mmä ' à . ï llll IDENTIFICATION DES TERRITOIRES DE PLUS GRANDE SENSIBILITE POTENTIELLE POUR LA CONSERVATION DES CHAUVES-SOURIS EN PICARDIE Groupe Chiroptères de Picardie Nature - Octobre 2009 ÉTUDIER - AGIR - SENSIBILISER Environnement Association régionale de protection de la Nature et de |’Environnement membre de France Nature Environnement, agréée par les ministères de l‘ÉcoIogie et de l‘Éducation Nationale l l Picardie Nature BP5o835 - F80oo8 Amiens cedex 1 - Tél. 03 62 72 zz 5o __ ' contact@picardie-naturemrg - www.picardie-nature.org I _ _ _ Association loi 1901 déclarée en préfecture le 04 mars 1970 - siège social : 14 Place Vogel - 80000 Amiens 1| . ;."._-_— Siret 381 785 120 00019 - APE 91042 n.
0 Contexte Pour donner suite aux demandes de meilleure connaissance des enjeux de conservation des chauves- souris en Picardie, le Groupe Chiroptères de Picardie Nature a proposé a la DIREN (devenue DREAL) Picardie et au Conseil Régional de Picardie de dresser un bilan des connaissances sur les territoires de plus grand enjeu et donc de plus grande sensibilité (potentielle) pour les chiroptères (chauves-souris) en Picardie. Cette étude a pour finalité d’orienter les politiques publiques (et privées dans le cadre, par exemple, de projets industriels éoliens, de carrières...) en matière de conservation et de prise en compte du patrimoine chiroptérologique picard. ll ne s’agit aucunement d’un document permettant ou interdisant quelque activité que ce soit sur le territoire picard du fait des enjeux chiroptérologiques. ll s’agit simplement d’un premier bilan synthétique, allant a l’essentiel, et appelant les aménageurs et des décideurs a une plus grande vigilance sur certains territoires, où les études d’impact chiroptérologiques devront être particulièrement fines et soignées. Ce bilan est, conformément a la demande de subvention, relativement succinct car volontairement synthétique : il n’a pas vocation a détailler toutes les données fines sur chaque site et territoire d’enjeu chiroptérologique majeur : les cartes sont synthétiques, de même que les analyses des territoires de plus grande sensibilité. Nous sommes allés a ce qui est pour nous l’essentiel. Ce travail concerne avant tout les espèces menacées en Europe figurant a l’annexe Il de la Directive Habitats Flore Faune de l’Union Européenne Petit et Grand Rhinolophe, Grand Murin, Murin a oreilles échancrées, Murin de Bechstein, Barbastelle. Ces espèces, outre les obligations légales de conservation de populations et habitats, constituent aussi des espèces « parapluie » : la où elles sont présentes en nombre, les biotopes restent encore de qualité suffisante pour l’ensemble de la guilde des chiroptères régionaux. Focaliser les études sur elles permet donc de conserver l’essentiel des populations de chiroptères de Picardie, dont les espèces considérées comme rares et menacées a l’échelle leurs régionale ou nationale seulement. Mais il faut avoir conscience que ces espèces ne représentent pas tout l’enjeu chiroptérologique de la Picardie, loin s’en faut. La liste rouge régionale des chiroptères, en cours de discussion au sein du Groupe Chiroptères de Picardie Nature, n’est pas encore arrêtée en Picardie. Toutefois, nous avons pris en compte dans nos analyses les quelques données dont nous disposions sur les colonies de parturition avérées ou probables d’autres espèces, rares et/ou menacées a des échelles régionale et inter-régionale (Noctules commune et de Leisler, Oreillards gris et roux...). De nombreux subsistent dans la connaissance de la faune chiroptérologique picarde, en particulier sur les espèces arboricoles, les espèces migratrices, les terrains de chasse... Si le récent développement des études ultra-sonores liées aux projets éoliens a permis d’augmenter la connaissance de la fréquentation de milieux comme les openfields, quasiment aucune donnée n’est remontée jusque dans la base de données de Picardie Nature. manques Les résultats présentés dans ce document constituent une première synthèse, forcément imparfaite. ll s’agit d’une première vue d’ensemble des secteurs de plus grand enjeu chiroptérologique. Cette analyse devra inévitablement, rapidement au gré des découvertes permanentes par les divers chiroptérologues qui prospectent la Picardie et ses abords, ainsi qu’en fonction des recherches scientifiques européennes en écologie des chiroptères. évoluer,
0 Remerciements 0 Les collègues et amis nous ayant fait l'amabilité de critiquer les différentes versions du document et des cartes, en particulier (par ordre alphabétique) A. ADELSKI, S. LEGBIS, A. MEIRLAND, C. LOUVET, et G. TESTUD du Groupe Chiropteres de Picardie nature. 0 Le Conservatoire des sites naturels de Picardie pour ses données sur les sites qu’il protège et gère, les fonds de carte, une partie de Ficonographie et les éléments d'analyse des enjeux spatiaux des populations de chiroptères, o Olivier PICHABD (DREAL Picardie) et Thierry BIGAUX (Conseil Régional de Picardie) pour leur avis et propositions sur les premiers documents, 0 L’Office National des Forêts de Picardie (en particulier Julien LEFEVBE, Frédéric BARBE et Jérôme JAMINON), pour ses données récentes de colonies de parturition et de sites d’hibernation en forêt soumise, et sur les sites en cours de protection, 0 Les nombreux chiroptérologues du Groupe Chiropteres de Picardie Nature, des groupes d’étude des régions périphériques (Nord-Pas-de Calais : Coordination Mammalogique du Nord de la France, Champagne-Ardenne : Conservatoire des Sites et Paysages de Champagne-Ardenne, Haute-Normandie (Groupe Mammalogique Normand), d’lle-de-France (AGEMINAT), du CPIE des Pays de l’Oise, du Conservatoire des Sites Naturels de Picardie, de l’Office National des Forêts, des trop rares bureaux d’étude qui acceptent de jouer le jeu de la transmission de leurs données (Ecotheme, Biotope)...
0 Sommaire 1. CHOIX MÉTHODOLOGIOUES 1.1 - Données de terrain utilisées ............................................................................................................. .. p.1 1.2 - Principes méthodologiques utilisés .................................................................................................. .. p.2 1.3 - Synthese des principes méthodologiques utilisés ............................................................................ .. p.5 Carte 7 : Milieux boisés et prairiaux de Picardie .............................................................................................. .. p.6 Carte 2: Principaux sites dhibernation et de parade des espèces d'enjeu européen et autres espèces menacées p.7 Carte 3 : C0/onies de parturition connues et suspectées des espèces d’enjeu européen .................................... .. p.8 2. SYNTHESE SUR LES COLONIES DE PARTURITION CONNUES DES ESPECES D’ENJEU EUROPEEN 2.1 - Bilan sur les colonies de parturition de Petit Bhinolophe ................................................................. .. p.9 2.2 - Bilan sur les colonies de parturition de Grand Bhinolophe .............................................................. .. p.9 2.3 - Bilan sur les colonies de parturition de Grand Murin ....................................................................... .. p.10 2.4 - Bilan sur les colonies de parturition de Murin a oreilles échancrées ............................................... .. p.10 2.5 - Bilan sur les colonies de parturition de Barbastelle ......................................................................... .. p.11 2.5 - Comparaison avec le bilan 2001 des connaissances ...................................................................... .. p.11 2.6 - Autres especes potentielles .............................................................................................................. .. p.11 2.7. — Autres especes menacées .............................................................................................................. .. p.12 Carte 4 : identification des territoires de p/us grande sensibilité potentielle par /e réseau des gîtes de reproduction et dhibernation ...................................................................................................... .. p. 13 Carte 5 : Spatialisation des territoires de p/us grande sensibilité potentie//e pour /a conservation des chiropteres p. 14 3. ANALYSE DE LA CARTE DES TERRITOIRES DE PLUS GRANDE SENSIBILITÉ CHIROPTEROLOGIOUE POTENTIELLE 3.1 - Les territoires essentiellement forestiers ........................................................................................... .. p.15 3.2 - Les territoires essentiellement bocagers et/ou prairiaux .................................................................. .. p.16 3.3 - Les territoires mixtes des vallées ...................................................................................................... .. p.16 3.4 - Les zones humides des vallées ........................................................................................................ .. p.16 3.5 - Les territoires potentiellement moins sensibles pour la conservation des chiropteres .................... .. p.17 4. QUELQUES EXEMPLES CONCRETS D’APPLICATION 4.1 - Exemple du réseau de sites de la haute vallée de l’Automne .......................................................... .. p.18 5. PRÉCONISATIONS 5.1 - Préconisations générales .................................................................................................................. .. p.22 6. CONCLUSION ................................................................................................................................... .. p. 23 7. BIBLIOGRAPHIE ANALYSÉE ....................................................................................................... .. p. 24
1. CHOIX MÉTHODOLOGIGUES La totalité des données en possession du Groupe Chiropteres de Picardie Nature sur les colonies de reproduction, d’hibernation, sur les sites de parade (« swarming ») et les terrains de chasse a été synthétisée et analysée pour les especes de l’annexe ll de la Directive Habitats : . Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), . Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), . Grand Murin (Myotis myotis), . Murin a oreilles échancrées (Myotis emarginatus), . Murin de Bechstein (Myotis bechsteini), . Barbastelle (Barbastella barbastellus). Les cartes de sensibilité ont été dessinées a la lumiere des connaissances les plus récentes sur l’écologie des chiropteres, en particulier sur les fonctionnements métapopulationnels, les terrains de chasse autour des colonies de parturition et sur les déplacements au sein des réseaux de sites en fonction des périodes de l’année. Cette premiere synthese mériterait d’étre actualisée régulièrement, au moins tous les 4-5ans, afin de coller aux actualités des prospections de terrain et des recherches en écologie. 1.1 — Données de terrain utilisées Sources : la cartographie des sites d’hibernation et de reproduction a été effectuée en synthétisant de tres nombreuses données accumulées par des réseaux d’observateurs depuis une vingtaine d’années : . données des bases de données mises en commun du Groupe Chiropteres de Picardie Nature et du Conservatoire des sites naturels de Picardie . publications départementales, régionales (Picardie et autres régions), nationales et européennes, . divers rapports non publiés, en particulier les syntheses des enjeux chiroptérologiques sur les sites et territoires Natura 2000, . données de la liste de discussion naturaliste picarde << Obspicardie » . observations personnelles et communications personnelles. Remarque : de tres nombreuses études chiroptérologiques ont été réalisées ces dernieres années en Picardie dans le cadre d’études d’impact, en particulier de projets de fermes éoliennes. Si les études sont de qualité et de rigueur tres variables, la plus grande partie de ces rapports non publiés n’ont pas été utilisés, car non communiquées aux associations naturalistes. Ces rapports permettraient certainement d’affiner les connaissances des territoires de plus forte sensibilité chiroptérologique. page 1 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des Chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiropteres de Picardie Nature, septembre 2008
1.2 — Principes méthodologiques utilisés De nombreuses sources ont été exploitées pour déterminer les zonages possibles autour des sites de plus grand intérêt chiroptérologique. Nous nous sommes essentiellement basés sur les très bonnes publications de synthèses nationales de la SFEPM (ROUE & BARATAUD coord., 1999). Protocole d’études chiropterologiques de la SFEPM Les propositions de protocole d’études chiroptérologiques des projets éoliens ont été réalisées par le Groupe Chiroptères de la SFEPM lors des Xèmes Rencontres Nationales Chauves-souris. Conçu dans le cadre de projets d’implantation de fermes éoliennes, ce protocole nous paraît très adapté a tout projet d’aménagement susceptible de générer des dégâts sur les populations de chiroptères. Nous nous sommes donc largement basé sur cette assise méthodologique nationale intelligente et fondée scientifiquement par un collège des meilleurs spécialistes des chiroptères de France. Ce protocole prône notamment une étude des sites et des routes de vol des chiroptères dans un rayon de 15 km minimum autour du projet éolien, voire plus si des colonies d’espèces a grand rayon d’action (Grand Murin, Noctules...) sont connues autour. Expériences de radiopistages en Picardie Nous nous sommes aussi largement appuyés sur les expériencesderadiopistageen Picardie,essentiellement mises en œuvre par et/ou avec notre collègue R. HUET . ECOTHEME (2004), sur le Murin a oreilles échancrées autour du site souterrain d’hibernation de Beauval (2004) . QUEAU (2003) sur le Petit Rhinolophe autour de la colonie de reproduction de Tracy-le-Mont (60) ; . HUET et al. (2001) sur le Murin a oreilles échancrées autour du site souterrain d’hibernation de Saint-Martin le Noeud (60). Les données de radiopistage dans des régions proches comme le Nord Pas de Calais pour le Grand Murin et le Murin a oreilles échancrées ont aussi été valorisées (PARMENTIER et SANTUNE, 2004 ; CSNNPC & COHEZ, 2001) et pour le Murin a oreilles échancrées dans une région très similaire de plaine dans le Cher (HUET et a|., 2004). Données sur les territoires de chasse des espèces de I’annexe Il de la Directive Habitats Terrains de chasse du Petit Rhinolophe Aucune étude fine des terrains de chasse n’a été menée en Picardie en dehors de celle effectuée sur une femelle allaitante de la colonie de Tracy-le-Mont (QUEAU, 2003). Sur ce site en bordure de la forêt de Laigue, il ressort que l’essentiel des individus suivis chassent essentiellement en forêt domaniale, et ce a moins de 2 kilomètres du site de mise-bas. Par exemple, la femelle suivie par radiopistage pendant 5 nuits fin juin/début juillet 2003 partait en forêt en suivant les allées et lisières, ou en passant directement dans les boisements clairs de vieux feuillus (chênes, hêtres, charmes essentiellement). Puis les trouées, clairières, boisements clairs et haies prairiales étaient largement prospectés, de même que les bords d’étangs près de l’Oise. Elle suivait préférentiellement les bords de route, les allées forestières et les haies/lisières pour ses déplacements (QUEAU, 2003). Cette distance de 1-2 km autour des colonies de reproduction est souvent avancée dans la littérature européenne, de même que l’utilisation d’un domaine vital (incluant les sites de parade et d’hibernation et les terrains de chasse plus lointains) par la colonie qui est de l’ordre d‘une dizaine de km autour des colonies de parturition (ROUE & BARATAUD coord., 1999). Le territoire vital moyen estimé est souvent e l’ordre de 10-20 km9, soit un rayon moyen de l’ordre de 3 a 4,5 km, même si des déplacements inter-gîtes de l’ordre de 10 km ont été rapportés (BARATAUD et a|., in ROUE & BARATAUD, op. cit.). Pour cette raison, nous avons appliqué un zonage moyen de 2-3 km de rayon autour des colonies de parturition connues et probables de Petit Fîhinolophe. Cette zone de 2-3 km de rayon est certes réductrice, mais elle correspond a une plus forte concentration des trajets de chasse et trajets inter-sites de l’espèce. page 2 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiropteres de Picardie Nature, septembre 2008
Terrains de chasse du Grand Rhinolophe GREMILLET (in ROUE & BARATAUD, op. cit.) mentionne des déplacements moyens de femelles autour des gîtes de mise-bas atteignant 9 km (JONEs & MORTON, 1992) en Angleterre, avec une plus forte concentration entre 1 et 3 km. DUVERGE (1997) y rapporte que les distances moyennes gîtes/ terrains de chasse etaient de 2,2 km dans un rayon maximal de 4 km au SW de l’Angleterre. PIR (1994) indique des deplacements inter-gîtes de 5,6 km max. avec une concentration a proximite immediate des gîtes dans le Luxembourg et une distance moyenne de 4,5 km pour les adultes (1,5- 2 km pour les juveniles). GREMILLET ecrit « la protection du milieu 3-4 km autour des gîtes de reproduction est donc cruciale. » La synthèse qu’il effectue identifie trois niveaux de zonage: . un rayon de 0 a 1 km : zone vitale pour les femelles et jeunes, . 1-4 km = terrain de chasse des adultes, . 4-10 km = zone maximale de fréquentation. Terrains de chasse du Grand Murin Les Grands Murins sont tout a fait capables de se deplacer sur de grandes distances : LIMPENS et al., 2005 mentionnent des distances atteignant 30 km autour des colonies de reproduction. KERVYN (1999) ecrit « la majorite des terrains de chasse autour d’une colonie se situent dans un rayon de 10 km (. . .). Certains individus effectuent quotidiennement jusqu’a 25 km pour rejoindre leurs terrains de chasse Par ailleurs, ont ete recenses «des deplacements de l’ordre de 200 km entre les gîtes hivernaux et les gîtes estivaux»... Le transit de Grands Murins par des openfields pour aller chasser ou regagner des sites d’hibernation nous paraît possible. En Nord Pas de Calais dans un contexte similaire a celui de la Picardie, le radiopistage a permis de contacter des individus entre 4 et 6 km autour de la colonie de reproduction de Montreuil sur Mer (CSNNPC & COHEZ, 2001). Terrains de chasse du Murin à oreilles échancrées HUET et al. (2004) mentionnent une distance maximale de 12 km autour de la colonie du Cher. KRULL et al. (1991) signalaient 2 km de rayon preferentiel autour du gîte (avec une preference pour les terrains de chasse situes a moins de 200 m de la colonie de mise-bas), mais avec des deplacements inter-gîtes de 10 km au sud de Munich. ARTHUR (2004, in ROUE & BARATAUD coord.) mentionnent des terrains de chasse preferentiels de quelques km autour des gîtes, avec des deplacements atteignant une dizaine de km pour gagner des terrains de chasse plus lointains, ou pour regagner des gîtes- relais secondaires (2,5 a 10 km). Les femelles « radiopistees » en Picardie ont pu effectuer jusqu’a 25-30 km de trajets entre des sites d’hibernation et des quartiers d’ete (HUET comm. pers. ;QUEAU, 2003) entre Saint-Martin le Nœud et Marseille- en-Beauvaisis par exemple. P389 3 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Données sur les déplacements inter-sites d’hibernation des espèces de I’annexe Il de la Directive Habitats Si les récentes recherches européennes ont moins souvent porté sur les déplacements entres les gîtes hivernaux des espèces, les données de baguage des années 1950-1960 en Picardie (surtout sud Oise et sud Aisne) et dans les régions voisines ont souvent permis de mettre en évidence deux types de déplacements des especes de I’annexe Il et des autres especes rares et menacées en Picardie : . des déplacements locaux de moins de 10 km pour la grande majorité des especes, . de rares déplacements de quelques dizaines de kilomètres entre gîtes d’hibernation pour des especes comme le Grand Fihinolophe (entre Saint Leu d’Esserent et Beauvais par exemple). Les expériences récentes de radio pistage en Europe ont confirmé ces tendances observées par le baguage hivernal (tres meurtrier et fort heureusement interdit en France), de même que le radiopistage effectué sur le Murin a oreilles échancrées dans la Somme et l’Oise (Fi. HUET com. pers.).Ainsi, nous avons défini 2 types d’aires d’attraction autour des sites souterrains majeurs en Picardie : . 2-3 km autour des sites majeurs non protégés (donc moins tranquilles et moins favorables) = aire minimale d’attraction pour la majorité des especes . une dizaine de km de rayon autour des sites d’hibernation/parade préservéslesplusimportants=aire élargie car nous constatons toujours une augmentation des populations hivernantes suite a la fermeture des sites par des grilles nous supposons que le << recrutement » des chiropteres est élargi et que des populations plus lointaines viennent profiter d’un site plus favorable. Définition des sites d’hivernagelparade considérés comme « majeurs » Nous avons cartographié tous les sites que nous connaissons qui comprennent en hiver, au moins certaines années : . des effectifs importants (au moins 10-15, le plus souvent plusieurs dizaines) des especes de I’annexe Il de la Directive Habitats ; . des effectifs importants de toutes especes confondues (especes d’enjeu européen et toutes les autres especes hivernantes) = au moins 30 individus bon en mal an, le plus souvent plusieurs dizaines. Sur le Plateau picard où les effectifs hivernants sont le plus souvent supérieurs a ceux du Tertiaire parisien, nous avons fixé la barre a une vingtaine d’individus minimum. Nous avons fait ressortir les sites préservés et aussi en projet de préservation (par le CSNP et l’ONF principalement, divers auteurs, com. pers.). Nous n’avons pas fait ressortir tous les sites souterrains connus ou susceptibles d’accueillir des chiropteres en hiver (plusieurs milliers de sites cartographiés). Remarque : certains sites souterrains servent a la fois pour l’hibernation/parades et la mise-bas (en particulier pour les Fihinolophidés comme le Petit Fihinolophe a Lavilletertre-60). lls sont référencés dans les deux catégories Page 4 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiropteres de Picardie Nature, septembre 2008
1.3 - Synthèse des principes méthodologiques utilisés Synthèse des principes cartographiques retenus Principes de zonation autour des colonies de reproduction interprétant les nombreuses donnees compilees, nous avons choisi d’appliquer deux zonages moyens autour des colonies de parturition connues et probables de Petit et Grand Fihinolophes, Grand Murin et Murin a oreilles echancrees : . un rayon de 2-3 km correspondant aux terrains de chasse les plus importants et densement utilises a proximite assez immediate du gîte . un rayon de 5-6 km. Nous avons bien conscience que ces 5-6 km de rayon sont reducteurs, mais ils correspondent probablement a une plus forte concentration des trajets inter-sites et trajets de chasse. Principes de zonation autour des sites d’hibernation et de parade : 2-3 km autour des sites majeurs non proteges (donc moins tranquilles et moins favorables). Une dizaine de km de des sites d’hibernation/parade les plus importants pour toutes les especes de l’annexe il de la directive Habitats, mais aussi des autres especes rares et menacees en picardie. Cette aire correspond a une attractivite potentielle moyenne pour une grande part des populations, entre des populations a faible rayon d’action (moins de 10 km comme le Petit Fihinolophe) et a capacite de deplacement beaucoup plus importante (Grand Murin, Murin a oreilles echancrees. . .). rayon autour Principes de l’analyse des territoires de chasse en fonction de I’occupation du sol : Les donnees sur I’occupation du sol sont fondamentales pour l’analyse des terrains de chasse et routes de vol potentiels. Types d’occupation du sol sensibles : . forets (environ 20 % de la surface regionale), . bocages et prairies (environ 10 % de la region), . zones humides (quelques %)... retenus comme plus Les moins favorables = grandes cultures (60 % du territoire regional), zones urbanisees. Les outils d’analyse de I’occupation du sol sont la carte Corine Land Cover de 2001. Nous l’avons donc utilisee comme fond cartographique, en distinguant les forêts, les prairies, les grandes cultures (en blanc) et les zones urbaines et industrielles. P389 5 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Ainsi, nous avons base nos analyses de l'occupation du sol sur les cartes suivantes, issues d'un traitement des donnees de Corine Land-Cover: la carte suivante selectionne les milieux boises et prairiaux (au sens large, incluant les friches et jacheres, marais non boises, les pelouses calcicoles...) qui sont les plus favorables aux chiropteres. C'est cette carte qui a servi de support a la cartographie des territoires les plus riches et sensibles potentiellement pour les chiropteres Carte 1 : Milieux boisés et prairiaux de Picardie ä.:':__.r-5;1 w .11! EI-Lfilfl-IF L î. ù I.’- 1. Dunlrrlnhdufinmfllfidlhfit-Eîmqflh-Hflmmfi page 6 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des Chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Carte 2 : Principales cavités d’hibernation et de parade des espèces d’enjeu européen et autres especes menacees L EEEN DE : TERRlTDIRES LES PLUS RICHES ET FÜTENTIELLEMENT LES PLUS SENSIBLES FOUR LES CHAUVES-SÜURIS DE FIGARDIE ‘L'a-n'irai! qHI-Ifirrmnrhur | rrufifiruartmltflt -._ a ffflLü-rflfiïlfl-I’ par fr t".'i'.'-'.l" 3min‘: cul-fruit 1i".|'r-|'Ilh.'I'rNn"n'-|m w ail-punch“ jhrqlrænnëu fin-fin“. trnllillrrrærrarirw l Fjhnfirrfi'I_fh'4"n'Fl-I‘r\ gui-I data l-‘Jrfl-mlj.‘ 05m‘: IJ-lnlffllfn :|"J.|.ï.|'uira|ur1'r1N n!- [nu-mies nrtumn rm ru fhflhlfl! {ËIIFIËTLTIFIJTITJJP rruuixl 3H19.‘ C) Ehrærtü nul-alvin‘: finirai affrliævrrrnrifirm. ' du.‘ gflmafitr. umrr rlrgtaurrrlr-Fifitlrfli RESEJLIJ DES PRINCIPALES CÀVITES [IFI-IIBERNATIDH ET DE PARADES [et parfois de pnrlurltion] fiîmfln“ ___H_'__ rua-n»- Œnnrfl-KIWLTNNL-IILÈJIHAH 1 nul-nm: -::nqpuu.u—..-:L—-up-uqpun.p-n.— - ulnl- - mm ‘hrnnh - -+-- |--n'-fi---I-—- Iu-Ilnnf- nbl -|-|1nII-I-'YÀ'I nm IIIIIINÙ du Hrnnù- Page 7 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des Chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Carte 3 : Colonies de parturition connues et suspectees des especes d'enjeu europeen TERRITOIRES LES PLUS RICHES ET Ü.'|'I'JrJi.i.l'i-',In1nun'.|ùm unh-"Ji. iiïzynïnrctæ nrælmwr Finir HHÈ | _ PÜTENTIELLEMENT LES PLUS SENSIBLES ÂÆÊ». _ _ POUR LES CHAUVES-SÜURIS ' ' " ' DE PIÜÂRDIE (:3 5m’: uïrptrrfurfflflwl rqlècrzæ snurr H un pvuhor-‘I-lrx 1-|1|1l'"l'-'l. äïfrzu rfrplrrralrfnänrn" I'1llJ|"l|'I"|. ni.‘ IEJmIç-Iu‘ .l'.f lui-I . ih-‘Iu Ihrnxlna‘ I I fïrflIf-"iah çnH-rrrüî CDLÜNIES DE PRRTLËRITIÜN DES ESPECFÀ DE LË-ŒNNEKE Il DE Lat Dl RELTIYE HA BITHLTË TfJ7fJ11I'-"L'LiÏrrÏIiJLI-I‘ raiçlymærlnü nfi‘ .‘-.i km lfillflülr nfrr ulnfimml «r.- Jfrnr-hrl nilr Fü-nr T 3 Rflmhlnlinflr. w r.|'\' 5-11 kmî grumur rie mffllw dm 4mm’; :'.'=;II'4 r.- rhm fa‘ FJH î dinar rfinlrrrærhïhu mlrcmfïcflrqà‘ Il‘! lm |_'I‘J\|:.|'l.l1r.|f.l|n'JM|Pn.I||_'I lffi‘): ..|' fihlu-rmmgm .1; ,.t.-_r_u.4_r.;.-.r.-_q r...'...n.- r.-.J n1-.4_ua.I_i.'..n..a u.-...,..n: p...,.-..-.. .1. n44. mm: _uu..m. nm-.. .' ...-.-...- m .-.--...—. 4.. m- “par... n"... IÜIËÜIËI"? KIKI afin-nul- ‘- ËÉHIIIIIFI-ÛI- I-G‘ FIIIIËWÙI-HïIIIIËÙIIIIIIHII-l- L’essentiel des donnees concernent des colonies de Petit Fîhinolophe entre le Valois et le Laonnois, dans ou en bordure des zones les plus boisees. Sur le Plateau picard, les colonies de mise-bas connues depuis une dizaine d’annees sont essentiellement celles des Grands Murins et Vespertilions a oreilles echancrees page 8 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (mord), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
2. SYNTHESE SUR LES COLONIES DE PARTURITION CONNUES DES ESPECES D’ENJEU EUROPEEN Nous profitons de l’occasion de la presente analyse pour dresser un bilan sommaire des colonies de reproduction localisees depuis ces vingt dernières annees pour les espèces de l’annexe Il de la Directive Habitats Flore Faune en Picardie : . Petit Rhinolophe . Grand Rhinolophe . Grand Murin . Murin a oreilles echancrees . Barbastelle. Le Murin de Bechstein ne fait pas partie de cette liste car, bien qu’il existe evidemment des colonies de parturition de cette espèce, nous n’avons jamais obtenu de donnees a ce sujet en Picardie ni sur ses abords immediats. 2.1 - Bilan sur les colonies de parturition de Petit Rhinolophe . plus d’une trentaine de colonies de parturition regulières ou occasionnelles recensees depuis une vingtaine d’annees dans l’Oise et l’Aisne ; . plus importante concentration actuellement identifiee en forêt de Compiègne et abords avec 8 colonies de reproduction de Petits Rhinolophes connues a ce jour dans ce massif pour un total d’environ 350 individus en 2008 (TESTUD et FRANÇOIS, 2008). La population picarde est estimee provisoirement a environ 2500-3500 Petits Rhinolophes (estimation de 2005-2006 de R. FRANÇOIS et R. HUET, adire d’experts, actualisee en 2008 par G TESTUD, A ADELSKI et R. FRANÇOIS). Ce chiffre evolue chaque annee au gre des decouvertes de nouvelles colonies. Notamment, il serait logique que les forêts d’Ourscamps et de Laigue et leurs abords accueillent des niveaux de population equivalents a ceux du massif de Compiègne. Les decouvertes en 2009 d’une colonie d’environ 60 femelles et 30 jeunes par Adrien ADELSKI, Lucie BRIGNON et al. (comm. pers.) a Carlepont et d’une colonie de 25 femelles et jeunes a Machemont (par Nathalie BILLET) le prouvent. D’autres colonies très probables sont a localiser dans le Laonnois autour des Forêts d’Ourscamps, de Saint Gobain, de Villers-Cotterets, de Vauclair, et dispersees dans le Soissonnais, Noyonnais, Vexin, Valois... Colonies bénéficiant de protections à des fins conservatoires . Colonies preservees par le Conservatoire des sites naturels de Picardie en bâtiment ou en carrière souterraine a : . Brie (02), . Lavilletertre (en milieu souterrain), Compiègne, Tracy-le-Mont (60) . Une colonie en Maison Forestière en cours de preservation par I’ONF (en collaboration avec le CSNP) en Forêt de Retz NW. 2.2 - Bilan sur les colonies de parturition de Grand Rhinolophe . au moins 2 colonies de parturition certaines recensees depuis une vingtaine d’annees, toutes dans le sud de l’Aisne en milieu souterrain ; l’une d’elle est mixte avec des Murins a oreilles echancrees. . une colonie très probable en vallee de la Bresle (80) decouverte recemment par le Groupe Mammalogique Normand. Il s’agit peut-être d’un deplacement de la colonie probable (comm. orale du proprietaire du bâtiment, mais colonie non confirmee de visu) installee dans des caves d’un grand bâtiment près de Senarpont. . une petite colonie de 10 femelles et jeunes a Dampleux (02) decouverte en 2009 par Nathalie BILLET. Des colonies sont aussi suspectees en vallee de Somme vers Abbeville, dans le Laonnois autour de la Forêt de Saint-Gobain, autour de Villers-Cotterets en vallee de I’Automne, en vallee de I’Ourcq et du Clignon... Colonies bénéficiant de protections à des fins conservatoires Une seule colonie de Grand Rhinolophe beneficie de protection a l’heure actuelle, dans une carrière souterraine du Chemin des Dames, par le CSNP. Plusieurs projets de preservation sont en cours en milieu souterrain dans le sud de l’Aisne (F. BOCA com. pers.) suite aux decouvertes de ces dernières annees. P389 9 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
2.3 - Bilan sur les colonies de parturition de Grand Murin . 5 colonies de parturition certaines recensées depuis une vingtaine d’années: . 3 dans le sud de l’Oise en milieu bâti (châteaux comme Compiegne, Troissereux, Achy) . 1 dans l’Aisne dans des combles de maisons forestieres (colonie irréguliere en Foret de Retz NW -O2) ; . 1 certaine dans la Somme vers Saint-Fiiquier (A. MEIRLAND com. pers.); . 3 colonies de parturition possibles/probables recensées depuis une vingtaine d’années, a confirmer . 2 dans l’Aisne dont une colonie suspectée en Thiérache dans un château et dans une ferme pres de La Fere (données anciennes des années 1990 non confirmées ces dernieres années) ; . une colonie a Chelles (60) (donnée des années 1990), non retrouvée en 2009 ; . 2 colonies en Seine-Maritime a proximité immédiate de l’Oise (Gournay-en-Bray) ou la Somme (Vallée de la Bresle ; info Groupe Mammalogique Normand). Des colonies sont aussi suspectées dans le Pays de Bray isarien, en vallée de Somme a l’aval d’Amiens, dans le Laonnois... Colonies bénéficiant de protections à des fins conservatoires . colonie (connue depuis le milieux des années 1990 : BAS et al., 1995) dans le Château de Compiegne (60) préservée par le CSNP, mais sujette a de tres forte fluctuations et a une forte mortalité récente (d’origine virale apparemment) ; . colonie des châteaux de Troissereux et Achy (60) = préservation récente (2007 et 2008) par le CSNP. 2.4 - Bilan sur les colonies de parturition de Murin à oreilles échancrées . 1 colonie certaine découverte en 2009 a Picquigny (80) avec une centaine de femelles et jeunes dans un grand bâtiment privé. . 3 colonies certaines mais dont les données sont a réactualiser : . 1 colonie dans un comble de bâtiment communal a Famechon (80), disparue récemment suite a l’aménagement du grenier, a retrouver ; il s’agissait de la plus importante colonie connue de Picardie et des régions voisines. . 2 colonies connues des années 2000 dans la Somme en vallée d’Authie a Outrebois pres Doullens et vallée de la Maye au NE du massif de Crécy ; ces 2 colonies sont a actualiser (plus de suivis depuis quelques années). De nombreuses colonies sont a rechercher car suspectées dans le Pays de Bray isarien, en vallée de Somme autour d’Amiens, dans le Noyonnais et autour de la vallée de l’Oise, dans le Laonnois, en Thiérache, en vallée de la Bresle ou du Liger... Celle suspectée dans le Beauvaisis par exemple, alimentant en hiver les sites de Saint-Martin le Noeud et environs, n’a pu être localisée malgré le radiopistage de dizaines de femelles en 2003 par le Conservatoire des sites. Colonies bénéficiant de protections à des fins conservatoires : aucune page 10 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
2.5 - Bilan sur les colonies de parturition de Barbastelle Aucune colonie de reproduction de Barbastelle n’est connue en Picardie. Des données recentes de ces dernières annees existent dans la Somme au nord de la forêt de Crecy (un individu note quelquefois depuis 15 ans), et en bordure de la forêt de Retz dans l’Aisne. L’espèce se reproduit donc potentiellement en Picardie. Donnees anterieures a 20 ans : . elles etaient autrefois notees en hibernation dans les carrières du Soissonnais dans l’Oise et l’Aisne dans les annees 1960 (MENU, 1968, repris in DUBIE et al. 1997). . une donnee incertaine car non verifiee (note manuscrite S. DUBIE, 1997) mentionne « Barbastelle : donnee de 1983 au Four d’en Haut, donnee d’après Mr. BALANDRAS » ; nous n’en savons pas plus = source de la donnee a retrouver et verifier. 2 colonies sont connues ou suspectees en bordure de la Picardie : . 1 colonie en basse vallee de l’Authie (62) a quelques km de la Somme (V. COHEZ com. pers.) ; . 1 colonie dans les Ardennes a moins de 15 km du NE de l’Aisne (D. BECUE com. pers.). 2.5 - Comparaison avec le bilan 2001 des connaissances Pour comparaison a sept ans s’intervalle, debut 2001, l’etat des connaissances sur les colonies de parturition de ces espèces en Picardie etait le suivant (FRANÇOIS, 2002, p. 4) : . « Petit Rhinolophe : 4 colonies sont reperees dans l’Aisne ; 4 sont connues dans l’Oise et une dizaine suspectees dans l’Oise et l’Aisne. L’espèce semble toujours absente de la Somme. . Grand Rhinolophe : (restant a confirmer) dans la Somme en limite avec la Seine Maritime. Presque tout reste a faire pour cette espèce dont les effectifs semblent en chute libre en Picardie. Plusieurs colonies sont suspectees dans le Laonnois oriental, ou l’espèce est bien presente en hiver. une seule colonie reperee . Grand Murin :3 colonies reperees dans l’Oise dans des châteaux (Compiègne, Troissereux, Achy). Une colonie est localisee en Thierache, une est possible dans l’Aisne vers La Fère. Aucune n’est connue dans la Somme, mais une colonie est connue en Seine-Maritime en limite avec la Picardie, en Vallee de la Bresle. » On le voit nettement, l’evolution très importante des connaissances, en particulier sur les Fîhinolophides, implique de reactualiser regulièrement ce type de synthèse. 2.6 - Autres espèces potentielles Nous ne mentionnons pas dans cette etude une espèce de l’annexe ll de la directive Habitats : le Murin des marais (Myotis dasycneme). Cette espèce etait citee dans les annees 1960 du Soissonnais et du Laonnois (MENU, 1968). Elle n’a pas ete revue de façon certaine depuis, bien que des observations hivernales (non confirmees de façon absolue) de plusieurs naturalistes du Groupe Chiroptères de Picardie Nature et de la Coordination Mammalogique du Nord de la France laissent presumer une presence possible au moins en hiver. La presence de colonies de reproduction est aussi possible dans le nord de la region, en connexion avec le Nord-Pas de Calais où le Murin des marais est present en hiver et suspecte en ete (contacts d’individus en periode de reproduction). En particulier, les marais de la Plaine Maritime Picarde et de la vallee de la Somme pourraient, potentiellement, accueillir de petites populations reproductrices. page 11 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des Chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
2.7. — Autres espèces menacées Sans rentrer plus dans le detail, nous pouvons mentionner l’etat des connaissances suivant : . Quelques colonies de parturition averees ou tres probables d’Oreillard gris (par exemple a Wambez et Caisnes-GO, Quevauvillers, Rambures, Picquigny et Famechon-80, Crepy en Laonnois-02...) . Une colonie d’Oreillard(certainementPlecotus auritus) en carriere souterraine dans le massif de Thiescourt . Presence en periode de reproduction de Noctules communes et de Noctules de Leisler dans les massifs forestiers de Compiegne et Laigue, en vallee de l’Oise pres de Noyon, en Thierache. .. ;presenoe en periode de reproduction de la Noctule commune en de nombreux secteurs (massifs forestiers, vallees en particulier les vallees de la Somme et de l’Avre, de l’Oise et de l’Aisne) ainsi que dans les openfields (E. BAS et C. LOUVET comm. pers.) . Aucune colonie de reproduction connue de Murin de Natterer maigre une presence diffuse dans l’ensemble de la region en hiver et en periode de « swarming » automnal a l’entree des cavites. .. Les especes cavernicoles restent bien mal connues en Picardie page 12 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Carte 4 : ldentification des territoires de plus grande sensibilité potentielle par le réseau des gîtes de reproduction et d ’hibernation RESEÈU DES SITES MAJEURE D'HIBERNATIÜN. DE PÈRADES ET DE 05:4: .L nfrgurruriln-HI un‘n"\ n"r\_.-n'n:1.'.\ “FINI-IF fFIPEr Hra‘: '.,__._Ëh'r'.|r.- JrnIrrurfJnh-I |"|_f||.'l:'|'.1 rrflrr H 11."! ,rJ-'uh<.r-'Ilq-< un trfllr-‘LW . äïfrti rfrplrrralrlllrlnl n" n-1_|a.'u n uln- IEJmIn-na‘ I! nJu-‘Iu IlrI-nxlnu- fIrflIf-‘nart çIrfI-rrrt"! K .'. [Emhï- n.|'I'r.I'n'u'rIn1i|'r.Ir-I 1%’ _ 1'r4-‘l|';hurn-JÏ|'I '.__ _pn_nï-..v'lgu". pur In‘ ('.{’i.'l" .-llrJ'l"|'.1 mlrnnïs ."' n I.|' 3'.‘ in‘: L711: r.‘ i! ru |.'1' tÏ-JJA- rflnl-cw pnïn-rnuïn-‘u [lnrrrïn dllnflñgvmuæaul I lfurmitu ylnägnuiflu parc":- rlr n'a .l".-L'..In.|‘rr.' Üfirrç-I. Jmrn-lrh .-.|"l.n'4'rnrr;.unu| n‘! gmranfnra. rarnmrl m: m! _r.ln.y':'r n‘: grnurnqrraulr munir JÏF-"IJ I. _ (ïnurn rmrjrnrrh rua-n n.I"n'rI.'|n'n-4|.-n.'n.anu IIEJTIILIHJIÏL‘: nwrs‘ HtUIfhJ-IŸWFJÏIrJIPf Luarnuäq-n ..|'.- .-.I'...au-u- nçlymn M1 ..n'.- .‘-.i lulu amhulr “en n-lmlæul «r.- Jtrnr-hrl air JTÆJI‘ î æ Rflmnlugmn: w u‘: 5-1‘: mlpî grumur nfu mfilrt nInzI amrrn :'.'\-_|'|l'4 r.- Jrm l'a‘ HH î AIR"! rfinlfrrtn HIHJ prlrcnuïrflrqà‘ H1 in" l-rtnfinunmnulr ..|'.-p mfnw n" fulwrrnrælrlr: ni nlngrnarurlun Cette carte localise toutes les cavités et colonies de reproduction majeures (des especes de l’annexe ll de la directive Habitats) connues récemment de Picardie. Le fond représentant l’occupation du sol permet de percevoir le lien entre les grands types de paysages et la concentration des sites de plus fort enjeux. On perçoit nettement que les openfields intensément cultivés, en particulier dans le Santerre, le Vermandois, le Marlois, le Nord-EstAmiénois, le Plateau picard de l ’Oise. .. sont les territoires de plus faible enjeu chiroptérologigue connu. Les milieux tres fortement dégradés parl ’agriculture industrielle ne permettent plus que la présence d ’especes ubiquistes (Pipistrelle commune, Sérotine commune) ou la présence de petites populations de chiropteres plus rares, essentiellement autour des vallées humides boisées (Avre, Somme, Noye...) page 13 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (mord), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Carte 5 : Spatialisation des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiropteres O Sites de parturition avérés d'espèces annexe IIDir. Hab Sites de parturition espèces n. II DHprobables ou anciens Sites de parturition d’ espèces de l 'annexe II de la Directive Habitats préservés _ Cavités d ’hibernation . et de parades préservées par le CSNP Autres cavités d'hibernation l et de parades préservées _, Cavités d’hibernation / parades préservées ' près de la Picardie O Sites majeurs d’hibernation & parades en cours ou en projet de préservation (août 2009) O Cavités majeures (sites d'hibernation, de parades, voire de parturition) Territoires de chasse rapprochés de 2-3 km l autour des colonies de mise-bas de Petit T Rhinolophe, et de 5-6 kmΔ autour de celles des autres espèces Ann. II DH Aires d ’attraction _ potentielle de I0 km l environ autour des sites d’ hibernation & de parades TERRITOIRES LES PLUS RICHES ET POTENTIELLEMENT LES PLUS SENSIBLES POUR LES CHAUVES-SOURIS DE PICARDIE Sensibilité potentielle très élevée pour les chiropteres rares et menacés Sensibilité potentielle élevée pour les chiropteres rares et menacés Sensibilité pot. moyenne pour les chiropteres rares et menacés O Réalimtian Rémi FRANÇOIS et al., Groupe Chiroptères de Picardie Nature, (septembre 2009; avec la collaboration scientifique du Conservamire des site: narurel: .12 Picardie La superposition de l’occupation du sol et du reseau de sites majeurs permet de .spatialiser les territoires les plus riches et les plus sensibles potentiellement pour la conservation des chiropteres. Au-dela de cette simple superposition, nous avons egalement integre des donnees quantitatives. Ainsi les territoires abritant les reseaux de cavite avec les effectifs hivernants les plus importants et abritant les effectifs reproducteurs les plus eleves apparaissent en rouge. Nous avons egalement prix en compte les niveaux de menace des especes : les territoires bordant les colonies de reproduction et d ’hibernation de la Barbastelle en vallee de l ’Authie aval sont en rouge de meme que ceux bordant les colonies de Grand Rninolophe. page 14 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (mord), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
3. ANALYSE DE LA CARTE DES TERRITOIRES DE PLUS GRANDE SENSIBILITE CHIROPTEROLOGIGUE POTENTIELLE Nous insistons sur le fait que cette cartographie représente avant tout des potentialités de sensibilité chiroptérologique. En effet, rares sont les secteurs de Picardie dont les populations de chauves-souris ont été finement étudiées, en particulier au niveau de leurs terrains de chasse. Du coup, l’essentiel de l’espace picard est insuffisamment connu pour avancer des certitudes absolues sur les territoires vitaux et les routes de vol des chiroptères. Nous pouvons en revanche identifier les territoires vitaux potentiels autour des colonies de reproduction connues et ou suspectées, et autour des sites d’hibernation/ parade qui sont directement fonction de l’occupation du sol et des types de milieux présents. Ainsi, nous pouvons identifier les territoires majeurs suivants : 3.1 - Les territoires essentiellement forestiers Les territoires les plus boisés de Picardie se trouvent incontestablement parmi les territoires de plus grand enjeu chiroptérologique : Les grands massifs forestiers . le massif forestier de Compiégne-Laigue-Ourscamps et abords = réservoir démographique et site-clef fondamental pour le Petit Rhinolophe (plus de 600 femelles et jeunes en au moins 10 colonies de mise- bas) en Picardie, dans le nord de la France et pour les plaines du nord-ouest européen ; forêt de Compiègne importante pourle Grand Murin,(Château de Compiègne = une des importantes colonies connues et préservées de Picardie et des régions voisines) ; . le massif forestier de Saint-Gobain / Coucy basse et abords, deuxième réservoir majeur pour les colonies de Petits Rhinolophes, bien qu’encore insuffisamment connus, plus pour toutes les autres espèces d’enjeu européen, . la forêt de Villers-Cotterets et tous les bois attenants, ou, outre des colonies de Petit Fîhinolophe et de Grand Murin connues, nous suspectons la reproduction du Grand Rhinolophe, et pourquoi pas celle de la Barbastelle, . la forêt de Crécy et les vallées attenantes : enjeu élevé pour le Murin a oreilles échancrées, le Grand Murin et, a préciser la Barbastelle en connexion avec la population de basse vallée d’Authie . les bois de la Brie et du Tardenois, encore très mal connus mais avec la plus importante colonie de parturition connue de Grand Rhinolophe, + le Petit Fîhinolophe, le Grand Murin... Cas particulier : les massifs des Trois forêts du PNR Oise Pays de France forêts d’Halatte, Chantilly, Ermenonville et bois périphériques ont été relativement bien étudiés ces dernières années. Les prospections hivernales, des bâtiments publics et des terrains de chasse forestiers potentiels ont, le plus souvent, conclu a une relative pauvreté en chiroptères, difficilement explicable en comparaison du massif compiégnois et de la vallée de l’Automne tout proches. Une colonie de reproduction en souterrain de Grand Murin (a retrouver) existait récemment près de Chantilly. Si le « mystère » subsiste sur les raisons de cette pauvreté en chiroptères, nous considérons toutefois que ces vastes boisements restent de sensibilité chiroptérologique potentielle globalement élevée. Quant aux massifs thiérachiens d’Hirson et Saint Michel, de la Haye d’Aubenton etc nous ne connaissons que très peu leurs réels peuplements chiroptérologiques, faute de prospections d’autres milieux que les blockhaus forestiers (en cours de préservation/aménagement par I’ONF pour plusieurs d’entre eux) et de l’ancien fort d’Hirson. Les potentialités de ces vastes massifs boisés bordés de bocages de qualité sont très élevées. page 15 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Les petits massifs forestiers des buttes et vallées du Tertiaire parisien . le Chemin des Dames et le Laonnois oriental, . le Noyonnais (buttes residuelles, en particulier le massif de Thiescourt-Attiche et le massif de Beine) . le Soissonnais occidental : secteur-clef pour les populations de Petit Rhinolophes entre le Laonnois, le Noyonnais et les forts de Compiègne-Laigue- Ourscamps . la Vallee de l’Automne, de sensibilite elevee/ très elevee pour les 2 Rhinolophides, le Murin de Bechstein... Ces reseaux de coteaux boises sont fondamentaux en terme de connexion, de continuums sylvatiques entre les grands massifs forestiers du sud picard... Les fonctionnements populationnels, en particulier pour les Fîhinolophides, doivent être du type << île-continent » en peripherie des grands massifs boises qui jouent le rôle des « continents Plusieurs colonies de parturition de Petit Fihinolophe y sont connues ou fortement suspectees. Le potentiel de decouverte de nouvelles colonies y est eleve. Les effectifs de Murin a oreilles echancrees y semblent en augmentation par rapport aux donnees des annees 1960 de H. MENU (op. cit. ; FOURNIER, 2002, obs. pers.). 3.2 — Les territoires essentiellement bocagers et/ou prairiaux Deux secteurs bocagers se partagent l’essentiel des surfaces de prairies plus ou moins continues : . la Thierache bocagère et forestière, où seule une colonie de mise-bas de Grand Murin est probable (individus contactes en periode de reproduction dans le parc d’un château), . le Pays de Bray, Au moins cinq autres territoires presentent des paysages occupes par 30 a 50 % de prairies : . l’Oise normande (du Beauvaisis au Pays de Thelle nord), . le Ponthieu, . le Vimeu, . le Noyonnais et les abords de la vallee moyenne de l’Oise, . secondairement, la Brie picarde. Dans ces secteurs l’evolution de l’elevage est extrêmement préoccupante, avec une progression des grandes cultures au detriment des herbages et des haies, talus, mares... et une disparition des pratiques extensives essentielles pour le maintien de peuplements abondants d’insectes-proies. 3.3 — Les territoires mixtes des vallées Certaines vallees forment des mosaïques de milieux forestiers, prairiaux/bocagers et de zones humides particulièrement riches en biotopes favorables aux chauves-souris exigeantes : . les vallees de la Bresle et du Liger, très importantes pour le Grand Fihinolophe, le Grand Murin, le Murin de Bechstein et potentiellement le Murin a oreilles echancrees (colonie a localiser), . la vallee des Evoissons, importante pour le Murin a oreilles echancrees, le Grand Murin, le Murin de Bechstein... . les vallees des Petit et Grand Therain, importants pour le Grand Murin et certainement aussi pour le Murin a oreilles echancrees, . la vallee de l’Authie aval entre le Doullennais et le littoral : colonies de Barbastelle, de Murins a oreilles echancrees, terrain de chasse probable du Grand Murin, des Petit (seule localite pour la Somme et le Pas de Calais) et Grand Rhinolophes... 3.4 — Les zones humides des vallées . la vallee de la Somme et affluents (Avre en particulier) a l’aval d’Amiens . la vallee de l’Oise, probablement très importante pour les Petits Rhinolophes et Murins a oreilles echancrees (grosses populations hivernantes tout autour). . la vallee de la Souche (territoires de grand interèt potentiel, mais encore très mal connus sur le plan chiropterologique, faute de cavites et de recherches de colonies dans les bâtiments ; seules quelques prospections ultrasonores ont ete effectuees). page 16 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
3.5 — Les territoires potentiellement moins sensibles pour la conservation des chiroptères Globalement, les vastes plateaux intensément cultivés sans bois et prairies apparaissent comme les territoires les plus pauvres en chiroptères menacés (et en biodiversité de façon plus générale) de toute la Picardie. Les régions naturelles les plus pauvres en chiroptères d’enjeu européen ou national et en terrains de biotopes favorables sont les plateaux agricoles dominés par les grandes cultures céréalières et industrielles : . le Santerre en dehors des vallées, . le Vermandois, . la Champagne picarde en dehors de la vallée de la Souche et du Camp de Sissonne, . le Nord-Est Amiénois, . le cœur du Plateau picard de l’Oise, . le sud du Valois et le Multien. . le Pays de Thelle oriental, non bocager. Dans tous les territoires de plus grands enjeux de conservation des chiroptères, les enjeux les plus importants nous apparaissent les suivants pour tout projet d’aménagement : . Identification et préservation des colonies de parturition, avérées ou potentielles, . Identification et des sites d’hibernation et de parade majeurs, avérés ou potentiels, . Identification et maintien des terrains de chasse, avérés ou potentiels . Identification et maintien des réseaux de corridors reliant les terrains de chasse et les sites, Deux exemples permettent d’identifier des problemes d’adéquation entre enjeux chiroptérologiques et aménagements routiers ou projets éoliens. Ces deux types de projets nous paraissent être, bien évidemment apres les évolutions inquiétantes de l’agriculture, les plus dommageables pour la conservation des chiroptères rares et menacés en Picardie. page 17 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
4. GU ELGU ES D’APPLICATION EXEMPLES CONCRETS Nous avons choisi, parmi d’autres, deux exemples de cas typiques de problématiques de compatibilité entre des projets routiers et des enjeux chiroptérologiques, pour lesquels il est indispensable et assez urgent de menerdesinvestigations plus précises surlalocalisation tres précise des sites, terrains de chasse et corridors de plus forts enjeux : Les projets routiers . projet de 2 x 2 voies en vallée de l’Automne (Aisne & Oise) : contexte de réseaux de sites d’hibernation et de reproduction, notamment de Petit Fîhinolophe, en bordure de grands massifs forestiers de tres grande sensibilité chiroptérologique. . projet de 2 x 2 voies en vallée du Thérain (Oise) : contexte de réseaux de colonies de parturition de Grand Murin et de divers sites d’hibernation/parade tout au long de la vallée du Thérain. Ces exemples sont représentatifs des enjeux des territoires sensibles sur le plan chiroptérologique. Les chauves-souris paient en effet un tres lourd tribut aux aménagements de type autoroutiers. Toutes les especes ne sont pas impactées de la même façon : les especes les plus sensibles sont celles volant et chassant les plus souvent prés du sol (Fîhinolophidés, Vespertilionidés...). Les projets éoliens Le deuxiéme type d’aménagement le plus inquiétant pour les chiroptéres en Picardie est celui des fermes éoliennes. Si, jusqu’a présent, l’essentiel des parcs éoliens ont surtout concerné des territoires de plateaux agricoles de faible sensibilité chiroptérologique, des projets existent au cœur de territoires particulièrement sensibles (Soissonnais non loin du massifd’Ourscamps, abords de la vallée de la Bresle, de la vallée de la Somme... Les especes les plus impactées sont, a la différence des impacts routiers, celles qui volent haut : Noctules, Pipistrelles, Sérotines... Commentaires Cette cartographie identifie la problématique de réseaux chiroptérologiques qui risquent d’étre coupés par un aménagement linéaire important. lci, les routes de vol (« corridors ») potentiels ou avérés entre la colonie de parturition préservée de Troissereux et les sites d’hibernation/parade ou les terrains de chasse peuvent être coupés par le projet de quatre voies. Bien entendu, il reste essentiel que cette déviation puisse être effectuée afin de réduire les nuisances pour les habitants de Troissereux et environs. Mais il importe également, dans une logique de développement durable, que des passages faunes soient implantés afin de réduire les risques d’impact. page 18 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptéres en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
4.1 — Exemple du réseau de sites de la haute vallée de I’Automne DEVIÊTION DE LÀ RNE ENTRE VÀUMÜISE ET VPLUÜIENNES î COUPURE DES RÜUTES DE VÜL ET DES SITES SOUTERRAINE DES GHIRDPTERES DE L'ANNEXE Il _- gym“.- ._ - l Roulendevnldeudni n amupèssparlai-lvaies l" .7 4'55". l ÏIHJäHfÆEÏ-Ë. - . fi "1f..-:. ' ‘l: ' _ I; z-H l 1l f4 Site: sumerrnin: abrtant de: nhiroplaère: légalement protégäa. Flilhln-I Fhm- F ÈRsÉD-G. Cmundan du Sun NILnlL Il Punch. flic. m: page 19 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la con ation des chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères Picardie Nature, septembre 2008
4.2 — Exemple du réseau de sites à Grand Murin de la vallée du Thérain DEÏIÀTIÜN 2X 2 VOIES DE LA RNZË. TRÜISSEREUX {EU} EDLIPLJRE DES RDLITES DE VDL DES GRANDS MLIRINS {DHIRÜPTERE DE LÈHHHEXE Il DE Un DIREDTNE HFIBITATS] _....q PmDIiIHHrDŒHŒWdHGmrflIl-ILIHR. avfinfiar _. h Sil-s saturnin: abfiml des. chlnnnüurea en '=* ruer mu smà Gland: Munrn page 2o Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (mord), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
Commentaires Cette cartographie identifie clairement la problématique de réseaux chiroptérologiques inter- et péri-forestiers du sud picard. Dans un secteur comptant parmi les plus sensibles de la région, ce projet de 4 voies n’avait, en 2007, pas intégré les enjeux de conservation des chiroptères a leur juste mesure. Pour cette raison, cette carte a été réalisée, afin que : . les sites souterrains soient prospectés et évalués sur leur enjeu patrimonial, . les colonies de reproduction soient recherchées a proximité immédiate de ces sites, . les routes de vol soient cartographiées, . des mesures d’évitement (carrières souterraines a préserver), de réduction d’impact (passages faune adaptés pour les chiroptères) et de compensation (par exemple un réseau de sites souterrains a préserver durablement) du projet soient a la hauteur des enjeux. Ces types de projets insuffisamment adaptés aux enjeux chiroptérologiques sont nettement plus fréquents dans le sud picard, surtout dans le département de l’Oise. Nous pouvons citer, parmi les projets d’aménagements linéaires qui posent des problèmes d’adéquation avec la conservation du patrimoine chiroptérologique : . la traversée du Bois du Roi par la 2 x 2 voies de la N1 (suite du tronçon de la carte ci-dessus), . la déviation RN31 Sud de Beauvais (cavité de fort enjeu a Allonne, frôlée par la déviation) et sa poursuite au cœur du Pays de Bray entre Saint-Paul et Gournay en Bray, . le projet de déviation au nord de Troissereux (colonie de parturition de Grand Murin a proximité immédiate) . le projet de connexion entre l’A16 a Beauvais et l’A29 a Neufchâtel en Bray (traversée des bocages de l’Oise normande et de la vallée du Thérain, très sensible pour plusieurs espèces), . le projet de déviation RN31 entre Compiègne et Soissons, spécialement au niveau de la connexion écologique majeure entre les massifs de Compiègne et de Laigue, ainsi que vers Cuise-Trosly-Breuil ou vers Tracy le Mont / Tracy le Val en fonction des tracés qui seront retenus, . le projet de déviation de Verberie entre la basse vallée de l’Automne et le PNR Oise Pays de France (corridor majeur foret de Compiègne/ PNR OPF), . le projet d’élargissement ou de doublement de l’A1 en plein cœur de la forêt d’Ermenonville, . le projet d’A 24 Amiens-Béthune au niveau du franchissement de l’Authie et des abords des sites chiroptérologiques de Beauval et Doullens... Les projets éoliens Le deuxième type d’aménagement le plus inquiétant pour les chiroptères en Picardie est celui des fermes éoliennes. Si, jusqu’a présent, l’essentiel des parcs éoliens ont surtout concerné des territoires de plateaux agricoles de faible sensibilité chiroptérologique, des projets existent au cœur de territoires particulièrement sensibles (Soissonnais non loin du massif d’Ourscamps, abords de la vallée de la Bresle, de la vallée de la Somme, des Evoissons...). Les espèces les plus impactées sont, a la différence des impacts routiers, celles qui volent et chassent haut, notamment les Noctules, Pipistrelles, Sérotines... page 21 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
5. PRÉCONISATIONS 5.1 - Préconisations générales Les précautions et regles générales en faveur du maintien de la diversité chiroptérologique qui suivent sont a appliquer dans le cadre des études d’impact de tous les projets d’aménagements susceptibles de porter atteinte au patrimoine chiroptérologique régional : . Recherche des colonies de reproduction . Recherche des sites d’hibernation . Recherche des sites de parade (« swarming ») . Cartographie des terrains de chasse avérés ou potentiels . Cartographie des routes de vol avérées ou potentielles (« corridors ») En plus desterrains de chasse, les routes de vol certaines (obtenues par radiopistage ou observations directes) ou potentielles (identifiées d’apres la lecture des cartes fines d’occupation du sol et par les analyses de la végétation sur le terrain) doivent être cartographiées précisément (au 1/25 000e) sur et autour des emprises des projets d’aménagement, en particulier routiers, ferroviaires (TGV) et éoliens. page 22 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiroptères en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
6. CONCLUSION Malgré les nombreuses lacunes dans la connaissance des peuplements chiropérologiques régionaux, nous considérons pouvoir donner un premier bilan sérieusement argumenté des territoires de plus grand enjeu de conservation des chiropteres de Picardie. Bien entendu, cette analyse nécessitera des mises ajour régulieres pour être toujours plus solidement étayée. Nous avons ainsi pu identifier les grands types de territoires d’enjeux majeurs suivants : . les grands massifs forestiers et les vallées/buttes périphériques massifs de Compiégne-Laigue- Ourscamps,deSaint-Gobain/Coucybasse,duLaonnois, de Retz, du Noyonnais, de Crécy, du Clermontois... = réservoir démographique et site-clef fondamental pour le Petit Rhinolophe et le Grand Murin en Picardie, dans le nord de la France et pour les plaines du nord-ouest européen ; . les territoires essentiellement bocagers/prairiaux Pays de Bray, Thiérache, Oise normande, Ponthieu, Vimeu... territoires essentiels pour les especes prairiales et/ou forestieres (Grand Rhinolophe, Murin a oreilles échancrées, Grand Murin)... . les territoires mixtes des vallées : Bresle-Liger, Authie, Thérain... = territoires essentiels pour ces mêmes especes prairiales et/ou forestieres (Grand Fîhinolophe, Murin a oreilles échancrées, Grand Murin, Murin de Bechstein)... . les zones humides des vallées : Vallée inondable de l’Oise, vallées tourbeuses de la Somme, de l’Avre, potentiellement marais de la Souche et de Sacy = terrains de chasse tres favorables aux Petits Rhinolophes, Murins a oreilles échancrées. .. Dans ces territoires, les enjeux les plus importants nous apparaissent tout projet d’aménagement : les suivants pour . ldentification et préservation des colonies de parturition, avérées ou potentielles, . ldentification et des sites d’hibernation et de parade majeurs, avérés ou potentiels, . ldentification et maintien des terrains de chasse, avérés ou potentiels . ldentification et maintien des réseaux de corridors reliant les terrains de chasse et les sites, Globalement, les vastes plateaux intensément cultivés sans bois, haies, prairies et marais apparaissent comme les territoires les plus pauvres en chiropteres menacés (et en biodiversité de façon plus générale) de toute la Picardie. Cette premiere synthese des enjeux territoriaux régionaux sera progressivement affinée dans les années qui viennent. page 23 Identification des territoires de plus grande sensibilité potentielle pour la conservation des chiropteres en Picardie R. FRANÇOIS (coord.), Groupe Chiroptères de Picardie Nature, septembre 2008
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