numéro I janvier 1979
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d'étude et de protection
de la nature en Picardie
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-1.-
PICARDIE-ECOLOGIE
Revue des Associations d'Etudes et de.
Protection de la Nature en Picardie.
RESPONSABLE DE LA PUBLICATION :
Maurice DUQUEF
COMITE DE REDACTION :
Philippe DUTILLEUX
Christian HOVETTE
Daniel PIPART
Jean-Claude ROBERT
François SUEUR
Sylvain THIERY
Christian TRAMBLIN
et vous ?
ADRESSE ; 4 rue des Archers 8000O AMIENS
ABONNEMENT : 4 numéros par an = 20 Frs
IMPRIMERIE SPECIALE : "Picardie-Ecologie“
Travail Photographique : Jean-Bernard ZAZAC
Chèques à l'ordre de Maurice DUQUEF
(dans l'attente d'ouverture d'un compte)
Dépôt légal - ler trimestre 1979

. l
-2- ‘
EDITORIAL
A part les bulletins plus ou moins in-
ternes, et à diffusion plus ou moins rest-
reinte, des différentes associations picar-
des, aucune revue d'Ecologie picarde n' l
existait. C'est pourquoi une équipe d'éco-
logistes, issus de différents mouvements
picards, a décidé de créer "Picardie
Ecologie". Cette revue se veut le moyen I
d'expression de tous les groupes écologiques
de Picardie et comprendra surtout des ar-
ticles d'écologie scientifique et de pro- m
tection de la nature ayant trait à la
Picardie, et éventuellement aux régions
limitrophes. Les articles d'ordre général
seront l'exception, d'autres revues, surtout
nationales, étant plus destinées â celà.
"Picardie-Ecologie" est ouverte à tous,
h'hésitez pas à nous envoyez vos articles.
Aidez-nous à diffuser cette revue dans les
trois départements picards (et ailleurs`!).
Faites-nous part de vos critiques, de vos
idées. Nous débuterons modestement, mais nous .
espèrons, grâce à vous, améliorer la présen-
tation, et le nombre de pages, lors des
prochains numéros ; ce n'est qu'une question
de diffusion : le papier, les encres, les
plaques photos offset, etc... coûtent de plus
en plus cher 1 Une revue qui "tire" à cent
ou deux cents exemplaires n'a aucun avenir,
`tout au moins sans aucune subvention.
Alors, aidez-nous à vendre les 1000exemplaires A
du n° 1 de "Picardie-Ecologie", nous vous l
remercions d'avance.
La rédaction

- 3 -
LES TOURBIERES A SPHAIGNES
Un biotope à protéger d'urgence !
par Maurice DUQUEF
Paysage étrange et primitif, les tourbières
` à sphaignes sont d'un autre âge, d'un autre m nde...
Nées il y a près de 10 000 ans, pour les plus ancien-
L nes, les tourbières ont survécues avec leur faune et
, leur flore boréo-alpines pendant bien des siècles,
jusqu'au moment où l'homme s'est posé la question :
Que faire de ces marécages ?
La tourbière â sphaignes ne peut se dévelop-
per que dans une eau acide (d'un Ph inférieur à 7). La
surface d‘un lac, où même d'une petite dépression,
est progressivement envahie par une sorte de mousse :
les sphaignes, celles—ci poussent parmi les trèfles
d'eau (menyanthes) et les prêles qui sont des plantes
pionnières. Les sphaignes possèdent à côté de cellu-
les bien vivantes, des cellules mortes qui jouent le
i rôle de réservoir : si l'on presse une touffe de
sphaignes, celle-ci va, comme une éponge, rejeter une
É grande quantité d'eau.
I

- 4 B
Après plusieurs siècles d'activité, les
sphaignes constituent à la surface du lac une sorte
de tapis élastique et suspendu, se développant sur-
tout au centre du marais qui se bombe et donne naissan
ce à c€ que l‘on appelle une tourbière haute ou bom-
bée, Les parties souterraines des mousses meurent peu
à peu et vont se transformer en tourbe.
C'est alors que vont croître, parmi les
touffes de sphaignes, tout un cortège de plantes spé-
cialisées : c'est la linaigrette, aussi nommée herbe
à coton (Eriophorum Vaginatum) qui va en mai—juin,
par ses fleurs en houppe de soie, blanchir la surface
du marais ; c'est aussi le rossolis (Drosera Potundi-
folia), curieuse plante carnivore, dont les feuilles
sont couvertes de longs poils rouges, ces derniers
portant à leur extrémité une goutte de liquide vis-
queux (lorsque le soleil brille sur le rossolis, on
comprend pourquoi cette plante est aussi appelée
"rosée du soleil"). C'est encore différentes espèces
de la famille des Ericacées : bruyères, et des vacci-
niacées comme la canneberge (Oxycoccos quadripetala)
petit arbrisseau qui rampe parmi les bombements des
mousses, ou l'airelle des marais (Vaccinium uligi—
nosum) dont les baies noires sont comestibles.

- 5 _
Sur le pourtour du marais, là où le sol est
un peu moins acide et tourbeux va fleurir la jolie
Gentiane pneumananthe ainsi que les touffes de
q Bistorte avec leurs épis roses. _
Parcourir ces tourbières n'est pas aisé :
les bottes s'enfoncent dans les sphaignes, et souvent
un trou d'eau inquiètant apparaît entre deux bosses
de mousse, attention à l'enlisement ! Parfois aussi
se glisse, entre deux brins de linaigrette, un animal
que l'on croirait peu familier d'un tel biotope :
la vipère péliale ; celle—ci s'enfuira aussitôt et
il serait bien stupide de tuer cette ennemie des
rongeurs. C'est dans ces landes tourbeuses, comme
dans les Ardennes, par exemple près du village
d'Hargnies, que peuvent se rencontrer les tétras lyre
(petit coq de bruyère).
De nombreuses espèces de papillons volent
dans ces étendues humides et désertiques : le Lycaena
halle aux reflets métalliques, l'argynne Boloria
aquilonaris ou encore le satyride Coenonympha tullia
I et bien d'autres...
Je ne pense pas qu'il existe des coins de
I nature aussi purs et aussi sauvages que les tourbières
à sphaignes, à part les prairies alpines.

- 6 -
Pourtant depuis longtemps l'homme a tenté de les
exploiter : tout d'abord et jusqu'à la fin du dix
neuvième siècle ce fut l'extraction de la tourbe qui
servit pendant longtemps de combustible ; cette ex-
traction, en remettant en eau de grandes surfaces,
rajeunissait le marais mais détruisait aussi la faune
et la flore qui étaient apparus avec la naissance
d'un sol mouvant. Souvent aussi les tourbières les
plus vieilles donc les plus sèches furent drainées
et converties en pâturages.
Mais c'est dans la seconde moitié du dix
neuvième siècle que les tourbières vont être le plus
dégradées, notamment dans les Ardennes franco—belges,
par la plantation massive de résineux, surtout des
épicéas : une grande partie du plateau ardennais, jus-
qu'alors couvert d'immenses landes marécageuses, va
être transformée radicalement en forêt de conifères
dont les sous—bois obscurs sont dépourvus de toute
vie, tant animale que végétale ; mais qu'importe,
profit avant tout 1
Cette politique du résineux, quoique ra-
lentie, se poursuit toujours tandis que rétrécissent
les musées vivants que sont les fagnes (mot désignant
les tourbières en Ardennes) et que ceux qui veulent
les sauver emploient (d'après des accusations des
gendarmes) des techniques extrémistes et suicidaires,
en incendiant les jeunes plantations d'épicéas.

- 7 -
É
î Mais ce type de marais n'est pas exclusif des régions
montagnardes, et, bien qu'il soit beaucoup plus cou-
rant dans les pays de climat subarctique et arctique
_ (Laponie, Nord du Canada, Sibérie...) il se retrouve,
mais en plus pauvre, dans notre Picardie et même
j tout près de la mer, comme les tourbières du pays de
i Bray (Forges les eaux) ou du Montreuillois (Sorus—St-
_ Josse). Cependant des microclimats froids existent
, dans ces tourbières, et il est courant qu'il y gèle,
I même en plein mois d'août !
* LES TOURBIERES A SPHAIGNES EN PICARDIE
1. Dans la SOMME
Le département de la Somme, par son sol où
— le calcaire affleure très souvent et donc par son
; alcalinitê, ne permet pas aux sphaignes de se dévelop-
1 per. (Dans la vallée de la Somme, ce sont des tour-
bières alcalines â Eynnacées). Citons quand même les
quelques touffes de Noyelles sur Mer, de Villers SUI
Authie et surtout celles du marais Saint Ladre à
I Boves, près d'Amiens.
Observées pour la première fois par moi-
} même en 1965, les sphaignes ne se trouvaient dans
le marais Saint-Ladre que sous la forme d'une seule
motte de dix centimètres de diamètre (des recherches
faites partout dans le marais, avec même l'aide d'une
barque, ne permirent pas d’en trouver d'autres.

- g -
Pourtant celles-ci étaient en pleine expan-
sion, et quelques années plus tard les botanistes de
la Faculté des Sciences d'Amiens allaient rencontrer
jusqu'à 7 espèces différentes et 71 stations réparties
un peu partout ; lors de ces prospections Gérard
Sulmont y trouvait une autre plante exceptionnelle
pour notre région : le lycopode (Lycopodiu  Selagp L.)
espèce relicte en régression en France et poussant
surtout dans les régions montagneuses et dont l'Ardenne
était sa station la plus proche.
C'est avec plaisir que je viens d'appren-
dre la récente inscription de ce biotope à l'inven-
taire des sites et donc, en principe, sa protection.
Espérons que la décharge d'ordures toute proche (à
1'"actif“ de la commune de Boves) sera bientôt aména-
gée et replantée, puisque la Municipalité responsable
a décidé de la fermer. Un projet d'installation d'une
usine d'enrobés pour route, à quelques centaines de
mètres, fut, pour un temps, inquiétant, notamment
par le rejet d'éventuelles fumées toxiques, cette
usine aurait eu aussi comme conséquence 1'élargisse-
ment de la route qui longe le marais. Heureusement
sous la pression des habitants de la région, des
écologistes et des partis politiques de gauche,
le Préfet de la Somme annula ce projet. Alors protec-
tion, ou pas ? De toutes façons, il importe aux
botanistes d'étudier l'évolution de cette tourbière
en pleine croissance et surtout d'être vigilant I

. 2. Dans l'Aisne
C'est dans le département de l'Aisne que
se trouve la plus belle tourbière acide de Picardie.
2 En effet c'est à 10 km au sud-ouest de Laon qu'est
situé le marais de Cessières-Mont-bavin, découvert
· seulement en février 1962 par le professeur Marcel
. Bournèrias (Lycée Chaptal, Asnières). Plusieurs asso-
I ciations végétales se succèdent pour arriver finale-
°S ment â plusieurs magnifiques tourbières à sphaignes
` comportant des espèces boréo-alpines : Oxycoccos,
Eriophorum vaginatum (linaigrette) etc... mais aussi
lusitaniennes : une bruyère (Erica Èêtralix) et un
genêt (G€HiSÈ& anglica). Les plantes carnivores
Drosera y sont très communes, surtout dans les endroits
_ bien ensoleillés.
Sous la direction du Professeur François
Morand (Laboratoire de Biogéographie de l'Ecole
Normale Supérieure de Saint-Cloud) un véritable labo-
ratoire à ciel ouvert s'y est édifié, gâchant un peu
I le caractère sauvage du site, mais grâce auquel la
formation et la météorologie du biotope furent connues
de nombreux baromètres, thermomètres, pluviomètres,
etc... y sont répartis en plusieurs stations. Les
chercheurs disposent aussi d'un local au Centre de
I Recherches de Cessières. De nombreux forages ont été
effectués afin de connaitre la nature du sous-sol
(épaisseur de la tourbe, notamment) et bien d'autres
expériences sont réalisées.

- 10 -
D“autre part l'étude ornithologique et entomologique
est en cours grâce à des spécialistes de Saint-Quentin
et d'Amiens et déjà, par exemple, plusieurs papillons
rares y ont été découverts.
Si la célébrité de cette tourbière, qui a
vite dépassé les milieux scientifiques, a eu des
effets bénéfiques (le site est classé)par contre, afin
d’y permettre l'accès des naturalistes et des prome-
neurs, le Conseil régional de l'Aisne a cru devoir
construire une route de plus d'un km avec un parking
goudronné à 300 m du marais. Une bonne intention qui
est un non-sens écologique et un gaspillage de l'argent
des contribuables ; â croire que les amis de la Nature
observent celle-ci de la portière de leur voiture !
A Boves comme à Cessières, quelques écologis-
tes ont réussi à protéger des milieux qui sont depuis
toujours considérés comme des zones incultes, inutiles,
voire malsaines ; dans les Ardennes il est même ques-
tion d'établir un parc naturel régional pour protéger
une région de tourbières : véritable protection, déma-
gogie ou développement d'un tourisme destructeur ?
Véritables musées écologiques et témoins de
plusieurs millénaires, les tourbières à sphaignes doi-
vent être partout protégées véritablement et non renta-
bilisées par la plantation de résineux ou par l'extrac-
tion de tourbe pour l'horticulture. Puissent le compren-
dre les pouvoirs publics et les élus locaux avant qu’il
ne soit trop tard.

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    l t L -·   - · Z"-; 1 -
TOUFFE DE SPHAIGNES
(photo M. DUQUEF)

- 12 - [
IE PETROLE ET L‘OISEAU
ACTION DES HYDROCARBURES SUR LES OISEAUX
par Sylvain THIERY
La structure et l'agencement des plumes, '
complétés par la présence d'une graisse naturelle i
secrétée par la glande uropygienne, déterminent  
l'impermêabilité du plumage. Le coussin d'air ainsi
retenu contre la peau de l'oiseau joue le rôle de  
régulateur thermique tandis que la couverture de Ã
plumes en elle—même permet â l'a.nimal de flotter sans
être mouillé. la moindre tâche de pétrole, en détrui-
sant la pellicule de graisse, ouvre une brêbhe à
l'eau et à l'air. Les pertes dé chaleur sont alors
importantes et cela d'autant plus que l'eau s'infiltre
sous le plumage et mouille l'animal. Celui—ci, en
essayant de se naintenir â la surface, dépense une i
énergie considérable. Ces pertes ne sont pas compensées  
par les apports de nourritures car l'oiseau affaibli I
par le froid ne peut plonger pour se nourrir (Fous de '
Bassan, alcidés, Plongeons Sternes. . .). Ses activités I
ne sont plus axées que sur des tentatives de netto-
yage s'il est peu touché, ou des essais de retour
â terre si le mazoutage est important. n I
I
I

-   -
En effet, dans ce cas, l'oiseau se sentant proche
de la noyade, essaye de quitter l'élément liquide.
Il ne pense pas â se débarrasser du pétrole qui
l'englue. Il n'y a pas atteinte des organes internes.
Le plumage étant seul touché, l'oiseau a plus de
chances de survie que celui qui s'est nettoyé et qui
a absorbé du pétrole.
L'action des hydrocarbures sur les tissus
semble irréversible et provoque inflammations et
ulcères du tube digestif et des viscères. Il y a
également fixation sur le foie, les reins (provo-
quant des néphrites), hypothermie, brûlure des yeux,
de la peau (particulièrement celle des pattes). Les
vapeurs de pétrole provoquent de nombreux troubles
nerveux et de l'équilibre. L'état physiologique de
l'animal est également très endommagé par le stress
subi lors du mazoutage. L'oiseau peut également
fournir des efforts importants pour résister aux
attaques répétées des prédateurs tels que les go-
ëlands qui, en raison de son extrême faiblesse, le
considèrent conne une proie éventuelle.
LES SOINS
Toutes les manoeuvres relatives â la mani-
pulation de l'oiseau (capture, soins. . .) doivent
être effectuées avec la plus extrêm  douceur car le
sujet est en état de choc.

V -14-
Il est prudent, dès la capture, d'administrer un
tonicardiaque par voie buccale (Effortil). Certains
oiseaux, en particulier les Fous de Bassan, sont en
effet très sensibles et le choc de la capture est
suffisant pour provoquer l'arrêt cardiaque. Par contre
il n‘y a pas lieu de s'inquièter des tentatives de
régurgitation (rejet de nourriture), celles-ci cons-
tituent un phénomène de défense. Il suffit de placer
l'oiseau en bonne position pour éviter l'étouffement.
Quelques gouttes de collyre dans les yeux et une appli-
cation d'huile sur les pattes préviennent efficacement
d’éventuelles brûlures. L'oiseau est ensuite recouvert
d‘un "ponc o" ne laissant dépasser que la tête et
empêchant les mouvements (sources de fatigue) et le
nettoyage des plumes. Il peut être également enfermé
dans un sac de toile dont on resserre l'ouverture au
niveau du cou. Dans ce cas on peut saupoudrer le
plumage de sciure non traitée ou de poudre d‘argile.
Ce traitement interdit alors un séjour prolongé de
l'oiseau dans le sac.
Il est conseillé, pour le transport de
plusieurs individus, de les séparer les uns des
autres. Ceci évite les blessures dues aux coups de
bec qu'ils ne manquent pas de s'infliger. Il est éga-
lement préférable de laisser l'oiseau quelques heures
au calme dans l'obscurité avant toute.opération de
nourrissage. Celui-ci précède le nettoyage.

-   -
Il faut absolument éviter les corps gras qui
facilitent l'émulsion du mazout, son passage dans le
sang et sa fixation dans les tissus. Dans un premier
temps, l'oiseau sera nourri de poisson blanc (Merlan,
Morue,. . .) découpé en bandes d'une dizaine de centi-
mètres de long. Si l'animal ne prend pas spontanément
la nourriture présentée, il est alors nécessaire de
le gaver en prenant soin de ne pas abîmer la langue
et de ne pas l'étouffer. On peut avantageusement
masser la gorge pour aider au passage dans l'oesophage.
Après deux ou trois jours de nourrissage convenable
et à condition qu'il mange seul, l'oiseau peut être
lavé. Les solvants donnant les meilleurs résultats
sont le Napol ou mieux encore Nutriclean. Ce dernier
ne contient pas les détergents habituels, n'est pas
irritant pour la peau et n'est pas toxique à l'inges-
tion. Peut être même jouerait—il un rôle bénéfique dans
la résorption des ulcères et brûlures chez les oiseaux
ayant ingéré du pétrole. Il peut s'employer pur ou
dilué. Il est malheureusement assez couteux (55 Frs
le litre). L'ani1ml sera baigné et lavé, sans être
frotté, dans une eau à L|O° C environ. Il sera lavé
ainsi au moins deux fois avec 1 rinçage après chaque
lavage. L'eau de rinçage corrme l'eau de lavage doit
pénétrer sous les plumes afin de ne laisser subsister
aucune trace de mazout.

-   -
Il doit ensuite être placé au chaud (environ 30°C) pour
éviter tout risque de congestion et ne doit être sou-
mis à aucune soufflerie desséchante. Il est important
que toutes ces manipulations soient effectuées d'une
  seule traite. Un stress prolongé est préférable â
EE plusieurs stress étalés sur quelques jours.
I READAPTATION
  L'oiseau, avant d'être relâché, doit re-
    trouver un plurrage hydromge, ce que ne permettent
  .·  pas les classiques ébats dans la baigaoire familiale.
_ li; Il est donc nécessaire de disposer d'un bassin pour
  que l'oiseau se baigne aussi souvent qu'il le désire.
Chaque bain est suivi d'une longue période de lissage
i . des plumes. Le plumage, grâce aux soins constants de
\""-~,_< l'animal retrouvera bientôt son imperméabilité.
 ·· L'enclos entourant le bassin sera pourvu de promontoi-
. res, grosses pierres ou, â défaut, billots de bois
maintenus verticalement afin d'offrir une surface
plus ou moins lisse aux pattes de l'oiseau. Le bassin
en lui—même présentera une pente douce facilitant la
sortie.

-   -
Grâce â cela, l'oiseau se réhabituera pro-
gressivement â l'eau, milieu qui après le rrazoutage
provoquait chez lui la répulsion par impression de
noyade. La mise en enclos doit se faire deux semaines
au maximum après le nettoyage.et l'on peut estimer que
le plumage est "reconstitué" â partir de 2 semaines à
l mois de bassin.
Un inconvénient majeur à la réadaptation
est la fâcheuse habitude qu'ont les oiseaux (surtout
les Alcidés) â reconnaître leur soigueur et nourrisseur.
Les seules visites aux "malades" seront limitées au
nourrissage et celui-ci devra être effectué discrète-
ment et efficacement. La nourriture constituée de
sprats, lançons, sardines (pour les Alcidés, Sternes,
etc. . .) sera de préférence lancée dans le bassin
pendant le bain pour que les oiseaux réapprenne à
capturer leurs proies dans l'eau.
Quand le comportement de l'oiseau est rede-
venu normal (capture rapide des proies et flottaison
régulière) il peut être relâché. Mais rien ne permet
â l'heure actuelle, d'affi.rmer qu'il est sauvé. Ce
_ résultat ne peut qu'aider â la sensibilisation des
pouvoirs publics qui comprendront peut ètre un jour
(mis ,j'en doute) qu'il vaut mieux prévenir que guérir.

- 18 ..
HHïlOHWEHIE:
Le Courrier de la Nature - 1'Hbnnœ et 1'0iseau
n° U9 - Mai, Juin 1977- I I _
té  ' . ` 7. _..·—·" î"`§§:- _ ._
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  \;'· I'.; I- Iâî; ·H· la-I-"_-` I -_"-QT-`Ã2"“""î"L__ 5--`-M ·' I"-
           7             
Une partie des oiseaux mazoutês, ram assés
en Mars 1978. Du Hable d'Ault à la Baie
d'Authie.
Pour eux, il est trop tard.
(photo M. DUQUEF)

-   «.
HISTOIRE D'UNE RESERVE   EN PICARDIE :
LES MARAIS D'ISLE DE SAINT-QUENT]1~I (AISNE)
42 associations les plus diverses unies pour
que restent au coeur de St-Quentin une zone naturelle,
' vestige des anciens et vastes marais de la Scmne, voilà
ce qui pemuet aujourd'hui de dire : les marais sont
sauvés.
St-Quentin comme toute ville ne rêva que
d'expansion. Tant pis pour les terres cultivables,
tant pis pour les marais... tant pis pour les ruraux
déracinés. . . Alors qu'in·port:aient, à cette dévoreuse,
les canards et autres grenouilles. . .
Mais un groupe de doux rêveurs se mobilisa :
il s'agissait de laisser aux autres (en l'occurence
les sagittaires, les nympheas, les joncs ou les typhas,
les martins—pècheurs, les foulques ou les tritons)
leur territoire naturel. . . celui que les siècles avaient
épargné". mais qui était, sans nul doute, par d'autres
convoité 1
Outre le site quasi unique. . . des plantes,
rares ou non, des animaux de toutes espèces y ccxrpris
des corbeaux (ah ! s'ils étaient blancs !) dont l'ancien-
ne municipalité craignait une tentative d'invasion de
la ville. . . Une vie de migration intéressante, une
aire de reproductions pour de naubreux oiseaux. . .
Alors une à une des associations se joigni-
rent au noyeau initial. Il faut rappeler que cette
prise de conscience fut consécutive au désir de la
nunicipalité d'alors de rétablir le droit de chasse
dans les marais cc¤rmunaux.. .

..   -
Le Conseil municipal révisa aussitôt son
juganent : on ne chassera plus sur les Marais d'Isle...
Mais le processus ne s'arrëta pas là : il fallait
soustraire définitivanent la zone à toutes les attein-
tes possibles et inimaginables. Le Comité de défense
des Marais était créé.
Qui sait, d'oû pouvait venir la me.nace ? On
avait parlé quelques années auparavant d'un imnense
plan d'eau pour voiliers. Cela aurait impliqué la sup-
pression de toutes les roselières, le nivellement
des bordures, le retrait de la vase. . .
D'autre part, la politique des espaces verts
est telle qu'on supprimerait volontiers un espace
naturellement boisé (essences variées et indigènes) pour
le ranplacer par un jardin public qu'un paysagiste con-
cevrait avec résineux ou peupliers. .. en lieu et place
des arbres qui poussent gratuitanent. . .
On voulait donc éviter tout détournenent du
site... sauver de l'eau des plantes et des  
c'est véritablement se heurter à un mur d'inccmpréhen-
sion... même en l'année dite de protection de la nature,
en l'année dite des zones humides ou encore en l'année
dite de l'arbre. . .
Mais le Comité était prêt à soulever des
u¤ntagnes.. . L'union fait la force. (C'est connu mais
pas assez appliqué). . . Tournées dans les quartiers avec
diapositives, articles de journaux, visites à la péri-
phérie du site, manifestations opportunênent organisées
et 5 ans après, la Réserve est en vue...
Les 4 pranières années, ce ne fut pas facile...
Nulle entente possible avec la municipalité sur les
limites, les modalités de gestion. .. nais en mars 1977
avec la nouvelle municipalité mise en place la concerta-
tion put reprendre ses droits.

-   -
Des représentants du Ccmité de défense et de la Can-
mission municipale de 1'Environne:1¤ant se rencontre-
rent et mirent au point le dossier que termina l'Adjoin
à l'Env:Lronnanent.. .
Le processus de classement est enclenché. . .
Tout sanble se dérouler normalement.
Le Comité ne s'est cependant pas encore
dissous.
`COMTIE DE DEFENSE DES MARAIS
D'ISLE
D D . . D  1978  D D
    '"L     ;··—       -'î1É·`là   I ·` I __   '___''~ I
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I MARAIS dÃ!5LE .
·   _` T .; I
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ft. z`
lâ    
Pour quand la réserve ..... ? (photo M. DUQUEF)

— 22 -  
î
  DFS AMPHIBIENS EI' REPI‘]1.ES  
La Rzciêtë herpétologique de France, vient [
d'éditer un Atlas préliminaire des Amphibiens et É
Reptiles de Fraxm (1978) financé par le Ministère
de l' .
Cet atlas, tout à fait provisoire, sera
présenté' sons une forme plus élaborée dans un temps '
ultériam relativaœnt proche (1980 ?) . Il est donc E
fait agp:]. à Ixus les Naturalistes picards afin de ‘
cc1mpléter1œ&¤méespourleNorddelaFrance. y
Cœ rêfâmces se présentent sous le forme #
de points dam rectangle figurant la carte d'état- »
major au E (IDE? la Picardie est peu représentée dans `
cet atlas, msi, & le printanps prochain des étu-
des de terrain ïïtlit entreprises afin d'obterdr un “
recencîxt së @11:1ens et Reptiles de Picardie
qui sezacmmmïqnëaifuretàmesxzreà la Société
herpêtolngîqne afin de figurer sur l'Atlas définitif.
Dans le hat de familiariser nos lecteurs à
ce groupe d'animm1x nous publierons une série d'arti-
cles consacrés rgzectivement aux Crapauds, Serpents,
Tritons et  , puis lézards et Grenouilles.
&m cxmseillons vivement d'acheter les
ouvrages suivmts : “Guide des Reptiles et Batraciens
deFran¤,=:parJa¤;1esFretey—I~Iatier-pri.>< 56 Frs
.'l'.¤ous`1és Iëptiles et Amphibiens d'Europe en couleurs
par Arnold et lhrlxm illustrés par Ovenden - Elsevier -
65 Frs euvîrun.

- 23 -
È `CRAPAUDS EN PICARDIE
Par Maurice DUQJEF
Pour beaucoup de personnes, ce pluriel étonne-
ra. En effet si l'on danandait ccmbien d'espèces de
crapauds viwmrl: en Picardie, la plupart des gens
interrogésrêpomdrait : une, uneseule,LEcrapaud!
Avant de faire l'inventaire des espèces, nous
  que la division entre crapauds et gre-
nouilles n'a plus guère de valeur a:jourd'hui. Pour
le profane un crapaud possède une peau sèche, verru-
queuse, tandis que la grenouille a une peau lisse et
humide et présente une allure plus élancée. Ces carac-
tères   pas d'intérêt au point de vue systé-
; matique et se mélangent d'a:Llleurs au gré des diffé-
rents genres.
Dans œt article, nous êwdierons tous les
anoures, c'est-â-dire les batraciens sans queues, â
l'exclusiœ1 iu genre RANA, qui constitue les vraies
grenouilles.
LES FAUX  (Sous-ordre des D DEA)
l-LES D ·••¤ ¤=·. ¤M=·= (Famille des Discoglossidae)
L'Alg!£ acooucœmr (Alytes obstetricans)
I Petitc.rapa1xdde4¢à5¢c:n,audosgris,et
à lapupillecvalevarticalatxent existecàet làdans
· notre région. Parc zoologique d'Amiens, Bergicourt(Scmna]
È St Valéry S/Scmœ (quai Jeanne d'Aî‘c et cap Hornu) .
Son biotope   consiste en une petite pente
· rocailleuse sous lœ pierres de laquelle il se cache,
È toujours à proümité d'un point d'eau.
  l

- 24 - &
A St-·Valér·y S/Soume,dans le parc de la Station 1
d'études en Baie de Sctmme, quai Jeanne d'Arc, â di.x I
mètres de la Baie elle—màne, existe une colonie très
prospère d'Alytes.
Celle-ci utilise deux petits bassins bétonnés
afin de s'y reproduire. L'Alyte ne s'acoouple pas à
une période fixe, au printenps, comme la plupart
des batraciens. Les acoouplenents peuvent avoir lieu l
aussi en Eté, ce qui explique qu'en plein mois d'Août
existent encore des Tétards. D'ailleurs si les condi-
tions d'exi.stence sont défavorables les larves ne
deviennent adultes que l'année suivante.
A la Station d'Etudes de St-Valéry, lors d'un
séjour en Août l978, nos soirées ont été égayées par
le chant des alytes : houk, houk, houk ! toujours l
sur la mène note, plusieurs crapauds, cachés sous des l
pierres d'un jardin de rocailles, se répondant ainsi. l
Intrigués par ces bruits insolites, des jeunes stagiai-
res qui travaillaient à la Station cherchèrent long-
temps après un hypothétique robinet qui fuyait, ce
n'était en réalité que le chant des alytes. Ce chant
coumence aux environs du mois d'Avril et s'arrête
vers la mi-août. En 1978 à St Valéry les Alytes
s'ar·rêtèrent de chanter vers le 21 août.
A Bergicourt (Same) , vers 1965, lors d'une
excursion avec les étudiants de laboratoire de Biolo-
gie animale de la Faculté des Sciences d'Amiens, nous
découvrîmes dans des éboulis crayeux, surplcmbant la
vallée des Evoissons plusieurs Alytes, l'un d'eux te-
nant enroulés autour de ses pattes arrières un chape-
let de gros œufs jaunâtres, piquetés de deux points
noirs, les yeux des embryons. C'est là un cas excep-
tionnel chez les arrphibiens. En effet, lors de l'accou—
pleznent, qui est terrestre, le mâle aide de ses pattes
à l'émission des ovules par les fanelles, d'où son
nom de crapaud acooucheur, puis les enroule, après les
avoir féoondés, autour de ses pattes postérieures.

f — 23 -
È GWPHDS EN `PICARDIE
Par Maurice DUCUEF
| Pour heanucp de personnes, ce pluriel étonne-
· ra. En effet si 1'cn demandait cutbien d'espèces de
I crapauds vivent en Picardie, la plupart des gens
[ interrogésrépc¤d1ait:une,m1eseule,LEcrapa11d!
l Avant ü faire l':I.nventaire des espèces, nous
I indiquesncms que la division entre crapauds et gre-
nouilles n'a plus guère de valeur a:jourd'hui. Pour
le profane tm ctqnxi possède une peau sèche, verru-
queuse, tandis que la grenouille a une peau lisse et
humide et présmte une allure plus élancée. Ces carac-
tères prësaxtaxt pen d'intérët au point de vue systé-
I matique et se élargit d'ail1eurs au gré des diffé-
rents genres.
Dans cet msticle, nous étudierons tous les
anoures, c'esI:-à-dire les batraciens sans queues, à
l'e.>¤clusi¤n Qu genre RAW., qui constitue les vraies
grenouilles.
LES FAUX-CRAPHJIJS (Sous-ordre des DISOOGLOSSOIDEA)
1-LES D  (Famille des Discoglossidae)
L'Algt_g accnnnhsur (Alytes obstetricans)
' P€titC1îI1îd€40à5OGH,ôudOSgIiS,€t
- àlapupillecvaleverticalataziteacistecàetlàdans
E notre régim:. Parc zoologique d'Amiens, Bergicourt(Sam1ej
g St Valéry S/àmœ (gui Jeanne d'Aîc et cap Hornu) .
I Son bictcpe classique consiste en une petite pente
l rccailleuse sans les pierres de laquelle il se cache,
\ toujours â pr@m.tê d'un point d'eau.
I

- 24 -
A St-Valéry S/Scume,da.ns le parc de la Station
d'études en Baie de Same, quai Jeanne d'Arc, à dix
mètres de la Baie elle—mêne, existe une colonie très
prospère d'Alytes. p
Celle—ci utilise deux petits bassins bétonnés
afin de s'y reproduire. L'Alyte ne s'acoouple pas à
mme période fixe, au printenps, comne la plupart  
des batraciens. Les accouplements peuvent avoir lieu ,
aussi en Eté, ce qui explique qu'en plein mois d'Août
existent encore des Tétards. D'ailleurs si les condi-
tions d'existence sont défavorables les larves ne 1
deviennent adultes que l'a.nnée suivante.
A la Station d'Etudes de St-Valéry, lors d'un ‘
séjour en Août 1978, nos soirées ont été égayées par .
le chant des alytes : houk, houk, houk ! toujours "
sur la rrèœ note, plusieurs crapauds, cachés sous des '
pierres d'un jardin de rocailles, se répondant ainsi. E
Intrigués par ces bruits insolites, des jeunes stagiai-·
res qui travaillaient à la Station cherchèrent long-
tanps après un hypothétique robinet qui fuyait, ce
n'était en réalité que le chant des alytes. Ce chant
commence aux environs du mois d'Avril et s'arrête
vers la mi-août. En 1978 à St Valéry les Alytes
s’arrêtèrent de chanter vers le 21 août.
A Bergicourt (Scxrme) , vers 1965, lors d'1me
excursion avec les étudiants de laboratoire de Biolo-
gie animale de la Faculté des Sciences d'Amiens, nous
découvrîmes dans des éboulis crayeux, surplombant la
vallée des Evoissons plusieurs Alytes, l'un d'eux te-
nant enroulés autour de ses pattes arrières un chape-
let de gros oeufs jaunâtres, piquetés de deux points
noirs, les yeux des embryons. C'est là un cas excep-
tionnel chez les amphibiens. En effet, lors de l'accou—
plement, qui est terrestre, le mâle aide de ses pattes
à l'ê·nission des ovules par les fanelles, d'où son
nœn de crapaud accoucheur, puis les enroule, après les
avoir fécondés, autour de ses pattes postérieures;

- 25 -
Detesrpsàautre, ildescendvers le ruisseautcut
proche, cu la xxere, et les humidifie jusqu'au jour
où les tétards éclomnt et s'échqper¤nt dans l'eau.
2-LES   (Famille des Pelcbatidae)`
Nousrfavcnspasexacoretroiwê leâlobate
brun(Pe1cbatesfuscus)q11iaétésig11a1é, yaun
certain tülps, de Seine-naritime. Cette espèce pourrait
exister le long de la côte picarde, du hable d'Ault
au  . A rechercher.
  (P¤î¤1¤r¤¢= 1>\¤¤=¤¤¤¤S)
Pet·.·lta11in1a1de35â45nm, 1epê1cdytepcnc—
tuêressetbleàunepetitegrexmülleetsedéplaœ
parsauts. Leàzsestdecoloratioriolivâtre, bnmâte
ou grisâtre, tachetée· d'un vert: vif.
Déjàdéccuvert, 1lyaunediza:i11ed'axmées,
au Hable d'Au1t (Same) par Jean-Claude Robert ; un
exetplaireaêtêtramê, dermit, surlarcutehumide,
àIAM)IL'IERE(ScIIIœ)1e90Ct0bre1978parrx¤\1s•
uûnes.
LES CRAPAUDS-VRAIS (S0\1S··O1`dI‘ê`dèS BUEOMIDEA)
1- Les BUEYNIDES (Famille des Bufonidae)
Le   ccmnm (Bufo· bufo). D'une taille de 70 à
130 mn z le e, la fanelle peut dépasser ces
dimensions surtout dans le Midi. Le Crapaud ccmmn
présente des coloraticns variables, suivant le milieu,
du jaunâtre au roussâtre. .
Cet anslmal est très ccmmn dans la Sctme,
mtamœnt mus 1'avcns souvent rencontré dans les
jardins à la périphérie d'Amiens (Rue Bélu, Renanœurt).

- 26 ..
Au printarps, les crapauds regagnent, lors des soi-
rées pluvieuses, en ncmbre les points d'eau pour
s'acooup1er. Nous nous souvenons début mars 1978, des
centaines de malheureux Bufo bufo écrasés par les
voitmres, entre Pont-Râuy et Picquigny (Scmœ) . Nassa-
cre qui doit se répéter tcms les ans et partout, quand
une route passe le long d'une vallée. Pourtant quel
allié pour le jardinier dans sa lutte contre les lima-
ces et les insectes ! Ignorant, celui-ci inondera ce-
pendant ses plantations de produits toxiques qui au-
poisonneront les pauvres crapauds, qui d'ai1leurs
trouvent moins en mins de points d'eau pour se repro-
duire, depuis que la mode, sur le plateau picard, con-
siste à ccxtbler les mares des villages pour en faire
des parkings, des pelouses ou pis, des décharges ·
d'ordures !
Le  ud des joncs (Bufo calamita)
D'une taille de 50 à 70 mn (la fanelle est un
peu plus grande) le crapaud des joncs présente, ootrme
beaucoup d'Anoures une coloration variable, du blanc
jaunâtre au brun verdâtre, il présente une ligne ver-
tébrale jaune qui permet de le distinguer facilanent
du crapaud ccmmun. Ces pattes postérieures trop courtes
ne lui permettent pas de sauter, il peut, par contre
courir relativanent vite. Dans la Scmne ce crapaud se
rencontre uniquement, à notre connaissance, le long du
littoral, notamment autour du Hable d'Ault où il est
très ccmuun ; en Août 1977, nous en avons découvert
rapidanent plusieurs exauplaires sous des pierres,
des planches et détritus dont les habitants de la
région ont agrânenté un biotope qui devrait bénéficier
d'une protection totale, du fait de sa grande origi-
nalité écologique.
Jean-Claude Robert 1'a aussi découvert du
nord de la Baie de Scmne, au Marquenterre.

- 27 ..
Le Crîud vert (Bufo viridis)
Nous n'avons pas encore découvert ce crapaud
pourtant signalé de l'Aisne et de l'Oise par Fretey
(Voir Notes sur la cartographie précédente des Amphi-
biens et Reptiles). Il pourrait être parfois confondu
avec le crapaud des joncs. A rechercher.
2-Les   (Famille des Hylidae)
La Rainette arboricole (Hyla arborea)
Cet animal, qui est plutôt une grenouille aux
doigts et orteils dilatés et foutent ventouses, peut
grimper facilement dans les arbres poussant dans les
lieux humides. La rainette grimpe même le long d'une
vitre sans problême. Elle peut, un peu catme un. camé-
léon, changer très vite de couleur, passant du vert
vif au gris sombre, suivant l'env:Lronnenent. La razlnette
peut s'attaquer à de grosses proies, elle attaque .
notamnent de très grosses mouches au point de ne plus
pouvoir fermer la bouche et de laisser dépasser les
ailes de chaque côté des machoires, le tanps de l'ava-
ler cauplètement.
Le mâle a un cri très rapide et très sonore,
en dilatant sa gorge d'une façon énorme.
Nous n'avons jusqu'ici trouvé la rainette qu'à
la 1*/bllière et à Qiend, le long du littoral de la
Scmne, où l'ont trouvée àussi Daniel Lohez (Hable
A d'Ault) et Jean-Claude Robert (Marquenterre) . C'est une
N espèce à rechercher aussi dans les marais de l'intérieur.
En conclusion, nous préciserons que ces obser-
vations, très ponctuelles, effectuées par hasard. par
des Naturalistes qui recherchaient plus spécialement
; des insectes ou des oiseaux, vont être ccxtplétées dès
i le printenps prochain par des recherches systématiques

- 28 -
notamnent dans les dunes et les marais littoraux (où
existent ensemble les 5 espèces connues du départe-
ment de la Scmre) mais aussi dans les marais du reste
de la Picardie.
Espérons que les pouvoirs publics ccxuprendront
enfin que les marais doivent être protégés afin que
puissent continuer à vivre nos crapauds et autres
batraciens, a.nimaux souvent ignorés ou même hais
mais pourtant indispensables aux équilibres naturels.
7 ,:" / ’·= -   ‘ · P rv     Q ai-   = ·
` ,—· · WE _ -1    ’   -    'aî‘*     · "   ' ·È%,+.,` ·
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Grenouille rousse
(rana temporaria)
La Mollière - Photo Maurice DUQUEF

- gg -
QUELQUES ASPECTS DE LA BIOLOGIE DE
LA TOURTERELLE TURQUE S'I'REPI‘OPELIA DECAOCPO EN PICARDIE
Par F. SUEUR
Appartenant à la famille des Columbidés
(Pigeons, Tourterelles...), la Tourterelle turque
ressemble beaucoup à une espèce fréquem ent tenue en
captivité la Tourterelle rieuse dont elle diffère par
la couleur gris rosé (non brunâtre) et le chant.
Cet oiseau est une acquisition récente de
l'avifaune française puisque le premier individu fut
noté en 195O et le premier cas de nidification en 1952.
Il est observé pour la première fois en Picardie en
1957 (MARTIN et coll. 1962). En 1962, il occupe la
moitié nors—est de la France ; actuellement il n'est
absent que dans le bassin aquitain et les régions de
Q montagnes. Cette arrivée de la Tourterelle turque en
É France faisait partie d'une importante expansion commen-
É cée vers 1930, cette espèce peuplant à l'origine une
E partie de l'Asie et les Balkans. En France la coloni-
E sation s'est faite selon un axe NE-SW ;la Tourterelle
turque est apparue dans les grandes villes, puis dans
les agglomérations de moindre importance, enfin dans
les villages qui sont actuellement en passe dans la
Som e de posséder chacun leur couple de Tourterelles
turques.

- 3O -
Considérée par de nombreux auteurs comme une
espèce anthropophile, la Tourterelle turque est en fait
"un oiseau des cultures qui a tiré avantage des activités
humaines dont il s'est rapproché..." (BERETZK et KEVE,
1973). Cependant dans les régions nouvellement coloni-
sées et en France notamment cette espèce jusqu'à une I
date récente ne se trouvait que près des habitations,
quelques cas de cantonnement un peu particuliers ont
toutefois été notés dans la Somme : éloignement des i
habitations, colonisation de tail1is—sous-futaie... ;
(SUEUR, 1976). Il semble que cette expansion éco1ogi— À
que en dehors des agglomérations soit de plus en plus I
fréquente dans notre région, ainsi dans 1'Aisne la
Tourterelle turque niche en taillis—sous-futaie en
Nouvion—en-Thièrache alors qu'elle vient se nourrir
dans les poulaillers de la périphérie de cette localité
(H. DUPUICH) et à Mondrepuis un mâle chanteur fut
noté dans un bois d'épicéas et de feuillus à 1 km de I
toute habitation (X. COMMECY, H. DUPUICH, A.M.ROUVIL—
LAIN et F. SUEUR).
Le nid de la Tourterelle turque est une
petite plateforme constituée de brindilles et de
tiges de plantes diverses (graminées, 1iserons...)
En 1976, à Amiens, un couple construisit et utilisa
avec succès un nid de fin fil métallique et un autre,
non utilisé cette fois, avec le même matériau incor-
poré à une masse plus importante de racines de liseron
(F. et G. BAUDRY).

- 31 -
La construction du nid demande 2 à 3 jours - 2 oeufs
blancs sont pondus à 2 jours d'interval1e et généra-
lement dès la ponte du premier l'incubation commence.
Celle-ci dure 14 jours et est assurée principalement
par la femelle, le mâle ne la relayant qu'en début
de journée. Les jeunes nourris par les 2 parents
quittent le nid vers 1'âge de 18 jours, les adultes
s'en occupent encore pendant 1 A 3 jours. La Tourte-
relle turque est extrêmement prolifique, ceci est du
au :
— nombre de pontes élevé, jusqu'à 7 (BERETZK
et KEVE, 1973), la durée maximale de cantonnement
observé dans la Som e fut de 282 jours (22 décembre
1975 au 30 septembre 1976) à Sailly-Laurette, durée
permettant théoriquement la réalisation de 7 couvées.
- remplacement rapide des pontes détruites.
- résistance des poussins aux mauvaises
conditions atmosphériques : éclosion par moins 10°C,
les jeunes parvinrent à 1'envol (N. RANSON).
_ Cette prolificité entraîne généralement
I un accroissement des effectifs (14 couples en 1974
à Corbie (80), 16 en 1975, 20 en 1976, 21 en 1977)
mais dans certaines localités picardes la Tourterelle
turque est tirée de manière illégale en période de
fermeture de la chasse et à proximité des habitations,
I de ce fait dans ces agglomérations 1'espèce a beaucoup
de difficultés à se maintenir. Des gràins de céréales
empoisonnés placés dans de mauvaises conditions peuvent
aussi localement entraîner des chutes de populations.

-32- I
Dès la fin du mois d'Aoüt, des Tourterelles
turques commencent à se regrouper (bandes pouvant
compter jusqu'à 55 individus). A cette époque ces
bandes exploitent principalement les champs de céré-
ales fauchés (maïs essentiellement). En hiver, les
groupes de Tourterelles turques sont beaucoup plus
importants et peuvent atteindre 400 à 600 individus,
ils se nourrissent dans les coopératives agricoles,
les poulaillers et tous les lieux où une nourriture `
abondante est accessible. En février, les groupes se
désagrégont, les couples cantonnés deviennent alors
plus nombreux.
En conclusion, la Tourterelle turque, oiseau
dont l'installation est récente en Picardie, niche
principalement dans les agglomérations mais commence
à peupler des milieux à l'extérieur de celles-ci. Du
fait de sa prolificité ses effectifs dans notre région
tendent à augmenter.
Je tiens à remercier pour leur contribution
M e F. BAUDRY, Melle A.M. ROUVILLAIN, MM. G. BAUDRY,
X. COMMENCY, H. DUPUICH et N. RANSON.
BIBLIOGNQEEEE
BERETZK P. et KEVE A. (1973). Nouvelles données sur la
reproduction, l'écologie et la variabilité pigmentaire
de la Tourterelle turque Strêptopélia decaocto. Alâuda,
41 (4) 337-344.
MARTIN C., RANSON N. et NOSAL J. (1962). Un oiseau
nouveau en Picardie : la Tourterelle tvrque. Rev. Féd.
fr. Soc. Sc. n¤t. (2) b1~6<.

- 33 -
SUEUR (F. (1976) Expansion écologique de la Tourterellc
turque (Strêptûpêlia dacaocto) dans la Somme. Le Héron
(3) 66-67.
Tourterelle turque
photo JCL ROBERT

1
- 34 - I
1
LA VIE PRIVEE DES ANIMAUX : LE RENARD
1
par Daniel PIPART
Fédération des Jeunes pour la Nature I
Club Picard des Jeunes Amis des ·
Animaux et de la Nature. I
I
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1** ‘*Fo ·’·ï .‘r`-·-- .‘%‘*"·      .ï·`î¢ ·"·¥É·,f‘lW·îI·J~l¤#*". ’. ' .«?.···<.«‘/F  
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1  ·.   us . *5-;’!:É»fÃz§bÃÉ1 r··’·:«·  · ·a. ·*>".=;* 4J.—··I,»‘t·’·>·*I 1·\'··‘·  .•‘».’É·Iîf 
Jeune renard apprivoisé
Saveuse - Photo Philippe THIERY

- 35 -
Trouvons—nous aux premières lueurs
de l'aube, à l'orée d'un bois d'une certaine
étendue et scrutons à la jumelle les prés et
les champs environnants.
C'est là, dans la grisaille du petit matin,
que nous avons le plus de chance d'aperce—
voir Maître Renard. Furetant par—ci, se cou-
lant par là, se dissimulant avec beaucoup
d'adresse derrière le plus léger repli de
terrain - sillon, bordure de chemin, orniëre -
en vue de passer inaperçu.
Une autre chance de le voir sont les ren-
contres fortuites au cours d'une promenade.
Ces nez à nez inattendus où il est difficile
de dire qui est le plus surpris, de l'animal
ou de l'humain. L'on peut de la sorte tomber
sur un renard dormant en boule au pied d'un
arbre. Une flèche rousse qui déguerpit, c'est
bien là tout ce que le promeneur aperçoit de
Goupil.
Son portrait
Le Renard (Vulpes vulpes) appartient à la
famille des Canidés. Le nom de renard est
d'origine germanique : c'est la déformation du
prénom masculin Reinhart.
Le Renard se recommande à notre attention par
· deux aspects caractéristiques sa tête fine au
I museau effilé, aux oreilles mobiles d'une part;
de l'autre, son corps long et fuselé, souple
1 et musclé.
' De la pointe du museau au bout de la queue, le
renard mesure 1 m 30 dont 40 cm pour la queue ;
hauteur au garrot : 35 à 38 cm ; son poids varie
entre 7 et lO kg.
Sa robe est d'un roux beige. La gorge, le ventre
l'intérieur des pattes, parfois le bout de la
queue, sont d'un blanc très pur ou tirant sur le
jaune.
Le Renard a deux glandes à la naissance de la

1
E
-36 - I
queue : l'une, anale, sécrète une substance
musquée que certains qualifient de puante;
l'autre, tout en bas du dos, semble exercer
une fonction spécifique à l'époque du rut. La
physionomie de Goupil est caractérisée par sa
petite truffe noire se détachant sur le fond
blanc du museau. Les commissures des lèvres,
légèrement incurvées vers le haut, lui donnent
un rictus malin. Les yeux, d'un jaune, parfois
verdâtre, sont bridés et donnent au renard son
air mystérieux et énigmatique. Les poils de la
moustache, remontant presque jusqu'aux yeux i
accentuent l'air matois du museau effilé.
Le renard occupe une niche écologique de pré- E
dateur terrestre peu spécialisé, s'adaptant à i
presque tout. De nombreuses observations ont
montré qu'en fait, s’il attaque occasionnel-
lement les poulaillers au moment de l'élevage
des renardeaux, son régime est celui d'un
opportuniste et se compose en majeure partie
de rongeurs (rats, mulots, souris).
Malheureusement, quand un poulet est saigné
dans un poulailler, c'est un évènement qui nous
frappe. Par contre, quand les mulots dispa-
raissent régulièrement dans un champ, nous
n'avons pas lieu de nous en apercevoir.
Le renard est un animal diurne quand il vit en
paix, mais nocturne lorsqu'il est traqué,
nichant en terrier dans le premier cas, dans
les ronciers autrement.
Ces terriers sont aménagés au flanc de ravins
boisés, souvent aussi en bordure de forêts
entourées de prés et de champs.
Suffisamment armé pour creuser lui-même son
habitation, il est cependant assez rare que le
renard fasse usage de ses ongles pour se créer
une demeure. Il préfère s'installer en qualité
de coàocataire chez le blaireau qui,lui, est
une bête fouisseuse quasi professionnelle.  

- yy-
LE "NUISIBLE"
Maître Renard mérite-t-il tant de haine ?
Lorsque l'on songe aux ravages que peuvent faire
les battues, l'enfumage des terriers, les pièges
et autres pratiques barbares, on est en droit de
s'inquiéter sur l'avenir de ce sympathique
animal.
Sur le plan légal, aux termes des arrêtés régle-
mentaires permanents sur la police de la chasse
qui régissent la vie des espèces animales
sauvages de notre pays, le renard est classé dan
la catégorie des "nuisibles". Les deux autres
catégories sont : les animaux "gibiers" (qu'on
ne peut tuer qu'à certainnes conditions de temps
de lieu et de moyen) et les espèces "protégées".
L'espèce en question est soit en complète perdi-
tion (comme l'ours et le lynx), soit trop petite
pour être mangée (comme le roitelet).
En temps que bête fauve "nuisible", le renard es
le chef de file d'une cohorte de petits préda-
teurs carnivores que les chasseurs, gardes et
piégeurs ont coutume d'appeler les "puants".
De tout temps, les chasseurs ont reproché à ces
animaux la part qu'ils prélèvent - et qui leur
revient au même titre qu'eux - dans le gibier et
ils les accusent de sa raréfaction. Il faut
pourtant admettre que le renard élimine de pré-
férence les individus malades et tarés, évitant
ainsi la propagation des maladies parmi le gibie
Quant aux véritables causes de la raréfaction du
I gibier, elles sont ailleurs : destruction des
I talus,cdes haies et des boqueteaux, le brûlage,
le débroussaillage chimique et le déferlement de
produits de toute sorte dans les cultures. Cela,
les chasseurs ne le dénoncent pas .....
Pour pallier la raréfaction du gibier naturel,
les chasseurs se sont mis à élever massivement
du gibier semi-domestique (faisans, perdrix). Ce
élevages constituent d'appétissants garde-manger

- 38 -
pour les prédateurs à plumes et à poils. On
précède donc ces ré-introductions de gibier
artificiel par l'élimination de la faune
sauvage et naturelle.
"L'ENRAGE"
Deux millions de renards ont été tués en France
depuis 1968. C'est là le plus grand massacre
de l'histoire de notre faune. Il faut dire
que ce massacre prend de plus en plus l'aspect
d'une véritable chasse aux sorcières, au nom
de la lutte contre la rage.
Le renard propage l'épidémie de rage qui sévit
en Europe. Le renard est donc synonyme de rage.
Tout renard a la rage ou va l'avoir et il faut
le tuer sur le champ. Une prime est d'ailleurs
offerte à ceux qui rapportent une queue de
renard, preuve de la destruction de l'animal.
En fait, certains spécialistes se sont rendu
compte qu'il n'existait qu'une partie infime
de renards enragés. De plus, il n'est pas le
seul vecteur de la rage, tous les animaux y
concourent.
Le but du massacre des renards serait de faire
tomber leur densité à un sujet pour 250 ha. Au
dessous de ce chiffre, la rage s'éteindrait.
Or, cette thèse ne repose sur rien de sérieux.
Les destructions opérées à très grande échelle
n'ont pas réussi à supprimer l'épizootie qui
ne cesse, au contraire de gagner du terrain.
Il faut donc admettre que les mesures qui ont
été prises en France et qui ont pour elles
suffisamment d'années d'expérience sont loin
d'avoir donné les résultats escomptés.
Les mesures peu efficaces coûtent finalement
très cher et les frais ne cessent pas avec le
temps.
Plus on attendra, plus le front à garder sera
large, plus l'opération sera onéreuse et plus
le territoire épargné sera petit.

— 39 — .
Alors, pourquoi nul n'a encore tenté
d'essayer d'autres solutions qui pourtant
existent ?
Il faut savoir aussi que les renards tués
ne sont pas perdus pour tout le monde :
les gardes aprés avoir touché la prime,
revendent les peaux aux fourreurs.
Rappelons qu'aucune mort d'homme, imputable
à la rage, n'est survenue depuis un demi-
siècle alors que l'usage de la stychnine a
entraîné la mort de deux enfants en Isère
et celle d'innombrables animaux de compagnie.
La disparition complète de nos petits car-
nivores sauvages est au bout de ce massacre —
une philosophie de "l'aprés nous le déluge"
qui s'accomplit avec l'accord muet des Pou—· _;
voirs Publics et sous les yeux aveugles du
Ministère de l'Environnement et du Cadre de
Vie.
VIVE LA SENSIBLERIE
Dans ces conditions, comment renverser la
vapeur ?
Peut-on faire appel à la sensiblerie ?
Après tout, pourquoi pas ?
N'est-ce pas elle qui, pour une grande part,
vient au secours despetits oiseaux l'hiver
quand tout gèle et que les enfants distri-
buent grains et pâtées aux rouge-gorges et
aux mésanges, tandis que dans la forêt on
affourage le gibier ?
Restent les autres, les “puants".
Les oiseaux ont pour eux la beauté, le
gibier son “utilité" ; quant aux autres,
ils n'ont que leur mauvaise réputation et
leur odeur 1
I

-40-
Extrait du Bulletin de Mutualité Agricole
en date du 11 Décembre 1976
- Les mesures de lutte entreprises
par les Pouvoirs Publics reposent essen-
tiellement sur la réduction du nombre des
renards responsables du maintien et de la
diffusion du virus rabique :
- attribution d'une prime de 30 F à
toute personne apportant la preuve de la
mort d'un renard. Près de 75 000 primes M
ont été données en 1975 ;
— distribution gratuite de 26 tonnes
de gaz toxique aux organismes de chasse
afin de gazer les terriers de renards au
printemps ;
- 6 600 charniers contenant des
appats empoisonnés ont été mis en place
aux frais de l'Etat pendant l'hiver 1975 ;
- attribution de subventions, d'un
montant total de 635 000 F, aux Fédéra-
tions Départementales de Chasseurs pour
les inciter à participer aux opérations
de réduction de la population des renards ,
— essai, dans l'0ise, d'un nouveau
toxique très efficace, l'acide cyanhydrique,
pour gazer les terriers ;
- incitation à vacciner les animaux
domestiques pour prévenir l'extension de
la maladie.
Erratum : p. 7
- Tourbières alcalines à Hypnacées
et non à Eynnacées
l

-41-
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-42..
AUX DESTRUCTEURS DE RENARD "
  LES RONGEUR ·
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Tx BUÈGCDIISHÈS.
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26 Boulevard au Jardin des Plantes.
B0OOO.AM|EN$. (22)9I.37.74
EEE
C'est à la suite d'une curieuse mutation (n'obêissa.n·
probablanent pas aux lois de Mendel) que le crapaud,
destiné â illustrer l'article sur les crapauds, s'est
transformé en une superbe grenouille rousse. Nos lecteurs
voudront bien nous en excuser.
L'un de nos prochains numéros traitera d'ailleurs
des grenouilles et nous essaierons de ne pas l'illustrer
avec un .... crapaud !
B p. 5-3° ligne lire gentiane pneumgmmthe au lieu de
G. pneumananthe
p. 5—ll° ligne lire vipère pêliade au lieu de
v. pêliale
i p. 9-4° ligne lire Cessières-Mongbavin au lieu de
’ de Mont-bavin
p. 22-lO° ligne lire E forme
En p. 26-12° ligne lire È moins en moins
"" p. 37-13° ligne Certaines ne prend pas 2 n

·44·
Petit lexique de quelques termes employés
dans ce numéro :
Alcidés : oiseaux marins tels que le petit
pingouin , le macareux, le guillemot, etc..
Biotope : endroit où vit un animal : marais,
pente rocailleuse, forêt, etc...
Boréo-alpin : se dit d'un animal ou d'une
plante qui existe à la fois en haute mon-
tagne et dans les pays arctiques. Ce sont
les témoins des dernières glaciations.
Foulque : oiseau aquatique de la famille des
Rallidés, voisin de la poule d'eau.
Lusitanienne : plante (ou autre espèce)
dont la répartition comprend le littoral
atlantique (de lusitania, ancien nom du
Portugal). Certaines espèces lusitaniennes
atteignent cependant, à l'est, le massif
ardennais.
Herpétologique : qui à trait à l'étude des
amphibiens et des reptiles.
Sagittaire : plante aquatique qui a la
particularité de posséder trois types
différents de feuilles selon que celles-ci
poussent dans l'eau, à la surface, ou en
dehors de l'eau. Ces dernières sont en
forme de fléches, d'où le nom donné â la
plante.
Typha : grand roseau dont le fruit est une
massette marron (souvent utilisé en
bouquet séché).
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Neuf—Occasion 2,rue André Melenne
11, rue Léon Blum VENETTE
602OO COMPIEGNE
Éî’.’?’É?É?S Tél' vgïzr 440 11 60
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Les articles signés n'engagent que la
responsabilité de leurs auteurs.