Bulletin SHF - 1978 - 7
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SOCIETE HEFIPETOLOGIQUE
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'/EV JUILLET 1978

COMPTES-RENDUS
DES SEANCES
DE LA S©crETE |—|ERPETO|.©G|0UE
DE FRANCE
POUR 1977


			
Extrait du Bulletin de la Société Zoologique de France.
Tome 102, n" 4, 1977, p, 475,
Printed in France.
Au cours de l’année 1977, les membres de la Société Herpétolo-
gique de France se sont réunis à Paris, au l\’Il.lSéI.l11`I National d’I·Iis-
toire Naturelle, lors des journées annuelles (23-24 Avril) ·de la
Société et quelques-uns d’entre eux ont participé au Congrés euro-
péen d’I·Ie1·pétologie qui s’est tenu à Bonn (R.F.A.) du 7 au 11 sep-
tenibre.
Le conipte-rendu de l’Asse1nblée Générale (24 Avril) a été pu—blié
dans le Bulletin de la Société Herpétologique de France, 1977, n° 2.
Sont publiés ici :
-— Un compte-rendu des réunions des commissions ;
—- les résumés de conuuunications et du film présentés aux jour-
nées de la S.H.F. ;
— les résumés des coniniiniications présentées par les membres
de la S.I·I.F. au Congrés européen d’Herpéto]ogie ;
—— un article original.
RÉUNIONS DES COMMISSIONS.
Commission de Protection des Reptiles et Amphibiens.
Cette ·con11nission c1·ééc en Avril 1973, comprend S Membres dési-
gnés en 1973 pa1· le Bureau de la Société (Bull. Soc. Zool'. France,
1973, t. 98, p. 588) ; à l’occasion de la réunion actuelle, divers Mem-
b1·es de la Société s’étaient joints à ceux de la Commission pour
entendre le rapport d’activité qui [ul. présenté par M. RAYNAUD, res-
ponsable de la Coniinission.
a) Au cours de réunions tenues au Ministère de la Qualité de la
Vie, auxquelles participaient, il côté de représentants de ce Ministère,
divers spécialistes, et quelques Membres de la Société Herpétolo-
gique de France, un projet de création par la Société S.©.M.D.I.A.A.
d’un élevage de tortues marines (Cheionia mydas), à but commer~
cial, dans 1’ile de La Réunion, fut étudié. Pour la réalisation de ce
projet, il faudrait que la capture de 30.000 jeunes tortues récem-
ment écloses, sur les îles Europa et Tronielin, fut autorisée et que
ces tortues soient transportées à la station d’élevage de La Réunion
ou elles se1·aient élevées pendant deux à trois années.
En contrepartie, la Société S.©.M.D.I.A.A. s’engagerait à réaliser
des dispositifs de p1·otection contre les prédateurs (en particulier,
les Frégates} pour les jeunes tortues venant d’éclore (pose de filets
au- dessus des plages), contre les carnassiers niarins prés du rivage,

476 sociéré mtnrérotoeious ne raxucia.
à récolter les pontes des basses terres habituellement submergées à
marée haute, celles qui pondues les premieres risquent d’étre dé-
truit—es par d’autres femelles venant pond1'e à leur tour (40 % des
nids subissent ainsi une autodestruction, à Tromelin). Un certain
nombre de jeunes tortues venant d’éclore seraient 1·e111ises à la 1l`1(;‘I`
au delà de la barriere corallienne. On a constaté que su1· 100 jeunes
tortues venant d’écIore et éniergeant du sable, 22 seulement survi-
vent une heure aprés ; et l’on admet que 2 à 10 1% seulement des
tortues écloses arrivent ai maturité sexuelle. La protection annuelle
de 200 nids environ et le transport des jeunes au del·à de la barrière
corallienne devraient permettre de remédier au prélèvement annuel
des 30.000 jeunes (à l’ile Europa, on a dénoinbré 30.000 pontes de
tortues pour 7 à 10 kilometres de plage).
Cette opération serait assortie d’une étude scientifique de la dyna-
mique des populations de Chelonfa mydas sur les iles T1·omelin et
Europa et un Conseil scientifique désigné par le Ministere, compor-
tant des représentants de ce Ministere, des spécialistes des tortues
marines, des représentants de la Commission de protection des Rep-
tiles de la Société Herpétologique de France et des personnalités
adininistratives et scientifiques locales serait chargé de superviser
et de contrôler cette opération ; il désignerait des représentants qui
iraient sur place vérifier que les conditions -proposées sont 1·espec-
tées et veilleraient sur I’équilibre de la population de Cliclonfo mydas
sur les côtes de ces iles.
Aprés avoir entendu cet exposé, la Commission de protection des
Reptiles et Batraciens de la S.H.F. a discuté du projet (Monsieur
CASTANET a formulé I.l1'l certain nombre de réserves) et émis les pro-
positions suivantes :
u) La S.H.F. accepte de participer au Comité Scientifique de sur-
veillance de cet essai d’élevage de Chelonfu mydas ;
la) Elle se réserve le droit de retirer ses représentants si les condi-
tions d’une surveillan·ce scientifique efficace s’avéraient insuf-
fisantes ;
v) Ce n’est qu’à l’expiration du délai de 3 années et aprés étude
—des contrôles scientifiques de Févolution des populations de
tortues marines de ces deux iles, qu’un avis favorable ou défa-
vorable sur la poursuite de l’opé1·ation pourra être donné par
la S.H.F. ;
5) La S.H.F. souhaite, conformément à ses principes que le prélè-
vement des jeunes tortues ·dans la nature soit progressivement
remplacé par l’apport d’auimaux provenant d’une reproduc-
tion en captivité.
Ce texte est soumis au vote des Membres présents, en Commission.
Résultats du Vote : Pour l’adoption du texte : 25 voix ; contre : 0 ;
1 abstention.
Le même texte, soumis au vote en Assemblée générale a recueilli
36 wait. pour, 0 voix contre et il y eut 2 abstentions.

socnâmâ risneérorooioun os Fnancn. 477
lo) Au cours de réunions tenues au Ministère de la Qualité de la
Vie, une liste de Reptiles pouvant être importés en France, a été
établie ; seuls pourront être importés : ci) les Reptiles dont le pays
d’ori-gine autorise l’expo1·tation; B) les Reptiles susceptibles d’étre
lL1‘2l1`1S[}0I'lÉS et élevés en captivité dans de bonnes conditions. De plus
tout revendeur de Reptile et de Batracien devra remettre à l’aclie-
teur, un imprimé donnant des renseignements généraux sur l’ani-
mal, son mode de vie, et précisant les conditions de son élevage
(nourriture, tenipérature, éclairement, deg1·é liygrométrique, nature
du substrat, etc...).
Lecture de la liste [qui comporte des représentants des Lacerti-
lie11s, des Opliidiens, des Chéloniens, des Batraciens (Pipidés, Bufo-
nidés, Ranidés, Am-bystomidés, Salamandridésl] est faite devant la
Commission. Un vote sur ce projet a ensuite lieu en Assemblée géné-
rale ; ce texte recueille : 24 voix pou1· l’adoption, 3 voix cont1·e et
8 abstentions. Tout en ayant accepté ce texte, la Société Herpétologi-
que de France tient à rappeler sa ·position de prin·cipe : aucune i111-
portation de Reptiles et Batraciens, vivants ou morts, capturés dans
la nature, ne doit étre acceptée, la commercialisation devant se faire
a partir d’élevages ; à titre transitoire seulement, on peut permettre
l’i1nportation des espèces qui ne semblent pas menacées de raréfac-
tion ou d’BX.lLl1`1ClClUl`l. De plus, un contrôle -plus sévère sur l’entrée
des Reptiles étrangers en France doit être exercé.
c) Protection des Crocodiles.
Elle a été étudiée au cours de réunions tenues en 1976 et 1977 au
Ministère de la Qualité de la Vie. Il a été décidé de n’autoriser
l’importation, temporaire, que d’une certaine fraction d’animaux
immatures (30.999 par an environ) en attendant que des élevages
soient réalisés. Des études sont en cours pour déterminer la taille
de ces immatures et les dimensions des peaux ; les représentants de
notre Société ont fortement insisté pour que des élevages soient mis
en route le plus tôt possible. En Commission, M. KNOEPFLER donne
son approbation a ce projet.
d) Création de réserves naturelles.
Les projets en cours ont été exposés au cours —de l’Assemblée géné-
rale précédente.
Monsieur CHEYLAN fait pa1·t de l’abandon du projet de protection
de la Vipère d’01‘Sll1l par création de réserves dans la montagne de
Lure : le plan d’0CCI.l1)3l.ZlOI1 des sols est établi et le terrain en ques-
tion est loué pour des pâturages ; des démarches sont en cours pour
obtenir une protection par la surveillance de gardes assermentés.
Autres questions.
Il est demandé si la protection des oeufs d’Amphibiens, au moment
des pontes, dans les lacs et les mares est prévue dans les décrets
d’applicati0n. L’attention du Ministere sera attirée sur ce point. Il

478 sociériâ 1—1snr=É·roLoc1oUs on rames.
est demandé d’au tre part que des dérogations puissent être acco1·dées
aux chercheurs et aux enseignants pour la capture des Reptiles et
Amphibiens, 611 petit nombre, aussitôt que les décrets de protection
paraitront. M. BMNAUD demande également à tous les Herpétolo-
gistes de répertorier les diverses espèces de Reptiles tuées en France,
leur nombre, âge approximatif, sexe et la cause de la destruction
(une autopsie devant do11ne1· des renseignements su1· l’état de l’appa-
reil reproducteur).
D’autre part M. Hxrmxiro résume les travaux et décisions prises
au G1'0tl])€ Amphibiens et Reptiles du Conseil de l’Eu1·ope, en 197'fi
pour Fétablissement d’une législation de protection de ces animaux
a l’éche]le européenne; cette étude a été basée sur le rapport de
M. HONEGGEB (participants francais à ces travaux: MM. G. Marx
et A. Poirmun).
Commission des Colloques et des Congrès.
(MM. G. M.~x·rz, Fmucaz, J.—P. Gxsc et Dnau).
M. GASC attire Fattention des Membres de l’Assemblée sur le fait
que la réunion qui doit étre organisée par la Société Allemande
d’Herpétologie à Bonn en Septembre l97'i', nc présente pas les carac-
tères d’un Congrès Européen, contrairement à ce qui avait été décidé
à Toulouse en 1975. Des démarches vont être entreprises auprès du
P1·ofesseu1· KLEA-1M12n pour demander à ce que la D.G.H.T. élargisse
cette 1·éunion en lui donnant un caractère européen, en invitant les
diverses Sociétés Herpétologiques européennes à y participer. (Ce
fut finalement ce que fit la D.G.H.'I‘. et 14 Membres de notre Société
particîpèrent à ce Congrès).
Commission enquête répartition.
Lors des précédentes réunions de la commission « enquête répar-
tition » (Cliizé Sept. 76, Paris Avril TT), la réalisation d’un atlas p1·é-
liminaire a été étudiée. Ce document original, concu tout spéciale—
ment comme une « mise au point » des informations déjà recueillies
et comme document de travail pour une poursuite plus intense et
plus efficace de lsûllfltlêtû, paraîtra sans doute simultanément à ce
commentaire.
D’ores et déjà, on peut dire que la réalisation pratique, tant su1·
la forme que sur le fond de ce document d’essai, aura été riche
d’enseignement. Nul doute que cette expérience signalera nombre
d’erreurs à éviter pour l’Atlas définitif. En ce sens ce travail est
positif et l’on ne doit pas manquer de remercier ici le Minist1·e de
la Qualité de la Vie de 11ous avoir stimulé en nous fournissant l’aide
financière indispensable à la réalisation de cette enquete. Souhaitons
que ce soutien se poursuive et que les données sur la distribution
des espèces affluent dans l’E].V€l`lîl‘.

SOCIÉTÉ iinnmiroroeigua DE 1=nA:~:cE. 4?9
RESUMES DES COMMUNICATIONS ET DU FILM
PHÉSENTES AUX IOUHNEES ÃNNUELLES DE LÃ S.H.F.
(23-24 AVRIL l977l.
Fisonign, J. L. -— L,xc1a1=Èo1z (1756-1825), l’Ho1n1ne et son œuvre her-
petologique.
Bernard—Ger1nain-Etienne de la Ville sur lllon, co1nte de LMJEPÈDE (1)
naquit, selon son expression, <<   dans un des plus beaux pays du
inontles (2), le 2(i Decembre lïôü il Agen. Sa inere dècedait alors qu’il
avait neuf mois, et son père, le co1nte Jean~Josepb-Médard de la Ville,
confiait l’éducation de son fils, quand il atteignit ses cinq 3115, à un pre-
cepteur.
Souvent seul, et n’ayant que peu de camarades, il aiinait, ecrit-il «   se
promener sur le bord du beau fleuve de la Garonne, ou dans les bois qui
envîronnaient le vieux château de Lacepede » [2}. Cette solitude allait le
conduire à la lecture, à la réflexion, et à examiner « avec attention :·> les
objets qui I’entonraie11t. Il y trouvait du plaisir, i`ll·(l’lTl€ une jouissance,
nous confie-t-il, qui lui devint « nécessaires.
La physique et l’ast1·onomie etaient de sa part l’objet de ses preniières
méditations. Mais, les sciences ne 1‘B[]I`ÉSC1`llZHl€l`ll§ pas, po11r l’en·fant, le
se11l pôle d’atlraction; la l'1`lllSl([LlI3 devenait pour lui d’un interêt capi-
tal : «Je ne sais qu’elle peine, ecrit-il, je 118 nie serais pas donne pour
entendre de la musique >> (2). Il faut dire que son grand—pè1·e, son père et
so11 precepteur etaient des 111usiciens qui avaient beaucoup de talent. C’est
ainsi qu’à peine âgé de if} ans il composait déjà quelques airs. A la même
epoque, M. DE Cr1ABAN:v1ss— évêque d’Agen, ami intime de son père, se
prenait d’aft`ection pour le jeune LACEPÈDE. Il le guidait et le conseillait
dans ses lectures ; lui faisait decouvrir Corneille, Racine, Bossnet et
Fénelon [il croira au reste, que tous les écrivains ecrivaient et pensaient
comme ceux qu’il venait d—e lire). Toujours vers cette epoque, il for111e
avec quelques anris, dont le plus âgé avait douze ans, une « espèce d’aca—
deinie >>, où les réunions avaient pour consequence de «   raninier l’en1u-
lation d-es jeunes Agenois, et a les porter à la culture des sciences, des
lettres et des arts ». A onze ans il entrait au collège d’Agen et soutenait,
selon l’nsage, a la fin de ses classes, 11ne thèse générale q11i inettait fin aux
études classiques. Il avait quatorze a11s. ll pense alors renoncer ii pou1·sui—
vre ses etudes pour se «   livrer aux habitudes du grand n1onde et aux
dissipations de l’âge auquel [il touchait] >> (2). Mais son père et son pre-
cepteur le l'EII]1Gl'lEllBIlt «.., vers des goûts bien plus utiles, bien plus
nobles, bien moins dangereux, bien 111oins s11jets à la satîeté et à l’ennL1i,
que ceux vers lesquels [il allait] être entraine » (2). Il garda son amour
pour le travail, et se init à lire Borroiv. C’est la révélation, et so11 sort,
écrit-il, « fut fixe ». Il se consaerera ii l’etude de l’histoire naturelle. Sou—
vent, il allait lire Burrox au milieu de la nature, entouré cle ces paysages

480 socrÉ·rÉ ns1n·É·roL0c1QeE DE ruines.
prépyrénéens et sa «... vocation devenait plus forte au milieu de ces
grandes images » (2}. Nous avons la l’exemple de la naissance d’une voca-
tion chez Llll enfant, favorisée par la combinaison d’une lecture et du
milieu, qui sont des facteurs souvent déclenchants.
Pendant son adolescence il s’exerce, après ses lectures, il jouer du vio-
loncelle et prend des leçons d’orgue et de piano ; fait des expériences de
physique, compose quelques inéxuoires sur des sujets scientifiques ou rela-
tifs ai la théorie de la musique. ll envoie ses écrits a d’Alen1bert, J. J. Rous-
seau et à Buffon ; ce dernier lui retourne des encouragements. A vingt ans
il part pour Paris. Et le lendemain de son arrivée il rend visite à l’auteu1·
de l’l1istoire naturelle, qui allait le traiter comme son fils. En sortant de
chez Buffon, il se rend chez Gluck, puis chez Parchevêque de Lyon, id. de
Montazet son parent, qui le présente à plusieurs membres de l’ACE\(lê1'1'l.l(!
Française et, achève cette «journée bien remarquable [pour lui] >> en
allant pour la première fois ii l’Opéra entendre Alceste. Le lendemain, il
retourne chez Gluck lui porter sa partition (l,Àl'l`ll.l(l|3, opéra que le musi-
cien Rllûlllülltl venait également d’ach-ever. Gluck lui avoue alors que son
ouvrage <<   ressemblait entiérement au sien, par la place, le mouvement}
et le ton de tous les airs, -duos, chœur ou morceau d’-ensemble. Il ine fit
beaucoup de coinpliinents, poursuit Lacepède, 1l1’I3I`l`ll)1‘£lSSâ, prétendit que
je savais trés bien faire de la musique, et me dit même, à mon plus grand
étonnement, que j’avais l`l`lICLlX réussi que lui dans le récitatif» (2). Après
ees réflexions, nous pouvons avancer que la musique de Lacepéde devait
être très proche de la musique ·de Gluck ; CHF il l`aut dire qu’il u’a pas,
jusq11’à présent, été retrouvé ·de partitions musicales du naturaliste mu--
sîcien. Gluck lui -conseille de remettre en musique l’opéra d’O1`l`l1)l'ft'tl€ et,
Gossec le considere connue son élève, Mais celte activité musicale ne de-
vait pas Penipêclier, ·de consacrer encore davantage de temps ii l’étude
des sciences. Il sl.1it des cours de chimie, travaille chez Buffon, chez Dau-
benton et Daubenton le jeune, et obtient l’amitié de Jussieu, Portal etc...
A cette époque il rencontre aussi le <s< vénérable » Franklin et Voltaire. Il
est présenté à Louis XVI et ai ildarîe-Antoinette. Certaines personnalités
l’incilent à faire une carrière diplomatique. Il refuse, ne voulant pas
« ...quitter la culture des sciences et des arts >> (2). En 17’i8 il se trouve
nanti d’un brevet de colonel dans les troupes des cercles de l’Empire
d’Allen‘1agn—e. Mais il ne verra jamais son régiment. Ge brevet lui « ...don—
nait un titre, un uniforme et des épaulettes, la famille SICII contenta » (3).
En 1781 il publie son Essai sur Féfectricifé. ll est nommé à difl`ér—entes
académies et sociétés savantes, correspond avec le « grand Fz‘êdé1‘ic» et
pufJlie le premier tome ·de sa Physique _qéué1·ute et particulière (1782) ; et
le deuxieme tome en 1784, En 1783 il s’affilia à la franc-maçonnerie et
appartenait à la loge des neufs sœurs où il cotoya Franklin, Voltaire,
Condorcet, Cabanis, Danton etc.
En 1784 Buffon lui propose de l`B·ll`l1)l2lCEl` Daubenton le jeune pour
prendre sa suite dans la rédaction de l’histoire naturelle, Le roi le nomme
à cette charge avant l’hiver 1785. Cette même année il publie sa Poétique
de la musique en deux volumes. Puis en 17S8f89 est éditée en deux volu-
mes son Histoire ne!iu·ette des quudrupèdes ouipares que le public ae-
cueillit, suivant Lacepède, avec indulgence.
En 1788 Buffon meurt (4). 1789, la Révolution, et Lacepède prend la tête
de la Garde nationale et des Comités du Jardin du Roi. Il est IlD1`ll.1`£lè' dé-
puté extraordinaire de la ville d’Agen. L,ÀSSI3111hlÉ(Z Constiluante remplace
la Législative dont il fut le président. lvfais a la Convention il se voit obligé

socréré I-IERPÉPOLOGIQUE DE ruines. 481
de quitter Paris, et se réfugie prés cle Montlliéry. A cette méme époque il
épouse la veuve d’un ·de ses amis (Pécrivain Gauthier) et adopte son ills.
Il travaille et son Histoire naturelle des poissons (1'F98-1803, 5 volumes) :
Ouvrage important pour l’epoque par son contenu et ses observations.
Toujours sous la Convention, le jardin des plantes est reniplacé par le
Muséum cl’l1isloire naturelle ; et treize chaires furent créées, dont trois
pour la zoologie qui devaient étre occupées par Lamarek (Animaux sans
vertebre). Et, Geolïroy Saint-Hilaire (Maniinitéres et Oiseaux) et Lacepède
(Reptiles et Poissons). Puis l’Institut national est établi et, sous le Direc-
toire, Lacepéde et Daubenton y so11t nommés a la section de zoologie
(1795) ; ils donnèrent quelque temps plus tard leurs sullrages à Cuvier.
Au Conseil des Cinq-cents il jure lltllllû à la Royauté et à la tyrannie. Mais
Lacepéde ne précisera pas cet aspect de la chose da11s son autobiographie.
Il participe avec Daubenton, Laplace et Lagrange à la premiére orga-
nisation du Sénat. Mais après- la premiere séance Daubenton meurt et
Laeepède se retrouve le seul auteur de Pliistoire naturelle (5],
En 1802 Napoléon le nomme grand chancelier ·de la Légion d’Honnéur.
Cette nouvelle fonction sera pour Lacepétl trés accaparante, mais il don-
nera et ses nouvelles responsabilités tout de lui tuême, comme il savait si
bien le faire, Au reste, il fera tout son possible pour quitter cette charge,
ce qui avait conduit ses collaborateurs à lui dire « que les plus ambitieux
n’avaient jamais fait pour parvenir ai une place autant de démarclies qu’îl
en faisait pour quitter la sienne » (2).
En 1804 il éclitait son Histoire naturelle des Cétacés << ...qui de tous mes
ouvrages, souligne-t-il, n’est pas celui qui me convient le -moins » (2). Il
travaille également à un ouvrage qui ne sera édité qu’après sa mort : Les
âges de la nature et t’htst0tre de Fespéce humaine (1830).
Lors d’une séance publique de Plnstitut on exécute l’ouvertu1·e de son
opéra ·d’Alcine. Et c’est le célèbre violoniste et compositeur Rodolphe
Kreutzer, auquel Beethoven dédia une sonate pour violon et piano, qui
était à la tête des musiciens qui interprétaient l’ceuvre de Lacepéde. Jef-
ferson « ...do11t lé nom, éc1·it-il, n’·est prononcé qu’avec respect dans les
deux inondés », lui donne des marques d’esti1ne et d’amitié. Il sera prési-
dent de nombreuses sociétés savantes, de l’Institut et du Sénat (six fois !).
Aprés l’exil de Napoléon, il se rallie a Louis XVIII qui le nonime Pair de
France. En 131ü et 1817, il édite des romans Eltival et Caroline (Ellival
C’EStl’2lHt1gFülIl1llê du nom patronynie de Lacepède : La Ville). A la suite
de ses romans qui n’eurent apparemment que peu de succés, il publiait en
182·1 u11e Histoire naturelle de Fliomnie. En 1826, une Histoire générale
(ouvrage posthume) en 17 volumes aclievait son oeuvre_
Il mourut le ti octobre 1825 de la variole, qu’il avait contractée en ser-
ra11t la main de Constant Duméril qui venait de visiter des varioleux.
Personnage assez exceptionnel Lacepétle, issu de la noblesse, put béné-
ficier de certaines faveurs financieres qui lui permirent de se livrer à
ses études car, l’histoire naturelle n’était pas accessible à tous". D‘unc
très grande puissance de travail (il ne dormait que trois heures par nuit)
il laisse une œuvre imprimée CDl`ISl(.lÉl‘î.ilJlI3, composa cinq opéras, une
messe de Requiem, cinquante quatre sextuors, des symphonies etc... Sa
loyauté, sa générosité et son aménité lui donnèrent une certaine popu-
larité. Bien sur, o11 lui reproclia ses changements tl’opinions politiques ;
u11 jour pour la Royauté, puis pour la Révolution, puis pour 1’Empire et
de nouveau pour le Roi. ll tut cependant l’an1i de Napoléon qui l’appré-
ciait à sa juste valeur, et qui s’étonnait de sa facilité à mener les aft`aires ;

482 SOCIÉTÉ HEnPÉ·roLoG1QuE DE FRANCE.
Lacepède lui avait répondu : « C"est que j’en1ploie la méthode des natura-
listes » (3). En effet il avait vécu a l’époque où les administrateurs de-
vaient se familiarise1· avec les méthodes de la classification-comparer,
séparer et distribuer selon les rapports.
C’est peut—être son optimisme, son goût pour la vie, so11 désir du bien
pour tous, qui le faisaient ainsi agir. D’accord avec Théodoridès, l’imagc
que l’on doit garder de lui c’est celle d’un << honnête homme s·. Nous pou-
v_ons ajouter d’un créateur, ·dont l’œuvre diverse n’est pas sans intérêt ni
sans charme. Enfin nous pouvons lui attribuer ce que Voltaire disait de
Buffon, qu’il avait « L’ame_d’un sage, dans le corps d’un athlète ».
Ne pouvant nous étendre sur son oeuvre scientifique, nous nous en tien-
drons à formuler quelques remarques sur ses écrits lierpétologiques. Lors-
que Lacepéde commence ses études sur les quadrupèdes ovipares, Buffon
aidé par Daubenton avait déja publié ses ouvrages sur les quadrupédes ;
et aidé par (iuéneau de Moritbeîllîard et l’abbé Bexon son histoire natu-
relle des oiseaux, Nous devons dire aussi que nous étions dans une epo-
que où les naturalistes mettaient de l’ordre dans la nature. Aux 1?“ et
1S" siècles, les botanistes avaient déjà commencé à classer et a nommer les
plantes, Tournefort, Linné, Jussieu..., puis les zoologistes commencèrent
cette tâche un peu plus tard, qui atteindra son point culminant au début
du 19" siècle avec Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier ; également ai la fin du
18° siècle nous assistons à la naissance de la nosologie ou classification des
maladies avec Tenon, Pinel, Laennecn.
Cela dit, Lacepède n’éiait pas le premier à citer et a classer ce que i‘o11
appelait les quadrupèdes ovipares. Linné, Blumenbach, Batsch avaient
proposé des classifications ; Laurenti, Dufay avaient décrit des especes.
Brlais le but de Lacepède qui reste, et restera fidèle a la pensée de Buffon,
n’est pas d’énurnèrer et de nommer un-e suite d’espcces, mais de les faire
connaitre non seulement dans leur morphologie externe mais en les dé-
crivant dans leur milieu, et en montrant parfois leur intérêt (utilité écono-
mique pour l’ho.u1tne).
D’abord, pour LMJEPÈDE, il faut définir les quadrupédes ovipares et les
distinguer des vivipares. Ils se -distinguent des vivipares par le fait que
leurs petits naissent à partir d’un oeuf. Cela peut surprendre, quand on a
à l’esprit que depuis le milieu du l'î° siècle, Harvey avait formulé son fa
meux apliorisnie « es: ouo omnfa>> [ que tout nait d’un œuf}. Car à l’épo-
que, la nature était considérée comme étant économe dans ses produc-
tions ; il ne pouvait en conséquence en être autrement dans tout le règne
animal et végétal (analogie entre la graine et l’œuf). La recherche de
1’oeuf des vivipares correspondait a une nécessité intellectu·elle. Toujours
est-il qu’à Pépoque —de ·LAcE1>isnE, si on est convaincu (pour certains}, que
les petits des vivipares proviennent d’un œuf, on ne connait toujours pas
cet œuf (découvert par Von Baer., 182î). Alors Laceritiae partag-eant les
idées de certains naturalistes, admet qu’il y a des œufs de deux S01`tES :
des œufs imparfaits, ·ce sont ceux des mammifères où l—e fœtus est entouré
d’une niemhraiiez l’a1nnios. Ces œufs ne peuvent fournir assez de ma-
tières nutritives à l’e1nbryon ; d’où la présence d’un cordon onihilical,
relié à certaines « parties » de la mére pour y puiser de la nourriture.
Puis les oeufs complets avec une coque, qui contiennent ass-ez de nourri-
ture pou1· le fœtus. Ces premières différences établies, d’autres différences
sont énumérées comme : l’absence de mamelles. Les quadrupèdes ovipares
sont recouverts tl’écailles, de plaques dures, ou ont la peau enduite « d’une
liqueur visqueuses. De plus, ils rampent plus qu’ils ne marchent, Les

SUCIÉTÉ 1-1EnPÈ·roLoe1QUE DE 1=n,·xNce, 483
quadrupédes ovipares sont déc1·its 21 partir des spécimens en collection, et
des temeigiiages des voyageurs. Lscerene fit également quelques observa-
tions personnelles sur des sujets vivants. La métliode de LACEPÈDE consiste
à rassembler (souvent dans l’esprit] tous les quadrupédes ovipares et les
distinguer des autres animaux et entre eux (réunir et comparer], Il se les
représente sous les différents climats, c’est l’importance qu’il donnera, et
qu’avait donné Buffon à la zoogéograpliie. En appliquant cette méthode
il distingue : 1) les tortues des bords de 1ner, des eaux douces et des bois,
2) les lézards avec à leur tête, les crocodiles et pour derniers représentants
les salamandres et 3) les grenouilles et crapauds qui vivent dans la
« fange des marais s afin d’impri1uer partout le 1nouve1n·ent de la vie. La
classification de LMIEPÈDE comprend des classes, des genres, des divisions
et des espèces. Nous pouvons donner comme exemple la classification sui-
v·ante : premiére classe, quadrupécles ovipares qui ont une queue ; pre-
mier genre, les tortues qui ont le corps couvert d’une carapace ; première
division, doigts trés inégaux et allongés en forme de nageoires ; espèces,
tortue franche, caouane etc...
Ensuite il faut placer les quaclrupèd·es ovipares dans ela chaîi im-
mense des êtress (concept de Leibnitz puis de Buffon] ; en donner le
nombre (ils sont peu), et comparer la force de leur sens avec les autres
animaux. La vue des quadrupédes ovipares ·est fonction du climat ; ils
ont les e yeux très forts » adaptés à la vive lumière du soleil, ou a une
vision nocturne. L’ouïe est faible, puisqu’ils sont muets, ou n’émettent que
peu de sons ; ils n’ont pas de langage « nettement prononcé » (LACEPÈDE
donnait de l’i1nportance au langage dans l’volution organique). L’odorat
est également faible, car ils vivent dans des endroits einfects a ; c’est
toujours l’action du milieu qui modéle 11on seulement la forme, mais aussi
les sens. Le goût sera peu développé, et le toucher peu sensible a cause
de leur carapace ou de leurs écailles. Donc, par rapport aux vivipares,
ils n’ont que la vue qui est semblable ou plus perfectlonnée ; leurs autres
sens sont très diminués. Cet état explique leur « froid-eur d’afl`ection»,
leur « apathie » et leurs « instincts confus ». Ici ce ne so11t en somme que
des constatations intuitives de Lacemëne. Il remarque aussi qu’il est diffi-
cile d’arrêter dans ces << machines » leur mouvement vital. Ils peuvent être
privés de parti-es assez considérables, pattes, queue, sans pour autant pé-
rir. Ils meurent lentement, peuvent rester longtemps sans nourriture, et
vivent longtemps ; car ils o11t u11e faible circulation. Mais ils sont, pour
la plupart, fragiles au froid ; d’où la raison de leur habitat dans les pays
chauds. Au reste, leur taille et leur nombre diminuent quand nous passons
des espèces tropicales aux espèces indigènes. Ils liibernent (c’est la mort
apparente) ; ils gardent leur mouvement de vie interne, mais la couche
externe meurt. Les amouvements intérieurss qui font revivre l’animal
po·ussent la p-eau écailleuse : c’est la mue. Lacsràne ici utilise le principe
vital.
Après la classification générale, les particularités physiologiques, il faut
decrire les espèces. Il n’y a que peu d’espèces’ mais des variétés : « les
individus enfilent ri-en à la natures mais « elle n’emploie qu’un petit
nombre de puissances pour animer la matière, développer tous les êtres
et nourrir tous les corps de ce vaste univers ». (Test la « chaine » non pas
rectiligne, mais en volume où les chainons se croisent. En fait, l’espece
du naturaliste correspond souvent au genre, et la variete à l’espèce. L’es-
péce 11e sera qu’une abstraction de I’esprit. Nous remarquons que Lace-
PÈDE n’est pas fixiste et croit ii la métamorphose de nouvelles espèces à

484 SOCIÉTÉ I-IERPÉTOLOGIQUE DE FRANCE.
parti1· de variétés, qui se sont éloignées de plus en plus de leur forme et
de l·eur premier état. D’ailleurs, les fossiles-.(poissons) sont la preuve de
c fait. Et, au début dans les âges reculés, il y avait moins d’espéces
qu’aujourd’l1ui. C’est le concept bulïonien que suit LACEPÈDE.
Pour finir nous don:1o11s Pexemple d’une description d’espéce par
LACEPÈDE : la grenouille commune. Il décrit l’anin1al, l’accouplement, la
ponte et observe bien les œufs. Il n’es‘t pas d’accord avec SPALLANZANI
qui considérait que la membrane qui enveloppe le têtard, est tlll amnios
et non une coque, ce qui fe1·ait classer les crapauds et l·es grenouilles par-
mi l·es vivipares. I-] note ([l.l.’fl l’éclosio11 le têtard se nourrit de la matière
gélatineuse, mais écrit que le << fcetus >> se nourrit aussi de cette matière.
I-ci le tétard est considéré comme un oeuf « souple et mobile >>, et la véri-
table éclosion correspond a la niètanior-phose. Cette conception provient
de Spallanzani (ovisine], Quant à la queue des tûtartls elle matérialîse e11
fait, la tendance de la nature à « l’unité du modèle sur lequel les quadru-
pédes ovipares ont été formés ». Nous retrouvons ici l’ancicnne concep-
tion de l’unité de la nature, qui connaîtra un nouveau développement au
début du 19“ siécle avec l’03I.I\’1`\’3 de MECKEL, GeotTroy Si-\lNT—l'lILAIRE, ete...
Ne pouvant nous attarder plus longuement sur les écrits herpétologiques
de LACEPÈDE, nous ajoutons siinplement que son œuvre souvent oubliée
est riche Cl’€1`lS€lgIl€IllB]lÉ sur les idées.
Dans son œuvre de naturaliste, Llicnriane peut être considéré sans au-
cune retenue C0'l`l`l]`1`lE le continuateur de Burrox. ll en adopte l’es·prit et
les concepts [type de descriptions — réduire les espèces — inlluences cli-
matiques sur les animaux — importance de la zoogéographie). Cependant
il fait un progrès par rapport à Burron, comme le soulignait Cnvnzn et
plus récenmient Camus, en établissant une méthode de classification plus
élaborée que celle du naturaliste de lvlontbard.
LACEPÈDE avait hérité des idées intellectuelles du 1S" siècle et en était
le dernier représentant, non seulement par l’esprit encyclopédique, mais
également pa1· sa méthode de penser qui nous est dévoilée dans son œu-
vre. Naturaliste de vocation, C’CSi—él··(lll‘B un peu poète, il restera toujours
sous le charme de la nature ; et pour conclure, nous retenons celte phrase
qu’il destinaiî ii ses étudiants : « non, a-prés la vertu, l‘lCl`l ne peut nous
conduire plus sûrement a la félicité, que l’amour des sciences natu-
1·elles » (6).
(li Lacepède doit s’écrire ainsi el non Laeépéde, Ct` l'fl'l(l€.‘l? biomepliiqiie des
nicnilsres de I'.-leecléinfe des Sciences, Paris, Gauthier-\’ilIars, 1968.
(2} Laeepéde, Notice de 1na vie, ai son_.—\ltesse Sérénissimc, i\·lanla_me la Corn-
tesse Ferdinand de la Ville sur Ilion, nee Princesse de Hesse Philipsthal, Dire-
liuitièine siécle, Paris, Garnier, 1975, n" T, 51-85.
(3) Cuvier, G., Eloge historique du comte de Laccpéde, Acad. des Sciences,
5 juin 1826.
(4=) Dans le second volume de son H'fsi'o.îi·e m.·(:u·eHe, ITS9, Lacepéde rend
un hommage ditliyranihique ii Bci=rox.
(5) Buffon s’était entouré de plusieurs naturalistes pour rédiger son œuvre.
(ti) Laeepécle, Discours (l’DI.'I\"I.2l‘t'lll'[! et de clôture du cours d’histoire naturelle
des animaux vertébrés et à sang rouge. Paris, Plassan, An VI, p. ST.
Biiicioonwnie e1Es1§n.i1,n er somnmm.
VlLI.ENi·\\'E, G. 'l`. (1825;]. — Eloge historique de M. le Comte de Laeepéde. Paris,
Fournier-Favrenx et Delaunay, TH p.
Cancs, V. (1880). -— Histoire de la zoologie, édition Irançaise, Paris, Bailliére
et fils, [523 p.

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Boutis L. (1932). -— Laeepède (sic) et la sociologie humanitaire selon la nature.
Paris, FlZ`Ill'll`l]Él]'lUl`I, 247 p.
Tmtouonioàs, J. (1974). — Le comte de Lacepédc (lT5G-1825), naturaliste, musi-
cien et homme politique, Comptes Rendus du 96° Congrés National des
Sociétés Suvantes, (Toulouse, 1971), Section des sciences, 1, 47-tif!.
I~l'.inn, Pt. (1974). — Sur les débuts de la carrière scientifique de Lacepètlé.
Rev. Hist. Sc., XXVII, 4, 347-353.
Hann, R. (1975). -— Lhutnliiograpliie de Laeepéde retrouvée. Disc-liiiitièine siècle,
Paris, Garnier, n° 7, 49-50.
(Institut d’Embryologie,
49 bis, Avenue de le Belle Gabrielle, 9»·i·il3tl Nogent-sur-iltm·ne).
Bonson, L. — De la symbolique religieuse à l’l`1€1'l}Ét0lOgiG : les ser-
pents sacrés de l\·larcopoulo (Céplialonie - Grèce).
Peu d’animaux ont, comme les serpents, joué dans la religion grecque
ancienne un rôle aussi constant et ·essentiel. Ils sont en effet présents dés
les plus lointaines manifestations de la civilisation ègéenne (3° millénaire)
et ne cessent d’étre associés aux pratiques et aux croyances religieuses du
monde eréto-mycénien auquel succède la civilisation grecque proprement
dite. Leur origine, leur statut, leur signification sont autant de thémes
d’investigation qui peuvent conduire à élucider les conditions dans les-
quelles s’est formée la pensée religieuse des Grecs et a pénétrer certaines
de ses coiuposantes à la fois les plus archaïques et les plus fécondes. La
premiére question à poser concerne cependant l’identilication aussi
exacte que possible des animaux mis ·BI1 cause. Or, les informations que
produisent à leur sujet les textes et les monuments ligurés se révèlent le
plus Souvent clécevantes, car les criteres qu’ils livrent sont vagues, impré-
cis, sonvent mêlés d’indications fabuleuses et de spéculations étrangères
à la détermination des genres et des espèces. Le fait est que, même dans
les t1‘aités de sciences naturelles, les Grecs I'l’01ll§ pas eu, pour ce qui re-
garde la description systématique et la classification des animaux, les
exigences qui, aujourd’hui, s’avérent indispensables, Cet état de clioses
n’a pas manqué d’inllucr sur toutes les autres considérations toucliant
l’animal. Pour compren-dre leurs dispositions d’esprit et aborder dans de
meilleures conditions le probléme particulier des relations des animaux
avec la religion, certaines manifestations de la Grece moderne ne sont pas
sans intérêt, parmi lesquelles, — lorsqu’il s’ag·it de serpents, — il convient
de citer en premier lieu la célébration, au village céplialonien de Marco-
poulo, de la Dorniition de la Vierge (15 août).
Conformément à la tradition, qui se perd dans le temps, dés le ti août
(fête de la Transliguration), des hommes pieux du village vont recueillir
aux abords immédiats de l’église les «serpenis sacrés » (ïspi eîônu), les
œcserpents domestiquess (Een; oioixae::wi,G::Téç1Bt1), les «·petits serpents de
N-GlF€·D31DB» (o:B:iz:a11i];l-t¤:v1·]·E1;).(jLl°il serait vain, dit—on, de chercher à
un autre moment. Les spécimens réunis, — c—es dernieres armées deux ou
trois sujets juvéniles, pour des dizaines de jeunes et d’adultes il y a trente
ou quarante ans, —— sont déposés dans un bocal et remis au clergé. La nou-
velle se répand dans l’ile que, cette fois encore, les serpents miraculeux
sont venus. Leur simpl-e présence est, en soi, un gage de bonheur et de
prospérité. Les gens de Céplialouie rappellent volontiers qu’e11 1949, a la
veille des hostilités, les serpents ne sont pas apparus, l‘l0I‘l plus qu’en 1953.

4SG socrérià itsnréronootoun ne rnsuce.
année où l’île fut entiérement 1·avagée par un violent séisme. En 1924, les
habitants attendirent de voir quand et comment les senpents se présente-
raient, pour adopter la réforme du calendrier que le gouvernement avait
résolu d’appliquer.
Le 14 août dans l’aprés-·n1icli commencent les préparatifs de la liturgie.
La foule, venue de Céphalonie et des iles voisines, afflue dans le ravin
qui conduit à Péglise, afin de vénérer l’ieône de la Vierge et, avec elle, les
serpents placés tout à côté (agenouillement, baiser, imposition propby—
lactique), Le défile se prolonge jusqu’à une heure avancée de la nuit et
ne s’interro1npt pas durant la célébration que préside le pope. Celui-ci
cependant enlève les serpents de l’icône et les dépose solennellement sur
les corbeilles de pains qu’il encense et bénit avant de procéder à la dis-
tribution aux fidèles. Le lendemain, les mêmes faits se répètent, mais dans
une atmosphère moins agitée que celle de la nuit où l’obsc·urité trouée par
le brasillement des chandelles et les éclairs des lamples de flash, i’af-
tlucnce dans Peneeinte de la petite église, l’excitation provoquée par la
présence des serpents créent un climat remarquable. Dés le IB, les ser-
pents disparaissent juSqu’à l’année suivante. ll est inutile de cherclier a
savoir comment, —- « C·’est le miracle de la Vierge :>, — ou de S’ll'1f`0I`l`i`lEl`
de leur no·m spécifique, —- « Ce sont les serpents s—acrés de Notre-Dame ».
Les herpétologistes grecs ont reconnu dans ces reptiles inoltensifs la Cou—
leuv1·e·léopardine (Etophe sttulu), bien représentée en Grèce, tant sur le
continent que dans les îles, notaunnent celles de la côte occidentale.
Elaphe sttnlo, qui peut attein-dre plus d’u11 metre de long, vit dans les
endroits rocailleux et broussailleux, se nourrit de petits rongeurs et se dis-
tingue par un comportement des plus paisibles vis-à-vis de l’l'lOll`l1`l`lI3.
L’éclosîon des œufs durant les mois du plein été explique la prolifération
que les ethnagraplies de l’île ont autrefois constatée. Si les serpents de
Marcopoulo, ces derniers temps beaucoup moins nombreux, tendent à pas-
ser au folklore local. — la curiosité touristique et ·le trafic auquel se
livrent les agences photographiques en sont les causes les plus ·directes, —
les gens de Céphalonie conservent intacte leur conviction et n’ont cure
d’învestiguer sur les caractères morphologiques ou physiologiques de
leurs serpents sacrés, pas plus que sur leur mode de déplacement. L’essen—
tiel pour eux consiste à leur rendre l’l`lDl`lll`1`l£\§C respectueux qu’ils méri-
tent, grâce à quoi ils bénéiicieront de la protection d·ivi11e et du bien~étre
de l’â1ne comme du corps.
Il serait prématuré et, partant, hasardeux de prétendre comparer un
tel comportement avec celui des anei-ens Grecs, et de conclure à un héri-
tage ou à une résurgence. Le parallélisme entre les attitudes n’en est pas
moi11s notable et digne d’étre approfo11—di comme un moyen d’éolairer l’un
par l’Hl.1lZl‘C et done de mieux comprendre le passé et le présent.
0mex1·,i·r1ox mmaoon.n·n~nor1c.
L. Bousox, lsofitwu. Contribution si l"élncle de tn pince de t’oni1not dans tn
religion g,u·et.·que rmrtenne la paraitre dans la collection des Mémoires de
l’Aeadémie royale de Belgique}.
B. Kltlîâü- l—l. KllISS—l'lI£INl't[CH, Pe:·e_qrinntio neolietterrttsn, Vienne, 1955, pp. 1tl2-
E. litiesrein, Die Strlttmige tn der j’}'l"iî€CfllSCf!t’Il Kunst nnnl Religion, R.G.\’.\’,, 13
(Gicsseu, 1913).
D. S. l.OU|.'§·\TUS, Rctiyion populaire fr Céptmtonie, trad. |'rang;. .1. lulalhcrt, Athènes,
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Rauous, S. —— Nouvelle contribution à l’élutle de la réduction des
membres des Reptiles Squamates : retentissement sur lCt`l1` in-
nervation. Film Super S, Sonore, 45 mm.
Les plexus bracliial et loinbo-sacré, précocement mis en place au cours
de Pontogénèse, constituent de bonnes référerices pour percevoir, au ni-
veau de Porganisuie adulte, les premières indications de Pengagement des
Squamates concernés dans la tendance serpentiforme. Deux degrés de la
manifestation de cette dernière semblent exister. Au membre antérieur,
un pren1ie1‘ correspondrait à une réduction caudo—proximale du plexus
brachial liée él une diminution de volume du membre par perte ou non
d’unités musculaires, u11 deuxième à un—e réduction identique du plexus
liée à la réduction disto-proximale des segments du membre puis ii celle
de la ceinture scapulaire. A Parrière, l’un correspondrait à un·e réduction
dimensionnelle, l’autre à une réduction qualitative. Le second degré, iden-
tique aux deux membres, I]’E1])[]ül‘éll[I`êlllL qu’au cours de la manifestation
du p1·e1uier. Cependant, si les deux degrés retentissent de la même façon
sur le plexus bra-chîal, par perte de racines caudales, ils n’entraînent pas
les mêmes modifications du plexus lombo-sacré, ll y 21 déplacement de la
partie lombaire vers la partie sacrée pour l’un, perte de racines extremes,
lombaires (Seinco-Geliltouomorplies) ou sacrées (Anguimorpbes) pour
l’autre.
Pour suivre ces réductions, les éléments de référence sont différents, :`1
l’avant, la racine la plus antérieure du plexus bracliial [généralement le
nerf VI), à l’!1I‘l‘lèI‘B, la racine sacrée et celle qui constitue la limite ent1·e
les deux parties du plexus lombo—sacré. Mais, dans les deux cas, les raci-
nes les plus caudales fournissent l—es troncs (fléchisseur brachial et scia-
tique) qui vont le plus loin dans le membre.
La reconnaissance de ees deux degrés de manifestation de la tendance
serpentîforme nous conduit à penser que la réduction caudo-proximale du
plexus brachial existe depuis fort longtemps dans la lignée lépidosaurieu-
ne et qu"elle frappe non Seulement les formes à membres rudimentaires
mais aussi tous les Squamates sans exception y compris les lguauiens qui
possèdent des membres apparemment bien développés. Pour le plexus
1o1nbo—sacre, les processus de rudinientatîon se manifesteiaient déjà chez
les Rbynchocéphales alors qu’ils le feraient à peine cltz les lguaniens.
Il nous paraît plus important de constater que la premiére réduction de
ce dernier plexus correspond à Pexistence Clitlll seuil dans Paugnientatîon
du nombre de vertèbres presacrées.
Si les modalités de réduction des plexus bracliial et lombo-sacré sont
le plus souvent différentes, elles paraissent con·eou1·ir aux mêmes effts :
Pindividualisatîon et Pextension de la région vertébrale comprise entre
ces deux plexus, qui assurera d’ailleurs la suppléance des membres dans
l’a-ccomplissement de la fonction locomotrice. A cet égard, les Rliynclio-

488 socnâre 1—1em·1â'1·oLoe1gu1z ne rnance.
céphales et une partie des Iguanîeus possèdent le nombre des vertèbres le
plus bas entre les deux plexus ; chez les Gekkotiens et les Scincornorphes
il augmente et davantage encore chez les Auguimorphes.
Enfin, il faut s’interroger sur Phomologie reelle des membres. Leur dé·
veloppement, à partir -de mêmes matériaux d’origine, dans des regions du
corps tellement distinctes (l’une inlluen-cêe par la tête, l’autre en relation
avec le cloaque et la queue), pourrait peut-être expliquer leurs transfor-
mations difl"ére11tes au sein (1’I.11’1C même tendance évolutive.
(C.N.R.S. et Lobo. Anatomie Compurée,
}lf.N.H.N., 55 rue Buffon, 75005 Paris).

SOCIÉTÉ 1-1Enr=ÉToLoüIQUE DE 1=R«1NcE. 489
assumés DES COMMUNICATIONS
PBESENTEES ÃU CONGRÈS EUROPEEN ITHERPETOLOGIE
(BONN. 7-Il SEPTEMBRE 1977}.
I. Amphibiens.
Lescunic, J. — Le comportenient de défense chez les Aiiiphihieiis.
(lette communication a fait l’objet (l.’Lll`lB publication dans 1111 Supple-
ment du Bulletin dela Société Zoologique de France (T. 10]. dont le titre
est « Etl1o—ecologie des conimunications chez les Ainpliibiens ».
(Laboratoire Reptiles et Aniplzibiens,
fliuseam National d’HisIoire Naiiwelle, 25, rue Cuvier, 'F5f}O5 Paris).
Piatxrnzn, J. C. et DUl”0N'1`, XV. — Rythnies de vocalisation, I'ylLl'l1`1`1CS
de sécrétions endocriiiieniies et influence de l’e11viro11nen1e11t
sonore chez la Grenoiiille verte.
Dans le cadre des études écophysiologiques que nous menons depuis
plusieurs années chez la grenouille verte, nous avons n1is en evidence,
dans la nature (étangs de la Brenne - Indre) des di(l`e1·ences de répartition
ten1porelle‘ de l’a·ctîvité vocale. Celle-ei s’etentl sur plusieurs 111ois il partir
du debut de l’époque de reprod11etio11 et peut se décomposer cn deux se-
q11ences. Pendant la première, limitée à la reproduction, la vocalisation
est nocturne, avec 11n I`|`lZïX.III1I.‘.1`I`l vers 23 heures, et également diurne, avec
une i11tense et brève activite sonore au milieu de la journee, Cette phase
peut être, 1no111e1·1tane111ent interroxnpue, notanuuent lorsque la tempéra-
t11re de l’eau descend au-dessous de î°C. Après la reproduction, Pactivité
vocale est exclusivement nocturne, et semble liée à l’i11tensité 'de Péclaire-
ment. Une intensité se11il de 3 lux est notée a11 début et à la Iîn de la se-
quence de vocalisation. Par ailleurs et dans les mêmes conditions le
«paite1·:z journalier de la cortîcostéronemie plasmatiq11e varie en fonc-
tion de Pèpoque de ·l’année.
Ainsi peut—on distinguer dans l’a11nèe 3 époques :
— d’avril à juillet, où Ie rythme ci1'cacI1n de la corticostéronèinie est
significatif au seuil de risque de 0,(}(}5, le niveau-11‘1oye11 jouriialicr est egal
ou superieur au niveau-moyeii annuel, où l’acrophase oscille autour de
minuit et où I’a111plitude du rythme est supérieure à 0,30. C’est dans cet
intervalle que se situe Pacrophase du rythme eircannuel (1°" mai) et que
s’olJS—ervent les paramètres (niveau-moyen journalier, amplitude) des
rythines cireadiens les p111s élevés.

-190 socnârs 1—1Enr1â·roLoo1ge1z ne rnsucs.
— de septembre à janvier, où le rythme circadien est moins significa-
tif (seuil de risque ·de 0,05), ou l·e niveau moyen journalier est inférieur
au niveau moyen annuel, ou l’acropl1ase se situe plus tard dans l—a matinée
(vers 6 heures) et ou Famplitude du rythme est égale ou inférieure à 0,25.
— en février (1 seule observation) et mars (sur les 3 années], où le
rytlirue circadien n’est plus significatif au seuil de risque de 0,05, et où les
niveaux-moyens journaliers sont faibles (lc plus faible de Pannée se si-
tuant en février),
On constate que d’·avril à juillet, l’aeropl1ase correspond au I'l‘lêl`XiI°1lI.I1'Il
de l’activité vocale.
l'-l semble donc, ce qui confirment des expériences de laboratoire, que
l’-environnement sonore des grenouilles, et e11 particulier, leur activité
vocale, soit un facteur de l’activité interrénalienne de cet Amphihien.
(Laboratoire de Biologie zlzziruale, Neuropitysiologie et Endocrinologie,
Faculté des Sciences de l'Uninersité de Haute-Ãloriiiaiadie,
76130 Mon!-Sain!-.-l.iynau).
II. Reptiles.
CASTANET, J. — Les marques naturelles de croissance squeletti-que
chez les Sauriens : structure histologique et signification pour
la détermination de l’âge.
Ge travail est une étude comparative, structurale et fonction11elle des
n1arques de croissance squelettique chez l—es sauriens. Dans ce groupe, ces
formations cycliques sont surtout répandues au niveau des os longs.
Sur des tranches minces diapliysaires, on reconnait des lignes concen-
triques, régulières, très chromophiles, anisotropes et non hyperminérali-
sées représentant des « lignes d’arrêt de croissance » (LAC). Celles—ci té-
moignent de périodes de latence hivernale. L’analyse histologique montre
que ces LAC se situent souvent au sein de couches plus épaisses d’os la-
mellaire (annuli) caractéristiques de simples ralentissements de crois-
sance, LAC + auuuii alternent avec des couches larges (zones) d’os il
fibres enfrecroisées témoignant de périodes à croissance rapide (saisons
estivales).
Liexamen de deux lézards sauvages (Page connu d’une part, de lézards
élevés en conditions expérimentales (avec marquage osseux artificiel, f`luo-
rescent), d’autre part, apporte des preuves directes signifiant que les LAC
ont bien une périodicité- annuelle. On peut donc, en theorie, les utiliser
pour évaluer Page individuel des sauriens. Dans la pratique, une étude
lnstologîque sérieuse, tenant compte en particulier des phénomènes de
résorption périmédullaire, de dédoublement, etc... est souhaitable ]JO`Lll‘
chaque espèce, car elle mini·1uise les sources d’e1·reurs et permet de tirer
de la méthode les renseigneinents optimaux.
(Laboratoire d’Auatornie Comparéc, Université Paris VII,
2 place Jussieu, 75221 Paris Cedex 05).

socxÉ*rÉ EIERPÉTOLOGIQUE DE FRANCE. 491
GUILLAUME, C. P. — Premiers résultats d’u11e étude comparative
entre Lacerta muralis et Lacerta liispanica.
L’étude de la répartition biogéograpliique des espèces Lacerla muralis
et L. hispanica se heurte il la difficulté -de dilt`éreneiation de ces animaux
tuorpliologiquement trés proches dans les zones où ils vivent en S)’ll"i}_}3-
trie.
Les critères taxinomiques des clefs actuellement existantes sont souvent
insuflisants, parfois même contradictoires.
Le travail que nous avons entrepris depuis fin 1975 consiste à essayer
de découvrir un critère valable, par l’étude d’un faisceau de caractères.
Le présent exposé ne fera mention que de nos premiers résultats d’étu—
de électropltorétique des protéines et de biométrie ; les études morpholo-
giques classiques, parasitologiques, histologiques et écologiques poursui-
vies parallèlement feront I’UlJjet de publi-cations ultérieures.
·L’étu-de éleetropltorétique sur gel tl’a-midon des Glutatnates-oxalo-transa-
minsses (Got) révèle que le locus Got-1 possède quatre alléles. Les phéno-
typés Got-1¤ et Got-1*1** sont typiques de Lacerta lnlspanica cependant que
les locus Got-1* et Got-1¤·f sont caractéristiques de Lacerta muralis. l..’ab-
sence totale d’l1été1·ozygotes est très significative et semble coiitïrmer
Pexistence de deux espèces sympatrides dans les mêmes stations.
En ce qui concerne les lacticwdesbydrogénases (Ldli), le loeus Ldli-A
est polyntorplie. Les individus identifiés comme L. muralis d’apres le plié-
notype de leur locus Got—1, c’est-a-dire ceux qui ont l’allèle Got-le possè-
dent toujours ]’al]éle lidli-AMUU, parfois associé avec l’a·lléle Ldli-Alüiî. Par
contre, les individus iclentîttiés comme L. hispanicu (possédant Got-le) ont
les allèles Ldlt-AMW et (ou) Ldli-A°·‘i*i à des fréquences comparables ; ils
constituent des populations ·po·lymorpl1es en équilibre de Hardy-Weinberg.
Cette observation renforce les con·clusions établies sur le loeus Got-1 et
nous permet de confirmer l’existence de deux espèces distinctes.
L’étude biométrique réalisée ST.ll‘ les mêmes échantillons révèle que
Lacerta rnttratis est plus grand tandis que L. hispanica possède un nom-
bre d’écailles plus élevé. Les rapports biométriques restent pour la plu-
part comparables dans les deux espèces. Le critère « présence ou absence
des plaques massétériques » ne peut pas suilire à déterminer avec certi-
tude un individu isolé dans les zones où les animaux sont sympatrides.
Cet exposé est le résumé de deux publications :
— Distinction -par électrophorèse sur vl d’amîdon des espèces de
Lézards Lacerta niuralis Laurenti, 1768 et Lacerta ltispanice Steindacl1—
ner, 187U dans des populations sympatrides d’Espagne et du Languedoc-
Roussillon. GUILLAUME Cl. P., PASTEUR N., BUNs J. (1976]. C. R. Acad. Sc.
Paris, 282, Sér. D : 285-288.
— Etude biométrique des espèces Lncerta hispnnica Steindaclmer, 1870
et Lacerla muralis ·Laure11ti, 1768. GUILLAUME Cl. P. (19715) ; Bull. Soc.
Zoo!. Fr., 101, 3 : 489-5*|]1.
(Laboratoire de Biogéograpltie et Ecologie des Verlébrés,
Faculté des Sciences, Place E. Bataillon, 3«f¢O6ll Montpellier Cedex).

492 societes HERPÉTOLOGIQUE DE seance.
N.1ULL1îAU, G. — Biologie et I‘(:E1JI'OEltiCil0t1 de la vipère de Russell
(V1pera rttssellfi, SH.·\\\’, 1797), en captivité.
Les Vîperes sont mairitenues en captivité e11 grands terrariuins de
3,80 111 de long et 2,25 111 de large ainsi qu’—en cages cubiques de 0,50 Ill
d’arête. Une source de chaleur aérienne (infra-rouge ou £'\l`ll])0L1lE) déter-
mine une zone chaude ou la teiiipérature peut atteindre 40"(l, tandis qu’au
polnt le plus froid, la température ne descend pas au~dessous de 1S"C.
Ce gradient tlierniique per111et aux V·i·pè1·—es de choisir à tout 111o111ent leur
teinpérature optimale qui varie ·avec leur cycle biologique. La soL1rce de
chaleur et Péclairage fo11ctio11ne11t toute l’année de S 11 ii 20 11. La nuit
un cliaulfage (l’211`l`llJ1ZZI1'lCC niaintient la leni-pérature au moins a 1S°C. Le
substrat sec est constitué de sable et graviers, les Vipères ayant il leur
disposition de l’-eau dans un abreuvoîr,
Le régime alimentaire ·des Viperes comporte difl`é-rentes especes de
Micro111a111111ifères ainsi que des Oiseaux. A âge egal, les mâles ont une
taille légèrement superieure à celle des femelles, mais à taille égale, les
femelles so11t plus lourdes que les mâles.
La fréquence annuelle des mues, qui est la 'lllûlllû ·(l2l1`1S les deux sexes,
di111inue avec Page et passe ainsi de 5,27 la première année a 3,25 la
4° aimee.
Les quantités de venin obtenues par prêlèvenient sont l]l‘(}])0I‘lÃlDi1l1(îllCS
au poids des Vipères, mais non ài leur taille.
Les premiers accouplements observés, chez les Viperes, nées au labora-
toire ont eu lieu chez des aniinaux âgés de 2 ans et demi. Les comporte-
111e11ts sexuels rappellent ceux de non1bre_ux Vipéridé-s. Un seul des hémi-
pénis participe a l’aceouplen1ent qui est de longue durée. Un accouple-
111ent observe s’est poursuivi au moins ]J€1`l[l2l]`ll. 17 heures eoiisécutives.
Nous avons obtenu la reproduction chez des Vipéres âgées de 2 ans et
demi. Lo1‘s de 1’accouple111ent qui a eu lieu le 21 Février 1975, le poids et
la taille étaient respectivement 845 g et 115 c111 pour le mâle, -008 g et
lill c111 pour la femelle. La 111ise bas de 1(i vipéreaux (5 mâles et 11 fe-
melles] s’est produite le 5 Juillet 1976. A la naissance, le poids des vipè-
reaux variait de 11 à 15 g et leur taille de 29 à 3·1 cm.
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(Cenfre d’ét11des b1`0l'0gfq11es des 1'1111`1111111;1r scztwrzges,
Vilfiers-e11—l101s, 793111} Bearwoir-:1111*-Aiiort).
RA1'1~1.1U1:1, A- et ADRIAN, M. — Papîllomes cutanés chez Locerta 1J1'1·1-
di'.; ; étude histologique et mise en évidence de virus au moyen
de la microscopie é1ec11·oniq11e.
Dans une Communicatiort précédente (C. R. Acad. Sci. Paris, série D,
1976, t. 283, pp, 845-847} nous avons signalé la présence de papillomes
développés sur 1a.=pcau de la partie dorsale du corps de nombreux L11cc1·111
v1'1·fd£s en élevage au LalJo1·atoi1·e de Sannois. I,’exa111en histologique
montre qn’il s’agit de 1L`1I`11€I.`lI'S bénignes, constituées esse11tielle111e11î de
repïîs serrés de Ia peau, avec 11ype1·l1é1·atinisation de 1’é1pider111e ; la pre-
mîère indication (11.1 I)I}.Él'lOI'l`1è]‘1E est une aug111enta·1io11 de la p1·olî1`ératio11
cellulaire dans la couche basale de l’épider111e et u11 é·paississe111ent de ce
de1‘nie1‘; on observe aussi des anomalies nucléaires, et parfois la 1`or111.L1-
tion cle perles é·pitl1éIia1es; puis 11e1·111e et épi-derme fo1·111ent des replis de
plus en plus serrés et élevés.

494 socnâwé nnnpétrocootoua ne rnsnce.
L’exa1nen au microscope électronique, de morceaux de papîllomes fixés
à la glutaraldéliydc à 1,7 % pendant 4 heures et postdixés au tétroxyde
d’osmium, ou de broyat de papîllomes, après coloration négative (réalisée
dans le Service de M““ Cnotsssnr) a révélé la présen-ce de particules
virales dans ces 'ÉI.l1'I'1G1.Il‘S. Actuellement li animaux ont été ainsi étudiés ;
nous avons observé :
a) la présence de particules de Réovirus dans un cas;
h] la présence, dans un autre cas, de particules virales s’apparentant
vraisemblablement, par leur morphologie à des virus du groupe papova ;
c) chez chacun des 6 animaux, la présence dans les tunleurs, de parti-
cules virales du groupe de l’I·Ierpès ; elles sont localisées dans les cellules
de Pépidernie situées sous la couche kératiniséc ; dans le cytoplasnie sont
présentes les formes adultes du virils (avec leurs meinbranes envelop—
pantes) mesurant de 12'5 à 130 mp. ; dans les noyaux on observe les formes
immatures, plus petites, avec une partie centrale dense.
Des expériences sont en cours en collaboration avec 1=l"“ 0. Cnotssnwr
et M. M. Fnvnn pour tester la possibilité de transmission de ces papilloines
à des lézards de la même espece et d’especes dill`érentes. La présence
constante du virus de 1’Herpès dans des papillotnes de chacun des (i Lé-
zards ve1·ts étudiés plaide en faveur (i’L'it’1 rôl de ce virus dans la genèse
de ces papillomes.
(Laboratoire Pasteur, 20 rue des AÃOIIILIIS, 95119 Sannois
et Station Cenlrale de microscopie électronique de Flnstiliil Pasteur,
Paris).
Boone, E., REJIBA, H., MATHON, F. et NIATHON, Cl.-C11. — Variabilité
chez le Lacerta du groupe rnnraiis LAUH.
Les indications fournies pa1· les Auteurs, et concernant, entre autres,
les plaques céphaliqucs des Reptiles, déroutent parfois le débutant, tout
comme le vétéran. Par exemple, pour le Lacerta mnraiis Laur. : pas de
disque massétérin pou1‘ N11ao1.snv (1915) — cf. L. liispanica Steintl. ‘?;
rostrale largement en contact avec la nasale pour PoNEc (1905) — cf.
L. moniicoia Boul. ‘?; trois plaques dans la région occipitalo-inte1·pa1·ié-
tale pour PDNEC (1965), une seule pour Nt1;oLs1cv (1915) — L. mnralis
Laur. ? L. tilignerta Gmel. T ou d’autres espèces '? ; etc...
La variabilité des plaques céphaliqnes chez le Laceria gr. innraiis a
déjà fait 1’objet de publications de Cl.—(jl1. Btmrzon (1948) et de B. Lsxzs
(1955). Il ne s’agit pas seulement de simples mais délicates questions de
déterniination, mais aussi de problémes fondamentaux de la biologie:
notion d’espèce, cle variabilité, etc...
On a examiné des centaines d’individus de nombreuses populations
françaises du Lacerta gr, mnralis. Deux d’ent1·e elles, représentatives,
constituent Pobjet de la présente Comniunication : une population des
environs de Poitiers, alt, 100 in env., concentrée sur à peu près 1 hectare,
extrêmement dense et une population de la Montagne de Lure en Haute
Provence occidentale, alt. 1100 Ill env., sur plus de 10 hectares, bien moins
dense.

soctÉ1*É 1-11zu1=É'roI.oGiQUE DE 1¤nANcE. 4955
L’exan1en de ces populations montre une extraordinaire variabilité des
plaques céphaliqucs, ·]es formes traumatiques évidentes ou suspectées
étant exclues :
— Un tie1‘s environ des individus de ces deux populations, do11t la
5° supralabiale est en contact avec l’ceil (caractère conniiun il L. (P.) nm-
rcitis Laur., et il L. monticoln Boul. —- et aussi à L, (P.) liligueidu Ginel.),
présente le caractère erostrale S’lI`1Sl.]`ll.I21I'lt entre les nasales el touchant
l’internasale », caractere attribué d’ordinaire au Locerto — non Podorcis —
rnonticota Boul.
—- Certains individus des deux populations, do11·t la rostrnle est sépa-
rée de Pinternasale (caractere commun à L. (P.) nmrnlis Laur. et à L, (P.)
siciilo Ptal`. — et aussi a L, bedriogue (Iam., il P. litignerto Gm-el.) présen-
tent le caractère << ·t" supralabiale en contact avec l’œil s, earaclére attri-
bué (.l.,0I'(lîIl.[lll'C au L. (P.], sieutn Raf. Mais sur le même individu o11 peut
observer d’un côté la 5°, ·de l’autre la li" supralabiale en contact avec Pœil,
ce dernier caractère étant d’ordinaire attribué it L. bedriogue Cain.
—· L’absence de disque massété-rin, caractère l`lOI‘l`I`lèll(:‘I]`l(:`l`llC attribué il
L. (P.} hispnnieo Steind., s’observe également.
—- Les dimensions relatives de Poecipiîale et de la préoccipitale (:
interpariétale) qui perniettraient de distinguer L. (P.} murolis Laur. de
L, (P.) titignerto Gm. (rostrale séparée de l’internasale = frontonasale;
5** supralabiale en contact avec l’ceil, COI`I`tl`t`ll.l[‘tS aux deux espèces] font
problème et -certains individus peuvent être attribués à L, (P.) tr'tig,··ne:·ln
Gmc]. Mais on obse1·ve parfois trois plaques, ou une seule, avec des dis-
positions diverses dans la région considérée, et qui perinetlraient une
éventuelle attribution ix d’autres formes I
D’autres caractères observés chez les individus de ees deux popula-
tions montrent une trés grande diversité corrolioraiit les indications four-
nies par 1’exan1en des plaques céplialiques.
Ainsi, pour s’e11 te11ir aux caractères attribués aux différentes especes
par les Auteurs, les deux populations examinées, l’unc de plaine, l’aulre
de l’étage montagnard, distantes l’une de l’autre par plus de 500 lun,
seraient constituées :
-—- pour plus de la ·111oitié par des individus attriliuables au L. (P.] mn-
ralis Laur. ;
— pour le tiers par des individus attribuables au L, monticoto Boul, ;
— pour un faible pourcentage par des individus attribuables au L. (P.)
sieula Plat. ;
— IJOI.It‘ le reste enfin par des individus susceptibles d’étre rapportés
au L. (P.) Iiisprwien Steind., au L, bertriogoe Cain., au L. (P.) fili-
gue1·io Gmc]. voire même a des iaxons 11on signalés en France !
Quel que Soit le statut trüûordé ZILIX caractères taxonomîques envisagés,
il parait erroné, et en tout eas inopportun, de leur donner un-e qualifica-
tion d’o1·dre spécifique, Les deux populations concernées ressortîssent,
jusqu‘à plus ample informé, de l’especc Locerio mnrnlis particulièrement
polymorplte.
Les Auteurs attirent tout particulierement l’attention sur les attriliutions
spécifique hâtives qui pourraient être effectuées et suggèrent une étude
systématique et approfondie des populations de l’espéce en question.
(Faculté des Sciences, Service d’ECf)1)hl}St-Offlgt-C, Biogéogrnphie
et Ecologie du denetogigieriieiii,
Unitiersité de Poitiers, 86022 Poitiers Cedex].

496 SOCIÉTÉ imnefrronoeigue ms rmnce.
vAN DEN BRULE, B. — Le con1po1·tement prédateur de la Vipère de
Russell (I-"fpera russellii).
Le comporteinent prédateur de Viperu russeltii est étudié sur des ani-
1naux maintenus en captivité suivant des conditions climatiques cons-
tantes toute l’année. Ce comportenient, semblable chez la Vipère adulte
et chez le Vipéreau, est adapté au type -de la proie et à sa taille.
1) Adaptation à la taille de la proie :
— Mammifères : les proies d’î.1n faible poids sont plus particulièrement
saisies et maintenues par les Vipèrcs alors que celles ·d’un poids su¤pé~
rieur sont niordues. Dans la gamme de poids de 30 à 40 grammes ces deux
phénomènes se produisent en égale proportion.
2) Adaptation au type de la proie :
rt —· Oiseaux :
Dans la trés grande majorité des cas, ces animaux, inéme de taille im-
portante, so11t saisis par la Vipére de Russell.
b - Reptiles et Batracîens :
Ces proies ne sont généralement pas acceptées par les Vipères.
L’expéri111entation efïctuée sur des Vipères intactes et artificielleinent
aveuglées a mis en évidence Pintervention ·de certains sens dans ce com-
portement au cours de ses difïèrentes séquences. La perception et la loca-
lisation précise de la proie sont essentiellement inféodées à un stimulus
visuel sufiisant pour ·décIencl1e1* une morsure ou u11e saisie.
La déglutition d’une proie maintenue est indépendante d’une sti1nula-
tion chimique ou tactile.
Le déroulement du ·co1n·porte111ent prédateur après une morsure et jus-
qu’à la déglutition de la proie par la tête demande pour avoir lieu -l’inter-
vention des sens de type cliiinique.
(Centre d'Ei1ides Biologiques des Anfmattx Sauvages, Vfl!£ers—en—bofs,
79360 Beorwofr-si11·-A’fo1·t).

sociâré nsnri-Erorocrous nn rames. 497
SUR UNE BNOMÃLIE DE LB. CABÀPACE
CHEZ TESTUDO fCHELONOlDlS) CHILENSIS GRAY
lH.EPTILIR. TESTUDINESL
PAR
Gilbert MATZ.
Nous avons décrit un exemplaire de Tortue présentant 5 écailles
épidermiques dorsales supplémentaires, résumé les cas signalés
dans la littérature et discuté l’originc dc ces anomalies.
A cnrs oi epîdermcxl shields cxbnormcrlitîes in Testuro
(Chelozmîdîs} chilensis Gray (Reptilict. Testudines).
A turtle with 5 supernumerary epidcrmai shields is described,
the bitiliographie references arc summarizezl and the origin and
signilicancc ol` thcsc a}Jno1·m;1lîtics arc discussed.
Les Tortues possèdent une carapace ossi-tiée, recouverte d’écaîlles
co1·11ées. Des anomalies de l’écaillure sont ·de temps en temps signa-
lées ; nous présentons ici un cas observé chez une femelle de Tes-
tudo chilensis impo1·tée en 1973 d’Argentine (région de Cordoba) et
vivant actuellement encore dans le terrariuui d’un amateur.
Cet exemplaire montre 7 écailles vertéhrales alignées au lieu des
5 habituelles (Fig. lb) ; d’aprés leur forme et lB1.`t1' disposition par
rapport aux écailles costales, il semble que ce soient les écailles 2
et 4 qui sont en supplément. Trois écailles supplémentaires, une à
gauche et 2 à droite, de forme approximatîvement triangulaire et
dont la base est tournée vers les écailles vcrtébrales se localisent
entre celles-ci et les écailles costales. Ainsi, leur position ne nous
permet pas de déterminer len1· origine car elles peuvent être formées
ii partir du territoire donnant naissance aux écailles vertébrales ou
aux écailles costales ou des deux territoires à la fois. Le nombre des
autres écailles, ventrales, marginales et costales est 11o1·mal mais ces
dernières sont légérement déformées par la présence des écailles sur-
numéraires. La Tortue étant encore vivante, nous n’avons pas pu
étudier la carapace ossifiée.
Des anomalies de la forme et du nombre des écailles épidermiques
ont été signalées par ditftérents auteurs; mises à part quelques

498 socràtré iisaréronccrgus os rames.
exceptions ou On a pu observer une ·Cl.`l1ll`l.1lI.llZlOI.'I. du nombre des
écailles, on assiste le plus souvent a Paugmentaticn de celui-ci, prin-
cipalement au niveau de la dossiére. De telles anomalies ont été
signalées, entre autre, chez un tiers des 208 exemplaires de Corctto:
careîfa observés par NE\\’M.·\N (1906), chez Terrapenc carolina par
LYNN (193-7) qui a également répertorié les cas connus jusqu’à cette
(T- `~ A .
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Fm. 1. — Tesfndh vhflensis.
Il : Exemplaire norinal.
11 : Exemplaire montrant 5 écailles SlII.'[l'llI”l`lé1'â'tl!'CS.
date (1950) ; plus récennnent, plusieurs auteurs o11t observé Pang-
nientation du nombre d’écailles vertébrales 11Or1na1e1nent au noiubre
de 5 :9 chez 11n exemplaire de Tesfndo clegans (S’l'EM1'rILER, 1964),
8 chez Hydromednsa maximflïani (MULLER, 1968), 7 chez Tesindo
hermannf (CALMONTE, 1968). Mais les anomalies sont particulière-
ment nombreuses aprés incubation artificielle: elles ont pu être
observées chez 8 exemplaires de Tesfudc sulcata par CLoUDsL1ï\·~
THOMPSON (1970) et chez dlil`I‘@11ÈEîS espèces, surtout européennes
KIRSCHE (1972) a relevé parmi les 85 exemplaires des anomalies chez
23 Tortues dont 11 étaient nées en captivité.
L’augn1entation du nombre des écailles a parfois été interprétée
eomni u11 atavisuie (W'E11MU·rH, 1961) les plus anciens fossiles con—
nus de T01·tues montrant un nonihre d’écailles inarginales, costales
et vertébrales bie11 plus élevé que les espèces actuelles. Mais plus

sociiàrà ziearéroroeious DE Emacs. 499
qu’un rappel phylogénétique qui de toute façon ne pourrait expli-
quer les quelques cas observés de diniinution du noinbre des écailles,
plusieurs observations, ai11si que leur fréquente apparition dans des
conditions d’ineubation artificielle plaident e11 faveu1· dillllû origine
des anomalies due aux facteurs du milieu (te1npé1·atu1·e, trauma-
tisme) non seulement chez les Tortues mais également chez. d’autres
Reptiles 1 une `tC11`ll}É1‘ül.tl1'C d’incubation trop élevée a été incriminée
par BUs'1‘11no (1969) pour expliquer des anomalies de la queue alors
que PENDLEHURY (1970) a observé diverses malformations dans une
portée d’un Crot‘ulus m'rfo'fs gardé e11 captivité ii 11116 tGIl11)É1‘£lll11‘B
trop basse au cours de la gestation. Chez les Tortues des a11o111alics
de l’écaillure o11t été obtenues expériinentalement 1)Eil' Zauoizui. et
Jo1-1NsoN (1957) pa1· le desséelieinent partiel des oeufs au milieu de la
période d’incubation et par YN·1‘157·1i1 (1970) à la suite d’un refroidis-
se1uent. Enfin, Connu (1910) montre l’importance de la pression;
au cours du développement, les oeufs de Curetta euretla deviennent
furgeseenîs et plus la p1·ession interne contre la coquille est impor-
tante, plus les anomalies sont nombreuses ; cette observation a été
confirmée pa1· Kiusonis (1972). D’après PIEAU tcominunication pe1·-
sonnelle), chez Eniys o1·bz'cular·:'s, le pourcentage d’individus ]_)1`ÉS(·)I'l-
tant des anomalies est plus élevé en incubation à 30"C qu’à 25°C.
De méme des a11o1nalies de la carapace ont été obtenues en mettant
des oeufs en i11cubation à des teinpératures basses au cours des pre-
111ie1‘s stades du (lÉVClOl}I)C1l1E11È. Ainsi sur 11 embryons mis à 19-
20"C pendant 40 jou1·s puis ineuhés à 25°C pendant 34 jours, 4 seu-
lement survécurent : en plus de cœlosomie, ils présentaient tous des
anomalies du bouclier, ainsi qu’une réduction de la queue et des
nialformations de la tête (mâclioires, yeux). Ces anomalies étaient
liées à une mauvaise circulation du sang dans l’aire vasculaire (sta-
gnation dans de grandes lacunes, en particulier dans le sinus mar-
ginal) à 19-20“C.
Chez les `Vertébrés, les dil`fére11ciatio11s Épld(·}I'1`1`1l.([I.l|3S sont induites
durant le développemeiit G1l”1})]`}’(,`l11I`l2'i1}.`@ par les tissus sous-jacents
le plus souvent mésoderiniques. Les anomalies des écailles eo1·nées
des Tortues ne nous semblent pas d,01'1g1l`lC génétique mais dues à
des facteurs défavorables du 111ilieu (température d’incu]Jation inadé-
quate, pression, etc) provoquant, peut être après 11'lÉ\lf01']l]£\lLl0I`lS
locales du systéme circulatoi1·e notainment, une induction mésoder-
mique régionale anormale.
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1M1>mMEmE DECLUME, 1~Etm1(;m‘, 39000 Lons-L1s—s.=iUxïEP..