Bulletin SHF XXXX 56
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  Herpètolo ique de F e  
4èm¤ trimestre 1990 ' · · . n° 56
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. ` - _ISSN 0754-9962 - · Bull. Soc; Herp. Fr., (1930} 56

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_ — - Ht-3l"pBt0l0glqUE— de Fl"3l`lC·€ - _ - · _ ··
· Responsable de la rédaction r Editor - : Roland VERNET
Flesponsablesassociés r' Associate editors _ · : Claude PIEAU, Michel LEMIHE -
Responsable Index r index editor - : Jell'TlMMEL,_Sophie BEHLAND - `
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Comité de rédaction et comité de lecture f Editorial Board _ ._ _
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‘ Instructions aux auteurs rlnstrtrctiottetoautttore _ _ ·_
‘ Des instructions détaillées ont été publiées dans le numéro 33. Les auteurs peuvent s'y reporter S‘ils ne les
· possèdent pes, ils peuvent- en obtenir une copie auprès du responsable du comité de rédaction, Les points principaux
peuvent être résumés ainsi : _ - - _ . '
Les manuscrits. clactylographiés en double interllgne, au recto seulementsont envoyés en double exemplaire. La
disposition du texte doit respecter les instructions. L'adresse de l'auteur se place en derniere page. Les figures sont .
réalisées sur papier calque ou bristol. Les photographies. (noir et blanc) ne sont publiées qu’exceptlcnneIIement. Les-
légendes des figures sont dactylographiées sur feuilles séparées. Les références bibliographiques sont regroupées en
lin d'article. - ` ‘ ‘ `
Exemple de présentation et référence bibliographique: ` . ·
BONS, J., Ol-IIEYLAN, M. et GUILLAUME, C.P. (1934} ——- Les Reptiles méditerranéens. Boll. Soc. Herp. Fn, 29î T-17.
'Iîrésàparl: _ __ . _ I `
_l.es tirés à part (payants) ne sont fournis qu'à la demande des auteurs (lors du renvoi de leurs épreuves
corrigées) et seront facturés par le service dimprimerie. · ·
La rédaction n'est pas responsable des textes et illustrations publiés qui engagent la seule
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retournés. -_ ._
_ ENVOI DES MANUSCHITS az E ` ` E ·
· M. Roland VEFINE1" ` _ -
' — Laboratoire d‘Ecologie. Ecole Normale Supérieure . ·
Z 46 rue d'Ulm · ?5230 PAFHS CEDEX G5 · ·
. Télécopie (Fax) : (1 ]· 432981-72 · ‘
. Téiex : 202601 F ENULM .
I La Gérant: Ft. GUYÉTANT
` ` N" de Commission paritaire: 5_93?·l
Imprimerie commune
. de l'Uri|versilé de Franchs·Ccmte
_ 25030 BESANCON - CEDEX
. ' Dépot |égal:4à""'e trimestre 1990 '

Colloque de la Société
Herpétologique de France
           
Amiens
28 - 30 juin 1990

 
 
 
Ce Congrès a bénéficié du concours financier de la Ville
d'Amiens, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles
(mission du patrimoine ethnologiquel et de la Délégation
Régionale à l'Architecture et à |'Environnement.
Nous remercions la Maison de la Culture d'Amiens de nous
accueillir.
L'organisation locale a été assurée par le Service des
Affaires Culturelles de la ville.

Bulletin de la Snciêtè Haméinlngi la du ia ce
4ë¤*¤ trimestre 1990 n° 55
' SOMMAIRE
RENCONTRES HERPETOLOGIOUES D'AMIENS [28-30 Juin 195IOl
· André-Marie—Constant Dumêril [1774-1860} : une évocation de sa famille et
de sa jeunesse _
Jacques H. DU MERIL ............................................................................................ 1
- André—Marie-Constant Duméril, père de |'herpéto|ogie
Jean LESCURE ....................................................................................................... 13
• Publications herpétologiques d‘A.M.C. Duméril
Jean LESCURE et Jean-Jacques ESCARRA ......................................................... 23
• Données écologiques, légendes et traditions populaires relatives à
Pherpétofaune de la Somme
Dominique GODET ................................................................................................. 27
· Les Tortues de France : images et utilisations d'hier et d'aujourd'hui
Elisabeth NIONDINI ................................................................................................ 39
• Survivance de thériaques et d'alcool de vipères dans la pharmacopée
populaire française dela fin du XXème siècle
Patricia FOURCADE ................................................................................................ 49
· La rumeur des lâchers de Vipères
Elisabeth REMY ...................................................................................................... 57
· Sauvegarde de |'in‘tért herpétologique et esthétique des fontaines,
abreuvoirs et lavoirs anciens en pierre
Hugues PINSTON ................................................................................................... 63
· Notes. Résumés de communications. Vie de la Société. Informations ............. 71
CONTENTS
ANNUAL MEETING OF THE FRENCH HERPETOLOGICAL SOCIETY
(AMIENS, June 20-30,1990)
- André·Marie-Constant Duméril [1774-1860l. His youth, his family
Jacques H. DUNIEHIL .....................................................................................,...,.. 1
- André-Marie-Constant Dumérll. the father ef Herpetology
Jean LESCURE ...................................................................................................... 13

· Herpetological publications of A.M.C. Duméril
Jean LESCURE and Jean-Jacques ESCAHRA ....................................................... 23
• Herpetofauna of Somme [French district} : Ecology, common knowledge
and folklore
Dominique GODET ................................................................................................. 27
· Tortoises and Freshwater Turtles of France : images and uses of olden
times and nowdays
Elisabeth MONDINI ................................................................................................ 39
• Survival of theriacs and viperish spîrits in the french folk pharmacopoeia at
the end of the XXth century
Patricia FOURCADE ............................................................................................... 49
• The rumeur of the release of vipers
Elisabeth REMY ...................................................................................................... 57
• Safeguard of herpetological and esthetic interest of old stone fountains,
cattle ponds and wash-houses
Hugues PINSTON .................................................................................................. 63
· Notes. Abstracts. News from the Society. Informations ................................... 71

Bull. Soc. Herp. Fr. (1990] 56 : 1-12
ANDRE-MARIE CONSTANT DUMERIL l1774-1860) :
une évocation de sa famille et de sa jeunesse
par
Jacques H. ou Mênidil
Résumé -- L'auteur évoque : les origines picardes du grand herpétologue, sa feunesse
]usqu'à son départ pour Paris, sa famille et sa descendance, quelques naturalistes notoires
parents ou alliés de A.M. Constant Duméril
Mots-clés : A.M.C. Du méril, Herpétologiste, Biographie.
Summary- The author mentions the great herpetologisfs roots lhe came from Picardvl. his
youth up to his moving to Paris, his family and his Iinsage consisting of some we||—known
naturalists related or acquainted to AM. Constant Dumeril.
Key-words : A.M.C. Dumèril, Herpetologist, Biography.
I. INTRODUCTION
L'histoire de la vie des grands hommes qui servirent les sciences de la vie -
tout spécialement Vherpétologie - est aussi une partie non négligeable de
|'ethnoherpétoIogie qui servit de thème principal au congrès 1990 de la S.H-F.
La ville d'Amiens, où s'est tenu le Congres 1990 de la Société
Herpetologique de France, est aussi la ville natale d'André-Marie-Constant
DUMEFIIL, illustre médecin et naturaliste, aujourd'hui reconnu aussi bien en
France qu’à |'etranger, comme étant un des pères de Vherpétologie.
ll. LES ORIGINES DE LA FAMILLE
A. Une famille picarde
La famille Duméril est d‘origine picarde. Ses racines se retrouvent
notamment à Abbeville, Oisemont et Amiens. Le plus ancien ancêtre connu est un
certain Jacotin Duméril, capitaine de navire "corsaire", qui commande en 1512 un
vaisseau de guerre armé par la Ville d'AbbeviI|e. A cette époque, Abbeville etait un
port directement en bordure de mer et |'on raconte qu'aux grandes marées, les
flots envahissaient même certaines rues de la ville.
Manuscrit accepté le 5 fevrier 1991.
l1l Naturaliste, collaborateur au WWF, service de presse ; Hallwvlstrasse 29, CH-8004 ZURICH.
1

B. Les aïeux d'André-Marie-Constant
—-— Louis Duméril, né dans la deuxième moitié du XVIème siecle épousa
Marie-Anne Langlet. ils eurent deux garçons et une fille.
— Leur fils Jean Duméril, marchand drapier à Abbeville et portier de la
porte d’Hocquet de cette ville, épousa Marguerite Varlet. Ils eurent quatre enfants :
Charles, Louis, Jean et Anne.
— Charles Duméril fut aussi marchand drapier a Abbeville; il épousa, le 29
juin 1701, Marie Jullienne (Tab.|). De cette union naquirent quatre enfants ; deux
d‘entre eux Marie-Anne et Jean-Charles, eurent une descendance.
— Jean—Charles est né à Abbeville en 1705 ; il fut probablement aussi
marchand drapier à Abbeville. Il épousa vers 1733, Marie-Jeanne Dailly, issue
d'une vieille famille bourgeoise cl'Abbevil|e. De cette union naquit un fils unique :
Jean-Charles-François.
C. Seul du nom
Lorsque Jean-Charles-François Duméril vint au monde lé 13 novembre
1733, son père venait de mourir, sa mére mourut en lui donnant le jour. Jean-
Charles-François Duméril était très probablement le seul du nom à lpoque ; il est,
en tout cas, considéré comme étant |’ancêtr commun de tous les Duméril actuels.
Jean—Char|s-François Duméril fut juge de paix à Amiens au début de la
Révolution iFig.2A). Il est mort à 90 ans. ll avait épousé en 1736 Rosalie Duval,
née à Oisemont près d'Amiens iFig.2Bl. De cette union naquirent huit enfants :
— Rosalie, Charles, Joseph, Reine, Auguste, A.M. Constant l2l et
Florimond. Seuls les trois derniers ont aujourd'hui des descendants :
· Auguste Duméril, né en 1771 iFig.3A}
— Florimond Duméril *3), né en 1776 iFig.3Bl
- André-Marie-Constant, né en 1774, mort le 14 août 1360 iFig.1) le célèbre
naturaliste.
Ces trois freres sont à l'origine des trois grandes branches actuelles de la
famille Duméril.
III. LA FAMILLE DUMÉFIIL
A. L'épouse de Constant Duméril
Constant Duméril avait épousé le 6 avril 1806 A|phonsine·Jeanne
Delaroche (fl, née à Geneve I 29 septembre 1778, fille d'un médecin de renom
établi à Paris. Alphonsine Delaroche iFig.4A) est décédée le 14 mars 1852. De ce
mariage, sont nés cinq enfants : Caroline, Constant, Auguste iFig.4B), Calixte et
Gustave.
Trois sont morts en bas âge : Caroline, Calixte et Gustave.
(2) André—Marie—Constant Duméril est appelé par son prénom usuel dans le texte.
(3} Arrière-arriere-grand-père de Vauteur de CEI article.
(4} La famille Duméril était catholique. Alphonsine Delaroche était protestante et éleva très probablement
ses enfants dans la religion réformée. Dans le discours prononcé par le Baron H. Larrev, de |'|nstitut
de France, aux obsèques d'Auguste Duméril, fils d’A|phonsine et de Constant, Auguste est dit
"...originaire d'une famille protestante".
2

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Figure 1 : Portrait d'A¤dré-Marie-Constant Duméril, dessiné d’après nature en 1823. et gravé
par Ambroise Tardieu.
4

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B. La descendance de Constant Duméril
-— Constant-Louis·Daniel est né en 1808 et mort en 1888. li avait épousé sa
cousine germaine Félicité Duméril (fille d'Auguste Duméril, son oncle).
Du mariage de leur fille Félicité, Constant et Alphonsine eurent quatre petits
enfants : Caroline, Léon, Louise (1847-1848) et Henri (1849-1850}.
Seuls Caroline (183-1862) et Léon (1840-18941 eurent une descendance.
Caroline épousa Charles Nlertzdorff en 1858, cette union donna deux
petites—fil|es à Alphonsine et Constant : Marie (née en 1859} et Emilie (née en
1861}.
Léon épousa Adè|e—Marie Stackler en 1877 (5l, deux enfants sont nés de
cette union : Hélène (née en 1878] et André (né en 1882).
Les descendants appartiennent aux familles : Mertzdorff, Fréville de Lcrme,
Froissart et Duméril (André Duméril, arriere petit—fils de Constantin.
— Auguste-Henri-Andre est né à Paris le 30 novembre 1812 et y est décédé
le 13 novembre 1870. Il fut médecin et naturaliste comme son père.
ll avait épousé, en 1843, sa cousine, Eugénie Duméril née le 5 décembre
1819 (fille d’Auguste Duméril, son oncle). De ce mariage, Constant et Alphonsine
eurent une petite fille, Adele Duméril, née le 13 mai 1844. Ce|le—ci épousa Felix
Soieil, en 1865 (Sl. De cette union sont nés cinq enfants : Marie, Léon, Pierre,
Louise, Augustin.
Les descendants de cette branche appartiennent aux familles : Soleil,
Grisard...
IV. ANDRE-MARIE-CONSTANT DUMÉFIIL
A. La jeunesse
Aujourd'hui, ia vie de Constant apparaît vraiment exceptionnelle, non
seulement par son génie et son extraordinaire carrière, mais aussi par les grandes
périodes historiques qui serviront d'environnement à sa destinée.
Constant vient au monde le 1er janvier 1771. C’est |'année de la mort de
Louis XV.
Les parents de Constant n'ont paraît--il qu'une médiocre fortune. Le jeune
Constant est élevé avec :
É · une soeur, Rosalie, de 12 ans son aînée, qui se mariéra à un officier de
sant ,
~ un frere, Charles, son aîné de 9 ans, qui sera directeur des hôpitaux à la
Grande—Arrnée,
— un frère, Joseph, son aîné de 8 ans, qui sera avocat.
- un frère, Auguste, son aîné de 3 ans, qui fera carriere dans |'admi-
nistration des hôpitaux,
- un frère cadet, Florimond, 2 ans plus jeune, qui fera aussi carrière dans
l'adrnînistration des hôpitaux.
Ces multiples rapprochements de sa proche famille avec les milieux
hospitaliers, aurontils une influence sur le choix dela carrière du jeune Constant?
Constant apprend à marcher, alors que débute la guerre d'indépendance de
|’Amérique du Nord.
(5} Après la mort des ses grandsparents, Constant et Alphonsine Duméril.
8

On raconte que Constant, gamin, ramassait tellement d’objets dans la
nature que sa mere, pour ne pas être obligée de raccommoder sans arrêt son
pantalon, lui avait remplacé le tissu d'une de ses poches par de la peau. Ce détail
montre que Constant était ou bien incorrigible ou, comme la suite le montra, qu’il
rencontrait une réelle compréhension pour ses penchants scientifiques du côté de
ses parents.
Alors que Constant sillonne Amiens et ses environs, observe et récolte, la
fin du XVIIIème siècle et celle de |'Ancien régime approche : |'année de ses 7 ans
sera marquée par la victoire de Yorlctown des Américains avec |'aide des Français
sur les Anglais.
On raconte que le jeune Duméril accompagnait souvent sa mère dans une
église de sa ville natale. Cette église abritait sous ses corniches plusieurs ménages
d'hirondelles. Au-dessous des nids, gisaient sur le sol, ça et là, de malheureux
insectes meurtris ou mutilés, échappés à la voracité des oisillons. Constant
remarqua ces insectes, il admira leurs couleurs ; il en recueillit un certain
nombre...
D'année en année, sa curiosité scientifique ne fit que croître et, au cours de
ses promenades, il récoltait tous les objets d'histoire naturelle qui frappaient son
regard. Si |'entomo|ogie fut sa première passion, il n'en délaissait pas pour autant
les autres branches des sciences naturelles. L'expIoration des grandes prairies
tourbeuses de son pays natal lui fournit i'occasion de se familiariser avec la
botanique et d'effectuer ses premieres observations herpétologiques sur les
tritons et les salamandres que |'0n nommait alors "lézards d'eau" l l.
En 1789, Constant fête ses 15 ans. Le 14 juillet de la même année, a lieu la
prise de la Bastille. On sail: qu’à cette époque, notre jeune observateur montrait
déjà une passion précoce pour Ventomologie, peu ordinaire chez un enfant de cet
âge. Mais il cultivait aussi avec enthousiasme les autres sciences naturelles,
surtout la botanique.
On sait que Constant ne se contentait pas de collectionner ; il observait ,
réfléchissait a ses observations et, chose plus rare pour un adolescent, il
communiquait avec enthousiasme ses découvertes à ses amis dans des sortes de
causeries, probablement à la manière des salons scientifiques du XVllleme siècle.
Dans les occupations de leur jeune fils, les parents Duméril voyaient un
amusement plutôt que le début d'une carrière et ils semblent avoir été fort
embarrassés pour lui choisir une profession.
Constant a émis tres tôt le voeu d'tre médecin. A 17 ans, il écrit à sa
mère : "Je vois plus que jamais lu à être médecin". Nlais la longueur et le coût
de telles études effrayaient ses parents. C'est alors qu'un ami de la famille, frappé
par les connaissances du jeune homme en sciences naturelles, conçut l’idée de le
placer dans une droguerie de Rouen comme garçon de boutique.
B. Uapprentissage
Il partit donc pour Rouen, et écrit à son père le 6 octobre 1791 : "Le premier
pas est fait... ; je m'y accoutumerai". La même année, lvlozart compose "La flûte
enchantée"...
Constant a quitté Amiens avec résignation mais obstinément décidé
(comme le sont les Capricornes li à faire tôt ou tard ce qu'il a dans |'idée de faire.
ll') NDLR : depuis Linné et juaqu'à Brcngniart, le Triton et les Salamandres rfétaient pas classés à part,
mais rangés dans le genre Lscerra.
9

Il écrit à un ami : "I\«1es goûts m’ont toujours porté vers la médecine, tel a
été toujours mon but : c'est là que toutes mes vues ont été dirigées".
C. Un savant du XVIIIème
Heureusement pour le jeune Duméril et pour l'herpéto|ogie, Monsieur
Thillaye, le droguiste chez lequel il est employé, est membre titulaire de
|’Académie Royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, et possède une
riche bibliotheque (ce qui n'est pas si fréquent à Vépoque}. Cet homme a
Pintelligence de reconnaître et d'apprécier Vinstruction de son jeune apprenti.
"Homme fort instruit, il favorise loyalement les études du jeune homme, |'aide
paternellement de ses conseils, de ses livres, de ses amis, cachant sous le voile de
la délicatesse la plus scrupuleuse, tous les services qu'i| s'efforçait de lui
rendre...”.
Plus tard, Constant parlera souvent de son bienfaiteur qui avait encouragé
ses premiers pas, et ses paroles, empreintes d'une profonde émotion, exprimeront
toujours son estime, son regret et sa reconnaissance.
Pendant cet apprentissage, Constant remporta un Prix de botanique
décerné par |’Académie de Rouen l10 Août 1791}. On sait aussi que ses
herborisations contribuérent à enrichir l'herbier de de Candolle (GI.
D. L'anatomie
C'est à cette époque que le jeune homme est initié à la connaissance de
l'anatomie humaine par Laumonier, habile chirurgien, professeur à |’Eco|e de
Médecine de Rouen, dont il fit probablement connaissance a |'Académie de Rouen
et par Vintermédiaire de Monsieur Thillaye.
Nous sommes en 1793, Constant a 19 ans. En France règne la terreur, Louis
XVI et Marie-Antoinette sont exécutés. Le jeune homme décide alors
d'abandonner peu à peu la botanique en raison du coût des déplacements et parce
que sa nouvelle passion va de plus en plus à |’anatomie.
En 1794, il fête ses 20 ans... C'est |’année de la chute de Robespierre, c’est
aussi l’année où Lavoisier est exécuté. Constant écrit à sa mére le 25 novembre :
"J’ai travaillé cet hiver : je n'ai pas perdu un seul instant. L'anatomie a été pour
moi la même passion que celle de courir aux insectes. Jugez I".
Dans une autre lettre, il écrit : "Je ne sais, n'entends, ne rêve qù’anatomie.
Vous rappelez-vous ce temps où la botanique et les insectes étaient ma passion
favorite ? Vous m'avez vu alors, vous avez pu remarquer si j'étais passionné 1 Et
bien, vous n'avez rien vu, vous ne me connaissiez pas encore I L’ardeur que j'y
mettais n'est rien auprès de celle qui m’entraïne vers Vanatomie. C'est un grand
bonheur pour moi l...".
Après quelques mois de dissecticns, Constant est nommé prévôt
d'anatomie. Le prévôt était |'éléve d'é|ite qui était moniteur à Vamphithéâtre et
chef de service à |'hopital. Avec cet emploi, il est logé, éclairé et chauffé, ce qui
n’était pas négligeable à |'époque, et touche 1200 livres d’appointements.
Malgré son extrême jeunesse lil a 21 ans et il a étudié 3 ansi, Constant
commence à donner des leçons sur Vorganisation humaine, devant quelques
étudiants puis devant un nombreux auditoire. "II obtint un grand succés, dans
lequel il mûntfe Vautorité d'un maître".
lB} Le celebre botaniste suisse, auteur de la théorie élémentaire de la botanique (177B—1S4‘Il.
10

Au début de 1795, il est choisi par le département de la Somme, et envoyé à
Paris pour être élève à l'Eco|e de Santé nouvellement fondée. ll est porteur d‘un
certificat ou il est dit que "ûuméril parcourt à pas de géant les diverses parties de
|’art de guérir et qu'i| possède toutes les qualités qui caractérisent un homme de
génie". Constant prendra bientôt rang parmi les meilleurs de |’Eco|e...
V. QUELQUES NATURALISTES PARENTS D'A.M.C. DUNIÉRIL
Constant Duméril est parent ou allié à plusieurs naturalistes ou médecins lvoir
Tableau ll.
- Auguste-Henri-André DUIVIÉRIL, fils de Constant, est ne le 30 novembre
1812. ll fit de brillantes études médicales et scientifiques à Paris et se consacra
spécialement à des travaux de physiologie.
Docteur en sciences naturelles en 1844, il était agrégé de médecine de la
Faculté de Paris où il suppléa Breschet au cours d'anatomie. Puis professeur de
physiologie en l’absence de Bérard. Professeur au College Chaptal, il passa
successivement comme aide—naturaliste au Muséum de I chaire de physiologie
(1840} à celle d'herpétologie et d’ichtyo|ogie en remplacement de Bibron. Le 21
janvier 1857, Auguste succéda à son père Constant dans la chaire de zoologie,
reptiles et poissons au Muséum. On lui doit des "Mémoires scientifiques" dont un
travail sur les odeurs, un sur la texture des glandes et une thèse tres remarquée
sur "Uanatornie du foetus", le "Catalogue des reptiles du Museum", un "Essai
d'application à la classe des Reptiles d'une distribution par séries parallèles", une
"Histoire générale des poissons". "L’histoire naturelle des poissons est une
oeuvre de maître qui, dans l'opinion des savants les plus autorisés, place
désormais le nom d'Auguste Duméril parmi ceux des premiers zoologistes et le
rattache aux travaux les plus remarquables de son époque sur les reptiles et les
poissons." [Eloge du Baron H. Larrey}.
A propos d'Auguste Duméril, le Baron Lassey, de |'lnstitut, a aussi écrit :
"Auguste... était fils du savant illustre et modeste que nous avons tous connu et
dont le savoir infini égalait |'infinie bienveillance. Quels rapprochements il y aurait
à faire entre ces deux physionomies, encore plus ressemblantes au moral qu'au
physique, et liées entre elles tout à la fois par les traits de caractère, par les
aptitudes de |’esprit et par les sentiments du coeur I".
—- René—Primevère LESSON, célèbre voyageur et naturaliste, est né à
Rochefort le 20 mars 1794. En 1809, il entra à |'Eco|e de médecine navale du port
de Rochefort.
En 1820, il fut reçu pharmacien de la marine. ll était chargé de la direction
du jardin botanique de Rochefort, |orsqu'i| fut désigné pour faire partie de
Véquipage dela "Coquille". destinée à un voyage autour du monde.
Dès le début de la campagne, le chirurgien-major tombe malade et est
débarque. Rene Lesson reste seul médecin à bord, chargé de donner ses soins à
Vèquipage et de réunir des objets d'histoire naturelle pour le Muséum.
Son zèle de naturaliste fut apprécié dans un rapport de Cuvier à l’Académie
des Sciences le 22 août 1825. Son activité enrichit le Muséum d’Histoire naturelle
d’une foule d'animaux parmi lesquels on peut citer : 46 espèces cl'oiseaux, 20
espèces de reptiles, 90 espèces de poissons. Il s'était aussi acquitté de recherches
géologiques, qui ont fourni à la science des notions nouvelles sur des côtes du
11

Pérou et du Chili, des iles Malouines et surtout sur les Montagnes Bleues de
l'Austra|ie.
Après avoir publié le récit du voyage de la "Coquille", sur l'ordre du
gouvernement, il travailla à différentes publications.
La révolution de juillet vint bouleverser son existence. Il dut rejoindre sans
retard le port de Rochefort, où il devint premier pharmacien en chef de la marine
et professeur de chimie à |'Ecole de Médecine navale. Il a laissé un grand nombre
d’ouvrages d'histoire naturelle.
Il mourut en 1849. Une rue de Rochefort porte son nom. Il avait épousé
Clémence-Marie Dumont de Sainte-Croix, née le 2 mars 1800.
— Charles-Henri-Frédéric DUMONT de SAINTE CHOIX, frére de André
DUMONT, le Conventionnel, est né à Oisemont le 27 avril 1758 et mort le 8 janvier
1830. Avocat, puis directeur de |'Envoi des lois et de |'|rnprimerie impériale, il fut
incarcéré par ordre du Comité de salut public. Pendant sa détention, il compose
les "Mémoires d’un détenu". Ce livre cité par Madame de Staël, raconte |’histoire
d'un cloporte qu'il nourrissait et dont il observait les habitudes. La chute de
Robespierre lui rendit la liberté, en |'arrachant à une mort certaine. Depuis cette
époque, Dumont consacra ses loisirs à des travaux de jurisprudence et
d’ornithologie.
Parmi ses écrits, on trouve : une "Histoire naturelle des martinets", un
"Dictionnaire forestier" et de nombreux articles d'ornithoIogie insérés par Cuvier
dans le "Dictionnaire des sciences naturelles".
— André-Eugène-Frédéric MALARD, né le 30 avril 1859. Boursier du
Muséum de Paris en 1882. Préparateur-adjoint de zoologie à la Faculté des
Sciences de Paris en 1887. Chef de travaux pratiques du laboratoire de zoologie de
|’Eco|e des hautes études entre 1888 et 1893. Sous-directeur du laboratoire
maritime de |'lle Tatihou (Manche). Chargé d'études scientifiques concernant les
pêcheries de la Manche en 1895.
Sa mère, Thelcide Malard, née Duméril, était fille de Florimond Duméril,
frère de Constant.
Remerciements — A mon ami, Monsieur Lescure du Muséum, pour |'intérêt qu’il
porte à |'histoire ds sciences et particulièrement aux deux Duméril du Muséum et
grâce auquel je peux faire paraitre cet article.
A mon cher cousin, |'Abbé Fernand Crouzel, paléontologue à l'|nstitut catholique
de Toulouse, lui aussi arrière-arriére-petit-neveu d'A.M.C. Duméril, pour son aide
précieuse dans la recherche de renseignements sur notre famille.
A mon frère, Pierre-Louis, auteur cl'un arbre généalogique des descendants
d'A.M.C. Duméril, pour ses conseils.
J.i~l. oumërm.
Eichholz 151
CH 8618. CFRNIL AM SEE (SUISSE}
12

Bull. Soc. Herp. Fr. l‘l990) 56 : 13-21
ANDRE-MARIE CONSTANT DUMERIL,
PERE DE L'HERPETOLOGIE
par
Jean LESCURE
Résumé -—-Après de brillantes études médicales à la nouvelle Ecole de Santé de Paris [1795-
98]. Duméril y devient Professeur d'Anatomîe. En 1803, il supplée Lacepède pour
Venseignement des Reptiles et des Poissons au Muséum de Paris. De 1834 à 1854, il publie,
en collaboration avec Bibron et, après la mort de celui-ci, avec son fils Auguste,
"L'Erpétologie générale" (10 volumes, 1 atlas), qui est toujours une bible pour le
systématicien de Reptiles et d'Amphibiens. Il a créé le premier vivarium public de Reptiles.
Ses contemporains lui ont décerné le titre de Pere de |'Erpéto!ogie. Aprés 54 ans de
Professorat au Muséum, il laisse sa place à son fils Auguste. ll meurt le 14 août 1860.
Mots-clés : Du méril, Biographie, Herpétologie.
Summary — After very good medical studies l1795-981, Duméril becomes Professor of
Anatomy in the Medical School of Paris. ln 1803, he takes place of Lacepede to teach Reptiles
and Fishes in the Muséum d'Histoire naturelle of Paris. With the collaboration of Bibron and
his son Auguste lafter the death of Bibronl, he publishes the Erpetologie generale (10
volumes, 1 atlasl from 1834 to 1854. This monumental work is yet considered as a bible for
the Reptiles and Amphibiens Systematic. He created the first public vivarium. The Father of
Herpetology title was given to him by his colleagues. After 54 years as Professor in
Muséum. he let his place to his son Auguste. He died the 14th August 1860, at 86 years old.
Kay-words: Duméril, Biography, Herpetology.
Au mois de janvier 1795, Duméril arrive à Paris lil pour suivre, aux frais de
la Nation, un cycle d'études de trois années à la nouvelle Ecole de Santé de Paris.
La Convention ld’après thermidor) avait décrété que les élèves devaient rejoindre
leur Ecole le 1er pluviose An III (20 janvier 1795). Outre le certificat de Rouelle lil,
Duméril avait une lettre de recommandation de Laumonier auprès du citoyen
Fourcroy. Ce dernier, Professeur de Chimie au Muséum, député de la Convention,
membre du Comité de Salut public apres la chute de Robespierre, membre et
porte—parole influent du Comité d'|nstruction publique n'était autre que celui à qui
la Convention avait confié le soin de réformer Venseignement médico—chirurgica|.
Deux personnages célèbres étaient ainsi sollicités pour accueillir le jeune
provincial débarquent à Paris.
A Rouen, Duméril avait été à très bonne école avec Laumonier, qui était très
justement réputé pour la qualité de ses préparations anatomiques, en particulier
celles concernant le système lymphatique, dont il était un des meilleurs
Manuscrit accepté le 5 février 1991.
l1l Voir |'articIe precedent de Jacques Dumeril.
13

connaisseurs de Vépoque. A la demande du Comité d’lnstruction publique et à
cause de sa maîtrise de |'anatomie et de la céroplastie, Laumonier devait faire des
pièces d'anatomie artificielles en cire pour les nouvelles Ecoles de Santé l2?. Il
était aussi le beau—frère de Michel Augustin Thouret, le Directeur de la nouvelle
Ecole de Santé de Paris lLemire, 1990l.
D'après une lettre de Laumonier à Duméril du 2 février 1795, on apprend
que celui-ci avait été bien accueilli par Fourcroy et lui avait déjà fait part de ses
impressions sur les merveilles de la capitale, en i'occurrence les pièces
anatomiques des collections de Pinson et de l'Ecoie Vétérinaire.
L’Ecole de Santé de Paris devait compter 300 élèves. Dans la premiere
promotion, on relève les noms d'A|ibert, Bayle, Bichat, Bretonneau, Dupuytren,
Guersant, Moreau de la Sarthe, Pariset, Fiécarnier, Richaut, Ribes et Savigny... Au
cours de |'année 1795, Duméril est nommé Prosecteur, sur concours, avec six
autres de ses collègues, dont Dupuytren âgé de 18 ans. En 1799, dès la fin de ses
études médicales, il brigue le poste de Chef des Travaux anatomiques à t’Ecole et
a pour concurrent son ami Dupuytren, aussi dépourvu de finances que lui. Les
deux candidats s'engagent à ce que celui qui obtiendra la place donne à l'autre le
cinquième de son salaire. Duméril |'emporte par 10 voix à 9.
Peu à peu Duméril fait la connaissance des naturalistes parisiens, il
participe aux réunions et aux sorties de la Société Philomatique aux côtés de
Brongniart, Cuvier, Laplace, Monge, Bertholet, Savigny, de Candolle... Il devient
|'ami de Cuvier, |'initie à Vanatomie des Vertébrés car celui-ci ne connaissait alors
que les Invertébrés (Flourens, 1863), suit ses cours, le supplée à partir de 1800 à sa
chaire de |'Eco|e du Panthéon. Voici comment Cuvier décrit leur collaboration, qui
s'était accentuée dès 1798-99 : "Un de mes amis, élève d'Anaton·uie Comparée, Nl.
Duméril, qui avait suivi mes cours des Vorigine, me demande la permission de
publier les notes qu'i| avait prises... J’aimais mieux le refaire avec |ui... Je
rédigeai seul tous les articles généraux et philosophiques, et la partie du cerveau
et des organes des sens. Duméril travailla davantage aux détails de la zoologie, de
la rnyologie, de la névro|ogie... Je rédigeai, avec Duvernoy, les trois derniers
volumes... Duméril à qui la rédaction des deux premiers volumes avait fait
honneur et profit, car ce fut le seul motif qu'on allégua |orsqu’i| fut préféré à Bichat
pour la Chaire d'Anatomie à l'Ecole de Médecine...". Ces deux premiers volumes
sont ceux des célèbres "Leçons d'Anatomie Comparée", parus en 1800. Leur
rédaction lui avait pris plusieurs heures chaque jour, il écrivait en effet à sa mère,
le 16 décembre 1800 : “Depuis midi jusqu’à quatre heures, le travaille à la
rédaction de |'ouvrage d’Anatomie Comparée du citoyen Cuvier, chez lequel je
dîne".
En 1801, à 27 ans, et avant d'être Docteur en Médecine, il est élu, par 15
voix à 9, Professeur d'Anatomie et de Physiologie à I'Eco|e de Médecine de Paris,
face à Bichat (cf. l’allusion du Cuvier citée ci—clessusl et encore à Du puytren, iequel
lui succèdera au poste de Chef de Travaux. Le 29 août 1803, ii soutient sa thèse de
doctorat en Médecine qui a pour titre : "Essai sur les moyens de perfectionner et
d'étendre l'art de |'Anetomie".
(2l Line de ses pièces maîtresses. considérée comme son chef d'oeuvre, fit I'objet d'un rapport élogieux.
signé le 29 mai 1806 par Cheussier, Durnéril, Fourcrov, Hallé, Larrev, Leclerc et Lepreux. Singulier retour
de I'l—listoire, Vélève devenu Professeur jugeait le Maître (Lemire, 1990}.
l4

Le 31 mai 1803, pendant le Consulat, Lacepède, de plus en plus pris par ses
hautes fonctions lai, charge Cuvier de faire à Duméril une proposition qui va
changer toute la vie de ce dernier. Il s'agit ni plus ni moins de professer les
Reptiles et les Poissons, à sa place, au Muséum d'Histoire naturelle. Le 2 juin 1803,
Duméril écrit à un de ses frères : «Je n'ai jamais étudié les poissons épineux, qui
composent prés des deux tiers de la seconde partie... Daudin, Brongniart,
Geoffroy suivent la même carrière ; ils ont écrit sur ce sujet, ce sont mes amis, ils
vont me regarder comme un intrigant qui aura cherché à leur enlever une p|ace...
Cuvier répondait à mes observations : “Je te donnerai tous mes manuscrits.,
Lacepède te communiquera toutes mes notes. Ce n'est point la place en elle-
mème que tu dois considérer, c'est le pied que tu mets dans rétablissement, c‘est
la confiance dont on t'honore ; c’est la préférence qu'on te donne, sans que tu
l’ales so||icitée... Il faut accepter." J'ai acceptéwi. Le 6 prairial An XI (16 juin 1803},
l'Assemblée des Professeurs-Administrateurs du Muséum le charge officiellement
de I suppléance cie Lacepàde pour Venseignement de |'Erpétologie et de
|'|cthyo|ogie (4).
Duméril se consacre entiérement à ses enseignements tant à i’Ecole de
Médecine qu’à l'Eco|e Centrale et au Muséum. Cuvier admire ses qualités
d'enseignant : "Pour juger de la valeur de Duméril. écrit-il, il faut |'entendre fair
une démonstration myologique ou névrologique". Tout cela lui assure un succès
durable. N'écrit-il pas à sa mere le 13 septembre 1806 : "Nlon cours est
extrêmement suivi, plus qu'aucun de ceux qui se font dans les galeries, lesquels
n'ont que cinq ou six personnes. J'ai habituellement plus de soixante élèves, et
cela me fait une sorte de réputation dans l'étab|issement" ? On venait de
Yétranger suivre les cours du Museum". et de Duméril. En 1806, trois étudiants,
Spix. Schvveigger et Oppel, dont les travaux herpétologiques deviendront
célèbres, Sont envoyés au Muséum par le Roi de Bavière pour y étudier |'Histoire
naturelle. Ils suivent les cours de Duméril en même temps que ceux de Blainville.
En 1804, à la demande cie Cuvier, Inspecteur général de Vlnstruction
publique dans l'Empire, il écrit un "Traité élémentaire d’Histoire naturelle" pour
servir à Venseignement dans les lycées nationaux. Dans ce livre réédité à quatre
reprises, on trouve déjà des tableaux synoptiques pour présenter la classification
de certains groupes.
Il voyage peu. En 1805, il est envoyé avec Desgenettes pour étudier la fièvre
jaune en Andalousie, il passe par Madrid et y visite le Nluséu m, où il est reçu avec
beaucoup de sympathie.
En 1806, il publie une "Zoologie analytique ou méthode naturelle de
classification des animaux" qui était Villustration de ses cours. Toute la
classification du Règne animal est présentée sous forme de tabieaux synoptiques.
La méthode, les tableaux et le livre eurent beaucoup de succès et furent souvent
(3} Lacepàde est Président du Sénat depuis 1801 et sera le premier Chancelier de l'Ordre de la Légion
d'Honneur à partir du 20 août 1803.
(4} Beaucoup de biographes de Duméril (FIourens, 1363), citant même ses propos, écrivent qu'iI a
commencé ses cours au Muséum en 1802. Nioquin-Tandon [1861} dénonce cette erreur (cf. les dates
précises citées ci-dessus}. Dumérii n’a pas pu enseigner au Muséum avant d'y être convié par Lacepède
et d'en être chargé par le Muséum. Le calendrier révolutionnaire, en usage à Vépoque, a peut-être
brouillé les souvenirs.
15

adoptés ou imités. Owen rappelait en 1856 à Duméril : "\/otre admirable Zoologie
analytique a été mon premier guide dans |'étude de cette science" (|'ichtyo|ogiel.
En 1812, il brigue le poste de Professeur d'Anatomie et de Physiologie de la
Faculté des Sciences de Paris, mais la place échoit à de Blainville, le candidat de
Cuvier. La même année, Duméril est nommé Médecin des Hôpitaux, fonction qu'i|
occupera pendant quarante ans. Pendant une vingtaine d’années, il exercera son
art auprés d'une clientèle privée.
En 1811, il avait été autorisé à prendre le titre de Professeur—adjoint de la
chaire des Reptiles et des Poissons du Muséum, mais c'est en 1825, apres la mort
de Lecepède et... 22 ans de suppleance qu'il a le titre de Professeur.
En 1833, avec la collaboration de Gabriel Bibron, Aide-Naturaliste à son
laboratoire depuis un an, il entreprend l'oeuvre considérable qui fera de lui le Père
de |'Erpétologie. De 1834 à 1854, les deux hommes publient les 10 volumes de la
monumentale "Erpétologie générale ou Histoire naturelle complete des Reptiles"
(9 volumes, avec 2 tomes au 7e, et 1 atlas de 108 planches}. L’ouvrage
comprend en plus cl'introductions générales et historiques sur |'anatomie, la
physiologie et la systématique de chaque ordre, la description détaillée de 1311
espèces (120 de Cheioniens, 445 de Sauriens, 528 d'Ophidiens et 218 de
Batraciens} alors que ceux de Lacepède (1788-89], Daudin l1801—03} et Merrm
(1820} n'en contenaient respectivement que 292, 556 et 580.
"L'Erpétologie générale" est toujours une bible pour le systématicien des
Reptiles et des Amphibiens, les descriptions y sont remarquablement précises,
détaillées et modernes. Duméril et Bibron, tout en faisant des listes de synonymie
et en discutant les auteurs antérieurs, ne présentent pas une espece à partir d'un
texte ou d’un dessin d'un autre auteur et ne se contentent pas de rédiger une
diagnose, mais décrivent, à part de tres rares exceptions, ce qu'ils observent et
mesurent sur les spécimens de la collection du Muséum de Paris. lls ont pour cela
profité, tout en y concourant, de l'ess0r remarquable de la zoologie dans la France
du début du XIXe siècle et bénéficié des récoltes envoyées ou rapportées par les
Vcyageurs—Naturalistes, officiels ou non, et les grands voyages autour du monde,
c'est-à-dire par les Plée, d'0rbigny, Delalande, Gaudichaud, Leprieur, (luoy et
Gaimard, Eydoux et Souleyet, Lesson, etc.
Duméril avait la responsabilité de la plus grande collection herpétologique
de l'époque. Sa reputation etait telle que les Herpetologistes du British Museum
lui ont envoyé des spécimens récoltés par Darwin pour les décrire comme
nouvelles especes et les inclure dans |'Erpéto|ogie générale. Nous avons toujours
dans les collections du Muséum de Paris le petit Batracien à appendice nasal,
recueilli par Darwin dans les forêts australes du Chili et qui est devenu I type de
Rhinoderma darwinii Duméril et Bibron, 1841. Les herpétologistes systérnaticiens
sont toujours obligés de se rapporter dans leurs travaux aux textes de
l'Erpéto|ogie generale et aux spécimen-types sur lesquels ont été fondées les
descriptions, que ce soit des especes d'Australie, Nouvelle-Zélande, Inde, Chili,
Bolivie, Guyane, Afrique du Sud, ou Etats-Unis. Après la parution du volume 8,
Agassiz écrit à Duméril, le 9 avril 1841, des Etats—Unis 1 "Je lis et relis avec un
plaisir toujours nouveau votre grand ouvrage sur les reptiles. Quelle précision,
quelle érudition, que de recherches minutieuses l Voilà comment il faut faire
I'histoire naturelle".
16

Le reproche que l’on peut faire à Dumerii, à propos de "l'Erpetologie
générale", est qu'i| n'a pas osé séparer les Batraciens des Reptiles pour en faire
une classe distincte. Il a suivi la classification de Brongniart (1800), une classe de
Reptiles, divisée en quatre ordres : les Chéioniens, les Sauriens, les Ophidiens et
les Batraciens. Il a cependant classé les Cécilies dans les Batraciens lDuméril et
Bibron, 1838, Duméril, 1839}, ce fut Voccasion d'une belle querelle avec de
Blainville (1839}, qui lui a demandé de reconnaître son apport dans |’effort qui
avait conduit à ce resultat (Lescure, 1985}.
Quelle est la part de Bibron dans |'oeuvre commune ? Bibron rangeait et
déterminait les collections du laboratoire et aidait Duméril dans ses
démonstrations publiques. "ll avait consenti à se charger de beaucoup de détails
relatifs a la détermination, à la synonvmie et à la description des nombreuses et
nouvelles espèces qui faisaient |’obiet de nos études" lDuméri|, 1854}. Bibron est
donc l'auteur de ces premieres descriptions minutieuses d'especes, si différentes
de celles de ses prédécesseurs et qui font le succès toujours actuel de
"|'Erpéto|ogie générale". Bibron, qui pariait couramment plusieurs langues, était
très estimé par les collègues étrangers, particulierement ceux qui etaient venus
travailler au Museum, ils louaient la chaleur de son accueil et la qualité de son
travail. Plusieurs témoignages, comme ceux de Tschudi, sont parvenus jusqu'à
nous. Dans son "Classification der Batrachier", celui-ci (1838} attribue beaucoup
de noms d'espèces nouvelles à Bibron, avec la mention "Bibr. Mus. Paris", parce
que c'était le nom donné par Bibron, et sans doute écrit de sa main, qu'i| avait lu à
Paris sur Vétiquette du flacon contenant le ou les spécimens de la nouvelle espèce.
Tschudi reconnaissait ainsi le travail particulier de Bibron. La règle de priorité de la
nomenclature zoologique accorde la paternité de ces noms à Tschudi (1838}, parce
que son livre est paru avant le 8e volume de "|'Erpéto|ogie générale" l1841l, alors
qu’en réaiité ce||e—ci revient à Bibron.
La collaboration était si fructueuse entre Duméril et Bibron que la longue
maladie (tuberculose} et la disparition prématurée de ce dernier en 1848, à Page
de 42 ans, crée un vide et brise le rythme de parution de "|'Erpéto|ogie générale".
Duméril réorganise sans doute tout son plan de travail et se fait alors aider par son
fils Auguste, qui remplace Bibron au poste d’Aide-Naturaliste des 1845. Les trois
derniers volumes à paraître (7, 9 et |'at|as}, publiés apres une interruption de 13
ans, portent la signature des deux Duméril et de Bibron. L‘absence de Bibron se
fait nettement sentir dans la rédaction du 9*9 et dernier volume, consacré aux
Urodèles : les descriptions des espèces, peut—être à partir de quelques notes de
Bibron, ne sont pas aussi détaillées et paraissent même un peu bâclées et
inachevées. Quand le dernier volume de "|’Erpétologie générale" paraît, A.M.C.
Duméril a 80 ans. C'était vraiment |’oeuvre de sa vie l
En 1851, les Duméril, père et fils, publient un "Catalogue méthodique de la
collection des Repti|es" du Muséum d’Histoire naturelle, que |'on peut considérer
comme un supplement et une actualisation de "l'Erpétologie générale". L'ouvrage
contient les descriptions d'espèces nouvelles ou de celles qui n'y sont pas
mentionnées, cite le material en Reptiles des collections nationales, mais ri'y inclut
qu'une partie des Ophiciiens, sans donner d'explication. ll ne traite pas de la
collection de Batraciens ; cette omission signifie peut—être que les cieux auteurs
reconnaissent les Reptiles et les Batraciens comme deux classes distinctes. C'était
d'ai||eurs |’opinion d'Auguste Duméril, considéré comme le principal auteur de ce
catalogue.
17

En 1852, les deux tomes, consacrés aux Serpents, du volume 7 de
"|'Erpéto|ogie générale" tardant à paraître, Duméril adresse un mémoire de 139
pages à |'Académie des Sciences intitulé ”Prodrome de la classification des
Reptiles Ophidiens" ou il expose sa nouvelle méthode de classification des
Serpents, fondée sur le nombre, la configuration et les modifications des dents et
des crochets.
"L'ErpétoIogie générale", le "Catalogue des Reptiles" et le "Prodrome de la
classification des Serpents" ne sont pas les seules publications herpétologiques
de Duméril. ll en fit paraitre vingt—quatre autres, de 1807 à 1859, mais la plupart
sont des rapports ou des remarques faits à l'Académie des Sciences sur des
mémoires ou des ouvrages herpétologiques. Signalons cependant la première
description de la couvaison des oeufs de Python par la mère, observée à la
ménagerie de Reptiles du Muséum (Duméril, 1842} et son rapport sur un cas de
morsure de Vipère quand il fut mordu par une Vipère berus en forêt de Sénart
[Duméril, 1844l.
Un autre mérite que Duméril a acquis aux yeux des herpétologistes est la
création de la première ménagerie de Reptiles, bref du premier vivarium public.
Voici, en quelques mots, |’histoire de cette fondation. Duméril vaquant à la foire
des Loges, qui se tenait sans doute comme aujourd’hui à Saint-Germain-en-Laye,
est frappé de la bonne tenue d'une ménagerie ambulante appartenant à un
Monsieur Vallée. ll en propose |’achat à |'Assemblée des Professeurs-
Administrateurs du Muséum, le 9 octobre 1838, avec la clause que le propriétaire,
dont il avait apprécié la compétence, soit engagé comme gardien des Reptiles.
l.'affaire est conclue, le local est trouvé à |'intérieur de la grande Ménagerie du
Jardin des Plantes. Le cheptel du début est modeste, deux pythons et trois
Caïmans, mais Duméril, en bon Picard, est obstiné et sollicite les Voyageurs·
Naturalistes. Les Reptiles et Amphibiens affluent et rendent d'inestimables
services à la Science. Rappelons pour mémoire la fameuse histoire des Axolotis,
rapportés par Vexpédition du Mexique et étudiés par Auguste Duméril, qui se
reproduisent à I’état Iarvaire, se métamorphosent au bout de plusieurs années et
sont à |’origine du concept de néoténie.
Duméril a donné son cours sur les Reptiles au Muséum pendant un demi·
siècle, de 1803 à 1853. Son fils Auguste le remplace des |’annèe suivante dans cet
enseignement. Il a été cinquante quatre ans, de 1803 à 1856, Professeur à la chaire
des Reptiles et Poissons du Muséum, en passant, il est vrai, par les singulières
fonctions de suppléant et d'adjoint. Il a enseigné durant cinquante—neuf ans à la
Faculté de Médecine. Les titres ne lui manquent pas : il est éiu à l’Acadérnie des
Sciences, le 26 février 1816, il est membre de |’Académie de Médecine dès sa
fondation et Commandeur de la Légion d'Honneur. ll est nommé Professeur
Honoraire au Muséum le 21 janvier 1857... à 81 ans et se retire avec la satisfaction
de voir son fils lui succéder.
Duméril a beaucoup écrit : 13 publications sur |'Anatomie et la Physiologie,
13 de Médecine, 5 sur les Mammifères ou les Oiseaux, 17 sur les Poissons, 5 sur
les Mollusques, 77 d'entorno|ogie, 1 de botanique et 22 de discours ou de notices
biographiques. La majorité d'entre elles sont aussi des rapports faits à |'Académie
des Sciences. A la fin de sa vie, il revient à ses premières amours et publie en 1856
une "lchtyologie analytique" sur le modèie de sa Zoologie analytique et à 86 ans,
en 1860, la derniére année de sa vie, une Entomologie analytique en deux tomes
(339 pages}.
18

On ne peut être que stupéfait devant une telle longévité et une telle
production. Nous ne pouvons pas juger de la vaieur des travaux de Dumérîl en
Médecine et même en Entomologie, mais c'est un grand zooiogiste qui participa à
|'essor prodigieux de cette science au début du XIXe siècle, aux côtés de Cuvier,
Lamarck, Latreille, Lacepède, Geoffroy Saint-Hilaire, Brongniart".
Duméril n'est pas un théoricien. Ses biographes disent qu'iI fut échaudé en
la matière dans sa jeunesse. Il avait vu, par ses dissections, que les muscles qui
unissent la tête aux autres vertèbres ne sont que les muscles mêmes qui unissent
les vertèbres entre elles, finalement "la tête est une vertèbre pensante”. Il en fit
part à ses amis, mais ceux·ci le raillèrent et lui demandaient en le saluant
comment allait sa vertebre pensante I Les esprits n'ètaient pas mûrs pour
accueillir cette intuition géniale, "découverte" ensuite par Owen et Haeckel.
Duméril est avant tout un anatomiste et un systématicien, il appartient à
l'éoo|e de Cuvier par ses travaux d‘anatomie, surtout par les applications qu'iI en
fait à la zoologie, et à |'école de Linné par son esprit méthodique et classificateur
ainsi que par la précision de sa nomenclature, toujours binominale, même pour
ies noms français. ll excelle dans les tableaux synoptiques et les définitions des
groupes (familles, ordres}, mais ce sont ses descriptions rigoureuses, claires et
minutieuses (faites avec Bibron). rompant avec le style fleuri ou imprécis de ses
prédécesseurs, qui en font vraiment le Père de |'Erpto|ogie, un titre que ses
contemporains lui ont décerné sur sa tombe lFiourens, 1863} *5*. On peut
raisonnablement dire que trois noms ont dominé I'Herpétologie mondiale depuis
deux siècles : Duméril, Boulanger, Mertens. Dumèril est l’aïné et les dix volumes
de "|’Erpéto|ogie Générale" constituent les fondations de cette science.
Remerciements — Je remercie vivement Monsieur le Professeur E.R. BRYGOO
pour la lecture du manuscrit.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Phiiorn., 2 : 81-82 et 89-91.
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août 1860, sur la tombe de M. DUMERIL, |'un des Professeurs de cette Faculté.
Flignoux, Paris : 1-4.
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Paris. B vol.
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animaux. Allais, Paris, 345 p.
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Famille des Reptiles qui participent des Ophidiens et des Batraciens, relativement à la
forme et à Vorgariisation. C.R. Acad. Sci., 9(20} : 581-587.
i5)1itre que reprendra Guibé (1958) dans sa leçon inaugurale au Muséum.
19

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Paris. Vli. 1 : 4 p. hors texte.
DUMÉRIL, A.Nl.C. et BIBRON, G. (1834-1854} — Erpétologie générale ou Histoire naturelle
complète des Reptiles. Roret. Paris. T.I (1834} : 447 p. ; T.l| (1835} : 680 p. ;T.}l|
(1836} :517 p. ;T.lV (1837} :572 p. ;T.V (1839} :854 p. ;T.V| (1844} :609 p ;
T.V|l| (1838} :1-290, (1841} :291-782 p.
DUMÉRIL, A.M.C., BIBRON, G. et DUMÉRIL, A. (1854} — Erpétologie générale ou Histoire
naturelle complète des Reptiles. Roret, Paris. T.V|| (1854} : vol.1, 1-780 ; vol.2, 781-
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DUNOYER, C. (1860}- Notice sur la vie et les oeuvres de M. Duméril. Extrait du Journal des
Débats du 17 octobre 1860. 4 p.
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publique du 28 décembre 1863. Institut Impérial de France. Firmin Didot, Paris. 24 p.
FROISSART, L.D. (1984} —- André Constant Durnérii, Médecin et Naturalîste 1774-1860. Paris.
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Funérailles de M. Duméril. institut impérial de France. Académie des Sciences :7-13.
GUIBÉ, J. (1958} - André Marie-Constant DUMÉRIL, le Père de l'Erpéto|ogie. Leçon
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prononcé au; funérailles de M. Duméril, le jeudi 16 août 1860. ln :Funérailles de M.
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PIORRY (1860} — Discours prononcé au nom de 1'Académie impériale de Médecine, par M. le
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20

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Funérailles de NI. DUNIERIL. Institut impérial de Sciences. Académie des Sciences.
Firmin Didot, Paris :15»19.
J. LESCUHE
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Amphibiens}
UA 041137 du CNRS, Muséum national d'Histoire naturelie
57 rue Cuvier, 75005 PARIS (FRANCE}
21


			
Bull. Soc. Herp. Fr. (1999l 56 : 23-25
PUBLICATIONS HERPETQLOGIOUES
D'A.M.C. DUMERIL
par
Jean LESCUHE et Jean-Jacques ESCAHRA
Nous ne mentionnons ici que les publications d'A.M.C. Duméril traitant
particulièrement des Reptiles et des Amphibiens. Duméril a beaucoup écrit
notamment sous forme de courts rapports et remarques dans les Comptes rendus
de |’Académie des Sciences ou le Bulletin de l'Académie de Médecine. Selon
Moquin-Tandon l‘l861, voir référence dans Varticle précédent}, ii a publié 2
ouvrages généraux [cités aussi dans |’articIe précédent} et 159 articles, ouvrages,
rapports ou remarques, dont 19 d'anatomie et physiologie, 13 de médecine et
chirurgie, 5 sur les Mammifères et Oiseaux, 17 sur les Poissons, 5 sur les
Mollusques et Annélides, 77 sur les Insectes, 1 sur les végétaux et 22 divers
ldiscours, instructions}.
1807
• Mémoire sur la division des reptiles batraciens en deux familles. Mages.
encyclop., 2 :308.
1818
• Analyse détaillée du travail du Dr W. Edwards sur Vasphyxie considérée
dans les batraciens. Bull. Fac. Méd. Paris, 6 : 179-195.
1835
· Rapport fait à l'Académie des sciences sur un mémoire de M.
Lamarepicquot, relatif aux serpents des Indes et à leur venin. Ann. Sci. nat., 2e
Séf., 3 :35~38.
• Rapport fait à |'Académie des sciences sur un travail de M. Cocteau. sur
un genre peu connu et sur une nouvelle espece de batracien anoure. Ann. Sci.
nat., 2e sér.,3 :318-320.
1834-1854
· Erpétologie générale (voir références bibliographiques dans |'artic|e ci-
dessus}.
1836
· Note sur les mouvements de la langue chez les caméléons. C. n hebd.
Séanc. Acad. Sci. Paris, 2 : 228-230.
Manuscrit accepté le 5 février 1991.
23

1837
• Rapport sur un ouvrage du Dr. Cocteau : Tabiuiae synopficae
Scincoidorurn. C. L hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 4 : 14-17.
1838
- Sur la propagation et les organes générateurs dans les reptiles batraciens,
tels que les grenouilles, les sa|amandres... C. L hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 7 :
447-470.
• Remarques à Voccasion d'une note de Nl. Roberton, sur le mouvement de
la glotte chez le boa, pendant l'acte de déglutition. C. L hebd. Séanc. Acad, Sci.
Paris, 7 :625.
- Remarques sur la classification des batraciens de M. Tschudi. C. L hebd.
Séanc. Acad. Sci. Paris, 7 : 805.
1839
• Mémoire sur la classification et la structure des ophiosomes ou cèciloïdes.
C. il hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 9 : 581-587 et 675.
1840
· Notice historique sur les decouvertes faites, dans les sciences
d’observation, par |'étude de Vorganisation des grenouilles. Buii. Acad. Méd., 4 :
545 et Ann. Sci. nat., 2e sér., 13 : 65-75, 1 pl.
1841
· Notice sur les mouvements généraux des serpents. C. L hebd. Séanc.
Acad. Sci. Paris, 13 : 593-601.
1842
• Notice sur le développement de la chaleur dans les oeufs des serpents et
sur |’inf|uence attribuée à Vincubation de la mère. C. L hebd. Séanc. Acad. Sci.
Paris, 14 : 193-203 et 1858, 47 :525-526.
1844
Rapport sur un cas de morsure de vipère,. Bui}. Acad. L Méd., 9 : 1021-
1023.
1846
· Rapport sur plusieurs mémoires d’anatomie comparée de M. Duvernoy,
principalement sur les organes génlto-urinaires des batraciens urodèles. C. r.
hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 23 : 1122-1126.
1851
- Rapport sur un crapaud trouvé vivant dans la cavité d'un gros si|e><... C. L
habd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 33 : 105-115.
• Analyse de la première livraison du catalogue méthodique de la collection
des reptiles du Muséum d’hist0ire naturelle, rédigé par A. Duméril. C. L hebd.
Séanc. Acad. Sci. Paris, 32 : 608-610.
· Analyse de la deuxième livraison, idem, 33 : 502-503.
1852
• Mémoire sur une espece de serpent à coiite (Naia haie). C. L hebd. Séanc.
Acad. Sci. Paris, 35 : 485-493.
24

• Mémoire sur la classification des reptiles de i'ordre des serpents. C. r.
hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 35 : 621-628.
1842
· Notice sur le développement de la chaleur dans les oeufs des serpents et
sur Vinfluence attribuée à Vincubation de la mère. C. it hebd. Séaric. Acad. Sci.
Paris, 14 : 193-203 et 1858, 47 : 525-526.
1844
· Rapport sur un cas de morsure de vipre... Bui!. Acad. in Med., 9 : 1021-
1023.
1846
· Rapport sur plusieurs mémoires d'anatomie comparée de M. Duvernoy,
principalement sur les organes genito-urinaires des batraciens urodèles. C. n
hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 23 : 1122-1126.
1851
· Rapport sur un crapaud trouvé vivant dans la cavité d'un gros si|e><... C. i:
hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 33 : 105-115.
· Analyse de la première livraison du catalogue méthodique de la collection
des reptiles du Muséum d'histoire naturelle, rédigé par A. Duméril. C. r. hebd.
Séanc. Acad. Sci. Paris, 32 : 608-610.
· Analyse de la deuxième livraison, idem, 33 : 502-503.
1852
• Memoire sur une espèce de serpent à coiffe (naia haie). C. it hebd. Séanc.
Acad. Sci. Paris, 35 : 485-493.
• Mémoire sur la classification des reptiles de |'ordre des serpents. C. L
hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 35 : 621-628.
1853
• Mémoire sur Vorganisation des reptiles batraciens qui ont et conservent
une queue pendant toute leur vie, ou urodèles. C. it hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris,
36 :881-890.
1854
• Rapport, au nom de la section d'anatomie et de zoologie, touchant la
proposition faite à l'Académie d'acquérir le squelette fossile de mysrriosaurus
découvert dans le lias de Boll [Wurtemberg}. C. ii hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris,
38 : 665-666.
1858
- Remarques présentées en communiquant Vextrait d'une lettre de M.
Jobard, sur une pluie de crapaudsc. C. it hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 47 : 159-
160.
· Rapport sur un mémoire de M. L. Soubeiran sur la structure de Vappareil à
venin de la vipère. C. in hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 47 : 636-638.
1859
• Note sur la vipère fer-de-lance de la Martinique (Bothrops i`anceoiatus)...
C. n hebd. Séanc. Acad. Sci. Paris, 49 : 593-594.
25

• De |’action du curare comparée à celle du venin des serpents et de certains
insectes hyménoptères touisseurs". C. it hebo'. Séanc. Acad. Sci. Paris, 49 : 824.
J. LESCURE et .}.J. ESCARFIA
Laboratoire Reptiles et Amphibiens
Muséum national d’Histoire naturelle
57 rue Cuvier, 75005 PARIS (FRANCE}
26

Bull. Soc. Herp. Fr. (1590l 56 : 27-S?
DONNEES ECOLOGIOUES, LEGENDES ET
UHERPETOFAUNE DE LA SOMME
par
Dominique GODET
Résumé - Ouatorze espèces d'Amphibiens l5 Urodèles et 9 Anouresl et huit espèces de
Reptiles [1 Tortue, 4 Sauriens et 3 Serpents) se répartissent dans le département de la
Somme où ils occupent des milieux variés : plaine maritime picarde, vallées humides,
cultures, coteaux calcaires.
Ces animaux rejetés de tous et objets de crainte mêlée de superstition, sont à |’origine de
bien des traditions populaires souvent liées à la sorcellerie. Toutefois, compte tenu de leur
importance dans Véquilibre de la Nature, il importe de ies protéger et de préserver leur
milieu naturel.
Mots-clés : Amphibiens · Reptiles - Somme - Traditions populaires — Protection.
Summary - Fourteen amphibian species rs caudata and 9 anuransl and eight reptilian
species I1 chelonian, 4 lizards and 3 snakes) are known in the French Somme department
where they inhabit various biotas : maritime plain of Picardy. darnp valleys. farming.
limestone hills.
These animals, rejected by most people are fear objects mixed with superstition which are at
the origin of many folk traditions often connected to the sorcery. However, on account of
their importance in environmental balance. it is essentiel that they are protected just as their
biotas.
Key-words : Amphibiens - Reptiles — Somme — French district — Distribution - Ecology —
Common knowledge - Folklore.
I. INTRODUCTION
Les Amphibiens et les Reptiles sont à ranger parmi les ennemis de I'homme
occidental depuis des millénaires pour des raisons qui relèvent le plus souvent de
la superstition. Seuls les Tortues, les Lézards que |'on rencontre sur les murailles
ensoleillées, et éventuellement les Grenouilles animant nos étangs de leurs chants
étranges et souvent mélodieux, ont droit à une certaine sympathie. Pourtant leur
rôle biologique est bien indispensable dans la Nature ; aussi est-il nécessaire de
les protéger d'une destruction stupide ainsi que de la dégradation de leur milieu
naturei. Nlartyrisés ou inconnus, ces animaux ont leur place dans la Nature et là
plus qu’ai||eurs la première étape dans la protection de cette faune passe par la
connaissance,. Cependant, malgré leur statut particulier, ils font l‘objet de
multiples traditions, croyances et utilisations qui reflètent un état de
connaissances d'origine populaire particulièrement révélateur et instructif en ce
qui concerne l'histoire des mentalités. et |’évo|ution des relations entre |'homme et
I’anirnal.
Manuscrit accepté le 5 février 1991.
27

ll. LES AMPHIBIENS ET FIEPTILES DE LA SOMME
A. Les Amphibiens
· La Salamandre tachetée, Salamandre salamandre terrestris lLinn`é, 1758}
On la signale déià au Xl}(me siècle dans la forêt de Crécy. En 1979, elle est
repérés dans 4 localités du département correspondant à trois ensembles
naturels différents : bois et forêts du sud·ouest amiénois, la forêt de Crécy et le
Vimeu occidental. On la retrouve ensuite dans les deux premiers ensembles, à
savoir : les forêts du sud-ouest amiénois et la forêt de Crécy. Mais elle est en plus
découverte dans les milieux forestiers du Doullenais et de la vallée de la Bresle,
ainsi que dans le sud-est du département (région de Montdidier}. Il faut donc
rechercher cette espèce dans tous les bois de feuillus de la Somme. notamment
ceux à dominante de Hêtre (Fagus sylvatica}. Par contre, il n'existe aucune
certitude quant à la présence de la Salamandre tachetée sur le littoral picard.
• Le Triton crêté, Triturus crlstatus (Laurenti, 1768}
C'est |'espéce du genre Triturus la moins commune dans la Somme, tant au
niveau de la répartition géographique que de son abondance. Elle n'est connue,
en effet, que de quelques localités. On ne trouve le Triton crêté sur le littoral
picard, qu’au Hàble d’Au|t, à Ouend, à Saint-Ouentin~en-Tourmont et à Saint-
Valéry-sur~Somme. Cette espèce semble d'ail|eurs en régression dans la région
d'Amiens suite à la destruction des biotopes.
· Le Triton alpestre, Triturus alpestris [Laurenti, 1768}
C'est la seconde espece du genre Trlturus de la Somme. Cette espèce est
commune sur le littoral picard : Hâble d'Au|t, Fort-Mahon, Saint~Valéry-sur-
Somme.
· Le Triton ponctué, Triturus vulgaris lLinné, 1758}
C'est le Triton le plus commun et le plus répandu sur le département. ll est
également commun avec le Triton alpestre sur le littorai picard : Hâble d'Au|t,
Rue, Saint-Va|éry—sur—Somme.
• Le Triton palmé, Triturus helveticus llsazoumowsky, 1789}
Il est mentionné dès le XIXème siècle- Moins commun que le Triton
alpestre, il est cependant presque aussi fréquent. Il est présent aussi bien au nord
de la Baie de Somme [Rue, Saint—C1uentin-en-Tourmont y compris le orc
ornithologique du Marquenterre} qu'au sud (Saint-Valéry-sur—Somme} ; mais
curieusement, il est absent du Hâble d'Au|t.
• Le Crapaud accoucheur, Alytes obstetricans (Laurenti, 1768}
Il n'était connu jusqu’au début des années 80 que dans les environs de
Saint-VaIêrv—sur—Somme. Des observations plus récentes ont permis une meilleure
connaissance de sa répartition dans trois grandes zones :
— le littoral picard. Il est fréquent au sud de la baie de Somme : Cayeux—
sur—|Vler, Hàble d'Au|t, Saint—Valéry-sur-Somme, mais semble absent au nord ;
— la vallée de la Bresle ;
— |'Amiénois.
Un station apparemment isolée existe également dans le Santerre.
28

· Le Pélodvte ponctué, Peiodytes punctatus lDaudin, 1803]
ll ne semble posséder des populations de quelque importance que dans le
sud du littoral picard : Hâble d’Ault, Cayeux—sur—N1er. sa découverte en 1986 dans
le nord 11'estclonc que toute récente (Sueur, 1989}. ll semble rare à |'intérieur des
terres. ll faut toutefois noter sa présence dans la vallée des Evoissons, près de
Poix en 1983 (Sueur, 1984}.
• Le Crapaud commun, Bufo bufo (Lin né, 1758)
C'est l'Amphibien le plus rencontré dans la Somme avec la Grenouille
rousse. Il fréquente aussi bien les zones humides que les jardins, les coteaux
calcaires, etc. ll est très commun dans la plaine maritime picarde.
· Le Crapaud calamite, Bufo calarnira, Laurenti, 1768.
Jusqu'à une époque récente, il n'était connu que sur le littoral picard. (Test
une espèce commune dans le Nlarquenterre et au Hàble d'Au|t, mais
curieusement, elle ne fréquente que la zone littorale. En 1984, il est découvert dans
le sud—ouest amiénois, puis dans la vallée des Evoissons (Poix), tout comme les
Grenouilles Hana lessonae et Hana esculenta, il peut être observé dans les eaux
légèrement saumâtres.
• La Flainette verte, Hyla arborea (Linné, 1758]
Elle est présente sur tout le littoral picard : Hâble d’Au|t, Cayeux-sur-Mer,
Hue, Saint—Quentin—en-Tourmont lv compris le parc ornithologique du
|Vlarquenterre}· Elle demeure rare à l'intérieur des terres. Elle fréquente les marais
possédant une strate arbustive, les bois humides, mais également les dunes à
Argousiers (Hippophae Hahmnoides} pourvu qu'un point d'eau ne soit pas trop
éloigné.
• La Grenouille rousse, Hana temporaria, Linné, 1758.
Une recherche systématique permettrait trés probablement de découvrir la
Grenouille rousse, tout comme le Crapaud commun, sur Vensemble du territoire
de la Somme. Sur le littoral picard, elle est bien moins abondante que Hana
esculenta et Hana lessonae, mais elle y est cependant commune. Elle fréquente
des miiieux variés :20nes humides, bois et forêts, prés et cultures.
• La Grenouille agile, Hana dalmatina, Bonaparte 1840.
Elle est signalée en 1981 (Sueur, 1984} dans les trois départements voisins
plus rnéridionaux : Oise, Aisne et Seine-Maritime. Des données plus récentes
étendent quelque peu son aire de distribution vers le nord. Elle est donc
mentionnée dans la Somme par |'At|as des Amphibiens et Fleptiles de France
(1989}.
· lüâêrenouille de Lessona (la petite Grenouille verte], Hana lessonae, Camerano,
Elle peuple avec Hana esculenta (Grenouille verte} et leurs hybrides, les
eaux douces et quelques canaux légèrement saumâtres du parc ornithologique du
Nlarquenterre. Elle n'est généralement pas distinguée du klepton Hana esculenta,
et n‘a été déterminée avec certitude qu’en différents points de la commune de
Saint—C1uentin-en-Tourmont.
• La Grenouille verte, Hana esculenta, Lin né, 1758.
Elle est très répandue dans les différents types de zones humides du
29

département 1 étangs, marais, fossés, ruisseaux, rivières, gravières, prés
hydrophiles, anciens bassins de décantation, etc. Il est très difficile de distinguer
cette espèce de la précédente. On peut signaler seulement Vabondance des
"Gurenouilles vertes" dans toute la plaine maritime picarde.
B. Les Reptiles
• La Lézard des souches, Lacerta agllis, Linné, 1758.
Il demeure très rare. On peut le rencontrer dans les endroits
particulièrement secs où il se nourrit de cloportes, Iombrics, insectes., Il est
signalé au sud du département (Mercier 1979}.
- Le Lézard vivipare, Lacerra vivipara, Jacq uin, 1787.
C'est le Lézard le plus commun dela région. Il est abondant dans le
Nlarquenterre (milieu dunaire, parc ornithologique} où il était déjà signalé comme
assez courant au XIXème siècle dans les dunes à Argousiers (Marcotte 1860}. ll
est également présent au sommet des falaises calcaires au sud du département.
Par contre, il est assez rare au Hâble d'Au|t où il n‘a été déterminé qu’une seule
fois en 1981 (Sueur 1984}.
· Le Lézard des murailles, Podarcis rnuralis (Laure nti, 1768}
Il est assez localisé et demeure relativement rare. On le trouve dans les
milieux secs et souvent près des habitations humaines. Il est présent notamment
dans tous les milieux secs du littoral : au Hâble d'Ault et principalement dans les
petites dunes situées derrière ce|ui—ci. Il est rare dans le Marquenterre.
- |JOrvet, An gufs fragills (Li nné, 1758]
ll est signalé en 1979 (Mercier} sur la carte de Saint-Valéry-sur—Somme.
L'At|as des Amphibiens et des Reptiles de France le mentionne dans tout le
département.
· La Coronnelle lisse, Coronella austriaca, Laurenti, 1768.
Elle est signalée en 1979 (Mercier} sur la carte de Saint-Valéry-sur—Somme.
Lïlglas des Amphibiens et Reptiles de France la mentionne sur la carte située au
su .
• La Couleuvre à collier, Natrix natrix (Linné, 1758}
C’est le Serpent le plus commun, animal de marais et de zones humides. On
peut le rencontrer aussi dans les bois de feuillus, des carrieres abandonnées. Elle
est signalée en 1979 (Mercier} sur les cartes de Hue et de Saint-Valéry-sur~Somme,
mais elle semble absente de la plaine maritime picarde. Elle est par contre
relativement commune dans la vallée dela Somme.
• La Vipère péliade, Vipera berus (Lin né, 1758}
Cette espèce est, comme la précédente, absente de la plaine maritime
picarde. Elle est assez rare dans le reste de la région, mais des localités en
recellent une forte densité. Son biotope est constitué par les coteaux calcaires
(Larris} exposés au sud avec un marais ou un cours d'eau au pied.
- La Tortue luth, Dermochelys coriacea Nandelli, 1781}
Un individu a été capturé au filet en baie de Somme le 30 octobre 1980 puis
30

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Figure 2 : Régions naturelles de le Somme et répertoire des cartes |.G.N. au 50;‘000ème. 1 :
Hue Z2 :Hesdin ;3 : Eu ;4 :Saînt-Valéry-sur-Somme ;5 :Abbevi||e ;6 :Douller1S ;7 :
Bapaumo ;8 :Gamachas ;9 :Ha|Iencourt ;10 :Amiens ;‘l1 :AIbert ;12 :Pér0rme ;13 :
Poix ;14 :MoreuiI ;15 : Roye ;'I6 :Ham ; 17 :Saînt-Just-en—Chau$sée ;18 :Montdidîer;
en pointillé : la forêt de Crcy.
31

relâché le lendemain (Sueur, 1984}. Une Tortue marine appartenant très
probablement a cette espèce avait été observée au large de Cluend, il y a une
quinzaine d’années auparavant. Il s'agissait des mentions les plus septentrionales
de Tortues luth obtenues sur les côtes de France. Toutefois, |'At|as des Amphibiens
et Reptiles de France indique quant à lui, une observation sur la carte de
Dunkerque, donc bien plus au nord que les données dela Somme.
III. LES AMPHIBIENS ET LES REPTILES DANS LES TRADITIONS POPULAIRES
A. Dialecte, sobriquets, blason populaire
Il existe des noms en dialecte picard pour désigner un certain nombre
d’Amphibiens et de Reptiles. Eugene Rolland (1881} dans sa "Faune populaire de
France" nous indique les mots suivants pour désigner le Lézard : Lizart, Lizard ; la
Couleuvre : Culauvre ; le Crapaud : Crapeux, Boterel (ancien français} ; la
Grenouille : Rene, Flaine, Ragne ; la Rainette : Fiainette Saint-Martin, Grasset.
L’At|as linguistique de Picardie récemment paru (Carton, F. et Lebegue, lvl.,
1989}, indique quant à lui environ 10 variantes différentes pour désigner la
Grenouille et la Couleuvre dans 30 localités différentes du département de la
Somme.
Le mot Grenouille est utilisé à Dompierre-les-Authie dans Vexpression
"pèk à guernouye" (pêche à la grenouille}. Il s'agit d’une pêche au Brochet où la
Grenouille est utilisée comme appât.
Le mot crapeud est employé dans le sens de polisson, espiègle en parlant
des enfants. Ce mot désigne également la pododermite végetante chronique des
chevaux. C'est aussi une gourde en poterie dont se servaient les moissonneurs
pour emporter le cidre aux champs.
Une femme sans énergie est qualifiée de grenouille.
La Lentille d’eau (Lernna minor) est qualifiée quant à elle d'”erbe à
guernouye".
De même dans le Blason populaire, les habitants de certains villages sont
désignés sous le nom de "guernouyes" ou "crapeuds" :
"ches guernouyes d'Epenancourt"
"chés crapeuds de Saint-Christ—Briost"
B. Dictons et proverbes
Les Crapauds et les Grenouilles sont également presents dans les dictons et
proverbes. La Grenouille constituerait un véritable baromètre :
"S’i| doit faire beai.1,la grenouille
coasse au fond des étangs
Au fond dela vase elle fouille
s'i| doit venir mauvais temps"
Le Crapaud peut lui aussi prédire le temps :
"Saute crapieu
os erons d'|'leu"
C. La médecine populaire
Les Amphibiens et Reptiles étaient quelquefois utilisés en medecine
populaire dans des recettes souvent surprenantes. Ainsi, dans l'Amienois, pour
32

apaiser les maux de gorge, en entourait le cou avec un bas sale ou alors on
crachait dans la gueule d’une Grenouille vivante.
ll existait d'autre part des remèdes propres à se prémunir contre les
morsures de Vipères. Lorsque que|qu'un venait d’être mordu, il devait pour être
sauvé avaler le coeur de cette Vipère tout palpitant l
A remarquer qu’un élixir de Vipère, dont les vertus seraient aphrodisiaques
pour les hommes et anti-rhumatismales, est encore fabriqué. Iforigirue de cet élixir
est inconnue.
Les apothicaires utilisaient aussi des remèdes à base de Reptiles.
llinventaire de Jehan de Louvegny iThoreI, 1906). apothicaire amiènois de 1487 à
1520 fait mention de :
—-— excréments de Lézards isans doute utilisés en cataplasmesl
—- graisse d'animaux (dont la Vipère)
— de Viperes conservées qui entraient dans la fabrication de nombreuses
drogues.
La tête de Vipere appliquée sur |'estomac des enfants prévenait des
convulsions. Elle pouvait être utilisée aussi en amulette. On peut supposer, d'autre
part, que ces Reptiles empaillés se trouvaient pendus comme ornements dans la
boutique de Vapothicaire.
D. Les superstitions. la sorcellerie
S’i| est bien un domaine où les Reptiles et les Amphibiens et
particulièrement le Crapaud, interviennent le plus souvent, c'est celui des
superstitions, des sorts et de la sorcellerie.
Le Crapaud est rejeté de tous par son aspect et à cause des préjugés qui
courent sur son venin. Par conséquent, il est systématiquement détruit.
La Grenouille a un peu moins mauvaise réputation. Toutefois, ses
coassements bruyants ont de tous temps excédé nos ancêtres. Jusqu’au XVIème
siècle, en vertu de droits seigneuriaux, les manants étaient tenus de battre |'eau
des fossés et des étangs pendant le sommeil des chàtelains. L'abbaye de Corbie
avait ses "fugatores ranarum" qui chassaient les Grenouilles dans ses fiefs.
Les animaux sont des annonciateurs privilégiés : la présence du Crapaud
porte malheur. Lorsqu'on puise de |’eau et que |’on remonte un Crapaud dans le
seau, il faut le brûler pour conjurer le sort.
Au début du siècle, tous les chevaux d'un paysan de Dreui|—Hame|,
périssaient les uns après les autres, à quelques jours d'interval|e d'une façon
mystérieuse. On enleva une sole, grosse poutre de bois placée à |'entrée de
|’écurie, et on découvrit en dessous une quantité de Crapauds monstrueux, on
dépava |'écu rie, encore des Crapauds 1 lBéa|, 1983].
On trouve les Crapauds, auteurs incontestables de terribles maiéfices. Les
sorciers et les sorcières sont presque toujours identifiés à une espèce de Crapaud
humain tout gonflé de vieilles rancunes. Une poudre de Crapaud ou "pourette"
était utilisée par une vieille femme de |Vlo|liens—aux—bois contre son ennemi pour
lui donner des poux iCrampon, M. et de Wailly, J., 1968]. Pour ce faire, elle
recueillait un Crapaud mort, le laissait sécher, le pilait et le réduisait en poudre.
Cette recette n‘était pas seulement utilisée par les sorciers mais était connue de
tous. Mais il y a des cas plus graves où la poudre ou le venin de Crapaud sont
utilisés pour faire mourir les gens (Béal, 1983}.
Le Crapaud était aussi utilisé pour conjurer le mauvais sort. Pour
déserivoûter, il fallait en effet procéder à une identification entre un animal et le
sorcier. Une sorcière ayant ensorcelé son voisin, celui-ci eut recours à un autre
33

sorcier qui lui conseille de faire griller un Crapaud placé à Vangle de sa grange.
(luand cela fut fait, la sorciere responsable de Venvoûtement arriva et demanda
grâce.
Pour se prémunir du mauvais oeil, certains paysans enfermaient un
Crapaud dans une ruche, le tout placé dans |'étab|e. Mais il n'y a pas que le
Crapaud qui soit utilisé comme contre—sort. Pour échapper autrefois au tirage au
sort, les meres des conscrits plaçaient dans la poche de leur fils sans qu‘i| s’en
aperçoive une tête de Couleuvre. D'autres conscrits se munissaient encore d'une
Grenouille capturée et préparée d'une certaine façon.
Crapauds et Serpents ont leur destin marqué par la sorcellerie et sont
accommodés à toutes les sauces des maléfices, par exemple, lors de baptêmes
d'anlmaux, lors du festin du sabbat où, paraît-il on mangeait des avortons bouillls
avec des Serpents.
E. Animaux fabuleux
Les animaux fabuleux fournissaient une explication aux phénomènes
naturels inexpliqués. Au XVll|éme siécle, la chute de la foudre paraissait
mystérieuse et était identifiée au Dragon. Il existait à Amiens, une procession où
I’on promenait un Dragon. Des hommes cachés sous des toiles peintes simulaient
le corps et les ailes du monstre. On retrouve d'autre part, à `lîlloloy, la Dame
Blanche protectrice d'une famille seigneuriale dont le prototype est la fée
Mélusine de Lusignan. A Ham, le seigneur Louis de Luxembourg prétendait
descendre de Mélusine, la femme—serpent.
F. Légendes
La plus connue est celle de sainte Ulphe et du miracle des Grenoui|les...
Pres de Vermitage de la sainte s'étendaient de vastes marécages où coassaient
des Grenouilles. Par une chaude nuit d'été, elles coassaient si fort qu'U|ph
s'endormit tres tard et ne pût se réveiller à temps pour aller à màtines. Alors
Ulphe ordonna aux Grenouilles de se taire. Un miracle se fit, les Grenouilles
étaient devenues muettes.
A la collégiale Saint~Wu|fran d'Abbeville, on pouvait voir avant 1940, un
Lézard empaillé de plus d'un mètre (sans doute s'agissait-il d'un jeune Crocodile
ou d'un Varan ll. D'aprés la légende, cet animal volait de la viande à l'étal d'un
boucher et on le découvrit sous une dalle du cimetière qui entourait alors la
Collégiale, ou il cohabitait avec un Crapaud.
G. Les Reptiles et Amphibiens dans la littérature et l’art
La littérature a été aussi inspirée parles Reptiles et le Amphibiens. Au
l\z1oyen—Aga, Richard de Fournival, Chancelier de l'ég|ise d'Amiens au Xilleme
siecle, nous décrit dans son Bestiaire d'Amour, |’Aspic, l'Hydre lsorte de Serpent à
plusieurs têtes) pour peindre |'état où il a été réduit par |’amour. La Grenouille
quant à elle a inspiré des poètes comme Philéas Lebesgue avec son charmant
poeme "La jeune Grenouille et le soleil levant" ou des conteurs comme Val'ry
ch'Bédeu avec sa “chop pieute guernouille verde".
Les représentations de reptiles sont très répandues dans |'art religieux. le
"Beau-Dieu" de la cathédrale d’Amiens pose ses pieds sur un Dragon. On trouve
très souvent la représentation du Basilic lsymbole de la mort} et de |'Aspic (sorte
de reptile à deux pattes] qui symbolise le péché. La "l\i'lère-Dieu" écrase quant à
34

elle, la tête du Serpent à tête humaine qui tenta Eve. Et bien sûr, on retrouve dans
de nombreuses églises le Dragon, incarnation de Satan, souvent lié à saint
Georges ou à saint Michel, mais aussi à sainte Marguerite d‘Antioche qui triompha
par la prière des tentatives d'un dragon symbolique, et à sainte Marthe qui
dompta en Vaspergeant d’eau bénite un Dragon fluvial. Le Serpent, image du
démon, est souvent associé à l'image de la Vierge, mais il existe aussi le Crapaud
de Judas, la vipère de Paul de Tarse.
IV. MENACES PESANT SUR UHEHPÉTOFAUNE ET MESURES DE PROTECTION
A. Types de menaces
Toutes les formes de pollution, pollution de Veau, insecticides, destruction
de l'habitat, touchant les Amphibiens et les Reptiles, se trouvent dans le
departement.
Mais il y a toutefois certains risques particuliers :
—» la pollution de l’eau reste préoccupante compte tenu de Virnportance des
milieux humides;
- le développement du tourisme : aménagement du littoral, "urba-
nisation" sauvage de weekends dans les marais;
—— Vexploitation des gravières sur ie iittorai et le long de la vallée de ia
Somme;
- la construction de routes et autoroutes dont le tracé peut passer à travers
des zones de marais tout à fait remarquables;
- le remembrement avec des travaux qui consistent en l'arrchage
d'arbres et de bosquets, et en |'arasement de talus, et par là même détruisent
l'habitat et nuisent aussi à la faune d'une manière plus insidieuse dans les cours
d'eau.
Il est donc nécessaire de protéger les zones d'intérêt écologique particulier
que sont :
~ les vallées et marécages, qui constituent des secteurs remarquables par
la variété de leurs sols, leur rnicroolimat, les espèces qui y vivent et le rôle qu‘e||es
jouent dans Véquilîbre hydrologique dela région ;
—~ les larris et landes sur les versants secs. Les pelouses calcaires ou larris
se développent sur les versants raides des vallées encaissées de la Somme. Leur
forte pente les exclut du terroir cultivé.
B. Les solutions
Il s'agit principalement de :
- la lutte contre la pollution en évitant la prolifération des gravieres, la
surconsommation de phosphates par Vagriculture, le rejet des industries. Une eau
trop riche en sels minéraux entraîne la prolifération cl'a|gues provoquant la mort
des animaux aquatiques :
-- la réhabilitation des anciennes gravieres pour créer de nouveaux
habitats;
—-» l'arrêté de protection de biotope. Le marais de Blangy—Tronville à 10 ks
cl'Amiens a été classé en 1987. Cest le premier de la région. Il consiste en 13 ha
de tourbières boisées entrecoupées d'étangs. Les Reptiies et Amphibiens y sont
présents : différentes espèces de Grenouilles, le Triton alpestre, la Couleuvre à
Collier et le Lézard vivipare. Ces trois dernières espèces sont protégées;
35

- les réserves naturelles. Une réserve créée à Boves au sud d'Amiens a
malheureusement fait l'objet de destructions. ll existe un autre projet de réserve
naturelle mais qui n’a pas encore vu le jour. c'est celui de la Baie de Somme;
—— la sensibilisation du public qui doit se faire à tous niveaux et dès le plus
jeune âge. Il sera sans doute difficile de modifier Vattitude du public vis—à-vis des
Reptiles et Amphibiens contre lesquels les préjugés défavorables n'ont
malheureusement pas disparu.
Remerciements — Je tiens tout particulièrement à remercier tous ceux qui ont
aidé dans cette étude, notamment les membres du G.E.P.O.P. (Groupement
d'Etude et de Protection Ornithologique de Picardie) ainsi que F. Sueur qui ont mis
à ma disposition leurs travaux sur la situation des Reptiles et Amphibiens dans le
département.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Atlas des Amphibiens et Reptiles de France (1989}
BEAL, J. (1983} -— La sorcellerie en Picardie. E. Horvath, Amiens.
BROHARD, R. et LERLOND, J.F. (1979} —- Récits et contes populaires de Picardie. Gallimard.
CARTON, F. et LEBEGUE, M. (1989} ——- Atlas linguistique de Picardie. CNRS.
DEBRIE, R. (1976} -— Contribution à |'étude de la médecine populaire en Picardie. Eklitra n°5.
8 p.
CRAMPON, M. (1987) — La cathédrale d'Amiens, CRDFL Amiens.
CRAM PON, M. (1973} -- Bêtes légendaires de Picardie ; Bulletin de la Société de Mythologie
Française. 61 : 135-143.
CRAMPON, M. et de WAILLY, J. (1968} — Le folklore de Picardie. Société de Linguistique
Picarde, t.9, 414 p.
GAUDEFROY, L. (1906} — Les animaux dans les traditions populaires de Picardie. Recueil
des Conférences des Rosati picards. 6-9.
MERCIER, E. (1979} — Les Reptiles en Picardie. Picardie Ecologie. 4ème trimestre, r1°3.
PERDU, D. et SCHLOESSING, R (1978} -— Médecine superstitieuse et populaire. Contribution
à Vétude des Arts et Traditions Populaires en Picardie. A : 2-4.
PONCHON, A. (1904} ·— Les contre-sorts. Recueil des Conférences des Rosati picards, L10.
ROLLAND, E. (1881] — Faune populaire de France. Tome 3. Maisonneuve et Cie, Paris.
SEURVAI L. (1919} -- Ouatre cents proverbes et dictons picards. lmp. Ollivier, Cayeux-sur-
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Somme et de la Plaine maritime picarde (F. Sueur Ed.) : 29-35.
SUEUR, E (1989}-- Les Amphibiens de la Somme. Circalytes.
36

THOREL, G. (19061 - Jehan de Louvegnv, apothicaire amiénois de 1487 à 1520. Recherches
sur la pharmacopèe et Vameublement du XVIème siecle d’après son inventaire. Yvert
et Tellier, Amiens.
VAL‘RY ch'Bédeu (1982} —- Eune flopée d’mimiries, contes en picard iNibo$ et Vimeu, éds.},
116 p.
VASSEUR, G. — Dictionnaire des parlers pioards du Vimeu. Société de Linguistique picarde
(T.|Vi. 690 p.
VEHDIER —- Lexique picard du pêcheur à pied. Ekiitra, 5, 16 p.
D. GODET
28, avenue du 11 novembre
80510 LONGPRE LES CORPS SAINTS (FRANCE}
37


			
Bull. Soc. Herp. Fr. (199Ul 56 :39-47
IMAGES ET UTILISATIONS D'HIER ET
D'AUJOUFlD'HUl
par
Elisabeth MONDINI
Résumé —— La France abrite trois espèces de Tortues indigènes : la Tortue d'Herr·nann
fTestudo hermannf}, terrestre ; la Cistude d'Europe (Emys orbfcuiarisj et |'Ernyde lépreuse
lMauremys leprosa}, aquatiques. Aux siècles passés, ces espèces ont été consommées
localement comme nourriture d'eppoint et surtout à des fins médicinales sur Vensemble du
territoire. Du XVIe au milieu du XIXe siècle, elles connurent ur1 popularité nouvelle dans la
pharmacopée officielle. Certaines médications datant de |'Antiquité furent réactualisées et
d'autres furent créées. On trouva aussi fort utile de conserver ces Tortues dans les jardins et
potagers pour faire la chasse aux Mollusques. Ainsi, en entrant dans l'univers domestique,
ces Reptiles à l'aspect curieux. archaïque. mais néanmoins înoffensifs et vulnérables, ont
acquis peu à peu le statut d’anirnaux d'agrément tres prises tant par les adultes que par les
enfants. La sympathie qu'i|s inspirent fait qu'aujourd’hui la conservation des Tortues de
France et d'ai|leurs, reçoit Vagrèment de tous. Mais cette sympathie à l’égard des Tortues se
révèîe ambiguë, car porteuse du désir contradictoire de les proteger et de les posséder tout à
la fois.
Mots—clés : Tortues de France - Histoire - Consommation - Pharmacopée - Animaux
d'agrément — Conservation.
Summary - One land tortoise (Testuo'0 hermarmfl and two lreshwater turties lEmys
orbicularfs, Mauremys leprosa) are natural inhbitants in France. ln the past, these species
have been consumed iocally as auxiliary food and particularly for medicinal aims in all the
country. From the Xvlth to middle of the XlXth Century, they have had a new popularity in
the official pharmacopoeia. Some medications of Antiquity were brought up to date and
others were created. People also found very useful to keep them in kitchen gardens in order
to hunt Mollucs. Going into the domestic field, these "archaic" Reptiles that are harmleas
end vulnerable. have gradually become pets highly valued by both adults and children. As a
result of the sympathy they inspire, conservation of the French, and from other countries,
turtles meet general acceptance. But this sympethy towards turtles is ambiguous because
producing the conflicting wishes to protect and to own them at once.
Key-words : Tortoises and Freshwater Turtles of France — History - Consumption -
Pharmacopoeia — Pets — Conservation.
I. INTRODUCTION
La France abrite naturellement trois espèces de Chéloniens :
——- la Tortue d'l-iermann (Tesrudo hermannf Gmelin, 1789}, terrestre,
localisée dans le massif des Maures War), les Albères (Pyrénées—0rientalesJ, et en
Corse (probabilité d’une ancienne introduction par |'Hommel.
Manuscrit accepte le 15 novembre 1990.
39

— la Cistude d'Europe lEmys orbicuiaris Linné, 1758}, aquatique, encore
assez répandue dans la moitié sud de la France, à |'e><c|usion des massifs
montagneux.
—— |'Emyde lépreuse (Maurernys leprosa Schweigger, 1812}, aquatique, qui
occupe aujourd'hui une zone extrêmement réduite dans les Pyrénées-Orientales
aux alentours de Banyuls (bassin de la Baillauryl. Présente également dans le
cours moyen du fleuve Hérault [population probablement allochtonel (Anonyme,
1989L
Uexistence discrète de ces espèces fut quelque peu éclipsée, aux yeux
d'une large partie de la population, par Vimportation massive de Tortues
allogénes. Actuellement menacées ou en voie de raréfaction, elles font |'objet
d’une attention particuliere de la part des scientifiques. Par leur intermédiaire,
nombre de Français découvrent ainsi avec curiosité ces Tortues et l’intérét de
préserver ce patrimoine étonnant. Pourtant, |‘image populaire de la Tortue, au
sens générique du terme, en France aujourd'hui, peut être qualifiée de culturelle,
c’est-à~dire issue des rapports que les Hommes ont entretenus, au cours des âges,
avec les Chéloniens vivant dans ('Hexagone et dont nous nous proposons, ici, de
donner quelques aspects.
Il. USAGE ALIMENTAIRE
Aux siècles passés, ces espèces ont certes été consommées en France à des
fins alimentaires, mais de façon plutôt occasionnelie, comme nourriture cl'appoint,
et limitée aux populations rurales des quelques régions où |'on rencontre ces
Reptiles. En effet, la chair des Tortues terrestres et d'eau douce ne semble avoir
jamais été considérée comme un aliment noble, digne de tenir une place dans la
gastronomie. Les Tortues ne sont d’ailleurs jamais apparues officiellement dans la
cuisine française.
Bernard Palissy (15'l0—‘l589i90 ?l, célébre potier—émai||eur du XVIe siécle,
remarquait en 1580 ”qu'i| se fut trouvé bien peu d’Hommes qui eussent voulu
manger ny tortues, ny grenoui|les..." (in :Wasserman etai., 1982, p.35). Pourquoi
ce dédain ? Peut-être en raison de |’aspect des Tortues qui, pendant longtemps,
fut jugé peu agréable sinon repoussant. Dans son Traité universel des drogues
simples paru en 1699, Nicolas Lemery, apothicaire et chimiste, décrivait la Tortue
comme étant "un animal aquatique, ayant quatre pieds, et ressemblant à un
Laizard, fort laid en tous ses membres..." (p.769l. A la même époque, Louis
Lemery, dans son Traité des aliments,. (1709}, écrivait au sujet de la Tortue : "Cet
animal est fort laid i...i En effet, il ressemble parla tête et par la queue à un
Serpent, et par les pieds à un Lézard...". Toutefois, il ajoutait aussitôt : "ce qui
n'empéohe pourtant point que l'on ne |'emp|oye en Europe parmi les alimente"
(pp.448 et 450]. Consommer de la Tortue n'était donc pas un fait exceptionnel aux
XVIIe et )<\i||le siècles, mais cela ne suscitait guère l'enthousiasme chez les
notables et notamment en France.
D'autre part, si jusqu'à la fin du XVll|e siécle, médecins et hygiénistes
conseillérent, par référence aux théories antiques, d'uti|iser les Tortues comme
moyen thérapeutique sous forme de bouillon Bt de sirop, ils se montrèrent en
revanche plutôt réservés quant à leur consommation à des fins alimentaires. En
effet, la chair des Tortues était considérée comme un aliment peu digeste pour
40

|'estomac. Les Tortues d'eau douce en particulier, de parleur mode de vie dans les
lieux marécageux, étaient censées fournir une nourriture peu convenable pour la
santé en raison de la nature de leurs aliments considérés comme "sales et
grossiers" lLemery, 1709].
Absente des tables réputées des grandes villes, la Cistude constitue
néanmoins dans les campagnes une nourriture d'appoint non négligeable,
notamment en Provence, région de France où elie était I plus estimée (CIoquet,
1824]. En 1846, on |'y vendait sur les marchés au prix de 4 à 6 francs le kg, ce qui
correspond au poids d'une Tortue llïufz cle Lavison, 1859]. Les Cistudes destinées
à Valimentation locale étaient parfois gardées en captivité, comme dans ies
Pyrénées-Orientales aux alentours de Salses, où on les nourrissait avec du pain et
de jeunes herbes lCompanyo, 1863].
C'est à |'aide de moyens utilisés pour la pêche de certains poissons que les
Cistudes étaient généralement capturées. Par exemple, dans la Charente—
inférieure au début du siècle, on les attrapait fréquemment à |'aide de tambours à
tanches et à gardons. La pêche à la ligne dite "la Vermée" (amorce faite de
Iombrics enfilés sur un fil de laine), destinée à la pèche de |'angui||e, était aussi un
bon moyen pour capturer les Cistudes (Guérin, 1924 ; Hollinat, 1937].
Ijemploi des Tortues dans Valimentation paysanne disparut quasiment en
France à la fin du XIXe siécle lil. Par exemple, la Cistude n'est nulle part aussi
commune que dans le département de |'lndre, et plus particulièrement dans les
étangs de la Brenne. Or, le célèbre naturaliste berrichon Raymond Fiollinat
rapportait, en 1902, qu'une fois seulement il entendit dire que quelques
braconniers des environs de Nligné "avaient fait la soupe à la Tortue de Brenne" et
signalait qu'i| s’agissait là d'une exception.
Toutefois, au cours de la première moitié du XXe siècle, on s’est encore
parfois nourri dans les campagnes de chair de Tortue, surtout pendant les deux
guerres mondiales, lorsque la viande était rare. Ainsi, lors du conflit de 14-18, les
gardes de la forêt du Dom de Bormes, située dans le massif des Maures,
constatèrent combien les ouvriers Corses (ou Sardes] embauchés appréciaient la
Tortue d’Hermann et le nombre considérable qu'i|s en mangèrent lChabanaud,
1925]. Face a cette consommation exceptionnelle dans son ampleur, on s'inquiéta
d'ai|leurs, en 1923, lors du 1er Congres International pour la Protection de la
Nature, que ce goût pour la Tortue terrestre ne vienne à se répandre parmi les
habitants du Var ou des Alpes-Maritimes, ce qui laisse supposer que ce goût avait
soit disparu depuis déjà un certain temps dans la région, soit qu'ii n'avait jamais
vraiment existé.
En fait, il semble bien que la consommation de Tortues terrestres dans le
midi de la France ait été plutôt liée à des événements hors du commun etfou ie fait
de personnes étrangères à la région. C'est ainsi que les populations de Tortues
d’Hermann sur les îles de Port-Cros et de Porquerolles furent en partie
extermlnées par les soldats des camps installés, vers 1811, par Napoléon ler
lJahandiez, 1914].
 
ll] Cela n'excIut pas le fait qu'une consommation sporadique de la Cistude ait pu perdurer et ce, juSqu'à
récemment. Ainsi, lors du Congrès d'Amiens, M. Jacques Castanet faisait remarquer qu’en 1972, il
avait trouvé sur un marché de Nancy, 12 Cistudes vendues "pour faire la soupe".
41

En revanche, la soupe de Tortue terrestre était très estimée en ltalie et en
Sicile où, au XIXe siècle, on apportait fréquemment ces animaux sur les marchés
et méme les faisait se reproduire en captivité pour la consommation lBing|ey,
1813; Brehm, 1885l.
Ainsi, en France, |'emploi des Tortues terrestres et d'eau douce dans
Valimentation est resté plutôt occasionnel et surtout localisé. Aucune tradition
culinaire véritable, comparable à celle d'Amérique du Nord par exemple mi, ne s'y
est développée etiou perpétuée. Cependant, leur utilisation à des fins médicinales
connut une certaine popularité aux siècles passés, non seulement dans le Midi,
mais aussi sur Vensemble du territoire.
Ill. USAGE MÉDICINAL
Les vertus médicinales attribuées aux Tortues terrestres et d'eau douce ont
été généralement confondues entre elles et datent de |'Antiquité. Si celles-ci se
sont transmises de siècle en siècle sans qu'il soit possible d’apprécier leur impact
réel dans la pharmacopée populaire, il est certain qu'à partir du XVIe siècle et
jusqu'au XlXe siècle, elles connurent une popularité nouvelle dans la
pharmacopée officielle liée à la découverte du monde et à |'aventure coloniale
européenne. En effet, voyageurs et colons vanterent dans leurs relations de
voyages les bienfaits thérapeutiques des Tortues marines qu’i|s avaient observés
auprés des populations autochtones etfou expérimentés par eux-mêmes. La
renommée des propriétés curatives attribuées à ces dernières rejaillit en quelque
sorte sur les Tortues terrestres et d'eau douce du Continent. Ce que |'on pouvait
guérir sous les tropiques en utilisant les Tortues marines pouvait |'être aussi sous
nos climats en utilisant les Tortues de nos régions. Ainsi, diverses médications
anciennes furent réactualisées et de nouvelles furent créées.
Parmi les anciennes médications réactualisees, on retrouve de nombreuses
recettes de préparation des Tortues à des fins thérapeutiques données par Pline
l'Ancien dans son Histoire naturelie iLiv.><XXlll.
Par exemple, en ophtalmologie, Pline préconisait |'emploi du sang et
surtout du fiel des Tortues terrestres pour guérir les affections des yeux en général
et la cataracte en particulier. En 1883, dans son ouvrage L’Apoticaire françois
charitabie, Jacob Constant de Hebecque affirme que "Ie fiel sert aux yeux" lp.224),
de même qu'en 1756, dans leur Histoire des Animaux, Arnauit de Nobleville et
Salerne, médecins à Orléans, écrivent que "le fiel de la Tortue est ophtalmique"
(p.31îl. A la même époque en Provence, dans le recueil de remèdes d'un médecin
exerçant dans la ville d'Apt, "Ie fiel de Tortue en collyre" est l'un des remèdes
d'origine animale le plus souvent cité (Ely, 1954}.
Dans les utilisations internes, la chair et surtout le sang de Tortue terrestre
étaient, selon Pline, réputés combattre "le venin de tous les serpents, des
araignées et autres animaux venimeux". Dix-sept siècles plus tard, la croyance en
de telles propriétés n'était pas discutée et Jacob Constant de Fibecque affirme :
"Leur sang se donne au dedans à la doze de deux drachmes iai contre les
venins..." [1683, p.224}.
(2l Espèces palustres exploitées commercialement pour Valimentation de luxe aux Etats-Unis au cours du
XIXe siecle et jusque vers la fin des années 1960 : Tortue à dos diamanté lilrlaiaciomys rerrapine),
Tortue hargneuse fCheiydra serpentina}, Tortue alligator (Macrocheiys temincki}.
(3} Un gros ou dragrne :3scrupu|es ou 72 grains ¤ 3,824 g.
42

Ce traitement étrange tire probablement son origine de la croyance attestée
par Aristote selon laquelle une Tortue ne craint pas les vipéres car elle se guérit de
leurs morsures en mangeant juste après de |'origan [Histoire des Animaux, _Liv.lX,
ch.6}. Cautionnée par Aristote, cette croyance s'est alors perpétuée à travers les
siècles de manière pratiquement inchangée. Ainsi, dans le Bestiaire d’Oxf0rd
(Anonyme, Xllle s.}, |’un des plus célèbres manuscrits du Moyen-Age, il est dit 2
"0uand la tortue, en mangeant les entrailles du serpent, sent le venin pénétrer en
elle, elle se soigne avec de |’origan". En 1709, Louis Lernery, se référant à Aristote,
parle de sarriette ingurgitée parla Tortue avant d'approcher les vipères de façon à
s'immuniser contre le venin.
Une autre vertu thérapeutique attribuée par Pline au sang de Tortue lde
préférence terrestre} était de prévenir etiou de calmer les crises d'épi|epsie. Il
recommandait, au cours des crises pas trop violentes, de desserrer les dents du
malade et de lui instiller le sang frais dans la bouche et, dans le spasme, de
I':-administrer en lavement avec du castoréum. Aux X\/lle et XVIIIe siècles, on
préconisait toujours l’emploi du sang de Tortue, desséché cette fois, administré
soit tel quel à la dose de douze grains lil jusqu’à une dragme lLemery, 1699}, soit
à la même dose mais administré dans de Veau de fleurs de tilleul [Arnault de
Nobleville et Salerne, 1756}.
Cette posologie curieuse s'inscrit directement dans la tradition
thérapeutique hippocrato-galénique selon laquelle la maladie découle du
déséquilibre des humeurs contraires contenues dans le corps. Dans cette optique,
Vépilepsie est une maladie caractérisée par une absence de refroidissement du
sang, défini comme chaud et sec, lequel, dans les crises, se met à "bouillonner".
Pour corriger ce déséquilibre, il faut absorber des substances froides et humides.
On pense alors que le sang de Tortue possede ces qualités de par le
comportement même de |‘anima| qui est lent, calme, "|ym phatique".
A ces médications anciennes vont s'en ajouter de nouvelles. En effet, c’est
pour le traitement des maladies de poitrine que deux types de remèdes préparés a
base de chair de Tortue d'eau douce ou terrestre vont connaître, du XVI au XIXe
siècle, une grande vogue dans les pharmacopées populaires et officielles de
France. Il s’agit des bouillons et des sirops de Tortue.
Le bouillon de Tortue notamment, va devenir |'un des remèdes
particulièrement utilisés dans les cas de maladies respiratoires telles que phtisie
pulmonaire, enrouement, toux, catarrhe chronique, fièvres hectiques,
consomption. N’oub|îons pas que le remède était alors destiné à lutter contre les
symptômes et non contre la cause de la maladie. Aussi, dans les affections
pulmonaires, l bouillon de Tortue est—i| très estimé puisque, d'une part, il fortifie
et redonne des forces aux malades affaiblis et amaigris et, d'autre part, sa
consistance gélatineuse est propre à diminuer |’irritabi|ité tissulaire de la poitrine.
De l’endroit où |’on se trouve dépend la sorte de Tortue utilisée. Aux
Antilles les bouillons sont préparés à partir de chair de Tortue marine de Vespèce
Chelonia mydas, et quelquefois les malades en boivent le sang frais lChanva!lon,
1763}. A Curaçao en 1843, le docteur anglais Pereira mentionne la présence de
bassins pleins de Tortues spécialement entretenues pour le ravitaillement de
|'hôpita| (d'après Fonssagrives, 1861}. En France, on utilise indifféremment la
Cistude ou la Tortue d'Hermann, surtout dans le Midi.
(42-12 grains : un demi scrupule = 0,537 g.
43

Jusque vers le milieu du XIXe siécle, les pharmaciens de Paris et des
grandes villes de France conserverent des Cistudes vivantes dans leurs officines
pour la préparation des bouillons, bien que ceux-ci ne fussent plus alors si
souvent utilisés qu'auparavant (C|oquet, 1824}. D'ailleurs, la composition du
bouillon de Tortue figure encore dans le Codex medicamentarius de 1866. Le
docteur Companyo rapporte en 1863 que, dans le département des Pyrenées
Orientales, la Cistude, commune dans l’étang de Salses, est nourrie chez les
pharmaciens pour préparer des bouillons médicinaux.
Les sirops, administrés dans les mêmes maladies que les bouillons, étaient
préparés à base de chair de Tortue terrestre ou d'eau douce, de chair d’écrevisse
ou de veau et de toutes sortes de plantes. Après avoir connu une grande notoriété
aux XVIIe et }(\/Ille siècles, le sirop de Tortue est, au début du XIXe siècle,
pratiquement oublié et son utilisation n’est plus citée par les auteurs qu'au passé
même si, par ailleurs, il est encore conservé dans quelques pharmacopées. Ce
désintéressement est sans doute imputable en partie à la difficulté de son
élaboration et à son coût. En effet, contrairement au bouillon facile à faire, le sirop
demandait une longue préparation et de nombreux ingrédients. Par exemple, la
composition du sirop résomptif de Tortues terrestres donnée par Virey en 1811
dans son Traité de pharmacie théorique et pratique". fait appel, en plus de la chair
de Tortue et d’écrevisse, à vingt autres ingrédients. S’i| était relativement aisé de
préparer le bouillon chez soi, il n'en allait pas de même avec le sirop. Il était
nécessaire que le malade s’adresse à Vapothicaire pour l'obtenir, lequel, du fait de
la difficulté d'approvisionnement et de conservation des Tortues dans son officine
et des nombreux ingrédients entrant dans la composition du sirop, devait
demander pour ce remede un prix assez élevé. Enfin, les pharmaciens en sont
venus peu à peu à relativiser Vimportance des bienfaits accordés à la chair de
Tortue el|e—même comme en témoignent les propos d’Antoine Baumé dans son
ouvrage Eléments de pharmacie théorique et pratique paru en 1762 1 “|l jouit
d’une grande réputation à cause de la chair des tortues qu'on y fait entrer ;
cependant on peut la considérer comme n'ayant pas plus de vertu que celle de
veau : les grandes propriétés adoucissantes de ce syrop lui viennent autant des
autres ingrédients que de la chair des tortues” (p.534}.
IV. LES TORTUES, ANIMAUX D'AGRÉMENT
Outre leur utilisation dans Valimentation locale et la pharmacopée, il est
apparu que, vivantes, les Tortues pouvaient rendre des services à |‘Homme en se
nourrissant d'animaux nuisibles. Déjà, au XVllle siécle, la Cistude était conservée
dans les jardins et les potagers pour faire la chasse aux Mollusques lLacépde,
1788 ;Cloquet, 1824}. Cette particularité contribua à faire de la Tortue, non
seulement un animal ami de l'Homme, mais aussi un animal qui a sa place dans
|'univers domestique. Cette place, c’est surtout la Tortue terrestre qui va peu à peu
l'investir bien que la Cistude, essentiellement carnivore, soit plus efficace dans les
jardins.
Deux raisons majeures sont à I'origine de l‘attrait pour la Tortue terrestre,
animal d’agrément :
~— La première raison tient a la popularité de la fable de La Fontaine "Le
lièvre et la tortue" enseignée depuis des générations à |'ecole primaire. Nul doute
44

que la morale bourgeoise ait trouvé dans cette fable la justification de ses propres
vaieurs. L'effort individuel, Vapplication, la persévérance sont des vertus qui,
comme pour la Tortue, permettront aux hommes de réussir dans la société même
s'ils sont, au départ, désavantages. Cette fable a certainement beaucoup contribué
à rendre la Tortue familière et sympathique à tous.
-—- La deuxième raison tient à |'aventure coloniale française en Afrique du
Nord commencée en 1830. Les Français de Vépoque manifestent une grande
curiosité pour tous les objets originaires de ces pays. Les animaux ne font pas
exception et parmi eux, les Tortues, essentiellement terrestres, de |'espèce Testudo
graeca, qui sont rapportées en grand nombre en France. La Tortue familière et
sympathique acquiert alors une image d’exotisme et d'étrangeté et se transforme
en anima!-objet-curieux. En posséder une chez soi devient, surtout dans les
grandes villes, un moyen facile et original de sacrifier à la mode du moment.
Depuis, le succès de la Tortue terrestre com me animal d’agrément ne s'est
jamais démenti. En entrant dans ia maison, la Tortue a peu à peu participé à
I'univers familial quotidien sans toutefois devenir banale car toujours associée à
un ailleurs exotique et ce, quelle que soit sa provenance. En effet, la Tortue
d'Hermann du midi de la France a elle aussi été pendant longtemps ramassée
pour alimenter les boutiques de revente, de manière certes moins intense que la
Tortue grecque d'Afrique du Nord mais néanmoins importante pour que déjà, en
1923, lors du 1er Congres International pour la Protection de la Nature, l'on attire
l’attention sur "les prélèvements excessifs qu'opèrent les amateurs curieux d'en
rneubler leurs jardins..." (Chabanaud, 1925}. Ainsi, tout en restant une curiosité
pour les adultes, la Tortue est devenue |’un des animaux de compagnie privilégié
des enfants. inoffensive, discrète, peu encombrante, manipulable à loisir tel un
objet, la Tortue s’est muée en animal-jouet.
V. CONCLUSION
La Tortue d’Hermann et la Cistucle représentent actuellement "le fer de
lance" de l'action menée en faveur de la protection des Reptiles de France. Ce rôle
de "moteur" dévolu à la Tortue par les divers organismes de protection et
d’herpéto|ogie s'exp|ique pour deux raisons essentielles. Premièrement, la Tortue
d'Hermann est aujourd’hui le Reptile le plus rare et le plus menacé de la faune
française lStubbs et Devaux, 1985 ; Devaux et af., 1986 ; Devaux, 1988}.
Deuxièmement, la Tortue est le seul Reptile à jouir auprès du public d'une bonne
image. La sympathie que la plupart des gens éprouvent pour les Tortues offre une
base favorable pour engager une campagne de sensibilisation en faveur de leur
préservation, pour bénéficier de l'aide des autorités locales et des habitants afin
d'agir efficacement sur le terrain, et enfin pour espérer mettre en place un projet
plus général de protection de Vhorpètofaune.
Toutefois, si la bonne image dont sont investies les Tortues en général
constitue un atout pour intéresser l'opinion et mobiliser les volontés, elle n'en est
pas moins dangereuse puisqu'e||e incite en même temps les promeneurs à
ramasser une Tortue qu'i|s rencontrent sur leur chemin. A la fois familières et
méconnues, les Tortues se retrouvent paradoxalement victimes de leur popularité.
Aussi, pour tenter de combattre cette image ambiguë de la Tortue, née du désir
contradictoire de la protéger et de la posséder tout à la fois, les organismes de
45

protection de la nature s'attachent, depuis quelques années déjà, à attirer
I'attentîon du public sur la valeur intrinsèque des Tortues dans leur ensemble, à
savoir des animaux-fossiles-vivants, rescapés de la préhistoire, qui évoluent dans
les derniers habitats encore sauvages.
Si cette dimension préhistorique s'avère, pour les Tortues de France, moins
spectaculaire et médiatique que pour les Tortues géantes terrestres des Galapagos
et d'Aldabra ou même pour les Tortues marines, elle permet néanmoins de les
rendre moins anodines, plus "mystérieuses", et de vatoriser à travers elles le
patrimoine naturel de toute une région.
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13 mai au 30 juin 1982. 97 p.
E. NIONDINI
5, rue du Ruisseau
75018 PARIS (FRANCE}
47


			
Bull. Soc. Herp. Fr, [1990} 56 : 49-56
D'ALCOOLS DE VIPERES DANS LA PHARIVIACOPEE
DE LA FIN DU XXème SIECLE
DBT
Patricia FOUHCADE
Résumé —Tenter de combattre le venin des viperes et d'exp|oiter les vertus thérapeutiques
attribuées à ces Serpents fait toujours partie de la culture et de la médecine populaires
françaises. Ces préoccupations se manifestent notamment par le maintien de la préparation,
de la diffusion et de |'emp|oi de remèdes traditionnels et anciens tels que les ”thériaques"
(destinées à traiter les morsures de vipèresl et les macérations de vipères dans de l'eau—de-
vie, censées posséder des propriétés curatives remarquables. L’intérêt de ces médications
est multiple, tent au niveau de la pharmacologie et de la connaissance des ressources de
l'environnement qu'à celui de Vaffirmation de Videntité régionale.
Mots-clés : Vipère - Morsures de Serpents - Thériaques - Eau-de-vie de vipère - Médecine
populaire - XXème siècle.
Summary·-—Fighting against the venom of vipers and endeavouring to exploit the healing
properties ascribed to these Snakes are still alive in French culture end folk medicine. These
concerns have notaloly been showing themselves in the keeping of customs through
preparation, distribution and use of remedies like "theriacs" lprescribed to cure snakebitesl
and like vipers macerating in spirits, supposed to be wonder curatives. These medications
take on importance by manifold ways, as well in the range of pharmacology and knowledge
about the resources of environment as in the range of asserting regional identity.
Kay-words : Viper - Snakebites - Theriacs - Viperish spirits - Folk medicine - XXth century
I. INTRODUCTION
La présente communication s'appuie sur quelques resuitats d’une
recherche anthropologique personnelle, entreprise en 1988, pour laquelle la
collecte de données se poursuit.
L'examen comparatif de textes anciens et contemporains (plus rares et
évoquant le sujet sur le ton de |'anecdotei avec des informations recueillies sur le
terrain, montre que certaines connaissances et traditions populaires françaises
concernant à la fois la pharrnacopée et les Serpents, datant parfois de plusieurs
miliénaires, se sont transmises jusqu’à notre époque. Plusieurs remèdes ont
traversé les siècles, les frontieres, et des pratiques fort anciennes sont encore
signalées dans nos campagnes, voire dans nos villes, alors que leur efficacite n’a
pas et démontrée scientifiquement : leur popularité repose sur Vernpirisme, mais
Manuscrit accepte le 15 novembre 199ü.
49

aussi sur des croyances héritées du passé et sur |'image mystérieuse et terrifiante
de la vipère.
Deux catégories de remèdes retiennent l'attention : ce sont les
"thériaques" et les "alcools de vipères" dont Vexistence en France est liée à la
présence de Serpents venimeux dans Vherpétofaune de notre pays, et en
particulier de vipères appartenant, pour la plupart d'entre elles, aux espèces aspic
(Vipera aspic L., 1758} et péliade ll/ipera berus L., 1761l. La rencontre potentielle
de cs Reptiles, à la limite des zones humanisées et dans les espaces ruraux,
forestiers et montagneux, est souvent un objet d'inquiétude pour |’Homme. Cette
contrainte a fait naître depuis longtemps dans le domaine de la thérapeutique
deux préoccupations qui ne sont pas toujours séparables : soigner les morsures
venimeuses infligées par les vipères et exploiter les propriétés curatives qui sont
reconnues à ces Serpents, à tort ou à raison, par référence à des observations plus
ou moins exactes, voire à des croyances populaires, portant sur leur
comportement ou leur biologie.
ll. LES THÉFIIACIUES
A. Ancienneté du phénomène
Pour lutter contre Venvenimation vipérine, on a utilisé une grande variété
de remèdes empiriques au cours des siècles. On les désigne par le terme
générique de "thériaques" ldu grec "thérion" = bête sauvage, venimeusel. Ces
thériaques sont composées d'é|éments du règne minéral, végétal ou animal, de
produits d’origine humaine ou de la vipère elle-méme, sous différentes formes.
L’une des plus célèbres, appelée "Thériaque d’Andromaque", du nom d‘un
médecin grec de |'empereur Néron, comprenait une soixantaine d'ingrédients,
parmi lesquels figuraient de la poudre de vipères débarrassées de leur venin, du
vin, du miel et des drogues locales ou exotiques. Recommandés par le médecin
romain Galien, au Ilème siècle (Bodeon, 1987l, cette Thériaque, consommée ou
utilisée en emplâtre, fut prescrite contre les morsures de vipère, mais aussi
considérée comme une véritable panacée et conservée dans de prestigieux
récipients, décorés de motifs reptiliens. Le Codex medicamentarius lil la retint
jusqu’en 1884, mais elle ne franchit pas le cap du XXème siècle, non plus que les
autres thériaques officielles du même type. En revanche, quelques remèdes
populaires, dont beaucoup avaient également une origine antique ou remontant à
plusieurs siècles, ont survécu jusqu'à nos jours.
B. Actualité du phénomène
En dépit de la généralisation du recours au corps médical, quelques
personnes emploient encore des médications traditionnelles telles que des
infusions de plantes dans du vin, ou du sel d'ammoniac (chlorure d'ammonium,
NH3C|), absorbés ou appliquées sur la morsure lTab|.l).
En Haute—Savoie, on continuerait à appliquer la tête de vipère en topique.
L'eau-de-vie de vipère est parfois bue comme thériaq ue lTab.||l
La plupart des produits employés ont des propriétés diurétiques lon essaie
d’é|irniner les toxines en stimulant Vexcrétion urinaire et la sudationl, calmantes et
lil Codex medfcamentarîus (gaflfcusl 1 expression latine qui désigne la Pharmacopée officielle française,
recueil de formules pharmaceutiques approuvées par la Faculté de Pharmacie. Son contenu est révisé
périodiquement.
50

toniques (ce qui est utile pour soutenir le coeur et lutter contre Vangoisse et
Vhypotension artérielle symptomatiques de Venvenirnation}, vulnéraires et
antiseptiques (pour refermer et désinfecter la plaie) ou favorisant, comme |’ail par
exemple, Vactivation de la circulation sanguine, perturbée par le venin des
Vipérinés (lequel entraîne une coagulation intra-vasculaire dîsséminée (CIVD) se
traduisant par la présence de caillots dans le sang, mais aussi par des
phénomènes hémorragiques).
Composition et mode Localisation, date du témoignage
d'empIoi de la thériaque et source
ail (Aiiiurn sativum) pile, consommé Poitou-Charente, Languedoc 1960
et appliqué sur la morsure. (Bouteiller, 1966)
ail + orties (Urtioa dioica) bouillies + Pays de Retz (Vendee,
concentré de fleurs rouges Loire-Atlantique) 1985 (Boutin,
mélangées, en friction sur tout le 1985)
corps.
mélange de cassis (Ribes nfgrum} Département de la Vienne 1983
croisette blanche (Galium mollugo) (Chevrier, 1983) encore fabriqué
oroisette jaune (Galion? cruciatum) en juin 1990
et reine-des-près (Spiroea uimaria) (enquete de terrain)
infusé dans du vin blanc, à boire.
Homme et animaux domestiques.
Identification à vérifier car la
"reine—des-prés" vue lors de
|‘enquête ressemblait fort à une
valériane (Valerfana officinalis).
mélange terre + urine sur la Gard 1960
morsure. (Seignolle, 1960)
jus obtenu en pliant les feuilles du « Saint-Priest (Rhône) 1969 (Talon,
plantain (Plantage major}. 1981)
En friction sur la morsure. - Isère 1989
(chasseur de vipères)
mélange molène (Verbascum St-Just-en-Chevalet (Loire)
thapsus) + serpolet (Thyrnus juin 1990
serpyilum} + beurre (fait en mai) en (informateur]
friction sur la morsure.
+ boire iniusion molene + serpolet.
`\l;?;1g§î|•; I : Exemples de theriaques signalées en France pour lutter contre Venvenimation
51

On peut remarquer que le recours à des infusions vineuses de plantes,
contre les morsures de vipères, est très répandu en France : les remèdes de ce
type possèdent à la fois les principes actifs des végétaux et les vertus toniques,
voire euphorisantes, du vin, même lorsque le breuvage se présente comme une
potion amère. On recommande parfois de boire plusieurs verres ou la bouteille
entière, iusqu'à |'ivresse, ce qui peut combattre Vangoisse faisant suite à la
morsure. Cependant, de tels remèdes sont sujets à caution, |'action fluidifiante de
|’alcooI sur la masse sanguine pouvant renforcer les effets hémorragiques du
venin de vipère.
Si |'uti|isation de certains remèdes semble justifiée, des réserves doivent
être formulées. La médecine empirique n’est pas totalement détachée d'une
logique magico-religieuse qui fait attribuer un pouvoir à un élément de
Venvironnernent en vertu de certaines croyances, ou de ressemblances de forme,
de couleur entre cet élément et les symptômes ou les causes de Vaffection. La
forme des courants telluriques bénéfiques est parfois rapprochée de celle des
Serpents et beaucoup de ruraux reconnaissent encore une attraction entre le venin
de plusieurs Reptiles et Amphibiens et celui de la terre, d’où l'empioi de celle-ci
contre les morsures de Serpents.
ll faut noter qu'il est difficile d’isoler les effets des thériaques et ceux de la
médecine officielle moderne, parce que, dans la plupart des cas, les victimes
faisant appel au guérisseur ou aux médications populaires s'adressent en même
temps au médecin et à |'hôpita|. Ouel que soit |‘agent de ia guérison, le remède est
réputé efficace.
III. LES ALCOOLS DE VIPÈRES
La seconde catégorie de remèdes étudiée est constituée de préparations
que |'on peut désigner par Vexpression générique "a|coo|s de vipères". Les
empiriques et les consommateurs leur reconnaissent la plupart des vertus
lsudorifiques, calmantes, fortifiantes, antivenimeuses} et applications
thérapeutiques traditionnellement attachées à la vipère, par référence à la
souplesse, à la mue et à la résistance observées chez le Serpent (traitement des
os, de la peau, de la faiblesse, du système digestif, des refroidissements, etc.},
Selon plusieurs témoins, ce type de remède est très ancien et d'une grande
puissance. ll est vrai que |’absorption de vin dans lequel avaient macéré des
vipères était déjà préconisée par Gallen pour guérir la lèpre. Arnault de Villeneuve,
au Xlllème siècle, assurait qu'un tel vin apportait santé et jeunesse (Arnault de
Villeneuve, 1504}. Les informateurs que j’ai interrogés employaient pour qualifier
ces produits quatre expressions, à savoir "vipérine", "eau—de—vie de vipère",
”vipère dans l'eau-de-vie" et "gnôle à la vipère", dont le caractère descriptif rend
mieux compte dela réalité.
Ces macérations de Vipères (Vipera aspis et l/ipera berus} dans des alcools
locaux sont confectionnées de longue date dans plusieurs régions de France
(Bourgogne, Dauphiné, Auvergne, Languedoc, en particulier}. ll arrive que des
couieuvres de petite taille (environ 50 cm) soient confondues avec des vipères et
utilisées sous le nom de ces dernières pour faire de "|'eau-de-vie de vipère" :c'est
notamment le cas pour la Couleuvre vipérine (Natrfx rnaura L., 1758} mais aussi
pour la Coronelle lisse ·lCoronella austriaca Laurenti, 1768}, comme j'ai pu le
constater au début du mois de juin 1990, dans le département de la Loire, à
Renaison.
52

Ueau—de-vie de vipères est employée pour soigner diverses affections dont
la liste varie selon les lieux [TabI.lI)
Composition et utfllsatlon de Localisation, date du témoignage
— l'alcool de vipère et source
eau-de vie où macère une vipère. - Haute-Loire, Ardèche, région du
Elue contre la morsure de la vipère. Mézenc 1987 (Berton, 1987)
En friction contre les rh umatismes.
eau-de-vie où macère une vipère. - St—Flambert (Loire) 1963
Bue :- comme tonique (Bouteiller, 1966)
~ contre les rhumatismes. - Auvergne, Hte-Savoie 1980
On dit parfois que la vipère doit chasseur de vipères
cracher son venin dans |'a|cool — Gergovie (Puy-cle-Dôme) 1989
pourlul donner une valeur et que le (chasseur de vipères témoins et
remède a un goût de noisette. utlisateursj
marc où macère une vipère depuis - isère 1963 (Eloutei||er, 1966)
au moins un an. Bu contre les -lsère 1989 (Talon, 1981)
coliques. Pour homme et animaux - Isère (Bourgoin-Jaillieu, La Mure)
domestiques. La vipère jeûne un enquête 1989 (chasseur de vipères
mois avant son utilisation. Elle ne et utilisateurs du remède}
jette pas son venin dans |'a|coo|.
Goût d'eau-de-noix.
eau-de-vie où macère une vipère » Loire (Côtes roannaises, Forez)
ou une Coronelle lisse confondue enquête juin 1990
avec une vipère. Bue contre: (plusieurs informateurs: prépara-
coliques, refroidissments, crise de teurs, possesseurs et utilisateurs
foie. La vipère ne doit ni jeter son d‘eau-de-vie de vipères)
venin dans l'aicool, ni se mordre.
Efficace sitôt la vipère noyée. A un
goût de terre.
Tableau II : Exemples d'a|cools de vîpéres en France.
Le plus souvent, les préparateurs cl'a|coo|s de vipères sont des chasseurs
de Serpents. Ils bénéficient du prestige des guérisseurs et mettent en valeur les
plus belles de leurs prises, disposant quelquefois deux spécimens par flacon, ce
qui est censé renforcer la puissance du remède et accentue son effet sur
Vimaginaire du consommateur (Fig.1}.
Enfermée vivante dans une bouteille, la vipère est noyée dans de |'eau-de-
vie où elles macère tout au long de I’emploi de la médication. Pour assurer la
conservation et le renouvellement du remède, on ajoute régulièrement du marc,
afin que la vipère reste toujours sous le niveau de l’a|cool ; bon nombre de
bouteilles que j'ai pu voir ou photographier sont vieilles de plus de dix ans, et
dans la région de Saint—Just—en—Cheva|et (Loire) une femme âgée en possède une
53

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Figqre 1 : BouteîIIe_d’eau-de-vie de vipère confectînnnée avec deux Vîpèree aspîe (1/ipera
asprs}. appartenant a un mformateur de I Isère. Photograhne dejwn 1989 (chchè R Fourcadei.
54

datant des années 1920 ; c'est dire que Ia tradition est ancienne. Dans les
bouteilles faites il y a plus de dix ans, de nombreux dépôts troublent l'a|coo|, ce
qui permet de les distinguer des préparations récentes. Bue contre les coliques
dans la région Rhône-Alpes, contre la fièvre puerpuérale, les dysménorrhées et
Vimpuissance, dans le Gard et le Cévennes, elle est un digestif dans le Centre et la
plupart des régions concernées. Plusieurs enquêtes de terrain que j’ai réalisées au
cours de 1989 et 1990 m’ont permis de constater que ces produits sont toujours
préparés et employés pour |'usage domestique. pour le bétail et les humains.
Ce type de remède est fréquemment porteur d'un message d'arfirmation
d'identité culturelle, ce qui est sans doute une des raisons loutre Vefficacité qui lui
est reconnue} pour lesquelles les réglementations qui interdisent ia capture, le
transport, |'uti|isation et la vente des vipères, mortes ou vives (depuis les arrêtés
du 24 avril 1979 et du 4 juin 1980 de la Loi de Protection de la Nature n° 76—629l,
sont transgressées, souvent par ignorance.
La diffusion se fait essentiellement dans le cadre de la famille ou du village,
par échange ou don, sans véritabie commerce, c qui implique une certaine
difficulté à s’en procurer quand on est étranger à ces groupes. Quelques cas
montrent |'xistence de réseaux de vente d'eau-de—vie de vipère ; il y a quinze
ans, a Gergovie (Puy-de—Dômel un préparateur a vendu environ 150 bouteilles de
ce remède à un touriste hollandais. On en a distribué dans certains débits ti
boissons (surtout dans les années 19?0 et les années 1980} avec |'intention,
révélée par plusieurs informateurs d’inter|oquer le citadin de passage et de le
placer en situation d'intrus en le mettant au défi de goûter ce qui lui est présenté
comme une spécialité locale et un élixir ; parfois on ne montre le contenu de la
bouteille qu'après lui avoir fait boire quelques verres de cette eau·de-vie du terroir.
On fait subir des tests semblables aux nouveaux arrivants, aux notables qui
s'instai|ent et, parfois aux jeunes du village ; réussir |'épreuve revient à être
intégré dans la communauté villageoise ou dans le groupe des adultes. L’actue|
pharmacien de Gergovie se souvient encore qu'i| a dû boire une verre d'eau—de—vie
de vipère, il y a une quinzaine d'années, pour être accepté dans la commune.
IV. CONCLUSION
On ne saurait ramener |’em ploi de thériaques et de |'eau—de—vie de vipère à
un phénomène de "fo|l<|ore organisé" relevant d'une mode néo-rurale ou du
tourisme en cette fin de XXème siécle. L'examen de la situation sur le terrain
permet de Vaffirmer. ll faut plutôt le considérer comme Vexpression de cultures
régionales qui valorisent la proximité entre I'Homme et le milieu naturel, la
maîtrise des dangers que ce dernier comporte, et dans les représentations
desquelles le Serpent tient une place centaine, la vipère ayant toujours tendance à
étre traitée, qu’eile soit source de venin ou de remède, selon un systeme de
pensée où les savoirs naturalistes populaires restent plus ou moins imprégnés de
croyances magico-religieuses.
Remerciements -—— Je tiens à remercier Monsieur J.-J. CHEVRIEH pour |'aide qu'ii
a bien voulu m'apporter dans mon enquête en Vienne.
55

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ARNAULT DE VILLENEUVE et Alius (1504} — Le Trésor des Pauvres. Chez Jehan, bailleur
libraire, Paris. 157 p.
BEHTON, H. (1987} — Médecine traditionnelle et sorcellerie en milieu rurai. Société d'étude
et de recherche de survivances traditionnelles, Chateaugay. Non paginé.
BODSON, L. (1987] — Le traitement des morsures de serpents venimcux avant le XIXe
siécle. ln : Compte rendu du Colloque annuel de la S.H.F. : Serpents, venins,
envenimation. pp.171-189. (Si-IF et Fond. M. Mérieux, éds.} Lyon. 229 p.
BOUTEILLER, M. (1966} — Médecine populaire d‘hier et cl’au§ourd'hui. Maisonneuve et
Larose, Paris. 369 p.
BOUTIN, E. (1985} — Emile Boutin raconte les vipères au Pays de Hetz. Le Courrier de
Paimboetnî 1er Novembre 1 14-16.
CHEVHIER, J.-J. (1983} -— Le Serpent dans la tradition orale du Civraisien (Vienne]. Bub'. Soc.
Herp. Fra, 28 : 5-21.
SEIGNOLLE, C. (1960} -—- Le Folklore du Languedoc. Maisonneuve et Larose, Paris. 302 p.
TALON, Ch. (1981}- Histoire de la vie rurale en Bas—Dauphiné. Eiie Bellier, Lyon. STT p.
F1 FOURCADE
Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie
Muséum National d'Histoire Naturelle
57, rue Cuvier
75005 PARIS (FRANCE}
56

Bull. Soc. Herp. Fr. l199[l) 5S 1 57-62
LA RUMEUR DES LACHERS DE VIPERES
par
Elisabeth REMY
Résumé —-- Courant notre pays depuis les années 75, la rumeur des lâchers de vipéres,
entretenue per la presse, n'est pas sans fondement. Avec le temps, elle s'apparente à une
croyance et vient répondre à diverses inquiétudes quant à la gestion actuelie de
Venvironnement, en soulignant des difficultés de communication.
Mots-clé : croyance, inquiétudes, gestion, communication.
Summary——- The rurnour about the release of vipers which has been running about in our
countrv since the mid-seventies, fostered by the press, is not groundless. It has gradually
coms to be a kind of belief and it can offer an answer to various worries concerning the
management of the environment in our time, while stressing the difficulties of
communication.
Key-words : belief, worries, management, communication.
I. INTRODUCTION
Cette communication s'appuie sur un rapport de 1989 pour le Ministere de
|’Environnement et repose principalement sur des enquêtes de terrain menées
dans la Drôme, le Puy-de-Dome et le Doubs. L’étude se poursuit actuellement dans
le cadre d'une thèse d'ethnozoologie.
La rumeur des làchers de vipéres date d’une dizaine d’années et couvre
pratiquement toute la France, à Vexception de la partie nord. Son message, simple
et uniforme, raconte que des vipères sont Iâchées par hélicoptère, au—dessus de la
campagne. A la question "Pourquoi |âcherait—on des serpents ?" trois réponses
sont principalement énoncées :
—— pour repeupler (ia plus communément énoncée};
— pour nourrir les rapaces;
— parce que c'est un animal protégé".
Suspectant dans un premier temps les laboratoires pharmaceutiques et
divers organismes, la rumeur finit par désigner les écologistes. Ce travail
consistait donc ÈI analyser les fondements et les significations sociales de cette
rumeur qui nuit aux actions de protection de I nature.
Le dossier de presse, rassemblé de 1980 à 1988, sans être exhaustif, compte
43 coupures. La force de diffusion des médias est également à prendre en compte
et un article du Chasseur Français nous a donné Vexemple d'une rumeur
provoquée et entretenue par la presse. Sans entrer dans un debat théorique sur le
Manuscrit accepté le 15 novembre 199D.
57

fonctionnement des médias, gardons simplement à |'esprit que rumeur et
information peuvent se ressembler : prédilection pour les mauvaises nouvelles,
manque de vérification, recherche du sensationnel, etc. (Kapferer, 19871.
II. LES TERMES DU DÉBAT
Depuis plusieurs années, les protecteurs de la nature se sont efforcés de
démontrer par des arguments techniques que la rumeur était infondée ; à titre
d'exemp|e, citons quelques uns des ces arguments : Vhéîicoptère coûte trop cher,
une vipère jetée d’un hélicoptère s’écrase au sol, il n'y a aucune raison écologique,
etc. Au terme de cette argumentation, leur conclusion reliait la rumeur à une
campagne de dénigrement, à des problèmes psychologiques. bref a un délire
collectif.
Pourtant, en 1988 encore, beaucoup de personnes rencontrées sur le terrain
pensent vraiment que des vipéres ont été lâchées. Alors pourquoi 7 Essayons trés
schématiquement de saisir comment les autres comprennent. Ceux qui croient
aux Iâchers de viperes ne cherchent pas à savoir le pourquoi du comment ; pour
eux la cause est entendue, les vipères ont été lâchées. Cette information s'est
muée en une certitude, d'autant que la rumeur est ancienne. Il faut bien garder à
I’esprit que lorsqu'on est convaincu de quelque chose, on ne cherche pas à
vérifier, d’autant qu’i| est toujours possible de répondre à un argument par un
contre-argument ; de plus, la notion du progrès ayant rendu beaucoup de choses
possibles, il n'y a plus de cadre de référence précis, plus de limites auxquelles se
référer. Ainsi, interrogeant mes informateurs sur |'état des vipères jetées par
hélicoptère, il m’était souvent répondu : "Oh l Ne vous en faites pas, ils ont bien
un système l" ; c'est pourquoi, il est bien difficile d'emporter Fadhésion de celui
que |’on souhaitait convaincre.
En définitive, cette rumeur participe davantage de la croyance - elle ne se
démontre pas par A + B, le passé nous le prouve — et doit se comprendre de
l'intérieur comme nous le verrons dans les enquêtes ethnologiques de terrain. A
mon avis, la question essentielle qui mérite d'être posée est la suivante :
”Pourquoi, depuis les années 75, une multitude de gens se sont-iis mis zi
croire en cette histoire, qui au depart peut paraitre faifeiue ?"
III. LE FOND DE VFIAISEMBLANCE
Trouver |'origine de cette rumeur déjà lointaine est impossible mais ce qu'i|
importe de saisir, ce sont les circonstances qui accréditent et justifient cette
croyance. Voici trois éléments de réponse :
1l Depuis l'arrété de 1979 protégeant les reptiles, les serpents capturés en
vue d'une exposition par exemple, doivent selon un accord implicite être remis à
l'endroit de leur capture. Mes recherches dans les archives de la Direction de la
Protection de la Nature lD.RN.l ont révélé plusieurs cas de relâchers de vipères. Il
va de soi que pour une personne non avertie il s'agira d'un réel lâcher.
C’est suivant ce même principe, qu’un laboratoire pharmaceutique,
fabriquant du sérum, fut autorisé en 1981 à capturer puis à relâcher 1500 vipères
aspic. Contrairement aux directives prévues, bon nombre de serpents furent
relâchés au même endroit et des chasseurs, ayant repéré Vopération,
s'empressérent de détruire tous ces animaux. Par conséquent, des relàchers de
vipères en liaison avec |’activité d'un laboratoire ont bien existé. Si cette affaire ne
58

saurait être à l'origine de la rumeur générale, elle a pu localement donner foi à
certains doutes.
2l Dans la revue Ciconia (1983}, Baumgart, G., Parent, GH. et Thorn, R., ont
attesté qu'un amateur avait lâché 275 vipères dans les Vosges en 1973 et 1979. Ce
jeune homme, passionné par les serpents avait agi à titre purement individuel afin
de pallier |'absence de ces animaux dans la région.
3) Bien souvent, un parallèle est établi avec des réintroductions officielles et
|'on vous dit : "lls lâchent des vipères, ils ont bien lâché des lynx". De surcroît,
des lâchers clandestins qui sont d'ai||eurs relatés dans certains ouvrages
entretiennent des soupçons de malveillance.
En conclusion, tout ce contexte relatif à des lâchers ou relâchers de
serpents constitue le substrat de notre histoire. Uhélicoptère, qui n’a jamais été
utilisé, est considéré localement comme un engin banal et semble symboliser une
menace contre laquelle on ne peut rien, tout en pimentant le récit.
Tout ceci est peu connu des uns et des autres et nous permet de nous
rendre cornpte d’un principe plus général, a savoir que chacun réagit plus par
rapport à ce qu'i| croit que par rapport à ce qu’i| sait.
Voyons maintenant plus en détail |‘arrê·té de 1979 :
Suite logique de la loi de 1976 relative à la protection de la nature, |'a1·té
du 24 avril 1979 protège les reptiles et amphibiens. Rappelons que les reptiles sont
protégés totalement à l'exception des vipères aspic et des vipères péliade les plus
communes en France] qui sont semi—protégées, c'est-à-dire que |'on peut encore
les détruire.
Beaucoup de personnes rencontrées sur le terrain pensent au contraire qu'i|
est désormais interdit de tuer une vipère, même si elle se trouve dans leur propre
jardin. Ne plus avoir le droit de se débarrasser de cet animal considéré comme
dangereux est alors perçu comme une menace, voire une folie. Par ailleurs,
|'opinion publique considère que si |'on a protégé les vipères c'est qu'e|les sont en
voie de disparition et que |’étape suivante c'est le repeuplement, à |'instar du lynx
qui a d'aborcl été protégé puis réintroduit (Lefranc, 1985 ;Vourc’h, A., 1988). Ce
type de raisonnement a déjà été observé par un psychologue comme Durandin
(1950} 1 "A partir du moment où |'on sait qu’une chose a été réelle, à fortiori on
sait qu'el|e est possible et on est porté à en inventer d'autres du même type".
Je précise que Vadministration a protégé les vipères principalement pour
enrayer le commerce de ces animaux, même si effectivement les serpents ont
souffert de la dégradation de certains milieux, car pour le Conseil de |’Europe le
statut de menace de la vipère aspic est "vulnérable", celui de la vipère péliade
"indéterminé".
En définitive, nous avons d’un côté les administrés qui n'ont pas les
moyens de comprendre le texte d'un arrêté répondant à une stratégie donnée, de
|’autre les administrateurs qui, s’i|s gardent Vavantage des textes de loi, sont visés
par la rumeur. Dans ce cas la rumeur répond aux incompréhensions
précédemment évoquées.
IV. RÉSULTATS DES ENUUÉTES DE TERRAIN
Sur le terrain, la rumeur reflète des réalités bien différentes selon les
régions et il serait faux de penser qu’i| existe "un délire collectif général"
répondant à Vuniformité du message lc’est parce que la rumeur est ancienne, que
59

son message est simplifié à Vessentiel} je présenterai donc brièvement mes trois
terrains d'enqute :
A. Dans le Vercors
Dans le Diois, situé au sud du Vercors, il y a deux points d’ancrage de la
rumeur :
1} Une remise en cause des projets de réintroduction d’animaux. En 1980, le
projet lynx provoqua de nombreux remous et il règne dailleurs sur ce sujet une
grande confusion au sein de la population. Aujourd‘hui le bouquetin qui va bientôt
être réintroduit, est considéré par les responsables de ce projet comme un très
bon produit commercial, comme le dit un technicien de la D.D.A.F. : ”Le
bouquetin, c'est une image de marque de pays donc qui doit se vendre. C’est un
produit de consommation. Actuellement, tout se vend. Les gens viendront au
cirque d'Archiane, c'est trs bon pour Châti||on—en—Diois". Dire que des vipères
sont lâchées soulève toute ambiguïté, tout ce qui est en train de se faire est
mauvais, et par là-même, la population exprime son inquiétude de perdre |'usage
de |'espace où s'inscrivent leur histoire et leurs souvenirs.
2i Des tensions entre chasseurs et protecteurs. La question était alors de
savoir ce qu'i| y avait de nouveau dans ce conflit traditionnel, qui s’exprime
aujourd'hui parla rumeur.
Le souhait avoué de |'Association serait de remplacer la chasse populaire
au sanglier qui existe actuellement, par une chasse à Vapproche réservée à une
élite ; en effet on pense qu’en 1993, des étrangers pourront acheter des terrains et
se constituer des chasses privées. Les chasseurs que j'ai écoutés ont la même
analyse en ce qui concerne 1993, ce qui permet de supposer une certaine
influence entre ces deux groupes. Cette perspective réjouit les premiers et
angoisse les seconds.
La rumeur, dans le Diois, remet en cause directement |’Association dont on
con naît la politique et permet de s’exprimer sur toutes ces questions relatives à la
gestion de Fenvironnement.
B. En Franche-Comté
A Bonnevaux, un petit village du Doubs, au sud de Besançon, la situation
est tout à fait différente. II n'y a pas d’association de protection de la nature, les
chasseurs sont modérés et aucun projet de réintroduction n’y est envisagé. En fait,
la rumeur vient se cristalliser sur des problémes anciens. En effet dans les années
TU, une station biologique avec des chercheurs de l'Université de Besançon s'est
installée dans ce village et par un manque de communication initial, ces deux
entités sont restées campées sur leur position. D’un côté, des chercheurs qui se
heurtaient aux habitudes locales et qui n’ont jamais vraiment expliqué leurs
activités ; de |'autre, des gens qui tenaient à rester maître chez eux et qui étaient
très surpris par certaines pratiques : "On les voyait passer avec plein d'oiseaux
dans chaque main, on se disait, mais c’est des barbares, ces gens—là I" — car, à ses
débuts, la station assurait une formation sur le baguage d'oiseaux -. Pour les
villageois, aucun doute possible, les lâchers de vipères venaient de la station, qui
réciproquement se savait suspectée. Notons que si beaucoup parlent d'un lâcher
de vipères par voiture ou à pied, quelques-uns mentionnent également l'emp|oi
d'un hélicoptère, ce qui prouve Vinfluence de la rumeur générale. Celle-ci est
60

connue à Bonnevaux, ne déchaîna aucun vent de panique, car elle vint
simplement s'ajouter au contentieux existant entre la station et le village.
C. Dans le Massif Central
Le Canton cle Pionsat se situe au nord-ouest du département du Puy-de-
Dome. Les responsables présumés sont les écologistes au sens large, aucune
association n’étant nommément désignée, contrairement a la Drôme. ll ressort des
témoignages que la rumeur est à mettre en relation avec d’une part les rapaces,
d'autre part la déprise rurale.
Toutes les personnes rencontrées se plaignent de la prolifération des buses
et |’on se rappelle de Vargumentation diffusée à l'époque par Vassociation
départementale. que l'on peut résumer ainsi : les rapaces sont des oiseaux utiles
parce qu'iis mangent des campagnols, des serpents, etc. Suivant le même type de
raisonnement, mais inversé, les gens disent : comme les rapaces sont trop
nombreux, il faut desormais repeupler leur nourriture, à savoir des serpents.
La rumeur est aussi un moyen d’exprimer l'angoisse de la déprise rurale
dont on parle de plus en plus, telle cette réflexion d’une agricultrice : "S'ils
réintroduisent les vipères, c'est pour faire partir les gene". Par conséquent. les
lâchers de vipères symbolisent un ensauvagement, qui se ferait aux dépens de la
présence humaine.
V. CONCLUSIONS
Participer a une rumeur, c'est parler seion un lieu, un groupe social et des
préoccupations données- Etudier une rumeur, comme celIe—ci, permet donc une
lecture du climat social.
Bien que la rumeur reflète des réalités très différentes selon les lieux, elie a
pour dénominateur commun un problème de communication entre les divers
intervenants, quant à la gestion et au vécu de Venvironnement.
Il est bon de garder à |'esprit qu'i| n'y a pas une seule réalité, c'est—à-dire
par exemple, qu'une seule façon de percevoir un espace et que de nombreux
conflits humains naissent à partir du moment où un groupe social lici certains
protecteurs] veulent imposer leur manière de voir à un autre.
Finalement, la rumeur nous interroge non seulement sur notre rapport à la
nature, mais aussi sur notre rapport à ia science et par contrecoup à |'irrationne|.
Nous allons donc maintenant tenter de répondre à la question suivante : dans
notre civilisation de communication et de vulgarisation scientifique, l’homme a—t—il
une approche plus rationnelle de la nature ou est—ce Vérnergence d'une nouvelle
"religiosite" ?
RÉFÉRENCES BIBUOGFIAPHIOUES
BAUMGART, G., PARENT, G.H., THORN, R. (1983] — Observations récentes de ia vipère
pliade ll/ipera berus L.} dans le massif vosgien. ln Cfconia.
DUHANDIN, G. l'|950l — Les rumeurs, cours de psychologie sociale. Polycopié universitaire,
La Sorbonne. 17 p.
KAPFEHEH, ..l.N. (1987) —- Humeurs, le plus vieux média du monde. Ed. du Seuil, Paris.
318 p.
61

LEFRANC, N. (1985} — Du doryphore". au lynx, introductions et réintroductions animales en
France. Saint-Dié. 57 p.
VOUFlC'H, A. ldéc.1988l — Représentations de Fanimal et perceptions sociales de sa
réintroduction, le cas du lynx des Vosges, colloque "rèintroductîons et soutiens de
populations d'espèces animales". `Iirè à part, Saint Jean du Gard.
E. REMY
4 Place Ch. Richet, Appt 47
93330 NEUILLY-Sur-MARNE [FRANCE]
62

Bull. Soc. Herp. Fr. (1990) 55 : E3-69
SAUVEGARDE DE L'|NTERET HERPETOLOGIOUE ET
ESTHETIO.UE DES FONTAINES, ABREUVOIRS ET
LAVOIRS ANCIENS EN PIERRE
par
Hugues PINSTON
Résumé - Dans la plupart des campagnes de France existent encore des ouvrages anciens
(fontaines, abreuvoirs, lavoirs ...l ou la pierre est agencee pour capter et retenir l’eau. En
général privés de leur fonction originelle, ils sont aujourd'hui oubliés et souvent dégradés
faute d'entretien. Or beaucoup abritent de nombreux Amphibiens, notamment lors de la
reproduction. La se trouve la justification essentielle de leur sauvegarde et le présent
document vise donc à faire prendre conscience de |’urgence de ce probième. Des exemples
pris en Bourgogne et Franche-Comté illustrent cette situation et permettent de proposer des
idées de gestion.
Mots—clés : Fontaines, abreuvoirs, Iavoirs, intérêt herpétologique, sauvegarde.
Abstract - ln most French countries still exist old works lfountains, oattle ponds, wash-
houses...) were the stone is arranged in order to collect and retain the water. Most of them
deprived of their original function are today neglected and often damaged because of lack of
maintenance. But most of them house numerous Amphibiens, particularly bv reproduction
times. That is the leading justification of their safeguard and this paper wants to attract
attention on this urgent problem. Examples in Eastern France illustrate the state of affair and
allow to propose some ideas of management.
Kay words: Fountains, oattle ponds, wash-houses, herpetological interest, safeguard.
I. INTRODUCTION
Une prospection soutenue des milieux favorables aux Amphibiens et aux
Reptiles menée depuis une quinzaine d’annêes d’abord en Bourgogne puis en
Franche—Comté nous a notamment permis de decouvrir dans la campagne, de
nombreux petits ouvrages hydrauliques anciens.
Il s’agit en particulier de fontaines, abreuvoirs et lavoirs en pierre, qui se
sont révélés souvent d'un grand interêt quant au nombre des espèces
cI'Amphibiens (parfois de Heptilesl que |'on peut y rencontrer. Or, ces milieux qui
dépendaient largement des activités rurales traditionnelles disparaissent peu à
peu, et semble-t-il, dans Vindifférence quasi-générale.
Ces ouvrages méritent—i|s vraiment d’êtra conservés et pour quelles
raisons ?
Manuscrit accepté le 5 février 1991.
63

ll. CADRE ET ETAT DES CONNAISSANCES
Tout d'abord, notons que d'une part nos propres données sont
probablement fort incomplètes et que d'autre part la bibliographie est très rare sur
le sujet qui nous intéresse. Ainsi, les références sont constituées soit de mentions
éparses concernant telle ou telle construction tirées d'écrits centrés sur d’autres
thèmes (Vallée, 1960}, soit de synthèses portent sur |'aspect architectural des
édifices les plus spectaculaires, fontaines—|avoirs de Franche—Comté par exemple
(Grisel, 1986), situés en général au centre des villages et ne présentant pas grand
intérêt sur le plan de Vherpétologie pour des raisons que nous évoquerons plus
loin.
Il existe cependant une remarquable étude ethnographique lPearson, 1989)
qui présente une synthèse sur Vutilisation de |'eau dans la vie quotidienne de deux
communes de Bourgogne. Certes le cadre géographique est restreint mais de
nombreux types de constructions sont décrits.
La genèse de ces constructions se trouve dans le besoin vital d'eau dans les
activités humaines quotidiennes. Ainsi, on peut penser qu'à partir d'une source ou
d’un repli de terrain humide, a été entreprise la construction d'un ouvrage où la
pierre (parfois I boisl est agencée pour capter et retenir le précieux liquide.
Les types d'ouvrages encore existants peuvent étre divisés en deux
catégories par leur localisation, laquelle conditionne en partie leur aspect.
Dans le premier cas, il s’agit d'édifices situés au centre des villages ou à
proximité, ou encore le long d'une voie importante, et qui sont alors marqués par
une certaine recherche architecturale. En effet, dans ce cas, ils sont un élément du
prestige de la commune et il fut fait appel à de véritables architectes pour leur
conception, notamment au XIXème siècle. Ce sont ces constructions qui ont fait
I'objet de restaurations et de la plupart des études un peu partout en France
depuis quelques années. Cependant leur intérêt strictement herpétologique est en
général faible.
En effet, de leur situation centrale découle une fréquentation importante
des abords, ainsi qu'un entretien soutenu (parfois transformation regrettable en
bac à fleurs, heureusement cornbattue aujourd'hui, ou nettoyage drastique des
bassins). En outre, les bassins sont le plus Souvent surélevés et inaccessibles aux
Amphibiens. Enfin, la présence classique d'une toiture empêche largement la
lumière et la chaleur de pénétrer, d'où l'absence de flore et de faune.
Dans le second cas, il s'agit d’édifices soit complétement dispersés dans la
campagne, soit encore situés à proximité de fermes ou hameaux isolés, type
d'habitat fréquent dans certaines régions. Là encore, leur localisation influe sur
leur structure, marquée en général par la modestie extérieure. En effet, s’i| s’agit
d'ouvrages communaux en pays d'habitat trés dispersé, la commune a rarement
pu ou voulu faire des efforts financiers suffisants auprès des architectes. Bien
souvent, il s’agit d'authentiques constructions paysannes, reflets des traditions
locales. Leur structure est simple mais il en résulte en général un grand intérêt
esthétique.
C’est leur difficulté de localisation, jointe à leur simplicité d'aspact et à
l'absence fréquente de plan d'architecte (d'où découle une plus grande difficulté
dînterprétationl, qui explique sans doute le faible nombre d‘études qui leur ont
été consacrées. Or, c'est bien ce type d'édifices qui présente une grande valeur
biologique et en particulier herpétologique. En effet, leur situation isolée se traduit
par une tranquillité plus grande des abords. De plus, ils sont intégrés dans un
environnement naturel ou agricole et peuvent donc facilement jouer un rôle dans
les écosystèmes. En outre, dans le cas des lavoirs, Vabsence assez générale de
64

toiture (ou sa disparition} ajoutée au fait que le bassin est souvent peu surélevé ou
adossé à un talus sur un côté, augmente leur effet attractif. Enfin, leur entretien
épisodique (curage, débroussaillagel lié à une stricte vocation utilitaire sans
recherche ostentatoire n'est pas, et de loin, incompatible, au moins pour les
fontaines et abreuvoirs, avec le développement des Amphibiens. Nous
développerons d'autres aspects de leur valeur herpétologique après avoir
présenté les grandes catégories d’édifices.
III. TYPOLOGIE SUCCINCTE DES OUVRAGES POUVANT PRESENTER UN INTERET
HERPETOLOGIOUE
—source captée : bassin creuse dans le sol, surmonté de quatre murs de
pierre avec toiture et porte.
-fontaine : bassin en pierre avec écoulement, pour eau potable ou pour le
jardin, parfois en partie couvert, surélevé, parfois adossé à un talus, ou creusé
dans le sol l"creux" en Bourgogne}.
-fontaine-abreuvoir : bassin en pierre, avec écoulement, pour le bétail,
accès direct dans le bassin impossible.
-mare-abreuvoir : bassin en pierre sur trois côtés, le quatrième pour |’accès
direct du bétail, souvent avec fond pavé “en hérisson" en pente douce (Vallée,
1960), eau stagnante ou non, ("bachasse" dans le sud dela Saône-et-Loire).
-pédiluve : analogue à une mare-abreuvoir, il s'en distingue souvent par le
fond en berceau. Outre la fonction d’abreuvoir, ce rare ouvrage servait à baigner
les chevaux. Un exemplaire est décrit par Pearson (1989], un autre est connu en
Saône-t-Loire et un dans le Haut-Doubs.
—puits : trou profond de diamètre réduit (environ 1,50 ml, aux parois en
pierre, équipé sur ses bords d'une margelle en pierre.
-citerne : bassin en pierre, couvert (d'une voûte dans le Haut—Doubs et le
Haut-Juralr pour eau potable et} ou le bétail ou encore lors d'incendie.
-réservoir : bassin en pierre, non couvert, pour eau potable, incendie.
-lavoir : bassin en pierre avec écoulement, dalle, dont les pierres de bordure
sont en pente douce vers Veau.
·rouissoir : bassin creusé dans la terre avec murets de soutènement en
pierre sèche utilisé pour le rouissage du chanvre en eau dormante (Pearson, 1989).
En conclusion à cette liste imparfaite, ajoutons que des types plus
complexes existent : intermédiaires de structure et fonction entre différents
édifices évoqués plus haut, ou bien qui juxtaposent plusieurs constructions avec
un système de trop—p|ein entre elles.
IV. BASES DE L'iNTEFiET HERPETOLOGIOUE DE CES OUVRAGES
Outre les raisons, notamment de localisation, évoquées plus haut, il
convient d’exp|iquer sur quoi se fonde cet apparent paradoxe de milieux plus ou
moins artificialisés si favorables aux Am phiblens en particulier.
Un certain nombre de traits communs peuvent être dégagés. Tout d’abord
leur petite surface qui va de moins d'un mètre carré à une quinzaine de mètres
carrés et le faible débit des sources ou ruissellements qui les alimentent, amenant
des périodes d’assèchement presque chaque année, les ont mis, à |'origine, à
I’abri du développement de populations de poissons. De plus, dans le cas des
Iavoirs, |'entretien régulier par vidange excluait en général la presence de ces
65

animaux. En revanche, la présence de tanches est fréquente pour les mares-
abreuvoirs, sans conséquence trop négative pour les Amphibiens.
Malheureusement, l'observation plus récente de perches-soleil ou de poissons—
chats est plus inquiétante.
Un deuxième intérêt réside dans la présence classique d'un écoulement de
l'eau même tres lent qui permet une bonne oxygénation du milieu, élément
favorable au développement des larves de tritons Trlrurus sp. et surtout de
Salamandre tachetée Salamandre salamandre. Dans le cas de cette espèce, un
élément Positif vient souvent s’ajouter : Vexposition classique des lavoirs à l'abri
dela chaleur.
En fait. |'é|érnent majeur, aussi bien sur le plan biologique que sur le plan
de la pérennité du milieu, est constitué par la présence presque systématique
d'une structure en pierre sèche comme mur de soutènement du bassin lui-méme
et l ou du talus contre lequel s'adosse Vouvrage. S'i| s’agit d'un mur contre le
talus, cela permet aux adultes de plusieurs espèces de s'abriter dans ses
anfractuosités. Une espèce comme l'Alyte accoucheur Alyres obstetricans
apprécie particulièrement cette situation. Chez les Reptiles, le Lézard des murailles
Podarcis muralis et la Couleuvre à collier Natrlx natrix profitent aussi de ce type
de milieu. En outre, ces abris si proches du lieu de reproduction donnent aux
populations une certaine stabilité, puisqu’i|s permettent d'éviter, dans le cas des
tritons par exemple, des migrations massives.
S’il s'agit des murs de soutènement du bassin, larves et adultes trouvent là
des abris ou postes de chasse immergés ou émergés en fonction du niveau de
Veau. Enfin, la proximité de la pierre et de |'eau permet aux Amphibiens de se
placer pour capter au mieux Vénergie solaire.
Sur le plan de la pérennité du milieu, la présence de murs de soutènement
évite bien sûr pendant des décennies Veffondrement des berges, phénomène
classique des milieux moins anthropisés tels que les mares à vaches ou les petits
étangs.
Enfin, un élément rencontré en particulier pour les mares~ebreuvoirs et qui
représente un atout important en faveur des Amphibiens est la profondeur
variable du milieu permise en permanence par le fond pavé en pente douce
(jusqu'à un maximum d'environ 2 mètres}. Ainsi, avec une variation progressive
de la flore et des Invertébrés se combine une diversité dans Vutilisation de
|'espace par les différents stades de larves d*Amphibiens et par différentes
espèces en fonction d leurs exigences propres. C'est en général ce type de point
d'eau qui permet de rencontrer le plus d'espèces sur un espace aussi réduit en
surface. Ainsi, une station en Bourgogne abrite : le Triton alpestre Trfturus
alpestris, le Triton palmé Trfturus helveticus, le Triton crêté Trlturus crlstattis, le
Sonneur à ventre jaune Bombina variegata, la Grenouille verte Hana kl. esculenta,
la Grenouille agile Hana dalmarina. Notons que ce type de site, riche d'au moins 6
espèces aux exigences variées, n’est pas du tout un cas isolé, mais simplement un
exemple.
indépendamment de leur structure, il faut noter que dans certaines zones
de plateaux karstiques où |'eau de surface est rare, notamment en Bourgogne ou
en Franche—Comté, les habitants ont souvent mis un soin particulier pour
aménager les points d’eau- Dans ce cas, il arrive que ces milieux modifiés soient
les seuls sites, à des kilomètres à la ronde, disponibles pour la reproduction des
Amphibiens. Leur intérêt devient alors primordial. Leur sauvegarde ne peut donc
être considérée comme un élément marginal ou négligeable de la protection des
Amphibiens.
66

V. IVIENACES ACT UELLES, RESTAURATION ET PROPOSITIONS DE GESTION
Toutes ces petites constructions, telles que fontaines, abreuvoirs, lavoirs,
dépendaient d'activités rurales aujourd'hui très réduites sinon disparues. La
plupart du temps, il s'agissait de propriétés communales et leur entretien était
souvent assuré par le garde—champétre (Pearson, 1989}. L’évoIution radicale de
Vagriculture et la désertification des campagnes ont eu aussi des conséquences
sur ces ouvrages, souvent condamnés à Vabandon et à l'oubli. Cependant, leur
statut communal a eu en génerai au moins l'avantage d'empêcher leur
destruction pure et simple. Mais cette situation est pleine d’incertitude, car lors de
travaux d’aménagements divers, tels que remembrements, travaux routiers,
nouveaux réseaux d’adcluction d'eau lprévoyant parfois une clause d'abandon de
|'entretin de |'ancien réseau ...}, personne ne pense plus à les signaler aux
entreprises. En outre, leur abandon est parfois si ancien que beaucoup d'habitants
en ignorent |’existence.
Pourquoi se soucier de ces trous d’eau devenus "inutiles et nausebonds" ?
Fieconnaissons que le faible nombre actuel tfagriculteurs ne leur permet de
s'occuper que de ce qui est strictement nécessaire à leurs activités. D'autre part,
citons le cas précis d’une commune où une très belle mare ancienne située au
centre du village fut détruite car le chant des Rainettes, le soir, importunait certains
habitants.
Disons aussi que parmi leurs nombreuses préoccupations, les
administrations (Délégations Régionales à |'Architecture et à l'Environnement,
Directions Régionales de |’Agriculture et de la Forêt, Directions Régionales des
Affaires CuiturelIes__.}, les bureaux d'études chargés des études d'impact, les
associations de protection de la nature. les chercheurs, ont peu conscience de
Vintérêt de ces sites que souvent ils ne connaissent pas.
Mais cela est en partie lié au fait que ces ouvrages sont souvent isolés dans
les campagnes et que leur intérêt se trouve à la jonction de deux préoccupations
très honorables, sauvegarde du patrimoine rural et protection de la nature, mais
dont les défenseurs sont en général de formation différente et se rencontrent
rarement. Cette situation bipolaire ne doit pas étre source de conflit mais peut au
contraire devenir un atout pour la sauvegarde de ces édifices si ies différents
spécialistes joignent leurs compétences.
Ainsi, la restauration doit respecter un équilibre entre |’intérêt
herpétologique et |'intrêt esthétique. Certes, quelques espèces souvent déjà
présentes quand Vouvrage était utilisé, ont sans doute pu profiter dans un premier
temps de Vabandon de toute activité humaine, mais ce stade est bien vite dépasse
lors de Venvasement du milieu joint au développement excessif de la végétation.
Il est bien évident que le premier travail, soit le débroussaillage, doit se
faire avec les outils manuels traditionnels du jardinier et sans herbicides de
synthese bien sûr. Les arbustes qui tiennent les talus doivent être taillés, non
arrachés. Puis pour le curage et la reconstruction des murs de pierre, une pelle
mécanique sera utile pour certains chantiers importants. Mais dans la plupart des
cas, des outils manuels suffiront. Concernant la maçonnerie de pierre seche, il
convient d’eviter de "faire du neuf avec du vieux" : sablage excessif des pierres et
surtout jointoiement systématique au ciment artificiel, ce dernier point étant
préjudiciable aussi bien à la durée de l'ouvrage qu’aux plantes rupestres et aux
abris de la faune. De plus, la cadre champêtre de ces constructions s'accomoderait
mal de travaux voyants et peu respectueux de |’esprit de simplicité de Vouvrage.
La condition majeure du succes de ce type de travail quant aux Amphibiens
est d'éviter absolument un curage total du bassin. En effet, en été (durant les
67

périodes éventuelles d‘assèchement} et en hiver, beaucoup de larves et lou}
d'adu|tes d’Arnphibiens let d'insectesl trouvent refuge dans la vase. En fait, laisser
une couche de vase ne nuit pas à |’esthétique du lieu, mais l'expérience montre
que c'est souvent difficile à faire admettre aux propriétaires, pris soudain d'une
sorte de frénésie de nettoyage après des années d’inertie.
Reste le problème de la période des travaux. ll ne semble pas v avoir de
saison idéale. Il faudra absolument éviter la phase printanière de reproduction. Le
débroussaillage peut se faire le reste de Vannée, notamment en hiver, mais pour le
curage seule la fin de l’été paraît le moins mauvais moment.
Ces quelques précautions assurent alors une prise en compte harmonieuse
de la protection dela nature et du patrimoine rural.
Clui peut se sentir concerné par ces ouvrages ? ll s'agira souvent d'une
association de protection de la nature. Sa démarche concrète sera basée sur la
localisation préalable de ce type d'ouvrage. Nous avons beaucoup travaillé à partir
des cartes H25000 de l'lnstitut Géographique National. Or, il nous faut
malheureusement constater que les plus récentes éditions sont souvent
appauvries au niveau de la légende, notamment pour le sujet qui nous intéresse.
Une enquête auprès des habitants d'un village donne aussi des résultats.
Puis il convient d’identifier le propriétaire. Il s’agit le plus souvent d’une
commune et passées quelques réticences, l'accuei| est souvent bon. L'aide
concrete est parfois proposée, qu'e||e soit en main d’oeuvre ou financière. Nous
pensons que la participation effective d'habitants du lieu est la meilleure garantie
de la surveillance ultérieure de |’édifice.
D’autre part, |'intérèt esthétique et patrimonial peut permettre parfois de
drainer des aides matérielles ou en crédits de la part de personnes ou
administrations non directement impliquées dans la protection de la nature.
Soyons conscients que tout le monde ne comprend pas forcément l’intérét de "ces
sales bestioles", grenouilles et autres crapauds, fussent-elles protégées, concept
encore totalement absent de la vie quotidienne de la majorite de nos
contemporains.
Une fois la phase opératoire réalisée, tout n'est pas fini. En fait, la difficulté
essentielle est à ce stade, c'est-à-dire prévoir une forme de gestion, dont la teneur
doit être adaptée à chaque cas. Elie doit envisager |'aspect juridique (procédures
diverses de classement au moins au niveau com munal} et |’entretien courant. Les
personnes ayant mené ce type d’action doivent penser à informer au maximum
autour d'eux, car il est illusoire de compter sur les efforts de qulques-uns face à
|'amp|eur du défi. La communication est souvent pour le protecteur Vecueil majeur
de ses activités.
C'est une dynamique qui doit être lancée aupres de tous les intervenants
sur |'environnement pour espérer sauver au moins une partie de ces ouvrages.
VI. CONCLUSION
Bien sûr, notre propos n’a pas épuisé le sujet, mais nous espérons avoir pu
laisser entrevoir le grand intérêt herpétologique et esthétique de cet extraordinaire
patrimoine constitué par ces modestes mais si attachants édifices que sont les
fontaines, abreuvoirs, lavoirs  
Notre expérience, certes incomplète, porte essentiellement sur la
Bourgogne et la Franche—Comté, mais des observations éparses nous laissent
penser que de nombreuses régions abritent encore de telles constructions et il est
68

donc fait appel à tous les naturalistes curieux et attachés à leur province d’origine
pour essayer d'une manière ou cl'une autre de sauvegarder cette richesse.
Pour notre part, nous souhaitons continuer à évoquer avec passion ce Sujet
auprès de tout interlocuteur motivé, privé ou public.
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PEARSON, l. (1989} — Travail d'ètude et de recherches sur le thème de la lessive dans deux
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H. PINSTON
Laboratoire de Biologie et Ecologie animales
La Bouloie, Route de Gray
25030 BESANCON Cedex (FRANCE}
69


			
Bulletin de la Scciété Hernétclenique de France
4ë¤*¤ trimestre 1990 n° 56
NOTES - VIE DE LA SOCIÉTÉ- INFORMATIONS
NOTES ET RÉSUNIÉS DE COMMUNICATIONS
- Crapauds, lézards, herpétologistes. Même destin, même image sociale.
François TERRASSON ...................................................................................... 73
- La Vîpère péliade dans le département de la Somme.
Robert DORE ..................................................................................................... 74
• Les stratégies sexuelles chez `Iirîturus cristatus etiî marmoratus
Annie ZUIDERWIJK .......................................................................................... 76
RAPPORTS DES COMMISSIONS H989-1990}
- Rapport d':-activité de la commission d'ethnoherpéto|ogie et d'histoire
de Pherpétologie
Liliane BODSON ............................................................................................... T7
• Rapport d'activité de la commission de protection
Jean LESCURE ................................................................................................. 78
· Rapport d'activité dela commission de terrariophilie
Patrick DAVID .................................................................................................... SQ
• Rapport d'activité du Club Junior
Yannick \/ASSE ................................................................................................. 81
INFORMATIONS - VIE DE LA SOCIÉTÉ
· Discours d'inauguration du Congrès d‘Amiens (28 iuin 1990} ..................... 83
• Compte-rendu du IV""" Symposium europeum chelonologicum [Massa-
Marittima 18-Z4 juillet 1990}
Roger BOUR ...................................................................................................... 84
• Listes des nouveaux membres ....................................................................... 86
· Stage herpétoiogîque 1991 ............................................................................. B7
71


			
BuIl.Soc. Herp. Fr. (1990) 56 : T3—îB
NOTES. RESUMES DE COMMUNICATIONS
Crapauds, Lézards, Herpétologistes.
Même destin, même image sociale ill
par
François TEHRASSON
A notre époque paradoxale, on peut trouver des gens qui étudient les
sciences naturelles sans se soucier de protection de la nature.
Aux yeux de n'importe quel naturaliste passionné une telle information
semble completement incroyable. Cependant ceux pour qui les espèces ne sont
que du "matérlel" biologique existent, et que ce matériel provienne des forêts ou
des savanes, du zoo ou de |'é|evage, c'est tout à fait indifférent. A la limite en cas
de disparition on passera à autre chose. Ce qui différencie le conservationniste
n'est pas de l'ordre de la compétence scientifique, mais de la sensibilité. Peut-être
alors que ceux qui souhaitent voir vivre encore des serpents et des grenouilles au
fond des forêts vierges feraient-ils bien de songer à s'étudier eux—mêmes pour
savoir où ils en sont par rapport au reste de la société, et même au sein de la
communauté scientifique. Ils découvriraient qu’on n'a jamais vu personne se
mettre à adorer une espèce rare de Triton sous prétexte qu'el|e est rare, jamais
transformé un frisson de terreur devant les tortillements de |'Orvet parce qu'on a
expliqué qu'il est inoffensif, que ceux qui trouvent ça beau, intéressant, c’est—à—
dire eux, batracho, herpeto... etc. sont perçus comme tout à fait spéciaux, voire un
brin anormaux.
La place de la nature dans la société, la valeur qu’el|e a dans les esprits, les
images mentales qui gouvernent les actes et les sensations sont les véritables
moteurs qui font qu’en définitive nos animaux préférés se maintiennent ou sont
éliminés. Ces domaines sont peu étudiés. Ils réservent des surprises, pas toutes
agréables. La société. quelle qu'e||e soit, aime bien tenter d'l1omogénéiser la
pensée en diffusant ce qu’on appelle les modèles culturels. Seuls quelques
individualistes échappent au modelage culturel qui, inconsciemment nous
détermine sur tout : habits, nourriture, mlmiques faciales, mais aussi réactivité
vis-à-vis de la grenouille, de sa peau lisse un peu gluante, du serpent et de son
mouvement saccadé et de son contact imaginé.
Les herpétologîstes n'ont pas de chance avec les modeles culturels. Leurs
animaux évoquent beaucoup |'organique, le côté "tripes et boyaux" de la nature.
Certains, par le milieu marécageux où lis vivent, en rajoutent. Eaux perçues
comme sales, loisonnantes de vie, cachées, putrides, oeufs collants, glaireux, ou
bien frérnissements équivoques dans les broussailles.
Chez nous, modernes citadins occidentaux, un modèle émotionnel
inconscient tout à fait permanent malgré son irréalisme nous amène a nous
73

conduir comme si nous étions de purs esprits, désincarnés et quasiment
métalliques. Les vases grenouiilesques, de ce point de vue, ne sont pas propres.
Les bêtes qui y vivent non plus. Ceux qui s'y intéressent et aiment ces bêtes, itou.
Car ils transgressent ie grand tabou. Nous devons faire comme si nous n’étions
pas organiques, comme si nous vivions sans assises biologiques. C'est un credo
qui ne souffre pas de discussion et tous les aménagements |'app|iquent, pour que
nos concitoyens oublient les deux grands problèmes organiques que notre société
échoue à gérer : la mort et la sexualité.
Comment peut-on savoir tout cela ? Par Vobservation comportementale.
Iiécoute non sollicitée, le repérage des gestes. Une ethologie humaine face à la
nature. On comprendra mieux ensuite la diabolisation des friches, force de la
nature en train de mettre de Yincontrôlé organique dans l'ordre humain de plus en
plus technocratique.
Et |'amateur de tritons dans tout ça ?
Accroupi dans sa mare, entend—i| arriver les bulldozers ?
Et quand ceux-ci seront passés, réalise-t-il que s’i|s Vont évité, il ne perd
rien pour attendre. Dévalorisé en même temps que le marécage, marginalisé en
même temps que le serpent, il verra qu'on ne i'oub|ie pas. On ne le supportera
qu'encagé dans les réserves avec des aurnônes financières de plus en plus
évanescentes. Alors, adieu veaux, vaches, tritons, couvées ?... Certainement pas I
Mais ceci passe par une compréhension approfondie de la société, de ses
images et des ses valeurs. Et une action plus passionnelle et plus artistique, peut-
être plus scientifique. Le plus grand risque est de se croire déjà vaincu au lieu
d'avoir Vambition de faire émerger de nouveaux modeles d'aménagements où
bulldozers, herpétologues et tritons marcheront la main dans ia main.
F. TERHASSON
6 rue Scipion
75UU5 PARIS (FRANCE}
La Vipère péliade dans le département de la Somme (il
par
Rahan Done
La vipère péliade habite I'Europe moyenne et septentrionale, atteignant
parfois vers le nord le cercle polaire, et au sud les Apennins et les Balkans, ainsi
que le nord de l'Asie jusqu'à |’Tle Sakhaline à l'est. En France, elle occupe
approximativement les régions se trouvant au nord d‘une ligne qui unirait la Loire
Atlantique aux Ardennes, avec de nombreuses lacunes : plus au sud, on la
retrouve en altitude dans le Jura et le Massif Central. Ainsi, la Picardie est
comprise dans les limites de sa répartition, de même qu’une partie de l’l|e de
France.
Dans le département de la Somme, J.F! Postal (1969}, auquel nous allons
nous référer, décrit comme suit le biotope de ce serpent :
— Exposition plein sud des coteaux,
— Présence de pelouses à brachvpodium plantées ça et là de genévriers ou
autres arbustes épineux,
— Proximité de l'eau sur les coteaux s'e|evant au bord des marécages ou
dans les vallées irriguées par de petits ruisseaux.
74

Cet auteur a constaté que là où on la trouve, la péliade est relativement
abondante, mais toujours très localisée sur de très petites portions de coteaux,
présentant cependant partout des conditions favorables. ll donne ensuite quelques
précisions intéressantes sur la biologie : heures de sortie dans la matinée et la
soirée probablement jusque vers minuit. L'essentie| du régime est constitué de
rongeurs, mais il a trouvé une fois, dans son estomac, une taupe, et une autre fois,
un jeune oiseau. Les jeunes se nourrissent de lézards vivipares, qui fréquentent les
mêmes endroits.
Sur des dissections pratiquées sur des femelles gravides au mois d’août,
J.F! Postel (1969l a observé des ovules fécondés à un stade de développement
trés peu avancé, et il pense que les vipéreaux ne seraient probablement pas nés à
la fin de |'été ; cela lui évoque une affirmation du naturaliste suisse Dottrens,
”dans le nord, la gestation -de la péIiade— s'étend sur deux ans ; peut-être en est-il
de même en attitude".
Cet auteur termine sa publication en citant les localités habitées par ce
reptile : Albert, Etinhem, Chipilly (signalée), Vaux sur Somme, Sainte-Ségre,
Tilloy-Florinville, Port le Grand, et Grand-Laviers (cité par Marcotte au X|X° s.),
Poix, Corbie, et pres d'AbbeviI|e.
Toujours dans la Somme, Mme Phisalix a signalé la vipère péliade vers
Doullens.
Plus à Vest, dans l’Aisne, Mr Pierre Randé (petit—fi|s de Raymond Rollinatl,
m’a dit qu’el|e était commune dans la région de Laon et de Soissons, notamment
sur les pentes exposées au sud sous le chemin des Dames. Une autre personne
digne de foi l'a trouvée vers la Ferté-Milon.
Vers le sud, elle se trouve en plusieurs localités de l'Ile de France, dans des
biotopes différents, argilo-siliceux, humides, couverts de landes de callunes et de
bouleaux.
Vers le sud-ouest, elle était trés commune en Normandie et plusieurs points
de ia vallée de la Seine en aval de Paris, mais la destruction du bocage fragmente
de plus en plus les populations et a amené souvent sa complète disparition.
Au début du siécle, la vipère péliade existait encore dans les régions
humides de France centrale, en Brenne par exemple, où elle a été trouvée par
Rollinat et Martin, et jusqu’en Charente Maritime par Beltrémieux. Actuellement,
elle a pratiquement disparu des plaines du centre, mais les Naturalistes Orléanais
|'ont encore trouvée récemment dans le Gâtinais, mélangée à la vipère aspic. Je
crois que la raison de ce retrait vers le nord de la vipère péliade, résulte de la fin
de ce que les climatologues qualifient de "petite époque glaciaire", periode froide
dans les pays bordant |'At|antique nord entre 1600 et 1850 (Pagney, 1988).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
POSTEL, J.P. (1969} -- Vipera berus dans la Somme. Revue de la fédération Française des
Sociétés de Sciences Naturelies. 8(34l :
PAGNEWC R (1988} - Climats et cours d'eau de France. Collection Géographie. Masson.
Paris. 248 p.
Fl. ooniê
73, avenue du Mont-Dore
63110 BEAUMONT (FRANCE)
75

Les stratégies sexuelles chez Triturus crfstatus
et I Marmoratus lil
par
Annie ZUIDERWIJK
Les caractéristiques de la parade nuptiale sont décrites et comparées pour
les tritons Triturus cristatus et I marmoratus, et les patrons du comportement
compétitif des mâles sont reconnus. Dans Vinterprétation des données il faut tenir
compte du sex-ratio des animaux sexueilement actifs : celui-ci penche nettement
du côté des mâles pour les deux espèces (plus encore pour I marmoratus que
pour I cristatusi.
Lorsqu'i|s sont sexuellement actifs, les mâles de crlstatus ont plus de
rencontres que ceux de marmoratus, mais ces derniers occupent plus de temps
les endroits où se déroule Vaccouplement. La parade du mâle pour une femelle se
caractérise par sa structure temporelle, sa variabilité, ses particularités
comportementales. La parade de I marmoratus suit un patron fixe ; les mâles de
cette espèce enregistrent plus de succès dans la rétention près d’eux d'une
femelle, que ceux de cristatus. Les mâles de cristatus faisant la cour, permettent à
d’autres mâles d'intervenir. Les rencontres mâle-mâle sont plus longues et plus
ludiques chez I cristatus, plus violentes chez I marmoratus. La comparaison avec
des données de la littérature indique que Ia parade nuptiale de I marmoratus se
rapproche plus de celle de I vittatus que de celle de I cristatus.
On suggère que, au cours de l’évo|ution, I marmoratus a adopté une
stratégie du type Sexual Defence par territorialité et combat actif, tandis que I
cristatus a adopté une stratégie du type Sexual Interference, en mimant le
comportement de la femelle. On reconnaît comme composants de la parade
nuptiale du mâle qui jouent un rôle majeur lors de Vadaptatlon de la stratégie
compétitive, le comportement "coup de fouet" dans le cas de I marmoratus, et le
comportement ”baIancement" dans celui de I cristatus.
niâriêesivcss eietiocrmvi-iioues
ZUIDEFIWIJK, A. l1990l — Sexual stratégies in the newts Trfturus cristatus end Trfturus
marmoratus. Büdragen Tot de Dferkunde, 60l1i : 51-64.
A. ZUIDERWIJK
Institute of Taxonomic Zoology
University of Amsterdam
P.O. Box 4766
1009 AT AMSTERDAM, The Netherlands
(1) Résumés des Communications présentées aux journées annuelles de la SHE AMIENS l26-30 juin 1990}.
76

Bull. Soc. Herp. Fr. (1990) 56 : T?-82
RAPPORTS DES COMMISSIONS
- Rapport d'activité de la commission d'EthnoherpétoIogie et
d'Histoire de I'HerpétoIogie (1989-1990)
La commission s’est
  réunie deux fois au cours de
’ _m,.,,·,,·.-sa··;·:·v;·§;g,;;g;-·.;#··  _ |'année écoulée, le 24
—    ` ;— novembre 1989 et le 22‘juin
,,,9 "‘_gî1;;gg— ,,`  ,_i,, —   1990, à Paris (Museum
  Wrc/?‘ï ”_; national d'Histoire naturelle,
   """% ZÉ Laboratoire d'Ethnobiologie-
-——s. gu .§€gi,§g!;}§t§,q,lg};,;%ti:i;;;;ttt€i`i,i@g »'*” 5 eiogéagraphiai. Une dizaine
·· ·¤ · .   °‘°  / de membres étaient, à
' wi; """‘”"*·— · chaque fois, presents.
1. Inventaire des connaissances et traditions populaires relatives à Yherpétofaune
dans les pays européens francophones
Les efforts de la Commission en 19894990 ont porté sur la diffusion des
informations relatives à l'lnventaire. Plusieurs membres se sont chargés de
distribuer tant en France qu’a |'étranger la brochure de présentation qui a été
actualisée len version bilingue français—ang|aisl pour accompagner |'affiche
relative à I'lnventaire exposée au Premier congrès mondial d'Herpéto|ogie
[Canterbury 'l‘l—19 septembre 1989} et faire connaître aussi largement que possible
le programme et les modalités de Venquête qui le sous-tend. Ce travail a suscité
des réactions, toutes positives. Quelques envois de collaborateurs anciens et
nouveaux sont parvenus au secrétariat de l'lnventaire qui a fait procéder à
Venregistrement. Divers collègues en Europe [Milan [|ta|ie]l et en Amérique
(Chicago [U.S.A.] ; La Plata [Argentine] ; Fortaleza [Brésil]} ont déià souhaité
interroger la banque de données actuellement en préparation et, d'autre part, voir
|’|nventaire élargi, dans |'avenir, au reste du monde.
L’autre élément notable tient à Vinforrnatisation du Laboratoire
d'Ethnobiologie-Blogéographie du Muséum. Un micro-ordinateur a été installé à
|’automne 1989 et équipé notamment du logiciel PALAMEDE, acquis par la SHF,
pour favoriser Venrgistrement au sein du Laboratoire de la trés riche
documentation qui s'y trouve. Les difficultés chroniques que connaît le
Laboratoire en matière d'encadrernent et de financement ont cependant retardé
pendant plusieurs mois le travail de saisie. En dépit des obstacles, Mme Patricia
FOURCADE a réussi à constituer, avec beaucoup de dévouement, quatre fichiers
d'une centaine de notices chacun. ils seront intégrés a ceux qui ont été constitués
parallèlement à I’Université de Liege.
77

Les engagements pris par Liliane BODSON vis—à—vis des institutions belges
qui ont, jusqu'ici, subventionné Vlnventaire exigent que Vinauguration de la
banque de données ait lieu en 1991. Il est donc indispensable que le contenu de
tous les ouvrages traitant d'ethnoherpétoIogie disponibles au Laboratoire
d'Ethnobiologie-Biogéographie y compris de nombreux travaux lmémoires et
thèses} qui y ont été élaborés, en moins de quatre ans, dans le domaine, —pour la
plupart a Vinitiative de la Cornmission; soit placé sur ordinateur avant la tin de
1990.
2. Mémoires et thèses
Le rapport de Mme E. REMY sur La rumeur des lâchers de vipères a été
transmis en juin 1989 et très favorablement accueilli. La soutenance de la thèse de
Mme E. |\r10ND|Nl intitulée Des tortues et des Hommes. Evolution de Vimage de ia
tortue en Occident, de Vexpioitation à ia conservation (3 volumes, 586 pp., ill.) a
eu lieu en décembre. Il s'agit de la première thèse d’ethnozoologie émanant du
Laboratoire d’Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum et, vraisemblablement, de
la premiére thèse d’ethnoherpéto|ogie jamais présentée en Europe, voire dans le
monde. Le Jury a décerné à ce travail, avec ses félicitations, la mention "Très
honorable" et a émis le voeu qu'i| fasse sans retard |’objet d'une publication. Des
contacts ont été pris à ce sujet avec un éditeur qui va examiner le manuscrit.
D'autre part, Mme Véronique GROUZARD a choisi de traiter comme sujet
de mémoire de certificat d'ethnozoo|ogie du crocodile dans la littérature et |’art
occidentaux.
Le travail de la Commission reste donc soutenu et orienté en priorité vers
Vachèvement de la première phase de |'|nventaire. Ce objectif ne pourra
cependant pas être atteint pour la date prévue dans le projet initial, si les moyens
len personnel et en subventions) nécessités par une entreprise pionnière de cette
envergure ne sont pas, en France, très rapidement rendus disponibles.
Liliane HUDSON
· Rapport de la Commission de Protection (1989-1990)
La Commission de
_.  Protection s'est réunie
    ' ` deux fois en 1990, le 13
Janvier et le 30 Juin dans
le cadre des journées de
à la S.H.F. à Amiens.
I Il La réunion du 13
m~.~..es.a~ DE .·aaTE.:T.¤~  Sissi dÉ'°"""‘°’ "“
1} Une réunion commune avec la section parisienne pendant laquelle nous avons
entendu deux exposés :
al MM. Jacquin et lvlenestrey:
78

"Le site du coteau d'Avron à Neuilly-Plaisance : un exempte de protection d‘une
zone humide"
b} Mlle Catherine Elhage et François Secchi lEcopoll :
"Etude de la migration des amphibiens sur la déviation de la HN 36 lGuîgne·
Chatres en Seine et Marnel" (projet de crapauduci.
Une cinquantaine de personnes étaient présentes et ont participé au débat
apres les exposés. Etaient présents également : M. Lustrat, Président d’Objectif
Nature, dont Passociatîon a assuré une partie du travail sur la RN 36, et M.
Bernard, SETHA, Atelier de l'Environnement, Ministère de |'Equipernent.
A la suite de |'exposé de M. Secchi, il a été décidé qu'©bjectîf Nature et la
S.H.F. interviendraient aupres de la Société de chasse, locataire des terrains
voisins de la déviation et où il y a un étang, afin que que le niveau d’eau y soit
maintenu pour n pas gêner la reproduction des batraciens.
2) Après cette séance, il y a eu dans une petite salle, une courte réunion de la
Commission sensu stricto.
— Informations sur le Groupe U.l.C.N. "Herpétofaune européenne" formé à partir
du Comité de Conservation de la Société Europaea Herpetologica.
Réunion à Gonfaron [4-7 mail
C'est sans doute la premiere fois qu'un groupe de spécialistes de 1'U.l.C.N.
se réunit en France. Le groupe a voulu se réunir à Gonfaron et a demandé à
Lescure d’organiser cette réunion. l.’objet de celle-ci a été surtout de préparer la
réunion d'experts de la Convention de Berneau Conseil de l'Europe, mais les
membres de l'U.|.C.N. voulaient voir les biotopes d‘espèces sensibles. Le 04 mai,
nous avons visité un biotope à Hydromantes près de Nice avec Svvald, le 05, des
biotopes à l.•·ÉUrsinii dans les Alpes Maritimes, bien prés de certaines stations de
ski, avec Ferrière et le 07 Mai, l'île de Port—Cros pour le Phyllodactylus europaeus.
Nous y avons été guidés par M. Martre, garde du parc mis à notre disposition par
la direction du parc, et M. Orsini, conservateur adjoint du Muséum de Toulon. Au
nom de ses collègues de l'U.I.C.N., Lescure remercie vivement toutes les
personnes qui ont contribué au succes de ces journées, et Bernard Devaux pour
son hospitalité.
—— Réunion des experts sur la protection des amphibiens et reptiles dans le cadre
de la Convention de Berne l21-23 mai à Strasbourg)
C'était la premiere séance où la France siégeait comme membre a part
entiere. Lescure v représentait notre pays. Nous avons examiné si les
recommandations n°'l3 l1988l du Comité permanent relatives aux mesures pour la
protection des biotopes critiques pour les Amphibiens et Reptiles cl'Europe,
avaient été suivies d’effet, d'après les rapports des pays participants et les avis des
experts.
Une recommandation demandait à la France d'assurer la protection des
deux populations les plus remarquables de l/îUrsinii en France. Le document
présenté par la France était tres complet.
-- Les viperes d'Orsini du Mont Ventoux, une bonne nouvelle ! A la demande de
la DEN., |'O.N.C. est d'accord pour assurer la surveillance de la station du Mt
Serein.
79

Baron fait partie du Comité Scientifique de l’arrêté de biotope du Mont
Ventoux et suit |'affaire.
— Projet d’é|evage de crocodiles dans les Landes
Le Maire poursuit son projet avec des Sud Africains. Nous appuyons les
associations locales dans leur action contre ce projet.
— Bois de Vincennes
Aprés des curages intempestifs dans les fossés du Bois de Vincennes,
provoquant le dessèchement de pontes d’Anoures, une réunion d’information a eu
lieu avec le Responsable du Bois de Vincennes et une collaboration a été instaurée
pour éviter à Vavenir de tels incidents.
Jean LESCURE
· Rapport d'activîté de la Commission de Terrarlophilie
(1989) lil
Tout comme en 1988, l'effectif de la Commission
de Terrariophilie a fortement augmenté, et atteignait 91
—— membres au 31 Décembre 1989. Durant cette année,
J trois réunions se sont tenues à Paris, avec une
._.;·‘,§_ participation oscillant entre dix et quatorze membre.
··.¢*€·t§€
  "` - Durant 1989, les membres de la S.H.F. ont enfin
  ufr vu la parution de la premiere notice d'é|evage,
._ _·   ·._—   consacrée à Anolis carolinensis et publiée en
Y] ti"   $'ëX/ supplément au N° 51 du Bulletin. D'autres notices sont
··;·~.f -11   en préparation. Les notes d'éIevage ont également fait
' J leurs débuts dans le N° 52 du Bulletin et ces notes
devraient être régulièrement présentes dans les
numéros de |’année 1990. Les notes de terrariophilie rédigées à partir de fiches de
resultats, permettent aux terrariophiles de publier rapidement leurs résultats. La
Commission a particulièrement insisté sur la nécessité de noter BT ensuite de
diffuser tous les résultats obtenus par les terrariophiles.
Enfin, toujours dans le N° 52, les membres dela S.H.F. Ont pris
connaissance de la création de Vinventaire des espèces élevées et reproduites.
Toutefois, compte-tenu de la parution tardive du N° 52 du Bulletin, cet inventaire
sera publié pour la première fois en 1991 avec les données de |'année 1990.
Parmi les autres projets, entrepris en 1989, il faut signaler la formation d’un
petit groupe de membres se préparant à rediger des traductions d'artic|es de
terrarîophilie importants mais publiés dans des bulletins étrangers.
l1l· Ce rapport constitue un resumé des activités de la commission pour l'annee passée. Toutefois, celles-ci
se sont poursuivies entre la fin de 1989 et la tenue de |'Assemb|êe Générale d'Amiens. Mais, surtout, la
motion sur Vimportance de la Terrariophilie dont il est question ci-dessus e été examinée et adoptée par
le Conseil dela S.H.F.
Cette motion a été lue devant l'Assemblèe Générale, qui, après une légère modification, l'a approuvée à
Funanimité.
80

D’autre part, suite aux débats sur le rôle et Virnportance de la Terrariophilie
tenus lors du Congrès Mondial de Canterbury, la Commission a rédigé une motion
à |'intention du Conseil de la S.H.F. Elle sera examinée en 199ü, ainsi que ses
suites éventuelles en cas d'approbation.
Le "Fiegistre" fonctionne bien pour la partie "serpents", plus ou moins pour
les registres "tortues" et "amphibiens", et plus du tout pour la partie "lézards". La
Commission rappelle la nécessité des mises à jour, et ce Registre ne devrait pas
être négligé.
Enfin, la Circulaire d'annonces a vu le nombre de ses abonnés, et des
annonces, augmenter nettement.
D'autres projets ont été suggérés pour 1990, et la Commission de
Terrariophilie, grâce à un noyau de fidèles actifs, poursuit ses activités sans
problèmes. Toutefois, une participation d’un plus grand nombre de ses membres
serait fortement souhaitable".
Patrick DAVID
• Rapport d'activité du Club Junior (1989-1990)
En automne B9, se sont réunis les responsables
adultes, pour mettre à jour le fichier des adhérents, et
répartir les responsabilités : Françoise CLARO et Jean
LESCURE passant définitivement le flambeau à Virginie
CALVIAC (courrier}, Guy GUILLON (sorties}, Guy LE DU
.1 C (secrétariat) et Yannick VASSE (Muraille Vivantel.
  Le 17 fÉVI'l€l’ 90, à |'E|\|S' rue |'U|m' Jacques,
  E MENESTREY est venu parler de Faction des Amis
  Naturalistes des Coteaux d'Avron, notamment en ce qui
Q I   concerne Vétude et la protection de Vherpétofaune du
EL site.
SHF Puis Yannick VASSE a projeté son diaporama
E . "Biologie des Reptiles".
Le 10 mars, une sortie a eu lieu à Neuilly-
Plaisance, sur les Coteaux d'Avron, encadrée par
Messieurs MENESTHEY et JACDUIN, de VANCA. Les
jeunes ont participe avec intérêt au comptage et au marquage des Bufo bufo.
Le 9 juin, Monsieur DORE a guidé notre équipe dans la forêt de
Fontainebleau, au Rocher de Milly et dans la Ptaine de Chanfroy, pour nous faire
decouvrir des biotopes : à Vipere aspic, Coronelle lisse et Couleuvre d'EscuIape, à
Crapaud oalamite, et à Rainette. Hélas, les mauvaises conditions climatiques ne
nous ont pas permis beaucoup d’observations.
81

Nous regrettons Vindisponibilité de Monsieur GUILLON, et nous accueillons
avec sympathie Jean-Pierre DEBEAUNE, qui se propose de prendre le relais dans
Vorganisation des reunions et des sorties.
Trois numeros de La Muraille Vivante ont paru : en décembre, mai et août.
llannée 90-91 démarre en octobre par l N° 12 de la Muraille Vivante, Bi
une première réunion chez le terrariophile Patrick DAVID.
De nouveaux adhérents viennent reioindre en nombre le Club Juniors, et
remplacent des anciens qui nous ont quittés en raison de leur âge, et dont certains
sont maintenant membres de la "S.H.F. adultes".
Nous pensons pouvoir affirmer que le Club Junior a bel et bien repris son
essor l
Yannick VASSE
82

Bull. Soc. Herp. Fr. l199t]l 56 : 83-BT
INFORMATIONS - VIE DE LA SOCIETE
· Discours d'inauguration du Congrès d’Amiens l28l06l1990)
Monsieur le Président, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs
Il est tout à fait normal que le congrès annuel de la société herpétologique
de France se tienne, ne serait—ce qu'une fois, à Amiens, capitale de la Picardie :
non pas parce que Darwin ou Cuvier étaient Amiénois - ils ne l'étaient
malheureusement pas, même s'i|s méritaient dé |'être. Non pas parce que notre
région est particulièrement riche en reptiles ou autres batraciens - ce n'est pas tout
à fait exact, même si nous en avons quelques belles espèces, et pas seulement
dans nos étangs I Non pas même, parce que le grand Duméril était Amiénois - et
cette fois-ci c'est vrai, une importante artère du centre ville porte d’ail|eurs son
nom.
Non. S'il est tout à fait normal que ce Congrès s déroule à Amiens, c'est
tout simplement parce que nous avons la chance d'avoir, parmi le personnel
communal, une passionnée -je ne dirai pas une spécialiste, pour ménager sa
modestie- de la science des reptiles. Notre spécialiste s'est donc coulée dans la
peau d'une organisatrice de Congrès, révélant ainsi des qualités que nous
méconnaissions ; elle s’est lovée avec délectation dans ce rôle de préparation
pour assurer le succès de la rencontre. Et. comme elle est chargée au sein de notre
mairie de la culture scientifique, elle s'est efforcée de faire opérer une mue au
Congrès national d'herpéto|ogie, pour que la dimension culturelle soit présente
lors de vos travaux, en plus évidemment de la dimension scientifique. Je sais que
sa tâche n’a pas été facile. Loin d’être paralysée par les difficultés, elle a su les
affronter, et vous lui serez redevables du succès de votre manifestation.
Mais trêve de plaisanteries l Le serpent est parmi les reptiles celui qui a la
plus forte sympathie, puisqu'e|ie remonte aux temps bibliques : c’est grâce à lui,
ou à cause de lui, que selon les saintes écritures nous avons aujourd'hui le plaisir
d'être ensemble ici-bas. Nous avons d'ai||eurs nous aussi une histoire sainte - que
je qualifierai d’herpéto|ogique - propre à notre ville : Ste Ulphe, qui habitait au
début du Christianisme à une dizaine de kilomètres d'Amiens, dans un ermitage
situé près des marais de Bôves, avait pour habitude de se rendre chaque jour à la
messe à St-Acheul, qui est aujourd'hui un quartier d'Amiens.
Un autre ermite, St Domice, qui habitait pour sa part à Fouencamps, un
petit village des environs, venait la chercher pour faire route ensemble. Un matin,
Ste Ulphe ne s'est pas réveillée : elle a prétendu qu'e||e n'avait pu fermer l'oei| de
la nuit à cause du coassement des grenouilles.
83

Et pour les punir de lui avoir fait manquer la messe, alle leur a imposé
silence. Depuis, les habitants de Bôves prétendent dur comme fer que leurs
grenouilles sont muettes. Comme vous le voyez, c'est une raison supplémentaire
pour tenir ce colloque à Amiens : nous avons inventé une nouvelle race de
batraeiens, la "rana muta" en latin l
Le serpent, pour en revenir à ce sympathique et affectueux animal, joue
toujours un rôle important dans nos sociétés : vous savez la symbolique que lui
attache Freud dans Vinterprétatien des rêves ;je ne m’y attarderai pas pour des
raisons que vous comprendrez aisément. Mais plus généralement, les batraciens
contribuent largement au progrès scientifique, que ce soit par leur rôle d’anir‘na|
d'expérimentation - qui n’a jamais disséqué à |'écoIe une grenouille ? — par leur
rôle dans le domaine médical ou encore - et ce n'ast pas le moins important - dans
le domaine gastronomique I
Mais je ne vais pas m'étendre plus longtemps : je vous souhaite, en mon
nom propre et au nom de NI. Gilles de Robien, notre Député—lVlaire qui ne peut
malheureusement être présent parmi nous aujourd'hui et qui m'a demandé de
|'excuser, un agréable séjour à Amiens, et un excellent congrès l
Fred THOREL
Adjoint au Maire
Chargé des Affaires culturelles
· Compte rendu du IV"' symposium europeum chele-
nologicum (Massa Nlarittima, 18-24 juillet 1990)
C'est ainsi qu'a été officiellement baptisé le quatrième congrès européen
sur les Tortues, qui s’est tenu du 18 au 24 juillet 1990 en Toscane, précisément
dans la belle ville médiévale de Massa Marittima, province de Grosetto.
Uerganisatien - remarquable - de ce congrès était I'oeuvre de Donate
BALLASINA et de sa charmante épouse Veerle, qui ont créé et animent un "viI|age
des Tortues" analogue à celui de Gonfaron, nommé "Carapax" eu "Centro per la
salvaguardia, la ricerca sciantifica e il ripopolamento delle Tartarughe". Comme le
village du Var, celui de Toscane a pour principal objectif de préserver l'avenir de la
Tortue cl'Hermann, menacée en Italie comme en France. Trois autres espèces
indigènes dans la péninsule ou ses îles sont également étudiées à Carapax, la
Tortue mauresque, la Tortue bordée et la Cistude.
Le programme prévu a associé conférences et visites, tandis que les dîners,
pris chaque soir dans des lieux différents, permettaient de conclure les
discussions tout en appréciant les spécialités locales. Nous avons pu, outre la
centre Carapax, admirer - sous un soleil de plomb — le parc natural "Parco della
Maremma", et observer, en pleine campagne toscane, une population de Tenues
d'Hermann tout à fait prospère : chacun des participants a trouvé au moins un
individu, qui au bord d'un champ, qui sous une haie, qui, en s'écorchant jusqu‘au
sang, dans un buisson de salsepareiIIe... Tous ceux qui ont pu étudier la Tortue
d'Hermann dans les Maures ont été surpris par la forte densité apparente de cette
population, et plus encore par la proportion remarquable da jeunes. sans doute
proche de 50%.
84

Le centre Carapax lui-même s’étend sur une zone de bois et de sources,
naturellement peuplée en Tortues d'Hermann et en Cistudes. Les enclos lau
nombre de 80 environ}, vastes, offrent ainsi un biotope optimal aux individus
captifs. Contrairement à la France, l'ltaIie héberge plusieurs populations de
Tortues d’|—lermann, distinctes et reconnaissables [morphologie, patron de
coloration...} pour un oeil averti. Il est ainsi primordial de placer chaque individu
recueilli parmi les siens, selon sa provenance : Ligurie, Toscane, Latium, Pouilles,
Calabre, Sardaigne, Sicile ou autre, et c'est pour Donato une priorité absolue ;
tout spécimen d'origine douteuse est mis dans un enclos particulier. Comme à
Gonfaron, le but poursuivi est d'obtenir la reproduction des Tortues pour les
réintroduire, lorsqu’elles sont moins vulnérables, dans leur milieu d'origine ; il
faut noter ici qu'à |'occasion de ce congrès la SOPTOM de Gonfaron, représentée
par son secrétaire Bernard DEVAUX, a offert le financement d’une nurserie
supplémentaire au centre italien.
Les Tortues mauresque présentes sont originaires de Sicile et de
Sardaigne; ces dernières ont un aspect singulier, rappelant celui des Tortues
bordées. Celles-ci proviennent également de Sardaigne, mais aussi de la
péninsule et notamment de Toscane ; la découverte récente dans cette région de
vestiges archéologiques incluant des Testudo marginata montre Vancienneté de
Vindigénat de l'espèce en Italie. Enfin, comme en France, les Tortues "de FIoride"
abandonnées ou volontairement introduites dans la nature représentent un
problème difficile à résoudre.
De nombreux collègues italiens étaient bien sûr présents, ainsi qu'une
petite proportion d'étrangers la l'ltalie ll, accompagnés éventuellement de leurs
épouses. Quelques spécialistes d’Europe de l'Est avaient été invités, mais des
problémes de derniére minute les ont contraints à annuler leur participation. Une
trentaine d'auditeurs environ ont suivi |'ensemb|e des communications. Celles-ci
étaient présentées dans la salle "San Bernardino", austère mais agréable pour sa
fraicheur, partie cl’un ensemble d'édifices religieux dominant la cité. Après les
traditionnels discours d‘inauguration de nos hôtes, des représentants des
autorités locales et des "sponsors", les sujets suivants ont été traités (par ordre
chronologique de présentation} :
Jeudi 19 juillet
David STUBBS lGB} : Statut de la Tortue d’Hermann dans les Maures ; état du
recensement.
Bernard DEVAUX lFl : Le village des Tortues de Gonfaron (Var} ;rô|e du public.
Donato BALLASINA ll} : Présentation du Centre Carapax ; historique, réalisations,
projets.
Ronald WILLEMSENS lNL} : Habitat de Testudo hermanni en Grèce et densités de
population.
Ronald WILLEMSENS lNL} et Donato BALLASINA ll} : Présence de Testudo
hermanni dans la région de Massa marittima ; dynamique des populations.
Donato BALLASINA ll) et Sandro FHISENDA lll : Morphologie comparative des
diverses populations de Tortues d’Hermann en Italie péninsulaire.
Floger BOUR (Fl Z Mise en évidence d'une population de Testudo rnarginata naines
dans le sud du Péloponnése en Grèce ; travail réalisé en collaboration avec
Heinz WEISSINGEH (Al.
Cristina COLLI ll} : Actions menées par le WWF italien pour la sauvegarde des
Tortues indigènes.
85

Ronald WILLENISENS (NL} : Comparaison des thermorégulations de TÃ hermanni
et de TC marginata en Grèce.
Andy HIGHFIELD (GB) : Description d'un nouveau genre et de nouvelles espèces
de Tortues du Maghreb ; comparaison avec les endémiques éthiopiens.
Vendredi 20 iuillet
Marco LEBBORONI il} : Eco-éthologie de la Cistude (Emys orbicuiaris) dans le Parc
régional de la Maremme ;techniques de marquage.
Marco ZUFFI (I) : Réintroduction d’Emys orbicularis dans le Parc régional du
Tessin ; devenir des populations ; travail réalisé en collaboration avec A.
GARIBOLDI et S. CARUSO il).
Paolo VICENTINI il} : Application de la CITES aux importations de Reptiles en Italie
[par le Ministère de l'Agriculture et des Forêts).
Walter SACHSSE (DI : Problèmes génétiques rencontrés dans les populations de
Tortues élevées en captivité.
Edlef HEIMANN (D, ex. RDA) : Elevage et reproduction en captivité de diverses
espèces du genre Testudo ; hybridation de I ibera >< TC marginata.
Samedi 21 juillet
Walter SACHSSE ID} : Statut actuel et avenir des sept espèces de Tortues marines.
Riccardo JESU ll) : Reproduction et protection de Caretta caretta sur la plage de
Dalyawlztüzü en Turquie.
Walter SACHSSE [D) : Epidémies iéthales d'origine virale chez les Tortues.
Donato BALLASINA ill : Présentation d'une vidéo—cassette sur les Tortues
européennes : problèmes de protection et solutions proposées. N.B. : cette
cassette est désormais disponible en français auprès de la SOPTOM (B.R24,
83590 Gonfaron} pour la somme de 200 FF.
Ainsi s'achevait la partie "forme|ie" du symposium. Commençaient alors
les visites et excursions brièvement décrites plus haut, sous |'ardent soleil toscan.
En somme, un congrès sympathique et enrichissant, bien organisé dans un décor
de rêve.
Roger BOUR
Laboratoire des Reptiles et Amphibiens, MNHN
25 rue Cuvier, 75005 PARIS
• Liste des nouveaux membres
1. Membres admis à la réunion du Conseil du 1er octobre 1989 [Paris}
BASTARDOZ Gino i94l, LE BRIS Alain lCanadal, MARTY Christian (75 et
Guyane Fr.}, PAUWELS Olivier (Belgique), ROSIER Thierry I75l, SCHAFFTER André
(Suisse}.
2. Membres admis à la réunion du Conseil du 17 novembre 1989 (Paris}
BERTON Olivier i51). COUSIN Pascal I62l, DANDINE Robert (45}, FABRE
Agnès (69}, FRESSE Kristina I91l. GESOUIERE Giiles (36). LIANO Michel l60},
MOREAU Annick (45], PERRIN Francine [B3), ROULET Marc [69}, TAMBOUR Marcel
(Belgique}, TOUMAYAN Rafi l`}5l.
86

3. Membres admis à la réunion du Conseil du 20 janvier 1990 (Paris}
ABIVEN Marc (92}. ABOVILLE ld'} Pascale (75}, AUDRU Stéphane (92},
BARON Florence (49}, BAUER Aaron (USA}, BENIMELLI Alain (51}, BRANA VIGIL
Florentino (Espagne}, CAMPBELL Jonathan (USA}, CARTON DE GRAMMONT
Sébastien (79}, COUSIN Pascal (62}, DONOVAN Rupert (GB}, DOURNON Christian
(54}, DUBRON Denis (62}. DONOVAN Luc (79}, FERRAND Thierry (13}, FOUGEIROL
Luc (26}, GELDOFF Jean-Jacques (59}, GELINEAU Olivier (T8}, GUERIN Pascal (79},
HAUTE Jean—Luc (22}, LAVIGNE Loïc (33}, LEFEVRE Franck (78}, LEMONNIER
Emmanuel (27}, LERMITTE Abel (65}, LUCA Luiselli (italie}, MANLIUS Nicolas (92},
MARROT Lucile (13}. MC DIARMID (USA}. MENARD Daniel (22}. MOULON Sylvie
(92}, OCHENI Florence (25}. PEHANO Francis (11}, RAAD Valérie (92}, REGULEZ
FERNANDEZ Octavio (Espagne}, RIBERPREY Laurence (92}, ROUJON Bernard (11},
TAHIRI Zoubir (91}, TCHARTILOGLOU Jean-Jacques (78}, VAUCOULEUR Thomas
(91}.
4. Membres admis à la réunion du conseil du 22 mars 1990 (Paris}
BOISTEL Renaud (91}, BORDAGE Dominique (44}, DURIEUX Bruno (59},
DUWATTEZ Mary—Line (68}, FIDENCI Pierre (31}, FLANDROIT Patrick (Belgique},
GILBERT Patrick (92}, GUENEAU Thierry (29}. KNYSZEWSKI Jérôme (92}. MOULIN
Philippe (18), PASTOR Francis (78}, RECIUEJO Jorge (Argentine}. WESS Ralf
(Allemagne fédérale}.
• Stage herpétologique - 1991
Station biologique - Forêt de PAIMPONT (35} - France (Lundi 1er juillet - Vendredi
5 juillet 1991}
Après quelques éclipses, le stage herpétologique de terrain (organisé par la
Société Herpétologlque de France} est de retour.
Thème : Etude biologique des Amphibiens et Reptiles.
Deux niveaux :
-— niveau initiation, pour personnes débutantes ou encore peu
expérimentées en herpétologie. Age minimum : 16 ans. De 16 à 18 ans,
autorisation parentale obligatoire.
- niveau avancé (correspond soit à un niveau d’études minimum
équivalent à le Licence de Biologie des Organismes et Populations, soit à une
expérience herpétologlque très importante}.
Hébergement et repas assurés sur place (en dortoir le cas échéant}.
Prix prévisionnel (stage + hébergement + repas} :
Adhérents de la S.H.F. et étudiants : 1.000 F
Non-adhérents S.H.F. : 1.200 F
S'adresser dans les meilleurs délais à Vorganisateur du stage :
Bernard LE GARFF
Laboratoire 1:l'Entomologie Fondarnentale et Appliquée
Université de RENNES I — Campus de Beaulieu
F 35042 RENNES CEDEX (FRANCE}
Tél. : 9228.61.23 ~ Secrétariat : 99.28.6150
B7


			
· société nsneêrotoeioue ` —
' DE FRANCE
Association fondée en 1971 _
agréée par le Ministre de i'Envlronnement le 23 tevrier 1978 - .
· ' · siege entier `
Université de_Peris VII, Laboratoire d'Anatomie comparée
· _ · 2 Place Jussieu — 75251 PARIS Cedex 05
' Secrétariat _
Jea.n—Marc FFIANCAZ, U.F.Fl. Sciences, B.P. 6759 ~ 45067 ORLÉANS Cedex 2
_ ` I CONSEIL ÈYADMINISTRATICN I
President : Jean LESCURE, Laboratoire Amphibiens—Reptiles. M.N.H,N. 25 rue Cuvier, 75005 PARIS
Vice-Présidents :Jeen-Pierre BARON, Eco1e_Materne1le Annexe, Rue de Jericho prolongée, 17000 LA ROCHELLE
Daniel TROMBETTA, 7 Avenue R. Schuman, 77184 EMERAINVILLE
Secretaire general :Jean—Marc FRANCAZ, U_.F.FI. Sciences, B.R 6759 - 45067 ORLÉANS Cedex 2 _ · .
I Secrétaire adjoint : Patrick DAVID, 14 Rua de la Somme - 94230 CACHAN ‘ I
Trésorier _: Bernard EMLINGER, Q rue de I'EgIlse, Sancy les Meaux, 77580 CRECY-LA-CHAPELLE E
Trésorier adjoint : Raymond OHABAUD, 17 Cité Joly. ?5_011 PARIS · . ` -
Autres membres du conseil : Jean-Marie EXBRAYAI Bernard LE GARFF, Michel LEMIRE, Christine MORRIER et _
_ . Yannick VASSE. .
Membres d'H¤nneur : Guy NAULLEALI (CEBASICNFIS, 79350 CHIZÉ} ; Gilbert MATZ (Fac. Sciences. ANGE RS) `
. ADMISSIONS I I I ·
Les admissions à la s.i—i.a Isontdécidees par le Conseil d*AdmlnistratIon sur proposition de deux membres de la
Société (al‘t.3`des Statuts). N'envoyez votre cotisation au secrétaire général qu'apres avoir reçu |'avIs dadmission du . _ `
conseil. _ . ` -` _
I Ã _ I - CDTISATIONSITQS1 I MEMBERSHIP - _ · E
`Tarlfs (France, Europe, Afrique} :' I Taux annuet I- _ Bulletin Total _ I I ·
— adhérents de moins de 20 ens - 20 ` + ' _ 50 = - B0 FHF _
- adhérents de plus de 20 ans · 60 + 60 = 120 FFIF
a— bienfaiteurs : minimum _ · = - · 200 FHF -
-— membre conjoint . I . · — I B0 FRF
I Tarila ·[An1érique.I Asia, Clcèenîal : . _ 15 + _` 15 = 30 US`$ I —
· ABONNEMENTS SUBSCRIFTIUN to SHF Bulletin · -
France, Europa, Afrique = 140 FRF
Amérique, Asie, Océanie . _ ¤ _ 35 US $
Le service de ia revue est assure aux membres à jour de leur cotisation. —
To eur members ln America, Asia or Pecilio area': 'I
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Abonnement au Bulletin de ta SHF [facultatif) . = 60 FRF '
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1; Cheque postal: à 1‘crdre_ de la SI-IF, CCP 3796-24 R Paris. _ -
2. Chèque bancaire à |'crdre de la SHF. Envol directau secrétaire général (adresse cidessus).
3. Nous rappelons que les dons ou cotisations de soutien sont les bienvenus. _ .
CI1¤ngement'd'edresse : ‘ I
. NfûTf|Bl'l_$Z.|ÃîlHB de signaler sans retard au secrétariat tout changement d'adresIse. _ _ _
· · _ · _ - eietiornëous · I
I Les péfioülquss ol:tenvs__par` la S.l7i.F.` en échange avec les autres societes (liste publiée dans le bulletin) ainsl qu‘une
- -· l2î¤Il9Ii19Fi!1§.i?I8-ïlrâsrà-pan soptregroupes au Laboratoire de Blûloglo animale, Facutté des Sciences, 2 Bld Lavoisier -
49015;   _LaS.a.rt_iclee-de oesperiodiques peuvent être consultés sur demande adressée à G. MATZ. En
_outfe;_ nouâçléüandqna auxlauteurs ctenvoyer leurs travaux récents en 2 exemplaires à cette bibliothèque.
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__ Association fondée en 1971 · `
_ - . ` egréee par le Ministre de I'Envlronnement le 23 fevrier 1978 · ` _
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· ‘ Université de Paris VII, Laboratoire cfànatomie comparée . ·
· 2 Place Jussieu`- 75251 PAFIIS Cedex 05 · . _
 
- ' · Seoràrtorlet ` ` _
. ' Jean-Marc FRANCAZ, U.F,Fl. Sciences, BP 6759 - 45067 ORLÉANS Cedex 2
__ -— Tel, : $8.41.70.94 . _
_ Teleeopie (Fox) : 3831.70.69 . ·
` · . Télex : 783388 F UNIVOFIL . .- _
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E Direoteur de la publication : R. GUYÉTANT, Unltiersite de Besançon. Faculté des Sciences — 25030 BESAUQON `
· _ Càdex _ _ . . _ ·
Responsable cle la redaction : Fl. VEFINET. Eooleislormele Supérieure, Laboratoire d'Eoologie, 46 rue d'LIIm - -75230.
_ _ PAFlIS'Cede_;r. 05 _ ` - _ .
  ' Responsable enquete de repartition (Amphibiens) : Fl. GUYÉTANT (adresse cbdessue) · E E ` .
E I. Responsable enquête de repartition [Reptiles}.: J. CASTANET, Université de Paris Vit, Laboratoire d‘Anatorr1ie
I · comparée, 2 place Jussieu - 75251 PAHlS. Cedex 05 _
Responsable de Ia_co3·n¤1|s'sîon de protection : J. LES©UHE,_Laboratoi`re.AmpI*iibie_ris-Fleptlles, Museum National
` · ` d'Histo_ire Naturelle. 25 me Cuvier- 75005 PAFIIS ` —` . _ ` _ _
E Responsable de la commission Wethnoharpetotloglo et bls·toi_re de Pharpetologie : L. BODSON, 33 rue Bois-
|'Evêque - B.4000 LIÈGE, Belgique " ‘ _- .
` _ Responsable de la commission de tarrarlophilie : P. DAVID, 14 me de la Somme-- 94230 CACHAN ·
‘ · Responsable de la circulaire rfannonces : R DAYID (adresseci-dossus)· _ E ` `
Responsable des Archives et de _Ie Bibliothèque : G. MATZ-, Université d'Angers,` Laboratoire de Biologie enimele
. 2 Bld Lavoisier - 49045 ANGERS Cedex , ·
I - Responsable section parisienne : D. TFIOMBETFA, 7Avenu_e_ FI. Schumann. ?7‘tE4 EMEFIAINVILLE ‘ .
Responsablede le photothèque SHF : _D. t-IEUCLll\l_, La Morciere - Vaux en Couhe - 88700 OOUHÉ-VÉHAC . _
Responsables du Club Junior SI-IF: Xi VASSE, 35 rue de Wattignies - 75012`PARlS E E
· - . _ _ ' E E Dessin de couverture:F. CHEVRlEFl_
. ` _ . ' ` · _ · Triturus orlsraius
. _ · . ' _ Triton Crete