Picardie écologie - 1979 - 2
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-2-
SOMMAIRE
p 3-18 les sphinx en Picardie
p 19-25 le sphinx du peuplier (sa vie
son élevage)
p 26-27 Nous n'irons plus au bois
p 28-33 le Tadorne de Belon
p 34-40 Tritons et Salamandre en Picardie _
p 41-42 Moto verte ou destruction de la
nature
p 43-44 Pétition contre la route dans le
Marquenterre
p 45-48 La cisticole des joncs
p 49-53 l'Aménagement de la Côte Picarde
p 54-58 l'Association "Goupil"
EDITORIAL
Nous remercions beaucoup toutes les
personnes qui ont acheté le n° 1 ou, mieux
se sont abonnées. FR3, le Courrier Picard
et d'autres journaux nous ont fait de la
Publicité. 150 n? ont été mis en dépôt
dans les kiosques amiénois. Quelques li-
brairies â St Quentin et â Creil ont accep-
té de vendre "Picardie-Ecologie". Si l'
accueil fait à notre revue permet d'en—
visager l'avenir avec optimisme, nous pen-
sons que cela n'est pas suffisant et cons
tatons qu'il nous reste de nombreux in-
vendus (environ 500 sur 1000 numéros im-
primés). Nous demandons donc à chacun de
faire le maximum pour la diffusion de
Picardie-Ecologie afin de nous donner les
moyens de réaliser une revue meilleure en
core. Nous avons plusieurs projets : réa-
lisation de numéros spéciaux (Etude et
Protection des côteaux calcaires, par
exemple) et d'auto-collants. Merci encore
â tous ceux qui nous ont aidé et qui nous
font confiance.

-3..
LES SPHINX EN PICARDIE
(Lépidoptères sphingidae)
par Maurice DUQUEF
Créé par Latreille en 1805, du point de
vue systématique, la famille des Sphingidae
comprend, de par le monde, environ un millier
d'espèces, souvent grandes et belles, d'où le
tribut élevé que payent, hélas pour eux, ces
papillons aux maniaques de la collection que
sont les Entomologistes.
En Europe existent, du Cap Nord à la
Bulgarie, 30 espèces dont 22 vivent en France,
certaines de ces espèces étant renforcées par
des migrateurs venus du Sud.
Les Sphinx ont un gros corps fusiforme et
des ailes étroites et allongées. Leur vol est
puissant et la plupart des espèces sont noc-
turnes. Pour butiner ces papillons font du sur-
place, à la façon des colibris, et enfoncent
leur longue trompe (jusqu'à 23 cm) dans la co-
rolle des fleurs ; par contre certains ne possë
dent qu'un vestige de trompe et ne peuvent se
nourrir, vivant sur les réserves accumulées
par la chenille.
Ces papillons tirent le nom de la famille
de la ressemblance au repos de certaines de
leurs chenilles, avec l'attitude du Sphinx
antique.
Ces chenilles, glabres, présentent souvent
un appendice dorsal en forme de corne, sur le
dernier segment abdominal ; elles se transfor-
ment en chrysalide dans la terre, en se tissant
parfois, un très léger cocon.
En Picardie, des recherches récentes ont
permis de recencer 14 espèces, auxquelles on
pourrait en ajouter deux autres, citées de la
Somme il y a très longtemps, et une troisième
rencontrée dans le Pas de Calais.
La systématique employée est celle du

..4..
"Guide des papillons nocturnes d'Europe et
d'Afrique du Nord" de P.C. Rougeot et P.
Viette, paru en 1978 chez Delachaux et
Niestlé (Prix : environ 7O Fb une synonymie
des noms anciens de genres sera indiqué
entre parenthèses.
Agrius convolvuli (Linné) (Herse convolvuli
Linné)
Le Sphinx du liseron
Espèce largement représentée dans l'ancien
monde, le sphinx du liseron n'a pas une
population constante en Picardie : prati-
quement absent de nos régions durant de
longues périodes, il peut devenir commun,
probablement grâce à des migrations venus du
sud. Ainsi à la fin de 1'été 1976 cette _
espèce a envahi la Picardie et tout le nord
de la France alors que depuis 195O deux uniques
exemplaires avaient été recencés dans la Somme.
Grande espèce pouvant atteindre 12 cm, de
teinte grise avec l'abdomen annelé de noir et
de rose, le sphinx du liseron possède une
trompe très longue (plus de 1O cm).
Ce papillon, surtout crépusculaire, visite
volontiers les fleurs de nos jardins. Sa .
chenille se nourrit surtout de liseron (con- 1
volvulus) et, de teinte dominante verte, ,
présente sept bandes latérales et obliques 1
noires et jaunes. '
Acherontia atropos (Linné)
Le Sphinx tête de mort
Espèce spectaculaire par le dessin du thorax
représentant grossièrement une tête de mort.
Capturé, ou en danger, le sphinx tête de mort
émet un cri aigu, phénomène unique parmi les
papillons.
Son abdomen jaune présente une bande dor-
sale gris—bleuté ; les ailes antérieures sont
brun—clair, celles antérieures jaunes. La
trompe, très courte, est épaisse. Le papillon
est friand âemiel et s'introduit parfois dans

 
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Ik$phinx du liseron
Photo S.Thi0ry
Sphinx du liseron
trompe déroulée
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-5-
les ruches. Envergure : supèrieure à 11 cm.
Cette espèce est très rare dans le
nord de la France, et ne semble pas indi-
gène. Grâce à des hivers doux elle peut,
peut-être, se maintenir quelques temps,
mais doit être enrichie par des migra-
teurs venus du sud.
On trouve parfois son énorme chry-
salide dans les champs de pommes de terre
dont la chenille, verte et jaune avec des
dessins noirs et bleus, se nourrit des
feuilles. L'arrachage mécanique et les
traitements chimiques anéantissent les
quelques exemplaires qui tentent de faire
souche en Picardie.
Nous n'avons trouvé que deux fois
cette espèce, à l'état adulte, dans notre
jardin, attirée par une lampe ultra-violet-
te ; un exemplaire nous a été donné par un
cafetier de Croix-Moligneaux (Somme), un
autre par un instituteur de Franvillers
(Somme), un troisième par un cousin à
Amiens, et un quatrième fut trouvé à
Abbeville. Soit en tout six individus de
1973 à 1975. Quelques rares autres pa-
pillons ont été trouvé, de-ci de—là, dans
notre région, mais nous n'avons à leur
sujet aucune précision.
C'est surtout en Septembre-Octobre qu'
apparaissent, chez nous, ces lépidoptères :
génération issue de migrateurs ou de rares
hivernants (ainsi un papillon a été ren-
contré en juin à Montreuil-sur-Mer).
Sphinx ligustri Linné (Hyloicus ligustri
Linné)
Le sphinx du troëne
Présentant un abdomen rose agrémenté
d'une bande fauve et de traits noirs, le

-6-
Sphinx du troëne posséde des ailes grises
et noires. Il mesure de dix à onze cen-
timètres d'envergure.
C'est surtout en juin-juillet que ce
papillon éclos en Picardie, ordinairement
commun. De rares exemplaires peuvent être
encore aperçus fin août (comme en 1978), Q
peut·être une deuxième génération partielle.
Comme son nom l'indique, ce sphinx,
à l'état larvaire, se nourrit de troëne,
mais aussi de lilas, ainsi que des feuil-
les d'autres arbres et arbustes.
La chenille verte, présente des stries
latérales noires et blanches, l'orifice
des stigmates (servant â la respiration)
est décorée de rouge-orange. ‘
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Si le remplacement des forêts de I
feuillus par des résineux fait le déses- I
poir des écologistes, qui accusent l'Of- [
fice National des Forêts de faire du `
profit en stérilisant les sols et en tuant
les équilibres naturels, il fait par contre
le bonheur du sphinx du pin dont la che—

-7-
nille se nourrit des aiguilles des coni-
fères et trouve ainsi une nourriture de
plus en plus abondante 7 cette dernière
est blanc-rosé, elle présente des bandes
longitudinales confluentes d'un vert
olive, elle porte, en outre, sur le dos
une large bande d'un brun-rouge.
Le papillon mesure environ 8 cm
d'envergure et, est tout gris avec quel-
~ues traits plus sombres. En Picardie, il
se trouve un peu partout, sans jamais
être commun ; il vole surtout fin juin et
en juillet.
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Smerinthus occelatus (Linné)
Le Sphinx demi-paon
Belle espèce atteignant près de 9 cm
chez la femelle. Les ailes antérieures
sont gris-marron tandis que les postéri-
eures s'ornent de rose et d'un grand
ocelle noir et bleu. Ce papillon vole
surtout en juin-juillet, principalement
dans les lieux humides où sa chenille se
nourrit surtout des feuilles de peupliers
et de saules. C'est une espèce rare qui se
rencontre de temps en temps dans les marais
de la Somme (Hortillonnages, Hangest sur
Somme, Hable d'Ault, etc...) ou de l'
Aisne (Cessières, près de Laon) mais qui
doit se trouver partout dans les marais.

-8-
Mimas tiliae (Linné)
Le Sphinx du tilleul
Espèce très variable, tantôt brune,
tantôt verte, avec deux taches plus
sombres sur les ailes antérieures. Ces
taches peuvent être plus ou moins deve-
loppées. Envergure 8 à 9 cm.
En élevage, dans un local chauffé,
le papillon peut éclore dès la fin
avril, mais c'est en juillet qu'il est
le plus commun dans la nature. I
Il y a 2O ans, la chenille du
Sphinx du Tilleul, de couleur verte, ‘
n'était pas rare dans les rejets des
tilleuls de la route de Paris, vers
l'hôpital Pinel à Amiens. L'augmen-
tation de la pollution due aux voitures
et l'emploi massif d'insecticide des-
tiné à anéantir une autre espèce qui
pullulait sur ces arbres, ont entraî-
né la disparition des sphinx du
tilleul à cet endroit. En outre ces
majestueux tilleuls sont condamnés par
l'agrandissement prochain de la route.
A part bien sur le tilleul, la
chenille peut se nourrir aussi d'orme
et d'autres feuillus. Ce sphinx est
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tout, et même à la périphérie des villes
on le découvre parfois endormi au pied
d'un arbre, il ressemble à une fleur
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Laothoe populi (Linnê) (Amorpha populi
Linnê)
Le sphinx du peuplier
Celui-ci n'est pas rare, notamment
près des marais. C'est une espèce grise,
avec un peu de marron aux ailes posté-
rieures. Sa taille atteint 9 cm. L'êpo-
que de vol s'êtend de mai à juillet.
Au repos le papillon, très mimêtique,
ressemble à une feuille sêche. Sa che-
nille, verte, vit sur différentes es-
pèces de peupliers (Populus).
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Le sphinx du peuplier
(grandeur nature)
Hemaris tityus (Linnê)
(Hemaris bombyliformis Ochs.)
(Haemorrhagia scabiosae Z.)
Le Sphinx gazê bombyliforme
Petite espèce diurne (4 cm), exces-

-10-
sivement rapide, et butinant sans se
poser sur les fleurs. Mai et Août(plus
commun en 1ère génération). Autrefois
abondant dans les friches du bois de ·
Creuse près d'Amiens, il en a disparu l
après leur mise en culture. Rencontré
aussi à Moreuil (Somme).
La chenille est verte, avec des )
grains et des lignes latérales blanches.
Elle vit surtout sur le chévrefeuille,
mais aussi sur les scabieuses, les gail- (
lets, les lychnis, etc.. _
Quant le papillon éclos, ses ailes
sont recouvertes d'écailles qui dispa-
raissent dès le premier vol, sauf une
bande externe, celles-ci deviennent
alors transparentes.
Le Le `
sphinx ,
gazé bombyliforme Sphlnxgazê
(grandeur nature) fuciforme
Hemaris fuciformis (Linné)
Le Sphinx gazé fuciforme
Espèce voisine de la précédente. Elle
s'en distingue surtout par la bande ex-
terne des ailes, plus large et plus rouge-
âtre, ainsi que par les troisième et
quatrième segments de l'abdomen qui sont
brun—rouge, tandis que chez tityus ceux-
ci sont noirs.
Bien que très commun, en juin, en
forêt de Crècy en Ponthieu (Somme) cette
espèce semble rare ailleurs, comme autre
localité dans le nord de la France où
nous l'avons rencontré, citons : Clairy
Saulchoix (Somme) et Hargnies (Ardennes).
Ce petit sphinx doit cependant

-11-
être bien plus répandu, mais il doit
passer inaperçu, tout comme tityus, grâce
à son vol rapide et à sa ressemblance
avec un bourdon.
La chenille, qui ressemble à celle
de l'espèce voisine, se nourrit de
scabieuse, de chêvre-feuille, etc...
Macroglossum stellatarum (Linné)
Le Moro—sphinx
La fréquence de ce petit sphinx
diurne (5cm) est très variable en Picar-
die : une rare population autochtone
doit être renforcée parfois, lors d'an-
nées favorables, par des migrateurs
venant du Sud. A la différence du genre
Hemaris, le Moro-Sphinx ne perd pas ses
écailles lors de ses premiers vols.
Ses ailes antérieures sont gris-
marron, tandis que les postérieures sont
décorées de rouge-orange.
Le Moro-Sphinx se rencontre un peu
partout dans nos régions et on peut le
voir butiner sur place les fleurs de nos
jardins : Phlox, par exemple. A la
Station d'Etudes en Baie de Somme, à
Saint Valery sur Somme, en août 1976,
chaque jour 2 ou 3 moro-sphinx venaient
se régaler des fleurs de centranthe, tels
des oiseaux-mouches.
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sphinx de l'épilobe moro-sphinx
fv-13)

..12..
Daphnis nerii (Linné) (Deilephila nerii
Linné)
Le sphinx du laurier-rose
En 1840, Dujardin, dans son "Cata-
logue méthodique des Lépidoptères trou-
vés dans les environs d'Amiens", publié
par la Société Linnéenne du Nord de la |
France, cite le Sphinx du laurier-rose.
En 20 ans de recherches dans notre
région, jamais nous n'avons rencontré ce
magnifique sphinx vert, qui peut attein-
dre 10 à 11 cm d'envergure. I
Des exemplaires de ce papillon
migrateur, originaire d'Afrique, se repro-
duisent dans la région méditérannéenne,
leurs chenilles se nourrissant de laurier
rose ou de pervenche, et certains, lors
de saisons chaudes, peuvent atteindre le
sud de la Suéde et l'Irlande.
Lors de ces vols migrateurs vers le
nord, le sphinx du laurier-rose pourrait
donc, en effet, visiter la Picardie.
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sphinx du laurier rose

Proserpinus proserpina (Pallas)
(Pterogon proserpina Pallas)
Le sphinx de l'épilobe
Petite espèce (4 â 5 cm) aux ailes
dentelées, celles antérieures avec une
dominante verte très sombre, celles pos-
térieures jaunes.
Papillon d'activité surtout noc-
turne, plus commun dans les régions
montagneuses. Un exemplaire a été cap-
turé par nous à Cessières (près de
Laon) le 10 juin 1973. En 1954, J.
Lecuyer éleva quatre chenilles, trouvées
dans son jardin de Nogent sur Oise, sur
des fuchsia. Habituellement proserpina,
à l'état larvaire, se nourrit d'épilo-
bes, et c'est sur des épilobes que notre
ami Daniel Lohez récolta quelques che-
nilles dans un terrain vague de Beuvry,
près de Béthune, dans le Pas de Calais.
La chenille ne possède pas de
corne, celle-ci étant remplacée par une
plaque cornée.
Le sphinx de l'épilobe atteint
dans nos régions sa limite nord, il est
excessivement rare en Belgique dont il
atteint, â peine, le sud.
Hyles euphorbiae (Linnë) (Celerio euphor-
biae Linné)
Le Sphinx de l'Euphorbe
Belle espèce, de taille moyenne
(6cm), assez colorée de vert olive, de
rose, et de noir.
Le sphinx de l'Euphorbe est très
localisée en Picardie : 20 années de re-
cherches nous ont seulement permis de
l'observer, d'une part le long du litto--
ral de la Somme où l'espèce n'est pas

-14- .
rare, d'autre part un unique exemplaire
a été pris au camp militaire de Sissonne
près de Laon.
En août les magnifiques chenilles
du sphinx de l'Euphorbe peuvent être
trouvées sur les Euphorbia paralias
poussant dans les dunes, notamment au
Crotoy, ces chenilles sont décorées d'
une bande dorsale rouge, ressortant sur
un fond noir orné de taches rondes oran-
gées. Fin juin, début juillet, le pa-
pillon peut être attiré â la lumière,
nous en avons observé ainsi plusieurs l
exemplaires dans les dunes de La Mollière I
(Somme).
Euphorbiae, à l'état larvaire, se
nourrit de plusieurs espèces d'euphorbes:
â Sissonne, la chenille vit sur Euphor-
bia cyparissas (euphorbe â feuilles de
cyprès).
Le sphinx de l'euphorbe n'a, en
Picardie, qu'une seule génération; pour-
tant notre ami Francis Lapauw, l'ayant
élevé, a obtenu plusieurs éclosions en
Septembre. N
\
Hyles gallii (Rottembourg) (Celerio
galii Rottembourg)
Le Sphinx de la garance  
Ressemblant au sphinx de l'Euphorbe, `
le sphinx de la garance n'a jamais été
observé en Picardie ; pourtant notre ami
Georges Orhant a obtenu en juillet 1976
quatre éclosions de papillons dont les
chenilles avaient été récoltées dans le
Pas de Calais, â Bapaume. 1
Dans le reste de la France, le
Sphinx de la garance est devenu rare \
depuis l'abandon de la culture de sa %

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Sphinx de la garance
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Chenille du sphinx   peuplier  
photos S·Th1¤ry

-1 5-
principale plante nourricière : la ga-
rance (Rubia), qui servait de teinture
rouge. Autres plantes pouvant nourrir la
chenille : Epilobes, Euphorbes, Gaillet,
etc..
Hyles lineata (Fabricius) (Celerio
lineata Fabricius)
Le Sphinx livournien (du nom de la
ville italienne Livourne, d'oü fut
décrit pour la première fois, le pa-
pillon).
Cette espêce, voisine de Euphor-
biae et de Gallii, n'a jamais été ren-
contrée en Picardie. Pourtant sa pré-
sence dans notre région n'a rien d'im-
possible car, comme beaucoup de sphinx,
c'est un papillon migrateur.
Originaire d'Afrique (il est par
exemple, très commun dans le Sud-Algé-
rien, â Ouargla, où nous l'avons obser-
vé volant de jour comme de nuit) il
entreprend des migrations qui peuvent
le porter jusque dans le sud de la
Suéde. Dand l'Europe du nord, le
Sphinx livournien ne peut se main-
tenir et est détruit par l'hiver.
Sa chenille est polyphage et peut
s'attaquer à la vigne.
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Sphinx livournien

i
-16-
Deilephila elpenor (Linné) (Pergesa
elpenor Linné)
Le Sphinx de la vigne
Très belle espèce de teinte rose,
agrémentée de noir et de vert olive.
Envergure : 5,5 cm. Le papillon est
commun un peu partout en Picardie,
surtout en juillet, mais quelques exem-
plaires isolés peuvent être rencontrés I
fin août (2ème génération partielle).
La chenille, brune ou vert noi-
râtre, posséde une partie antérieure
renflée et décorée de quatre grandes
ocelles. Contrairement à la plupart des
chenilles de sphinx, celle-ci ne pré-
sente pas de corne ; elle se nourrit de
diverses plantes basses : Epilobium, I
Vitis (vigne) Fuchsia, etc...
Petit Sphinx
`¤E§» <!§T'
Sphinx de _ _
la vigne .
Deilephila porcellushîîinné) (Pergesa
porcellus Linné)
Le petit sphinx de la vigne
Jolie petite espèce (4,5 cm) va-
riable de coloris : vert jaunâtre ou
rose. Elle est commune partout dans nos
régions, surtout en Juin. Très commun
notamment en forêt de Compiègne. Le
papillon est très attiré par la lumière. g
Sa chenille, de couleur gris-lilas et
dépourvue de corne, vit surtout sur les ‘
Epilobes et les Gaillets. _

-17-
Hippotion celerio (Linné)
Le Sphinx Phaenix
Il est originaire d'Afrique et en-
treprend des migrations vers le nord
jusqu'au Danemark et l'Ecosse.
En 1840, dans son catalogue,
Dujardin cite cette espèce des environs
d'Amiens. Nous ne l'avons jamais vu en
Picardie.
Le papillon, mesurant jusqu'à 7 cm,
présente sur un fond gris, des fines
bandes blanches ; les ailes postérieures
sont roses et noires.
La chenille se nourrit des feuilles de
vignes, gaillet, epilobe, linaire, etc..
; 1 ’ .2.
"Q" $97
Sphinx phaenix
La faune des Sphinx de Picardie
comprend donc un fond de 11 espèces
indigènes, auquel il faut rajouter des
espèces migratrices qui viennent par-
fois envahir nos régions lors d'été
chaud (1976 par exemple). Celles-ci

-18-
peuvent se maintenir un temps grâce à
des hivers doux ; il est à craindre
que l'hiver 1978-1979 ait détruit les
quelques chrysalides d'espèces plus
méridionales qui tentaient de survivre
sous nos latitudes.
Le statut de Proserpinus proser-
pina, le Sphinx de l'épilobe, est plus
complexe, il est encore trop tôt pour
savoir si ce papillon est installé de
façon permanente dans les rares loca-
lités où il a été rencontré, ou si ces
exemplaires sont des migrateurs.
Espèrons que ces jolis papillons
que sont les sphinx pourront encore
longtemps égayer nos étés, préservés des
destructions et des empoisonnements de
la Nature, ainsi que des massacres des
entomologistes collectionneurs pour qui
les sphinx ne sont pas des êtres
vivants, mais des pièces rares à épingler
dans une boite vitrée.
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Sphinx du liseron
butinant, en volant sur place. `

-19-
LE SPHINX DU PEUPLIER
Sa vie - Son élevage
par Sylvain THIERY
Cette espèce est assez commune de
Mai à Août en 2 générations. Les éclosions
ont lieu de préférence le matin. La nym-·
phose ayant lieu sous terre, à une pro-
fondeur de 5 à 30 cm, le papillon sitôt
éclos remonte à la surface, tout en se
vidant du méconium (résidus excrémen-
taires formés pendant cette nymphose). Ce
méconium est brun-orangé chez le sphinx`
du peuplier. Puis il recherche un sup-
port vertical et développe ses ailes. La
femelle reste généralement sur le support
en attendant l'arrivée du mâle qui, sorti
quelques jours auparavant, est à sa re-
cherche. Il est à noter qu'en captivité le
phénomène inverse se produit très souvent :
pour des individus d'une même ponte, le
mâle éclos de 2 à 6 jours après la femelle.
Toutes ces opérations (éclosionw remontée
à l'air libre, développement et séchage
des ailes) sont assez longues chez le
sphinx. "Né" le matin, le papillon n'est
prêt à l'envol que le soir.
Dès que le mâle découvre la femelle
(celle-ci possède des glandes odoriférantes
à l'extrémité de l'abdomen et le mâle
perçoit ces odeurs grâce àrses antennes) il
se pose près d'elle et commence une danse
en tournant rapidement autour de sa future
partenaire. Cette danse pré-nuptiale est
brève. L'accouplement a lieu immédiatement
après et dure 3 à 10 heures. Puis mâle et
femelle se séparent. A partir de ce moment
les glandes odoriférantes de la femelle ne
fonctionnent plus et elle n'attirera plus
d'autres mâles.

-20-
En captivité, un mâle peut s'accoupler
avec deux femelles, mais la ponte résul-
tant du deuxième accouplement est le
plus souvent stérile.
Dès qu'elle est fécondée, la femelle
cherche un lieu de ponte. Ce sera aussi
bien les parois de la boite d'élevage que
les branches de saule ou de peuplier mis
à la disposition des futures chenilles.
Elle parcourt alors le support en battant
des ailes pour que son abdomen alourdi ne
se heurte pas aux aspérités. De place en '
place, elle courbe l'extrémité de son
abdomen et dépose un oeuf, petite sphère
lisse, verte, d'environ 1 mm de diamètre
qui adhère fortement à son support. La
ponte dure de 1/2 heures à 3 heures et '
elle est constituée de 20 à 50 oeufs. La
femelle mourra peu de temps après.
A partir du 10eme jour, les mou-
vements de la chenille sont perceptibles
à travers la coquille. La naissance a lieu
au bout de 2 à 3 semaines. Au premier
stade la chenille présente une grosse
tête anguleuse et la corne ornant la
partie dorsale du 11eme segment est très
longue et très courbée. Le plus souvent,
la jeune larve mange la coquille de l'oeuf
dès sa sortie. Par contre elle s'attaqua
rarement aux oeufs non éclos. Les chenilles
grandissent assez rapidement. Les mues
s'effectuent en 2 étapes : dans un premier
temps, le bouclier céphalique se décolle
et tombe - puis, en se tortillant, la
chenille sort de son ancienne peau ou
exuvie qu’11 lüî AÉKWVG du dévorer pa: la
suite. Les cas de cannibalisme sont fré-
quents en élevage si certaines précau-
tions ne sont pas prises. Une chenille
peut très bien dévorer une congénère
venant de muer, la nouvelle peau étant

-21-
alors très fragile. Elle attaque alors
par le flanc et vide littéralement sa
victime. Un autre fait couramment observé
est le grignotement de la corne du 11eme
segment, ce qui d'ailleurs n'entrave en
rien la suite du développement car cette
zone cicatrise très facilement.
Les blessures sur le reste du corps
peuvent par contre s'avérer dangereuses
car elles facilitent les infections cryp-
togamiques.
Ces accidents sont dûs à une nourriture
insuffisante donc à un manque d'eau obli-
geant la chenille à "boire" dans sa voi-
sine. Intervient donc le problème d'une
densité trop élevée de chenilles dans la
cage d'élevage. Le fait que la corne
ornant la chenille soit le siège d'une
secrétion particulièrement attractive
peut aussi intervenir dans ces cas de
cannibalisme.
Après 4 ou 5 mues, suivant les condi-
tions climatiques, la chenille recherche
un endroit propice à la nymphose. Elle
cesse de manger, se vide de tous ses
excréments. Sa longueur diminue alors de
moitié. Elle semble se durcir et ternir
la corne caractéristique se plaque contre
le corps. Puis la chenille s'enterre et
se façonne une petite loge en se contrac-
tant brusquement pour tasser la terre
autour d'elle. La mue nymphale a lieu 2
ou 3 jours après. La peau de la chenille
se fend derrière la tête puis sur toute la
longueur du corps ; la chrysalide apparaît
alors et par contorsions, la mue est repous-
sée vers l'extrémité du corps. La nymphe
est tout d'abord blanc-verdâtre et très
molle. Puis la cuticule sèche et se

-22-
durcit pour devenir brune après quelques
heures. Sur la chrysalide figurent déjà
les ébauches des antennes, ailes et ·
pattes du futur papillon. La période Q
nymphale s'étale sur 3 à 6 semaines. De I
ces chrysalides sortent des individus `
plus petits que ceux nés au printemps.
Ils s'accoupleront à leur tour immé- —
diatement et les chrysalides de cette
deuxième génération passeront tout ¤
l'hiver en terre, enfouies un peu plus `
profondément que celles de la génération
précédente pour donner naissance à I
l'imago, aux premiers beaux jours de Mai.
Dans la nature, les chenilles sont
attaquées de multiples côtés. Outre les
prédateurs (Oiseaux, Coléoptères... ) ·
deux dangers menacent les chenilles et
peuvent causer des ravages, à plus forte
raison en élevage où les possibilités
d'épizootie sont multipliées par le fait
de la densité élevée d'individus. `
- Maladies à virus et champignons
- Insectes parasites. I
Maladies à virus : principalement 2
formes.
. La Grasserie : le virus provoquant la ·
liquéfaction puis la cristallisation de ‘
la chromatine des cellules sanguines. La I
chenille gonfle, se durcit et prend un '
aspect huileux.
. La Flacherie : le virus favorise la
prolifération de Streptocoques et de
Bacilles qui provoquent une dysenterie.
Les chenilles noircissent et laissent
écouler un liquide brunâtre nauséabond.

-23-
Champignons : principalement un ascomycète
cordiceps à asques orangées.
Insectes parasites
2 catégories : Les Mouches Tachinaires et
les Hyménoptères (Ichneumons, Braconides)
Ces insectes pondent leurs oeufs sur ou
dans les chenilles ; les larves se déve-
loppent en rongeant l'intérieur de la
chenille qui continue à se nourrir, du
moins un certain temps. Puis les larves
se transforment en nymphe ou pupe dans un
cocon blanc ou jaunâtre qui fait saillie
hors de la chenille.
ELEVAGE - QUELQUES CONSEILS
La boite d'élevage sera de dimensions as-
sezimportantesau minimum 50 x 50 x 50 cm
pour 20 chenilles. Les montants sont en
bois (non traité !). Les faces sont cons-
tituées de toile métallique ou mieux de
toile à rideaux afin de permettre l'aéra-
tion maximale. Le sol est un mélange de
sable et de terre de taupinière tamisée.
La nourriture est constituée de feuilles
de saule ou de peuplier. Prendre un bocal,
percer le couvercle et passer les branches
nourricières par les trous du couvercle,
faute de quoi, les chenilles en descendant
le long de la branche, iront se noyer.
Cette nourriture doit être changée tous
_ les 2 ou 3 jours ainsi que la couche su-
perficielle du sol, ceci afin d'éviter
toute formation de moisissures.
Evitez de manipuler les chenilles - pour
les jeunes larves qui s'aventurent hors
des feuilles nourricières, utilisez un
pinceau fin (cela peut prendre du temps).
La boite ne doit jamais être placée en
plein soleil et la rosée peut être rem-
placée par une fine pulvérisation d'eau

-24- I
distillée ou d'eau de pluie.
: Enfin, ne conservez que des individus en
bonne santé - toute apparition de maladie
entraîne le sacrifice des individus
atteints (ou leur remise en liberté afin
qu'ils servent de nourriture à leurs
prédateurs naturels) et le changement
de boite afin d'éviter l'épizootie.
Et quand les adultes seront obtenus,
n'oubliez pas de les relacher, les
chauves-souris seront si contentes de
trouver des proies sans insecticide I I
Bibliographie : Atlas des Lépidoptères
de France par F. Le Cerf (Editions
Bmm%)TmœI
Papillons d'Europe par J.F. Aubert
(Editions Delachaux et Niestlé)
Tome I et II 1 
1 
11 (·l!MIl’
1.
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ST E?.
Schéma de la chenille en position
caractéristique dite "du Sphinx"
I à III : pro-méso-et méta-thorax
IV à XII : segments abdominaux I
F.P. : Fausses pattes
ST : stigmates
P.T. : pattes thoraciques

-25-
. , Am.,
 `
È? ` ygpïë w â
gëm  
¢$§?êë~”·
'É" êï?-> wm-
QÉ wiül "w·..
.&Y Ã;
Chenille au repos : la lumière incidente
éclaire la face ventrale et l'éclaircit.
Le relief disparait - la chenille semble
plate comme une feuille.
(CQTT in AUBERT)
Le Mouvement Ecologique Picard, le
Club picard des Jeunes Amis des Animaux
et de la Nature et le ROC diffusent un
auto-collant demandant la réintroduction
du Lynx.
Nous I'€pôI'l€I'O1’1S dô1’1S UI1 pI'OChôi1’1
article de la réintroduction du Lynx qui
aurait (et avait) sa place dans les Alpes,
les Vosges mais aussi en Picardie. Cet
auto-collant, circulaire représente un
lynx (fauve) sous un soleil (jaune) sur
un fond rose, vert, bleu ou orange (au
choix). Le texte est noir.
Il est disponible au : 4, rue des
Archers, le lundi de 13 h à 14 h et de
18 h à 19 h et le Mercredi de 17 à 19 h
(sauf vacances universitaires) au prix
de 3 F. Par la poste ajouter 1 f pour
frais d'envoi (réduction par quantité).

-26-
MIJS N'IRQ~IS PLUS AU BDIS ]
Chacun sait que la Gaule n'était qu'une imnense
forêt dans laquelle les tribus se taillaient des clai-
rières...
Au XX° siècle, la situation est :Lnversée... Or,
il restait dans le Saint-Quentinois un bois... le bois
d'Ho1non où les citadins du siècle précédent venaient .
sepraneneretdanser, amenésparunpetittraindu
dimanche, ma:|.ntenant disparu... ·
Le progrès aidant, le bois (œ qu'il en reste)
est interdit au public ; des défrichanents abusifs,
sanctionnés paraît-il, mais un peu plus tard, des
dépôts d'ordures admis longtatps sans mène l'enquète
ccmmdo et :Lno¤xmodo habituelle, des sablières et la
route qui y mène, la chasse et son cortège de pièges
et d'appâts enpoisonnés 8   Rien ne marquait à La
liste des atteintes que peut subir un bois... "Rien...?
- Jusqu'à présent, mais œ qui devait arriver...
arrivera. ·
Une autoroute, poétiquanent baptisée A 26, aussi
contestable que toutes les suivantes Jsinon toutes les
précédentes .... va passer pas lo:Ln.. .
-   elle passe à côté 11...
- 011 mais elle a besoin de sable et justeœnt, ·
ça tcnbe bien (1) le sous-sol du bois en est go1:gé...
Le modeste village d'Holnon achète` (?) 70 hecta- \
res, mis en vente au nàœ nrxnent et concède l'exploi·-
tation d'une sablière gratuite (?) à La Société de \
l'autoroute. Un bel exatple d'arranganent sur le dos I
de la Nature sans doute ?
Après exploitation, l';imnense excavation doit
étre réanênag&(?) . On parle d'une zone de lo:Lsirs...
Qaels loisirs ? quelles sources de financanents (?) ·
Pour qui (?)

-27-
Plus de ooucous (fleurs ou oiseaux) plus de che-
vreuils, plus de bois. . .
Toutes les personnes à qui on en parle le regret-
tent... mais c'est à 8 kms de la ville, personne n'i.ra
camper devant les bulldozers. . .
Les anciens des villages concernés parlent des
bois ccxtme d'une peau de  
Tout le monde va en voiture, en forêt de St-
Gobain ou de Mennevret, 30 kms plus loin...
Si le bois d'Holnon était digne de ce nom, OH
y irait plus volontiers au lieu de gaspiller de l'es-
sence.. . Mais ce n'est pas la zone de loisi.rs qui
attirera. . . sinon les gens fréquenteraient celles qui
existent déjà ; ce qu'ils veulent c'est le contact
avec un bois, une forêt qui ne sont pas faits exprès
pour eux. . . C'est calme, gratuit, on croit être les
praniers à prendre le sentier. . .
Alors, on n'évitera pas la sablière. . . Ce serait
un combat d'arrière-garde.. . mais il faudrait dès main-
tenant avoir une concertation avec le village proprié-
taire. La parcelle momentanément exploitée devra
retrouver sa vocation pranière d'espace boisé.
La conmune pourrait alors tirer ultérieurement
ressource de son bois ; que des chanins pédestres y
soient tracés et ouverts aux promeneurs, ce serait
déjà un tel progrès par rapport à cette hypothétique
zone de loisirs qui serait un désert biologique.
Nul ne pourrait s'en plaindre. Et œla pe.rmettrait
le retour d'une flore spontanée et d'une faune adaptée..
de cette flore et de cette faune en régression si impor-
tante dans le Vermandois. . .
GROUPE ECOIDGIQJE
S1‘—@JENI‘INOIS

I
I
-28- ·
LE TADORNE DE BELON TADORNA TADORNA
DANS LA SOMME
par F. SUEUR
Le Tadorne de Belon est un oiseau de
la famille des Anatidés (Cygnes, Oies,
Canards...) dont la taille est intermédi- I
aire entre celle des Oies et des Canards.
Son plumage bariolé fait qu'il n'est con-
fondable à distance raisonnable avec aucune
autre espèce. La couleur de fond du plu-
mage est blanche, la tête et le haut du
cou sont de couleur noire avec des reflets
verdâtres ; les scapulaires, les rémiges et
l'extrémité de la queue sont de même cou- A
leur mais avec des reflets beaucoup moins
nets ou absents. La base du cou est souli-
gnée par une bande pectorale rousse d'où
part une raie ventrale noire, les sous- I
caudales sont également rousses. Le bec est ·
rouge et les pattes roses. Cette description ,
est celle des adultes de l'espèce en plumage '
nuptial, à partir du mois d'aoüt du fait de
la mue ils sont beaucoup moins colorés ; les
immatures sont beaucoup plus ternes avec les
pattes grisâtres. Le mâle peut être distin-
gué de la femelle par une taille plus forte,
et au printemps par un tubercule proéminent
à la base du bec et une bande pectorale plus :
large notamment .... Le caneton est brun
sombre et blanc.
L'aire de nidification du Taborne de
Belon s'étend sur l'Europe et l'Asie, il
existe également une petite population en
Tunisie.
Dans les dunes du Marquenterre, au nord
de la baie de Somme, le Tadorne de Belon est I
I

-29-
Connu comme nicheur depuis le 19e siècle
(MARCOTTE, 1860) mais étant l'objet de
persécutions de la part des hommes, .~
cette espèce ne survivait dans ce sec-
teur qu'en trêspetitnombre. En 1968
(année de création de la réserve natio-
nale de chasse en baie de Somme), il y
a une quinzaine de couples nicheurs.
Suite à la protection, les effets se
mettent à croître : au moins 50 couples
en 1973, 90 à 100 en 75, 80 à 120 en
1976, 110 à 150 en 77 et 140 à 150 en
78 ; du fait de la dispersion des couples
dans le massif dunaire il est tres dif-
ficile de réaliser des recensements plus
précis. Il faut noter que CRAMP et
SIMMONS (1977), ne disposant pas des
données de notre région, considérent
qu'il niche de 120 â 200 couples en
France principalement en Bretagne et en
Camargue ; le Marquenterre abrite donc a
peu près la moitié de la population
nidificatrice française. Remarquons que
cette espèce, nichant essentiellement
sur les côtes maritimes en Europe du
Nord—0uest, s'est reproduite en 1978 à
environ 100 km du littoral sur un bassin
de décantation dans l'est du département
de la Somme (M. DERIEUX, A. GENDRIN, F.
et M. SUEUR).
Fin mars-début avril, les couples
s'individualisent et sont à la recherche
d'un emplacement pour nicher, celle-ci
est surtout effectuée par la femelle. Le
mid est souvent installé au fond d'un
terrier de Lapin dans les dunes à Argou-
siers du Marquenterre mais il peut éga-
lement se trouver dans une cavité de
blockhaus. La femelle y pond de 8 à 15
oeufs blanc crême (dimensions moyennes :
65 mm x 45 mm) mais des pontes de plu-

I
-30-
sieurs femelles peuvent avoir lieu dans
le même nid : jusqu'à une trentaine d'
oéùfs ensemble (RIBEAU et HEDIN, 1975).
Au bout de 28 à 30 jours d'incubation par I
la femelle seule, les oeufs éclosent et
les canetons sont conduits à l'eau par
les parents soit tenus par le cou avec le
bec, soit transportés sur le dos ; la
distance parcourue ainsi peut atteindre I
2 km. La date d'observation de canetons
la plus précoce dans notre région est le
13 Mai 1978 en baie d'Authie (0. .
HERNANDEZ et T. RIGAUX). Les jeunes
restent pendant quelques temps avec leurs
parents puis ils peuvent rejoindre une
crêche pouvant comporter jusqu'à plus de ·
100 jeunes individus accompagnés par quel- .
ques adultes. A l'âge d'environ 50 jours, _
ils peuvent voler. Dès la fin juin mais
surtout en juillet les immatures nés les
années précédentes et les adultes par-
tent en migration de mue : les Anatidés
ont pour particularité, partagée avec
d'autres familles, de perdre toutes leurs
rémiges en même temps et donc d'être in-
capables de voler pendant cette période ;
en général les individus d'une même
espèce se regroupent dans des lieux pri-
vilégiés habituels oü ils sont à l'abri
des prédateurs pendant cette phase déli- \
cate de leur vie. Les Tadornes de Belon
originaires de la baie de Somme rejoi-
gnent la mer des Wadden, où muent de nom-
breux oiseaux du nord-ouest de l'Europe
appartenant à cette espèce. Le retour dans
notre région a lieu en septembre-octobre;
ensuite avec l'arrivée des hivernants I
nordiques, les effectifs deviennent plus
importants : 800 à 2000 individus de _
novembre à février ; parfois davantage ·
en cas de coup de froid : 3000 individus
le 14 janvier 1979 en baie de Somme

-31-
(X. COMMECY, H. DUPUICH, E. MERCIER,
F. et M. SUEUR), auparavant un passage
de plus de 1500 individus avait été noté
à Quend-Plage (G. DUHAMEL). A noter qu'à
l'intérieur des terres, il y a quelques
années, cette espèce était considérée
comme rare alors qu'elle est désormais
observée chaque hiver (NEVEU et SUEUR,
1978) notamment dans la haute vallée de
la Somme oü un maximum de plus de 50 indi-
vidus a été enregistré en janvier 1978
(COMMECY et SUEUR, 1978).
En baie de somme, la nourriture du
Tadorne de Belon est essentiellement
constituée par un Gastéropode de 4 à 7 mm
de longueur Hydrobia ulvae dont il se
nourrit principalement à marée montante
lorsque le flot met ce mollusque en
suspension (DUHAMEL, 1979). Dans le
Marquenterre, on peut observer le Tadorne
se nourrisant d'Algues vertes aquatiques
ainsi que de graines de céréales mises à
la disposition des Anatidés captifs. La
nourriture à l'intérieur des terres
n'est pas connue.
Les prédateurs de cette espèce sur
le littoral picard sont l'homme qui tue
chaque année, malgré l'interdiction de la
loi, quelques dizaines d'individus au
moins ; le Renard (prédation exercée
sur les nichées et les couveurs ; RIBEAU
et HEDIN, 1975) et le Goéland argenté
(captures de jeunes de petite taille).
En conclusion, la population ni-
cheuse du Tadorne de Belon dans le Mar-
quenterre, représentant à peu près la
moitié de la population nidificatrice
française, n'est pas menacée actuellement
malgré les tirs illégaux dont elle est
l'objet, elle est même en expansion.

-32-
Toutefois il faut préciser que les
projets d'aménagement du Marquenterre
avec notamment l'ouverture d'une route
permettant un accès plus rapide et
plus facile qu'actuellement au massif
dunaire perturberaient la reproduction
de cette espèce qui pourrait donc se ‘
trouver menacée.
Je tiens à remercier pour leur .
contribution Mlle A. GENDRIN, MM. X.
COMMECY, M. DERIEUX, G. DUHAMEL, H.
DUPUICH, O. HERNANDEZ, E. MERCIER, M.
SUEUR et T. RIGAUX.
BIBLIOGRAPHIE
- COMMECY, X. et SUEUR, F. (1978).
Migrations et hivernage des oiseaux
aquatiques sur un étang de la haute
vallée de la Somme : Cléry sur Somme.
L'Avocette 2 (2-3-4) 82-93.
- cRAM1>, s. et s1MM©Ns, 1<.E.L. (1977). .
The Birds of the Western Paleartic,
Vol. 1 - Oxford - London-New-York |
(Oxford University Press) 714 p.
- DUHAMEL, G. (1979). Le Tadorne de Belon
Tadorna tadorna, l'Huitrier-pie
Haematopus ostralegus, le Courlis
cendré Numenius arquata et le Bécasseau
variable Calidris alpina sur le _
Littoral picard. L'Avocette 3 (1-2)
1-9 (à paraître).
- MARCOTTE, F. (1860). Les animaux
vertébrés de l'arrondissement
d'Abbeville. Mém. Soc. Emul. Abb. 9 :
217-470.
I
I

-33-
- NEVEU, G. et SUEUR, F. (1978). Avifaune
de la Moyenne Vallée de la Somme :
secteurs de Bray-sur-Somme et Corbie.
Les autres Vertêbrês. L'Avocette 2
(1) 1-20.
- RIBEAU, E. et HEDIN J. (1975). Eg
Tadorne de Belon (comptage et compor-
tement en Baie de Somme). Monographie
d'Ecologie, lë p.
S.F.
16 rue Pierre de Coubertin
80800 CORBIE
__._:|;lQ;~. .
 ii ;   `'`î `
1;   -
jj-_. .~7pH*'¢   ~ ïÉî; ~ I
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' ' · 5, *... -:%;--3   :
W .,, (  _   gr 7 —

-34-
TRITONS ET SALAMANDRES EN PICARDIE
par Maurice DUQUEF
u
Comme la plupart des batraciens et '
reptiles, la répartition des tritons et
salamandres en Picardie est très mal ·
connue. Nous espèrons que cet article \
incitera nos lecteurs à nous signaler
leurs découvertes.
Rappelons les excellents livres de ‘
Fretey, ainsi que d'Arnold et Burton
(voir Picardie-Ecologie n° 1). Une fois
déterminés les animaux seront relachés
dans leur milieu naturel, et il serait
anti-écologique de vouloir les garder en
aquarium, et encore plus de les tuer pour
les garder dans un bocal de formol.
Les tritons et salamandres parti-
cipent aux équilibres naturels, mais ils
sont malheureusement victimes de l'assê- ,
chement des zones humides ; leur pro- j
tection absolu s'impose donc. Ces animaux
sont classés dans les Amphibiens (Batra-
ciens) et appartiennent à l'ordre des
Urodèles.
Comparé à l'ordre des Anoures (Cra-
pauds et grenouilles) celui des Urodèles
se distingue par un corps lacertiforme et
par la présence d'une queue persistante
chez l'adulte. 5
Ne pouvant se passer d'humidité, les n
urodèles, cependant, ne gagnent les mares n
que pour s'y reproduire au printemps. La
plupart des espèces rejoignent le milieu
terrestre dès l'été : ils sont alors actifs
surtout par les nuits humides.
Un seul sous-ordre des Urodèles est
picard : celui des Salamandroïdes ; il se

-35-
divise à son tour, en plusieurs genres
dont deux existent chez nous : Triturus
(les tritons) et Salamandra (la Salamandre).
Passons maintenant en revue les espèces
picardes.
Le Triton ponctué (Triturus vulgaris)
Espèce de 80 à 110 mm suivant les sexes,
de coloration brun-jaune, verdâtre ou
rougeâtre, ornée de tâches sombres ; au
printemps le mâle s'orne d'une superbe
crête et prend une coloration plus vive.
La femelle prend une livrée nuptiale
plus discrète que le mâle.
Espèce très commune encore aux environs
d'Amiens. Pourtant le comblement de la
plupart des mares de la périphérie d'
Amiens a entraîné la destruction de popu-
lations importantes : environs des
étangs de Saint Pierre et de Rivery,
Marais de Renancourt, etc.. Le triton
ponctué, comme le triton alpestre,
peut se trouver dans des abreuvoirs
bétonnés hauts de 60 cm, à plusieurs
kilomètres de toutes mares et marais,
comme à Quevauvillers (Somme). La des-
truction des mares de villages du pla-
teau picard entraîne bien sûr la mort
de plus d'un triton, ou tout au moins
supprime leur lieu de reproduction.
Dans l'0ise, près de Beauvais,
Vincent Boulet a trouvé le triton
ponctué à SaVignies, Bois de Belloy,
Espaubourg, Mont Saint Adrien, entre
Saint Léger en Bray et Berneuil en Bray,
Val de l'eau, Saint Sulpice, etc...
Dès le mois d'Avril, les deux sexes
ont regagné l'eau, après hibernation, et
s'accouplent : le mâle présente à la
femelle les couleurs nuptiales de sa
queue frangée qu'il replie sur le côté
et fait vibrer ; ce petit jeu se répète

-36-
plusieurs fois, le mâle poursuivant la
femelle. Au maximum de l'excitation le mâle ·
libère un spermatophore (sac contenant les
spermatozoïdes) qui est alors absorbé par le
cloaque de la femelle (c'est donc un accouple-
ment externe). La femelle va alors pondre
plusieurs dizaines d'oeufs (jusqu'â 350 selon
Fretey) en les collant un par un dans une
feuille enroulée.
En général la larve se transforme en I
triton dès l'automne, il sera en âge de se
reproduire dès sa deuxième année. ·
Le Triton palmé (Triturus helveticus)
C'est l'espèce la plus petite de France, â
peine supérieure â 7 cm (dont environ 4 cm
pour la queue). La teinte générale est le
gris-marron ; le ventre est jaune orangé. La
gorge est sans tâche , ce qui permet de dis-
tinguer cette espèce du triton ponctué qui a
presque toujours la gorge tachetée. `
La queue est terminé par un filament et les
pattes, surtout les postérieures, sont palmées
(ces caractères peuvent être plus ou moins
développés). Le triton palmé se nourrit surtout
de diptères et de leurs larves, ce qui en fait
un auxilliaire précieux dans la lutte contre
les moustiques;. Il est commun dans la plupart
des mares de la région amiénoise.
Au sud-ouest de Beauvais, Vincent Boulet
cite des localités où il l'a rencontré régu-
lièrement : Savignies, La Chapelle aux Pots,
Frocourt (Bois du Metz), Vaux ; Bois de Belloy,
d'autres exemplaires ont été vus sporadiquement
â Vessencourt, Les Clos, Le Mont Saint Adrien, \
Le Becquet, Saint Sulpice, etc...
Le Triton alpestre (Triturus alpestris)
Malgré son nom, ce triton est commun en Picardie.
Par rapport aux tritons ponctués et palmés qui \
n'atteignent que l'altitude de 1000 m dans les
Alpes, le triton alpestre y atteint 2000m , I
d'où son nom.
I

-37-
Le triton alpestre est une magnifique
espèce de 8 à 12 cm selon les sexes. Le mâle
présente un dos bleu avec une crête ponctuée
de jaune, son ventre est rouge orangé. La
femelle a une coloration dorsale plus sombre
et ventrale plus jaune.
On observe parfois, notamment dans les
Alpes, des cas de néoténie ( c'est â dire que
des individus non encore adultes, peuvent se
reproduire â l'état larvaire, ils ont encore
alors leurs branchies externes).
Le triton alpestre vit de 4 â 5 ans ;
d'après Vincent Boulet ce triton est commun
à Lachapelle aux Pots, il l'a rencontré aussi
â Savignies, Frocourt, Saint Léger en Bray,
au bois de Belloy, etc...
Dans la Somme le triton alpestre est commun
dans la région amiènoise, il a été aussi trouvé
sur le littoral, au Hable d'Ault et â Fort-
Mahon.
Le Triton crêté (Triturus cristatus)
C'est le plus grand de nos tritons, la femelle
pouvant atteindre jusqu'à 180 mm ; le dos est
gris-bleu avec des tâches plus sombres, le
ventre jaune-orange ponctué de noir. Le mâle
en période nuptiale, présente une magnifique
et large crête en dent de scie.
Espèce rare dans la Somme : une colonie
existe dans des carrières, près d'Amiens, â
Etouvie (station très menacée par l'assé-
chement, ainsi que par l'extension d'Amiens)
Il a été signalé aussi par le chanoine
Martin dans les ruisseaux des marais de
l'Avre, près d'Amiens (rue Victorine Autier);
Daniel Lohez l'a observé au Hable d'Ault
(Somme) dans des petites mares en arrière du
cordon de galets. Vincent Boulet cite de
nombreuses localités aux environs de Beauvais :
Saint Léger en Bray (Ricqueville) , Bois de
Belloy, Frocourt, Saint Sulpice, Espaubourg
(les Clos), Grand Bailly, Rainvillers, etc...
Le triton crêté devrait être protégé
dans ses localités de la Somme où il semble

-38-
en voie de disparition (tout au moins â la
périphérie d'Amiens).
Cette espèce s'hybride facilement
avec le triton marbré (Triturus marmoratus)
bel animal tacheté de vert. Ce dernier est _
surtout une espèce du Sud-0uest qui remonte È
à peine jusqu'au Havre. A notre connaissance y
le triton marbré n'existe pas dans les trois
départements picards, si l'on excepte les
trois exemplaires qu'un plaisantin a relâché ,
dans une mare de la Somme. Il serait inté- È
ressant d'explorer les régions occidentales q
de la Somme et de l'0ise, où le triton mar- .
bré pourrait cependant y atteindre sa limite T
nordique. _
La salamandre tâchetée (Salamandra salamandra)
Animal de 120 â 170 mm de longueur, la co- !
loration dorsale est noire avec des tâches
jaunes irrégulières, plus ou moins nom-
breuses. Le ventre est bleu-noir, piqueté \
ou non de jaune. La peau semble vernissée
et secrête une substance irritante. La '
Salamandre est une espèce essentiellement
terrestre, nocturne, qui sort surtout par '
temps pluvieux. Elle ne va à l'eau que pour \
y pondre, car elle nage très mal. Jean-
Claude Robert a ainsi trouvé plusieurs
salamandres noyées dans des mares de la (
Forêt de Crécy en Ponthieu (Somme).
La Salamandre s'accouple à terre ou en \
terrain marécageux : le mâle libère un
spermatophore ; la femelle peut garder pen- `
dant plusieurs années (au moins deux ans)
des spermatozoïdes vivant dans son utérus.
La salamandre vit en moyenne 9 ans. |
Jean-Pierre Esteban en a rencontré un
exemplaire au bois de Creuse (Somme) en I
Septembre 1978 ; Vincent Boulet, dans le ·
sud-ouest de Beauvais, cite plusieurs
localités : Savignies, Le Becquet, Bois de
Bizancourt (vers les Vivrots) et bois de
l'équipée.

..39..
 
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triton crété, mâle en période nuptiale
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. — L ,_     _ Salamandre _ \
J" •'i¥_E.`·a·-;.,··_   tachetêe

..41..
MOTO VERTE OU DESTRUCTION DE LA NATURE ?
Patronné par France-Inter et Yves
Mourousi avec la participation d'Europe
n° 1, de l'Armée etc... le 5ème Enduro `
des Sables s'est déroulé dimanche 18
Février sur la plage et dans les dunes du
Touquet. Plus de 60.000 spectateurs sont
venus admirer plus de 1 OOO motards.
Pour le Mouvement Ecologique Picard
cette épreuve "sportive" est une injure
à la protection de la Nature, aux écono-
mies d'énergie, et au simple bon sens.
En effet, il faut savoir, qu'en
principe les dunes, comme les plages, au
Touquet comme ailleurs, sont interdites
à tous engins à moteurs par arrêté préfec-
toral. C'est une mesure qui s'impose quand
on sait l'extrême fragilité de ces milieux
naturels soumis à une érosion éolienne
importante et que des siècles d'efforts
ont enfin permis de fixer par la planta-
tion d'oyats et d'argousiers.
Il faut aussi insister sur la ri-
chesse de la flore et de la faune litto-
rales déjà gravement dégradées par les amé-
nagement et la fréquentation touristique
surtout en été.
L'Enduro des sables, en une seule
journée, par le piétinement de 6O OOO per-
sonnes et par l'arrachement des roues de
1 OOO motos, aura détruit ce que 364 jours
d'une protection, toute relative, auront
permis d'épargner.
Ajoutons à cette destruction mécani-
que la pollution de ces 1 OOO moteurs,
avec leurs bruits, leurs fumées et leurs

1
-42-
huiles plus ou moins répandues dans le
sable déjà plus ou moins mazouté par les
pétroliers.
Inutile de dire que les oiseaux
marins, déjà gravement atteints, par le
pétrole en mer, par l'hiver glacial et
par une chasse meurtrière, auront encore
été perturbés par cet envahissement du
peu de nature un peu sauvage qu'ils
pouvaient encore trouver.
Et puis est-il raisonnable de gas-
piller ainsi des milliers de litres
d'essences, pour rien, alors que celle-
ci devient de plus en plus rare et de _
plus en plus chère ? Est-ce cela les ‘
fameuses économies d'énergies ? .
Le Mouvement Ecologique Picard
demande donc au maire du Touquet, Mr
Léonce DEPREZ, prix Chardon 1978 de la
Fédération des sociétés de protection de
la Nature, à Mr Claude WILQUIN député-
Maire socialiste de Berck et à Monsieur
le Préfet du Pas-de-Calais de tout faire
pour qu'une telle atteinte à l'environ-
nement et au bon sens ne soit pas re-
nouvelé l'an prochain et qu'il n'y ait
pas de 6ème enduro des dunes.
Le Mouvement Ecologique Picard
demande aussi à Monsieur le Préfet de la I
Somme de ne plus signer de dérogation à
son arrêté et de ne plus permettre l'
Enduro des Dunes organisé déjà l'an der-
nier sur la Plage de Fort-Mahon. Les
Ecologistes ne sont pas opposés à la moto
mais demandent fermement à ceux qui les
utilisent de voir seulement en celles-ci
un moyen de transport agréable et prati-
que, et non de se livrer aux pires excès :
avec des engins bruyants, polluants et '
dangereux. Ã
Mouvement Ecologique Picard ‘
4, rue des Archers AMIENS

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INFORMATION
La Station d'Etudes en Baie de Somme
(quai Jeanne d'Arc 80230 St VALERY S/Somme)
publie une revue : "Documents Zoologiques"
Abonnement 2 n° par an 15 F, au sommaire
du fascicule 2 :
- les Corbeautiêres du Département de la Somme
1 ère partie ; l'Arrondissement d'Abbevi1le
par J.-C. ROBERT
- Données avifaunistiques nouvelles en Baie de
Somme (de 1973 à 1976) par Ch. HOVETTE.
- L'avifaune de la vallée des Evoissons -
Approche écologique par J.-C. ROBERT
- Etude écologique d'une tourbière près
d'Amiens, le Marais de Renancourt, et
projet de mise en réserve par Ch. HOVETTE.
Inventaire entomologique par M. DUQUEF.
- Le Muscardin, Muscardinus avellanarius
dans le Sud-Ouest amiénois par J.C. ROBERT
- Tentative de transplantation de Boloria
aquilonaris Stichel (Lépidoptêre Nymphali·
dae) par M. DUQUEF.

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Cisticole des Joncs Photo J.Cl. Robert
n

-45-
La Cisticole des joncs Cisticola
juncidis, nouvel élément de l'avifaune
picarde.
J.C. ROBERT et J. BELLARD
Depuis quelques décennies, cer-
taines espéces d'oiseaux habitant le sud
de l'Europe, ont étendu leurs aires de
nidification vers l'Ouest et le Nord du
continent. C'est le cas de la Bouscarle
de Cetti Cettia cetti et de la Cisticole
des joncs Cisticola juncidis. Espèce
largement répandue, ce dernier sylvidé
habite presque toute l'Afrique (sauf les
forêts et les déserts), le sud de l'
Europe, une partie du Moyen Orient, le
sud de l'Asie, et quelques contrées de
l'Insulinde et de l'Australie (zones du
Nord Est). La Cisticole, passereau au
manteau brun jaunâtre marqué de raies
sombres sur le dessus, fut décrite pour la
première fois en 18lO par Rafinesquei
L'aire "normale" de cet oiseau
(en Europe) était limitée aux plaines
méditerranéennes (Roussillon, Languedoc,
Camargue, Provence) et aux zones limitror·
phes d'Espagne (Catalogne) et d'Italie
(Ligurie). Dés 1935-36, la cisticole
envahit le sud-ouest français (Vendée,
Charente maritime, Pyrénées occidentales).
L'hiver 1962-63 anéantira ce mouvement
malgré une incursion Outre-Manche en 1962
(Irlande). Nous la retrouvons en Bretagne
de 1969 à 1973, en Normandie en 1974, dans
la Somme, le Pas-de-Calais et même la
Belgique en 1975. Cette progression sac-
cadée et favorisée par une succession
d'hivers doux, fut analysée par R. Cruon

-46- ”
et J. Vieillard (Alauda 43, 1975, 180) et
Géroudet et Lévêque (1976). La vague
expansive de la Cisticole des joncs ne
s'est pas limitée au littoral occidental
mais également au couloir rhodanien (de
1973 à 75) et à la région parisienne
(1974,75). En résumé, cet élan colonisa-
teur s'est effectué suivant deux grands
axes : la vallée rhodanienne et le litto-
ral de l'Atlantique et de la Manche. De
plus il fut rapide puisqu'il s'est déroulé
de 1972 à 1975.
La Cisticole des joncs en baie de Somme
au printemps 1975.
Notée une première fois en Baie de Somme
de juillet à novembre 1973 (J. Mouton in
M. Delsaut, le Héron, 2, 1974) , nous y
découvrons une population bien cantonnée
qui nous permettra d'apporter la preuve
de sa reproduction au printemps 1975 (J.C
Robert et J. Bellard, 1975), dans les
renclôtures arrières littorales, vers
Noyelles sur mer.
Le biotope
La zone étudiée consiste en une succes-
sion de pâtures humides neutro-alcaîines,
à végétation basse et dense de Carex, de
Joncs et de Scirpes. Une étendue de
grands héïophytes (Phragmites communs et
Typha) l'isole au sud d'une étendue d'
eau libre. Une digue protége ce terrain
de la mer. A l'est, une haie de Saules
marque la séparation avec d'autres pacages
intensément pâturés au contraire de notre
zone d'étude qui n'est pas exploitée.
Reproduction
La population retenue pour ce travail
comptait au 22 juin trois mâles chanteurs [
I
I

-g7-
et six femelles. Les territoires de ceux-
ci étaient contigus. L'observation suivie
du comportement des individus a prouvé la
polygamie des mâles au sein de leur ter-
ritoire de nidification. Jusqu'alors la
polygamie n'avait été mise en évidence
que chez la race japonaise (Motai, 1973)
et Géroudet et Lévêque (1976) d'écrire...
... la polygamie expliquerait non seu-
lement le comportement parfois dérou-
tant du chanteur, ses éclipses, ses dé-
placements au vol, mais aussi dans une
certaine mesure les accroissements d'ef-
fectifs et les progressions effectives
qui s'ensuivent ..... “
En 1976, non seulement nous avons
réobservé la polygamie de la Cisticole
en Baie de Somme, mais également dans le
Nord (Fort Vert) où une petite popula-
tion avait été découverte (T. Milbled,
comm. pers.). Tout récemment (1978),
J.C Robert a noté un cas semblable en
Camargue, au mois d'Août.
Mais revenons en Baie de Somme. Au total,
du 21 Avril au 21 Juin, 8 nids furent
découverts dans les trois territoires
étudiés. Au 21/6, 9 jeunes avaient
quitté le nid. Les pontes comptent de 4
à 5 oeufs d'un beau bleu clair ; une
seule d'entre elles comportait des
oeufs blancs tachetés de rouge. Très
sensibles au froid, 4 jeunes de 6 jours
meurent le 2 juin après un abaissement
brutal de la température et d'une
averse de grêle : le nid était inondé
malgré sa configuration en quenouille
(voir photo).

Conclusion
La nidification de la Cisticole des joncs
en 1975,76 et 77 sur le littoral picard
s'inscrit donc dans le vaste mouvement
expansif amorcé en 1935-36. Elle s'ajoute
de plus à la liste déjà intéressante des
oiseaux nicheurs du complexe estuaire-
littoral de la Somme. La rudesse des deux
derniers hivers (77-78 et 78-79), a opéré
de graves destructions dans les effectifs.
D'autant plus que l'espèce, tout comme la
Bouscarle, est sédentaire au sein des ter-
ritoires nouvellement conquis. De nom-
breux problèmes subsistent cependant ; .
notamment ceux relatifs à la fidélité aux
zones de nidification, à la régularité de
la polygamie, au déroulement de l'hiver-
nage, au régime alimentaire et aux carac-
téristiques étho-écologiques de l'espèce.
Gageons enfin que ce sympathique oiseau '
continue à égayer de son chant monosyl-
labique les pâtures des renclôtures autour
de la Baie de Somme.
Bibliographie
Cruon,R et Vieillard, J, 1975 - Notes
d'0rnithologie française. Alauda 43,180. I
Géroudet,P,1974 - Les passereaux tome II
des mésanges aux fauvettes. 3e édition I
revue. Delachaux et Niestlè. i
Géroudet,P. et Lévêque,R,1976 - Une vague
expansion de la Cisticole des joncs ·
jusqu'en Europe centrale. Nos oiseaux
n° 363, Vol. 33, fasc.6,juin 1976.
Guichard,1959 - Notes sur la biologie de
la Cisticole des joncs, l'0RFO,XXIV,88-95
Motai,T,1973 - Male behavior and polygamy
in Cisticola juncidis. Misc. Rep.
Yamashina Inst. Ornithology, 7 : 87-103
Robert, JC et Bellard,J, 1975 - La nidifi-
cation de la Cisticole des joncs Cisti-
cola juncidis en baie de somme.Alauda
43: 475-477.
I

-49-
ASSOCIATION POUR LA
DEFENSE DE LA QUALITE Présentation
DE LA VIE DANS L'AR— de l'Associa-
RONDISSEMENT D'ABBEVILLE tion, rôle de
l'Association
pris sur un exemple :
"L’AMENAGEMENT DE LA c©TE P1cARDE"
. Selon nos statuts, le but de l'association
est de rassembler les personnes et les asso-
ciations qui désirent oeuvrer au développe-
ment de la qualité de la vie dans l'arron-
dissement d'Abbeville, et qui sont préoccupées
par les aspects économiques, sociaux, écolo-
giques, culturels (ou autres) dans l'ouest du
département.
. Pour l'association il parait important de
donner la parole à toutes les personnes qui
jusqu'alors ne peuvent le faire. Ce peut être
donner la parole aux victimes de la crise éco-
nomique (chômeurs, travailleurs sous employés,
femmes...) aux responsables culturels, anima-
teurs de centres, de foyers,... aux personnes
socialement exclues (immigrés, gitans, mar-
ginaux,...), aux personnes qui pensent que
l'aménagement de notre région ne doit pas se
limiter à des "plans", à des "schémas" éla-
borés par quelque service préfectoral ou mi-
nistériel, mais qu'il doit tenir compte des
gens qui vivent là oü ces aménagements sont
prévus.
. Prendre l'exemple de la côte picarde est
significatif de l'état de la situation, de
l'êvolution qui lui est promise, du manque
d'information des populations locales et ainsi
de montrer le rôle que notre association
peut jouer dans ce cas précis.
. La vie sur la côte picarde est essentiel-
lement guidée par la saison touristique. Ce
qui, à lbheure actuelle, pose de nombreux
problèmes d'équipements collectifs ; d'hé-

-50-
bergement pendant l'été, donc des inves-
tissements difficiles à rentabiliser ra-
pidement au niveau des municipalités du
littoral.
Le touriste vient sur la côte picarde pour
son cadre naturel, pour ses oiseaux, pour
sa chasse, ou plus simplement parce qu'il
ne peut pas partir plus loin, faute de
moyens financiers suffisants. En effet,
plus du quart des touristes accueillis
pendant les mois de juillet-août sont des
personnes de la région Nord-Pas de Calais.
Une autre part du tourisme est constituée
de parisiens (environ 21 % des touristes)
ou d'habitants de la Picardie (Oise, Aisne,
et le reste de la Somme : 44% des touristes)
qui aux beaux jours reviennent dans leur
résidence secondaire ou en week-end dans
les caravanings. C'est sur notre côte que )
se trouve la plus forte densité de rési-
dences secondaires de la façade maritime
Manche-Océan Atlantique : 139% de résiden-
ces secondaires pour 1OO résidences prin-
cipales (source : OREAP, 1978).
. Le vacancier reste lui accueilli dans
des campings le plus souvent vétustes, mal
équipés, et surpeuplés pendant la saison.
Rares sont les campings ayant plus de 2
étoiles). La fréquentation touristique est
la plus forte de la façade Manche-Océan
Atlantique, on trouve 372% de touristes par
rapport aux habitants permanents (source
OREAP). (
. Il est alors apparu nécessaire aux ser- )
vices préfectoraux et ministériels de
changer lïimage de marque de la côte pi-
carde ; on en vient à parler de "produit
picard", on découvre soudain que la côte
picarde" arrive au bon moment" et qu'il
est temps d'aménager cette zone encore
préservée.
1

-51-
. Les projets vont en se multipliant, se che-
vauchant à souhait. Les pistes sont ainsi
bien embrouillées pour qui veut alors exa-
miner ces projets. A la question : que sera
devenue le littoral en l'an 2000 ? on pour-
rait s'entendre répondre : "une zone de
réserve naturelle", "un parc régionnal"
"un lieu de passage avec l'autoroute et le
tunnel sous la Manche", selon que l'inter-
locuteur aura entendu parler de tel ou tel
aménagement, ou encore le : "je ne sais pas"
car l'information en matière d'aménage-
ment (comme dans les autres domaines) reste
confinée entre une élite de responsables,
d'élus, qui décident au non de tous, de pro-
jets qu'ils auront vus, lus et votés, mais
qu'ils n'auront pas élaborés eux—mêmes.
L'exemple du Parc Naturel Régional reflète
bien tous ces aspects de la politique lo-
cale en matière d'aménagement : l'étude de
projet de Parc Naturel Régional a été deman-
dée en décembre 1977 par le Syndicat Mixte
pour l'Amégagement de la Côte Picarde (élus
locaux) à l'OREAP. Cette étude a été rappor-
tée en juin 1978, mais seulement rendue pu-
blique en septembre 1978 après autorisation
préfectorale, et les premiers crédits ont
été débloqués pour 1979.
. Sur ces constatations, il apparaît urgent
d'éveiller la population et de la sensibili-
ser â l'avenir qui est réservé à notre
région.
Si tous les projets prévus se réalisent dans
les délais fixés, quelle sera la façade
maritime de la Somme dans 2© ans ?
Une grande station balnéaire au nord du
département, Quend et Fort-Mahon ne font plus
qu'une seule et même ville, où, comme au
Touquet, les hôtels alternent avec les rési-
denses secondaires.
Sur le massif du Marquenterre commencent à
apparaître les premiers pavillons parmis les

-52-
bois de pins plantés il y a 20 ans pour
fixer la dune. Le Sud de la baie de Somme
qui est bien desservi par une bretelle de
l'autoroute Al6 accueille les touristes
dans les villages-vacances, les villas et
dans les marinas ; chacun va alors redé-
couvrir la "nature" le long des chemins ba-
lisés au travers des bas-champs.
A Cayeux, les vacanciers sortent d'un hôtel
pour aller au golf géant de la Molliêre ou
sur les cours de tennis de Brighton.
Au Hourdel, à Saint Valéry, au Crotoy, les
plaisanciers remplacent les marins Pêcheurs
depuis une bonne dizaine d'années déjà.
Après le pique-nique, on va â travers les
dunes de Saint Quentin en Tourmont prendre
en photo quelques canards ou oiseaux de mer
à moins que ceux-ci ne se soient réfugiés
dans le parc ornithologique par la faute des
"motos vertes" ou des baigneurs.
Dans chaque syndicat d'initiatives est dis-
tribué le plan du Parc Naturel Régional, avec
ses circuits promenades fléchés; le programme
des activités, les manifestations à ne pas
manquer, où trouver tel ou tel "produit local"
ou encore comment suivre un stage de poterie,
de tissage, ou de découverte de la nature en
forêt de Crécy.
Quel est le picard qui aujourd'hui souhaite
ces transformations ? Qui les imagine ? Où
iront les travailleurs du nord, visiteurs
traditionnels de nos plages quand elles se-
ront réservées â des touristes aisés ? Et
surtout qui viendra consommer ces loisirs
artificiels et chers, sur une côte où le
soleil n'a jamais été un élément publicitaire
de choix, alors que tous les clubs de vacan-
ces offrent les mêmes avantages avec le so-
leil garanti, sur la Méditerranée ou à l'é-
tranger ?
. Il faut pouvoir répondre collectivement à
ces question, qüi Sont autant de dossiers à
ouvrir publiquement, autant de débats à enga-
ger dans les ville, les villages, entre les

-53-
groupes sociaux, avec la participation de
toute la population.
. C'est ainsi que nous entendons définir le
rôle de notre association. Donner et faire
donner à chacun les moyens d'information et
de réflexion et donner la parole à tous.
Chacun est donc invité à participer aux
activités de l'association; nous désirons
prendre contact avec un maximum de per-
sonnes dans tous les villages, pour
pouvoir répercuter l'information rapide-
ment. Notre volonté n'est pas de centra-
liser, mais de coordonner les informations
entre le Nord et le Sud, l'Ouest et
l'arrière pays, Abbeville et les villages
de l'arrondissement.
. Nous invitons toutes les personnes dési-
reuses de nous rencontrer ou qui veu-
lent participer à notre action, à nous
rejoindre. Le jeudi 12 Avril nous pré-
parerons notre plateforme de travail
à la Maison Pour Tous, place St Jacques
(2O h 30). Si vous ne pouvez vous dé-
placer , n'hésitez pas à écrire à cette
adresse, nous prendrons rapidement con-
tact avec vous.
+
Avez-vous eu le N° 1 de "Picardie-Ecologie?
au sommaire : - les Tourbiêres à Sphaignes
- le pétrole et l'oiseau
- les Marais d'Isle à St Quenti
- les crapauds en Picardie
- la tourterelle turque
- le renard
A commander à : PICARDIE-ECOLOGIE
4 rue des Archers 8000O AMIENS - Permanence
le lundi de 13 à 14 h et de 18 à 19 h (sauf
vacances universitaires) Prix : 5 F.

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 ;Éî`;"·É'·`: .-î'ÃYZëÈ`:",       ¤ Ème à  
n'ont pas été abattus. Pourtant la propo-
sition du Mouvement Ecologique Picard, de
les transporter en Forêt de Crécy,a essuyé
un refus et ces cerfs ont quitté la Picardie.
Seuls l'O.N.F. et les chasseurs ont décidés!

_ ld *54-
, F    ' ASSOCIATION GOUPIL
6 · I x" 'ï/·'/
°‘ >`.~ .,· `I! '/_ ,·
A   §     A ·   ?
4 § ` fÉ'¥M,j §*?' Un animal de légende ;
, *%.3   [ c'est l'acteur de bien des
; L) é%ïf,«j »_J‘ contes du moyen-âge avec
' J MMï¥w;M¥y»J Ysengrin (maintenant décédé)
· Éïs Q%‘ùMQ _»- puis des fables de Jean de
· Ã "f 4,*% / la Fontaine ; c'est l'ami
"`°" wj '-— du petit Prince. Par ces
J J , » -' récits, il fut le symbole
ÉIÉ ///’ "`\ de la malice, de la liberté.
é_J Celui qui nous a fait rire,
'ïg sourire, et a su nous attendrir.
3 l'animal menacé de nos
*- campagnes
le nom de notre asso-
ciation.
B - Qu'est-ce que notre association ?
_ Un ensemble de gens de tous âges déci-
· dés à ne pas rester passifs devant le
saccage de notre patrimoine.
Une association qui a pour buts :
< - d'arrêter l'EXTERMINATION des Goupils
- de dire aux gens qu'il est utopique
de vivre sans s'occuper des plaies
infectées de notre NATURE.
Notre premier objectif c'est défendre et
sauvegarder les renards. Comment a-t-on
pu tuer quelques 2,5 Millions de Renards
' en France en dix ans ?
· Parce qu'on nous a MENTI :
I - On nous a dit : le renard est le prin-
. cipal vecteur de la rage : C'EST FAUX.
[ Le renard est contaminé à 7% et il n'a
· jamais occasionné de blessure mortelle;
il n’est pas responsable de l'expansion
de la rage ; la preuve est faite en Alle-
magne, où, aux premiers moments de la

-55- ·
rage, les renards furent exterminés,
celle-ci a pourtant envahi tout le gw
territoire. Actuellement, la rage est gâ
en Allemagne et les renards n'y sont 0 H p
plus . :1, (,2
- On nous dit : "renard = animal nui- E ml I
sible". Le renard est considéré comme M
un prédateur de gibier et un chapar- 5, 'É
deur de volailles : c'est FAUX. 95 % I 5 l
de son alimentation est basé sur les m l
petits rongeurs : mulot ; loir... WS A
ainsi, il est à part entière, élément âz'; l
de l'équilibre écologique. H «-1-
Sa destruction entrainera :-une pro- 2 Q"
lifération des rongeurs gl" P
-emploi = _i
massif de pesticide $8 Ip
- brève ,11% l
échéance de notre univers empoisonné I F
Un ministère de l'environnement et ses m ‘
technocrates ont décidé une grande o •-·
chasse au renard qui leur coûte 4 Mil- E-?
lions de N.F. par an.  
. pour payer les poisons ¤ ¢¤
. offizir une prime de 30 Frs minimum mN l
par queue de renard. mg
Le résultat : renards et blaireaux en g Ã
voie de disparition. gg- I
VOILA NOTRE POINT DE VUE : g`
- l'état se trouvant impuissant devant la l
rage a pris une tête de Turc 3 notre ami F
Goupil .
- les belles de nuit qui ont déjà fait  
exterminer les panthères, trouvent que “
la fourrure de renard leur sied bien.
Pour votre enfant qui vous demandera
DEMAIN ce qu'est un renard,
Pour que vous ne soyez pas obligé de
l'emmener voir un dernier survivant de l
la race dans un zoo; p
IL FAUT SE BATTRE, AIDEZ-NOUS,AIDEZ W
GOUPIL.  

....0, °
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  ‘, . ( | Z ¤
· E";. K \. ' . "'  )
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C É ’(   B  
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·; u_
L; &
FJPN AISNE
4 CAMPAGNE POUR x
L'ABOL|T|0N DE LA CHASSE A COURHE
Cet auto-collant, marron et noir sur
fond blanc, est à commander à :
Fédération des jeunes pour la Nature
de l'Aisne - B.P. n° 13 (02012 LAON
CHAMPAGNE - Cedex). Tël.(23) 23.43.44
4 F l'unité I
3 F à partir de 10 (frais de port :2F)
Réglement à l'ordre de :
PANDA Club—Chouette 02.