulaf.
Bouionnars, 58: 68·92.
5

MERREM, B. (1820) - Tentamen systematis amphibiorum. Krleger, Marburg.
MILBERT, M.J. (1812] · Voyage pittoresque à |'1le·de-France, au Cap de Bonne-Espérance
et à |'ile de Tènêritte. Tomes 1 et II, atlas. Nepveu, Paris.
PÉRON, F. (1807) - Voyage de découverte aux Terres Australes. Tome I. Imprimerie
impériale, Paris.
PÈRON, F. et FREYCINET, L. (181Bè - Voyage de decouverte aux Terres Australes. Tome
Il (Historique). Imprimerie royale, aris.
RIDE, W.D., SABROSKY, C.W., BERNARDÈ G. et MELVILLE, R.V. (1935) - Code
international de nomenclature zoologique, 3 hm édition. University of California Press,
Berkeley.
SMITH, M.A. (1935E - The Fauna ot British India. Reptilia and Amphibia, Vol. Il (Sauria).
Taylor & Francis, ondres.
_ G. PASTEUR et R. BOUR
Laboratoire des Reptiles et Amphibiens
Museum National d’Histoire Naturelle
25 rue Cuvier, 75231 PARIS 05 (France)
6

Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) 83 : 7-14
NOUVELLES OBSERVATIONS SUR
L’HERPETOFAUNE MAROCAINE,
3 : LE SAHARA OCCIDENTAL
par
Michel GENIEZ, Pierre-Christian BEAUBRUN et Philippe GENIEZ
Résumé : Les auteurs présentent une liste commentée d'observations effectuées au
Sahara Occidental ces dernières années,
Mots-clés 1 Amphibiens. Fleptiles. Fléparlitlon. Sahara Occidental. Maroc.
Summary: The authors list and comment on amphibiens and reptiles observed in Western
Sahara during recent years.
Key-words : Amphibiens. Reptiles. Distribution. Western Sahara. Morocco.
I - INTRODUCTION
Le Sahara Occidental (300 000 km?) est détimité au nord par l’oued
Draà, à l'est et au sud par la Mauritanie, et à I‘ouest par |'00éan Atlantique
(fig.1). Autrefois possession espagnole et rattaché au Maroc 1974,* ce
territoire, entiérement soumis à un climat de type saharien, est constitue de
plateaux désertiques de basse altitude occupes en grande partie par le reg.
Quatre massifs principaux composent son relief: les monts du Zemmour
(701 rn, point culminant du Sahara Occidental), les monts de Mijek (839 m),
les monts de Tiris, et t‘Adrar Soutlouf (518 m). La bordure atlantique,
constituée dans sa majeure partie de falaises calcaires vives tombant sur
I'océan, est entrecoupée de dunes et entaillee par des embouchures
d’oueds, la plupart du temps a sec. Elle jouit d’un climat de type saharien à
hiver chaud qui contribue au maintien d’espéces endémiques végétales et
animales remarquables. Les vents alizés, par rapport au parall le 25°N,
soufflent principalement de juillet à janvier au nord et sont permanents au
sud. Bien qu‘ils soient générateurs d'numidité, leur force et leur constance
sont peu propices au développement de la végétation et rendent difficiles
et désagréables les prospections faunistiques.
Peu de travaux sont venus oonctuer la connaissance de Vherpétofaune
du Sahara Occidental. Les principaux sont ceux de Gunther (1903), Monteil
(1951), Vatverde (1957) et Salvador et Peris (1975). Celui de Zulueta
(1909) et, plus récemment, celui de Schouten et Thevenot (1988) se
limitent à la région de Tarfaga. D‘autres travaux concernent les zones
frontalières entre la Sahara ccidental et la Mauritanie comme ceux de
Pellegrin (1910), Angel (1938, 1939), Villiers (1950) et Dekeyser et Villiers
(1956}.
Manuscrit accepté le 7 février 1992
7

L'un de nous (M. Geniez) a effectué un voyage d’études
herpétoiogiques qui lui a permis de couvrir un itinéraire Abteh - Smara -
La’Youne_- Boujdour - Dakhla - Avvserd - Dakhla - Boujdour - La'Youne -
Tarfaya. A ces observations, viennent s’ajouter celles de P. Beaubrun qui a
eu l'occasion, à trois reprises, de séiournr dans la region de Dakhla.
Face au manque d'observations très oirconstanciées sur les
Amphibiens et les Reptiles de cette région, nous avons jugé utile de
dresser la liste exhaustive des informations que nous avons recueillies,
accompagnée de commentaires lorsqu’e1les revétaient un caractère
nouveau. Les lieux d’observations indiqués sont suivis. entre parenthèses,
du nom de la carte au 1150 000 correspondante publiée par l’lnstitut
Géographique National. Les kilométrages indiqués ont été relevés ie tong
des axes routiers. Seules ies données concernant les localités situées au
sud de Tarfaya (28°N) ont été prises en compte dans ce travail.
Cette note fait suite à deux autres du même type parues dans le bulletin
dela Société Herpétologique de France (Desire et ai., 1989; Geniez et ai.,
1991}.
Il - OBSERVATIONS
A . Amphibiens
Bufo vfnidis virfdfs Laurenti, 1768
-êvi||age de EI Argoub (Dakhîa}; 7.6.1988; 1 adulte mort, 4 iuvéniles et 1
t tard.
— Khat—Sanga, à I’est de Dakhla (Gargar); 7.6.1988; plusieurs iuvéniles.
Ces deux observations étendent de 500 km vers le sud-ouest la
répartition géographique du Crapaud vert le long du littoral atlantique
africain. La mention la plus méridionale connue au Maroc auparavant se
situait dans la Seguial-el-Hamra, 30 km à |‘est de La'Youne (Garcia-Paris
et Lopez-Jurado, 1990).
B . Sauriens
Geckonia chazatiae Mooquard, 1895
- Hassi Yassa, au nord de El argoub (S. ad Dam); 4.6.1988; 1 adulte.
- 16 km après La’Youne-Plage en direction de Boujdour (Rajm Mançour);
9.6.1990; 3 adultes et 1 subadulte.
- 49 km après Lemsid en direction de Boujdour (Hassi Tigri); 10.6.1990; 1
individu,
Stenodactylus sthenodactylus mauritaniicus Guichenot, 1850
- route P 44, 86 km après Abteh en direction de Smara (Kharybichat);
6.6.1990; 1 juvénile.
Stenodactytus pemii Anderson, 1986
- 36 km après Smara en direction de La’youne (Raggla' Cayliyine);
7.6.1990; 1 adulte.
8

<>“’ 0  
xa 0
(È
9 *5
(gw? È ?>
P
Yyê
C5)
0
TARFAYA 'TANMN
LA’Y©UNE 1
USMARA E
BOUJDOUR Q
  s
2 ~é "
ê A "'
DAKHLA « Q ,6 *ï~
  É, P*»
IAWSERD
E 0 200 km
LA GOUERA
Figure 1 : situation géographique dés principales localités citéés dans lé téxté
9

Tropiocoictes tripotitanus atgenicus Loveridge, 1947
- 53 km après Smara en direction de La'youne (‘Ayn Tbayla); 8.6.1990; 1
individu.
- 20 km au nord-ouest de Awserd (Tisnaga fin Bayda); 12 et 13.6.1990; 3
individus.
Trapeius mutabüis (Merrem, 1820)
— 72 km aprés Smara en direction de La’Youne (’Ayn Tbayia); 8.6.1990; 1
subadulte.
- 77 km aprés le route El Argoub-Boudjour en direction de Awserd par la
nouvelle route (Oudran Arkayz); 12.6.1990; 3 subaciultes écrasés sur la
route.
- 88 km après la route El Argoub—Bouidour en direction de Awserd par la
nouvelle route (ûudian Arkayz); 12.6.1990; 1 subedulte écrasé sur la route.
Uromastix acanthinurus Bell, 1825
- Amgala (Wad ar Hathiya); 1984; nombreux.
Acanthodactytus aureus Günther, 1903
- route P 44, 9 km après Abteh en direction de Smara (Abattih = Abteh);
6.6.1990: 1 individu.
-16 km aprés La’Youne-Plage en direction de Boujdour (Fiajm lviançour);
9.6.1990: 1 individu.
— 35 Km après Lemsid en direction de Boujdour (I-lassi Tigri); 10.6.1990; 1
mâle et 1 juvénile.
;37 km aprés Lemsid en direction de Boujdour (Hassi Tigri); 10.6.1990; 1
emelle.
- 49 km après Lemsid en direction de Boujdour (Hassi Tigri); 10.6.1990; 1
femelle subadulte et 2 juvéniles.
- 12 km après Bouidour en direction de Dekhla (Boujdour); 10.6.1990;
plusieurs individus.
- 41 km après Boujdour en direction de Dekhle (Atfeysz-1}; 10.6.1990;
plusieurs individus.
- 'ïg km aprés Boujdour en direction de Dakhla (Awfist); 11.6.1990; 1
juv nile.
-136 km avant Dakhla en venant de Boujdour (Hassi Tout); 11.6.1990; 1
mâle. `
- 9 km aprés la route Boujdour-Dakhla en direction de EI Argoub (S. ad
Dam); 12.6.1990; plusieurs individus présentant une teinte violacée
particulière.
- 70 km après la route Boujdour-El Argoub en direction de Awserd par la
nouvelle route (©udian Arkavz); 12.6.1990; 1 juvénile.
Acanthodactyius dumeriti (Milne-Edwards, 1829)
— 98 km avant Awserd en venant de EI Argoub (Awrarak); 12.6.1990; 1
adulte et 1 subadulte.
— 20 km au nord-ouest de Avvserd (Tisnaga ffn Bayda); 12 et 13.6.1990; 1
mâle et 1 femelle.
10

Mesaifna rubropuncrata (Lichtenstein, 1823)
- route P 44, 29 km avant Smara en venant de Abteh (‘Arryd); 7.6.1990; 1
adulte.
- route P 44, 26 km avant Smara en venant de Abteh (’Arrvd); 7.6.1990; 1
adulte.
Sphenops sphenopsiformis (DumêriI, 1856)
Pour ce Scincidé discret et difficile à contacter, les traces constituent le
meilleur indice de presence. On devra toutefois considérer, dans
Pènumèration ci-apres, que les observations portant la mention «traces»
doivent être prises en compte avec prudence. Cependant, dans cette
region au faciès geographique en apparence uniforme, seule l'espece
sphenopsiformis est connue pour le genre Sphenops.
— route P 44, 9 km après Abteh en direction de Smara (Abattih); 6.6.1990;
traces.
- route P 44, 11 km après Abteh en direction de Smara (Abattih); 6.6.1990;
traces.
- route P 44, 16 km après Aoteh en direction de Smara (Sidi Ahmed Flqibi);
6.6.1990; traces.
- route P 44, 86 km après Abteh en direction de Smara (Kharybichat);
6.6.1990; traces.
— 36 km après Smara en direction de La'Youne (FiaggIa’ Cayliyine);
7.6.1990; traces.
- 44 km apres Smara en direction de La’Youne (’Ayn Tbayla}; 8.6.1990;
traces.
- 53 km après Smara en direction de La’Youne ('Ayn Tbayla); 8.6.1990; 1
adulte.
- 73 km après Smara en direction de La‘Youne (’Ayn Tbayla); 8.6.1990; 1
individu.
- 81 km après Smara en direction de La’Youne (Achchouk); 8.6.1990;
traces.
- 156 km après Smara en direction de La’Youne (ltqui); 8.6.1990; traces.
- 16 km après La'Youne-Plage en direction de Bouidour (Fiajm Mançour);
9.6.1990; 1 individu.
- 35 km après Lemsid en direction de Boujdour (E-iassi Tigri); 10.6.1990; 1
cadavre.
- 12 km après Boujdour en direction de Dakhla (Bou]dour); 10.6.1990;
traces.
-41 km après Boujdour en direction de Dakhla (Atfaysa); 10.6.1990; traces.
- 73 km après Bouidour en direction de Dakhia(Aw1ist); 11.6.1990; traces.
Sphenops delisfei (Latast, 1876)
-20 km au nord-ouest de Awserd (Tisnaga fin Bayda); 12.6.1990, 1 adulte.
Sphenops deiisief n‘etait connu auparavant avec certitude que d‘un seul
point au Sahara Occidental: EI Glat (AI Janna) (Salvador, 1975). A la suite
de cette confirmation, Vespece est à rechercher dans les formations
areneuses de la moitié méridionale du Sahara Occidental.
11

Malpofon moilensis (Fteuss, 1834)
y 4î   aprés Smara en direction de La'Youne (’Ayn Tbayla); 8.6.1990; 1
]uv nl e.
-117 km après la route EI Argoub-Boujdour en direction de Awserd par ia
nouvelle route (Awrarak); 12.6.1990; 1 adulte écrasé sur la route.
- 94 km avant Awserd en venant de Dakhla (Avvrarak); 12.6.1990; 1 adulte
écrasé sur la route.
Psammophis schokari (Forskal, 1775)
-156 km aprés Smara en direction de La’Youne (ltqui); 8.6.1990; 2 adultes
unicolores.
— 134 km aprés Boujdour en direction de Dakhla (Chouktane); 11.6.1990; 1
adulte écrasé sur la route, unicclore.
Macroprotodon cucufiatus cucullatus (Geoffroy St- Hilaire, 1827)
- 3 km au nord de Dakhla, prés de l’aeroport (Hassi Tvvilrza); 6.6.1990; 1
juvénile tué par des autochtones.
- 11,5 km avant Lemsid en venant de La’Youne (Lemsid); 9.6.1990; 1
adulte écrasé sur la route.
- 8,5 km avant Lemsid en venant de l.a'Youne (Lemsid); 9.6.1990; 2
exuvies d‘adu|te.
La couleuvre à capuchon n’était connue au Sahara Occidental que par la
mention de Günther (1903) et par deux spécimens conservés au British
Museum (Wade, 1988}. Tous sont assimilés à la sous-espèce nominale par
Wade et proviennent de Dakhla, seule localité connue de ce taxon pour le
territoire marocain. Outre la confirmation de l’existence de Macroprotodon
cucuilatus à Dakhla, deux autres observations, situées à mi-chemin entre
Dakhla et les stations les plus méridionales de M. c. brevis, étendent
considérablement la répartition de la sous-espèce nominale vers le Nord
(400 km) et préfigurent une distribution sur Vensemble de la façade
océanique du Sahara Occidental.
Naja hafe legfonis Valverde, 1989
- Amgaia (Wad ar Hathiya); 1984 (Lieutenant Addi, in verb.)
Cerastes cerastes (Linné, 1758)
- Tichla (Tichla); 1986-87 (Lieutenant-colonel Lhachmi, in verb.),
- route P 44, 22 km avant Smara en venant d‘Abteh (Wad vveyn Salwane);
7.6.1990; 1 subadulte.
· 44 km après Smara en direction de La'Youne ('Ayn Tbayla); 8.6.1990;
deux séries de traces.
— 73 km aprés Smara en direction de La’Youne ('Ayn Tbavla}; 8.6.1990; t
adulte de grande taille (longueur totale: 80 cm).
Cerastes vipera (Linné, 1758)
- 41 km aprés Boujdour en direction de Dakhla (Atfaysa); 10.6.1990; 1
adulte.
Cette observation semble être la seule connue sur ie littoral atlantique du
Sahara Occidental, au sud de La’Youne. Elle correspond à une extension
de 200 km vers le Sud.
12

Ill - CONCLUS1ON
Ces breves prospections au Sahara Occidental Ounl permis de mettre en
evidence la richesse herpètoiaumqoe de la parue qui s'etend depuis Smara
iusqu’a La’Youne. Ljabondance des observations de cette region s’oppose
à l‘apparente rarete des Reptiles dans les deux tiers sud du Sahara
Occidental.
Parmi les faits marquants, nous retiendrons la decouverte du Orapaud vert
Bufo viridis à El Argoub, la confirmation de l‘existence de Sphenops
oteiisiei au Sahara ccidental, et Pextension de la distribution de la
Couleuvre à capuchon Macroprotodon c. cucultatus sur le littoral
océanique.
IV ·- RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANG EL, F. (1938) · Liste des Reptiles de Mauritanie recueillis parla mission d‘étude dela
biolo ie des Acridiens en 1936 et 1937. Description d'une sous-espèce nouvelle d'Eryx
muei'?eri. Bull. Mus. Hist. nat., (Paris), Qëmê serie, 10 : 485-487.
ANGEL, F. (1939) - Deuxième liste des Reptiles du Rio—de·Oro et de la Mauritanie
recueillis par Iaèmission cl'étLides de la biologie des Acridiens (1937-1938). Burt. Mus. Hist.
nat. (Paris), 2 me série, 11 : 49-50.
DESTRE, R.; ROUX, P. ;GENIEZ, P.; Ti-IEVENOT, M., et BONS, J. (1989) - Nouvelles
observations sur Vherpétotaune marocaine. Bull. Soc. Herp. Fr., 51 : 19-26.
OEKEYSER, P.L. et VILLIERS, A. (1956) - Contribution à |'étude du peuplement de la
Mauritanie. Notations écologiques et biogèographiques sur la faune de |'Adrar. Mem. Inst.
Fr. Arr. Noire, 44 : 1-222.
GARCIA-PARIS, M. et LOPEZ-JURADO, L.F. (1990) - Nuevos datos sobre Ia distribucion
de Bulo virrdis Laurenti, 1768, en el norosete de Africa; Rev. Esp. Herp., 4 : 51-54.
GENIEZ, P.; GENIEZ, M.; BOISSINOT, S.; BEAUBRUN, P. C. et BONS, J. (1991) -
Nouvelles observations sur Vherpèlolaune marocaine. 2. Bui'!. Soc. Herp. Fr., 59: 19-27.
GUNTHER, A. (1903) - Reptiles lrom Rio de Oro, Western Sahara. Nov. Zoo!. Trfrrg, 10:
29S-299.
MONTEIL, V. (195%) - Contribution a |'etude de la faune du Sahara Occidental. Notes et
doc. inst. Hautes t. marocaines, 9 : 169 p.
PELLEGRIN, J. (1910) - Mission en Mauritanie occidentale. Ill. Partie zoologique. Reptiles.
Actes Soc. Lion. Bordeaux, 64 : 21-25.
SALVADOR, A. et PERIS, S. (1975) - Gontribucion al estudio de la tauna herpetologica de
Rio de Oro. Bot, est. cent. eco}., 4(B) : 49-60.
SCHOUTEN, J.R. et THEVENOT, lvl. (1988) - Amphibiens and reptiles cf the Khnitiss
La’Youne region : 105-113, in Dakki M. and De Ligny W. The Khnifiss Lagoon and its
surrounding environment (province of La'Youne, Morocco). Trav. inst. Sci., mem. h, s.,
Rabat : 172 p.
VALVERDE, J. A. (1957) - Aves del Sahara espanol. Estudio ecologico dei desierto. inst.
est. afric. Madrid 1 487 p.
13

VILLIERS, A. (1950) - Contribution à Pêtude du peuplement de le Mauritanie. Ophldlens.
Bull. inst. fr. Afrique Noire, 12 (4) : 984-998.
WADE, E. (1988) - lntraspecilic variation in the Colubrid Snake genus Macroprotodon.
Herpet. Journ., 1 (6} Z 237-245.
ZU LUETA. A. de (1909) - Nota sobre Reptiles de Cabo Juby (N.W. Africa). Bol. real. Soc.
esp. Hist. nat., Q : 354-355.
_ M. GENIEZ. P.C_. BEA_UBHUN et P. GENIEZ
Laboratoire de Beogeographie et Ecologie des Vertebrès
E.P.H.E., Université de Montpellier ll
34095 MONTPELLIER Cedex 05 (France)
14

Bull. Soc. Herp, Fr. (1992) 63: 15-29
1 .
L ATLAS DES REPTILES DU FllF (MAROC) .
par
Soumia FAI-lD et Juan Manuel PLEGUEZUELOS
Résumé — Dans le présent travail nous exposons les resuitats préliminaires de l’étude dela
distribution des reptiles dans le Flif (Maroc). La région étudiée a été découpée en 293
carrés de 10 km de côté suivant ta projection U.T.M. Jusqu’au printemps 1992 nous avons
couvert 122 carrés (40,7%). Trente-cinq espèces au total ont été trouvées et, selon la
bibliographie, 4 autres existent dans Paire d'etude. Les résultats obtenus nous ont permis
la découverte de 3 espèces citées pour la premiére fois dans le Ftil (Srenodacryrus
srhenoclacti/fus, Psammophis schokarl, Spalerosophis doiichospilus), |'é|ar issement
considerab e de l'aire de repartition d'espéces antérieurement trés localisées (ïromasrrx
acanrhlnurus, Hemidacrylus rurcicus, Natrlx natrix, etc.), et enfin de préciser celle de
quelques espèces bien distribuées dans le Fiif (Podarcis hispanlca, Psammodromus
algirus, Coiuber hipgccrepis, etc,). Nous discutons brièvement la blcgéographie et
|‘habltat de ces esp ces. En annexe nous dressons une liste des reptiles du Flif.
Mots-clès : Reptiles. Biogéographie. Distribution. Flif. Maroc.
Summary - Prelimiray results are presented of a reptile distribution study in the Rif
Mountains (Morocco). The U.T.M. 10 x 10 km grid provided a total of 293 squares ot which
we had covered 122 (40.7ù) by Spring 1992. We found 35 species; the Iietrature lndicates
that a further four occur in the area. We found three new species for the area
(Stenodacrgius srhenodacrylus, Psarnmophfs schokari, Slplalerosophls doiichcspilus},
extended t e range for someâeg. Uromasrix aoanfhinurus, emidactyrus rurcfcus, Natrx
narrix), and provided more etalled distributions for others (e.g, Podarcfs nlsparrlca,
Psammodromus aiglrus, Coluber hippocrepfs). Species biogeographv and habitat are
brietly discussed. A check-list ot the reptiles cf the Fiif Mountains is appended.
Key-words : Reptiles, Biogeography, Distribution. Fiit. Morocco
I - INTRODUCTION
Malgré les singularités géographiques, climatiques et la grande variété
de paysages que possede le Flit, cette chaîne reste imparfaitement
exploitée du point _de vue de Vherpétoiaune (Bons, 1967). Les travaux
herpetologiques qui ont touché le Fini sont, soit restreints a des localités
précises (Zulu_eta,_1909; Bons, 1958, 1960; Busack, 1986 a; Mateo, 1990,
1991), sont limites a des espèces donnees dans tout le Maroc (Lanza, 1957;
Salvador, 1982; Busack, 1986 b; Mellado etai., 1987), soit intéressant tout
le pays mais ne touchant que peu le Flii (Aellen, 1951; Saint-Girons, 1956;
Bons, 1967; Guillaume et Bons, 1982), ou encore englobant le bassin
méditerranéen (Werner, 1929; Saint-Girons, 1951, Schâtti, 1982; Bons et
ar., 1984). Ainsi un travail complet sur Vensemble du Ftif n'existe pas.
Manuscrit accepté ie 7 février 1993
15

Le Rif est aussi une région qui représente un réel intérêt
biogéographique. Le massif bético-rifain a formé un pont continental entre
l'Europe et |'Afrique fonctionnant encore il y a 6-5,5 millions d’années (Hsu,
1983); il a permis des échanges entre les faunes reptiliennes ibérique et
berberique et, ainsi, européenne et nord-africaine. Bien que n'étant pas
une montagne trés élevée (jbel Tidghine 2448 m), le Rif comprend
également les zones les plus humides du Maroc; grâce aux influences
atlantiques, les hauts sommets du massif de Sanhaja de Srair sont
abondamment arrosés et les précipitations annuelles y sont supérieures à
2 m. Ces valeurs, sur le versant méditerranéen, diminuent en allant vers
I‘est; aux environs de Saka elles sont inférieures à 200 mm. Ceci entraîne
un remplacement progressif, le long de la chaîne rifaine vers |’est, des
espèces ibéro-berbériqoes par des espèces sahariennes. Les conditions
particulières de la basse lvloulouya, tels la sécheresse et le type de
végétation, favorisent aussi la présence de ces derniéres espèces dans
cette zone.
En 1989, il nous a paru intéressant de commencer la réalisation d'un
Atlas de la faune reptilienne du Rif. Plusieurs expéditions scientifiques ont
ainsi été réalisées dans cette contrée du pays, où un maximum possible de
localités a été couvert. Dans le présent travail nous exposons les limites de
I’aire d'étude retenue, la méthode de travail, et les résultats préliminaires
obtenus. Nous discuterons la distribution et |’écologie de quelques
especes.
Il — AIRE D’ETUDE
Il n'est pas aisé de fixer partout les limites du Rif. Celles que nous
avons retenues sont parfois discutables et même arbitraires. Ce sont en
principe les unités géologiques qui ont été utilisées. Nous avons
néanmoins été amenés à délimiter une zone précise et les critères retenus
sont :
1 - Les ensembles caractérisés par la végétation du Prérif, résultant surtout
de l’action humaine (défrichage, agriculture, etc.), ont été exclus de l‘aire
d‘étude.
2 — La basse Moulouya, revétant un réel intérêt pour I'étude des reptiles, en
raison de ses caractéristiques biogéographiques, a été incluse dans |’alre
d’étude.
La limite sud de Paire d’étude s'étend ou sud de Asilah, sur la côte
atlantique, en suivant le tracé géologique capricieux en direction sud-est
jusqu'à Ouezzane. Elle s’infléchit ensuite légérement pour reprendre un
sens ouest-est, en passant par Taounate, Tahar Souk et, enfin, suit le
cours de l'oued lvlsoun qui va se jeter dans l'oued lvloulouya. La limite est
co'incide précisément avec la lvloulouya. La mer Méditerranée et l'océan
Atlantique bordent respectivement les limites nord et ouest (fig. 1].
16

I" «¤
1 È"
•¢ rg
I :‘ *—_ · É
L •—1 Q I
1 ¤-¤-¤ É * ` 1 ¤
r I ,_ 3
•.......\ gl ,
~— À  1
_' ‘ I
| LIJ ZU-- I :|
* > ` S ·« 3
' 2 :2 : ` ·
| ‘ë ' "Z   6
É 4 "â
Q ··
li  -l
Z 2
E - S ·
2: En '
u.:
Lu É  Ã
E 1 en I
nz u.| CE `
5 ‘° ès ' â
"" ig-: c
¤¤ ¤ É < °
LLI LLI uu I A ·
: F
2 |·|·| E
ca "  ï
V SI È
É [ 'ïîâ É}?. E
S sw m-u ' Ã Q
«~  2 ··—·~ =
E  É <  I
É "’¤ °" · 4
` g G3 F- le
N mm · r- â
w ZW a I"
= 'I Zbl g
'· *‘£ü '
I .,=· . I É
"( a N
È  I
j m
:-1 E C7
2 cx:
3H|.‘)l.LNV`|iV NV330 É
M
Figure 1 : Localisation géographique de |'airc d’étud& au Maroc
17

Ill - METHODES
Pour établir la distribution spatiale des espèces, la zone d’étude a été
découpée en carrés sur la trame 10 x 10 km du réseau européen U.T.M.,
extrapolé au Maroc par le Département de Botanique de la Faculté des
Sciences de Malaga (J. M. Nieto, comm. pers.). Ce quadrilla e a récem-
ment été utilisé dans un travail herpétofaunistique qui a intéressé quelques
zones du nord du Maroc (Meteo, 1991). Seuls les carrés dont plus de 50%
de leur surface se trouve incluse dans la zone d'étude ont été comp-
tabilisés, exceptés les carrés situés sur les côtes (fig 1). Un total de 293
carrés a été obtenu. Ce découpage permet d’homogénéiser |’effort
d’échantillonnage et de comparer les resultats avec ceux obtenus de l’autre
côté dela Méditerranée, dans la continuité structurale dela chaîne Rifaine:
le Massif Bétique (Escarre et Vericad, 1981; Dicenta et ai., 1989;
Pleguezuelos, 1989; Pleguezuelos et Moreno, 1990; etc.), Comme les
dénivelëitions pouvant atteindre 1200 m ne sont pas rares dans le Bil sur
100 km , nous avons enregistré chaque observation d’un reptile avec une
précision de 50 m d’altitude.
Jusqu'à présent, nous avons réalisé 7 expéditions scientifiques qui ont
totalisé 40 jours de prospection, entre les mois de mars à octobre, avec 4 à
5 observateurs. L’unité d’effort déchantillonnage a été établie comme étant
celle d’un observateur se trouvant durant 30 mn dans un biotope homogène
du point de vue formation végétale.
Une chaîne de collaborateurs (personnel du Ministere des Eaux et
Forêts), dans tout le Ftif, a fourni une aide précieuse en collectant pour
nous tous les cadavres des reptiles rencontrés dans leur zone de travail.
Des cruches contenant du formol (7%) leur sont distribuées pour la
conservation des animaux. Chaque animal est étiqueté par les agents
forestiers avec la date et le lieu.
Nous avons aussi repris les citations bibliographiques de la zone
d’étude; les plus anciennes n'ont été acceptées qu'aprés vérification. Nous
avons aussi consulté les spécimens déposés dans les collections
suivantes :
- Estacion Biologica de Doüana, Séville (EBD).
- Museo Nacional de Ciencas Naturales, Madrid (MNCN).
- Institut Scientifique Chérifien, Flabat (ISC).
- Departemento de Biotogia Animal y Ecologia, Granada (DBAG).
- Département de Biologie, Tétouan (DBT}.
Sur fa carte de chaque espèce, nous avons représenté nos
observations par de gros points et les citations de la bibliographie ou celles
de spécimens de collections par des petits points.
IV - RESULTATS
Jusqu’au printemps 1992, nous avons prospecté 122 carrés (40,7%)
(fig. 2) apportant ainsi 1235 données (62,6% par rapport au total)
concernant 35 espèces (voir index 1). La consultation bibliographique (voir
introduction) a fourni 224 citations (11,4%), celle des musées 513 (26,0%).
18

Selon ces résultats préliminaires, |'aire d'étude serait habitée par 39
espèces, ce qui représente 43,7% de la faune reptilienne marocaine (selon
Mellado et Dakki (1988), modifié d’après Busack (1987, 1988) en ce qui
concerne Blanus ringftanus et Chalcfdes mertensf, et en gardant les
anciennes combinaisons pour Agarna bibronl et Eurneces schneioleri
algerfensfs.
gu Il
M 5 6 I I 1 1 2 S •« 5
, IIIIIHIIIIIII 
 II?) I IIIIII 
 IM I II IIIII 
,, I I [IIIIII  “‘ "‘ “
 ’·‘II II-I· · r -12sns,
 Il. I IIII IIIIIIIIIIIIIIIIIINIIIII 
IEHII IIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIEI
l:l?lIIII I EIIIIII! IBSIIIEIKIII  1
 IIIÉQIIII Il lil I iIIII III! 
 Illlîllll IIII I III III Hill ,
 IIIIIIII IIII III II I IIIIII: ,
 IIIIIIIII I II III II IIIIBE E
 IIIIIIQIIIIIII I IIIIII II III Il I 5
 IIIIIIIIII _IIIIIIII II III II I Il 
 IIIIIIIIIII _I II Il I I I ltllll ,
 EllEElEE§III·âââI¥§§' E'} âlîlînî 
1
IIIIIIIIEEIIHIIIIIIIIIIIIIIIILL] IEIIIII 
IIIIIIIIIIIII IIIIIIIIIIEIIII IIIIII 
xnssran tzxnssrss 12:nssr:s1:s~s
zou: 2*1: sont Stls
Figure 2 : Carrés (10 x TO km) prospeclés de 1989 jusquà 1991
A . Espèces citées pour la première fcis dans le Rif
Stenodactylus sthenodacrylus a été decouvert dans des steppes a Stioa
renacisslma cu a Zizrphus lotus dans Vétage thermomediterranéen a
bioclimat aride ou semi-aride. Cette espece a été localisée au sud de Saka
(VD63) et à Hassi Berkane (WD15) dans des steppes, puis au sud de
Driouch, à El Hammam (VD66) (fig. 3), dans une zone reboisée
d‘euca|yptus. Ce stenodactvle est signalé dans plusieurs localités vers
l'Est, dans les Hauts plateaux (Bons, 1967) et dans la lrloulouya vers le
sud, près de Guercif. II n'e><iste néanmoins dans |'aire d'étude aucune
citation antérieure de cette espece que nous pouvons donc considérer
comme citée pour la premiére fois dans cette contrée du pays.
19

I
W HSSFI I l?I\5
,ll!|l¤lI=llll,
 IEEÉIIILIIII 
îlllllllülllllî * “ “‘
,llllllllIllll· — · ,
IMIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIJIIIII,
1MIIllIIIIIBIIIIIIIIIIQIIIIIHNIIIEII
IMIIIIIIIIIEIIIIIIEHIASQ IEIHIII I
 IIISSIIIIIIIIIIIIIEÉIIIIIIIÉIIIIEIEQI ,
 EiiââlilIIIEIIIIIIIIIEIEIIIIIEIIIIÉ ·
ÃlülllllllllllllllllIIIIIIUIIIIQQIIIÃ
5lnlllqllllllllllllllllllllllll.lllls
`IHIIIIÉIIQIIIIIIIIIIIIIIIFIIIIEI-I.·
,IülllllllllllllllllIIIIIIJIIIMIIIII1
 IIIIlIIIIllIÉEEEIENIQIIIIIIIIFIIIIII I
 ==IIlIlIIIIIIIIIIIIILSQIIIIIEIlI=l==  Stgngdgcëllug
IlIIlüllhllllllllllhlgljlülI3 Il-
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII--ilIIIIII , ¤t_b,n°d·ct[_Lu;
snsaaas nzxnsuxns nzxusarau izxns
hd 291 tout ED:
W u
n n n n n u  I l 
’ nnialulu-nini: 
°lHlllIl§Illll, H
 'IIIEEIHSEIIE  "  i “  , . .,
’âllllllll!lllllllllllllllllINIl===;
'l¤ lllllllüllllllllllllllllülll
 ETi§=IlIIIIllÉlllIlIEEIIEHIIIBIRIIIII '
h" IIllllll“Tillllllhillllüllll,
 =iiEa===¤||¤¤¤I¤Èin|l|======“==§§2 ·
u .
Iümlllllllllllllllllll r r
r · IIIIJII
lhlullllllllllllllllllllllll V ;
• llllllll
lülllüllllllllllllllllll|lI 5
s · IIIEI-Il
."··-hl!.--...---·-I-..·m!· n
1 - ll.-
IHIlIllllllllllllllllllluhlllMI ,
3 ·-··— -· · I.
| IEIHIIIIIIIIIIIEIIII
. . ·| `
 ="“““îEaEE:=::==2==:::::§::5::::   
==“====EllllIlllIllIIIl==iIlllll l l l  nchoknri
snsazus izxusszus xzsnsszns 12
un lh mn Ni
59 IE
«ss:us nzxns
,llg|l§lIllllI,
 ââsââllâëllll 
s · s
lllllllll llll * "€ "‘
 l.·IllllllHllIl · - · • ;
 Itiillllllllüllllllllllllllllllillllll 
EHIIIIIIIIIBIIIIIIIIIIllllllhullllll
 É;Ei*EIEIIIEIIE§I!!'·!IE2Iɧl!IâIEEE}! 
, .\_ Dani — ._, - g
 IEIEÉEIIIIIIIIIIIIIIII IIIEIIEEEIEÉE ;
 EiilâlâIIIIIIElllllîllâlliâllllîâül ·
D
 IIIIIIEII!llllllllllllllllllllIHIIII î
,IülllllllIIlIIIIIQIIIIIIQIIIIMIIIII,
 IIIIIIIIIIIIÉÉÉEIEJIIQllll. .IIIFllIII- 2
· . 4 '
 ElIIEIIEEEEEIIIIIIIIIÉEEIIEEEEIEEIII= S "°‘"°’° "‘”
IlllllllllllIIIIIIIIIIIIÉEIIIIIIIIII 9 dnlichongilus
sassrua izxisszss zzsnssras irsns
muc Iii Ill! IU:
Figure 3 : Distribution des espèces nouvelles pour ie Fiif
20

Psammophis sohokari a été observé à Ain-Zora (VD54), Saka (VD53,
63) et à Bou Hanine (UD 69) (fig. 3). Il vit dans les champs de céréales
abandonnés avec Oiea, Pistacia lenriscus, et Tetracfinis articuiata, ou tire
encore parti de la végétation maraboutique buissonnante qui reste
préservée à l’intérieur de terrains défriohés. Sa présence à Bou Hanine à
quelque dix kilomètres dela Méditerranée montre que cette couleuvre, dont
l'aire de répartition connue s'étendait seu|ementjusqu’au pied du Flif vers
le nord (Pasteur, 1959), a largement pénétré dans cette chaîne.
Ftécemment, des captures faites rr quelques kilometres de nos mentions
(Geniez et af., 1991) ne font que confirmer la présence de cette couleuvre
dans le Rif, exception faite de la Péninsule Tingitane. Les spécimens_
rifains sont sombres et rayés de clair, se rapportant ainsi à la catégorie
décrite pour cette espece par Bons (1967; 1972).
Spaierosopi1r's dorichospirus a été trouvé aux environs de Midar (VD56)
et Dar Driouch (VD6?). Un premier spécimen se trouvait dans un champ de
blé abandonné avec des tas de pierres; un deuxième sur terrain
sablonneux avec Zizrpnus iotus, évoluant en ambiance semi—aride de
l’étage thermoméditerranéen. Au sud de Saka (VD52) (fig. 3), un autre
spécimen fut découvert dans une steppe a Zrzrpirus fotus de l’étage
mésoméditerranéen aride a proximité d'un oued a sec. Cette espece parait
liée aux terrains sabionneux d'oueds temporaires ou permanents (Bons,
1967), exception faite du spécimen de lvlidar.
En raison de la sécheresse qui a régné dans le Fiif oriental ces deux
derniéres décennies, la majorité des champs de céréales ont été
abandonnés par les paysans. Ces nouveaux biotopes créés semblent
représenter des endroits trés importants pour la faune reptilienne, surtout
saharienne. étant donné que plusieurs formes v ont été observées.
B . Espèces antérieurement trés localisées et dont l'aire de distribution
a été élargie
Hemidacryius trrrcicus est un élément caractéristique des régions
côtières. Sa présence a Jebha (UD59), petit port méditerranéen, doit être
due à une importation probable. Néanmoins, la capture de cette espéce au
sud de Saka (VD26)(fig. 4) dans une steppe rocaiileuse nous surprend;
c’est en effet la localité la plus continentaie connue au Maroc pour
Hemfdaciylus rurcicus. Pasteur et Bons (1960) |'ont citée à Ouezzane
(TD65) et expliquent sa présence par une importation probable. Cette
explication serait plausible pour la présence de ce gekkonidé dans ta
dépression de Saka, dans un milieu naturel, éloigné de toute construction
humaine, mais proche d'une route, venant de Nador, port méditerranéen.
Uromasrix acanrninurus a été observé entre Dar Driouch et le sud de
Saka (VD63) dans des steppes a végétation xérophile. La population que
nous avons trouvée est abondante et largement répartie, entre la ivioulouya
et lêa ligne reliant Driouch, Saka et î’oued lvlsoun, ce qui représente 2900
km environ (fig. 4). Notre découverte contribue à Vélargissement d’environ
70 km vers |‘ouest, de l'aire de distribution connue de ce lézard saharien
21

W I [
» s s z n s u 2 s n s
IIIIIEII IIII
à EEEIIEIEEIIEI 
s - 5
IIIIIIIHIIIII * ‘* "
 7. IIIIIIIEIIII '· · — · ,
2 I' MIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIJIIIII ,
IEHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIII 1
IAIQIIIIIIIIIEIIIIIIIEHLJBIIIIEIIIIII I
 IIIMIIIIIIIIIIIL .lE2llIllII¤lllIHI!!U ,
 IHRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIlludll ,
,IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ,
 IHIEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIÈII B
5 IIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIll Il 5
 IIIIIIIIlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHI II 
 IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHII Il 
 IIIIII=I=II=ɤÈEI!lII·IIIIIl .lI§l== II 2
 Il III I Il Il IIIIIISIIIIIIIII III 1 Hcmidactïlus
IIIIIIIIUEIIHIIIIIIIIIIIIIIIIIEJJIIIEJI Il
IlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEIIIIIIIIII  tnmcicun
1¤ss2¤s12x«s¤rns xzsnsamamxes —‘*‘·‘*—
aux îlu mu 30: E
mr H
` ‘ °’'’  “ 
IIIIIIIII ,
s .
IEÉIIII-IIIIII 
s
IMIIIIIEIIIIII
5 É ll TE UE
I IIIIIIIIIIIII
n *1 — n 5
.IIIIIII§IIII · · - s
 ÉIIIIIIIIIQIIIIIIIIIIIIIIIIIIIFIIIIII 2
 E1IIIIIIIIIIulIIIIIIIIIIIIIIIIIILIIIIEI1
 I-'îlIIIIIIIIIEIIIIIIEEHIIIIIIEIEIII I
IH"`IIIlIIIIIIIIÉEÉIIIIIIIÉIIIIHIIQI ,
 IIIEIIIIIIIIIIIIIIIIlIIIIIIll===Èâ=2 ,
 =H£!=====================É==n|¤¤i¤ ;
• " IIIIIIII
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII 5
5 ·•- T]--I
, IIIIIIIIIIIIIIIIIII.
 IIIIIII2l§E§··¤!.E!!IIIIIIIHII!2IIIII ?
I IIIIIIII"'î|lî·. A ` ,, :1 ;
 IHIIIIIIII IIIIIIIIILIIIIIEJUIIIIIIII , Ummastix
 IIIIIIIIEEII IIIIIIIIIIII!!Im3IIFül=-== ——-î-
IIIIIIIIIIIIIIIIIIII III-IIII , acanthînuws
snsszna12x«ssr¢s:z;•«ssrss12:«s ——-—-—
nn: 291 mu E0:
II'! I [
·« s s :    1 2 s « a
5 §EE§'I·1I.§EIIII 
 EEEIIIIÉIIEEI  ·» ·= ~
 Inl IIIII¤1IIII · : . _ · = · ~ :· ,
2 IIHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIFIIIIII 2
1EIIIIIIIIIIIBIIIIIIIIIIIIIIIIIJLIIIIII 1
I:!£gIIIIIIIIIlIIIIII|!¤IhII!I§I\lIIIII
, III¤.?IIIIIIIIIIIII:2IIIIIII¤IIIIII!§! ,
 IIIRIIIIII. .I( .IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIulü s
, IIMIIIIIIIIII. ., :IIIIIIIIIIIIIIIIII!I ,
 IIIIEIIIIIIIILJII ,I` IIIIIIIIIIIIIIIHII ,
5 IIIIIIQIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII 5
 IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIBIIII `
,IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII l1IIlII
· · S
 "îlllillllîâîîïlâîiI'=IIIII'¤'IF”""'I' =
IIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIIIIIEÉ I '  
* " IIEII I N '= ‘
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEIIIIIIIIII ·
s natmx
snssms msnssrm 11x«ss:m amas ———-—
:¤«¢ H1 mus III s
 
22

1
 = II 
P A ' ;
IEÉIIIII IIII
 EEEEIHIIIEII  »« « ·«
: I 'IIIII III IIII in`: 'III  I S
 EIIIIIILJIIIIBIIII IIIIIIIIIIIIÃIIII  2
1 . ,
IIIAIIIIIEJIIIEIII II!5Uh!III§llIIII  I
 IIIRQQIIIIL ll ll ii QIIIÉEÉIIIIIIIÉIIIIEIIIET ,
I IIIEIIIIIIGI, QIIIIILIIIIIIIIIIIIIIÉIIJ ·
 IIIIIIIIIIIII. ,. .. .> 3 TIIUIIIIIUIIIIIIIIII I
s I . '
 iilaIFIIIEEEIII¤¤=lIIE·'IâIIIIlI§IlÉEE ·
2 Il Ill IIIIIIIIIIIÃ §Ii JIIIIIIIIIHII E
 IIIIIIIIIIIIIIIIII. ,IIIL]I~ .. ,IIIII|IIIII ,
 =“======IIIÉJEEIUIIIIIIIIIIIFIIII  1
 Inunum==É========È=É=“==È“É“I¤  î‘ 
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII B hispanica
3¤Ssrss12s•s¤:sa1zx«ssr¤a1:J«s  
tout H: mur 50 n
un
W naar:   z a 
IIIIIHLJII
I . . . I
ICJCII. .IIIIIII
5 . . In
IIIIIIII. ,HIIIII
S 5 œ UE IE
I
;  IIEIIIEIIIII 'IIIIIIIIIIIIIIIII I  3
I III L `L `:   1   `IIIIIIIIIIIIIIIIII IIIII 2
 Èixlliiggz znunnnuuunmnzsuuuumbuunnz 
 II|§£IIIII§ Qi QI; IIIIÉEÉIZ QL ILJIIIÉIIIIIIEI? ,
 IIIRIIIII .. ,. ii .. IIIIIIIIIUI. .IIIIIIIl¤¤l.J B
IIIIIIIIIIIZ .[Jl Il III. .[ IFIIIUIIIIIIIIIIIII I
  'IIIIIIIIIUIIIIIIIILJI Il ÈIIIIIIIII s
HUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII S
 III IÈIIIÃ ÈIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHI ·
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIGIIIIIIIIIIIIII 3
 IIIIIIIIIIIIÉBEEIEIIIIIIIIIIIFIIIIII 2
I , A '  ï—
 ÉÉÉÉÉÉÉÉEÉÈEIÉIIIIIIÉÉEÉIIIFÉÉIEHÈÉ  "“'I'I“°"I“°"'““
IlIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIZEIII III II 9 algirus
xassras121•ssrss12ssssrn91:1ns -..*.-·
un Ill un lü •
nv I I
n s s I 1 s I 2 x u e
IIIIIHEZIIIIIII
T ——·· 2
I[4L.lIII·llIIII
s n
IHIIIIII IIII
5 ,
I II. JIIl LHIIIII 5 '* IE IIE
 EIIEHEII ?'â!Ii'·'I I·n'· « I I I ’ I ’ =
. .lI IIII III I
 IQIIIIIIIIIIIL TIIIIIIIIIIIIIIIIIJEIIIII2
IIIEQIIIIE QIIIIEIIIIIIEHUIIIIIIÃIKIIIIII1
 IILEQIIII; QI. .IIi .I. EQIIIIIQ QIÉIIIIEIIIU `
 IIIBIIII. A .. .IIIIIII. .IIIIIIIIIIIIIIÉI|IJ s
 IIIIIIIIIIIIIILR Ill ZZ Il IIIIIIL JIIIIIIIEI
 IIIIEIIIIIIIIII È; ÃIIIIIIIIIIIIIIIIIHII I
 IIIIIIQIIIIIIIL IIIL LIIIIIIIIIIIIIIIIII s
 IIIIIIMIII. iIIIIIIIIIIï IIIIIIIIIIEIIII 5
 IIIIIIEIIIIIIIIIIIIIIIIIIL il IIIIIIIII '
 IIII I IIIIIÉÉBEIEIIIIIIIII IIIHIII   3
 IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIÉIIIIIIIBIIEIEII I
luunumnmnunnuusunurmn · u I 92%:Ps:
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEIIIIIIIIII . .
anssrss12ssssI¤s12x~ss2ss12x•s°  
me îS• sur 50:
Figure 5 : Distribution des espèces largement réparties dans ie Rif
23

qui ne semblait pas s'éloigner du bord de la Moulouya (Bons, 1967;
Mellado et Mateo, 1992). Le lézard Fouette—queue est |’une des espèces
qui ont remonté le long de la vallée de la Moulouya, depuis le Sahara,
jusqu'à peine quelques kilomètres de la Méditerranée. La population la plus
septentrionale a été antérieurement observée aux environs de Zaio (WD27)
par Mellado et lvlateo (1992) qui le citent aussi à Mechrâa Homadi (fig. 4).
Narrix narrfx, comparée à sa ccngénére Natrix maure, est une couleuvre
très rare dans la zone d’étude. Cormue dans le Rif par une seule mention à
Beni Halet (Galan, 1931), son aire de répartition était inconnue dans le Fiif
(Bons, 1967). La Couleuvre à collier semble se confiner aux hautes
montagnes du Ftif central (fig. 4), avec une distribution qui paraît relictuelle
et postglaciaire. Elle vit dans les étages mésornéditerranéen et
supraméditerranéen, dans des biotopes caractérisés par une humidité
constante et par un couvert végétal dense, toujours a proximité de
ruisseaux ou de davas.
C . Espèces bien distribuées dans le Rif
Podarcis hispanica est représenté dans le Fiif, tant par un grand nombre
de localités que par un nombre d'individus toujours important. Son aire de
distribution est continue et ajustée aux montagnes (fig. 5). Il fréquente les
lieux humides mais préfère surtout les substrats rocheux. Hors des
montagnes, dans la zone atlantique de l'aire d'étude, cette espèce parait
très ponctuelle. Dans la portion orientale, selon nos prospections, elle
semble absente et les seules citations dans cette région sont l’embouchure
de la Moulouva et celle de Melilla (Mateo, 1991).
Psammodromus aigfrus, d’aprés les résultats préliminaires, est Vespéce
localisée dans le plus grand nombre de carrés. Il est bien représenté sur
les 2,i3 occidentaux de |’aire d’étude (fig. 5). Des recherches ultérieures
permettront de savoir si |'absence du Psammodrome algire dans la partie
orientale de l’aire d’étude est due au fait qu‘il ne se trouve pas dans cette
région de biotopes lui convenant, ou simplement à un defaut de
prospection. Ceci représenterait une large bande de séparation au sud-est
du Fiif (70 km approximativement), entre la sous-espèce nominale (au nord)
et Psammooiromus aigirus norii (au sud-est). Nous n’avons tenu compte ni
de la citation de Zulueta (1909) pour Melilla, ni d'aucune autre qui soit
ancienne pour cette localité. Plusieurs auteurs étiquetaient des animaux
avec la mention Melilla, alors qu'en réalité ceux-ci pouvaient provenir de
n‘importe quelte localité de la partie orientale du protectorat espagnol qui
appartenait principalement a la province de Melilla.
Coiuber hrjopocrepfs est le colubridé terrestre le mieux réparti et
probablement le plus abondant dans l'aire d’étude. Nous avons en effet
observé 54 spécimens de cette espèce dans 50 localités. La Couleuvre fer
à cheval est présente le long de la chaîne rifaine, occupant un segment
altitudinai assez large (0-i700 rn) malgré le caractère thermophile de cette
espèce (fig. 5).
24

Les résultats préliminaires nous ont aussi permis de confirmer d'une
manière précise tes limites de distribution de quelques sous-espèces à
statut claire ment reconnu. Les exemplaires de Marjoofon monspessufanus et
Macrqorotodon cucuttatus que nous avons étudiés à |’ouest de la Moulouya
(M. m., n = 35; M. c., n = 12), appartiennent tous, respectivement, aux
sous-espèces M. m. monspessutanus et M. c. brevis, ce qui confirme la
distribution établie pour ces deux sous-espèces par Bons (1967) et Busack
et McCoy (1990), respectivement.
D . Espèces citées dans le Rif mais non retrouvées
- Chatcrdes maunitanfcus de Melilla (Mateo, 1990) et Ras el Ma (Mellado et
al., 1987).
- Chafcides mionecton de Tanger (Bons, 1967).
- Chafcfdes ebnerf de Fthafsai (Ph. Geniez, comm. pers.) _
- Eryxfacutus : un spécimen provenant de Zaio se trouve deposé a la EBD
(voir aussi Mellado et Mateo, 1992).
La mention de Psammodromus mfcrodactyius à Tanger datant du siècle
passé (Boettger, 1883) est l’unique dans cette contrée _du pays, et_]usqu_'à
présent aucune capture n‘est venue la confirmer. llS`ag1td’une espece tres
rare dans tout le pays, connue avee certitude dans seulement deux
localités aux Moyen et Haut Atlas (Geniez et ar., 1991). La mention de cet
endémique marocain à Tanger n’a donc provisoirement pas eté retenue.
Remerciements - Nous remercions sincèrement A. Cerro, M. Feriche, S.
Honrubïa, I. Flores, F. Coronado et particulièrement N. Vichera, Dour I'aide
fournie sur le terrain et les professeurs J._Bons, M. Errarni et Ph. Geniez
pour avoir relu et critiqué ce travail. Eniun, nos remerciements les plus
sincères vont à Monsieur le Doyen de la Faculté des Sciencee de Tetouan,
Professeur L. Imlahi, pour toutes les facilités qu‘il nous_a pretees au Maroc;
à tout le personnel des Eaux et Foréts pour l’aide precieuse fournie, a_E'|
Bakkali M., pour sa collaboration aupres de ceux-ci. Ce travail a ete
partiellement financé par l’aide a la recherche de la Direccion General de
Universidades e Investigacion de la Junta de Andalucia, et par el Proyecto
de la DGICYT PB89-081.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AELLEN, V. (1951) - Contribution à Pherpétologie du Maroc. Bu!}. Soc. Sci. Na!. Phys.
Maroc., 31 : 153-199.
BOETTGER, O. (1883) - Die Reptilien und Amphibien von Marocco. Abhandt. Senckenb.
Gas., 13 : sa-ms.
BONS, J. [1958) · Contribution à |'étude de |'herpétofaune Marocaine [Reptiles de la
région d'lfrane). But!. Soc. Sc!. Nat. Phys. Maroc., 38 (3) : 167-182.
BONS, J. ( 1960) - Aperçu sur le peuplement herpétologique du Maroc Oriental. But!. Soc.
Sci'. Nat. Phys. Maroc., 40 : 53-75.
25

BONS, J. (1967) - Recherches sur la biogéographle et la biologie des amphibiens et des
reptiles du Maroc. Thèse Doct. Sci. Nat., Montpellier, CNRS AO 2345, 321 p.
BONS, J. (1972) - Herpétoioôrie Marocaine. l. Liste commentée des amphibiens et reptiles
du Maroc. Bull. Soc. Sci. at, Phys. Maroc., 52 (3l4) : 107-126.
BONS, J., CHEYLAN, M. et GUILLAUME, C.P. (1984) - Les Reptiles méditerranéens. Bull.
Soc. Herp. Fr., 29 : 7-17.
BUSACK, S. D. (1986 a) - Biogeographic analysis ot the herpetotauna separated by the
formation ol the Strait ol Gibraltar. Nat!. Geogr. Res., 2 Z 17-36.
BUSACK, S.D. (1986 b) - Taxonomie implications of bîochemical and morphological
dillerenciation in Spain and Morocco populations ol three-toed skinks, Chalcides chalcfdes
(Lacertilia, Scincidae). Herpetologrca, 42 1 230-236.
BUSACK, S.D. (1987) · Morphological and biochemical ditlerentiation in Spanish and
Moroccan populations oi the lizard, Lacerta lepfda. J. Herpetoi'., 21 : 227-234.
BUSACK, S.D. (1988) - Biochemical and morphological dilterentiation ln Spanish and
Moroccan populations of Blarius and the description ol a new species lrom Northern
Morocco (Reptilia, Amphisbaenia, Amphisbaenidae). Copela 1988 1 101-109.
BUSACK, S.D. et McCOY, C.J. (1990) - Distribution variation and biology ol
Maoroprotodori cucullatus (Reptilia, Coluoridae, Boiginae}. Annals of Carnegie Museum, 4
: 261-285.
DICENTA, F., HEFINANDEZ, V. et ROBLEDANO, F. (1989) - Contribucion al atlas
herpetologico de la region de Murcia. Treb. Soc. Cat. ictio. Herp., 2 : 44-62.
ESCAFIFIE, J. et VERICAD, .l.R. (1981) - Faune Alicantina, I. Saurios y Ofidios. Inst. de
Estud. Alicanlinos. Alicante. 101 p.
GALAN, F. (1931) - Batracios y reptiles del Marruecos Espanol. Bol'. Soc. Esp. Hist. Nat.,
31(5) 1 361-67.
GENIEZ, Ph.; GENIEZ, M.; BOISSINOT, S.; BEAUBRUN, P-C. et BONS, J. (1991) -
Nouvelles observations sur l'herpètotaune marocaine, 2. Bull. Soc. Herp. Fr., 59 : 19-27.
GUILLAUME, C.P. et BONS, J. (1982) - Répartition. Nouvelles observations
herpétologiques au Maroc. Bull. Soc. Herp, Fr., 23 : 47-53.
HSU, K.J. (1983) - The Mediterranean was a Desert. Princeton Univ. Press, Princeton.
LANZA, B. (1957} - Su alcuhi ==Chalcides» del Marocco (Reptilla, Scincidae). Monit. Zoo}.
ltal., 65 : 85-98.
MATEO, J.A. (1990) — Aspectos biogeogralicos de la Iauna reptiliana en las isias
espanolas. Rev. Esp, Herp,, 4 : 81-44.
MATEO, J.A. (1991) - Los aniibios y reptiles de Ceuta, Melilla, Chalarinas, Perron de Vèlez
de la Gomera, Penon de Alhucemas e lsloles. Rev. Esp, Herp., 5 : 37-41.
MELLADO, J., CAPUTO, V. y NASCETTI, . (1987) - Sobre las poblaciones de Chalcfdes
(Reptilia, Scincidae) del Ncrdeste cle Marruecos. Rev. Esp. Herp., 2:183-186.
MELLADO, J. et DAKKI, lvl. (1988) — inventaire commenté des amphibiens et reptiles du
Maroc. Bull. Inst. Sci., 12 1 171-181.
26

MELLADO, J et MATEO, J.A. (1992} - New records ot Moroccan herpetotauna. Herp. Jour.,
2 (2] : 58-61.
PASTEUR, G. (1959) - La faune reptiltenne récente du Maroc. Buii. Soc. Sci. Naf. Phys.
Maroc., 39 : 129-139.
PASTEUR, G. et BONS, J. (1960} - Catalogue des reptiles actuels du Maroc. Révision des
formes d'Atrique, d‘Europe et d'Aste. Trav. Inst. Sci. Chèrifien, Ser. Zool. 21, 134 p.
PLEGUEZUELOS, J.M. (1989} - Dtstribucion de los Reptiles en la provincia de Granada
(SE. Peninsula Iberica). Doriana, Acta I/errebrata, 16 [1} 1 15-44.
PLEGUEZUELOS, J.M. et MORENO, M. (1990) - Atlas herpetologico de la provtncia de
Jeen. Agencia del Medio Ambiente. Sevtlla. 5 p.
SAINT-GlRONS, H. (1951] — Les serpents de l’Alrique paléarctlque. C. Fr`. Soc. Biogéogr.,
28 (241 -243) : 99-102,
SA|NT·GlRONS, H. (1956] - Les serpents du Maroc. Bott. Soc. Sci. Nat. Phys. (var. soient.)
Maroc., 8 : 1-29.
SALVADOR, A. (1932} - A revision ol the lizards ol the Genus Acanthodactylus [Sauria :
Lacertidae), Bonn. Zooi. Monogr. 16. 167 p.
SCHATTI, B. (1982} · Bemerkungen zur Okologie, Verbreitunê und intraspezîtischen
variation der vipgernatter, Natrix maure (Linné, 1758) (Reptilla, erpentes). Rev. Suisse
Zooi., 89 [2} : 21-542,
WERNER, F. ( 1929} - Wissenschattliche ergebnlsse einer zoologischen forschungsreise
nach Westalorien und Marokko. ll. Teil. Reptifien und Amphibien. Sitzberg. Akao'. Wiss.
Abt.,1138 (1-2} : 4-28.
ZULUETA, A. (1909) · Nota sobre reptiles de Melilla. (Marrruecos). Bol. Soc. Esp. Hist.
Nat., 9 : 351-354.
_ _ S. _FAHD
Département de Biologie,_lîacuIte des Sciences
Universite Abdel Malek Sâadi
2121 TETOUAN, (Maroc)
Gt
J.M. PLEGUEZUELOS
Departamento de Biologna Animal, Facultad de Ciencias
Universidad de Granada, 18071 GRANADA, (Espagne}
27

ANNEXE
Liste des reptiles du Rif (d'après nos prospectinns et la bibliographie)
CHELONIA
Testudinidae _
Testudo graeca grœca (Linne, 1758)
Emydidae
Mauremys reprosa (Schweigger, 1812)
Emys orbicuiarfs (Linnè, 1758)
AMPHISBAENIA
Amphisbaenidae
Branus ringiranus Buseck, 1988
Trogonophidae
Trogonophis wiegmanni wfegmannf (Kaup, 1830)
Tmgonophis wiegmanni eregans Gervais, 1835
SAUFIIA
Gekkonidae _ _
Hemfdactyius turcfcus rurcfcus (Linne, 1758)
Saurodacryrus fascfatus Werner, 1929
Saurodacryfus mauritanius mauritanicus (Dumèril et Bibron, 1836)
Srenodactyius smenouacryrus rnauritanicus Guichenor, 1850
Tarentoia maurüanica maurfranfca (Linné, 1758)
Agamidae
Agama bibroni Boettger, 1874
Uromastix acanthfnurus Bell, 1825
Chamaeleonidae _ _
Chamœreo chamaereon chamaefeon (Lann. 1758)
Scincidae
Chafcfdes merrensi Klausewitz, 1954
Charcfdes ebneri Werner, 1931
Chaicfdes coiosri Lanza, 1957 _ _
Charcides mauritanicus (Dumerul et Brbron, 1839)
Charcides mfonecton mipnecton (Boettger, 1874)
Chafcides pceifatus subtypfcus Werner, 1931
Chalcides poiyfepis poryfepfs lâeulenger, 1890
Charcides ppiyiepis «0rier1ta|»
Eumeces schneideri algeriensfs Peters, 1864
28

Lacertidae
Acanthodaotyius bosirianus asper (Daudin, 1802)
Acanthodactyios erythrurus beiii Gray, 1845
Acantitodactyius erythurus iineornacuiatus Dumeril et Bibron, 1839
Acanthodacryius macuiatus (Gray, 1838)
Laoerta parer Lataste, 1880
Mesaiina oiivieri oiivieri (Audouin, 1829)
Podarcis higoanica ·.··auci1eri (Boulenger, 1905)
Psammodromus aigirus aigirus (Linne, 1758)
SEFIPENTES
Boidae
Eryx iacuius jacuirrs (Linné, 1758)
Colubrîdae
Coiuber hippocrepis hiopocrepis Lînne, 1758
Coroneiia gironotica (Daudin, 1803)
Macrqorotedon cucuiiarus brevis (Günther, 1862)
Maiooion monspessuienus monspessuianus (Hermann, 1804)
Nairix maure (Linnè, 1758)
Matrix natrix astreptophora (Seoane, 1884)
Psamrnophis schoirari (Forskal, 1775)
Spaierosophis doiichospiius Werner, 1923
Viperidae
Vioera iatastei gaotitana Saint-Girons, 1977
Vioera meuritanica (Gray, 1849)
(*) Forme qui cpnçtitue probabiment une nouvelle espèce (J.A. Mateo, comm, pers.) qui
sera bientôt decrrte.
29


			
Bull. Soc. Herp, Fr. (1992) 63 ; 31-45
par
Stéphan BRODIN
Résumé - Sévissant principalement en zone Indo-Pacifique, le chélonitoxisme, ou
intoxication par consommation de chair de tortue marine, reste un phénomène rare et
méconnu. Un tableau récapitulatif des cas publiés montre Vanciennete et la sporadicité de
cette intoxication, dont la connaissance semble différemment abordée selon les
populations. Eretmochelys rmbricata est i`espéce principaie, mais d’autres tortues marines
pourraient devenir toxiques à certaines occasions. La toxine est inconnue, les études
toxicologiques sont quasi absentes, seules des hypothèses permettent d‘evoquer le rôle
de la chaîne alimentaire, ce qui met en parallele le chélonitoxisme et la ciguatera.
L’anaIyse des dossiers medicaux polynésiens (onze cas) a apporté une description
clinique montrant ainsi la gravité du chlonitoxisme et surtout son unicité clinique vis à vis
des aulresintoxications biomarines.
Mots-clés : Tortues marines. intoxication. Chélonitoxisme. Polynésie française.
Summary ·- Qcnfined mainly to the Indo-Pacific area, the problem ol cheloniotoxisrn (turtle-
flesh porsonrng) ts rare and hardly known. Past cases indicate that poisoning is sporadic
and has a long history, knowledge of which is variable amongst local populations. The
hawicsbili turtle Eretrnochefys rmoricara is the main species involved, but other marine
turtlee have been known to be toxic. The toxin is unknown, there are virtually no
toxicological studies, only a theory involves the tood chain when a parallel is drawn
between chionrotoxlcatron and crguatera. Anaivsis of eleven cases in French Polynesia
provides a clinical description pointing to the serlousness of cheloniotoxism and its
srngularity compared to other btomarine poisoning.
Key-words : Sea turtles. Poisoning. Cheloniotoxication. French Polynesia.
I - INTRODUCTION
Partout en zone tropicale où vivent les tortues marines, celles-ci ont eté
l’ob]et d'ur]e large exploitation pour de nombreux motifs dont la
consommation de leur chair.
La Polynesie Française n'a pas été exempte de cette surexploitation,
car en ce lieu depuis des siècles les tortues marines ont joue un role dans
CertamBS Ceremûntes, en mythologie, en art, ainsi que dans |’a|imer1tati0n.
Si leur valeur gustative et culturelle les reservaient anciennement aux
chefs, pretres, rois et reines, la chair de tortue marine a pu être
consommee par tous vers la fan du XIXQ siecle, et si de nos jours cette
pratique est devenue rare en raison de la legislation protégeant l'espece et
cle, la rarete_ des S|.'JQCImAenS,- une ’COnS0mmatiQn 0CCaSi0nt1el|e, voire
iilegale, persiste sur les iles eloignees de Tahiti.
C'est ainsi que plusieurs cas d'intoxication sont survenus ces dernieres
annees, reveillant alors le problème du chéionitoxisme qui est un problème
meconnu du corps medical. En effet depuis la publication de Bagnis (1972)
concernant une intoxication collective en 1967 sur I‘ï|e de Raiatea (Archipel
Manuscrit accepté le 7 fevrier 1992
31

de la Société), aucun fait similaire n‘avait été rapporté parmi les
publications en langue française. Pourtant à partir de dossiers du Centre
Hospitalier Territorial de Papeete (Tahiti), il a été possible de retrouver sur
ies huit derniéres années plusieurs séries d’intoxication par consommation
de Eretmocheiys irnbrfcara (tortue à écailles), dont deux séries à six mois
d'intervalle en 1990 sur l'ïle de Huahine (Archipel de la Société). Ces faits
évoquérent une possible recrudescence locate de chélonitoxisme.
Il · MATERIEL ET METHODE
La recherche puis l’analyse dela bibliographie internationale, associée à
Vétude de onze dossiers médicaux du Centre Hospitalier Territorial de
Papeete (Tahiti) entre 1982 et 1990, dont certains ont été suivis
personnellement, permettent de rappeler et de commenter le
chélonitoxisme.
Notons que le chélonitoxisme fait partie des nombreuses intoxications
biomarines orales dont les plus connues sont les ichthytoxismes tels la
ciguaterai i et le tétrodotoxisme.
Ill - RESULTATS
A - Historique des intoxications
1 - Les séries publiées
Trés tôt, Vhomme a été confronté aux animaux marins vénéneux des
tropiques. Ainsi, le Capitaine Cook, durant son voyage autour du monde, fit
état en 1774 de son intoxication par des poissons tropicaux (ciguatera),
mais la connaissance de l‘intoxication par les tortues marines est aussi
ancienne.
Selon Read (1937), ce type d'intoxtcation paraîtrait dans les écrits dela
dynastie Tang en Chine (818-907). Sans avoir à remonter aussi loin, on
trouve une premiére publication G8 Chevallier et Duchesne (1851), lesquels
citent le pére Labat (1722) qui décrivait l'efiet purgatii de la chair de caret
en 1697 aux Cara`ibes, et citent aussi Anson qui en 1740 parlait du
caractere occasionnellement malfaisant de la tortue verte sur la côte
occidentale mexicaine.
Par la suite, Tennent (1851) rapporte une série de 28 cas, dont 18
décés, survenue sur la côte sud-ouest du Sri Lanka avec de la chair de
tortue verte, laquelle, selon |’auteur, pouvait étre toxique à certaines
saisons. Gadow (1901) ajoute l'éventue|le toxicité de la tortue luth,
remarque ensuite rapportée par Banfield (1913) pour certaines iles du
Pacifique. Ce dernier cite Cleland (1845) au sujet des indigènes du
Queensland en Australie qui considéraient comme mortelle la chair de la
tortue à écailles.
Q1) Ciguatera : intoxication par consommation de poissons tropicaux, trés répandue et spécifique des
COSy'SiB|'|'1BS COTBIIIBIWS, BIIG est pf|f`lClp&iS|'|"|BH( BI1 Iâpptlrl SVBC la CFQUâÈO)(lFlE, TCXITIB acquise IB I0l'lg
de la chaîne alimentaire des poissons à partir d'un dinoflagellé toxino-producteur, essentiellement le
Gambieirdiscus toxicus,
32

Une grande série vient de Taylor (1921), comprenant 14 décès parmi 33
intoxications en 1917 aux Philippines, dont |‘espéce en cause reste
discutée. De son côté, Deraniyagala (1939) répertorie plusieurs séries
survenues au Sri Lanka, principalement au nord-ouest du pays, toutes en
rapport avec des tortues à écaitles. Toutefois, il énonce la possibilité de
toxicité de la tortue luth au sud de ce pays à certaines saisons. Il est aussi
le premier à évoquer un lien entre l'alimentation de l'anirnal et sa toxicité.
Une des premiéres descriptions cliniques retrouvées vient de
Bierdrager (1936) à partir de cas survenus sur I’ïle Japen en Papouasie
Nouvelle Guinée, où il note le mauvais pronostic de la somnolence des
patients. Parallèlement, Siegenbeek van Heukelom (1936) décrit une série
survenue sur I'île de Java en Indonésie, l’espéce en cause étant discutée.
Kinugasa et Suzuki (1940) rapportent 7 décès précoces à Koryu sur la
Côte ouest de Taïwan. Ces auteurs tentent même une analyse
toxicologique peu concluante.
Fievenant sur les aspects cliniques attribués à la chair de tortue à
écailles, Fiomeyn et Haneveld (1956) distinguent deux catégories de
symptômes, les signes buccaux et les signes neurologiques; ils reprennent
Vhypothése de l’alimentalion en incrirninant la tlore corallienne à partir
d’une série survenue aux Iles Shouten au nord de la Nouvelle Guinée.
Dans la même région, Campbell (1960) distingue |'9ntitÉ.* clinique de ce
type d'intoxication, rappelle sa rareté, et voit un lien entre sa gravité et la
quantité ingérée.
La publication de Pillai (1962) reste une référence avec ses 130 cas et
16 décès enregistrés à Sakthikulangara au sud de l’lnde. Il note la
précocité des décès, avant ia lin de la premiére semaine d'évoluti0n, le
risque accru pour les jeunes sujets, et il attribue ces décès à un arrêt
respiratoire avec oedéme pulmonaire.
Cooper (1964) en enquétant sur les intoxications biornarines aux iles
Gilbert, rapporte deux séries survenues en 1949 et 1960, montrant ainsi
que le probléme s’étend au Pacifique Central.
Prés de Kavieng en Nouvelle Guinée, Devvdney (1967) rapporte une
série de 43 personnes. Il est le premier à observer l’intoxication grave d'un
bébé strictement allaité par sa mére, ayant elle-méme consommé le repas
toxique, évoquant ainsi la possibilité de transmission par le lait maternel.
Aux philippines, Flonquillo et Caces-Borja (1966) passent en revue les
cas locaux et ajoutent ainsi à la série de Taylor deux autres survenues en
1954 à lvlindanao avec des tortues à écailles, notant au passage la
fréquente polyurie dans le tableau clinique.
Les japonais Hashimoto, Konosu, Yasumoto et Kaniya (1969), a partir
de trois années d'observation sur les intoxications biomarines de l'archipel
Ftyukyu et des Iles Amami au sud du Japon, rapportent le souvenir d’une
grande série vers 1950 et cle quelques cas en 1967. Kano (1977) incrimlne
aussi la tortue à écailles aux Iles Nansei.
Puis Bagnls et Bourligneux (1972) publient ia premiére description
française à partir des cas polynésiens. dont un décès, illustrant les propos
de 1-iaistead (1970) qui parlait de «chélonitoxisme>> (chelonitoxication),
laquelle dériverait des algues. Rappelant |'absence d’étude toxicologique,
Bagnis tente d’appliquer ses méthodes d'extraction de la ciguatoxine à la
chair de tortue a écailles, et teste les extraits lipidiques de souris.
33

Parmi les rares publications qui suivront, on note la série de Likeman
(1975) survenue prés de Kavieng en Papouasie Nouvelle Guinée, celle de
Spring (1982) d’avant 1980 en ce même pays, et surtout les cinq séries
indiennes étudiées par Silas et Fernando (1984). Celles-ci sont survenues
dans le Tamil-Nadu au sud de l’lnde, et leur analyse confirme que Chefonfa
mydas peut formellement être en cause avec le même tableau clinique que
Eretmochefys irnbricata. Par ailleurs les auteurs constatent sur le terrain
i’ignorance des médecins (méme en Inde), et Vinefficacite de la légisiation
protectrice des espèces. Ainsi que de nombreux auteurs, ils reconnaissent
que beaucoup de cas bénins doivent passer inaperçus.
La derniére série retrouvée est celle de Ariyananda (1987) au Sri
Lanka, qui rapporte 15 cas dont 2 décès liés à la tortue à écailles. L'auteur
parle de rrflambée d’intoxication» (comme pour la ciguatera) et de
Vinefficacité des coutumes ou dictons locaux vis à vis d‘une tortue toxique.
Chandrasiri (1988) analyse les deux décés et insiste sur la constatation
anatomo-pathologique d'oedémes pulmonaires interstitiels.
A |‘ensemble de ces cas historiques il est désormais possible de joindre
les derniers cas polynésiens survenus respectivement :
- à Flangiroa (atoll des Tuamctu) en 1982 avec 6 personnes déclarées dont
3 hospitalisées;
- à Bora-Bora (Iles-sous-le-Vent) en 1987 avec 1 personne déclarée et
hospitalisée, puis décédée;
- à Tahaa (lies-sous-le-Vent) en 1989 avec 1 personne déclarée et
hospüaüsée;
- à Huahine (Iles-sous-le-Vent) en 1990 où deux séries successives
concernent 1 personne hospitalisée, puis 8 personnes dont 5 hospitalisées.
Dans chacune des séries polynésiennes, Eretmochelys imoricara fut la
seule à étre incriminée.
Au total une premiére synthese des publications sur le chélonitoxisrne
permet de remarquer:
— son ancienneté indéniable même si certains détails dans les plus vieilles
publications peuvent être discutés;
- son aspect ponctuel et sporadique, évoluant par flambée locale, souvent
sur un groupe d’îles proches (|’exernple polynésien des iles-sous-le-Vent
est caractéristique);
- sa distribution essentiellement limitée a la zone Indo-Pacifique, touchant
surtout le sud de |'lnde, |'lndonésie, les Philippines, la Papouasie Nouvelle
Guinée, s’étendant au Pacifique Central jusqu'en Polynésie Française;
- et le caractère incomplet des descriptions cliniques et surtout para-
cliniques, car effectuées rétrospectivement dans la plupart des séries.
2 . Les autres régions suspectées
Si la zone Indo-Pacifique fournit la quasi totalité des series publiées, la
revue de la littérature zoologique et parfois médicale révèie des allusions,
voire des certitudes, sur |’existence du chélonitoxisrne en d’autres régions.
Cependant aucune série d'intoxication ne semble avoir été publiee, la
fréquence y paraît infime, les témoignages émanent souvent de pécheurs
locaux, les propos peuvent étre contradictoires et les tableaux cliniques
mal décrits. Mais |’espéce concernée est toujours Eretrnochefys imbricara.
34

Dans la zone Indo-Pacifique, en plus des pays précités, selon Ftivolier
(1969) les Iles Samoa seraient touchées. Il en serait de même pour le
Vietnam et le Cambodge, mais ces remarques ne sont pas étonnantes vu
leur situation géographique.
Dans I’Océan Indien, des arguments plaident pour la présence de
chélonitoxisme. Aux Comores, habituellement la tortue à écailles ne serait
pas consommée carjugée vénéneuse. Aux Maldives il aurait été rapporté
des intoxications au sud de l’archipeI, en tous cas Lagraulet (1975)
rapporte la notion de toxicité de la caret (Erefmocheiys imbricata) sur des
témoignages locaux. Sur |’ile Maurice aucune série ne semble publiée,
pourtant une ordonnance de 1884 stipulait bien la toxicité de la caret en
interdisant la vente de sa chair sur les marchés (Jones, 1956). A
Madagascar, Hugues (1973) suspecte la possibilité de toxicité à partir de la
réticence des populations côtières vis à vis de la chair de caret. Aux
Seycheltes, sa chair ne serait pas couramment consommée car jugée
toxique, quoiqu'aucun cas documenté ne soit connu.
En Mer Bouge, Hirlh et Abdel Latif (1980) parlent de la toxicité de la
tortue à écailles aux Iles Suakin. De même par endroit, elle serait
vénéneuse en Egypte, sur les côtes saoudiennes, et en Oman à Masirah.
Dans la région Caraibes et sur certaines cotes américaines. quelques
remarques sont à retenir. Certes les premiers cas publiés par Chevallier et
Duchesne (1851) venaient l’un d'une île des Caraibes et Feutre de la côte
mexicaine, mais depuis aucune série n‘a été publiée alors que les
populations consommeraient aisément la caret. Certains rapports parlent
de cas en Colombie et au Mexique, ainsi le rapport du CITES (Groombridge
et Luxmoore, 1989) parle de I'effet nocif de la caret au Guyana. Il ne faut
donc pas décréter hâtivement cette région indemne, d’autant que selon
Lescure (comm. pers.), le témoignage local d’un pêcheur de Saint-
Barthélémy décrit un cas récent (vers 1975) sur I‘ile Saint- Thomas (Iles
Vierges américaines). Notons aussi qu’à propos des Indiens de Guyane,
Fretey et Fienault-Lescure (1978) rapportent |'existence d'interdits locaux
vis à vis de la chair de tortue, et un cas ··d'empoisonnement== par tortue
iuth.
Sur les côtes atfantiques de I’Afrique, selon certaines communications,
la toxicité de la caret existerait au Sénégal et dans le Golfe de Guinée.
Bien entendu, tout cela reste à vérifier, mais on notera cependant le
rapport isolé de Margueritat (1943) sur sa propre intoxication par la chair
de tortue luth.
B . Liste des espèces reconnues comme toxiques
- Ereonochelys imbricata (tortue à écailles) est de loin l'espéce
majeure, reconnue de tous, formeliement impliquée dans 64% des
publications, sachant que 18% des espèces y sont restées indéterrninées.
- Cheionia mydas (tortue verte) est la deuxieme espèce en cause,
retrouvée dans 12% des publications. Longtemps suspeclée, son
imptication est acquise depuis les observations de Silas et Fernando
(1984) au sud de I'|nde.
-Derm0cheiys coriacea (tortue luth) est la troisieme espèce incriminée.
Cependant aucune description clinique détaillée n’est satisfaisante, les
35

sources émanant de témoignages locaux ou de rapports anciens. Son rôle
attend d’étre confirmé, mais la rareté grandissante de la tortue luth et le
fréquent dégoût qu’inspire sa chair rendraient exceptionnels de futurs cas.
C . Les aspects médicaux
Médicalement, il s’agit bien cl'une entité clinique distincte des autres
types d’intoxication biomarines orales.
Le tableau clinique est relativement stéréotypé. L'incubation est en
moyenne de 24 heures, mais un minimum de quelques heures peut se voir,
et à l‘inverse un délai maximal de 3 à 4 jours est parfois décrit.
La période d’installation est ensuite dominée par des troubles digestifs
a type de nausées, vomissements, voire épis gastralgies, la diarrhée étant
trés inconstante. D‘autres symptômes à type de sensation vertigineuse, de
malaise général, sueurs, froideurs des extrémités, maux de gorge,
oppression thoracique... sont très variablement retrouvés.
A ce stade, |'évolution se partage entre trois formes cliniques : une
forme bénigne, intermédiaire, ou grave.
- La forme bénigne, dont la fréquence est trés sous-estimée, se limite
aux précédents symptômes et guérit totalement en une semaine au plus.
- La forme intermédiaire est la plus typique. ll existe une glosso-
stomatite quasi pathognomonique, mais inconstante car présente dans
25% à 75% des 038. Elle est précédée de brûlures pharyngées et bucco-
Iinguales empêchant la boisson et I’aIimentation. Parfois une dysphagie
avec hypersialorrhée est notée. La langue devient trés érythémateuse et
douloureuse, l’ensembie de la bouche et des lévres se couvrant
d'u|cérations muqueuses dont la durée est de 2 à 3 semaines. Dans
certains cas la glosso-stomatite s’accompagne d'une oesophagite aiguë.
Le deuxieme maître-symptôme de cette forme intermédiaire est une
somnolence progressive, véritable critère de gravité, dont la fluctuation
caractéristique peut conduire à des phases de reveil total etlou des phases
d'excitation psychomotrice. Cette somnolence peut constituer le mode
d'entrée dans la forme grave en devenant un coma constitué. Dans le cas
contraire, la forme intermédiaire guérit sans séquelles en 3 semaines
environ.
- La forme grave, relevant d’une hospitalisation en unité de réanimation,
complique le tableau précédent d’une atteinte polyviscérale avec un coma
calme, hypotonique, aréflexique, et sans signe de localisation, avec une
détresse respiratoire précoce nécessitant une ventilation artificielle
(souvent prolongée), une néphropathie de type tubulaire avec fréquente
polyurie, et une cytolyse hépatique (parfois retardée) avec rare
hépatomégalie douloureuse. Le taux de mortalité du chélonitoxisme est
évalué de 12% a 28% des cas déclarés selon les séries, en sachant que la
gravité est plus grande chez les enfants.
Par ailleurs, l'analyse des récentes séries polynésiennes a permis de
mettre en évidence, dans les formes graves et a un moindre degré dans les
formes intermédiaires, des perturbations cliniques et biologiques jamais
évoquées jusqu'a présent. Il s'agit : d'anomaIies biologiques initiales telles
|’acidose métabolique, |’hyperuricémie, Vhyponatrémie et Phypoglycérnie;
36

d‘anomalies hèmatologiques, essentiellement des neutrophiles et des
plaquettes, dont l’origine médullaire peut être suspectèe; et des séquelles
neurologiques complexes, centrales etfou périphériques, parlois lentement
régressives, à Pissue de la période comateuse.
LISTE DES CFIITÈHES DE GHAVITÉ DANS LE CHELONITOXISME :
— consommation d’une grande quantité de chair.
- consommation du foie (discute).
— tres jeune âge du patient.
— somnolence etiou excitation psychomotrice (a fortiori coma).
- clyspné de Kussmaul avec aciclose métabolique.
- encombrement bronchique précoce.
- hypoxémie.
- hyperuricèmie majeure.
- hyponatrémie initiale.
Il y a gravité potentietle tant que le cap des sept jours d’évolution n'est pas
dépassé.
IV - DISCUSSION
A . Reconnaissance de la toxicité selon les régions
Le chapitre historique permet d'évaIuer à plus d'une vingtaine le
nombre de pays tropicaux où l’intoxlcation par tortue marine a été
rapportée, soit officiellement par publication, soit ofiicieusement par
tradition orale.
Par ailleurs, nous savons combien sont nombreuses les motivations
incitant un pécheur à pourchasser ces animaux, et la consommation de leur
chair est souvent dictée par des critères relevant soit de la simple
subsistance nutritionnelle. soit du contexte ethnique et socioculturel. Or,
selon les régions, ces critères peuvent étre liés à des interdits
traditionnels, bien loin de ceux imposés parla legislation sur la protection
de Vespèce.
Globalement, deux ordres d’interdits pourraient être distingués :
— des interdits directement liés à la toxicité, lesquels sont précis.
— des interdits culturels ou religieux, non liés officiellement à la
toxicité, lesquels sont divers et nombreux. De plus, certains interdits
s’adressent directement à Eretmooiteiys imbricata, d'autres à |’ensemb|e
des tortues marines, et il n'est pas toujours possible d’étab|ir un lien direct
entre |'lnterdlt et la toxicité.
En tous cas, de nombreux gestes traditionnels des pêcheurs montrent
une attitude de protection, laquelle s’observe essentiellement parmi les
populations pauvres où la chair de tortue peut constituer un appoint
nutritionnel non négligeable. Par exemple en Inde, la plupart des hindous
jugent les tortues impures et n’en mangeraient pas, alors que dans les
régions pauvres du sud (Tamil-Nadu et Kerala), les pécheurs en mangent
après avoir seulement écarté les viscéres et le foie de toute espéce autre
37

que la tortue verte. Toutefois les empoisonnements ne sont pas rares.
Au Sri Lanka, la majorité des Cingalais bouddhistes refusent de manger
de la tortue pour motif religieux. En revanche, les Cingalais chrétiens et les
tamouls la mangent, et dans les régions du nord (Jaffna), la tortue à
écailles est parfois consommée par les pécheurs pauvres. lis semblent en
connaître les risques comme le dénotent certaines de leurs attitudes. Ainsi,
ils jetaient un morceau de foie à des corbeaux et si ceux·ci le délaissaient,
la chair était jugée non comestible. D'autres mélan eaient de la chair de
tortue verte à celle de la tortue à écailles afin d’atténuer le risque toxique.
Sur certaines îles de Papouasie Nouvelle Guinée, ainsi que quelques iles
de Salomon, la population adventiste respectait un interdit religieux
concernant toutes les tortues. Sur les iles Trobriand, il existerait un interdit
coutumier propre a une tribu et en rapport avec la protection des champs
d‘ignames. Mais outre ces particularités locales, toutes les especes sont
consommées en Papouasie Nouvelle Guinée et les intoxications ne sont
pas rares malgré quelques régles traditionnelles, tels le test de la chair
auprés d’un chat ou d’un chien, ou encore certains dictons amusants du
genre : «..-si la tortue vient à toi ne la mange pas, mange-la seulement si
tu cours après.._» ou =<...les tortues toxiques ont un long cou, une langue
noire et un menton noir...»
A côté de ces exemples, le cas de |‘ï|e Maurice est remarquable. En
effet, c’est le seul endroit où un décret a stipulé officiellement en 1884
l’interdiction de vendre de la chair de caret. Il s’agit du seul interdit officiel
retrouvé. Madagascar est proche de Maurice, et traditionnellement la tortue
à écailles n'y est pas consommée, mais les raisons en sont imprécises car
il existe beaucoup de superstitions autour de la capture et de la
consommation de ces animaux. Ainsi à I‘inverse du cas de l’île Maurice,
l’exemple de Madagascar montre combien il est délicat de faire la part
entre l'image culturelle véhiculée parla tortue marine en tant que symbole,
et une hypothétique connaissance locale de la toxicité.
Dans le reste de |’©céan Indien, Vimplantation de |'lsIam apporte
quelques constatations. Même s’i| n‘existe pas de prohibition formelle et
universelle liée à |‘lslam, de nombreuse populations musulmanes suivent
un interdit reiigieux vis a vis de la chair de tortue, dont l'origine profonde
n’est pas précisée. Les musulmans du Bangladesh, de la Birmanie, du
Pakistan, de la Somalie (sauf les Barjuni), de l'Ethiopie, du nord
Mozambique ne doivent pas consommer la chair de tortue. Parfois cet
interdit est outrepassé; ainsi aux Philippines le groupe intoxiqué en 1954
était musulman. De méme aux Comores, majoritairement islamiques,
l'interdit religieux serait de moins en moins suivi, ainsi qu’aux Maldives.
Ouant à la Malaisie, seules quelques populations pauvres (a Kudat, au
nord de Bornéo) et quelques migrants Indiens consommeralent la chair de
tortue. Or à travers ces pays a majorité musulmane, il est assez étonnant
de relever l‘absence de chélonitoxisme offlcie1.S’agit-ild‘une coïncidence?
Ou est-ce Vinterdit religieux qui, réduisant la consommation, diminue les
intoxications?
En Océanie, on retrouve des interdits culturels exprimés de diverses
manières, parfois s'adressant directement à Erermocheiys imbricata
comme au Palau où sa chair était tabou. En Micronésie, de puissants tabou
limitaient la consommation de toutes les tortues, de méme à Hawaii où le
38

systéme du «Kapu» jusqu'à il y a un siècle réservait la chair aux prétres et
aux nobles dans certaines circonstances. En Nouvelle Caledonie les
traditions mélanésiennes étaient encore plus ou moins respectées, ainsi à
Lifou seul le chef pouvait manger de la tortue, et bien souvent elle était
propriété d‘un clan. Au Kiribati et Tuvalu, les tortues étaient des totems, il
existait des contraintes coutumiéres avant de la consommer, et dans
certaines iles Eretmocheiys fmbricata était sacrée. Ces totems familiaux
ont même incités certains habitants ai énoncer que toutes les tortues
étaient toxiques.
Bien entendu de telles régles tendent à disparaître, tant en Océanie que
dans d'autres régions, et désormais l'ob}ection à consommer de la tortue à
écailles reposera en grande part sur la seule connaissance de sa toxicité
occasionnelle. comme par exemple en Polynésie Française.
Ainsi en Polynésie Française, l'interrogatoire des pécheurs, aussi bien
de Tahiti qu’aux Iles-sous-le-Vent ou aux Tuamotu, révéle en général la
distinction de deux types de tortues marines selon les habitudes locales.
— Honu lv1aa’a (littéralement «tortue qui se mange>>} décrite par les
pécheurs comme comestible, de trés bonne qualité, dont la mémoire
collective n’aurait jamais rapporté de cas d‘intoxication : il s'agit de
Chefonfa mydas.
- Honu lvianu (littéralement «tortue oiseauw) est décrite par les pécheurs
comme une tortue pourvue d‘un bec crochu et d'une carapace munie de
··pointes», elle est mentionnée comme tres toxique, mais ce fait ne semble
pas connu de tous, et elle peut alors être consommée. En général elle est
dénommée rrtortue bec d‘oiseau», mais un autre nom vernaculaire peut-
être Honu Afu lvloa (soit «tortue bec de coqn) ou Honu Kea dans les
Tuarnotu : tous ces noms locaux désignent Eretmocheiys fmbricara.
Quant à la connaissance de la toxicité de Honu lvlanu en Polynésie
Française, celle-ci est trés variable selon les personnes. Bien entendu les
médecins «popa‘a·· (étrangers) sont fes premiers à ignorer ce phénoméne.
lvlais il existe aussi des différences au sein de la population Maori. Ainsi
aux Tuamotu, |’interrogatoire de pêcheurs des atolls de Ftangiroa et de
Takaroa par exemple, ainsi que celui des Paumotu séjournant à Tahiti,
révéle une grande connaissance de la toxicité de Honu Manu, qui de ce fait
ne sera jamais mangée. Il faut savoir que les habitants de ces atolls restés
trés traditionnels, sont quotidiennement au contact des produits de |’océan
et du lagon. Toutefois, ta tromperie peut se voir puisque les patients
intoxiqués en 1982 venaient de Ftangiroa, mais il s'agit bien de la seule
série. En effet les autres séries polynésiennes proviennent toutes des Iles-
sous-le-Vent, ce qui laisse penser que l'éventuelIe toxicité de Honu lvlanu
n’y soit pas connue de tous, à moins qu'etle soit plus fréquente dans cet
archipel. Par ailleurs, on remarquera que sur ces îles le mode de vie est
plus occidentalisé, et que les réponses les plus évasives sur le sujet
venaient des pécheurs de cet archipel.
A propos de |'archipel des Marquises (Territoire Polynésien), le relief
volcanique sans lagon nl récif corallien déveioppé est moins favorable aux
tortues marines que le reste de la Polynésie Française. Toutefois la tortue
39

à écailles y est parfois rencontrée, mais Dambielle et Lagraulet (1975) lors
d’une enquête sur les empoisonnements marins ne mentionnèrent aucun
cas de chèlonitoxisme. Il est à remarquer, selon ces auteurs, que les
intoxications biomarines (ciguatera surtout) seraient récentes à la
différence des autres archipels polynésiens.
Au total, des hypothèses peuvent ètre énoncées pour expliquer la
possibilite de chélonitoxisme de nos iours et/ou sa recrudescence
apparente en Polynésie Française. Les facteurs révélateurs pourraient bien
être :
-_ur?1e accentuation de la méconnaissance par perte des traditions de
pec e; '
- une simple erreur avec une espèce jugée comestible;
- une augmentation du taux de toxicité locale de |'animal, comparable aux
flambées ciguatériques polynésiennes;
- une révélation directe des cas par Vaugmentation dela médicalisation des
îles polynèsiennes ces vingt derniéres années;
- un report désormais plus fréquent de la pèche a la tortue sur
Erermocheiys fmbrfcata en raison du nombre de plus en plus réduit de
Chelonfa mydas.
En fait, ces différentes hypothèses s’intriquent très probablement pour
expliquer la recrudescence des cas polynésiens, et peut-être |’existence de
cas dans d‘autres contrées.
B . A propos des espèces toxiques
Plusieurs espèces sont en cause, et il n'y a pas de doute sur l'unicité
des signes cliniques du chélonitoxisme. Une telle conclusion est
fondamentale tant au plan diagnostic que pathogènique. Cependant devant
tout chélonitoxisme reconnu cliniquement il est indispensable de s’atlacher
à un diagnostic zoologique précis, d'où la nécessité de récupérer la tète
etiou la carapace au minimum. Les imprécisions zoologiques des
premières publications renforcent cette nécessité diagnostique.
C’est ainsi que Halstead en 1970 proposait une liste de quatre espèces
occasionnellement toxiques : Eretmochefys irnbricata, Chelonia mydas.
Caretra caretta et Dermochelys corfacea; à laquelle Limpus (1987) aioutait
Chelonia depressa. En réalité Caretta caretta (tortue caouanne) était
suspectèe sur un seul écrit (Siegenbeek van Heukelom, 1936}, et Cheionia
depressa reste aussi discutée.
Ainsi avec le recul, le nombre de tortues marines à |'origine de
chélonitoxisme peut être limité à deux espèces formelles : Erermocheiys
imbrfcata et Chefonia mydas.
Quant à Derrnochefys ooriacea, son cas peut ètre discuté du fait de
|‘absence ci‘observations de cas récents. D’autre part, si elle est en mesure
d’occasionner une intoxication biomarine, la certitude d'un tableau clinique
identique au chélonitoxisme décrit dans cet article n'est pas formelle.
40

C. Pathogénie
Aucune étude toxicologique solide n’a pu étre entreprise, la (ou les)
chèlonitoxines sont inconnuels). En effet, Phypothèse de plusieurs toxines
à l‘image de nombreuses intoxications biomarines ne peut être exclue étant
donné la complexité clinique du chélonitoxisme et ses quelques variantes
cliniques observées.
‘ Concernant le siège de la (ou les) chélonitoxinels), la graisse de la
tortue n’est pas plus dangereuse que le maigre. En fait, tous les organes
consommés peuvent étre toxiques. Seul le foie semble plus toxique.
Aucun mode de préparation culinaire ne modifiera réellement cette
toxicité, aucun caractère externe a la tortue ne permettra la
reconnaissance de son éventuelle toxicité, et la quasi totalité des dictons
et des coutumes locales sont mis en défauts. Seule la prévention est
efficace, en dehors du respect de la législation, elle consiste à s’informer
auprés des habitués d’une éventuelle toxicité dans les parages. En cas de
doute, il est usuel de tester le foie ou la chair auprès d’un animal. A noter
qu’en Polynésie Française, deux pics de fréquence ont été constatés, l'un
en mai-juin et l’aulre en novembre-décembre.
Chez l‘homme, un certain nombre de points physiopathologiquessont
reconnus. Le lien entre quantité intégrée et gravité est un fait établi de
longue date. Le fait qu'un bébé en allaitement maternel exclusif puisse
s’intoxiquer par le lait de sa mère, elle-même ayant consommé de la tortue
toxique (sans en être parfois incommodée), pose de nombreuses questions
sur les caractéristiques chimiques de cette (ou ces) toxinels) ainsi que sur
son (ou leur) extrême dilîuslbilité dans les milieux de Vorganisme.
Du point de vue anatomo-pathologique, |’analyse des lésions
muqueuses digestives, hépatiques, rénales, associées aux anomalies
biologiques y compris hématologiques, évoque un pouvoir cytolytique
polyviscéral de la (ou les) chéIonitoxine(s). Parallèlement, les autopsies
révèlent un oedéme cérébral et un oedéme pulmonaire interstitiel, faisant
mieux comprendre les complications mortelles des formes graves. lvlais
actuellement il n’est pas encore permis d‘alIer au dela de ces simples
constatations, ta physiopathologie restant aussi mystérieuse que la toxine.
Quant à |‘acquisitior1 de la toxicité par la tortue marine, de nombreux
arguments autorisent a considérer un mode de transmission lié a ia chaîne
alimentaire, et donc à Pécosystéme corallien où vivent ces tortues. Fieste
alors à déterminer l’organisme végétal ou animal mis en cause. il s‘agit
d’un vaste probléme étant donné le régime omnivore d’Eretmochelys
imbrioata, sans oublier la variabilité des régimes d’une espèce à |’autre et
au sein d’une même espéce selon les régions, et sans oublier non plus le
rôle reconnu des dinoflagellés dans la biotoxicologie marine si l'on
compare le chélonitoxisme au phénomène ciguatérique.
Pour Ererrnochelys fmoricara, principale espèce toxicophore, on notera
son régime particulièrement spongivore. Pour terminer, une remarque
pourrait être faite sur l'impression d’un développement du chélonitoxisme
vers l'est si l'on considère la chronologie des séries, ce qui reste toutefois
une hypothèse.
41

V - CONCLUSION
_ Peu de scientifiques semblent s’être interessés au chelonitoxisrrte. Les
raisons en sont comprehensibles etant donné sa sporadicitè, les regions
elorgnees ou rl sevit, le faible impact qu‘i| a sur la santé publique
(contrairement à la ciguatera par exemple), et la difficulté pratique
cfentreprendre un programme de recherche toxicologique visiblement
complexe sur des animaux occasionnellement toxiques et de surcroît
proteges. _
Toutefois d’un point de vue medical, il mérite d’être connu tant les
symptomes peuvent etre graves voire mortels chez |’homme. Ensuite il
reste à savoir si des recherches toxicologiques sont necessaires.
’ Cependant, la connaissance du chélonrtoxisme dont la distribution
geographique est beaucoup plus_ reduite que celle des tortues marines
concernees, peut contribuer a mieux appréhender certaines des
complexrtes du monde marin y compris celles des interactions entre
|'an1mai et son mrlieu.
Remerciements - J_e remercie vivement Monsieur Lescure. du laboratoire
de Zoologie (Reptiles _et_ Amphibiens) du Muséum, pour sa contribution
dans les recherches bibliographiques et pour ses conseils en la matière
zoologique.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ARIYANANDA, P.L. et FERNANDO, S.S.D. (1987) - Turtle flesh polsor1ing.Ceyiorr Med. J.,
32 : 213-215.
BAGNIS, Fl. et BOURLIGNEUX, G, (1972) - Un empoisonnement mortel par tortue marine.
Med. Trop., 32 : 9‘l—96.
BANFIELD, E.J. [1913) - The eentession ot a beachconrber. Ausrraiasian Publ. Co.,
Sydney, 336 p.
BIEHDFEAGEFI, J. (1936} - Mass poisoning in New Guinea caused by eating turtle meat.
Geneesir. Tijdschr. rr, Neder!. indie, 75 : 1945-1947.
BJOFINDAL, K.A. (1981) - Biology and conservation of sea turtles. Smithsonian Institution
Press, Washington, 583 p.
BRODIN, S. (1,991è- intoxication par tortue marine ¤<bec d'oiseau» en Polynésie française.
Comm. ot., 29*1*6 Journées medicales de Polynesie Française. 53 p,
BRODIN, S. (1991} - intoxication par consommation de tortue marine à écailles
(Erotrrrocheiys irnbricata). Thèse de doctorat en Médecine, Paris, Saint Antoine, 168 p.
CAMPBELL, C.H. (1950} — Turtle mea! poisoning. Papua New Guinea Mad. J., 4 : 73.
CHANDFIASIBI, N., ARIYANANDA, F’.L. et FEFINANDO, S.S.D. (1988) — Aulopsy findings in
turtle llesh poisoning, Med. Sci. Law, 28 1 142-144.
42

CHEVALLIEFI, A. et DUCHESNE. E.A. (1851) - Mémoire sur les empoisonnements par les
huîtres, les moules, les crabes, et par certains poissons de mer et de rivières. Ann. Hyg.
Publ., 46 : 108-147.
CLELAND, J.P. (1845} - lnjuries and diseases of men in Australia attribuable to animals
(except insects). Jour. Trop. Med. Hygn, 15 : 26-31.
COOPER, M.J. (1954) - Cigualera and other marine poisoning ln the Gilbert Islands. Pacil.
Sci., 18 : 411-440.
DAMBIELLE, B. et LAGHAULET, J. (1975) - Réflexions cliniques à propos des
emgpoisonnemenls par animaux marins aux îles Marquises. Bull. Soc. Pathol. Exot., 68 :
22 -234.
DERANIYAGALA, P.E. (1939) - The tetrapods reptiles ot Ceylon, Vol. 1 : Testudinates and
Crocodilians. Colombo Mus. Nat. Hist., 412 p.
DEWDNEY, J.C.H. (1957) - Turtle meat poisoning, the New Ireland epidemic. Papua New
Guinea Med. J., 10 1 55-57.
FRAZIER, J. (1950) - Exploitation ol marine turtles in the Indian Ocean. Human Ecology, 8:
329-364.
FRETEY, J. et RENAULT-LESCURE, O. (1978) - Presence de la tortue dans la vie des
Indiens Galabl en Guyane Française. Jatba, 25 1 9-19,
GADOW, H. (1901) - Amphibia and Reptiles. Macmillian and Cc., Cambridge, 411p.
GEISTDOEFIFER, P. et GOYFFON, M. (1991) - Animaux aquatiques dangereux. EMC
Paris, Toxicologie Pathologie Professionnelle, 15078 C 10.
GFÃOOMBRIDGE, B. et LUXMOORE, Fl. (1989) - The green turtle and hawksbill : world
status, exploitation and trade. United Nations Environment Programme, Gites, 601 p.
HALSTEAD, B.W. (1970} - Poisonous and venomous marine animals, Vol. Ill. U.S.A.
Government Printing ollice, Washington.
HALSTEAD, B.W. (1981) - Current status ol marine biotoxicology : an overview. Clinical
Toxicology, 18 : 1-24.
HASHIMOTO, Y., KONOSU, S., YASUMOTO, T. et KANIYA, H. (1959) - Investigation on
toxic marine animals In the Flyukyu and Amami Istands : a survey on turtle poisoning. Bull.
Jap. Soc. Sci. Fish., 35 : 316-326.
HIRTH, H.F. et ABDEL LATIF. E.lvl. (1980) - A nesting colony ol the hawksbill turtle on Sell
Ada Kebir Islands, Sudan. Biol. Conservation. 17 : 125-130.
HUGUES, G.H. (1973) - The survival situation ot hawksbill sea turtle in Madagascar. Biot.
Conservation, 5 : 114-118.
JONES, J. (1956) - Observation on lish poisoning in Mauritius. Proc, Fl, Soc. Arts Sci.
Mauritius, 1 : 367-384.
KANO, R. (1977) - Records ol human poisoning cases japan Nansei Islands by sea turtle
(Eretrnochelys imbrlcata}. in : Animals ol medical Importance in the Nansei Islands.
Shinjuku Shobo Ltd., Tokyo. 410 p.
KINUSAGA, M. et SUZUKI, W. (1940) - Cause ol mass poisoning alter ingestion ot meat ol
sea turtle caught on coast ol Koryu in Sintilru prefecture. Taiwan lgohlrai lassi, 39 :55-74.
43

LABAT, J.B. (1722) - Nouveaux voyages aux isles lrançaises de l'Amerique. Paris, 6 vol.
LAGFIAU LET, J. (1975) - La ciguatera aux iles Maldives. Buii. Soc. Pathoi. Exot., 5 : 511-
515.
LIKEMAN, Ft. (1975} — Turtle meat poisoning. Papua New Guinea Med. J., 18 :125~126.
LIMPUS, C. (1987) - Sea turtles. in : Toxic plants and animals in Australia. Queensland
Museum, Brisbane, 501 p.
MAFIGUEFIITAT, Lt. (1943) - La tortue luth peut·e|1e être venéneuse'? Bui!. info. Corresp.
ifah, 19 : 2.
MAFIQUEZ, M.Fl. (1990) - Sea turtle ol the world. FAO Species Catalogue, Vol. 11 n° 125.
PILLAI, U.K. etai, (1962)- Food poisoning due to turtle tlesh.J, Assoc. Phys. india, 10 Z
181-187.
RIVOLIEFI, J.C. (1969) - Accidents par animaux venimeux et vneheux marins. Cahiers
Sandoz n° 14, Paris, 78 p.
ROMEYN, T. et HANEVELD, G.T. (1956) · Turtle rneat (Eretmocheiys imbricata] poiscning
ln Netheriands New Guinea. Neder!. Trfdschr. Geneesin. 100 : 1156-1159.
HONQUILLO, |.A. et CACES BOHJA, P. (1968) - Notes on a rare case oi turtle poisoning
(Eretmocheiys imbricata). Phitippines J. Fish., 8 t 119-124.
SIEGENBEEK van HEUKELOM, A. (1936) - Fatal poisoning trom eating turtle caught in
Billilon. Geneesit. Tüdschr, v. Neder!. tndië, 76 : 1945-1947.
SILAS, E.G. et FEFINANDO, A.B. (1984] - Turtle poiscning. Cerrrrat Marine Fisheries
Research institute oi india, 35 : 62-75.
SPFIING, C.S. (1982) - Status of marine turtle populationslin Papua Neyv Buinea. in
Bjorndal, K.A., Biology and Conservation ot sea turtle. Smithsoniari institution Press,
Washington D.C.
TAYLOR, E.l·|. (1921) - Amphibians and turtles ot the Philippines Islands. Bureau ol
Printing, Manila, 193 p.
TENNENT, J.E. (1861) - Sketches ot the natural history oi Ceylon. Longman 8 Roberts,
London, 292 p.
S. BRODIN
BP 20861
PAPEETE, TAHITI (Polynesie Française}
44

_ TABLEAU CHRONOLOGIQUE _
DES SERIES RETROUVEES DANS LA LITTERATURE
Dale Localité Nb. cas Décès Espèœ Référénœ
1897 Mar Caraüaa 2 0 E. imnrrcasa 01-iEvALuEa et
(St Jacques} DUCHESNE [1851}
1740 Mamma 7 7 cs. mydas ce-iEvAu.iEn et
(Côte Pacifique) DUCHESNE [1851]
1840 Sri Lanka 28 18 0. mydas TENNENT (1861)
(Panadura}
1888 Sri Lanka 12 12 E. imbrfcata DEHAMIYAGALA
(Karuppankudiyirupu) · (1939}
1912 A¤a1ra1ia 1 0 E. Imbrfcata BANFIELD (1913}
(Queensland)
1917 Phüippinaa 88 14 D. coniacea TAYLOR (1921}
(Cebu} ou C. mydas ?
1921 811 Lanka 24 7 E Jmmcaia DERANIYAGALA
(Mandaitivu) [1939}
1927 Sri Lanka ‘? 4 E Imbricata DERANIYAGALA
(Vaddukcidaü [1939}
1933 Indonésie 2 1 7 BIEHDHAGER (1935)
1985 Panua-Naw Gllinaa 52 9 E Jmnrlcara BIERDRAGEH
(wow} (1936)
1985 1n0¤nëa1a1JavaI 4 1 c. maria siacasnassx van
(Batavia) ou C. mydas ? HEUKELOW (1935)
1939 Taiwan 57 î" (1 K|Ni_;GA3A et
(Kcryu) SUZUKI (1940)
1940 Papua-New Guinea ? 7 ? CAMPBELL (195.3)
(Samami)
1949 Kifibaîî ? 5 E imbricara COOPER (1964)
(Aroraej
1959 Japan 99 9 ? HASHIMOTO-KONOSU
(Fiyukyu-Yayama) YASUMOTO-KANIYA
(1969)
1954 P11i1i0P1n·99 14 11 E imbrfcara a©M¤u1LL0 ai
(Mindanao) CACES-BORJA (1954)
1954 Philippinaa 7 '? E. immcara RON¤u1LL© ai
(Kimini) CACES-BORJA [1954]
45

· TABLEAU CHHONGIDGIOUE '
DES SERIES HETHOUVEES DANS LA LHTERATUFIE
Date Lûcalüè Nb. œs Décès Espèce Référence
1954 Papua-New Guinea 5 2 5 gmbgcayâ HQMEYN gf
(Kaipuri} HANEVELD (1956)
1957 Papua-New Guinea ? ? 9 gqgpgggq (11355)
(New Hanover) ,
1960 K1110611 7 ? E. rmbxrcaza 000PEn 112164)
(T abiteuea)
1961 11166 (K616161 160 16 E. imm.->a1a P11.1.A1 et ar.
(Quikan) (1962}
1961 11166 9 6 E. rmnncara 511.AS et
(Tuticorin} FEFINANDO (1984)
1965 F'61106-1161*1 61111166 46 5 E, rmmcara ¤Ew1:>NEv (1967
(Namarodu)
1967 JEPO1'1 4 0 E rmwcaza HAS111M©T©·K©1~1©$u
(Flyukyu) YASUMOTO-KANIYA
(1959)
1967 1”61¥11ë616 11611G- 12 1 .15 fmbrfcara eAG1~.11s et
(Raiatea) BOURLIGNEUX (1972)
1974 F'61=1-16-N6111 61111166 1 6 .15 smzmcara 1.11<EMA1~1 (1975)
(Panapaü
1977 Inde + 100 5 ç_ mydâs 5||_Ag B1
(Punnaîkayal) FERNANDO (1984}
1977 11166 + 100 10 E. smwrcaxa sms SI
(Manapad) FEFINANDO (1984)
1977 JüP91"1 1 7 5 rmimas.-1 10111110 (1977)
(Nansei)
1980 Papua-New Guinea 35 2 7 3pFg|;q(5 (1931)
(Talasea)
1980 10016 '? 10 E. Imbricata SILAS et
(Tutiœrin) FEHNANDO (1984]
1906 11166 'P 4 c. mydas Sims et
(Tutioorin) FERNANDO (1984)
1965 611 1-611116 15 2 E. smmscara A1=11vA1~1A1~10A
(Talpe) (1987)
46

Bull. Soc. Herp. Fr. (1992) 63 1 47-51
RESUMES DE THESES
Valérie CHOUMET, 1992 - Etude immunochimique d’une phospholipase A2
neurotoxique issue du venin du crotale sud-américain Crotaius durfssus
terrifîcus. Evolution des phospholipases A2 neurotoxiques de Viperidae et
de Crotalidae. Thèse de Doct. Sci., Paris VII, 189 p.
La crotoxine est le composant principal du venin du crotale sud-
américain Crotaius durfssus terrnïcus. C’est une phospholipase A2 (PLA2)
neurotoxique (béta-neurotoxine) dont l’action s‘exerce principalement au
niveau présynaptique de la jonction neuro-musculaire par blocage de la
libération cte Facétylcholine. Elle se compose de deux sous-unités dont
l'une, CB, est une PLA2 peu toxique et l'autre, CA, issue de la protéoiyse
d'un précurseur homologue aux PLA2, est dépourvue d'activité
enzymatique et de toxicité, mais augmente la toxicité de la sous·unité CB
en empêchant son absorption sur des sites non spécifiques,
pharmacologiquement inefficaces.
Des anticorps polyclonaux ont été préparés contre les deux sous-unités
isolées de la crotoxine, et contre Vagkistrodotoxine (AGTX), une béta-
neurotoxine monocaténaire du venin d`un Crotalidae asiatique, Agkistrodon
biomhoffii brevfcaudus. Leurs réactions immunologiques avec CA, CB,
l'AGTX et d'autres béta-neurotoxines ont été testées. ainsi que leur
capacité à neutraliser le pouvoir létal et l'activité PLA2 dela crotoxine et
de l'AGTX. Des Fab anti-CE! ont été préparés afin de préciser les
mécanismes impliqués dans la neutralisation du pouvoir létal fn vivo, et
dans |’inhibition de |’activité PLA2 de la crotoxine par les anticorps anti-CB.
Une douzaine d'anticorps dirigés contre chacune des deux sous-unités
de la crotoxine ont été obtenus. Leurs déterminants antigéniques ont été
caractérisés d’une manière phénoménologlque, par rapport à leur capacité
à inhiber l'activité enzymatique de CB, à neutraliser |'action létale de la
toxine, et à interagir avec la zone d‘association entre CA et CB. Les acides
aminés pouvant appartenir à certains déterminants antigéniques ont été
localisés sur une structure tridimensionnelle hypothétique de CA et CB.
La forte réaction immunologique croisée observée entre CB et VAGTX,
et celle plus faible mise en évidence avec Vammodytoxine A (AMTX) du
venin de l/ijoera arnmodytes ammodyres ont conduit à anaïyser l’interaction
de la sous-unité chaperon CA de la crotoxine avec ces deux béta-
neurotoxines monocaténaires naturellement actives en |’absence de
chaperon. La formation d'un hétérocomplexe stabie entre CA et l’AGTX,
aux caractéristiques pharmacologiques comparables à celles du complexe
crotoxine, a été mise en évidence. Un hétérocomplexe peut se former entre
CA et l'AlvlTX, mais il est beaucoup moins stable et n'est pas caractérisé
par une synergie entre les deux composants. Ces résultats suggèrent
|’existence d’un mécanisme d’action commun pour la crotoxine et |’AGTX.
47

Il est à noter qu’il n‘a pas encore été trouvé dans les venins des
Crotalidae du genre Agkfstrodon nord-américains des béta-neurotoxines
comme l’AGTX, et qu’ils paraissent de ce fait phylogénétiquement plus
éloignés des Crotalidae possédant des crotoxines que l'Agkisrroo'orr
asiatique.
Résumé communiqué par l'auteur
V. Cl-IOUMET
Institut Pasteur
Unité des Venins
25, rue du Dr Roux
75724 PARIS Cedex 15
Stephan BRODIN , 1991 - intoxication par consommation de tortue marine
à écailles (Eretmochelys imbricata) — Etude à partir de cas cliniques
polynèsiens. Thèse de Doctorat de médecine. Université Paris VI, 168 p.
Cette étude a pour objet principai de faire connaître le chélonitoxisme,
terme choisi pour dénommer Vintoxication par consommation de tortue
marine. Le chélonitoxisrne appartient ainsi au groupe des intoxications
biomarines par in estion de vertébré marin, au même titre que les
ichthyotoxismes dont la ciguatera est de très loin le chef de file.
Le matériel d‘ètude de cette thèse repose sur deux volets.
Premièrement Vanalyse détaillée de onze dossiers polynésiens retrouvés
entre 1982 et 1990 qui aboutit à la description du tableau clinique, et
deuxièmement la compilation des publications étrangères.
A ce propos, il est d’emblée constaté la grande rareté des publications
médicales, en particulier françaises, alors que les allusions à ce
phénomène sont plus fréquemment mentionnées à travers les ouvrages
zoologiques. Ces recherches bibliographiques révèlent au côté de sa
méconnaissance générale, une certaine ancienneté du chéionitoxisme
(rapporté dans des ouvrages du XIXG siécle), sa sporadicité, et surtout sa
concentration en zone Indo-Pacifique essentiellement au sud de l’lnde, en
Indonésie, en Papouasie Nouvelle Guinée ou aux Philippines, en se
poursuivant vers le Pacifique Central dont la limite est serait la Polynésie
Française. Pour cette dernière, une recrudescence des cas est notée, ce
qui laisse supposer la possibilité de flambée locale de chélonitoxisme,
Parmi les huit espèces de tortues marines, seules trois espèces se sont
révélées devenir toxicophores. L‘éventuel|e toxicité de Dermochelys
corfacea (tortue luth) trés rare et exceptionnellement pêchée, semble
connue de longue date mais les cas d’intoxication n’ont jamais été décrits
avec précision. En revanche Chelolonfa mydas (tortue verte} a été
formellement misé en cause dans t2% des séries publiées, mais l‘espèce
48

principalement toxicophore reste Erermocheiys fmpricata (tortue à écailles)
laquelle est incriminée formellement dans 64% des séries publiées. On
note qu’en Polynésie Française seule cette espèce est mise en cause dans
le chélonitoxisme.
lvlédicalement il s’agit bien d'une entité clinique distincte des autres
intoxications biomarines orales. Le tableau ciinique est relativement
stéréotypé et indépendant de l'espéce en cause. Aprés une incubation
d'environ 24 heures surviennent les symptômes dela période d‘installation,
lesquels sont parfois proches d’autres intoxications biomarines telle la
ciguatera amis dont l’évolution sera totalement différente.
Trois formes cliniques peuvent être distinguées selon le mode évolutif:
- une forme bénigne dont la guérison totale s‘obtient en moins d'une
semaine;
- une forme intermédiaire, la plus typique, qui comprend des
complications de premier degré dont la somnolence caractéristique et une
glosso-stomatite quasi pathognomique, parfois associée à une oesophagite
aiguë, avec des anomalies bioiogiques, et dont la guérison totale s'obtient
en moins de trois semaines;
- une forme grave relevant des services de réanimation intensive qui
est marquée par |’apparition des complications de second degré dont le
coma, la détresse respiratoire, une néphropathie de type tubulaire, une
cytolyse hépatique, une atteinte hématologique (mise àiour dans les séries
polynésiennes) avec des états infectieux graves ainsi que d‘importantes
perturbations hydro-électrolytiques. Le taux de mortalité selon les séries
est entre 12% et 28% des cas déclarés, sinon l’évolution sera trés longue
avec des séquelles neurologiques complexes, périphériques et,·‘ou
centrales, parfois lentement régressives.
En régle générale le diagnostic diflérentiet ne pose pas de probléme
tant les signés cliniques, le contexte épidémiologique et collectif de
|’intoxication, la reconnaissance des caractéristiques zoologiques de
l’espéce consommée, seront aisément individualisés. Du reste, cette étude
médicale détermine des critères diagnostiques et pronostiques. Quant a la
thérapeutique, la limitation des connaissances actuelles la rend purement
symptomatique.
L'analyse physiopathologique est encore du domaine des hypothèses.
Toutefois sont formellement retenus a la lecture des documents anatomo-
pathologiques la présence d’oedéme cérébral et d’oedéme interstitiel
pulmonaire dans les formes graves, ainsi que des effets cytotoxiques
polyviscéraux. A ce jour aucune étude toxicologique détaillée n'a été
publiée. La (ou les) chéionitoxine(s) est (sont) encore inconnue(s).
Néanmoins quelques notions toxicologiques sont évoquées.
Quant a l’acquisition de la toxicité par les tortues marines en cause, de
nombreux arguments autorisent à penser qu‘eile est liée à la chaîne
alimentaire et donc à l'écosystéme corallien où vivent ces animaux. La
variabilité des régimes d'une espece à l'autre et au sein d'une même
espèce, le caractere omnlvore de Erermochelys imbricaia et plus
précisément spongivcre, laissent entrevoir la complexité des recherches,
sans oublier ie rôle reconnu des dinnoflagellés dans les intoxications
biomarines évoquant ainsi une pathogénie du chélonitoxisme comparable
au phénomène ciguatérique.
49

Cette intoxication encore méconnue de nombreux médecins, à |'opposé
d’une certaine connaissance traditionnelle demeurant au sein des
populations humaines concernées, constitue ainsi un exemple
supplémentaire dans l‘anaIyse globale des phénomènes toxiques en milieu
océano-corallien, lesquels dépassent les considérations purement
médicales si l'on raisonne en tant qu‘écologie.
Flésumé communiqué par l'auteur
Docteur S. BHODIN
BP 20861
PAPEETE, TAHITI (Polynésie française)
ANALYSE DE THESE
Sandrine PAYEN, 1992 - Tératologie chez les Reptiles. Etude particulière
des monstres à bifurcation axiale. These pour le Doctorat vétérinaire,
Faculté de Médecine de Créteil. 174 p. 6 planches.
L'introducti0n de la these donne une bonne présentation du travail et
des difficultés rencontrées : «Ce travail prend son origine suite à un article
de G. lvlatz (1989) qui est une étude bibliographique des cas de duplication
axiale signalés chez tes Squamates. Ces cas sont, en effet, signalés de
façon éparse dans la littérature scientifique et il n‘existait aucun travail de
synthese excepté celui fort ancien de B. Cunningham (1937). Un des points
qui ressort de cette étude est l'absence de tentative d’inventaire des
spécimens conservés dans les Museums d'Histoire naturelle depuis celui
de J. Strohl (1925) pour l’Europe. On ne peut, de plus, signaler aucun autre
inventaire si ce n'est celui, encore plus ancien, de Fl.H. Johnson (1901)
pour les Etats-Unis. La dernière partie de notre étude est donc I'issue d’une
enquête auprés des lvluséums du monde entier dans le but de réaliser
l’inventaire des spécimens de Reptiles présentant une duplication
axiale.[...] Il est important de préciser dés maintenant qu'i| sera à plusieurs
reprises nécessaire, au cours de ce travail, de faire appel à une étude
comparative, |’état actuel des connaissances sur les Fleptiles ne donnant
parfois que la possibilité cfextrapoler, comme nous le verrons, des notions
démontrées pour d'autres groupes animaux.==
En raison d’une maturité tardive, des difficultés d’é|evage et de
|’obtention de reproductions en captivité, du faible nombre d'oeufs (ou de
jeunes chez les vivipares), les Reptiles ne constituent pas un bon matériel
d’observation ou d’expérimentati0n. Les observations de cas
tératoiogiques sont rares, Vexpérimentation inexistante. Enfin, les
monstruosités sont le plus souvent letales et ne sont découvertes qu’à
l’ouverture d'oeufs qui ne donnent pas lieu à éclosion.
50

Sandrine Payen a contacté plus de 400 musées, jardins zoologlques ou
vivariums et collections diverses et a pu localiser 84 serpents, 16 lézards,
18 tortues et 3 crocodiles à duplication axiale, principalement des
bicéphaies. Quelques spécimens avaient été décrits dans la litterature
mais une majorité n'avalt jamais été sig natée. Le questionnaire trés détaillé
qu’elle avait élaboré a permis de préciser origine, date de capture,
description, dépôt... Elle a étudié en détail ies échantillons accessibles,
ainsi que le comportement des rares exemplaires ayant survécu malgré
leur difformité, exceptionnellement plus de dix ans.
Le developpement d’un embryon est le résultat de Pexpression de son
génome mais |’apparition fréquente d’anomailes de toutes sortes dans des
conditions d’incubation artificielle est liée à l'action de facteurs
défavorables du milieu (température inadéquate, etc.) durant le
développement embryonnaire, principalement durant les premiers stades
de celui-ci. L’enquête de S. Payen montre également que de nombreux
musées, plus encore que les Instituts de ciences biologiques, sont
actuellement dépourvus de moyens: échantillons perdus faute de
personnel, inventaire inexîstant... mais une réponse assortie d’une
invitation à venir déplacer 80 000 bocaux! Par sa description du
développement embryonnaire, des conséquences tératologiques des
conditions d‘incubation inadéquates etc., cette thèse peut rendre de grands
services aux éleveurs que nous prions de nous signaler les malformations
observées, à la naissance, dans leur élevage. Quelques exemplaires de
cette these (dont les frais d'impression sont toujours à la charge de
Vauteur) restent disponibles et peuvent être obtenus au prix de 130 F, port
compris (Dour les autres pays du monde: 145 F, port compris) auprés de S.
Payen, 273 rue des Pyrénées, 75020 PARIS.
G.lvlATZ
51

Bull. Soc. Herp. Fr, (1992) 63 : 52-54
ANALYSE D'OUVHAGE
Michel Delsol (1991) (avec la collaboration de Philippe Sentis et Janine
Flatin) · L'évolution biologique en vingt propositions. Essai d'anaIyse
épistémologique de la théorie synthétique de I'évoIution. l.l.E.E.,
Lyonivrin, Paris (Edts), 84 pp.
Le décryptage du fait de l’Evolution s’appuie sur l’étude des fossiles et
de leur datation, sur l’analyse du développement des êtres vivants actuels
et de leur comparaison. Pour comprendre les mécanismes de |'év0|ution et
tenter d'érnettre des théories explicatives, il faut faire appel a des données
relevant des domaines trés divers tels que la paléontologie, la biologie, la
biochimie, |’écologie, l’éthologie, la génétique classique, la génétique des
populations,...
La théorie synthétique, issue voici quelque cinquante ans du
darwinlsme, a le grand mérite de tenir compte d'un ensemble de
disciplines, domaines de spécialistes, et d'allier les observations des
naturalistes aux résultats des expérimentations des généticiens et, en
particulier, des spécialistes de la génétique des populations. Cette théorie
est certainement I’une des mieux admises à l’heure actuelle, car,
s'appuyant sur de nombreuses disciplines scientifiques complémentaires,
elle donne une explication cohérente satisfaisante des mécanismes de
l’Evolution.
Michel Delsol, biologiste, zoologiste herpélologue, embryologiste et
également épistémologiste, dans son livre, tente de donner (et il y
parvient!) un schéma explicatif clair de la théorie synthétique, théorie
souvent difficile à percevoir, étant basée sur des données aux interactions
souvent trés complexes. Outre son intérêt explicatif, cet ouvrage est
également un moyen pour l’auteur de défendre cette theorie face aux
principales critiques qui lui sont opposées.
Le résultat de la réflexion de Michel Delsol est un ouvrage important,
par le contenu et par la taille (849 pages, prés de 700 références
bibliographiques, de nombreux tableaux et schémas). Le volume est divisé
en quatre parties d’inégales longueurs.
Dans la première partie (30 pages) intitulée «La structure des théories
relatives a la oforogieu, aprés quelques rappels généraux, l’auteur explique
la construction de la preuve dans les grandes théories relatives à
l'évolution. Cette partie, volontairement générale, permet au lecteur de
comprendre ce qu’est une théorie, comment elle est élaborée, comment
elle évolue, quelles en sont les limites.
La deuxième partie (70 pages environ) est consacrée aux preuves de
l’évoIution biologique. L'auteur aborde l'effet de puzzle expliquant ainsi
comment, à partir _de plusieurs éléments disparates mais suffisamment
nombreux, l'idée d‘Evolution peut étre perçue. Pour cela, il prend |’exemp|e
52

du puzzle dans lequel l'image à reconstituer commence à étre perceptible
lorsque les piéces éparses encore peu nombreuses, le sont tout de méme
suffisamment pour donner une idée globale du dessin à obtenir. Dans cette
deuxième partie, le système argumentaire de la théorie du transformisme
est exposé. En outre, dans un appendice, Michel Delsol rappelle les
arguments des auteurs anti—transformistes et montre leurs incohérences
souvent liées à une argumentation qui n‘a rien de scientifique.
La troisième partie, la plus longue (700 pages) intitulée «Théorie
scienuïïque et évolution. Exposé et analyse épistémoiogiquerr, constitue le
coeur de |'ouvrage. Dans le chapitre I, Michel Delsol explique avec clarté
ce que la théorie synthétique présente de vsynthétiquev. Il explique
comment sont utilisés conjointement les observations des naturalistes de
toutes disciplines et les résultats des expériences des généticiens des
populations. Il insiste sur le fait que «pour assimiler la théorie synthétique,
il faut étudier la nature avec ce «o‘oubie regaro‘» qui permet de voir
comment des données suggérées par l'ét‘u0‘e des ciassiiïcations et des
pnylogenéses s’articuient parfaitement avec les donnees proposées par la
génétiquex (page 124). Les vingt propositions Clui font |’objet principal de
ce livre, et qui en représentent, a mon avis, la grande originalité, sont alors
exposées. Les huit premieres propositions correspondent aux observations
des naturalistes, les douze autres aux observations et résultats des
généticiens. Sont également incluses des réflexions épistémologiques
dans lesquelles lvlichel Delsol donne une analyse critique de l’usage fait
des données pour étayer certaines théories. Le chapitre li est consacré aux
espèces et hauts taxons, aux relations entre méga-, macro- et micro-
évolution, au gradualisrne évolutif suggéré par la théorie. S’appuyant sur
des observations effectuées dans la nature actuelle, |’auteur conclut à un
véritable continuum entre les différents taxons, Dans la conclusion de ce
chapitre, il confirme «que la méga-évolution ne presente aucun caractere
propre: c’est une simple addition de macro-évolutions de même que celte-ci
n’est qu’une addition de micro-évolutionsv (page 668). Dans le chapitre III,
le dernier de cette troisième partie, |’auteur recense les critiques formulées
contre la théorie synthétique, avec une mention particuliére pour la théorie
des équilibres ponctués qui connaît actuellement un certain succés auprés
des naturalistes. ll répond à largumentation des opposants de la théorie
synthétique. _
Dans la quatrième partie (20 pages), |’auteur émet quelques remarques
d’ordre épistémologique. Il discute en particulier de la valeur de réalité des
théories en biologie, en précisant les difficultés rencontrées lors de leur
élaboration, en montrant qu'il faut être conscient de la mouvance de ces
théories, de leur amélioration, de leur évolution.
I Dans la postface de son ouvrage, Michel Delsol précise que |’absence
de données concernant l‘évo|ution humaine a été volontaire. Il rappelle en
effet que «l'éveil de la conscience nurnaine a modifié sa propre évoiutionv
(page 801).
53

Pour terminer, quelques réflexions d’ensemble sur |'ouvrage de Michel
Delsol. Il est clair que ce livre a voulu être une somme. L'auteur, dans sa
jeunesse, il me l‘a raconté lui-même, avait du mal à admettre les idées de
la théorie synthétique. lt les a découvertes peu à peu en enseignant
I'évolution biologique à partir de la fin des années 50. A cette époque, et il
I'a décrit quelque part dans son livre, il a pris conscience du fait que les
synthéticiens eux-mêmes n'avaient pas su expliquer leur système cle
pensée, terriblement complexe il est vrai.
Le but de cet ouvrage est donc d’expliquer les schémas de cette théorie
difficile aux biologistes qui n‘ont pas eu l’occasion d’etudier ces questions
et aux philosophes qui s'intéressent particulièrement au problème de
l‘evolution.
Comme nous avons pu le voir, le système de la théorie synthétique est
divisé en vingt propositions, ce qui en facilite beaucoup la compréhension.
Un lon  chapitre est destine à compléter ces analyses en répondant aux
objections des adversaires actuels du systeme.
Ce texte est donc volontairement marqué par un esprit «dérnonstratif»
et, comme l'a décrit le professeur Maxime Lamotte dans sa Préface «C’es!
une volonté de convaincre qui a determine tout à la fois le contenu et le
plan de i’ouvrage». Ce livre est long, trop long peut-être, mais |’histoire des
sciences montre que des ouvrages de cette taille sont indispensables pour
faire avancer la compréhension des grands problémes. Il ne faut donc pas
que son épaisseur décourage te lecteur car les théories complexes ne
peuvent se résumer en quelques mots mais elles doivent se baser sur des
raisonnements longs et argumentés. On ne peut plus aujourd'hui critiquer
la théorie synthétique de Vévolution ou faire des cours sur ce sujet sans
avoir lu attentivement cet ouvrage.
Ajoutons que ce livre, oeuvre d‘un spécialiste habitué depuis de
longues années à enseigner à des publics trés variés, est particulièrement
clair. Il est seulement dommage que quelques figures ou dessins ne soient
pas trés bien reproduits. Il s’adresse à des enseignants scientifiques ou
philosophes, à des étudiants mais aussi à un public plus large, à tous ceux
qui s‘intéressent à Vévoiution, aux mécanismes de la biologie.
Jean-Marie EXBHAYAT
54

SOCIETE HERPETOLOGIOUE
DE FRANCE
Association fondée en 1971
agréée par le Ministere de renvironnement le 23 février 1978
Siège Social
Université de PARIS VII, Labo. Anatomie comparée — 2 Place Jussieu - 75251 PARIS Cedex 05
Secrétariat
Jean-Marie EXBFIAYAT - Laboratoire d'Histo|ogie ( E.P.H.E - Université catholique de Lyon. 25 rue du
Plat, 69288 LYON Cedex 02. _
CONSEIL UADMINISTRATION
Président : Jean LESCURE, M.N.H.N. Amphibiens-Reptiles. 25 rue Cuvier, 75005 PARIS
Vice-Présidents : Jean-Pierre BARON, Ecole Maternelle Annexe, Rue de Jéricho prolongée,
17000 LA ROCHELLE
Daniel TFIOMBETTA, 7 Avenue R. Schuman, 77184 EMERAINVILLE
Secrétaire général : Jean·Marie EXBRAYAT (adresse ci-dessus)
Secrétaire adjoint Z Patrick DAVID, 14 rue de la Somme · 94230 CACHAN
Trésorier : Bernard EMLINGEFI, 9 rue de |'EgIise, Sancy les Meaux, 77580 CRECY-LA-CHAPELLE
Trésorier adjoint : Raymond CHABAUD, B.P. 524, 64105 BAYONNE
Autres membres du conseil : Vincent BELS, Daniel HEUCLIN, Christine MORRIEFI, Aiexandre
TEYNIE et Yannick VASSE
Membres d’Honneur : Guy NAULLEAU (CEBCJCNRS, 79360 CHIZE). Gilbert MATZ (Fac. Sciences,
ANGERS} .
ADNIISSIONS _ _
Les admissions a la S.l-l.F. sont décidées par le Conseil d'Administration sur proposition de deux
membres de la Société (art, 3 des Statuts). N'envoyez votre cotisation au secrétaire général qu'après
avoir reçu |’avis d’admission du conseil.
COTISATIONS 1992 j MEMBERSHIP
Tarifs (France, Europe, Afrique}: Taux annuel Bulletin Total
- adhérents de moins de 20 ans 20 + 50 = 00 FRF
- adhérents de pius de 20 ans 60 + 60 = 120 FRF
- bienfaiteurs : minimum =. 200 FRF
- membre conjoint - 50 Fpji:
Tarifs (Amérique, Asie, Océanie] : 15 + 15 · QQ U3 $
ABONNEMENTS jl SUBSCRIPTION to SHF Bulletin
France, Europe, Afrique = 140 FRF
Amérique, Asie, Océanie = 35 US $
Le service de la revue est assuré aux membres à jour de ieur cotisation.
To our members in America, Asia or Pacific area :
The SHF Bulletin is a quarterly. Our rates include the airmai! postage in order tc ensure a prompt
delivery.
CLUB JUNIOR _ A
Adhésion + Abonnement au journal (La muraille vivante) = 40 FRF
Abonnement au Bulletin de la SHF (facultatif) = 50 pp":
T¤t¤l = 100 rn?
Modalités de règlement :
1. Chèque postal : à I’ordre de la SHF, CCP 3796-24 Fl PA_Fl|S _ I
2. Chèque bancaire à |'ordre de la SHF. Envoi direct au secretaire general (adresse ci-dessus).
3. Nous rappelons que les dons ou cotisations de soutien sont les bienvenus.
Changement d’adresse : _ _
N'omettez pas de signaler sans retard au secretaire tout changement d’adresse.
BIBLIOTHEQUE
Les périodiques obtenus par la S.H,F.‘en_échange avec |es’autres sociétés (liste publiée dans le
bulletin) ainsi qu'une bibliothèque de tires-aëaart sont regroupes au Laboratoire de Biologie Animale,
Faculté des Sciences, 2 Bld Lavoisier - 4904 Angers Cedex. Les articles de ces périodiques peuvent
être consultés sur demande adressée à G. MATZ. En outre, nous demandons aux auteurs d'envoyer
leurs travaux recents en 2 exemplaires à cette bibliothèque.