ISSN 0181-0782 Bulletin de la Section Ornithologique du G.E.P.0.P. 1979 J (1-2) 1-36 SOMMAIRE Duhamel G. : Le Tadorne de Belon Tadorna tadorna, l'Huîtrier-pie Haematopus ostralegus, le Courlis cendré Numenius arguata et le Bécasseau variable Calidris alpina sur le Littoral picard. p. 1-9 Hédin J. : Stationnement du Canard chipeau Anas strepera dans le Marquenterre. p. 10-1 Royer P. : Les mouvements hivernaux des Mouettes rieuses Larus ridibundus. p. 17-19 Masson D. : Centrale Ornithologique GEPOP. Additions à la ? synthèse des observations 1977 dans la Somme. p. 20-21 T- Commecy X., Dupuich H. et Sueur F. : Centrale Ornithologique GEPOP. Additions à quelques observations de l'Aisne en 1977. p. 22 Sueur F. : Le Flamant rose Phoenicopterus ruber dans la Somme. p. 23-2u Sueur F. : Courlis cendré Numenius ar uata orientalis et Barge rousse Limosa lapponica baueri;L. l. menzbieri sur le Littoral picard. p. 25-26 Commecy X. : Fin 1978-debut 1979 : une vague de froid sur l'Europe. Observations ornithologiques dans la Somme pendant cette période. p. 27-36
G.E.P.0.P., Musée de Picardie, rue de la République 80000 Amiens Président : N. Ranson Vice-président (questions ornithologiques) : C. Delahoche Animateur de la Section Ornitho et Responsable de la Centrale GEPOP-Aisne : H. Dupuich Animateur de la Section Ornitho (par intérim) : X. Commecy Responsable de la Centrale GEPOP-0ise et Somme : P. Royer Trésorier-secrétaire de la Section Ornitho : G. Baudry Adresses des auteurs : Commecy X., 20h quai de la Somme 80000 Amiens Duhamel G., 6 rue Fizeau 75015 Paris Dupuich H., 2M rue de la Gare 02170 Le Nouvion-en-Thièrache } Hédin J., Callac hh160 Pont-Château Masson D., 18 rue Paul Eluard 80000 Amiens Royer P., 8 rue des Cordeliers 80000 Amiens f Sueur F., 16 rue Pierre de Coubertin 80800 Corbie Gérant de publication : François Sueur
- 1 - LE TADORNE DE BELON Tadorna tadorna, L'HUITRIER-PIE Haematopus ostraleggs, LE COURLIS CENDRE Numenius arguata ET LE BECASSEAU VARIABLE Calidris alpina SUR LE LITTORAL PICARD par G. Duhamel Le littoral picard est caractérisé au nord par une côte É sableuse entaillée de deux estuaires, celui de l'Authie et celui de la Somme ; au sud les galets puis les rochers font suite à ce faciès et on peut considérer que la baie de Somme constitue la É limite franche entre ces deux sortes de rivages. L'étude portera sur quatre espèces particulièrement abondantes dans le secteur littoral sans omettre les mouvements avec l'inté- rieur des terres. Les observations furent faites ces dernières années avec un effort accru sur le secteur baie d'Authie-baie de Somme. Après une description du milieu et des conditions de vie imposées aux oiseaux, une vue d'ensemble sur le stationnement et le déplacement des quatre espèces sera abordée. Cette étude n'est que préliminaire et la réunion des données de chaque observateur permettra dans l'avenir de préciser l'évo- lution de l'avifaune fréquentant le littoral picard. LE LITTORAL En partant du sud avec les hautes falaises du Tréport et d'Ault la côte prend un profil plus doux avec la ligne continue de galets qui protêge les Bas-champs jusqu'à Cayeux-sur-Mer. Le 9 cordon de galets délimite un milieu assez éprouvé ces derniers temps : le Hâble d'Ault caractérisé par un grand étang entouré de multiples autres artificiels dus à l'extraction industrielle T' des galets. Un massif de dunes poursuit jusqu'au Hourdel cette première partie de côte. Nous entrons à ce moment en baie de Somme avec ses bancs de sable au large et ses mollières nord et sud. Deux ports de pêche, Saint-Valery-sur-Somme et Le Crotoy, souffrent du colmatage incessant de la baie. Le milieu que repré- sente cette baie de Somme avec sa source de nourriture importante est privilégié pour les oiseaux d'eau tout comme les autres zones humides françaises. Cet estuaire n'est d'ailleurs pas inerte car les courants modélent son profil et quiconque a l'habitude de fréquenter ce milieu remarque des changements d'année en année. La côte nord de l'estuaire au niveau du Marquenterre en souffre le plus, témoins ces percées fréquentes des dunes-digues artifi- cielles du Marquenterre. Plus au nord nous avons le massif dunaire s'étendant de la Nouvelle Pointe au débouché de l'estuaire de l'Authie ; deux localités y sont implantées : Quend-Plage et Fort- Mahon-Plage. L'estuaire de l'Authie présente les mêmes caractéris- tiques que celui de la Somme mais en modéle plus réduit, Berck est implanté sur sa rive nord. On retrouve la slikke et le scwxre si importants pour la productivité d'un estuaire. Sur cet ensemble
- 2 - côtier nous retrouvons donc mis à part la partie plus au sud une dominance de biotopes sableux et surtout sablo-vaseux, ce dernier limité aux estuaires est de loin le plus productif. CONDITIONS DE VIE IMPOSEES AUX OISEAUX Nous diviserons en trois parties cette fois-ci le littoral en considérant tout d'abord les deux estuaires puis la côte rec- tiligne sableuse et enfin la partie du cordon de galets délimitant le Hâble. Les estuaires de la Somme et de l'Authie Dans le premier ont lieu les plus fortes concentrations d'oiseaux, ceci est dû en particulier aux bancs de sable inaccessibles à marée basse en son centre mais aussi à la création d'une réserve qui protége les zones de repos, un parc ornithologique a même été _ créé depuis dans le Marquenterre ce qui laisse aux oiseaux aux ï plus fortes marées hautes une ressource de tranquillité. La partie nord de la baie a subi les plus importantes modifications créées ` par l'activité naturelle de la mer mais aussi par celle de l'homme · avec la poldérisation progressive du débouché de la Maye. Cette zone s'ensable et de ce fait de plus en plus on voit disparaître la flore de la slikke et du schorre. Ces mollières intéressantes pour les oiseaux puisqu'en zone protégée sont amenées à régresser. La nourriture des oiseaux surtout Limicoles s'effectue sur les vasières découvertes à marée basse le long des chenaux, les Ca- nards préfêrent les petits étangs des mollières ainsi que ceux de l'intérieur. Le dérangement varie d'une période de l'amnée à l'au- tre. Pendant l'automne et l'hiver la chasse cantonne les oiseaux en réserve. En été le motonautisme peut avoir des effets néfastes sur leur tranquillité. Une source de continuel déplacement est l'envahissement progressif des motos tous terrains au nord de la baie, les avions volant trop bas sont aussi des facteurs provo- quant l'envol de bandes. Tout ceci concourt à un gros point d'in- terrogation pour l'avenir ornithologique de la baie de Somme. La baie d'Authie ne concentre pas les oiseaux comme celle de la Somme mais est intéressante à plusieurs points de vue, comme V zone de nourriture pour quelques Limicoles et pour l'intérêt que ' · lui portent les Canards surtout aux périodes de migrations. Cette zone est peu prospectée ornithologiquement parlant et c'est un , peu dommage. " La côte sableuse entre l'Authie et la Somme Comparativement aux estuaires cette zone est pauvre biologiquement et peu d'espèces la fréquentent en continu cependant c'est un lieu de passage privilégié et de nombreuses espèces assez rares y sont observées. C'est là,sur la longue plage de sable que se concentre en été l'activité touristique, celle-ci cependant ne déborde pas trop vers le sud, refuge pour les oiseaux. Il faut remarquer la dégradation des dunes proches des agglomérations par la non-fixation des oyats (glissades des enfants, motos). Le Hâble d'Ault et ses environs Le cordon de galets protégeant le Hâble d'Ault faisant suite à marée basse au sable est particulièrement fragile. L'invasion périodique par l'eau de mer détruit la flore cherchant à s'implan- ter. Les extractions continues de galets posent un problème pour l'avenir de cet endroit voyant la présence de Canards plongeurs
- 3 - en hivernage et de nombreux migrateurs aux autres périodes. Les activités nautiques sont nouvelles en ce lieu et leur pratique pourrait se dérouler hors du Hâble car des plans d'eau intérieurs existent déjà et la mer n'est pas si loin 1 Après cet aperçu sur les conditions de vie des oiseaux d'eau on peut résumer les dérangements par une activité de chasse im- portante en période d'ouverture et un facteur grandissant dû aux loisirs avec possibilités de nouveaux accès à la côte. TADORNE DE BELON Tadorna tadorna Celui-ci a fait le renom de la baie en ornithologie et pros- père d'année en année. L'effectif est important aussi bien en hivernage qu'en période de nidification (si ce n'est pendant la ; période de mue en juillet-août). L'estimation maximum est de 1600 · en hiver et le nombre de couples nicheurs doit dépasser 150 couples. Il se tient principalement en réserve mais ses mouvements sont in- ; téressants. Il niche dans des terriers de Lapin abandonnés dans les dunes du Marquenterre jusqu'au niveau de la Maye, il serait intéressant de prospecter les dunes au nord de Fort-Mahon et celles plus éloignées du nord de l'Authie et de la Canche pour voir si son implantation ne se limite pas qu'à cette partie de l'estuaire de la Somme. Une étude sur sa nidification a déjà été entreprise (Ribeau et Hédin 1975) aussi ses mouvements et sa nourriture sont à ana- lyser. Si elle n'utilise les chenaux du parc que pour le toilettage, l'espèce va chercher sa nourriture dans toute la baie de Somme ain- si que vers celles de l'Authie et de la Canche. Il lui faut tou- jours un minimum d'eau pour pouvoir manger. Les Hxdrobia (Gastéro- podes) constituent sa source d'alimentation essentielle ; ces Mollusques se trouvent d'ailleurs dans des endroits humides : ripple marks à marée basse. Nous trouvons donc le Tadorne principalement dans l'anse Bidard, près de la voie de Rue et près des chenaux en face du Crotoy (pour ce qui concerne la baie de Somme) ceci à marée basse. A marée montante le Tadorne profite de la mise en suspension par le flot des Gastéropodes pour former un front coincidant à _ l'envahissement par la mer des zones face à la pointe de Saint- ' Quentin jusqu'à l'estuaire de la Maye (banc de l'Ilette principa- lement) où la concentration des Mollusques est la plus importante. H Le dépôt de vase molle sur cette étendue recouverte d'eau peu pro- ` fonde est propice à la multiplication de ces Gastéropodes. En de- hors de cette activité de gagnage les Tadornes se répartissent dans la réserve (anse Bidard, bancs de sable du centre de la baie ...), Le Crotoy, l'Authie et parfois le Hâble d'Ault. Leur abon- dance permet de les observer à chaque sortie. Voilà donc une espèce qui profite pleinement de l'instaura- tion de la réserve puisque la plupart de ses activités y sont concentrées. HUITRIER-PIE Haematopus ostraleggs Ses effectifs sont très importants en hivernage (quelquefois plus de 5000) et quelques couples nidifient au niveau du parc du Harquenterre. Les mouvements sont nets et sont fonction de la marée, c'est à marée haute que l'on estime le mieux l'importance de la population. La nourriture s'effectue à marée basse lors du découvrement des stocks de Coques qui constituent leur proie prin- cipale. Le nombre d'hivernants sera donc plus ou moins proportion-
I - A - ' I. II llr | Légënde de! figure! l |· ÉÉÈ aire occupée à maré! baêâe (repoê, toilettage, ` nourrisqage et dispersion) I ê 'aire occupée à marée.montantë, Ã-É air| occupée à maré! hauts (vivesxeaux) ' I I É ; aire occupés à maréu hauto (morteë Idux) -4 mouvomentî à maréi baiïe -4 mouvemintê à marée montante v mollières B I Berck B% baie d'Auth%e É FM Fort-Mahon lm QP Quenq-Plage I l È NP Nouvelle Pointe 1 AB anse Bidard BI banc de l'Ilitté M Marquënterre I KI I POMI Parc Ornithologique du,Ia]quenterre ' LE Le cmwy SV Saint-Valery-sur-Somme LH Le Hourdel Br Brighton ¤ II C Cayeux-sur-Mer ' “ I HA Hâble d'ùult · â ' I I I I N I I ' ¤ IL nf ll; ' I I I _ I I 1 I I I ' | K I
- 5 - I I I I I I I — — I. II I I ' - ' I' ' II ¤ ¤ I— I II I îl VETI I I I BA II I I I I — I î I — I P ¤ ' I v - I V M NV" I /v , .. ‘ g W, _.·'I lr I " I1 r I I I Z - '~`I / / I I `. I —" I `*.____ III "`¤` ` `·; É I z I`I` -~ ‘ \ \ ” · — I V V V ll; vvvvx/I I V V V V V \J I I vvvv I uvvvvvvvuvë ' I vers V l VVVVVVVVV I É V V V ' v v v v HA Vx/VV V V v Br U \j\IV 6 V U I Uv \/VV V V VV V VII II v vvu vvv v A, S"`," V" V U V • I VVVVV I"h¢ .. I — I I I .., I É? . - · . Répartition et mouvemegts du Tadorne de Belon en baie de Somme _ I I 1 I I I I I · ' - I - ' I- I I ¤ I;I' ' I I I I I I I II I — II I I I I I II I I î I I I I I
- 6 - nel à la productivité de la baie en cette espèce commercialisable. L'Huîtier à marée haute se tient donc dans une zone de relative tranquillité située entre la Maye et l'anse Bidard en baie de Somme et tous les vols à marée montante convergent vers cet endroit venant soit du fond de la baie soit de zones plus proches comme la Maye, des bandes reviennent aussi de la baie d'Authie et des plages de sable. Dès que la mer descend les Huîtriers se dispersent vers les zones de nourrissage. Cet oiseau doit tenir compte de la pres- sion de chasse ce qui lui impose des voies pour gagner ces zones et un continuel dérangement auquel il est sensible, accentué cer- tainement par le grégarisme qui procure aux bandes d'oiseaux un réflexe d'envol à toute alerte même lointaine. Les Huîtriers-pies se tiennent que très rarement au-delà du cordon littoral et leur entrée dans les premières renclôtures du Parc n'a lieu qu'aux plus fortes marées (ceci est net en hivernage). Pour leur nourri- ture ils pénètrent facilement dans les estuaires en suivant la slikke afin de trouver les Bivalves nombreux dans ces endroits ï productifs. Il est fréquent d'en observer le long de toutes les voies d'eau sillonnant les baies mais leur quasi-absence sur la _ côte rectiligne ne s'explique que par la pauvreté de stocks de J coquillages accessibles. Leurs effectifs se stabilisent ,ils sont fonction de la richesse des deux estuaires. COURLIS CENDRE Numenius arguata Avec un maximum de 1500 individus en hivernage noté ces dernières années et seulement quelques dizaines au cours de l'été, le Courlis cendré est un des oiseaux les plus communs de la baie de Somme. Son observation est assez facile lorsqu'il se trouve concentré en une grande bande à marée haute mais les erreurs d'appréciation des effectifs peuvent intervenir avec le mélange souvent noté des Cour- lis cendrés, corlieux et des Barges surtout rousses. Cette espèce comme l'Huîtrier-pie voit son aire de tranquillité se réduire consi- dérablement à marée haute en baie de Somme où les effectifs sont les plus importants. Elle trouve refuge en une seule bande généra- lement à l'ouest du banc de l'llette. Ce sont les Limicoles les plus inquiets lors de ce parcage forcé, leur seule occupation est T alors le repos entrecoupé d'alertes. Dès que la mer se retire les Courlis se dispersent dans toute la baie et contrairement à l‘Huî- trier fréquentent plus volontiers les bas-champs pour se nourrir T (Annélides principalement pour lesquels leur bec est extraordinai- rement bien adapté). 0n les retrouve également dans le schorre des deux baies et sur les vasières le long des cours d'eau (Maye, Somme, Authie). En période de fermeture quelques individus fréquentent les champs plus à l'intérieur. 0N rencontre quelquefois des indi- vidus sur les laisses de haute mer se nourrissant d'Amphipodes Eammariens. C'est l'effectif hivernant le plus sensible au déran- gement. BECASSEAU VARIABLE Calidris alpina C'est le Limicole le plus commun dans notre région et son hiver- nage est conséquent en baie de Somme principalement (6000 souvent). Il est inféodé aux vasières des baies et accessoirement aux plages sablo-vaseuses. En fait son hivernage est lié à ses sources de nourriture : petits Polychètes variés qu'il attrappe en "vrillant" le substrat. La consommation journalière par individu doit être
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- 9 - assez considérable vu l'activité du Bécasseau variable lorsqu'il se nourrit c'est à dire presque toute la journée. On le rencontre à toute période de la marée sur les bancs découverts de la baie de Somme et en moins grand nombre en baie d'Authie mais aussi à marée basse sur la côte rectiligne ainsi qu'au sud de la baie de Somme. Le plus clair du temps est passé en quête de nourriture et le repos a lieu à pleine marée haute surtout sur les polders. C'est à marée haute que l'on voit aussi ces magnifiques vols rapides changeant continuellement de direction donnant ainsi l'impression de nuages éphéméres. Ces "nuages" rassemblent parfois plus de 2000 à 3000 oiseaux (comptages photos). On les rencontre surtout au niveau de la Nouvelle Pointe et plus en baie. A marée basse les bandes se dispersent par groupes de quelques dizaines d'individus se nourrissant sur les vasières et on se rend compte que beaucoup d'autres Limicoles se joignent à eux (Pluviers, Gravelots, Bécasseaux sanderlings, Chevaliers...). Il serait É intéressant d'analyser ces associations. Il n'est pas nécessaire de dresser une carte vu l'extrême mobilité des bandes et leur dispersion sur toutes les vasières. CONCLUSION Cette ébauche de la répartition et des mouvements de quatre espèces sur le littoral picard sera dans l'avenir complétée par la récolte de nouvelles données et surtout par la mise en commun des observations de chacun. Cela permet de se rendre compte de l'importance de certaines zones refuges sur le littoral picard et de déceler la précarité de ces milieux dans les années à venir. Si la baie de Somme en dehors de son étape pour les migrateurs devient un lieu de reproduction comme elle paraît, par les mesures de protection, en prendre le chemin, le littoral picard pourrait en bénéficier. La tranquillité des aires d'hivernage est aussi un facteur essentiel pour nos espèces européennes. Après une période critique l'avenir des oiseaux fréquentant notre littoral parait plus favorable mais le milieu est fragile et il faut être très prudent. BIBLIOGRAPHIE Association Mar uenterre-Nature Bull. ann. (197h à 1978) Collectif (1973) La baie de Somme. Ribeau E. et Hédin J. (1975) Le Tadorne de Belon Com ta e et Com ortement en Baie de Somme . Monographie d'Ecologie, 18p. + 1p. Royer P. et Sueur F. (1977) Centrale Ornithologique GEPOP. Synthèse des observations 1975. L'Avocette 1(1)1-15. Royer P. et Sueur F. (1977) Centrale Ornithologique GEPOP. Synthèse des observations 1976. L'Avocette 1(3-h)h0-60. Vignon F. (1973) La productivité biologique des estuaires. Picardie Information (11)15-2h. Yeatman L. (1976) Atlas des Oiseaux nicheurs de France. Paris (s.0.F.), 282p.
- 1Q - STATIONNEMENT DU CANARD CHIPEAU Anas strepera DANS LE MARQUENTERRE par J. Hédin L'évolution est en fait étudiée a partir de 197M, en effet aucune observation n'a été effectuée au cours de l'année 1973. EVOLUTION DES OBSERVATIONS DE JANVIER 197M A DECEMBRE 1977 A - Année 197M Ã Première apparition printanière le M mai d'un couple, rejoint le lendemain par un petit groupe composé de M mâles et 2 femelles. _ Dès le 9 un mâle adulte est observé régulièrement dans la même · mare et ceci jusqu'au 21. Aucun autre renseignement ne vient confirmer la possibilité d'une nidification spontanée. Les autres observations concernent des oiseaux en migration : 1 le 30 août, 1 mâle le 1M octobre, 1 mâle le 7 novembre, 2 mâles le 9 décembre, 1 mâle et 2 femelles le 17. Pour certains le Parc semble convenir en tant que lieu de stationnement pré-hivernal : 1 mâle du 1M au 28 octobre, 1 mâle du 3 au 17 décembre. B - Année 1975 La fréquentation hivernale ne peut être retenue faute de données : 1 les 6 janvier et 27 février.La présence printanière attestée en 197M se confirme : 1 le 1er mai et 1 couple les 5 et 26 mai. Le passage de migration prénuptiale est signalée par un voilier de 7 oiseaux se reposant dans un canal le 6 avril. Quelques données estivales confirment la tendance de l'implantation de ce Canard : 1 mâle le 26 juin, 1 mâle les 1er et 15 juillet, 1 couple le M, 2 individus le 28 août. Plus énigmatique est la présence de 17 Canards chipeaux le 21 juin et de 5 le 7 juillet. Au début de ï l'automne (fin septembre-début octobre) la migration est à nou- veau mise en évidence mais de façon plus nette : 6 le 29 septembre. _ Le 29 novembre, 10 oiseaux sont observés. De la même manière qu'en P 197M, les Chipeaux s'installent pour un stationnement préhivernal assidu (il faut préciser ici un point qui sera développé plus tard ces Canards ne fréquentent qu'exceptionnellement les laisses de basse mer ; plus encore que les Canards colverts, semble-t-il, ils sont dépendants de l'eau douce ou tout au moins saumâtre) : en effet M Chipeaux sont notés plus ou moins régulièrement jusqu'à la fin du mois de décembre. C - Année 1976 L'hivernage des Chipeaux, pour cette année, est indiscutable. Il s'accompagne d'un phénomène très net : la disparition des Canards lorsque les conditions climatiques deviennent trop défavorables. En effet absence quasi-totale du 21 janvier au 12 mars excepté les 3, 12 et 2M février, respectivement 2 individus, 1 couple et 1 individu. Le 6 avril, mouvement de remontée (18 oiseaux). Quelques Canards stationnent encore tout le mois puis disparition jusqu'en septembre. Cependant 2 à 3 sont encore observés dans des
- 11 - pannes jusqu'à la fin du mois de mai. Là non plus nous n'avons pu certifier la nidification. Les premiers arrivants en hiver- nage sont signalés vers la fin octobre. Le nombre en station- nement va régulièrement augmenter jusqu'au début décembre. Le nombre d'hivernants fluctue aux environs de 30-MO. D - Année 1977 Les Chipeaux présents jusqu'à la mi-janvier (3N le 5, 31 le 1h) disparaissent par la suite, en février quelques observations ponctuelles (15 le 8, 2 le 22). Retour des oiseaux début mars en petit nombre (M le 15, 5 le 31). Les notes de présence au prin- temps sont sporadiques, ceci confirmant la discrétion de cet Anatidé en période nuptiale. A la fin du mois de juin un groupe de Chipeaux est vu en vol, il s'agit de jeunes de l'année accom- pagnés de 2 à 3 adultes. Leur présence dans le Parc est confirmée , les 21, 23 et 26. La nidification est certifiée le 10 juillet ; ` en effet à cette date un couple est suivi de 8 jeunes non volants dans une mare du "petit parcours". · Les données estivales rares sont suivies d'une période prémigra- ` toire peu importante : pas d'observation en septembre, 1 les 1er, 6 et 2h octobre. Début novembre arrivée des premiers hivernants : 11 le 5, 16 le 18 et 26 le 2h. Maximum le 6 décembre : 75. RESUME DE L'HIVERNAGE ET DE L'ESTIVAGE CHEZ LE CHIPEAU Dans le tableau ci-après sont mentionnés les maxima mensuels. De 1973 où nous n'avons pas observé de Chipeaux à 1977 pour laquelle le maximum est de 75 individus, 1'évolution du station- nement est en nette augmentation avec les fluctuations internes (dues aux populations d'Anas strepera) et externes (dues aux conditions climatologiques entre autres : exemple la sécheresse de 1976). On peut dégager du tableau général deux évolutions parallèles : en hivernage et en estivage. Les limites des périodes dégagées ci-dessus fluctuent parfois considérablement selon les années. Sans essayer de les préciser nous allons nous attacher à T cerner les grandes tendances de l'effet attractif de la zone humide des renclôtures sur le Canard chipeau. INTERPRETATION DES RESULTATS D'HlVERNAGE En hivernage, le stationnement des Canards chipeaux est en aug- mentation sensible. Il est à noter en même temps une assiduité de plus en plus grande pour les renclôtures du Parc. Le Chipeau n'est que rarement observé le long de la côte dans les laisses de basses mers ou à marée haute (dans ce cas la présence est épisodique, due à un dérangement quelconque). Le Chipeau est en fait un canard assez peu farouche. En petit nombre (5-15) il accompagne parfois les Colverts, cependant dès que le groupe s'étoffe en quantité il se sépare de ceux-ci. Lès grosses bandes (MO-80) sont le plus souvent à l'écart des querelles du "Canard franc" ; dans ce cas quelques Sarcelles d'hiver peuvent les accompagner. Rarement observé à terre, le Chipeau passe le plus clair de son temps dans l'eau où il aime barboter à la manière des Colverts, les plumes ventrales et celles du croupion le distinguant nettement des autres canards. Le fait qu'il semble trouver toute la nourriture dont il a besoin explique certainement en partie lïaugmentation de ses effectifs en hivernage.
I I I -12 - ' ' 'lu ¤ ' 'I' |' I_—I 1 ¤ ¤ Fig, 1 - Max1ma menîue B. I F IKI K I G È 2 S J; S 23 É l' · I I " - ' -5; l 3 I =· F 3 È I'! É ‘·* I I 7-¤ I __ W1 I ï O I I 2 I H I "' - _" I 3 :¤ ··’· î ' I :.1l- I U-, vl I I I, I tn 5 I I I Z I 6 I la "'\ I I 3 Eb I -*1 II 3 É: M _ IÉ en ‘·• '. É V‘ 0 ir Z I I I •-( -“ I I I I 3 I I I 3 I È PI LI un I I I I 7 I I w I I I o I Il Z U I '·\ I È 1 ne I _ Z3 S" I Ia-? I nf
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- 14 - INTERPRETATION DES RESULTATS D'ESTIVAGE L'évolution dans le cas des estivants est beaucoup moins nette. D'une manière générale, on assiste à une évolution du comporte- ment du Chipeau correspondant à la période nuptiale. En effet, alors que la fin de l'hiver (février-mars) coincide avec une agitation des oiseaux pour la plupart accouplés, les couples deviennent très discrets en mai-juin. Ces variations du compor- tement sont communes à de nombreux Anatidés. Il est important de noter, cependant, que chez le Chipeau, ces agissements sont exacerbés. Autant les parades nuptiales sont bruyantes et les disputes entre mâles fréquentes, autant les mois de mai et juin voient une disparition complète de ces manifestations et surtout une disparition quasi-complète des effectifs. Ceci s'explique très certainement par un départ des couples vers à d'autres lieux de nidification et un repli des nicheurs locaux (encore peu nombreux) dans les "pannes" touffues du parc et _ des dunes avoisinantes où leur discrétion les abrite de nos . observations (ceci condamne donc à une sous-estimation obliga- toire des effectifs d'autant plus que nous restons très pru- dents pour le dérangement éventuel des nicheurs). Les mois où le Chipeau reste peu abondant étant incontestablement août, septembre et à un degré moindre octobre (date à laquelle les nicheurs nordiques "passent"). CALENDRIER ANNUEL MOYEN Les grandes périodes peuvent être cernées avec une certaine précision par l'examen des observations journalières. Seul le statut de Anas strepera au cours des mois de juillet, août et septembre n'a pu être précisé en raison des présences trop peu nombreuses et le plus souvent temporaires. Tout au plus pouvons nous émettre 2 hypothèses : - les nicheurs du parc (toujours en petit nombre) nous quittent très tôt (fin juin) pour débuter leur migration ; Z - les quelques observations correspondraient à des oiseaux discrets et d'autant plus méfiants qu'ils sont en mue. _
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- 17 - LES MOUVEMENTS HIVERNAUX DES MOUETTES RIEUSES Larus ridibundus par P. Royer Dès l'hiver 1976-1977, notre attention fut attirée par des passages quotidiens de Mouettes rieuses dans la soirée. Ces mouvements s'effectuaient chaque jour d'est en ouest (suivant la vallée de la Somme) et formaient des vols en V comparables à ceux des Oies, ce qui amena quelques confusions au début des É observations. L'hiver 77-78 fut l'occasion de suivre de plus près ces I mouvements pour lesquels nous avons pu noter des résultats L intéressants. Il est à remarquer que cette fois ces "migrations" n'affectaient plus seulement les Mouettes mais aussi les Goè- lands, observés plus d'une fois en compagnie des premières, et parfois en grand nombre. Dès les premières observations de 1976 nos conclusions furent que les oiseaux rejoignaient chaque soir un dortoir, que nous n'avons malheureusement pas eu l'occasion de situer, et se répan- daient le matin dans la vallée de la Somme pour subvenir à leurs besoins alimentaires. L'hiver 77-78 fut fructueux en remarques diverses concernant le comportement de ces Laridés. LES MOUVEMENTS MATINAUX Ils s'effectuent d'ouest en est et restent discrets car les oiseaux sont dispersés et ne réalisent généralement pas de formations, contrairement aux mouvements du soir. Les oiseaux ont plutôt tendance à vagabonder. Les Mouettes passent géné- V ralement à basse altitude, au-dessus des toits de la ville d'Amiens, et volent lentement sans précipitation. Une exception toutefois : un matin le ciel était dégagé, et contrairement à î` l'habitude les vols s'effectuaient en V à très haute altitude et regroupaient à chaque fois plusieurs centaines d'individus. Cette observation reste unique et vient contrarier la régle générale. LES MOUVEMENTS DU SOIR Ces passages sont intéressants à plus d'un titre. Tout d'abord les mouvements d'est en ouest commencent une heure avant le coucher du soleil, et plus l'heure avance plus les oiseaux volent rapidement. Les retardataires semblent plus pressés que les premiers oiseaux. Les passages s'arrêtent généralement dès que le soleil passe derrière l'horizon (à part quelques excep- tions). Les vols s'effectuent en V et regroupent de 1O à 250 individus, parmi lesquels on peut compter parfois des Goèlands, mais nous reviendrons sur ces derniers plus loin. Les conditions météorologiques ont une influence considérable sur ces mouvements. Vent d'ouest-sud ouest, ciel découvert Dans ces conditions, pas de problèmes, les groupes passent avec
- 18 - régularité, formant d'impeccables vols en V se dirigeant vers l'ouest. Ces conditions sont d'ailleurs les meilleures pour effectuer un recensement des individus (2500 en une soirée est un chiffré moyen). Vent de nord-ouest Les oiseaux prennent alors la direction du nord-ouest et remontent le vent. Il semble donc que les Mouettes apprécient le vent de face pour descendre la vallée de la Somme. Vent d'est ou de sud-est Les oiseaux sont gênés et volent à basse altitude. Les mouvements sont alors plus découpés et on ne remarque pas de grands regrou- pements d'individus. Les conditions les plus défavorables sont par temps couvert et , pluvieux. Lorsque le plafond est bas, les oiseaux rasent les ` toits des habitations, les groupes sont dispersés et ne comptent qu'une dizaine d'individus. La brume influence beaucoup les . Mouettes rieuses, et il nous a semblé que ces oiseaux se diri- ` ` geaient sur le soleil. En effet, lorsque les nuages sont bas, et donnent naissance à des formations brumeuses, les oiseaux tournent en rond et semblent désorientés, à la recherche d'une direction précise. Ces mouvements semblent affecter surtout des individus immatures. En effet, des observations de regroupements de Mouettes rieuses montrent qu'un tiers des individus seulement sont adultes. Le ou les dortoirs présumés à l'ouest d'Amiens n'ont pas été lo- calisés. Il n'est pas impossible que les oiseaux rejoignent la mer tous les soirs, et notamment la baie de Somme, car les vols s'effectuent à une vitesse moyenne de 50 à 60 km/h (dans de bon- nes conditions), et puisque les passages commencent une heure avant le coucher du soleil. Toutefois les étangs et marais ne manquent pas à l'ouest d'Amiens dans la vallée de la Somme, qui pourraient vraisemblablement accueillir les Laridés. A l'est nous savons que les oiseaux rejoignent un dortoir bien localisé A à Cléry-sur-Somme. A noter que les oiseaux effectuent parfois une étape avant d'atteindre le dortoir : le bassin de La Hotoie pour le dortoir ·; ouest et les étangs de Péronne pour le dortoir est sont deux de ces haltes. Ces mouvements affectent les Laridés dès le mois de novembre et jusqu'à la mi-mars. A noter que curieusement quelques groupes furent remarqués de nouveau le soir vers la fin mars (individus immatures erratiques ?). Les mouvements cessent donc en début de période de nidification. En ce qui concerne les Goèlands au tempérament plus vagabond, leur nombre varie considérablement selon les périodes. Il semble que les conditions météorologiques influencent ces derniers. Mouton (1977) signale que les périodes de pluie et de grand vent amènent des grandes bandes de Goèlands à l'inté- rieur des terres, alors qu'un vent calme et sec les fait dis- paraître. Les espèces observées sont les Goèlands cendré et argenté, les immatures sont les plus nombreux. Les Goèlands marin et brun rejoignent peut-être également les groupes de Laridés, mais nous n'avons pas d'observations certaines de ces
..19- espèces. Les Goèlands se joignent aux Mouettes rieuses pendant les passages vespèraux. Il est intéressant de constater qu'au- cune observation ne concerne les Goèlands durant l'hiver 76-77, alors qu'elles abondent en 77-78 (manque d'attention des obser- vateurs 7). L'extension de ces Laridés est rattachée à l'activité humaine (dépôts d'ordures) qui comme on le voit peut être parfois bénéfique pour l'avifaune (bien que l'expansion des Goèlands commence à poser des problèmes). CONCLUSION Ces mouvements sont particulièrement intéressants, leur étude permet d'élargir nos connaissances sur les moeurs des Laridés. Les hivers prochains seront consacrés de nouveau à cette étude, notamment à la recherche des dortoirs. 1 Nous pouvons remarquer également qu'à part quelques exceptions, nous pouvons établir des règles générales sur les mouvements de Mouettes rieuses. Quant aux Goèlands, ils n'obéissent à aucune '_ règle précise, peut-être aux conditions météorologiques qui jouent un rôle non négligeable sur leur régime alimentaire. Donc mouvements matinaux dispersés et discrets d'ouest en est, ' mouvements vespèraux d'est en ouest. Les Laridés passent régu- lièrement en formation à des heures précises. Les passages vespèraux sont donc plus organisés que les matinaux. BIBLIOGRAPHIE Mouton J. (1977) Hivernage de Laridés dans la région lilloise — Le Héron (1)h7-51.
- 2Q - CENTRALE ORNITHOLOGIQUE G.E.P.O.P. ADDITIONS A LA SYNTHESE DES OBSERVATIONS 1977 DANS LA SOM E par D. Masson GREBE HUPPE Podice s cristatus Boves 2 2 couples 12 jeunes chacun) GREBE CASTAGNEUX Podiceps ruficollis Boves 2 20 sur 80 ha à la mi-septembre. , FOU DE BASSAN Sula bassana Le Tréport-7;7Mers-les-Bains 2 passage de 110 individus en 2h30 le 30 septembre. _ GRAND CORMORAN Phalacrocorax carbo BS 2 7 le 31 juillet. BLONGIOS NAIN Ixobrxchus minutus Boves 2 2 couples pendant toute la saison de nidification, 1 juv. le 13 septembre. BUSE VARIABLE Buteo buteo POM 2 3 le 31 juillet et le 16 septembre. BUSARD DES ROSEAUX Circus aeruginosus HA 2 1 fem./imm. les 5 et 10 septembre. FOULQUE MACROULE Fulica atra Brie 2 250 le 3 octobre. Saint-Christ-Briost 2 180 le 3 octobre. 1 VANNEAU HUPPE Vanellus vanellus Vers-sur-selle 2 stationnement de 250 individus le 1h octobre. ; TOURNEPIERRE Arenaria interpres BS-POM 2 10 le 5 août. HA 2 2 le 10 septembre. CHEVALIER CULBLANC Tringa ochropus Fouencamps 2 1 le M août, 3 le 13 septembre. BECASSEAU MAUBECHE Calidris canutus BS-POM 2 100 le 18 juin. ECHASSE BLANCHE Himantopus himantopus POM 2 1 fem. et 1 imm. le 5 août. MOUETTE PYGMEE Larus minutus HA 2 1 le 12 novembre. GUIFETTE NOIRE Chlidonias niger Fouencamps 2 3 le 31 mai.
- 2] - GUIFETTE MOUSTAC Chlidonias h brida Rue : 3 imm. le 18 juin ED. Masson et P. Royer). GUILLEMOT DE TROIL Uria aalge Le Tréport-76/Mers-les-Bains : 1 le 30 septembre. PlC EPEICHETTE Dendroco os minor Noté à Vers-sur-selle îoctobre). BERGERONNETTE FLAVEOLE Mo ta ci 1 la flava flavi s s ima Fouencamps : 1 mâle le 31 mai. BERGERONNETTE DES RUISSEAUX Motacilla cinerea Boves/Fouencamps : 1 couple nicheur Z1 jeune non volant le 22 mai). î' SITELLE TORCHEPOT Sitta europaea Notée à Boves et à Saint-Valery-sur-Somme. -' BRUANT ZIZI Emberiza cirlus Amiens (Primevères; : 1 mâle le 19 décembre.
- 22 - CENTRALE ORNITHOLOGIQUE G.E.P.O.P. ADDITIONS A QUELQUES OBSERVATIONS DE L'AISNE EN 1977 Il est fait mention ici de quelques observations non signalées dans L'Avocette 1978, 2(2-3-h)65-69. X. Commecy, H. Dupuich et F. Sueur GREBE CASTAGNEUX Podiceps ruficollis _ 12 le 6 septembre à Saint-Nicolas-aux-Bois. * BUSE VARIABLE Buteo buteo T Signalée en septembre à Lagneux. · BUSE PATTUE Buteo lagopus 2 présentant tous les caractères de cette espèce le 1er sept. à Pouilly-sur-Serre (X. Commecy), date relativement précoce · mais il faut remarquer que cette espèce a été notée cette . année dans le nord de la France (Aisne, Aube, Somme...) beaucoup plus que les années précédentes. EPERVIER D'EUROPE Accigiter nisus 1 mâle le 27 mai à Dohis. MILAN ROYAL Milvus milvus 1 le 3 mars à Mont-Saint-Jean (P. Grangé), 1 les 12 et 18 à Ohis. 1 le 17 mai à Hirson. 1 le 30 août à Montcornet (X. Commecy). BUSARD SAINT-MARTIN Circus czaneus _ 1 couple nicheur à Lerzy. ' 1 fem./imm. le 5 sept. à Plomion, 1 autre le 20 nov. à Mont- Saint-Jean, 1 mâle le 26 déc. à Dohis. _ FAUCON CRECERELLE Falco tinnunculus 3 couples nicheurs dans la forêt aux environs de l'étang de Boué. Localités signalées en août : Dercy et Sissonne ; en sept. 2 Coucy-le-Château, Couvron, Remies, Saint-Nicolas-aux-Bois et Sissonne. FOULQUE MACROULE Fulica atra 150 le 6 sept. à Saint-Nicolas-aux-Bois, et non en août (L•Avocette 1978/n··2-3-ls p.66) . HUPPE FASCIEE Upupa epops 1 couple nicheur près de Marlenperche.
- 23 - LE FLAMANT ROSE Phoenicopterus ruber DANS LA SOMME par F. Sueur Mayaud (19h5) récapitule les données anciennes connues dans la Somme 2 - captures citées à Abbeville sans plus de précisions (Norguet) - 1 individu dans la vallée de la Bresle (Marcotte) - 1 individu presque adulte capturé en octobre 1899 à Cayeux- sur-Mer (collection Van Kempen) - 1 capture en janvier 1905 en baie de Somme (Petit) __ - une bande d'une vingtaine d'individus vers la mi-mars 1909 ' près du Crotoy, 2 furent capturés (Beauquesne). A l'époque il devait sans doute s'agir pour la plupart d'oiseaux _· sauvages de la sous-espèce roseus. Actuellement une certaine “ confusion régne au sujet de l'identité des individus observés dans notre région, deux sous-espèces principalement peuvent être distinguées par la coloration des articulations des pattes : roseus (originaire notamment de Camargue, les observations de cette sous-espèce peuvent se rapporter à des échappés de capti- vité mais il y a peut-être aussi des observations d'individus véritablement sauvages) aux articulations gris-bleu et chilensis (originaire d'Amérique du Sud, les individus de cette sous- espèce observés dans notre région sont des échappés de captivité) aux articulations rouges. 1 individu au printemps 1972 à Favières considéré comme roseus mâle aux couleurs très marquées (Hédouin 1973) était en réalité un chilensis (à la vision du film du même auteur). 1 individu tué au fusil en baie de Somme en décembre 1972 appartenait à la sous-espèce roseus (N. Ranson, comm. orale). 1 individu roseus est présent en juillet-août et le 5 septembre _ 1973 en baie de Somme, 2 individus (roseus et chilensis) du 29 ' septembre 1973 au 26 janvier 197h : le roseus de cette deuxième période devait être un individu différent de l'isolé de la ._ première période puisque ce dernier fut observé avec une patte ' cassée à partir du 26 août (Anonyme 1975, Degauquier et Godin 197h, Delsaut 197h, Robert 1978). 1 individu le 1er mars 1975 en baie de Somme n'a pas été déter- miné subspécifiquement (R. Delcourt, comm. orale). 1 chilensis du 30 mai au 1h juin 1975 dans le Marquenterre et en baie de Somme (il s'agit peut-être du précédent individu), 2 chilensis à partir du 15 juin, 1 roseus les rejoint en août. Ce dernier disparaît en septembre et est remplacé par 1 chilensis (sans doute celui qui était observé auparavant au Hâble d'Ault). Jusqu'au 27 septembre 1976, ces 3 Flamants du Chili peuvent être observés ; le 2h octobre, un quatrième individu peut être vu en compagnie des précédents, considéré comme roseus (Anonyme 1977a) c'est en fait un chilensis avec les articulations rouges typi- ques. 0n peut noter que les È individus différent légérement du point de vue de la taille et de l'intensité de la coloration du plumage mais ce caractère leur est commun. Ils sont observés pour la dernière fois ensemble en baie de Somme le 26 janvier 1977. Deux articles (1977a et b) donnent des dates d'arrivée erronnées, il suffit pour en être convaincu de se reporter à
- gu - un article paru auparavant dans la même revue (Anonyme 1976) dont les données correspondent à celles des groupes ornitho- logiques de la région et à celles exposées ici. Jusqu'en juillet 1977 les observations concernent 1 à 3 individus qui sont notés dans un secteur allant du Hâble d'Ault (Somme) à la baie de Canche (Pas-de-Calais), il s'agit toujours de la sous-espèce chilensis. En août, 1 individu blessé à une aile par un coup de fusil et désormais incapable de voler est amené au Parc Ornithologique du Marquenterre (N. Ranson, comm. orale). De septembre 1977 au h avril 1978, il n'y a plus en baie de Somme que 2 individus chilensis ; le 16 octobre 1977, un ruber (taille supérieure aux précédents, plumage rouge, pattes en- tièrement rouges ; originaire d'Amérique du Sud) est observé en leur compagnie (GEPOP). 1 individu chilensis est observé du 2h septembre au 2 décembre 1978 en baie de Somme et au Parc Ornithologique du Marquenterre. E OBSERVATEURS : L. Allouche, F. et G. Baudry, P. Biet, C. Bisiaux, J.L. Bourdens, E. Chacron, X. Commecy, R. Delcourt, F. Ã Dordain, R. Doudoux (P.O.M), M. Duclercq, A. et G. Duhamel, H. Dupuich, J. Hédin (P.O.M), M. Jeanson (P.O.M), V. Lefebvre, M. Mannecart (P.O.M), P. Maréchal, D. Masson, E. Mercier (M.E.P), J. Mouton (G.O.N), G. Neveu, N. Ranson, Y. Ridel (1>.0.M), T. Rigaux, J.c. Robert (Calidris), A.M. Rouvillain, P. Royer, M. et P. Sauvage (G.O.N), F. et M. Sueur, S. Thiery, B. de Wazières. BIBLIOGRAPHIE Anonyme (1975) Centrale Ornithologique du GEPOP 2 quelques observations en 1973 - Bull. Inf. Liais. GEPOP (6)18-19. Anonyme (1976) Année 1975. Résumé des observations - Ass. Marg. Nat. Bull. ann., janvier 1976, 2p. Anonyme (1977a) Année 1976. Observations particulières - Ass. Mar . Nat. Bull. ann., janvier 1977, 1-6. Anonyme â1977b) Le cas des Flamants roses - Ass. Marg. Nat., Bull. ann., janvier 1977, 1h. Degauquier R. et Godin J. (197ü) Synthèse des observations de ·> l'hiver 1973-197h - Le Héron (À)12-27. Delsaut M. (197h) Centrale Ornithologique Régionale. Synthèse des observations de l'été et de l'automne 1973. Juillet W à novembre 1973 - Le Héron (2)9-25. Hédouin J. (1973) Notre baie qui êtes à eux... ig La Baie de Somme, Saint-Valery-sur-Somme (Delattre), 95p. (5H-87). Mayaud N. (19h5) Les passages accidentels de Flamants roses Phoenicopterus ruber roseus Pallas en France - ORfO 15, 107-110. Robert J.C. (1978) Compte-rendu ornithologique de la baie de Somme. Automne<Hiver 1973-197h. Printemps/Eté 197h - Doc. Zool. 1(1 13-53.
- 25 - COURLIS CENDRE Numenius arguata orientalis ET BARGE ROUSSE Limosa lapponica baueri/L. l. menzbieri SUR LE LITTORAL PICARD par F. Sueur La vague de froid de fin décembre 1978-janvier 1979 a permis d'observer sur le Littoral picard un très grand nombre 2 d'oiseaux. Malheureusement une mortalité importante a pu être constatée notamment chez les Limicoles. Pendant cette période, plusieurs ramassages d'oiseaux morts ont été effectués par le Q Comité de Lutte contre la Marée Noire-Faculté des Sciences d'Amiens, le GEPOP et des observateurs isolés ; une grande partie de ces oiseaux a été l'objet d'analyses variées : détermination des causes de la mort, biométrie, analyses stomacales... Le 28 janvier 1979, parmi quelques Courlis cendrés trouvés morts, nous découvrons un individu dont les axillaires ne possédent chacune qu'une fine marque subterminale brunâtre, tandis que chez 30 individus examinés à la même époque celles-ci sont le plus souvent fortement marquées de brunâtre et pour un cas peu mais nettement marquées. A la dissection, cet oiseau s'avère être un mâle. Plusieurs mensurations ont été relevées : aile pliée 306mm ; queue 111,5mm ; bec 12hmm et tarse 85mm. Prater et al. (1977) considérent que la plupart des oiseaux de ` la sous-espèce arguata dont la longueur de l'aile pliée est supérieure à 300mm et celle du tarse à 80mm sont des femelles, ce qui est en contradiction avec la présente observation ; ,- tandis que ces valeurs sont respectivement de 305 et 85mm pour la sous-espèce orientalis. Dans le cas présent, nous sommes donc en présence d'un individu mâle de la sous-espèce orientalis ; originaire de l'est de l'0ural, le caractère primordial étant les axillaires très peu marquées de brun, elles sont d'ailleurs entièrement blanches chez la grande majorité des individus de cette sous-espèce. La mesure maximale de l'aile des mâles orientalis indiquée par Prater et al. (1977) doit être relevée de 1mm. Il s'agit de la première mention de cette sous—espèce en Picardie et également à notre connaissance en France. Le 11 février 1979, une Barge rousse trouvée morte avait des longueurs d'aile pliée de 233mm et de bec de 97mm (mensurations prises par X. Commecy). La longueur de l'aile est supérieure de 2mm à la mesure maximale indiquée par Prater êt al. (1977) pOur la sous-espèce lapponica (Scandinavie et ouest de l'URSS) mais correspond aux valeurs indiquées pour baueri (est de l'URSS et Alaska), toutefois les critères concernant le plumage n'ayant pas été relevés il n'est pas possible d'être affirmatif. Cet individu appartient proba- blement à la sous-espèce baueri mais il peut également s'agir de l'intermédiaire entre lapponica et baueri : menzbieri ; sans que la forme type puisse totalement être exclue. Des observations précises sur les Barges rousses trouvées mortes
- - 25 - I I. I permettront peut-Etre d'obtnnir d'indiscutables mentions du la aout-espèce baueri dans notre région. Je tiens à r§merEi'e1:I¤toute¤|¤l'!É'-peI:·8¤o1!11!1e'!qui ont participl aux ramassages d'oi5eaux mort! Et tout partâzulièremënt X. Commecy et S. Thiery pour l'!" É:·avÃil'*É`fectue -\ên'§uitë In ma comphgnie. II'. BI BLIOGRAP HIE I Prater A.J., Marchunt J.H, É! Vuorincn J. (1977) Guide to the ` =. =—· =+» —!—> —· L · Trinü 5; 0 _, 1 p, ' L ·· · · ' “ ‘· LI I I I ' I I ' I I I I ul I ' ' ¤ 1 I I l III I I É I I I I I I I I - I I I I I I I I I | KI I É II I I I F . I I ¤ —' I In ' ' ' ¤ I ' lulu I ¤ _' 'I¤ ¤ ¤ II IK I I É I I É I I I II I III -I I- I. N I I I É I I I1 Iî KN I I I I I I I I I IIII I I I I É 1 I I I I I I I I I. 1 U É II É I I - É I I I I · I Iu II I É I N É III I I É II FI I I I
- 27 - FIN 1978-DEBUT 1979 : UNE VAGUE DE FROID SUR L'EUROPE. OBSERVATIONS ORNITHOLOGIQUES DANS LA SOMME PENDANT CETTE PERIODE. Par X, Commecy Lè début de l'annéè 1979 a été marqué par une importante période de grands froids comme l'Europe n'en avait pas connu depuis plus de 15 ans (hiver 1962-1963). Comme toujours en de telles circons- tances, un très important flux d'oiseaux hivernant habituellement 'U dans les pays de l'Europe du Nord sont "descendus" vers le sud. Nous allons mettre en évidence les faits ornithologiques marquants notés pendant cette période dans la Somme puis essayer `· de montrer les rapports existant entre les températures enregis- trées et les mouvements d'oiseaux. LES FAITS ORNITHOLOGIQUES MARQUANTS Cygne sauvage Cyggus cyggus : les 3 premiers Cygnes sauvages furent notés le 1h janvier. Le 16, ce sont 13 individus qui sont observés, dont 12 ensemble dans une mare de hutte, en compagnie de 9 Cygnes tuberculés C. olor. Les derniers Cygnes sauvages vus le furent le 28 janvier. Remarquons que cette espèce n'avait pas été observée dans la région depuis l'hiver 62-63. Cygne de Bewick C. bewickii ; une seule occurence avec ce petit Cygne qui n'est qu'irrégulier dans notre région : 1 le 28 janvier au Hâble d'Ault. Les Oies furent observées pendant les mois de janvier et février en nombre plus important que les autres années (Oie des moissons Anser fabalis : max. 8h le 11 février au Crotoy ; Oie rieuse A. albifrons 2 max. 22O le 17 février à Sailly-Flibeaucourt ; ·' Oie cendrée A. anser : max. 13O le 11 février en baie de Somme ; ces chiffres concernent le stationnement). Notons qu'une Oie des moissons de la sous-espèce rossicus (sous-espèce des zones °_ arctiques sibériennes) a été trouvée morte le 11 février ainsi qu'une autre de la même sous-espèce le 1er mars ; ce qui repré- sente un trajet d'environ hOOOkm pour ces 2 individus. Selon Géroudet (1972), cette Oie n'aurait été observée que 2 fois en France, mais Cruon et Vielliard (1975) indiquent cette sous- espèce comme beaucoup plus fréquente dans notre pays depuis quelques années, du moins à l'est de notre région. Quelques Oies à bec court A. brachyrhynchus auraient été tuées pendant cette période par les chasseurs de la baie de Somme. Rappellons que cette espèce d'0ie n'atteint les côtes françaises que lors des hivers remarquablement froids. Les effectifs de Canards de surface furent extrêmement impor- tants cette année, les stationnements se faisant principalement dans la réserve de chasse de la baie de Somme. Environ 9IO Canards siffleurs Anas Beneloge, environ 2000 Canards colverts A. platyrhzgchos et environ 25OO Canards pilets A. acuta au lieu de respectivement 150 à 200, 300 à uoo et 200 à 3OO en hiver "normal". Les Canards souchets A. clypeata ont eux presque totalement quitté notre région pendant les grands
- 28 - froids. Parmi les Canards peu fréquents pour la Picardie, notons 2 3 (peut-être M) Fuligules nyrocas Axthxa nxroca le 28 janvier, 1 mâle de Harelde de Miquelon Clanggla hvemalis le 1h janvier, 1 femelle de Fuligule milouinan Axthxa marila les 18-22 février et le 1er mars. Toutes ces observations d'espèces hivernant généralement au nord de la France ont été réalisées en baie de Somme ou au Hâble d'Ault. Les Harles nous ont réservé une des plus grandes surprises de cet hiver.Des Harles piettes Mergus albellus furent observés pendant toute la période janvier-février, aussi bien dans la plaine maritime picarde (max. 13 le 23 mars) qu'à l'intérieur du départemen (max. 21 le 10 février à Cléry-sur-Somme). De même, les Hhrles bièvres Merggs merganser furent nombreux et présents dans toute la région : Amiens, Cléry-sur-Somme, Hâble d'Ault, Parc Ornithologique du Marquenterre, Péronne, Sailly- X Laurette... Max. #9 le À février à Cléry-sur-Somme. Les hivers ` précédents, ces 2 espèces n'étaient notés que de façon irrégu- lière et en petit nombre (moins de 10 individus). p 2 fois des Buses pattues Buteo lagopus furent observées : 2 ` adultes et 1 immature le 18 janvier et 1 le 11 février en baie de Somme. Ceci prouve bien l'apport oriental d'oiseaux déjà mis en évidence par Anser fabalis rossicus. Le nombre d'Huîtriers-pies Haematopus ostraleggs stationnant dans la réserve de chasse en baie de Somme a lui aussi été exceptionnel : environ 12000 le 28 janvier, soit près de À fois plus que les autres années. Un important passage de Bécasses des bois Scolopax rusticola s'est certainement produit fin décembre-début janvier en baie de Somme, comme le prouve la découverte de nombreux cadavres de cette espèce sur les plages de la côte picarde. Une Barge rousse orientale baueri ou menzbieri a été trouvée morte le 11 février ; de même un Courlis cendré de la sous- espèce orientalis l'a été le 18 janvier (Sueur 1979). Une femelle adulte de Phalarope à bec large Phalaropus fulicarius a été trouvée le 13 janvier au Crotoy. Les dernières mentions de cette espèce dans notre région remontent à 1930 (Labitte 1931). H Enfin, un rassemblement de 12 Hiboux des marais Asio flammeus a été observé le 3 janvier à l'embouchure de la Maye. LES MOUVEMENTS E Alors qu'aucun mouvement notable n'est remarqué dans les derniers jours de décembre, un passage considérable d'oiseaux de diverses espèces en vol direct vers le sud est observé les 31 décembre et 1er janvier. Si cette migration a été particulièrement remarqua- ble sur le littoral, elle a été aussi observée dans tout le département. 0bservations réalisées à Quend-Plage et Fort-Mahon par G. Duhamel et Th. Rigaux : - le 31 décembre 1978 13 Cygnes indéterminés Cxgnus sp., 180 0ies cendrées, quel- ques 0ies rieuses, 2 Bernaches cravants Branta bernicla, plus de 1000 Tadornes de Belon Tadorna tadorna, 230 Canards colverts, 750 Canards siffleurs, 7 Canards souchets,plusieurs centaines de Canards pilets, de Sarcelles d'hiver Anas crecca, de Fuligules et de Canards indéterminés, 10 Macreuses noires Melanitta nigra, 8 Harles bièvres, 9 Harles huppés Merggs serrator, 1 Faucon crécerelle Falco tinnunculus, plus de 2000 Huitriers-pies, des milliers de Vanneaux huppés
- gg - Vanellus vanellus, M Grands Gravelots Charadrius hiaticula, 18 Tournepierres Arenaria interpres, M500 Courlis cendrés Numenius arguata, 60 Barges rousses, 75 Chevaliers gambettes Tringg totanus, quelques Bécasseaux divers (B. variables Calidris alpina, B. sanderlings C. alba...), des Pipits, des Bergeronnettes, des Merles Turdus merula, des Grives, des Pinsons, plusieurs dizaines de milliers d'A1ouettes et des milliers d'Etourneaux Sturnus vulgaris. - le 1er janvier 1979 15 Cygnes indéterminés, 120 Oies cendrées, 1 Bernache nonnette Branta leucopsis, 2500 Tadornes de Belon, de très nombreux Canards colverts, environ 800 Canards siffleurs, 50 Canards pilets et 200 Sarcelles d'hiver, 15 Fuligules morillons Axthxa fuliggla, 20 Macreuses noires, 2 Garrots à oeil d'or Buce hala clan la en vol vers le nord !!!..., 1 Faucon crécerelle, environ MOO Huîtriers-pies, 1 Tourne- 3 pierre, MOO Courlis cendrés et quelques centaines de Limicoles (dont des Chevaliers gambettes, des Bécasseaux _ variables et sanderlings...), 750 Pigeons ramiers, ainsi % que des passages d'Alouettes lulus Lullula arborea, d'Alouettes des champs Alauda arvensis, de Cochevis huppés Galerida cristata, de Pipits et de Grives indéterminés, de Pinsons des arbres Fringilla coelebs, de Linottes indéter- minées et d'Etourneaux. Dans l'après-midi du 1er janvier, les passages cessent presque totalement. Un tel passage a bien entendu été déclenché par l'importante vague de grands froids venue du Nord. Cette chute des températures s'est produite dès le 27 décembre en Suède, le 28 au Danemark, dans la nuit du 28 au 29 aux Pays-Bas, le 30 en Belgique, et dans la nuit du 30 au 31 en France. Un tel front d'air froid, en gelant toute eau libre, a chassé la quasi-totalité de l'avifaune ` aquatique des pays de l'Europe du Nord. La régularité de la progression du froid vers le sud nous permet de faire une remar- que : une telle migration forcée ne semble être effectuée par les oiseaux qu'à "contre-coeur" : ainsi le passage en Picardie ne s'est produit que le 31 décembre alors que le mouvement avait " certainement commencé bien avant plus au nord (dès le 28 ou 29). Il semble donc que les migrateurs soient arrivés chez nous après une série d'étapes, s'étant posés auparavant dans des régions où " la température était plus clémente (par exemple le 29 : -1M°C à Stockholm mais +10°C à Amsterdam). Ce n'est que rattrapés par le froid que les oiseaux repartirent vers le sud et qu'ils survo- lèrent notre région. Le mois de JANVIER n'est marqué par aucun radoucissement notable, et même, 3 nouvelles petites vagues de froid se produisent les M (voir fig.MB), 15 (voir fig.MC) et 27 (voir fig.MD). Ces nouvelles invasions d'air froid seront elles aussi marquées par de faibles migrations vers le sud. La direction générale des vols est indiquée entre parenthèses. - le 5 : 30 Oies indéterminées (S) à Amiens (le M : 120 Oies cendrées (S.SE , 5 Canards colverts (S), 55 Canards pilets (S) à Amiens) - le 6 : 10 Cygnes tuberculés (SW) à Amiens - le 1M : faible passage de Grives mauvis (S) en baie de Somme - le 27 : quelques Oies indéterminées (SE) à Amiens - le 28 : 70 Oies des moissons (SW) au Crotoy, 6 Oies cendrées (S) et 10 Vanneaux huppés (SW) en baie de Somme.
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ç 0 - 31 - 0 0 0 ' . Fig. 1 - Copunhuèuo ` ` ` g 0 0 WT 0 0 0 I 0 0\ 0 I [ \/xr ~x 0 0 \0i/V 0 -5 0 0 0 I 0 0 0 \/È 1 0 0 I I 0 I 0 j I_ 0 0 0 4 nlç `I zç 31 1 10 45* 20 [2f 3! 00 00 0 I Fig. 2 — Amsterdam 0 0 00 0 I _ 0 0 ‘ 0 I I I rw/—0\\/_ x I / I \ · \ —s _ I / I W / \I I / 0 I 0000 \ I 0 [ .
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- 33 - La faible ampleur des migrations observées après le 1er janvier montre bien que la majorité des oiseaux de l'Europe septentri- onale étaient "descendus" avec la première vague de froid. Le mois de FEVRIER a connu des températures bien plus variées que le mois de janvier et cela s'est traduit par des déplace- ments variés des oiseaux. L'analyse des différentes courbes de températures nous permet de diviser ce mois de février en 7 périodes. Si les écarts de températures ont été peu sensibles dans notre région, les courbes thermiques des autres pays nous permettent ce découpage et expliquent les mouvements observés. Du 1er au 3, période caractérisée par un réchauffement notable. A cette époque, les mares et étangs de la région ont commencé à dégeler (fig.8P1). X Du 3 au 6, nouveau refroidissement (fig.8P2). Du 7 au 10, légére période de réchauffement (fig.8P3). Du 10 au 12, période de refroidissement qui s'il n'a été que Q peu sensible dans notre région, a été très net plus au nord (voir fig.5) où à cette époque, Stockholm enregistrait des températures de -20°C (fig.8PM). Les 13 et 1M, un léger réchauffement se fait sentir dans le nord de la France,mais à cette époque, une nouvelle vague de froid sévissait plus au nord (fig.8P5). Du 1M au 20, nouvelle phase de refroidissement assez importante (r1g.8P6). Du 20 à la fin du mois, réchauffement général et fin de la vague de froid 1978-1979 (fig.8P7). Les mouvements observés vont montrer combien les oiseaux "suivent" de très près les températures. 1ère période Le 2, 17 Oies cendrées (N) à Péronne ; 2M Sarcelles d'hiver (NW) à Estrées-Mons ; 350 Canards colverts ainsi que des passages de 250 Pigeons ramiers (N) et de quelques Harles piettes (N). 2eme période H Le 3, 5 Oies indéterminées (E.SE) à Amiens et 6 Canards indé- terminés (S). Le M, 16 Oies cendrées (SE) à Flixecourt. .· Qème période Aucune observation pendant cette période. Mème période Le 10, MO Canards colverts (S) à Cléry-sur-Somme ; 50 Oies cendrées (S) et plus d'un millier de Vanneaux huppés (S) en 1 heure en baie de Somme. Le 11, M6 Vanneaux huppés (S) et 5 Grèbes huppés (S) en baie de Somme. 5ème période Aucune observation pendant cette période. 6ème période Le 1 , 200 Oies rieuses (sw) à Corbie et passage d'Oies indé- terminées (SE) à Amiens. Le 15, passage d'Oies des moissons (sw) à Corbie. Zème période Le 21, passage d'Oies des moissons (N) et d'0ies cendrées (W) à Corbie. Le 22, passage d'Oies cendrées (NE) à Corbie. Le 23, 17 Oies rieuses (N) en baie de Somme et passage d'Oies indéterminées (N) à Amiens.
5, ni — · I II ' ‘ Fig. 3 - Copanhïgun‘ \ · ··.:'· ·;. 2../Ãy' ' . O I I II1 I -1 I VI g \ ¤¤I¤ ¤ I-. ul É" " I \ I / I \I I- I `ç I KI I I I ‘ \ I I PI - - Ill II I I I II .9: I I '- / ' ' ' _ · · _ . Q ' ' T . .5 I I III 1; ' 5 ' 70 -1î 20 II. lâ' 9-I. I'. . - .· .· | ·|"I···|:·I ¤ _ ¤ ¤I¤ lu ' ' ¤I' Ilî III I I Fig. 6 - AI|¤¤t|rqgm I _ I I - I »~ . ·. · ·. - .··' ·..' I I ' lu . -.=I.· W I I I. I m _ .. _ - .' · r ç - . . . ·.·- · .·: *’ H - - ~r#4= __ I II I I r II - I- 0 I I ll·I -17 'I _ I I L I I KI 'I' +II 1 I I-Il -- I I<I I':-III :. ._` I. -5 IH III il - II I I I- I-fu ·¤ ï _ II; 1 In' 'I- " I ¤' I I. _l0 I I J I I-- I -'- I I J _ -II¤¤ ¤' ' I' 5 F0 *6 le 2,0 Z? $8*
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- 35 - Le 25, 1 Bernache nonnette (N) et 11 Oies rieuses (N) en baie de Somme. La grande sensibilité des oiseaux et leur grande mobilité expliquent tous les mouvements observés en février, mouvements qui au premier abord semblaient bien anarchiques, les passages se faisant d'un jour à l'autre selon des directions opposées, et seule une analyse des courbes de températures a pu nous montrer la raison de telles migrations et rétromigrations. Mais tout ceci paraît bien trop simple et les oiseaux n'étant pas des machines, quelques hiatus se sont produits : par ex- emple, le 15 février, en pleine phase de refroidissement, plusieurs passages d'Oies furent observés en vol vers le nord ou l'ouest alors qu'à cette époque (P5) tous les autres vols se faisaient vers le sud. â L'observation de Grands Gravelots et de Tournepierres au pas- P sage les 31 décembre et 1er janvier alors que ces 2 espèces ‘ sont généralement absentes de nos régions en hiver et à plus forte raison des pays plus septentrionaux (ils se trouvent alors bien plus au sud pour éviter les rigueurs de l'hiver), peut nous laisser penser qu'un certain nombre d'individus certainement isolés ou en petits groupes, restent en hiver en Europe septentrionale et ne sont généralement pas remarqués. Seules des circonstances exceptionnelles comme celles que nous avons connues en début d•année 79 Permettent de mettre en évi- dence un tel hivernage. Les différentes observations qui ont permis de réaliser ce présent article sont de X. Commecy, Ph. Dubois (G.O.P.), M. Duclercq, G. Duhamel, H. Dupuich, O. Hernandez, E. Mercier, G. Neveu, R. Paxton, Th. Rigaux, P. Rossignol, A.M. Rouvillain, F., M. et P. Sueur, P., Ph. et S. Thiery, P. Triplet. BIBLIOGRAPHIE Cruon R. et Vielliard J. (1975) Notes d'ornithologie française '° XI - Alauda h3(1)1-21. Géroudet P. (1972) Les Palmipèdes - Neuchâtel (Delachaux et ,2 Niestlé), 2ème éd., 28üp. Labitte A. (1931) Captures de Phalaropes dentelés Phalaropus fulicarius (L.) - ORfO 1, 101-102. Sueur F. (1979) Courlis cendré Numenius ar uata orientalis et Barge rousse Limosa la onica baueri7L. 1. menzbieri sur le Littoral picard - L'Avocette 3(1-2)25-2ë. Les données climatiques ont été extraites du bulletin météoro- Ilogique du journal Le Monde du 28 décembre 1978 au 3 mars 1979.