Bulletin SHF - 1980 - 13
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bulletin de la
SOCIETE HERPETOLOGIQUE
de France
1°' TRIMESTRE 1980
|\I° 15
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1er trimestre 1981] — n° 13
EDITORIAL .................................... 4
VENINS
Celciparine et morsures de Serpents Nipérlnês et Crotalinés},
H. BERTRAND ...................................... 5
Aperçus sur les venins de Serpents, leurs propriétés physico-
chimiques, leurs activités pharmecologiques et sur le traitement
des envenimations, J. DETHAIT ......................... 24
ELEVAGE
L‘é|evage des Salamandres d'Europe occidentale, M. BREUIL. . . 30
PATHOLOGIE
Un cas de détresse physiologique chez le Python royal (Python
regfus}, B. FERTARD .................................. 39
SYSTÉMATIOUE
Etude biométrique d'une population du Lacerta muraffs Laur.
d'Ensoulesse iliilontamise près de Poitiers), E. ROCHE ......... 43
BIBLIOGRAPHIE
Reptiles et Amphibiens: Un guide thérapeutique par P. DELE-
PAUL, deux revues : I., D. HEUCLIN, II., E.D. BRYGOO ........ 46
vie DE LA s0c|É·rÉ
Compte-rendu d'activité de Ia section parisienne ............. 48
ANNONCES .................................... 50

1980, voici la troilsième annee o"existence de notre bulletin de liaison et
d 'information qui debute. il suffit de consulter rapidement la collection de ces
bulletins pour saisir à la fois leur intérêt et Vamelioration de la presentation.
l. üntérét repose principalement sur la diversité des sujets qui y sont traités. ll y
a bien sur les textes consacrés à la vie propre de la SHF et qui sont en quelque
sorte les enregistrements des pulsations de notre société, mais on y trouve
aussi l’echo du sa voi]··—faire et de l 'experience des membres tout autant que des
comptes-rendus du sa voir accumulé hors et dans la societe, .
Je crois que cette diversité est le meilleur garant du dynamisme de la SHF.
ll serait bon sans doute que le Comité de rédaction en visage un dépouillement
des numéros parus pour donner une sorte de sommaire récapitulatif de tous les
sujets traités jusqu 'à présent. Bien que le nombre des bulletins soit encore petit,
ceci faciliterait la recherche d ’un renseignement. Et surtout cette sorte de bilan
mettrait en évidence des questions qui n'ont pas encore été abordées,   et
donnerait peut—étre au lecteur l ’idée d ’apporter sa contribution écrite. Mais me
voici en train de confondre éditorial et tribune libre, car c’est cette derniere qui
doit accueillir toute les réflexions et les suggestions pour assurer le perfection-
nement continu de notre activite.
Remercions donc l’équipe qui a la charge du Bulletin, et souhaitons qu 'en
7980 les activités de la SHF paraissent positives pour tous ses membres.
Le Président 1 J. P. GASC
4

CALCIPARINE ET MUFISURES DE SERPENTS
I I I I I I
lllipermes et Crntalinesl
PAR
H. BERTRAND
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, l"
Nous nous trouvons aujourd’hui devant votre Assemblee à la place de celui
qui fut notre Maître et ami, le Dr. Claude RABY, pour vous parler des effets thé-
rapeutiques de la Calciparine lors de morsures de serpents. Il |’eût fait avec se
grande compétence etses dons d'orateur, sachant se mettre à la portée de son
auditoire. Décédé, hélas, en octobre 197 7, nous devons à sa mémoire de vous
rapporter ce qu'il estimait un progrès dans le traitement des morsures provo-
quées par ces animaux, dont la biologie vous passionne tous ici. Ne possédant
ni son talent oratoire, ni sa haute culture scientifique, nous vous demanderons
toute votre indulgence, et essaierons d'être aussi clair que possible dans cet
exposé sur un sujet, qu’avec passion, il aurait pu vous développer pendant des
heures.
Ces serpents, auxquels vous portez tant d'intérét, ont,malheureusement,
pour un très grand nombre, des glandes pourvues de venin, dont la nocivité
pour |'homme et les animaux a été reconnue des les origines de Vhumanité.
Sans remonter très loin dans |'histoire, nous trouvons dans les oeuvres
d'Ambroise Pare ce passage qui montre combien étaient redoutées les suites
d'une morsure, et si les moyens thérapeutiques ont bien changé, le conseil qu'i|
donnait à l'époque reste toujours valable : "ll faut promptement et SENS delay
remédier à la morsure de bêtes venimeuses par tous moyens, qui consurnent le
venin à fin qu'i| n'entre dedans le corps." (13}. Avait—i| constaté |’effet coagu-
lant de certains venins |orsqu’a propos de l'Aspic, il ecrit que "le venin de
|’Aspic fait ooaguler le sang es veines et artères" ? Il en avait en tout cas bien
observé les effets secondaires vis-à—vis desquels le chirurgien ne voyait d'eutre
remède que Vamputation : "lorsque la partie morse devient purpurée, noire ou
verdoyante, telle chose desmontre que la chaleur naturelle est suffoquée et
esteinte parla malignité du venin 1 alors il faut amputer, s*i| est possible, et que
les forces le permettent  
Heureusement, depuis cette époque, bien des choses ont change, mais il
n‘en reste pas moins que, d'après P. BOGUET et J. MEAUNE i7l, cinq cent
mille personnes sont encore chaque année mordues de par le monde et qua-
rante mille d'entre elles suocombent.
l‘lI Ce texte est celui de la conference donnee le 20 octobre I979 à la section parisienne.
5

L'étude des venins a retenu |'attention de nombreux savants, médecins et
biochimistes, qui en ont déterminé les propriétés a divers titres. Ces travaux, en
particulier ceux de BEHRING, C. Pl·llSALlX avec G. BERTRAND, et CALMETTE
ont permis de mettre au point la sérothérapie antivenimeuse qui a sauvé, depuis
sa découverte, de nombreuses vies. La "coagulation" alors, en tant que disci-
pline scientifique, n'en était qu'à ses premiers balbutiements. Elle ne devait
devenir une spécialité ai part entiere, issue de Vhématologie, qu’apres la
seconde guerre mondiale, et c'est depuis que les venins, dont Vétude biochimi-
que progressait rapidement, intéressérent ses spécialistes par leurs effets tout
d'abord hémorragiques lles plus faciles à observer} et coagulants.
Une classification des venins en hémorragipares anticoagulants et coagu-
lants fut établie, permettant de comprendre en partie les phénomènes phvsio-
pathologiques observés à la suite de morsures, mais ce n'est que depuis 'l 971
que les conséquences thérapeutiques logiques furent tirées de ces informa-
tions. l.a maladie thrombo-embolique, c'est-a-dire celle engendrant la formation
des caillots dans Vorganisme, quelle qu’en soit la cause, aprés les svndromes
hémorragiques, voyait converger vers elle les recherches des coagulationistes.
Le rapprochement entre les signes cliniques de cette maladie et ceux observés
lors des morsures de serpents devait aboutir à |'utilisation de Vhéparine dans
ces derniéres, pour au moins un certain nombre de cas.
Afin de vous faire saisir plus facilement les raisons qui ont amené a traiter
les morsures de certains reptiles par Vhéparine. anticoagulant maieur, nous
commencerons par vous définir tres sommairement ce qu’est |‘équi|ibre coagu-
lolvtique, comment il peut être perturbé. et aboutir a ce que les spécialistes ont
dénommé la coagulation intravasculaire disséminée lC.|.V,D,} ou coagulopathie
HD f`f'!I'W¢2|’ï|"I"If\'12I'II'IfW
DEFINITION DE L'EO.UILIBRE COAGULOLYTIQUE
La coagulation du sang est, comme vous le savez, un processus naturel
complexe qui participe à Vhémostase, avec laquelle il ne faut pas la confondre.
Ce||e·ci, en effet, fait appe! a la fois a des phénoménes primaires ou intervien-
nent des éléments figures, comme les plaquettes sanguines, et cles réactions
neuro-végétatives au niveau de la rnicrocirculation, et a la coagulation propre-
ment dite, pour stopper une hémorragie. Nous rfinsisterons pas sur |'hémos-
tase primaire, bien que, comme vous le verrez, les venins aient une certaine
action au niveau plaquettaire et vasculaire. En revanche, notre attention sera
retenue par ia coagulation proprement dite, qui aboutit à la formation d‘un cail-
lot sanguin, soit bénéfique lorsqu‘i| obture une plaie béante et empêche une
hémorragie de progresser, soit maléfique, |oisqu'i| provoque ce phénomène
pathologique redoutable dénommé trombose,
Pour qu'il y ait coagulation, il est nécessaire qu'un nombre, impressionnant
pour le non spécialiste, de co-facteurs piasmatiques lon en dénombrait treize
classiquement, et deux supplémentaires viennent récemment d'étre ajoutés à
la listel interfèrent en "cascade", s’activant mutuellement, et déclenchant des
réactions enzymatiques en chaîne, qui par deux voies possibles, aboutiront
d'abord à ce qu'il est convenu d’appe|er la formation de thromboplastine lou
prothrombinasel, premiere étape de la coagulation, puis à la formation de
6

thrombine (enzyme dont le role est primordial}, deuxième étape, et enfin la troi-
sième étape avec la formation de fibrine, qui englobant dans ses mailles les
globules rouges et blancs, constituera le caillot.
Or, nous Vavons vu, ce caillot, d‘utile, peut devenir dans des circonstances
pathologiques, éminemment nuisible. Le sang, tissu liquide à |'état normal, ne
peut exercer ses fonctions nourricières et de transporteur d'oxvgène au niveau
des cellules de Vorganisme, que s'il conserve cet état de fluidité. A la coagula-
tion, répond donc un autre phénomène physiologique, tout aussi complexe, la
tibrinolyse, qui rendra au sang son état liquide provisoirement perdu a la suite
d’une agression due à des toxines, comme par exemple les venins.
De ces deux phénomènes intimement liés, coagulation et fibrinolyse,
découle le concept d‘équi|ibre coagulvtique. Cet équilibre reste ordinairement
dans des limites étroites grace à une juste répartition entre activateurs et inhibi-
teurs.
Pour ne pas prolonger outre mesure Cet exposé théorique, qui demanderait
pour être complet un développement hors de propos ici, nous allons vous mon-
trer un schéma qui, malgré une simplification voulue, criticable aux yeux des
coagulationistes, vous donnera une idée de la complexité du phénomène, et sur
lequel vous pourrez observer, du côté de la "coagulation", les trois phases
dont nous avons déjà parlé, à savoir : la thromboplastinoformation, la thrombi-
noformation et la fibrinoformation, auxquelles répondent, du côté
"fibrino|yse", des phases d'activation, pouvant provenir de deux voies, elles
aussi, de plasminoformation (la plasmine pouvant être considérée comme
|'enzyme destructive comme la thrombine serait la constructive} et de défibri—
nation.
Nous y avons également fait figurer les points d’impact des venins que
nous évoquerons tout a l’heure.
Cette symétrie entre une phase de construction (coagulation} et une de
destruction lfibrinolysel a été plus simplement représentée par C. BABY, sous
la forme d’une balance en équilibre instable, perpétuellement mis en péril par
Faction d’activateurs et d'inhibiteurs, dans l'un et l'autre systèmes.
LE CONCEPT DE LA COAGULATION INTRAVAS-
cu|.A|nE o|ssÉMmÉE
Cet état harmonieux, que nous venons de définir et qui existe chez |'indi—
vidu sain, peut malheureusement être perturbé par de multiples causes : la
pénétration dans Vorganisme d'une toxine d'origine végétale ou animale lendo-
toxine bactérienne ou venins d'insectes ou de serpents entre autres} peut
déclencher toute une série de réactions au niveau humoral. Pour simplifier,
nous dirons que cette agression provoque en premier lieu un état d'hypercoagu-
labilité de courte durée. il en résultera, suivant le cas, ou bien une coagulation
localisée au niveau de la microcirculation du territoire atteint (bras, main,
jambe}, accompagnée d'oedèrne, de refroidissement du membre et si |'isché-
mie persiste, pouvant aller ]usqu’a la nécrose par suite d'anoxie cellulaire, Ou,
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Fig. 1 : Schéma simplifié de la coagulation
8

et c'est la cas le plus général, Vorganisme réagira et nous verrons apparaitre
alors des phénomènes qui aboutiront é un état d'hypocoagu|abilité par consom-
mation des éléments nécessaires a la constitution du caillot lfibrinogène, pla-
quettes, oo-facteurs ...l, mais parallèlement, a côté de cet état à tendance
hémorragique, persistera Vhypercoagulabilité initiale, qui sera alors qualifiée de
potentielle, car elle restera masquée par le tableau clinique du saignement.
Enfin, ce sera parfois un syndrome hémorragique intense, à l'état pur, lorsque le
processus de défense avant dépassé son but, qui ne consistait qu’à rétablir une
circulation accidentellement interrompue, provoquera une hvpocoagulabilité
tendant vers Vincoagulabilité par fibrinolyse reactionnelle. (Ces trois étapes,
que nous venons de vous décrire très brièvement, d’hypercoagu|abilité vraie,
cïhvpercoagulabilité potentielle et d'hvpocoagu|abilité, forment l'ensemble du
syndrome que l'on a appelé "coagulation intravasculaire disséminée" et ont
été trs bien illustrées par C. RABY dans sa monographie sur ce sujet l‘l5ll.
Comme vous pouvez la constater, thrombus et fibrinolyse sont les deux
cas extrêmes de la C,|.V.D., ou tous les intermédiaires peuvent s'observer et
être mis en évidence grâce à des tests biologiques.
Certains coagulationistes pensent que ce syndrome est excessivement
rare, d'autres, dont le Dr. C. HABY faisait partie, estiment au contraire qu'il est
beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit et qu’il se rencontre dans des circons-
tances aussi diverses que, par exemple, certaines hémorragies du tractus
digestif, les purpuras infectieux, les transplantations d'organes, Vinsuffisance
rénale aigüe (17} et les morsures de serpents, si l’on veut bien se donner la
peine de le rechercher.
COAGULATION INTRAVASCULAIRE DISSEMINEE
ET VENINS DE SERPENTS
A.- Expérimentation "in vitro" démontrant Faction procoagulante
En ce qui concerne ce dernier cas, pour lequel nous sommes réunis
auiourd’hui, de trés nombreuses publications dans la littérature mondiale font
état de résultats expérimentaux tant "in vitro" que "in vivo", démontrant les
effets des venins sur la coagulation, D’orientation variable, suivant leurs
auteurs, tantôt biochimique, tantôt biologique, elles apportant de nombreux
arguments en faveur de Vhypothèse selon laquelle les phénomènes cliniques
observés après morsures pourraient se rattacher à une coaguiation intravascu-
laire.
Nous n’en citerons que quelques unes, à titre d’exemples, qui seront con-
firmées par nos propres résultats. Dans une étude biochimique,
ANDERSSON l`ll en Suède démontre que les venins d’un grand nombre de ser-
pents dont les noms vous sont beaucoup plus familiers qu'a nous-même lNafa
nrgrfcorlrs, Biris gabonrca, Causes rhombearus, Ankisrrodon harys blomhofir}
Echfs carfnarus, Crotaftrs adamanîeus, Crotalus horrfdus, Vfpera asprs, Vrpera
ammodytes, Vfpera russeffff, Tnîmeresurus okfna vensfs, Dendroaspfs por'yr‘epr's,
Crotalus rarrrrraus et Ceraster comurusl possédant "in vitro" la propriété
d’accéIérer la coagulation du plasma et d'activer certains facteurs, tels que le X
9

activataurs activateurs
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COAGULATION LYSE
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inhibiteurs inhibiteurs
Fig. 2 : Schéma de Vèquilîbre cuagulülytique
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PLASTIQUE
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Q ' réallu masquant una hypnrcnag, potentielle. par iîhrinuiysu réaminnnailg,
Fig. 3 : Schéma de ia coagulaticm intravasculaire disséminéë (d’après C. Flabyl
10

lou Stuart} en Xa, le V lou proaccélérînel en Va, le Il lprothrombine] en throm-
bine et le fibrinogène en fibrine.
Les excellents travaux fançais de lV|.C. BOFFA et G.A. BOFFA sur le venin
de Vàoera aspfs ont donné lieu à plusieurs publications l2, 3, 4, 5, 6l. Ils con-
cluent que "le venin de Vrpera aspfs agit sur le facteur Stuart et la proaccélé—
rine. L'action "proacoagulante" est comparable à celle décrite chez Vfpera rus-
se!i`fF'   mais que "par ailleurs le venin de Vipera aspfs hydrolyse le fibrinogène
et a une action anticoagulante qui est apparentée à celle décrite par J. RECH-
NIC chez un autre Vipéridé, l’Echis coiorarus. ils signalent que "cette action est
différente de celle des venins de Crotalidés : Bothrops jararaca ou atrox ou
Agkfstrodon rhodostoma, qui eux coagulent directement le fîbrinogène. Ils ont
également constaté que le venin de trîrioera aspis inhibait Vagrégation des pla-
quettes sanguines induite par VAD?.
Nous avons pu vérifier ces résultats en ce qui concerne 1'Aspis, au cours
d'un travail que nous poursuivons actuellement sur cette espèce, et sur la
Berus (vous nous permettez au passage de remercier |'un des vôtres, Nl. HEU-
CLIN, qui a eu Vextrême obligeance de nous fournir le venin nécessaire à cette
expérimentation}.
Avant de vous projeter quelques diapositives illustrant ce que nous venons
de dire, nous vous décrirons, sans entrer dans les détails techniques, ce qu'est
un thromhoélastogramme obtenu à l’aide d'un appareil de laboratoire appelé
Tromboélastographe. Cet appareil permet de visionner le phénomène de la coa-
gulation d'une quantité déterminée de sang clécalcifié, et donc incoagulable,
que |’on recalcifie à 37°C pour obtenir un caillot. Les différents temps de for-
mation sont enregistrés par un systeme optique sur une papier photosensible.
Le tracé obtenu après développement permet d'étudier les différentes phases
de la coagulation. __ _ . .... ,.,,____ _
ii É20 mm iEmx
san wm     ier - Em · gt 4, a intern:
° E-—-·-—-S    
INDICE DE POTENTIEL THRDMBODYNAMIQUE
Fig. 4 : Thromboèlastogramme normal :
r = Constante de thromhoplastinoformation
k = Constante de thrombine
r + k = Temps de coagulation du sang total
amx = Amplitude liée à la structure du caillot [fibrine — plaquettes — glo-
bules rouges et blancsl
Ce tracé de sang normal présente, sous forme d'un trait continu la phase
liquide correspondant à la thromboplatinoformation décrite précédemment,
puis les premières traces de thrombine apparaissent, deux branches d'un
11

diapason se dessinent jusqu'à |'obtention d’une amplitude qui sera fonction de
la structure du carllot, influencée parle fibrinogène, son facteur stabilisant [XIII]
et le plaquettes sanguines.
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2 v` '——_"`_`_—-I
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  I
THE OMB esta stro GRA HMES
ACTION "IN vJ2·1ro" ns www sa "vrssma ASPIS" sw? LE SANG HUMAIN.
1 - Tracé témoin
2 — Tracé avec 6 pg de venin Dar ml de sang total
3 — Tracé avec 50 pg de venfn par ml de Sang total
La diapositive suivante vous montre trois tracés dont le premier correspond
ai un sang témoin normal, auquel, sur les tracés 2 et 3, ont été ajoutées des
doses variables de venin de Vfspera aspfs. Vous pouvez constater qu'avec une
dose de 6 mcg par ml de sang, la coagulation de celui-ci est fortement accélé-
rée. Pour une dose dix fois plus forte, nous observons, en plus du raccourcisse-
ment du temps de coagulation, une action proteolytique sur le fibrinogène, qui
ne peut former un caillot consistant par suite d'une fibrinolyse.
 —· -—-  .-.___________
,/÷·"'_
3   ·
l `rs ` ·,__ __——_______,T
THROMEDELASTOGRAMMES
,·:c*1*JON "IN |·’ITRO'* ou vsN1N DE "NJPENA ssrws" sun LE BANG NUNAJN.
1 - Tracé témoin (eau physiologique}
2 - Venin ph! 5 pgfml
3 - venin 14 SU pgjml
I2

La même expérience pratiquée avec du venin de Vrpera berus démontre
également |'activité "procoagu|ante" de ce venin, mais, contrairement à celui
de |'Aspis, pour une dose dix fois plus forte, il n’est pas observé de phénomène
fibrinolytique. Nous ne pensons pas que les 10 mcg de moins par rapport à
|'Aspis introduits dans le système soient suffisants pour expliquer la différence
de résultat. En effet, une électrophorèse sur gel de polyacrylarnide montre qu'il
existe entre ces deux espèces des différences dans la composition de leur
venin, susceptibles d’expliquer les effets observés.
B.- Expérimentation "in vivo"
De ces effets constatés "in vitro" par de nombreux expérimentateurs,
devait découler Vhypothèse que lors des morsures de serpents les symptômes
pouvaient être rattachés à une coagulation intravasculaire. Et si certains
auteurs, comme P. EFRATI, cité dans |’ouvrage de LEE CHEN YUAN sur les
"venins de serpents" i10, p. 971}, n’ont "trouvé aucune corrélation entre les
perturbations "in vitro" et les manifestation cliniques", ou ont pu déclarer
comme V. SITPRIJA et al. l'lO, p. 972} que "|'évidence d’une C.l.V.D. n'a
iamais été clairement démontrée", d‘autres comme REID cité par S.A. MINTON
li 1, p. 125} ont pu écrire que "1'action coagulante du venin de serpent peut
causer une mort rapide par coagulation intravasculaire, si de grandes quantités
sont introduites en intraveineuse, mais une activité concomitante fibrinolytique
prévient habituellement celle-ci et fait apparaître un syndrome de défibrination
avec un sang non coagulable".
GRASSET et SCHWARTZ (10, p. 609) attribuaient déjà en 1954 la cause
de la mort chez le lapin envenimé par Bothrops;`araraca à une coagulation intra-
vasculaire.
Les expérimentations que nous avons pratiquées avec le Dr. RABY', sur ce
même animal, avec du venin de Crotale, ont permis, non seulement de confir-
mer cette opinion, mais encore de démontrer, s'i| en était besoin, après les faits
cliniques que nous rapporterons tout à |'heure, que l'utilisation de i'héparine
prévenait de la mort les animaux protégés (15, p. 112). ROTHSCHILD et
ALMEIDA (10, p. 609} observaient a peu près à la même époque, chez des rats
traités par du venin de Borhrops jararaca, que ces animaux "étaient protégés
par Vhéparine de |'effet léthal dû à une coagulation intravasculaire
disséminée".
Les doutes que certains ont émis à ce sujet, nous semblent devoir être
attribués a la difficulté expérimentale de prouver cette C.l.V.D. Il n’est pas tou-
jours facile d'obtenir des prélèvements corrects chez des animaux en hypoten-
sion, et de saisir la preuve d'une hypercoagulation. Cependant, en cequi con-
cerne les venins de Vfperfdae et Croraifdae, tous les stades ont pu être obser-
vés, en fonction des doses pratiquées et du lieu d’injection, par des voies égale-
ment différentes lS!C, |.li/l. ou |.V.l, depuis l'l·rypercoagu|abi|ité massive entraî-
nant ia mort en quelques minutesjusqtfà la défibrination complète, provoquant
cliniquement |’apparition d'un état hémorragique, en passant par cet état de
déséquilibre ou apparaissent des produits de dégradation du fibrinogène, une
diminution du nombre des plaquettes circulantes et une consommation du fibri-
nogène.
13

  <—>
Aspic Berus
ÉLEcTR0PH0REsE DE VENINS
14

Deux essais que nous avons effectués dernièrement illustreront ceque
nous venons d’avanc_er. Deux lapins de 3 kg ont reçu une injection intravei-
neuse de 2,5 mg de venin de Vljoera berus. L'un était protégé par une dose
d'héparine l.V. de 500 UI et de Calciparine Si‘C·à raison de 1-.000 Ulikg.
L'autre ne recevait aucun traitement : il devait décéder en cinq minutes, sans
nous laisser la possibilité de pratiquer un préièvement sanguin. L’animal pro-
tégé, prélevé 4 H 30 apres ïinjection de venin, était incoagulable ; on notait
une légère chute des plaquettes et une apparition deproduits de dégradation du
fibrinogène dans le sang circulant. La poursuite du traitement héparînique pen-
dant les quatre jours suivants fait que cet.anima| est toujours en vie et se porte
bien.
Une expérience similaire avec duvenin de '•/rjoera aspis, à u_ne dose de
1,6 mg en |.V., nous a permis de prélever l'anin1a|, non protégé, qui devait
mourir le 4ème jour.
" ```` ··- ·-ifssxzzl ····   .....   .... . .................. . ..... . ......   .. ...... . ,...,   ........... . .... . ......   .... . ........ .. . ___,_,___, ,_
THROMBOELASTOGRAMHES DE Siwa ns LAPIN
1 - Avant injection de venin
2 - 15 minutes après une injection LV. de
1,6 mg de venin de "liipera Aspis".
Vous pouvez voir quel degré d’hypercoagulabîlité se manifeste 1 5 minutes
apres Vinjection. L’animal hépariné survivait à ce mauvais traitement.
Mais si vous augmentez les doses au dessus de 3 mg, |’action protéolyti—
que, qui restait masquée sous Faction "proc0agu|ante" du venin de Vrjoera
aspfs à des doses plus faibles, se manifeste alors et la protection héparinique
devient illusoire, les animaux traités ou non mourant en trois heures environ.
Nous nous souviendrons de ce résultat dans la discussion.
CIu'est-ce que Phéparine ? Comment agit-elle ?
A la lumière de ce que nous venons de vous exposer, nous pensons qu’i1
vous semblera logique, comme à nous-même, d’uti|iser |’héparine comme
15

traitement des morsures de serpents. _
Mais avent de poursuivre sur ls_résu|tats déjà obtenus par certains prati-
ciens en_-médecine humaine et vétérinaire, peut-être serait-il bon,·p0ur certains
d'entre`vous, de rappelerce qu'est Vhéparine, quel est son mode_ ;i'acti¤n`en
général, et plus particulièrement vis~à—vis des effets des venins.
· L’héparine est un anticoagulant physiologique qui se trouve. pratiquement
dans tous les organes, `et en particulier le foie djoù elle a tout d'aborCl été
extraite par_ Mac LEAN et HOWELL en ‘l9l’6. Cette origine lui a `valu s0_n nom,
et depuis elle provient, suivant les fabrications, soit du poumon de boeuf, soit
du mucus de Vintestin de ce même animal ou du porc. Chimiquement, c'est un
mucopolysaccheride soufre d'un poids moléculaire moyen d’environ 20.000."
Elle possèd_e une forte charge électro-négative dont la neutralisation par la pro-
tamine‘|ui enleve toute propriété`anticoagulante. Cîest parla possibilité qu_'e||e
a dese lier avec`des`—protéines, et principalement·avec"|’antithrombine III, pour
former un complexe, qu'el¥e peut rendre le sang incoagulable. Elle donne iieu
encore actuellement à de nombreux travaux biochimiques qui tendent à en
approfondir la connaissance.
Son action antithrombine, pratiquement immédiate lorsqu’e||e est intro-
duite dans le sang, est sa caractéristique la mieux connue. Mais elle a le mérite
d'agir à bien d'autres niveaux et dans d'autres domaines. "|n vivo", lorsque le
traitement est prolongé suffisamment longtemps, elle peut déprimer i'aotiva—
tion des facteurs "contact" [XI et Xlil, des facteurs antihémophiliques A et B
lV|l| et IX} et de l'accélérine (Vi. Autrement dit, elle peut agir au stade de la
thromboplastinoformation.
Par ailleurs, et c'est un point particulièrement important pour ce qui nous
concerne, son action anti-inflammatoire agit d'une maniere spectaculaire sur
les oedèmes des phlébites et on lui reconnaît également une action antalgique
non négligeable.
Son mode d'appIication, pendant longtemps, fut uniquement intraveineux.
Soit en injections discontinues, soit en perfusion continue qui en limitait l’utili—
sation à trois ou quatre jours maximum. Depuis |'apparition d’un sel de calcium
lCalciparinel permettant son utilisation par la voie sous-cutanée, ses indica-
tions se sont développées et des traitements à long terme ont pu être institués.
C'est gràce à cette forme qu'elle peut être aujourd'hui proposée comme
appoint à la thérapeutique classique anti—venîmeuse.
Comment, dans ce cas précis, agit·e||e ? Certainement pas comme un anti-
venin. Elle ne neutralise pas le venin lui-même et celui-ci continuera à se mani-
fester tant qu'i| n'aura pas été éliminé totalement de Vorganisme.
Une simple expérience "in vitro", illustrée par les deux diapositives suivan-
tes, vous montrera que le venin mis en présence d’héparine dans un tube à
essai et laissé en contact 5 minutes ne perd pas son activité procoagulante et,
dans le cas présent, puisqu’i| s’agit du venin d'Aspis, à dose importante [30
mcgfmll son activité protéolytique, lorsque vous ajoutez le mélange à du
plasma humain dont les plaquettes ont été conservées ou éliminées.
Nous pourrions presque parler de "neutraIisation de Vhéparine", dont
16

I'effet ne se fait plus sentir, peut-être par formation d’ur1 comp|exe.a`ve`c le
venin.
Ces résultats vont dans le sens de ceux observés par ROTHSCHILD et ses
collaborateurs (10, p. 609} dans un tout autre domaine. Ayant axé leurs
recherches sur les phénomènes d’hypotension et de la "reIease" des kinines à
partir des parois vasculaires par le venin de 8othrops;`araraca chez le rat et attri-
buant à cette action du venin une grande importance dans la cause de la mort
de l’animal, ils concluent que "malgré cela sur le plan expérimental elle n’est
pas seule en cause" et que "Vheparine est efficace dans la prévention de la
mort due au venin, bien qu'el|e n'inhibe pas Vhypotension ou la consommation
du kininogène plasmatique provoquée par ie venin".
C'est bien ce que nous observons également au niveau de la coagulation,
chez les lapins protégés, lorsque nous constatons une chute des plaquettes,
moins importantes certes que chez les témoins non traités, mais cependant
notable, et une augmentation des produits de dégradation du fibrinogène.
Cependant les animaux survivent, mais à la condition que le traitement soit
poursuivi dans les 24 et 48 heures qui suivent Vinocuiation, si l'on ne veut pas
voir à nouveau les effets du venin se manifester et l'anima| décéder.
Ce n'est donc pas en agissant sur la cause, le venin, que Vhéparine est
bénéfique en tant que traitement des morsures de serpent, mais par son action
sur les effets que celle-ci manifestent au niveau de la coagulation, et peut—être
également de la vascularisation, si |'on en croit l.L. BONTA et coll. i'l0, p. 661 l
qui estimeraient raisonnable de penser que "l'héparine protege l’intégrité des
microvaisseaux", son effet sur le tissu conjonctif ayant été démontré par
GASTPAH en 196 5, ainsi que celui sur la perméabilité vasculaire par NAZA-
HOFF et PETFIUSCHEV en 1968.
En ce qui concerne les manifestations des venins de Crotaiidae ou de Vrjoe-
rfdae, que leur action procoagulante soit provoquée par conversion du facteur X
en Xa ou de la prothrombine en thrombine, directement ou associée a une acti-
vation du facteur V, ou qu’elle ait une action "thrombin—|ike" transformant
immédiatement le fibrinogène en fibrine, et même si ces venins possèdent
parallèlement une activité protéolytique, comme chez |’Aspis qui semble ne se
manifester qu’à de trés fortes doses et laisser l'activité coagulante dominer,
tout au moins en premier lieu, toutes doivent être susceptibles de réagir favora-
blement à un traitement héparinique, et c'est ce que nous allons essayer de voir
en abordant maintenant les résultats obtenus par le corps médical.
Si les faits expérimentaux plaident pour la réalité dela coagulation intravas-
culaire lors des morsures de serpents du groupe des Sclénoglyphes, |'unanimité
est loin d’étre acquise chez les médecins |orsqu'i| s’agit de traiter ce genre
d’accident chez l'homme par un traitement logique et spécifique comme l'hépa-
rine. Ceci tient à de multiples raisons que nous allons essayer d'énumérer.
— La première est très certainement un manque d’informaticn évident du
corps médical à ce sujet.
— La seconde est que le maniement des anticoagulants, et donc de |'hépa-
rine, a toujours posé des problèmes de surveillance qui semblent difficiles à
concilier en pratique courante, pour beaucoup de praticiens.
l?

— La troisieme est que, pour les médecins de la métropole, et parfois
même pour certains qui exercent en zone tropicale où des espèces beaucoup
plus dangereuses que les vipères de France peuvent sévir, les accidents gravis-
simes sont heureusement rares et qu’i| n'est pas besoin d'uti|iser une thérapeu-
tique qui leur semble, à tort, présenter un autre danger, le risque d'un saigne-
ment.
Certes R. ROLLINAT, dans son ouvrage "La vie des reptiles de la France
Centrale" (18), n‘a relevé en cinquante ans que deux cas mortels par morsure
de Vipéridés, mais J, GAILLARD, dans sa thèse E8) signale une statistique de
l'|l\lSEFilv’l relevant 23 décès par morsures de serpents en France entre 1958 et
1965.
lVl|l\l`|'Ol\l, dans son livre sur les maladies provoquées par les venins,
déclare "que l'aspect clinique des morsures de serpents est caractérisé par un
haut degré de variabilité et d’imprévu. Plus que toutes les autres envenima-
tions, des facteurs multiples influent à la fois sur le serpent mordeur et sur
|'homme mordu   les deux plus importants facteurs inconnus étant la toxi-
cité intrinsèque du venin et la quantité injectée   En effet, d’aprés plusieurs
auteurs, 10 à 1 5 pour cent seulement du contenu de la glande seraient injectés
lors d'une rnorsure." ÉKOCHVA, 1960 — GENIARO et al., 1961 — KOND0 et al.,
197 2). L'évo|ution de tres nombreux cas de morsure de serpents dans les dif-
férentes parties du monde indique dans la moitié des cas de faibles envenima-
tions ou même leur absence avec des morsures de serpents à venins hautement
toxiques (11}.
Ambroise PAHÉ, en son temps, avait déja noté cette grande variation
d'effets qu'i| n’attribuait pas uniquement aux venins mais aussi a ia réaction de
|'individu mordu : "que les venins tuent, ou plus tôt ou plus tard, il ne procède
de leur propre naturel et force, mais de ce que la nature d’iceluy qui |'aura pris,
résiste plus ou moins aux dits venins   car il est certain qu'un même venin
d'un même poids et même quantité, baille a diverses personnes de diverses
natures, tuera les uns dedans une heure, les autres dedans quatre, autres
dedans un jour et à d’aucun ne portera grande nuisance   (13}. Sans doute
parmi vous, certains ont—ils constaté par eux-mêmes des faits identiques.
Alors devant toutes ces données contradictoires, pourquoi utiliser une thé-
rapeutique qui, de plus, peut sembler à beaucoup comme non spécifique ?
|\l‘existe-t-il DGS des anti—venins polyvalents ou non et a-t-on vraiment besoin
d'uti|iser un produit en apparence peu maniable ?
D'après H.A. REID (10, p. 945 - 1 1, p. 171] "les deux principaux incon-
vénients des sérums antivenimeux sont leur coût et les réactions qu’i|s peuvent
provoquer   un pourcentage élevé d’individus qui en reccoivent développent
une maladie sérique, et un nombre inappréciable peut souffrir de radiculite ou
d'anaphyiaxie   ils n’apportent, d’autre part, aucun bénéfice aux effets
locaux de Venvenimation, et tout particulièrement a la nécrose locale. Lors
des morsures de serpents, le traitement idéal de la nécrose locale reste le pro-
blème le plus important".
|\|'ayant aucune expérience dans le domaine de la sérothérapie, nous lais-
serons à son auteur la responsabilité de la première assertion, mais en ce qui
18

2 I .
THRGMBGELASTDGRAHHES l
ACTION DU VENIN DE "FIPERA ABPIS", PREINCUBE 5 MINUTES AVEC DE
LA CALCIPARINB, SUR HN PLJSHA HUMAIN RICHE EH PL.•1QL|'ETTES·
1 - Tracé PRP témoin
2 - Tracé PRP avec héparine seuk-: 0,25 Lllfmï
3 r Tracé PHP avec 30 pg de venin et 0,25 UI d'hêparine
2  
1 .
THRGMBOELASTUGHAMNES
msmv nu vem: DE ··m·mm .·4s1=»zs~, Pnezvcvaa 5 vzvunws avec DE
M cmncmmzvz, aux mv PLASMA Human nsmmvmw.
1 · Tracé témoin d'un PDP humain
2 - Tracé du même PDP contenant 0,2 UI d'hépar·îne par mi
3 - Tracé du PDP avec 30 ng de venin ayant incubé avec I'hêpar··îne
19

concerne la seconde, nous pensons que sur` les "effets locaux de l'envenima-
tion" et sur cette "nécrose locale", I‘heparinotherapie, en rétablissant une cir-
culation sanguine perturbée et en permettant une irrigation cellulaire normale,
apporte une solution à ce probléme.
A.- CHEZ L'HDI'lllME
C. HABY, en grand spécialiste qu'il était du traitement héparinique, était
convaincu de |'utilité de cette thérapeutique lors des morsures de serpents. ll en
parlait au cours de ses conférences post—universitaîres qu'il effectuait à travers
la France et il devait, un jour de mai 1971, voir récompenser ses efforts didacti-
ques par la mise en application de ses idées sur ce sujet, à la suite d'un acci-
dent, heureusement excepticnnel dans notre pays.
Une jeune fille venait de se faire mordre à la lèvre supérieure, par un Crota-
lus vfrfdis, dans la région de Dijon, et était amenée vingt minutes après la mor-
sure au S.A.l\/LU. de cette ville. Le Dr. FRANC, médecin—réanimateur qui la
reçut avait assisté peu de temps auparavant à une de ces conférences où
avaient été évoquées les possibilités d’utiliser la Calciparine dans ce genre
d'accident, et devant la difficulté de se procurer du sérum anti-venin spécifique
en quantité suffisante, se mit en rapport avec le Dr. RABY, et avec sa collabora-
tion associa au traitement classique une thérapeutique héparinique. Le pro-
blème n'était pas simple, car la malade présentait déjà des signes hémorragi-
ques importants. Une surveillance biologique étroite fut établie. Elle permit de
suivre au jour le jour |'évolution d’un processus de coagulopathie de consom-
mation et de moduler au mieux les doses d'héparine nécessaires à le juguler,
Cette collaboration étroite entre la clinique et la biologie aboutit à une gué-
rison sans séquelle. Cette observation a fait l'objet d'urie note l16l à la "l\|cu-
velle Presse Médicale" en décembre 1973, où les personnes intéressées pour-
ront trouver les détails biologiques et ciiniques, et a été le sujet d'une Thèse de
Médecine l‘l2l à la Faculté de Dijon, dans la méme année.
A la suite de ce cas, peu courant, plusieurs personnes ont été traitées dans
différents services pour des morsures, en comparaison beaucoup plus beni-
gnes. de Vfpera aspfs, de where berus ou de Bitrls arrerans. Ceux qui ont pu
bénéficier de controles biologiques ont montré des signes cfhypercoagulabilité
potentielle, masquée globalement par Vhypocoagulabilité thérapeutique engen-
drée par Vhéparine, lorsque les patients s’étaient injectés, sitôt après la mor-
sure, une dos de Calciparine.
L'un deux que nous avons pu suivre avec le Dr. RABY, était allergique au
sérum anti-venin et n'avait pas près de lui de Calciparine quand il se fit mordre
en manipulant des vipères Aspis. Il se vit refuser dans un hopital périphérique
dela région parisienne où il s'était rendu, le traitement héparinique qu'il souhai-
tait. Mordu à la main, Voedéme progresse ]usqu’au bras. Cluarante huit heures
après la morsure, voyant empirer l'état cvanotique du membre blessé, il signa
sa feuille de sortie. Le traitement à la Calciparine fut alors prescrit par le Dr.
RABY, et tres rapidement les troubles locaux s'atténuèrent malgré la mise en
route tardive de la thérapeutique. Les résultats du bilan biologique pratiqué
alors montrent une hyperfibrinémie, une hyperactivité au niveau des
20

co-facteurs V iaccélérinel et X [Stuart}, ainsi qu’ur·.e consommation du plasmi-
negène, justifiant une augmentation de la posologie.
Ce dernier exemple vous démontre la nécesité d’une information du corps
médical afin de permettre une action d'autant plus efficace qu’e||e aura été
rapide. Ce malade aurait certes récupéré beaucoup plus vite I'utiIisation de sa
main s'il n'avait attendu 48 heures avant d'être traité par Vhéparine. Nous
espérons que bientôt ce problème trouvera une solution.
Un troisième cas vous illustrera |’action du traitement hépariniqu signalée
plus haut sur les signe locaux, et plus particulièrement sur la nécrose. Un de vos
collègues, mordu au doigt par une 'vijoera aspis, s'injecta immédiatement au
niveau de la morsure et à celui de la ceinture, par voie sous-cutanée, suivant la
technique maintenant classique dont nous parlerons tout-à—|’heure, dela Calci-
parine qu'i| conserve à portée de la main depuis sa rencontre avec le Dr. HABY.
Lorsqu’i| vint nous voir pour un controle biologique, son index n'êtait pas seule—
ment cyanosé sur près de deux centimètres, mais présentait déjà un épiderme
rugueux, fortement nécrosé, faisant redouter le pire Dour sa récupération. A
peine une semaine aprés, au second contrôle, Vamélioration était déjà très sen-
sible.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet ; certains parmi vous
pourront peut-etre, enfin de séance, nous apporter leur témoignage personnel.
B.- CHEZ LES ANIMAUX
La medecine vétérinaire devait également être intéressée par Vutilisation de
cette thérapeutique. En effet, vous n'ignorez par combien de chiens, de chasse
en particulier, ont |’occasion chaque année de se faire mordre, ne serait-ce
qu'en France, par des vipères.
Une thèse de P.F. ISAHD sur la "Contribution à l'étude des coagulations
intravasculaires disséminées - L'envenimation ophidienne par les Vrperfdae
chez le chien", présentée à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon en 1974, cori-
firme chez |'animaI ce que nous vous avons développé précédemment.
Au cours de 24 observations, il a pu démontrer biologiquement chez cet
animal les atteinte de l'équiiibre coagulolytique. Celui—ci a pu étre rétabli par
"une héparinothérapie conduite "en aveugle" pendant plusieurs jours sans
aucun problème", en ne faisant que respecter la posologie moyenne conseillée
"grâce à Vhéparinate de calcium injectable par voie sous-cutanée".
CONCLUSIONS
Nous n'irons pas, pour conclure, vous dire de pratiquer chez l'homme un
traitement "en aveugle". En effet, si nous sommes certains que la Calciperine
peut rendre de grands services à tous ceux qui, comme vous, se trouvent en
contact fréquent avec des reptiles venimeux, il convient de ne pas oublier qu'i|
s'agit cependant d’un anticoagulant majeur, dont l'utiEisatîon demande que l'on
respecte queiques règles bien établies. Dites-vous bien tout d'abord que c'est
21

au niveau du médecin qu’une information doit être entreprise si l'on souhaite un
jour voir toutes les personnes susceptibles d'un accident, porteuses d'une
seringue d'héparine permettant une injection précoce sitôt la morsure.
Injection précoce, en effet, car, comme nous avons tenté de vous le mon-
trer au cours de cet exposé, c’est dans la phase suivant immédiatement ia mor-
sure, au moment où Vhypercoaguiabilité est seule en cause, que vous avez la
possibilité d'agir avec le minimum de risque. Empêchant les effets secondaires
de se manifester, l’injection de Calciparine vous permettra d'avoir devant vous
un laps de temps de 3 à 5 heures pour vous rendre auprès d'un médecin ou en
milieu hosp_ita|ier ou, suivant l‘état clinique constaté, des soins plus intensifs
pourront éventuellement être pratiqués, la poursuite du traitement héparinique
pouvant être alors contrôlée biologiquement, et y être adjointe ou non une séro-
thérapie spécifique, le médecin restant seul juge de |'attitude a adopter suivant
la gravité du cas.
Si |'injection ne peut étre faite que tardivement, le risque encouru est de
vous trouver, avec certains serpents, soit dans une phase protéolytique, soit
pour d’autres, dans la phase de fibrinolyse réactionnelle dont la conséquence
sera |'hémorragie. Il est bien évident que dans ce cas, le traitement héparinique
s'i| n'est pas forcément contre—indiqué, et s'il peut même être d'un grand
secours, comme lors de la morsure de Crotale que nous vous avons présentée,
doit obligatoirement être pratiqué avec précaution et sous surveillance médi-
cale. Certaines équipes de réanimation ont déjà tres bien pris conscience de ce
problème,`et tiennent compte dans leur schéma thérapeutique des phénomènes
que nous avons exposés l14l.
Sur le plan purement pratique, |'héparine de calcium est donc un sel con-
centré d'héparine (25.000 Ulimll qui est présenté en solution stérile, soit en
ampoules de divers volumes [0,5 - 0,8 — 1 mll, ou en seringues auto—injectables
l0,2 — 0,3 ml}. Ce produit est stable à la température ordinaire et peut être con-
servé au moins pendant trois ans. Ces présentations vous permettent donc
d'en avoir constamment sur vous.
La technique préconisée par le Dr. FIABY consistait à injecter 0,25 ml au
niveau de la morsure, associé à un pansement compressif, et 0,3 ml ou 0,4 ml
suivant le poids du patient lau niveau de la ceinture abdominale}, dose qui,
après contrôle, doit être renouvelée toutes les 6 ou 8 heures, puis en fonction
de l'vo|ution, toutes les 12 heures, jusqu'à extinction complète des signes
d'hypercoagu|ation.
C’est en vous souhaitant malgré tout de n’avoirjamais à l’utiliser, que nous
prendrons congé de vous, et en espérant que les éléments que nous avons
tenté de vous fournir répondent aux questions que vous pouviez vous poser.
institut CHOAY
46 avenue Théophile Gautier
75782 PARIS CEDEX 16
22

1.- ANDEHSSON L. — A study of the coagulant action of some_ snake venoms. Coagtdation, 1971,
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2.- BOFFA M.—C.. BDFFA G.A. et JOSSO F. — Effets du venin de Lûhera aspfs sur les
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23

I-IPERQUS SUR LES IIEIIIINS DE SERPENTS,
LEURS PRUPRIETES PHYSICU-CHIMIIIUES.
LEURS ACTIVITÉS PHARMACULUGIUUES
PAR
J. DETRAIT
IJAPPAREIL VENIMEUX
L'apparei| venimeux des serpents comprend tous les éléments qui inter-
viennent au cours des processus d'éiaboration et d'it1oculation du venin.
On constate, à travers les différentes familles ophidiennes, une évolution
graduelle de cet appareil qui se manifeste d’une part au niveau de la glande
secrétrice du venin et d’autre part au niveau de la structure du complexe cra-
n`n lossification, musculature, innervation et dentitionl.
A la glande temporale antérieure., observée ches les genres primitifs,
s’adjoint une glande parotide qui s'individualise chez les Cofubrfdae aglyphes
lNatrlx, Coronella ...l et chez les Opistoglyphes en une masse glandulaire cons-
tituée par Vaccolement intime de deux glandes histologiquement distinctes,
dont la portion postéro-supérieure pvriforme est la glande venîmeuse propre-
ment dite : la "Glande de Duvernoy". De ce||e—ci, un canal excréteur très court
aboutit directement à la surface dela muqueuse buccale à la base des dernières
dents postérieures norssillonnées chez les Aglyphes, ou sillonnées chez les
Opistoglyphes. Chez les Protêroglyphes et les Solénoglyphes, Vindividualisa-
tion de la glande a venin est parvenue à son aboutissement. Parallèlement, les
crochets canaliculés, incerés en position antérieure sur le maxiliaire superieur,
sont devenus plus efficaces. De petites dimensions chez les Viioerfdae euro-
péens, la glande peut atteindre une taille considérable chez d'autres Vr]oen'dae.
La structure de ces glandes est complexe : muqueuse dans sa partie cen-
trale excrétrice, séreuse dans sa portion principale secrétrîce. Au sein de cette
dernière se développent des grains réfringents aux dépends de bàtonnents, les
"chondriocontes", et à mesure que ceux—ci disparaissent, les grains grossis-
sent et s'unissent en un vacuome dont le contenu est expulsé hors dela cellule
dans la lumière du canal excréteur.
24

LE VENIN
La sécrétion venimeuse, chez les ophidiens pourvus de crochets lOpis-
toglyphes, Protéroglyphes, Solénoglyphesl est éjectée en gouttelettes visqueu-
ses de couleur jaunâtre, en général, parfois blanchâtre lVipére du Gers, ...l.
L'expulsion artificielle du venin s'0btient soit pas message manuel des
glandes, soit par leur stimulation électrique.
Les quantités de venin recueillies sont tres variables selon les especes,
mais aussi selon les individus.
Le venin doit être desséché rapidement sous vide à une température de
+4°C. La lyophilisation n'est généralement pas utilisée, car elle peut entraîner
des modifications irréversibles des molécules protéiques et causer de ce fait
l’inactivation de certaines enzymes. Desséché trop lentement ou sous l'acti0n
de la chaleur le venin perd également tout ou une partie de ses propriétés.
Le venin ainsi desséché, perd de 70 à 80 % de son poids frais. Conserve
en flacon bien clos à l'abri de Vhumidité, de la chaleur et de la lumiere, le venin
sec peut se conserver pratiquement intact durant de nombreuses années.
A l'état sec, le venin se présente sous forme de paillettes jaunâtres lou
blanchàtresl, solubles dans l'eau.
Les solutions s'a|térent et perdent rapidement leurs activités. Elles sont
sensibles à la chaleur — les venins de Vïperfdae le sont généralement plus que
ceux d’E.·‘ap.·'o'ae -, leurs propriétés sont abolies d'autant plus vite que le pH dela
solution est alcalin. Les radiations solaires, les substances oxydantes lperman-
ganate de potassium, eau oxyonée, hypochlorites ...l les détruisent. Les sels
neutres et les solvants organiques lalcool, acétone ...l en précipitent les frac-
tions protéiques. Le formol, en milieu tamponné, detoxicifie les venins et les
transforment "toxoides" capables d'induire la formation des anticorps chez les
animaux auxquels on les injecte.
Au point de vue chimique, les venins sont en majeure partie constitués de
protéines l87 à 97 %l, ils contiennent également en faible proportion du zinc,
du cuivre, du magnésium, du calcium, du potassium et du sodium.
Afin d'isoler les diverses protéines physiologiquement actives, on a
recours aux différentes méthodes classiques de fractionnement, à savoir : pré-
cipitation par les sels neutres ou par l’alcool, Véletrophorese et la chromatogra—
phle.
Par ces procédés, il a été possible d'obtenir a l'état presque pur de tres
nombreuses substances aux propriétés particulierement intéressantes comme
les neurotoxines et certaines enzymes.
Les neurotoxines, extraites principalement des venins d’Elapfdae et
d'Hydrophffo'ae, bloquent la transmission de l'influx nerveux au niveau des
jonctions neuromusculaires, entraînant ainsi la paralysie progressive des mus-
cles lisses. Ce sont des protéines de faible poids moléculaire et constituées de
61 à 7'l acides.
25

Certaines enzymes possèdent également des propriétés neurotoxiques,
agissant sur d'autres "cib|es" réceptrices que celles atteintes par les neuro-
toxines proprement dites.
Des phospholipases, rencontrées chez presque toutes les espèces de
venins, Iysent les globules rouges.
Des protéases sont responsables des trés graves nécroses provoquées par
les venins de Viperidae et surtout de Crotalidae.
Des coagulases et des anticoaguiases qui perturbent profondément la coa-
gulation du sang, entraînant de ce fait des hémorragies ou des thromboses par-
fois mortelles.
Des facteurs qui facilitent la diffusion du venin à travers le tissu conjonctif
des victimes, favorisant ainsi |'e'ificacit du poison.
Cette énumération des diverses activités des substances isolées des
venins, volontairement écourtée, ne donne qu'un bref aperçu dela constitution
complexe des secrétions venimeuses.
LA TOXICITE
La toxicité des venins est différente selon la voie d’administration
employée. La voie veineuse, la plus couramment utilisée, est également la plus
sévère, la voie intrapéritonéale donne des résultats très proches de ceux fournis
par la vie intraveineuse dans le cas des venins d'Elapio'ae et d'Hydrophiidae et
non pour ceux de wperidae et de Crotaiiolae. Ouant à la voie sous—cutanée, on
constate qu’elie est beaucoup moins agressive.
La méthode préconisée par l'O.lL*l.S., utilise la voie intraveineuse chez la
souris ,· la détermination se calcule statistiquement et la toxicité s'exprirne en
dose létale 50 %, plus précise que la dose létale 1*00%.
ll est à noter que très souvent des venins provenant de serpents de la
même espece, mais originaires de régions différentes, possèdent des toxlcltés
très différentes. Ceci tient à ce que selon cette provenance, les venins n ’auront
pas exactement ia même constitution.
Cependant, on peut constater une progression nette de la toxicité, allant
des venins o"Hyo'rophiio‘ae, les plus actifs, à ceux d'Elapio'ae, puis a ceux de
vfrperi'dae et enfin à ceux de Crotaiidae [8 microgrammes, 20 mmg, 30 mmgl.
SYNIPTOMATOLOGIES DES ENVENIMATIONS
D'après l'0.|\ll.5., la mortalité par morsure de serpent dans le monde relevée
dans les pays qui possèdent un système d’enregistrernent des statistiques
démographiques concernant cette forme de mortalité et qui en publient les
résultats, on évalue entre 30.000 et 40.000 le nombre annuel des décès con-
scutifs aux envenimations [non compris la Chine, l'U,R.S.S.i. l.'Asie vient en
tête avec 25.000 à 35.000 morts, suivie par |’Arnérique du Sud l3.000 à
4.000). En Europe, les nombres sont relativement faibles (50}.
26

ELAPIDAE
On relève une grande variété de manifestations pathologiques.
La mort survient généralement dans les T2 heures suivant la morsure. Les
victimes, ayant dépassé ce délai, survivent sans séquelles.
Le facteur neurotoxique est le principe dominant des venins d'Ei'apfo'ae. Ce
facteur provoque une paralysie caractéristique qui est la conséquence d'une
action curarisante périphérique sur les jonctions neuromusculaires. La paralysie
respiratoire en constitue le symptôme majeur, on observe également d'autres
signes d'int0xication tels que : vertiges, angoisses, convulsions, assoupisse-
ments, inconscience, incoordination de la parole, ptose et strabisme oculaire,
salivation abondante qui par manque de déglutition entraîne Vobstruction de
Voesophage, relâchement des sphincters causant des incontinences d’urines et
des fèces. La présence d'une cardiotoxine dans le venin de certains Efapfdae
peut expliquer le collapsus soudain observé au cours des envenimations (Nara
nivea, N. nfgricollfs ...i.
De plus, les venins d'Ei"apfo‘ae sont hypotenseurs, hémolytiques et anticoa-
guiants [exceptions faites des venins d'Elapidae australiens}. Par contre, ils
sont peu ou pas protéolytiques ; ils ne provoquent pas d'oedeme et la morsure
est presque indolore.
H YDROPHHDA E
Les signes d’intoxication par les venins d'Hydrophfidae sont très proches
de ceux observés et décrits pour le venins d'Ei‘apfo‘ae avec cependant un
déclenchement plus rapide des troubles moteurs qu'avec ces derniers.
l/IPERIDAE
Les manifestations pathologiques observées en cours des envenimations
par les Vfperfdae sont très variables et parfois d’interprétation difficile.
On relève des réactions locales importantes : oedèmes envahissants, des
extravasions, des ecchymoses, des hémorragies plus ou moins dramatiques,
des nécroses qui évoluent à partir du point d‘in0culation du venin et qui s'éten-
dent superficiellement ou en profondeur. Ces venins sont pour la plupart pro-
téolytiques, ce qui explique leurs activités cytotoxique et cytolytique entraînent
des destructions tissulaires et vasculaires.
On observe une forte anémie dûe à la perte massive de sang causée par la
formation de Voedème. Cette perte de sang peut étre cause de collapsus ;ceIle-
ci put être comparée à celle que |'on constate après des brûlures importantes,
d’où la nécessité de pratiquer des perfusions sanguines car le sérum antiveni-
meux n'enraye pas ce phénomène. La disparition des oedèmes est très lente.
D‘autre part, ces venins sont pour la plupart coagulants, et provoquent des
"coagu|opathies intravascu|aires" parfois très graves.
27

Du point de vue général, on observe des phénomènes de choc, des verti-
ges, de la céphalée, parfois une perte de conscience plus ou moins prolongée,
des vomissements spasmodiques, une transpiration profuse accompagnée de
refroidissement du patient, des coliques abdominales, hémoptysie, suinte-
ments sanguins, hématurie et lésions rénales, nécrose et gangrène, ' enfin le
patient subit une forte hypotension. La plupart de ces symptômes ne sont pas
modifiés par |'administration de sérum antivénimeux quand ils sont en pleine
évolution.
CRO TALIDAE
Après une morsure de Crotalfdae, les symptômes les plus couramment ren-
contrés sont, et de façon précoce : une sensation très douloureuse ressemblant
a celle d'une brûlure, suivie de Vapparition d’un oedeme envahissant accompa-
gné d’une décoloration dela peau, la zone entourant le siège dela morsure peut
être temporairement engourdie, le patient ressent des troubles oculaires, puis
apparaissent des nausées et de violents spasmes provoquent des vomisse-
ments ; le membre mordu se couvre d'ecchymoses en plaques qui confluent et
de phlvctèmes, la peau devient tendue, les pblvctemes et les tissus adjacents
éclatent, il se produit alors des escarres qui se nécrosent et se gangrènent parla
suite ; la victime ressent une profonde lassitude et des vertiges, elle souffre de
cephalée et l'acuité visuelle diminue iusqu'à la cécité plus ou moins complète ;
le pouls devient rapide puis s'affaib|it, la tension devient impalpable ; la tempé-
rature corporelle s'abaisse généralement ; le patient est couvert de sueur ; la
salivation devient profuse et on observe de l’épistaxie, de l'hématémése, de
|'hématurie et des diarrhées sanguinolentes ; le corps dela victime est parcouru
par des frémissements musculaires, chez les enfants on observe parfois des cri-
ses convulsives, le patient tombe ensuite en léthargie, sa respiration devient
rapide et superficielle ; il entre dans un état comateux et la mort survient.
Les envenimations par morsures de Vrioerfdae et de Crotaiidae, si elles
rfentraïnent pas toutes, fort heureusement, le décès des victimes laissent der-
rière elles très souvent des séquelles de plus ou moins longue durée, tels que
troubles sanguins et lassitude.
EMPLOIS DES VENINS
Hormis leur utilisation pour la préparation des sérurns antivenimeux, les
venins sont ai présent employés dans de nombreux domaines comme celui de
Vobtention de substances hémostatiques à partir des venins de Bothrops atrox,
de Vipera russelli et d'EchrÃs carfnatus, ou de dilutions homéopathiques des
venins de Lachésis muros, de Nafa naja ou de l/r]oera aspfs. En pharmacologie,
|'usage des neurotoxines et de certaines enzymes fait, depuis plusieurs années,
partie des réactifs d'études portant notamment sur le système nerveux,
Enfin, il est à rappeler que des essais de vaccination ont été entrepris chez
des populations insulaires isolées au Japon, essais qui ne semblent d‘ai|leurs
pas avoir eu un plein succès.
28

TRAITEMENT DES ENVENIMATIONS
La sérothérapie reste encore le seul moyen de neutraliser les effets nocifs
des venins, sous la condition expresse d'être appliquée dans les pius brefs
délais et d'être spécifique. Or il n'existe pas de sérums spécifiques contre tou-
tes les espèces devenins. Cependant, du fait de certaines communautés anti-
géniques entre venins, il est possible dans quelques cas d'util_iser un sérum lors
d’une morsure d’un serpent possédant `un venin autre que celui contre lequel il a
été préparé : exemple - le sérum anti—Ech.is ou anti-Bitis iachesfs neutralise le
venin de Diîsphoiïdus typus.
En outre, à la sérothérapîe doit s'adjoindre une thérapeutique symptoma-
tique, surtout lorsque le traitement est tardif. Il faut notamment combattre les
effets hvpotenseurs des venîns par des cardiotoniques, les troubles de la coa-
gulation sanguine, les phénomènes asphyxiques, les angoisses, les oedèmes
envahissant, les gangrenes, les infections microbiennes secondaires.
Enfin, le traitement purement médical doit s‘accompagner de soins élé-
mentaires comme ceux de tranquiliser la victime et d'immobi|iser autant qu'i|
est possible de le faire, Ie membre ou la partie corporelle mordu.
L'ernp|oi de la cryothérapie, du garrot et de la chirurgie locale (incision, suc-
cion ...i demeure encore très discuté. .
Toutes morsures par serpents venimeux nécessitent une hospitalisation au
cours de laquelle seront pratiqués les examens de laboratoire qui orienteront le
diagnostic du médecin et permettront de suivre |'évo|ution de Vintoxicatlon et
de l'enrayer dans les meilleures conditions.
Pour terminer sur une note optimiste, rappelons que très souvent un ser-
pent mord sans pour autant injecter de venin ; il faut cependant rester trés pru-
dent et même si aucun symptôme ne survient consulter un médecin.
CONCLUSION
Les venins de serpents constituent un ensemble de substances dont
l'étude, quoiqu'incomplète, révèle des propriétés intéressantes, non seulement
du point de vue théorique, mais aussi pratique.
20 rue du Rôle
91 800 BRUNOY
29

I
L ELEVAGE DES SALAMANDRES
r
D EUROPE DCCIDENTALE
PAR
Michel BREUIL
Les observations qui vont suivre proviennent d’une expérience de six ans
sur les techniques d’élevage et les conditions de détention en captivité de quel-
ques espèces d’Urodèles d’Eurcpe occidentale. Parmi les animaux que nous
avons gardés nous pouvons citer Triturus aipestris, Trfturus marmoratus, Trftu-
rus heiveticus, Euproctus asper, Salamandre salamandre, Salamandre atra,
Nous allons tout d’abord nous attacher à la construction destinée à les
recevoir, le terrarium, ensuite nous examinerons son aménagement que nous
scinderons en deux parties ·; la réalisation de la partie terrestre puis celle de la
partie aquatique. Pour finir nous traiterons des problèmes de nutrition, d'hiber—
nation et de reproduction dont le dernier est le but que doit se fixer tout herpe-
tophile.
CONSTRUCTION DU TERRARIUM
Après quelques essais nous nous sommes arrêtés sur un type de terrarium
realisé en contre-plaqué de 10 mm d'épaisseur ne possédant qu'une face vitrée
s'ouvrant par 2 couvercles montés sur charnières recouverts par de la mousti-
quaire en plastique (Fig. ll.
Les plans sont réalisés une fois pour toutes et les pièces nécessaires à la
construction de cette cage sont répertoriées en fonction de quatre parametres
qui sont :
L la longueur totale du terrarium
l la largeur " " "
h la hauteur " " "
d la largeur de la partie fixe du toit
Les parties a réaliser en contreplaqué de 10 mm ont les dimensions sui-
vantes. lPour abaisser le prix de revient on peut utiliser de Vaggloméré de même
épaisseur qui présente cependant le défaut suivant, il faut pour protéger I bois
contre |’humidité étendre au minimum 3 couches de laque glycérophtaliquel.
L x I _ base
L x lh - 2l fond
ll - 'll lh — 2l 2 parois latérales
L x d toit
30

Ces cinq pièces constitueront ia caisse du terrarium a proprement parler.
Les dimensions L, I, h, d sont exprimées en centimètres, de même lorsque nous
écrivons lh — 2} il s’agit de la hauteur totale du terrarium moins 2 centimètres-
correspondant d'une part à l‘épaisseur de la base I1 cm}, d’autre part a l‘epais—
seur du toit I1 cm] soit donc au total pour la hauteur de la paroi latérale
in - 2} cm.
Des baguettes de 10 mm de section sont utilisées pour confectionner le
cadre qui tiendra la glace conjointement à des baguettes de 10 x 30 mm
iFig. 1l.
en 10 x 30 : 2 morceaux de IL — 2} pour les parties basses du cadre tenant la
glace.
en 10 x 10 : 4 morceaux de lh - 6} pour les parties latérales du même cadre
2 morceaux de li. - 2l pour les parties hautes de ce cadre.
Pour la fabrication des deux couvercles nous utilisons les mêmes baguettes
que précédemment soit en 10 x 30 mm.
4 lattes de H2 L 4 petites lattes dell- d - Bi
La vitre frontale sera d’une épaisseur de 3 mm et aura les dimensions sui-
vantes 2 (L - 2 - É l lh - 2 -É l. 0n prendra E 2 3 mm pour prévenir les risques
de dilatation du bois ou de malfacon.
Les autres éléments nécessaires à la réalisation de ce terrarium sont :
— colle à bois,
~—— 4 charnières de 50 mm
— clous de 25 mm sans tete pour clouer les differents éléments du contre-
plaqué entre eux, et de 10 mm sans tête pour la fixation des baguettes sur le
contre—p|aqué
— mastic de vitrier pour la fixation de la glace,
- moustiquaire plastique pour tendre sur les couvercles,
— laque glvcérophtalique,
— petits crochets pour la fermeture des couvercles,
-— petite piece de bois [30 x 30} mm pour la fixation d'une lampe.
Le montage de ce type de construction demande très peu de temps, avec
un peu d'entraînement une fois que toutes les pièces sont taillées il faut comp-
ter de 1 à 2 heures suivant les dimensions envisagées. Le coût est tres modi-
que, il y a 3 ans un terrarium construit exactement suivant ce modèle de [135 x
51 x 45) nous était revenu à environ 170 F. De plus nous l’utilisons pour tous
les types d’Amphibiens et de Fleptiles a l’exclusion de ceux qui sont entière-
ment aquatiques. L'avantage de réaliser soi-même ses terrariums permet de les
construire en fonction de la place dont on dispose ainsi qu’en fonction de la
nature des animaux qu'on veut y introduire ; par exemple on utilisera un terra-
rium beaucoup plus haut que large pour les animaux arboricoles lHy}a, Eiaphe
fongissrma ...l mais pour les animaux vivant sur le sol lla majorité des Salaman-
dridésl nous utiliserons un terrarium construit en longueur.
AMENAGEMENT DE LA PARTIE TERRESTRE
Une fois le terrarium construit, il va falloir Vaménager, recréer si possible
dans un espace restreint toutes les conditions biologiques
31

qu’avaient les animaux dans leur milieu naturel ; c’est ainsi qu’i| nous faut con-
naitre avec précision la provenance des animaux que l'on veut conserver et le
biotope dans lequel ils vivaient.
Le fond du terrarium ainsi que les parois jusqu'au niveau où doit arriver la
terre sont recouverts par des feuilles plastiques, évitant ainsi qu'une trop
grande quantité d'humidité reste en permanence au contact du bois.
Le sol doit être le plus léger possible pour permettre aux animaux de le
creuser ; nous nous sommes arrêtés sur la composition suivante, pour 1 O litres
de substrat :
— 8 litres d'un terreau léger riche en feuilles de hêtres, chênes ou châtaïgniers,
— quelques écorces ou fibres de bois ecrasées,
— 1 litre de Sable de Fontainebleau,
— 1 litre de charbon de bois écrasé dont la fonction est d’absorber d'éventuels
gaz de fermentation.
Le tout est mélangé dans un seau et écrasé à I'aide d’une pelle puis versé
délicatement sur le fond du terrarium pour éviter qu’il ne se tasse sous l’effet de
son propre poids. L’aération d'un tel sol est assurée par des vers de terre vivant
dans un milieu riche en humus comme les Enchytrées ou d’autres vers de taille
plus importante. Un tel sol sert de substrat pour les Urodèles de plaines ou de
forêts comme Ti marmorarus, T. helveticus, S. salamandre. Mais, si les ani-
maux proviennent d'un sol de nature argileuse, il faut tenir compte de ce nou-
veau facteur car il peut en effet s'agir d'une population à caractère édaphique ;
pour de telles formes qui se rencontrent en altitude S. atra, Trirurus afpestrfs
ssp, Euproctus asper, Trfturus helvetfcus nous réalisons le mélange suivant,
pour 10 litres de substrat 1
—— 6 litres d’argile la moins dense possible,
— 3 litres de terreau de feuilles,
— 1 litre de charbon de bois.
L’aération du sol est faite par des vers du type Lumbricus terrestrfs.
Nous allons maintenant nous attacher à déterminer quels types de végéta-
tion il y a lieu de planter dans un terrarium pour Urodeles de sous-bois.
Les Mousses supportent en général bien les conditions du terrarium, mais
pour les voir pousser on a plutot intérêt à choisir des espèces qui croissent en
plaques peu étendues, de les détacher du sol en essayant de conserver au
maximum les filaments du thalle qui enserrent des particules de terre. Ces pla-
ques sont ensuite plantées en pleine terre.
Comme espèces, il y a lieu de signaler les Sphaignes dont la désagregation
produit la tourbe et les Politrics qui bien que nécessitant moins d'eau, sont
moins résistants. Cependant il n'y a rien de plus joli et de plus solide que les
mousses poussant sur les vieilles souches et lorsque |’on dispose d’une grande
quantité de ces dernières, on les preferera aux plantations comme celles qui ont
été décrites plus haut ; on peut également utiliser des Lichens pour rehausser
un peu le ton du décor.
Comme plantes à croissance vigoureuse, nous utilisons des Fougères
comme les Scolopendres dont la fronde n'est pas découpée; cel|es—ci sont
plantées en pot de préférence du type Fiiviéra ou à défaut dans un pot en
32

terre entouré de papier d'alurninium. Les Polypodes sont rarement utilisés , en
effet nous n'avonsiamais réussi à en garder plus de 3 mois ; les jeunes pousses
dégénérent trs rapidement ; ceci est dû au fait que ces plantes ne supportent
pas trop |'humidité. De même le lierre plante dans les mêmes conditions que les
Scolopendres croît facilement et il est possible à l'aide de petits clous de le faire
grimper le long des parois. La bruyère des marais, Erica retrait}, pousse de la
même façon en rajoutant au melange type un tiers de sable.
La plantation du terrarium correspondant à un biotype d’altitude (au-
dessus de la limite des forètsl est plus simple a réaliser car il s'agit d'une végé-
tation de type acaule que nous recréons par de petites plaques d’herbe rase
entre lesquelles nous disposons des pierres plates lardoises, schistes, micas—
chistesl faisant office d‘alnris.
AMENAGEMENT DE LA PARTIE AOUATIQUE
Le récipient contenant l'eau est soit choisi parmi des bassines en plastique
de qualité alimentaire dont la face placée contre la vitre du terrarium est décou-
pée et remplacée par une paroi transparente, soit à |'aide d'aquariums que |'on
peut soi-même agrandir en en collant plusieurs ensemble.
Le fond est composé de graviers de quartz sur une épaisseur de 4 à 5 cm ;
bien que ce type de sol soit rare dans la nature, nous le préfererons cependant
au substrat de type organique (fond de sable recouvert de feuilles d'arbresl
dans les récipients dont la contenance est inférieure et 20 ou 30 litres.
Quand il est possible d’utiliser de l'eau provenant de mares ou d’étangs, on
a tout intérêt à le faire car il s'agit d'une eau équilibrée contenant tous les élé-
ments d'une eau vivante leau "murit" des aquariophiles} tels que des proto-
zoaires et des bactéries assurant le recyclage des matières organiques. Pour
disposer ai tout instant d’une réserve d'eau de ce type, il suffit pour cela de
ramasser des feuilles et des Sphaignes à moitié décomposées ; dans un seau,
on verse un kilo de cette matière organique que l'on mélange à 'IO litres d'eau ;
le tout est ainsi mis à incuber à 30°C pendant une demie—]ournée puis filtré è
l'aide d’un tamis a mailles fines : cette eau "bio|ogique" devient apte à remplir
les aquariums, Elle doit être filtrée et aérée, nous utilisons pour cela le dispositif
suivant que les aquariophiles nomment filtre extérieur (Fig. 2}. Le rôle du char-
bon de bois est d’assurer la régénération de |’eau, désodorisation et absorption
des gaz de fermentation, celui de la tourbe est d'entretenir l'acidité du milieu
par libération d'acides humiques et taniques qui permet également d'éviter une
prolifération excessive des bactéries.
Les plantes de la partie aquatique sont à choisir parmi les espèces les plus
finement ramifiées et ceci pour deux raisons : si l’éclairage du bac est insuffi-
sant la photo-synthèse se fera avec un apport inférieur d'energie a cause de la
plus grande surface d’échange et lors dela ponte, les femelles disposeront d’un
plus grand nombre d'emplacements où elles pourront fixer leur oeufs. Parmi les
plantes indigènes de ce type, on peut citer Myriophfflum et parmi celles originai-
res des Amériques Colombe aquatfca, Elodea densa, Elodea canadensr's ; cette
dernière est susceptible de retirer l'acide carbonique du carbonate de calcium et
de le transformer en chaux vive; c'est pour cela que lorsque |*on posséde
33

des Elodées nous conseillons de mettre un maximum de tourb dans les cartou-
ches du filtre.
Originairas du Japon les Acorus parleur forme en éventail et leur très abon-
dant rhizome sont utilisés pour masquer les parties techniques de Vaquarium.
Ces plantes sont enfoncées dans l'épaisseur de quartz de même que des raci-
nes de Saules ou de Bruyères qui soigneusement agencées forment de multi-
ples cachettes.
Nous venons cl voir comment il est possible de recréer des conditions de
vie tout a fait honorables pour nos pensionnaires. Cependant si l’on trouve des
animaux dans des biotopes inhabituels pour cette espèce, il faut sacrifier les
principes généraux aux exigences individuelles. Nous citerons pour exemple le
cas suivant. En Espagne, vit dans les Monts Cantabriques une sous-spèce du
Triton alpestre, Trfrtrrus aipestrrs cyrenf, certaines populations se reproduisent
dans des mares à végétation abondante alors qu’à deux cents métres d’autres
se reproduisent dans de petits lacs qui en sont totalement dépourvus. Dans le
cas d'une distribution verticale importante comme chez Salamandre arra i40O —
3000 ml les individus provenant des régions basses (Bavière} sont plus résis-
tants que ceux habitant au-dessus de la limite des forêts, ceci est à rapprocher
du fait qu'il est plus facile de recréer un biotope de type sous-bois où le climat
est beaucoup moins dur qu'un biotope d'a|titude à climat froid et sec.
LES FACTEURS CLIMATIQUES
Eclairement
Le vivarium sera placé dans un endroit éclairé, pas directement derriere une
fenétre, ce qui entraînerait une élévation rapide dela température. Cet éclairage
naturel peut être suffisant pour un bon équilibre du terrarium, cependant ils
sont equipes de lampes infrarouges qui permettent une meilleure vision lors de
Ventretien de ces derniers. Les Salamandres sont des animaux qui ne s'expo—
sent pas à la lumière directe du soleil ; il n’est donc pas 'necessaire d’équiper
nos vivariums avec un dispositif de lampes a rayons Ll.V. Cependant chez les
espèces béliophiles lHyi`al ce système peut s‘avérer utile car les rayons U.V.
sont responsables avec la vitamine D de la fixation du calcium sur les os.
Température
La température ne pose pas de problèmes pour les Llrodèles de plaine en
dehors de la période d‘hibernation, ils sont dans une pièce où ia température
oscille entre 17 et 20°C au printemps et en automne. En été, elle est de l’ordre
de 22°C ce qui ne semble nullement les incommoder.
Pour les Urodeles de montagne, le problème est tout différent, Suivant la
nature de la piece d'eau dont ils sont originaires, il y a lieu de distinguer ceux
provenant de mares peu profondes lmoins d’1 metre au centre} où l'eau est
relativement chaude de ceux provenant de lacs de montagne d'une grande pro-
fondeur où la température de |'eau pour ds mêmes distributions verticale et
horizontale est entre 3 et 5° degrés inférieure. Dans le premier cas, Veau
34

oscillera autour de 20°C, mais pour les Urodéles vivant soit en eau courante,
soit dans des lacs d'a|titude, il convient de refroidir |’eau, pour ce fait nous
avons imaginé le systéme suivant : une pompe a air est placée dans un réfrigé-
rateur ou mieux dans un congélateunavec une trés grande longueur de tuyau à
parois diathermanes terminé par un diffuseur fin qui plonge dans l'eau d'un
petit aquarium lcontenance 3 litres) entouré de polystyrène pour éviter les fui-
tes de chaleur. Avec ce dispositif à la sortie du diffuseur un Euprocte pouvait
trouver une température inférieure de 4 a 5°C à la température ambiante, ce
qui correspondait à environ 13 °C. Le refroidissement du bac peut grandement
être amélioré si au lieu de faire passer de l’air dans le systeme réfrigérant, on y
fait passer de l'eau.
Humidité
Les préférences des especes d'Urode|es face aux besoins hydriques sont si
différentes, même ai Vintérieur d'une espèce qu'i| nous a paru plus sage de réali-
ser un gradient d’humidité lla partie la plus humide se trouvant près du bassin}
ainsi les animaux peuvent s‘installer aux endroits qui leur semblent les plus adé-
quats.
Hîbérnatîon
Les Amphibiens de nos contrées ont besoin d'une période de repos hiver-
nal. Pour que cette durée s'ècou|e sans problémes il est nécessaire de prendre
certaines précautions ; tout d’abord s’assurer que les animaux sont bien nourris
afin qu’i|s soient capables de se passer de nourriture pendant 4 mois (début
novembre, fin février}. Pour cela à partir de septembre, nous leur offrons plus
que d‘habitude des nourritures riches en lipides [foie de Morue, Enchytréesl.
Si |’on dispose d'une pièce où la température ne descend pas au-dessous
de 0°, on peut amener le terrarium tel qu'i| est concu pour la période d'activité
dans ce local. Dans le cas contraire afin de pouvoir espérer obtenir de la repro-
duction l'année suivante, il va falloir amener le terrarium dehors en lui faisant
subir quelques transformations : eniever le récipient d'eau, remplir cette cavité
avec de la terre dans laquelle on incorpore des Sphaignes ; opérer de même
avec les pots de fleurs, rajouter par-dessus un épais tapis d'humus recouvert
d'une grande épaisseur de mousse. Il est très important de mettre les terrariums
dehors avant les premieres gelées et de veiller à ce que la terre soit suffisam-
ment légére pour être creusée. De mème, on réalisera un gradient d'humidité
[toujours dans le même sens), cependant il faudra éviter à tout prix d'arroser
quand le thermomètre est en-dessous de 0° ; Veau en traversant les couches
du terrarium gelera et risque de recouvrir les animaux d'une couche de glace qui
entraînerait leur mort. Pour les hivers rigoureux, il est conseillé de recouvrir les
terrariums avec des matières isolantes.
NOURRITURE
L'amateur désireux de donner à ses pensionnaires une nourriture aussi
variée que possible devra disposer d'élevage de petits invertébrés en plus de
35

la nourriture "inerte". Pour le terrarium humide, on utilisera des formes qui
vivent dans_un tel milieu, on 'évitera ainsi que ies animaux non consommés
meurent et deviennent un foyer de germes infectieux.
\i'ers de terre : Les vers destinés à l’aération des sols se reproduisent très sou-
vent et fournissent ainsi des compléments de repas. On peut aussi les élever
dans un _aquarium contenant 15 centimètres de terre riche en matiere organi-
que.
Cloportes : Lîélevage est directement fait dans les terrariums, pour cela il suf-
fit d’y introduire une vingtaine d'individus qui trouveront leur nourriture dans
les écorces et les débris végétaux.
Vers de farine : Il s'agit de le larve du Tenebrio moiiror, son élevage se fait
dans une boîte métallique remplie de son avec des tranches de pommes de terre
et de carottes recouvertes d'un peu de laine.
L'inconvénient de cet élevage réside dans la croissance très lente des larves qui
sont cependant produites en très grand nombre, ce ver ne supportant pas
Vhumidite doit être consommé très rapidement.
Mouches et asticots : La mouche la plus facile à élever est la drosophile qui
vit sur les fruits en décomposition, elle sert de nourriture sous ses deux formes
(larve et adulte}. Pour l'é|ever, on utilise une bouteille de plastique que l’on
découpe à 5 ou 6 centimètres du fond qui est recouvert par le mélange sui-
vant : une pomme rapée + une banane écrasée + deux ou trois cuillérées de
sucre délayées avec de la levure de biere sèche dans de |’eau chaude, le tout est
mis au frigidaire ibac à légumes) pendant deux jours, au fond du récipient se
trouve une sorte de cidre que l’on jette, ce n’est qu'à ce moment que le substrat
est apte à |'élevage dela drosophile car il présente une certaine consistance qui
permet de retourner la bouteille ; les mouches sont ensuite introduites avec un
papier buvard qui permet d’absorber |'alcool produit par la fermentation et de
garder ainsi le milieu de culture solide.
REPRODUCTION
Elle est d'autant plus facile à obtenir que les animaux vivent dans des con-
ditions semblables à celles qu'i|s avaient dans la nature. Chez les Tritons, une
fois les oeufs pondus, ils sont enlevés de Vaquarium où sont les parents en les
laissant dans la mesure du possible sur leur support.
Ils sont ensuite déposés dans des récipients contenant environ 3 centimètres
d’eau ; leur éievage ne pose pas de problèmes si |'on peut disposer d’une quan-
tité importante de petits invertébrés.
Le changement de type de respiration est un cap difficile a franchir surtout
chez les larves de formes terrestres. On peut abaisser le niveau de l'eau et y
deposer des Sphaignes sur lesquelles elles pourront facilement se hisser.
Cependant les noyades sont fréquentes aussi bien chez les adultes de Salaman-
dre que chez leurs larves, néanmoins il est possible de les "ressusciter" en pra-
tiquant le "bouche à bouche" avec une pompe à membrane. On peut procéder
de la manière suivante : l’animel est incliné sur le dos, tète en bas, la bouche
étant maintenu ouverte par une allumette, lîeau contenue dans les poumons
36

goutte le long de celle-ci, cette operation terminée on dégage l’orifice buccal et
on y applique le tube relié à ia pompe. La bouche étant maintenue ouverte, la
pression est petit à petit augmentée, après une minute on pratique une alter-
nance pression-repos ‘l fois par seconde, de temps en temps on regarde si le
plancher buccal s'abaisse tout seul lrespiration buccopharyngéel. si tel est le
cas l'animal peut regagner son terrarium. Nous avons pu réanimer avec cette
méthode des animaux s'étant noyés depuis plus de 4 heures.
Les jeunes, après leur métamorphose, doivent être élevés dans des réci-
pients de petites tailles avec un minimum de végétation afin de pouvoir les sur-
veiller continuellement, cependant le terrarium de type stérile est à proscrire ;
ies jeunes refusant presque toujours de manger dans de telles conditions finis-
sent par dépérir. Nous. préconisons I'usage de petites boîtes d'environ 10 x
10 cm dont le fond est recouvert par T cm de terre avec un ou deux morceaux
de pots de fleurs cassés faisant abri ainsi qu'une petite touffe de mousse per-
mettant de retenir un peu d’humidité. ll faut laisser un maximum d'espace
dégagé pour leur permettre d'avoir un terrain de chasse plus important ou les
proies seront en terrain découvert, facilitant ainsi_|eur capture par les jeunes.
Si l’élevage se produit dans les meilleures conditions, on a toutes les chen-
ces de se retrouver avec un grand nombre dlindividus que l’on s'abstiend_ra de_
garder ; ils seront relâchés aux endroits correspondant aux lieux ou les jeunes
nés dans la nature de parents appartenant a la même population que ceux que
|'on détient doivent se trouver fsous ies souches, mousses ...l. On s’abstiendra
d'en faire autant si on ne peut remplir les conditions ci-dessous. Si |'on dispose
de moyens suffisants, on pourra s'attacher à en garder quelques-uns afin de
pouvoir étudier leur croissance, leur comportement  
La terrariophilie étant une science expérimentale, elle ne saurait se passer
des remarques et des suggestions de tous ceux dont la passion les pousse vers
|'étude de ces animaux. Je remercie par avance tous ceux qui voudraient bien
me faire part de leurs critiques et de leurs observations personnelles.
BIBLIOGRAPHIE
Nous limitons la bibliographie aux ouvrages dans lesquels on trouvera une
étude assez complète concernant l'é|evage des Llrodèles.
MATZ IGI et M. VANDERHAEGE.- Guide du terrarium. Delachaux El Niestlé PARIS 'l9?B.
THORN (RI.- Les Salamandre. Lechevalier, PAHlS 'ISBB.
Nous signalerons aussi Vouvrage d'Henri Fauré.
Le guide Marabout de |'Aquarium. Collection Marabout service 1974 qui
peut être trés utile dans sa première partie qui traite notamment des eaux, du
filtrage, de Véclairage et des plantes.
9, avenue de Stalingrad
92220 BAGNEUX
37

 
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Fig. 1 : Terrrariurn, vue cfensemble
L, longeur ; I, largeur totale ; h, hauteur ; ci, largeur de la partie fixe du
toit.
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Fig. 2 : Principe de fonctionnement du filtre extérieur
a.a., arrivee d'eau ; a.e,e., arrivée d’eau sale ; gr., graviers ; |.v., laine
de verre ; n.e., niveau d'eau ; p.e.ftr., passage de Veau filtrée au tuyau
de remontée ; su., Support ; to., tourbe.
aa

UN CAS DE IJETRESSE
PHYSIOLOCIOUE
CHEZ LE -PYTHON ROYAL
(PYTHON REG/US}
PAR
Brieuc FEFITAFID
Un reptile ayant subi trop longtemps de mauvaises conditions de transport
puis de détention, finit par atteindre un degré de déchéance physiologique tel
qu'ii ne ressembe plus qu’à une mauvaise caricature du même animal observé
dans son milieu naturel. Il est sans réaction et a un aspect physique traduisant
le délabrement de nombreuses fonctions vitales. Il n'est pas rare d'observer de
tels cas chez les marchands d’animaux, chez certains amateurs peu scrupuleux
et dans de nombreux parcs zoologiques etsurtout dans les "expositions itiné-
rantes" où les serpents, réduits à |’état d'épave, font souvent figure de parents
pauvres des autres animaux exposés.
Fau_te de recevoir quand il n'est pas trop tard, des soins appropriés et une
attention soutenue, des tels animaux sont voués à une mort sinon tres rapide,
du moins certaine et peu glorieuse pour le proprietaire.
Le python royal lun mâle mesurant environ 1,20 mi dont il est question
dans cet article est arrivé en captivité en février 1977. Son propriétaire |'a logé
dans un terrarium chauffé mais sans lumiere et dans une pièce absolument obs-
cure. L'anima| a accepté pourtant de manger dans ces conditions jusqu’en Juin
1977 [le propriétaire n'allumait qu'à I'occasion de repas}. A partir de ce
moment |'état du serpent a commencé à péricliter.
Le 15 janvier 1978, j'étais contacté afin de recueillir le serpent, considéré
comme condamné par son possesseur. Je trouvais donc un python n'ayant pas
mangé depuis 7 mois et s’étant peu nourri auparavant. Son état était peu enga-
geant ; les deux yeux opaques la tel point qu'i| était presque difficile de les loca-
Iiserl avec une croûte brunâtre au centre : une kératite très importante, aggra-
vée par un empilement de lunettes non decollées lors des mues successives ;
une blessure sanguinoiente à la commissure labiale gauche [sans doute une
déchirure due au mauvais état des épithéliums plutôt qu'a un choc} ; sur le
39

corps, une peau sèche, des écailles fripées et une mue se détachant écaille par
écaille ldeshydratation importante dûe à un logement en milieu très secl. Seul
point me donnant quelque espoir : |'ar1ima|, sans étre lourd, n'était pas franche-
ment squelettique.
Les premiers soins ont consisté à loger le python dans un terrarium
d'1 ,40 m, avec un fond de bois nu, un grand bassin chauffé et un éclairage de
type "true-lite" ; puis à laver les yeux à l'eau bouillie, ce qui a permis de décol-
ler une ou deux épaisseurs de kératine.
Dans les jou_rs suivants, je me suis attaqué à deux problèmes : l'état géné-
ral et celui des tègurnents.
ll Pour l’état des téguments, voici comment il a été procédé :
—Au niveau de la blessure labiale : application régulière de pommade
"triantibiotique"*‘i
- Au niveau des yeux : bains de camomille (petits tampons d'ouate imbi-
bés d'une décoction de camomille et retenus sur les veux par une bande adh-
sivel, ceci pendant la nuit. Le matin, application d'une pommade à l'oxvde
jaune de mercure (pour protéger et aider la cornée à se régénérer]. Au bout de 5
jours, il s’ést formé une poche de liquide au niveau de chaque lunette et l'amas
d'exuvies est ainsi parti lors dela première mue. La cornée s'est ensuite régéné-
ree progresivement, reprenant sa transparence initiale.
— Au niveau du corps : des lavages répétés ont décollé les restes de la
dernière mue ise décollant écaille par écaille, comme je l'ai ditl. Puis il a été
effectué un bain au bleu de méthvlène en solution à l °r‘o¤. Ceci a provoqué
une premiére mue (partant en lambeaux}, 5 jours après |'arrivée du python.
Un deuxième bain au bleu de méthylène a été administré une vingtaine de
jours après, suivi par une deuxième mue plus belle (coupée en deux au niveau
du quart antérieur de l'animall. Les mues suivantes seront normales. Donc, un
mois environ après son arrivée, l’animal présentait un aspect extérieur norma|,à
part les écailles encore fripées.
2l Pour |’état général, j'ai procédé de la facon suivante ·:
— Un premier gavage, tenté au moment de |'arrivée de Vanimal, à |'aide
d'une petite souris, n'a pu aboutir à cause de Vextréme sécheresse des
muqueuses. J'ai donc abandonné ce systéme,
— Une friction a |'a|coo| à 60° a été faite, le deuxième jour après son arri-
vée. Ceci a semblé revigorer un peu un animal devenu complètement apathique
là ne pas effectuer aprés un repas, car le serpent vomit à cause des spasmes du
tractus digestif que cela provoque], et a ne renouveller qu'une fois ou deux au
maximum,
- Puis j'ai commencé un gavage progressif, plus pour remettre en état le
tube digestif que pour nourrir l'anima|. La forme choisi a été la classique intuba—
tion avec de |’oeuf entier battu auquel j'ai rajouté une goutte ou deux de
mélange polyvitaminé et un peu d’un fortifiant utilisé en médecine humaine
l"Biotone surrénal", à base de kola, d’extraits de foie et de surréneles, phos-
phore, calcium et manganèsellzl.
lll Laboratoire CHIBRET, ZDD Elld Etienne Clementel - 63 CLERMONT, ou 145 Bld de Grenelle - 75CIl 5 PAFIIS
I 2 Lahoraioire "La Pharmacologie appliquée" 1L.¤iPHAL|, Cours du 1 I novembre , ALLOLICH rB.d.R.l
40

— Le python a ainsi reçu 15 oeufs entiers en 11 gavages, dans un espace
de temps de 70 jours (donc un gavage par semaine en moyenne!. Les excré-
rnents semblaient démontrer une amélioration de la qualité de la digestion au fil
du temps. Les souris présentées ont toujours été `refusées, Une · coprosccple
effectuée à ce moment montrait |'absence de parasitisme.
3l Infection surajoutée
Le 22H l'7B (une semaine aprés son arrivée} |‘animal présentait un écoule-
ment buccal et nasal d'un liquide clair et filant, J'ai donc traité Vanimal pour une
pneumonie à l'aide de terramycine par vole buccale : 60 mgljour le premier
jour, 30 mgljour pendant 4 jours par la suite lpour un animal d'environ 800 à
900 g à ce moment}. L'écou|ement s'est alors arrêté. Une analvse bactériologi-
que du liquide a montré la présence de Cftobacter, Proteus, Klebsfella pneumo-
niae lentérobactériesl,
4] Reprise de l'alimentatinn
Aprés tous ses malheurs, le 16l4i'7B (donc 3 mois après son arrivéel, j'ai
logé le python dans un terrarium plus petit, plus humide à cause du substrat de
tourbe retenant |'eau. Le ‘l 5}6,·'7B l5 mois après son arrivée} il mangeait trois
souris pendant la nuit et je pouvais le considérer comme définitivement sauvé
avec |‘apparition d'e><créments normaux 7 jours après.
Je posséde toujours ce python qui est très beau. Comme beaucoup d’indi-
vidus de son espece, il a Vappétit parfois capricieux et le goût changeant : au
bout d'un an, il a refusé les souris du début pour ne plus accepter que des rats
la condition de les choisir à la bonne taille ll,
Dernière preuve de bonne santé, il s'est longuement accouplé avec une
splendide femelle que possede un de mes amis. Malheureusement, aucune
ponte n'a couronné cet heureux évenement,
5) Le gavage
Dans le cas exposé ci-dessus, j’ai eu recours au gavage. C’est une techni-
que que je n’aime pas beaucoup employer et qui est d'ai|leurs controversée. 0n
|'accuse de traumatiser l’anima| et de le placer dans une situation de stress. Je
ne sais pas ce qu'ii faut exactement en penser mais je ne crois pas que le
gavage ôte tout espoir de voir l’anima| se réalimenter normalement un jour.
l.'histoire de ce python en est une preuve. Il faut, je crois, faire preuve de dis-
cernement: ne pas gaver un animal en bonne santé avant que le délai de
"grève de la faim" ne devienne vraiment inquiétant lun bo`idé supporte même
des jeûnes de 8 mois à un an sans problémes majeurs, à condition de disposer
d‘eau et que cela ne se renouvelle pasl. ll en va, à mon avis, autrement pour un
jeûne excessif ou pour un animal trés carencé dont les épithéliums sont en mau-
vais état. Dans le premier cas, il n'y a plus grand chose à perdre et dans le
deuxieme cas, il me semble essentiel de réhabituer progressivement |'hépithé-
liurn digestif à travailler. Dans tous les cas, il est nécessaire de commencer par
une toute petite quantité d'aliment, car, et en particulier sur un animal tres
parasite, une grosse quantité d’a|iment parvenant dans |'estomac risque d'être
fatale.
41

De toutes façons, on court moins de risques avec un gavage "Iiquide" et
on doit proscrire le gavage avec des proies parce qu'il est beaucoup plus trau-
matisant pour des raisons évidentes et que les seorétions Iubrifiantes en tube
digestif ne s'accor‘npIissent pas de façon normale.
Villa Esterel
33, Bld de |'EstereI
06150 - CANNES-LA-BOCCA
42

SYSTÉMATIDUE
ETUDE BIDIIIIETRIDUE D UNE PDPULATIDN
' I'
DU Lacerîa mure/is Laur. D EIIISDULESSE
PAR
E, ROCHER
Le Lacerta muraïs colonise les anciennes carrières d’Ensou|esse, près de
Nlontamise dans la Vienne. Abandonnees au début de la guerre 1914-1918,
elles constituent un biotope particulièrement favorable à la prolifération de ce
lézard.
L'exan1en d'une population de 120 individus met en évidence une grande
variabilité des plaques céphaliques et de la coloration du corps.
Dans un premier temps. nous avions mis |'accent sur la variabilité morpho-
logique des plaques sus-céphaliqus et retenu principalement celle du caractère
"Flostrale séparée ou non de Vinternasale". On observe d'ailleurs un pourcen-
tage non négligeable d'une disposition intermédiaire lCongrès international de
Bonn, Sept. 77l (Fig. ll.
F I G U R E I
R
N
I
I I I I I I
Flg. 1 : Caractère "Rnstrale séparée ou non de Plnternasale"
I : Flostale séparée de Vïnternasale : 53,3 %
I : Flostrale s’insinuant entre les nasales et touchant
Vinternasale : 25,2 %
Ill :Forme intermédiaire : Flostrale touchant
l'internasa|e sans vraiment écarter les nasales : IG,5 %
lFl : Flostrale, N : Nasale, I : lnternasalel
43

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Figure 2 : Ecailles latérales de la tête
A : Supraûculaires
El : Présuboculaire
° Z SUpr'3CiIîBî|'BS
1,2,3 : Une pesteculaire et deux poetsubeculaires 0u deux pes-
tcucuiaîres et une postsubeculaire
1,2 : Une postûculaire et une pestsuboeulaïre
1,2,3,4 : Deux pestecufaîres et deux pcestsuboculaires.
44

Dans un second temps, nous complétons cette première étude par une,
plus exhaustive, des caractères taxonomiques.
La détermination des écailles latérales dela tête met en évidence la prépon-
dérance de la forme I ci-dessous définie l5l % de la population totalel :
— une présuboculeire,
— quatre supraoculaires,
— trois écailles en arrière de |'oeil lsoit deux postoculaires et une postau-
boculaire, soit une postoculaire et deux postsuboculairesl,
- cinq supraciliaires, en notant tout de méme, une variation assez impor-
tante de ce nombre [par soudure ou division}
Les formes Il et Ill représentent respectivement 24 % et 5 % dela popula-
tion alors que les formes I d'un côté, ll de |’autre, et I d'un coté, Ill de l'autre,
représentent à peu pres 20 % lFigure 2l.
Nous déterminons ensuite une moyenne numérale des écailles : gulaires,
du collier, autour du corps, temporales, des pores fémoraux, des granules
supraoculaires, des lamelles sous le quatrième orteil, des plaques ventrales,
ainsi que des différentes formes du massétérin. Ceci en vue de tenter de définir
un profil morphologique, représentatif de la population du lézard des murailles
d’Ensoulesse. E
L'intérêt du caractère "nombre de plaques ventrales dans l'axe longitudi-
nal" est souligné, pour différencier sexuellement les individus [moyenne du
nombre de plaques ventrales : 24,60 chez les mâles et 27,80 chez les femel-
les].
De même, les rapports biométriques démontrent que la hauteur de la tête
par rapport à la longueur du tronc est un indice sexuel plus révélateur que ceux
dans lesquels sont impliquées la largeur et la longueur de le tète :
Fi = longueur du tronclhauteur de la tète
Fl = 7,91 chez les mâles
Fi = 9,06 chez les femelles
Nous déterminons ainsi des individus dont les criteres définiraient le
Lacerra montr‘cm'a Boul., mais aussi les Lacerra podercis sfcuia Flat., Lacerra
bedrfagae Cam. et Lacèrra podarcfs rflfguerra Gmel. dans quelques cas, ainsi
que le Lace-rta podarcis hiispaniica Steind. suivant que |'on considere la taille du
massétérin plutot que son existence pure et simple.
Nous sommes amenés par conséquent à poser la question du caractère
aléatoire de certains critères taxonomiques spécifiques et subspécifiques. Nous
pourrions résoudre cette question en acceptant Vhypothèse d’une population
constituée de plusieurs especes et s0us—espèces différentes vivant dans un
même lieu, dont l’aire est très restreinte l1,5 hectares au plus] ; mais alors, ii
faudrait refuser Vhypothése d’un polymorphisme important sous entendant que
le lézard des murailles est en pleine évolution et se spéficie en fonction des con-
ditions du biotope. D'ailleurs, cette deuxième hypothèse résoudraît Vambiguïté
de Vexistence de la forme intermédiaire "Contact rostrale-internasale".
Faculté des Sciences, service d‘EcophysioIogie
Biogéographie et Ecologie du développement
Université de Poitiers
86022 POITIERS CEDEX
45

REPTILES et AMPHIBIENS ·
   
Ulll GUIDE THERAPEUTI|I1UE¤1>
PAFI
Ph. DELEPAUL
DEUX REVUES :
I.- Le guide thérapeutique de Delepaul représente un gros travail de compila-
tion.
Après un bref rappel des méthodes d'administration des médicaments
chez les Reptiles, l’auteur passe en revue tous les composés chimiques utilisés
pour le traitement des maladies dont il est fait mention dans les ouvrages spé-
cialisés. Pour chaque principe actif, nous sont donnés la formule chimique,
faction du produit, la posologie et la voie d’administration préconisée par les
différents auteurs lavec les références} et, enfin, le nom des spécialités com-
mercialisées en Belgique et en France, contenant le principe actif, la concentra-
tion et la présentation du médicament ainsi que le nom du laboratoire par lequel
il est commercialisé.
Ainsi nous sont présentés successivement les antihelmiritiques, les curari-
sants et anesthésiques, les antibiotiques, les sulfamides, les corticoïdes, les
vitamines, les antiseptiques et les désinfectants, les diurétiques et les laxatifs,
et quelques autres produits.
L'ouvrage est complété par une liste des firmes pharmaceutiques, leur
adresse, et pour les firmes étrangères, le nom du laboratoire responsable de la
distribution en France ; et par une bibliographie brève et rapidement utilisable.
Le guide, véritable "\/idal" de Vherpétologue, comble une lacune et repré-
sente un gain de temps considerable en permettant, l diagnostic etant porté,
d'appliquer immédiatement le traitement sans avoir à chercher soi-même dans
le dédale dela pharmacopée, le nom des spécialités contenant le produit recher-
ché.
D. HEUCLIN
l`ll Ce livre à tirage limité de 200 exemplaires est paru en Novembre l9'.?8 lvcir sa présentation par son auteur dans la
n° 10}.
Conditions do vente : 600 F.E., port inclus 683 FB. ou 96 F.F.
Comment l'obtenir : par virement international à |’¤rdre de DELEPAUL Philippe, Médecin vétérinaire. 23 rue de
Mouscron, E-7760 Dottignies lüelgiqual. L’onvoi sera assuré des reception du montant indiqué.
46

Il.- Ce "Guide" n’a rien de pratique pour un amateur. Il apporte certes, nombre
de renseignements utiles mais d'un usage difficile pour le non veterinaire.
Les indications sur la toxicité des produits pour |’homme font défaut. C’est
ainsi que le Nlalathion lp. 35] particulièrement dangereux, n’est pas signale.
Je n’ai pas vu mentionne cfantifongiques.
Des impropriétés, ex. "mite" ip. 35], un anglicisme pour acarien.
Pr. E.D. BRYGOO
47

vit nt LA sncitrê
   
CDMPTE RENDU D ACTIVITE
1. Réunion du 21 Avril
Jacques DETRAIT. — Les Reptiles venimeux : Les espèces venimeuses,
les différents types de venins, leur dangeur, leurs modes d'actl0n. Symptômes
et traitements à la suite de morsures. [cf. |'artic|e publié dans ce n° du Bulletin!
2. Réunion du 1 3 Juin
Philippe TAOUET. - Les Dinosaures. Classification et radiation évolutive.
Problèmes d'écologie et du paléobiogéographie.
Les Dinosaures, depuis la description des ossements du premier d’entre
eux en 1824, ont suscite et suscitent encore un grand interêt dans le public et
dans les milieux scientifiques.
A la suite des nombreuses découvertes faites partout dans le monde
depuis un siecle et derni, ces "Sauriens terrib|es" sont représentés au]ourd‘hui
par près de 600 especes classées dans 27 familles différentes ; avec des dino-
saures bipédes ou quadrupèdes, carnivores ou herbivores, petits ou grands,
que le Britannique Seeley a classé en 1888 dans deux ordres bien distincts,
celui des Saurischiens lou Dinosaures à bassin de type Heptilienl et celui des
Ornithischiens lou Dinosaures à bassin de type avieni.
L’étude des Dinosaures rend d’uti|es services dans les différentes discipli-
nes des Sciences de la Terre : pour résoudre des problèmes de dataticns et de
corrélations stratigraphiques des problèmes de paléogéographie et apporter
d'utiles précisions sur les conditions de dépôt des sédiments ou sur les paléoen-
vironnements.
De nombreux problèmes concernant ces Reptiles mésozoïques qui ont peu-
plé la terre de -230 millions à -65 millions d'années restent cependant en sus-
pens. Les reconstitutions de certains d’entre eux laissent à désirer lon vient de
découvrir par exemple qu'Aparosaurus = Brcntosaurus, possède un crane très
différent de celui qui lui avait été attribué), leur origine parmi les Thécodontes
du Trias reste mal connue : certaines divisions traditionnelles sont remises en
cause lpar exemple, chez les Thércpodes ou Dinosaures carnivores entre les
Carnosauriens et les Coelurosauriensl ; |'idée que l'on se faisait de leur physio-
logie a beaucoup évolué, à la suite de recherches paléoanatomiques et
48

paléohistologiques; |’image d'animaux lourds, betes et méchants, cède la
place peu à peu à celle d'anirnaux parfaitement adaptés à leur environnement.
Enfin, le dernier apport et non des moindres, de l'étude des Dinosaures con-
cerne leur descendance : certains Coelurosaures (Dinosaures carnivores, graci-
les, aux os creuxl seraient en effet à l"origine des Oiseaux.
Chaque année voit donc la Publication de nouvelles découvertes, de remi-
ses en cause, de nouvelles théories concerriantlles Dinosaures. Peu à peu s'é|a-
bore une meilleure image du monde de ces Flepti|es`mésozoi'ques.
Philippe TAOUET
Résumé communiqué par l conférencier
3. Réunion du 20 Octobre
Henri BERTRAND. - Calciparine et morsure de serpents
A la mémoire du Dr. C. RABY
— Bref historique des faits ayant amené à l'utilisation dela Calciparine lors
de morsures de serpents :
. Cas de Nicole \/... (These Mugnereti
. Les résultats chez |'homrne
Les resultats chez l'animal (Thèse lsardl
— Les raisons de faire de la Calciparine
. Rappel théorique de la C.l.V.D. (blocage d'un processus pathologique
ds, et même avant son apparition}
— Les conclusions pratiques :
. Nécessité d'une information médicale
. Utilisation immédiate de la Calciparine lors d'une morsure 1 permet au
blessé de se rendre aupres d'un médecin pour une surveillance médi-
cale et biologique
. Mode d’utilisation proposé
Se reporter à l’article publié dans ce numéro du bulletin.
4. Calendrier du 1 er Trimestre 1 980
Mercredi 9 Janvier, 20 h OO
B. Jacques RDUAULT présentera un montage audio-visuel sur "La des-
truction des tortues marines en Tunisie", suivi d'une discussion.
Samedi 9 Février, 9 h 30
Pathologie des Reptiles. Présentation de L. CAPEZZONE.
Etant donné la complexité du problème, nous demandons une fois de plus, à
tous les amateurs, d'apporter leur témoignage.
Mercredi 12 Mars, 20 h 00
Hubert SAINT-GIRDNS. Les Reptiles d'AustraIie.
Répartition, écologie et éthologie.
49

1 .- Enquête d'Ethnozoo|ogie
Pour les besoins d'une enquete d'ethnozoologie centrée sur la place et les
fonctions des serpents dans la civilisation grecque ancienne, dont la première
partie devrait aboutir à Videntification des genres, voire des espèces connus
des Grecs de |'Antîquité, Liliane HUDSON (Université de Liège) demande à
entrer en relation avec des herpétologistes éleveurs de Colubridés de la Médi-
terranée orientale, principalement ceux du genre Elaphe (E. quatuor!r`nea ta ,' E.
fongfssfma ,· E. situfalr Qui Vautoriseraient à observer leurs sujets et à les photo-
graphier.
Toute information sur le comportement de ces reptiles, libres ou captifs,
serait, d’autre part, reçus avec reconnaissance.
La correspondance peut être adressée à :
Liliane BODSON
Rue Bois l'Evéque 33
B - 4000 LIEGE
Belgique
2.- Enquête sur les Reptiles des Grisons [Suisse)
Une étude sur la répartition des Fleptiles du Canton des Grisons l5uissel
soutenue par le WWF—Suîsse et la Ligne suisse pour la protection de la nature,
est en cours depuis 1977. Les membres de la SHF qui voudront participer à ce
travail sont priés d'envoyer leurs observations ien indiquant les noms d'espèce,
les dates et lieux des observations ainsi que les noms et adresses des observa-
teurs] à Monsieur Hans SCHMOCKER, Obere Gasse 31, 7000 Chur, Suisse.
Les données seront traitées confidentiellement et elles seront déposées au
Musée d’Histoire Naturelle des Grisons à Chur.
3.- Souscription Flollinat
D'apres les dernières informations, le livre paraîtra à la fin du ier trimestre
1980.
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Secrétariat : G, MATZ, Laboratoire de Biologie Animale. Université d'Angers,
Boulevard Lavoisier — 49045 ANGEFISCEDEX
COTISATIONS
Tarifs : Taux annuel + Bulletin = Total
— adhérents de moins de 25 ans 15 20 = 35 F
— adhérents de plus de 25 ans 40 25 = 65 F
— bienfaiteurs : minimum 150 F
Abonnements : Europe : 70 F Hors Europe : 80 F
Modalités de règlement :
1. Chèque postal : à l'ordre de la SHF, CCP 3796—24 Fi, Paris. Envoi
direct à notre centre de chèque. Cette modalité est très recommandée
aux etrangers qui, en ce cas, doivent envoyer leur chèque postal en
France par Vintermédieire de leur centre de chèques lne rien écrire
dans la partie correspondance}.
2. Chèque bancaire ou mandat postal, directement au Trésorier :
J. CASTANET, Laboratoire d’Anatomie Comparée. Université Paris
Vll — 75221 PARIS Cedex 05.
3. Nous rappelons que les dons ou cotisations de soutien sont les bien-
venus.
Changement d'adresse :
N'omettez pas de signaler sans retard au secrétariat tout changement
d'adresse.
BULLETIN
Directeur de publication : Fi. GUYETANT
Comité de rédaction : J. LESCUHE lresponsabll, C. PIEAU ladjointl,
J.l\i'l. FRANCAZ, J.J. MOHEHE, R. VEHNET.
Présentation des textes: dactylographiés en double interligne, prénom et
nom en dessous du titre et à droite, adresse en fin
d’artïc|e.
Illustrations : Uniquement dessins ou graphiques au trait là |'exclusion des
photographies) pouvant supporter une réduction d'un tiers.
Légendes sur feuille à part.
Envoi des manuscrits : J. LESCURE, Laboratoire de Zoologie [Reptiles et
Amphibiens}, Museum national d’l—|istoire Naturelle,
57 rue Cuvier- 75005 PARIS
Le Gérant : Fi. GUYETANT
N° Commission paritaire : 59374
Imprimé à l'Université de Besançon
Faculté des Sciences - 25030 Besançon Cédex