Bulletin SHF XXXX 93
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Bulletm de la SOCIEÉE
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Herpet0l0g1que de France
1€1' trimestre 2000 N° 93
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[55N 0754-9962 Bull. Soc. Herp. Fr. (2000) 93

BULLETIN DE LA SOCIETE HERPETOLOGIQUE
DE FRANCE
 
1er trimestre 2000 N° 93
SOMMAIRE
• Le nid chez la Tortue Luth, Dermochelys coriacea (Vandelli,
1761). Ill - Aberrations dans le creusement
Alexis BILLES (gz Iacques FRETEY ...................................,........ 3-19
• Etude et protection de l'herpétofaune d'une grande ville :
Pexemple de Bruxelles
Christiane PERCSY .............,.............................,.......,..........,.., 21-26
• Captures accidentelles de tortues marines par la flotille
crevettière de Guyane française
Frédéric GUEGUEN ,....,....,..................................,..,.,............, 27-36
• Observations préliminaires sur Pherpétofaune de la République
de Djibouti
Roland VERNET ...,...............,.....................,......,..................... 37-43
• In memoriam : Albert Henri RAYNAUD ..................,,.,............ 45-47
• Symposium sur la réintroduction des Chéloniens ..........,............ 48
1

BULLETIN DE LA SOCIETE HERPETOLOGIQUE
DE FRANCE
1Sî trimester 2000 N° 93
CONTENTS
• The nest of the luth or Leatherback turtle, Dcrmochclys
coriacea (Vandelli, 1976). III. Digging disorders.
Algxjg BHÃLES gr Jacques FRETEY ..............,............................, 3-19
• Study and protection of herpetofauna in a large city : case of
Brussels
Christiane PERCSY ........................................i....,.......,........,... 21-26
• Accidental captures of sea turtles during commercial shrimp
trawling in French Guiana
Frédéric GUEGUEN ..,...........................................................·.., 27-36
• Preliminary study of herpetofauna in Djibouti
Roland VERNET ,.........................................................,........,.., ` 37-43
• In memoriam : Albert Henri RAYNAUD .................................. 45-47
• Symposium on Chelonian relocation .......,....,.....,................,..... 48
2

Ball. Soc. Herp. Fr. (2000 ) 93 : 3—19
Le nid chez la Tortue luth,
Dermochelys coriacea (Vandelli, 1761).
III. Aberrations dans le creusement
par
Alexis BTLLES (ll et jacques FRETEY (2)
ll) Cellule de Coordination ECOFAC, BP 15115 Libreville (Gabon)
E—inail: pr0to7rzac_lbv@yahoo.ie
(2) Fédération française des Sociétés de Sciences naturelles, Muséum national
a"Histoire naturelle, 57 rue Cuvier 75231 Paris cedex 05 (France)
E—niail : yfreteyiâèiniatechfr
Résumé — La forrnc du nid chez la Tortue luth, Dermoclielys coriacer: (Vandelli, 1761)
semble conditionnée par l'état des membres postérieurs, Les auteurs décrivent ici les
modifications qu'il su it avec divers patrons de mutilations. Ils citent le comportement des
femelles lors du creusement du nid trop près des vîîues, ainsi que diverses a errations du
processus de creusement, avec ou sans pattes mu `   Différents cas de construction de
doubles nids sont signalés pour la première fois. L'influence des traumas sur les
mouvements, la durée du creusement et a ponte est étudiée. Ces aberrations peuvent avoir
des conséquences importantes pour la reproduction de l'espèce, donc sur sa conservation.
M0ts·c1és: Dermoclielys coriacea. Reproduction. Nid. Blessures. Conservation. Guyane
française.
Summary — The nest of the Luth or Leatherback turtle, Dermochelys corirzcea
(Vandelli, 1761). III - DigFing's disorders. Hind Iimb integrity or otherwise in
Leatherback turtle, Derrnoclie ys coriacea (Vandelli, 1761) has an influence on nest shqpe.
'The authors describe nest shape resulting from different kinds of lixnb iniuries. he
behaviour of females nesbdigging too close to waves, and instances of dâçing disorders
with ou without damaged feet and double·nest digging are reported on. e influence of
traumas on movements, digging duration and laying are descri ed. These aberrations can
have serious consequences on reproduction in the species, and therefore conservation too.
Key-words: Derrnochelys coriacea. Breeding. Nest. lnjuries. Conservation. French
Guiana,
I. INTRODUCTION
La littérature concernant la forme du nid chez les tortues marines est très
pauvre. Pour la plupart des auteurs, elle correspond à une simple cavité
creusée de façon grossière par des pattes postérieures malhabiles.
Chez la Tortue luth, Dermochelys coriacea (Vandelli, 1761), d’après le
schéma de Fretey (1975, 1981) repris par Bruno (1978), on pouvait supposer que
le nid ressemblait à une botte. Les études menées pendant les saisons de ponte
1995 et 1996 sur le site de nidification de Yalirnapo (Guyane française),
réalisées à l’aide de moulages en mousse de polyuréthane, ont démontré que la
forme générale (en négatif) évoquait plutôt celle cl'une patte d’éléphant.
3

Trois parties peuvent être différenciées dans un nid normal, de la surface
vers le fond : une cuvette tectale, u.n puits de ponte et une chambre d’incubation
(Fig. 1). La cuvette occupe un peu plus de 40% de la hauteur totale du nid, le
puits de ponte, subcylindrique, représente environ 15% et la chambre
dïncubation occupe presque 45%.
1 C
A
4
1 5
cuvstto >
6
puits >
7
D
chambre
d’Incubat|¤n >
B
Figure 1 : Nid normal dIU.1'1€ Luth femelle aux pattes postérieures intactes.
A. Vue latérale (1 : axe virtuel); B. Vue antérieure et différentes Cparties; C. Coupe
transversale au niveau du puits (2: largeur antéro-postérieure); D. oupe transversale
au niveau de la chambre cl'incubation (3: largeur antéroposterieure; 4: largeur latéro-
latérale ; 5 : diamètre oblique gauche ; 6 : diametre oblique droit).
Selon les mesures que nous avons effectuées sur la plage cle Yalimapo, la
profondeur moyenne d'un nid de Tortue luth est de 70 cm. La plus grande
largeur du puits de ponte est en moyenne de 34 cm et le volume moyen est cle 6
litres. En ce qui concerne les dimensions de la plus grande section de la chambre
d'incubation, la moyenne de la largeur antéro-postérieure est de 30,7 cm et
celle de la largeur latéro—latérale cle 32,3 cm. Le volume moyen de la chambre
d'incubation est de 15 litres.
Le temps moyen habituel de toute l'opération de creusement du nid est de 25
minutes et 46 secondes (écart type = 360,11 ; étendue: 1059—2671" ; n = 43). Le
4

processus de creusement du nid est plus compliqué qu'il n’y paraît lors d’une
observation superficielle. ll a été décrit par Billes et Fretey (sous presse - b).
Après la ponte, le nid devient un milieu clos, complexe, aux paramètres
physiques bien définis (profondeur, température, humidité, gaz, composition
et granulométrie du sable des parois). La température intervient sur le
déterminisme du sexe cle l'em‘oryon pendant une période thermosensible
(Rimblot et al., 1985) et toute aberration morphologique du nid va entraîner
une perturbation de la température d'incubation. Ce micro—écosystème peut
aussi être déstabilisé em température et humidité par une autre Luth femelle
qui malencontreusement va creuser son nid en superposition d’un nid
préexistant.
Fretey (1981) a répertorié de nombreuses blessures chez des Tortues luths
femelles en Guyane française. Sur 6791 individus examinés, 411 cas de
blessures importantes aux membres ont été dénombrés dont 209 pour les
palettes postérieures. Ces mutilations sont très probablement dues à des
prédateurs marins, Requins tigres ou Orques. L’auteur présentait des schémas
de nids aberrants creusés par des femelles handicapées et précisait que l’une
des femelles observées, malgré un moignon remplaçant la palette gauche avait
réussi à creuser un nid acceptable et à le reboucher sans dommage pour les
œufs. Hughes et al. (1967) ont signalé au Sodwana (Afrique du Sud) des cas de
gêne pour le creusement liés à une mutilation des membres postérieurs.
En 1993, Fretey a fait un véritable inventaire codé des blessures permettant
de doubler Videntification par marquage traditionnel ou transpondeur
magnétique (PIT) et de réaliser une véritable carte d’identité des tortues
blessées. Dans ce travail 45 types de traumas sont recensés aux membres
antérieurs et 31 aux membres postérieurs.
Il nous a semblé intéressant de poursuivre plus en détail l'étude commencée
par Fretey dès 1975 sur des nids réalisés par des Luths femelles présentant des
traumas, et de s'attacher davantage au mécanisme du creusement.
II. MATERIEL ET METHODE
Ijétude a été réalisée pendant les saisons de ponte 1994, 1995 et 1996,
essentiellement sur la plage de Yalimapo — Les Hattes (Guyane française),
dans le cadre des campagnes Kawana financées par le Ministère de
l’Environnement (Direction de la Nature et des Paysages, Plan de Maintien de
la Biodiversité) et le WWF—France.
Afin de pouvoir obtenir wie reproduction fidèle du nid d’un certain nombre
de Tortues luths, nous avons réalisé 14 moulages en mousse de polyuréthane
(diphényl—méthane—4,4'-diisocyanate) selon une méthode originale (Billes &
Fretey, sous presse—a). Parmi les nids moulés, 3 construits par des femelles aux
pattes mutilées se sont révélés aberrants.
Le processus de creusement d’un nid aberrant a été partiellement ou
complètement suivi chez 40 femelles aux pattes postérieures mutilées.
Différents patrons de mutilation ont été relevés 1 forme des pattes dessinée sur
une fiche et photographies des membres postérieurs. Nous avons réalisé in
chronométrage du creusement et dénombré les actes de raclage en utilisant la
5

méthode que nous avions déjà appliquée chez des tortues dont les pattes
étaient normales. L’influence des mutilations sur le mouvement et la durée de
creusement du nid a été observée.
L'idée des expérimentations entreprises était de tenter d’évaluer la
sensibilité des pattes postérieures à diverses perturbations naturelles (arrivée
d’eau, obstacles, comblement par du sable jeté par une autre femelles,). Pour
tester si le déroulement du creusement était immuable, quel que soit l'état des
membres postérieurs, nous avons réalisé 3 types d'expérience. Dans la
première, nous avons bouché le nid toutes les 5 minutes pendant plus de 25
minutes. Pour la seconde, nous rebouchions le puits après 20 minutes de
creusement, soit quelques minutes avant l’arrêt théorique du creusement du nid.
Dans la troisieme, nous intercalions un obstacle (planchette) empêchant le
creusement une dizaine de minutes apres le début de celui—ci, alors que le nid
avait déjà atteint une bonne profondeur.
III. RESULTATS
A. Patrons de mutilation
Les différents traumas observés sur le site de Yalimapo pendant les saisons
1995 et 1996 nous ont permis de définir chez les Luths femelles adultes 3
groupes de mutilations des pattes postérieures 1
l. Mutilations ne touchant que la palmure d'un ou des deux membres
postérieurs
ll s’agit de traumas localisés à la palmure des membres ou touchant
éventuellement les seules phalanges distales. ll s'agit généralement de
petites encoches situées sur le bord médial des pattes postérieures; la où la
palmure est la plus souple, donc plus sujette a déchirure. Mais, il peut s’agir
aussi d'encoches plus profondes au niveau de la palmure unissant les
orteils lll et IV ou les orteils IV et V.
2. l\/lutilations touchant les phalanges moyennes ou proximales d'un ou des
membres postérieurs
Ces mutilations sont beaucoup plus handicapantes puisqu'elles touchent les
orteils au niveau des phalanges moyennes ou proximales et les réduisent aux
seuls métatarsiens. Ces traumas sont plus ou moins importants compte tenu du
nombre d'orteils touchés à un ou deux membres.
3. Pattes postérieures réduites à un ou deux moignons
Dans ces mutilations, les pattes postérieures sont coupées au niveau du
métatarse ou du tarse et parfois même au niveau de l’extrémit distale du
tibia et de la fibula. La patte est réduite à un simple moignon.
B. Nids aberrants
1. Aberrations de creusement
Nous avons été témoins de creusements aberrants chez des femelles
présentant des membres postérieurs normaux ; c'est pourquoi nous commencerons
par décrire ici des aberrations de creusement sans mutilation des pattes ni
perturbations apparentes, puis cl'autres aberrations directement associées à
6

diverses perturbations. Enfin, nous présenterons les résultats des expériences
réalisées par perturbations artificielles du creusement.
a. Sans mutilations apparentes
Nous avons pu observer dans quatre cas des interruptions de
creusement chez des femelles aux pattes postérieures normales zcelles-ci
commencent a construire leur nid puis abandonnent leur ouvrage après un temps
variable. Dans chaque cas, la tortue était installée sur une zone de plage
déserte, non perturbée par une présence humaine autre que celle, discrète de
l'observateur. La Luth est d'ailleurs relativement insensible à une présence
humaine proche d'elle (Fretey 8: Gaulejac, à paraitre).
Dans le premier cas, la femelle a arrêté son creusement au bout de
Sminutes, a procédé au balayage de I'aire de nidification puis a regagné
l'océan.
Dans le second cas, la femelle a interrompu son creusement au bout d'une
quarantaine de minutes, a comblé son nid sans pondre, a balayé, puis est
repartie. Nous n’avons rien remarqué d'anormal durant le creusement, mais l a
chambre d'incubation était très nettement déviée vers la droite comme si le
travail de la patte gauche était plus efficace que celui de la patte droite.
Quant au troisième cas, il s'agissait d’une femelle qui a arrêté son
creusement au bout de 39 minutes et est immédiatement repartie vers l'océan.
lci encore le creusement se déroulait normalement.
Ence qui conceme le Zèmf et le 3È’m€ cas, la durée du creusement enregistrée
est supérieure à la moyenne et il est difficile de dire s'il s’agit véritablement
d'une interruption de creusement ou si ce dernier est effectivement arrivé à son
terme. Dans le 3ème cas cas, la tortue a interrompu son travail au bout d’une
dizaine de minutes et a regagné la mer; mais, cette fois, le creusement n'était
pas normal. En effet, la femelle présentait des mouvements de creusement
inefficaces suite à une incapacité à crisper sa patte postérieure en gouttière et
donc à remonter le sable. Un examen détaillé des deux membres postérieurs,
effectué avant que l'animal ne reparte, ne nous a pas permis de mettre en
évidence une quelconque malformation ou blessure.
Nous avons pu également observer des processus de nidification menés
jusqu’à leurs termes au cours desquels le déroulement du creusement était d’une
durée anormale. Par exemple, lors d'un creusement d'une durée
d’environ 38 minutes, nous avons noté que les premiers mouvements de raclage
étaient totalement inefficaces. Au bout de7 à 8 minutes, le creusement est
devenu efficace et la construction du nid s'est alors déroulée normalement.
Sur unautre individu, nous avons observé des mouvements de creusement
inefficaces du membre postérieur gauche alors que la patte droite creusait
normalement. Les cadences de raclages étaient toutefois particulièrement
élevées (en majorité supérieures a 6 raclages par mouvement de creusement et
atteignant même jusqu'à 12 raclages). Le creusement du nid s’est terminé au
bout de 35 minutes.
Un autre type de dérèglement des mouvements de creusement a été observé ;
pendant les premières minutes, la femelle ne remontait pas ses pattes pour
évacuer le sable. La patte gauche effectuait un raclage, restait dans le trou
7

avec le sable au creux de sa palmure, puis la patte droite descendait, réalisait
1 ou 2 raclages, demeurait elle aussi dans le trou en gardant le sable gratté, et
alors la patte gauche déversait son sable hors du nid pour ensuite redescendre,
effectuer d'autres raclages avant que la patte droite ne rejette le sable à son
tour et ainsi de suite. Le creusement est ensuite redevenu progressivement
normal pour se terminer après 18 minutes.
Nous avons observé deux femelles creuser deux nids distincts, l’un avec la
patte gauche, et l'autre, parallèle au premier, avec la patte droite. Chaque
trou a atteint une profondeur d'environ 50 cm. Ensuite, les tortues se sont mises
à réaliser un autre trou au centre des deux premiers et les trois cavités ont fini
par n'en former plus qu’une seule. Dans le premier cas, la femelle s'est
interrompue au bout de 29 minutes et est partie sans pondre, mais, dans le
second cas, la tortue a terminé son creusement après 33 minutes et a pondu tout
à fait normalement.
Mais le cas le plus spectaculaire de creusement d'un double nid a été observé
en 1995. Les deux nids étaient parfaitement symétriques, de forme conique,
d'1me profondeur de5Ucm chacun avec un écartement entre les pointes basales
de 65 cm. Un petit monticule séparait les 2 cavités. Les oeufs commencèrent à
tomber dans la cavité de gauche, puis lorsque celle—ci fut pleine, les œufs
s’accumulèrer1t sur le monticule et tombèrent dans la cavité de droite (Fig. 2).
. p C- (n · _
) \.
rm
Sow
. 65 cm
.  --—-·—··î·îl
Figure 2. : Cas très rare de double nid avec remplissage des 2 cavités par les œufs
(Yalimapo, 29 juin 1995).
8

b. Perturbations naturelles
Les facteurs influant sur la sélection de l’emplacement de creusement du nid
par une Luth femelle restent inexpliqués (Fretey & Billes, à paraître).
ll nous est arrivé à plusieurs reprises d'être témoins d’un creusement de nid
perturbé par des inondations. La tortue, installée au ras de la mer est, dès le
début de son travail gênée par des vagues qui viennent submerger sa patte
gauche et envahir le nid en formation; elle arrête alors généralement son
activité au bout de 6 à 7 minutes puis effectue un balayage normal avant de
repartir vers l’océan sans pondre.
D'autres fois, la femelle, installée à 1 ou 2 mètres de la mer, commence tout
à fait normalement son creusement. Après un quart d’heure, de l’eau apparaît
au fond de la chambre d'incubation et les parois du nid s'effondrent ure
première fois. La tortue continue alors à creuser pendant une quarantaine
de minutes, faisant face à toute une série cïeffondrements pour réaliser son nid,
alors de forme et de profondeur aberrantes. Les oeufs sont pendus dans ce nid
inondé. Le comblement est généralement effectué selon le protocole normal, les
pattes manipulant du sable imbibé d'eau, fluide et peu apte à boucher la
cavité du nid.
Le creusement du nid peut être perturbé par des obstacles rencontrés; il
s’agit souvent de racines. ll arrive aussi que la femelle creuse son nid sur m
autre nid et déterre ainsi toute une partie de la ponte d'une autre tortue.
Généralement, le creusement du nid est mené jusqu’à son terme mais la femelle
ralentit ses mouvements de creusement et marque de nombreux temps d'arrêt.
Une Tortue luth abandonne difficilement son ouvrage a moins qu'elle ne
rencontre un obstacle l’empêchant véritablement de creuser.
c. Perturbations expérimentales
Lors d’une dizaine d’expérimentations, l’intercalation d'une planchette
dans le nid, après 10 minutes de creusement, a conduit chaque fois la femelle à
quitter celui-ci après avoir tenté de poursuivre son ouvrage pendant plus de 4
minutes.
Lorsque nous avons rebouché complètement un nid après 20 minutes de
creusement (soit environ 5 minutes avant l’arrêt du processus), nous avons
emprisonné dans le puits la patte droite de la femelle;cette dernière n’a
manifesté aucune réaction pendant 1 minute, puis a recommencé normalement
tout le protocole de creusement.
La troisième opération, consistant a reboucher le nid toutes les 5 minutes
avec du sable et à tasser celui—ci, débutait après environ 6 minutes de
creusement alors que le nid avait déjà atteint une profondeur de 70 cm. Ces
expériences nous ont permis de constater plusieurs faits :
— la femelle n’interrompt pas son travail ;
— le nombre de raclages par mouvement de creusement diminue généralement
lorsque la patte recommence le creusement ;
- la durée du creusement peut être largement augmentée. Nous l'avons
prolongée jusqu'à 54 minutes, après quoi nous avons volontairement arrêté cette
expérience. Une seule femelle est partie sans pondre après 38 minutes ;
9

— le nombre de raclages en fin de creusement augmente rapidement jusqu':}
parfois 10 raclages, pouvant même atteindre 14 raclages par mouvement de
creusement ;
— après une quarantaine de minutes, les mouvements s'espacent de façon
significative.
d. Mutilations conséquentes
Nous distinguerons ici deux types d'influences des mutilations des pattes
postérieures sur le creusement : répercussion sur la réalisation du mouvement de
creusement, ou bien répercussion sur le patron global du creusement en
modifiant par exemple la cadence des raclages ou encore la durée du
creusement.
Influences sur le mouvement de creusement, Les mutilations ne touchant que
la palmure d'un ou des deux membres postérieurs semblent rarement gêner la
réalisation du mouvement de creusement, en particulier lorsqu'il s’agit
simplement de petites entailles au bord interne des membres postérieurs. Par
contre, les encoches de la palmure des orteils Il] et IV perturbent beaucoup
plus le mouvement de creusement. Nous avons observé deux individus
présentant chacun une telle entaille sur l’une des palettes postérieures ; le
raclage s’effectue normalement mais le sable gratté s'écoule alors par la
palmure. Seul le membre non mutilé a la capacité d'évacuer le sable,
Les mutilations touchant les phalanges moyennes ou proximales d'un
membre postérieur ou des deux peuvent gêner le raclage ou la remontée du sable
selon les orteils touchés.
Lorsque l'orteil IV est coupé au niveau de sa phalange proximale,
l'orteil V étant ou non coupé au niveau de la phalange moyenne, la patte
postérieure est incapable de collecter et de remonter le sable raclé (fig. 3, A).
Une mutilation touchant les phalanges moyennes des orteils Il et Ill
(fig. 3, B) et parfois de l'orteil IV, même s’il ne s’agit que de leurs extrémités
distales, peut s'avérer aussi très handicapante ; la femelle ne parvient pas à
crisper le membre touché et donc à le transformer en "cuillère" pour évacuer le
sable.
Les mutilations touchant les phalanges moyennes et/ ou proximales du (11
des premiers orteils I, Il et III (fig. 3, D) se révèlent une gêne importante pour
le raclage du sable des parois du nid ; la palmature rigide a alors
complètement disparu ou est trop fortement tronquée pour pouvoir entamer le
sable des parois du nid en construction.
Bien sûr, lorsque la mutilation s’étend à toutes les phalanges d'une palette
postérieure (fig. 3, E) ou des deux palettes le mouvement de creusement est
rendu totalement inefficace. Si les deux pattes sont atteintes par de tels
traumas, le nid se réduit à une simple cuvette.
Lorsque les pattes postérieures sont réduites à un ou deux moignons (fi g.3,F),
le mouvement de creusement est rendu complètement inefficace. Le moignon
gratte la surface du sable sans pouvoir élaborer de véritable cavité. Lorsque
l'un des membres postérieurs est intact, il effectue généralement un mouvement
10

A , B , C
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Figure 3 : Différents cas de traumas aux pattes postérieures. I,e squelette est représenté
schématiquement en grisé.
A.Profoncle encoche dans la palmure foignant I’orteil HI à l'orteil IV; B. Mutilation des
phalanges cles orteils Il et III ;C, Muti ation de la phalange proximale de l'orteil IV et de
a phalarige moyenne de I’orteil V ; D. Amputation des rnétatarsiens des orteils I et Il; E.
Amputation de tous les orteils au niveau des extrémités proxirnales des orteils l à IV et de
la p alange moyenne de l'orteil V ; Ii. patte gauche réduite à un moignon après amputation
au niveau du tarse.
 
de creusement efficace. Cependant le comportement de la femelle peut être
dérange et le membre normal est alors animé de mouvements désordonnés. Tout
creusement est alors impossible. Le moignon du membre opposé peut gêner son
travail en provoquant notamment I’écroulement de sable dans le nid en cours de
construction.
Le moignon, lorsqu’il est tres court, effectue un mouvement ("à vide" ?)
analogue à celui que le tibia effectue habituellement lors du creusement.
Influences sur les raclages et la durée du creusement. Un chronométrage
détaillé de l’activité de creusement effectué sur 19 femelles a permis, à partir
des moyennes de nos résultats, de proposer un protocole de creusement pour
l’ensemble des tortues aux pattes postérieures mutilées, Au début du
creusement, chaque patte postérieure fait cl’abord l seul mouvement de
raclage. Puis, après un temps moyen de 3 minutes et 36 secondes (écart
type:124.65 s, étendue $789-517.63 s, n=16) la patte passe à 2 raclages par
mouvement. Ensuite, à un temps moyen d`environ 7 minutes (écart-type
432.55 s, étendue 33.98-1846 s, n:18), le nombre de raclages s`éIève à 3 puis à 4
11

au bout d’un temps moyen de 14 minutes et 32 secondes (écart type: 566.42 s,
étendue 128.92-2124.53 s, n:19). Parfois le nombre de raclages par mouvement
de creusement reste à ce stade, mais le plus souvent la cadence s'élève à 5
raclages après 29 minutes et 49 secondes (écart type : 959.83 s, étendue 269.88-
3981.73 s, n:16), puis 6 raclages après un temps moyen de 31 minutes et 51
secondes (écart type: 1051.52 s, étendue 703.53—43l1.33 s, n:10).
Les triples et quadruples raclages sont les plus fréquents chez les tortues aux
pattes mutilées comme chez celles aux pattes normales avec
33,6% et 28,2% des raclages totaux, puis sont également nombreux les simples
raclages et les doubles raclages avec 12,8% et 17,3%.
Parmi les 19 individus mutilés dont le creusement a pu être suivi dans sa
totalité, 10,5% n’ont pas effectué de simple raclage. Les doubles, triples et
quadruples raclages sont quant à eux toujours représentés et la cadence à
5 raclages est absente chez 15,8% des sujets. Les cadences supérieures sont
beaucoup plus rares puisque la cadence à 6 raclages n'est présente que chez
57,9% des individus et celles supérieures à ce nombre sont absentes chez plus
de 42% des femelles étudiées. En ce qui concerne la répartition des cadences, la
différence est significative par rapport à la répartition observée chez les
tortues ne présentant pas de mutilations (?»2=36, p<0.001).
De même que chez les Luths à pattes normales, l’arrêt du creusement se
termine par une cadence généralement assez élevée puisqu’elle est supérieure à
5 raclages dans 57,7% des cas.
La cadence peut encore augmenter, mais elle dépasse très rarement 7
raclages. Dans un cas, la tortue a effectué 10 raclages au cours du dernier
mouvement de creusement. La figure 4 présente le schéma d’un tel protocole de
creusement où la cadence n’excèderait pas 6 raclages.
La figure 5 présente Vimportance quantitative des différentes cadences les
unes par rapport aux autres : comme pour les tortues aux pattes postérieures
normales, les triples et quadruples raclages sont les plus fréquents et
représentent respectivement 33,6% et 28,2% des raclages totaux. Ensuite,
viennent les simples raclages et les doubles raclages (12,8% et 17,3%) puis les
cadences à 5 raclages (5,5%) et enfin à 6 raclages ou plus (2,6%). La répartition
observée est donc tres proche de celle obtenue à partir des observations
réalisées sur les individus aux pattes normales. Par contre, si l’on considere
seulement le groupe des femelles présentant un ou deux moignons, les fréquences
des triples et quadruples raclages (respectivement 55,2% et 35,2%) sont
nettement augmentées aux dépens des fréquences des simples et doubles
raclages (3,4% et 3,7%). La différence par rapport aux valeurs observées chez
des tortues aux pattes postérieures entières est d’ailleurs tres significative
@2:224, p<0.001).
Pour l’ensemb]e des tortues mutilées, le temps moyen de toute l'opération de
creusement du nid est de 39 minutes et 39 secondes (écart type: 1507.3 s, étendue
998-7212 s, n:19). Nous avons observé une tortue avec deux pattes postérieures
fortement mutilées creuser pendant 2 heures 32 minutes et 18 secondes, le
chronométrage ayant commencé lorsque le nid était bien entamé.
12

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Temp: en secnmlti
 
Fiâure 4 : Evolution du nombre de raclages au cours du creusement du nid pour un
éc antillon de Luths femelles présentant de graves mutilations aux pattes postérieures.
Deux points consécutifs représentent 2 mouvements de creusement réalisés pour le premier
par une patte et pour le second par l'autre patte. Chez les femelles présentant des pattes
entières, le assa e à 2 racla es a lieu en mo enne vers 217 secondes, à 3 vers 409
t S r
secondes, a vers 706 secondes et a 5 vers 1207 secondes.
 
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Nbre de raclages par mouvement de
creusement
 
Fi ure 5 : Distribution relative des cadences de racla e au cours du creusement du nid
8
chez 19 Luths femelles aux pattes postérieures mutilees.
 
13

Influences sur la morphologie du nid. Nous avons mis en évidence une
différence significative entre la profondeur moyenne des nids construits par
des tortues aux pattes postérieures réduites à un ou deux moignons (55,8 cm) et
celle des nids effectués par des individus aux pattes postérieures intègres
(t:3.4, p<O.D5), Le calcul du volume des moulages des trois nids réalisés par
des femelles aux pattes postérieures mutilées montre de profondes
modifications par rapport aux nids construits par des femelles aux palettes
intègres. ll convient en effet de noter une nette diminution du volume de la
chambre d’incubation alors que celui du puits de ponte tend à augmenter: le
volume de la chambre d'incubation du nid représenté dans la Figure 6 est de 9
litres pour un volume du puits de ponte estimé à 10 litres. Les proportions des
deux parties du nid sont donc très nettement inversées par rapport au nid type
d'une tortue ne présentant pas de mutilation.
"·'¥··
 
3/4 dc mm l/4 de tour
Face tmtérieurc-
55cm
., l wi   ht
  j
_£;!lq,Ã' ro ro  
-4--î———>
O 30cm
Vue dc 3/4 arrière- ffuc dc 31'4 ztvzmt-
30cm
  l/4detour
— Profil droit-
Figure 6 : Exemple de nid aberrant construit par une Luth femelle dont la patte
postérieure droite est réduite à un moignon (PD dans Yencadré).
,e nid, ici en grisé, a pu être observé sous toutes les faces grâce à un moulage.
14

Influence sur la durée de ponte. Nous avons observé Vaugmentation de la
durée de ponte à 1 heure et 13 minutes (moyenne de la durée no1·male : 10
minutes et 14 secondes, écart-type = 98,99 s, étendue = 405-805, n = 23). Ce cas
était chez une femelle présentant d’importantes mutilations aux deux palettes
postérieures et n'ayant réussi à creuser qu'une simple cuvette en plus d'une
heure. En fait la durée d'évacuation des oeufs était habituelle mais la tortue
est restée dans la même position pendant plus de 45 minutes avant de
commencer à pondre. Durant tout ce temps, elle était immobile, une patte
postérieure en appui de chaque côté de la cavité réalisée.
Influence des mutilations sur le comblement du nid. Lorsquïrne seule des
deux palettes est réduite à un moignon, le tassement n’est réalisé au début que
par la patte intègre. En effet, le moignon n'atteint pas le fond du nid mais il
participe tout de même au comblement en entrainant du sable dans la cavité.
Ensuite, u.ne fois que le niveau de sable dans le puits de ponte est suffisant, le
moignon peut lui aussi participer au tassement même si son efficacité est
réduite par rapport à une patte normale. Dans le cas ou les deux pattes sont
transformées en rnoignons, bien que les mouvements paraissent assez
désordonnés, le comblement est facilement réalisé du fait de la profondeur
réduite de la cavité. Malheureusement, les oeufs sont dans ce cas souvent
écrasés par les mouvements de tassement des pattes amputées. `
La durée moyenne du comblement chez les tortues aux pattes postérieures
mutilées n’est pas significativement différente de celle observée chez les
femelles aux pattes normales. Cependant, nous avons observé une durée de
comblement très réduite (3 minutes et 18 secondes) : il s'agissait d'une femelle
présentant d'importantes mutilations aux deux membres postérieurs
(amputations au niveau des phalanges proximales pour une patte et des
métatarsiens pour l'autre) et ayant creusé en guise de nid une simple cuvette
peu profonde.
IV. DISCUSSION
Diverses observations de terrain nous permettent d'émettre l'hypothèse
que le mouvement de creusement pourrait en partie résulter d'un certain
"apprentissage" (acquisition d’expérience). Nous avons été témoin a plusieurs
reprises d'aberrations de creusement qui se sont manifestées sans perturbations
apparentes 1 elles se sont traduites chez des tortues aux membres sains par des
arrêts du creusement suite à une incapacité à effectuer un mouvement efficace,
ou bien par la réalisation de mouvements aberrants en début de creusement et
devenant progressivement de plus en plus efficaces. Malheureusement, nous
ignorons si ces individus étaient de nouvelles recrues venant nidifier pour la
première fois de la saison ou même de leur vie,
Il serait intéressant d’explorer plus avant cette hypothèse en comparant
l'action de creusement des tortues âgées expérimentées à celle des jeunes et
nouvelles recrues. A notre connaissance, seuls deux auteurs ont effectué une telle
étude : il s'agit de Hirth et Samson (1987)   ont étudié le comportement de
nidification des Tortues vertes (Chelem}! mydas) sur la plage de Tortuguero au
15

Costa Rica. lls ont comparé les durées des différentes phases de la nidification
chez des tortues de petite taille (jugées 'ïnexpérimentées" par les auteurs) et
chez des tortues semblant plus âgées (donc "expérimentées") ; ils ont ainsi pu
mettre en évidence une différence significative au niveau des temps du
comblement et du brouillage. Selon ces auteurs, les femelles expérimentées sont
plus méticuleuses lors du comblement et particulièrement au cours du tassement
du sable recouvrant les œufs.
A noter que Hirth et Ogren (1987) ont observé au Costa Rica qu'une Luth
avait creusé pendant une heure un nid primitif de seulement 20-23 cm de
profondeur.
ll est intéressant de constater que les modifications de l'autopode (tarsiens
et métatarsiens) du membre postérieur de la Tortue luth, considérées comme
une adaptation à la nage, se révèlent particulièrement efficaces pour la
réalisation des mouvements de creusement et de comblement et donc pour la
construction du nid. ljallongement des orteils et leur réunion par une ample
palmure forme une large " pelle " permettant une collecte et un rejet de sable
relativement importants, et donc globalement un creusement efficace. A
l'inverse, on constate les difficultés à collecter et à évacuer le sable
qu'éprouvent des individus présentant des mutilations touchant l’orteil IV
servant d’arrnature importante pour la large palmure s'étenclant de l’orteil
V à l’orteil Ill.
La surface de la palette lorsque les orteils sont écartés em éventail permet,
quant à elle, le tassement efficace d’une quantité non négligeable de sable.
Uempesage des orteils I, ll et Ill dans une palmure épaisse et rigide semble
également être de toute première importance pour le raclage du sable comme
nous pouvons le supposer à l’observation des individus aux mutilations
touchant cette partie des palettes postérieures; les raclages deviennent alors
inefficaces.
La cadence de creusement est tout d'abord d'un mouvement imique de raclage
puis passe à 2, 3 et 4 après rm temps de 7 à 14 minutes. Elle s'élève à 5 raclages
au bout de 29 minutes, puis 6 raclages après un temps moyen de 31 minutes,
mais dépasse très rarement 7 raclages.
Une patte peut tenir une cadence pendant que l'autre patte voit la sienne
augmenter. ljalternance des membres postérieurs au cours du creusement est
très régulière même dans le cas d’une grosse mutilation à l'une des pattes. Nous
n’avons trouvé aucune différence significative entre les nombres de raclages
effectués par chaque patte. Dans le cas d’individus présentant un moignon et un
membre intègre, nous observons un nombre de raclages plus élevé pour le
membre mutilé mais un nombre identique de mouvements de creusement.
Chez les femelles très blessées, le temps moyen de l'ensemble de la phase
de creusement du nid est de 39 minutes et 39 secondes. Le temps de creusement
est donc significativement augmenté par rapport au temps moyen de
creusement d’une femelle aux palettes dépourvues de tout
trauma (t=3.44, p<0.001). Pour les tortues présentant un ou deux moignons,
Yaugmentation du temps de creusement par rapport aux individus aux pattes
normales est encore plus importante 1 la moyenne est en effet de 70 minutes
16

et 22 secondes. Cette augmentation de la durée du creusement s'explique si l’on
s'intéresse au nombre total de raclages réalisés pour l’élaboration d’un nid. En
effet, pour une tortue aux membres postérieurs mutilés, il est en moyenne
1,5 fois plus élevé que le nombre de raclages effectués par une tortue aux
palettes entières.
Quant aux mouvements de creusement, ils sont également environ 1,5 fois
plus nombreux. La différence est d'autant plus importante lorsqu'on s’intéresse
seulement aux femelles présentant un ou deux moignons: le nombre total de
raclages est alors en moyenne 3 fois plus élevé, pour un nombre de mouvements
de creusement toujours 1,5 fois supérieur au nombre de mouvements réalisés pa r
une femelle aux pattes normales.
Nous avons constaté que les triples et quadruples raclages sont les plus
fréquents chez toutes les tortues, que les pattes soient mutilées ou normales,
avec 33,6% et 28,2% des raclages totaux. A noter cependant que parmi les
19 individus mutilés dont le creusement a pu être suivi dans sa totalité,
10,5% n'ont pas effectué de simple raclage.
Pour les mutilations touchant les phalanges moyennes ou proximales d’un
membre postérieur ou des deux, aucune différence significative des dimensions
des nids n’a été noté avec celles des nids construits par les tortues aux pattes
normales. Chez les femelles présentant une mutilation conséquente d’une
palette postérieure (empêchant un raclage efficace), alors que l’autre n’a
qu'une légère mutilation ou pas de mutilation du tout, la chambre d'incubation
est dissymétrique. Elle est déviée plus ou moins fortement (suivant
l’importance du trauma de la patte) du côté de la patte mutilée. La patte
normale façonne correctement une partie de la chambre d'incubation alors que
l'autre patte réalise un travail incomplet et peu efficace.
Lorsque les mutilations des palettes postérieures sont peu conséquentes,
elles ne semblent pas gêner le travail de construction du nid et nous n'avons pas
noté de modifications de la forme de celui—ci par rapport à la forme de base
obtenue chez des individus aux pattes normales. De plus, nous n'avons pas mis
en évidence de différence significative entre les mensurations des nids des
individus de ce groupe et celles des nids construits par des femelles aux
palettes normales.
Lorsqu’un seul des membres est atteint, nous constatons que deux cas sont
possibles. Si l’amputation est située au niveau du métatarse, le moignon garde
une certaine longueur et le fond du nid présente alors une forme en escalier : la
palette intègre creuse un trou de la profondeur habituelle alors que la patte
mutilée construit une cavité d’une profondeur réduite suite à la diminution de
sa longueur. Lorsque la patte mutilée a atteint la profondeur maximale à
laquelle elle peut creuser, elle continue à effectuer des mouvements de
creusement à profondeur fixe, ce qui a pour effet d'élargir le puits de ponte ; le
nid a alors une forme beaucoup plus massive, le puits de ponte ayant
sensiblement la même largeur que la chambre d'incubation. ll n`existe plus de
différence marquée entre le puits de ponte et la chambre d'incubation qui se
fondent en une seule et même volumineuse structure.
17

Si l’amputation est plus haute (au niveau du tarse ou bien du tibia et de la
fibula), le moignon présente une longueur très réduite et ne peut effectuer que
des mouvements de creusement à vide;dans ce cas, le nid est entièrement
creusé par la patte postérieure intègre et est très nettement dévié du côté de l a
palette mutilée.
Lorsque les deux pattes postérieures sont mutilées, l’une d’entre elles peut
présenterunmoignon et l’autre être fortement mutilée ou également réduite à
un moignon. Dans ce cas le creusement est évidemment rendu très difficile et le
nid se transforme en une sorte de cuvette plus ou moins profonde selon
l’importance des mutilations.
Lorsque les pattes postérieures sont réduites à un ou deux moignons, les
modifications de forme du nid sont particulièrement importantes et
relativement variées suivant les degrés de mutilation rencontrés (Cf. Fretey
1981).
Si la femelle parvient à creuser une cavité malgré ses mutilations, la ponte
se déroule généralement tout à fait normalement et sa durée n’est pas
significativement différente de celle observée chez des individus aux pattes
postérieures intègres.
Le Comblement ne semble pas beaucoup perturbé par les diverses
mutilations des membres postérieurs.
Nous n’avons pas mis en évidence de différence significative entre le
nombre de femelles laissant pendre la patte gauche dans le nid à la fin du
creusement et celui des femelles utilisant la patte droite. De plus, les tortues
présentant une mutilation à un seul des membres postérieurs semblent laisser
pendre indifféremment le membre normal ou le membre mutilé.
V. CONCLUSION
Nous avons vu que l’influence de la morphologie des pattes postérieures sur
la forme du nid de la Tortue luth est évidente et que celle—ci est une véritable
empreinte des membres et de ses éventuels traumas, Nous n’avonS pas trouvé
dans la littérature d’étude comparable chez cl'autres espèces de Chéloniens
nous pennettant des comparaisons. ll est de toutes façons à noter que le nid de
Dermochelys coriacea est certainement le plus spectaculaire à étudier car
étant le plus profond.
L’observation de la construction du nid par des tortues aux pattes
postérieures mutilées nous a permis de comprendre que d'importantes
mutilations des membres postérieurs peuvent totalement compromettre le
creusement du nid. Mais des mutilations assez restreintes peuvent également
gêner considérablement le mouvement de creusement, d’autant plus qu’il s’agit
d’un mouvement précis et de réalisation complexe (Gasc et al'., 1988). Ainsi,
nous avons vu que la seule mutilation de l’extrémité distale des phalanges
moyennes des orteils ll et III compromet le mouvement de creusement en
empêchant la crispation du membre;cela est vraisemblablement dû à la
section du muscle jlcxor longus digitorum qui vient normalement s'insérer sur
les phalanges distales des orteils l, ll, III et IV. Comme nous l’avons décrit
précédemment, une simple encoche au creux de la palmure interdigitale
18

joignant l'orteil III à I’orteil IV peut s'avérer très handicapante pour le
creusement du nid. Fretey (1981) signale que les mutilations des pattes
postérieures touchent un peu plus de 3% de la population de Tortues luths
femelles de Guyane française ; il serait donc intéressant de s’interroger sur
l'impact de telles aberrations de creusement. Ces aberrations ont—elles, par
exemple, une influence sur le taux de réussite global de la reproduction de
D. coriacea sur la plage de Yalhnapo, premier site au monde pour l'espèce ?
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l\/lamlscrit accepté le 15 mars 2000
19

Bull. Soc. Herp. Fr. (2000) 93 ; 21-26
Etude et protection de Yherpétofaune
d’une grande ville : l’exemple de Bruxelles
par
Christiane PERCSY
Chemin du Bon Air, 12 — B—1380, Olmin (Belgique)
Résumé - Une étude de Vherpétofaune bruxelloise a été effectuée de 1992 à 1997, La
méthodologie adoptée pour cette grande ville est décrite ici et les résultats en sont
brièvement exposés. Des mesures de gestion en faveur de l’hérpét0faune de Bruxelles, déjà
prises ou à prendre, sont également mentionnées.
Mots-clefs : Herpétofaune. Zone urbaine. Région de Bruxelles-Capitale. Evaluation
quantitative de populations.
Summary - Study and protection of herpetofauna in a large city : case for Brussels.
The Brussels herpetofauna were studied from 1992 to 1997. Survey techniques for this
large city are described, and the results  . Recotiunendatitiiis are made to
prevent urther decline of the species in Brussels.
Key-words : Herpetofauna. Urban area. Brussels capital. Population determination.
I. LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE
Bruxelles et ses environs occupent un espace géographique diversifié, d'une
altitude de 15 à 125 m, où alternent collines et vallées (la Senne et ses
affluents).
Administrativement, la Région de Bruxelles-Capitale Couvre environ
160 km2, comprenant le centre ville et les communes périphériques de
Yagglomération, dont les plus externes constituent ce que l’on appelle
couramment la “ceinture verte" de Bruxelles.
En effet, la Région bruxelloise comporte, en son centre, une zone formée d’un
tissu urbain continu, ponctué par quelques parcs publics. Mais, fait particulier,
on y trouve aussi des îlots verts fermés : les maisons mitoyennes construites à
front de rue cachent, à leur arrière, des jardins (souvent clos par des murs) qui
forment, au centre des pâtés de maisons, des espaces verts parfois
remarquables. Autour de cette zone centrale sfétendent des quartiers aux
habitations plus ou moins dispersées et dont les jardins sont séparés seulement
par des haies. Tous ces jardins privés représentent 25% du territoire de la
Région bruxelloise l Bruxelles comporte plusieurs parcs et forêts publics, dont
une partie de la célèbre Forêt de Soignes.
De par son sous-sol sablonneux (sables bruxelliens du Tertiaire), la Région
de Bruxelles—Capitale renferme aussi d'anciennes sablières, dont certaines
sont aujourd’hui des friches abandonnées.
21

De par son oro—hydrographie, Bruxelles possède encore quelques zones
humides 1 presque toutes ont été érigées en réserves naturelles ou transformées
en parcs publics.
Enfin, il ne faut pas négliger le réseau routier et ferroviaire qui morcelle le
territoire mais est aussi parfois associé à des friches non dénuées d’intérêt.
Au total, c'est ainsi quelque 50% de la Région bruxelloise qui sont occupés
par des espaces verts (pour des informations plus précises, voir Gryseels 1998).
II. UHERPETOFAUNE DE BRUXELLES—CAPITALE
Grâce à la présence des espaces verts décrits ci—dessus, la Région bruxelloise
abrite encore 10 espèces de notre herpétofaune indigène, deux autres ayant
disparu assez récemment.
Un bilan de l'herpétofaune actuelle de Bruxelles a pu être réalisé dans le
cadre de la surveillance de la qualité de l’environnement en Région de
Bruxelles—Capitale, financée par l'lnstitut bruxellois de Gestion de
l’Environnement (l.B.G.E.) 2 “Raînne", section herpétologique de l’association
Aves, a été chargée d'inventorier les espèces présentes et la plupart des sites
qui en renferment des populations stables. Un rapport détaillé de ce travail
est réalisé dans Percsy (1998).
Voici les espèces présentes aujourd’hui en Région bruxelloise.
Salamandre tachetée (Salamandre salamandre). L'espèce n’existe qu'en
Forêt de Soignes ou ses abords immédiats. Cette hêtraie, parcourue de divers
ruisselets, est l’habitat typique de l’animal.
Triton alpestre (Triturus alpestris). Ce triton est répandu en Région
bruxelloise. On le trouve même dans certains parcs ou dans des pièces d'eau
artificielles de jardin.
Triton ponctué (Triturus vulgaris). Même constat que pour le triton alpestre,
mais il marque une préférence pour les points d’eau ensoleillés.
Triton palmé (Triturus helveticus). En dehors de la Forêt de Soignes (où il
est abondant), ce triton n'a été trouvé que sur un site qui en est totalement
sépare.
Crapaud accoucheur (Alytes obstetricrms). Six sites abritaient encore cette
espece à Bruxelles dans les années 50. Il en subsistait trois dans les années 70 et
aucun aujourd’hui ! Mais une population d’alytes se maintient à proximité
immédiate de la Région de Bruxelles-Capitale. Par ailleurs, l’espèce a été
introduite dans deux jardins bruxellois. Cest ainsi que, depuis une trentaine
d'armées au moins, une population d’alytes se maintient dans un jardin clos, en
plein tissu urbain l
Notons que l’espèce se trouve, à Bruxelles, en limite septentrionale de son
aire de répartition. Elle est donc particulièrement sensible aux modifications
du milieu qui l'abrite (ombrage notamment).
Crapaud commun (Bufo bufo). Il occupe tous les milieux susceptibles de lui
convenir et résiste mieux que les autres batraciens à Yempoissonement des
étangs. Cest la principale victime du trafic routier.
22

Complexe de grenouilles vertes (Rama esculenta et Rama lessonael. Ces
grenouilles ont fortement régressé en Région bruxelloise 2 elles n'existent plus
que sur un seul site, où elles ont d’ailleurs été (r ?)introduites fin des années 70
ou début des années 80.
Grenouille rousse (Ram: temporaria). On la rencontre dans tous les milieux
susceptibles de lui convenir, y compris dans les mares de jardin ou elle a
parfois été introduite.
Lézard vivipare (Lacertn vivipara). Diverses observations sporadiques,
toujours à proximité des voies ferrées.
Orvet (Anguis fragilis). Cette espèce discrète a néanmoins été signalée en
divers lieux de la Région bruxelloise (le plus souvent aux alentours de la Forêt
de Soignes).
Deux espèces ont disparu assez récemment de la Région bruxelloise : le
Triton crêté ( Triturus cristatus) est encore observé en Forêt de Soignes au début
des années 60 et la Rainette verte (Hyla arborerz) jusqu’en 1970 (de Wavrin
1988a), Si le triton crête subsiste encore en région flamande, tout près de
Bruxelles, la rainette, quant à elle, a disparu aussi des régions voisines.
Nousy faisions déjà allusion plus haut, divers amphibiens et reptiles ont
été introduits dans la région 2 c'est là un phénomène courant en zone urbaine.
Beaucoup disparaissent rapidement (il y eut des lâchers de couleuvre verte et
jaune ou de coronelle !) ; d'autres se maintiennent (alytes, grenouilles vertes et
rousses cités plus haut). Il convient aussi de mentionner les introductions de
Grenouilles rieuses (Rama ridibunda) (dont une population au moins est
maintenant bien établie) et les lâchers de Tortues de Floride (Tmchemys
scriptrt) dans divers points d’eau.
Ill. METHODOLOGIE D'ETUDE D’UNE ZONE URBAINE
L’étude réalisée à Bruxelles pendant les années 1992 à 1997 a été orientée
vers des inventaires des sites potentiellement intéressants sur le plan
herpétologique plutôt que vers un "atlas" de la région ; elle fut complétée,
quand c’était possible, par des évaluations quantitatives. Ces choix
s'expliquent à la lumière des éléments suivants.
(1) En zone urbaine, de nombreux espaces sont prives et non accessibles. La
prospection en de tels lieux nécessite des enquêtes systématiques auprès des
particuliers : grande presse, journaux “toutes—boîtes", courriers personnels.
Cette demarche lourde n’a pas été adoptée.
(2) Diverses publications existantes (par exemple, de Wavrin 1974 à 1988b,
Gallez—Richel 1990) fournissent des indications assez précises sur
Vherpétofaune qui a existé sur certains sites. Ces publications, jointes à la
cartographie des milieux présents à Bruxelles, permettent de présumer des
sites d'intérêt herpétologique, voire même les espèces qui y sont présentes.
(3) La régression évidente des espaces susceptibles d'abriter des
amphibiens et reptiles entraîne Vurgence des mesures concrètes à prendre au
sein de ces espaces: mener une gestion favorable à Yherpétofaune sur certains
sites suppose une parfaite connaissance de Yherpétofaune de ces sites.
23

En conséquence, de 1992 à 1997, la plupart des sites potentiellement
intéressants d'1m point de vue herpétologique (28 sites) ont été prospectés de
manière systématique. Il faut y ajouter diverses données occasionnelles en
d’autres lieux. Notons Vimportance, dans une telle démarche, des données
négatives (absence d’une espèce), données trop souvent négligées par les
observateurs.
D’autre part, sur trois sites, des évaluations quantitatives ont été tentées.
Si l'on exclut les techniques de marquage et de capture systématiques des
animaux (techniques qui ne peuvent être appliquées à grande échelle), on peut
envisager de suivre, cl'année en année, sur un site donné, les fluctuations de
certains paramètres facilement observables, suivant des modalités constantes
et bien déterminées. Le choix des paramètres et des modalités dépend de
l'espèce étudiée, mais aussi du site d’observation. A Bruxelles, nous avons
effectué le suivi quantitatif de certaines espèces sur certains sites pendant
deux ou trois années consécutives (1992, 1993 et 1994). Ces relevés devraient
être répétés périodiquement (tous les dix ans, par exemple), afin d’effectuer
des comparaisons à long terme. Notons que Vinterprétation des variations
numériques enregistrées doit étre prudente. Il est connu, par exemple, que les
effectifs de Crapaud commun (Bufu hujii) peuvent varier fortement d’une année
à l'autre (voir notamment Percsy 1994, 1995). Cest pour éviter l’influence de
ces variations annuelles que nous proposons des relevés quantitatifs pendant
deux ou trois années consécutives, a intervalles de 1U ans.
Dans la présente enquête, les observateurs ont effectué des comptages de
pontes de grenouilles rousses (juste après la période des accouplements), des
dénombrements de tritons adultes à l'eau en pleine période de reproduction
(observation nocturne à la lampe torche ou pose de nasses, suivant le type de
milieu), des comptages d'adultes de crapauds communs en migration sur une
route et des dénombrements de mâles chanteurs de grenouilles rieuses. Les
résultats obtenus sur ces quelques années ne révèlent pas de variations
significatives. Ils devront être comparés a des relevés ultérieurs,
Outre l'espoir d’un suivi quantitatif ai long terme, ces résultats peuvent
fournir des indications sur la vie des espèces concernées (par exemple, époque
précise des pentes de grenouilles, sex—ratio des tritons nettement en faveur des
mâles, etc...). Pour plus de détails, voir Percsy (1998).
IV. UAVENIR DE IJHERPETOFAUNE URBAINE
Ijétude réalisée à Bruxelles a mis en évidence cinq types de facteurs
négatifs pour Vherpétofaune 2
- la destruction des milieux : urbanisation, remblais, drainage, "nettoyage"
de friches ;
— l’isolation des populations : fractionnement des milieux par des espaces
infranchissables par les animaux ;
— la mauvaise gestion des milieux : aménagements de berges d'étangs, entretien
intensif de parcs et jardins, boisement;
— la fréquentation intensive ou mal canalisée t piétons, V.T.T., automobiles ;
24

— Yintroduction d'animaux : poissons surtout, grenouilles exotiques et tortues de
Floride,
Pour lutter contre ces facteurs, les actions suivantes peuvent être envisagées
à l’avenir.
A. Mesures de gestion des milieux
L’I.B.G.E. (Institut Bruxellois de Gestion de l'Environnement) a déjà pris
des mesures demenagement dans certains parcs ou réserves naturelles (contrôle
d'empoissonement, réaménagement ou curage de mares, canalisation du public,
...). La fermeture temporaire d'ur1e route traversée par des amphibiens a pu
être obtenue. Les initiatives de ce type doivent être prolongées et multipliées.
Elles devraient être complétées par des mesures d’z-iménagement du territoire
préservant les milieux encore intéressants.
B. Suivi des isolats de populations
Il serait intéressant de déterminer les populations d’amphibiens 0.1
reptiles strictement isolées des autres et d’en effectuer un suivi précis. Une
telle étude d'isolats présente un intéret scientifique certain et permettrait, le
cas échéant, cl'envisager la recréation de connexions avec des populations
voisines. A noter l'existence d'une population d'alytes, isolée en pleine ville,
qui se maintient depuis 30 ans !
C. Encouragement à une ”bonne" gestion des terrains privés
ljopération “Refuges Naturels" menée a Bruxelles par l'association a but
non lucratif "Réserves Naturelles RNOB", avec le soutien de l'l.B.G.E.,
consiste a conseiller le particulier pour qu’i] gère son jardin ou sa propriété
dans le respect de la nature. Cette opération a un franc succès. Le respect de
Vherpétofaune (sans introduction l) y trouve sa place.
D. Sensibilisation générale du public à Vherpétofaune de la région :
expositions, conférences, informations sur les lieux de passage de migration
d’amphibiens,  
Remerciements. L'étude ci-dessus a été réalisée grâce au soutien de l'lnstitut
bruxellois de Gestion de Vlïnvironnement (l.B.G.E.), dans le cadre du
programme de surveillance de la qualité de l’environnement bruxellois par
bio—indicateurs. Nous remercions également des membres de Rainne qui ont
participé a la collecte des données de terrain, pendant les six années de ce
programme de surveillance.
Vi. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Gallex—Richel C. 1990 ~ Quatorze sites semi-naturels cle la Region bruxelloise. Entente
nationale de I’rotection de la Nature. 265 p.
Gryseels M. 1998 - Natuur en groene ruimte in het Brussels Hoofclstedelijk Gewest, Iii :
Qualité de |'Environnement et Biodiversité en Ré ion de Bruxelles-Capitale. Duciiirwiit du
Tmvrail de l'Iiistitz.it des Srieiices Nritim·!!i·s dv Belêiqzw, 93 ; 1584.
Percsy C. & N. 1994 - A propos des migrations de batraeiens. Actes de l'Université d’lÉté
de la Nature 1993. Les Cahiers des Rëserzivs Naturelles RNOB, 7 : 109-114.
25

Percsy C. 1995 - Résultats des enquêtes "Migrations de batraciens sur nos routes" en
Wallonie et à Bruxelles. Feuille de Contract Arves, 1/95 : 24-32.
Percsy C. 1998 — Amlphibiens et Reptiles en Région de Bruxelles-Capitale. ln : Qualité de
l'Environnement et iodiversité en Reëion de ruxelles-Capitale. Document de Travail de
Vlnstitut des Sciences Naturelles de Be gique, 93 : 101-116.
de Wavrin H. 1974 — Présence cle la salamandre en Forêt de Soignes. Les Natumlistes
Belges, 55 1 181-195.
de Wavrin H. 1978 - L'alyte accoucheur en Moyenne Belgique. Les Nrztumlistes Belges,
59 : 159-176.
de Wavrin H. 1988a — Les batraciens de la Forêt de Soignes. Les l\lalrm2listes Belges, 69 :
1 13-144,
de Wavrin H. 1988b - Mammifères, batraciens et reptiles : un statut souvent précaire.
Réserves Naturelles, 5/88 : 149-150.
de Wavrin H. 1991 — Les vertébrés ln : Le Kauwberg, visages d'hier et de toujours. SOS.
Kauwberg, pp. 53-54.
Manuscrit accepté le 5 décembre 1999
26

Bull. Soc. Herp, Fr, (2000) 93 : 27-36
Captures accidentelles de tortues marines
par la flotille crevettière de Guyane française
par
Frédéric GUEGUEN
Laboratoire d’Océanographie Biologique, Université de Bretagne occidentale,
29287 Brest Cédex (France)
Résumé - Cinq espèces de tortues marines fréquentent les eaux côtières tropicales de
Gu ane française. fin d’établir le niveau de vu nérabilité de ces différentes tortues aux
chaluts benthiques employés par la fpécherie crevettièredgutyanaise, un total de 281 traits
de chaluts expérimentaux ont été et ectués sur les fonds e à 60 m du plateau continental
au cours de campagnes scientifiques de prospection conduites en 1992 et 1993. Des
informations supp émentaires ont egalement été obtenues auprès des professionnels. Les
principaux résultats montrent qu'en raison de sa petite taille et de son mode de vie
enthique et sédentaire, l'espèce la plus vulnérable est la Tortue olivâtre. Toutes les
captures accidentelles de cette espèce ont été effectuées sur des fonds de 30 à 50 m dans la
région ouest du plateau continental qui constitue une aire dalimentation de cette tortue.
Les données recueillies au cours e cette étude sont cependant limitées, et elles ne
pemiettent pas d’en déduire le taux d'i.rnpact réel de la pêcherie crevettière guyanaise sur
es différentes populations de tortues marines.
Mots-clés :Tortues marines. Guyane française. Pêcherie crevettière. DET - Dispositif
d'Exclusion de Tortues,
Summary - Accidental captures of sea turtles during commercial shrimp trawiinâ
in French Guiana. Five species of turtle occur in tropical waters off the coast of Prenc
Guiana. ln order to establish the level of vulnerability of the different turtlcs to Guianan
shrimp trawlers' gear, a total of 281 experimental trawls were conducted on the
continental shelf at depths of 0-60 m during three surveys in 1992 and 1993. Further data
were also obtained from conunercial trawls. Results showed that olive ridley turtles were
the most vulnérable because of their small size, and benthic and sedentaëy behaviour. All
accidental captures of the stpecies were made at deprths between 30 an 50m in feeding
grounds on the northwest 0 the continental shelf. e limited data obtained during this
survely did not allow the true impact of Guianan shrimp fishing on the different sea turtle
popu ations to be determined.
Key-words : Sea turtles. French Guiana. Shrimp fishing. Turtle Excluder Device — T ED,
I. INTRODUCTION
Quelques études récentes ont démontré la vulnérabilité de plusieurs espèces
de tortues marines vis—à-vis de certains des engins de pêche employés par les
pêcheries industrielles, notamment les chaluts benthiques des pêcheries de
crevettes tropicales qui sont à l'origine de nombreuses captures accidentelles
de tortues marines et d’un taux de mortalité important SUI' les différentes
populations (Henwood & Stuntz 1987, Renaud et al. 1993).
En Guyane francaise (Atlantique occidental tropical), les eaux chaudes
côtières du plateau continental sont fréquentées par 5 espèces de tortues
marines (Pritchard 1969, Schulz 1971, Fretey 1975, 1981, 1987, Marquez 1978,
27

1990) : la Tortue luth Dermochelys coriacea (Vandelli, 1761), la Tortue
olivâtre Lepidochclys olivrzcea (Eschscholtz, 1829), la Tortue verte Chelunia
mydrzs (Linnaeus, 1758), la Tortue imbriquée (ou caret) Eretmuchelys
imbricatrz (Linnaeus, 1766), et la Tortue caouanne Carettrr caretta (Linnaeus,
1758).
Par ailleurs, les fonds meubles du plateau continental guyanais compris
entre 20 et 80 m de profondeur sont traditionnellement exploités par une
flotille crevettière industrielle (]ones & Dragovich 1977, Venaille 1979,
Dragovich 1981, Dragovich & Coleman 1983) composée actuellement
d'environ 70 navires de type floridien équipés de chaluts de fond de type
"Golfe du Mexique", i.e. des chaluts très peu sélectifs car ne disposant, malgré
leur très faible maillage, d’aucun dispositif particulier de limitation des
captures accessoires (Lemoine et al. 1982), comme par exemple le Dispositif
d'Exclusion de Tortues ou D.E.T. ("Turtle Excluder Device", ou "Trawl
Efficiency Device", TED,).
Cependant, bien que de nombreux travaux aient déjà été publiés sur la
biologie des différentes espèces de tortues marines venant se reproduire sur le
littoral guyanais (Fretey 1975, 1978, 1981, 1986, 1987, Fretey, Lescure & Sanite
1986, Fretey 8: Girondot 1987), aucune étude n’avait encore été à ce jour
consacrée au problème des captures accidentelles de tortues marines par la
flotille crevettière exploitant le plateau continental de Guyane française. Cet
article a pour objectifs, d’une part d’établir le niveau de vulnérabilité
potentielle propre à chacune des différentes espèces de tortues vis-à-vis de
l’engin de pêche employé par la flotille, et d’autre part, de tenter d’estimer
l’impact de la pêcherie sur les différentes populations de tortues. Les résultats
de cette étude ont été obtenus à partir de campagnes expérimentales de
prospection ainsi que par Vintermédiaire d’une enquête menée auprès des
professionnels.
II. METHODE
Une série de 3 campagnes expérimentales de prospection a été conduite en
octobre 1992, mai 1993 et octobre 1993 sur Vensemble du plateau continental
guyanais, depuis l'embouchure du fleuve Oyapock (frontière avec le Brésil)
jusqu'à celle du Maroni (frontière avec le Surinam), et à des profondeurs
comprises entre 0 et 60 m. Un total de 281 traits de chalut d’environ 30 minutes
chacun, soit environ 136 heures de chalutage, a ainsi été effectué, à savoir 95
traits de chalut (soit 47 heures de chalutage) du 7 au 17 octobre 1992, 91 traits
(43 heures) du 21 au 31 mai 1993, et 95 traits (46 heures) du 19 au 31 octobre
1993. La prospection a été réalisée à l’aide d’un navire et d’un engin de pêche
similaires à ceux traditionnellement employés par la flotille professionnelle,
i.e. un chalutier crevettier floridien (longueur : 20 m ; puissance motrice 2 450
CV) équipé d’un chalut plat à crevette (ouverture verticale : 0,90 m; corde de
dos : 14,95 m ; maillage :45 mm).
Parallèlement, une enquête a été effectuée entre mai et octobre 1993 auprès
des 6 principaux armements composant la flotille crevettière industrielle, sous
la forme d’un questionnaire à remplir lors de chaque capture accidentelle d’une
28

tortue marine. Les formulaires distribués à chaque capitaine de crevettier
comportaient tous les renseignements (schémas, descriptions détaillées),
permettant une identification aisée de l'espèce de tortue capturée ainsi que la
détermination de son sexe.
Pour chaque capture de tortue, un maximum d’informations concernant les
paramètres relatifs à Vopération de chalutage (date, profondeur, position
géographique, durée du trait) et les caractéristiques de la tortue capturée
(espèce, sexe, taille, poids, état de l'animal : mort ou vivant) ont été
recueillies.
III. RESULTATS
A. Campagnes expérimentales de prospection
Les 281 traits de chalut effectués ont permis de recenser un total de 3
captures accidentelles de tortues olivâtres Lepidocizelys olivacea, à savoir 2
femelles au cours de la campagne d'octobre 1992 et 1 mâle lors de celle
d’octobre 1993 (tab. 1). Les 2 individus femelles, d’une quarantaine de kilos
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Figure 1 : Localisation des captures accidentelles de tortues marinœ sur le plateau
continental de Guyane française au cours des campagnes expérimentales de prospection et
ar la flolille crevetière industrielle. N 1 à 6 = numérœ d'idenliIication des tortues
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chacune, ont été pêchées au large d’©rganab0 vers 06°01’N et 53°20’W sur des
fonds d'environ 35 m. L’individu mâle, d’u.ne longueur de carapace de 71 on
pour un poids d’environ 35 kg, a été capturé au large de Kourou aux environs des
1les du Salut (05°32’N et 52°31'W) vers 45 m de fond (fig. 1). Compte tenu de la
courte durée des traits de chalut (environ 30 min), les 3 tortues étaient
vivantes lors du virage sur le pont du crevettier ; elles ont été immédiatement
remises à l’eau après la détermination de leurs caractéristiques biologiques.
B. Enquête auprès des professionnels
Parmi les 6 armements sollicités pour cette enquête, un seul a accepté de
remplir le questionnaire et a déclaré avoir effectué 3 captures accidentelles de
tortues marines (tab. l). Il s’agit de 3 individus mâles (1 en mai 1993 et 2 en juin
1993) de longueur de carapace de 70 cm, 57 cm et 55 cm, appartenant également
à l'espèce Lepidociielys oliwzcen et capturés vers 30 m de fond au large
d'©rganabo (soit environ 05°50'l\l et 53°10’W) (fig. 1). Compte tenu de la durée
des chalutages effectués par les professionnels (environ 3 h de traîne effective
sur le fond), une de ces trois tortues, celle capturée en mai, était par contre déjà
morte lors du virage du chalut sur le pont du crevettier.
IV. DISCUSSION
A. Vulnérabilité potentielle des différentes espèces de tortues marines aux
chaluts des crevettiers guyanais
Bien que 5 especes différentes de tortues marines fréquentent le littoral
guyanais, seules des captures accidentelles de tortues olivâtres Lepidochelys
olivacea ont été recensées au cours de cette étude. La vulnérabilité potentielle
des différentes espèces vis—à-vis des chaluts de la flotille crevettière
guyanaise apparait donc variable, car elle est liée non seulement à
l'abondance même de l'espece dans les eaux guyanaises, mais aussi et surtout
aux caractéristiques biologiques propres à l'espèce, notamment son cycle de
reproduction, son régime alimentaire, et sa taille (tab. II). En effet, le cycle de
reproduction détermine les périodes de migration des individus femelles vers
les zones côtières pour la ponte ; les risques de captures sont donc accrus à cette
période, la flotille crevettière étant concentrée sur les fonds de faible
profondeur du plateau continental. D'autre part, le type de régime
alimentaire induit un comportement spécifique (espèces pélagiques ou à
tendance plutôt benthique), et les espèces vivant au voisinage du fond sont les
plus vulnérables aux chaluts des crevettiers (chalut plat de fond à faible
ouverture verticale, inférieure à 1 m). Enfin, les espèces de petite taille et les
juvéniles sont également plus exposés aux chaluts des crevettiers, toujours en
raison de la très faible ouverture verticale de ceux-ci.
La tortue luth Dermochelys coriacm est de loin l’espèce de tortue marine la
plus abondante dans les eaux guyanaises. Le stock de femelles nidificatrices
liées à la Guyane française est estimé à environ 15.000 individus (Fretey
1987), et les plages du littoral ouest (plages de la Pointe isère, d’Awara, des
Hattes-Awala Yalimapo, etc...) constituent un des sites de ponte de la tortue
32

luth les plus importants au monde (Pritchard 1969, Schulz 1971). Cependant,
sa grande taille et son mode de vie pélagique limitent fortement la
vulnérabilité de cette espèce aux chaluts de fond des crevettiers, excepté peut-
être pour les juvéniles et les jeunes adultes (Henwood & Stuntz 1987), et aucune
capture accidentelle n’a été inventoriée au cours de cette étude.
Bien que potentiellement vulnérables aux chaluts des crevettiers compte
tenu de leur taille et de leur mode de vie plutôt benthique, aucune prise de
tortue irnbriquée Erétmochelys imbricntn ni de tortue caouanne Carettcl
caretta n’a non plus été recensée en Guyane lors de cette étude. En effet, la
tortue imbriquée fréquente sunout les eaux claires aux fonds très rocheux oÃ1
elle se nourrit, et sa présence est rarissime dans les eaux souvent turbides du
littoral sablo—vaseux de Guyane française (Pritchard 1969, Schulz 1971,
Fretey 1987). Les pontes de tortue caouanne sont également très rares et leur
fréquence tres irrégulière sur la cote guyanaise (Schulz 1971, Fretey 1975,
1987).
La tortue verte Chelrmia mydas se distingue par son régime alimentaire
surtout végétarien. Son mode de vie plutôt sédentaire ainsi que sa présence au
niveau des herbiers marins et des champs d'algues en font également une
espèce potentiellement vulnérable aux chaluts de fond. Cependant, bien que
plus de 100 pontes annuelles soient parfois répertoriées sur le littoral de
Guyane française (Fretey 1987), et que l’existence d’un cheptel assez important
ait été mise en évidence déja à plusieurs reprises aux alentours des Iles du
Salut, au large de Kourou (Fretey 1981, 1987), aucune capture de tortue verte
n'a été recensée dans cette étude. ll est probable qu'en dehors de la période de
reproduction, les individus de cette espèce restent cantonnés au niveau de la
zone très rocheuse située autour des lles du Salut, qui est riche en algues et
herbes marines dont ces tortues se nourrissent, mais impraticable aux engins
trainants des crevettiers.
Finalement, seule la tortue olivâtre Lcpidnrlielys ulivareii, avec près de
500 nids observés certaines années sur les côtes guyanaises et surinamiennes
(Schulz 1971), est apparue tres vulnérable aux chaluts de la flotille
crevettiere. Plusieurs individus ont été capturés au large de leur site de ponte,
dans la partie ouest du plateau continental comprise sur des fonds de 30 âi 50 m
et caractérisée par des sables grossiers recouverts de débris coquilles et
parsemés de petits massifs coralliens (Durand 1959, Abbes et nl. 1972). Cette
portion du plateau continental, particulierement riche en petits poissons,
crustacés et divers mollusques bivalves et gastéropodes, constitue une aire
dalimentation pour cette espèce de tortue au régime omnivore (Pritchard 8:
Trebbau 1984, Fretey 1987), Sa petite taille et son mode vie benthique au
niveau de la zone littorale augmentent d'autant sa vulnérabilité aux chaluts
des crevettiers.
33

B. Impact de la pêcherie crevettière guyanaise sur les populations de tortues
marines
Les résultats obtenus au cours de cette etude permettent difficilement
d'effectuer une estimation du niveau d'abondance des captures de tortues
marines par les crevettiers exploitant le plateau continental de Guyane
française. En effet, les informations recueillies auprès des professionnels sont
trop succinctes pour être utilisées dans tout calcul d'inférence permettant
d'estirner l'impact réel de la pêcherie crevettière guyanaise sur les différentes
populations de tortues marines. Un seul des six principaux armements guyanais
semble avoir réellement participé a l'enquête de recensement, mais rien ne
prouve qu’i] ait fourni une information exhaustive de l'ensemble des captures
accidentelles de tortues marines de ses huit crevettiers.
L'analyse des résultats des 3 campagnes expérimentales de prospection
laisse cependant supposer un niveau de capture de tortues marines élevé,
puisque 3 individus ont été pêches accidentellement en seulement 136 heures de
chalutage. De plus, un sondage réalisé de maniere très informelle directement
auprès de certains capitaines et membres d'équipage des crevettiers laisserait
suggérer une prise annuelle d’environ 12 tortues marines par bateau (ce qui
représente une capture totale de l’ordre de 1.000 tortues pour l'ensemble de la
flotille), principalement des tortues olivâtres Lcpidochclys olivritrrz,
secondairement des tortues vertes Clzelonizz mydas, et très rarement de jeunes
tortues luths Dermochelys coriaccn. Ce taux de capture par bateau semble tres
supérieur aux estimations établies par des observateurs du M.l\l.F.S.
("National Marine Fisheries Service") dans le Golfe du Mexique où les
captures accidentelles de tortues marines n’atteignent qu’environ 2 individus
par crevettier et par an, ce qui représente toutefois une prise totale annuelle de
près de 13.000 tortues pour Vensemble des 5.500 crevettiers de cette pêcherie
(Henwood & Stuntz 1987) ; les espèces pêchées sont essentiellement des
caouannes Czzretta crzretta (83% des captures), secondairement des tortues de
Kemp Lcpidochelys kempii (13%) (Henwood & 'Stuntz 1987), cette derniere
espèce étant très voisine de la tortue olivâtre rencontrée sur les côtes
guyanaises.
ll a ainsi été établi sans conteste par plusieurs études que les captures
accidentelles de tortues marines par les crevettiers des exploitations
industrielles constituaient une des causes principales de leur mortalité
(Henwood & Stuntz 1987, Renaud et al. 1993). En conséquence, la loi
américaine impose depuis 1989 l’utilisation d'un dispositif de limitation des
captures accessoires, à savoir un T.E.D. ("Turtle Excluder Device"), à
l'ensemble de la flotille crevettière des Etats-Unis travaillant dans le Golfe
du Mexique (dans les eaux territoriales de la Caroline du Sud jusqu’au Texas),
et il est probable que les U.S.A. demandent prochainement une extension de
cette législation à l'ensemble de leurs partenaires commerciaux, dont la
Communauté Européenne.
Ainsi, le refus manifeste de participation à l'enquête de recensement des
captures de tortues de la part des professionnels guyanais est
vraisemblablement lié à la crainte des conséquences d’une telle étude,
34

notamment l’obligation d’utiliser dans l’avenir un T.E.D. En effet, la pêcherie
crevettiere guyanaise est entrée en situation de crise grave ces dernières
années, notamment en raison d’une conjoncture économique défavorable, induite
par la concurrence de certains pays producteurs de crevettes d'aquaculture en
Asie et en Amérique du Sud, et exacerbée par la baisse de rentabilité de la
pécherie observée chaque année en saison sèche (Abbes et til. 1972, ]ones Sx
Dragovich 1977, Venaille 1979, Dragovich 1981). Or, l'installation d’un
T.E.D. représente non seulement un certain coût pour les armateurs, mais elle
induit surtout une perte de rentabilité d'environ 1U% sur les captures de
crevettes (Renaud et al. 1993), ainsi qu’une réduction très sensible de
l'cnsemble des prises accessoires, représentées en Guyane par de nombreuses
especes de poissons appartenant aux familles des Sciaenidae ("acoupas") et
des Ariidae ("poissons—chats" ou silures) (Lemoine et al. 1982) et qui
constituent traditionnellement la godaille de l'équipage et donc une source de
revenu supplémentaire non négligeable.
V. CONCLUSION
Les résultats obtenus au couts de cette étude indiquent que parmi les 3
espèces de tortues marines les plus abondantes dans les eaux guyanaises, la
tortue olivâtre semble :2 priori la plus vulnérable aux chaluts benthiques des
crevettiers professionnels exploitant le plateau continental. Cependant, la
majorité des traits de chaluts expérimentaux analysés lors de cette étude ont
été effectués au mois d'octobre (en 1992 et 1993), i.e. en dehors de la saison de
reproduction, ce qui limite d'emblée les éventuelles captures accidentelles non
seulement de tortues vertes qui à cette époque de l’année restent cantonnées aux
alentours des lles du Salut qui constituent une zone très rocheuse et
difficilement accessible aux chalutiers, mais aussi de tortues luths qui
demeurent en pleine mer durant cette même période ; il est toutefois
vraisemblable que ces deux dernières espèces soient également vulnérables aux
clialuts des crevettiers pendant la pleine période de reproduction,
principalement de mars à août.
C'est pourquoi les résultats de cette étude préliminaire mériteraient d'être
confirmés et surtout complétés par de nouvelles campagnes expérimentales
moi.ns restrictives et réparties sur une année complète, voire encore par des
embarquements réguliers d’un personnel observateur à bord des différents
chalutiers composant la flotille crevettière industrielle de Guyane française.
Remerciements. Cette étude a été réalisée avec l’aide financiere de la
Commission des Communautés Européennes. L'auteur remercie l'ensembîe du
personnel du laboratoire de la station Ifremer (institut français de recherche
et d’exploitation de la mer) de Cayenne ayant contribué à cette étude,
notamment ]. Achoun, H. Da Silva, ]. Kopp et V. Vauclin pour leur
participation aux campagnes expérimentales en mer, ainsi que ]. Rosé pour ses
nombreux conseils
35

VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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et Pêche, Bull. Inst. Pêches Marit., 297: 1- 8.
Manuscrit accepté le 1€' mars 2000
36

Bull'. Soc, llcrp. I-`r. (2000) 93 ; 37»43
Observations préliminaires sur Pherpétofaune
de la République de Djibouti
par
Roland VERNET
Laboratoire d'écol0g1'e UMR 7625, 46 rue aI'Ulm
75230 Paris cedex 05 (France) — E—mail : verrzet@bi0l0gic.ei1sfr
Résumé - Dans le cadre d'une mission prosîective sur lherpétofaune de Djibouti,
effectuée dans le sud du pays (région d'Ai Sa ieh), nous avons recensé et collecté 9
espèces de lézards, dont 3 sont mentionnées pour la première fois de ce pays, et 3 especes
de serpents, dont deux sont également mentionnées pour la première fois.
Mots-clés : Herpétofaune. République de Djibouti.
Summary - Preliminary study of the herpetofauna in Djibouti. During an
herpetological survey in the southern part of Djibouti (Ali Sabieh), nine species of liza rd
(three new country records) and three of snake (two new country records) were observed
and collectecl.
Key-words: Herpetofauna. Republic of Djibouti.
I. INTRODUCTION
Si 1'herpétofaune de l'Ethiopie et celle de la Somalie ont été
particulièrement bien étudiées depuis la fin du 19ÈmE siècle, paradoxalement,
les domiées concernant lherpétofaune de Djibouti sont très rares et restent très
parcellaires (Boulenger 1897, Lanza 1978, 1988, Schâtti 1989). Dans le cadre
dun programme de la CEE 1 "Ecologie dans les pays en voie de
développement", j'ai effectué une mission préliminaire à Djibouti, en juin 1993
sous l'égide cle l'©ffice National du Tourisme et l'Artisanat (ONTA) et du
Service de la Protection des Sites et de l`Environnement (SPSE) de Djibouti
(Anonyme 1991).
Sonbut premier était de démarrer un inventaire de la faune reptilienne et
la mise au point d'une méthodologie pour effectuer un recensement à long terme
avec lélaboration d'un protocole dïdentification et cle classement. Les autres
aspects de cette mission étaient d'initier de futurs observateurs ou récolteurs
aux techniques déchantillonnage, de capture, dobservation et de
reconnaissance des espèces reptiliennes et de réfléchir aux possibilités de
diffusion des connaissances acquises vers un plus large public dans le cadre de :
1/ l'éducation à Venvironnement, et 2/ de la prévention ou des traitements en
ce qui concerne les espèces venimeuses (Vernet 1993).
37

II. REGION PROSPECT EE
Ce premier inventaire a été entrepris dans une zone située au sud-est d'Ali
Sabieh en région montagneuse, d'altitude moyenne (8004000 m), dont le point
culminant est à 1296 m (Mont Arrey) (fig. 1).
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Figure 1 : Carte de Djibouti. Les noms encadrés correspondent à la zone étudiée.
Le substrat est constitué de roches sédimentaires (calcaire et grès) avec des
intrusions rhyolitiques et basaltiques. La végétation, à moyenne altitude, est
constituée d'une steppe arbustive à Acacia mellzferrz et Acacia tm/tilis et, dans
les parties les plus basses, d'une steppe herbeuse à Lasiurus scirzdicus, Pamcrmz
tzcrgitrmz, Cymbopogori sclzoenanflnas et Aerzrn javanica (Anonyme 1991).
Le choix de cette région s'était imposé par le fait quelle avait déjà fait
l'objet d'études antérieures sur le plan floristique et faunistique (oiseaux,
macro—mammifères) toujours dans le cadre du programme "Aires-protégées" du
SPSE. La redécouverte dans ce secteur d'une espèce de gazelle, le "beira"
(Dorcretmgus mega10tis),considérée jusqu`alors comme disparue de Djibouti,
38

avait fourni un regain d'intérêt à la poursuite des inventaires faunistiques
dans ce secteur. Ce sont essentiellement les oueds Wada Weyn et Obodley
(= oueds secs) et l'oued lnki Eyla (= oued humide) qui ont été prospectés.
ijinventaire d'un deuxième site retenu par le projet initial (oued d’une zone
littorale à proximité immédiate de Djibouti) n'a pu être réalisé suite aux
températures excessives qui régnaient à l'époque de la mission (période
estivale).
III. ESPECES OBSERVEES
Nous avons observé et récolté douze espèces dont deux Gekkonidés (genre
Pristiiriis et Ptyodactylus), trois Agamidés (genre Agamzi, Acniithocercus et
Umiimstix), deux Scincidés (g. Clmlcides et Mribuyrz), deux Lacertidés (g.
Latiistin et Pscudcremins), un Elapidé, non conservé (probablement Nnja
lmje), un Colubridé (g. Psmrnmophis) et un Vipéridé (g. Echis). Tous les
spécimens récoltés ont été déposés au Muséum National d'l·listoire Naturelle
de Paris et entrés en collection par Ivan lneich dans les catalogues de cet
organisme. Les numéros attribués pour cette opération sont mentionnés pour
chaque individu. Lcq = longueur bouche—cloaque ; Lt = longueur totale (en cm).
1. Lézards
A. Gekkonidés
— Pristiirus flzzvipimctntus Ruppel,1835
Un individu trouvé dans l'oued Wada Weyn, (Lcq=3,3; Lt=6,7), MNHN
1996.220.
Espèce déjà signalée de Djibouti par Lanza (1978 8: 1988) et Schâtti
(1989)
- Ptyodactyliis lmsselquistii (Donndorff, 1798)
Un individu trouvé dans l'oued Obodley, (Lcq=3,4; Lt=6,3), MNHN
1996.221. Espèce déjà signalée de Djibouti
B. Agamidés
- Agrmm spinosa Gray,1831
Un individu trouvé dans l'oued lnki Eyla, MNHN 1996.230.
Espèce déjà signalée de Djibouti.
— Acantlzocercus rmnectmzs (Blanford, 1870).
Espèce très commune. Quatre individus trouvés dans l'oued Wada Weyn,
MNHN 1996.222-225 et quatre individus trouvés dans l`oued lnki Eyla,
MNHN 1996.226-229
Espèce déjà signalée de Djibouti.
- Ummastyx macfndyeni Parker,1832
Un individu trouvé dans l'oued Wada Weyn, (Lcq=10,2; Lt=19,4),
MNHN 1996.23].
Espèce déjà signalée de Djibouti (Schâtti 1989).
39

C.Sci11cidés
— Chalcides mgazzii Boulenger,1890
Un individu trouvé dans l'oued Obodley, (Lcq=11,0; Ltzqueue coupée),
MNHN 1996.239.
Espèce non encore signalée de Djibouti.
— Mabuycz quiriquetaeniata (Lichtenstein,1823)
Espèce très fréquente dans l'oued Wada Weyn. Deux individus récoltés 1
unjuvénile (Lcq:4,0; Lt:11,2), MNHN 1996.240 et un adulte (Lcq=9,7;
Lt=25,()), MNHN 1996.241.
Espèce déjà signalée de Djibouti (Schàtti 1989).
D. Lacertidés
- Latastia longicaudatrz (Reuss,1834)
Espèce assez fréquente. Un individu capturé dans l'oued Wada Weyn,
(Lcq:4,6; Lt=14,8), MNHN 1996.233 et un autre dans l'oued Obodley,
MNHN 1996.234.
Espèce non encore signalée de Djibouti.
- Pseudcrcmins mucromztn (Blanford, 1870)
Espèce également très fréquente. Quatre individus capturés dans l'oued
Obodley : (Lcq:4,7; Lt=15,7), MNHN 1996.235 ; (Lcq=4,8; Lt:16,8),
MNHN 1996.236 ; (Lcq=4,9; Lt:16,5), MNHN 1996.237 ; (Lcq:3,9;
Lt=l4,3), MNHN 1996.238.
Espèce non encore signalée de Djibouti.
2. Serpents
A. Elapidés
- Najn haje (Linné, 1758)
Restes décomposés d`un individu découvert dans la région d‘Ali Sabieh.
Non récolté.
Espèce non encore signalée de Djibouti.
B. Colubridés
— Psmmnnpliis biseriatus Peters, 1881
Un individu trouvé dans l'oued Wada Weyn, MNHN 1996.242.
Espèce non encore signalée de Djibouti.
C. Viperidés
· Eclzis pymmidum (Geoffroy Saint—Hilaire,182’7)
Un individu trouvé dans l`oued Wada Weyn, MNHN 1996.243.
Espèce déjà signalée de Djibouti.
4(J

IV. DISCUSSION-CONCLUSION
En préparation à cette étude sur le terrain, une cinquantaine de références
bibliographiques avaient été recensées concernant lherpétofaune de la
Somalie et 42 sur Fherpétofaune éthiopienne dont plusieurs ouvrages ou
articles de synthèse (Parker 1942, 1949, Lanza 1978, 1988, Schàtti 1989,
Spawls 1992).
En 1988, Lanza avait inventorié 203 espèces de reptiles pour la République
Démocratique de Somalie (10 Testudinidae, 1 Crococlylidae, 118 Sauriens et 85
Ophidiens) avec 39,6% d`endémiques pour ce pays. Hillman (1989) avance le
nombre de 82 espèces de serpents pour l'Ethiopie dont 7 endémiques. Quelques
rares références concernent la seule faune de Djibouti (Boulenger 1897, Lanza
1978, 1988, Schàtti 1989). A partir de l'analyse de ces articles, j'avais estimé
pouvoir rencontrer à Djibouti environ 6 espèces de tortues (marines pour la
plupart), 71 espèces de lézards et 35 espèces de serpents (dont 6 venimeuses et
dangereuses). Cette liste avait éte établie sans tenir compte des remaniements
constants de la systématique des reptiles au cours de ces 15 dernières années.
Par ailleurs, l'étroitesse des aires de distribution de certaines espèces décrites
nous invitait à la plus grande prudence en ce qui concerne les nombres d`espèces
avancés. En dépit de la durée relativement courte de la mission, j'ai pu recensé
de façon certaine 9 espèces de lézards (dont trois nouvellement signalées) et 3
espèces de serpents (dont deux, nouvellement signalées).
Au cours de la mission, i'ai pu noter à plusieurs reprises, les similitudes
d'habitats entre les espèces djiboutiennes et les espèces sahariennes. Toutefois
la fréquence d'observation des serpents et de certains sauriens (les Lacertidés
en particulier) m'a semblé plus faible que celle observée dans les zones arides
d`Afrique du Nord (Vernet & Grenot 1972, Grenot Sr Vernet 1972). Notons
toutefois, qu'à Djibouti, nos relevés ont été effectués au cours d'une période très
courte et de surcroît très chaude, (températures moyennes comprises
quotidiennement entre 40° et 43°C), ceci pouvant induire chez de nombreuses
espèces des ralentissements d'activité, voire des processus d'estivation.
Outre leur diversité spécifique, les Agamidés étaient représentés par des
populations relativement denses. Ces lézards montrent des caractéristiques
comportementales et sociales très marquées (vie en groupe, hiérarchisation
sociales et sexuelle, comportements agonistiques, défense des territoires, ...)
dont l'intérêt pourrait être exploité sur un plan pédagogique ou écotouristique
dans le cadre d'un programme d'éducation à lenvironnement.
D'ores et déjà, certaines espèces semblent dignes d`intérêt et nécessiteraient
certaines mesures de protection. Après enquêtes et discussions avec les
autochtones, il est fort probable que cette région soit fréquentée par Va rrmus
rilliigiilaris, mentionné par Scliàtti (1989), bien que nous ne l`ayons pas
réellement observé, sinon sous forme de traces qui peuvent lui être attribuées.
Signalons que cette espece, comme tous les Varanidés, est répertoriée au moins
à l`annexe ll de la Convention de Washington et que ses populations
mériteraient d'être protégées dans bien des régions d'/Xfrique, y compris dans
cette région à vocation de patrimoine naturel. ll en est de même pour les
41

représentants du genre Uronmsfyx, dont nous n`avons rencontré qu'un seul
individu.
La faune herpétologique de Djibouti est intéressante à tous points de vue, de
par sa diversité potentielle et de par son appartenance à un secteur
biogéographique bien particulier. Cette mission aura permis d'ajouter cinq
espèces non encore recensées dans l'inventaire de la faune djiboutienne.
Toutefois, elle n'aura d'intérêt que si elle trouve une suite logique dans
l'avenir permettant d'accroître nos connaissances sur : 1/ la composition
spécifique et la répartition, plus précise des différentes espèces, tant sur le
plan longitudinal, latidudinal, qu'altitudinal, 2/ sur le taux dendérnisme, 3/
sur le statut de ces espèces (fréquence, rareté...) et 4/ sur l'intensité des
pressions de sélection pouvant modeler la dynamique des populations, leur
extension, leur régression ou leur extinction. lfidentification future d'espèces
nouvelles pour ce pays permettra d'élargir ce premier inventaire mais, pour
cela, il semble indispensable de pouvoir poursuivre cette enquête à l'échelle
du territoire tout entier, en souhaitant qu'une amélioration de la situation
politique du pays favorise des investigations dans les secteurs du nord où nous
n'avons pas pu nous rendre et ou les milieux naturels sont également très
diversifiés.
Remerciements. A Alain Laurent et Brice Mallet, responsables du projet et qui
m'ont invité à effectuer cette mission. Merci également à Iloussein Abdillahi,
Ali Houmed, Nicolas Prevot, Djima Guireh qui m'ont accompagné sur le
terrain et ont activement participé au repérage des individus. Mes
remerciements vont également à Ulrich Ioger qui m'a aidé à identifier les
Agamidés, ainsi qu`à Ivan Ineich qui a bien voulu vérifier les autres espèces et
entrer tous les spécimens récoltés dans les collections du Muséum National
d'Histoire Naturelle.
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Mmmscrit accepté le 17 mars 2000
43

Bull. Soc. Hurp. H. (ZOUUJ 93 : 4547
IN MEMORIAM
Albert Henri RAYNAUD
(1914-1999)
f¤‘*—’i|l ` I Le 22 novembre 1.999,
  ` T È disparaissait A.H. Raynaud, ui
    y ja herpétologiste passionne et l`un
  É.,    - des membres fondateurs de la
' '_ _, Il `  f`_ A"}? Société Herpétologique de France.
  _   Il menait depuis une vingtaine
· _· ..  ' d'annees une retraite active Qi
•`  ` i __ ~‘ q  ; - ° Vabre, dans son Tarn natal.
  .   l"",f`,   A Ã, t Apres des études secondaires Qi
 ·' —  QV . a  · Albi et des etudes superieures ii
I F ' ·i l_ 5 _ Toulouse, A.l·l. Ravnaud obtient
   ;  fi · un Diplôme d`études supérieures
Q t' Til de Zoologie, effectué sous la
_ ' _ , .:   N i ·_ direction de A. Vandel.
;: '  -  " fl] ,   'Y Il entre en l936 à l'Institut
`    _ :" ;._`   -l jÉ :1 " Pasteur de Paris dans le Service
· J'2 ‘    af     de A. Lacassagne. ll y effectue une
/·   ` thèse remarquée sur l'inter—
  J sexualité expérimentale chez les
;‘;*·._ il    mammifères, qu'il soutient en
*;.7 un 7 Q 1942, La même année, il est nommé
t r à _’ Assistant a l'lnstitut Pasteur et,
ft ` ‘* ·.   l'année suivante, Maitre de
  " ' _, ·'î~` Recherches au C.N.R.S`., puis
. A,  · ··  _ .. ._   Directeur de Recherches a partir
il D   " I, M de l965. ll continue ses recherches
  `- sur la différenciation sexuelle
.  "   (gonades, tractus uro-génital,
.:1 -. ,,,,. . glande mammaire) de la souris
r   »— n—- jusquen lc)52.
Mais, devenu allergique aux poils de mammifères, il doit changer de
matériel detude, Cest alors qu’il crée à Sannois (Val d'©ise) le Service
dlîmbryologie expérimentale de l`Institut Pasteur dans une maison ayant
appartenu au Dr. E. Roux. Ayant constaté la présence cl`une abondante
population d'orvets dans les collines boisées de Sannois et de Cormeilles-en-
Parisis, il décide de travailler sur les reptiles. Pour créer de bonnes conditions
delevage, il obtient de l'institut Pasteur que des bâtiments et des terrains
entourant la propriété soient acquis. il y construit de vastes terrariums
45

adaptés à différentes especes: couleuvre tessellée, vipère aspic, orvet, lézard
vert et lézard sicilien, tortue mauresque, tortue d`Hermann et cistude. Dans
une ancienne salle de bal du Moulin de la Galette, ou il était "interdit aux
hommes de danser entre eux ainsi qu`en casquette", il aménage plusieurs
laboratoires, et des salles Spécialisées (photographie, histochimie, salles
stériles, pieces dïncubation) créant ainsi un complexe expérimental proba-
blement unique au monde pour l'étude du développement des reptiles. ll met au
point des méthodes d'incubation pour les espèces ovipares et une technique de
mise en culture des oeufs pour les especes vivipares. Aidé de Mme jeanne
Raynaud, Chef de laboratoire à l'lnstitut Pasteur, de deux chercheurs CNRS
et de techniciennes, il développe deux sujets de recherches principaux : le
développement de l'appareil uro—génital des reptiles et le problème de la
rudimentation des membres des squamates. La contribution du laboratoire de
Sannois dans ces deux domaines est importante. En effet, c'est dans ce
laboratoire que l'implication des hormones stéroïdes (A.l—l. Raynaud,
]. Raynaud et C. Pieau) et l'influence de la température sur la différenciation
sexuelle (C. Pieau) ont été démontrées chez les reptiles. Ces résultats, repris
par d'autres équipes et élargis à dautres espèces, ont eu un grand
retentissement. En ce qui conceme la rudimentation des membres, A.H.
Raynaud recherche la collaboration d'Anatomistes et fonde en 1972 une équipe
de recherche du CNRS, associant deux chercheurs du laboratoire d'Anatomie
Comparée du Muséum (].P. Gasc et S. Renous). L`objectif de cette équipe est de
comparer la morphogénèse des membres et des ceintures chez les reptiles à
membres bien développés et chez les reptiles à membres rudi~mentaires. Entre
autres résultats, les différents états de réduction des membres, observés dans
plusieurs espèces de squamates, peuvent être corrélés au nombre de somites
participant à leur formation et sont expliqués par des arrêts du développement
a différents stades. Parallèlement, A.H.Raynaud initie des recherches
comparables dans dautres pays tels que l’lran et l’lnde dans lesquels il
effectue plusieurs cycles de conférences. En 1976, il organise à Toulouse rn
colloque international soutenu par le CNRS sur "Les mécanismes de la
rudimentation des organes chez les embryons de vertébrés". A cette époque, la
fermeture du laboratoire de Sannois est programmée par l`Institut Pasteur qui
se restructure. AH. Raynaud envisage alors de créer à Montpellier un centre
d`étude des reptiles regroupant des chercheurs de toutes disciplines. Ce projet
difficile à réaliser n'aboutit pas.
En l977, trop âgé pour créer une nouvelle unité et trop indépendant pour
sintégrer à une unité existante, A.H. Raynaud décide de prendre sa retraite.
En fait, il organise un laboratoire dans sa résidence de Vabre. Une à deux fois
par semaine et jusquà la fin de sa vie, il se rend à l'Université Paul Sabatier
de Toulouse dans deux laboratoires distincts pour y poursuivre ses recherches
sur la rudimentation des membres. Celles-ci, effectuées en particulier avec
Mme Clergue-Gazeau et avec le soutien de Mme Duprat, visent dune part, a
arrêter le développement des membres chez le lézard vert et, d'autre part, à
tenter de lever leur inhibition chez l'orvet. Pendant cette période,
AH. Raynaud continue à publier régulièrement et participe à des congrès,
46

notamment celui organisé par ]. Chaline sur "Organogénèse et Evolution"
(Dijon, 1985). Carl Gans, éditeur de "Biology of the Reptilia" le sollicite pour
la rédaction d`un chapitre sur le développement de l'appareii uro-génital (en
collaboration avec C.P.) et d`un autre sur le développement et la
rudimcntation des membres, publiés en 1985.
A cette importante activité de recherche, reconnue internationalement et
récompensée en 1974 par un Grand Prix de l'Académie des Sciences (Prix Albert
1W de Monaco) s`ajoute une intense activité associative. En effet, en 1971,
A.H. Raynaud participe à la fondation de la Société lierpétologique de
France et entre dans le conseil l'année suivante, En 1973, il devient le Vice-
Président et suscite la création de la Commission de Protection dont il est
responsable pendant plusieurs années, jusquà son départ en retraite. En 1975, i l
organise avec G. Naulleau et G. Matz le Congrès Européen d'Herpétologie de
Toulouse. Etant également Président de la Société Zoologique de France, il
obtient la publication de l'activité et des actes des colloques de la SHF dans le
Bulletin de cette société. En 1976, il participe au projet d'élaboration du décret
de protection des Reptiles et des Amphibiens ainsi qu`à l`examen du projet de
création des réserves naturelles. Il est délégué par le Ministère de la Qualité
de la Vie pour participer au groupe "Amphibiens et Reptiles" du Conseil de
l'Hurope.
Pendant sa retraite à Vabre, il fait preuve d'une grande activité locale et
contribue en particulier a la diffusion de la connaissance herpétologique, ii
travers la Société des Amis du Pays Vabrais, qu'il avait créée en 1973 et qu'il
présidera jusqu'en 1982. ll sfengage avec énergie dans la défense de sites
naturels à protéger, dans la création de crapauducs, et dans la lutte contre les
préjugés concernant les serpents. A cet effet, il organise expositions,
conférences, sorties sur le terrain et publie avec son fils ]ean-Luc un ouvrage sur
"les Reptiles du département du Tarn" (lèm édition 1994, Zèmt? édition 1999).
Tous ceux qui ont connu AH. Raynaud au sein dela SHF garderont de lui le
souvenir d'un chercheur rigoureux et exigeant, qui défendait ses idées avec
force et menait ses combatsjusquaux limites de ses possibilités. La SHF perd,
outre un pionnier en embryologie reptilienne, rm ardent et efficace protecteur
de l'herpétofaune. »
Sabine Renous, ]ean-Pierre Gasc et Claude Pieau
47

Intemational Roundtable to Develop a Protocol on Chelonian
Relocation and Heritage Collections
Table ronde internationale pour réaliser un protocole adapté
aux réintroductions et à l’élevage en captivité des Chéloniens
26-28 septembre 2000
Workshops spéciaux, 25 et 29 septembre 2000
à ORLANDO, Florida, USA
Ce symposium regroupera les divers experts travaillant sur les tortues
terrestres et d’eau douce : les biologistes, les vétérinaires, les gestionnaires, les
éducateurs, les éleveurs, les étudiants, les représentants des agences de
conservation et les passionnés du monde entier, Il aura pour but de créer pour l a
première fois un protocole spécialement adapté à la réintroduction et
l'élevage des tortues terrestres et d'eau douce. Sept domaines seront abordés :
les considérations éthiques, pathologiques, génétiques et systématiques,
environnementales, socio-économiques, les impacts inter et intra—spécifiques et
l’élevage en captivité.
Une présentation de communications et de posters sera possible afin d'aid er
la table ronde dans sa réflexion sur le protocole. Envoyer un résumé de 100 mots
au maximum si vous désirez présenter une communication, ou un poster à
Patricia Ashton : PSASl·lT©N@aol.com.
Cette table ronde est organisée sur l'initiative de Ray E. Ashton and du Dr
Ghislaine Guyot pour créer un document pratique et utilisable par toutes les
personnes impliquées dans la réintroduction et l’élevage des tortues. Le
document sera basé sur les plus récentes données disponibles. Le format de la
table ronde permettra une discussion avec l'assemblée. Les 7 domaines sont
présidés par les spécialistes du monde entier. Parmi ceux—ci, le Dr Gerald
Kuchling, de l’Université d’Australie de l'Ouest qui travaille sur la
réintroduction de la tortue d’eau le plus rare au monde, le Dr Eliott jacobson
dont l'équipe a découvert la bactérie responsable des rhinites chez les
Gophems rzgassizii et G. polyphemus, le Dr Pritpal Singh Soorae du groupe
[UCN/SSC Re—lntroduction Specialist Group (Kenya) et le Dr Peter Pritchard
du Chelonian Research Institute qui apportera son expérience dans le domaine
de la systématique. Les francophones seront particulièrement bien représentés
puisque M. Antoine Cadi (Université Claude Bernard, Lyon l) et le
Dr Ghislaine Guyot seront également dans le comité présidant les aspects
inter et intra—spécifiques. Le protocole sera disponible en anglais et en français
à la fin de l'an 2000.
Pour les inscriptions, contacter : Ray Ashton or Ghislaine Guyot, the Ashton
Biodiversity Research & Préservation lnstitute, 5745 SW 75*h Street #33l,
Gainesville, FL 32608.
E—l\/[ail - Tortfarm2@aol.com,/ Tel — (352) 495-7449 / Fax - (352) 495-7433
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