Bulletin SHF - 1979 - 9
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Portrait de Raymond ROLLINAT (1859-`I93'|}

BULLETIN
DE LA SOCIETE HERPETOLOGIOUE DE FRANCE
BULLETIN DE LIAISON
Trimestriel
JANVIER I9ï9 - N°B
SOMMAIRE
EDITORIAL ........................,................... . ................... 5
Calendrier des manifestations commêmoratives ............................. 8
COMMUNICATIONS SUR RAYMOND ROLLINAT ET SON OEUVRE
Le Naturaliste Raymond ROLLINAT, sa vie, son oeuvre
à travers ses correspondances. P. RANGDE .............................. IO
Quelques titres de Raymond ROLLINAT ......................................
RüYmond ROLLINAT, son oeuvre et son époque, J.L. FISCHER ................, 26
La Cistude d'Europe (Emys orbicularis L.} d‘aprês des
documents photographiques de Raymond ROLLINAT, C. PIEAU ............... 38
Les aspects embryologiques de l'oeuvre de Raymond
ROLLINAT chez les Reptiles, A. ARNAUD et C. PIEAU ..................... 42
L'oeuvre scientifique de Raymond ROLLINAT : les
Serpents. H. SAINT-GIRONS ............................................. A?
R. ROLLINAT et les Amphibiens de l'Indre : chronologie
de la reproduction des Urodêles, M. THIREAU ..................... . ..... 51
L‘oeuvre scientifique de Raymond ROLLINAT : Les
Chauves-souris, SAINT—GIRDNS .......................................... 57
A propos des introductions d'espëces réalisées par
Raymond ROLLINAT, A. DUBOIS et J.J. HORERE ............................ 59
Observations sur la répartition géographique en France,
et notamment en Brenne, de la Couleuvre verte et jaune
(Coluber viridiflavus}, R. DORE ....................................... 62
INAUGURATION DE LA PLAQUE “RAYMOND ROLLINAT"
Discours de M. J. FRAPPAT, Maire d'Argenton sur Creuse ....... . ........... 65
Discours de H. E.D. BRYGOO, Professeur au Muséum
National d‘Histoire Natùrelle ......................................... YO
ANNEXE
Liste chronologique des publications de Raymond ROLLINAT ................. ?3
Bibliographie ............................................................ 74
Réunion annuelle ......................................................... 76

E D I T U R I A L
En 1975 M. RAYNAUD lançait l'idée que la S.H.F. puisse animer des Journées
célébrant la Vie et l‘0euvre de Raymond RULLINAT à Argenton·sur·Creuse, la ville que
le Naturaliste berrichon fit connaitre â maints herpêtologistes du monde entier.
Lors de son ensemblêe générale de Chizé, le 4 septembre 19?6, la 5.H.F.
entérine ce voeu et décide d‘organiser des Journées ROLLINAT, du 4 au B mai 19?8,
à Argenton.
Dans le but d'associer le plus possible la population d'Argenton â ces
manifestations, le conseil de la S.H.F. prend â l'unanimité la résolution de monter
une exposition qui retrace les grandes lignes de la vie de RULLINAT et montre les
Reptiles et Amphibiens étudiés dans son oeuvre. Il souhaite également réaliser une
animation dans les diverses ecoles de la ville et apposer une plaque commémorative
sur la maison de RULLINAT.
Dés les premiers contacts que nous avons eu avec eux, MH. Pierre RANGDE,
petit-fils de Raymond ROLLINAT et Jean FRAPPAT, maire d'Argenton~sur-Creuse, nous
proposeront une collaboration active. La municipalité de cette ville décida de
mettre à notre disposition des locaux pour l'exposition et nos conferences.
Beaucoup d'entre nous avions lu "La Vie des Reptiles de la France Centrale",
qui était la synthese d'une oeuvre et le couronnement d'une existence vouée principale~
ment aux Reptiles, mais son auteur et ses autres recherches nous étaient en grande
partie inconnus. Quelles étaient les racines socio—historiques qui avaient donné
naissance â une personnalité aussi originale ? Comment ia vocation de Naturaliste
s'était peu à peu emparée de cet adolescent rétif aux études scolaires ? Comment
vivait ce solitaire ? Avait—il étudié avec autant de bonheur d‘autres groupes
zoologiques que les Reptiles? Autant de questions auxquelles nous espérions
obtenir une reponse lors des journées d'Argenton. Nous désirions également y
entendre des collègues nous parler des aspects les plus remarûuables de son
oeuvre herpêtologique.
Notre attente ne fut pas déçue. H. RANGUE puisa dans ses souvenirs
et ses précieuses archives familiales pour nous décrire la “niche écologique"
de son illustre Grand’Pére : la famille, le milieu social, la maison avec son cabinet
d'Histoire Naturelle, le jardin, la biche, le singe,les grands-ducs les cistudes, lg
talus de chemin de fer peuplé de Lézards et les relations êpistolaires avec les
plus grands Herpétologistes du début du siècle. H. Jean—Louis FISCHER nous fit
revivre l'univers des sciences de la Vie â l'êpoque de Raymond ROLLINAT, les
idées reçues de la science officielle, les théories naissantes, les disciplines

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nouvelles qui s'affirmaient, et analysa l'influence de ces courants de pensée sur
l'Herpétologiste d'Rrgenton. M. PIERU nous comnenta les magnifiques photos de
cistudes que le Naturaliste avait prises dans son jardin : certainesconcernant
différents stades de la reproduction sont encore des documents uniques que nous
avons voulu reproduire dans ce numéro du Bulletin.
MM. RRYNRUD, PIEAU, SAINT—GlRDN5 et THIREAU nous exposêrent ensuite
diverses facettes de son oeuvre scientifique. Nous regrettons de n'avoir pas
réussi â avoir eu le concours d'un ornithologiste et d'un herpétologiste qui nous
auraient entretenu respectivement de ses importantes recherches sur les Oiseaux
et les Lézards (1). M. BERNARD, qui a été pris par des examens, n'a pas pu venir
nous parler des études et des enquêtes de ROLLINAT sur les derniers loups enragés
de la région d'Rrgenton. MM. DUBOIS et HDRERE nous dirent leur point de vue sur
les introductions d'espêces réalisées par RDLLINAT dans sa région et M. DORE nous
parla de l'extension récente de la Couleuvre Verte et Jaune dans la Brenne alors
que l'auteur des "vertébrés sauvages du département de l‘1ndre" ne l'avait observé
qu'aux confins de ce département avec celui de la Vienne.
Le public argentonnais ne fut pas oublié. L'expositi0n sur leur illus-
tre concitoyen fut ouverte pendant toutes ces journées commémoratives. Une confé-
rence sur les Reptiles, ces mal connus et ces mal aimés, ainsi qu'une projection
de films herpétologiques furent données â leur intention le vendredi 5 mai au soir.
Les enfants des écoles vinrent nombreux visiter l'exposition et plusieurs classes
des lycées, C.E.T. et écoles primaires entendirent des causeries sur les Batraciens
et les Reptiles de France... et du Sahara. Un concours de dessin sur le théme des
Reptiles et Amphibiens fut organisé dans les ecoles et les éléves y participèrent
avec enthousiasme [voir le compte-rendu dans le bulletin n° B).
Le dimanche T mai la Société Herpétologique de France et la Ville
d'Rrgenton ont voulu honorer plus solennellementla memoire de Raymond RDLLINRT
en inaugurant une plaque conmémorative fixée sur le mur de la propriété on
vécut l'auteur de "La Vie des Reptiles de la France Centrale". Un hommage parti~
culier fut rendu au citoyen d'Rrgenton par M. FRAPPRT, maire de cette ville et
au Correspondant du Muséum national d'Histoire naturelle par M. le Pr. BRYGDO,
Directeur du laboratoire d'Herpétologie du Muséum.
Les Journées RDLLINAT ont été un succés grâce â l'effort et â la
participation de beaucoup de membres de la S.H.F. Qu'ils en soient remerciés !
Tous ceux qui ont entendu les conférences sur ROLLINRT et son oeuvre
ont souhaité que les textes de celles-ci ne soient pas résumés mais reproduits
intégralement dans le Bulletin. Pour satisfaire cette demande et plus particu-
Iierement pour ceux qui n'ont pas pu venir à Argenton nous consacrons entiérement
ce numéro du Bulletin aux Journées ROLLIHRT. Nous y ajoutons la liste des publi-
cations pour aider â la compréhension des articles.

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Puissent ces pages vous faire revivre la mêmoire de ce "Naturaliste de
jardin" comme l'avait appelé Jean ROSTAND I
Jean LESCURE, Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Amphibiens)
Muséum national d'Histoire Naturelle
57 rue Cuvier 75UD5 PARIS
(1) M. DUFAURE nous parla cependant du Lézard Vivipare mâle, un modèle experimental
en Biologie de la reproduction. Le rêsumê de cette communication paraîtra dans
nos pages du Bulletin de la Société zoologique de France.

CALENDRIER DES MANIFESTATIONS COMMEMORATIVES
Jeudi 4 mai
— Allocutions de bienvenue
— Conmunications sur Raymond ROLLINAT et son oeuvre (voir sommaire)
- Exposition
La Premiere partie fondée sur des documents d'archives traita de six thémes :
1. Raymond RDLLINAT et sa région natale
2. Raymond ROLLINAT, enquêteur, historien et éducateur régional
3. Raymond ROLLINAT, écologiste et la notion d'êquilibre naturel
4. Raymond RDLLINAT, naturaliste au coeur des grandsproblénesscientifiqœm
5. Raymond RDLLINAT, Herpétologiste [l'éieveur et l‘expérimentateur]
6. Le rayonnement de R. ROLLINAT dans le monde scientifique.
La deuxième partie présentera des Reptiles et des Amphibiens vivants pour
"illustrer" la faune herpétologique étudiée par ROLLINAT.
Vendredi 4 mai
- Causeries dans les écoles :
Les Reptiles de France par J. CASTANET au Lycée RDLLINAT
Les Reptiles et Batraciens de France par J. FRETEY au C.E.T.
Les Reptiles du Sahara par M. LEMIRE aux écoles primaires George SAND et
Paul BERT
- Concours de dessin sur le théme des Reptiles et Amphibiens
(ies résultats ont été publiés dans le bulletin n° B)
- Excursion dans les marais de la Brenne
- Conférence au Foyer des Oeuvres laïques : "Les Reptiles ces mal connus et ces
mal aimés".
Dimanche 7 mai
- Dépôt d'une gerbe sur la tombe de Raymond ROLLINAT par les délégations de la
municipalité et de la S.H.F.
— Inauguration d'une plaque conmémorative sur la maison de R. ROLLINAT.

ALLOCUTION DE BIENVENUE DU PRESIDENT NAULLEAU
Nous sommes tous réunis aujourd'hui dans cette ville d'Argenton—sur>Creuse,
oü Raymond ROLLINAT a passé la plus grande partie de sa vie à regarder vivre et
observer les animaux qui l'entouraient et dont il s'entourait volontiers. Ce célébre
naturaliste s'est intéressé à tous les Vertébrés_de ï'Indre, des Poissons aux
Mammifères en passant par les Amphibiens, les Reptiles et les Uiseaux. Cependant,
il s'est attaché plus particulièrement à l’étude des Reptiles et ses travaux, dans
ce domaine, de rayonnement international, ont été a l'origine de l'Herpétologie
moderne. Par ces journées nationales de 1978, la Société Herpétologique de France a
voulu honorer la mémoire de Raymond ROLLINAT qui nous a quitté en 1931. Je ne
m‘étendrai pas davantage sur la vie et d'oeuvre de ce Naturaliste qui sera évoqué
tout au long de ces journées.
Avant de terminer, jevoudrais remercier toutes les personnes qui ont
pris part â l'organisation de ces journées ROLLINAT : en particulier la Municipalité
pour son appui total, Monsieur RANGDE, petit fils de Raymond ROLLINAT qui nous a
beaucoup aidé et qui a bien voulu nous retracer le portrait de son grand-père
et enfin les membres de la 5.H.F.
Je vais maintenant donner la parole à Monsieur le Maire.
Le Président G. NAULLEAU
M. Jean FRAPPAT, Maire d'Argenton sur Creuse, prononce ensuite une
courte allocution : il remercie le Président NAULLEAU, souhaite la bienvenue
aux congressistes et leur présente la ville où vécut Raymond RULLINAT.

LE NATURALISTE RAYMOND RDLLINAT
SA VIE, SON OEUVRE A TRAVERS SES CURRESPONDANCES
par Pierre RANGDE
Décrire en quelques pages la vie et l'0euvre de mon Grand'Përe me semblait
â priori présenter de grandes difficultés n’étant aidé dans ce travail que par des
souvenirs lointains de ma jeunesse et surtout par la lecture des Correspondances nom-
breuses retrouvées dans mes archives familiales.
Lorsque Monsieur le Professeur MATZ puis Messieurs LESCURE et GASC m'ont
proposé de venir participer â ces journées de la Société Herpétologique de France
dédiées à la mémoire de Raymond RULLINRT, j'ai accepté avec joie sachant que je
trouverais auprés de vous beaucoup d'indolgence.
Raymond RDLLINAT est ne â Saint—Gaultier, localité voisine d‘Rrgenton·
sur·Creuse le 2 septembre 1859.
Il était le petit fils d'un médecin, le bon Docteur RDLLINAT et
l'arriére petit—fils de Pierre RULLINAT né en 17ïB, un grand curieux d‘Histoire
Naturelle en relation d’amitié avec l'illustre CUVIER auquel il adressait les
ossements fossiles qu'il découvrait dans les marniêres situées prés d'Argenton
et notanment dans une marniêre appartenant â la famille ROLLINAT dite “marniëre
aux Prunes“, citée par CUVIER dans son livre “Recherches sur les ossements
fossiles” Edition de 1822.
Le nom "Erocodylus collinatii" a été donné par l’Herpétologiste GRAY
du British Museum en 1831 en reprenant la description de CUVIER. Raymond ROLLINAT
possédait une lettre de CUVIER datée de 1817 et qu‘il conservait précieusement
dans son Cabinet d'Histoire Naturelle.
La famille ROLLINAT avait pris ses racines a Argenton au 17e siécle,
famille de greffiers, avocats, échevins qui jouêrent un rôle important dans
cette petite cité. Dans l‘Arbre généalogique on reconnait un André ROLLINAT en
1687, huissier en lîlî, Fermier du Comté d'Argenton et un Sylvain RDLLINAT, avocat
fiscal en 168D. Le fils de ce dernier, Etienne né en 1698 était Notaire et fut
le Grand‘Pére de Jean-Baptiste AUCLERT—DESCUTîES né en 1ï37, Médecin, Maire
d'Argenton, député de cette ville â l'Assemblée Nationale de 1739.

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Le frére d'Etienne ROLLINAT, Pierre RULLINAT, avocat fiscal de 1710 â
1760, fut â l'origine de la descendance actuelle de la famille. Il eut deux petits-
fils dont l'un Jean-Baptiste ROLLINAT, avocat a Châteauroux, éleva une nombreuse
famille, onze frères et soeurs dont François ROLLINAT, qui fut lui aussi avocat â
Châteauroux, député à l'Assemblêe Nationale en 1848, une amitié profonde l'unissait
â Georges SAND dont il était le confident fidèle. Son fils Maurice ROLLINAT, né le
29 décembre 1846, fut le talentueux poète des "Névroses“. L'autre petit-fils fut
Pierre ROLLINAT, né en 1778, mort en 1856, marié â Jeanne DELAGRAVE, fut l'arriere
Grand-Père de Raymond ROLLINAT. Un Grand‘0ncle Amédée ROLLINAT, ne en 1808, fut
avocat â Argenton et fondateur de l'Hospice, une rue porte son nom.
A l'âge de deux ans, Raymond RULLINAT perdit son Pere, Pierre Edouard
RULLINAT, en 1861. Sa Mère ne tarda pas à se remarier et fonda un nouveau foyer.
Il vint donc habiter â huit ans chez son Grand'Pére paternel, Pierre
André ROLLINAT, qui était médecin et mourut en 1871, continua â vivre dans cette
grande maison située rue Auclert-Descottes avec sa tante, Mademoiselle Angèle
RULLINAT, qui fut une seconde mére pour lui. Il fut un enfant gâté, abandonné à
tous ses caprices, turbulent, nous dit son vieil ami, le délicat poete Anatole
SAINSON, dans le petit livret écrit en juillet 1936, intitulé "Mon Ami Raymond".
Il était réfractaire â toute discipline et fut un élève difficile. Un
enfantillage tenu pour un fait grave au Lycée de Châteauroux le fit rendre à sa
famille avant la fin de la scolarité. Dans un accés de mauvaise humeur, il avait
menacé son Maitre d'Etude de lui brûler la cervelle. Rassurez-vous, le pistolet
n‘était qu'un étui â pipe. Il resta dans ce lycée de 1874 à 1878.
"Je dois à la vérité d'ajouter, continue Anatole SAINSUN, que toujours
pour insurbordination, il avait été antérieurement renvoyé du Petit Séminaire de
Saint—Gaultier en 1873 où l'avait placé sa mére, dans le noble dessein, rappelait-
il en plaisantant, de faire de lui un Archevéque".
ll fut ensuite volontaire un an au 2e régiment de chasseur à Cheval de
1879 à 1880 a TUURS et termina avec le grade de Brigadier. Il revint sans retard
à Argenton ayant gardé un bien mauvais souvenir du noble métier des Armes, malgré
son goût pour l'équitation et bien qu'il fut un élégant cavalier.
Dans une lettre qu'il écrivait le 12 mai 1930 â son ami le Professeur
ROULE, il avouait qu'il aurait dû aller s'instruire â Paris en suivant les cours
des Maîtres de la Zoologie et en travaillant dans les laboratoires, mais coupé
de cette nature qu'il aimait tant â observer, aurait-il pu mener a bien toutes
ses extraordinaires observations ?
"J‘avais l'amour des bêtes depuis mon enfance, nous dit-il, car mon
Grand'0ncle, Jean MERCIER-GENETOUX, Urnithologiste, faisait depuis 1823 une mer-

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veilleuse collection d'oiseaux qu'il préparait lui-méme. Il s‘occupait aussi des
Lêpidoptêres et c'est lui qui me donna l'idee de faire des collections de papil-
lons, d'oeufs d'oiseaux et d‘apprendre la taxidermie. Il est mort en octobre
1866 alors que je venais d'avoir T ans". Avant d'entreprendre ses savantes obser-
vations, Raymond RULLINAT consacra ses instants a collectionner les cailloux,
les roches, les fossiles, les oeufs de toutes especes d'oiseaux de la région.
En mai 1891 dans une lettre adressée à Monsieur MERAUD, professeur
au College de Beaupréau dans le Haine-et-Loire et dans laquelle il propose
des échanges, j'ai compté dans la liste de sa collection B6 sortes d'oeufs. Il
classait les Coléoptêres rapportés de ses chasses et il les piquait dans des boites
en carton munies d'un couvercle vitre après les avoir chloroformés dans des tubes
de verre.
Dés cette époque commença la vie prestigieuse, jour aprés jour, du
Naturaliste. Il va être aidé par une intuition remarquable, sans quitter sa chère
ville d'Argenton, et pénétré de toute la rigueur de la méthode expérimentale
acquerera avec patience, loin des centres intellectuels, les notions scientifiques
qui lui manquent. De plus il a la chance particuliere de disposer d'une fortune
personnelle qui lui permettra de se consacrer exclusivement â ses goûts, sans
soucis du lendemain.
Il excellait surtout dans l'art de la taxidermie dont les premieres
notions lui furent inculquêes comme nous venons de le voir par son Uncle mais
aussi par un perruquier de Saint-Gaultier, surnomme RABUUILLE, qui faisait fonction
de ménétrier et d'empailleur. Raymond ROLLINAT devint bientôt un élève digne du
Maitre et donnait aux sujets qu'il naturalisait des attitudes qui révelaient déjà
chez lui un don extraordinaire d'observation. Etant au lycee de Châteauroux, il
allait tous les jeudis apprendre â empailler les oiseaux chez un tres bon natu-
raliste, préparateur de la localité. 1l apprit seul à l'aide du manuel Roret la
preparation des mammifères et des poissons ; un de ses amis, capitaine au Long
cours lui apprit à préparer les serpents. Il apprit aussi seul â se servir d'un
microscope et â faire des préparations.
En Naturaliste averti, Raymond RULLINAT était tres minutieux dans
l'achat de son matériel de taxidermie et s'adressait a differents fournisseurs.
Les plus importants etaient Deyrolles, Naturaliste rue du Bac à Paris, a qui il
achetait tout ce dont il avait besoin pour mener â bien ses naturalisations. Je
cite au hasard une lettre écrite le B janvier 1890 : Yeux de di ffêrentes Couleurs,
yeux de lièvre, de lapin, de chevreuil, de loup, de renard, yeux de poissons
dorés et argentés, un livre "l'art du laupier". Il avait eu avec ce naturaliste
quelques difficultés. Il avait confié a Deyrolles l‘empaillage de la tête d'un
hybride de cochon domestique mâle et de sanglier femelle. L'ay‘ant installé en
bonne place dans sa collection, il s'aperçut qu'une poussière blanchâtre couvrait

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les vitrines placées au dessous d'elle. Il s'agissait d'une quantité importante
d'8cariens. D'aprês le Docteur TRUUESSRRT la même chose etait arrivee â Ueyrolles
lors de la presentation d'un boeuf empaille pendant l'Exposition universelle de
1867. I
Auzouze, rue des Halles à Paris lui envoyait dans une lettre du 15
octobre 1890 des pièges pour souris, mulots, musaraignes, un piege à dents avec
oeuf pour appât, deux souriciêres perpêtuelles en cristal, un piège perpétuel
à cafard, un sac à furet, des appeaux pour grives, moineaux, geais et alouettes.
Les Etablissements Leune lui fournissaient de nombreux bocaux ronds
avec pied pour ses collections de Reptiles et de Batraciens qu'il voulait avec
un couvercle bien ajusté et bouchant hermétiquement ; des éprouvettes, des tubes
â insectes.
Pour ses etudes biologiques, il avait achete chez Jeunet,'30 rue du
Louvre, des Aquariums â verre tres limpide.
Bien que travaillant toujours par lui—même, Raymond RULLINAT sut
s'ent0urer d'amis avec lesquels il partageait cette passion de la Nature. ll put
confronter ses propres observations, faire des echanges. Tout d'abord cet eleve
du Lycee de Lourdoueix Saint-Michel en 1889, Rene PARRTRE, qui fait parvenir â
RULLINAT le rêsultat de ses recherches. Ce dernier lui apprend à monter un reptile
à reconnaitre les oiseaux. ll lui dit dans une lettre du 4 octobre 1889
"En histoire naturelle, il ne s'agit pas seulement de faire des collections, il
faut aussi et surtout observer les êtres que l‘on desire étudier",
René PARÃTRE fut membre de la Societé Zoologique de France en 1892
et Directeur du Journal "Le Pêcheur" dont le siege était 5 rue Saint-Romain à
Paris vers les annees 1900. Etant dans la Capitale, il procurera a ROLLINAT du
matériel et des livres scientifiques. ll essaya d'obtenir de Raymond RULLINAT
une aide pour creer au Musee de Châteauroux une section d'Histoire Naturelle
mais celui-ci, n'ayant pas le temps de se consacrer à une telle entreprise,
le lui dit avec franchise". Je vous repete qu'il n'a eté question que de faire
une collection de Reptiles et de Batraciens pour le Musee. J'ai dit que je
mettais de côte les sujets que j‘aurai en trop. ll n'a pas ete question de
mammifères, oiseaux et poissons“.
Septembre 1890, date importante dans sa vie de Naturaliste, c'est sa
rencontre avec le savant batrachologue, Héron-Royer. Ce dernier était venu passer
quelques jours à Argenton chez un zoologiste, ami de HOLLINAT, étudiant en
medecine.
La lettre du 16 octobre 1890 nous montre combien cette rencontre avait
eté amicale "ll me reste â dire, écrit Heron-Royer, combien j‘ai été heureux de

14
faire votre connaissance et de trouver en vous mon cher Collégue, un ami qui
m'est réellement sympathique. C'est lâ une bien douce et double satisfaction
que de pouvoir compter parmi ses amis, un ami dont les sentiments sont sembla-
bles â ceux que l'on respire soi-méme".
Raymond RULLINAT avait déjà formé en grande partie sa collection de
Mammifêres,de Reptiles, de Batraciens et Poissons. Héron-Royer lui apprit à
faire des squelettes de Batraciens et â élever les larves des Anoures et des
Urodêles, des Anoures surtout qu'il connaissait admirablement. Il revit Héron-
Royer â Argenton à Pâques 1891 puis en juillet. Il alla le voir à Amboise en se
rendant à Tours, en octobre pour y faire une période d'instruction militaire de
13 jours au le hussard. Ils s'ëcrivaient souvent et étaient devenus de grand amis
lorsque Hêron—Royer mourut en décembre 1891. RULLINAT ne l'a donc connu que
pendant quinze mois. Il le tenait en trés haute estime.
Leurs correspondances sont d'une richesse inouie. Héron-Royer donne
des conseils précieux pour la construction d‘un bassin semblable â ceux qu'il
possède à Amboise car RDLLINAT désire étudier de plus prés les Batraciens et
les Cistudes et veut adjoindre un rocher pour y élever des Lézards en liberté
et garantir le bassin des vents du nord. Se succèdent alors de nombreux échanges
de Reptiles et surtout de Batraciens. Héron—Royer lui fait parvenir : Pelobates
cultripes, Pelobates fuscus, §ufg_galamita et Bufo pantherina (= Rufo viridis)
provenant de la province de Constantine, Discoglosses et de nombreux têtards et
lui fait part de ses études sur les Alytes albinos qu'il avait réussi â faire
reproduire et dont il avait pu constater la transmission héréditaire de l'anomalie.
Il relate dans une lettre du 21 mai 1891 un fait interessant “Les hybrides de
Bombinator igneus -pachypus et Bombinator pachypus-igneus ont reproduit le 8 mai
1891. L'éclosion a lieu maintenant, il m'a fallu dix ans de patience et de recher-
ches pour cela et ça y est". Quel enthousiasme pour ce Savant arrivé a la fin de
sa Vie !
Le troisième Naturaliste et non le moindre fut René MARTIN, collabora-
teur dévoué qui devint par la suite un spécialiste dans l'Etude des Udonates. Ils
firent connaissance en IBB? ou 1888. Cette amitié se continuera jusqu'a la mort
de René MARTIN, décédé au Chili, chez sa fille, en août 1925.
René MARTIN était venu voir la collection de Raymond RDLLINAT et pro-
posa a ce dernier de s'associer pour faire une Faune des vertébrés de l'1ndre.
MARTIN avait déjà publié dans le bulletin de la Société Zoologique de France un
“Cata1ogue des Oiseaux de la Brenne. ürnithologie du Département de l'Indrei Aussi
il leur sera facile de réaliser un travail en commun et d'échanger leurs observa-
tions nombreuses, MARTIN l'ornithologie, RULLINAT les Mammifères, Reptiles,
Batraciens et Poissons.

15
De cette fructueuse collaboration va paraitre en 1889, dans les Mémoires
de la Societe Zoologique de France T,II, un “Catalogue des Mammifères de La Brenne
Mammalogie du Département de l'Indre“, qui contenait des détails sur les Moeurs,
l'abondance ou la rareté des espèces. Puis en IB92 le “Catalogue des Reptiles,
Batraciens et Poissons du Département de l'Indre", enfin l'admirable livre des
“Vertébrés sauvages du Département de l'Indre“, volume de 455 pages représentant
l'étude de 51 espèces de Mammifères, 2?2 especes d'Uiseaux, 13 espèces de Reptiles,
14 espèces de Batraciens, 31 espèces de Poissons, (édition de 1894}. Ce livre
était considéré par l'lllustre zoologiste Milne-Edwards comme le chef d‘Ueuvre des
Faunes départementales. Il fut dédié d‘un commun accord â la Mémoire de Jean
Mercier-Génétoux.
La plus suggestive illustration de ce livre, c'était le Cabinet d‘Histoire
Naturelle que RULLINRl avait ammênagê dans une vaste piéce du rez-de-chaussée de sa
Maison ou l'on découvrait une fresque admirable de la faune de cette région. La se
trouvait réunis une collection complète des Mammifères, Reptiles, Batraciens
Anoures et Urodèles, de leurs oeufs et de leurs larves aux différents degres de
développement, de presque tous les Poissons du Département de l‘Indre, ainsi que
de nombreuses préparations sur l'embryogénie des Chauve-Souris.
RGLLINRT a travaillé.pendant près de quinze années à observer, capturer
et conserver avec grands soins les animaux qu'il etudiait. Cette Galerie zoologique
contenait non seulement des spécimens présentant de nombreux cas de tératologie :
Lézards â deux queues, Serpents albinos, des oeufs de Reptiles à double vitellus
et contenant deux embryons, des jeunes Vipères à deux tetes mais aussi des Mammi-
fères les plus rares : la Loutre, le Chat Sauvage, le Loup commun dont le fameux
crâne de Loup enragé de 1878 et le pouce de sa malheureuse victime, témoin de la
lutte effroyable qui mis fin à son aventure.
RULLINAT fit paraître un ouvrage important sur le “Loup Commun". Etude
publiée par la Société Nationale d'Rcclimatatien de France dans la revue d'Histoire
Naturelle en 1929. Il avait déjà publié en 1905 un article "Le Loup enragé", dans
la Revue du Berry, qui relate le parcours de ce Loup enragé â travers les communes
de Tendu et de Hosnay, qui mordit sept personnes dont trois moururent hydrophobes.
La Collection de Raymond RULLINAT existe toujours presque intacte, léguée
selon ses dispositions testamentaires au Husêum National d'Histoire Naturelle et
dont une partie importante, qui fut mis en dépôt au Muséum Gabriel Foucher de
Bourges, est précieusement entretenue par Monsieur LANGLAI5, J'actuël conservateur.
J‘avais a peine huit années quand mon Grand-Pere est décêdê le Z?
decembre 1931 et me souviens bien de la,grande affection qu'il nous témoignait,
de son visage adouci par des yeux bleus plein de bonté, et de ses longues mous-
taches qui nous intrigaient mon frère et moi.

16
Mais les anciens d‘Argenton conservent encore son souvenir et revoient
Raymond RGLLINAî toujours chaussé de grandes bottes noires et vétu de son insépa-
rable costume de velours marron â grosses côtes, culotte de cheval et vareuse
ajustée, coiffé d'une casquette de chasse. Dans cette tenue il parcourait les rues
de la ville sur sa petite jument baie, le buste souple nous dit Anatole SAINSUN,
il avait fort belle allure.
Lorsque ses chevaux furent devenus vieux, ne voulant pas s'en séparer
et pour les soulager, il avait acheté en décembre 1898 un tricycle à pétrole dévelop-
pant un cheval trois quarts qui pouvait faire du quarante à l'heure. Il l’avait
acheté à Monsieur NULFF de Saint-Etienne, c'était un tricycle avec moteur de Dion-
Bouton de belle puissance et qui faisait à cette époque l'admiration de la jeunesse
du pays. Aussi il pensait qu'il pourrait manipuler son engin avec la même facilité
qu'un cheval, il décrivait des voltes et demi-voltes les plus gracieuses sur le
champ de foire ïorsqu'en voulant tourner court en pleine vitesse il tomba de sa
mécanique et se retrouva assommé “ll m'a fallu, nous dit-il, plus de quinze jours
pour me remettre de cette terrible cabriole. Il décida ensuite de faire emplette
d'une petite automobile plus stable, voiturette Hurtu, le fameux "craquenat de
Monsieur RoHinat" appelé ainsi par les argentonnais â cause du bruit insolite qui
se dêgageait de cette mécanique.
Raymond ROLLINAT a exploré, armé de son fusil, les chemins creux et les
brandes par tous les temps, pendant des journées entières. Il connaissait â fond
les marécages de cette Brenne aux innombrables étangs, si riche en animaux divers,
en particulier de la Cistude d'Europe dont il a longuement étudié les habitudes
et les moeurs.
Membres de la Société Zoologique de France depuis l'annëe 1888, il avait
déjà envoyé de nombreuses observations. En 1894 il fait paraitre un travail sur
la pêche de la Grenouille verte dans le bulletin de la Société Centrale d'hquiculture
de France puis le 10 juillet 1894 une Note sur les Hoeurs de la Salamandra maculosa
dans le bulletin de la Société Zoologique de France.Hembre de la Société Centrale
d‘Aquiculture et de Pêche, il fait parvenir un article trés intéressant sur
"la voracité des Couleuvres".
Pour ses recherches sur les Uphidiens, il avait un permis spécial de
circuler â pied sur la voie ferrée située prés de son jardin d‘étude , obtenu
en février 1896. Combien l'ont aperçu, accroupi prés du talus, aux premières
heures chaudes du printemps ou de l'étë guettant la Vipére aspic ou découvrant
les oeufs de Lézards, ou immobile passant avec dextérité un noeud coulant autour
du cou du Lézard vert, sans dommage pour ce Reptile. Dans une lettre du 20 avril
1896, il nous dit "J'ai pris et disséqué un grand nombre de reptiles en fevrier,
mars et avril, je passe mon existence sur le talus de chemin de fer et dans mon
laboratoire".

I?
Au cours de ses randonnées â travers le pays, il recueillera successi-
vement les animaux les plus variés non seulement pour ses travaux mais pour ses
amis zoologistes. Il sera le correspondant précieux et zéle de nombreux savants.
Il leur fera parvenir de nombreux sujets d'études, il leur permettra de mener a
bien leurs recherches. Dans ses correspondances avec le Docteur MOLTERSTURFF de
Magdebourg, ROLLINAT nous précise dans une lettre datée du 11 mars 1896 l'envoi
d'une petite caisse contenant de nombreux Tritons marmoratus, cristatus et Tritons
blasii, il lui recommande d'en prendre grand soin et de les placer en aquarium
dés leur arrivée.
De même il lui fera parvenir pour les élever quatre jeunes cistudes
d'Europe. Le 16 mars, quelques jours après, NDLTERSTDRFF recevra trois Vipêres
aspis, six jeunes Lacerta muralis, six trés jeunes Lacerta viridis et deux très jeunes
Tropidonotus natrix nés chez lui et pour compléter ce lot un Rhinolophus ferrum
equinum, deux Rhinolophus euryale capturés dans les souterrains du château de
Chabenet prës d'Argenton. Anectode amusante il demande â son correspondant de lui
procurer de vieux timbres des anciens Etats allemands ainsi que des coquilles
actuelles et fossiles pour un ami, qui l'aide souvent dans ses chasses.
“Je vous félicite lui dit RDLLINAT de vous livrer â l'élevage des
Mammifères, des Reptiles et des Batraciens car c'est le seul moyen de les bien
connaitre." Il lui envoie sa brochure sur "Les Moeurs et la reproduction de
l'0rvet fragile“qu'il avait fait paraitre dans les Mémoires de la Société
Zoologique de France en 1897. Moeurs de l'0rvet, accouplement, fécondation,
développement de l'embryon, description des organes génitaux du mâle et de la
femelle pendant la période d'activité ainsi que de nombreuses observations sur
des sujets captifs.
De même BDULENGER du British Museum de Londres, LANTZ de Manchester
profiteront des mêmes envois de Tritons crêtés et marbres car avec ces deux
especes ils veulent essayer d'obtenir le triton de Blasius, cette forme hybride
qui n'avait pas été obtenue en captivité et que RDLLINAT avait trouve dans les
mares des environs d'Argenton. Dans une lettre écrite le ler février 1903,
BOULENGER félicite MDLTERSTDRFF d'avoir obtenu Triton blasii en captivité
“vos observations me donnent raison, lui dit-il."
Combien d'autres savants auront le bonheur de correspondre avec lui,
trouvant toujours en Raymond RDLLINAT un collaborateur attentif et passionné
citons : METCHNIKDFF, VAILLANT, Fernand LATASTE, Marie PHISALIX, RDULE, de GUERNE,
Raphael BLANCHARD, Edmond PERRIER pour ne citer que les illustres.
Celui qui marqua sa vie de Zoologiste fut incontestablement le
professeur TRDUESSART du Museum National. Ils ne se sont pas rencontres mais
leurs correspondances furent d'une grande richesse. Leurs études faites en commun

18
sont admirables par le fait même nue TEOUESSART avait trouvé en RULLINAT un
second lui—méme en qui il avait une absolue confiance. Pour Raymond ROLL1NAî,
cette collaboration mettra en valeur l'importance de ses observations sur le
plan zoologique et embryologique.
De 1895 â 1906, leurs travaux vont paraitre dans les Mémoires de la
Société Zoologique de France et les Bulletins des séances de la Société de
Biologie.
- Sur la reproduction des Ehauvesôouris, le 22 janvier 1895 (Bul. Soc. 2001.}
- Sur la reproduction des Chiroptêres, Séance du 26 janvier 1895 [C. r. hehd. des
séances de la Soc. de Biol.) [1ére Note).
- Sur la reproduction des Chiroptêres, Séance du 6 juillet 1895 (C. r. hebd. Soc.
de Biol.) (Zéme Note].
- Sur la reproduction des Chauves souris. Le Vespertilion Murin (accouplement,
hibernation, retour â la vie active, fécondation, gestation, parturition.
Observation sur les murins captifs en 1896. .
- Sur le sens de la direction chez les Chiroptëres (C. r. séances de la Soc. de
Biol. le 23 juin 1900). 00 Raymond ROLLINAT reprit à son compte les expériences
de SPALLNNZAN1.
l- Sur la reproduction des Chauves—souris. Les Rhinolophes en 189}.
Dans une lettre datée du 19 août 1897, RULLINAT écrit a TROUESSART
"Si nous recommençons les expériences de SPHLLANZANI... il nous faut contrôler
ses expériences et aller plus loin si possible? Une grande salle de bal â
Brgenton·sur·Creuse va servir de laboratoire. Enfin dans les Comptes rendus des
Séances de la Société de Biologie paraîtra un travail sur l'atrophie progressive
de l'oeil de la Taupe en décembre 1906.
Tous ces importants travaux ne font pas oublier â Raymond RDLLINAT
l'étude des Reptiles dont il avait accumulé une foule de notes dans ses cahiers
d'observation. En 1895, il fait paraitre dans le bulletin de la Société Zoologique
de France, une Note sur "L'hibernation du Lacerta muralis et du Lacerta viridis"
la même année dans ce bulletin une Note sur "la prolongation de l'état larvaire
chez un triton albinos".
En 1897 dans le Bulletin de la Société Nationale d'Acclimatation un
premier travail sur "Les Moeurs et reproduction de l'0rvet fragile" puis un
deuxième sur “Les Moeurs et reproduction du Lézard des murailles".
En 1898 dans le Bulletin de la Société Zoologioue de France un travail
sur "L'accouplement des Gphidiens à la fin de l'été et au commencement de l'automne"
et une année plus tard une note importante sur "L'accouplement automnal de la
Cistude d'Europe?
Toutes ces merveilleuses observations et résultats lui valent de nom-
breuses récompenses puisqu'il est nommé Membre de la Société Nationale d'Acclima-

19
tation de France en 1909, puis Membre de la Société des Sciences Naturelles,
de l'0uest, Correspondant de la Société Centrale d'Aquiculture et de Pêche et le
19 mai 1909, Correspondant de la Société d'Agriculture de France. Enfin dans la
séance du 15 janvier 1908, Messieurs les Professeurs du Muséum national a·nistoire
naturelle le nomment Correspondant de cet Etablissement.
Il avait été nommé Officier d'Académie en 1393 â la demande de MATHIAS-
DUVAL. A la vérité, chacune de ses récompenses ne lui font pas oublier son ami
René MARTIN et_â chaque fois il demandera la même distinction pour lui..La même
année, il est proposé par Monsieur RATIER, Sénateur de l‘Indre pour les Palmes
Académiques. Là encore il demandera la même récompense pour son ami. Le 6 février
1903, il est nommé Gfficier de l'Instruction publique enfin Chevalier de la
Légion d‘Honneur par décret en date du 31 janvier 1923.
Les Sociétés étrangères ne l‘oublient pas. Dans une lettre du 4 août
1897, il remercie le Dr HULTERSTURFF pour sa nomination en qualité de Membre
Correspondant de la Société des Sciences Naturelles de Hagdebourg.
Une récompense à laquelle il tenait beaucoup fut celle que lui accorda
la Société Zoologique de France lors de son Assemblée du 26 février 1901 dont le
Président d‘Honneur était le Professeur BLANCHARD : il fut le premier lauréat du
prix fondé par le Baron Jules de GUERNE, prix triennal de six cent francs.
Enfin en 1909 la Société Nationale d‘Acclimatation de France témoigne
tout l'intérét qu'elle porte à son 0euvre en lui décernant pour l'ensemhle de ses
travaux herpetologiques une grande Médaille à l'effigie d‘Isidore GEOFFROY SAINT-
HILAIRE.
Toutes ces distinctions acquises grâce à un labeur incessant n'empé-
chaient pas Raymond RULLINAT d'étre un homme d'une grande modestie. Sa Maison était
ouverte â tous. 0n venait lui rendre visite de toute part, tant était Grande sa
renommée !
S'il ne s'éloignait pas de chez lui, c'était â regret car il ne voulait
confier à personne le soin de relever jour par jour, heure par heure, les
observations de ses expériences en cours et qu‘il voulait lui-même comme il disait
"panser ses bétes et s'assurer qu'il ne leur manquait rien".
Toutes ses bêtes avaient droit â la méme sollicitude : une biche·vécut
vingt années chez lui, se promenant dans la cour en toute liberté. Il décrivrit
la vie de cette biche dans un travail inédit “0bservations sur un Cerf d'Europe
femelle en captivité“. Cette biche particulière fréquentait le vaste champ de
foire et les enfants du pays l'appelait "Bichette". ROLLINAT l'avait achetée
le 11 septembre 1833 au prix de 100 francs. Elleavait alors trois ans. Trés libre,
elle allait rendre visite â ses amis les chevaux dans I'ecurie. Elle accompagnait
son maitre partout même dans ses promenades équestres. Elle avait comme compagnon
de jeu, un renard peu farouche.

2O
L'anecdote la plus drôle était sa participation en qualité d'auxiliaire
de Monsieur le Juge de Paix. Le vendredi, jour oû le Juge tenait ses audiences,
elle suivait le monde et entrait dans la Salle. Le Juge, excellent homme, femnait
les yeux et prétendait â ROLLINAT un peu gêné qu'elle lui était précieuse car
disait ce juge débonnaire “Elle m'est utile parce que je dis souvent aux plaideurs
qu'ils sont dix fois plus bêtes que cette béte lâ"J
S'ajouta pendant quelques temps un singe facêtieux en diable. Raymond
ROLLINAT a raconté sa vie pleine d'espiegleries dans le bulletin de la Société
Nationale d'Acclimatation en 1931, il s'appelait Jacques. Comme la biche. sa
liberté était entiere mais â quel prix i Ses plaisanteries les plus fines étaient
de voler les objets aux étalages des marchands, le Jour de foire, et que devait
rembourser mon Grand'Pere. L'hiver venu lorsque les arbres se dépouillaient de
leurs feuillages, ils réapparaissaient, temoins du larçin, pendus dans les hautes
branches. Ou en faction sur le mur, il attendait le passage des jeunes écoliers
pour leur chiper leur goûter.
Pendant l'éte lorsque ROLLINAT allait faire le nettoyage de la voliére
de ses Grands-Ducs, souvent les chats de la maison, le bon chien Chinot le suivaient,
auxquels s'ajoutaient parfois une vieille Cistude, amie de sa jeunesse, une Pie,
une Corneille noire que ROLLINAT avait élevé en 1928 avec un jeune Faucon crecerelle.
La visite dont il fut tres sensible fut celle de la Société d'ücclimata—
tion de France le 11 juin 1921. Maurice LOYER en fit le compte rendu dans le
Bulletin de la Société en Mai 1922. A ce rendez-vous de nombreuses personnalités
du monde scientifique étaient présentes : dont DEBREUIL, Madame Marie PHISALIX,
le Professeur ROULE, de GUERNE, le Docteur LEGROS. A la fin de cette visite le
Professeur ROULE remit â Raymond ROLLINAT une Médaille spécialement frappée à son
intention (1). Ils purent visiter son Cabinet d'Histoire Naturelle et ROLLINAT
fit â ses Collégues une conférence sur les mammifères de l‘lndre et exposa ses
travaux sur l'embryogenie du vespertillon murin et des Rhinolophes.
Le lendemain il fit une conférence sur la Chasse aux Rapaces diurnes,
aux Geais, Pies, Corbeaux et Pies-Griéches à l'aide de Grands—Ducs, de Buses et
de Chouettes vivantes ou montées, de Mammifères, d'Oiseaux, de Reptiles montés
dont il avait fait paraître un article dans le numéro de novembre 1918 du Bulletin
de la Société Nationale d'Acclimatation de France; Cette conférence était accom-
pagnée de trois centsprojections montrant comment le naturaliste pouvait â l'aide
de ces divers leurres attirer des quantités d‘oiseaux et ainsi étudier leur
comportement en présence de leurs ennemis nocturnes.

21
Raymond ROLLINAT étaiten effet un photographe averti. Il prenait
de nombreux clichés sous forme de positifs sur verre qu'il regardait à l'aide
d'un stéréoscope ce qui donnait l'illusion de la grandeur naturelle. Ces docu-
ments photographiques plus de cent cinquante clichés des élevages de Tortues,
Lézards et Serpents, la capture des Alouettes et petits Oiseaux aux lacets ont
été projetés aux séances générales de la Société d'Acclimatation de France en
191ï. La visite du jardin d‘étude fut pour eux un véritable enseignement.
Sur les plates-bandes d'encadrement, Raymond RDLLINAT installait â
fleur de terre les couveuses artificielles pour y faire éclore ses Reptiles dans
les conditions les plus favorables de température et d'humidité. Par son attention
et des soins constants il réussissait l'éclosion des oeufs de Lézards et de
Serpents. üans les carrés potagers, il a installé des emplacements réservés aux
terrariums protégés contre les intempéries par des toitures mobiles.
Tout ce monde vivait et se reproduisait en toute quiétude dans un
milieu propice â l'élevage et â l'hivernage. Tous ses soins attentifs ont permis
â Raymond RGLLINAT une protection maximum des pontes, il a pu noter les moindres
“gestes“, les plus subtiles particularités de ses Reptiles, chronométrer la durée
de leurs actes physiologiques nous dit Marie PHISALIX dans la préface du livre
de la Vie des Reptiles.
Mais que d'inquiétudes et de frais pour satisfaire de tels hôtes. Il
lui faut trouver des Lézards, des Grenouilles, des Crapauds, des larves d'Anoures,
des Poissons. Dans une lettre du Y juin 1898 il raconte “Le goujonnier et la carne
étant maintenant prohibés, j'ai dû m'enrôler dans les chevaliers de la gaule pour
procurer â mes Cistudes les ablettes dont elles sont friandes, j'ai en cage une
Couleuvre d‘Esculape de un metre cinquante de longueur, c'est â peine si avec
quinze piéges tendus toutes les nuits, je puis prendre les Souris et les Campa-
gnols dont elle se nourrit."
Deux bassins de taille différente étaient destinés aux Eistudes qui
attiraient les regards, plongeant au moindre bruit, elles revenaient peu aprés
à la surface, curieuses et familiéres, n'hésitant pas â venir attraper les
Blattes au bout des doigts de Raymond RULLINAT.
Prés du bassin aux Cistudes vivaient dans la plus parfaite tranqui-
lité les Lézards. Il a décrit leur vive intelligence dans une note parue en
1901 "Sur le caractére et l'intelligence de quelques Reptiles du département
de l'indre“ dans les Mémoires de la Société Zoologique de France et en 1921
“Comment on apprivoise les Lézards des murailles vivant en liberté" dans la
revue d'Histoire Naturelle Appliquée publiée par la Société Nationale d'Accli-
matation de France. lls venaient prendre dans sa main, sur son bras et jusqu'a
ses lèvres la proie qu'il leur tendait.

22
Dans un enclos qui s'ouvrait sur le jardin, dans une cage grillaqée d'oü
montait une aigre senteur, étaient perchés trois Grands—Ducs, immobiles et fiers
que Raymond ROLLINAT avait achete à Monsieur DUBUJADUUK qui habitait Sauzet par
Chambon (Creuse). Ils faisaient l'admiration des visiteurs. Grâce à eux, RULLINAT
fit de fructueuses récoltes pour ses travaux ornithologiques. Enfin â la fenêtre
du grenier on pouvait apercevoir une Chouette hulotte dont il fit une courte note
en 19üU dans la Feuille des Jeunes Naturalistes, revue d'Histoire Naturelle.
A l”instigation de ses collègues de la Société d‘Acclimatation de France
et du Muséum National, Raymond RDLLINRT avait commencé à réunir en un seul Ouvrage
tous ses travaux et observations épars dans de nombreux mémoires et notes.
Dans la lettre du 12 mai 1930 qu'il écrivait au professeur RUULE, il
précisait "Mon ouvrage sur les Reptiles de la France Centrale est terminé. J'en
ai dicté 1 EDO pages à la jeune fille qui travaille avec moi. En France centrale,
il n'y a que 13 especes de Reptiles, on les trouve toutes plus ou moins communes
dans le Département de l'lndre. Cela fera trois volumes avec de nombreuses illus-
trations. Pour les illustrations, j'ai le choix, car j'ai fait plusieurs milliers
de photos de Reptiles, toutes prises sur le vif.
Dans mon Uuvrage, on trouvera des observations tout à fait nouvelles.
Il y en a pour quelques mois encore avant d'avoir tout terminé. J'ai fait pendant
ces deux mois, des observations extrêmement intéressantes sur l'accouplement des
Serpents. Nous parlerons de cela quand vous viendrez et je vous montrerai de tres
belles préparations que je viens de faire d'organes copulateurs d'Dphidiens, de
mâles de Vipera aspis. Il y avait un mécanisme que je m'expliquais mal et que je
comprends parfaitement depuis mes dissections. A ce sujet je vais publier une note
assez importante dans la Revue d'Histoire Naturelle ...“. Ce sont la certainement
ses derniers travaux.
Sa santé paraissait satisfaisante dans les lettres qu'il écrivait â mon
Pere, malgré une chute dans laquelle il se fractura le bras en descendant de son
jardin. Il resta pratiquement chez lui sans sortir pendant de longs mois. Avant
Noël, pendant qu'il prenait son diner, il fut terrasse par une hémorragie cérébrale
et s'êteignit doucement le dimanche Z? decembre 1931.
Dans son testament il avait légué ses Notes et Cahiers d'observations
ainsi que la totalité de ses documents à Monsieur DEBREUIL, Secrétaire de la
Société d'Hcclimatation de France.
Aussi DEBREUIL et le Docteur LEGR05 avec le concours de Madame PHISALIX
eurent â coeur de faire paraitre sous les auspices de leur Société le magnifique
ouvrage “La Vie des Reptiles de la France Centrale"édité en 1934 â la Librairie
Delagrave et qui se trouve actuellement dans toutes les grandes bibliothèques
scientifiques de France et de l’étranger. Malheureusement pour cette edition
posthume de nombreuses notes ne furent pas retenues.

23
Je possède une feuille manuscrite dans laquelle il demande qu'aprês
sa mort, toutes ses Tortues soient mises en liberté dans l'êtang des Feuilloux
ou dans les étangs des environs de Migné et mieux dans l‘étang de Fontpart. Ses
Grands-Ducs devaient être confiés â la ménagerie du Muséum ainsi que tous ses
Oiseaux et sa Collection d'Histoire Naturelle remise au Muséum National. Ses
Chouettes devaient être remises en liberté, de même ses petits Oiseaux.
Il ne serait pas possible de terminer cette bien incomplète monographie
sans rappeler que Raymond RDLLINAT fut pour sa Ville un éducateur régional et un
historien local.
Chaque jour il notait depuis quarante ans avec une scrupuleuse précision
les évènements principaux qui marquaient la vie de la cité. Il fut membre de la
Société de péche, membre du Comité des fétes, Président du Syndicat d'Initiative
de l'Indre et de la Fédération 5ologne—Berry.
Animateur de tourisme et historien des personnalités argentonnaises,
il écrivait le 7 février 1903 â Monsieur Eugène HUBERT, Archiviste â Châteauroux
pour lui demander de passer le voir afin de lui montrer des papiers intéressants.
Il lui précisait que Monsieur LENSEIGNE, ancien Conducteur des Ponts et Chaussées
avait publié autrefois une brochure sur les Voies romaines et ou'il avait laissé
un important manuscrit sur l'histoire d'ârgenton. RULLINAT avait obtenu de la
Famille LENSEIGNE, l’autorisation de la communiquer à Monsieur HUBERT, aussi était-
il heureux de le montrer à son ami. Il ajoutait “AUCLERT-UESCOTTES a fait I'histoire
anecdotique d‘Argenton de 1801 a 1325. Je suis en train d‘en faire une de 1325 â
nos jours et j‘ai déja sept cahiers presque entiérement remplis de notes intéres-
santes?
Il accepta le 23 avril 1891, â la demande de l'Abhé BRIAULT, Curé de
Nuret près de Saint-Gaultier, d'étre nommé Membre titulaire de la Société Académi-
que du Centre â condition que l'article 5 des statuts ne lui soit jamais appliqué
car dit-il "Je suis très casanier et il est probable qu'il m'arrivera trés souvent
de ne pas assister aux rêunions". Pourtant il ne ménageait pas sa collaboration
d'écrivain en envoyant ses études historiques a la Revue du Berry.
Apres le décès en 1904 de son voisin, Monsieur BENGIST, il fit paraitre
une Notice sur la Vie de cet éminent géologue, paléontologue et botaniste, dentiste
de profession. ROLLINAT le connaissait bien puisqu'il habitait la méme rue que lui.
Monsieur BENOIST était membre de la Société Linnéenne de Bordeaux et connaissait
Bernard LATASTE. En 1896, RGLLINAT lui montra la caverne de 5aint—Marcel où en
1887 et 1883 en compagnie de MM. CHENGU et HERPIN, il trouva des débris de grands
Mammifères : Rhinocéros, Hyêne, Renne, Cheval... Après sa mort, en mai 1906,
Raymond RULLINAT s'occupa de faire vendre â la demande de Madame BENOIST, qui
demeurait â Tours. sa Collection de roches de l‘Indre qui fut mis en dépôt au
Lycée de Châteauroux.

24
En 1905 il fit paraitre dans cette méme revue une Notice sur le Loup
enragé qui le 1} juillet 18ïB parcourut les communes de Tendu et de Mosnay et dans
laquelle le passage de cette bête furieuse fut suivi, heure par heure, à travers
la campagne où elle semait la terreur.
La Notice la plus importante est celle que consacra RGLLINAT à Joseph
BARBOTIN. Dans une lettre datée du 4 octobre 1928, il écrivait à mon Père qu'il
devait prononcer, en plein air, l'analyse de l’0euvre de Joseph BARRUTIN. Il y
aura, nous dit-il, un beau poème de Monsieur SAINSON : Mon Vieil Ami est mort en
1918 dans sa maison située prés du pont de chemin de fer, j'ai connu BARBUTIN
qui était un excellent homme, un chansonnier spirituel et amusant, ses conci-
toyens ont bien fait d‘honorer sa mémoire. Puis en 1907 il fit paraitre une
Notice sur Alfred DEBRION, Poète et excellent boulanger-patissier.
En 1910 une Notice sur Alfred BEUCLER, poète délicat qui décrivit en
vers superbes les charmes de sa petite Ville, les coutumes et les légendes. Enfin
une sixiême Notice parue en 1910 sur le poète Fernand POTEBUN, qui sous le pseudo-
nyme de Fernand RIGONAT fit paraitre en 1905 un petit recueil de vers sous le titre
"Des ballades", et adressa â Maurice RULLINAT un poéme intitulé "Doute et Spleen".
Celui-ci le félicita de son jeune talent.
L'ami d‘enfance, trés cher à Raymond RULLINAT fut le poéte Anatole
SAINSON, si plein de délicatesse. Il essaya de le reconcilier avec son cousin
Maurice ROLLINAT mais la divergence de leurs natures, de leurs aspirations et de
leurs goûts les sépara définitivement. Anatole SAINSUN raconte avec humour ces
relations éphémères dans la petite plaquette “Mon Ami Raymond". Il rapporte l'anec-
dote amusante dans laquelle Raymond ROLLINAT, invité par son cousin et Cécile,
â la Pouge et tracassé par ses recherches sur les Chiroptéres, les quitta un peu
brusquement pour aller rechercher dans les souterrains du vieux château de
Crozant quelques Pipistrelles en mal de naturalisation.
Amoureux de la Nature, Raymond RDLLINAT fut incontestablement un
Maitre Naturaliste et je ne peux que rappeler pour terminer, l'allocution
prononcée par le Professeur RDULE quand la Société d'Acclimatation de France
vint lui rendre visite, le 11 juin 1921.
"Un Maître Naturaliste, c'est le titre, lui dit—il, que du fond de
leur âme vous accorde tous ceux répandus dans le monde entier, qui ont lu vos
savantes publications et reconnaissent votre mérite.

25
Qu'est ce qu'un Maitre, en effet, dans l'ordre des choses de l’esprit ?
C'est celui dont le travail sert d'exemple et de modele en montrant aux autres
la route qu'il faut suivre."
P.R. 20, rue Saint Remy
02200 SOISSONS
(1} M. RANGDE nous prie d'avertir nos lecteurs de corriger l'erreur du D. LEGROS
(Introduction in La Vie des Reptiles de la France Centrale p. 22) qu'il a
reproduite dans son article du Bulletin n°6 p.13. Il y eut seulement une
remise de Médaille lors de la visite de la Société d'Acclimatation â
Argenton. ROLLINRT a été fait chevalier de la Légion d'Honneur plus tard,
le 2 février 1923 [N.D.L.R.}.

RAYMOND ROLLINAT, SON OEUFRE ET SON EPOQUE (1)
par Jean-Louis FISCHER
Tous scientifiques et tous naturalistes amateurs qui ont su par leurs
travaux et leurs observations, découvrir ce que l'on n'avait, avant eux, jamais
vu, ont fait oeuvre de créateur et méritent â ce titre notre attention. Raymond
ROLLINAT, naturaliste amateur, est de ceux-là. Il nous a laissé un ensemble de
travaux qui, parfois par leur originalité et le plus souvent par leur precision,
gardent encore aujourd'hui une audience dans le monde de la recherche. Nous pen-
sons en particulier aux chercheurs qui travaillent sur l'embryologie des Reptiles,
et à tous ceux qui se sont consacrés à des êtudes zoologiques sur les sauriens,
les ophidiens, voire sur les chiroptêres.
Raymond ROLLINAT naquit en 1859, année qui fut particulierement riche
en evenements. Non seulement différents personnages marquants de la fin du 19e
siècle et du debut du 20e siecle, ont vu le jour cette même année, comme Jean
JAURES [1B59-1935), A. DREYFUS (1859-1935], les philosophes Henri BERGSON (1859-
1941), et P. MEYERSON (1859-1933), le diplomate Paléologue (1859-1944), le biolo-
giste théoricien Jacques LOEB (1859-1924}, mais c'est surtout une date qui a mar-
qué la science avec la publication de l'Origine des especes de Charles DARH1N.
Jusqu'en [BBB, date â laquelle ROLLINAT publie en collaboration avec
R. MARTIN son premier memoire sur les Vertêbrês de l'Indre, la science française
était en grande partie vouée à la physiologie. La Biologie. mot crée au début du
siècle par LAMARCK (1744-1829) et TREVIRANUS (1?79-1864] (2) n'avait pas encore
droit de cité, malgré la création de la Société de Biologie (1848} sous l'influence
du positivisme, par ROBIN et SECOND. Cependant, la methode expérimentale avait
permis à C. DARESTE (1822-1899) de fonder la tératologie expérimentale dont le but
était de comprendre les mécanismes du transfonmisme et avait pennis à l'embryolo-
gie de sortir de sa phase morphologique, descriptive et comparée, pour devenir
mécanique avec CHABRY en France et ROUX (1850-1924} en Allemagne. On discutait
dans les milieux officiels de l‘origine monogénique ou polygênique de l'homme,
de l‘isotropie ou de l'anisotropie de l'oeuf.
L'Institut PASTEUR était inauguré en 1888 et la microbiologie connais-
sait une époque florissante. Les progrès de l'histologie avaient permis d'appro-
fondir la structure cellulaire. Le Darwinisme avait peu de faveur en France,
mais servait dans sa forme a Ernst HAECKEL en Allemagne, qui joua un rôle impor-
tant dans l‘établissement du matérialisme scientifique. Cependant, "l'Ecole des
faits" fondée par COPIER avait encore en France une grande audience. Les natura-
listes décrivaient toujours avec plus de minutie l'organisme animal. La fondation

Z?
des laboratoires maritimes comme Concarneau et Roscoff ouvrait de nouveaux
champs d'investigations aux morphologistes. Parallèlement à ces grands courants
de la biologie, des naturalistes s‘adonnaient â l‘étude des faunes. C'est dans
cette voie que ROLLINAT et MARTIN s'étaient engagés dans leur premier travail
qui devait se matêrialiser aprés d'autres études par la publication en 1894 diun
livre sur les Vertébrés sauvages du département de l'Indre. Cela correspondait
bien en effet â l'une des préoccupations des naturalistes de l‘époque, et pour
mémoire. nous donnerons quelques exemples : Paul BERT, Catalogue de la faune de
l'Yonne (1864) ; TASLE, Catalogue des mammifères, des oiseaux et des reptiles
observés dans le département du Morbihan (1869) ; FATIO, Faune des Vertébrês de
la Suisse (IBTZ) ; F. LATASTE, Essai d'une faune herpêtologique de la Gironde
(l8?6} ; Ed. TATDN, Liste des reptiles et amphibiens des Ardennes (1B?6) ; COLLIN
de PLANCY, Catalogue des reptiles et des batraciens du département de l'Aube
(ISIS) ; GADEAU DE KERVILLE, Faune de Normandie (188T-97) etc...
Les auteurs de ces faunes fournissaient parfois en plus de la descrip-
tion des especes et de leur habitat, des renseignements sur leurs moeurs, nourri-
ture et reproduction. R. RDLLINAT excella dans cette matière et sa vie de natu-
raliste fut consacrée â ce genre d'activité. L'étude de la faune sur le terrain
et de sa répartition, se prolongérent par l'étude détaillée des moeurs, de l'ali-
mentation et de la reproduction des animaux. L'élevage en captivité devait avoir
ici un rôle important : l'observateur se trouvant en contact permanent avec
l'observé. Ce qui permettait de donner une valeur temporelle, en plus de la pré-
cision dans le déroulement des événements qui se présentaient au naturaliste.
ROLLINAT fut, comme le qualifiait J. ROSTAND : "non pas ce que les Anglais
nomment un naturaliste des champs, mais un naturaliste de jardin" (3).
C'est ainsi que pendant ces onze années qui achevaient le 19e siécle,
le naturaliste d‘Argenton avait réussi â dévoiler quelques aspects des moeurs
de la Cistude, de l'0rvet, du Lézard des murailles et du Lézard vert. Il décri-
vait également l'accouplement automnal chez la Tortue d'étang, la Coronelle, la
Couleuvre vipérine et la Vipére aspic (1898,99) ; observations qu'il put effectuer
grâce à ses élevages. Il faudra attendre 1928 pour que René d'Abadie observe
l’accouplement automnal de la Couleuvre â collier et confirme celui de la Vipère
aspic : "Je suis heureux, écrivait ce dernier, de voir ainsi se confirmer l'hypo-
thése de M. RDLLINAT, qui, depuis longtemps, soupçonnait ces deux espèces de
s'accoupler â l‘automne [4]. En fait, RDLLTNAT avait déjà pense â la possibilité
des accouplements pendant l'automne et l'avait observé chez certains reptiles,
en déduction des examens des organes génitaux qu'il fit de ces animaux aux dif-
férents mois de l'annêe.
Décrire les Reptiles dans leur comportement alimentaire ou leur acte
de reproduction, c'est bien, surtout quand on a la plume facile et le don des

28
lettres ; mais cela peut être insuffisant. L'on y remédie, alors, par la pho-
tographie qui apporte un complément précieux â la description. C‘est ce que
fit RULLINAT dès lB9? et il reçut, pour son initiation, les félicitations de
Trouessart [1342-1927] : “Je vous félicite, lui écrivait Trouessart, de vous
adonner à la photographie. Cela pourra vous rendre des Services considérables...
on n'a pas encore tiré de la photographie tout ce qu'elle peut donner, surtout
en fait de sciences naturelles" (lettre du 3 janvier 1897) (5}. Trouessart
proposait également â RULLINAT de photographier des chauves—souris “Si notre
mémoire sur les Rhinolophes pouvait être accompagné de véritables portraits
de bêtes, faits sur le vivant, cela donnerait beaucoup d‘attrait a notre
travail.“ Un notera que cette même année, Trouessart publiait une note intitulée
"Application de la photographie microscopique à l'étude des Sarcoptides plumico-
les par H. FAVETTE“, qui était également un collaborateur du futur professeur du
Muséum et qu'il ne connaissait, alors, comme RULLINAT, “que par correspondance" (6).
A la naissance du 20e siécle, un scientifique de`grande valeur, Yves
DELAGE (1854-1920) avait dans un manifeste (1894-1902} intitulé "sur la direction
des recherches biologiques en France", essayé de réveiller le monde scientifique
qui vivait "du souvenir des gloires passées", en promulguant la Biologie générale
qui correspondait â “la recherche des conditions et des causes des grandes mani-
festations de la vie dans la cellule et dans l'espéce" (7}. Avec DELAGE, une
période nouvelle des sciences de la vie, voyait le jour ; ce fut, selon l‘expres—
sion d'Eugéne BATAILLUN (1864-1953), "l'âge d'or de la Biologie" (B). En ce début
de siecle, un autre événement est a noter : c’est la redécouverte des lois de
MENDEL qui ouvrait une nouvelle voie de recherche dans le domaine de l'hérédité.
En France, on se consolidait dans l'idée lamarckienne du transformisme, néolamar—
ckisme, dans lequel on prenait souvent un peu de Lamarck et un peu de Darwin. Un
abandonnait doucement la zoologie descriptive pour, comme le notait LAPICQUE,
chercher" ... â comprendre le pourquoi et le comment des structures et des fonc-
tionnements“(9}. Aprés la physiologie et la biologie, la méthode expérimentale
allait servir pour l’étude du difficile probléme du comportement animal, avec la
création en France en 1899, de l‘lnstitut de psychologie zoologie. HACHET-SUUPLET,
Georges BOHN furent quelques uns des représentants de cette science destinée à
comprendre la "genése des instincts"(10), parmi les nombreux autres théoriciens,
où leurs théories souvent â tendances philosophiques nous rappellent cette phrase
de CUNDILLAC “... les opinions philosophiques suivent le sort des choses de mode :
la nouveauté leur donne la vogue, le temps les plonge dans l'oubli" (11}.
ROLLINAT, s’il emploie rarement le terme de psychologie ("la psychologie
des oiseaux est difficile â analyser"—écrivait-il) s’adonna à l'étude du compor-
tement animal plutot dans le sens darninien que dans l'esprit de la nouvelle
école. Le dressage de ses lézards, que l'nn pouvait alors qualifier de zoopédie,
n'êta'it pas pratique pour déceler les rouages de l"instinct des sauriens, mais

29
simplement pour mettre les animaux en confiance ; ce qui favorisait ses observations :
"le dressage des lézards, écrit-il, pourra amuser les enfants, mais moi Naturaliste,
outre le plaisir d'avoir des bêtes familières, j'ai retiré de ce dressage quelque
profit pour l'observation de leurs moeurs".
Toujours est-il que si RULLINAT croyait â l'intelligence de certains
de ses Reptiles (il parle de l'intelligence de la Coronelle}, il ne disserta pas
sur l'instinct ou sur ses rapports avec l'intelligence. Le comportement animal
“etonne“ RULLINAT et "l'intêresse". Mais il ne nous en dira pas plus. Ses préoc-
cupations de naturaliste ont d'autres problemes â résoudre, et sa méthode reste
dans les limites de l'observation et de la description. Pour lui, la valeur du
fait est plus importante que la valeur du mot, la valeur de l'observation directe
est plus importante que l'extrapolation de synthese.
Puisque nous en sommes â ces considérations, nous devons dire que,
dans l'oeuvre de RULLINAT, nous avons relevé quelques reflexions qui permettent
d'affirmer qu'il n'était pas hostile à l‘hypothëse théorique, mais qu'il était
particulièrement prudent et austère dans ses développements.
BUULENGER, dans une lettre, du 21 mars 1903, demande à RULLINAT de
s’occuper de l'étude de l'hybride du triton de Blasius et lui propose de le
mettre en relation avec le gênéticien BATESUN : "Si cette question vous intéresse,
précise BUULENGER, je pourrais vous fournir de plus amples renseignements et je
serais heureux de vous voir entrer en rapport avec M. BATESUN de Cambridge, qui
s'occupe en ce moment de la question des hybrides [12}“. BOULENGER lui signale
alors l'importance des lois de Mendel dont “... il a été beaucoup question dans
ces derniers temps... Je ne sais, poursuit-il, si vous avez songé a la portée
de cette découverte en ce qui concerne le probléme de triton Blasii. 0n recherche
de tous côtés â accumuler des documents pour vérifier la découverte de Hendel
... En tout cas, ce serait un problême bien intéressant que vous seul, sans
doute, étes à même de résoudre, car les essais faits ici et ailleurs sur l'hy-
bridation des tritnns n‘ont guère réussi (13]“. A cette lettre de BUULENGER,
dans laquelle on remarque combien le spécialiste des Reptiles et Amphibiens con-
sidere l'herpêtologiste d'Argenton, RULLINAT répond le 27 mars 1903 : il explique
les quelques observations qu'il a faites sur le triton de Blasius, affirme que
c'est bien un hybride mais : ”quand â continuer mes observations sur le Blasii,
je ne le puis en ce moment. Les Mammifères et les Reptiles occupent tous mes
instants ; j'ai, sur ces animaux, des travaux â terminer, et cela me demandera
encore quelques années. Sauf Salamandre maculosa, je n‘ai guère étudié depuis 1894
les Anoures et les Urodeles du département de l'Indre (IA)".
A la proposition alléchante de BOULENGER, ROLLINAT ne nous dit pas,
que le problême ne l'intêresse pas, il nous apprend seulement qu'il n'a pas le
temps. Cependant, il était sensibilisé au probléme de l'héridité. Un le remarque
dans sa note sur “deux hélices vigneronnes senestres" qu'il fit reproduire en

30
1895. Ces observations ayant été rédigées plus tard (1932), RGLLINAT concluait
en ces termes : “Ignorant à cette époque les lois de Mendel, au printemps 1896,
je mis ces jeunes Hélices vigneronnes en liberté..." il aurait alors élevé les
jeunes jusqu'à l'état adulte“... afin de constater si, dans leur descendance,
elles n'auraient pas engendré quelques coquilles senestres, rappellant une
monstruosite d'ascendants, ainsi que l'a indiqué Mendel en ce qui concerne
certaines anomalies chez d'autres êtres".
Autre probléme : celui du transformisme. Apparemment, RULLINAT ne
s'est expliqué sur ce probléme qu'à propos de la taupe (1894-1906) et de l'ovo-
viviparité chez les Reptiles (1904}. Il écrivait dans le livre sur les
vertébrés sauvages du département de l'ïndre, que la taupe commune est “une
espece qui se transforme et dont les sens s’appropient de plus en plus au genre
de vie de l'animal...". En effet, on rencontre chez la taupe commune (Ialpa
europea) des individus qui ont les yeux ouverts et des individus qui ont les yeux
recouverts d'une peau ; RULLINAT notait à partir des individus qu‘il avait obser-
vés depuis 1894, un accroissement des sujets à yeux recouverts. Il est évoqué dans
la note qu'il publie avec Trouessart en 1906, l'influence du milieu sur la dispa-
rition des taupes â yeux ouverts. Une cwnparaisoo est faite avec la taupe méridionale
ou taupe aveugle [Talpa caeca), qui ont toutes les yeux fermés ; la lumière du
soleil méditerranéen, ayant accéléré le processus de transformation regressive
chez cette espece. Ici le terme de sélection naturelle n'est pas prononcé, ce qui
peut nous faire douter un instant d'une acceptation totale au Darwinisme ; mais
il est difficile de juger la pensée d'un auteur sur deux pages. Cependant, nous
ne pouvons pas nous empêcher de citer ces phrases que Charles DARWIN écrivait
dans L'origine des espèces : "Les taupes et quelques autres rongeurs fouisseurs
ont les yeux rudimentaires, quelquefois même complétement recouverts d'une pelli-
cule et de poils. Cet état des yeux est probablement dû à une diminution graduelle
provenant du non-usage, augmenté sans doute par la sélection naturelle (15}".
De méme, RULLINAT notera la tendance de certaines especes de Reptiles
vers l'ovoviviparité : Lezard des souches, couleuvre vipêrine et couleuvre à
collier. Il base ses dires sur la presence d‘un début d'embryogénése dans les
oeufs pondus par ces espéces, et une réduction de la dent caduque chez les embryons
des especes dites ovovivipares lui permet de faire un classement dans la progression
de ce mode de parturition. La conclusion de cette etude dénote un esprit qui accepte
le transformisme.“ Si l'on admet, êcrit—il, que le besoin peut créer on organe et
sa fonction le développer, on doit aussi admettre que le méme organe, devenu plus
tard inutile par suite d'une modification dans la façon de vivre ou de se reproduire
d'une espéce, doit s'atrophier et disparaitre (16]“.
ROLLINAT n'était donc pas étranger aux problémes de la variation des
espèces, il avait surement lu tes preuves du transfomnisme de Haeckel [l882][l?},

31
peut—être DARWIN et les Legons sur le Darwinisme de Mathias Duval (1886) avec qui,
il correspondait, On peut affirmer en tous cas que RDLLINAT donnait son adhésion
à un transformisme restreint, mais on ne saurait dire s'il fut évolutionniste.
Pendant que l'on polémiquait sur les théories de l'évolution, pendant
que la théorie chromosomique de l'hérédité faisait difficilement son entrée en
France, ROLLINAT suivait un courant de pensée étranger aux grands débats des
amphithéâtres. C'était celui de la notion d‘animaux utiles et nuisibles. Dn
cherchait alors à établir un rapport entre l'homme et l'animal suivant que ce
dernier pouvait le servir ou lui nuire. Il y avait avant tout une raison écono-
mique (agriculture} mais aussi des raisons plus triviales comme la chasse.
Si TOUSSENEL (lBD3—18B5}, aprés bien d'autres, avait dans sa Eoologie
passionnelle (1858),déjà donné le ton en indiquant les espèces à rallier à l'homme,
et les bêtes à détruire comme la taupe, et le hérisson de nombreux naturalistes
ont dissertê par la suite sur ce sujet. Auguste DUHERIL (1812-l8?0), en 1863
avait établi une liste des Reptiles et Batraciens utiles à l'homme. de méme
BREHH (1829-1884) ; dans ces listes le crapaud commun était à l'honneur comme
auxiliaire des jardiniers. De méme, le naturaliste Belge MANGIN, en 18lD, où
l'utile devenait l'allié et le nuisible l'ennemi, Nos ennemis et nosj §jés
tel est en effet le titre de son ouvrage. Ce livre est une leçon d'histoire
naturelle qui va de l’infusoire à l‘oiseau en passant par les Reptiles et les
Mammifères. MANGIN s'il fut éloquent pour nos alliés, ne put cependant être
agressif pour nos ennemis. J.H. FRVRE (1823-1915) publia trois livres sur cette
question : Les ravageurs (1870), Les auxiliaires [1873} et tes_serviteurs (lB?5).
RDLLINAT connaissait le livre de Maurice GIRARD, Catalogue des animaux utiles et
nuisibles (1878}. Un peu plus tôt, Carl VOST (1817-1895) avait publié ses Leggns
sur les animaux utiles et nuisibles (1857] qui étaient destinées au grand public.
Elles enseignaient, de préférence, la protection â la destruction, le seul
"tyran absolu de la création" était Pour C. VDGT "l'homme“, Pour GADEHU de KERVILLE
il était temps, en 1888, de bien s‘entendre sur la définition d'utile et de
nuisible. Pour lui, la taupe est plus ou moins nuisible comme elle est plus ou
moins utile, et il instaure une troisième série d'animaux, les animaux indifférents.
ll ne trouve pas justifié la protection des rapaces nocturnes qui consomment plus
d'insectivores que de rongeurs (observation de LATASTE], et reste partisan, comme
la plupart des naturalistes de son époque, de çâêâégcpaggces diurnes. TROUESSART
n'échapoe pas au mouvement, et publie un livre : Ees_gjseaux utiles (sd), où
l'utilité et la nuissance de l'oiseau sont basées sur les contenus stomacaux. ll
est pour la protection de la Buse, de l'Effraie, mais pour la destruction des
Aigles, Auteurs et Gypaetes etc... |ln certain Marcel BTUAULT de l'lSl.E publiâit
Un petit chef d'oeuvre dans le genre lleîümmifêresi_l;i_ÉgiîeÉl_u_x__—n-¤iisi_h_leîHé
Ã`ag·`.c·.Et.»e et S ud «.··asse en I'I"âIlLLE (1:-111;;, ou lâ oescription des espèces nui-

32
Sibles est agrémentée de l'art de les détruire, car il y a de l'art dans la des—
truction. Le ton en est tout de suite donné : "Mammifêres trés nuisibles et qu'il
convient d'exterminer sans merci" (chat sauvage, renard, fouine, martre, belette
etc...) et pour les oiseaux les vautours, aigles, éperviers sont condamnés sans
appel. Phrases bien surprenantes, mais il faut dire qu'en 1910, l'écologie n'avait
pas encore la résonnance qu'elle a aujourd'hui dans les sphères scientifiques, ni
ailleurs du reste, quoique le mot existât. Il avait été crée par HAECKEL en 1877
(Anthropogénie, Paris, Reinwald, LET}, p T6).
RULLINAT, dans ses études sur la destruction des rapaces diurnes...
nous indique comment chasser ces oiseaux à l'aide de leurres, de glu ou du
Grand Duc. Pour RULLINAT, la crécerelle doit être protégée, mais l‘épervier qui
est "l'un des pires bandits de l'air, se nourrissant exclusivement de petits
oiseaux" doit être exécuté par les chasseurs sans aucune hésitation, même
“â bout portant" precise-t-il. Il est pour la protection des buses et de la
Bondrée, "tuer une Eondrée serait un crime", mais il est favorable à l'abattage
de l'archibuse pattue quoique "fort rare dans l'Indre" car il trouva dans le seul
exemplaire qu'il disséqua, des débris d’oiseaux. De méme “malgré ma sympathie,
écrit-il, pour les Corneilles captives, j‘abats sans scrupules les sujets libres..."
Il est pour l'extermination des geais, pies et corbeaux comme de l'aigle pygargue
etc... Hais â côte du RDLLINAT, manieur du fusil de chasse, il y a le naturaliste
qui réapparaît ”De plus, note-t-il, est-ce que nos Rapaces ne sont pas de magni-
fiques üiseaux et, ne serait ce qu‘a ce titre, ne mêritent—ils pas de jouir de
quelque protection, de quelque tolérance plutôt, de la part de l'homme, souvent
trop enclin à n'envisager favorablement que ce qu'il croit étre son intêret per—
sonnel T". S'il tente de faire amende honorable, il n'en reste pas moins que le
lecteur se trouvait devant un dillemme : fallait-il tuer l’épervier sans hésiter
ou fallait-il le protéger et le tolérer ?
Les naturalistes n‘avaient pas encore atteint toute la sagesse de la
protection de la vie dans la nature. Sagesse que nous trouvons cependant chez
l'historien Michelet qui savait aussi être naturaliste et qui écrivait en 185l
dans son livre l'Insecte "Qu'une seule espéce de fourmis fit defaut, cela serait
grave, et ferait une dangereuse lacune dans l'êconomie générale [IB}".
Si ROLLINAT s'est fait surtout connaitre par ses etudes sur les
Reptiles (on notera qu'avec ses techniques d'élevage il offrait un nouveau
matériel à exploiter, en particulier en embryologie et en histologie] il
s‘intéressa, comme cela a été signalé, aux chiroptéres, mammifères, oiseaux,
mais également aux insectes. Il existe un R. HGLLINAT entomologiste, quoiqu'il
se considère "trés peu entomologiste". En effet, il ne s‘êtait pas spécialisé dans
la systématique des insectes mais il avait réalisé des êlevagésu. Cela lui
convenait, et point n'était nécessaire d'être un entomologiste chevronné pour ce
genre de travail.

33
Avec ses “quelques observations sur la Hante religieuse principalement
sur sa nourriture pendant le premier âge" (1926) il répondait à la question que
J.H. FABRE s'était posée après avoir échoué dans l'élevage des jeunes larves de
Mantes religieuses : "De quoi donc se nourrit-elle ? Je ne serais pas surpris
qu‘il y eût des faits intéressants à glaner dans cette question des vivres du
jeune âge (19)". RULLINAï ayant en 1919 fait provision de cet insecte, notre
éleveur de Reptiles va s'attaquer à l'élevage délicat de l’orthoptëre prédateur.
Si FABRE enfermait ses mantes sous des cloches de treillis, ROLLINAT fera son
élevage dans des cadres â collection percés de petits trous pour l'aération.
Ces cadres vitrés permettaient une observation parfaite. C‘est ainsi, de part
sa technique, qu'il put se rendre compte que les jeunes mantes se nourrissent
et "acceptent parfaitement“ les pucerons du rosier et quelques autres larves
(syrphides et cécidomyies) contrairement à ce qu'affirmait FABRE et un autre
entomologiste, l'abbê GUIGNUN (1921-1925). Plus tard, il éleva une ponte de
criquets pélerins, il avait reçu des oeufs d'Afrique du Nord qu'il mena jusqu‘â
l'éclosion et la métamorphose. Il ne garda que quelques beaux exemplaires pour
sa collection, tuant le reste,“... jugeant inutile d'essayer d'acclimater en
France centrale, ce que probablement je n'aurais pu faire, l'insecte qui cons-
titua jadis l'une des dix plaies d’Egypte". Le démon de l'acclimatation a été
ici vaincu par l‘ange de la raison.
Voilà quelques aspects de l'oeuvre de ROLLINAT, située dans son
époque. Sa méthode peut encore servir d'exemple pour le naturaliste amateur.
RULLINAT n'a eu de FEPOS que lorsqu’il a pu, avec ses moyens, tirer de l'animal
le secret qu'il voulait connaître. Que se soit avec le Reptile, la Chauve-Souris,
le Poisson ou l’lnsecte, la vérité qui nait de ses observations est une verité
de précision. Quand il désire savoir de quoi se nourrit le poisson—chat, il
fait une étude qualitative et quantitative. Il distribue "n" asticots, le len-
demain il les compte, il juge de la valeur de cette nourriture pour les amiures ;
il essaie autre chose... et, pensant avoir épuisé ses ressources, il conclut.
Bien entendu, c'est une vérité de naturaliste que nous apprenons, c'est une véri-
té scientifique, qui pourra demain être contredite, sinmlement modifiée ou mieux
vérifiée. Mais, quoiqu'il advienne, le travail n'aura pas été inutile s'il a été
fait avec honnêteté. Il y a une éthique du naturaliste, même s'il est prudent
pour manier l'hypothêse, qui reste malgré tout une condition de progrès, même
s'il ne flirte pas avec la théorie, il donne une valeur au fait brut, â l'obser-
vation vraie.
Jean RGSTANU préférait le fait brut aux grandes théories, à la
synthese ; en revanche, le topologiste théoricien René THUM remarque que
“la biologie est un cimetière de faits“. Ce sont la deux courants de pensée,
que nous n'avons pas à discuter ici, mais qui contribuent l'un comme l'autre
â la connaissance et au savoir.

34
R. RDLLINAT fut un naturaliste amateur, un pur naturaliste, comme le
qualifiait J. ROSTAND. Naturaliste amateur voila deux qualificatifs qui peuvent
un instant retenir notre attention. Maurice HAINDRON écrivait en 1906 que
“... pour devenir un bon naturaliste, il faut vivre avec les animaux, les aimer,
s'amuser à les observer, s'y intéresser en dehors de toute préoccupation lucra-
tive (ZO)", et il ajoute "On peut faire un professeur d'histoire naturelle mais
un naturaliste se fait tout seul (21)“.
Quant au terme d‘amateur, il qualifie ceux “qui ne sont pas diplômés"
[MAINDRON)[22}, ou ceux "... qui font des recherches pour leur plaisir et sans
rétribution" (BDURDIER F.}(23}. Pour A. GIARD qui avait de bonnes visions des
choses, les amateurs sont "... les francs-tireurs de la science qui ont fourni
plus d'une fois d'importantes découvertes, qui toujours ont enrichi la moisson
de faits particuliers servant de base aux plus hautes spéculations (24}“.
Toujours est-il que le naturaliste amateur auquel sont adressées ces éloges, s'il
n'a pas besoin de diplôme pour exceller en la matière, doit presque toujours faire
un travail rémunéré car, les seules "...jouissances que procure la découverte de
la vérité [25}" selon l'expression de J.B. DUMAS, ne suffisent pas pour subsister.
Un point commun relie les vrais naturalistes : c'est l'intérét qu‘ils
ont porté aux choses de la nature des leur enfance. ROLLINAT écrit qu'il était
"··· passionné dès son enfance par l'observation zoologique“, J.H. FABRE "J‘étais
né animalier" (25] ou encore "... des le bas âge, dès le premier éveil intellectuel,
j'ai la propension aux choses de la nature... j'ai la bosse de l'observation (27),
Léon DUFOUR qui parle "... de son amour pour la recherche" aprés avoir recu dans
son enfance la révélation de l'insecte (28) ; Jean ROSTAND qui se souvient de sa
campagne basque quand il nous confié "Si j'eusse vécu à Paris entre deux murailles
de pierre, cette vocation, peut-être n'eût point persiste. Mais nous habitions
sur une colline au milieu des bois pyrénéens. Si bien que je n'avais qu'â regarder
autour de moi pour que se renouvelle incessamment les motifs de ma ferveur (29)".
Bien sûr, chez l‘enfant il y a des prêdispositions à être naturaliste, A. GIARO
écrivait en 1923 “On peut affirmer que plus de la moitié des enfants de nos lycées
et même de nos écoles primaires pourraient devenir d'excellents naturalistes (30)“,
mais il y a un probléme d'éducation, un moule prêexistant pour T'esprit neuf. Au
reste, de belles découvertes furent faites par des enfants ou des adolescents.
Nous pensons bien entendu à la découverte de la parthênogénése par Charles
BONNET (1720—1?93) âge de dix-neuf ans, mais aussi à la découverte d'un petit
Cyprinidae dans la région de Canton par un jeune Chinois, âgé d'une douzaine
d'années, Tan. que les ichtyologistes honorërent en nommant ce poisson :
Tanichthys albonubes ; et encore â la découverte de l'ovoviviparité du Lézard
vivipare par JACOUIN à l'âge de onze ans (31].
Les naturalistes ont parfois d'autres points en commun. FABRE et
ROLLIHAT ont déjà été donnés en exemple par LEGROS et ROSTAND. En effet, tous

35
deux étaient des amoureux de la nature, ils vivaient pour elle et pour la vérité
qu‘ils pouvaient en extraire. Tous deux étaient des sédentaires, attachés â leur
terrain, â leur laboratoire. Cependant, si leur vie est en partie convergente
dans le fond, elle ne le fut pas dans la forme. Autant RULLINAT n‘eut guère de
soucis financiers, autant FABRE dût combattre pour gagner sa vie. Il la gagna
d'abord comme instituteur et comme professeur, par la suite il vécut modeste-
ment du revenu de ses droits d'auteur (en plus des dix volumes des Souvenirs ento-
mologiques, il avait, de 1362 â 1901, êcrit exactement 40 livres d‘éducation sur
divers sujets, chimie, mathématiques, sciences naturelles etc...). De plus,
FABRE allait au-delà du simple fait et n'hésitait pas à prendre position comme
théoricien, même si ses vues n'étaient pas celles-la qui étaient en vigueur. Il
laissa des pages admirables qu'on ne peut se lasser de lire. RULLINAT avait le
style plus sévëre, ses écrits comme ses observations sont parfois austéres, mais
il savait aussi être un conteur agréable.
Enfin, la grande leçon à tirer, soit de l'oeuvre de ROLLINAT ou des
naturalistes qui se sont nommés, ou que l'on a reconnu comme tels, est une leçon
d'honnêtetê et de modestie. Il est bon de penser auj0urd'hui qu'il a existé et
qu'il existe des hommes qui ont su donner un sens â leur vie, ne briguant aucune
fortune si ce n'est celle qu'apporte la connaissance de la nature, ne sollicitant
aucun poste de prestige si ce n'est celui d‘étre naturaliste.
J.L.F. Institut d'Embryologie
49 ter, avenue de la Belle Gabrielle
94130 NUGENT SUR MARNE

36
NDTES
1. Certains documents qui ont servi a rediger ce texte proviennent des archives
familiales (A.F.} du petit fils de R. ROLLINAT, P. RANGDE. Nous le remercions
bien vivement de nous les avoir communiqués.
2. Cf de LAMARCK Recherches sur l'organisation des corps organisés.-- (1802},
et lreviranus Biologie, T1, (1802). Cf egalement H. KLEIN, Sur l'origine du
vocable “Bioîogie“, Arch. Anat. Embryol., 1954, êl, 105-114.
3. Jean ROSTAND, La nouvelle Biologie, Paris, Fasquelle, 1937, Raymond RDLLINAT,
p. 201-209, citation p. 203.
4. nana d'Abadie, Accouplement automnal chez la couleuvre â collier et la vipère
aspic, Rev. Hist. Nat. Appliquée, 1928, 9, 336-337.
5. A.F.
6. A.F.
7. Yves DELAGE, L'hêréditê et les grands problèmes de la biologie générale,
Paris, Schleicher, Zed. 1903.
3. Eugène BATAILLON, Hommage â Jean RDSTAND, in Instroire sur l‘homme, de
J. RDSTANO, Nice, La Diane Française, 1953, p. 383.
9. LAPICQUE, L'orientation actuelle des sciences, Paris, F. Alcan, 1930, p. 103.
10. Cf. HACHET-SDUPLET, La genèse des instincts, Paris, Flammarion, 1912, 327 p.
I1. CDNDILLAC, Traité des animaux..., Amsterdam, 1755, p.5.
12. A.F.
13. Ibid.
14. A.F.
15. Charles DARWIN, L'origine des espèces, traduit par Ed. BARBIER, Paris, Schleicher,
1896, p. 149.
16. R. ROLLINAT, Dbservations sur la tendance vers 1'ovoviviparitê ..., Hem. Soc.
Zool. Fr., 1904, ll, citation p. 32-33.
17. Il existe dans les A.F. deux listes datées du 3 novembre 1889 et du 11 mars
1901, sur lesquelles sont inscrits les ouvrages commandés par RDLLINAT.
18. HICHELET, L'Insecte, Paris, Hachette, 1867 (6ed), p.11.
19. J.H. FABRE, Souvenirs entomologigues, Paris, DELAGRAVE, 1946, T.V., p. 361.
20. M. HAINDRON, L'arbre de Science, Paris, LEHERRE, 1906, p.14.
21. Ibid. p. I4.
22. Ibid. p. 32.

37
23. F. BOURDIER, Ouelques aspects de la science au XIXè et XXè siecle,
Histoire et Nature, 1974-75, fasc. 3-4, p.76.
24. A, GIARD, Morphologie in De la méthode dans les sciences. Paris, F. ALCAN,
1928, p. 205.
25. J.8. DUMAS, Eloges académiques, Paris, Gauthier-Villars, 1885, T 1, p. 202.
26. J.H. FABRE, Souvenirs entomologiques, Paris, DELAGRAVE, 1951, T VI, p. 68.
27. Ibid.
28. L. DUFOUR, Souvenirs d'un savant français â travais un siècle 1780-1865,
Paris, Rothschild, 1888, p.l9.
29. J. ROSTAND. Le droit d‘être naturaliste, Paris, Stock, 1963, p. 29.
30. Ibid. a note 24, p. 198.
31. J.F. JACOUIN Nova acta Helvetica .... Basilae, 1787, vol. 1, p. 33 ; cité
par COLLIN DE PLANCY in L'accouplement et la ponte chez les lézards de
France, 1877, t.a, p. 350.
BILBIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE
BREHM A.E., Les Reptiles et les Batraciens, ed. Fr. par E. SAUVAGE, Paris, J.B.
BAILLIERE, 1885.
OARUS V., Histoire de la zoologie, Paris, J.8. BAILLIERE, 1880, 623 p.
CUNY H., J.H. FABRE et les problèmes de l'instinct, Paris, SEGHERS, 1957, 188 p.
DUMERIL A., Les Reptiles utiles. Services rendus par les Reptiles et par les
Batraciens. Produits qu’ils produisent à l'industrie. Paris, P.A.
BOURDIER, s.d., 28 p.
LEGROS G.V., La vie de J.H. FABRE naturaliste. Paris, OELAGRAVE, 1925, 444 p.
ROSTAND J., BOUTARIC A., SERGESCU P., Tableau du XXè siècle, 1900-1933, Les Sciences,
Paris, DENOEL et STELLE, 1933, 499 p.
La Science Française, Paris, LAROUSSE, 1915, T1, 397 p.

Ln LISTUDE O'EHROPE (EMNE OO0l£0t§îlÃ_t l
D’APRES DES DOCUMENTS PHOTOGRAPHIOUES DE RAYMOND ROLLINAT
par Claude PIEAU
En plus de nombreuses publications se rapportant aux Reptiles, ROLLINAT
nous alaissé des manuscrits et une trés belle collection de photographies sur verre
qui ont été déposés au laboratoire Reptiles et Amphibiens du Muséum national d'
Histoire Naturelle à Paris.
La série de clichés se rapportant 3 la Cistude d’Europe est sans doute
la plus compléte, car le naturaliste a élevé cette tortue pendant de nombreuses
années et a pu ainsi l'observer et la photographier à toutes les étapes de sa vie.
Des diapositives ont été réalisées à partir de quelgues—uns de ces
clichés et ont été projetées au cours des journées ROLLINAT a Rrgenton—sur-Ereuse ;
elles ont été choisies de façon â illustrer les conditions d‘élevage [adultes et
jeunes) et la reproduction (différences entre les sexes, préliminaires d'accouple-
ment, copulation, ponte, éclosion} de la Cistude d'Europe.
issëëëëïëêësêëêiëlllsïêë
Les tortues élevées par ROLLINAT provenaient essentiellement de la
Brenne ; quelques-unes avaient été capturées "dans les petits étangs des environs
d'Rrgenton et dans les rivieres comme la Creuse et la Bouzanne, où des sujets,
ayant reconquis leur liberté et vivant dans l‘eau, avaient eu la mauvaise Fortune
de se laisser prendre à nouveau".
1. Pendant la belle saison, de mars à septembre, les Cistudes vivaient
dans deux bassins construits dans le jardin du naturaliste.
Le grand bassin, placé prés d'un rocher pour lézards, avait une forme
â peu prés ovale et pour dimensions : grand diametre 3,60 m, petit diamètre 2.90 m,
profondeur 0,80 m. Il présentait des plateformes recouvertes de 2 à 3 cm d'eau,
sur lesquelles pouvait être déposée la nourriture.
Le petit bassin, situé à environ 20 m du premier, était rectangulaire
et mesurait 1,55 m de longueur, 0,75 m de largeur et 0,35 m de profondeur. Dans
la journée, pendant plusieurs heures, les Cistudes se chauffaient au soleil sur
le bord des bassins. Elles mangeaient dans l‘eau. Leur nourriture était constituée
essentiellement par des escargots (Hélices chagrinees de la variété grise) qui
étaient partiellement sortis de la coquille et avaient été noyés par inmœrsion
dans l’eau pendant une nuit et une matinée ; en outre, les Cistunes acceptaient

Clichés originaux de ROLLINAT illustrant la reproduction choz la Cistuda
d'Eur0pa
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Photo 1. Vue du petit bassin aux Cistudas.

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" .·.. ‘r•} IF T 1 .J¢".` . ." · ; « ·· «'. ` . ·.. se *· ·.; . -- Z
Photo 2. Préliminaires düaccouplernent hors de |'eau. Noter le position du
mâle qui empêche la femelle de sortir sa tête.
- (1 .· I  \
- " ' · `I wI' I" xy il ` · un-
6 L _ _ . E, ` ._ L I ~ .s—~ «· *_a·,‘ .·  q 
, •.,·‘ · ·'   j _ ,1 ,,¢Y‘,,..;_`*J' _ vr,   ·. -
·r o , · ) ·,· _ . ·‘.     A I  _.. ,
‘ · ` · . ` •·•' ··. " ` .-:.-.6 ·. f ·   "-Ã'
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Photo 3. Début de la ponte. Crousement d’u ne large cuvette avec les pattes
postérieures qui simultanément effectuent le même mouvement.

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Photo 4.Creusement du trou de ponte. L'anima| utilise alternativement
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chacu e des attes ost eu es et rend a un sur les trous autres
pattes. Noter les deux tas de boue en arrière du trou.

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Photo 5. Expulsion d’un oeuf. La tête est rentrée dans la carapace, ici, la
patte postérieure droit dirige |'oeuf et le place convenablement au
fond du trou. En arrière du trou, la forme en croissant des deux
tas de boue est bien distincte.

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Photo 6. La ponte est achevée. Avec les pattes postérieures, la terre est
ramenée dans le trou et tassée.

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Photo 7.
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"°"€ P¤l.lr montre |
r es œufs.

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Photo B. Eclosion. Nouveau-nés sortis ou sortant des oeufs.
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i' I,   `I J .1 `I"'r·é   ` ¢·'-au _-I —--·Ii . Il `_ '
Ir" · '-1*}* 'i!II'È ' _ ` - _. :'F= I · _  
J.; En" _‘Ã II       5; .  _   `A. .
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Photo 9.Vue du cirand bassin aux Cistudes et du rocher aux Lézards.

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 _;-J. _ ·   31:3F:Ã _'  ·;:£`É£? ‘ I L-.   ç ;·?:'(,·-I I.- ·' ·_: -_4??=.;.-J. : A ü   ul: I
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`*= ` `-‘ r ·"È‘1‘=‘»?î.   Ã     * · ‘?T*?’     -       
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Photo 10. Vue du jardin avec des cloches de verre recouvrant des pontes
de Cistudes.
N.D.L.R. La qualité de ces reproductions photographiques est tributaire
des clichés pris par FIOLLINAT sur plaques de verre.

39
des mets divers : poumon de veau, petits morceaux de viande de hans? leqraissee,
hlattes, chauves—souris ecorchêes, tronçons de serpents provenant de dissections,
etc... RULLINAT aimait donner lui-même la nourriture à ses tortues et veillait
ainsi a ce que chacune ait eu sa part.
En novembre, les bassins etaient vides, nettoyés et recouverts "de
planches, de foin et de paille, afin d'eviter l'effritement des parois sous
l'influence de la gelée". Ils étaient remis en état (lavës et remplis d'eau)
des le retour des beaux jours, en fevrier, mars ou avril.
2. En automne et en hiver, generalement de la mi—septembre â mars,
les Cistudes allaient se réfugier dans un tas de fumier que ROLLINAT faisait
placer chaque annee, en juin, juillet ou au début d'août, le long du mur le
mieux expose de son jardin. Ce tas mesurait ?,50 m de longueur, 0,85 m de largeur
et 1 m de hauteur ; ses cütës latëraux etaient en pente pour permettre aux
animaux de se hisser dessus.
Les tortues passaient donc la totalité de la mauvaise saison
enfoncees dans le fumier, conditions qui semblent três satisfaisantes puisque
ROLLINRT note que sur une durée de 6 mois (du ler octobre au 31 mars} des tortues
pesant entre ¢B5 et 94U g n'ont perdu que 5 â l5 g.
Le retour des animaux a la vie active dépend uniquement de la tempê-
rature. ll s'effectue le plus souvent en mars. Les mâles sont les premiers â re-
gagner les bassins et avant de manger, cherchent â s'accoupler.
ilssëëtëëëllêliêë
Parmi les observations originales de ROLLINAT, celles qui se rapportent
â la reproduction de la Cistude d'Europe, depuis les préliminaires d‘accouplement
jusqu'â l‘êclosion, sont sans doute les plus remarquables.
l. Differences entre les sexes
Les deux principaux caracteres externes permettant de distinguer le
mâle de la femelle sont les suivants :
a. Chez le mâle, le plastron est legerement concave au lieu d'etre plan
comme chez la femelle.
b. L‘ouverture du cloaque est plus ëloignêe du bord postérieur du plastron
et la queue est plus grosse que chez la femelle. De plus, la tête est un peu plus
grosse, le bouclier est plus aplati et le bord postérieur du plastron est ordinai-
rement un peu moins êchancrê que chez la femelle,

40
2. Préliminaires d'accouplement, copulation
Le plus fréquemment, l'accouplement a lieu en avril et en mai, mais il
peut se produire pendant la plus grande partie de la période active et en 1899,
RULLîNhT a décrit l'accouplement automnal chez la Cistude.
Le mâle grimpe sur le dos de la femelle et s'accroche aux bords libres
de sa carapace à l'aide des ongles de ses pattes. ll se penche en avant, empêchant
la femelle de sortir sa tête, la lui mordant ou mordant le cou. Ceci se passe
généralement dans l‘eau et peut durer plusieurs heures [empêchées de respirer,
des femelles peuvent ainsi se noyer}. La femelle cherche à se dégager et quelque-
fois entraine le mâle hors de l'eau. La copulation a lieu au fond de l'eau, lorsque
la femelle, épuisée, ne cherche plus â s’enfuir. Le 11 mai 1921, â T h 30 du matin,
RULLINAT prit plusieurs clichés d'un couple en cours de copulation, enlevé de
l'eau. Uuelques-unes de ces photographies ont été projetées â Argenton.
3. Ponte
En Brenne, les tortues pondent le plus souvent en juin (quelquefois
dés la fin mai et si le printemps est frais, au début de juillet} ; chaque
femelle pond de 4 â 15 oeufs (en moyenne : 7-B) dans un trou qu'elle creuse dans
les champs bordant les étangs, à une distance variable de ceux-ci (50 à 500 m). Il
n'y a généralement qu'une seule ponte annuelle, mais si le printemps et le début
de l'été sont particulierement chauds, il peut y avoir une premiére ponte en juin,
une deuxième en juillet.
Les Eistudes élevées par RDLLINAT pondaient dans son jardin, conditions
idéales pour l'observation. A Argenton, nous avons vu une série de photographies
montrant les différentes étapes de la ponte : formation d'une large cuvette,per-
mettant a la femelle d'avoir le corps incliné, creusement du trou avec les pattes
postérieures, formation de deux tas de boue en bordure du trou [terre arrosée
avec l'eau des sacs cloacaux), expulsion des oeufs, rebouchage du trou de ponte.
Mentionnons que pour plusieurs des photographies projetées, RGLLINAT utilisa un
éclairage au magnésium, car la ponte s'effectue en soirée.
Aprés la ponte, il plaçait sur un piquet une étiquette à 20 cm en avant
de l’endroit oü les oeufs avaient été déposés et souvent recouvrait le trou de
ponte d'une cloche de verre ; ou bien il déterrait les oeufs et les plaçait dans
une de ses couveuses (voir sur ce point et sur le développement embryonnaire
l'article de Pi. RAYNMJ0 et C. PIENI}.
.‘liElfiêE
l.'éclosion a lieu généralement fin sepliembre-début octobre, et, le plus
souvent, les jeunes restent dans le trou de ponte jusqu'au printemps suivant.

41
Cependant, si le temps est doux, ils peuvent sortir de terre dans la deuxième
quinzaine de septembre, en octobre ou en novembre. Ils pèsent de 4 à 6 g et
le bouclier de leur carapace mesure de 23 â 26 mm de longueur.
LiLssëëëïëëësëëêsâëëëëêssêëêiêêêëêëssëëëëëïilë
Pendant la premiére année qui suivait l'éclosion, RULLINAT utilisait
pour l'élevage des jeunes, des terrariums portatifs (aquariums aménagés) pendant
la belle saison, ses couveuses transformées en caisses d'hivernage pendant la
mauvaise saison. Ensuite, il mettait les animaux dans des terrariums fixes,
installés en plein air et recouverts d’un grillage métallique.
Il donnait "aux jeunes une nourriture variée : chair de boeuf ou de
veau, hachée ou râpêe, larves de batraciens, morceaux de poissons ou de lombrics,
escargots écrasés, blattes, criquets ou autres insectes...“.
Chaque année, en septembre et octobre, il pesait et mesurait les
animaux, notait les caractéristiques externes [couleur, forme, accroissement
des écailles, etc...) et l'état de l'appareil génital.
ll nous laisse ainsi des renseignements précieux sur le développement
et la croissance de ces animaux (les Cistudes grandissent probablement jusqu'a
40 ans} et il indique que les mâles sont en état de s'accoupler vers 12 ou 13
ans, alors que les femelles sont en état de faire leur premiére ponte entre 15
et 20 ans. Celles-ci semblent garder la faculté de se reproduire jusqu'à la fin
de leur existence dont la duree peut atteindre un siecle environ.
- BEEEBQIEUEHIE
Dans le laboratoire Reptiles et Amphibiens du Muséum National
d'Histoire Naturelle, MM E.R. BRYG00, Directeur et J. LESCURE ont mis â ma
disposition la totalité des documents (manuscrits et photographies} se rappor-
tant aux Reptiles de la collection ROLLINAT ; je les en remercie vivement.
Les diapositives ont été réalisées â partir des positifs sur verre
de RDLLINAT dans le laboratoire d'Anatomie comparée (Directeur : J. ANTONY} du
même Muséum ; je remercie M. J.P. GASC pour l'aide qu‘il m'a apportée et
M. A. GRGDGN, photographe, doit être félicité pour la qualité de son travail.
C.P. Laboratoire de biochimie du développement
I.R.B.M., Université Paris T, tour 43
2, Place Jussieu - ?5221 PARIS Cédex 05

LES ASPECTS EMBRYDLDGIQUES DE L‘0EUVRE DE
RAYMOND RDLLINAT CHEZ LES REPTILES
par Albert RRYNAUD et Claude PIEAU
L'oeuvre de Raymond ROLLINAT fondée sur l'observation des Vertébrés de
la France centrale brille par de multiples facettes, chacune reflétant un aspect
de ses études : systématique, anatomie, comportement, reproduction, etc... Parmi
les préoccupations de cet auteur, l'une d‘elles, l'embryologie méritait d'étre
soulignée car dans ce domaine, ROLLINRT fit oeuvre de pionnier, en ce qui concerne
les Reptiles.
Déjà, en 1934, le Docteur G.V. LEGRDS notait, dans son "lntroduction"
au remarquable ouvrage de Raymond RDLLINRT "La ïie des Reptiles de la France
centrale" : L'embryologie a, en effet, été un de ses sujets favoris. Il suit,
mois par mois, l'état et les variations des organes génitaux de l'un et de l‘autre
sexe, le développement et la maturation des ovules, les progres du foetus. Il
ébauche le chapitre, d'un si grand intérêt, de l‘évolution vers l'ovoviviparitê
chez les Reptiles, maraae surtout par la régression de la dent caduque qui a pour
rôle, chez l'embry0n, de sectionner la membrane épaisse de l'oeuf pour l'ëclosion
du jeune et qui cesse d'avoir sa raison d’être quand l‘oeuf, comme chez la Vipére
et le Lézard vivipare, vient â éclore dés sa sortie ou dans le sein de sa mere".
En tant qu'embryologistes, notre attention s'est portée sur les apports
personnels de Raymond RDLLINRT dans les domaines suivants :
Ii_I§§UBRTIDN DES OEUFS
RDLLINAT observa trés tôt, l'influence importante des conditions clima-
tiques sur le développement des oeufs des Reptiles. C‘est ainsi, que chez la
Cistude d'Europe, par_exemple, il note : "Plus le mois de juin et les mois d‘éte
sont secs, mieux l'embryon se développe. Inversement le froid et l'humidité sont
funestesaux embryons : i'éte de 1927 fut tellement mauvais par sa fraicheur et son
humidité qu'aucune ponte ne donna de résultat, tous les embryons périrent du début
à la moitié ou aux deux tiers du developpement, aussi bien chez les pontes qui
avaient été laissées en place que chez celles qui avaient été mises dans mes cou-
veuses. Dans la campagne, il en fut probablement de méme. L'étê de 1911 sec et
chaud fut, au contraire, trés favorable aux pontes ; presque tous les oeufs
arrivèrent à êclosion...“. Ce furent ces observations qui le conduisirent a
modifier les conditions d'incubation des oeufs : emploi de cloches de verre
placées directement au—dessus des trous de ponte, utilisation de “couveuses"
disposées dans son jardin (caisses de bois, sans fond, remplies de terre, compor-
tant À l'intérieur un compartiment limité par des ardoises, renfermant les oeufs,

43
le tout recouvert d'une cloche de verre). D‘une maniere plus précise, ROLLINAT
note que pendant les étés chauds et secs, le développement embryonnaire, chez
la Cistude d'Europe, s‘effectue en deux mois ; si l’été est frais et humide, ce
développement se ralentit, il peut alors s'étendre sur quatre mois et demi et
même plus, et dans ce cas, les êclosions se produisent fin octobre ou dans les
premiers jours de novembre. Ru cours des étés froids, le développement de l'embryon
peut même étre arrêté : dans ce cas, au début d‘octobre, l'êtat de développement
de l'embryon est sensiblement le même que celui réalisé à la fin du mois d'août
[1}. RDLLINAT généralisa ces observations en les étendant à d'autres espèces de
Reptiles, en particulier â des lézards et à des ophidiens : c‘est ainsi qu'il a
trouvé des oeufs de lézards verts dont les embryons n'avaient atteint, au mois
d'octobre, que la moitié de leur développement, alors que normalement, l'ëclosion
a lieu au mois d'août ; il s'agissait probablement de pontes`effectuées dans des
emplacements peu ensoleillés et froids ; de méme, il observa des oeufs de Lacerta
muralis, qui, le 17 octobre, renfermaient des embryons à demi-développés seulement.
Le degré d'humidité du substrat et de l'air constitue aussi un facteur
important dans l'incubation des oeufs : la sécheresse est nuisible (et des arrosa~
ges assez fréquents sont nécessaires dans ce cas) mais une humidité trop forte
est nocive pour l‘embryon ; ainsi RDLLINAT note que si les oeufs du lézard des
murailles ne sont pas enfouis assez profondément, ils peuvent manquer d'humidité ;
alors, ils grossissent tres peu et les jeunes qui en proviennent sont trés petits
au moment de l’éclosion (ils n'atteignent, parfois,-que la moitié de la taille
normale pour ce stade}.
Ces observations de RULLINRT sur les conditions d'incubation des oeufs
de Reptiles ont facilité la tâche de ses successeurs ; quant â ses constatations
sur les effets du froid sur le développement des oeufs, elles constituent pour
toutes les especes de Reptiles qu'il a eu la possibilité d'étudier, des données
de base dont la prolongation se situe dans les recherches expérimentales entre-
prises depuis 196O environ, sur les effets du refroidissement des oeufs de
Reptiles (effets généraux sur le développement des embryons, leur croissance.
leur différenciation sexuelle etc...).
II. DEVELOPPEMENT DES EMBRYONS ; CROISSANCE ; DESCRIPTION DES STADES
EMBRYONNRIRES
ROLLINAT a décrit soigneusement les oeufs de diverses espèces de
Reptiles de la France centrale ; il donne des mensurations, des poids, des ·
renseignements sur le vitellus et ses modifications au cours du développement,
il observe l'évolution de l'aire embryonnaire, l'apparition des contours du
corps, l'apparition des battements du coeur, celle des bourgeons des membres.

44
Les dimensions de l'embryon sont indiquées a différents stades du développement,
jusqu'à l'éclosion. Un peut toutefois regretter l'absence de dessins permettant
de mieux définir les principaux stades du développement en fonction de la morpho-
logie externe des embryons, tels que les dessins donnés par K. PETER, en IQU4,
pour illustrer ses belles “tables du développement" de Lacerta agilis et les
dessins de F. KEIBEL (1906) illustrant le développement de la morphologie exter-
ne du corps de divers genres de Reptiles. Un peut également s‘étonner que ROLLINAT,
qui était un excellent observateur, n’ait pas noté certaines particularités du
développement des embryons, par exemple les membres rudimentaires des embryons
d'Urvet, alors qu'il mentionne dans un de ses cahiers, que la dissection permet
de déceler chez les adultes de cette espèce, des vestiges de membres postérieurs
(ce qui est surprenant, car s'il existe parfois un minuscule nodule osseux repré-
sentant la partie proximale du fémur, cette structure est inconstante et nous
n'avons pu la déceler qu'â l'examen microscopique (A. RAYNAUD, 19ïl ; R. RRYNRUD,
J.P. GASC, S. RENUUS et Cl. PIERU, 1975}}.
RDLLINAT a également donné une description de diverses particularités
et malformations embryonnaires (oeufs â deux embryons, fusion d'embryons, sujets
â deux têtes, microphtalmie, anophtalmie, nanisme, queue enroulée en spirale chez
les embryons de Cistude) et ceci posait le probléme des mécanismes responsables
de la genèse de ces malformations.
Toutes ces données embryologiques apportées par ROLLINAT sont encore
fort utiles a tous les chercheurs qui étudient le développement embryonnaire des
Reptiles.
lll;_LiQyIPARITE ET L'0VOVIVIPRRlTE
Deux séries d'observations ont conduit RULLINRT à se pencher sur le
probléme de la tendance â l'ovoviviparité qui se manifeste chez un certain nombre
de Reptiles :
a. D'une part, des observations relatives â la "dent caduque" qui
placée â l'extrémité du museau permet â l'embryon de fendre la coque de l'oeuf
au moment de l'éclosion ; comme l'indique son nom, cette dent tombe d'elle-même
au cours des premiers jours aprés la naissance. Ur, le degré de développement
de cette dent diffère d'une espèce de Reptile à l'autre : chez les Reptiles possé-
dant des oeufs â coque dure, la dent a la forme d'un cone aigu â l'extrémité du
museau et permettant de défoncer la coquille (cas des embryons de Cistude d'EuropE.
par exemple) ; chez les Reptiles possédant des oeufs à coquille souple, parchemi-
nëe, ce cône est remplacé par une dent plate, tranchante, placée horizontalement
â l'extrêmi té de la mâchoire supérieure ; elle permet d'effectuer des Coupures
dans la coquille [cas de Lacertaljljdis, L;_pmralis, par exemple] ; chez Lacerta
stirpium, la dent caduque est senhlable à celle des Lézards précédents mais un

45
peu moins développée ; chez Lacerta vivipara, forme vivipare dont les enveloppes
de l'oeuf sont minces et molles, la dent caduque est plus courte et plus arrondie
que chez L. viridis ou L. muralîs et elle tombe précocement des le jour ou des le
lendemain de la naissance ; chez Rnguis fragilis, franchement vivipare, la dent
caduque est encore plus rudimentaire et elle tombe rapidement apres l‘éclosi0n.
Chez les ûphidiens, des differences analogues existent dans le degré de develop-
pement de la dent caduque : la dent est moins bien développée chez la Coronelle
lisse qui est ovovivipare, que chez les formes ovipares ; et chez la Vipere aspic,
franchement vivipare, la dent caduque est située sous la muqueuse buccale. Ainsi
RULLINAT est-il conduit à admettre que la presence d'une dent caduque réqressee,
chez des formes vivipares pour lesquelles elle semble inutile est l'indice d'un
passé ovipare ; d'autre part, une certaine régression de la dent caduque tradui-
rait une certaine tendance vers l'ovoviviparité ; chez les formes actuellement
ovovivipares, la dent caduque serait d'autant plus atrophiee que l‘acquisition de
la viviparité serait plus ancienne ; on pourrait, d'apres ce critere, classer dans
l'ordre suivant, d'ancienneté de l'ovoviviparité, les Reptiles étudiés par RDLLINRT :
ïipera aspis, Anguis fragilis, Coronelle autriaca, Lacerta vivipara. Le lézard
vivipare serait ainsi le plus récent vivipare de nos Reptiles.
b. D'autre part, des observations relatives au degré de développement
des embryons au moment de la ponte des oeufs, chez différents Reptiles : ainsi,
dans les oeufs venant d'être pondus, du Lézard des souches, ROLLINAT constate la
présence d'un embryon de 7 â 10 mm de longueur ; chez les Uphidiens, les oeufs
de Tropidonotus natrix (2} et de T. viperina (2) contiennent au moment de la ponte
des embryons déjà assez grands (24 mm de longueur totale, chez Tr. viperina} ;
sur ces bases ROLLINAT considère que ces Reptiles classés comme ovipares présentent
une tendance vers l’ovoviviparité ; il envisage qu'au cours des siècles, cette
tendance puisse s‘accentuer et évoluer pour atteindre l'état d'ovoviviparite ;
rappelons que chez la Coronelle lisse Eorgnella austriaca Laur., le foetus est
â peu prés développe completement dans l‘oeuf, au moment de la ponte.
L'ensemble de ces constatations conduit ROLLINAT â poser le probléme
de l'origine de Vovoviviparitê Chez les Reptiles ; et il envisage, en se fondant
sur les affirmations de Lantz relatives â une inconstance de l’ovoviviparitê chez
le Lézard vivipare, que l'habitat des Reptiles puisse influencer le mode de
reproduction : un habitat trop sec ou trop humide entraînerait un retard de la
ponte favorisant la poursuite du développement de l'embryon dans l’oeuf, à l'in-
tërieur des oviductes de la mere. Si le caractère adaptatif de la viviparite peut
étre envisagé pour certaines especes, il ne faut pas oublier que chez la plupart
des ovipares, l'en1br_von commence son développement dans l'oeui’, avant la |Jonte ;
d'autre part, le passage de l'oviparitê â l'ovoviviparitë nécessiterait des modi-
fications importantes du fonctionnement des glandes endocrines, de la structure

46
des voies génitales et en particulier, des enveloppes de l'oeuf pour permettre
une oxygénation conuenable du sang de l’embryon ; les constatations faites par
l'un de nous sur les oeufs de Lacerta viridis montrent que les conditions envi-
ronnementales défavorables (en particulier, un refroidissement du temps ou une
trop grande humidité en mai ou juin) retardent la ponte des oeufs ; mais si ce
retard dépasse 35 ou 48 heures. on constate des aronmlies (résultant sans doute
d'une oxygénationinsuffisante de l'embryon} chez les enbryons provenant de ces
pontes tardives : l‘aire vasculaire est pâle. le sinus marginal présente des
portions élargies dans lesquelles le sang stagne, ou des segments dans lesquels
la circulation est interrompue et les embryons survivants présentent des mal-
formations plus ou moins graves (A. RAYNAUD, observations non publiées). L‘épais—
seur de la coquille de l'oeuf ne permet pas un développement prolongé dans les
oviductes maternels, 0uoiqu'il en soit, les observations initiales de ROLLINAT ont
montré l'intérêt de la Classe des Reptiles pourl'étude d'une placentation.
A.R. Laboratoire de Zoologie 81330 FABRE
et
C.P. Département de biochimie du développement
I.R.B.M. Université Paris VII, Tours 43
2, place jussieu ?522l PARIS Cédex 05
(1} C'est à la suite de telles observations que RDLLINAT a d'abord estimé que
“La jeune Cistude ne sort de terre qu'au deuxième printemps qui suit la ponte,
c'est à dire aprés 22 ou même 23 mois".
Cette erreur figure dans l'ouvrage de René MARTIN et Raymond ROLLINAT : "Vertébrés
sauvages du département de l'Indre” (Paris, Société d'Editions Scientifiques, 1884) ;
le chapitre de cet ouvrage concernant la Cistude d'Europe a été publié dans le
Bulletin de la Société Centrale d'Aquiculture", 1894, 6, 2éme série, p. 221-229,
sous le titre : "La tortue des étangs de la Brenne (Indre} Cistudo europaea
(Schneider}". En 1899, RULLINAT corrige cette erreur dans l'articIe : "Sur l'accou~
plement automnal de la Cistude d'Europe", Bull. Soc. Zool. France, 24, p. 103-106.
Il écrit : “... j'obtenais des pontes que j'avais ie grand torf`He déplacer pour
les faire éclore artificiellement ; les ouvriers qui travaillaient dans le jardin
dérangeaient parfois des oeufs dont j'ignorais la provenance. par suite d'un défaut
de surveillance des femelles à l’époque de la ponte. Ces causes, et bien d‘autres
encore, me firent commettre une erreur grossière dans un travail paru en mai 1894,
dans lequel j'ai dit qu’il se passait environ vingt-deux â vingt—trois mois entre
l'époque de la ponte et celle de la sortie de terre des jeunes”.
(2} Certains noms scientifiques de Reptiles qui ont été employés par ROLLINAT sont
remplacés aujourd‘hui par des synonymes plus anciens au niveau du genre ou de
l'espéce : Tropidonotus natrix = Natrix natrix (L.}, T. viperina = Ratrix maura (L.},
Cistudo europea = Emys orbicularis IC.}, [acerta stirplum Daub. = tacerta_agills (L·}

L'DEUVRE SC1ENl1F1DUE DE RRYMDND RULLINAT : LES SERPENTS
par Hubert SA1NT—G1RDNS
Les travaux de Raymond RDLLINRT sur les Serpents représentent une partie
importante de son oeuvre scientifique et, avec ses recherches sur les Cistudes, ce
sont sans doute ceux qui ont apporté le plus de donnees nouvelles, encore d'actuali-
té. Son livre classique sur les Reptiles de la France centrale, paru aprés sa mort
en 1934, donne, certes, une idée de la somme des observations originales faites au
cours de sa vie de naturaliste. Mais, comme il est normal dans un ouvrage de semi-
vulgarisation, les données précises, chiffrées, manquent souvent, ou sont très
résumées. Heureusement ses cahiers, conservés au laboratoire d'Herpétologie du
Muséum national d'Histoire naturelle, permettent de retrouver tous les documents
originaux. DUGUY, en 1961, a rassemblé toutes ses observations concernant la
Coronelle lisse, espece apparemment en voie de raréfaction et, plus tard, DUGUY
et moi-même avons largement utilisé ces cahiers lors d‘une etude sur le cycle
d'activité et la reproduction de la Couleuvre vipérine (1). Je tiendrai donc compte,
dans cet expose rapide, de l'ensemble des données, publiées ou non, dont nous
sommes redevables à ce grand naturaliste.
Comme il est naturel, une des premières tâches de Raymond RDLLINAT a
été d'établir la liste des Reptiles de sa région, ainsi que leur répartition. Son
ouvrage sur les “Vertébrés sauvages du département de l'1ndre" (1894), écrit en
collaboration avec son ami René MARTIN, est à juste titre considéré comme un chef-
d'oeuvre de faune régionale. Cependant, en dépit de ses qualités, ce travail ne
diffère pas fondamentalement de ceux qui parurent, à la méme époque ou plus tard,
sur d'autres régions. En ce qui concerne les Reptiles, ce sont surtout ses
observations sur la biologie de ces animaux qui ont valu à Raymond ROLLINRT la
place privilégiée qu'il occupe en herpétologie.
En effet, non content de noter fidèlement, comme tout bon naturaliste,
les divers aspects de “l'histoire naturelle" des Reptiles de sa région, il a su
apercevoir nettement, et traiter comme tels, les problémes biologiques sur lesquels
on travaille encore aujourd'hui - et qui, pour la plupart, n’ont été "redêcouverts"
que bien après ses premières observations. Il a ainsi étudié, chez la plupart des
especes de la France centrale, le cycle annuel d'activité, le cycle sexuel et la
fécondité, la croissance post-embryonnaire et l'âge de la maturité sexuelle, le
régime, les cycles alimentaires et de nombreux aspects du comportement. Ceci sans
parler de ses travaux embryologiques qui font l'objet d'un autre exposé.
Ses données résultent, d‘une part de l'observation d'animaux vivants,
soit dans la nature, soit dans ses cages et terrariums admirablement aménagés, ou
la plupart de ses Serpents se reproduisaient régulièrement, d'autre part de l'autop-

48
sie de nombreux individus, ceux qu'on lui apportait fraichement tués et ceux, plus
rares, qu'il sacrifiait lui—méme à regret. Les données les plus complètes concer-
nent évidemment les espèces communes aux environs d'Argenton : Couleuvre â collier,
Couleuvre vipérine, Coronelle lisse, Vipére aspic et, â un moindre degré déjà,
Couleuvre d'Esculape. Pour la Couleuvre verte et jaune et pour la Vipêre hérus,
rares et trés localisées dans l'Indre, il s'est contenté d'élever les quelques
sujets qu'il est parvenu â se procurer.
Ses observations sur la reproduction sont sans doute les plus nombreuses.
Chez les mâles, par l‘examen macroscopique des testicules et par la recherche au
microscope des spermatozoïdes, il reconnait les grandes lignes du cycle spermatogé-
nétique, alors complètement inconnu chez les Serpents et différencie la spermatogénèse
estivale des Couleuvres, de la spermatogénése presque continue de la Vipêre aspic
et de la spermatogénêse "mixte" fspermatocytogénése â la fin de l'été et au début
de l'automne, spermiogénèse au début du printemps) des Lézards. Il reconnait égale-
ment que les spermatozoïdes des Couleuvres sont stockés durant l'hivernage dans les
canaux déférents, avant d'étre utilisés lors de l'accouplement vernal_ Chez les
femelles, ses nombreuses autopsies lui permettent de reconstituer l'évolution saison
niére de l'ovaire : il existe durant toute l'annêe de petits follicules de 1 à 2 mm
de long et des follicules de 5 à B mm qui pourvoieront à la prochaine ponte. Ces
derniers commencent â croître à la fin de l'hiver, atteignent leur taille maximale
en mai, puis tombent dans les oviductes à la fin de ce mois ou au début de juin.
L'observation de ses animaux captifs lui permet de préciser la date de la ponte et,
surtout, de constater l'existence d'un accouplement automnal chez §atrix maura,
Coronella austriaca et Vipera aspis - constatations ultérieurement confirmées et
complétées par son ami Rene d'ABADIE (1928) qui découvre le même phénomène chez la
Couleuvre â collier. Plus intéressantes encore sont ses recherches systématiques
de la présence des spermatozoïdes dans l'oviducte. C‘est indiscutablement à lui
que l'on doit, chez les Reptiles, la notion du stockage de longue durée des sper-
matozoïdes dans les voies génitales femelles et la preuve — qu’il obtint en 1929
chez la Coronelle lisse - que ces spermatozoïdes résultants de l'accouplement au-
tomnal n'avaient rien perdu de leur pouvoir fécondant huit mois plus tard.
L'ensemble de ces observations soulevé de nombreux problémes, en premier
lieu celui de la synchronisation des cycles mâles et femelles. Chez ces animaux
hétérothermes et thermophiles que sont les Reptiles, la durée de la saison chaude
n‘est pas assez longue dans les régions tempérées pour que la spermatogénése, la
fécondation et le développement embryonnaire puissent se dérouler successivement.
Raymond ROLLINAT nous démontre que les solutions sont variées. Chez les Couleuvres,
la spermatogénêse est estivale et les spermatozoïdes sont stockés dans les canaux
deférents des mâles durant l'hivernage et aussi dans les voies génitales femelles
des espèces qui s'accouplent â l'automne - c'est â dire trés “exactement ce qui se

49
passe chez la majorité des Chauves-Souris paléartiques. Chez Vipera aspis, à ces
deux méthodes s‘ajoute une poussée spermiogénétique vernale, tandis que chez les
Lézards (et aussi chez Vipera berus, comme l'a constaté VULSUE en 1944), spermato-
cytogénése et spermiogénése sont séparées par une période de latence hivernale
qui frappe soit les spermatocytes, soit les jeunes spennatides, mais non les sper-
matozoïdes. Un autre probleme est celui de la dissociation diastémo-spermatique,
particulierement spectaculaire chez les Couleuvres dépourvues d'accouplement automnal,
et de la disjonction qui existe, lors de l‘accouplement automnal cette fois, entre
l’oestrus des femelles et la vitellogénése - c‘est â dire, enfin de compte, le
probléme de la dualité des hormones gonadotropes adénohypophysaires dont on discute
encore.
Tout en s'attachant particuliérement aux cycles reproductifs, Raymond
ROLLINAT n'a pas négligé les autres aspects cycliques de l'activité des Serpents.
Notant les dates des premieres sorties, au printemps, il constate qu'en dépit des
variations d'une année â l'autre, il existe des différences interspécifiques et
sexuelles significatives : la Couleuvre â collier et la Vipére aspic sortent les
premiéres, suivies par la Coronelle lisse et la Couleuvre vipérine et enfin,
nettement plus tard, par la Couleuvre d'Esculape, les mâles d'une espece donnée
sortant toujours plus tôt que les femelles. Il a également remarqué l'existence
de cycles alimentaires, les uns â long terme qui différent selon l'espéce et le
sexe, les autres â plus court terme qui sont souvent en liaison avec les mues.
Il étudie aussi ces derniéres, bien que de façon moins systématique . Les mues
des Couleuvres sont, il est vrai, plus fréquentesque celles des Viperes et leur
rythme est difficile à établir.
Grâce aux nombreuses femelles qui se reproduisaient dans ses terrariums,
Raymond RULLINHT a rassemblé une importante documentation sur la fécondité des
différentes espèces. Pour la seule Coronelle lisse, il donne les résultats de
50 pontes, c'est a dire - â ma connaissance tout au moins — plus qu'on n'en peut
trouver à l'heure actuelle dans toutes les autres références bibliographiques.
C'est malheureusement un des sujets pour lesquels les données de son livre sont
particulierement incomplètes.
Elevant beaucoup de ces jeunes nés chez lui, ROLLINAT s'est intéressé
à la croissance si particuliere des Serpents, croissance â la fois continue et
partiellement indéterminée. Il a pu suivre l'augmentation de taille progressive
des nouveaux—nés de plusieurs espèces et ses cahiers permettent souvent de retra-
cer des courbes de croissance d'un grand intérêt. Enfin, grâce à de nombreuses
autopsies, il a déterminé l'âge de la maturité sexuelle étonnamment tardive chez
les Serpents des zones tempérées : 3 ans â 3 ans et demi chez les mâles, 4 ans
et demi chez les femelles de Natrix natrix, Natrix maura et Coronella austriaca,
5 ans et demi chez les femelles de Vipera aspis.

50
Tant par l'observation en captivité que par la dissection des sujets
fraîchement tues qu‘on lui apportait, Raymond RDLLINAT a établi avec précision
le régime des différentes espéces de Serpents et, contrairement â beaucoup de
naturalistes, il différencie nettement les proies occasionnelles des proies ha—
bituelles. Ces dernières sont représentées par les Poissons pour Natrix maura,
les Amphibiens pour Natrix natrix, les Lézards Pour Coronella austriaca, les
Mammifères pour les autres espèces, tandis que les proies occasionnelles incluent
les Amphibiens chez la Eouleuvre vipérine, pratiquement n'importe quel Vertébré
chez la Couleuvre à collier, les trés petits Mammifères chez la Coronelle lisse,
les Lézards et les Oiseaux pour les autres Serpents terrestres. ll reconnait en
outre que le régime des jeunes est qualitativement différent de celui des adultes :
c'est ainsi que les mangeurs habituels de Mammifères se nourrissent presqu'exclu-
sivement de Lézards durant les premiers mois de leur vie, phénomène qui contribue
largement â expliquer leur répartition·locale.
Ces diverses observations représentent sans doute la partie la plus
intéressante de l'oeuvre de Raymond RULLINAT sur les Serpents, mais il a aussi
rapporté bien d‘autres aspects de l‘écologie de ces animaux. Sans employer le
terme, il avait déjà une idée claire de la notion de “niche écologique" et il a
fort précisément décrit l'habitat des différentes espèces, en le liant aux possi-
bilités alimentaires et au régime, ainsi qu'aux ennemis aux différentes étapes
de la croissance : Amphibiens anoures et Soricidae pour les jeunes, Hérissons,
petits Carnivores et Rapaces pour les adultes.
Le comportement de ses captifs a également retenu son attention. Il
aimait les apprivoiser, s'est longuement étendu sur leur mémoire et leurs capa-
cités de reconnaissance et de discrimination. Et si ses textes en la matiére ne
présentent pas un grand intérêt scientifique, il n'en est pas de méme de ses
observations sur l'accouplement et les rivalités entre mâles, la ponte et l‘éclo-
sion. Ses descriptions sur ces sujets restent parmi les meilleurs qui soient et,
â l'époque, elles étaient sans doute les premières. En ce qui concerne l'accou-
plement, notamment, c'est lui qui a mis en évidence les différentes méthodes de
contention des femelles par les mâles, ainsi que le fonctionnement alterné des
hémipénis.
H.S.G. laboratoire d'Evolution
des Etres Urganisés
Bd Raspail ?5006 PARIS
[1) Cf. références bibliographiques dans le Bulletin n°6, p. 24-25 [N.D.L.R.).

R. RDLLINAT ET LE5 AMPHIBIENS DE L'INDRE : CHRONDLDGIE DE LA
REPRODUCTION DES URODELES
par Michel THIREAU
D'aprês MARTIN et RDLLINAT (1894}, la faune batrachologique de l'Indre
comprend 9 Anoures et 6 Urodèles (1) :
Alytes obstetricans (Laurenti, 1768} ou Alytes accoucheur (2}.
Bombina variegata (Linné, 1758} ou Sonneur â pied épais.
Bufo bufo (Linné. 1758} ou Crapaud commun.
Bufo calamita (Laurenti, 1768) ou Erapaud calamite.
Hyla arborea [Linné, 1758} ou Rainette verte.
Pelodytes punctatus (Daudin, 1803) ou Pêlodyte ponctué.
Rana dalmatina [Bonaparte, 1840} ou Grenouille agile.
Hana esculenta (Linnê, 1758) ou Grenouille verte.
Rana temporaria (Linnê, 1758} ou Grenouille rousse.
Salamandra salamandra terrestris (Lacepêde, 1788) ou Salamandre tachetée.
Triton de Blasius (de l'Isle du Drêneut, 1852).
Triturus cristatus [Laurenti, 1768) ou Triton crêté.
Triturus heîveticus (Razoumowsky, 1789} ou Triton palmé.
Tri ÈLI|"'US marmoratuâ (LatreillE, IBDO} ou Triton marbré.
Triturus vulgaris (Linnê, 1758} ou Triton ponctué.
Raymond ROLLINAT n‘a publié que quelques travaux sur les Amphibiens,
la liste en a été établie par LESCURE (1978}. Son oeuvre herpëtologique s'est
étendue sur prés d'un demi-siècle (1892-1934) et ce n'est qu'au tout début,
sur 4 ans (1892-1895], que se placent ses publications sur les Amphibiens. Ses
observations précises - tant dans la nature qu'en élevage - constituent une
excellente référence, en particulier sur la reproduction des Urodêles. L'analyse
de l'ouvrage de MARTIN et RDLLINAT (1894} par PARATRE (1894), présente un tableau
mentionnant (en particulier} l'êp0Que du frai des Amphibiens sans mettre en valeur
la richesse des observations de RDLLINAT sur la chronologie de la reproduction
des Urodêîes.
SALAMANDRA SALAHANDRA TERRESTRIS (3} (Pl. I, A)
La Salamandre tachetée est abondante dans l'Indre et plus particulière-
ment au sud du département. Elle se reproduit a partir de quatre ans, sa taille
n'est pas alors maximale. RDLLINAT n'a pas observé le rapprochement des partenai-
reS. fréquemment nocturne ; en revanche, il constate que la mise bas a lieu entre

52
le mois d'octohre et le mois d'avril de l'année suivante. Le nombre des larves
portées par une femelle varie entre 40 et 50 individus émis en une ou plusieurs
fois - dans les fontaines ou les ruisseaux - le plus souvent la nuit mais Parfois
de jour.
A la naissance, les larves sont contenues dans un sac mince, souple,
transparent qui se déchire rapidement et libère des individus de 30 à 33 mm dont
le développement s'étale sur 3 â 6 mois en fonction de la nourriture disponible.
Dans les endroits visités, la métamorphose des larves pondues en octobre débute
fin février de l'année suivante, la métamorphose des larves pondues fin mars
début avril a lieu (au plus tot} en juillet de la même année. A la métamorphose,
les larves ont 55 à 65 mm de longueur ; à un an, la taille des jeunes est de
95 â 115 mm, 120 â 140 mm â l'âge de deux ans.
TRITURUS CRISTATUS (Pl. I, B}
Le Triton crête est tres commun dans l'lndre. Le mâle est plus précoce
que la femelle ; dans cette espèce, la maturité sexuelle est atteinte vers l'âge
de 3 ou 4 ans. Au mois de janvier, les adultes sont encore enfouis dans le sol
et ce n‘est que vers la fin de ce mois qu‘ils gagnent une mare. En février, des
mâles sontîqivrée nuptiale mais les adultes qui avaient gagné l'eau retournent à
terre s'il survient une période froide. Puis les Tritons crêtes regagnent l'eau
et c'est de mars à mai que se déroule la reproduction.
RULLINAT décrit rapidement la parade nuptiale ; il observe la femelle
qui colle ses oeufs un à un sur les feuilles des plantes aquatiques. En mai, au
plus tard en juin, les parents retournent à terre. En été, les individus â l'eau
sont rares, ce sont des jeunes qui viennent se rafraichir. Vers la fin octobre
et en novembre, les individus â l'eau sont nombreux et la livrée nuptiale des
mâles se dessine. Fin novembre, les Tritons crêtes quittent l'eau et hibernent
â terre pendant décembre et janvier.
En élevage :
. les oeufs donnent naissance â une larve d'environ 10 mm aprés une incubation
de 3 semaines ;
. la croissance des larves exige de 3 mois â 3 mois I/2, au moment de la méta-
morphose les larves ont 80 mm ;
. les jeunes métamorphoses quittent l'eau et se cachent sous terre dans les
lieux humides, 1 an aprés ils mesurent IO cm.
TRITURUS MARHURATUS (Pl. I, C}
Le Triton marbré est trés commun aux environs de Le Blanc et Argenton
sur-Creuse. Depuis le milieu d'octohre jusqu’en novembre, les adultes gagnent
l'eau et commencent à prendre leur livrée nuptiale. L'apparition de grands froids,

53
fin novembre, chasse les Tritons marbres â terre _jusqu'en janvier. Des le debut
février les adultes retournent dans les mares qu'ils abandonnent si le temps se
refroidit. Ce n’est que vers la fin fevrier ou le debut mars que les adultes se
rendent à l'eau et prennent une parure nuptiale marquée. De mars â mai, c'est la
periode des amours ; en juin il y a encore quelques couples retardataires à l'eau
mais en juillet-août et septembre, les Tritons marbres sont â terre [ou acciden-
tellement â l'eau pour s‘y rafraîchir).
ROLLINAT fait une observation minutieuse de la ponte (cf., R. MARTIN
et R. ROLLINAT, 1894 : 382-383). apres 16 jours d'incubation, les oeufs libèrent
des larves de 10 mm qui restent dans les mares d'avril â août. Deux mois apres
la ponte, les larves mesurent environ 6 cm et se mêtamorphosent. Les jeunes
Tritons crêtes d'un an mesurent T? â 95 mm, puis 110 â 120 mm â l'âge de deux ans.
TRITON DE BLASIUS
RDLLINAT indique simplement que cet hybride "... a les mêmes moeurs
que le crête ou le marbre et on le trouve dans les mares aux mêmes époques qu'eux"
(MARTIN et RULLINAT, 1894 : 386).
TRITURUS HELVETICUS (Pl. I, D]
Le Triton palme est très commun dans l'Indre. Les individus gagnent
l'eau vers la mi-octobre oü ils s‘y trouvent nombreux en novembre ; leur livree
nuptiale apparaît. En decembre, janvier et fevrier la plupart des individus
restent â l‘eau. La periode des amours s'etend du debut mars à la fin mai
(parfois même jusqu'à.la mi-juin). Fin juin les Tritons palmes viennent à terre ;
on les trouve accidentellement à l'eau en juiiiet-août—septembre et jusqu'â la
mi—octobre.
Les oeufs êclosent de 15 â 17 jours apres la ponte qui-dure d'avril
à la mi-juin. Les larves nouveau—nees (8 mm] ont un developpement larvaire qui
dure de 2 mois à 2 mois 1X2 ; RDLLINAT (1895} a même observe chez une larve
albinos une prolongation de l'êtat larvaire pendant 1 an 1/2, la larve mesurant
alors 58 mm. Dans les fontaines où l'eau est froide et la nourriture moins abon-
dante que dans les mares, on trouve des larves jusqu'en novembre, elles peuvent
même y passer l'hiver.
TRITURUS VULGARTS
L'espêce est rare dans l'Indre, RCILLINÀT n'a pas fait d'observation
sur la chronologie de son cycle reproducteur.

54
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LESCURE, J., 1978 - Liste chronologique des publications de Raymond ROLLINAT,
Bull. SOC. Herp. Fr., 6 : l5-22.
MARTIN, R. et R. ROLLINAT, 1894 - Vertébrés sauvages du département de l‘lndre,
Paris : XIII + 455 p.
PARATRE, R., 1894 - Vertêbrés sauvages du département de l'Indre. par R. MARTIN
et R. RULLINAT. Bull. Soc. centr. Aguiculture Fr., 6 (2éme ser.) : 239-251.
RULLINAT, R., 1895 - Sur la prolongation de l’état larvaire chez un Triton palmatus
albinos. Bull. Soc. Zool. de Fr., 20 : 60-61.
Laboratoire de Zoologie
(Reptiles et Amphibiens)
Muséum national d'Histoire naturelle
5T rue Cuvier
75005 PARIS
(1) De plus, ROLLINAT a tenté l‘acclimatation des especes suivantes : Pelobates
fuscus (Laurenti, 1768] ou Pélobate brun, Discoglossus pictos 0tth, 1837 ou
Discoglosse â oreilles et Triturus alpestris (Laurenti, 1768) ou Triton al-
pestre.
(2) Les noms latins employés par MARTIN et ROLLINAT (1894) ne répondent pas aux
règles actuelles de la Nomenclature ; cette liste donne les noms latins
actuels suivis du nom vernaculaire employé par MARTIN et ROLLINAT.
(3} Près de 80 Pages inédites manuscrites par RDLLINAT (1892-1904] sur la repro-
duction de la Salamandre en captivité nous ont aimablement été confiées par
H.P. RANGDE pour une analyse ultérieure.

55
Planche l — Chronologie de la reproduction chez Salamandra salamanora_ggïÉstris
[A.), Triturus cristïui [B.}, _`[_riturus marmoratys [C.} et ]`_ït_u_r_tLs
heiveticus (D.) dans l'lndre, selon ROLLINAT
Les traits pleins indiquent une phase terrestre alors que les traits-
tirês mentionnent une phase aquatique. La colonne 1 concerne les
parents ; les autres colonnes sont relatives aux premières (colonne 2)
oo aux dernières (colonne-3) couples ponte-métamorphose. La ponte est
figurêe par un cercle noir, la métamorphose est représentée par on
carre noir.
(hgta : cette planche a eté établie â partir des observations de
ROLLINAT).

56
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L'0EUVRE SCIENTIFIQUE DE RAYMOND ROLLINAT z LES CHnuvfs·¤nnHIS
par Hubert SAINT-GIRONB
Alors que les Reptiles français représentaient un champ pratiquement
vierge, les Chiroptères et notamment les particularités de leur reproduction,
avaient déjà attiré l'attention des zoologistes. Dés 1850, LEYDIG constate que
l'épididyme de la Pipistrelle est plus développé que le testicule en hiver. Peu
aprés [1859) PAGENSTECHER note qu‘â cette saison les cornes utérines contiennent
de nombreux spermatozoïdes. En l8?9, EIMER confirme ces données sur la Noctule
et, la méme année, FRIES, étudiant plusieurs especes de Rhinolophidae et de
Vespertilionidae, interprête correctement les grandes lignes du cycle sexuel de
ces animaux : l'accouplement a lieu en automne, alors que l'activité spermato-
génétique du testicule est déjà terminée, les spermatozoïdes passent l'hiver
dans le tractus génital femelle et l‘0vulation, suivie de la fécondation, se
situe au début du printemps.
Cependant, toutes ces observations portaient sur un trés petit nombre
d'exemplaires. Sur la Sérotine d'abord, les Rhinolophes ensuite, RULLINAT et
TRGUESSART (1395 à 1397) entreprennent une véritable étude du cycle annuel.
précisent la durée de l'hivernage, les habitats durant la belle saison, les
dates de l‘accouplement, de l'ovulation et de la parturition ainsi que l’état
des organes génitaux aux différentes saisons. La méthode des frottis leur per-
met de confirmer la présence des spermatozoïdes dans I'épididyme des mâles
durant tout l'hiver, ainsi que dans le tractus génital des femelles, les cornes
utérines toujours, mais aussi une formation particulière aux Rhinolophes, le
bouchon vaginal. Les deux auteurs observent que ce dernier se forme et durcit
en novembre, bien aprés les premiers accouplements et tombe en avril, en
déchirant parfois la vulve. Enfin, par des observations directes, ROLLINAT
constate l'existence d'accouplements en hiver chez la Sérotine, phénomène qui
avait été souvent nié, parfois supposé, mais jamais prouvé chez les femelles
adultes.
En dehors de ces précisions, d’un intérêt exceptionnel a l'époque,
sur le cycle sexuel des Chauves—souris, ROLLINRT s‘attache comme toujours aux
méthodes d'élevage et au comportement des animaux. Il observe et décrit minuti-
eusement la mise bas trés particuliere, la façon dont les femelles portent leur
jeune et, nous l'avons vu, l'accouplement. Se basant sur une longue expérience,
il réfute également l'hypothése de migrations régulières à grandes distances -
et des travaux ultérieurs devaient montrer qu'il avait raison, une seule espèce,

58
rare et strictement méridionale, pouvant éventuellement étre qualifiée de
migratrice [Tadarida}.
ROLLINAT eut moins de succés avec ses expériences sur le sens de
l‘orientation rapprochée chez les Ehauves-souris. Naturalisté de grand talent,
il n'êtait pas physiologiste et d’ailleurs les techniques de l'éponue ne per-
mettaient pas de résoudre le problême des ultra-sons. Ru cours de multiples
expériences, relatées en détail dans sa correspondance avec TRUUESSART, il
prive successivement des Chauves-souris de différentes espèces de la vue, de
l'ouie, de l'odorat et du tact ~ sans arriver toutefois â des conclusions
précises, sinon que tous ces sens concourent à l'aptitude extraordinaire des
Microchiroptéres d'éviter des obstacles aussi ténus que des fils et de voler
sans hesitation dans des grottes obscures. Il le dit clairement et c'est
TRGUESSART qui, en interprétant ces experiences, émet l'hypothèse erronée du
role prépondérant de la peau et du tact, faisant â ce sujet un parallele avec
la ligne latérale des Poissons. La lecture des protocoles expérimentaux de
RGLLINAT montre également le soin qu'il prenait de ne pas faire souffrir inu—
tilement ses sujets d‘expêrience, contrairement à SPALLANZBNL et â ses trop
nombreux successeurs modernes.
H.S.G. laboratoire d'Evolution des
Etres Organisês
Bd Raspail 75UUG PARIS

Q UQOPOS DES INTRODUCîlONS ?'ESPECîE Rîntlîfîî
PAR RAYMOND ROLLINAT
par Alain OUBOlS et Jean—Jacques HORERE
Les naturalistes qui ont lu les oeuvres de Raymond ROLLINAT n'ignorent
pas que celui-ci a introduit plusieurs espèces d'Amphibiens dans l'lndre. Le Dis-
coglosse, qui figurait l'annêe derniere sur la couverture de ce Bulletin, est l'une
d'entre elles. Il nous a paru utile de discuter brièvement les problémes posés par
ces introductions.
Nous parlerons d'introduction lorsque la présence a l'êtat sauvage
d‘animaux ou de plantes dans une région résulte d'une action volontaire ou invo-
lontaire de l'homme. Cela s‘entend generalement au niveau de l'espéce : on intro-
duit une espece dans une region ou celle~ci n'existait pas spontanément. Mais
on peut aussi parler d'introduction pour une sous-espece, même â l'intérieur de
l'aire de distribution de l'espéce, voire pour une population. Dans ce dernier
cas, nous prêfererons employer les tempes de transplantation ou translocation.
Lorsque des animaux ou des plantes introduits se maintiennent et se
reproduisent, Iorsqu'ils font souche dans leur nouveau milieu, on peut parler
d'acclimatation. Dans certains cas celle-ci s'accompagne d'une certaine adapta-
tion au milieu.
Les introductions réalisées par ROLLINAT portent sur trois espèces.
La premiére est le Discoglosse peint (Discoglossus pictos). En 1892
et 1893, ROLLINAT met en liberté prés d'Argenton plusieurs milliers de jeunes
sujets obtenus à partir d'adultes d'Afrique du Nord que lui avait fournis
Héron-Royer.
En ce qui concerne la deuxième espèce (Triturus alpestris), ROLLINAT
indique dans une lettre â Nolterstorff du 18 Février 1903 : "Chaque année. je
trouve, dans les mares et fossés situés entre le Péchereau et Argenton. des
Triton alpestris, en petit nombre. Ces Tritons sont ceux que j‘ai mis en liberté
autrefois dans cette contrée, et aussi leurs descendants, car j'en trouve qui
sont de petite taille et qui, par conséquent, sont nés dans le pays. Cette
espece semble donc acclimatée ici" (1). Le nombre d'individus libérés n‘est pas
précisé. Ceux-ci proviennent d'une part de St-Germain-en~Laye (donnés par Parâtre)
et d'autre part de Turin (donnés par Peracca}.

50
Enfin, RULLINAT introduit dans l'Indre le Pélobate brun (Pelobates
fusgus), espéce qu'il n'avait jamais rencontrée dans ce département. Héron-
Royer lui envoie en juin 1891 plus de 200 têtards provenant d'Hmb¤ise (Indre-
et-Loire]. RULLINAT les eleve ju$qu'â la métamorphose et les libere en août
aux environs d'Argenton.
Les trois introductions réalisées par RULLINAT constituent en fait trois
cas differents qui méritentd'étredistingués.
Le Discoglosse peint, présent en France uniquement dans le Roussillon,
est introduit ici bien au nord de la limite de son aire de répartition, dans un
milieu a priori nettement défavorable. i
Les exemplaires de Triturus alpestris provenant de Turin appartiennent
a la sous-espèce apuanus. L'Indre étant inclue, contrairement â ce que croyait
RULLINAT, dans l'aire de répartition du Triton alpestre (sous-espece alpestris),
il s'agit en fait la d‘une introduction d'une sous—espéce dans I'aire d'une
autre.
Enfin, pour ce qui concerne les Tritons alpestres de St-Germain et les
Pêlobates d'Amboise, il s'agit de simples transplantations.
On pourrait penser que ces deux derniéres introductions sont sans
conséquences. En réalité il n'en est rien, comme nous le verrons, et c‘est surtout
sur ce point que nous voudrions attirer l'attention.
Pourquoi RULLINAT a-t-il réalisé ces introductions ? Cela tient sans
doute à la fois à l'homme et aux idées de son temps. Il etait passionne par
l'elevage et l'observation dans la nature d'espëces variées. Par ailleurs il ne
se dêplaçait guère. Il chercha donc à réunir autour de lui, soit en élevage soit
en liberté, le plus grand nombre possible d'especes d'Amphibiens et de Reptiles.
Son approvisionnement était facilite par sa correspondance avec les principaux
herpetologistes de son époque.
RDLLINAT était un membre actif de la Société nationale d’ncclimatation
de France. A cette époque et, en France, dans le cadre de cette societé, les in-
troductions et les tentatives d'acclimatation d’especes animales et végétales
étaient encore nombreuses. La “vogue" de l'acclimatation était née au milieu du
XIX e siecle. à la suite de la découverte de nombreuses espéces exotiques, souvent
d'aspect étrange, par les grands voyageurs, dans le but d'enrichir le cheptel
des especes utiles à l'humanité.
Peu à peu toutefois, les idées dans ce domaine évoluérent. La Consta-
tation de la diminution flagrante des effectifs de certaines populations ou especes,
ainsi que la notion d'“especes utiles`, furent â l'origine de la notion de
protection. 0r quelques exemples spectaculaires (comme le cas du Lapin en Australie)

61
vinrent montrer que des introductions “réussies“ pouvaient avoir des conséquences
écologiques et économiques désastreuses. La pratique de l'accIimntation s'avéra
ainsi contraire a la nécessité de la protection. Les tentatives d'acclimatation
diminuérent peu à peu, pour tendre à disparaitre presque totalement de nos jours.
Il nous parait important de souligner que les conséquences néfastes
des introductions d'espêces ne se limitent pas aux effets écologiques souvent
évoqués [compétition avec les espèces autochtones, épidémies, ruptures d'équili-
hres écologiques, etc...). Un autre aspect négatif de ces introductions, plus
pernicieux parce que moins visible, consiste en l'introduction de gênes étrangers
au sein de populations, c‘est-à-dire en une véritable "pollution génétique" de
celles-ci (voir A. DUBOIS, Bull. Sect. parisienne Soc. herpét. Fr., 19ï6, l,
13-22 et Bull. Soc. herpét. Fr., 19?7, L, 18-24).
C'est précisément, pour en revenir aux introductions réalisées par
ROLLINAT, le risque que pouvaient présenter les transplantations de Tritons
alpestres et de Pélobates. Il n'est toutefois pas prouvé que ces animaux se
soient mélangés aux populations locales de ces espéces et que leurs descendants
aient survécu. Si tel était le cas, la structure génétique de ces populations
aurait été modifiée, et une étude fine de celle-ci risquerait, de nos jours,
d’aboutir à des intreprétations erronées.
En conclusion, il paraît utile d'insister une fois de plus sur l'aspect
néfaste des introductions d'espéces. Chez les Amphibiens, plusieurs exemples sont
lâ pour nous le rappeler. Ainsi l'introduction de Bufo marinus dans diverses régions
tropicales, effectuée initialement par des scientifiques dans un but de lutte
biologique, a été suivie de la disparition ou de la raréfaction de diverses espéces
indigènes de Vertébrés et d’lnvertébrés. Quant à la pollution génétique, nous
pouvons citer le cas des Grenouilles vertes d'Europe (complexe de Rana ”esculenta"),
qui constituent une matiere d'études particulierement intéressantes de génétique
et d'évolution. Une dizaine de formes (espèces ou hybrides) de ces Grenouilles
se partagent l'Europe et les relations évolutives entre celles-ci sont encore
extrêmement mal connues. Pour l'analyse de ces problémes complexes, les méthodes
classiques (morphologie, biométrie) sont de peu d'utilité, et il faut avoir recours
à d'autres techniques (électrophoréses de protéines, caryologie). Il est évident
que dans ces conditions tout déplacement d'animaux et tout mélange artificiel de
populations ne peuvent qu‘aboutir a compliquer encore ces analyses et peut être
â les rendre impossibles.
A.D. et J.J.M.
Laboratoire des Reptiles et Amphibien
Muséum National d'Histoire Naturelle
25 rue cuvier 75005 PARIS
(1) Nous remercions H. RANGDE d'avoir eu l'amabilité de nous procurer une copie
de cette lettre, qui figure dans ses archives familiales.

OBSERVATION SUR LA REPARTITION GEOGRAPHIOUE EN FRANCE ET
NOTAMMENTIEN BRENNE, DE LA COULEUVRE VERTE ET
JAUNE (COLUBER VIRIDIFLAVU5]
Par Robert DORE
A. AIRES DE REPARTITION
La Couleuvre verte et jaune habite dans notre pays deux aires de
répartition bien distinctes.
ls-LlE§I:§QBQ:E§I-EI-LE-§!Q:§§ï
On la trouve en Bourgogne [oü il serait intéressant de voir si elle
cohabite avec l'Esculape), basses vallées du Jura, plaine de la Saone, vallée du
Rhône jusqu'aux confins du climat méditerranéen en pénétrant dans les vallées des
Préalpes à l'Est et du Massif Central à l'Ouesf. Son habitat s‘étend, dans cette
direction, jusqu‘au Sud de la Suisse et le Nord de llltalie, ainsi que dans la
Corse, la Sardaigne et l'Ile d'Elbe.
2;-*:E-EEBIB§:9!E§I-EI-LE-§E9:9VE§I
Depuis le Maine·et-Loire jusqu'aux Pyrénées qu'elle franchit, puisqu'on
la retrouve dans le nord-est de l'Espagne et depuis la cote Atlantique jusqu‘aux
premières pentes granitiques du Massif Central dans lequel elle pénètre plus ou
moins profondément a la faveur des vallées bien exposées ; ainsi je l'ai trouvée
à plus de 7OO mètres d'altitude dans le Cantal (vallée de la Cére) ; mais, plus
au nord, elle atteint difficilement 4OO métres, en Corrèze par exemple.
ës-IeL‘r1§sî¤:ss-isslés
Il existe aussi des taches isolées. ANGEL, dans ses “Reptiles et
Amphibiens de France" parle de Thionville, en Moselle et aussi du département
de l'Aisne sans préciser de localité. OLIVIER, dans sa “Faune de l‘Allier" dit
qu'elle se rencontre dans le bois de la Mothe au nord-ouest de Dijon (Saûne-
et-Loire] ainsi que dans la Forêt du Pernay au sud de Nevers.
M. PLANCHARD, lorsqu'il était au Vivarium du Muséum de Paris, mé
l'a signalée dans le cimetière de la Charité-sur—Loire (Nievre). RDLLINAT,
écrivait dans "la Vie des Reptiles de la France Centrale", qu'elle aurait
disparu des environs de Paris ce qui suppose qu'elle y aurait existé. A ce
sujet, un auteur, Jean LOISEAU, dans son ouvrage sur “le Massif de Fontaine-
bIeau” a parlé de sa présence sur le pourtour de la forêt domaniale, ce qui

53
m'étonne beaucoup et pourtant, H. PLANCHARO m‘a rapporté qu'une personne de sa
connaissance en avait pris plusieurs exemplaires prés de Bois-le—Roi. Pour ma
part, je crois bien connaitre le Massif de Fontainebleau et je ne l'y ai jamais
rencontrée, je crois encore que ia présence de la Couleuvre d'Esculape doit être
un obstacle, au moins partiel â celle de la Couleuvre verte et jaune car la
niche écologique des deux serpents n'est pas exactement la méme.
M. Roger FONS, dans une étude sur les Reptiles des Pyrénées Orientales,
la signale sur le flanc nord du Mont Canigou, vers 1500 métres d'altitude.
B. EXTENSION RECENTE DES AIRES DE REPARTITION
- Il apparait que depuis 20 ou 30 ans, la Couleuvre verte et jaune a
tendance â élargir son domaine de distribution. A cet égard M. MATZ m'écrivait
récemment "qu'elle devient plus fréquente dans le sud du Maine-et—Loire (Forêt
de Beaulieu a microclimat chaud) et qu'elle semble ”avancer" vers le nord.
M. HATZ précise encore dans cette correspondance “qu‘elle a été plusieurs fois
signalée depuis environ 15 ans prés de Rennes“, ce qui suppose la traversée de la
Loire. Ceci peut paraitre étonnant pour cet animal franchement terrestre, mais je
me souviens en avoir capturé une au bord de la rivière, pres d'Arcy-sur-Cure, sous
la côte de Chaux, calcaire et particulierement torride en août I94?, qui lorsque
je l'ai remise en liberté, s‘est précipitée dans la Cure et a nagé une dizaine de
métres avant de disparaitre dans un trou sous la berge. ll n'est donc finalement
pas tellement surprenant que la Couleuvre verte et jaune franchisse la Loire
lorsque ses eaux sont au plus bas. Par ailleurs, M. DOTTRENS, dans ses
"Reptiles et Batraciens d'Europe" disait en 1961 que cette espèce se trouvait
depuis peu dans la région de Genève en provenance du Jura et de la Savoie. Enfin,
je signale l'avoir trouvée en pleine Brenne, prés de l'Etang de la Mer Rouge et
aussi à l’ouest d'Azayile—Ferron. Or, ni dans “La Vie des Reptiles de la France
Centrale", ni dans "Les Vertebrés de l'IndreE ROLLINAT n'en parle, il écrit
dans ces ouvrages, qu'elle existe aux confins des départements de l'Indre et de
la Vienne, notamment au Bois de la Fat situé prés de Saint-Hilaire au sud—ouest
du Blanc. A cette époque, elle était connue dans les vallées calcaires du Poitou
(elle l'est d'aiileurs toujours, dans la mesure oû l'on n'a pas ou pas encore (l}
saccage ses biotopes) mais ne pênétrait pas sur le plateau argileux, humide et
frais, de Brenne. 0'ailleurs un vieux garde-chasse du Bois des Cours, au nord-
est, de la Roche—Posay, m‘a dit qu'il y avait beaucoup de vipêres sur les lisiéres
méridionales de ce bois, il y a une vingtaine d'années, et qu'elles avaient été
remplacées par ces couleuvres. Effectivement, la Couleuvre verte et jaune tend
â éliminer la Vipére aspic car elle se nourrit des mêmes proies : lézards et
petits mammifères (rongeurs et insectivores) et aussi, trés occasionnellement,
jeunes oiseaux pris au nid ; elle tend a éliminer, pour les mêmes raisons, les
Coronelles lisses ou bordelaises.

64
J'ai bien trouvé un exemple de migration de Serpents en France, dans
un livre de Monsieur C. DOMERGUE intitulé "les Serpents de Franche—Comté“ il s'agit
de Eouleuvres â collier, habitant les marais de la Saône, qui gagnent les coteaux
environnants pour venir y pondre et en redescendent ensuite. Lorsque les jeunes
ëclosent au aeaut de l‘automne ils hivernent sur place et descendent aux marais
au printemps pour s'y nourrir de larves et têtards de Batraciens fraîchement êclos.
Cette observation est certes interessante mais ne presente apparenmœnt pas de
rapport avec l'extension de l‘aire de répartition de la Couleuvre verte et jaune.
Il s'agit seulement de mettre les oeufs dans des conditions h3v"È]YOmêtTl(lUES satis-
faisantes. C'est une migration temporaire vers les lieux de reproduction.
Quels sont donc les facteurs qui poussent les serpents â se déplacer
maintenant, alors qu'ils auraient pu le faire beaucoup plus tot, c‘est a dire
aprés la derniére epoque glaciaire soit 80GO ans ? .
Ce phenomene m'ëvoque celui de la Tourterelle turque qui s'est répandue
au cours des années 1960 sur l'Europe Occidentale, c'est â dire dans une direction
qui n‘est pas celle des migrateurs, qu'il s‘agisse d‘0iseaux ou de Chauves—souris.
Le Chien minervin a fait de même mais il est vrai qu'il a été introduit par l'homme
en Russie d'Europe, son pays d'origine etant la Corée.
C. CIJNCLUSIDN
Je suis persuadé qu'il sera interessant, lorsque nous connaitrons
de façon plus précise la repartition actuelle de notre faune herpetologique,
de la comparer avec ce qu‘elle était dans le passë. Peut—être découvrirons—nous
ainsi d'autres mouvements de populations et le stade suivant sera d'en détermi-
ner les causes. ll faudra sans doute pour cela faire appel à des disciplines
moins familières aux naturalistes.
Pour ma part, et je termine mes propos aussi, je souhaite vivement
que l'enquête sur la repartition géographique des Reptiles et Batraciens de
France entreprise par la S.H.F. permettra de nous éclairer dans un domaine où
nos connaissances sont pour l'instant trés incomplètes.
R.D. Pavillon Majestic, 63130 RDYRT

INAUGURATIUN DE LA PLAQUE “RAYHDND R0ttTRFT"
LE DIMANCHE T MAI 19ïU
Discours de M. Jean FRAPPAT,
Maire d'Argenton·sur-Creuse
Le nom de "RDLLINAT" n‘est pas rare dans le pays. Pour nous,
ARGENTONNAIS, trois RDLLINAT retiennent notre attention :
. Amédée qui vécut à Argenton de 1808 â 1894 et qui excerçait la profession d'Avocat.
il fut le fondateur d'un petit hopital qui a disparu depuis et qu'il légua au bureau
d'aide sociale qu*on appelait autrefois le bureau de bienfaisance. En sa mémoire une
voie de la ville s'appelle Avenue RDLLINAT.
· Maurice, poète français, né â Châteauroux en 1846 et mort à Ivry en 1903. U
vécut dans la région et se retira â Presselines. Il écrivit parmi d'autres, les
oeuvres fameuses : “Dans les Brandes" et les "Névroses".
- Raymond qui vécut dans cette maison même et que nous honorons aujourd'hui.
Le lycée d'Argent0n porte depuis une douzaine d'années le nom de RDLLINAT,
intentionnellement sans prénom. L'appellation peut donc se rapporter aussi bien à
Maurice. qu'à Raymond ou aux deux.
D'aprés l'arbre généalogique, ces trois RDLLINAT possédaient un lien de
parenté. Maurice et Raymond étaient petits-cousins et Amédée était le grand-oncle
de Raymond. La famille occupait dés le lïéme siécle un rang honorable dans la bour-
geoisie par des charges de tabeliionage et de greffe dans le ressort de la Justice
d'Argenton.
Je précise que les ROLLINAT avaient un lien de parenté téou avec AUCLERT-
UESCDTTES, médecin qui vécut de 1?37 a 1825, qui fut député à l'Assemblée Consti-
tuante et Maire d'Argenton. La rue ou nous sommes actuellement porte son nom. Je
précise également que Raymond RDLLINAT avait un grand—oncle, MERCIER-GENITDUX,
Notaire â Argenton et naturaliste. Dans la ville du Blanc à 40 km d'ici, un musée
d'oiseaux porte le nom de “MERCIER-GEN1TDUX“.
Ceci étant dit, revenons â Raymond RDLLINAT pour lequel ont été organi—
sées ces journées commémoratives. A cette occasion, je salue :
- M. TDUZET, Sénateur, Conseiller-général.
- le Professeur BRYGOD du Muséum national d'Histoire Naturelle.
- M. Guy NAULLEAU, Président de la Société Herpétologique de France.
- M. RANGDE, petit-fils de Raymond ROLLINAT.
et toutes les personnes qui ont bien voulu assister â cette petite cérémonie.

56
- M. Michel AURILLAC, député, nousa prié de bien vouloir l'excuser.
Je salue particulièrement les membres des organismes culturels ou
scientifiques qui ont bien voulu nous honorer de leur présence.
Je remercie la Société Herpétologique de France qui a organisé un
Congrés de quatre jours â Argenton, et qui a fait participer les scolaires â des
expositions et â des projections. Je la remercie d'avoir bien voulu partager à
parties égales avec la Ville, les frais concernant la réalisation et la pose de
la plaque qui porte la mention :
ICI A VECU Raymond ROLLINAT (1859-1931]
Célébre Herpétologiste
Correspondant du Muséum
La Municipalité d'Argenton/Creuse
La Société Herpétologique de France
7 mai l9?8
Le hasard veut que cette maison soit devenue depuis 6 mois propriété
de la Ville. Je ne sais si elle le restera mais nous mettrons tout en oeuvre
pour y conserver la plaque qui vient d'y être apposée.
Je voudrais maintenant évoquer la figure de Raymond RDLLINAT, non pas
en sa qualité d'Herpétologiste, cela est réservé à des personnes qualifiées mais
en tant qu'homme, en tant qu'Ãrgentonnais.
Je vais, pour ce Faire, m'appuyer presqu'intégralement sur le texte
d'une remarquable conférence de Monsieur Joseph GAUTIER, maintenant décédé, alors
président du syndicat d'initiatives, faite en 1948 dans le cadre d'une semaine
rêgionaliste, et sur les extraits d'actes d'état civil qui sont en ma possession.
Raymond RULLINAT est né â Saint—Gawtierâ 10 km d‘ici le 2 septembre
1859 à 15 heures. Il avait 4 prenoms : Pierre, André, Marie, Raymond. Son prénom
usuel n'était en fait que le quatrième. Comme nous l'avons déjà vu par l'examen
rapide de l'arbre généalogique des RULLINAT, Raymond était issu d'une vieille
famille de notables. Il continua la ligné pour devenir, non sans labeur, le
“Fabre des Reptiles", connu partout dans le monde savant.
Avant d'aller plus loin, il faut souligner deux traits de son carac-
tére : une grande indépendance et une rancune tenace, qui l'empéchait de pardon-
ner. Raymond RULLINAT, de belle stature, distingué, jouissait d'un prestige
naturel et social. Dans son adolescence, il se fit renvoyer du petit séminaire
de St-Gaultier et du Lycée de Chateauroux.
Sa mére, veuve trés jeune, s'êtait remariëe â H. CUUPPE de St Gaultier,
et il fut élevé dans la maison familiale d'Argenton par sa tante Angèle RULLINAT,

67
trop faible pour un tel indépendant, qui n'était heureux que chez lui, sur
ses chevaux et au milieu des animaux.
Il s'instruisit tout seul et grâce â sa vive intelligence,à son
travail, â son penchant pour les sciences naturelles, il devint, jeune, un
savant remarqué, membre correspondant du Muséum. Sa spécialisation dans l'étude
des Reptiles lui valut un grand renom et des lettres de savants lui arrivaient
de toutes les parties du monde. Sa fortune lui permit d'avoir des secrétaires et
du personnel pour l'aider. Il était aussi Président de nombreuses sociétés locales
auxquelles il donnait de sa personne et de son argent.
Monsieur Joseph GAUTIER a décrit cette demeure de la façon suivante :
"La grande maison de Raymond RULLINHT, dit-il, était pleine de choses
et de gens que l‘on ne voyait que lâ. Elle était le domaine des bêtes étranges :
renards, tortues, lézards, grands-ducs etc...
Dans la salle a manger régnait la bonne tante Rngéle aussi généreuse
que son neveu ; et dans la cuisine, Marie GORGEUN gouvernait le personnel et tout
un monde â part qui fournissait au naturaliste, les aliments nécessaires à ses
animaux et surtout à ses serpents enfermés dans de belles cages en verre.
Le bureau du maitre, situé au ler étage, était une piéce d'angle tres
éclairée par deux fenêtres donnant surla cour et sur le jardin d'oû les oiseaux
venaient picorer sur le bord les graines qui s'y trouvaient constamment. Les murs
étaient garnis de rayons profonds remplis de livres et de documents, et seuls, les
intimes y étaient reçus.
Mais la piéce principale, c'était le Musée, résumé tangible de toute
l'activité du savant qui avait naturalisé lui-même les vertébrés de l'Indre qui
s'y trouvaient réunis : chauves—souris et poissons ; oiseaux et rongeurs dans
une grande vitrine ; serpents, tortues, batraciens ; au milieu du plafond,un
grand aigle royal planait au dessus du dernier loup des environs ; et sur la
cheminée, sous verre et en évidence,le crâne du loup enragé de TENDU à l‘histoire
terrifiante.
A part les Reptiles, les Chauves-Souris et les Oiseaux, objets de ses
recherches, Raymond ROLLINAT eut pendant de longues années d'autres animaux qu'il
avait apprivoisés : un Cerf et une Biche qui se promenaient au champ de foire
(â côté}, un gros singe qui faisait les pires méfaits chez les voisins, des Pies,
des Corbeaux parleurs, des Eperviers qu'il lachait le matin et qui revenaient
le soir, ses fameux Grands-Ducs aux yeux fascinateurs, qu'il réussit â faire
reproduire en captivité.

BB
Pour en terminer avec cette demeure étrange, je me dois d'indiquer qu'à
la mort de Raymond ROLLINAT, elle fut vendue et devint la "clinique de la Bonne
Uame“. L'établissement a fermé ses portes depuis environ B mois. Il a été racheté
par la Ville avec la volonté évidente d‘essayer de relancer l'activité chirurgi-
cale et obstétricale précédente.
Sa collection d'Histoire naturelle, ainsi que son Faucon et ses
Grands-Ducs ont été légués au Muséum d'Histoire naturelle de PRRIS. Les Reptiles
vivants, Tortues, Lézards etc... ont dû, d'aprés son testament, être relâchês.
Hais revenons à Raymond RDLLINAT tel que nous le présente Monsieur
Joseph GAUTIER : "Jusqu'an 1914, Raymond ROLLINAT resta fidèle à son costume de
piqueur qui lui donnait tant d'allure. Ce n’est qu'à la guerre, â cause du poste
de la Croix Rouge qu'i1 occupait à la gare, avec tant de dévouement, qu'il revétit
le costume de tout le monde. Mais en hiver, il gardait ses bottes sous son pantalon
car il craignait le froid aux jambes.
Il eut des migraines toute sa vie et son foie l'obligea â faire plusieum
saisons à Vichy oû il se faisait accompagner de son fidèle Fernand GRGSSET (décédé
il y a une dizaine d'années, qui fut Président des anciens combattants d'Argenton
et qui habitait de l'autre côté de la rue}.
Aprés ses chevaux qui moururent de vieillesse, il eut un tricycle à
pétrole puis une des premieres autos qui parurent â Argenton.
Raymond RULLINAT a écrit beaucoup d'études éparses dans les bulletins
de sociétés savantes et c'est pour mettre au point l'ouvrage qui relaterait ses
cinquante années d‘ohservations sur les reptiles qu'il abandonna successivement
la présidence de toutes les sociétés locales, le syndicat d'initiative en
dernier.
Il n'eut pas le bonheur de voir paraitre cette oeuvre qui fut éditée
a Paris en 1934 par Delagrave sous les auspices de la société nationale d'accli—
matation et qui est intitulée “la vie des reptiles de la France centrale".
RULLINAT laissa ses collections et ses travaux a des sociétés savantes.
Cependant, il y a quelques années, nous avons essayé, avec Maitre Julien BDDIN,
grâce a M. RANGDE et au Muséum national d'histoire naturelle, de créer un Petit
musée, mais le matériel recueilli ou a recueillir n'avait qu'une trop faible
importance et nous n‘avons pas poursuivi notre tentative.
Pierre, André, Marie, Raymond ROLLINAT, célibataire, Chevalier de la
légion d'honneur, officier de l'instruction publique, naturaliste, domicilié a
Argenton, rue Huclert—Descottes (c'est à dire dans cette maison} décéda le
27 dëcembre l93l à IB heures. Il mourut d'une congestion cérébrale, aprés une
tournée de cadeaux à ses amis, qu‘il effectua par grand froid. Son agonie dura
8 jours.

69
Il fut enterré religieusement. Une foule immense assista à ses obsèques.
Beaucoup de discours furent prononcés qui rappelèrent sa vie et son oeuvre, son
apport â la science et particuliêrment â l'Herpêtologie.
Il repose dans le cimetière d‘Argenton, â côte d'autres RULLINAT.
1l y a environ une heure, au nom de la ville, une délégation a déposé sur sa
tombe une gerbe de fleurs. S'il n'a rien laisse â sa commune, où il vécut, il lui
a fait beaucoup d'honneur et nous savons qu'il l'a beaucoup aimee.
Aujourd'hui la ville d'Argenton qui est fière de son enfant a tenu
à lui rendre un sincère et vibrant homnage.
J.F. Maire
Argenton sur Creuse

DISCOURS DE M. E.D. BRYGOO, PROFESSEUR AU MUSEUM NATIONAL
O'HI5TOIRE NATURELLE
Monsieur le Maire. Monsieur le Président de la Societé française
d‘Herpétologie, Mesdames, Messieurs, Mes chers Collégues.
Consciente de la place éminente tenue par Raymond ROLLIMAT dans la
phalange des Grands Naturalistes Français, l‘Assemblée du Muséum national d‘Histoin
naturelle m'a expressément mandaté lors de sa derniére séance pour la représenter
aussi bien aux journées nationales de la Société française d'Herpétologie en
l'honneur de Raymond ROLLINAT qu'â la cérémonie d‘aujourd'hui.
Les relations de la famille ROLLINAT avec le Muséum sont anciennes
puisque l'arriere Qrand—pére du naturaliste que nous honorons aujourd'hui, Pierre
ROLLINAT, adressait à Georges CUVIER des ossements fossiles recueillis dans les
marniéres d'Argenton. Ces vestiges appartenaient à deux especes de crocodiles,
à une tortue (Trionyx) et â des préruminants (Lophiodon). Dans son monumental
ouvrage sur les “Ossements fossiles" CUVIER signale la collaboration de Pierre
ROLLINAT, ce qui permit â J.E. GRAY, en 1831, de créer l'espéce "Crocodilus
rollinatii“(1}.
De son côté, Raymond ROLLINAT, sa vie durant, adressa au Museum de
Paris nombre d'Oiseaux, de Reptiles ou de Batraciens vivants pour les Menageries
et Laboratoires. Avant même de nous faire don de la majeure partie de sa collection
herpétologique il avait envoyé â Paris de nombreux spécimen d'oiseaux naturalisés.
Mais ce qui fut le plus important pour l'oeuvre scientifique de
Raymond ROLLINAT furent les échanges épistolaires avec trois professeurs du Muséum 1
L. VAILLANT, L. ROULE et E. TROUESSART. Avec ce dernier s'établit même une véritable
collaboration féconde. Tout naturellement l'Assemblée des Professeurs du Muséum,
dans sa séance du 20 fevrier IQOB nommait Raymond ROLLINAT correspondant du
Muséum au double titre d'Ornithologue et d'Herpétologue.
Que nous reste-t-il, aujourd'hui, au Muséum, du souvenir de cette
coliaboration T C'est d'abord le nom d'une salle de la Grande Galerie, c’est
ensuite un certain nombre d‘oiseaux empaillés et une trés remarquable collection
de Chiroptéres au laboratoire des Oiseaux et Mammifères, c'est enfin et surtout,
dans mon laboratoire, une remarquable collection de Reptiles et Amphibiens du
Centre de la France ainsi qu'une exemplaire Série de dissections, I`| faut y ajouter
de nombreux manuscrits avec des inédits parti culiêrement importants ainsi qu'un
ensemble iconographique sans égal.

F1
La vie scientifique et les travaux de Raymond RULLINAT que nous venons
d'évoquer au cours des trois journées que lui a consacré la Société française
d'Herpétologie nous apportent divers enseignements. Le premier d'ordre historique
nous concerne tous tandis que les autres présentent un intérêt particulier pour
les jeunes naturalistes.
Le point d‘histoire, c'est l'importance des foyers scientifiques actifs
dans la France provinciale de la fin du siècle dernier. Car Raymond RULLINAT
n'a pu devenir le grand savant que nous célébrons aujourd'hui que parce qu'existait
l'ambiance favorable à l'éclosion puis au développement de ses aptitudes person- -
nelles de naturaliste. L‘existence de curieux d'histoire naturelle dans sa famille
d'abord, puis la possibilité sur le plan local de relations scientifiques et
d'échanges culturels avec d'autres chercheurs furent les élements indispensables
pour que Raymond RULLINRT puisse pleinement faire fructifier les chances que lui
offrait une indépendance_économique due à l'héritage d'une fortune lui permettant
de se consacrer entiérement â sa passion. Le rôle éminent joué par ce chercheur
provincial, provincial entre guillements, était parfaitement reconnu par la
science officielle. Je n'en veux pour preuve que le déplacement en corps constitué
de la Société d'Acclimatation de Paris venant lui remettre le 11 juin 1921, par
les mains du Professeur RDULE, la grande médaille de la société spécialement frap-
pée à son intention. Et l'organisation des journées ROLLINAT, à Argenton, par la
Société herpétologique de France ne fait que réitérer le geste d'hommage respectueux
accompli voici maintenant plus de 50 ans par cette Société d'Acclimatation.
Mais il me semble aussi que la vie de Raymond ROLLINAT est riche
d'enseignements pour les jeunes qui se découvrent une vocation de naturaliste.
Je voudrais en souligner trois aspects, le sédentaire, le solitaire et le manuel.
Il est remarquable que Raymond RULLINAT ait fait toutes ses découvertes
sans s‘éloigner de la région d'Rrgenton, son terrain était la Brenne, son labora-
toirelson jardin. "Naturaliste de potager" pouvait l'appeler Jean ROSTAND sans
attacher aucune nuance péjorative â cette qualification. Alors que tant de ses
contemporains naturalistes parcouraient le Monde â la recherche de l'extraordi-
naire qu'ils confondaient souvent avec l'éxotique, Raymond RULLINAT savait inter-
roger et faire parler la nature directement exposée sous ses yeux et en comprendre
les leçons.
Ce sédentaire était aussi chercheur solitaire non pas qu'il refusa tout
contact et tout échange, sa correspondance scientifique en fait foi, mais c‘est
seul qu'il concevait, réalisait et interprétait ses expériences et observations.
Enfin, troisième caractéristique, c'était un manuel. J'attache person-
nellement beaucoup d'importance au fait que Raymond RULLINAT ait, tres jeune, appris,
de lui méme, auprés d‘artisans la taxidermie où il excella par la suite. De même.

72
s'il devint le photographe naturaliste de grand talent que nous admirons tous
encore aujourd'hui, c'est d'abord parce qu'il savait mettre la main â la pâte
à une epoque oû tous les gadgets de la sociëtë de consommation ne s‘offraient
pas au candidat photographe. Le travail du naturaliste exige en effet une par-
ticipation effective de tout l'ëtre et celui qui ne sait, ou ne peut, utiliser
ses mains â la maniere de l'artisan ne sera que rarement un vrai naturaliste.
Pour terminer permettez moi d'êmettre deux voeux.
Ce sera d'abord que de nombreux jeunes, à vocation de naturaliste,
mêditent l'exemple que leur propose la vie de Raymond RULLINAT ; il y a encore
tant à observer, comprendre et apprendre en regardant vivre les êtres qui nous
entourent. Peut-être, ainsi, contribueront-iïs a redonner vie aux activites
scientifiques provinciales, recrêant localement les foyers spirituels si actifs
naguère ?
C'est enfin que cette plaque en l'honneur de Raymond ROLLINRT, que
nous inaugurons aujourd‘hui, aide ses concitoyens à se souvenir de celui qui
sut faire d'Argenton-sur-Creuse un des hauts lieux de l'histoire naturelle
internationale.
Je vous remercie.
E.D.B. Laboratoire de Zoologie
(Reptiles et Amphibiens}
Husêum national d'Histoire naturelu
57 rue Cuvier ï50U5 PARIS
[1) Aujnurd'hui connu comme Erjstichampsus rolinatii.

LISTE CHRONOLOGIQUE OES PUBLICATTONS DE
Raymond ROLLINRT
Cette liste est présente dans le buïletin n° 6.
Bddîëif =
1931 : Note sur le Briquet pêlerin Schîstecerca gregaria gregaria Fnrsk.
BL111. 500. nat. Accïim. Fr., 78 : 183-187.

B I B L I D G R A P H T E
Daniel BERNARD
"Un Loup Enragé en Berry : la Bête de Tendu—Hosnay (18?8)“
Après le succés remporté par son premier livre “La fin des loups en
Bas-Berry. XIXe-XXe siécles", Daniel BERNARD publie aujourd'hui un nouvel ouvrage :
"Un loup enragé en Berry".
Depuis deux ans, cet auteur rassemble des documents sur ce fait divers
qui épouvanta, il y a juste IDD ans, la région d’Argenton et la vallée de la
Bouzanne. Cette étude n'avait pu prendre place dans son premier ouvrage, vu son
importance. Aussi est-ce dans le détail que nous suivons ici le déroulement de
la tragédie de l'été 1873.
Aprés avoir évoqué l'ampleur de la crise rabique qui sévissait dans
l'Indre en IBTE, Daniel Bernard la circonscrit â la région d’Argenton. S'ensuit
une évocation de la thérapeutique employée pour soigner les personnes enragées :
priêres, herbages ou cautérisation au fer rouge I... E
Le fait divers lui-même est évoqué grâce aux documents et à la presse
de l'époque. Un voit le loup attaquer bêtes et gens au cours d'une randonnée
meurtrière. En filigrane de ces textes transparaît la peur du loup, une des cons-
tantes de la vie des paysans herrichons du XIXe siècle.
Au fil des jours, nous suivons l'évolution de la rage chez les vic-
times mordues par le loup. Parmi les personnes attaquées et soignées d'une façon
empirique, trois meurent dans des conditions atroces. Des textes d'un rare
réalisme, parfois insoutenahles, nous font découvrir le sort de ces victimes
`enragées.
Aprés avoir réinséré ce fait divers dans le contexte de l'époque et vu
si les derniers loups de l'Argentonnais constituaient un danger rabique, Daniel
Bernard, dans la derniére partie de cet ouvrage, montre que l'épopêe du loup
enragé est entrée dans le légendaire berrichon. Pour cela, il fait appel aux
récits des descendants des victimes du loup. Il confronte aussi les dires des
paysans de la région d'Argenton-Tendu—Mosnay aux sources d'archives et aux
travaux du naturaliste berrichon Raymond ROLLINAT.
L'ouvrage de 140 pages, abondamment illustré, s'achêve sur une pré-
sentation de documents inédits.
D.B. 108, rue Fontaine St Germain
app.2l, 36000 CHATEAUROUX
(Résumé Communiqué par l'êditeur)

REUNION ANNUELLE
Inscription pour la réunion annuelle du Jeudi 24 au Dimanche 27 mai 1979
à Bonnevaux-Frasne (25}.
A retourner â R. GUYETANT en vue de l'organisation de ces journées,
avant—le 10 avril.
Rayer les mentions inutiles et compléter :
NOM :
Rdresse :
Têl. :
- Je participerai
- Je ne participerai pas “ la ""“'“°"
- Je compte me rendre directement a la Station biologique de Bonnevaux—
Frasne (25)en voiture, j'arriverai le ............... vers .......... h
- J’arriverai en gare de Frasne le ............. â .......... h
(une correspondance par car SNCF dépose les personnes â Bonnevaux}.
1. PROGRAMME PROVISOIRE : Le programme définitif ne sera envoye qu'aux personnes
ayant repondu avant le 10 avril.
- titres des communications 1 il est vivement souhaité que les membres
de la SHF puissent nous faire part de leurs observations en terrariophilie et
techniques d‘elevage.
- accueil à partir de 10 h le Jeudi (à la station)
— fin des activités Dimanche (avant midi)
Une excursion est prévue le Vendredi après-midi, l'assemblée générale
aura lieu vraisemblablement le Samedi aprês—midi.
II. Hébergement : 20 à 25 places sont disponibles â la station (chambres de 2-3
ou plusieurs lits); il existe par ailleurs des hôtels â Frasne, Pontarlier ainsi
que des gites ruraux.
Désirez-vous une chambre à la station (10 F par nuit) : 1 ou 2 ou 3 personne
" en gite rural : 1 ou 2 personnes
“ â l'hôtel : 1 ou 2 personnes.
III. Repas : Je prendrai les repas suivants â Bonnevaux :
Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Petit dejeuner (station 5 F)
Déjeuner restaurant (25 à 35 F}
Diner restaurant (25 â 35 F}

SOCIETE HERPETULUGIQUE DE FRANCE
Secrétariat : C. MATE. Laboratoire de Biologie Animale. Université d'Angers.
Boulevard Lavoisier. 49045 ANGERS Cédex.
COTISATIONS
Tarifs : Taux annuel + Bulletin = Toul
— adhérents de moins de 25 ans I5 + IO = 25F
- adhérents de plus de 25 ans 40 + 20 = GUE
· bienfaiteurs : minimum ISUE
Abonnements : Europe : 40 F Hors Europe :
Modalités de règlement :
I. Cheque postal : â l'ordre de la SHP, CCP 3796-24 R, Paris. Envoi dinm
â notre centre de chèque. Cette modalité est tres recommandée aux ému
gers, qui, en ce Cas, doivent envoyer leur chèque postal en Francs Mt
l'intermëdiaire de leur Centre de chèques. (ne rien écrire dans la puw
correspondance).
2. Chèque bancaire ou mandat postal, directement au Trésorier :
J. CASTANET, Laboratoire d'Anatomie Comparée. Université Paris VH
7522I PARIS Cedex OS.
3. Nous rappelons que les dons ou cotisations de soutien sont les bienvüü
Changement d'adresse :
N'omettee pas de signaler sans retard au secrétariat tout changement
d'adresse.
____________________________,___,.__-.._..____-__--_________-__-_---.....---.. --------- -.—-•-•"'
B U L L E T I N
Directeur de publication J R. GUYETANT.
Comité de rédaction : J. LESCURE (responsable), C. PIEAU (adjoint], A. DUBOIS,
· J.M. FRANCAZ, J...T. HORERE, R. VERNET.
Présentation des textes : dactvlographiës en double interligne, prénom et nom W
dessous du titre et â droite, adresse en fin d'artiCV
Illustrations : uniquement dëssins ou graphiques au trait (â l'eXclusion des
photographies) pouvant supporter une réduction d'un tiers. Legém
sur feuille â part.
Envoi des manuscrits : J. LESCURE. Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Amphih?°
Muséum national d'Histoire Naturelle.
57,rue Cuvier, 75005 PARIS.
Le Gérant : R. GUYETANT
N° Commission paritaire : 59374
Imprimé â l’Université de Besançon,
Faculté des Sciences
25030 BESANCON Cédex

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p,.«« BULLETIN DE SOUSCRIPTION
g«|ll‘YNA|J|'}
$:"*Éf:Q’;1‘“’;"' """""""" (partie à conserver par le souscripteur)
*;;"`:°;m__ La Société Herpétologique de France ouvre une souscription pour la
:,-,,¢..:.— Réédition du livre de R. ROLLINAT, La Vie des Reptiles de la France centra-
:'_j°"j'_’:'Ã ,,_,“,_,__,,,__,,le. L'ouvrage édité par la SEF sera un fac similé off Set, broché sous
;··¤:::¤§:5·t• couverture cartonnée, de l'o·uvrage original de 343 pages édité par la
game Ã;. librairie Delagrave. Le plus grand soin sera apporté à la réalisation
Eze;-mrnm matérielle du tirage, qui sera fidèle dans toute la mesure du possible
_ au livre original, à l'exception des 11 Planches hors texte en quadrichro-
:;;*2;: mie qui seront réalisées en noir et blanc. ·
:,'°è,:::" Le PRIX DE SOUSCRIPTION donne droit à un exemplaire du tirage réalisé
.·#J·«·ëmwFr par la SHF, livrable au Siège de la Société dans un délai de S mois au
:';°,_~ plus après la cloture de la Souscription. On peut souscrire pour plmieurs
exemplaires. Le prix de souscription est unique et fixé à 95I:`rancs l'exe¤-
pire (envoyer BSP + SF de port =· 1OOF l"exenplaire). Oe prix a été calculé pour permettre
gréalisation du projet dans des conditions financières supportables pour la SHI', tout en
porisant la plus large diffusion possible de l'o1xv·rage. Les souscripteurs sont assurés de
pre une économie d'au moins 25X par rapport au prix de vente libre de l'ouvrage.
La clôture de la souscription interviendra en I9ï9 sans préavis.
La SRP se réserve _le droit, à la cloture de la souscription, de renoncer à son projet.
ns ce cas elle s‘engage à rembourser chaque souscripteur de l'intégralité de la somme
usée par lui dans les délais les meilleure. Réciproquunent, et de convention expresse, le
nucripteur s'engage à n'entamer aucune action contre la SBF', telle que demande d'interéts
lautre, pouvant résulter de 1* applicati on de cette clause. De méme, dans le cas contraire
lest à dire si la souscription est menée à bonne fin, le souscripteur s’engage eucpressé-
nnt à accepter tel quel l'o•uvrage réalisé par la SBF, aucune demande de remboursement,
urabais, etc. ne pouvant étre prise en considération.
(à joindre obligatoirement au titre de payement}
ISHF reconnait avoir reçu deH..... ··..... ........ ........... ·.. ........ ..... ..........
asurantà.......· ..·· . ............. ....... .............·............. .. ..... . ....... ...
nsomme de ........................... en espèces
chèque bancaire
COP
autres (préciser)
nsouscription pour ....... e:~:ernplaiz*e(s) de la réedition du livre La Vie des Reptiles
!1a France centrale, dans les conditions stipulées au Bulletin de Souscription, que le
xscripteur déclare connaitre et s'engage à respecter.
lt à ............ . ......... .. .... , le .... .... .............. . ...... . ...... . ..............
Pour la SHF : Leâouscripteur
Envoyer à : Société Herpétologique de France Monsieur A. de RICOLES , Université PARIS 7
Laboratoire d-'knatomie comparée · 2 place Jussieu - T'i22‘I PARIS Cedex D5