199© - 14 (2) 9-43*91 ‘
. ISSN O/8/-0782
<x î 9 .
"`~$w?“ÈJ(22! L
ILZÃXW/(ÉD@E Il Il E
au SS9.._,_S 6o··’ ,¢» — —»9»S · S‘"S
E. MERCIER et xj COMMECY : Statuts du Petit pingouin (Alca
· torda) et du Guillemot de Troïl (Uria aalge) au large
de la Picardie. (évolution depuis 23 ans d'aprés les
données de ramassage d‘oiseaux morts)
p. 43 - 56
F. SUEUR : L'avifaune aquatique indicatrice de l'évolution
de l'estuaire de la Somme.
: p. 57 — 63
F. SUEUR : Régime alimentaire du Goéland argenté (Larus
argentatus) sur le littoral picard.
_ p. 64 - 73
F. SUEUR, J.B. MOURONVAL et D. VANDROMME : Deux limicoles
orientaux dans le Marquenterre : le Limnodrome asia-
tique (Limnodromus semipalmatus), nouvelle espèce en
Europe occidentale, et la Bargette de Terek (Xenus
cinereus), première mention picarde du 20ème siècle.
W jp. 7·1` - 77 j
V. BAWEDIN et C. LOUVET : Utilisation par la Sitelle tor-
chepot (Sitta europaea) d'une cavité de nidification
€\l'lOI.'mûlCmCl1t basse.
., P- 78
I F. SUEUR et X. COMMECY : Déplacement inhabituel d'un
Cygne tuberculé (Cygnus olor) -
· Centrale -· ~ 79 _ BO
Orn/tho/og/que P `
Picarde Z
T. RIGAUX : Stationnements hivernaux d'oiseaux d'cau.
43, Chen')/In de Coppte rendu du recencement B.I.R·O.E. Organisé
/78/âgé à la mi-Janvier 1990 en Picardie. ··
80000 Amiens P- Q1 · 89
L. GAVORY : Données récentes de Cétacés sur le littoral
picard h W
p.-90 - '91
1
L
CENTRALE ORNITHOLOGIQUE PICARDE (C.O.P.) y
M
Salle polyvalente de l'Ile aux fagots
I
43, chemin de Halage i
80000 Amiens
Conseil d'administration pour 1990
Président : F. SUEUR
Trésorier : X. COMMECY
Secrétaire: L. GAVORY
Membres : B. COUVREUR et A. ROUGE
L'AV©CETTE Rédacteur en chef : X. COMMECY
Réalisation technique de ce numéro : X. COMMECY, L. GAVORY
E. MERCIER et F. SUEUR
Adresses des auteurs
V.i AMEDIN : 8 rue Philippe d'Auxy 80000 Amiens
X. COMMECY : 4 Place Godailler Decaix GENTELLES 80380 Villers Bretonneux
L. GAVORY : 29 rue Catherine de Lice 80000 Amiens
C. LOUVET : 449 route d'Abbeville 80000 Amiens
E. MERCIER : 30 rue des Flandres 25000 Besançon
J.B. MOURONVALLE : 3 rue d'Amiens 80680 St Fuscicn
T. RIGAUX : 36 rue Montcalm 80000 Amiens '
F. SUEUR : LeB out des crocs sa Quentin en Tourmont 80120 Rue
D. VANDROMME: P.O.M. St Quentin en Tourmont 80120 Rue
4 3 ·
Statut du
Petit pingouin (A/ca mroia) et
du Guillemot de tro°ll ( (ha aa47e=)
au large dela Picardie.
gévolutlon depuls 23 ans
I ·
d apr s les données de ramassage
d'oiseaux morts)
par Eric MERCIER et Xavier COMMECY
A) INTRODUCTION
Depuis 1967 le G.E.P.©.P organise sur la côte Picarde des ramassages d'oiseaux morts. Au total
et a la date du 31/8/1989 (soit sur 23 années), 11 273 cadavres ont été retrouvés sur 30 km de côte, au
cours de plus de cent ramassages (115). Les causes de mortalité sont diverses mais surtout
anthropiques. Toutes espèces confondues la chasse et la pollution par les hydrocarbures expliquent, a
parts sensiblement égales, 81 % de la mortalité des oiseaux retrouvés morts (lesquels sont à 80 % des
oiseaux légalement protégés). Une analyse complète des résultats de ces ramassages est publiée dans
COMMECY et MERCIER (1986).
Sur l'ensemble des oiseaux, près de 37 % d'entre-eux sont desalcidés; il s'agit essentiellement
de Petits pingouins (A/ca mraè) et de Guillemots de troll (Lhà aalçe ) (respectivement 1478 et 2672
cadavres). Les autres alcidés (Macareux /Cïa/ercu/a arcüba et Mergule nain AM? Me) ne sont présents
qu'en proportion tout à fait négligeable. Les alcidés sont d'observation difficile a partir de la côte et il faut
bien avouer que les quelques observations qui sont réalisées chaque année ne nous permettent pas de
nous faire une idée précise de leur statut en Picardie; il était donc tentant d'utiliser les ramassages
comme indicateur de leur présence dans nos eaux.
Au cours des années nous avons constaté, intuitivement, que les proportions relatives de Petits
pingouins et de Guillemots trouvés morts se modifiaient; le Petit pingouin devenant comparativement de
plus en plus rare. Cette constatation est-elle fondée? Si oui, est-elle représentative d'un phénomène
général de baisse des effectifs de Petits pingouins?. Dans ce qui va suivre, nous nous proposons donc
de montrer la réalité du phénomène et nous tenterons une discution sur l'origine de celui-ci. Nous
essayerons également d'exploiter les ramassages pour préciser les dates de passage et I ou de
presence dans nos eaux. Dans un premier temps nous exposerons les donnees connues sur les causes
de mortalité des alcidés en Picardie.
B) LA REPRESENTATIVITE DES RAMASSAGES
Si l'on veut utiliser les ramassages pour étudier le statut des alcidés, on doit supposer que pour
une période donnée.la quantité de cadavre trouvée est liée aux effectifs présents en mer. Le problème
44
qui se pose alors est de savoir si la methode des ramassages introduit un, ou des biais dans les
résultats, ce qui détruiralf leur représentativité. A cette question aucune réponse définitive et générale
ne peut être apportée, néanmoins, nous pensons que dans le cas qui nous intéresse on peut supposer,
au prix de quelques précautions, que les ramassages offrent une image indirecte des effectifs d’alcidès (
ce qui à déjà été montré pour un autre oiseau de mer : le Fulmar (/—'u//narus g’ac/àûls ); MERCIER 1986).
Nos différents arguments seront développés au fur et à mesure que nous proposerons des résultats
dont on envisagera systématiquement la fiabilité. Disons simplement a ce stade de l'exposé que plus
d'une centaine de ramassage ont été effectués au cours des 23 années considérées Ces ramassages
sont répartis de façon relativement homogène au cours des années, par contre on note une plus faible
densité de ramassage au cours des mois d'été (particulièrement lors des dernières années) mais cela
ne semble avoir que peu d'importance car les ramassages effectués pendant cette période montrent
que le nombre d'oiseaux trouvés (et particulièrement d'alcidés) est très faible. Le résultat final n' est
donc que très peu affecté par cette sous-représentation estivale.
C) LA MORTALITE DES ALCIDES
Mort Causes anthropiques ramenêes ô 100%
· nombre naturelle (échantillona e d'a r·ès Commec et Mercier 1986)
Chasse H drocarbures
Guillemot de Troîl 2672 4% 2% 98%
Petit in ouin 1478 5% 8% 92%
Fig. 1: Cause de mortalité des alcidés ramassés (d'aprés Commecy et Mercier 1986,
mis 8 iour)
il 83 XII 76-l 77
B4 ¢ xii 14-115
L/ il-inv:
. //lv-v 67
@@8 F
"°‘°°°°“ .·»=' .. .... E """’°
__.É;.;:§:§:§:§:î:î:î5:î:ï:î·î·ï+ï‘ ï‘· '
.·.·.--=.
.·.· ;··i ïëÉ·Èîè’É·§ É·"É=.
_._. , ;:_;i·,§:`,2E.i;§2â¤.§2%;ë=ë=.i.·.§2
î L .
ëaïzjj ' _.'iî;î-Qëîaiziaïaïi§iî&§€;:î_.;>,.î·.-;
www
#$-*4* 3 ----. K
Fig. 2: Contribution des huit principales périodes de pollution marine par hyùocarbure
gu total des alcidés rnmassés (d'après Cnmmecy et Mercier 1986, mis A jour en 1989)
Le tableau de la figure 1 illustre les causes de mortalité pour les différentes espèces dalcidés. On
constate une sur-contribution très sensible des hydocarbures par rapport à ce que |'on constate sur
l'ensemble des oiseaux ; ceci est logique au vu du mode de vie essentiellement marin des alcidés (au
45
moins au large de nos côtes qu‘i|s ne fréquentent qu'en migation) Ce mode de vie peu propice aux
observations directes, présente par contre l'avantage dépargner A ces oiseaux protégés un contact
trop fréquent avec les chasseurs picards Les 3,5 % d'a|cidés plombés trouvés en ramassage montrent
néanmoins que cet isolement n'est, hélas, pas absolu.
La répartition de la découverte des alcidés au cours des 23 années de ramassage n'est pas
homogène et nous avons montré (COMMECY et MERCIER 1986) qu'en 1986, 80 % de la totalité des
alcidés trouvés mort l'avait été en 19 mois regoupés en 8 périodes d'un ou deux mois chacune (Fig 2;
données actualisées en 1989, actuellement ces 19 mois n'explique plus que 7O 96 des découvertes
d'alcidés morts). Ce fait illustre la part trésimportante des "accidents" pétroliers dans la mortalité des
alcidés (et des autres oiseaux pélagiques). ll est à souligné que ces prétendus accidents ont eu lieu en
dehors des gands naufrages connus du public (Fig. 3) et qui ont eu peu d'impact en Picardie. lls s'agit
néanmoins d'événements majeurs, mais restés secrets, touchant des pétroliers ou des plate-formes de
forage .
Ces quelques périodes, catastrophiques pour notre avifaune ne doivent pas masquer l'existence
du pollution chronique due aux dégazages, toujours pratiqués, et qui se marquent par le fait qu'à
chaque ramassage, on constate la présence d'oiseaux dont l'autopsie, ou la simple observation
indique une mort imputable au pétrole.
à É e
É ·ë 5 È
1 cv .°
E § ts É 5 É
Y V7 Y Y V
67 @@70 71 72 73 74 75 76 77 78 @@@@@@@ B7 es @
·œ» o o ··m=· e ·l¤ e +
Fig 3 .Position dans le temps des huit principaux mazoutages (croix) enregistré eur le
littoral picard par la mortalité des alcidés (voir fig. 2) et comparaison avec les
échouages de pétroliers dans Ia Manche ( d'aprés Commecy et Mercier 1986).
D) EVOLUTION DES EFFECTIFS DEPUIS 1967
3) EEEEC [lE§ QLQEAUX
Toutes especes d'oiseaux confondues, il n'est pas possible de dégager une tendance nette sur
l'évolution des résultats des ramassages depuis 1967 . Une étude de tendance (Fig2 4) montre une
légère augmentation mais avec un coefficient de corrélation extrêmement mauvais (R ···0,008). En fait
cette légère tendance à l'augmentation est provoquée par les très gos ramassages de 1981 et 1984
(gos mazoutages) .Par contre il est remarquable de constater que les alcidés représentent en moyenne
toujours la même proportion des effectifs d'oiseaux morts; comme le montre la doite de tendance de la
Fig. 5 qui est tout à fait horizontale.
46
2000 00
B
n
m
60
B1 ¤ .«
m
m
H
1000 40 “' m
m
m ¤ E)
E
¤ ¤
.1 ¤ EI
0 H .. ., ¤ 20 °
¤ ia
m ¤ 0
N ¤
m m mm Iitma m ¤
O ' 0 m
‘ 970 1 900 1 990 1 970 1 980 1 990
FIG 4 2 Evolution du nombre d'oiseaux trouvés morts en ramassage.
FIG 5. Evolution du pourcentage d'a|cidès par rapport au nombre d'oiseaux trouvés
morts.
100
90 E m 100
m
E D Il
80 H 90 m
m B D
80 “
70 ia *0 E
sa ¤ 70 ni
60 m N Il · ' m
AI N D I ¤ m m
' m un
’° ., ·=·.. ··· 50 ‘ ... .
m U ¤¤
40 40
1 970 1 980 1990 1970 1 980 1990
FIG 6: Aiustement lineaire du pourcentage de Guillemots par rapport au nombre
d'a|cidés.
FIG 7: Aiustement polynomalo (onto 3) du pourcentage de Guillemots par rapport au
nombre d'a|cid6s.
él';
]) EBEQLQENQE BELAIIVE QQILLEMQTSI PETITS PINGQQINS
Si le pourcentage des alcidés considérés ensemble est globalement constant, il apparait que la
contribution des deux especes principales a fortement varié. La fig, 6 montre qu'en 1967, les Guillemots
représentaient 50 % des alcidés alors que maintenant, ils en représentent en moyenne 80 % (la
corrélation est assez faible. R2-0,354 ; mais la tendance est tres nette et tout à fait significative. Notons
que la meilleure corrélation (Fl2=0,463) a été trouvée avec une courbe polynomale d‘orde 3 (Fig. 7); la
tendance indiquée est alors une baisse des Guillemots iusqu'en 1970, puis une augmentation
importante iusqu'en 1986 et enfin une nouvelle baisse. Mais il n'est pas sûr que l'inversion de tendance
au cours des deux derniéres années soit significative et durable; en tout état de cause, la tendance
générale est la même.
Si l'on analyse les choses de façon plus fine en s'at1achant cette fois ci non plus à la tendance
générale mais aux variations années par années, on constate, notamment sur le gaphique
logarithmique de la fig 8, que la parité entre Guillemots et Petits pingouins ne disparait qu'a partir de
1976. En d'autres termes, ce n'est qu'a cette date que les courbes représentant les effectifs des deux
espèces se séparent.
ll s'agit là d'un résultat très surprenant pour lequel il conviendait de trouver une explication; ce
que nous allons tenter de faire aux paragaphes F et G . Mais avant cela il semble nécessaire de
confirmer ce résultat par une étude statistique la plus objective possible.
0)
L.
‘° • Petits pin ouins
E Q
2 I Guillemots
'§II.'J§I. Jîîiîîfliïiiîîff 'îffiiîîifiîiîiiiIJJIIIIJ 'IIIJ§ISiIIJI.'IIiIII§.'§$.';J.'.`.`.'J.'. .`IJ§JJJ.‘lI.'.'.'.`II;'J.'§$J$I.§.'§.'.`.'.`., _. `.'§JIiI.'IJ§S$iIIIiIIII `JII.'.'IJ. JJJIIJI.,
....... ( ........ g ....... . ...... E ........ _ ........ _ ........ l ........ ( ........ ........ ( ........ ....... ........ ..... .. .... ........ ........ X ........ ........ f ........ i
·.
······· ······!·····.··§···.... ...1........â........!·...·.·!..·...·.ë ...·· È ... ng. ·...§........? .....§..... in .. x........â..:. .·§····.··· ······ù,a•G z ······É
....... . ...... T ........ . ..... T ...... ï ........ î ........ . ...... E ....... ........ . ..... .. .. ........ ..... ...... . ..... ....
5EE3EEEEl333E}E3i‘3}EEEEEz}?EEEëfliEEEEEEHEEEEEEEEEEEEEE"}E}EEîîiE333EESiE3EEEEEÈEEEEEEEÈEEEEEEEEEEEEEEEEÈEEEEEEEEEEEEE:.’ÃEEEE}Si?}EEEEEÈEEEEEEEÈEEEEEEEE‘¥3E}È3:.;E}E}33§‘3E}EEE3l
........ ....... È ........ ........ ( ....... ï ........ l ........ . ...... i ........ ........ ........ ........ ........ ........ ....... . ..... t ........ i ........ i ........ i ........ É ........ . ...... 5
1 · = : . (
1967 1978 1975 1980 1985 1989
FIG 8: Evolution du nombre comparé de Guillemots et de petits Pingouins (échelle
logarithmique).
Pour cela nous avons réalisé une analyse factorielle des correspondance (A.F.C.) sur
l'ensemble des données de ramassage d'alcidés (programme Anaconda du M.l.S. Besançon). La
définition stricte d'un tel traitement demande des connaissance statistiques de haut niveau. Mais comme
ce type de traitement est souvent utilisé en ornithologie, il nous_ semble intéressant d'essayer_ d‘en
expliquer le but en ”langage clair" (ce qui suppose un nombre certain de raccourci et _d'approximations).
On peut donc tenter de définir ce traitement mathématique complexe en disant qu‘il a pour but de
48
représenter par des points, les lignes et les colonnes dun tableau de données. Ces points sont places
dans un espace A trois dimensions Le position de ceux-ci est calculée de façon A ce que soient
regroupées les images des lignes et des colonnes qui 'évoluent" de la même façon A l'intérieur rit
tableau. Dans notre étude nous avons rentré un tableau ayant la structure schématisée A la figure 9
JanvG Janv PP Janv T Fév G Fév PP Fév T etc...
1968
1970
·
1989 .
Fig 9: Structure du tableau etudie en A.F.C.( Petit pingouin-PP; quillemot-G. T-Total
elcides)
2 3
D ..
I ‘ · _ T, U. I
u -· l ¤
I - ._ .' ~· 1
I g- •. ¤ ·· [ . .
· ' '°` ¤ :' " ·¤ 1
' I '•‘ · F I- _ · I
. "‘· `É" ¤ I 2 _
* PP. ¤ `
¤i" ._ U
l .I · ~ .
. u 3 ·
I ' U
I ¤ 19 7-1975
' '_ ¤ "‘ 1976-1989
ll I
I Ã jl
. 2
l -·'~ U ïl , ' "
• D
D ·
Fig 10 Projection sur les plans 1-2, 1-3 et 2-3 des résultats de l'A.F.C.
49
Pour interpréter et comprendre le sens de la représentation finale, il faut se souvent qu'un espace
a trois dmensions est défini par trois axes (Ax1. Ax2, et Axa). Uordnateur fourni donc, pour représenter
cet espace, trois plansdéfinis chacun par deux axes (Plan 1-2; Plan 2-3, et Plan 1-3). Sur ces trois plans
apparaissent le protection de tous les points caractérisant une ligne ou une colonne.
· On obtient donc finalement trois gaphiques qu'll faut étudier ensemble. On peut tout dabord
envisager la position des colonnes. Dans le cas qui nous intéresse cela ne présente guerre d‘intérét
dans la mesure où, comme il fallait s'y attende, plus deux mois sont proches sur le calertdier plus ils
sont proches sur la représentation de notre espace é trois dimensions. Ainsi, par exemple, dans le plan
1-2, les points représentant les mois de Janvier et Février sont concentrés sur la gauche du gaphique,
les mois dautornne sont au centre et les autres mois se concentrent à la d'oite du quart doit-supérieur .
Cette constatation constitue néanmoins un résultat intéressant qui prouve que les résultats obtenus sont
significatifs l L'étude de la position des lignes présente plus d'intérèt car elle correspond l'évolution des
effectifs au cours des années.
Sur les trois proiections de l'espace fournies par l’0rdinateur (fig 1O a,b et c) nous n'avons donc
retenu que les représentations des années; de plus, nous avons différentié deux classes: avant 1975 et
aprés 1976.
On constate (Fig. 10 ) que les deux classes se matérialisent dans l’espace à trois dimensions
comme deux nuages indépendants. Le premier ( 1967-1975) est un nuage lenticulaire parallèle au
plan 1-2 dont le centre de gavité est fortement éloigné du centre; le deuxième (1976-1969), possède
une forme gossièrement similaire mais il est lui parallèle au plan 1-3 et son centre de gavité n'est que
peu éloigné du centre.L'existence de deux nuages indépendants et présentant des caractéristiques
différentes est tout à fait significative. ll existe donc bien une différence importante entre les deux
périodes envisagées. Cette constatation confirme |'hypothèse qui a été faites précédemment, à savoir
que I'année 1976 constitue une rupture dans la répartition relative des Guillemots et des Petits
pingouins trouvés en ramassage...
Reste maintenant à tenter de trouver, pour cette évolution, une explication ou tout du moins une
hypothèse de travail qui pourrait servir de base a des travaux ultérieurs.
E) EVOLUTION DU CYCLE ANNUEL.
* .
3590 Pt Ping. tes?-1915 -———~——~——>
Bufllem. 1967-1975
30,00 \\ ¢
25,00 ,,**..-0
20,00 '//:4 D
15,00 * /
..·—·-··P
10.00 PtPinq.t976-1989 I
Bufllem. 1976-1989
><¤/"D U
glgn .
J F M A M J J A S O N D
Fig 11: Evolution mois par mois du pourcentage cfalcidés trouvé en ramassage pour
deux périodes (1967-1975 et 1976-1989)
50
La répartition des découvertes de cadavre d’a|cidée au coure de |'ennée ne peut pas noue
apprencte gand chose sur leur cycle de présence au large de nos côtes, car l'importance des effectifs
mensuels est essentiellement fonction des causes de mortalité (climat, chasse, nourriture...) et de la
pression de ramassage qui sont irrégulières au cours de l'année Pour pallier à cet inconvénient, nous
avons tenté d'_annuIer ce biaisage en calculant la proportion de chaque espèce par rapport à l'ensemble
des autres oiseaux trouvés pour chaque mois de I'année. De plus, et suite à ce qui à été dit
précédemment, nous avons envisagé la situation sur les deux périodes 1967-1975 et 1976-1989. Le
graphique ainsi constitué apparait a la figure 11.
Pour la période 1967-1975, on constate l'absence d'estivage et l'existence de deux pics que l'on
peut attribuer a des mouvements migatoires. Le pic du printemps est commun aux deux espèces; celui
de l'automne décalé est un mois plus tardif pour le guillemot. Ce pattern de présence dans la Manche
est tout a fait cohérent avec ce qui est donné dans la bibliographie et cela confirme une nouvelle fois la
représentativité de nos résultats et nos traitements mathématiques.
Comme l‘on pouvait s'y attendre au vu des résultats précédents, pour la période 1976-1989, on
trouve une baisse substantielle des pourcentages de Petits Pingouins . Cette baisse est particulièrement
spectaculaire en automne où, par rapport A la période précédente, il semble que les Petits pingouins
aient quasi complètement déserté la Manche. Cette disparition automnale se retrouve également, et de
façon surprenante, chez les Guillemots. Pour cette dernière espèce le déficit automnale est compensé
par une augmentation sensible de la présence en Janvier et Février .
Nous avons vu que si l'on envisageait à l'échelle des années, la réduction de la proportion de
Petits pingouins, il semblait qu'une rupture importante avait eu lieu vers 1976. On vient de voir (1) que
cette réduction n'affectait pas les populations de chaque mois de l'année de façon homogène, et (2)
qu'une modification était également sensible chez les Guillemots. Nous allons donc étudier les
variations interannuelles selon les mois de l'année (fig. 12 et 13).
45,00
40,00 l Q
:45,00 A _ ‘
50,00 _ [ _ ` E _
25»00 i'(=.2ij ‘
: · ·: çi lay ‘ r
20,00 il _ ¢i'=lë;:Q l · 5 ill
ëiëi :,éila`â i i . i- E, 'I
"—‘·°° yrlill 22; ·lâl alii; i rr ( ll lg.;
îîëâiîiill llillih ëllgî , il;. lltl
‘·EîE‘:?·È¤i ‘ ’ÉE§' .l . l ill "
5,00 i|.iê_î§; l· iiliÉiiiiiif·i
|=· il &=· '1= 2·l*ë==z âi':l i·z= .. lîirël lllr lil '= i·=
0'00 iii 1. .l 1 ·iill «.I:l.¤É' il,·I···l zi-; l:!i-l~z:|x··l il'
0 F M A M 0 0 A s 0 N 0
Fig 12 Pour chaque mois, évolution de 1967 à 1989 du pourcentage cumulé de
Guillemots trouvé en ramassage
Du fait dune relative rareté des résultats mensuels (115 ramassages pour 276 mols) nous avons
choisi de travailler en pourcentage cumulés. Ainsi. par exemple, pour Mars 1981, le pourcentage
donnée est celui tenant compte de tous les ramassages de Mars des années 1967 à 1981 inclus. Ceci à
pour conséquence de rende moins significatif les pics qui n'intéressent que les trois ou quatre
premières années . Ainsi pour le guillemot (fig. 12), nous ne retiendont pas les pics de Mars, Avril, Mai ,
si
Juin ou Décembre qui en début de gaphique, ne sont pas significatifs (d‘autant plus que ces années la
dimportants mazoutages ont provoqué une suweprésentation des alcidés. voir fig.5). Par contre, les
augmentations brutales à mi-gaphique (c'est à dire milieu des années 1970) de Janvier et Février, et
les diminutions au niveau des mêmes années en Octobre et Novembre sont très significatives Elles
démontrent la brutalité des changements mis en évidence à la figure 11 et leur localisation vers les
années 1975-1976. Pour les Petits pingouins (Fig. 13) les mêmes remarques et les mêmes conclusions
sont valables. lci c'est surtout l'écroulement des pourcentages en Octobre qui est significatif.
On retienda donc qu‘une modification importante et brutale a eu lieu au milieu des années 1970
dans la fréquence relative des deux espèces d'alcidés dans les eaux côtières picardes. Le Petit
pingouin est devenu plus rare essentiellement du fait d'une quasi disparition en automne. Le Guillemot
semble avoir subi le même phénomène mais celui ci est compensé par une augmentation de fréquence
en Janvier et Février, ce qui masque les variations si l'on réalise des bilans annuels ou interannuels (fig
8).
35,00
2,0,00
25,00 i
i. . ilil
2°·°° D . r ·iÃii"il’i·i J Éîll
,000 :2; agit i, É‘·ïl"i‘i =î,i·l,_l‘ï*îl îlii
’ I £E· gw) · ii ll ·l=iil-(ill) -
l· :=‘ E · ·.· i`·‘i¤'.·.’· " '
10,00 ’ .‘ zigl', , l'.l··: ;l ··‘·;‘¥" ‘l·"i t F" l
, l aa; i lil M il l..lill‘l. iliil. ëlll, . “ l t
. :21*1211 · iiii·=i.¤rl:•:i · wi ëiiiii · i
'5·°° , g aw. l 5, ( M (.aat ë«i·i.;··’~i2il.;.i · . lil. ëiiiil 1 ( ·
;=··· i-; Il`ë;:'lli"Lr|itl” . -=··¤l1]* ·.··· il'll~l...·‘t 1 . '
000 l I l ewiil .ll I ll11l1Étl..i,i:'ll-.·= i·. ,.. ill! il lei llizil .l: ezîlelll i '
J F M ~ A M J A s 0 M 0
Fig. 13 Pour chaque mois, évolution de 1967 à 1909 du pourcentage cumulé de Petits
pingouins trouvés en ramassage
F) UNE HYPOTHESEI L'EVOLUTION DE L‘0RIGINE DES ALCIDES
Si les phénomènes évoqués précédemment ont pu être mis en évidence et confirmés par des
outils mathématiques; en ce qui concerne les explications de ces variations, nous ne pouvons que
proposer des hypothèses et des axes de travail.
Une des suppositions que l'on peut faire pour expliquer les phénomènes en question, serait de
considérer qu‘une modification de l'importance quantitative et de la localisation des populations
reproductrices a induit des modifications dans les trajets migatoires. Nous allons donc tenter de voir,
par des données de baguage, dans quelle mesure l'origine des alcidés trouvés sur nos côtes a évolué
depuis 1967.
De façon à disposer d‘un nombre suffisant de données de reprise de bague, nous avons choisi
d'étudier toutes les reprises sur les côtes françaises de la Manche orientale (départements 59, 62, 80,
76, 14. et 50 ) 103 Petits pingouins et 94 Guillemots bagues ont été repris. lls proviennent
respectivement de 20 et 33 colonies différentes, essentiellement britanniques. Cette origine est illustrée
par les figures 14, 15 et 16.
On constate que les alcidés bagues trouvé morts en Manche Orientale ont une origine très
méridionale. En effet si l'on compare les cartes 15 et 16 avec la carte illustrant la répartition et de taille
des colonies d‘alcidés britannique (fig 14), On constate un très net décalage matérialisé ici par une sous
6 2
représentation des colonies écossaises Celles-ci représentent en ettet 59 $6 des Petits pingouins et 79
% des Guillemots des îles britanniques (situation en 1969-1970 Cram et ¤| 1974). II est possible que
cette sous représentation soit due à un biaisage provoqué par une ciittérence de pression de bagage
dans les différentes régions des îles britaniques Mais cela semble bien improbable dans les
proportions constatées ici.
•'- ..'
tf ’;`
• V A 6U°N
% 5?°t~1
54°N
-! °
• 5g 51 °N
• Q, 62
Bl).
T6
« su 1*
3°w 4°W n• °E
FIG 14 Localisation schématique des principales colonies d'alcidés dans les Iles
britanniques (orùe de çandeur: grand cercle >10 000 couples, petits cercles < 1 000
couples, cercles moyens: colonies intermédiaires).
53
Petlts Plngoulns ÉU
+1 en Norvège Q GU|||0m0lS DOD
Owl- +1 en Suède É
OO +1 en Norvège
4- +5 en Allemagne O¢*
AS" un OH
*°' g"?
B D U lg,
[E, 10 un 'l
[1 ·x-
lïl ·1· 5
n ki
lil
D D
"‘ D
lJ
·1·
11** J
ir
*—¤
I
Cl
Q 1:1
l
U
I >2n1na. ¢//—-/d Q 1
ir un wma. lll 50 U
'!' 4 Ã 9 lhll. 76
[] titlind. • >2Il ind. D
·k inamnu. — .1. 50 14
' -!· 4 à 9 ind.
B°W 4°W l] tûülnd.
8°w 4°W 0•
FlG 15 Localisation des colonies d'origine des Petits pingouins bagues repris en
Manche orientale.
FIG 16 Localisation des colonies d'origine des Guillemots bagues repris en Manche
orientale.
Pour la Manche orientale nous avons comparé le barycentre (ou centre de gavité) des colonies
dorigine des alcidés repris. Deux classes sont distinguées en fonction de la date de la reprise. Ces
resultats sont données à la figure 17. On constate une nette remontée vers le Nord de l‘origine moyenne
54
des oiseaux repris et celà, pour les deux espèces. Si l'on s'interesse au phénomène à l‘échelle de
chaque département français riverain la Manche orientale (fi 18 et 19) on constate une evolution
allant touiours dans le même sens ce qui démontre la réalité du phénomène. Mais là encore, on peut se
demander s'il ne s'aglt pas de l'ef1et d'un biaisage du à une évolution de la pression de bagage A titre
d'hypothèse de travail, supposons que ce ne soit pas le cas, on peut tenter alors d'y voir la preuve d'une
diminution, soit absolue, soit relative, de la taille des colonies les plus méridionales des deux
espèces (diminution absolue si les effectifs méridionaux diminuent ; relative si ceux-ci restent stables
mais que ce sont les effectifs septentrionaux qui augmentent) .
I Guill.
54°N
P.P.
) • 'I
B°W 4°W 0° °E
Fig 17: Comparaison du barycentre des colonies d'origine des Petits pingouins et des
Guillemots bagues repris en Manche orientale (carré=reprise ]usqu'en 1975; étoiIe=
reprise après 1976)
Géroudet (1959) , Dif (1982) et Pasquet (1986) considèrent qu'en automne, la maiorité des alcidés
ne s'éloignent guère de leur colonie et ce n'est que plus tard en hiver que certains d'entre eux débutent
une véritable migation. Dans se contexte, on pourrait expliquer la baisse de fréquentation de la Manche
orientale en automne (fig. 11) par une baisse absoluede la taille des colonies les plus méridionales,
de la même façon, l'augmentation de la frequence des Guillemots a la fin de l'hiver, sur le chemin du
retour, c0n'espond'ait à une augmentations des effectifs des colonies d'Ecosse. Cette hypothèse est
compatible avec les conclusions tirées des figures 18 et 19.
Mais, selon l'étude de Pasquet (1986) il semblerait que les effectifs méridionaux des deux
espèces ne baissent pas mais au contraire restent relativement stables tandis qu'au Nord on assiste à
une progession sensible des populations ( 5 à 8 96 pour le guillemot); on ne voit pas donc pourquoi la
fréquentation automnale baisse en Manche orientale. De plus, si l'hypothèse est bonne, on devrait
s'attend'e à trouver un lien entre l'origine des oiseaux et la période de l'année où ils ont été trouvés
mort (Fig 20). Pour le Petit pingouin, les oiseaux trouvés en automne sont effectivement les plus
méridionaux. Pour le guillemot c'est le contraire que l'on constate: les oiseaux de l'automne sont plus
septentrionaux que ceux de l'été... On ne peut donc pas dire que se sont préférentiellement les
Guillemots d‘orIgIne mérldlonale qul fréquentent les eaux de la Manche orientale en automne.
L'hypothèse avancée pour expliquer le baisse conjointe de deux espèces d'alcidés en manche
orientale pendant l'automne n'est donc pas tout-à-fait satisfaisante; nous allons donc tenter d'en
esquisser une autre.
55 `·
50-62 I "
re 80 M/* ,
5.. **5 .. xy ,
,,,9 . 5s—s2‘ °°
È rs X
L
8°W 4°W · A
B°W 4°W û°
Fig 18: Comparaison du barycentre des colonies d'origine des Petits pingouins bagués
repris dans les différents départements de Manche orientale (carré=reprise iusqu'en
1975; étoi|e= reprise après 1976)
FiG 19: Comparaison du barycentre des colonies d'origine des Guillemots nagues repris
dans les différents départements de Manche orientale (carré=reprise iusqu'en 1975;
étoile== reprise à partir de 1976)
Petits in ouins Guillemots
¤ X` Y' n X` Y' rt
Janv 5,9 53,8 21 1,7 55,6 19
Février 4,8 54,4 34 3,3 56,0 33
.Mars 5,6 52,9 13 3,8 54,2 8
Avril Mai Juin 5,5 54,0 14 4,7 54,0 11
Juil. Août Se t. n.s. n.s. 2 n.s. n.s. 2
ct. cv. 5,9 52,4 10 3,51 56,6 8
Décembre 6,2 52,8 8 3,91 55,9 13
Fig 20: Barycentre (en coordonnée X' Y') de l'origine des alcidés bagues trouvés morts
en Manche orientale selon les mois de leur découverte (n étant l'effectif concerné).
56
G) UNE SECONDE HYPOTHESE: LE CONTROLE ECOLOGIQUE
La seconde hypothèse que nous avancerons pour tenter dexpliquer les modifications de statut
mises en évidence, est d'envisager une modification des capacités écologiques d'acceuil des alcidés
dans nos eaux (température,teneur en plancton, pollution...). On serait donc amener à considérer que la
zone de fréquentation automnale s'est simplement déplacée. Une telle explication a souvent été
évoquée pour expliquer les modifications observées depuis le début du siècle dans la zone de
fréquentation des Fulmars . Il est remarquable de constater que ce n'est que depuis le début des
années 1970 que cette espèce fréquente abondament nos cotes ( MERCIER 1986). Ceci tendait à
prouver que c'est effectivement vers cette époque qu'à eu lieu en Manche orientale l'amorce des
modifications écologiques qui ont permis le début de sa fréquentation. De là a dire que sont sont ces
mêmes modifications qui Ont eu comme second effet la modification du statut des alcidés, il n'y a qu’un
pas que nous nous abstiendons de franchir en l'absence d'autres éléments.
H) CONCLUSIONS
Il ressort de cet exposé qu'une évolution de la fréquentation des alcidés a eu lieu vers le milieu des
années 1970 dans les eaux de la Manche orientale et particulièrement au large de la côte picarde.
Actuellement les alcidés sont surtout présents de Décembre A Juin. Mais cette situation ne date que
des environs de l'année 1976, date à laquelle nos eaux ont été désertées en automne par les deux
espèces, alors que la fréquentation des Guillemots au printemps a augmenté. Cette évolution se traduit
globalement par une plus gande rareté relative des Petits pingouins dans un contexte de stabilité de la
contribution des alcidés aux ramassages.
D'aprés les données de baguage (mais pour lesquelles nous ne sommes pas sûr, hélas, qu'il
n'existe pas un biais), il semble que cette modification du statut des alcidés au large de nos côtes ne
puisse pas être expliquée entierement par une modification de la répartition géographique des colonies
de reproduction d'où proviennent les alcidés passant au large de nos côtes . En l'absence dautres
éléments nous sommes donc obligé de supposer que le facteur déterminant est une modification des
capacités écologiques d'accueil dans nos eaux. Cette hypothèse poséde de plus l'avantage de pouvoir
mieux expliquer la brutalité des modifications mises en évidence (effet de seuil...). Elle n'est pourtant
pas prouvée et demanderait à être étayée serieusement pas de nombreux arguments pluridisciplinaires.
BIBLIOGRAPHIE
COMMECY X. et MERCIER E. ( 1986); La mortalité des oiseaux de la Baie de Somme et de la côte
picarde. LE COURRIER DE LA NATURE n' 106, p. 12-19.
CRAMP S., BOURNE W.R.P. et SAUDERS D. (1974); The seabirds of Britain and Ireland. Collins ed
288 p.
DIF G. (1982); Les oiseaux de mer d‘Europe. Arthaud éd , 445 p.
GEROUDET P. (1959); Les palmipèdes. Delachaux et Niestlé éds: 284p.
MERCIER E. (1986); Le Fulmar (Fumarus glacialis) migateur sur le littoral Picard: identification
infraspécifique et essai de calenùier. L'AVOCETTE 10 (2-3-4), p.61-72.
PASOUET E. (1986); Démogaphie des alcidés: analyse critique et application aux populations
françaises (suite et fin). L'OlSEAU ET R.O.F., V.56, n‘2, p. 113-170.
5 7 ;
L'AVIFAUNE AQUATIQUE INDICATRICE DE L’EVOLUTION
DE L'ESTUAIRE DE LA SOMME
par François SUEUR `
INTRODUCTION .
Un accroissement à long terme des populations aviennes H
estuariennes peut apparaître comme une bonne indication de
la qualité du milieu (HARRISON et GRANT 1976, Mc KAY et i
coll. 1978) mais peut traduire au contraire des i
perturbations importantes de ce dernier, notamment des
pollutions, comme l'ont montré les travaux de PLAYER Ã
(1971), POUNDER (1974 et 1976), CAMPBELL (1978) et VAN IMPE 1
(1985). Aussi avons—nous cherché à mettre en évidence des
variations d`effectifs chez plusieurs espèces de Limicoles
très régulièrement recensées en baie de Somme, au moins
pendant leurs périodes majeures de migration, depuis la É
décennie 70. Nous avons également étudié l’évolution des
effectifs de la Bernache cravant Branta bernicla bernicla
en mars lors de la migration prénuptiale ainsi que la
diversité de Shannon des peuplements de Limicoles en mai,
de Laridae et de Larinae en août.
RESULTATS ET DISCUSSION
Les effectifs de Bernaches cravants (Noir figure) dans
l’estuaire de la Somme montrent une tendance à
l'augmentation (r = 0,5147 ; n = 15 ; significatif au seuil
de 5 %) si nous considérons les maxima enregistrés pendant
les mois de mars de 1974 a 1988 (intensité maximale de la
migration prénuptiale dans les premiers jours de mars).
Cette croissance des effectifs traduit un accroissement de
la surface des "mollières" mais également un développement
d'Algues (U1va lactuca et Enteromorpha sp.) lié aux apports
en nitrates et phosphates agricoles des rivières, la
Bernache cravant étant une espèce exclusivement
végétarienne. Toutefois, il faut remarquer que pendant la
même période, les effectifs de Bernache cravant hivernant
en Europe, et notamment en France, se sont très nettement
accrus. Cette évolution amplifie donc la croissance des
effectifs observée en baie de Somme.
58
Evamimn e§fec:üt`s cia mrs ne
Tableau [ - Moyennes (x) et maxima (Mx) des effectifs de
Limicoles dans l’estuaire de la Somme pendant
les périodes 1971-79 et 1980 84 et taux
d‘accroissement (Tx A) entre ces deux périodes.
Espèces Pic 71 — 79 ' 80 - 84 Tx A
x Mx x Mx x Mx
Huîtrier H. ostralegus octobre 3000 4500 4042 5260 1.3 1,2
Pluv. arg. P1. squataroja février 398 1000 163 500 0.4 0.5
octobre 445 1000 369 500 0.8 0,5
Grd Grav. Ch. hiaticula mars 1000 2500 198 350 0.2 0.1
août 640 1200 1150 1800 1.8 1.5
C. cendré N. arquata mars 820 1200 754 950 0.9 0.8
Barge rousse L. Iapponica avril-mai - 3000 514 1000 » 0,3
septembre — 400 68 95 - 0,2
Ch. gambette T. totanus mai 234 300 981 2600 4,2 8,7
août 89 120 586 1850 6.6 15.4
Avocette R. avosetta mars—avril — 120 251 380 — 3.2
______,____ ______î____,__ _..._...·-—--—-··
59
De l‘analyse des variations d’effectifs de Limicoles,
il ressort qu‘une seule espèce (Tableau I), le Chevalier
gambette Trïnga totanus, a vu ses effectifs croître de
manière spectaculaire entre 1971-79 et 1980-84 (taux
d'accroissement, Tx A = 4,2 à 15,4). Cette augmentation
très nette est très probablement à mettre en relation avec
le développement dans l’estuaire des Annélides, qui _
constituent ses proies principales avec le Crustacé
Amphipode Corophîum volutator (GOSS-CUSTARD 1977a et b),
comme Nereis dïversicolor mais surtout des espèces
traduisant par leur nombre d‘importantes perturbations de
l`estuaire (Pygospîo elegans, Heteromastus filïformîs et
Capitella capitata).
Cette interprétation est partiellement confortée par
l‘accroissement des populations d’autres oiseaux se
nourrissant d‘une forte proportion d’Annélides tels que
l’Avocette Recurvirostra avosetta (Tx A = 3,2), mais il I
faut remarquer que la colonie de cette espèce au Parc
Ornithologique du Marquenterre ne cesse de croître de 1975
(année d‘installation) à 1983 (SUEUR 1984 et 1985). et le
Grand Gravelot Charadrius hiaticula en août (Tx A = 1,5 à
1,8). Cet oiseau montre toutefois une tendance inverse en
mars (Tx A = 0,1 à 0,2), époque pendant laquelle il semble
se nourrir davantage de petits Crustacés (probablement
Corophium sp., Bathyporeîa sp. et Eurydice pulchra).
Trois oiseaux à régime alimentaire très éclectique
(Crustacés, Mollusques et Annélides notamment) mais
comportant le plus souvent une forte proportion d’un
Annélide relativement exigeant quant à la qualité du milieu
Arenicola marina montrent une tendance à la diminution. Il
s‘agit du Pluvier argenté Pluvialis squatarola (Tx A = 0,4
à 0,8), du Courlis cendré Numenius arquata (Tx A = 0,8 à
0,9) et de la Barge rousse Limosa lapponica (TX A = 0,2 à
0.3).
La légère tendance à l‘augmentation de l‘Huîtrier pie
Haematopus ostralegus (Tx A = 1,2 à 1,3) est beaucoup plus
délicate à interpréter dans la mesure où, si son régime se
compose d‘une part importante de Coques Cerastoderma edule,
bivalve dont les populations ont fortement chuté dans
l‘estuaire de la Somme, cet oiseau est capable de le
modifier et de s'orienter en partie vers d’autres proies
comme la Macome baltique Macoma balthica et N. diversicolor
(SUEUR 1986a et b). De plus, cette tendance n’est pas
retrouvée pour les stationnements hivernaux (décembre à
février) aux effectifs souvent supérieurs à ceux d‘octobre,
période migratoire objet de la présente analyse.
En conclusion, augmentation ou diminution d'effectifs
d'oiseaux peuvent constituer le résultat d‘une amélioration
ou d‘une détérioration des conditions du milieu d'accueil
comme l’ont montré diverses études (PLAYER 1971, POUNDER
1974 et 1976, HARRISON et GRANT 1976, CAMPBELL 1978, Mc KAY
et coll. 1978, VAN IMPE 1985). Le Chevalier gambette
apparaît donc comme un oiseau dont une forte croissance des
60
effectifs en période migratoire peut traduire des
perturbations estuariennes. Il s‘observe d‘ailleurs en
grand nombre à cette époque sur des milieux perturbés tels
des bassins de décantation fortement pollués. Par contre,
dans les mêmes circonstances, les effectifs du Pluvier
argenté, du Courlis cendré et de la Barge rousse montrent
une décroissance, particulièrement nette pour cette
dernière espèce tandis que les résultats concernant
l’Huîtrier pie, le Grand Gravelot et l‘Avocette possèdent
une signification moins évidente qui ne peut s‘éclairer
qu`à la lumière des connaissances obtenues localement.
notamment sur les effectifs et les variations saisonnières
du régime alimentaire, mais aussi sur l`ensemble de l'aire
de reproduction des oiseaux transitant par la baie de Somme
(fluctuations annuelles des effectifs nicheurs et succès de
la reproduction), Nos résultats ne concordent pas avec ceux
de VAN IMPE (1985) qui a observé dans la région du Delta
(Pays—Bas et Belgique) après une grave pollution un
accroissement pour 10 espèces de Laro—Limicoles dont les 7
que nous avons analysé. Ces différences sont probablement
liées a des variations locales du régime alimentaire des
Limicoles : une proie prédominante dans un estuaire pouvant
jouer un rôle mineur dans un autre (CRAMP et SIMMONS 1983).
Etant donné les difficultés d‘interprétation soulevées
par les variations d’abondances spécifiques, nous avons
tenté une approche plus globale grâce à l‘indice de
diversité de Shannon. Pour les peuplements aviens de
l`estuaire de la Somme, tout comme précédemment. nous avons
considéré uniquement les mois correspondant a des pics
migratoires très nets, cette phase du cycle annuel jouant
un rôle majeur dans la biologie de ces espèces. Nous avons
retenu le mois de mai pour le passage prénuptial des
Limicole et celui d‘août pour les Larîdae. Les données
ayant permis le calcul de ces indices de Shannon sont
extraites des synthèses de COMMECY et coll. (1982, 1983,
1984, 1985 et 1986). Nous y avons adjoint des observations
inédites. '
Après une croissance de l’ordre de 10 % entre 1980 et
1981 de l'indice de diversité de Shannon pour le peuplement
de Limicoles, celui—ci régressé jusqu‘en 1984. Il est
probable que cette diminution de la diversité traduit des
perturbations au niveau des peuplements d‘organismes
benthiques qui constituent la majeure partie des régimes
alimentaires des différentes espèces de Limicoles tels
qu’ils sont connus dans de nombreux pays d'Europe (CRAMP et
SIMMONS 1983) ou sur le site même de la baie de Somme
(SUEUH 1986a et b). Cette hypothèse est confortée par le
fait que c‘est en 1981 qu‘a commencé à se faire ressentir
au niveau de l'exploitation du gisement une régression
importante des populations de Coques Cerastoderma edule.
évolution en partie masquée par une surexploitation
(DESCHAMPS 1986).
61
Tableau II — Evolution de la diversité de Shannon des
peuplements de Limicoles (mai), de
Laridae et de Larînae (août) dans
l’estuaire de la Somme.
Limicoles Laridae Larînae
1980 3,040 1.628 1,107 _
1981 3,370 2,079 1,754
1982 2,977 1,578 1,238
1983 2,873 1,686 1,462
1984 2,385 2,156 2,114
u
Ce schéma d`évolution de la diversité n`est pas
retrouvé au niveau du peuplement de Laridae. Une des
explications possibles peut être fournie par les grandes
différences de régimes alimentaires entre les espèces
fréquentant l’estuaire au sein des deux sous—familles : `
organismes benthiques et poissons pour les Larinae,
poissons et insectes pour les Sterninae. Aussi avons—nous
porté notre analyse ultérieurement sur la premiére des
sous—familles. La diversité fluctue dans le même sens que
celle de l’ensemble des Larïdae. Il faut voir là
l’influence de la trés grande abondance et de la plasticité
de certaines des espèces composant cette sous—famille,
certaines pouvant s‘alimenter en nombre dans les cultures
et les prés (Goéland cendré Larus canus et Mouette rieuse
L. ridîbundus) ou dans d’autres milieux anthropiques tels
que les décharges contrôlées (Goéland argenté L. argentatus
et Mouette rieuse) ou les agglomérations (cette derniére
espece). (
La diversité du peuplement de Limicoles peut donc
traduire l’état de santé du milieu estuarien. Par contre,
du fait de la plasticité de certaines espèces qui composent
la famille des Larïdae ou la sous—famille des Larînae, la
diversité de ces groupes taxonomiques n’apporte pas de
renseignements de ce type.
BIBLIOGRAPHIE
Campbell L.H. (1978) Patterns of distribution and behaviour
of flocks of seaducks wintering at Leith and
Musselburgh. Scotland — Biol. Oonserv. 14 : 111-124.
Commecy X., Gavory L., Rigaux T. et Sueur F. (1985)
Synthèse des observations 1983 dans la Somme —
L'AV0cette 9 : 143-186.
($2
Commecy X., Gavory L. et Sueur F. (1986) Synthèse des
observations ornithologiques réalisées dans la Somme
en 1984. Centrale Ornithologique Picarde - L'Av0cette
10 : 113-177.
Commecy X., Hernandez O. et Rigaux T. (1982) Centrale
Ornithologique GEPOP ; synthèse des observations 1980
dans la Somme - L'Avocette 6 : 40-99.
Commecy X., Rigaux T. et Sueur F. (1983) Synthèse des
observations 1981 dans la Somme - L'Avocette 7 : 89-
192.
Commecy X., Rigaux T. et Sueur F. (1984) Synthèse des
observations 1982 dans la Somme - L'Av0cette 8 : 49-
122.
Cramp S. et Simmons K.E.L. (1983) Yhe Birds of the Western
Palearctic, Vol. III - Oxford, London, New York
(Oxford University Press), 913 p.
Deschamps D. (1986) Le contexte socio-economique de la
crise de Ia pêche à pied en baie de Somme de 1980 à
1985 - IFREMER, Conseil Régional Picardie. 41 p.
Goss—Custard J.D. (1977a) Predator responses and prev
mortality in Redshank, Tringa totanus (L,). and a
preferred prey, Corophium volutator (Pallas) - J.
Anim. Eco1.#46 : 21-35.
Goss—Custard J.D. (1977b) Responses of Redshank. Tringa
totanus, to the absolute and relative densities of
the two prey species — J. Anim. Eco]. 46 z 867-874.
Harrison J. et Grant P. (1976) The Thames Transformed -
London (Andre Deutsch).
Mc Kay D.W.. Taylor W.K. et Henderson A.R. (1978) The
recovery of the polluted Clyde — Proc. Roy. Soc.
Edinburgh 76B : 135-152.
Player P.V. (1971) Food and feeding habits of the common
eider at Seafield, Edinburgh. in winter - Wildfowl 22
: 100-106.
Pounder B. (1974) Wildfowl and pollution in the Tay Fstuary
— Mar. Poll. Bu]1. 4 : 35-38.
Pounder B. (1976) Waterfowl at effluent discharges in
Scottish coastal waters - Soot. Birds 9 : 5-32.
Sueur F. (1984) Quelques données sur la reproduction de
1'Avocette (Recurvirostra avosetta) dans le
Marquenterre (Somme) — ORfO 54 : 131-136.
Sueur F. (1985) L’avifaune du Parc en 1984 — Ass. Marq.
Nat., Bull. ann. 4-18.
Sueur F. (1986a) Conchyliculture et prédation sur le
littoral picard — IFREMER. Conseil Régional Picardie,
Université Picardie. 40 p.
Sueur F. (1986b) Prédation avienne sur les Bivalves .
synthèse des connaissances. Goélands argentés et
mytiliculture. moyens de protection ·— Saint—Valery—
sur—Somme (Ministère Environnement. DRAE Picardie.
CPIE Côte Picarde. GEMEL). 44 p.
'¤
63 ]
Van lmpe J. (1985) Estuarine pollution as a probable cause
of increase of estuarine birds · Mar. P011. Bull. 16
: 27l~276. I
I
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier Mademoiselle Sylvie Meyer pour
l’illustrati0n de cet article.
Texte rédigé en 1986, légèrement modifié en 1990
I-'r __ ca J W I lu _ ‘ I-If I ll
· "V ` J —·" ; , W, -··· _
_ _, I .· 2;; l ,._. h I; I
“ · - 9 f@£ëTîÃ][/9Ã
' ·'
fbx]! F É'- ME`- il R- L I `
iti · e R )i‘<lë«~iM t*lt
" 1 —' .2.<= '''·— '··`¤‘=î·<î" ‘''`2 _ ,_;.:.. --'
-ü?;î!§®;* l·!LJ·É»`® *§M’M
·` -..· :.·=_ -·‘‘ ·=·=·— ·
àl! `·';`,;É'·É· Lâïs·‘;:`··-¤"·U"î9?ï' · · . .
,' 2
E 4
REGIME ALIMENTAIRE DU GOELAND ARGENTE
Larus argentatus SUR LE LITTORAL PICARD
par François SUEUR
INTRODUCTION
Si de nombreuses études ont été consacrées au régime
alimentaire du Goéland argenté Larus argentatus à
l’étranger : Grande—Bretagne (HARRIS 1965, VERBEEK 1977,
MUDGE et FERNS 1982, SIBLY et Mc CLEERY 1983). Pays—Bas
(SPAANS 1971. TINBERGEN 1975), Suède (GOTMARK 1984). etc 2
en France, cet aspect semble avoir été négligé en dehors
des travaux ayant pour cadre la protection d’activités
conchylicoles (BRIEN 1975, SUEUR 1985b. 1986b et c. 1987)
ou de brèves indications (SAlNT—GIRONS et MARTIN 1973,
TRIPLET 1981 et 1987, SUEUR et TRIPLET 1982. SUEUR 1985a et
1986a). Le présent travail constitue une synthèse des
données publiées et inédites sur cette question au niveau
du littoral picard (Somme).
MATERIEL ET METHODES
Pour étudier le régime alimentaire du Goéland argenté
sur le littoral picard, nous avons utilisé essentiellement
deux méthodes : '
-- les analyses de pelotes de réjection et autres restes
alimentaires, technique, qui, employée seule, sous-
estime l’importance des proies ne possédant pas de
parties dures (GOSS—CUSTARD et JONES ]976)·
— l‘observation directe qui élimine certains biais sous
réserve de connaître les ressources alimentaires des
sites où se nourrissent les oiseaux.
Une description des différents sites étudiés peut être
consultée dans le travail de COMMECY et SUEUR (1983).
REGIME ALIMENTAIRE
Eâësïœ -d€ le-..§9¤1m.a
En juin 1987. le régime des Goélands argentés
(.1 IJ
cantonnés au Parc Ornithologique du Marquenterre mais
s'alimentant en partie en baie de Somme a pu être défini
dans ce dernier secteur (tableau I). Les trois proies
dominantes sont la Moule Mytîlus edulis que les oiseaux
prélévent sur les tas abandonnés au bord de la Maye par les
mytiliculteurs après lavage des spécimens destinés à la
vente, la Macome Macoma balthïca qui est le seul Bivalve
dont les individus de grande taille sont relativement
abondants à cette époque de l`année et le Crabe vert ou
enragé Carcinus maenas qui vient s'alimenter. en
particulier des Moules abandonnées précédemment citées.
dans la Maye et les chenaux voisins.
Le régime hivernal n’a par contre fait l`objet que de
quelques observations et d’analyses de pelotes aux
effectifs modestes (n I 20 dans l‘étude de TRIPLET 1987).
9.<îœ...s¤è_l9;¤§s
Au Nord de l`estuaire de la Somme. s`étend un estran
sableux où a été implanté depuis 1981 une zone de
mytiliculture sur bouchots (DucR©T©Y 1984, SUEUR 1985b) au
niveau des communes de Quend et Saint—Quentin—en—Tourmont.
De janvier à nnai 1986, la Moule constitue la proie
prédominante du Goéland argenté sur la côte sableuse (SUEUR
1986b), quelque soit la méthode de détermination du régime
alimentaire utilisée (tableaux II à lV) : fréquence des
proies dans les pelotes (91,4 à 100 % mais environ 80 % sur
seulement 32 pelotes en mars et avril) et abondance des
restes alimentaires (73,4 %) ; même si celles—ci donnent
des résultats très significativement différents dans le
détail (chi—carré 3 I 18,103 pour janvier 1986 sur le site
même d'alimentation à Quend 2 S 99.9 %). Par contre, aucune
différence (chi—carré 2 = 0,835 en janvier 1986) n‘a pu
être mise en évidence selon que l’analyse est réalisée sur
des pelotes découvertes sur le site même de l`alimentation
(Quend) ou sur un reposoir de marée haute (Nord de ]‘anse
Bidard en baie de Somme). La comparaison dans le temps de
lots de pelotes provenant de ces deux sites est donc
licite. Nous nous sommes cependant astreints à n`utiliser
pour cette analyse des variations temporelles du régime
alimentaire que les pelotes provenant directement du site
d`alimentation. Les différences de régime sont très
significatives (S 99,9 %) entre janvier et février 1986
d`une part (chi~carré 5 = 20,502). janvier. février et mai
1986 d autre part (chi—carré 8 = 55.100).
A Quend, nous avons déterminé les régimes par
observation directe en août et septembre 1986 (SUEUR 19860,
tableau V). Ceux-ci différent de manière très significative
(chi—carré 1 I 32,164 ; S 99,9 %). Août est caractérisé par
la dominance (en nombre de proies) de l‘Annélide Lanîce
conchilega tandis qu’en septembre. l‘abondance de cette
proie, qui demeure toujours la première. diminue et que le
Crabe vert et la Moule acquierent un rôle non négligeable.
L’analyse d‘un lot de pelotes d‘août 1985 à l’effectif trop
ce
I Proies n %
Mxtilue edulis 32 58,2
Cerastoderma edule 1 1,8
Macoma belthica 25 45,5
Carcinue meenes 14 25,5
55
Tableau I - Lrequence des proies dans les pelntee du
Gnexand argenté en iuiu IH87 en haie de
Somme.
Tableau ll — Fréquence des proies dame lee pelotes de
Goéland argenté en janvier 1936 sur le site
d`alimentati0n (A) et eur le reposoir (R)
eu niveau de la côte sablenee.
Proies I
n % n %
Végétaux 1 1,1 t 0 0,0
Lanice conchilega 1 1,1 2 1,5
Mxtilue edulie 92 100,0 124 94,7
Cerastoderma edule 1 1,1 0 0,0
Macoma balthice 9 9,8 0 0,0
Sgisula solide 2 2,2 2 1,5
Ensis eneis 0 0,0 9 6,9
Nassarius reticulatus 2 2,2 0 0,0
Crustecé indéterminé 0 0,0 1 0,8
Carcinue maenes 2 2,2 1 0,8
Psammechinus miliaris 2 2,2 0 0,0
0iseau indéterminé 0 0,0 1 0,8
É 92 *31
67
Proies n %
Mytilus edulis 232 73,4
Cerastoderma edule 3 1,0
Maoome balthica 5 1,6
Sgisula solide 13 4,1
Domax vittatus 1 0,3
Ensis ensis 44 13,9
Nassarius reticuletus 17 5,4
Carcinus maenas 1 0,3
É 3*6 1¤¤·¤
Tableau III — Régime alimentaire du Goéland argenté défini
a I`aide des restes alimentaires en janvier
1986 sur la côte sableuee.
Tableau IV - Fréquence des proie dans les pelotes de
Goéland argenté en février et mai 1986
sur la vôtw Sableuse.
Février Mei
Proies
¤ % ¤ %
Lanioe oonohilega 18 9,3 0 0,0
Mxtilus edulis 181 93,8 117 91,4
Cerastoderma edule 4 2,1 0 0,0
Macoma balthica 14 7,3 2 1,6
Sgisula solide 7 3,6 0 0,0
Mectra corallina 1 0,5 0 0,0
Donax vittatus 1 0,5 0 0,0
Ensis ensis 10 5,2 0 0,0
Bucoinum undatum 2 1,0 1 0,8
Crustacé indéterminé 2 1,0 0 0,0
Semibalanus balanoides 0 0,0 6 4,7
Caroinus maenas 5 2,6 15 11,7
Poisson indéterminé 0 0,0 2 1,6
128
68
Août Septembre
Proies
n % n %
Lanice conchilege 63 91,4 23 44,2
Mytilus edulis 1 1,4 7 13,5
Ensis ensis 2 2,9 0 0,0
Crangon orangon 0 0,0 1 1,9
Caroinus meenes 0 0,0 19 36,6
Poisson indéterminé 0 0,0 1 1,9
Ammodztes sg. 1 1,4 0 0,0
Platiohthzs Flesus 2 2,9 1 1,9
H 69 1¤¤·¤ 52 1¤¤·¤
Tableau Y — Abondance des proies dans le régime alimentaire
du Goéland argenté défini par observation
directe è Quend en août ei septembre 1986
(SUEUR l9H6c).
Tableau Vl - Comparaison du régime alimentaire du Goeland
argenté en septembre 1985 et 1986 défini par
observation direvte (O). analyse de pelotes
(P) ou de restes alimentaires (R) à Quand.
~ #1 ~ %
Lanice conchilega 23 44,2 8 17,8 0 0,0
Mytilus edulis 7 13,5 37 82,2 111 98,2
Cerastoderma edule 0 0,0 0 0,0 1 0,9
Solen marginetus 0 0,0 0 0,0 1 0,9
Crengon crangon 1 1,9 0 0,0 0 0,0
Cercinus maenes 19 36,6 0 0,0 0 0,0
Poisson indéterminé 1 1,9 0 0,0 0 0,0
Platiohthxs Flesus 1 1,9 0 0,0 0 0,0
N 52 100,0 45 100,0 113 100,0
6 9
modeste (n = 26) pour être analysé de manière fiable permet
toutefois de compléter la liste des proies au cours de ce
mois : Coque Cerastoderma edule, Macome baltique. Crabe
vert et Crevette grise Crangon crangon.
La comparaison des régimes alimentaires définis selon
3 techniques différentes en septembre (tableau VI) confirme
la tendance à la sur-estimation des proies contenant des
parties dures lors de l’analyse de pelotes ou de restes
alimentaires (G©SS—CUSTARD et JONES 1976).
Un lot de 19 pelotes découvert en octobre 1985, nous
permet seulement de noter que la Moule est la proie g
prédominante, régime complété par le Crabe vert. la Macome
baltique, la Scrobiculaire Scrobicularia plana et la Balane ·
Semiba]anus balanoîdes vivant fixée en particulier sur la
Moule.
î?.¤_L<;££nî t.b9i.<2.s.is¤g.-s2_-Me£.s.sL¢s te ups. ;.
Ce site est constitué de canaux saumâtres entourés de
digues en bordure de mer, secteur ou se cantonnent les _
couples nicheurs de Goélands argentes (14 à 16 en 1987)
mais aussi de mares d’eau douce au pied de l'ancien
littoral. Les oiseaux s`alimentent dans ces deux zones mais
également dans les secteurs voisins de la baie de Somme,
embouchure de la Maye en particulier. Z
Les restes des aliments consommés entre les 23 janvier
et 13 mars 1985 par un couple cantonné (SUEUR 1986a)
comptaient 345 Becs de jars Mya arenarïa (environ 98.3 %)
et 6 Coques (plus de 1,7 %). D`autre part, des os de
volaille domestique correspondent très probablement a des
déchets de repas humains découverts par les oiseaux sur la
laisse de haute mer voisine. 3 pelotes récoltées
contenaient des Macomes baltiques (2 cas) et des Moules (1
cas). Cette dernière proie a pu être prélevée sur les
bouchots situés a environ 5 km du territoire des Goélands
argentés ou plus probablement échouée a l'embouchure de la
Maye ou sur la laisse de mer proche.
1ê§L@œ.n.-L<z<=1¤§sa<. ·
Bien que les falaises picardes abritent une colonie de
220 à 500 couples (ROBERT 1979, MERCIER irr SUEUR 1983a.
SUEUR 1983b. RAEVEL 1986). les données concernant le régime
alimentaire des oiseaux présents sur ce site sont très
fragmentaires. En ‘mai 1983. les proies reconnues dans 6
pelotes sont des Crabes verts (4 cas). des Poissons (2
cas), des Patelles Patella vulgata (1 cas) et des
Iittorines des rochers Littorina saxatilis (1 cas).
TAILLE DES PROIES
M.s>.\a1.e.MU !.is§.,-¢.dy.1i§
Les Moules ingérées par le Goeland argenté ont été
mesurées au cours de 6 mois (tableau VII). Les tailles
70
Date 0rigine Technique Extrêmes ¤
Janvier 86 Ouend Pelotes 35,1 7,7 15-53 191
Janvier 86 Guend Restes 36,5 7,5 17-55 232
Avril 87 Estuaire Restes 30,0 6,1 15-46 105
Mai 86 Estuaire Pelotes 31,2 8,3 17-53 43
Juillet 85 Ouend Pelotes 11,3 3,6 4-34 139
Août 86 Stûuentin Restes 12,5 4,3 6-34 293
Septembre 85 Uuend Restes 28,0 11,0 12-52 111
Tableau VIT - Taille (en mml des Moules insérées par le
Goéland argenté.
Tableau VITI - Valeurs extrêmes des tailles (en mm) de
quelques proies nnnsommees par le Goéland
argenté.
Proies Extrêmes n
Cerastoderma edule 13-36 13
Donax vittatus 3-34 10
Macoma balthica 5-26 20
Ensis ensis 101-175 22
Nassarius reticulatus 17-30 19
71 È
s`échelonnent entre 4 et 55 mm. Nous n'avons pas déterminé h
si cet oiseau effectuait une sélection en fonction de la
taille des Bivalves. Il faut toutefois signaler que celle- .
ci n’a pu être prouvée pour la Coque aux Pays-Bas (SPAANS
1971).
Mactre solide Spïsula solîda
Les Mactres solides consommées par le Goéland argenté
en janvier 1986 à Quend avaient une taille moyenne de 35,6
mm (s = 4.8 mm ; valeurs extrêmes 24 et 45 mm ; n = 57).
Egg de jars Mya arenaîig ,
‘ Pour les 320 exemplaires mesurables prélevés entre les (
23 janvier et 13 mars 1985 par un couple de Goélands
argentés au Parc Ornithologique du Marquenterre, la taille
moyenne est de 50,9 mm (s = 11,1 mm ; valeurs extrêmes 24
et 87 mm) tandis que 58,75 % présentent une taille comprise
entre 45 et 58 mm. N‘ayant pas échantillonné la population
présente dans le substrat, nous ne savons si la fraction
prélevée la représente fidèlement ou si les Goélands
argentés sélectionnent préférentiellement une classe de
tailles.
Autre proies
Les échantillons des autres proies ne sont pas
suffisants pour présenter des résultats détaillés, aussi
nous n'avons fait figurer que les valeurs`extrêmes (tableau
v111). ‘·
CONCLUSION
Sur le littoral picard, comme dans de nombreuses
autres localités (HARRIS 1965, SPAANS 1971, GOTMARK 1984.
etc), le Goéland argenté s‘avére être un oiseau très
opportuniste consommant principalement les organismes très
abondants localement : Moules échouées sur les laisses de
mer sur la côte sableuse ou abandonnées en tas par les
mytilicultéurs dans l’estuaire de la Somme, Macomés et
Coques à certaines époques dans cette localité, Becs de
jars au Parc Ornithologiqué du Marquenterre.
Les tailles de quelques proies ingérées sont
présentées mais l’analyse d’une éventuelle sélection de
celles—ci par le Goéland argenté n‘a pas été effectuée.
Ce travail ne constitue qu‘une approche préliminaire
de 1’écologie alimentaire du Goéland argenté sur le
littoral picard. Une étude des variations saisonnières au
sein des différents sites du régime effectuée à l'aide
d’une même technique ainsi que l‘analyse des ressources
alimentaires sont nécessaires pour rendre licite les
comparaisons entre les mois et les localités ainsi que pour
déterminer une éventuelle sélection des proies et de leurs
tailles.
72
BIBLIOGRAPHIE
Brien Y. (1975) Goélands et mytiliculture dans les Côtes du
Nord - SEPNB, Ministère Qualité Vie, 67 p.
Commecy X. et Sueur F. (1983) Avifaune de la baie de Somme
et de la plaine maritime picarde - Amiens (GEPOP),
235 p.
Ducrotoy J.P. (1984) L’exploitation des ressources
naturelles de l’estuaire de la Somme. Etude bio-
sédimentologique - Université Picardie Amiens,
Station Etudes Baie Somme, CCI Abbeville, Syndicat
Mixte Aménagement Côte Picarde, Conseil Régional
Picardie. GEMEL, 253 p.
Goss—Custard J.D. et Jones R.E. (1976) The Diets of
Redshank and Curlew - Bird Study 23 : 233-243.
Gôtmark F. (1984) Food and foraging in five European Larus
gulls in the breeding season : a comparative review -
Ornis Fennica 61 : 9-18.
Harris M.P. (1965) The food of some Larus gulls - Ibis 107
2 43-53.
Mudge G.P. et Ferns P.N. (1982) The feeding ecology of five
species of gulls (Aves : Larini) in the inner Bristol
Channel - J. Zool. 197 : 497-510.
Raevel P. (1986) Effectifs au printemps 1985 des oiseaux
nicheurs des falaises picardes —- L’Avocette 10 :33-
36.
Robert J.C. (1979) Le statut des Laridés de la baie de
Somme - Alauda 47 : 247-258.
Saint-Girons M.C. et Martin C. (1973) Adaptation du régime
de quelques rapaces nocturnes au paysage rural. Les
proies de l‘Effraie et du Moyen-duc dans le
département de la Somme - Bull. Ecol. 4 : 95-120.
Sibly R.M. et Mc Cleery R.H. (1983) The distribution
between feeding sites of herring gulls breeding at
Walney Island, U.K. - J. Anim. Ecol. 52 : 51-68.
Spaans A.L. (1971) On the feeding ecology of the Herring
Gull Larus argentatus Pont. in the northern part of
the Netherlands - Ardea 59 : 73-188.,
Sueur F. (1983a) Faune des falaises et de l’estran rocheux
picards - Picardie Nature (19)8-10.
Sueur F. (1983b) Recensement des oiseaux nicheurs des
falaises picardes - L’Avocette 7 : 193-195.
Sueur F. (1985a) Régime alimentaire de quelques oiseaux
aquatiques sur le Littoral picard —- L’Avocette 9 :
43-50.
Sueur F. (1985b) Vénériculture, mytiliculture et prédation
sur le littoral picard - IFREMER, Conseil Régional
Picardie, Université Picardie Amiens, 24 p.
Sueur F. (1986a) Prédation du Goéland argenté Larus
argentatus sur le Bec de jar Mya arenaria - Quelques
aspects vie Parc Ornithologique, Bull. ann. 1986,
Ass. Marq. Nat. 38-40.
73
Sueur F. (1986b) Conchyliculture et prédation sur le
littoral picard - IFREMER. Conseil Régional Picardie,
Université Picardie Amiens, 40 p.
Sueur F. (19860) Prédation avienne sur les Bivalves :
synthèse des connaissances. Goélands argentés et
mytiliculture, moyens the protection - Saint-Valery-
sur—S0mme (Ministère Environnement, DRAE Picardie,
CPIE Côte Picarde, GEMEL), 44 p.
Sueur F. (1987) Prédation avienne sur les Bivalves :
nouvelles données sur le littoral picard - Saint-
Valery—sur-Somme (Ministère Environnement, DRAE
Picardie, CPIE Côte Picarde, GEMEL), 20 p.
Sueur F. et Triplet P. (1982) Statut historique et actuel,
origine géographique et régime alimentaire de cinq
espèces de laridés sur le littoral picard -
L’Avocette 6 : 104-121.
Tinbergen N. (1975) L'univers du goéland argenté -
Bruxelles (Elsevier), 224 p.
Triplet P. (1981) Notes à propos de l‘action prédatrice du
Goéland argenté sur l‘Anguille — Nos Oiseaux 36 :
169.
Triplet P. (1987) La prédation du Goéland argenté Larus
argentatus sur la Coque Cerastoderma edule (Mollusque
bivalve) - Picardie Ecologie Série II, 41-46.
Verbeek N.A.M. (1977) Comparative feeding ecology of
Herring Gulls Larus argentatus and Lesser Black-
Backed Gulls Larus fuscus - Ardea 65 : 25-42.
Texte rédigé début 1988. '
74
DEUX LIMICOLES ORIENTAUX DANS LE MARQUENTERRE :
LE LIMNODROME ASIATIQUE Limnodromus semipalmatus,
NOUVELLE ESPECE EN EUROPE OCCIDENTALE, ET LA
BARGETTE DE TEREK Xenus cinereus, PREMIERE
MENTION PICARDE DU 20ème SIECLE
par François SUEUR
Jean~Baptiste MOURONVAL
Denis VANDROMME
Le 5 mai 1990 au Parc Ornithologique du Marquenterre
(Saint—Quentin—en—Tourmont, Somme) alors que nous recensons
l'avifaune aquatique présente, notre attention est attirée
par un Limicole se nourrissant quelque peu à l‘écart. La
forme de son corps rappelle celle du Combattant Philomachus
pugnax, y compris l’aspect ébouriffé des plumes au niveau
du dos. Le dessous du corps de couleur roussâtre évoque
également le jeune de cette espèce et le Bécasseau rousset
Tryngites subruficollis déjà observé à plusieurs reprises
sur le site. Le dessus du corps est entièrement sombre,
presque noir, y compris le croupion et la queue, le premier
peut—être un peu plus clair mais la luminosité nous est
défavorable lorsqu’il effectue un bref vol quelques minutes
plus tard et ce dernier point ne peut être confirmé mais
l'absence de barre ailaire est alors remarquée. Ce Limicole
cesse pendant quelque temps de s’alimenter et nous pouvons
alors observer son long bec droit et noir donnant à cet
oiseau une allure de grande Bécassine des marais Gallînago
gallînago très sombre dont le bec semble presque traîner au
sol. Cet oiseau s’alimente d’ailleurs un peu à la manière
de la Bécassine mais avec de l'eau au—dessus des
articulations et le plus souvent jusqu‘à la poitrine. La I
taille du bec est d’environ 1,5 fois celle du bec du
Chevalier arlequin Tringa erythropus, autre Limicole sombre
avec lequel nous pouvons effectuer une comparaison directe
en raison de la présence d‘un groupe de 9 individus non
loin de là. L’allure de ce Limicole, et notamment ce bec
démesuré, permet de le classer dans le genre Limnodromus
mais son plumage sombre semble très différent de celui des
Limnodromes à long bec L. scolopaceus et à bec court L.
griseus. Nous continuons à détailler l‘oiseau qui présente
un sourcil blanchâtre très marqué jusqu‘à l’arrière de la
tête, des couvertures et des scapulaires sombres avec des
liserés chamois tandis que ses flancs sont finement rayés
T5
de sombre, peut—être noir. Ses cris en vol sont différents
de ceux du Chevalier arlequin, de la Barge rousse Limosa
Iapponica et des autres Limicoles que nous connaissons.
Enfin, nous pouvons apprécier la teinte sombre des pattes
de couleur gris foncé ou noir, avant qu’il ne s‘envole et
disparaisse après environ 30 minutes d'observation. Ce
dernier point permet d'éliminer définitivement
l’appartenance de cet oiseau aux deux espèces de
Limnodromes précédemment citées. Après consultation de
l’ouvrage de HAYMAN et coll. (1986), ce Limicole,
rappellant une petite Barge rousse très sombre ou plus
superficiellement un Chevalier arlequin (dont il a
sensiblement la taille, peut—être un peu plus grand) avec
un très long bec, s’avère être un Limnodrome asiatique L.
semipalmatus.
A notre connaissance, cette espèce n’avait pas encore
été rencontrée en Europe occidentale.
Selon HAYMAN et coll. (1986). l’aire de nidification
apparemment morcelée du Limnodrome asiatique chevauche la
frontière sino—soviétique tandis que la zone d‘hivernage,
encore mal connue également, s'étend du Sud—Est de l’Inde,
en passant par la 'Thaîlande, la Malaisie et l'lndonésie
jusqu‘au Nord—Ouest de l’Australie mais des observations
ont également été réalisées dans le Sud—Est de ce pays et
en Papouasie Nouvelle Guinée. Sumatra constitue apparemment
le bastion de cette espèce avec 1500 oiseaux notés
` récemment pour 500 en Thailande. 100 dans le Nord—Ouest de
l’Australie et 300 à Hong Kong où elle apparaît lors des
migrations tout comme au Japon, dans l‘Est de la Chine, au
Vietnam et aux Philippines. Le Limnodrome asiatique est
manifestement plus abondant que ce que l‘on supposait
autrefois. Son apparition à Aden et au Kenya demeure
accidentelle.
Le 7 mai, un autre Limicole attire notre attention. Il
s’agit là encore d’un oiseau isolé, qui sonde rapidement la
vase, en eau relativement profonde. Compte tenu de la
grande distance, nous ne pouvons apprécier tous les
critères. L'individu, sensiblement de la taille d'une Barge
rousse, est avancé dans l'eau jusqu'à hauteur de l'abdomen.
Nous remarquons immédiatement son bec démesuré et très
sombre qui s’enfonce à la verticale dans l’eau et ressort
presque instantanément. La racine du bec est nettement dans
le prolongement de la tête, sans rupture avec le crâne, ce
qui rappelle la silhouette d'une Bécassine des marais. Plus
tard dans l‘après—midi, l’oiseau se rapproche et c’est à
une quinzaine de mètres que nous l'observons dans de bonnes
conditions de lumière. Les pattes sont très sombres. Le
dessous du corps crème contraste avec un léger plastron
plus foncé mais mal défini. Les ailes ressemblent à celles
du Chevalier aboyeur T. nebularia et dépassent légèrement
la queue. Les rémiges primaires sont très sombres et
l’allula noire est visible. En vol, nous observons la queue
il
76
très finement ponctuée de marron et de blanc. Le dos est
clair uni et les ailes ne présentent pas de barres
ailaires. La couleur des pattes et la longueur du bec
(peut—être plus long que celui d‘une Barge à queue noire
Limosa limosa) exclut l'éventualité d'un oiseau du genre
Limosa. Enfin, l‘oiseau n’émet aucun cri. A l'aide de
l’ouvrage de HAYMAN et coll. (1986), nous identifions à
nouveau un Limnodrome asiatique, qui toutefois n’est pas
l‘individu observé le 5 mai, compte tenu de sa couleur
claire qui est celle d'un oiseau non nicheur.
Du 3 au 5 juin 1990 toujours au Parc Ornithologique du
Marquenterre est observé un Limicole beaucoup plus facile à
déterminer : la Bargette de Térek ou cendrée Xenus
cinereus. Sa taille est sensiblement celle d'un Chevalier
culblanc Tringa ochropus mais sa silhouette allongée
rappelle plutôt le Chevalier guignette Actitis hypoleucos
bien que la Bargette soit un peu plus grande et un peu plus
haute sur pattes de couleur jaune orangé. Le dessous du
corps est blanc pur, le dessus gris pâle sensiblement comme
les pulli de quelques jours d'Avocette Recurvîrostra
avosetta. Le bec assez long est noir ou noirâtre. peut—être
un peu plus clair à la base, et un peu plus retroussé que
celui du Chevalier aboyeur mais moins que celui de
l‘Avocette.
L‘aire de nidification de la Bargette de Térek couvre
une bonne part de l'UHSS tandis qu‘une population de
l’ordre d‘une trentaine de couples, en 1980, se reproduit
en Finlande (CRAMP et SIMMONS 1983, HAYMAN et coll. 1986).
Cet oiseau hiverne essentiellement le long des côtes du
golfe de Guinée à l‘Australie. Ses apparitions
accidentelles en Europe occidentale et en Alaska sont de
plus en plus fréquentes.
En France. 6 données sont connues au 19ème siècle et
22 au 20ème pour lesquelles la répartition est la suivante
: 12 mentions printanières du 30 avril au 17 juin mais
surtout entre les 11 et 31 mai, 9 données automnales sur
une période plus longue puisque s‘étalant du 12 juillet au
20 octobre. et enfin une seule mention hivernale (octobre
1984 à début janvier 1985 en Camargue) mais une autre est
signalée au 19ème siècle (DUBOIS et YESOU 1986).
En Picardie, la Bargette de Térek avait été notée sur
le littoral en mai à deux reprises au siècle dernier : un
mâle tué le 18 mai 1883 au Crotoy (MAYAUD et coll. 1936) et
un individu antérieurement à Cayeux-sur-Mer (MAYAUD 1939).
L’apparition de deux Limicoles accidentels originaires
des régions orientales de l’Eurasie à un mois d‘intervalle
est—elle une simple coïncidence ou résulte—t—elle d‘autres
phénomènes ? Seul l‘examen de l’ensemble des éventuelles
observations d’oiseaux provenant de ces régions et des
zones d’hivernage correspondantes permettra de résoudre
cette question ou d‘y apporter des éléments de réponse.
i
T?
BIBLIOGRAPHIE
Cramp S. et Simmons K.E.L. (1983) The Birds of the Western
Palearctic. Vol. III — Oxford, London, New York
(Oxford University Press), 913 p.
Dubois P.J. et Yésou P. (1986) Inventaire des espèces
d'oiseaux occasionnelles en France - Paris
(Secrétariat Faune Flore), 203 p.
Hayman P., Marchant J. et Prater T. (1986) Shorebirds. An
identification guide to the waders of the world —
London (Christopher Helm), 412 p.
Mayaud N. (1939) Commentaires sur I`ornithologie française
(suite) - Alauda 11 : 68-87 et 236-255.
Mayaud N., Heim de Balsac H. et Jouard H. (1936) Inventaire
des oiseaux de France - Paris (SEO et A. Blot), 211 p.
73
UTILISATION PAR LA SITELLE TORCHEPOT
Sitta europaea D'UNE CAVITE DE NIDIFICATION ANORMALEMENT BASSE
par V. BAWEDIN et C. LOUVET
Le 30 Avril 1990, au cours d'une matinée d'observation au cimetière
de la Madeleine à Amiens (80), nous repérons les allées et venues de
Sittelles nourrissant leurs petits logés dans une cavité d'un Frène
commun Fraxinus excelsior.
Aprés mesures, il s'est avéré que le trou d'ouverture est situé à 57
centimètres du sol! Hauteur exceptionnellement basse puisque GEROUDET
(1953) la signale comme variant habituellement entre 2,5 et 6 mètres,
voire plus haut encore.
Un diamètre de 3 centimètres du trou d'ouverture explique l'absence
de boue sur sa circonférence.
Notons que l'année précédente, malgré la faible hauteur de cette
cavité et de son orifice, un couple de Mésanges charbonnières Parus major
y a mené à bien sa nichée. Espérons qu'i1 en a été de même pour les
Sittelles. ,
BIBLIOGRAPHIE :
Géroudet P. (1953) : Les Passereaux d'Europe. II des Mésanges aux
Fauvettes— Neuchâtel (Delachaux et Niestlé), 1e éd., 318p.
T9
DEPLACEMENT INHABITUEL D’UN CYGNE TUBERCULE
Cygnus 010r
par François SUEUR et Xavier COMMECY
Les 8, 19, 22 et 23 août 1990 ainsi que les 5 et 12
septembre au Hâble d‘Ault, nous contrôlons un Cygne
tuberculé Cygnus 010r adulte de la forme normale porteur
d‘une bague métallique "British Museum Z65342" à la patte
droite et d’une bague colorée orange avec une inscription
IGD noire à la patte gauche. Cet oiseau s'avére avoir été
marqué comme individu de 3ème année le 21 juillet 1988 à
Christchurch, Dorset, Angleterre, Grande—Bretagne soit 748
jours avant notre premier contrôle. Le déplacement effectué
par cet oiseau est de l'ordre de 240 km sensiblement en
direction du Sud—Sud—Est (105 degrés).
Ces observations sont intéressantes dans la mesure où
94 % des oiseaux bagués en Grande—Bretagne effectuent des
déplacements inférieurs a 50 km (CRAMP et SIMMONS 1977) et
seulement 3 % dépassent les 100 km, essentiellement lors
des vagues de froid (BIRKHEAD et PERRINS 1986). Une
situation similaire s’observe d’ailleurs en Alsace avec des
déplacements des sujets marqués sur le site de Strasbourg
se limitant à une distance maximale d‘une cinquantaine de
kilomètres le long du Rhin et de part et d’autre du site de
baguage alors qu’en Autriche les mouvements sont de plus
grande amplitude puisque compris entre 100 et 450 km
(SCHIERER 1989).
Bien que la date d'arrivée de cet oiseau ne soit pas
connue, il est permis de suspecter la participation de ce
dernier à un mouvement de type migration de mue, de tels
déplacements ayant déjà été notés sur le littoral picard où
les premiers oiseaux non nicheurs arrivent dès le début de
juin (SUEUR et COMMECY 1990) et étant également connus en
Grande—Bretagne (CRAMP et SIMMONS 1977).
Si les déplacements à longue distance de Cygnes
tuberculês britanniques, irlandais, néerlandais et francais
(CRAMP et SIMMONS 1977) attestés grâce aux reprises ou aux
contrôles d‘oiseaux bagués demeurent inhabituels. ils
doivent cependant être plus fréquents qu'il n’y paraît car
comment expliquer autrement les importants stationnements
estivaux sur le Hâble d‘Ault (régulièrement plus de 100 _
oiseaux : par exemple 158 individus le 22 août 1990) alors
B0
que la population littorale n’est que de 8 a 15 couples
(SUEUR et COMMECY 1990) séjournant en grande partie sur
leurs territoires parfois toute l'année, que celle du Nord
et du Pas—de—Calais est très modeste et que les nicheurs
des vallées de la Somme et de la Bresle ainsi que leurs
descendances demeurent sur place au moins jusqu’à
l‘automne.
Rappellons également que la femelle "immutabilis" du
couple noté à partir du 1er septembre 1984 et nicheur au
Parc Ornithologique du Marquenterre depuis l'année suivante
(SUEUR 1986) est porteuse d‘une bague "Bruxelles". donc
marquée en Belgique si ce n‘est originaire de ce pays.
Au moment ou nous écrivons ces lignes. mi-septembre.
l‘oiseau est toujours présent et nous essaierons de le
suivre... s'il continue à se montrer coopératif.
BIBLIOGRAPHIE
Birkhead M. et Perrins C. (1986) The Mute Swan — London
(Croom Helm), 157 p.
Cramp S. et Simmons K.E.L. (1977) The Birds of the Western
Palearctic, Vol. I — Oxford, London, New York (Oxford
University Press), 722 p.
Schierer A. (1989) L'opération "Euro—Cygnes" (Cygnus olor)
— Ciconia 13 : 155-157.
Sueur F. (1986) Le Cygne tuberculé Cygnus olor : statut
européen et premier cas de nidification au parc —
Quelques aspects vie parc ornithologique, Bull. ann.
1986 Ass. Marq. Nat., 30-34.
Sueur F. et Commecy X. (1990) Guide des oiseaux de la baie
de Somme — EDF, DRAE Picardie, GEPOP, 192 p.
Bl
STATIONNEMENTS HIVERNAUX D’OISEAUX D'EAU
COMPTE RENDU DU RECENCEMENT B.I.R.O.E.
ORGANISE A LA MI—JANVIER 1990
EN PICARDIE
par Thierry RIGAUX
INTRODUCTION
Les recensements effectués par le B.R.O.E. (Bureau
International de Recherches sur les Oiseaux d'Eau) ont pour
objectif de suivre les populations des diverses espèces
d’oiseaux d'eau et de souligner l’importance des capacités
d’accueil de certains sites. C’est. par exemple, grâce à
ces recensements que l‘importance internationale de la baie
de Somme a pu être reconnue. D‘une façon générale, les
recensements organisés par le B.I.R.O.E. fournissent de
précieuses informations pour la protection et la gestion
des zones humides.
En Picardie, ce travail de recensement est effectué
par une multitude d'ornithologues bénévoles mais confirmés
et coordonné par la Centrale Ornithologique Picarde qui
transmet les données recueillies au responsable national du
B.I.R.O.E.
La qualité de la prospection des zones humides de
Picardie est en constante amélioration, de nombreux sites
mineurs de recensement s'étant ajoutés au fil des ans aux
sites majeurs de la région. bien suivis depuis longtemps.
Cette année, ont participé au recensement l'ensemble
des ornithologues suivants sans lesquels la présente
synthèse n‘aurait pu être réalisée : G. Ballandras, V.
Bawedin, D. Bled, J.P. Bonnel, S. Boutinot, M. Châtelain,
X. Commecy, A. Condal. C. Dancoisne, G. Dancoisne, P.
Dancoisne, E. Drouar, G.Flohart, L. Gavory, M. Guerville,
O. Hernandez. J. Law, M. Lawnizack, J. Lheuillier, C.
Louvet, J.M. Mallard, F. Martin. A. Rouge. T. Rigaux, P.
Royer, J.M. Sannier, A. Spagnuolo, F. Sueur et Ph. Thiery.
Que ceux qui auraient été malencontreusement oubliés
veuillent bien m'en excuser.
I — RESULTATS
L’ensemble des résultats sont reportés dans les 5
tableaux récapitulant les stationnements observés :
— tableau 1 : dans la Somme intérieure,
— tableau 2 : dans l'ensemble du département de la Somme,
littoral + intérieur,
— tableau 3 : dans l‘Aisne,
— tableau 4 : dans l’Oise.
— tableau 5 : dans l'ensemble de la Picardie.
Conformément aux voeux émis lors de la rédaction de la
synthèse 1988, un effort a été réalisé pour regrouper de
nombreux sites au sein d‘entités plus importantes et ayant,
dans la mesure du possible, une signification
fonctionnelle.
II — COMMENTAIRES
II, 1 - Commentaires généraux
II, 11 — Effectifs globaux et richesse spécifique
Les effectifs recensés sont en hausse sensible par
rapport à ceux enregistrés en janvier 1988 (RIGAUX, 1988)
et considérés ici comme notre année de référence, les
données de janvier 1989 n'ayant pas fait l'objet à ce jour
d‘une publication synthétique. Cette augmentation concerne
chacun des trois départements de la Région.
Par rapport à janvier 1988 :
— + 55 % pour la Picardie. toutes espèces confondues,
— + 51 % pour la Somme,
— + 74 % pour l’Aisne.
— + 50 % pour l’Oise.
Les conditions climatologiques n’étaient pourtant pas
rigoureuses. D'ailleurs, le nombre d'espèces observées à
l’échelle de la région n‘est pas en hausse par rapport à
1988 mais même en légère baisse (26 espèces observées
contre 27 en 1988). Seule une légère augmentation a été
notée dans l‘Oise (15 espèces contre 13 en 1988). On
retiendra surtout l'absence complète de Harles bièvres et
piettes, de Cygnes sauvages et de Bewick. très révélatrice
83
1a lb 1c 1d 1
Canard colvert 1 50 93 0 144 0 0 42 0 186
Sarcelle d'hiver O O 0 0 O 0 0 29 0 29
Canard souchet 0 0 0 0 O 0 0 2 0 2
Fuligule morillon 0 0 5 0 5 18 0 0 0 23
Fuligule milouin 0 O 5 0 5 77 0 0 0 82
Tadorne de Belon 0 O 9 0 9 0 0 0 0 9
Cygne Tuberculé 21 14 23 2 60 53 l 4 0 118
Ss—total Anatidés 22 64 135 2 223 148 1 77 0 449
Foulque 53 605 505 321 1484 610 165 167 26 2452
Ss—total Anatidés 75 669 640 323 1707 758 166 244 26 2901
+ Foulque
Poule d‘eau 2 150 82 121 355 7 51 60 6 479
Grèbe huppé 7 10 18 2 37 47 0 19 0 103
Grèbe castagneux l 7 24 16 48 90 0 7 0 145
Héron cendré 0 14 43 2 59 3 0 6 0 68
Grand Cormoran 2 0 3 0 5 0 0 0 0 5
Total Oiseaux eau 87 850 810 464 2211 905 217 336 32 3701
Richesse spécifique : 13
Tableau 1 — Stationnements d’oiseaux d‘eau à la mi-janvier 1990 à
l'intérieur du département de la Somme (littoral excepté).
1 : vallée de la Somme (secteur Péronne à Epénancourt
non recensé)
la : aval d‘Amiens
lb : tronçon Amiens/Bray—sur—Somme
lc : tronçon Bray·sur-Somme
1d : amont de Péronne (voir réserves ci—dessus)
2 : vallée de la Bresle (de Sénarpont à Bouvaincourt)
3 : vallée de la Maye
4 : vallées de l’Avre et de la Noye
5 : vallées de l'Ancre et de l'Hallue
6 : ensemble de la Somme intérieure
84
Somme Somme Somme
continentale littorale
Canard colvert 186 160 345
Sarcelle d‘hiver 29 211 240
Canard chipeau 0 6 6
Canard siffleur 0 18 18
Canard pilet 0 460 460
Canard souchet 2 6 8
Fuligule morillon 23 26 49
Fuligule milouin 82 20 102
Macreuse brune 0 1 1
Macreuse noire 0 235 235
Eider à duvet 0 180 180
Tadorne de Belon 9 9150 9159
Cygne tuberculé 118 73 191
Sous—total Anatidés 449 10567 11016
Foulque macroule 2452 390 2842
Sous—total Anatidés 2901 10957 13858
+ Foulque
Poule d'eau 479 11 490
Grèbe huppé 103 1863 1966
Grèbe castagneux 145 1 146
Grèbe esclavon 0 5 5
Grèbe jougris 0 35 35
Plongeon catmarin 0 1102 1102
Plongeon arctique 0 1 1
Plongeon sp. 0 4 4
Héron cendré 68 4 72
Grand Cormoran 5 14 19
Total oiseaux d’eau 3701 13997 17698
Richesse spécifique = 26
Tableau 2 — Stationnements d'oiseaux d'eau à la mi—janvier
1990 dans l‘ensemble du département de la Somme.
85
1 2 3 4 Total
Canard colvert 1120 545 578 773 3016
Sarcelle d’hiver 32 59 0 114 205
Canard chipeau 0 0 0 5 5
Canard siffleur 5 0 0 12 17
Canard pilet 0 0 0 1 1
Canard souchet 3 8 5 0 16
Fuligule milouinan 1 0 0 0 1
Fuligule morillon 113 12 23 24 172
Fuligule milouin 48 54 83 50 235
Tadorne de Belon 0 6 0 0 6
Cygne tuberculé 0 3 4 0 7
Ss-total Anatidés 1322 687 693 979 3681
Foulque macroule 866 492 1090 194 2642
Ss—total Anatidés 2188 1179 1783 1173 6323
+ Foulque
Poule d‘eau 10 143 20 0 173
Grèbe huppé 48 14 8 7 77
Grèbe castagneux 8 37 16 0 61
Héron cendré 12 26 7 29 74
Total Oiseaux eau 2266 1399 1834 1209 6708
Richesse spécifique = 16
Tableau 3 — Stationnements d’oiseaux d’eau à la mi—janvier 1990
dans le département de l'Aisne.
. 1 : plans d’eau de l'Ailette et de Monampteuil
2 : étangs et marais du Vermandois
3 : vallée de l‘Aisne en aval de Soissons
4 : vallée de l‘Aisne en amont de Soissons
Le plan d’eau de Monampteuil n‘accueillait qu‘un
Fuligule milouinan, 101 Fuligules morillons, 3 Fuligules
milouins, 166 Foulques et 3 Grèbes huppés.
Les étangs et marais du Vermandois comprennent la
réserve naturelle des marais d’Isles et les étangs de
Vermand et de Caulaincourt.
Dans la vallée de l'Aisne, les sites de stationnement
des oiseaux d’eau correspondent essentiellement aux
gravières et aux bassins de décantation.
86
1 2 3 4 Total
Canard colvert 493 109 269 1353 2224
Sarcelle d'hiver 3 0 12 127 142
Canard pilet O 0 1 0 1
Fuligule morillon 68 0 1 0 69
Fuligule milouin 423 16 68 55 562
Tadorne de Belon 37 O 1 O 38
Cygne tuberculé 64 3 27 58 152
Ss—total Anatidés 1088 128 379 1593 3188
Foulque macroule 1166 292 413 494 2365
Ss—total Anatidés 2254 420 792 2087 5553
+ Foulque
Poule d’eau 15 13 85 184 297
Grèbe huppé 10 1 18 10 39
Grèbe oastagneux 5 0 25 34 64
Héron cendré 18 2 7 17 44
Total Oiseaux eau 2302 436 927 2332 5997
Richesse spécifique = 15
Tableau 4 — Stationnements d’0iseaux d`eau à la mi—janvier
1990 dans le département de l'Oise.
1 : vallée de l'Oise
2 : vallée de 1‘Aisne
3 : vallée du Thérain
4 : étangs forestiers du Sud de l'Oise
87
Aisne Oise Somme Picardie
Canard colvert 3016 2224 346 5586
Saroelle d'hiver 205 142 240 587
Canard chipeau 5 0 6 11
Canard siffleur 17 0 18 35
Canard pilet 1 1 460 462
Canard souchet 16 0 8 24
Fuligule milouinan 1 0 0 1
Fuligule morillon 172 69 49 290
Fuligule milouin 235 562 102 899
Macreuse brune 0 0 1 1
Macreuse noire 0 0 235 235
Eider à duvet 0 0 180 180 ,
Harle huppé 0 0 21 21
Tadorne de Belon 6 38 9159 9203
Ss—total Anatidés 3681 3188 11016 17885
Foulque macroule 2642 2365 2842 7849
Ss-total Anatidés 6323 5553 13858 25734
+ Foulque
Poule d'eau 173 297 490 960
Grèbe huppé 77 39 1966 2082
Grèbe castagneux 61 64 146 271
Grèbe esclavon 0 0 5 5
Grèbe jougris 0 0 35 35
Plongeon catmarin 0 0 1102 1102
Plongeon arctique 0 0 1 1
Plongeon sp. 0 0 4 4
Héron cendré 74 44 72 190
Grand Cormoran 0 0 19 19
Total oiseaux eau 6708 5997 17698 30403
Tableau 5 · Stationnements d'oiseaux d'eau à la mi—janvier
1990 en Picardie : Aisne, Oise et Somme.
88
de la clémence de l'hiver.
Compte tenu de l’amélioration constante de la
couverture du territoire, on pourrait être tenté
d’attribuer l’augmentation des effectifs observée à un
biais méthodologique. En fait, le biais introduit par le
suivi de nouveaux sites est très faible car ceux—ci
n'accueillent qu‘une très faible proportion des hivernants.
D'ailleurs, la comparaison des effectifs recensés en 1988
et 1990 sur des sites majeurs bien suivis révèle une
augmentation réelle des stationnements :
— en baie de Somme de 8112 à 9296 (soit + 15 %),
— en vallée de la Bresle de 511 à 905 (soit + 77 %),
— au plan d’eau de l’Ailette de 1096 à 1992 (soit + 82 %),
— etc...
NB : Il serait bien entendu absurde de tirer des
tendances démographiques à partir des résultats des deux
années examinées dans le présent rapport.
II, 12 — Faiblesse des stationnements d’oiseaux dïeau
dans la Somme intérieure
Le total des effectifs d’oiseaux d’eau présents à la
mi—janvier dans la Somme est le plus faible des trois
totaux départementaux. La faiblesse des effectifs recensés
ne rend pas compte des fortes potentialités d’accueil du
département de la Somme à l‘égard des oiseaux d'eau. La
très forte pression de chasse est sans aucun doute le
facteur explicatif majeur (RIGAUX, 1988).
II, 2 — Commentaires spécifiques
* L’importance des effectifs de Poules d’eau recensées
(960 contre 232 en 1988) est probablement assez largement
imputable à l’amélioration du suivi des zones humides
considérées comme mineures, de petites dimensions ou trop
fortement chassées pour être attractives pour de nombreuses
espèces d’oiseaux d'eau.
* La faiblesse extrême des effectifs hivernants de
Canards siffleurs est remarquable : 18 individus recensés
sur le littoral à la mi—janvier alors que cette espèce
hiverne par milliers dans des milieux similaires au Nord et
au Sud de la Picardie. L‘explication de cette situation
réside dans la pratique de la chasse de nuit qui interdit
au Canard siffleur de tirer profit des formidables
ressources alimentaires du fond de la baie de Somme.
89
CONCLUSION
La connaissance prochaine des résultats des
recensements de la mi—janvier à l'échelle de la France nous
permettra d‘apprécier si les évolutions observées en
Picardie s'inscrivent ou non dans celles décelées au niveau
national.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tous les ornithologues qui ont
participé au recensement et, en particulier, François SUEUR
qui a relu et mis en forme la présente synthèse.
BIBLIOGRAPHIE
Rigaux T. (1988) Compte rendu et première analyse des
recensements B.I.R.O.E. effectués en Picardie à la mi-
octobre 1987 et à la mi—janvier 1988 — Picardie Nature
n' 41 : 29-42.
90
©lNllNllElES IRECEINITES Di CET/AGES SUR ILE LITTORAL
PHC/AR Di
par L. GAVORY
INTRODUCTION
SUEUR (1984) faisait une synthèse des données de cétacés qui avaient été signalés sur
la côtes picardes. Depuis cette publication, de nouvelles informations ont été
recueillies. Cette note se propose d'en faire une présentation et d'en tenter une analyse.
DAUPHIN COMMUN Delphinus de/phis
Ce delphinidé avait été signalé au siècle dernier (SUEUR(1984)) mais depuis aucune
donnée.
En 1986, une femelle mesurant 186 cm s'est échouée à Mers·les-Bains le 19 août
(GAVORY (1986)).
Cette espèce est peu fréquente en Manche-Est (G.M.N. (1988), DUGUY (1983)
(1 984)).
GLOBICEPHALE NOIR Globicephala ma/aena
-Ies données
Le Dauphin pilote n'avait jamais été signalé sur le littoral picard (SUEUR (1984)). ll
y fut découvert pour la première fois en 1985. Un individu de 310 cm était trouvé à
Saint-Quentin-en-tourmont le 21 juillet, dans un état de décomposition avancé
(GAVORY (1985)). Vu sa taille, il s’agissait certainement d'un jeune animal.
Ensuite, le Globicéphale fut signalé chaque année :
1986 : une femelle de 430 cm s'échouait le 1 novembre à Fort-Mahon
1987 : une femelle de 480 cm était découverte à Saint-Quentin-en-Tourmont le 8
décembre
1988 : deux individus étaient trouvés morts. Un, s'échouait le 21 août à Woignarue
(IFRMER Boulogne), il mesurait 470 cm et un autre, un mâle de 625 cm était remonté
par les pêcheurs du Crotoy (P. SPIROUX et F. JAMIN) le 8 septembre. A cette mème
date, 25 à 30 individus étaient signalés au large par ces mêmes pêcheurs. Auparavant,
trois avaient été observés, vers le 15 août à Mers-les-Bains remontant vers le Nord
(P. WATELET).
1989 : une bande était signalée vue passant non loin de la côte en direction du Nord à
Cayeux-sur-mer (Brighton) (C.LJ. Cayeux) vers la fin août, et le 20 de ce mois, deux
étalent observés à Mers-les-Bains (P. WATELET), peut-être le même groupe.
-anaIyse des données
répartition des données par mois
ll faut rester prudent dans I'ana|yse, du fait du nombre peu élevé de données.
Néammoins, on peut remarquer la présence d'animaux de passage lors de la deuxième
quinzaine d'août et première décade de septembre. Ces mouvements semblent orientés
vers Ie Nord. Les Globicéphales suivent-ils des bancs de poissons remontant vers le
Nord? Gagnent-ils des zones nordiques plus riches en nourriture??
Enfin les observations sont toutes faites en automne et en hiver, époque ou selon G.M.N
(1988) et DUGUY (1983) les données sont les plus nombreuses.
Dans l'avenir, il serait interessant d'entreprendre une recherche systématique des
groupes de Globicéphales fin août, début septembre. Pour cela des observations
pourraient être effectuées des falaises de Ault et à partir d'un zodiac.
91
CONCLUSION
Deux espèces de cétacés ont été signalées recemment sur le littoral picard. Si la
première, le Dauphin commun reste signalée de façon accidentelle. Ce qui correspond
tout à fait à son statut en Manche-Est. Par contre, il est surprenant que le Globicéphale
noir ne I'ait jamais été avant 1985 et que depuis il est régulier. Cette espèce est tout de
même I'une des plus communes de France (DUGUY (19884).
Les données picardes, au nombre de neuf, correspondrait à un mouvement d'animaux
vers le Nord fin août, début septembre.
BIBLIOGRAPHIE
DUGUY R. (1983) Les Cétacés des côtes de France ,
suppL 112p
DUGUY R. in SFEPM (1984) Paris (SFEPM)
299p
GAVORY L. (1985) Découverte d'un cétacé échoué (29) 6-8
GAVORY L. (1986) Un cétacé échoué sur nos côtes (33) 9
G·M·N· (1988) N 275 p
SUEUFI F. (1984) '• _ •¤ All•l 9 '| î·• ` · · inuit · · •· · F« · •· •nn·
Fi¤e (F· SUEUFII 55p
REMERCIEMENTS -
Je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements aux personnes qui m'ont fourni leurs
données : P. WATELET, P. SPIROUX, CLJ CAYEUX...
III
_ 'Jl5E"l.":|'HL‘Z'
T: Il III1§‘uI MIF _ I_|_|_’ In |_| I Il uI_•pI· Iqh!|H_I__ I "1 I1 EI I.: EIÈ1= ETI II 1
Tv II'·' I'*` JIJ .I “ l_|' L- 1 'l·."""' ' ·` IUIIIL - ’ II !· I: H I'; II" 'I IF II ff Tn-III¥
_IIB}|'II'1•§ *;III _ |_|I « _III| II I4 I 1 IIII‘_|_I_I _!II au I II+I'If| IIIII IL".] .: I J I II IIII-I
" [W'! 'ï*-9 î"" lil "' " ' ·i'·_' '2|I` - I I- t· :'|J " I. I ·II EJ' nIlIII`Ig 'I ·III II·II
II•IIII:îII II Uî>'JI III 'IIIII: Ã IF|'|'LIII'l'I'l'I'I' I Im ·kHI_|_II I III _ 1.
II IIIHI Ir -I`II ÃWII I ·. 'I null 'L IIÉ- I I I : '• II'I II_I |_]II;_I_|_I I IIIII_p IQI2 I
II' I· I I' I I'. _· EI .g II | I
__ ·I F ?H·I·" P*'H·
QIL ..t' _I_I J ,|EI î_ II _II III II _— I. I‘I uI II I I Il
II ' I '
II T L-I: IIE ·. I _ I\·|_II_g; |_| ' _ I OI II I: -_· ILI I 1 Ii' |II|'I_
|_ I- I'_LI:¤ __· __ I I1 .l.I·—JI ·
- - n JI I IIHIII]=\4EI ' I. II II — ' I_I I
I - I- III _I' _I I: I_ II _I I I·.· I L I Il I II
lil :"¤J·U·|-|I'J !' "‘· =I.!I IL. - ; _; _ I ILIIII *" I Et
"' ` '- ’]'-I':aL'I i-·•·i1_:I:...}
. __ ÉEIIF'. I :*I'II`5|·I
'Ir I’I II·' III II I — _ : IIIIII ' 'I ¤'l'[ 'I _ I I
· lil-I - ·H: I IE Iïîlç I —· _I
II
I, -.:1.