PICARDIE NATURE

ELEMENTS DE CONNAISSANCES PRÉLIMINAIRES POUR LA CONSERVATION
DES POPULATIONS DE L'AGRION DE MERCURE Cœnagrion mercuriale DE PICARDIE
> Février 2009 - POLE OBSERVATOIRE FAUNE

  
 
   
 

    

F ra
Environnem

 «r»

‘:9

LA néamn

ÉTUDIER - AGIR - SENSIBILISER

Association régionale de protection de la Nature et de l'Environnement
membre de France Nature Environnement, agréée par les ministères de l‘Écologie et de l‘Éducation Nationale
Picardie Nature BP5o835 - Fsooos Amiens cedex 1 — Tél. 03 62 72 22 5o
contactcäpicardie-naturemrg - www.picardie-nature.urg
Association loi 1901 déclarée en préfecture le 04 mars 1970 - siège social : 14 Place Vogel - 80000 Amiens
Siret 381 785 120 00019 - APE 9104Z - Imprimé sur papier recyclé

 

I r

s. ( J mçrjnu

fi‘.
â
Ë
l

Æ

L’AISNE

CONSEIL

 

- Citations recommandées

Rapport entier:
LEGRIS, S & GAVORY, L. (2009). Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |‘Agrion de mercure

Cœnagrion mercuriale en Picardie. Picardie Nature. 64p.

Parties individuelles :

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009a). Statut de |‘Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie : synthèse des données anciennes et
situation en 2005.

Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie.
Picardie Nature. 6-28

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009b). Eléments sur l'écologie et |’étho|ogie de |‘Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie : description
des stations et synthèse des connaissances accumulées en 2005.

Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie.
Picardie Nature. 29-43

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009c). Eléments généraux sur |‘Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale.

Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie.
Picardie Nature. 44-52

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009d). Conservation et suivi de |‘Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie : état des stations connues,
prescriptions pour leur conservation et le suivi de |’espèce.

Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie.
Picardie Nature. 53-64

Crédit Photographies : Sébastien LEGRIS

Rédigé en 2007 et publié en 2009

Etude et rapport réalisés grâce au soutien financier de la Direction Régionale de l‘Environnement de Picardie et le Conseil Régional de Picardie

- Sommaire

Introduction

' STATUT DE L’AGRION DE MERCURE CŒNAGRION MERCURIALE EN
PICARDIE : SYNTHÈSE DES DONNÉES ANCIENNES ET SITUATION EN
2005 .................. ..

 p.6

Introduction

l. Méthodologie

ll. Principales limites a |’étude réalisée

lll. Résultats

lV. Discussion - Conclusion

Bibliographie

Remerciements

Annexes
1. Fiche de relevé de l‘Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale
2. Localisation des stations de Coenagrion mercuriale présentes
en vallées de la Bresle, de la Thève et de la Souche
3. Répartition des populations supposées en vallées de la Bresle,
de la Theve et de la Souche

' ÉLÉMENTS SUR L’ÉCOLOGIE ET L’ÉTHOLOGIE DE L’AGRION DE

MERCURE CŒNAGRION MERCURIALE EN PICARDIE : DESCRIPTION

DES STATIONS ET SYNTHÈSE DES CONNAISSANCES ACCUMULÉES EN
2005 ............................................................................................. ..p.29

Introduction
l. Méthodologie
ll. Résultats
lll. Discussion - Conclusion
Bibliographie
Remerciements
Annexes
1. Paramètres des stations
2. Végétation relevée sur les stations
3. Occupation du sol en périphérie

' ÉLÉMENTS GÉNÉRAUX SUR L’AGRION DE MERCURE CŒNAGRION

MERCURIALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. p. 44

Introduction

l. Présentation de l'espèce

ll. Habitat

lll. Cycles et caractères biologiques
lV. Dynamique des populations
Bibliographie

Remerciements

' CONSERVATION ET SUIVI DE L’AGRION DE MERCURE CŒNAGRION

MERCURIALE EN PICARDIE ÉTAT DES STATIONS CONNUES,

PRESCRIPTIONS POUR LEUR CONSERVATION ET LE SUIVI DE

L’ESPÈCE ..................................................................................... .. p.53

Introduction
l. Méthodologie et démarches

ll. Etat, niveaux de menaces et de conservation des stations, état des

priorités d'intervention

lll. Propositions de mesures a prendre

lV. Résumé général par vallée

Bibliographie

Remerciements

Annexes
1. Présentation des facteurs menaçants et détermination du
niveau de menace par station
2. Présentation des mesures de conservations et de protection
des stations
3. Menaces et priorités d’actions des stations

Page 3

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l‘Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Introduction

Le présent rapport est une présentation des «éléments de
connaissances préliminaires pour la conservation des populations
de l'Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie>> menée
par l'Association Picardie Nature. Elle avait pour but premier de
produire les éléments d'information indispensables pour œuvrer à
la conservation des populations d‘Agrion de Mercure Cœnagrion

mercuriale en Picardie.

Le contenu proposé de l'action était le suivant :

L‘Agrion de Mercure présente un fort enjeu patrimonial en Picardie
avec un statut d'espèce «Exceptionnelle», tout comme en France où
il figure dans la liste des insectes protégés sur le territoire national
(menacé d'extinction) et en Europe de par son appartenance à
l'Annexe Il de la « Directive Habitat >>. La région comprend un certain
nombre de sites classés en zones «Natura 2000» où l'insecte est
connu. Toutefois, les connaissances actuelles sur cette espèce restent
très succinctes, notamment concernant sa répartition régionale et son
écologie. Ces lacunes limitent les possibilités de mettre en place des

mesures de conservation adaptées.

L'association Picardie Nature propose de réaliser une étude visant
à améliorer les connaissances sur l'espèce (effectifs, écologie), plus

particulièrement sur les zones « Natura 2000 ».

Objectifs

Les objectifs de l'action seront de :

- améliorer les connaissances de son statut (répartition, effectif,
niveau de reproduction...) et de son écologie (paramètres du ou des
milieux utilisés...)

- produire des prescriptions de gestion qui pourront être générales
mais également sitologiques (maximum de 10 sites ) et de les mettre

à disposition d'un large public.

Description de Faction

L'action comprend deux aspects : un diagnostic et la production d'une
synthèse des connaissances, mise en forme de façon à pouvoir être

largement diffusé.

1) Le diagnostic

Il comprend les phases s'appuyant sur les méthodes suivantes :

1° Synthèse des données existantes

L'intérêt est de faire le point sur l'ensemble des observations de l‘Agrion
de Mercure en Picardie. Il s'agit d'obtenir les éléments disponibles sur
la répartition de l'espèce, ses effectifs et son écologie.

Plusieurs sources d'informations sont mises a contribution :

- la base de données de Picardie Nature,

- les observateurs ayant contacté l'espèce en Picardie, afin d'obtenir

des précisions sur la station (localisation la plus précise possible),
l'habitat utilisé (paramètre et état du milieu â la date d'observation),
l'espèce (comportement, âge, sexe, nombre d'individus...), et s'ils ont
connaissance d'autres secteurs favorables a l'insecte en Picardie

- recherche bibliographique

Cette première phase permet de faire un état des lieux de l'ensemble
des stations connues et d'avoir une première approche des milieux
utilisés par l'espèce. Elle débouche notamment sur un plan de

prospection.

2° Etude de terrain

Cette étude se partage en 2 points :

- un relevé sur les sites où l'espèce est connue, d'après les différents
éléments obtenus lors de la synthèse des données existantes.

- une recherche de sites potentiellement favorables à l'espèce
(ruisseaux et fossés sur sols calcaires, riche en végétation et exposé au
soleil), en particulier sur les secteurs classés en zone «Natura 2000».
Ces sites sont sélectionnés d'après une recherche cartographique et
bibliographique (consultation des documents d‘objectifs...), et grâce
à l'ensemble des informations obtenues lors de la synthèse des

données existantes.

L'étude de terrain est réalisée sur 8 jours et s'étend de la fin mai à
la mi-juillet. En moyenne une séance par semaine est effectuée. Les
relevés ont lieu lors de conditions météorologiques favorables (Ciel :
dégagé, Température comprise entre 20 et 30°C, absence de vent et

de précipitation...)

En plus des 8 jours de terrain, l'association propose d'organiser
au minimum une sortie de bénévoles (peut-être plus), dans le but

d'approfondir les recherches.

La méthode de recherche repose sur la capture au filet (puis relâcher

des animaux) et l'observation directe.

Pour chaque relevé sont notés :

1) les éléments concernant la zone d'étude :

la date, la commune, le lieu-dit, les coordonnées de la zone
d'observation,

2) les informations sur l'espèce :

le nombre d'individus, le sexe et l'âge (larve, immature ou adulte) ;
le comportement (exuvie, défense de territoire, ponte, tandem, plante
utilisée...)

3) les différents paramètres de la station :

- la surface de la zone utilisée par l'espèce : évaluée sur le terrain en
utilisant un mètre ou grâce à des mesures sur cartes au 1/25000 si la
zone est de plus grande superficie ;

- la profondeur moyenne : évaluée en sondant le milieu. Il est préférable
de relever la lame d'eau dans laquelle évolue l'espèce ;

- la vitesse du courant : estimée, en chronométrant le déplacement
d'un flotteur (courant rapide, modéré, lent â peine perceptible et nul)

- le substrat : relevé en analysant sa granulométrie (blocs, cailloux,

graviers, grains de sables, éléments fins) et sa nature (vaseux,

Page 4

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

tourbeux, sableux, argileux) ;

- la pente de la berge est appréciée en utilisant les critères : abrupte,
moyenne ou douce ;

- la végétation : relevée en distinguant, les ligneux, les hélophytes
et les hydrophytes. Pour chacun est évalué, le recouvrement (en
pourcentage) et la hauteur. Les informations sont relevées en réalisant
un schéma du recouvrement et de la hauteur des différents types de
végétaux ;

- l'environnement immédiat : les milieux attenants à la station sont
relevés en utilisant la nomenclature CORINE BIOTOPE (utilisation du
deuxième niveau) ;

- le type d'activité présent 500 mètres autour de la station (pâturage,
culture, route, urbanisation...) ;

- analyse des menaces potentielles (fermeture par les ligneux,
processus de comblement, risque de pollution, prédation, mauvaise

gestion, entretien de la végétation...)

2) Le cahier de prescriptions

Pour chaque site prospecté, une synthèse des observations est
réalisée. Les stations découvertes durant l'étude et celles connues
auparavant sont cartographiées sur carte au 1/25000 et accompagnées
d'un descriptif de leurs paramètres. Ensuite un commentaire sur l'état
des stations (mode de gestion, menaces, activités présentes...) est
réalisé. Enfin l'analyse débouche sur des propositions de gestion par

station, afin d'assurer la conservation de l'espèce.

L'analyse comprend une synthèse des données disponibles, en
particulier les localités. Chaque station connue est ensuite visitée ainsi
que celles susceptibles d'accueillir l'espèce (en particulier dans les
zones «Natura 2000»).

Lors des visites de terrain aboutissant à un contact avec l'espèce, un

relevé précis d'information est réalisé dans le but de décrire le milieu
fréquenté et les modalités de son utilisation par l'espèce ainsi que les

principales caractéristiques du site.

Les informations sont formalisées sous la forme d'un cahier de
recommandations, d'au moins deux publications dans la revue

naturaliste régionale et d'un bilan d'activités pour les financeurs.

3) Organisation du rapport

Le présent rapport rassemble les éléments de connaissances
accumulés principalement au cours de la phase étude de l'action.
Il rassemble ainsi les principales informations nécessaires pour

contribuer à la conservation de l'espèce dans notre région.

Il comprend quatre parties rédigées sous la forme de quatre articles

dont deux seront publiés dans des revues spécialisées :

- Statut de l'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie :
synthèse des données anciennes et bilan des prospections menées
en 2005 ;

- Eléments sur l'écologie et l'éthologie de l'Agrion de Mercure
Cœnagrion mercuriale en Picardie : description des stations réalisée

en 2005 et synthèse des données disponibles ;

- Eléments généraux sur l'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale ;

- Conservation et suivi de l'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en

Picardie : situation de l'espèce, état actuel des stations et prescriptions

de gestion, éléments pour le suivi des populations.

  

   

Photo : «La rivière Souche» à arentho-sur-rr 2)

Page 5

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

-STATUT DE L’AGR|0N DE MERCURE CŒNAGRIONMERCURIALE
EN PICARDIE : SYNTHÈSE DES DONNÉES ANCIENNES ET
SITUATION EN 2005

Sébastien LEGRIS & Laurent GAVORY

Résumé

Un bilan des données disponibles sur |‘Agrion de Mercure, complété
par des recherches conduites en 2005 a permis de clarifier sa situation
en Picardie. La première mention daterait de 1994. Aujourd'hui,
l'espèce est répartie en trois ensembles (Vallée de La Souche (02), de
La Thève (60) et de La Bresle (80)) espacés de 85 a 100 kilomètres
et composés de 7 noyaux d'individus potentiellement isolés. Ils sont
répartis sur 26 stations qui sont des linéaires où les individus sont
présents sans discontinuer. Leur longueur varie de 3 à 1 200 mètres
mais la majorité est comprise entre 100 et 500 mètres. 21 sont incluses
dans des Zones de Conservation Spéciale. Les effectifs dénombrés
sont peu significatifs. Néanmoins, les densités les plus fortes ont été

relevées sur La Bresle et les effectifs les plus élevés sur La Thève.

Mot(s) cIe’(s) : Picardie, population, historique, 2005

Introduction

L‘Agrion de Mercure est un des odonates les plus menacés présent en
Picardie. De plus, inscrit à l'annexe Il de la Directive CEE 92/43 relative
aux habitats de la faune et de la flore sauvages, ces populations
doivent présider à la mise en place des Zones de Conservation
Spéciale. Dans ce contexte, la connaissance fine de sa répartition
et de l'importance de ses populations sont deux éléments clés pour
mesurer la nécessité d'intervenir en faveur de sa conservation. Ces
connaissances permettront de déterminer les éventuelles mesures à
faire figurer dans les documents planifiant la conservation de l'espèce

et in fine, évaluer la portée des actions qui auront été entreprises.

Dans ce contexte, un diagnostic spatio-temporel des populations de ce
zygoptère s'est avéré nécessaire. Aussi, en 2005, après avoir réalisé
une synthèse des données existantes, des recherches sur le terrain
ont été conduites. L'objectif était de confirmer la présence d'individus
sur l'ensemble des localités où l'espèce avait été précédemment
observée et de rechercher de nouveaux sites de présence, en
particulier dans les Zones de Conservation Spéciale. A l'occasion des
relevés réalisés les effectifs présents devaient être dénombrés dans le

but d'évaluer l'importance des populations présentes.

L'espèce étant connue pour ses déplacements de faible ampleur et par
le cloisonnement de ses populations (THOMPSON D.J et al ., 2003),
l'état de la répartition de sa population a été analysé à la lumière des
éléments connus sur les facteurs isolant les individus, en particulier
à partir des travaux réalisés en Grande-Bretagne. Il s'agissait ainsi
de proposer une répartition hypothétique des populations (groupe
d'individus isolés), dans le souci de déterminer des unités possibles
efficacement à la

d'interventions pertinentes pour contribuer

conservation de l'espèce.

Notre étude s'est appuyée essentiellement sur l'observation des
imagos. La recherche des larves et des exuvies n'a donc pas été
engagée. En fait, la découverte des larves nécessite une capture
induisant une perturbation du milieu (utilisation du troubleau) et
nécessitant une autorisation administrative. Pour trouver les exuvies,
une prospection minutieuse des rives des cours d'eau devrait être
assurée. Ces dernières étaient hors de notre portée avec les moyens
mobilisables (temps disponible, absence de barque...). De plus,
cette méthode risquait fort d'être perturbante pour bon nombre de
sites. Enfin, la détermination des larves et exuvies s'avère difficile et
demande un examen attentif et donc assez long de chaque individu

collecté.

Les prospections ont été conduites à l'échelle de la station qui
correspond à une portion du milieu occupée en continu par l'espèce.
Il s'agit généralement d'un tronçon de cours d'eau le long duquel des
individus sont présents sans discontinuer. Ce choix a été motivé par le
souci de déterminer des groupes d'individus (susceptibles en fonction
de leur niveau d'isolement de constituer des populations), de disposer
d'unité spatiale cohérente par rapport à la distribution des individus

pour décrire le milieu...

page 6

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Coenagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

l. Méthodologie

1) Collecte des données antérieures à 2005

Elle a été assurée en consultant trois sources d'informations :

- la base de données naturalistes de Picardie Nature. Gérée avec le
logiciel F‘NAT, elle rassemble l'ensemble des observations qu'ont pu
transmettre les collaborateurs de |‘At|as National des Odonates, projet
coordonné par la Société Française d‘Odonatologie. L'association
assure un travail de relais régional pour cet atlas, en particulier en
mobilisant les odonatologues de Picardie et en centralisant leurs
données. Elle a ainsi pu récupérer celles réalisées en région depuis le

milieu des années 1980.

- les données non communiquées (ou publiées) par les odonatologues
ayant pratiqué dans la région. Pour les récupérer, une annonce a été
passée dans la feuille de liaison des réseaux naturalistes de Picardie
(La Petite Avocette) que reçoit la grande majorité de ces spécialistes
leur demandant de communiquer les données restées dans leur
carnet ou base de données personnelle. Elle fut complétée par des

sollicitations directes.

- la bibliographie existante. Les principales références sur les

odonates de la région qui restent peu nombreuses ont été consultées.

Les données centralisées sont, dans leur grande majorité, une date, un
lieu plus ou moins précis, un effectif et un ou des auteurs. L'Agrion de
Mercure n'avait pas fait l'objet, avant la présente étude de recherches

particulières.

2) Collecte des données en 2005 : gestion des prospections

La synthèse des données antérieures précédemment évoquée a été
réalisée avant la saison de recherche. Elle a permis de dresser la liste
des stations connues de l'espèce, et ainsi, de déterminer, dans une
approche certainement partielle, les conditions écologiques qui lui
étaient nécessaires pour vivre en Picardie. Fort de ces éléments, un
plan de prospection a été établi avec deux objectifs :

- visiter l'ensemble des stations où l'espèce avait été signalée
précédemment pour confirmer sa présence et dresser un état de sa
situation au cours d'une même saison ;

- rechercher l'espèce sur des sites potentiellement favorables,
en priorité autour des stations connues et sur les zones du réseau

«Natura 2000» de la région.

Il est avéré, selon la bibliographie et la physionomie de ces stations
en Picardie, que |‘Agrion de Mercure recherche les cours d'eau de
petite à moyenne largeur en secteur calcaire et acide, présentant
en rive une ceinture d‘hélophytes et riche en hydrophytes et aux
eaux plutôt oxygénées. Il s'agit le plus souvent de cours d'eau de
première catégorie piscicole peu ombragé et qui circule donc au
milieu de prairies. Les sites potentiellement favorables à l'espèce ont

été sélectionnés en recherchant sur les cartes au 1/25 O00 éme de

l'institut Géographique National ce type de situation.

Ainsi, d'une façon générale, les prospections se sont orientées vers
les trois vallées et leurs affluents, où l'espèce avait été signalée : la
Souche dans I‘Aisne, la Thève dans |‘Oise et la Bresle dans la Somme
et les zones Natura 2000 proches soit en priorité: FR2200380 : Massifs
forestiers d'Ha|atte, de Chantilly, et d’Ermenonvi|le ; FR2200363 :
Vallée de la Bresle. La station connue en vallée de la Souche se situe
à 10-15 kilomètres d'une zone « Natura 2000 >> (FR220390 : Marais de

la Souche et Forêt de Samoussy).

A ces zones s'est ajouté un linéaire important de cours d'eau où
l'espèce pouvait être présente. La Picardie ne compte pas moins
de 4 600 kilomètres de rivières de première catégorie piscicole
dont une partie présente les caractéristiques recherchées par ce
Cœnagrionidé. En fait, la tâche s'est avérée immense et la sélection
a été difficile. Cette dernière a été assumée par les observateurs,
membres du réseau odonates de Picardie Nature, en fonction de leurs

connaissances géographiques de leur secteur.

3) Modalités de recherche de l'espèce et éléments relevés

Les prospections ont été programmées entre la mi-mai et la fin juillet,
soit au cours de la durée de la période de vol de l'espèce en plaine dans
le Nord de son aire de répartition. Elles se sont toujours déroulées lors
de conditions météorologiques favorables : température supérieure à

20°, absence de précipitations, pas ou peu de vent.

L'observateur s'est rendu sur les secteurs préalablement localisés,
souvent accessibles à partir d'un pont. A de rares occasions,
l'observateur a prospecté le fond du cours d'eau à pied, marchant
dans son lit. La durée et la distance de prospection de chaque secteur
variaient en fonction de l'existence ou non de contacts avec l'espèce,
et/ou du potentiel d'attractivité du milieu pour celle-ci : présence ou
non de courant, degré d'ensoleillement du milieu, type de substrat,

transparence de l'eau, présence de végétation aquatique...

Les stations ont été déterminées en tenant compte des conditions du
milieu présent (en particulier présence d‘hélophytes et d‘hydrophytes
en continu, absence de zones d'ombre) beaucoup plus que sur la
base de la présence d'individus. Ainsi, dans peu de cas, l'absence
de discontinuités majeures dans les milieux présents a conduit à
prolonger la station voire à regrouper deux ou trois points de présence

peu éloignés et situés dans un continuum qualitatif d'habitats.

Certains individus ont été capturés à l'aide d'un filet pourvu d'un
manche de 1m50 de long, ainsi que d'une poche en tissu mousseline
de 30cm de diamètre et d'une profondeur de 50cm. Chaque individu

capturé a été identifié puis relâché.

Lors de l'observation, différents paramètres ont été relevés et

consignés sur une fiche préalablement établie (voir ANNEXE l) :

Page 7

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Il s'agissait :

- d'éléments concernant les conditions de l'inventaire : le nom de
l'observateur, la date, les conditions météorologiques de la séance et
des jours précédents, l'heure de prospection (arrivée et départ), les
conditions météorologiques (nébulosité, température, précipitations et
vent selon une typologie), la commune, le lieu-dit et les coordonnées
de la zone d'observation.

- d'informations relatives à l'espèce : le nombre d'individus, l'âge
(adultes et immatures : individus aux couleurs ternes et aux ailes
brillantes) et le comportement â l'aide d'une typologie préétablie. Elle
comprenait des comportements suivants : défense de territoire, ponte,
tandem, chasse, alimentation, individu en vol (en indiquant le milieu
survolé) ou au repos (en déterminant le support utilisé, notamment
l'espèce végétale utilisée) ou a été décrit lorsqu'il n'entrait pas dans

ces catégories.

L'identification des individus a été réalisée à la vue, directement
â l'œil pour les individus capturés et à la jumelle pour les autres
(essentiellement les mâles lors du dénombrement). En effet, à l'aide
de jumelles, il est possible de distinguer les critères de silhouette et de
dessins caractéristiques de l'abdomen des mâles. Pour les femelles,
l'identification étant plus délicate, elle s'est faite systématiquement,
après capture, à la loupe, ou lors de l'observation de tandems. Les
critères utilisés ont été ceux proposés par WENDLER & NUSS (1994).
Lorsque les individus étaient peu nombreux, ils ont été capturés puis

relâchés ceci pour garantir l'identification.

L'effectifa été évalué sur la base d'un décompte des individus présents

en parcourant la station.

La longueur (en mètres) des stations a été mesurée au moyen d'un
ruban hectométrique ou sur une carte au 1/25 000 lorsque les individus

se répartissaient sur un long linéaire.

4) Analyse du cloisonnement des populations

Cette analyse s'est appuyée principalement sur un examen des
photos aériennes de l'institut Géographique National, qui datent du
début des années 2000, complété par quelques données accumulées
sur le terrain, dans le but de trouver les points possibles de
blocagesdes individus. Nous avons ainsi localisé les barrières jugées
infranchissables â la lumière des différents travaux de l'Université de
Liverpool et notamment PURSE et al. (2003) et WATTS et al. (2004).
Ainsi, les éléments suivants ont été considérés comme étant un
obstacle impossible à franchir par les individus : une distance de plus
de 3 km, une agglomération avec les rives du cours d'eau bâties sans
continuité d'habitats naturels (berge végétalisée) et massifs d'arbustes
et d'arbres se développant jusqu'en rive du cours d'eau. A partir de
là, sur la base de la cartographie des stations, nous avons localisé
les principaux obstacles aux déplacements des individus et ainsi

déterminé la ou les stations probablement isolées les unes des autres.

Il. Principales limites à l'étude réalisée

Concernant la recherche de nouvelles stations, ce n'est pas
moins de 250 kilomètres de cours d'eau qui auraient mérité d'être
parcourus, auxquels s'ajoutait l'ensemble des rus, ruisseaux, fossés
de drainage... potentiellement favorables. De plus, les prospections
devaient être menées durant 3 mois raccourcis par les périodes où
les conditions météorologiques étaient défavorables. En 2005, elles
n'ont pu être conduites que durant 24 jours sur 60. A cela s'ajoute
la difficulté d'accès aux stations favorables pour plusieurs raisons :
propriétés privées fermées, animaux â l'herbe, végétation luxuriante,
berges abruptes... L'ampleur de la tâche était donc sans commune

mesure avec les moyens que nous pouvions mobiliser.

Dans ces conditions, la prospection des sites favorables dans les sites
Natura 2000 peut être considérée comme satisfaisante. Par contre,
celle dédiée à la découverte de nouvelles stations est loin de l'être.

Seules 10 stations potentiellement favorables ont été visitées.

Les modalités de détermination des individus (â la jumelle
principalement) peuvent sembler peu fiables, en raison des confusions
possibles avec d'autres Agrions (tels que |'Agrion gracieux Cœnagrion
pu/chellum, |'Agrion jouvencelle Cœnagrion pue/la, |'Agrion porte
coupe Enallagma cyathigerum) . Ces espèces sont généralement peu
fréquentes, voire absentes dans les secteurs occupés par Cœnagrion
mercuriale, et ce dernier, a la particularité d'avoir des segments
abdominaux ayant la même proportion de couleur noire et bleue,
facilement visible â l'œil nu. La détermination â vue est également
utilisée dans d'autres régions (DELIRY, 2004). Dans tous les cas, n'ont
été pris en compte que les individus dont les critères diagnostics ont
été vus. Cette méthode a probablement contribué â sous-estimer les

effectifs présents et le nombre de stations.

Pour les comptages, il faut souligner que de nombreux facteurs
influencent le nombre d'individus présents et observés, notamment
: les conditions météorologiques, la période d'émergence  C'est
pourquoi, les effectifs relevés seront considérés comme non
significatifs et indicatifs. En effet, il s'avère nécessaire de réaliser des
dénombrements régulièrement sur un même site pour espérer obtenir
une évaluation significative de la population (THOMPSON & al., 2003).
Les limites des stations n'ont pas toujours été faciles à déterminer, du
fait principalement des difficultés de prospection déjà évoquées et de

faible densité d'individus.

Enfin, l'analyse des cloisonnements et la détermination des îlots de
population sont une démarche qui relève plus de l'hypothèse que
du constat. Il serait indispensable de valider, en particulier par une
étude des déplacements mais surtout par un travail sur la diversité du
génome, la détermination des groupes d'individus qui en a été le fruit.
En outre, l'échelle insuffisante de la photo aérienne a limité l'analyse.
Certains points auraient certainement mérité d'être confirmés sur le
terrain. Toutefois, l'hypothèse proposée constitue à nos yeux une
situation minimale suffisamment sérieuse pour être prise en compte
notamment dans le cadre de l'élaboration de Documents d'objectifs
Natura 2000.

page 8

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Ill. Résultats

1) Etat des recherches conduites

La consultation de la base de données de Picardie Nature a donné
11 citations antérieures à 2005 (une date d'observation, un ou plu-
sieurs noms d'observateur, une commune, un lieu-dit, l'âge, le sexe, le

nombre d'individus, et parfois, un commentaire).

Peu de cours d'eau favorables à |’Agrion de Mercure ont fait l'objet
de séances de recherche des odonates si ce n'est les Vallées de la

Bresle et de la Souche.

La base de données a permis d'identifier les tronçons de cours
d'eaux, potentiellement favorables à l'espèce et visités par des odo-
natologues entre 1970 et 2005 (rus, rivière de première catégorie...)
(carte 1).

 

Carte 1 : Répartition des localités ayant fait l’objet de recherche d’odonates et

potentiellement favorables a‘ l’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale entre 1970

et 2005.

9 observateurs des organismes et associations qui suivent ont été
contactés : Conservatoire des Sites Naturels de Picardie, Parc Naturel
Régional Oise Pays de France, Association des Entomologistes

Picards, Picardie Nature et autres naturalistes indépendants.

Une dizaine de références bibliographiques a été consultée.

En 2005, les trois secteurs où l'espèce avait été notée précédemment
ont été prospectés :

- la Souche de Sissonne à Crécy-sur-Serre,

- la Thève de Mortefontaine à Lamorlaye,

- la Bresle de Saint-Germain-sur-Bresle à Oust-Marest.

L'ensemble des stations connues a été visitée à l'exception de deux
sites privés difficiles d'accès. La première se situe à Plailly dans
l'emprise du « Parc Asterix » et la seconde, à Coye-Ia-Forêt sur les
« marais de la Troublerie >>. Les gestionnaires de ces deux espaces

compétents dans l'étude de ce groupe d'animaux ont transmis les

éléments de connaissance relatifs aux populations concernées. De
plus, le nombre important de propriétés privées, en particulier en
Vallée de la Thève a rendu plus difficile les prospections le long de ce

cours d'eau.

Ont également été visités :
- dans des zones Natura 2000 concernées : les « prairies de
Charlemont >> a Mortefontaine (60) et les marais de la Souche (02).
- à proximité des zones Natura 2000 concernées :

- la Serre (02) de Nouvion-et-Catillon à Dercy,

- le ruisseau des Barentons (02) de Verneuil-sur-Serre à Barenton-

sur-Serre (affluent de la Souche),
- la Launette (60) de Ver-sur-Launette à Ermenonville à proximité de
la Thève,

- la Vimeuse (80) de Maisnières à Gamaches.

Le détail des localités visitées figure sur la carte 2.

P389 9

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

‘Entra; _r'-nJ'\-
‘1.
\'\i.
.4195- — -_
“Il n-k-i-r mW. n -\—---
À “wru

à f”
Pw-“V fa‘:
É); rfi
bref

Carte 2 : Localités de recherche de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en

2005. Un rond blanc matérialise le constat d’une absence de l’espèce et un rond noir,

sa présence

Des recherches ont également été menées sur des cours d'eau qui
présentaient les caractéristiques recherchées par l'espèce :

- dans |‘Aisne sur le Domptin (commune de Domptin, Villers-Saint-
Denis et Charly), et le ru de Vergis (commune de Nogent-l'Artaud) ; le
Dolloir (commune de Essises) ;

- dans la Somme sur les cours d'eau : l'Airaines (commune de
Bettencourt-rivière, Airaines et Métigny), le Saint-Landon (commune

de Riencourt), La Poix, Les Evoissons, Le Liger.

Un total de 96 localités a ainsi fait l'objet de prospections au cours de

la saison 2005.

2) Période de prospection et conditions météorologiques en 2005

Un total de 19 séances a été réalisé du 26/05/05 au 21/07/05 en
majorité au cours du mois de juin (11 séances), lorsque les conditions
météorologiques étaient favorables aux odonates, c‘est-a-dire avec un
ciel dégagé, des températures comprises entre 20 et 30°, une absence
de vent et de précipitations. Les séances ont généralement débuté en
milieu de matinée vers 10h30 et se sont terminées en fin d'après-midi
vers 17h00.

Une recherche a été menée de façon concertée par plusieurs
personnes lors d'une journée favorable en Vallée de la Bresle. Elle a
permis d'assurer la prospection systématique d'un linéaire important

de cours d'eau.

Les mauvaises conditions météorologiques de fin juin expliquent le
manque de recherche entre le 22/06/05 et le 05/07/05. L'ensemble
des séances s'est déroulé avec des conditions favorables au vol des
odonates, à l'exception de celle du 21/07/05 où les températures
étaient relativement basses et le vent fort. La vallée de la Thève a
fait l'objet d'une pression d'observation plus forte que les autres
vallées, suite au projet de la Direction Régionale de l'Environnement
de Picardie d'étendre la zone « Natura 2000 » (FR2212005 : Forêts

picardes : massif des trois forêts et bois du roi) sur ce territoire.

page 10

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Date
26/05/05
27/05/05
09/06/05
11/06/05
16/06/05
18/06/05
18/06/05
18/06/05
18/06/05
19/06/05
20/06/05
22/06/05

25/06/05

05/07/05
11/07/05
13/07/05

Ta
22°
28°
20°
22°
22°
23°
23°
23°
20°

28°

18°
26°
25°

Vent

Faible

Faible

10 km/h NE

Faible
Nul
Nul
Nul
Nul
Nul

?

?

Nul

Nul
Faible
20 km/h SO

Nébulosité
Ciel dégagé
Ciel dégagé
Ciel dégagé

Ciel peu nuageux

Ciel très nuageux
Ciel nuageux
Ciel nuageux
Ciel nuageux
Ciel dégagé

?

?

Ciel dégagé
?

Ciel peu nuageux

Ciel peu nuageux

Ciel dégagé

Précipitations
aucune
aucune
aucune
aucune
aucune
aucune
aucune
aucune
aucune

?
?

aucune

aucune
aucune

aucune

Arrivée
10:30:00
14:00:00
10:30:00
10:30:00
10:30:00
10:30:00
10:30:00
10:30:00
10:00:00
?

?

10:30:00

10:30:00
10:30:00
10:30:00

Départ
17:00:00
17:30:00
17:00:00
17:00:00
17:00:00
17:00:00
17:00:00
17:00:00
13:00:00

?

?

17:00:00

17:00:00
17:00:00
17:00:00

Secteur
La Bresle
La Bresle
La Souche
La Bresle
La Thève et la Launette
La Bresle
La Bresle
La Bresle
La Thève
L‘Airaines
La Souche
La Thève
Le Domptin et le Ru de
Vergis
La Thève
La Thève
La Souche et la Serre

Tableau 1 : Dates, conditions météorologiques, horaires et secteurs prospectés en 2005

3) Répartition des populations

Avant 2005, les principales références consultées (BRUNEL & al.,
1988 ; GAVORY, 1989 ; FLIPO, 1997 et DELASALLE & a|., 2004)
indiquent que la première mention régionale date de 1994 et provient

de la Vallée de la Bresle au lieu-dit « les grands prés >> sur la commune

de Bouttencourt en juin (BRUNEL & BIGNON, 1995). Il sera ensuite
signalé à Oust-Marest en 1995 (SANNIER, 1999). Les éléments
disponibles supplémentaires sont des données brutes émanant de la

base de l'association Picardie Nature et qui figurent dans le tableau 2.

Nombre
Vallée Dépt Localité Lieu-dit Date d'observation Age et Sexe
d'individus
la Bresle 80 BOUTTENCOURT Monthières 18/06/1996 & 14/07/1997 1 à 15 Mâles et femelles adultes
la Bresle 80 OUST-MAREST Marest 18/05/1998 & 17/06/2000 2 Mâles
Marais de la
la Thève 60 COYE-LA-FORET 09/06/2003 4 ?
Troublerie
Bois de
la Thève 60 MORTEFONTAINE 02/06/1997 1 à 10 Mâles adultes
Morrière
la Thève 60 MORTEFONTAINE Etang de Vallière 2004
la Thève 60 PLAILLY Parc Astérix 08/08/1998 & 22/06/2000 1 ?
Neufmoulin/la
la Thève 60 PLAILLY 28/05/2004 1 Adulte
Thève
A |'Ouest du Bois
la Thève 60 PLAILLY de la Grande 7 ? 7
Mare
FROlDMONT-
la Souche 02 La Souche 21/07/2003 2 Mâles
COHARTILLE

Tableau 2 : Données brutes de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale collectées de 1996 a 2004

La cartographie de l'ensemble des stations figure en annexe Il sur des

extraits de carte topographique au 1/25 000 ème.

S'ajoutent à ces données, les observations collectées auprès
d'observateurs. Elles ont confirmé la situation brossée au moyen des

données bibliographiques et de la base de données de Picardie Nature

tout en précisant la localisation de certaines stations et en fournissant
des renseignements supplémentaires sur l'écologie de l'espèce. Enfin
et surtout, leur examen a permis de prendre connaissance d'une
nouvelle station, située à Coye-la-Forêt sur les Marais de la Troublerie
(LEBRUN & BOCQUILLON (2004)).

page 11

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Carte 3 .' Localisation des stations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
de 1994 a‘ 2004

En 2005, à l'échelle de la Picardie, sur les 96 localités prospectés, de milieu occupée en continu par |’espèce), cartographiéés en Annexe

Fespèce a été trouvée en 15 points rassemblés en 26 stations (portion ll.

hr. meurt Individus

Carte 4 .' Localisation des stations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
en 2005

l page 12
Elements de connaissances preliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

L'espèce fréquente toujours les 3 vallées où elle avait été observée
précédemment. La visite des 9 stations découvertes avant 2005, a
permis de confirmer sa présence sur 8 d'entre elles. Elle n'a pas été
revue en Vallée de la Souche à Froidmont-Cohartille (02), au niveau
du pont de la Route Nationale 2, alors que le milieu semble lui être

toujours favorable. Mais, elle a été repérée à 500 mètres de là.

Les recherches de sites potentiellement favorables autour des secteurs
connus ont permis de découvrir 20 nouvelles stations : 12 en Vallée de

la Bresle, 6 en Vallée de la Thève, et 2 en Vallée de la Souche.

La prospection d'autres cours d'eau proches des précédents, la
Launette (60), la Serre (02), le ruisseau des Barentons (02), la
Vimeuse (80) n'a donné aucun résultat, tout comme les autres

secteurs prospectés en Picardie.

Ainsi, l'espèce se répartit sur 3 ensembles de stations situés dans
chaque département picard

- en Vallée de la Souche, sur 2 stations situées à Froidmont-Cohartille
et Barenton-sur-Serre ;

- en Vallée de la Thève, sur 13 stations qui se trouvent sur 3
communes : Mortefontaine, Plailly et Coye-la-Forêt ;

-en Vallée de la Bresle, sur11 stations localisées sur 7 communes
: Oust-Marest, Beauchamps, Gamaches, Monchaux-Soreng, Blangy-

sur-Bresle, Bouttencourt, et Saint-Germain-sur-Bresle.

Longueur des stations
Fourchette de longueur en mètres
de 1 à 25
de 26 à 100
De 101 à 250
de 251 à 500

plus de 500

Tableau 3 : Effectif par amplitude de longueur de station (n=23) en mètres

5) Le cloisonnement des populations

Les cartes en ANNEXE lll proposent la répartition des populations
potentielles (nous parlerons de population dans la suite du document)
issue du regroupement de plusieurs stations après l'analyse des
facteurs considérés comme isolant les groupes d'individus. Le nombre
de populations se répartirait ainsi selon les vallées :

- 1 en Vallée de la Souche

- 2 en Vallée de la Thève

- 4 en Vallée de la Bresle

Au sein d'une population, les distances séparant les stations

L’éloignement de ces trois ensembles est relativement important

puisqu'il est compris entre 85 et 100 kilomètres.

Quant à la distance les séparant, elle varie de quelques centaines de

mètres à plus d'une quinzaine de kilomètres.

4) La longueur des stations

Les localités fréquentées sont uniquement des cours d'eau. Les 23
linéaires mesurés sont compris entre 3 (Oust-Marest) et 1 200 mètres
(Plailly). La majorité mesure entre 101 et 500 mètres, et une seule
dépasse les 500. Leurs longueurs diffèrent d'une vallée à l'autre :

- en Vallée de la Bresle, les stations de petite taille, entre 1 mètre et
25 mètres, sont nombreuses (42% des cas) et présentent un nombre
comparable aux stations plus importantes de 101 à 500 mètres. La
station la plus longue mesure 250 mètres. La longueur totale de cours
d'eau occupée sur cette vallée est de 960 mètres, pour une longueur
moyenne de 80 mètres par station,

- en Vallée de la Thève, les stations de grande taille entre 101 et 500
mètres sont majoritaires (67% des cas) et aucune station au-dessous
de 25 mètres de longueur n'a été relevée. La longueur maximale du
cours d'eau occupée est de 1 200 mètres. Cette vallée totalise 3 815
mètres de linéaire occupée par l'espèce, soit une longueur moyenne
de 424 mètres par station.

- en Vallée de la Souche, les 2 stations sont comprises entre 101 et
500 mètres de long, avec une longueur maximale de 400 mètres.
Le total de linéaire occupé par l'espèce est de 600 mètres, soit une

moyenne de 300 mètres par station.

Nombre %

22%
22%
26%
22%
8%

seraient variables, tout comme l'éloignement entres les populations

potentielles. La situation par vallée est la suivante :

- pour la vallée de la Bresle, on observe 3 populations relativement
proches (de 3 à 4,375 km de distance) les unes des autres, et une
très éloignée (de 15 km) des autres. Au sein d'une même population,
les stations peuvent être relativement proches (125 m), mais aussi
fortement éloignées (2 875 m). Sur cette vallée, 33 kilomètres séparent

les 2 stations les plus éloignées.

page 13

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Distance mini

Distance maxi Distance de la

Populations Nombre de stations
séparant 2 stations séparant 2 stations population la plus proche

1. Oust-Marest 2 125 m 125 m 4 375 m
2. Beauchamps et Ga-

5 150 m 2875 m 3 000 m
maches
3. Bouttencourt et Blangy-

3 375 m 2250 m 3 000 m
sur-Bresle
4. Saint-Germain-sur-Bresle 1 15 000 m

Tableau 4 : Récapitulatif par population potentielle de la Vallée de La Bresle

- pour la vallée de la Thève, 2 populations assez éloignées (6 750
m de distance) ont été notées. Les stations au sein de la population
« Mortefontaine et Plailly >> sont relativement proches (séparées en

général de 150 à 500 m), à l’exception des 3 stations, situées à |‘Est

du Bois de la Grande Mare, qui sont séparées par 1125 mètres de
celle se trouvant sur le « parc Astérix >>. Sur cette vallée, 12 kilomètres

séparent les 2 stations les plus éloignées.

Distance mini séparant 2 Distance maxi séparant 2 Distance de la population la

Populations Nombre de stations
stations stations plus proche
1. Mortefontaine et Plailly 10 125 m 1 125 m 6 750 m
2. Coye-Ie-Forêt 2 750 m 750 m 6 750 m

Tableau 5 : Récapitulatif par population potentielle de la Vallée de La Thève

- pour la vallée de la Souche, il n’existe qu’une seule population comprenant 2 stations éloignées de 1,875 kilomètres de distance.

Distance mini séparant 2 Distance maxi séparant 2 Distance de la population la

Population Nombre de stations

stations

Froidmont-Cohartille et Ba-

2 250 m

re nton-sur-Serre

stations plus proche

1 875 m 85 km

Tableau 6 : Récapitulatif par population potentielle de la Vallée de La Souche

6) Les stations et les périmètres :
Natura 2000 et ZNIEFF

protection réglementaire,

Aucune des stations repérées ne bénéficie d’une protection
réglementaire de type réserve naturelle ou arrêté préfectoral de

protection de biotope.

Sur les 26 stations repérées, 21 sont incluses dans une Zone Spéciale
de Conservation soit 81%. Il s'agit de l'ensemble des stations de la
Vallée de la Bresle (FR2200363 : Vallée de la Bresle), et de la plupart
de celles rencontrées en Vallée de la Thève (FR2212005 : Forêts
picardes : Massif des Trois forêts et Bois du Roi), à l’exception d’une

située sur le ru Saint-Martin et de 3 situées à |‘Est du Bois de la Grande

Mare, localisées à une cinquantaine de mètres de la zone Natura 2000
concernée. Enfin, les stations situées en Vallée de la Souche en sont
éloignées de 10 à 15 kilomètres» (FR22039O : Marais de la Souche et

Forêt de Samoussy).

Par ailleurs, sur les 26 stations, 11 se trouvent sur la ZNIEFF, (Zone
Naturelle d’lntérêt Ecologique Faunistique et Floristique) « Forêt
de Chantilly/Ermenonville » dans l‘Oise ce qui représente 42% des

stations.

page 14

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

7) Effectifs et densités

Un total de 561 individus a été comptabilisé. De gros écarts sont
constatés entre les effectifs des stations, de 2 individus pour Oust-

Marest (80) à 136 individus pour Plailly (60). Si l’on considère le

Effectif Effectif
Vallée Effectif Total
maximum minimum

Bresle 157 37 2
Thève 371 136 4
Souche 33 27 6

nombre d'individus par rapport a la longueur des stations, on constate

que ce chiffre est généralement compris entre 0,01 et 0,25 individus

au mètre (78% des cas), ce qui parait relativement faible (moins de 1

individu pour 4 m de stations visitées). Une seule station (4% des cas)

présente plus de 2 individus au mètre.

Effectif Moyen

15,7
37,1
16,5

Densité Densité
maximum minimum
1,32 0,05
0,23 0,02
0,14 0,02

Tableau 7: Effectif et densité relevés de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale par station en Picardie

En fonction de chaque vallée, la situation est la suivante :

- la Bresle, un total de 157 individus, soit 28% des effectifs comptabilisés
durant l'étude, et une densité moyenne de 0,35 individus par mètre de
station,

- la Thève, la plus importante station repérée avec 136 individus à

Station Localité Dpt
Station a Oust-Marest 80
Station b Oust-Marest 80
Station c Beauchamps 80
Station d Beauchamps 80
Station e Beauchamps 80
Station f Gamaches 80
Station g Monchaux-Soreng 80
Station h Blangy-sur-Bresle 80
Station i Monchaux-Soreng 80
station] Saint-Germain-sur- 80

Bresle
Station k Mortefontaine 60
Station | Mortefontaine 60
Station m Mortefontaine 60
Station n Mortefontaine 60
Station o Mortefontaine 60
Station p Mortefontaine 60
Station q Plailly 60
Station r Plailly 60
Station s Plailly 60
Station t Coye-Ia-Forêt 60
Station u Froidmont-Cohartille O2
Station v Barenton-sur-Serre 02

Densité

moyenne

0,35
0,09
0,08

Plailly. Elle totalise 371 individus soit 66% des comptages, et une

moyenne de 0,09 individus par mètre de station visitée,

- la Souche, un total de 33 individus, soit 6% des effectifs comptabilisés.

On trouve sur cette vallée une moyenne de 0,08 individus par mètre

de station repérée.

Nombre Individus

18
33
2
2
5
4
22
25
9

37

4
15

5
15
100
136

7

25
30
34
27

6

Tableau 8 : Nombre d’individus longueur de la station, densité relevés par station (n=21) en Picardie

Longueur
(en mètres)
100
25
3
7
100
27
250
175

150

250
500
35
500
600
1200
30
300
500
500
200
400

Densüé

0,18
1,32
0,66
0,29
0,05
0,15
0,09

0,14
?

0,25

0,02
0,03
0,14
0,03
0,17
0,11
0,23
0,08
0,06
0,07
0,14
0,02

page 15

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

8) Age et Sexe ratio

Les 461 individus dont le sexe et l'âge ont pu être déterminés étaient
adultes à l'exception de 4 immatures. 2 ont été trouvés a Beauchamps
(80) sur un habitat a priori peu favorable à la reproduction (peu
ensoleillé, faible recouvrement d’hydrophytes...) qui pourrait servir
de zone de maturation, et 2 à Mortefontaine (O2). Sur cette dernière

localité, les individus étaient fraîchement émergés.

Le faible nombre d'immatures rencontrés peut s'expliquer par leur
départ dès l'émergence des zones de reproduction (pour le temps
de la maturation) et la recherche non approfondie des individus à ce
stade durant l'étude, notamment aux abords immédiats des sites de

reproduction.

La grande majorité des individus observés sont des mâles (399

individus mâles soit 87% pour 62 femelles).

Cette différence pourrait avoir comme origine par la détermination
moins aisée des femelles (capture obligatoire, observation à la loupe. . . ),
mais aussi par leur comportement plus discret que les mâles, et a
priori une fréquentation moins importante des zones de reproduction,
notamment pour éviter le harcèlement des mâles (THOMPSON et
al., 2003). La plupart des femelles ont été comptabilisées lors de

comportement d'accouplement.

IV. Discussion - Conclusion

1) Historique - Répartition

L’Agrion de Mercure a été noté pour la première fois en Picardie en 1994.
Toutefois, il est fort probable qu'il soit passé inaperçu précédemment.
L'espèce n'a en effet pas connu de progression particulière de son aire
de répartition, bien au contraire. En fait, ses exigences écologiques
font qu'elle passe facilement inaperçue aux yeux des odonatologues.
Ces derniers sont peu attirés par les milieux fréquentés par l'Agrion
de Mercure car ils sont pauvres en espèces. De plus, la majorité des
zones qui lui sont favorables se trouve en milieu ouvert (LEGRIS &
GAVORY, 2009 b), le plus souvent au milieu de prairies fermées et
pâturées donc difficilement accessibles. Le faible nombre de données
accumulées sur cette espèce depuis sa découverte en 1994 appuie
cette hypothèse. Seules 11 données dans la base de données dont 3

concernent le même site.

Ce Cœnagrionidé était connu avant 2005 de 3 cours d'eau : La
Souche, La Thèves et La Bresle. Les recherches dédiées réalisées
en 2005 ont confirmé cette situation et ont permis de trouver 18
nouvelles stations uniquement sur ces cours d'eau. Les recherches
menées sur d'autres cours d'eau ont été limitées et insuffisantes pour
pouvoir conclure définitivement à l'absence de l'espèce sur ces sites.
Il sera nécessaire de réaliser dans les années à venir de nouvelles
prospections en les ciblant à la lumière des éléments accumulés dans
le cadre du présent programme de collecte de données sur l'écologie
de l'espèce (LEGRIS & GAVORY, 2009b).

En 2005, la répartition de l'Agrion de Mercure en Picardie est donc
éclatée en 3 noyaux sur 3 cours d'eau très éloignés les uns des
autres (entre 85 et 100 kilomètres). Cette situation est défavorable
aux échanges entre populations qui sont indispensables au brassage

génétique, facteur déterminant pour la viabilité des populations.

Au sein de ces trois ensembles, une analyse des barrières au
déplacement des individus nous a amené à avancer l'hypothèse qu'ils
pourraient être scindés en 8 sous unités entre lesquelles les échanges
pourraient être très limités voire nuls. Ainsi, en Picardie pourraient être
présentes 8 populations isolées qui devraient constituer les unités
de référence à prendre en compte dans le cadre des démarches de

conservation de l'espèce.

2) Effectifs, sexe ratio

Concernant les effectifs, les éléments relevés restent indicatifs car les
décomptes sont influencés par bon nombre de facteurs qui empêchent
de garantir la réelle abondance de l'espèce dans ces stations.
Toutefois, les effectifs seraient plus importants en Vallée de la Bresle
(densité moyenne de 0,35 individus par mètre) alors que les stations

s'étendent sur un linéaire réduit (837m).

Les éléments sur le sexe-ratio sont trop fragmentaires pour être

discutés.

page 16

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

3) Synthèse par vallée

- Sur la Vallée de La Souche, où avant 2005 une seule station était
connue, l'étude a permis de découvrir 2 nouvelles stations. Lors
des visites, le nombre d'individus comptabilisé était réduit avec une
moyenne de 16,5. Les stations repérées sont réparties sur 2 kilomètres.
Sur chaque station, Cœnagrion mercuriale a été observé en petit
groupe, réparti sur d'importantes longueurs. Cette distribution pourrait
y être conditionnée par l'absence de gros herbiers d'hydrophytes
émergeantes, ce qui pousserait les individus à utiliser des habitats
constitués de plantes très variées (Baldingère Phalaris arundinacea,
Consoude Symphytum officinale, Reine des prés Filipendula ulmaria...)
fréquents sur la rivière Souche.

L‘amont et l'aval des stations ainsi que d'autres points de cette rivière
ont été prospectés sans succès. Or, en amont de Froidmont-Cohartille,
les habitats apparaissent moins favorables, en particulier à partir de
Vesles-et-Caumont, et tout le long des Marais de la Souche. Il en est
de même en aval de Barenton-sur-Serre Les autres rivières proches,
la Serre et le Ruisseau des Barentons ont été prospectès sans succès.
Cependant, les difficultés de prospection dues aux berges abruptes et
à la faible densité d'individus n'ont pas facilité les recherches et donc

l'observation d'individus.

Actuellement, les deux noyaux situés a Froidmont-Cohartille et à
Barenton-sur-Serre >> ont été considérés comme formant une seule
population. Ils sont distants de 2 kilomètres où les milieux sont

favorables rendant possibles les échanges d'individus.

Le niveau de population faible relevé (0,08 individus au mètre) et
l'isolement apparent de la population, peuvent laisser supposer qu'elle
est dans une situation de conservation peu favorable et son devenir

pourrait être considéré comme compromis.

- En Vallée de la Thève, l'étude 2005 a permis de découvrir 6 stations
en périphérie de celles connues auparavant amenant leur nombre à
13 pour 3 localités. Mémé si les effectifs y sont importants, 59 % des
effectifs picards, la densité moyenne des individus par station est faible
: 0,09 individu par mètre. Cette densité est nettement plus basse que
celle de la Vallée de la Bresle (0,35 individu par mètre). Des individus

y ont été notés sur 12 kilomètres de vallée.

Trois populations pourraient être présentes : une sur Mortefontaine et
Plailly, et deux sur Coye-la-Forét. Ces deux dernières sont distantes
de 7 kilomètres, entre lesquelles aucun individu n'a été rencontré, et
où les milieux semblent peu favorables à l'espèce, notamment le cours
d'eau << la Batarde >>. Notons également le passage de l'Autoroute A1
sur la partie Ouest de la population « Mortefontaine et Plailly >>, qui
laisse supposer un risque d'isolement des 3 stations du « Bois de la
Grande Mare». De plus, la principale station de la vallée, est menacée
par la plantation d'une peupleraie qui risque d'ombrager le milieu dans

les années à venir.

- Enfin en Vallée de la Bresle, deux stations étaient connues avant
2005 sur 2 localités. Suite à cette étude, 12 stations sont recensées
sur 7 localités qui se répartissent sur 33 kilomètres de vallée. La Bresle
concentre 34% des effectifs régionaux comptabilisés durant l'étude.
Les stations comprennent souvent un faible nombre d'individus entre 2
et 10, mais les densités relevées sont plus élevées que sur les autres
vallées avec 0,32 individu par mètre linéaire.

L'analyse des obstacles à la circulation des individus permet de
proposer l'existence de 5 populations potentielles localisées sur
les communes suivantes : Oust-Marest, Beauchamps, Gamaches,
Bouttencourt et Blangy-sur-Bresle, Saint-Germain-sur-Bresle.

Les principaux facteurs pouvant limiter les mouvements de Cœnagrion
mercuriale sur cette vallée semblent être la présence d'agglomérations
comme Gamaches et Blangy-sur-Bresle, et les zones de cours d'eau
fermées par les ligneux sur de longs tronçons. Citons également
que la création de nombreuses gravières sur des secteurs autrefois
composés de prairies traversées par des rus favorables a l'espèce, a

pu contribuer à l'isolement des populations.

4) Importance et conservation des populations picardes et leur

conservation

Les populations picardes se trouvent en limite Nord de répartition et
constituent un des éléments essentiels dans le réseau de populations
du Bassin Parisien. Leur nombre et leurs effectifs leur confèrent un

rôle important dans le maintien de l'espèce dans le Nord de la France.

Globalement, aujourd'hui sur les 27 stations répertoriées, 2 font l'objet
d'un processus de conservation, une à Plailly au « Parc Asterix >>, sur
un terrain géré par le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie,
et une autre à Coye-la-Forêt aux « marais de la Troublerie >> faisant
l'objet de mesures de gestion, encadrées par le Parc Naturel Régional
Oise Pays de France. De plus, 21 stations sont incluses dans un site
Natura 2000.

page 17

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Bibliographie

- BRUNEL, C. & BIGNON, J. (1995) Contribution à l'inventaire des
odonates de Picardie. Bull. Soc. Lin. N. Pic. 13: 107-113.

- BRUNEL C, DUQUEF, M. & GAVORY, L. (1988) Les odonates de
Picardie (2ème note). Martinia 4(1) : 11-16.

- BOCQUILLON, JC. & LEBRUN, J. (2004) Le Marais de la Troublerie,
aperçu historique et contributions entomologiques (coléoptères,
Iépidoptères et odonates). Bulletin de l'Association des Entomologistes

Picards. Doc.multicop. 50p

- FLIPO, S. 1997 Odonates in Modernisation de l'inventaire ZNIEFF,

propositions méthodologiques complémentaires. doc. multicop.

- DELASALE, JF., LEGRIS, S. & MAILLIER, S. (2003)At|as préliminaire
des odonates de Picardie (1970-2002). Picardie Nature, doc. Multicop.
44p

- DELIRY, C. (2004) Coenagrion mercuriale. [en ligne]. http://cyrille.

deliry.free.fr/coemereu.htm

- GAVORY, L. 1989 Les odonates de Picardie. Mémoire de maîtrise.

Université de Picardie Jules Verne. Doc multicop. 104p

- HELLUIN Y. (2002) Contribution a la connaissance des insectes de la
vallée de la Bresle (Lepidoptera-Odonata). Bresle-Nature n°19. p.25-
38

- PURSE, B.V., HOPKINS, G. W., day, K.J. & THOMPSON, D.J.

(2003). Dispersal characteristics and management of a rare damselfly.
Journal ofApp/ied Ecology 40, 716-728.

- SANNIER J.M. 1999 Les odonates rares et leur intérêt comme
indicateurs de l'évolution des milieux, 61-69.in AMBE (1999) Espèces
animales rares et protégées de la région Picardie. AMBE, Raismes
(59) 263p.

-THOMPSON D.J., PURSE B.V. & ROQUETTE J.R. (2003). Monitoring
the Southern Damselfly, Cœnagrion mercuriale. Conserving Natura

2000 Rivers Monitoring Series No. 8, English Nature, Peterborough.

- THOMPSON D.J., PURSE B.V. & ROQUETTE J.R. (2003). Ecology
of the Southern Damselfly, Cœnagrion mercuriale. Conserving Natura

2000 Rivers Monitoring Series No. 8, English Nature, Peterborough.

- WATTS, P.C., ROUQUETTE, J.R., SACCHERI, l.J., KEMP, S.J.
& THOMPSON, D.J.

for small-scale isolation by distance in the endangered damselfly,

(2004). Molecular and ecological evidence

Cœnagrion mercuriale. Molecular Ecology 13, 2931-2944.

Remerciements

Nous tenons à remercier :

- les personnes citées dans le texte qui ont pris de leur temps pour
rechercher l'espèce en 2005 ou nous transmettre leurs données
anciennes, ainsi que les organismes qui nous ontfort sympathiquement
ouvert leur base de données : Conservatoire des Sites Naturels de
Picardie notamment:

- Jean-François DELASALLE pour la relecture d'un premierjet

- Françoise DELCOURT et Sébastien MAILLIER pour leurs ultimes

corrections

Annexes

Annexe l : Fiche de relevé de terrain

Annexe Il : Carte de répartition des stations

Annexe lll : Carte de répartition des populations

page 18

Statut de l'œdicn'emé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe l

Fiche de relevé de l’Agrion de mercure Cœnagrion mercuriale

Observateur : Commune :

Date : Lieu-dit :

Horaire : Arrivée : Départ : Coordonnées en degrés :
Conditions météorologiques : Longitude :

Nébulosité : Température : Latitude :

Précipitation : Vent :

Renseignements sur l’espèce

Nombre d'individus: Sexe (indiquer le nombre):  .... ..F

Age (indiquer le nombre) .... ..AD .... ..|MM

Comportement : El Défense du territoire a Accouplement m Ponte a Chasse

a Se nourrit a Parade a Autres ............. ..

  
  

a Posé (indiquer le support, l'espèce végétal.

a En vol (indiquer le milieu survolé) ............................................................................. ..

Paramètres de la station

Longueur (m): Largeur (m):
Profondeur (cm) : maximum : où évolue l'espèce :
Vitesse du courant : Transparence de l'eau :

Nature du substrat: a Cailloux (5mm à plus de 50mm) a Gravier (1mm à 5mm)

a Sable (<1mm) El Vase a Autres ...................... ..

Pente de la berge : El Douce (O à 20%) a Moyenne (20 à 50%) El Abrupte (+de 50%)
Hauteur de la végétation (cm) :

Ligneux : Hélophytes : Hydrophytes : Végétation herbacée :

Exposition : Ensoleillement :

Type de Recouvrement de la végétation :

Recouvrement de la végétation (%) :

Ligneux : Hélophytes : Hydrophytes : Végétation herbacée :

Surface en eau (sans végétation) : Surface de sol nu :

page 19
Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Formation végétale

Type de végétation Espèces Recouvrement

Type de végétation : ligneux, hélophytes, hydrophytes, végétation herbacée.
Recouvrement/type de végétation : 1. moins de 20%, 2. entre 20 et 40%, 3. entre 40 et 60%,
4. entre 60 et 80% 5. plus de 80%

Menaces
Annexe l

i: Entretien de la végétation aquatique a Entretien des abords a Décharge sauvage
i: Fermeture du milieu par les ligneux a Opération de curage a Signe d‘eutrophisation
i: Forte Fréquentation du public Autres ...................................................... ..

Périmètre Etangs, mares Zones boisées Zones humides

_ _ . Eaux courantes
immédiat (cultures d’arbres, (Prairies humides, _ _
_ . _ (rivières, canaux...)
bois...) marais, roselières...)
(occupation Terrain agricole Zones urbanisées
du Sol Friches (prairies amendées, (vi||es,vi||ages,
autour de Terrains rudéraux cultures, sites industriels, Autres :
la station) pâturage, Fauche...) infrastructure

parcs urbains)

page 2o
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il a :

Localisation des stations de Coenagrion mercuriale présentes en Vallée de la Bresle sur les localités de Oust-Marest et Beauchamps
Source : Carte IGN et BRGM - 1/25 000 réduite 1 /100 000

page 21
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il b :

Localisation des stations de Coenagrion mercuriale présentes en Vallée de la Bresle sur les localités de Gamaches
Source : Carte IGN et BRGM - 1/25 000 réduite 1 /100 000

page 22
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il c :

  

K , ...:..5'ijl'l
.3 ..-r'rl _
-\.

.-
IlF .’-".II

     
        
  

  

 

' ' .  ÎEËËLË"; . . - ' f‘  .

 

un fl-uu-aanr

Il" . I“

. _. _

 

Localisation des stations de Coenagrion mercuriale présentes en Vallée de la Bresle sur les localités de Monchaux-Soreng
et de Blangy-sur-Bresle
Source : Carte IGN et BRGM - 1/25 000 réduite 1 /100 000

page 23
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il d :

i; '= ' "-.1. 7 - r Le!’ L ,. ,5 s2: a, .3:
Localisation des stations de Coenagrion mercuriale présentes en Vallée de la Thève sur les localités de Mortefontaine
et de Plailly

Source : Carte IGN et BRGM 1/25 000 réduite 1/100 000

page 24
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il e :

" Bru-lion: [atrium avant
minium fitibäa ùu-arI
Fèlilil]

Forêt.
Source : Carte IGN et BRGM 1/25 000 réduite 1/100 000

page 25
Eléments de connaissances préliminaires pour |a conservation des populations de |’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il f:

I 1:.

 
 

1.
l
22--‘

gag; Llnn ;—r

u. n..-“ a. vlunnugj e"

. ,- x . , '
__ _ ' '....'.... ;. ._,.__._fi __ J

'|_-.-'

-- i Station dèwmrerle
avant 2005. sans

LËÆIm-rr

. nZ-suihæt durant l'étui]:
' ë 2%

.;—|

  
       

l’

... .... .. 21,...

'l.
‘n.
F

Localisation

des stations de Coenagrion mercuriale présentes en Vallée de la Souche sur les localités de Froidmont

-Cohartille et Barenthon-sur-Serre
Source : Carte IGN et BRGM 1/25 000 réduite 1/100 000

page 26

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |‘Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe III :

Localisation des stations de Coenagrion mercuriale présentes en Vallée de la Bresle
Source : Carte IGN et BRGM 1/25 000 réduite 1/100 000

page 27
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Répartition des deux populations supposées en Vallée de la Thève
Source : Carte IGN et BRGM 1/25 000 réduite 1/100 000

Pnfrulmion Fmidmmt-
Coharfillc cr Barmlon-sur-S-ctrc

Répartition de la population supposée en Vallée de la Souche
Source : Carte IGN et BRGM 1/25 000 réduite 1/100 000

page 28
E|e'ments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |‘Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- ELÉMENTS SUR L’ÉCOLOGIE ET L’ÉTHOLOGIE DE
L’AGRl0N DE MERCURE CŒNAGRION MERCURIALE EN
PICARDIE : DESCRIPTION DES STATIONS ET SYNTHÈSE DES
CONNAISSANCES ACCUMULÉES EN 2005

Sébastien LEGRIS avec la collaboration de Laurent GAVORY

Résumé

En 2005, 23 stations ont fait l'objet d'une description détaillée :
longueur, largeur, profondeur, vitesse de l'eau, granulométrie du
substrat, transparence de l'eau, pente des berges, ensoleillement,
recouvrement par les différents types de végétaux, occupation du sol
de leur environnement immédiat, usage des berges. Parallèlement,
des données éparses ont été recueillies sur le comportement des
individus. En Picardie, les stations de cet Agrion sont présentes le long
de cours d'eau dont l'eau est courante et où les hélophytes et surtout
les hydrophytes sont bien représentés. Elles se trouvent dans un
environnement ouvert et ensoleillé et leurs rives sont principalement
utilisées pour des activités agricoles dont une partie importante
du linéaire est en déprise. Des individus ont été vus sur des eaux

stagnantes

Mots clés : habitats, stations, comportement

Introduction

En parallèle à la recherche d'informations sur la répartition et les
effectifs de Cœnagrion mercuriale (LEGRIS & GAVORY, 2009a) en
Picardie, nous avons collecté des données sur son écologie et son
éthologie. Il s'agissait d'obtenir des informations susceptibles d'aider a
la détermination des mesures de conservation à prendre, en particulier

celles concernant son habitat.

Les odonates au cours de leur vie peuvent fréquenter des espaces
différents qui peuvent être éloignés les uns des autres. Ils peuvent
donc différer selon la phase de leur cycle. Généralement et c'est le
cas pour I'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale, un lieu est utilisé
pour la reproduction, de l'accouplement à l'émergence, et un autre,

pour la maturation.

La présente étude a porté sur les sites de recherche de partenaires,
d'accouplement et de ponte qui se situent sur les mêmes espaces
chez Cœnagrion mercuriale. Les raisons de ce choix sont multiples :
sites importants pour la conservation de l'espèce ; sites très fréquentés

où les adultes (notamment les mâles) sont faciles à repérer...

Nous avons tenté de cerner les principales caractéristiques de ces
espaces. La liste des points à relever a été établie, entre autres, dans
la perspective de décrire les paramètres de l'espace sur lesquels il
serait possible d'intervenir dans le cadre d'un programme dédié à la
conservation de cette espèce. Ces mesures de conservation doivent
être susceptibles de figurer dans un document d'objectifs Natura 2000
(pouvant être mises en œuvre par les ayant-droits) : occupation du

sol, gestion de la végétation  De plus, il devait être possible de

les relever avec les moyens dont nous disposions (temps, matériel,
compétènces...). De ce fait, il ne s'agit pas d'une étude complète et
exhaustive, mais d'une première approche certainement partielle

même si elle a été voulue pragmatique.

L'unité de travail a été la station qui rappelons-le est une portion du
milieu occupée en continu par l'espèce. Il s'agit généralement d'un
tronçon de cours d'eau le long duquel des individus sont présents sans
discontinuité. (GAVORY & LEGRIS, 2009 a).

Ces relevés ont nécessité de passer du temps sur les stations pour
rechercher mais aussi observer les animaux. De fait, des observations
du comportement des animaux ont pu être réalisées, en essayant
notamment de déterminer les composantes du milieu qui pouvaient

être utilisées pour tel ou tel comportement.

Ce type d'étude n'avait jamais été entrepris en Picardie et la présente

note en expose les résultats.

page 29

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

l. Méthodologie

1) Etude du milieu

En plus, des éléments relatifs aux conditions du relevé, à l'évaluation
des effectifs et du sex-ratio (LEGRIS & GAVORY, 2009(a)), ont été
relevés un certain nombre d'éléments relatifs au milieu à l'échelle de

la station.

Les paramètres étudiés sont décrits ci-après avec la méthode utilisée

pour les relevés :

- la largeur (en mètres) du cours d'eau, en particulier si les
individus se répartissaient de part et d'autre, a été estimée à l'œil nu
au demi mètre près.

- la profondeur (en centimètres) a été mesurée en plongeant le
manche du filet utilisé pour capturer l'espèce, et en mesurant au
centimètre près la longueur humectée. La lame d'eau maximum a été
estimée, ainsi que celle des zones où l'espèce a été observée. Elle
révèle une situation moyenne qui ne correspond pas forcément à celle
des parties des stations directement utilisées par l'espèce, pour son
développement larvaire.

- la vitesse du courant a été mesurée en chronométrant le
déplacement d'un flotteur le long d'une ficelle de 1 mètre sur une
distance de 1 mètre.

- la granulométrie du substrat composant le fond du cours d'eau
a été décrite par observation directe en utilisant la typologie suivante :
cailloux (5 mm à plus de 50 mm), gravier (1 mm à 5 mm), sable (1mm
à 0,08mm) et vase (<0,08 mm).

- la transparence de l'eau estimée à l'œil selon la possibilité de voir
à travers l'eau les différents éléments du milieu (substrat, végétation
aquatique...). Trois catégories ont été utilisées : limpide (substrat
visible jusque 3m), trouble (substrat visible jusque 50 cm) et opaque
(substrat visible jusque 20 cm)...

- la pente moyenne de la berge a été appréciée en s'appuyant
sur la typologie suivante : douce (0 à 20 %), moyenne (20 à 50 %) et
abrupte (+ de 50 %).

- l'ensoleillement a été évalué en fonction de l'exposition de la
station au soleil aux différentes heures de la journée, en tenant compte
de la localisation et du recouvrement des ligneux à proximité etlou sur
la station. Il a été exprimé en pourcentage de temps sur la journée en
utilisant les termes : très faible (0 à 20 %), faible (20 à 40 %), moyen
(40 à 60 %), fort (60 à 80 %) et très fort (80 à 100 %).

- la végétation a fait l'objet d'une attention particulière. Son
relevé a été réalisé par types biologiques de végétaux proposés par
BOURNERIAS et al. (2001):

- les phanérophytes (arbres et arbustes) dont la projection
recouvre une partie de la station ;

- les hélophytes soit l'ensemble des plantes émergées en rive
(sauf hydrophytes et ligneux) ayant la base de la tige et les racines en
contact avec l'eau, au minimum une partie de l'année ;

- les hydrophytes, plantes qui se développent dans l'eau et sont

en grande partie immergées.

Pour chacun de ces types ont été relevés :

- la hauteur (en mètre),

- le recouvrement, en relevant à l'œil le pourcentage de la surface
occupée au sein de la station,

- les principales espèces végétales présentes pour chaque type, à

savoir les 3 à 4 espèces les plus communes sur la station.

- l'occupation du sol des environs de la station a été relevée en
utilisant le second niveau de la nomenclature CORINE BIOTOPE. La
proportion de chaque milieu présent dans un rayon de 100 mètres
autour de la station a été estimée au moyen de l'analyse de photos
aériennes prises au début des années 2000 puis classée dans une
fourchette de proportion : 0 à 5%, 6 à 10%, 11% à 25%, 26% à 50%,
51%à75%et76%à100%.

- l'usage du sol a été relevé aux abords immédiats de la station,
soit le long des berges de la portion de cours d'eau. En fait, le linéaire
utilisé par telle ou telle activité humaine a été mesuré en s'appuyant

sur la photographie aérienne.

2) Etude du comportement

Les comportements ont été relevés par observation et description libres
et directes. Ils n'ont donc pas fait l'objet de recherches systématiques

et poussées.

Les points étudiés et les méthodologies utilisées ont leurs limites. La
détermination des plantes a été très partielle pour des raisons de temps,
et aussi par déficit de connaissances de la part des observateurs. Elle
a été au moins assurée jusqu'au genre. La délimitation de la station
n'a pas toujours été aisée en raison des difficultés à apprécier avec
certitude la continuité d'utilisation d'un secteur par les différents
individus. Les relevés concernant le comportement ont été limités
par manque de temps. Ils auraient nécessité des observations en
continu sur des stations avec un protocole de relevé standardisé
ce qui n'a pas pu être mis en place. L'estimation à l'œil d'un certain
nombre de paramètres (largeur de la station, transparence de l'eau,
recouvrement du substrat, ensoleillement...) est à relativiser, car elle
reste une appréciation générale de l'observateur, et non pas le fruit
d'une mesure précise réalisée avec des appareils standards. Ces
lacunes ont été prises en compte lors de l'analyse des résultats de

façon à les compenser.

Il est à noter que cette analyse aurait mérité de s'appuyer sur un
traitement statistique permettant une approche multivariée. Cette
analyse statistique n'a pu être réalisée mais reste cependant un

objectif.

page 3o

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Il. Résultats

Ils portent sur 23 relevés localisés sur les points de la carte 1.

Carte 1 : Localisation des stations ayant fait /’objet d’une description.

En annexe lV figure le détail des relevés effectués.

1) Le Milieu : analyse par paramètre relevé et synthèse

a. Longueur des stations

La longueur des stations a fait |’objet d'une analyse par GAVORY &
LEGRIS (2009). En résumé, les 28 stations mesurées avaient une lon-
gueur comprise entre 3 et 1 200 mètres mais la majorité l’était entre

101 et 500 mètres avec une moyenne de 278 mètres.

b. Largeur de la zone en eau.

Le tableau 1 résume la répartition en fonction de 4 catégories.

Largeur des stations

Fourchette de largeur (en mètres) Nombre Part du total en %
de 0,1 à 1 7 33%
plus de 1 à 3 4 19%
plus de 3 à 6 6 29%
plus de 6 4 19%

Tableau 1 : Nombre de stations (n=21) par fourchette de largeur en mètres et part de chaque catégorie

La largeur des cours d’eau fréquentés varie de 0,5 mètre (Plailly) à 10
mètres (Froidmont-Cohartille et Beauchamps) et la moyenne est de
3,8 mètres pour 21 mesures. La médiane est à 3 mètres et l'écart-type
de 2,5 mètres révèle une dispersion plutôt homogène, en sachant que
la valeur 1 mètre est la plus fréquente avec 5 cas sur 21. Le tableau
1 révèle que les cours d’eau dont la largeur est comprise entre 0,1 et
1 mètre seraient les plus fréquentés, viennent ensuite ceux ayant une

largeur allant de 3 à 6 mètres.

La largeur des stations notée varie d’une vallée à l’autre, en fonction
des caractéristiques du cours d'eau principal. En vallée de la Bresle,
les stations sont de largeur importante puisqu‘aucune ne se situe en
dessous d’1 mètre et la moyenne est de 5,6 mètres. Celles comprises
entre 3 mètres et 6 mètres (44%) sont les plus nombreuses. Sur la
Vallée de la Thève, les largeurs relevées sont plus modestes, en
moyenne de 1,3 mètre (n=10) et celles comprises entre 0,1 et 1 mètre
sont majoritaires (n=6). Les 2 stations de la Vallée de la Souche ont

une largeur respective de 6 et 10 mètres.

page 31

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

c. Profondeur de la zone en eau

Largeur des stations

Fourchette de largeur (en mètres) Nombre Part du total en %
0.01 à 0,2 7 37%
plus de 0,2 a 0,5 5 26%
plus de 0,5à1 4 21%
plus de 1m 3 16%

Tableau 2 : Nombre de stations (n=19) par fourchette de profondeur en mètre

La profondeur enregistrée varie de 0,05 mètre (Plailly) à 4 mètres
(Barenton-sur-Serre) avec une moyenne de 0,7 mètre, une médiane
a 3 mètres et un écart-type à 2,5. Les stations de 0,01 à 0,2 mètre
de profondeur sont les plus nombreuses. Globalement, il s’agit de

profondeurs modestes.

Comme pour la largeur, la profondeur des stations varie selon les

cours d’eau. Sur la Bresle, elle est majoritairement comprise entre, 0,5

d. La vitesse de circulation de |’eau

et 1 mètre (50%) avec une moyenne de 0,72 mètre. Aucune station
de moins de 0,2 mètre de profondeur n’a été relevée. En Vallée de
la Thève où la moyenne des profondeurs relevées est de 0,24 mètre,
les mesures les plus fréquentes sont celles comprises entre 0,01 et
0,2 mètre (70%) et ne dépassent pas 1 mètre. Enfin, en vallée de la
Souche, la profondeur des 2 stations est supérieure à 1 mètre : 1,5
et 4.

Il faut souligner qu’elle a été relevée ponctuellement alors qu'elle peut varier selon les caractéristiques du cours d’eau.

Vitesse du courant des stations

Fourchette de vitesse en mètre par seconde Nombre Part du total en %
0 1 6%
< =0.01 2 11%
>0,01 à 0,25 14 78%
> 0,25 à 0,5 1 6%

Tableau 3 : Nombre de stations (n=18) par fourchette de vitesse de l’eau mètre par seconde

Les 18 valeurs mesurées présentent de fortes variations passant de O
a Plailly a 0,5 mètre par seconde à Coye-la-Forêt. La moyenne est de
0,2 mètres par seconde avec une médiane de 0,17 et un écart type de
0,1. 78% des stations ont un courant compris entre 0,1 et 0,25 mètre
par seconde.

Dans la logique de ces résultats, les situations diffèrent en fonction

e. Turbidité de la zone en eau

des cours d’eau. La vitesse du courant de |’ensemble des stations de
la Bresle est comprise entre 0,1 et 0,25 mètre par seconde. En vallée
de la Thève, 56 % des stations entrent dans cette même fourchette.
Par contre, pour 2, la vitesse est quasiment nulle. Pour La Souche,

elle est plus faible, de 0,17 m par seconde relevé sur les deux stations.

Transparence de l'eau

Niveau de transparence Nombre Part du total en %
Totale (Limpide) 19 91%
Moyenne (Trouble) 2 9%
Nulle (Opaque) 0 0%

Tableau 4 : Nombre de stations (n=21) par niveau de transparence de l’eau : limpide, trouble, opaque

Pour la très grande majorité des 21 stations étudiées (91%), la
transparence de l'eau était totale. Sur deux stations, elle était trouble :

une sur la Bresle, situation apparemment liée aux rejets d’une station

d'épuration, |’autre, en Vallée de la Thève de couleur rouille (dépôt

ferrique).

page 32

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

f. Matériaux du fond de la zone en eau

La granulométrie est dépendante de la vitesse du courant ainsi que de la nature de roche mobilisable.

Matériaux du fond du cours d'eau

Classe de matériaux Ensemble des stations

Cailloux 18%
Graviers 26%
Sable 39%
Vase 16%

Stations de la Bresle

28%

33%

33%
6%

Stations de la Thève Stations de la Souche

0% 29%
14% 29%
50% 29%
36% 14%

Tableau 5 : Part en pourcentage des relevés de présence de chacun des matériaux noté (n=21) par vallée

Gravier, sable
Cailloux, gravier, sable
Sable, vase

Sable

Vase
Cailloux

Cailloux, gravier

Cailloux, gravier, sable, vase

5
3
3
3
3
2
1
1

Tableau 6 : Nombre de mentions des différentes

associations de matériaux relevées par station (n=21)

Le type de matériaux constituant le fond du cours d'eau est lié à la
vitesse de l'eau qui conditionne la taille des particules déposées. Le
sable est le plus fréquemment relevé. Il est suivi par le gravier. Les
cailloux et la vase sont plus rares. Le couple, gravier/sable est le plus

fréquent.

En vallée de la Bresle, le sable et le gravier sont dominants dans les

g. Pente de la berge

Pente de la berge
Douce
Moyenne
Abrupte

Nombre de stations

5

8
9

mêmes proportions. Les cailloux sont également bien représentés et
la vase est beaucoup plus rare (notée sur une seule station). Sur les
cours d'eau de la Vallée de la Thève, le substrat dominant est le sable,
suivi par la vase. Le gravier représente une faible part et la présence
de cailloux n'a pas été observée.

Sur la Souche, cailloux, graviers et sable ont été relevés a part égale.

La vase a été relevée sur une seule station.

Part du total en %
23%
36%
41%

Tableau 7: Nombre de stations (n=22) par niveau de pente : douce, moyenne, abrupte

Les pentes relevées sur 22 stations sont surtout abruptes (41%) et la
part des berges a pente douce reste faible.

En vallée de la Bresle les pentes moyennes sont légèrement
dominantes (40%) tandis que les pentes douces (30%) et abruptes
(30%) sont présentes à part égale. Sur ce cours d'eau, la pente des
berges ne semble pas conditionner la présence de la végétation
rivulaire qui serait plutôt favorisée par la faible profondeur du cours

d'eau. Il en est de même en Vallée de la Thève où les pentes douces

sont plus rares (20%). Notons que la présence de pentes abruptes
sur les stations de cette vallée concerne des fossés de drainage et
ne limite pas le développement de la végétation, celle-ci profitant de
la faible profondeur des milieux pour se développer. Sur La Souche,
les 2 stations présentent des pentes abruptes qui ne permettent pas
le développement de végétation en rive, d'autant que le cours d'eau

est profond.

P389 33

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Coenagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

h. Ensoleillement

Niveau d’ensoleillement
Très fort
Fort
Moyen
Faible

Très faible

Nombre de stations

9

OM-äfl

Part du total en %
41%
32%
18%
9%
0%

Tableau 8 : Nombre de stations (n=22) par niveau d’ensoleillement : très fort, fort, moyen, faible, très faible

Les stations très fortement a fortement ensoleillées représentent
73 % des situations relevées. D'une vallée à l'autre l'ensoleillement
des stations varie sensiblement. En Vallée de la Bresle, il est très

fort ou fort sur 66% des stations. Cette vallée présente deux stations

i. Végétation présente sur les stations

dont l'indice est « faible >>. En vallée de la Thève, les situations très
ouvertes (très fort ou fort) sont encore plus nombreuses (80%). En
vallée de la Souche, sur une station l'ensoleillement est très fort et sur

l'autre moyen.

Les différentes strates végétales et leurs niveaux de recouvrement sont présentés dans le tableau en ANNEXE V.

- Les phanérophytes (arbres et arbustes)

Recouvrement des ligneux

Part de surface de la station couverte en %
0 à 5
6 à 15
16 à 30
Plus de 31

Nombre de stations

8

8
3
2

Part du total en %
38%
38%
14%
10%

Tableau 9 : Nombre de stations (n=21) par part de surface de station couverte par des arbres et arbustes : 4 catégories

Le recouvrement des stations par les arbres et arbustes est
majoritairement faible de 0 à 15%, et seules 2 stations présentent
un recouvrement supérieur a 31% de leur surface. Les essences
rencontrées sont pour partie inféodées aux ripisylves : Saule Salix sp.,

Peuplier Populus sp. et Aulne glutineux Alnus glutinosa. Les autres

- Les hélophytes et plantes poussant en rive

essences notées sont plus ubiquistes : Sureau Sambucus sp, Frêne
élevé Fraxinus excelsior, l'Erable Sycomore Acer pseudoplatanus,
Bouleau Betula sp., Aubépine Crataegus sp. et Prunellier Prunus
spinosa. La hauteur des arbres est généralement comprise entre 3

et 10 mètres.

Recouvrement de la végétation rivulaire

Part de surface de la station couverte en %
0 à 10
11 à 25
26 à 50
plus de 51

Nombre de stations
11

6

1

4

Pourcentage
50%
27%

5%
18%

Tableau 10 : Nombre de stations (n=22) par niveau de part de surface de la station couverte par des hélophytes : 4 catégories

Le recouvrement de la station par des hélophytes est généralement
faible : 0 à 10% pour 50% des relevés. Toutefois, il est tout de même
de plus de 51% pour 18% des stations. La hauteur de ce type de
végétation est comprise entre 40 centimètres et 1 mètre. Les espèces
les plus souvent rencontrées sont la Baldingère Phalaris arundinacea
(13 stations), puis des Laîches Carex sp. (6 stations), ensuite
des Joncs Juncus sp., des graminées indéterminées (Poaceae),

la Consoude officinale Symphytum officinale, la Reine des prés

Filipendula ulmaria, la Morelle douce-amère Solanum dulcamara, des
Massettes Typha sp., l'Eupatoire chanvrine Eupatorium cannabinum,
des Chardons Cirsium sp., des Orties Urtica sp., des Ronces Rubus

sp., et de l’Eglantier Rosa sp.

Page 34

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Sur les stations étudiées, des différences ont été constatées :
Sur celles de la Vallée de la Bresle, la Baldingère Phalaris arundinacéa

est régulièrement citée, le recouvrement est toujours inférieur a 20%,

mis a part sur une station où il est de 60 %. En Vallée de la Thève,

- Les Hydrophytes

Laîches et Joncs sont les plus souvent présents, et leur recouvrement
dépasse les 51 % sur 3 stations.

En vallée de la Souche, sur les 2 stations, les espèces relevées sont
très variées mais le recouvrement est très faible (2 et 3%) en raison

des berges abruptes et de la plus grande profondeur du cours d'eau.

Recouvrement des hydrophytes

Nomenclature
0% à 25%
26% à 50%
51% à 75%
76 a 100%

Nombre de stations

9

8
2
2

Pourcentage
43%
38%
10%
10%

Tableau 11 : Nombre de stations (n=21) par niveau de part de surface de la station couverte par des hélophytes : 4 catégories

Les Hydrophytes présentent un recouvrement qui est de 0 a 25%
(43% des cas) et de 26% à 50% (38% des cas). 4 stations soit 20% des
relevés, présentent un recouvrement supérieur à 50%. Trois stations
ne comportent aucun hydrophyte, elles se trouvent sur des fossés de
drainage, dont un récemment curé (Mortefontaine) et 2 autres avec
une très faible lame d'eau et envahis par la végétation rivulaire. Un
important recouvrement par les hydrophytes ne semble pas toujours
indispensable a l'espèce.

Les herbiers d'Ache faux-cresson Apium nodiflorum et de Cresson de
fontaine Nasturtium officinale de 20 à 30 cm de la surface de l'eau,
sont présents sur 75% des stations. Sur 2 stations, 2 autres espèces
d'hydrophytes émergeantes ont été notées : la Véronique aquatique

Veronica beccabunga et le Myosotis des marais Myosotis scorpioides.

Les plantes aquatiques immergées et affleurantes ont été régulièrement
observées (75% des stations) et sont représentées en général par des
Callitriches Callitriche sp. (notée sur 8 stations), et l'Ache faux cresson

Apium nodiflorum sous forme aquatique. D'autres moins courantes

ont été relevées : des potamots indéterminés Potamogéton sp., le
nénuphar jaune Nuphar lutar, la Myriophylle Myriophyllum sp., les

lentilles d'eau (Lemnacéæ).

Si l'on considère chacune des 3 vallées, les situations sont les
suivantes :

- sur La Bresle : les herbiers aquatiques recouvrent en général de 26
à 50% des stations ;

- en vallée de la Thève, leur recouvrement est généralement faible,
entre 0 et 25%, à l'exception de 2 stations où il est de 35 et 75%. Trois
stations ne comportent aucune hydrophyte ;

- sur La Souche : les plantes aquatiques sont très abondantes, et leur

recouvrement va de 70% à 85%.

P389 35

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Coenagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

j. Occupation du sol autour des stations dans un périmètre de 100 mètres

La situation globale est résumée dans le tableau 12 et le détail figure dans l'annexe 3. Une zone peut être couverte par plusieurs types d’occupation

du sol.

Type d’occupation du sol relevé dans un rayon de 100 mètres
autour des stations
Zones boisées : peupleraie
Zones boisées : autres boisements
Total zones boisées
Zones agricoles : prairies pâturées
Zones agricoles : prairies de fauche
Zones agricoles : champs cultivés
Total zones agricoles
Roselières, friches, mégaphorbiaies...
Etangs, mares
Zones urbaines : parcs urbains -jardin
Zones urbaines : terrain de sport
Zones urbaines : industrie, usine
Zones urbaines : habitation
Total zones urbaines
Eaux courantes

Autres milieux : routes

Recouvrement moyen de l'occupation du sol
sur le périmètre immédiat des stations
6 à 10%

11 à 25%

26 à 50%

11 à 25%

6 à 10%

6 à 10%

26 à 50%

11 à 25%

6 à 10%

0 à 5%

0 à 5%

0 à 5%

0 à 5%

0 à 5%

0 à 5%

0 à 5%

Tableau 12 : Bilan global du recouvrement (par fourchette de pourcentages) des types d’occupation du sol pour l’ensemble de stations (n=26)

D'une façon générale, l'environnement des stations offre un paysage
diversifié de 2 à 8 types d'occupation des sols avec une moyenne
de 5. Cette diversité est plus grande autour des stations de la Vallée

de La Bresle que de celle des deux autres vallées.

Les zones boisées ont été rencontrées autour de l'ensemble des
stations et recouvrent entre 25 et 50% du périmètre immédiat. Deux
types de boisements ont été distingués :
- les peupleraies, relevées autour de 7 stations (27%), dont 4 en
Vallée de la Bresle (57%) et 3 en vallée de la Thève (43%), avec un
recouvrement compris entre 10 et 25%.

- les autres boisements ont un recouvrement entre 10 et 25%.

Ces types d'occupation du sol qui peuvent ombrager les stations
couvrent en moyenne un quart de la surface du périmètre immédiat

des stations.

Des terrains agricoles sont présents sur 19 stations (73%) avec 3
catégories principales :

- les prairies de fauche, notées autour de 5 stations, dont 4 en vallée
de la Thève (80%) et une en vallée de la Bresle (20%) avec un
recouvrement des environs de ces stations compris entre 25 et 50%,
- les prairies pâturées, présentes autour de 13 stations (50%), dont 7
en Vallée de la Bresle (54%), 5 en Vallée de la Thève (38%) et une en
Vallée de la Souche (8%), où elles représentent entre 25 et 50% du
périmètre immédiat,

- les champs cultivés, relevés autour de 6 stations, dont 4 en vallée
de la Bresle (67%) et 2 en vallée de la Souche (33%), où ils couvrent

entre 25 et 50% du périmètre immédiat.

Friches et mégaphorbiaies ont été notées autour de 16 stations (62%),
dont 5 en Vallée de la Bresle (31%) et 11 en vallée de la Thève (69%),

où elles couvrent en moyenne entre 25 et 50% du périmètre immédiat.

Etangs, mares et pièces d'eau présents autour de 9 stations (35%),
dont 7 en vallée de la Bresle (78%) et 2 en vallée de la Thève (22%)
recouvrent une surface moyenne, de 10 à 25% du périmètre immédiat

de ces stations.

Des zones urbanisées ont été notées autour de 6 stations (23%),
toutes situées en Vallée de la Bresle avec des situations différentes
selon les catégories suivantes :

- parcs et jardins, présents autour de 5 stations (19%) autour
desquelles, ils recouvraient 5 à 10% du périmètre immédiat,

- terrains de sport et autres équipements de loisirs, rencontrés autour
d'une station (4%) avec un recouvrement de 10 a 25% du périmètre
immédiat,

- zones industrielles, relevées sur une station (4%) avec un

recouvrement de 25 à 50% du périmètre immédiat,

Des eaux courantes ont été notées autour de 24 stations (92%)
et représentaient en général de 1 a 5 % du périmètre immédiat, à
l'exception d'une station en vallée de la Bresle, où elles représentaient
6 et 10 % du périmètre immédiat. La présence d'axes routiers a été
constatée autour de 15 stations (58%), avec des recouvrements

faibles de 0 à 5% du périmètre immédiat.

page 36

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

k. Usage du sol le long des berges

Pour chaque linéaire de berge a été mesuré en mètre le type d'activité qui s'y déroulait. Le tableau 13 présente les résultats globaux en pourcentage.

o ä
d)
0d z E
n.
Vallée de la
7% 10% 34%
Bresle
Vallée de la
10% 26%
Thève
Vallée de la
33%
Souche

Fauche

18%

11%

.
ä â
n. sa: Q
v A s; m
o E ‘l’ > :
‘U ‘a " 4’ ‘F o A
N i- 3 ‘5 0 w on
: g E = J‘ q, o
° .5 o : ‘U w ‘°
E = o q; Æ Ë
g 5 : ': o o o
m D. U? C Q
o. o a’ ‘a
J: Ê n. < w w
.‘_' 5 Q ‘l’
.2 < g
o
—| E,
13% 10% 8%
28% 25%
33% 33%

Tableau 13 : Part en pourcentage du linéaire utilisé par 8 activités présenté pour les 3 vallées

D'une façon générale, les activités agricoles occupent une part
importante (plus de 50 %) des linéaires de berges des cours d'eau
fréquentés par le Cœnagrion mercuriale. Il faut souligner que sur les
vallées de la Thève et de La Souche entre 25 et 33 % du linéaire est

en déprise.

l. Synthèse par vallée

Sur les 3 vallées, la physionomie des stations est assez différente.

- En vallée de la Souche, l'espèce fréquente la rivière sur une
longueur moyenne de 300 mètres. Le cours d'eau est caractérisé par
sa forte largeur (8 mètres en moyenne), son importante profondeur
(2,75 mètres en moyenne), sa vitesse de courant modérée de 17
centimètres par seconde, sa transparence de l'eau limpide, son
substrat composé de cailloux, de graviers et de sable, ses berges
abruptes qui laissent place à une très faible végétation rivulaire, et
une quasi-absence d‘hydrophytes immergées en rive. L‘ensoleillement
y est de moyen à très fort. Les ligneux recouvrent faiblement les
stations. Les hydrophytes y sont particulièrement abondantes avec un
recouvrement de 70 % à 85 %.

Sur chaque station, le Cœnagrion mercuriale a été observé en petits
groupes dont la répartition semble conditionnée par la présence
d'importants herbiers d‘hydrophytes émergeantes. Leur faible nombre
et leur présence clairsemée a conduit les individus à se répartir sur
d'importants linéaires de cours d'eau et à utiliser des plantes poussant

en rive (Baldingère, Consoude officinale, Reine des près...).

- En vallée de la Thève, le Cœnagrion mercuriale fréquente les
fossés de drainage sur des longueurs importantes de 101 mètres a
500 mètres avec de faibles largeurs (10 centimètres a 1 mètre), et

de faibles profondeurs (1 centimètre a 20 centimètres). La vitesse du

courant y est généralement rapide (de 10 centimètres par seconde
à 50 centimètres par seconde), mais des stations avec des eaux
stagnantes, et un courant à peine perceptible, ont également été
rencontrées. La transparence de l'eau est généralement totale, et
l'eau semble de bonne qualité. En ce qui concerne les ligneux, leur
recouvrement est variable d'une station a l'autre, et rien de significatif
ne ressort concernant les essences, sinon que |'Aubépine a été
régulièrement rencontrée. La végétation rivulaire est dominée par les
Laîches et les Joncs, et son recouvrement peut être important sur
certaines stations. Celui des hydrophytes est généralement faible et
surtout représenté par des herbiers à Ache faux-cresson. Le substrat
est souvent sableux ou vaseux. La pente des berges est moyenne
ou abrupte. Les individus sont nombreux dans des cours d'eau bien
fournis en herbiers a Ache faux-cresson émergeant et suffisamment
profonds pour permettre un développement minimal d‘hydrophytes

immergées, le tout avec un ensoleillement bon a très bon.

La présence de Cœnagrion mercuriale sur des stations aux eaux
stagnantes est originale. Elle avait déjà été observée à plusieurs
reprises en Vallée de la Thève, notamment à Plailly « Parc Astérix »
et à Mortefontaine « Etang de la tour Rochefort >>. La même situation
avait été constatée en Champagne Ardennes sur des étangs forestiers.
TERNOIS (2005) avait émis l'hypothèse qu'un assèchement de fossés
avait pu pousser les imagos vers des eaux stagnantes ou que la
circulation de l'eau y était suffisante pour la reproduction. De plus,
la reproduction de Cœnagrion mercuriale dans des eaux totalement
stagnantes a déjà été observée dans d'autres régions de France et en
Grande-Bretagne (DELIRY, 2004).

- En vallée de la Bresle, l'espèce se rencontre sur le fleuve et ses
affluents sur de faibles longueurs (entre 1 mètre et 25 mètres). Les

cours d'eau ont une largeur variable de 1 à 6 mètres, une profondeur

Page 37

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

comprise entre 21 centimètres à 1 mètre, et une vitesse de courant
entre 10 centimètres par seconde et 50 centimètres par seconde. L'eau
a une transparence totale, et semble être de bonne qualité. La pente
des berges est moyenne. Les composants dominants du substrat sont
le sable et les graviers. En ce qui concerne la végétation ligneuse,
aucune remarque n'est à formuler. La végétation rivulaire recouvre peu
la surface en eau, et est surtout représentée par la Baldingère. Les
hydrophytes recouvrent entre 30 et 50 % des stations, et sont surtout
présents sous forme d‘herbiers à Ache faux-cresson.

Les zones où les effectifs sont importants sont celles qui présentent les
herbiers à Ache faux-cresson et Cresson de fontaine bien développés,
et /ou, lorsque la végétation rivulaire est riche en Baldingère
accompagnée d‘herbiers d‘hyrophytes comme la Callitriche, affleurant
a la surface de l'eau, le tout avec un ensoleillement bon a très bon.
Les stations sont situées à proximité de prairies pâturées de façon
extensive ou de fauche, de zones boisées type ripisylve, et parfois

d'habitations.

2) Comportement

La plupart des observations se rapportent à des mâles survolant la
végétation où les femelles sont susceptibles de pondre tels que les
herbiers à Ache faux-cresson, Cresson de fontaine... Souvent, ils
semblaient prospecter (à la recherche de femelles très probablement)
car ils changeaient régulièrement de secteur. Ce type de déplacement
n'était apparemment pas un marquage de territoire comme celui

assuré par Calopteryx splendens par exemple.

Nous n'avons pas vu d'individus en dehors des abords des zones en
eau. Aussi les recherches n'ont pas été concentrées sur ces derniers.
Cependant, lors de nos déplacements s'ils avaient été abondants,

nous estimons que nous en aurions inévitablement notés.

Nous avons pu observer sur la Souche, a plusieurs reprises des
mâles se déplacer sur plusieurs dizaines de mètres entre îlots de

végétation. La répartition des herbiers sur les stations de cette rivière

est particulière. Ils sont de faible surface et a l'échelle d'une station,
disséminés sur plusieurs centaines de mètres, en raison des berges
abruptes (peu favorables à l'installation de ce type de végétation). Les
individus semblent s'en accommoder en assurant ces déplacements

qui peuvent étre qualifiés de grande ampleur.

A plusieurs reprises, nous avons constaté que des individus se posaient
régulièrement, souvent à faible distance les uns des autres, sans
marquer de comportement hostile ou de démonstrations assimilables

à de la défense de territoire.

Les individus ont été vus posés exclusivement sur des végétaux. Dans
la majorité des cas, il s'agissait d‘herbiers à Cresson de fontaine, à
Ache ou de Baldingère en bordure de cours d'eau. Plus rarement,
Graminées indéterminées, Laîches, Joncs, Véronique aquatique,

Myosotis des marais et Ortie servaient de support.

Des individus en tandem ont été observés sur 13 stations soit sur un
peu de plus de la moitié (57%) des stations étudiées.

Nous avons observé une femelle en train de pondre à deux reprises
et sur deux localités : Oust-marest (80) et Froidmont-Cohartille (02).
Contrairement au déroulement décrit dans la bibliographie, la femelle
n'était pas entièrement immergée, thorax et téte étaient hors d'eau.
Nous n'étions probablement qu'au début de la ponte, l'immersion
venant plus tard. Dans les deux cas, la plante utilisée pour l'insertion
des oeufs était une Callitriche indéterminée Callitriche sp. dont les tiges
et les feuilles affleuraient. Ce genre d’hydrophyte ne fait pas partie des

plantes les plus utilisées pour la ponte.

Nous avons pu constater que les individus se déplaçaient au sein de
la station pour trouver des conditions, notamment d'ensoleillement,
favorables. Ainsi un passage sur Oust-Marest le 26/05/05 entre 12h00
et 14h00, puis le lendemain entre 16h00 et 17h00, nous a permis de
constater que la répartition des individus avait évolué, en se calquant
sur les zones ensoleillées, qui ombragées la veille étaient alors

désertes.

 

Photo : La rivière Bresle à Beauchamps (80)

page 38

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l‘Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

lll. Discussion - Conclusion

Caractéristiques de l'habitat de reproduction de Cœnagrion
mercuriale

En Picardie, l'espèce est présente sur 3 cours d'eau qui offrent des
conditions qui sont finalement assez différentes en termes de gabarit
du cours d'eau (largeur (inférieure a 6 mètres) et profondeur (inférieure
à 1 mètre)) et de composition de matériaux constituant le fond. Par
contre, la vitesse de circulation de l'eau est un facteur dont les valeurs
sont assez proches pour la grande majorité des stations tout comme
la transparence de l'eau. La pente des berges ne semble pas être un
paramètre discriminant ce qui n'est pas le cas de l'ensoleillement dont
le niveau d'importance (très fort à fort) est identique pour la grande
majorité des stations. Il est d'ailleurs conditionné par le recouvrement
arboré ou arbustif qui, d'une façon globale, est peu important. Il en est
de même pour les hélophytes. Par contre, les hydrophytes couvrent

des surfaces plus importantes.

Les ligneux sont présents sur la plupart des stations, mais leur
influence sur la présence de l'espèce ne semble pas important, ils
peuvent cependant servir de coupe-vent, et de zone refuge lors

d'intempéries.

Les hydrophytes restent indispensables, et leur faible recouvrement
dans certaines stations ne doit pas minimiser leur rôle. Les individus
observés fréquentaient en général ce type de formation végétale, avec
quelques exceptions de sujets vus uniquement sur de la végétation
rivulaire (carex, joncs...), mais en périphérie de stations où se
trouvaient des hydrophytes. Dans la littérature, le rôle des plantes
émergeantes est régulièrement cité, notamment la Berle dressée
Berula erecta, l'Ache aquatique Apium inundatum, le Cresson de
fontaine Nasturtium officinale, la Véronique des ruisseaux Veronica
beccabunga, le Myosotis des marais Myosotis scorpioides, ou la
menthe aquatique Mentha aquatica (GOFFART, 1995 ; TERNOIS,
2005)

Certaines stations a priori peu favorables à l'espèce (ombrage
important, absence de végétation rivulaire et aquatique...) semblent
accueillir des individus de manière occasionnelle, à en croire le faible
nombre d'individus, l'absence de comportement reproducteur, et la
présence d’immatures en priorité. Ces sites ne semblent pas utilisés
par Cœnagrion mercuriale pour la reproduction, mais plutôt comme
zone de maturation (ex. Beauchamps « les Quarante »), ou seraient
en cours de colonisation (ex : Mortefontaine « Tour Rochefort >> :
fossé récemment curé). Ces stations pourraient être des points de

dispersion des individus.

Cœnagrion mercuriale semble occuper en Picardie des sites qui
présentent des caractéristiques identiques : eau courante, herbiers
d'hydrophytes, stations peu ombragées. Cependant, nous n'avons
pas assuré un relevé de l'ensemble des paramètres dont certains
ont certainement leur importance : qualité de l'eau, milieux jeunes
et oligotrophes, exposition aux vents dominants  D'ailleurs, la

disparition de la station de Froidmont-Cohartille (visitée a 2 reprises à

des heures différentes) confirme l'importance de ces caractéristiques

que nous n'avons pas relevés.

Bibliographie

- BOURNERIAS, M ., ARNAL G., BOCK C. (2001) Guide des

Groupements végétaux de la région parisienne. Belin, Paris. 639 p.

- GAVORY & LEGRIS, (2009) Statut de l'Agrion de Mercure Cœnagrion
mercuriale en Picardie : synthèse des données anciennes et situation
en 2005. Picardie Nature. 18p.

- GOFFART P. 1995 - Situation actuelle de l'Agrion de Mercure
(Cœnagrion mercuriale) en Wallonie et propositions de mesures visant

sa conservation — Gomphus, 11 (2) : 27-40.

- DELIRY, C. (2004) Coenagrion mercuriale. [en ligne]. http://cyrille.

deliry.free.fr/coemereu.htm

- TERNOIS V. 2005 — L'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale
(Charpentier, 1840) : Synthèse de trois années d'observations dans
le Nord-est aubois et la frange haut-marnaise limitrophe (Odonata,
Zygoptera, Cœnagrionidae) — CPIE du Pays de Soulaines — Naturale,
Mai 2005, N° 0 : 47-53

Remerciements

Nous tenons à remercier :

- les personnes qui ont pris de leur temps pour rechercher l'espèce
en 2005 ou nous transmettre leurs données anciennes, ainsi que les
organismes qui nous ont fort sympathiquement ouverts leur base de
données, tels que le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie...

- Jean-François DELASALLE pour la relecture d'un premierjet,

- Françoise DELCOURT et Sébastien MAILLIER pour leurs ultimes
corrections et remarques

Annexes

Annexe l : Paramètres des stations

Annexe Il : Végétation relevée sur les stations

Annexe lll : Occupation du sol en périphérie des stations

Page 39

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe l

PARAMÈTRES DES STATIONS

x
E
9.
î æ-s î q; 0d 0d
Ë J: Ë x o ,8 â Ë g,
E ‘Ë v0 o: I: D. Ë g I- 0d
.. > E E i“. "’ o 0 B ‘
c ._ c eu o o : a:
o ‘C o : n. n. L g Il! m E
E 5 T: 3 3 3 ä 5 1? 9 â E 2
"ê  g e a ‘a s 2 E a a» v a q, v a
-9 ï: w ° = ‘ñ ä .2 .2 .> 3 â w s 2 8
j; o n. E m : .. o o ‘l’ o g â a : w
.. o su) O o d) m I. I. .5 r: q; ,_ m eu :
U) _I D Z _I D _I D. D. O > on l- Z D. l.l.I
Station a Oust-Marest 80 18 100 0,18 4 80 cm 35 20 L G, S M TB
Station b Oust-Marest 80 33 25 1,32 3 80 cm 20 20 L C, G, S M Bon
Station c Beauchamps 80 2 3 0,67 6-7 50 cm 10 17 L G, S A Faible
Station d Beauchamps 80 2 7 0,29 7 50 cm 5 17 L C, G D Faible
Station e Beauchamps 80 5 100 0,05 10 1,5 m 30 20 L G, S A Bon
Beauchamps
Station f 80 ? ? 7 7 ‘7 L ‘.7 ? 7
(Gousseauville)
Station g Gamaches 80 4 27 0,15 6 50 cm 20 17 L D Bon
Monchaux-
Station h 80 22 250 0,09 ? 7 ? ‘.7 L C M TB
Soreng
Station i Blangy-sur-Bresle 80 25 175 0,14 5 1 m 50 7 L S, V A TB
Monchaux-
Stationj 80 9 ? ? 3 1 m 20-30 7 L C M Moyen
Soreng
St-Germain-
Station k 80 37 150 0,25 6 40 cm 5-15 25 L C, G, S D TB
sur-Bresle
Station l Mortefontaine 60 ‘7 ‘7 ‘7 ? ? 7 L 7 ‘7 ?
Station m Mortefontaine 60 4 250 0,02 60 10 cm 10 20 L S, V A Moyen
Station n Mortefontaine 60 15 500 0,03 1 10 cm 10 20 L S, V M Bon
Station o Mortefontaine 60 5 35 0,14 2 40 cm 30 17 L S A Moyen
Station p Mortefontaine 60 15 500 0,03 1 20 cm 10 18 L S M TB
Station q Mortefontaine 60 100 600 0,17 1 20 cm 7 L G, S M Bon
Station r Mortefontaine 60 136 1200 0,11 3-4 60 cm 20 25 L S M Bon
Station s Plailly 60 ‘7 ‘7 ‘7 ? ? ? 7 ‘.7 7 ‘7 ?
A peine
Station t Plailly 60 7 30 0,23 50 10 cm 10 perscep- * V, + ou - tourbeuse D TB
tible
Station u Plailly 60 25 300 0,08 1 10 cm 10 Nul ‘7 V A TB
A peine
Station v Plailly 60 30 500 0,06 1 5 cm 5 perscep- L V D TB
tible
Station w Coye-la-Forêt 60 34 500 0,07 2 60 cm 10 50 L G, S A Bon
L = limpide
* = trouble couleur de rouille à certain endroit M = moyenne
A = abrupte
G = graviers D = douce
S = sable
C = cailloux
V = vase
page 4o

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il

Stations

Station a
Station b
Station c
Station d

Station e

Station f

Station g

Station h

Station i

Station j

Station k

Station |

Station m

Station n

Station o

Station p

Localité

Oust-Marest
Oust-Marest
Beauchamps
Beauchamps

Beauchamps

Beauchamps

(Gousseauville)

Gamaches

MonchauX-

Soreng

Blangy-sur-Bresle

MonchauX-

Soreng

St-Germain-

sur-Bresle

Mortefontaine

Mortefontaine

Mortefontaine

Mortefontaine

Mortefontaine

Lieu-dit

Marest
Marest
les Quarante
les Quarante
les Quarante

Marais de
Gousseau-
ville
|‘Epinoy
Monthièresl

Grands près

Station
d'épuration
Eglise Saint

Etienne

|‘Angui||on

Tour Roche-
fortJEtang
Tour Roche-
fort
Tour Roche-

fort
D607
Prairie de

Charlemont

VÉGÉTATIONS RELEVÉES SUR LES STATIONS

Recouvrement de la

végétation (surface en eau)

Z5
E
2 E’.
Il! '- as
: Æ :
32 g = .9
> __ (U a
‘c ‘E? " 3 ° v‘!
ç o\ E F E ‘Ü
._ v o >c q; m
eu >< ‘a -g_ q) "0 ><
5 a :2 s‘ o —-.— g z a A
5 r: ‘ä °\ 5 °\ ‘t: = = E
o .9’ w g >. g : g .9’ g
z .1 > v :I: v u: v .1 v
1s 5 o 9o 5 5515
33 2 14 39 45 12
2 25 o 4o 35 3
2 5 o 31 64 6
5 s 5 4o 47 1o-15
4 1o 1o 4o 4o 7
22 0-5 60 3o 5-10 7
25 7 1o 2 7 7
9 1o 2o 3o 4o 6
37 o 2o 15 65
7
4 o 2 o 9s
15 1o o 75 15 3515
5 3o 12 35 23 2o
15 1o o o 9o 256

Hauteur de la végétation

(station + en périphérie)

égétation rivulaire

V

5

60 cm

80 cm

50-80 cm

100 cm

20 cm

50 cm-1m

50 cm

50 cm

1m

Hydrophytes

20 cm

20 cm et affleurants
20 cm
10 cm

Affleurants

Affleurante

immergés

immergés

20 cm

Absent

30 cm

Affleurante

page 41

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Ill

OCCUPATION DU SOL EN PÉRIPHÉRIE DES STATIONS

Q 92' . ,,
q) fi q; w .: w
.2 ': -- "’ 53 ° .5
v "2 fi 9 5, ä E
.2 ‘E g 5 Ë 5 "5 Æ.
E d) n. s _ o g ‘a on
2 E Ê D- "’ 0 n: eu Ë q’
a 3 w ‘° Ë’ >< ‘s :5 = ‘8
J -— V1 _m 5 ça (g = n.
eu O O ‘1’ J5 n: «u n. = n:
n. m n: E u.I u.I n. n. o n.

Oust 80 a 17,5 37,5 2,5 17,5 7,5
Oust 80 b 37,5 7,5 17,5 2,5 17,5 17,5 7,5
Beauchamps 80 c 67,5 37,5 7,5 2,5 2,5
Beauchamps 80 d 37,5 37,5 17,5 2,5
Beauchamps 80 e 7,5 7,5 2,5 17,5 2,5
Gamaches (M de

80 f 17,5 2,5 37,5 7,5 2,5
Gousseauville)
Gamaches 80 g 17,5 7,5
Monthiers 80 h 37,5 2,5 7,5 37,5 2,5
Monchaux 80 i 2,5 2,5 7,5 67,5 7,5
Monchaux 80 j 7,5 2,5 2,5 17,5 37,5
Saint-Germain 80 k 2,5 2,5 2,5 2,5 7,5 67,5
Coye-Ia-Forêt 60 | 17,5 2,5 67,5
Coye-la-Forêt

60 m 87,5 7,5 7,5
(troublerie)
Plailly (bois de la

60 n 7,5 7,5 87,5
Grande mare)
Plailly (bois de la

60 o 2,5 7,5 87,5
Grande mare) 2
Plailly (bois de la

60 p 17,5 37,5
Grande mare) 3
Plailly (parc

60 q 37,5 37,5 7,5
Astérix)
Plailly (la ThèVe) 60 r 37,5 37,5 37,5
Mortefontaine (Af-

60 S 17,5 7,5 67,5
fluent-Thève)
Mortefontaine (Tour

60 t 17,5 17,5 67,5
rochefort 1)
Mortefontaine (Tour

60 u 7,5 7,5 67,5
rochefort 2)
Mortefontaine (Etg) 60 v 17,5 37,5 62_5
Mortefontaine (597) 60 w 17,5 37,5 17,5
Mortefontaine (Etg

60 X 7,5 37,5 37,5
I'Epine)
Froidmont-

02 y 7,5 17,5 67,5
Cohartille
Barenton-sur-Serre 02 z 37,5 37,5
Nombre de sites 7 26 16 9 10 13 5 6 5
Fréquence 26,9 100,0 61,5 34,6 38,5 50,0 19,2 23,1 19,2
Moyenne

21,07 20,00 30,31 17,50 3,00 36,73 41,50 35,83 5,50
recouvrement en %

page 42
E|e'ments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrian mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe lll

OCCUPATION DU SOL EN PÉRIPHÉRIE DES STATIONS

eu
.:
8
t Ë ° w Ë-
a ë Ë ‘ë 2 ë
"’ '45 D- ä ' :
q) 5 E >s Io- E ru
‘5 ‘U .9 " w .9 .0
.5 E ‘a g ê = 8 ‘a v w
la d) 3: ü q)  n! î F: ‘E ‘E
a â â â 5 ‘ä 3' ‘a Ê ‘a e
1- N I n: z ‘ñ Ll.l 1- :: n. o.
Oust 80 a 17,5 2,5 7 17,5 82,50 100 200
Oust 80 b 2,5 8 45,0 107,50 150 150
Beauchamps 80 c 5 67,5 117,50 125 50
Beauchamps 80 d 4 37,5 95,00 250 50
Beauchamps 80 e 17,5 2,5 7 7,5 37,50 50 50
Gamaches (M de
80 f 17,5 2,5 7 17,5 67,50 100 100
Gousseauville)
Gamaches 80 g 37,5 7,5 2,5 5 17,5 25,00 100 100
Monthiers 80 h 5 40,0 87,50 200 100
Monchaux 80 i 2,5 2,5 7 2,5 87,50 200 3000
Monchaux 80 j 7,5 2,5 7 10,0 67,50 50 3000
Saint-Germain 80 k 2,5 2,5 8 5,0 85,00 25 100
coye-Ia-Forêt 60 | 2,5 4 17,5 87,50 100 3000
Coye-la-Forêt
60 m 2,5 4 87,5 102,50 300 3000
(troublerie)
Plailly (bois de la
60 n 2,5 4 7,5 102,50 600 400
Grande mare)
Plailly (bois de la
60 o 3 2,5 97,50 400 800
Grande mare) 2
Plailly (bois de la
60 p 2 17,5 105,00 300 1000
Grande mare) 3
Plailly (parc
60 q 3 37,5 82,50 400 50
Astérix)
PIaiIIy (la Thève) 60 r 3 75,0 112,50 1000 500
Mortefontaine
60 S 3 17,5 92,50 800 1100
(Affluent-Thève)
Mortefontaine
60 t 3 35,0 102,50 500 300
(Tour rochefort 1)
Mortefontaine
60 u 3 15,0 82,50 400 200
(Tour rochefort 2)
Mortefontaine (Etg) 60 v 3 17,5 117,50 400 0
Mortefontaine (597) 60 w 2,5 4 17,5 72,50 400 300
Mortefontaine
_ 60 X 2,5 4 7,5 82,50 400 200
(Etg I’EpIne)
Froidmont-
02 y 2,5 4 7,5 92,50 150 600
Cohartille
Barenton-sur-Serre 02 z 2,5 3 37,5 75,00 100 1000
Nombre de sites 26 1 1 6 15
Fréquence 3,8 3,8 23,1 57,7 0,0 0,0
Moyenne
17,50 37,50 9,17 2,50 5,00 25,70 292,31 744,23

recouvrement en %

Page 43
E|e'ments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrian mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- ÉLÉMENTS GÉNÉRAUX SUR L’AGRION DE MERCURE
CŒNAGRION MERCURIALE
Laurent GAVORY & Sébastien LEGRIS

Introduction

Cette partie comprend les principaux éléments de connaissances
relatifs a l'espèce dont les aspects plus importants en matière de
conservation (statut, milieux utilisés...) ont été développés. Les
éléments présentés concernent principalement les populations
situées dans la partie septentrionale de son aire de répartition où se
situe la Picardie.

En langue anglaise et française, les principaux éléments de
connaissance relatifs à cette espèces ont été synthétisés récemment
par ASKEW (2004), ANONYME (2003) et surtout THOMSON &
al. (2003). Cette synthèse s'appuie donc sur ces trois références
principales auxquelles se sont ajoutés plusieurs articles parus plus
récemment. Naturellement, ce travail est certainement partiel du
fait principalement d'absence de consultations des éventuelles

publications en langue allemande, italienne, espagnole 

l. Présentation de l'espèce

1) Identification de l'espèce

L’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale est un insecte de l'ordre
des odonates (Odonata) faisant partie du sous-ordre des Zygoptères

et appartenant a la famille des Cœnagrionidés.

A l'état imaginal, il se singularise par un abdomen fin et cylindrique
d'une taille modeste de 19 à 27 mm. Il se différencie des espèces

proches par les caractères suivants :

1- les mâles arborent sur le 2° segment de l'abdomen qui est bleu
un motif ressemblant à un « casque gaulois » ou encore à une « tête
de taureau >>. Les segments 3 à 6 et 9 ont la moitié basale noire tout
comme la totalité des segments 7 et 10. Les cercoïdes ont une dent

apicale allongée et droite ainsi qu'une dent interne visible de dessus,

2- les femelles ont un prothorax dont les bords postérieurs sont
droits de chaque côté de la protubérance médiane, et l'abdomen
est dorsalement presque entièrement noir comme les cercoïdes.
(WENDLERA., NÛB J.H., 1994).

 

 

|I'I"_ni - q.- . . . . ngq
n! |I|1‘"|I||1"I-D ' . Il‘

 

Figure 1 : Critères de détermination de l'Agrion de Mercure

Source : Les guides du Naturaliste, «Guide des libellules de France et d‘Europe>>, K.-D. B.

Dijkstra. Illustrations de R. Lewington

Ces dessins sont tirés de l'ouvrage Les guides du Naturaliste, «Guide
des libellules de France et d’Europe>>, K.-D. B. Dijkstra. Illustrations

de R. Lewington

La larve reste difficile à distinguer de celle des autres espèces : les
critères portant sur les proctes (HEIDEMANN H. & SEIDENBUSCH
R., 2002)

Page 44

Statut de |‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

2) Répartition géographique et statuts

BOUDOT (2005) a précisé la répartition de cette espèce à la lumière des
éléments de connaissance récents. Cette atlantico-méditerranéenne a
une distribution relativement limitée, son aire principale se situant entre
la France, l‘lta|ie, la Péninsule ibérique et le Nord du Maghreb (Maroc,
Algérie et Tunisie). En marge, elle est présente en Grande Bretagne
(Sud Ouest), Belgique, Allemagne, Suisse, Liechtenstein, Autriche
et Slovaquie où les populations sont généralement peu abondantes
et souvent en régression. Elle est considérée comme disparue du
Luxembourg, des Pays-Bas et de Slovénie. Enfin, les données venant
de Bulgarie et de République Tchèque sont soumises à caution et
celles provenant d‘Albanie, Hongrie et de la République de Moldavie

sont erronées.

L'espèce est plutôt commune en France, à l'exception du Nord-Ouest,
en Espagne et dans le Nord du Maroc. Une importante régression de
l'espèce est constatée en Europe, notamment en limite Nord de son
aire de répartition. Elle est considérée comme en danger d'extinction
en Grande Bretagne, Suisse, ltalie, Algérie, Tunisie, Slovaquie et en
danger critique d'extinction en Belgique, Allemagne, Liechtenstein et
Autriche. Cette carte est tirée de l'ouvrage Les guides du Naturaliste,
«Guide des libellules de France et d‘Europe», K.-D. B. Dijkstra.

Illustrations de R. Lewington.

 

Carte 1 : Répartition de l'aire de l'Agrion de Mercure

Source : Les guides du Naturaliste, «Guide des libellules
de France et d‘Europe», K.-D. B. Dijkstra. Illustrations de

R. Lewington.

En France l'espèce est bien répandue voire abondante dans certaines
localités, en particulier dans le sud du pays. Elle est cependant plus
rare au Nord de la Loire, bien qu'il existe localement des effectifs
importants. Toutefois les prospections seraient plus réduites dans ces
départements. (ANONYME, 2003).

Dans les régions limitrophes de la Picardie, sa situation est disparate.
Ainsi, dans le Pas-De-Calais, où l'espèce est connue depuis 1996,
elle est uniquement notée le long de la Course et des ruisseaux de
Camiers et du Crevé de Dannes au Nord-Ouest de Montreuil-sur-mer.
(CALOIN & TERRASSE, 2003), soit à 15 kilomètres du département
de la Somme, (notamment de la Vallée de |'Authie). En Haute
Normandie, elle a été repérée, outre en Vallée de la Bresle, dans trois
secteurs : boucles de la Seine, Vallée de la Risle et Vallée de |'Avre.
En lle de France, au Nord de Paris, elle est connue depuis 2000 dans
un site proche de la Haute-Normandie et de la Picardie, dans le Val
d'Oise : la Vallée de l'Epte soit à quelques kilomètres de notre région
(DODELIN, 2005). Enfin, en Champagne-Ardenne, la présence de
l'Agrion de Mercure est attestée sur plusieurs stations présentes sur
les 4 départements de cette région et notamment une station dans
les Ardennes et deux dans la Marne (COPPA, 1990). La plus proche
doit se situer au nord-ouest de Reims dans des petits marais infra-
forestiers (COPPA, 1992). Quant aux populations belges connues,
elles sont éloignées de plusieurs centaines de kilomètres. Elles sont
réparties entre Famenne (2 populations) et Gaume (3 populations) où
l'espèce est peut-étre en expansion du fait des tendances climatiques
(GOFFART, 1995, GOFFART & al., 2004).

Vu sa situation, l'Agrion de Mercure intègre différents classements à

différentes échelles : rareté, liste rouge, protection réglementaire :

-Mondiale
Statut de menace : quasi menacé (2001) avec une population

considérée comme en régression (BOUDOT, 2005).

- Europe dont Union Européenne

- Statut réglementaire : inscrite à l'Annexe Il de la Directive « Habitats-
Faune-Flore >> en tant qu'espèce d'intérêt communautaire,
- Conventions :
Convention de Bonn pour la conservation des animaux sauvages
migrateurs
Convention de Berne (l'annexe 2) pour la conservation de la faune et

la flore sauvages ainsi que les habitats naturels.

- France
-Statut de menace : Vulnérable (MAURIN coord., 1994) qui est en

cours de révision.
- Statut réglementaire : protégée par l'arrêté du 22 juillet 1993, fixant

une liste des insectes protégés au niveau national.

- Picardie
- Statut de rareté : très rare
- Statut de menace : en danger critique

- Niveau de priorité de conservation : fortement prioritaire

Page 45

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l'Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Il. Habitat

1) Approche générale

L‘Agrion de Mercure recherche les milieux aquatiques courants
(rhéophiles) ensoleillés (héliophiles). Ainsi, il fréquente les milieux
lotiques permanents de faible importance, aux eaux claires et le
plus souvent calcaires, bien oxygénées, à minéralisation variable
(sources, suintements, fontaines, résurgences, puits artésiens, fossés
alimentés, drains rigoles, ruisselets et ruisseaux, petites rivières...),
avec une végétation aquatique souvent abondante, le tout situé
dans des zones bien ensoleillées (zones bocagères, prairies, friches,
clairières des forêts). Il peut toutefois fréquenter des milieux ne
rassemblant pas les conditions listées précédemment comme des
ruisselets très ombragés (bois, forêts), des sections de cours d'eau
récemment curées, ou parfois des eaux nettement saumâtres voire
des exutoires de tourbières acides (ANONYME , 2003). Des individus
sont parfois observés sur des milieux stagnants qui serviraient de
zones de substitution a des habitats plus favorables (TERNOIS,
2005). L'Agrion de Mercure semble avoir une bonne résistance aux
bouleversements de son habitat, pourvu qu'une partie des effectifs soit
épargnée et proche (DOMMANGET, 2005). En outre, il semble avoir
un comportement « post-pionnier », comme cela a été constaté sur la
Drôme (DELIRY, 2004).

Dans les régions limitrophes, c’est-à-dire dans des situations souvent
proches (climat, contexte géologique et hydrogéologique, état des
aquifères, pratiques agricoles...) de celles rencontrées en Picardie,
l'espèce est notée en Champagne-Ardenne, pour 65 observations sur
des zones de sources (24, 6 %), sur des ruisselets et ruisseaux de
1 à 4 m (18,5 %), sur des fossés et canaux d'irrigation (16,9%), des
marais de plaines, tourbières alcalines (15,4%), des rivières à eaux
vives entre 5 et 25 m (7,7 %) et diverses eaux stagnantes (16,9 %)
soit plus globalement sur diverses catégories d'eaux courantes (plus
ou moins rapides sur calcaire ou sur des dépôts alluviaux et de façon
plus ponctuelle sur des marais tuffeux (COPPA, 1990)) mais aussi
des petits cours d'eau ensoleillés à débit faible s'asséchant de façon
partielle, des fossés de drainage en bordure de route ou de champs,
étangs forestiers (sans reproduction ?) (TERNOIS, 2005). En Haute-
Normandie, l'espèce est notée, entre autres, sur un réseau de fossés
circulant dans des ensembles prairiaux comprenant des parcelles
riveraines cultivées (DODELIN, 2005). Dans le Pas-de-Calais,
elle fréquente des petits ruisseaux temporaires à eaux calcaires
circulant au milieu des dunes et une rivière de petit gabarit circulant
majoritairement au milieu de prairies (CALLOIN & TERRASSE, 2003).
Enfin, en Wallonie, elle a été notée sur des fossés de drainage et un

ruisseau traversant un paysage de prairies (GOFFART, 1995)

2) La végétation

Les exigences de ce Cœnagrionidé par rapport a la végétation
varient en fonction de la phase du cycle de sa vie : la période
larvaire, l'émergence, la maturation, la période de reproduction plus
particulièrement pour la ponte. Concernant la flore présente, l'espèce
ne recherche pas de plantes ou de formations végétales précises.
Toutefois, la présence d'hydrophytes tout au long de l'année est un

facteur essentiel pour la reproduction de l'espèce.

La larve recherche les secteurs calmes au sein des hydrophytes,
les tiges et les racines d'hélophytes et autres plantes rivulaires
(ANONYME , 2003). Elle hiverne sur le fond des cours d'eau ou
enfouie dans la vase (HEIDEMANN H. & SEIDENBUSCH R., 2002).
Pour se développer, elles se tient dans la végétation aquatique, et
surtout dans les racines de petits hélophytes à tissus mous, qui sont
également utilisés par les adultes pour pondre (THOMPSON & al.,
2003).

Pour émerger, elle ne recherche pas d'espèce particulière. La situation
idéale est une tige rigide ne risquant pas d'être courbée par le vent qui
doit ainsi éviter à l'abdomen et aux ailes du frais imago d'être déformés
suite à un contact avec la végétation. Ce type de déformation lui serait
à court ou moyen terme fatale (THOMPSON & al. (2003)).

Les espèces floristiques utilisées pour émerger sont nombreuses et
les situations disparates : GERKEN & STERNBERG (1999) signalent
différentes situations : toujours près de l'eau à 1 à 4 cm sur du choin
Schoenus sp., a quelques décimètres de la surface de l'eau en

Allemagne, et approximativement à 50 cm dans le Sud de la France.

Le mâle adulte utilise la végétation pour se poser et surveiller les
mouvements des femelles. Aucun élément n'est disponible sur les

caractéristiques et l'importance de ces perchoirs.

Lors de la ponte, les œufs sont insérés dans les tiges d'hydrophytes
sous le niveau de l'eau (DOMMANGET, 1999). L'espèce reste donc
plutôt opportuniste mais sa préférence va a des plantes aux tissus
mous, où l'insertion des œufs est plus facile, et à ceux dont les
tiges vont résister à l'hiver, et offrir ainsi un abri pour les œufs en
cas d'assèchement (DODELIN, 2005 ; DELIRY, 2004). Plus d'une
vingtaine d'espèces ont été recensées et les plus citées sont : Apium
nodiflorum, Veronica beccabunga, Berula erecta, Nasturtium officinale,
Mentha aquatica, Myosotis scorpioides... (THOMPSON et al., 2003,
HEIDEMANN H. & SEIDENBUSCH R., 2002) ;

page 46

Statut de |‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardié

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

3) Le biotope

Des informations sont disponibles sur les conditions recherchées,
notamment hydrologiques. En Grande-Bretagne, les imagos sont
présents sur des sites où la vitesse du courant est comprise entre 7,5
et 20 cm/s alors que dans les habitats larvaires, elle oscille entre 2 et
15 cm/s. En Allemagne, des valeurs proches ont été constatées avec
une médiane de 10 cm/s et un maximum de 35 cm/s, avec une teneur
en oxygène comprise entre 2,5 et 3 mg/l.. En Angleterre, les valeurs
des pH relevées sur les sites fréquentés ont une amplitude large
de 6,6 a 8,5. Quant à la conductivité, elle se situe dans des valeurs
basses, comprises entre 150 pS/cm/s et 550 pS/cm/s dans des eaux
très calcaires. Pour ce qui est de la composition chimique des eaux
fréquentées par l'espèce, toujours outre Manche, les concentrations
en Phosphates sont généralement inférieures à 0,025 mg/I avec
parfois ponctuellement des niveaux bien supérieurs (0,2 mg/I). Quant
à la teneur en oxygène, elle est généralement assez importante :
9,8 mg/I en Grande-Bretagne, 2,5 a 30 mg/I en Allemagne Dans ce
dernier pays, un courant d'eau permanent, la proximité de sources
ou de nappes phréatiques sont des facteurs importants de l'habitat
de l'espèce, tout comme un courant régulier sur les bas-fonds des
rivières et la présence de sources qui garantissent le maintien d'une
température plus haute que la moyenne en hiver (4 à 10 °C) et sans
trop d'écart au cours de l'année. Cette présence de sources permet
d'éviter la prise en glace et l'assèchement. Les eaux courantes en
zone crayeuse présentent généralement ces caractéristiques car la
craie est un bon tampon hydrogéologique, réduisant les variations de
niveaux et de températures. Enfin, la ponte a lieu dans des zones
où le courant est faible (0 à 5 cm/s), au moins inférieur à 2,9 cm/s
(THOMPSON & al., 2003).

4) En résumé

L'espèce recherche, d'après THOMPSON & al. (2003), une zone
dont la pente est inférieure à 10 %, une eau provenant de sources
issues de grès, de roche calcaire ou d'argile, un substrat inorganique
recouvert de tourbe ou de vase organique sur une faible épaisseur,
un cours d'eau peu profond et étroit sur des zones de lande ou dans
un système de rivière sur craie, un courant d'eau permanent mais
modéré à proximité d'une source ou d'une nappe, une zone éloignée
de cultures intensives, un cours d'eau ouvert et ensoleillé entretenu
par le pâturage, la fauche, la coupe des arbustes ou le faucardage,
une surface importante a moyenne d'hydrophytes et d'hélophytes
(de taille moyenne à petite), la présence d'hydrophytes vivaces, une
eau distrophe à oligrotrophe, non polluée et a forte concentration en

oxygène dissous.

Plus précisément, les conditions recherchées par l'espèce dans un
système de cours d'eau sur craie comme en Picardie ont été précisées
par THOMPSON & al. (2003) et complétées par ROUQUETTE & al.
(2005) : tronçon ouvert, non ombragé, de fossé au centre duquel le
courant est faible à modéré (7,5 à 20 cm s-1), plus faible sur ses
bords qui sont peu profonds. Ces derniers présentent une large frange

d'hydrophytes et d'hélophytes tels de G/yceria maxima, Mentha

aquatica, Rorippa nast-aquaticum, Ranuncu/us spp. et Veronica spp..
Au-dela de cette frange, sur les rives du cours d'eau sont présentes des
plantes de taille moyenne en touffe ou émergeantes. Les conditions
sont mésotrophiques, comme en témoigne l'absence d'amas d'algues,
de film de bactéries ou de plantes supérieures envahissantes comme
Phalaris arundinacea, Solidago canadensis, Filippendula u/maria et
Rubus spp.. Le fond du cours d'eau peut être constitué de tourbe ou
d'autre substrat organique. De façon secondaire, de petites zones
de buissons ou d'arbres bas a moins de 20 mètres du cours d'eau

peuvent être présents.

Page 47

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Ill. Cycles et caractères biologiques

1) Les larves

Les larves sont plutôt sténothermes, ainsi la présence d'une
température constante de l'eau est donc indispensable a leur
développement. Elles se nourrissent de zooplancton, de jeunes
larves et autres micro-invertébrés qu'elles capturent en chassant
à l'affût (DOMMANGET, 1999). Il s'agit notamment de larves de
Chironomidae, de Simuliididae, d'Ephémèroptères, Gamaridae... Les
larves sembleraient fortement opportunistes selon les ressources du
milieu (BOUSFIELD, 2003 in DODELIN, 2005).

Elles ont un cycle de développement qui se déroulera sur 2 années
(espèce semi-voltine). Elles passent donc un premier hiver avant de
poursuivre leur croissance durant l'été, et se métamorphosent après
un second hiver (GOFFART, 1995 ; DOMMANGET, 1999). Toutefois,
en Allemagne, un cas de développement sur une année a été noté,
certainement lié à une augmentation de la température. THOMPSON
& AI. (2003) considère que l'espèce s‘adapterait en fonction des

conditions du milieu : productivité et température de l'eau.

La larve stopperait son développement au cours de l'automne.

2) L'émergence

Les dates d'émergence des imagos varient en fonction de l'altitude
et de la latitude de la mi-mai à fin juillet avec de petites variations
liées à la météorologie locale selon les années (THOMPSON & al.,
2003 ; ANONYME, 2003). Dans les régions voisines de la Picardie,
les créneaux suivants ont été enregistrés. En Haute-Normandie, les
imagos sont présents de la fin mai à la mi-juillet (DODELIN, 2005). En
Champagne Ardenne, les dates extrêmes d'observation sont le 10 mai
et deuxième quinzaine de septembre avec un maximum à la mi-juillet
(COPPA, 1990 ; TERNOIS, 2005). En Belgique, il est noté de début
mai à la mi-août (GOFFART, 1995).

Les imagos émergent, le matin en position droite en quittant l'eau en
montant sur de la végétation émergée ou en progressant sur le sol et
ainsi utiliser une tige située au-dessus de la terre ferme (HEIDEMANN
H. & SEIDENBUSCH R., 2002).

Les variations dans la croissance de la larve et son caractère semi-
voltin font que les émergences des imagos ne sont pas synchrones.
Ainsi, deux générations de larves pourraient se faire concurrence.
Cette dernière serait réduite voire absente du fait de la fréquentation
d'habitats différents par ces deux classes d'âge de larves (THOMSON
& al. (2003)).

3) L’imago

- la maturation

Après l'émergence, les imagos vont connaître une période de
maturation sexuelle au cours de laquelle le mâle acquerra sa couleur.
Elle se déroule à proximité du lieu d'émergence (prairies, chemin...)
et sa durée, fonction de la météorologie, est de l'ordre de la dizaine
de jours (DOMMANGET, 1999), entre 5 et 8 en Grande Bretagne
(THOMPSON D.J., PURSE B.V. & ROQUETTE J.R., 2003).

- la reproduction

Suite à la période de maturation, les imagos rejoignent le milieu
aquatique pour s'accoupler. Le mâle visite le site de reproduction
tous les jours durant sa vie alors que la femelle ne s'en approche que
lorsqu'elle porte des œufs.

Le mâle parcourt la zone et se perche souvent pour repérer les
femelles. Il ne défend pas de territoire mais semble cantonné a un
site. Le mâle tente de saisir toute femelle qui passe sur « sa » zone
pour copuler. Une fois accroché, le couple passe en moyenne 70
minutes ensemble accrochés dont 23 à copuler et 30 a chercher un
site favorable pour la ponte puis à pondre. La ponte consiste à insérer
chaque œuf dans une tige de plante. Dans la majorité des cas, le mâle
reste avec la femelle durant la ponte. Un couple peut pondre dans
différentes tiges et pieds de plante. Les œufs mettraient en Grande-
Bretagne 3 à 4 semaines pour éclore (THOMSON & al. (2003)).

- l'alimentation
Peu d'informations sont disponibles sur le régime alimentaire des
adultes. Ils se nourrissent de petits insectes volants. A l'instar de ce
qui a été constaté chez d'autres espèces, les femelles doublent leur
poids à l'émergence pour leur première ponte. Elles doivent pour cela
disposer d'habitats riches en proies (THOMSON & al. (2003)).

page 48

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardié

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

IV. Dynamique des populations

1) Etat des populations

L'importance des populations est difficile à estimer. Les principaux
travaux publiés se sont appuyés sur le comptage des imagos. Les
données ainsi obtenues doivent être analysées avec beaucoup
de prudence. En effet, la comparaison de comptages réguliers
et le nombre d'individus marqués sur un même site permettent à
THOMSON & al. (2003) d'estimer que la population annuelle serait au
moins 10 fois supérieure au maximum compté sur la base d'une série

de comptages réguliers.

2) Dispersion, génétique des populations et impact de la

fragmentation des habitats

Ces aspects sont particulièrement étudiés sur les populations anglaises
par l'Université de Liverpool et ont fait l'objet de plusieurs travaux
publiés. Ces populations sont éclatées et en limite d'aire de répartition
donc dans la même situation que celles de la région Picardie. Aussi,
les éléments de connaissances accumulés outre Manche pourraient
être pris en compte, en particulier pour déterminer les mesures de

conservation adaptées aux populations picardes.

- la majorité des individus se dispersent sur une faible distance :
en Grande Bretagne, 20 à 47 % se dispersent à moins de 25 mètres
avec des déplacements enregistrés maximum de 0,8 à 2,7 km. 1,3 à
11,4 % des individus se déplacent entre deux îlots de population. Pour
comparaison, en Allemagne, 96 % des individus vont à moins de 25
mètres, avec des distances maximales parcourues de 0,6 km, à 3 km.
La localisation des zones d'habitats favorables influence positivement
les déplacements. Ainsi, les espaces où les habitats favorables sont
présents en continu sont propices aux déplacements et une grande
majorité des individus opèrent des déplacements a l'intérieur de ces
continuums d'habitats favorables. Les voies de chemin de fer et les
autoroutes ne semblent pas constituer une barrière aux déplacements,
en particulier si elles sont traversées par des cours d'eau jalonnés de
ponts. Ce n'est pas le cas des zones urbanisées, et de celles sans

végétation (vasières...), embroussaillées et cultivées.

- sur le plan génétique, la faible capacité de dispersion influence la
diversité génétique des individus. Ainsi, les individus d'un même site
ont un génome différent, même si la population principale se trouve
à moins de 10 km et, sauf lorsqu'ils vivent sur des ensembles d'îlot
d'habitats favorables présents en continu. Le niveau de parenté est
donc plus important entre individus vivant à proximité (a moins de 0,8 à
1 km), entraînant un cloisonnement génétique de la population à petite
échelle. Il semble que la distance et la fragmentation des habitats aient
le même impact sur la génétique des populations.

Les mouvements peuvent limiter les variations génétiques dans une
matrice de sites favorables de 3 a 4 km dans la mesure où les îlots
d'habitats favorables sont éloignés les uns des autres de moins de 2 km
et sans obstacles entre eux. La fragmentation des habitats n'explique

pas à elle seule l'appauvrissement génétique d'une population. En

effet, sa taille influe également sur ce phénomène.

Le cycle de l'espèce sur deux ans fait que toutes cohortes pourraient
être génétiquement isolées. Or, la différence génétique entre deux
générations est inférieure a celle constatée en deux sites. Aussi, il se
pourrait que des larves décalent leur émergence d'une année et se

reproduisent ainsi avec une autre génération (PURSE et al., 2003).

3) Mortalité

La durée de vie d'un imago est courte : 5 a 6 jours.

En Grande-Bretagne, la mortalité a été étudiée au cours de différents
stades du cycle :

- 14 % au moment à l'éclosion, mais très variable ;

- autour de 5 % a l'émergence (faible comparé à d'autres espèces) ;

- importante durant la maturation (seulement 4,8 % des individus sont
recapturés après la période de maturation) ;

- faible durant la période imaginale : le taux de survie quotidien est de
0,8 et 0,9 respectivement pour mâle et femelle.

C'est certainement au stade larvaire que la mortalité est la plus
importante, mais elle est difficile à évaluer (THOMSON & al. (2003)).

4) Concurrents et prédateurs

Les concurrents des larves de Cœnagrion mercuriale sont l'ensemble
des autres petits prédateurs présents dans les habitats fréquentés,
en particulier d'autres odonates, notamment Calopteryx splendens,
Pyrrhosoma nymphula, Ishnura elegans, Cordulegaster boltoni...
Concernant ses prédateurs à l'état adulte, les données manquent
et quelques espèces sont des prédateurs potentiels : Cordulegaster
boltoni... La mortalité au moment de l'émergence est principalement
due à la prédation, surtout des araignées. Ces dernières et les gerris
Gerris Iacustris ont perturbé 5 % des ovipositions en capturant les
pondeuses. Le Lézard vivipare Lacerta viviparus et le Tarier pâtre
Saxicola torquata ont été vus capturant des adultes. Certains ont été
trouvés dans des Droséras Drosera sp. (THOMSON & al. (2003).Aceux-
la s'ajoute des parasites, pouvant s'attaquer aux pontes (Cecidomyies
et Drosophiles) ou directement aux adultes (ex. protozoaires de la
classe des Grégarines) (AGUILAR J., DOMMANGET J.L. (1998)).

P389 49

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

5) Les menaces anthropiques

Plusieurs facteurs sont connus pour avoir un impact sur les populations
de ce Cœnagrionidé (ANONYME (2003), THOMPSON & al. (2003),
BOUDOT(2005) ...) :

- la perte d'habitats :

progressivement à un point tel qu'il devient inutilisable par l'espèce.

l'habitat est modifié ponctuellement ou

Les actions humaines connues pour entraîner ce type de conséquence
sont les suivantes :

- évolution des pratiques agricoles par mise en culture intensive
(maïs qui peut être irrigué) et d'une façon globale l'intensification des
pratiques agricoles autour des stations ;

- abandon des environs immédiats et des rives des cours d'eau qui
entraîne un embroussaillement et un boisement ombrageant le cours
d'eau. Il est souvent la conséquence de l'abandon du pâturage par les
équins et bovins qui contribuent au maintien de l'ouverture du milieu
et à la structuration de la végétation des abords des cours d'eau,
mais aussi de la gestion douce des cours d'eau (coupe des arbres et
arbustes...) ;

- boisement volontaire des environs des sites (populiculture...) ;

- redressement des cours d'eau (approfondissement, destruction
de la végétation...);

- gestion drastique des cours d'eau, notamment les faucardages
et les curages réalisés en période de vol de l'espèce ou touchant
l'ensemble du linéaire occupé par cette dernière ;

- baisse du niveau d'eau et assèchement (temporaire ou
permanent) des cours d'eau suite au pompage rendu nécessaire pour
l'irrigation ou du fait de la gestion dans une perspective d'irrigation ou
bien encore de l'exploitation des nappes phréatiques ;

- pollution des eaux par des rejets réguliers ou ponctuels de
produits chimiques ou par la présence régulière de nutriments (nitrates,
phosphates) provenant de l'agriculture et des zones urbanisées qui
conduisent à l'eutrophisation des eaux dont la principale conséquence
est la présence d'amas d'algues filamenteuses

- drainage des zones humides.

Enfin, l'évolution du climat avec un réchauffement global provoquant
l'augmentation de la fréquence des périodes de sécheresse et
l'allongement des étés secs devrait contribuer à assécher certaines
zones humides les rendant inhospitalières pour le Cœnagrion

meruriale.

- la fragmentation des habitats: Elle est induite par la perte d'habitat
qui isole des groupes d'individus. Ce phénomène pourrait avoir des
effets à moyen terme par son impact sur la génétique des populations
en particulier si elle touche des populations à faible effectif (induite par
la première). Un appauvrissement du patrimoine génétique aurait pour
effet de rendre plus vulnérable la population à de petites variations de

son environnement.

Les facteurs importants pour le maintien de l'espèce semblent être :
- la qualité de l'eau : eau calcaire bien oxygénée oligotrophe à
dystrophe, facteur très important pour les larves dont le temps de
développement est assez long,

- l'hydrographie : courant lent mais permanent, proche de la source,
- la végétation : recouvrement moyen a important par des petits
hélophytes, présents toute l'année, présence de buissons à proximité
des zones de reproduction pour le refuge des adultes, végétation des
berges assez dense,

- l'environnement : constitué de différents milieux, en grande partie

de prairies.

De ces éléments généraux, il ressort que l'Agrion de Mercure est dans
une situation précaire, quasi menacé à l'échelon mondiale et inscrit sur
les listes d'espèces menacées à tous les échelons. En Picardie, il est
plutôt localisé dans 3 ensembles de noyaux d'individus éloignés les
uns des autres, au sein desquels, les stations sont souvent distantes
et très certainement isolées. Cette situation justifie qu'il fasse l'objet de

mesures de conservation urgentes

page 5o

Statut de l'œdicnemé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Bibliographie

-AGUILAR J., DOMMANGET J.L. 1998 — Guide des libellules d‘Europe
et d‘Afrique du Nord — Delachaux et Niestlé — 463p.

- ANONYME, 2003 — Cœnagrion mercuriale, |‘Agrion de Mercure in
Cahiers d’habitat Natura 2000, Connaissance et gestion des habitats
et des espèces d’intérèt communautaire, Tome 7. La Documentation

française, Paris. 353 p.

- ASKEW, R.-R. 2004. The Dragonflies of Europe. Harley Books,
Colchester, England. 308 p.

- PURSE B. V., HOPKINS G. W., DAY K. J. and THOMPSON D. J.
(2003)Dipsersa| characteristic and management of a rare damselfly.
Journal of Applied Ecology 40, 716-728.

- BOUDOT, J.-P. 2005. Cœnagrion mercuriale. In IUCN 2006. 2006

IUCN red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org.

- BOURNERIAS, M ., ARNAL G., BOCK C. (2001) Guidé des

Groupements végétaux de la région parisienne. Belin, Paris. 639 p.

- CALOIN F. TERRASSE G. 2003 — Ecologie de |‘Agrion de Mercure
Cœnagrion mercuriale dans le Pas-de-Calais — Groupe Ornithologique

et Naturaliste du Nord-Pas-de-Calais. 237p.

- CERCION 2005 — le BAL du CERCION Avril 2005 n° 1- 136p.

- COPPA G. 1990 - Eléments cartographiques et écologiques sur
les Odonates de Champagne-Ardennes. - Publ. Sc. du Pavillon St
Charles, Troyes, AGURNA : 92+11 pp., 64 cartes, 116 graphiques, 16
tableaux, 5 croquis. - Analyse in Martinia, 6(3) : 73-74.

- COPPA G. 1990 - Eléments cartographiques et écologiques sur
les Odonates de Champagne-Ardennes. - Publ. Sc. du Pavillon St
Charles, Troyes, AGURNA : 92+11 pp., 64 cartes, 116 graphiques, 16
tableaux, 5 croquis. - Analyse in Martinia, 6(3) : 73-74.

- COPPAG. 1992 b. Espèces peu courantes en Champagne-Ardennes
: année 1991.- Martinia, 8 (3) : 61-64.

- DELIRY, C. (2004) Coenagrion mercuriale. [en ligne]. http://cyrille.

deliry.free.fr/coemereu.htm

- DOMMANGET J.L. 1999 — Etudes scientifiques fondamentales et

appliquées sur les libellules. Société Française d‘Odonatologie.

- DOMMANGET J.L. 2004 — Répercussions d’un curage de la Guesle
sur les populations de Cœnagrion mercuriale (Charpentier, 1825) en
forêt de Rambouillet - Martinia 20 (1) : 24.

- DOMMANGET J.L. 2005 — Une population de Cœnagrion mercuriale
(Charpentier, 1840) à proximité de Saint-Affrique (Département de

|‘Aveyron) (Odonata, Zygoptera, Cœnagrionidae) . — Martinia 21 (2)
:69-76.

- FATON J.M. & DELIRY C. 2004 - Surveillance de la population de
Cœnagrion mercuriale (Charpentier, 1840) dans la Réserve naturelle

nationale de Ramières du Val de Drôme (Odonata, Zygoptera,
Cœnagrionidae). - Martinia, 20(4) : 163-179.

- GERKEN B & STERNBERGK. (1999) Die Exuvién Europäischér

Libellen. Huxaria Druckerei GmbH, Hoxter, Allemagne. 354 p.

- HEIDEMANN H. & SEIDENBUSCH R. (2002) Larves et exuvies des
Libellules de France et d’Allemagne. SFO, 416 pages.

- GOFFART P. 1995 - Situation actuelle de |‘Agrion de Mercure
(Cœnagrion mercuriale) en Wallonie et propositions de mesures visant

sa conservation — Gomphus, 11 (2) : 27-40.

- GOFFART P., TESTAERT D. et PAQUAY M. 2004 — Actualisation
du statut de |‘Agrion de Mercure (Cœnagrion mercuriale) dans la

plaine du Focant (Belgique).
SURWAL/c_mercuriale01.html

sibw/espèces/ecologie/libellules/ISB

- MALE-MALHERBE E., CAUPENNE M. 2001 - Le point sur six
Odonates remarquables de Brenne (département de |‘lndre) - Martinia
17 (3). Pages: 111 à 114.

- MAURIN H. (Coord.) 1994 Inventaire de la faune menacée de
France. Nathan, Paris. 176 p.

- MEURGEY F. 2005 — Impact de la fréquentation dans un parc urbain
sur une population de Cœnagrion mercuriale (Charpentier, 1840)
(Département de la Loire-Atlantique) — Martinia, 21 (1) : 16.

- ROUQUETTE, J.R. &THOMPSON, D.J. (2005). Habitat associations
of the endangered damselfly, Cœnagrion mercuriale, in a water

meadow ditch system in southern England. Biological Conservation
123, 225-235.

- TERNOIS V. 2005 — L’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale
(Charpentier, 1840) : Synthèse de trois années d’observations dans
le Nord-est aubois et la frange haut-marnaise limitrophe (Odonata,
Zygoptera, Cœnagrionidae) — CPIE du Pays de Soulaines — Naturale,
Mai 2005, N° 0 : 47-53

- THOMPSON, D.J., PURSE, B.V. & ROQUETTE, J.R. (2003).

Monitoring the Southern Damselfly, Cœnagrion mercuriale.
Conserving Natura 2000 Rivers Monitoring Series No. 8, English

Nature, Peterborough.
- THOMPSON, D.J., PURSE, B.V. & ROQUETTE, J.R. (2003). Ecology

of the Southern Damselfly, Cœnagrion mercuriale. Conserving Natura

2000 Rivers Monitoring Series No. 8, English Nature, Peterborough.

page 51

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- VOTAT P.P., 1993. Les Odonates de nord-est de la Mayenne, du
sud-ouest de I’Orne et du nord-ouest de la Sarthe (suite). Notes sur

quelques espèces remarquables ou rares. — Martinia, 9 (2) : 35-41.

-WATTS, P. C., ROUQUETTE, J. R., SACCHERI I.J., KEMP S. J. and
THOMPSON D. J. (2004) Molecular and ecological evidence for small-
scale isolation by distance in an endangered damselfly, Cœnagrion

mercuriale. Molecular Ecology 13, 2091-2945.

- WATTS, P. C., KEMP S. J., SACCHERI l.J. and THOMPSON D. J.
(2005) Conservation implications of genetic variation between spatially
and temporally distinct colonies of endangered damselfly, Cœnagrion

mercuriale. Ecological Entomology 30, 541-547.

- WATTS, P. C., KEMP S. J., SACCHERI l.J. and THOMPSON D. J.
(2006) Population structure and the impact of regional and local habitat
isolation upon levels of genetic diversity of the endangered damselfly,

Cœnagrion mercuriale (Odonata : zygoptera). Freshwater Biology 51,
193-205.

- WENDLER A., NÛB J.H. 1994 — Guide d'identification des libellules
de France, d’Europe septentrionale et centrale — Société française

d‘odonatologie — 129p.

Remerciements

Nous tenons à remercier:
- Jean-François DELASALLE pour la relecture d’un premierjet,
- Françoise DELCOURT et Sébastien MAILLIER pour leurs ultimes

corrections et remarques

Photo : La rivière Theve à Mortefontaine (60)

page 52

Éléments de connaissances préliminaires pour |a conservation des populations de |‘Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- CONSERVATION ET SUIVI DE L’AGR|ON DE MERCURE
CŒNAGRION MERCURIALE EN PICARDIE : ÉTAT DES STATIONS
CONNUES, PRESCRIPTIONS POUR LEUR CONSERVATION ET
LE SUIVI DE L’ESPÈCE

Sébastièn LEGRIS & Laurènt GAVORY

Introduction

En complément des éléments relevés sur les populations, l'écologie et
l'éthologie de l'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale (GAVORY &
LEGRIS, 2009 a, LEGRIS & GAVORY, 2009 b) et dans la perspective
de proposer des mesures de conservation adaptées, la détermination
des facteurs susceptibles de porter atteinte a l'espèce s'est avérée
nécessaire. Nous proposons de l'assurer à l'échelle de chaque
station dans une optique opérationnelle pour déterminer un niveau de
menace et d'urgence a intervenir pour chaque station et pour identifier
les facteurs menaçants. Il s'agit ainsi de disposer de l'information
nécessaire à l'élaboration de propositions d'actions pour remédier aux
situations défavorables. Elles seront hiérarchisées dans le temps en

terme d'urgence.

La principale difficulté de l'exercice est d'évaluer l'impact potentiel
d'un facteur sur les populations de l'espèce. L'impact de certain est
apparu évident (suppression du ruisseau ...) contrairement à d'autres
(surpâturage d'une partie des berges...). Aussi, il nous a fallu dans un
premier temps arrêter le cadre pour déterminer la liste des facteurs
menaçants puis les modalités de leur relevé sur le terrain. Enfin ils ont

fait l'objet d'un relevé par station.

Ces facteurs font l'objet d'une présentation globale, comprenant une
description puis un bilan par station, visant a aboutir à des prescriptions
pertinentes. En complément, nous avons déterminé les modalités d'un

suivi des populations de l'Agrion de Mercure en Picardie.

l. Méthodologie et démarches

1) Les facteurs menaçants

- Détermination
Dans le cadre de cette étude, ont été jugés comme menaçants
les facteurs anthropiques ou naturels susceptibles d'entraîner la
disparition d'un noyau d'individus à brève échéance (soit au maximum
à 10 ans). Ils sont susceptibles de tuer directement ou indirectement
les individus (imagos mais surtout larves) ou de porter atteinte au
milieu utilisé par l'espèce c'est-à-dire le modifier assez rapidement de

façon à ce qu'il devienne inhospitalier.

Nous avons distingué deux catégories de facteurs menaçants :

- les facteurs (avérés) qualifiés de « menaçant » c'est-à-dire ceux
qui sont connus pour avoir un impact certain sur les populations,
notamment en entraînant la disparition des individus a brève échéance.
- les facteurs susceptibles (avec un niveau de certitude limité)

d'entraîner la disparition des individus à brève échéance, appelés «

potentiellement menaçants >>.

La détermination des facteurs de menace et l'évaluation de leur impact
potentiel se sont appuyées :

- sur une connaissance préalable de l'impact de certains facteurs qui
avait été constaté dans le cadre d'autres études publiées et que nous
avons synthétisées (GAVORY & LEGRIS, 2009a) ;

- sur une connaissance des éléments du milieu estimés indispensables
à l'espèce et dont la destruction ou l'altération rendraient le site
défavorable. Elle découle d'une part, de notre étude sur l'habitat de
l'espèce en région (LEGRIS & GAVORY, 2009 b) et, d'autre part, de

diverses études publiées.

- Relevé d'informations et description des facteurs

Sur le terrain, les facteurs répondant aux critères définis précédemment
ont été relevés et décrits de façon détaillée. Pour cela, l'opérateur
s'est appuyé sur la liste des facteurs menaçants connus évoquée
précédemment et celle des paramètres de l'habitat indispensables à
l'espèce. La connaissance de ces derniers s'est étoffée au fil de la
conduite des relevés sur les caractéristiques de l'habitat de l'espèce
réalisés de façon concomitantes. Cette évolution en cours d'étude
a certainement eu peu d'impact sur l'analyse de la situation car la
description des stations a été réalisée de façon assez complète, et des
photos de chaque station ont été prises ce qui a permis de compléter
les relevés de terrain.

Ces derniers ont été réalisés à la vue au niveau de la station mais

aussi dans un périmètre de 100 mètres autour d'elle.

2) Détermination du niveau de menace pesant sur chaque station

Pour chaque station est déterminé un niveau de menace au sein d'une
grille à 3 échelons. Cette détermination s'appuie sur la synthèse des
différentes informations collectées et le respect du cadre suivant :

- station non menacée : risque faible à nul de voir disparaître la
population présente car constat de la présence d'au maximum 2
facteurs potentiellement menaçants,

- station menacée : risque important de voir disparaître la population
à échéance (10 ans) car constat d'au moins un facteur menaçant ou
d'au moins 3 facteurs potentiellement menaçants,

- station très menacée : risque important de voir disparaître la
population à très brève échéance (5ans) car constat d'au moins 2

facteurs menaçants.

Page 53

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

3) Détermination du niveau de conservation de chaque station

Il a été déterminé au sein d'une échelle à trois niveaux :
- nul: sans conservation : aucune mesure n'est prise ;
- moyen conservation partielle c'est-à-dire mesure de gestion
conservatoire possible/effective sur le site (Zone Natura 2000, site
du Conservatoire des Sites Naturels de Picardie...), ou mesure de
protection réglementaire du site et/ou du milieu ;

- fort : mesures de gestion conservatoire et protection réglementaire

s'appliquent sur la station.

4) Détermination du niveau d'urgence d’intervention par station

Elle s'est appuyée pour chaque station sur les niveaux de menace et
de conservation qui ont été confrontés pour être classés dans une des
3 catégories :

- Très prioritaire : le site doit faire l'objet de mesures dans les 2 ou
3 prochaines années, passant par un diagnostic plus approfondi et la
détermination des mesures qu'il aura rendues nécessaires

- Moyennement prioritaire : la station doit faire l'objet d'un suivi
régulier d'au minimum un passage tous les deux ans et être intégrée
dans les processus de protection de la biodiversité sauvage, au
minimum dans une Zone de Conservation Spéciale

- Peu prioritaire : la station doit faire l'objet d'un suivi moins régulier
et être dans la mesure du possible au minimum dans une Zone de

Conservation Spéciale

En fait, à chacun des trois statuts de menace correspond un niveau

de priorité de base non menacée, peu prioritaire ; menacée,

moyennement prioritaire, très menacée, très prioritaire. Ce niveau de
base est ensuite pondéré par le niveau de conservation de la station
d'une façon très simple. Si la station est très menacée et que son niveau
de conservation est moyen, elle devient moyennement prioritaire,
s'il est fort, elle est peu prioritaire. Si la station est menacée et que
son niveau de conservation est moyen, elle devient moyennement
prioritaire, s'il est fort, elle est peu prioritaire. Enfin, si la station n'est

pas menacée, elle est automatiquement peu prioritaire.

5) Limites du travail réalisé

La détermination des facteurs s'est faite à la vue. Ainsi, ceux ayant un
effet invisible n'ont pu être détectés : pollution de l'eau, par exemple.
De plus, ils ont été relevés à l'échelle de la station à un moment donné.
Or, certains facteurs ont une origine qui se situe au-delà de la station,
soit géographiquement (facteurs liés à l'évolution de la qualité de l'eau
(par exemple, point de rejets d'eau pollués, zone de culture intensive
traitée...), à la gestion hydraulique (seuil...), à la gestion du bassin
versant (évolution de l'occupation du sol...)...), soit temporellement
(document d'urbanisme, projets divers... ) qui auront des effets à

échéance de moins de 10 ans.

Il. Etat, niveaux de menaces et de conservation des stations, état

des priorités d’intervention

1) Etat des recherches conduites

26 relevés ont été réalisés répartis ainsi voir carte 1.

"En j Jwfiruæ‘

2 x

_ -.-»"'\"’"'"\._ ,- u-cx

"a J‘"'\"'«n
H a —»_ “Wëfix;

Ï
_ ïLÊw/‘UW f?

i" _;,
..,«"*::;l”«s««eeirww

Ik, M- F“

 f. .

Ü

rr‘.

r"

ËËE

J'F‘v

Carte 1 : Localisation des stations évaluées

Page 54

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

2) Description et origine des facteurs menaçants

Un total de 8 facteurs ont été déterminés sur le terrain et décrits ci-

après.

- Les facteurs menaçants

La pollution de I’eau est un facteur menaçant dans la mesure où
des rejets de polluants issus de station d'épuration et d'usine et des
pulvérisations de produits phytosanitaires ou autres atteignaient
directement ou par ruissellement le cours d’eau ou ses rives fréquentés

par des individus.

La fermeture de stations par la strate arborée et arbustive a été
constatée. Elle résulte du développement d'arbres et d'arbustes
dans des proportions telles que ces derniers risquent de la couvrir
complètement a brève échéance. Ce développement est induit par
trois dynamiques différentes : déprise par arrêt du pâturage ou de
la fauche, plantation de peupliers et absence d'entretien du cours
d'eau avec généralement une baisse de son niveau qui favorise le

développement des arbres et arbustes en rive.

La rectification du cours d’eau qui se fait au moyen d'opérations
de curage avec dépôt des sédiments en berge conduites à l'aide
d'engins mécaniques. Elles entraînent une destruction quasi complète
de la station : modification du substrat, suppression de la végétation
aquatique et rivulaire, modification de la topographie des berges.
L'intensité de leur impact est certainement conditionnée par la
longueur du cours d'eau traité, sa situation par rapport a la répartition

des individus présents et la période de l'année où elles sont réalisées.

- Les facteurs menaçants potentiels

L’urbanisation reste un facteur potentiel avec la construction toujours
possible de route et de leurs dépendances notamment sur les stations
très proches des zones déjà urbanisées. Une station concernée se
situait à proximité immédiate d'une zone où visiblement l'extension
des constructions paraissait fort probable : terrain de sport, zones
d'habitations, zone d'activité économique (industrielle, commerciale),

terrain en déprise à côté d'un secteur en cours de construction...

Certaines pollutions ont un effet qui reste potentiel car les
produits n'ont pas été rejetés directement sur la station. Il s'agit
d'épandage d‘herbicides dans le cadre de traitement d'un cours d'eau
situé en aval hydraulique immédiat de la station, connexion d'une
station à un émissaire de bassin de stockage d'eau d'autoroute,
accumulation de feuilles de peupliers venant de peupleraie proche du
cours d'eau, déversement d'eaux de ressuyage de chaussée, dépôt

ponctuel de gravats en rive du cours d’eau.

Les variations de niveau d’eau qui aboutissent a de faible niveau
d'eau sont défavorables à l'espèce. La faible profondeur des eaux
de certaines stations peut laisser craindre un assèchement qui est

pénalisant pour l'Agrion de Mercure.

La coupe des hélophytes situées en rive du cours d’eau durant
la période de vol des imagos a été constatée. Il s'agissait de fauche
mécanique de la végétation des rives dans le cadre de :

- l'entretien des parcs et jardins par des particuliers,

- la gestion des abords du cours d'eau par les communes pour faciliter
sa fréquentation par le public

- la maintenance des abords de route par fauche des bermes par les

services ou entreprises missionnés par le gestionnaire public.

La destruction ponctuelle de la rive a été notée par le dépôt de
gravats et la surfréquentation par des animaux d'élevage qui piétinent

la végétation de la rive voire grattent le sol 

L'altération de la végétation de la rive par une importante
fréquentation de la rive par des personnes ou des animaux d'élevage
peut entraîner un piétinement de la végétation qui la fait disparaître
ou la rend moins dense. De même, les animaux par leurs déjections
favorisent le développement de végétation nitrophile (orties...)

défavorable à l'espèce.

3) L'origine des facteurs effectivement et potentiellement

menaçants

En complément de la détermination des facteurs menaçants, nous
avons cherché à connaître les activités dont ils étaient la conséquence
ou le produit. Il s'agissait ainsi cerner les cibles des actions à mener

pour faire disparaître ces facteurs.

Les rejets d'eaux polluées sont induits par la gestion des eaux
polluées :

- des zones habitées qui incombent aux communes ou à leurs
délégataires ;

- des établissements industriels qui sont du ressort des exploitants ;

- issues du ressuyage de chaussée de la compétence de différents
opérateurs (communes, Etablissement Public de Coopération
Intercommunal, département, société d'autoroute)

- de maison particulière.

La construction des infrastructures routières est dans la plupart
des cas la conséquence des politiques publiques menées en
matière d'aménagement par divers maîtres d'ouvrage (communes,
Etablissement Public de Coopération Intercommunal, département,
Etat).

L'entretien des routes (fauche des bermes, traitement à l'herbicide aux
pieds des panneaux, des glissières, des bornes) est généralement
assuré par la structure publique qui a compétence. Elle peut être une

commune, un EPCI, le département, la société d'autoroute).

L'urbanisation est portée le plus souvent par des personnes privées
(particuliers, entreprises) mais aussi par des acteurs publics. Dans
tous les cas, selon l'importance du projet, il doit faire l'objet d'une

autorisation administrative de la part de la commune ou du Préfet.

P389 55

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

La populiculture, sous la forme plantation volontaire d'arbre est menée

par le ou les propriétaires ou son prestataire.

Les activités agricoles, notamment la mise en culture de prairies,
l'épandage de produits phytosanitaires, l'abandon du pâturage ou
des prairies de fauche (déprise), la charge excessive en bétail des
pâtures, l'abandon de la coupe des arbres et arbustes des rives 
sont les conséquences des stratégies de développement et des choix
techniques du ou des exploitants. Ils sont souvent conditionnés par des
politiques plus larges, en particulier, la Politique Agricole Commune.

La gestion des espaces publics : fauche des hélophytes en rive,
traitement des rives et abords immédiats du cours d'eau à l'herbicide,
abandon de l'entretien « doux >> des rives (coupe des arbres et

arbustes).

La gestion générale de l'espace, avec son corollaire l'abandon
de la gestion qui permet la reprise de la dynamique naturelle de la
végétation (embroussaillement), est de la compétence de son ou des

propriétaires du foncier.

Les dépôts sauvages de déchets et des eaux usées directement
dans le milieu sont la conséquence d'actes irresponsables et illégaux
(infraction au Code de l'environnement) qui devraient être poursuivis
par les différentes polices (Gendarmerie, Office National d'Etude des

Milieux Aquatiques).

La gestion des cours d'eau (parfois «sévère» : rectification du cours
et dépôt en rive des produits de curage, faucardage des hélophytes
et hydrophytes, régulation des niveaux d'eau dans les cours d'eau
conduisant à l'assèchement) est assurée par les ayant-droits qui
peuvent être regroupés en associations syndicales de propriétaires,

ainsi que par des structures publiques.

4) Répartition des facteurs de menace et niveau de menace

pesant sur chaque station

La situation de chaque station est détaillée en Annexe l sous la forme
d'un tableau et d'une façon globale, pour chacune des vallées, la

situation est la suivante :

En Vallée de la Bresle, le principal facteur, bien qu'il ait été uniquement
relevé sur 3 stations, semble être la pollution de l'eau, en raison du
nombre important d'habitations et d'usines le long du cours d'eau. De
plus, la fermeture des milieux par les ligneux et la populiculture menace
5 stations. Notons également que l'urbanisation, peut poser problème
sur certaines stations. Les autres menaces comme l'abandon de
terrain, l'entretien mécanique de la végétation, la forte fréquentation
du public, les opérations de curage et le passage d'axes routiers, ne
semblent pas mettre en péril les stations, mais seront cependant à
prendre en compte pour améliorer la qualité du milieu de Cœnagrion

mercuria/e.

Sur cette vallée, trois stations (27%) sont considérées comme
« très menacées >>, 5 comme peu menacées (45%) et 2 comme non

menacées (18%).

En Vallée de la Thèves, la fermeture du milieu par les arbres et
arbustes, constatée sur 9 stations (69%) est la principale menace. Elle
est suivie de la pollution de l'eau et de la rectification des cours d'eau
notées chacune sur 3 stations (23%). D'autres facteurs de menace
aux impacts plus limités que les précédents ont été notés : coupe des
hélophytes situées en rive du cours d'eau, destruction ponctuelle de la
rive, altération de la végétation de la rive....

Enfin, la profondeur faible de l'eau repérée au niveau des fossés de
drainage sur 6 stations (46%) est un facteur inquiétant car risquant lors
de saisons à faible pluviométrie d'entraîner un assèchement rapide

défavorable à l'espèce.

Sur cette vallée, 4 stations (31%) ont été désignées comme très
menacées, 6 comme peu menacées (46%) et 3 comme non menacées
(23%).

Les deux stations situées sur La Souche sont potentiellement
menacées par la pollution de l'eau car elles sont situées à proximité
de champs cultivés qui subissent des traitements phytosanitaires qui
peuvent atteindre directement ou, indirectement par ruissellement la
rivière. Cependant une bande enherbée implantée le long des berges
réduit le risque de contamination. A cela s'ajoute de possibles rejets
d'eaux usées d'origine industrielle et domestique des villes et villages
situés en amont. Dans ces conditions, les 2 stations présentes (31%)

ont été considérées comme peu menacées (46%).

5) Etat de Conservation des différentes stations

Un niveau de conservation a été déterminé pour chaque station en
fonction de 3 catégories: Bon, Moyen et Nul. Le tableau correspondant

à l'Annexe Il présente la situation pour chaque station.

Seules deux stations (8%) ont été considérées comme ayant un bon
niveau de conservation. Elles sont toutes deux situées en Vallée de la
Thève. La première se trouve sur la commune de Plailly à proximité
du Parc Astérix et sa gestion est assurée par le Conservatoire des
sites naturels de Picardie. La seconde, sur le territoire de Coye-la-
Forêt sur le site des « marais de la Troublerie >>bénéficie de mesures
de conservation de la part du Parc Naturel Régional « Oise Pays de

France ».

Au total, 20 stations (77%) présentent un niveau << moyen » de
conservation. Elles sont toutes situées sur la vallée de la Bresle et de
la Thève. Actuellement aucune mesure de gestion n'est engagée sur
ces stations, alors que nous avons considéré 9 d'entres elles comme
« très menacées >>. Enfin, 4 stations (15%) ont un niveau « nul >> de
conservation, alors qu'elles sont considérées comme « menacées » à

« très menacées ».

page 56

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

6) Niveau d'urgence à intervenir par station

Pour chaque station, le niveau d'urgence à intervenir a été déterminé
et figure dans |‘ANNEXE Il.

Ainsi, une seule station est très prioritaire, 11 sont moyennement

prioritaires et 13 sont peu prioritaires.

Ill. Propositions de mesures à prendre

Sur la base de la connaissance des menaces qui pèsent sur
l'espèce et les stations, des actions ont été définies. Elles l'ont été
en intégrant les dispositifs, démarches existantes (initiatives en cours,
réglementation...) et en les appliquant à l'échelle les plus adaptées,
souvent celles où se situent les possibilités d'initiatives et d'actions.

Ainsi, il s'agit d'être opérationnel.

1) Actions à l’échelle de la région et des vallées fréquentées

- Garantir les débits et la qualité de l'eau : il s'agit de mettre en oeuvre
une gestion des cours d'eau et de leur bassin versant qui garantisse
une bonne qualité de l'eau et le maintien des débits :

- définition et mise en oeuvre de Schéma d'Aménagement et de
Gestion des Eaux à l'échelle des bassins de La Souche, de la Thève et
de La Bresle qui intégrerait la présence du Cœnagrion de Mercure en
favorisant les actions visant à améliorer la qualité de l'eau (limitation
de l'épandage de produits phyto-sanitaires, plantation de haies,
installation de bandes enherbées le long des cours d'eau, contrôle de
diverses installations industrielles, arrêt de l'utilisation de phytocides

pour entretenir les fossés en communication avec les stations....).

- Garantir l'intégrité des sites et des habitats nécessaires à l'espèce :
l'objectif est de prendre les mesures qui empêcheront toute destruction
des stations connues :

- mise en protection des stations, de façon à rendre hors la loi la
destruction de l'habitat de l'espèce : prise d'arrêté préfectoral de
protection de biotope pour les sites qui ne sont pas déjà protégés,

- classer en Zone de Conservation Spéciale au titre de la Directive
CEE 92/43 relative aux habitats de la faune et de la flore sauvages, les
stations qui ne le sont pas et étendre les périmètres aux abords des
cours d'eau qui sont tout aussi importants,

- prendre en compte la présence de l'espèce dans le cadre des
Schéma de Cohérence et d'organisation Territorial (SCOT) puis dans
les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU) en rendant inconstructibles les
abords immédiats des cours d'eau, en localisant les zones d'activités
et urbanisées en aval hydraulique des stations,

- notifier aux propriétaires et ayant-droits la présence de l'espèce,

- intégrer l'ensemble des stations dans les zones de l'lnventaire des

Zones Naturelles d'intérêt Ecologique et Faunistique (ZNIEFF).

- Garantir la qualité des habitats nécessaires à l'espèce : ces mesures

concernent les cours d'eau avec ses rives mais aussi les environs

immédiats (50/100 mètres de l'eau) des stations :

- dans le cadre des Documents d'Objectifs Natura 2000 déterminé de
la Zone Spéciale de Conservation de la Bresle prévoir des actions qui
financeraient :

- le maintien des pâturages autour des stations connues
mais aussi dans les corridors

- l'entretien «doux» de la ripisylve

- sensibiliser les ayant-droits et gestionnaires de cours d'eau sur la
présence de l'espèce en leur présentant les actions (à leur portée)
favorables à l'espèce.
- Rétablir les corridors entre les populations : comme nous l'avons
précisé, à l'échelle des vallées, notamment de la Thève et de la Bresle,
les stations sont isolées créant des îlots de populations qui sont très

probablement isolés.

2) Actions globales de suivi scientifique de l’espèce et des

stations

- La mise en place d'un suivi scientifique de l'espèce, en réalisant :

- un suivi des stations connues sur la base d'un protocole restant
à définir, permettant d'évaluer l'état des populations dans le temps
comme dans l'espace. Ce suivi doit être focalisé sur les stationsjugées
très prioritaires, ou présentant des effectifs importants, (populations
sources ?), ou potentiellement fragiles (population isolée, faible
nombre d'individus). Il doit allerjusqu'à une évaluation des effectifs.

- une recherche de nouvelles stations, en particulier sur les secteurs
situés entre les populations connues, afin de mieux connaître les
possibilités d'échanges entre les stations semblant actuellement
isolées, et ainsi de mieux apprécier le problème de fragmentation des
habitats sur l'espèce.

- un approfondissement des connaissances sur l'écologie de l'espèce,
en s'intéressant à la recherche des larves et des exuvies, afin de
mieux définir les principales zones de reproduction. Les relevés
pourraient notamment concerner les stations semblant fréquentées de
manière secondaire par l'espèce (habitat de substitution : ex. mares
et étangs de Plailly), où sa reproduction semble douteuse en raison
du faible nombre d'individus et des conditions peu propices du milieu.
Une étude sur le taux de prédateurs présents dans les cours d'eau

pourrait également être menée.

- La mise en place d'un suivi de l'évolution et de la qualité de son
habitat :
- la réalisation d'analyses d'eau, en priorité sur les stations où des

menaces de pollution ou d'eutrophisation ont été relevées.

Ces analyses peuvent-être également menées sur les cours d'eau
autour des stations connues, où l'espèce est absente, afin de vérifier
ci cette absence ne serait pas liée à une mauvaise qualité de l'eau.
Parmi ces cours d'eau, ont peut citer la rivière Souche, en aval de
Barenton-sur-serre, et en amont de Froidmont-Cohartille, ainsi que la
rivière Thève en amont de Mortefontaine, et en aval de Coye-la-Forét,
le ru « la Batarde >> situé à l'ouest du « Bois de la Grande Mare »
à Plailly, et enfin la rivière Bresle entre Blangy-sur-Bresle et Saint-

Germain sur Bresle. Les analyses d'eau en plus de rechercher des

P385 57

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

traces de polluants, doivent prendre en compte d'autres paramètres
comme la conductivité, la température, le pH, et la teneur en oxygène
dissous, afin d'apporter des renseignements supplémentaires sur les

exigences de l'espèce par rapport à son habitat aquatique.

3) Action de gestion par station

Un certain nombre d'actions sont à entreprendre pour conserver ou
améliorer les stations.

Ces mesures peuvent être regroupées en 2 catégories :

- la réalisation de mesures de gestion : l'intérêt est d'améliorer les
caractéristiques des stations, afin de favoriser la présence de
Cœnagrion mercuriale. Elle nécessite tout d'abord, un travail en
collaboration avec les propriétaires des terrains (sur et autour de
la station), et ensuite la mise en oeuvre de travaux de gestion. Ces
mesures demandent des moyens financiers, matériels et humains

importants,

- la réalisation de mesures de conservation : le but est de préserver
les paramètres des stations et de leurs milieux périphériques, afin
de maintenir la présence de l'espèce. Elle suppose un important
travail en collaboration avec les différents acteurs, en particulier de

sensibilisation.

En annexe lll figure un détail par station des actions qui pourraient être

engagées de façon à assurer la conservation de l'espèce.

4) Des mesures de gestion de l'habitat

- La coupe des ligneux, dont l'objectif est de favoriser
l'ensoleillement de certaines stations, et d'améliorer la capacité
d'accueil de Cœnagrion mercuriale pour d'autres. Il s'agit surtout de
déboiser les rives qui ombragent le milieu (rives exposées au sud),
et aussi de chaque côté des stations, afin d'augmenter la surface
d'habitat ensoleillé. Il est cependant conseillé de laisser une partie des
linéaires de berges avec des buissons (2-5 mètres), afin de garder
l'effet coupe-vent, et d'abris contre les intempéries, appréciés par

l'espèce.

- Reconversion de peupleraie en roselière ou en prairie, sur les
stations concernées par cette menace, afin de favoriser l'ensoleillement
du milieu, et d'améliorer la qualité de l'eau et de la végétation. Cette
opération est à réaliser sur 3 stations, à Oust-Marest (80), Bouttencourt
(80), et Plailly (60). Aussi, les plantations systématiques en bordure

des cours d'eau sont à proscrire.

- Gérer les terrains abandonnés, afin d'améliorer l'environnement
immédiat des stations. Il peut s'agir notamment de reconvertir les
friches et mégaphorbiaies en prairie pâturée de façon extensive, ou en
prairie de fauche. Ce type de gestion peut faire l'objet d'un partenariat
avec un agriculteur. Les 2 stations concernées sont situées sur Oust-

Marest.

- Supprimer et interdire les dépôts en tout genre (déchets,
gravats...). Il s'agit d'exporter l'ensemble de ces dépôts hors des
stations, et d'empêcher leur renouvellement (ex. panneau d'interdiction,
surveillance). Cette opération doit être menée, notamment à Oust-
Marest pour retirer un tas de gravats, ainsi que sur Beauchamps, et
Mortefontaine pour enlever des détritus et empêcher l'existence de

décharges sauvages.

- Reprofilage des berges. L'objectif est d'adoucir la pente de
certaines berges devenues abruptes, en raison du régalage des
sédiments lors d'opération de curage. Les surplus de terre devront être
exportés hors des stations. Celles concernées par ce type d'opération
sont celles situées à Mortefontaine « Tour Rochefort >> et « prairie de

Charlemont >>.

- Réaliser des opérations ponctuelles de curage. L'intérêt est
de pouvoir recréer des milieux favorables à Cœnagrion mercuriale,
lorsque ceux-ci sont en voie de comblement, mais aussi d'augmenter
la lame d'eau de certaines stations menacées par l'assèchement. Il est
nécessaire que ce type d'opération soit réalisé de façon ponctuelle,
en alternance sur plusieurs années, afin de limiter une trop forte
destruction du milieu, risquant de mettre en danger le maintien
de l'espèce. Les stations pouvant faire l'objet de ces actions sont
Mortefontaine « la tour Rochefort », et Plailly « le Bois de la Grande

Mare ».

- Creuser de nouveaux fossés. Cette opération peutêtre envisagée
dans les prairies et autres environnements favorables à l'espèce, et de
préférence à proximité des stations connues, en s'assurant toutefois
de leur compatibilité avec d'autres enjeux (nappe phréatique peu

profonde, topographie intéressante, d'enjeux écologiques...)

- Mise en place de sources artésiennes dans les secteurs

favorables (Vallée de la Bresle ?)

- Entretien du milieu, tel que le dégagement des obstacles à
l'écoulement (ligneux obstruant le cours d'eau) (ex Mortefontaine « la
Tour Rochefort >>), ou encore le débroussaillement de certaines rives

colonisées par une végétation de type rudérale (ronces, orties...),

5) Des mesures de conservation

- Maintien des prairies pâturées et de fauche, afin de préserver un
milieu favorable à Cœnagrion mercuriale autour des stations. Il s'agit
de pouvoir dialoguer avec les agriculteurs, afin de les encourager
à continuer ce type d'activité, mais aussi pour les conseiller sur un
mode gestion du pâturage et de la fauche, respectueux des stations,
par exemple en limitant le nombre d’Unité Gros Bétail sur certaines
parcelles et à certains moments de l'année, en empêchant les animaux
de piétiner les stations (pose de clôtures), ou en évitant une fauche

trop près des stations.

- Proscrire l'entretien mécanique de la végétation rivulaire,

afin d'améliorer les conditions de certaines stations. Il s'agit ici de

page 58

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

sensibiliser les propriétaires privés, les agents communaux, et les
services des routes, afin de laisser une partie en végétation aux abords
des stations. Cœnagrion mercuriale s'aventure rarement au-delà des
premiers mètres de végétation bordant les cours d'eau, la proposition
de maintenir une bande de 1 ou 2m de végétation limiterait l'impact
de la fauche. Aussi, les travaux doivent être réalisés après le mois

de juillet, afin d'éviter la destruction des émergences, et des imagos.

- Limiter la fréquentation du public, en canalisant davantage les
promeneurs et en empêchant le passage de sentiers aux abords

immédiats des stations.

- Lutter contre l'urbanisation, en vérifiant la compatibilité des POS
(Plan d’Occupation des Sols) ou des PLU (Plan local d'Urbanisme),
avec la volonté de protéger les terrains autour et sur les stations,
notamment de façon à ce qu'ils soient classés dans la catégorie N

(zone naturelle et forestière).

- Intégrer de nouvelles stations dans le réseau «natura 2000»
comprenant le cours d'eau mais aussi ses abords immédiats. Pour
cela les stations situées en vallée de la Bresle doivent être prises en
compte dans la réalisation des documents d'objectifs. Et, d'autres
situées à proximité des zones « Natura 2000 » doivent intégrer le
réseau, il s'agit notamment du « ru Saint-Martin » à Coye-la-Forêt, et

de l'ensemble des stations de Plailly et Mortefontaine.

- Surveiller les niveaux d'eau, pour les stations à faible lame d'eau
situées en vallée de la Theve sur les communes de Mortefontaine et
Plailly, afin de mieux cerner les risques d'asséchement des milieux et

ses conséquences pour l'espèce.

Bibliographie

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009) Eléments préliminaires pour la
conservation des populations de l'Agrion de Mercure Cœnagrion

mercuriale en Picardie. Picardie Nature. 64p.

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009a) Statut de l'Agrion de Mercure
Cœnagrion mercuriale en Picardie : synthèse des données anciennes

et situation en 2005. Picardie Nature. p.6-28
- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009b) Eléments sur l'écologie

et l'éthologie de l'Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en

Picardie : description des stations et synthèse des connaissances

accumulées en 2005. Picardie Nature. p.29-43

Remerciements

Nous tenons à remercier :

- Jean-François DELASALLE pour la relecture d'un premierjet,

- Françoise DELCOURT et Sébastien MAILLIER pour leurs ultimes

corrections et remarques

Annexes

Annexe l : Facteurs menaçants et niveau de menace.

Annexe Il : Niveau de conservation et de protection.

Annexe lll : Mesures de gestion par station.

Page 59

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Cœnagrion mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe l

Stations

Station a
Station b
Station c
Station d
Station e

Station f
Station g

Station h

Station i

Station j

Station k

Station l

Station m

Station n

Station o

Station p

Station q

Station r

Station s
Station t

Station u
Station v
Station w

Station x

Station y

PRÉSENTATION DES FACTEURS MENAÇANTS ET DÉTERMINATION DU NIVEAU DE MENACE PAR STATION

Localité

Oust-Marest
Oust-Marest
Beauchamps
Beauchamps
Beauchamps
Beauchamps
(Gousseauville)
Gamaches
Monchaux-
Soreng
BIangy-sur-
Bresle
Monchaux-
Soreng
St-Germain-
sur-Bresle
Mortefontaine
(tour rochefort etg)
Mortefontaine
(tour rochefort 1)
Mortefontaine
(tour rochefort 2)
Mortefontaine
(D507)
Mortefontaine
(affluent Thève)
Mortefontaine
(ST)
Mortefontaine
(la Thève)
Plailly
Plailly
Plailly
Plailly
Coye-Ia-Forêt

Coye-Ia-Forêt

Froidmont-
Cohartille

Dpt

80
80
80
80
80

80
80

80

80

80

80

60

60

60

60

60

60

60

60
60
60
60

60
60

02

>< Pollution de I’eau

><

Fermeture des

>< stations par les

><><><><

arbustes et arbres

Rectification

Facteurs menaçants effectifs

du cours d’eau

>< Urbanisation

Faible niveau d’eau

><

Facteurs menaçants potentiels

3 9 eu
Ë
go: 5 5è
Ë>Œ ‘Ë q)“
°'=% s: “z
25m a: E3
wwä ‘Æ ‘a5
däÿo .90 1.--
‘530 ‘Gv ‘ÆJË
°’-‘== 5 E35
D-w-c q‘: no)
5 w .0
O q) >
Q D
X X
X X
X
X
X
X
X X
X
X
X
X
X
X
page6o

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Coenagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe Il

Stations

Station a
Station b
Station c
Station d
Station e

Station f
Station g

Station h

Station i

Station j

Station k

Station |

Station m

Station n

Station o

Station p

Station q

Station r

Station s
Station t
Station u
Station v

Station w

PRÉSENTATION DES MESURES DE CONSERVATION ET DE PROTECTION DES STATIONS

Localité

Oust-Marest
Oust-Marest
Beauchamps
Beauchamps
Beauchamps
Beauchamps

(Gousseauville)

Gamaches
Monchaux-
Soreng
B|angy-sur-
Bresle
Monchaux-
Soreng
St-Germain-
sur-Bresle
Mortefontaine
(tour rochefort etg)
Mortefontaine
(tour rochefort 1)
Mortefontaine
(tour rochefort 2)
Mortefontaine
(D507)
Mortefontaine
(affluent Thève)
Mortefontaine
(ST)
Mortefontaine
(la Thève)
Plailly
Plailly
Plailly
Plailly
Coye-Ia-Forêt

Département

80
80
80
80
80

80

80

80

80

80

80

60

60

60

60

60

60

60

60
60
60

60
60

Gestion

conservatoire

Zone Natura 2000

><

><

><><><><><

ZNIEFF

Niveau de conservation et
de protection

Nul
Nul
Moyen
Moyen
Moyen

Moyen
Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Bon
Moyen
Moyen
Moyen
Moyen

Niveau de Menace

Menacé
Très menacé
Menacé
Menacé

Non menacé

Non menacé

Menacé

Menacé

Très menacé

Très menacé

Non menacé

Non menacé

Très menacé

Très menacé

Menacé

Très menacé

Menacé

Menacé

Non menacé
Menacé

Très menacé
Menacé

Menacé

Niveau de priorité

Moyenne prioritaire
Très prioritaire
Peu prioritaire
Peu prioritaire

Peu prioritaire
Peu prioritaire
Peu prioritaire

Peu prioritaire

Moyenne prioritaire

Moyenne prioritaire

Peu prioritaire

Peu prioritaire

Moyenne prioritaire

Moyenne prioritaire

Peu prioritaire

Moyenne prioritaire

Moyenne prioritaire

Moyenne prioritaire

Peu prioritaire
Moyenne prioritaire
Moyenne prioritaire

Peu prioritaire

Peu prioritaire

page 61

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de l’Agrion de Mercure Cœnagrian mercuriale en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe /Il

MENACES ET PRIORITES D’ACTION DES STATIONS

ä .52 52
= ‘a ‘a, s
Ë’ ‘ÿ "0 c‘ oa
: on > T: - w ç q’ à q’ 5 â
" -— q) Æ 2 N w .- 4’ D? ‘a 5’ o: =
5 o: — 5 v- cu En .9 o: 5 c o: q, --
= 3 ‘I: à; ÊE E 9-’ Ë «Î g o: ‘Ë ‘ä Ë 9 o Ë 3c E
â w :2 o. a ‘a a q, = e g g ‘a g v ., et; a >< g
 ê ë a  a 3% îäzäêë  ê: à:
= = : E = ': = 'E ‘c -- q, .4, D- : ‘a eu 5 > eu
+3 ‘ëê î Es ä» ËEËË
3 g «v v v '= 0- e 5 9- Ë -= t .3 8 o ‘E Æ 3
CL -° eu g c > g n. .3 o o. w g: g E
< '5' : eu Ï ‘c L" O Æ ‘a ‘a 0
n. ‘- Ë T:
q; d)
u. l-I- u"
Stationa X X X
Stationb X X X
Stationc X X X
Stationd X X X X
Statione X X X
Stationf X X
Stationg X
Stationh X
Stationi X X X X
Stationj X X X
Stationk X X
Stationl
Stationm X X X X X
Stationn X X X
Stationo X X
Stationp X X X
Stationq X X
Stationr X X
Stations X X X X
Stationt X X X X X
Stationu X X X X
Stationv X
Stationw X
Stationx X X
page 62

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de |’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009