Avocette 1989 (13) 1
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1 989 5 1 3 ( 1 ) 1 — 2 6   I
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I CÉNTRALE ORNITHOLOGIQUE PICARDE : Actualités
- ornithologiques, année 1988
— p . 1 à 4 `
É _ A. SPAGNUQLO : Premiers indices de reproduction _
. de la Gorge—bleue à miroir blanc Luscinia `
e I svecica cyanecula dans les marais de Sacy
· OISE.
. p. 5 à 6 `
— L. TULLIE : Nidification de la Mésange à moustaches
I I (Panurus biarmicus} dans la moyenne vallée
î de la Somme en 1988.
` _ ' . p. 7 à 9
A. ROUGE : Observation d'un Limnodrome à long bec
F- _
Limnodromus scolopaceus â Vauciennes (Oise).
È ‘ p. 10 à 14
_ F. SUEUR : Mise au point sur la variabilité des
I- recencements aviens en baie de Somme.
_ . 15 ` 21
  Centre/e P a
  ··..   OVng·hOl(àO'?qUC p _ CARRUETTE ai F. JA1~1N1N ; Passage migratoire
1 " fear B remarquable de Spatules blanches (Platalea
  43’ Chemin de ieucaredia) en 1988 dans le Marquenterre.
  halâge P- 22 â 26
  80-000 Amiens . —
BL _ XM: l l  - _-   Élèçf; . ··;   _ M-;-1-W ' I- - . _ 1

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, 35—8U0gg
Tel. 03 E2 72 22 50 -   Cedex 1
co . _ 209
Sire: - maCt@D1¤ardœ-natur 97 90
· 381 785 120 OOOTQ Apgûrg
_ f9104Z
CENTRALE ORNITHOLOGIQUE PICARDE (C.O.P.}
Salle polyvalente de l'ïle aux fagots — ·
`43, chemin de Halage ` —
a 80000 AMIENS
Conseil d'administration pour 1989
Président : S. BACROT
Trésorier : X. COMMECY
Secrétaire : L. GAVORY
Membres : B. COUVREUR
A. ROUGE
L'AVOCETTE Rédacteur en chef : X. COMMECY
Réalisation : X. COMMECY, L. GAVORY, F. SUEUR
et A. ROUGE.
Adresses des auteurs :
P. CARRUETTE : 24 route de Conty 80290 Poix de Picardie ·
X. COMMECY : GENTELLES 80380 Villers-Bretonneux
, F. JANNIN : Parc Ornithologique du Marquenterre, St Quentin en
Tourmont 80120 Rue
A. ROUGE : 67 rue des écoles 93300 Aubervillers
_ F. SUEUR : Le bout des crocs, St Quentin en Tourmont 80120 Rue
L. TULLIE : 6 rue du stade 80340 Bray-sur—Somme


			
1
ACTUALITES ORNITHOLOGIQUES
ANNEE 1988 -
' C.©.P.
Ces cinquièmes Actualités Ornithologiques (actualités un peu
tardives peut étre) comme les précédentes ont pour but de signaler
les espèces rares observées au cours de l'année précédente en Picardie
mais aussi ( et surtout) de relever toutes les variations du statut
actuellement connu des oiseaux : dates précoces ou tardives, rassem-
blements exceptionnels, installations ou disparitions d'espèces,
résultats de recencements spécifiques... Pour chaque espèce nous
essayons en quelques mots de montrer l'originalité de l'observation.
La rareté des espèces mentionnées n'est donc pas un critère en soi et
nous espérons que chacun prendra l'habitude de nous envoyer en début
d'année ses observations particulières; ceci permettra d'accélérer
la livraison de ces actualités contrairement à cette année où c'est
le retard de quelques observateurs qui a bloqué pendant plusieurs
mois la parution de l'AVOCETTE, notre revue.
X. COMMECY
FOU DE BASSAN Sula bassana : 1 trouvé mazouté et épuisé à Saint-
_ Simon (02) soit à plus de 120 Km du littoral. Il meurt en soins
le 17 Février, 2 jours aprés sa découverte (S. BOUTINOT).
· GRAND CORMORAN Phalacrocorax carbo : effectif record en Baie de
Somme, 195 le 23 Octobre (F. SUEUR) et nidification en terres
(troisième cas connu pour la France) : 1 couple élève 2 jeunes
â Péronne (80) (X. COMMECY}.
HERON CENDRE Ardea cinerea : Une nouvelle colonie découverte, 6 nids
à Bacquencourt (80) (C., P. et M. DANCOISNE).
. GRANDE AIGRETTE Egretta alba : 1 juv. du 28 Juin au 23 Novembre au
'\xx P.O.M. (nombreux observateurs) et 1 le 27 Novembre à Fouencamps
I *q (80) (G. NEVEU).

2
AIGRETTE GARZETTE Egretta garzetta : 4 ou 5 nids au P.O.M., maximum
jamais observé. .
HERON BIHOREAU Nycticorax nycticorax : Première nidification régio-
nale, mimimum de 3 couples dont au moins 2 réussiront à Péronne
(80) (X. COMMECY). -Y —
IBIS FALCINELLE Plegadis falcinellus : 1 le 18 Septembre à Boismont _
(B0) (C. OZOUF) et 1 le 28 Octobre au P.O.M. (P. SPIROUX). L'
existence d'une population férale en Bretagne peut expliquer _
l'actuelle augmentation des observations de cet oiseau oriental
dans notre région.
SPATULE BLANCHE Platalea leucorodia : un couple transporte des maté-
riaux les 5 et 10 Mai au P.O.M., copulations observées le 15 mais
pas de nidification (F. SUEUR et al.) A quand la reproduction
en Picardie?
une donné de printemps remarquable : un vol de 30 le 20 Mars â
Boismont (80) (GEPOP).
BLONGIOS NAIN Ixobrychus minutus : 4 chanteurs le 23 Mai au marais de
Sacy (60} (GEOR 60)
BERNACHE CRAVANTB.ranta bernicla : un nouveau maximum pour le passage
de printemps, 453 dont 435 en migration le 4 Mars en B.S. (F.
SUEURJ. .
FULIGULE NYROCA Aythya nyroca : 1 à Saint Nicolas au BoiS (02};
toujours très rare en terres (X. COMMECY et L. GAVORY).
FULIGULE MILOUINAN Aythya marila : 1 M. du 8 au 11 Juillet au P.O.M.
Date étonnante! (F. SUEUR et al.)
· HARELDE DE MIQUELON Clangula hyemalis : toujours rare én terres, 1 F./Im.
le 17 Février â Pimprez (60) (A. ROUGE).
FAUCON KOBEZ Falco vespertinus : 1 M. le 17 Septembre au H.A.(80).
Faucon toujours trés rare en migration post—nuptiale.
1 M. (et peut être une F.) à Sacy (60S le 15 Mai (GEOR 60)
I RALE DES GENETS Crex crex : 1 les 12 et 16 Octobre au H.A.(8U).
Espèce rarement observée en dehors des quelques sites de nidifi—
cation régionaux connus et date tardive (R. MADRAGORE}.
GRAND GRAVELOT Charadrius hiaticule : nouvel effectif record en>B.S.
2&M)'le 29 Août (F. SUEUR).

%
PETIT GRAVELOT Charadrius dubius : 29 couples pour 4 localités de 2
l'Aisne (dont 13 dans les graviêres de Bucy-le-Long) le 3 È
Juillet. Le bilan de l'enquête 83-84 avait donné 14 â 16 couples _
recencés (20 à 30 estimés) pour tout le département (T. RIGAUX —
L'AVOCETTE 9(1) p.1—B) (X.COMMECY et F. SUEUR). .
PLUVIER GUIGNARD_Eudromias morinellus : Confirmation du petit passage
H en fin d‘été sur le littoral, 1 le 11 Septembre.
BECASSINE DES MARAIS Gallinago gallinago : Un effectif record de 140 :
2 le 25 Octobre au P.O.M. (F. SUEUR et al.).
CHEVALIER GUIGNETTEIActinis hypoleucos ¢ Rare en hiver mais 4 données
dans l'Oise (Montlognon le 6 Dec., Moru—Pontpoint le 13 Dec. et
Longueuil—Ste—Marie les 22 dec. et 1 Janv. 89) (GEOR 60) et une
dans la Somme (1 le 23 Dec. à Estrëes—Mons) (X. COMMECY et L.
GAVORY).
CHEVALIER CULBLANC Tringa ochropus : Occasionnel en hiver mais 6 données
de Décembre totalisant 10 oiseaux dans l'0ISE (GEOR 60). Les
observations de ces deux Chevaliers en hiver sont probablement
à mettre en relation avec l'hiver doux que nous avons connu.
AVOCETTE Recurvirostra avocetta e une nidification possible en terres
(à 10 Km du littoral), 2 adultes et 1 juv. volant à Grand—Laviers
(80) (X. coMMEcY).
MOUETTE MELANOCEPHALE Larus melanocephalus : 1 ad. et 1 Im. le 3 Mai
_ puis 2 ad. le 21 Mai transportant des matériaux au POM. A quand
la premiére nidification picarde? (F. SUEUR et al.).
STERNE PIERRE—GARIN Sterna hirundo : un effectif record de 513 le 16
Mai en RBdS (F. SUEUR).
STERNE ARCTIQUE_Sterna paradisaea : autre effectif record, 40 le 1
Août (et 25 le 16} en RBdS—POM (X. COMMECY et F. SUEUR).
· CHOUETTE CHEVECHE Athene noctua : 3 contacts seulement malgré une
. recherche importante pour les cartes de Creil, Senlis, Villers-
Cotterêts ce printemps (GEOR 60).
MERGULE NAIN Alle alle : 1 trouvé mort le 14 Fevrier sur le littoral
(capes).
È.
"‘- ,

4
MARTINET NOIR Apus apus : 1 le 11 Novembre au H.A.(80}, bien tardif!
(P. CARRUETTE)..
HUPPE FASCIEE Upupa epops : 1 à Guignioourt (02) le 22 Octobre.
l
Retardataire ou hivernante? Quelques observations de Décembre Ã
î
et Janvier ont été faites cet hiver en Grande—Bretagne (in ` ?
British Birds) (X. COMMECY et L. GAVORY).
— PIC NOIR Dryocopus martius : premières données d'une implantation dans _
le Marquenterre, 1 M. les 30 Septembre, 3, 16 et 17 Octobre au È
POM (R. BALEJ, P. CARRUETTE et F. SUEUR}. .
Alouette lulu Lullula arborea : toujours rarement notée au passage
prénuptial; une observation de 2 oiseaux le 18 Mars en B.S.
confirme la période mi—Mars pour cette migration (F. SUEUR}.
PIPIT DE RICHARD Anthus novaeseelandiae ; 1 le 27 Novembre à Moru-
Ponpoint (60) (J.P. BONNEL}.
PIE—GRIECHE ECORCHEUR Lanius collurio : 25 cantons repérés dans le
camp militaire de Sissonne(02} le9 Juillet ( G. FLOHART et L.
GAVORY). _
ROUGE-QUEUE A FRONT BLANC Phoenicurus phoenicurus : 1 femelle tardive
le 23 Octobre en RBdS (F. SUEUR).
GORGE+BLEUE A MIROIR Luscinia svecica : plusieurs sites de nidification
dans les vallées de la Somme, par exemple 7 couples repérés (10
estimés) à Cerisy—Gailly...(X. COMMECY et al.)
MERLE A PLASTRON Turdus torquatus_: 6 le 12 Avril à Chivres—en—Laonnois
(02). Date habituelle mais effectif important pour notre région
(L. sAv0RY).
POUILLOT SIFFLEUR Phylloscopus sibilatrix : implantatioq confirmée
dans le Marquenterre, 3 chanteurs fin Juin (V. CARON et P. CAR-
RUETTE). _
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1
1
1
Premiers indices de reproduction de î
la GORGE—BLEUE Ã MIROIR·BLÀNC LUSCiHiâ SVQCiCâ cyanecula
_ dans les marais de SACY — OISE- .
A par A. SPAGNUOLO
A ce jour, la présence de la GORGE—BLEUE n‘avait pas été soupçonnée
dans les marais de SACY.
Premières observations :
Le 1 Avril B 89, vers 7h.ï , je suis dans la partie "humide“ des
marais et un chant d'oiseau attire mon attention. Rapidement je
localise l‘auteur de ce chant, perché en haut d'un buisson de Saules,
bien en vue, à moins de 10 métres. J‘écoute là l‘émission surprenan-
te d'une Gorge-bleue! L'oiseau a le dessus sombre, mais ce qui retient
l‘attention c'est une ·tâche bleue assez étendue à la gorge, tâche
bordée de noir avec au centre un peu de blanc et en dessous un cordon
'roux. Il s'agit donc de la sous-espèce à miroir blanc.
Quelques instants aprés l'oiseau s'élève d'un ou deux métres pour
redescendre "en parachute“ et disparaitre dans la végétation herbacée
assez dense de la berge; un moment plus tard elle reparait et se
perche bien en vue au sommet du même buisson et recommence à chanter.
· Aprés une ou deux minutes elle s'é1ève de nouveau pour redescendre
"en paraohute". Je ne pense pas avoir affaire à un individu en migra-
· tion car son comportement semble celui d'un oiseau cantonné et le
vol nuptial impose de douter.
Ce matin là, j‘ai le plaisir d‘bbserver 4 mâles de Gorge—bleue, tous
de la sous-espèce cyanecula (à tâche blanche dans le bleu de la gorge]
et tous ont ce comportement d'oiseaux affirmant leur territoire. Je
me promets de revenir.

6
Secondes observations
Le 5 Mai, je ne vois ni n'entends les Gorge~bleues là ou je les avais Ã
contectées le 1 Avril. Continuant me visite dans un secteur que, faute É
de temps, je n'eveis pu prospecter précédemment, j‘entends dans un bouquet z
d'arbustes un chant que j'attribue un court instant à une Rousserolle
verderolle avant de revenir rapidement sur mon jugement, n'éteit—ce pas
plutôt une Gorge—bleue? Je me poste discrètement à l'affut, le chant
cesse rapidement mais au bout d'un moment je vois apparaitre discrètement
un mâle de Gorge—bleue et j'ai la chance de pouvoir discerner du blanc
au centre du plastron bleu. J'attends encore plusieurs minutes mais
le contact ne se renouvelle pas.
Dans un troisième secteur du marais, prés d'une mare de petite taille Z
et perché en haut d'un buisson de Seules de 2 métres de haut, se tient É
un nouveau chanteur de Gorge—bleue à miroir blanc. Là encore, l'oiseau §
disparait rapidement.
Troisièmes observations
Le 17 Juin, accompagné de J.M. MALLARD je retourne dans les secteurs i
où l'espèce a été contactée précédemment; nous sommes équipés d'un É
magnétophone. I
-sur le premier secteur ou 4 chanteurs avaient été vus et entendus le
1 Avril nous n'avons pas de contact mais nous n'utilisons pes la repasse.
-sur le second secteur, aprés plusieurs minutes de repasse, un mâle
apparait en haut du buisson, égrène quelques notes avent de disparaitre
rapidement. Nous n'avons eu que peu de temps pour l'observer mais suffi- \
samment pour repérer à la longue vue une tâche blanche à peine visible `
dans le bleu de la gorge. Nous continuons la repasse longuement mais E
nous n'aurons plus de contact. É
~nous nous dirigeons alors sur le dernier secteur ou j'ai observé l' I
espece le 5 Mai et nous recommen bns les recherches avec la même méthode É
que précédemment aprés un moment d'écoute infructueux. Nous sommes î
surpris par un oiseau arrivé derrière nous et qui bifurque au dernier Z
moment. La queue semble rousse, l'oiseau est sombre. Nous continuons É
la repasse un long moment sans succés. Au moment où nous partons, résignés,
une Gorge—bleue à miroir blanc sort d'un buisson, se perche bien en
vue à moins de 20 mètres avant de disparaitre rapidement dans ce même
buisson. Quelques instants aprés, un oiseau assez sombre en sort, volent
rapidement au ras de l'eau et pénètre dans la végétation dense de la berge.
Ce manège se répétera une nouvelle fois un long moment aprés. Pendant
tout ce temps nous avons utilisé la repasse.
Quelques dizaines de métres plus loin, une Gorge—bleue (la mème?) passe
non loin de nous. Au moment où elle survole un buisson, un mâle en sort
pour se percher un court instant puis disparaitre dans ce méme buisson.
Est—ce là un comportement de défense de territoire? Celà semble fort
probable. I
Nous n‘avons certes pas pu prouver la nidification certaine de Luscinia
svecica cyanecula dans les marais de Sacy néanmoins, le contact avec 2
individus à 6 semaines d'intervelle retrouvés pratiquement au buisson _ g
prés; la grande discrétion des oiseaux mis à part les comportements
de défense de territoire et des observations jusqu‘en Juin donnent de
bonnes probabilité à le nidificetion de l‘espéce cette année dans l'
Oise. Ã

I 1
I
I
I
I
NIDIFICATION DE LA É
MESANGE A MOUSTACHES (Panurus biarmicus)' `
DANS LA MOYENNE VALLEE DE LA SOMME EN
EN 1988  
par L. TULLIE
La Mésange à moustaches (Panurus biarmicus) nichait dans le Nord de
la France au début du XIX siècle. Pour le Picardie DEGLAND (1831) signale
sa nidification en haute vallée de la Somme à Péronne. MARCOTTE (1860}
mentionne sa reproduction possible dans les marais entre Long et Longpré à
l'©uest d'Amiens. LEGENDRE (1927) signale 3 observations à Corbie.
En B 51, BOUTTNOT (1955} observe de nouveau la nidification sur le secteur
de Péronne, secteur particulièrement favorable à l'espêce avec ses grandes
roseliéres.
Plus récemment et toujours en terres dans le département de la Somme, un
couple d'adultes est noté en vallée des Evoissons en Avril, Mai et Juin
1970 sans preuve de nidification (ROBERT 1578) et en Avril 72 elle est
signalée dans les marais de Boves (FOURCY et ROBERT TS73).
Aujourd'hui en Picardie, les seuls sites de nidification connus sont loca-
lisés en Plaine Maritime Picarde. l
L‘espêce a été signalée en période de nidification en B 81 é Rue ou un cas
de reproduction est noté avec un mâle transportant de la nourriture le 30
Mai (COMMECY, RIGAUX et SUEUR 1983). La vague de froid de l‘hiver 81-82 fit
disparaître ce fragile noyau (TRIPLET 1982), néanmoins se site difficile
d'accés ( zone privée pour la chasse au gibier d'eau) reste mal prospecté
et des couples pourraient toujours y nicher,
Le marais du Hable d'Ault où la premiére nidification a été prouvée en Mai
1572 avec 3 nids, l'espêce étant notée dans ce secteur depuis le printemps
1963 par N. RANSON (FOURCY et ROBERT D 53)· Le nombre de couples ne doit
encore actuellement guère important (moins de 10 probablement} mais là
,,_encore .`_` les Mésanges à moustaches nichent dans des secteurs difficilement
prospectables.
 

Dernier secteur, les marais de Noyelles sur mer (renclôture Elluin) ou ’
les oiseaux nichent depuis EQFS)4 à 5 couples régulièrement au début des Q
années 80. En 85 avec la vague de froid l'espéce semble avoir régressé; ‘
cette année (1988) plusieurs adultes furent observés en Juin avec un Q
regroupement de 17 juvéniles (CARON et LEGOUFFE com. pers.).
La nidification décrite ci aprés â Bray sur Somme en cette année 88, à
prés de 1OG kilometres des côtes semble donc pour l'instant le seul site `
_ I
intérieur de nidification de l'espèce en Picardie; il est peu éloigné de
Péronne ou deux nidifications anciennes furent déjà prouvées. _
Les lieux d'observations sont localisées sur le schéma suivant.
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Situé aprés une zone d'étangs presque continue, dans une phragmitaie
bordant la Somme, le site présente le biotope préféré de la Mésange à
moustaches : une roseliére de moyenne dimension, trés touffue où s'enche—
vêtrent les chaumes du Roseau phragmite (Phragmites communis), quelques
Aulnes glutineux (Alnus glutinosa) poussant dans les parties les plus
humides. Le sol est trés vaseux et une eau peu profonde pârtout présente
en font une zone difficile d'accés donc une localité protégée de toute
intrusion humaine. `
Les observations:
20 Juin, arrivé sur le site, le chant d'une Rousserolle attire mon atten- `
tion et pendant que je la cherche je repère un oiseau roux au vol onduleux
qui traverse la Somme; sa silhouette rappelle celle de la Mésange à longue
queue (Aeghitalos caudatus). Je pense aussitôt à la Mésange à moustaches
déja observée les années précédentes au même endroit ( 3 individus en
Mars 86 et 2 en B7}. Suivant toujours l'oiseau avec mes jumelles mon
attention est décuplée : je vois en effet 6 oiseaux ensemble! (un record ,
pour l‘endroit}. Il y a 2 mâles (avec leurs superbes moustaches noires É
se détachant sur le gris perle de leur tête) et 4 femelles ( de couleur É

fauve, la tête brune sans moustaches). Malheureusement avec le peu de 5
visibilité dont je dispose, je ne peux les suivre bien longtemps et les î
oiseaux disparaissent bientôt, escaladant les roseaux ou rasant les · ;
pointes d'un vol légérement ondulant, rythmé d'une curieuse torsion de j
la queue. I I
23 Juin: de retour sur le site,‘je revois une femelle avec une plume au
_ bec. L'éventualité d'une nidification se précise. La tentative pour trou—
ver un nid échoue le milieu se prétant mal à de telles recherches et de È
_ plus je n'ai pas voulu déranger ces oiseaux.
27 Juin: les oiseaux sont toujours la et leur comportement est identique
à celui observé précedemment.
Nos obligations nous empêchent de prospecter ultérieurement le site
pendant l'été.
Derniére observation au moment où nous écrivons ces lignes, le 3 Décembre ·
où un mâle est observé. Il se nourrissait de graines de Phragmites et se
manifestait par des appels incessants.
BIBLIOGRAPHIE:
BOUTINOT S. î1955) Faune ornithologique du Vermandois (Région de Saint-
Quentin) ORFO25(4]256—294.
COMMECY X. et SUEUR F.(1983) Avifaune de la3 aie de Somme et de la Plaine
maritime picarde. Amiens (GEPOP}, 235 p.
COMMECY X., RIGAUX T. et SUEUR F.(B 83) Synthèse des observations 1981
dans la Somme L'Avocette 7(3—4)89—B 2.
COMMECY X., RIGAUX T. et SUEUR F.(B B4) Synthèse des observations 1982
dans la Somme L‘Avocette 8(3—4}49—122
DEGLAND C.D.(1B31} Tableau des oiseaux observés dans le Nord de la France
Lille 22 p.
FOURCY E. et ROBERT J.c.(B @3) La Mésange à moustaches en Baie de Somme.
Bull. Inf. Liais. GEPOP(4) 1 p.
LEGENDRE M.(1927} Les Mésanges à moustaches de la faune européenne.
_ Oiseau8 : 113—1l§
MARCOTTE F.(1860] Les animaux vertébrés de l'arrondissement d'Abbeville.
` Mém. Soc. Imp. Emul.Abbeville. 8 256 p.
NEVEU G. et SUEUR F.(B 98) Avifaune de la moyenne vallée de la Somme:
secteurs de Bray/Somme et Corbie. Les autres vertébrés. Avocette 2(1)1-2
TRIPLET P.(B 82} Les conséquences des vagues de froid de l'hiver 81~B2 sur
les populations de Bouscarle de Cetti Cettia cetti, de Cisticole des joncs
Cisticola juncidis et de la Mésange à moustaches Panurusï iarmicus
du littoral picard. L'Avocette 6(1—2—3—4} 12 ~130.

10 1
Observation d'un Limnodroma à long bec
Limncdromus Scolopaceus à Vauciennœs (Oise). ·
par A. ROUGE -
i
DEROULEMENT de POBSERUATION
Uobseiwation de ce iimicoie a été széaiisée ies 26 et Z? Septembse I9S?, sua tes
bassins de décantation de ia sucieiie de Uauciennes i©ise), situés dans ie quant
sud~est du dépaitement.
Je découvte cet oiseau ie 26, nous ie ievoyons ie iendemain en compagnie de
R et L FRANCOIS Cette donnée a été acceptée pas ie Comité d’H0moiogation
Nationat (PÀTDLIBOIS et ie CHN, Aiauda [591-4) î988}· l
Ce Limnodzome est découvett en compagnie de piusieusts Bécassines des masais
(GaIiinago gailiinago}, ii sem toujouss obseivé avec cette espéce,et avec un
Chevaiiez abogeua (Tsingo nebuiaiia]. La taiiie et tes pnopottions sont giossiê-
tement celtes d’une Becassine des maltais, quoique un peu ptus haut sui pattes.
Uabsence de iayuies sui ie manteau et ie piumage pius gzis ie distinguent
5aciiement des Bécassines Le bec est bien tmp tong pout êtie cetui d'un
Cneuaiie-1. La taitte bien inâésieuze a cette du Cnevaiies aboyeui excfut ia
possibiiité d'une Baige Engin, en voi, ie tsait bianc sus ie dessus de Faite, ii
t’ext»Iémité des iémiges secondaiies, et te bianc sui ie dos icomme che; ie
Chevatiee abogeui), congisiment Fappastenance de cet oiseau au genie Limnodzomus
DESCRIPTION -
Uidentiâication spécigique : Limnodsome ii iong bec IL Scoiopacéus} ou
Limnodzome ai bec count (L. Gsiseual, n‘a pu ette possibie que guîce EL d'exceiEentes Z
conditions d’obse>cvation [50 m pendant pius de 2 neuies}, et it Futiiisation d'un
téiescope qui pezmit des paises de notes détaitiées du piumage.
Dans ie C115 psésent, it s'agit d’un juvéniie dont ie piumage neupiésente pas de
tiace de mue. Les scapuiaiies et ie manteau sont de coiomtion bsiun gjoncé
(et constzatent avec ies couveitustes pius giises). Le cou, ia nuque, ia zone
paiotique est gais-bsun atoszs que ia couaonne est biun goncé. Le haut et ies E
côtés de ia poittine, gais bszun, tozment un piastwn diîîûus qui contssaste avec I E
ie zeste de ia poitszine, tégeiement iavée de toux pâle. Le sioux pâle est davantage A
accentué sui ie ventse. Les sous-caudatles et ia queue sont baisées de biun et ’
de bianc. .   ....___  _._     -._Ã  

1 1 (
(
2
Un examen plus attentiâ neveu quetes scapuiaiies et tes iemiges teitiaiies sont (
biun sombie, unies en teui centte et bozdees d’un «_§in iiseié ·ioux—cnamoise,
bien angine et iégutiei. Les deux iangees de scaputaiies ies plus exteines sont
d’un type diüetent : teui base est giise. I
Ces piurnes ne piesentent pas de maiques—ctai#ies dans ieui paitie centzate. —
Des scapuiaiies et teitiaiies de ce type sont diagnostiques de scofopgceus en
I ptumage juveniie (R Hagman et ai : IQS6), ces pturnes sont conseivees au moins
I jusqu’en novembie Chez Gziseu ces ptumes sont d’un aspect ttes diüeient :  
tisete iiieguiiei, maiques intetnes ctaiies, aspect ··ugse·· pout ies teitiuiies. (
IDENTIFICATION DES DEUX ESPECES DE LIMNODROMES — DISTRIBUTION
Les deux especes de Limnodiome n’ont ete sépaiees qu’en 3*950 (Piteiizal
L'identi;_(ication de teiiain n’a ete ciaiitïiee que ties iecemrnent (P=iate=i I9??].
La ptupait des guides d’identi5ication usuets 5ont ieûeience à des ciiteies
d'identi§ication qui depuis, se sont ieveiés inexacts (tongueui ietative de ta pointe
de Faite et de ia queue, pattein des sous—caudates), ou inappticabies sui te teiiain
(iongueut du bec, pattein de ia queue}.
LI conviendia donc de se iepottei ai ta mise au point de Pieiie Vesou : _
Les Limnodiomes identijication, sgnthese des donnees jtangises (Aiaudu 50 (3) 1982)
ou fi Pexcetient guide d'iden5ication des timicotes -en tangue anglaise- Snoiebiids
(R Hayrnan 5 At I986]·
Matgie tes ptogies ieatises, t’identi;§ication des Limnodiomes n' en teste pub moins
dêiicate. Si ies juvenites sont ies pius gacitement distinguabtes pat tes ciiteies
de piumage, tous ies auteuszs iecents s’accoident pout convenii que ies adultes
nupticuix sont pius diâîîiciies ii identiëiei et quetes oiseaux en ptunwage d'nive'i
ne peuvent ette distingués avec secuiite que pat ta voix.
Le Limnodtome à tong bec est un nicneui de ta Toundia Attique dont ta disttibution
sut ie continent ameiicain est ties occidentaie : it niche dans ia paitie occidentale
W du Canada, en Atasfea et dans ia paitie voisine de ia Sibetie.
Le Limnodiome ii bec couit a une dite de iepattition ptus vaste et pius mezi-
I dionaie [de i'Atas(2a EL Pest de ta Baie d’Hudson).
En dépit de sa distiibution ties occidentaie, ie Limnodiome ai tong bec est
iegutiei sui ia côte Est des USA, en migiation. Les quaitieis d’hive~inage se
situent sui ta côte Paciâique des USA, ie pouitoui du Gotie du Mexique, ie
Mexique et en Ameiique Centiaie fusqu'au Guatemata.
I

12 i
STATUT en FRANCE et en EUROPE de t’OUEST Ã
Uappasition du Limnodsome a tong bec est ctassique en Eusope Occidentate, en
automne. En Gsande Bsetage, ta mogfenne des secosds annuets est de 7 au couss de I
ces dix desnieses annees (MJ Rogess and the Rasities Commitee : Repost on
san! bisds in GB in I986 : Bsitish Bisds 80. II : ST6-5?I]· ·
En Fsance, cette espece sassembte 9 % des timicotes nosd—amesicains se essssss
paste CHN (Dubois, Vesou, I986]. —
Uoccusence en Fsance de Limnodsome a bec coast n'a jamais été psouvee
Toutes tes donnees bsitanniques de cette espece sont en couss de sevision pas te
Comite Nationat La ptupast de ces donnees se sappostaient en gjait au Limnodsome
a tong bec.
Jasqu'en I984, tes Limnodsomes avaient 5ajt t'objet de 23 obsesvations en Fsance,
tous tes oiseaux detesmines etaient des Limnodsomes En tong bec (I3 obsesvations]
(Dubois, Vesou, I98é].
En 1*985 et I986, te Limnodsome à tong bec a été note deux 6ois pas an (Dubois et
te CHN). Le tittosat attantique et ta Bsetagne sassembtent t’essentiet des donnees
avec ?0 % de t'ensembte sus te seat depastement du Finistese (Dubois, Vesou 1*986).
’D’une maniese genesate, ta distsibution des donnees de timicotes nosd—amesicains
est assez simitaise.
De même que pous tes autses timicotes nosd-amesicains, tes obsesvations a
t’intesieus. des tesses sont assez sases.
Notons néanmoins, qiifeiie continent amesicain, en migsation, cet oiseau âséquente
psêtîésentiettement tes mitieux d'eau douce ou saumâtse (Csamp â At I983]·
Le Lunnodsome a bec coast âsequente de siaçon ptus exctasive tes espaces intestidaux. —
STATUT REGIONAL - REVUE DES OBSERVATIONS de LIMICOLES NORï>—A;\/(ERICAINS
en PICARDIE
La date de notse obsesvation s’inscsit passaitement dans ta pesiode ctassique
d'appasition de cette espece en Easope : desniese decade de Septembse, psemiese
quinzaine d’©ctobse (Dubois, Vesou, I986}. Quetques individus sont notés en hives. _
Cette donnee constitue ta seconde mention picasde pous cette espece Une âemette
en ptumage nuptiat avait ete obsesvee  puis captusee a des §ins taxidesmistes -
dans te secteus du Habte d'Autt (80] te 8 Mai I9?é (Hovette I9?8, 'Doc Zoot I (IO-I9]
in Commecyet Sueus (1933].
Tout d'abosd identisie comme Limnodsome a bec coast, cet oiseau etait en sait
un Limnodsome a tong bec (Vesou 1982).
Ceta ittustse bien te titou qui entousait t'identi5ication de ces deux especes,
it g a peu de temps encose, et même dans d'excetEentes conditions d’obsesvation.
i

13 i
Notse obsesvation constitue, ai notse connaissance, ia psemiese donnée de iimicoie  
Nosd-Amésicain poum ie dépastement de t'©ise. Depuis, i’Oise s’est vu gsatigjiée _  
d'un Becasseasi Rousset—(Tsgngites subsugficotiis} obsesvé pas JP Bonne! et Cl Guyot, I
ie 4 Septembse I988 sus ies mêmes bassins de Uauciennes, et d’un Bécasseau tacneté
— [Caüdsis Metanotos) découvest pas B. Bougeasd, D. 'Rochesieux et .1 Ph. Sibiet
ie I? Septembse I9SZ, toujouss sus des bassins de sucsesie, mais sus un autse site :
· ie Quesnoy/Cnevsieses (ces deux obsesvations sont soumises â nomoiogation pas
ie CHN}.
L'/Aisne avait déià seçu ia visite d'un Petit Cnevaiies En pattes jaunes en Juin
a Auinoiï-s/Laon bus des bassins de sucsesie (Dubois, Vésou. I986l ·
Ces quatses especes sont égatement avec ie Phatasope de witson - Phaiasopus
tsieoios - ceiies qui sont te ptus communément obsesvées en Fsance pasmi ies
iimicoies nosd-amésicains [Dubois Vésou 79861.
La Sbmme de pas sa situation côtiese, a seçu ta visite d’un plus gsand nombse
d'espèces dont eestaines tses sases en Fsance. Outse piiisieass Bécasseaux soussets,
ie Limnodsome â tong bec, un Petit Cnevaties â. pattes jaunes ont été notés :
Un Bécasseau minuscuie [Caiidsis Minutiiia), un gsoupe de tsois, Piuviess Kitdees
iChasadsius Uoci;§ésus], et ie seui Cnevaiies semi-paimé (Catoptsopnus Semipaimatus]
g§sanç,ais [Commecg, Sueus 7983, Dubois, Vésou 1*9861
Le suivi séguiies des bassins de sucsesie poussait nous sévéies d'autses bonnes
suspsises Ces mitieux asti6icieis sont a i'osigine d’une tsies gîoste psopostion dies
données ségionaies de timicoies a i’intésieus des tesses.
Nous nous pesmettons de sappeies, outse ie easactëse psivé de ces sites, que ia
vaieus de ees miiieux tient posts une gsande past, â ieus seiative tsanquitiité
Ii convient donc de iaise en soste que tes visites osnitnoiogiques soient ie
_ moins pestusbantes possibies.
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la Plaine Maritime Picarde. AMIENS (GEPOP) 235p.
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14
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University PreSs)B—13p. I

15 1
I
MISE AU POINT SUR LA VARIABILITE DES
RECENSEMENTS AVIENS EN BAIE DE SOMME
_ par François SUEUR
- I
INTRODUCTION
La parution d’un article polémique (TRIPLET et coll.
. 1986} nous a incité à prendre la plume pour exposer quelles
sont les causes de variations des résultats de recensements
des populations aviennes aquatiques en baie de Somme. Il ne
s‘agit nullement d‘une réponse aux critiques émises sur un
de nos récents travaux (BACROT et SUEUR 1985) mais d‘une
mise au point sur la variabilité des recensements.
Lorsque des recensements différent très nettement
alors qu’ils ont été réalisés à quelques jours
d’intervalle, deux attitudes peuvent être adoptées :
1) considérer que ces divergences sont le résultat d’une
différence de "qualité" des observateurs (TRIPLET et coll.
1986} ;
2) ne pas mettre en cause a priori la qualité des autres
observateurs et envisager l`existence de mouvements
entraînant un solde positif ou négatif des populations
aviennes stationnant en baie de Somme sur un court laps de
temps. De tels faits ont souvent été mis en évidence aussi
bien lors des périodes migratoires que lors des uhivers
rigoureux (mouvements de fuite devant le froid) ou très
cléments (mouvements migratoires anticipés). Cette derniére
attitude paraît beaucoup plus réaliste et constructive que
` la premiére, dont le caractère polémique, abusivement
simplificateur et pour finir bien naif est évident. Par
ailleurs, d’autres causes "externes“ (conditions
U météorologiques, etc) et "internes" (erreurs stochastiques,
etc) peuvent être évoquées. C‘est ce que nous nous
proposons de montrer dans le présent article.
Nous envisagerons successivement les erreurs
stochastiques et systématiques, celles dues aux techniques
de dénombrement, aux conditions météorologiques et à la
répartition des oiseaux.
I
` I

16 l
ERREURS STOCHASTIQUES ET SYSTEMATIQUES 1
I
Les recensements constituent une mesure et sont donc, E
par nature, entachés d‘une certaine part d’erreur. Il . ;
serait donc illusoire de vouloir dénombrer un groupe de I
quelques centaines ou milliers d’oiseaux à l’unité prés.
L’erreur stochastique représente la variabilité du .
résultat d’un recensement (par exemple, lorsque le même
groupe d’oiseaux est dénombré par plusieurs observateurs).
Sa mesure s‘obtient en effectuant le rapport de la -
déviation standard sur la moyenne, d’oü la dénomination de
déviation standard relative.
L`erreur systématique est la différence entre la
moyenne de différents recensements et le nombre réel
d’oiseaux présents. Cette erreur est très difficile à
apprécier.
Selon KERSTEN et coll. (1981}. la déviation standard
relative de bandes recensées au reposoir apparaît comme
indépendante de la taille du groupe et de l’espèce. Elle
est de l’ordre de 37 % dans ce cas tandis que pour les
vols, elle n'est que de 17 % (RAPPOLDT et coll. 1985). Ces
chiffres sont valables quelque soit la “qualité“ des
observateurs.
ERREURS DUES AUX TECHNIQUES DE DENOMBREMENT
La méthode utilisée lors du dénombrement peut influer
le résultat du recensement.
Le dénombrement sur les reposoirs de marée haute est
sans conteste le mode le plus utilisé en baie de Somme.
Nous avons examiné précédemment, à la lumière des travaux
d’autres auteurs (KERSTEN et coll. 1981, RAPPOLDT et coll.
1985), les sources d`erreurs de cette technique. _
Le recensement des groupes quittant ou gagnant, le
plus souvent en vol, ces reposoirs sont plus gprécis.
Actuellement. nous essayons d‘utiliser le plus souvent
possible cette technique. ll 11`est malheureusement guère
réalisable pour un seul observateur de recenser ainsi -
l'ensemble des espèces présentes au cours d’une seule
marée. La méthode précédente demeure un complément
indispensable. `
Le dénombrement à marée basse sur les zones de gagnage
entraine pour plusieurs espèces de nettes sous—estimations
lorsque nous comparons les résultats ainsi obtenus à ceux
de la marée haute précédente ou suivante par un même
observateur en baie de Somme (5 à 13 % chez l’Huîtrier pie

17
Haematopus ostralegus, de l’ordre de 11 % chez le Courlis
cendré Numenius arquata, jusqu’à 48 % chez le Chevalier È
gambette Tringa totanus, 69 % chez le Chevalier aboyeur T. I
nebularia et 37 % chez le Bécasseau maubèche Calidris · I
canutus, etc) mais constitue cependant la meilleure
technique pour recenser le Tournepierre à collier Arenaria
interpres qui à marée haute se trouve le plus souvent
dispersé dans les reposoirs de diverses espèces de
- Limicoles et passe alors relativement inaperçu.
Le recensement photographique, très peu pratiqué en
l baie de Somme, donne de trés bons résultats. en particulier
pour les groupes en vol. Les bandes monospécifiques posent
peu de problémes d‘interprétation, à l‘inverse de ce
qu‘assurent TRIPLET et coll. (1986).'
ERREURS DUES AUX·CONDITl©NS METEOROLOGIQUES
La pluie rendant généralement tout recensement
impossible, nous ne prendrons pas en compte ce facteur.
La brume est un paramètre qui entraîne des sous-
estimations évidentes. Le champ de visibilité se trouvant
réduit, les individus présents au—de1à de cette limite,
notamment en mer, sont ainsi négligés. Quant aux risques de
sur—estimation, mentionnés par TRIPLET et coll. (1986), ils
apparaissent comme illusoires dans la mesure ou des
précautions élémentaires, connues de tous les participants
réguliers a des opérations de recensements, sont prises.
ERREURS DUES A LA REPARTITION DES OISEAUX
La répartition des oiseaux dans l’estuaire de la Somme
peut influer grandement les effectifs recensés.
Ainsi le Canard pilet Anas acuta peut lors de
certaines marées hautes fréquenter exclusivement les
molliéres de la Maya ou ij. se nourrit alors d’Hydnobies
Hydrcbia ulvae. A tel point que TRIPLET et coll. (1986) ont
cru pouvoir généraliser et écrire ”qu’il suffit d’observer
à marée haute à la Maye pour se rendre compte de la
· réalité, parfois même sans sortir de voiture,.." (E). La
répartition du Canard pilet à marée haute peut être
beaucoup plus complexe puisque diverses situations peuvent
‘ se produire :
— alimentation sur pied en eau peu profonde au nord des
mollières de la Maye (jusqu’à des hauteurs de marée de 8,7
m), `
- concentration sur l‘eau au niveau de celles—ci,
— même phénomène au large du banc de l’Ilette,
- de même mais répartis entre ces deux secteurs (exemple 60
I
I

18
oiseaux au niveau des mollières de la Maye et 630 plus au
Nord) ou encore présence d’un groupe au large qui peut très
facilement passer inaperçu (exemple 400 individus sur un
total de 700), l’existence et la non—détection d‘un tel ·
groupe peut perturber un recensement.
C`est probablement ces répartitions complexes qui ont I
entraîné les divergences entre les résultats de . I
recensements de la Centrale Ornithologique Picarde (BACROT `
et SUEUR 1985, Centrale Ornithologique Picarde 1987) et
ceux publiés par TRIPLET et coll. (1986) pour les deux —
vagues de froid de 1985 relatés sur la figure. A l’inverse,
la prise en compte des seuls stationnements au niveau des
mollières de la Maya peut entraîner des sous—estimations
manifestes comme le montre la figure synthétisant les
données publiées par BOUTEILLER et TRIPLET (1987) et nos
résultats inédits pour la vague de froid de 1987.
Nous retiendrons donc que le Canard pilet s’avére être
probablement l’espèce la plus délicate è recenser en baie
de Somme.
Des faits de même nature que ceux décrits précédemment
chez le Canard pilet sont notés chez le Tadorne de Belon
Tadorna tadorna (tableau Il dont la répartition. â marée
haute varie sans que des facteurs tels que la hauteur des
marées, la direction. et la force du vent ou la chasse
puissent être invoqués (importantes fluctuations dans la _
réserve dans les mêmes conditions : 510 à 4 000 oiseaux à
marée haute du 23 au 26 janvier 1988, x = 2 403, s = 1 764,
DSR = 73 %, n = 3). _
Une situation voisine s’observe chez l’Huîtrier pie
dont 200 è 800 oiseaux en janvier et février 1988, soit 5 à
35 % de l’effectif total, peuvent s’alimenter sur le
littoral sableux entre Quend et la baie d’Authie et ne
revenir qu’épisodiquement sur les repcsoirs de la baie de
Somme puisqu’i1s peuvent utiliser le haut de l‘estran lors
des marées de mortes eaux et deux reposoirs situés
respectivement à la pointe de Routhiauville et à la
Nouvelle Pointe de Saint—Quentin lors de celles de vives
eaux (G. FLOHART, T. RIGAUX et F. SUEUR). Ces faits
pourraient expliquer en partie la variabilité des effectifs
observée lors de la vague de froid de 1985 (BACROT et SUEUR
1985).
CONCLUSION
La variabilité des recensements enregistrée en baie de
Somme pour de nombreuses espèces aquatiques pose le
probléme de la validité de ces derniers et donc des
enseignements que nous pouvons tirer de leurs résultats.

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20 I
I
I
Cette variabilité repose en partie sur l‘existence de
mouvements qui affectent les effectifs des populations
aviennes sur des laps de temps parfois trés courts (de
l’ordre de quelques jours). La réalisation de 2 à 3 _ _
recensements au cours de chaque décade tout au long du
cycle annuel, travail que.n0us avons effectué en 1986 et
1987, permet d’atténuer les effets de cette source de
variation sur les conclusions qui peuvent être portées à _
partir des résultats obtenus. ·
Une autre part de la variabilité provient de la , I
réalisation des recensements par des observateurs I
différents (erreur stochastique), chacun effectuant un
dénombrement entaché d’une certaine erreur, comme toute
mesure (erreur systématique). Cette erreur stochastique ne
peut être minimisée que par l’utilisation d’une même
technique mais peut demeurer forte (de l’ordre de 37 %)
même entre observateurs expérimentés (RAPPOLDT et coll.
1985).
Les techniques de recensement sont également plus ou
moins précises. La plus pertinente consiste à dénombrer les
oiseaux lorsqu‘ils arrivent ou quittent en petits groupes
les reposoirs de marée haute. Toutefois, elle ne peut être
utilisée simultanément pour l?ensemble des espèces et doit
être complétée par des recensements effectués directement
sur les reposoirs. ·
La météorologie affecte les recensements au point que I
ceux-ci doivent être effectués de préférence dans les
conditions les plus favorables (absence de pluie, de brume
ou de tempête).
Un autre facteur que l’observateur ne peut contrôler
est représenté par la répartition des oiseaux qui chez
I quelques espèces au moins (Tadorne de Belon, Canard pilet
et Huîtrier pie) peut entraîner de fortes sous—estimations.
Tout comme dans le cas des mouvements sur de trés courtes
périodes, la réalisation de 2 à 3 recensements par décade
en ne conservant en fin de compte que l’effectif maximal
enregistré peut atténuer l’influence de ce paramètre.°
En conclusion, toutes les variations d‘effectifs
enregistrées en baie de Somme ne peuvent être attribuées à `
des différences de “qualité" entre observateurs, n’en
déplaisent à certains polémistes patentés. Nombre d‘entre
elles sont causées par des paramètres difficilement `
contrôlables de la part de l‘ornithologue. La solution
indiquée, hélas demandant un important investissement en
. temps, pour atténuer ces variations et apprécier au mieux
la réalité consiste à réaliser 2 à 3 recensements au cours
de la même décade.
`
I
a
I

21 1
REMERCIEMENTS 1
Nous tenons à remercier Monsieur Eric MERCIER È
(Université de Franche—Comté) pour la lecture critique du L
manuscrit, Messieurs Guy FLOHART et Thierry RIGAUX pour les · ·
observations qu’ils ont bien voulu nous communiquer.
~ BIBLIOGRAPHIE
Bacrot S. et Sueur F. (1985) Impact sur l'avifaune des deux
_ vagues de froid successives de Janvier et Février 1985
en Picardie — L’Av0cette 9 : 106-142.
Bouteiller C. et Triplet P. (1987) Anatidés et Foulques sur
le littoral Picard lors de la vague de froid de
janvier 1987 — Bull. mens. ONG (115)28-29.
Centrale Ornithologique Picarde (1987) Synthèse des
observations ornithologiques réalisées dans la Somme
(80) en 1985 — L’Av0cette 11 : 133-175.
Kersten M., Rappoldt C. et Smit C. (1981) Over de
nauwkeurigheid van wadvogeltellingen - Limosa 54 : 37—
46.
Rappoldt C., Kersten M. et Smit C. (1985) Errors in large-
scale shorebirds counts — Ardea 73 : 13~24.
Triplet P., Robert J.C. et Mouton J. (1986) Quelques
observations ornithologiques durant les vagues de
froid de janvier et février 1985 _sur le littoral
picard — Picardie Ecologie Série II, (2)47—66.
Date 23/12/87 24/01/88
H &«tê»» 93 É
BDS réserve 8 200 510 9
BDS Sud 1 700 5 750
POM 100 200
_ Total 10 000 6 460
Effectifs et répartition du Tadorne de
Belon en décembre 1987 et janvier 1988
(T. RIGAUX et F. SUEUR).
I I

22 ·
PASSAGE MIGRATOIRE REMARQUABLE DE SPATULES
BLANCHES Plataîea Ieucorodia EN 1988 DANS I
LE MARQUENTERRE ` .
par Philippe CARRUETTE et Fabrice JANNIN L
INTRSDUCTION
La Côte picarde a _toujours été un lieu de
stationnement habituel de la Spatule blanche lors de ses
migrations qui la conduisent de ses lieux de nidification
des Pays-Bas à ceux. d‘hivernage ·d‘Afrique de l‘0uest et
inversement. -
La baie de Somme est considérée par POORTER (1982)
comme une halte migratoire de première importance pour les
oiseaux hollandais au même titre en France que les
estuaires de la Seine, de la Loire et de la Gironde, les
marais de Vendée et de Charente.
Dès sa création, le Parc du Marquenterre fut adopté
comme lieu de stationnement par les Spatules, notamment
durant la migration postnuptiale. Le nombre d’oiseaux s’y
arrêtant augmente au fil des années : maximum de 13 en août
76, 22 en septembre 80, 25 en septembre 82, effectif
remarquable de 52 en septembre 83, 31 dont 20 migrateurs le
15 septembre 84, 16 le 14 septembre 1987. Ces
stationnements sont à rapprocher en nombre de ceux du Zwin .
en Belgique (58 oiseaux le 13 septembre 66, 34 le 17
septembre 70, 23 le 25 septembre 75, etc).
· Il est bon de rappeler que le Parc du Marquenterre et
la baie de Somme constituent parfois un lieu d’hivernage de
Spatules juvéniles. Pour la première fois en 1986, un
adulte a hiverné en compagnie d’un juvénile.

23
MIGRATION PRENUPTIALE
Un juvénile a stationné sur le Parc durant l’hiver 87- É
88. Le 30 mars, il est rejoint par un autre juvénile, E
premier migrateur de l’année. Le 31, le passage est _
remarqué avec 6 individus en vol vers le Nord. Ils se
posent dans le petit parcours malgré le public. Ce groupe
fut attiré par un oiseau adulte mâle jusqu‘alors détenu en
voliére et remis en liberté. Cet oiseau ne sera plus revu
' quelques jours plus tard. —
Quatre individus sont notés le ler avril. Deux
J juvéniles (les mêmes que le 30 mars ?) sont accompagnés par
un oiseau subadulte du 3 au 5. Les juvéniles resteront
seuls du 6 au 12 avril. Le 20, un adulte est perché dans la
héronniére (colonie mixte comportant alors 47 couples de
Hérons cendrés Ardea cinerea et 2 couples d‘Aigrettes
garzettes Egretta garzetta) au sommet des Pins laricios
Pinus nigra laricio. Il sera accompagné régulièrement par
un immature jusqu’au· 6 mai. Le 5 de ce mois, l'adulte
transporte des matériaux de construction (branches) et
aménage un nid de Héron cendré abandonné sous les yeux du
juvénile qui ne prend pas part à l’activité.
Le ler mai, 6 individus remontent vers le Nord sans
s‘arréter. Le T, 3 adultes et 1 immature stationnent dans
la héronnière. Le 8, un nouvel adulte les rejoint. Deux
adultes utilisent quotidiennement comme reposoir un ancien
nid de Héron cendré et y remettent des branches en place.
Le 15, les deux adultes s’accouplent sur le nid. Les
oiseaux sont suivis depuis un poste d’0bservation avec
l’espoir d‘une première nidification. Régulièrement, un
Héron cendré immature non. nicheur occupe le "nid" des
Spatules, y prélevant des brindilles. Cela a—t—il dérangé
le couple de Spatules ? C‘est peu probable. Les quatre
adultes quittent la région le 22 mai, seul le juvénile
reste. Le 25, deux subadultes et un immature sont perchés
dans la héronnière. Un des subadultes porte une bague I
colorée.
Ensuite, les observations concernent des oiseaux
stationnés sur les plans d`eau du parcours d‘observation :
9 le 29 mai et 10 le 30 (2 adultes, 2 subadultes et 2
juvéniles}.
Au début du mois de juin, la remontée s’intensifie :
12 oiseaux du 2 au 5 (4 adultes, 4 subadultes dont un bagué
— facilement reconnaissable puisque une de ses pattes pend en
vol, mutilation provoquée par les bagues ? et 4 juvéniles),
14 le 6 et 13 le ll. Puis les oiseaux quittent
définitivement la région : 3 le 22, 1 juvénile les 23 et `
25.
I

24
ESTIVAGE
Le juvénile, noté fin juin, est rejoint par un
deuxième le 2 juillet. Il ne s’agit pas. de par son aspect
et son comportement, en aucun cas d’un oiseau né cette
année mais d’un jeune de plus d’un. an, probablement en i
erratisme. ll est dommage que le premier juvénile ne soit
pas bague. Cet oiseau est peut—être le même depuis l‘hiver.
Dans ce cas, sa présence durant le printemps n‘a pu que
favoriser le stationnement des migrateurs. `
MIGRATION POSTNUPTIALE 7
Le 2 août, les juvéniles sont rejoints par un
subadulte. Ces trois oiseaux sont notés ensemble jusqu‘au
15. 9 individus sont présents le 16 : 6 juvéniles et 3
adultes (dont un porte des bagues colorées). 8 oiseaux sont
posés le 17 alors que 5 passent en vol vers le Sud, 14 (7
adultes et 7 juvéniles) du 18 au 22 avec toujours l‘oiseau
bague, 19 du 23 au 25 avec 2 porteurs de bagues, 14 le 19
et de nouveau 19 le 27 avec 3 bagués (2 adultes et 1
juvénile). A 14 h 20 TU le 27, 14 Spatules (dont un
juvénile bagué) se posent avec les 19. Comme c‘est souvent
le cas lors d’effectifs importants, ce groupe de 33 se
disloque rapidement : le 29, ils ne sont plus que 24 puis
23 du 30 août au 2 septembre.
En septembre, les chiffres d’oiseaux stationnés
varient quotidiennement : 16 le 3,-29 le 5, 18 le 6 (dont
un seul bagué), 24 le 7, 16 le 8 et 13 le 12. 5 imnatures
restent du 16 au 28 septembre avant de partir. Passage
exceptionnel le 6 septembre lorsque 100 individus répartis `
en 4—bandes descendent vers le Sud en longeant la digue du
Hâble d‘Ault (J.M. LECAT).
Un passage tardif a lieu avec 4 adultes qui s‘arrêtent
une journée au Parc le 7 octobre. Une donnée plus tardive
est obtenue avec un adulte en migration le 30. Il ne
s‘arrête que quelques minutes au poste d’observation A
(lieu inhabituel de stationnement pour les Spatules) avant
de repartir. »
CONCLUSION 1
Le Parc joue d‘abord, à l`automne notamment. un rôle
de halte de repos pour les Spatules. La majorité de la .
journée, elles sont posées sur les digues intérieures ou au
milieu des prairies, le bec dans les plumes. Le reste du
temps est partagé entre le toilettage et de brèves séances
de recherche de nourriture dans les canaux, trop profonds
ou insuffisamment riches en invertébrés. Le soir, elles
quittent le Parc pour aller se nourrir en baie de Somme
[oiseaux bagués observés à l‘estuaire de la Maye et â

25
l’anse Bidard en 1988) et dans les marais des environs
(Noyelles—sur—Mer et Boismont). Les oiseaux se nourrissant
au Hâble d`Ault peuvent venir du Parc.
Le Parc est devenu un lieu régulièrement fréquenté par
les Spatules tout au long de l`année. La présence -
d`observatoires et.de guides durant 7 mois permet un suivi Z
constant. L`existence d‘une grande volière où sont E
maintenus des oiseaux captifs (un couple et 2 juvéniles nés É
` en captivité ; en 1988, ce couple effectue 3 couvées de 3, —
2 et 2 jeunes, tous morts en bas âge) joue un rôle
attractif pour les migrateurs. Jusqu‘à 9 Spatules sauvages
L ont été observées sur le toit en filet de la voliére.
Depuis 4 ans (1985 à 1988). nous assistons à des
transports de matériaux et à l’occupation d‘anciens nids de
Hérons cendrés par des Spatules. 1988 permit l’observation
du premier accouplement. La présence d’Aigrettes garzettes
nicheuses dans la héronnière depuis la même période pouvant
être un facteur stimulant, tout comme la volière et son
couple nicheur tout proche. Mais des Spatules hollandaises
accepteront-elles de nicher au sommet de Pins ? GEROUDET
(1978) note de grandes facultés d’adaptation aux sites de
nidification et mentionne des cas de reproduction sur des
Pins en Hongrie.
Il est utile de préciser que ces stationnements
importants ne sont possible que grâce à la protection des
lieux (Parc Ornithologique du Marquenterre, Réserves de
chasse de la baie de Somme et du Hâble d’Ault), notamment
vis—à~vis de la chasse. POORTER (1982) mentionne plusieurs
fois les persécutions que subissent les Spatules lors de
leur traversée de la France. Et ce ne sont pas des faits
appartenant a un passé révolu puisqu‘un oiseau fut encore
tiré, aile cassée, en septembre 1988 à Saint—Valery-sur-
Somme et un autre au Crotoy vers la même époque.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier tous les visiteurs,
observateurs et membres du personnel du Parc Ornitholbgique
du Marquenterre qui ont tout comme nous le plaisir de
suivre la migration des Spatules. Nos remerciements vont
· tout particulièrement à Mesdemoiselles C. Le Roux, V. .
Mennecart et C. Mouronval, Messieurs R. Balej, V. Caron, A.
Chantrieux, J. Guilbert, G. Lebas, J.M. Lecat, D. Legouffe,
— P. Poiré, P. Spiroux, F. Sueur et C. Viez pour leur
participation active au suivi des Spatules.
BIBLIOGRAPHIE
Anonyme/Sueur F. (1975-1988} Synthèses des observations
ornithologiques du Parc du Marquenterre — Bull. ann.

26 - l
Ass. Marq. Nat.
Etienne P. (1985) Reprises de Spatules baguées - Bull. ann. i
Ass. Marq. Nat., 28-29. Ã
Géroudet P. (1978) Grands Echassiers, Gallinacés, Râles
d’Eur0pe — Neuchâtel, Lausanne, Paris (Delachaux et î
Niestlé), 429 p. I
Poorter E.P.R. (1982) Migration et dispersion des Spatules
néerlandaises — L’Oîseau et R.F.O., 52 : 305—334.
I