PICARDIE NATURE

ELEMENTS DE CONNAISSANCES PRÉLIMINAIRES POUR LA CONSERVATION
DES POPULATIONS DU BLONGIOS NAIN Ixobrychus minutus DE PICARDIE

  

Environnem

PICARDIE

LA némon

 
 
  

ÉTUDIER - AGIR - SENSIBILISER

Association régionale de protection de la Nature et de |'Environnement
membre de France Nature Environnement, agréée par les ministères de l‘Écologie et de l‘Éducation Nationale
Picardie Nature BP5o835 - Fsooos Amiens cedex 1 - Tél. 03 62 72 22 5o
contactcäpicardie-nature.org - www.picardie-nature.org
Association loi 1901 déclarée en préfecture le 04 mars 1970 - siège social : 14 Place Vogel - 80000 Amiens
Siret 381 785 120 00019 - APE 9104Z - Imprimé sur papier recyclé

ÉNÉRAL—

P:

L’AISNE

CONSEIL I1

 
 

 

- Citations recommandées :

Rapport entier :
.GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009).
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios nain lxobrychus minutus de Picardie. Picardie

Nature. 51p.

Parties individuelles

. GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009). Le Blongios nains en Picardie au début du XXI ème siècle : bilan des recensements 2001 et 2005. Eléments
de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios nain lxobrychus minutus de Picardie. Picardie Nature. Picardie
Nature. 6-13.

.GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009). Statut du Blongios nain en Picardie : Synthèse des principales données disponibles de 1860 à 2005. Eléments
de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios nain lxobrychus minutus de Picardie. Picardie Nature. 14-25.
.LEGR|S, S., GAVORY, L. & FOURNIER, E. (2009). Eléments sur|’éco|ogie et la biologie du Blongios nain en période de reproduction en Picardie
: synthèse des données disponibles et résultats de l’étude menée en 2005.

Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios nain lxobrychus minutus de Picardie. Picardie Nature.
26-38.

. GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009). A propos de la difficulté de recenser le Blongios nain : comparaison des résultats obtenus avec deux
méthodes de dénombrement.

Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios nain lxobrychus minutus de Picardie. Picardie Nature.
39-40.

. GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009). Conservation et suivi du Blongios nain en Picardie : situation de Fespèce, état actuel des stations et
prescriptions de gestion, éléments pour le suivi des populations.

Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios nain lxobrychus minutus de Picardie. Picardie Nature.
41-51.

Crédits Photographies : Philippe PULCE, Jean-Pierre TROUILLAS, Gabriel RASSON & Sébastien LEGRIS

Rédigé en 2007 et publié en 2009

Etude et rapport réalisés grâce au soutien financier de la Direction Régionale de |‘Environnement de Picardie et le Conseil Régional de Picardie

v page 2
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain lxobrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- Sommaire

Introduction

Objectifs

Description de l'action

1) Le Diagnostic

2) Valorisation des données accumulées et édition/diffusion d'un cahier

de prescriptions

- LE BLONGIOS NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS EN PICARDIE AU
DÉBUT DU XXI ÈME SIÈCLE : BILAN DES RECENSEMENTS DE
2001 ET 2005 ............................................................................... .. p.6

Résumé
Introduction

1) Présentation de la Région et contexte des dénombrements
2) Méthodologie, limites et état des recherches
3) Résultats
4)
5) Bibliographie

Discussion/Conclusion

6) Remerciements
Annexe 1 : Nombre de couples de Blongios nain Ixobrychus minutus

par site

- STATUT DU BLONGIOS NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS

EN PICARDIE SYNTHÈSE DES PRINCIPALES DONNÉES
DISPONIBLES DE 1860 À 2005 .................................................. .. p.14
Résumé

Introduction

1 Méthodologie, état des recherches et limites

)
)
3) Discussion/Conclusion
4) Bibliographie
) Remerciements
Annexe 1 : Localisation des effectifs des couples du Blongios nain

Ixobrychus minutus de 1990 à 1995 en Picardie

- ÉLÉMENTS SUR L’ÉCOLOGIE ET LA BIOLOGIE DU BLONGIOS
NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS .................................................. .. p.26

Résumé
Introduction

1) Méthodologie
2
3
4

5

Discussion/Conclusion

)
)
) Bibliographie
)

Remerciements

- A PROPOS DE LA DIFFICULTÉ DE RECENSER LE BLONGIOS
NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS : COMPARAISON DES RÉSULTATS
OBTENUS AVEC DEUX MÉTHODES DE DÉNOMBREMENT  p.39

Résumé
Introduction

- CONSERVATION ET SUIVI DU BLONGIOS NAIN IXOBRYCHUS
MINUTUS EN PICARDIE : SITUATION DE L’ESPÈCE, ÉTATACTUEL
DES STATIONS ET PRESCRIPTIONS DE GESTION, ÉLÉMENTS
POUR LE SUIVI DES POPULATIONS ...................................... .. p.41

Introduction

1) Situation du Blongios nain et de son habitat ou l’espéce doit-elle
faire l'objet de mesures de conservation en Picardie ?

2) Prescriptions de gestion ou les mesures à prendre pour tenter de

garantir la conservation de la population régionale de Blongios nain
3) Prescriptions de gestion et de suivi

4) Prescriptions pour un suivi indispensable des populations

5) Bibliographie

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Introduction

Le présent rapport est une présentation des éléments de connaissance
accumulés dans le cadre de l'action << Un cahier de prescriptions
pour une meilleure conservation des populations de Blongios nain
Ixobrychus minutus en Picardie », menée par l'Association Picardie
Nature. Elle avait pour but premier de produire les éléments
d'information indispensables pour oeuvrer à la conservation des

populations de Blongios nain.

Le contenu proposé de l'action était le suivant :

Le Blongios nain fait partie des espèces les plus menacées présentes
sur le territoire régional. En effet, il est considéré comme en danger
à l'échelle de la région et du pays, et vulnérable en Europe. Jusqu'à
récemment, la population picarde avait été estimée a une cinquantaine
de couples. Elle aurait chuté en une vingtaine d'années de plus de
75 %. Aujourd'hui, il semblerait qu'elle soit dans une situation plus
avantageuse puisque approchant la centaine de couples. Cette

situation mériterait d'être éclaircie et discutée.

Vu les effectifs régionaux, la Picardie a une responsabilité importante
pour la conservation de cette espèce à l'échelle nationale mais aussi
européenne puisqu'elle accueille respectivement 30 % et 0,5 % de
leur population estimée. La majorité de cet effectif se trouve en Vallée

de la Somme.

Actuellement, un certain nombre de démarches de conservation de
sites sont engagées en fond de vallées, en particulier en Vallée de
la Somme où l'espèce est bien distribuée. Toutefois, elles ne ciblent
pas particulièrement cette espèce. De plus, il semble que, faute
d'éléments de connaissance sur sa répartition et sur ses exigences
écologiques facilement mobilisables, elle soit peu prise en compte.
C'est du moins ce qu'il ressort de différents documents consultés :
documents d'objectifs, plans de gestion de réserve naturelle  et de

discussions que nous avons pu avoir avec différents gestionnaires.

C'est pourquoi, l'association propose d'apporter sa contribution à
la conservation de cette espèce en portant le projet « un cahier de
prescription pour une meilleure conservation des populations de

Blongios nain en Picardie ».

Objectifs

L'objectif principal est de contribuer à la conservation du Blongios nain
dans la région en mettant a la disposition des acteurs de la protection
de la nature les informations qui leur seraient indispensables pour une
meilleure prise en compte de l'espèce, notamment dans le cadre de la
rédaction des documents d'objectifs Natura 2000 et autres démarches
de protection de la nature (plan de gestion de réserve naturelle,

documents de cadrage...);

Pour cela, deux objectifs opérationnels seront poursuivis :

- assurer une synthèse d'informations et la collecte de nouvelles

données sur son statut en région : répartition, effectif, niveau de
reproduction... et surtout de ses exigences écologiques : paramètres
du ou des milieux utilisés...

- produire un document rassemblant des prescriptions, c'est-à-dire un
document comprenant les éléments nécessaires à une meilleure prise
en compte, voire conservation, de cette espèce et le diffuser auprès

des organismes gestionnaires et principales collectivités territoriales.

Description de l'action

Elle comprendra deux points complémentaires :
- un diagnostic qui comprendra la collecte et la synthèse d'informations

sur le statut et les exigences écologiques de l'espèce en région ;

- la production et la diffusion d'un document : le cahier de prescriptions
qui rassemblera les éléments d'information nécessaires à l'ensemble
de la chaîne des acteurs de la protection des milieux naturels dans la

région pour contribuer a une meilleure conservation de cet ardéidé.

1) Le diagnostic

Il s‘articulera autour de deux thèmes principaux :

- le statut de l’espèce : collecte et compilation des données anciennes
(de la fin du XlXème siècle à nos jours), synthèse, discussion de
l'évolution de son statut, position de la population dans le contexte
national et international, localisation des couples par rapport aux

zones protégées et discussion sur les mesures prises jusqu'à présent

En complément, son statut sera actualisé au sein des sites Natura 2000,
plus particulièrement les Zones Importantes pour la Conservation des
Oiseaux (ZICO) sous la forme de prospections de terrain nouvelles.
Elles viseront a compléter la couverture des données recueillies de
2001 à 2004 et à confirmer la présence de l'espèce sur certaines
zones. Elle nécessitera d'associer les observateurs bénévoles de
terrain. Elles porteront sur les secteurs accessibles ; ceux privés et
pour lesquels il n'est pas possible d'entendre les oiseaux de l'extérieur
ne pourront pas être intégrés. Elles seront signalées dans le bilan.

Elles se borneront à localiser les couples ou mâles cantonnés (nicheur

probable).

- les exigences écologiques de l’espèce : il s'agit d'identifier et de
décrire les principaux points de l'habitat qui seraient indispensables à

l'espèce pour pouvoir se reproduire dans les marais picards.

Pour cela, une synthèse bibliographique sera réalisée et une étude de
terrain particulière menée. La première s'appuiera plus particulièrement
sur les travaux du Groupe National sur le Blongios et la compilation

des principales références en langue française et anglaise.

L'étude de terrain, vu les moyens d'investigation mobilisables, se
bornera aux composantes du milieu suivantes : biotope, végétation
(organisation, structuration verticale), fréquentation humaine... et elle

traitera de façon très partielle les aspects trophiques.

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Plus précisément, il sera tenté de déterminer la surface utilisée par
couple et de décrire les conditions et éléments du milieu utilisés pour
: s'alimenter, chanter, s'accoupler, parader, pêcher/chasser, implanter
le nid, rechercher des matériaux pour le nid, élever des jeunes...
et autres aspects qu'il apparaîtrait pertinent d'étudier en cours
d'étude. Pour cela, 5 sites seront suivis. Ils seront choisis de façon à
échantillonner des situations différentes et représentatives : taille du
site, plusieurs couples, couple isolé... L'observateur se positionnera
en des points d'observation particuliers et suivra le ou les oiseaux sur
de longues périodes en décrivant particulièrement le comportement
des oiseaux et les éléments du milieu utilisé en suivant une typologie

pré-établie.

2) Valorisation des données accumulées et édition/diffusion d'un

cahier de prescriptions

L'ensemble des informations recueillies lors de la première phase sera
compilé puis synthétisé dans un document qui sera appelé cahier de
recommandations. Il comprendra une cinquantaine de pages en noir et
blanc avec une couverture couleur en A4 et une série de planches. Il
sera tiré à 250 exemplaires.

Il comprendra donc au minimum les éléments d'information suivants:
statut de l'espèce et son évolution, localisation des principaux sites
de nidification, des orientations sur la stratégie de conservation,
principaux éléments de biologie, les exigences écologiques (type de

milieu, usage des sites...).

L'ensemble des éléments d'information produits fera l'objet d'une
synthèse avec des éléments cartographiques et d'une publication dans
la revue L'Avocette. Elle sera également mise en ligne sur le site Web
de l'association.

Certains seront formalisés dans le cadre du séminaire «Blongios nain»

organisé par le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d‘Opale fin
juin 2005.

Le présent rapport rassemble les éléments de connaissance accumulés
principalement au cours de la phase étude de l'action. Il rassemble
ainsi les principales informations nécessaires pour contribuer à la

conservation de l'espèce dans notre région.

Il comprend cinq parties rédigées sous la forme de 5 articles dont 3

seront publiés dans des revues spécialisées :

- Le Blongios nain en Picardie au début du XXl ème siècle : bilan

des recensements 2001 et 2005;

- Statut du Blongios nain en Picardie : Synthèse des principales
données disponibles de 1860 à 2005 ;

- Eléments sur l'écologie et la biologie du Blongios nain en période
de reproduction en Picardie : synthèse des données disponibles et

résultats de l'étude menée en 2005 ;

-A propos de la difficulté de recenser le Blongios nain: comparaison

des résultats obtenus avec deux méthodes de dénombrement ;
- Conservation et suivi du Blongios nain en Picardie : situation de
l'espèce, état actuel des stations et prescriptions de gestion, éléments

pour le suivi des populations.

Ils seront résumés dans un document appelé cahier de prescriptions

qui sera diffusé auprès d'un large public.

Photo : Fontaine sur Somme - Etang des provisions

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Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- LE BLONGIOS NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS EN PICARDIE AU
DÉBUT DU XXI ÈME SIÈCLE : BILAN DES RECENSEMENTS DE
2001 ET 2005

Laurent GAVORY & Sébastien LEGRIS

Cet article reprend pour partie en le détaillant le volet répartition de
GAVORY & LEGRIS (2006)

Résumé

En 2001 et 2005, deux recensements des effectifs nicheurs de
Blongios nain lxobiychus minutus en Picardie ont permis une
estimation de 66 a 96 couples pour la période 2001/2005. Environ 65%
d'entre eux se trouvaient en Vallée de la Somme. Cette estimation très
inférieure a celle proposée pour la fin des années 60 : 240 couples,
est cependant supérieure à celle publiée pour les années 80 et 90,
respectivement 42 et 50 couples. Cette progression de 32 à 128,6 %
selon les effectifs comparés ne doit pas faire oublier que durant trois
décennies, les effectifs de l'espèce se sont maintenus à des niveaux
bas du fait probablement de conditions d'hivernage défavorables.
Or, si actuellement l'amélioration de ces dernières a permis cette
augmentation du nombre de couples, sa portée pourrait être limitée
par la dégradation des habitats de l'espèce intervenue au cours des

trois dernières décennies.

Mots clés : Blongios nain, Picardie, couple, 2001, 2005

Introduction

La région Picardie a été identifiée dès les premiers recensements
du Blongios nain en France comme étant une région accueillant une
part significative des effectifs nationaux : 19 % en 1970 puis 9,3 %
en 1983 (DUHAUTOIS, 1984). Plusieurs évaluations de ses effectifs
nicheurs ont été proposées : 240 en 1970, 42 pour la période 1983-
1987 (DUHAUTOIS, op.cit, COMMECY in COMMECY et al., 1996)
et plus récemment, pour les années 1989 à 1994, GAVORY (1995)
propose un minimum de 50 couples, tout comme SUEUR (1998) mais

pour deux décennies de 1983 à 1998.

Ces couples sont distribués sur 3 zones. La principale, avec un
minimum de 60 % des effectifs régionaux, est la Vallée de la Somme
de Saint-Quentin (02) àAbbeville (80) et ses affluents. Les deux autres
sont les Marais de la Souche au Nord-Est de Laon (02) et le Marais de
Sacy-le-Grand (60). Quelques couples sont connus sur d'autres sites
: Vallée de l’Authie (80/62), Vallée de l'Aisne (02), Vallée de la Bresle
(80/76), Vallée de l'Omignon (02)... (COMMECY in COMMECY et al.,
op. cit., GAVORY, op.cit.)

Dans ce contexte, deux dénombrements du nombre de couples ont
été organisés sur l'ensemble des trois départements de la région, l'un
en 2001 et l'autre, en 2005 avec l'objectif principal d'évaluer l'effectif

nicheur régional en ce début de XXlème siècle.

1) Présentation de la Région et contexte des dénombrements

Située au Nord de la France, la Picardie, composée de trois
départements, I‘Aisne (02), l‘Oise (60) et la Somme (80) s'étend sur
19 500 km2. Elle est majoritairement occupée par des zones agricoles
(environ 70 % de sa surface) et est peu boisée (18 % de sa superficie).
La région est maillée d'un réseau assez dense de vallées comprenant
quatre cours d'eau principaux et structurants : la Somme, l‘Oise,
I‘Aisne et la Marne. La population régionale de Blongios nain se situe
principalement dans les vallées tourbeuses dont la principale unité est
la Vallée de la Somme longue de 245 kilomètres, cumulant plus de 8
000 hectares de zones humides. Elle est également distribuée sur deux
autres sites plus modestes : les Marais de la Souche (2 000 ha) et le
Marais de Sacy-le-Grand (1 000 ha). Ces espaces sont principalement
des alternances plus ou moins lâches de plans d'eau, de saulaies, de
formations a hautes herbes (roselières, mégaphorbiaies) et de prairies

d‘étendue très variable.

Au cours des deux années de dénombrement, la situation des niveaux
d'eau qui conditionnent fortement les surfaces de milieux favorables
au Blongios a été très différente. En 2001, ces niveaux étaient
exceptionnellement hauts avec une crue centennale sur l'ensemble
des cours d'eau, et notamment la Vallée de la Somme aval (Amiens/
Abbeville). En 2005, la situation était à l'opposé, très sèche avec des

eaux superficielles au niveau très bas.

En outre, en 2001, les conditions météorologiques (pluie, vent) du

printemps ont été plus clémentes que celles de la saison 2005.

2) Méthodologie, limites et état des recherches

Relevés de terrain

En premier lieu, le dénombrement a été conduit de manière à
confirmer la nidification et évaluer les effectifs sur les sites connus
préalablement, et en second lieu, rechercher de nouveaux sites et
leurs couples. Un bilan des données disponibles (soit sur la période
1989/1995) a donc été réalisé fin 2000. Il a permis de dresser une liste
de 52 sites sur lesquels 66 à 84 couples (correspondant au cumul des
minima et des maxima enregistrés sur chaque site pour ces 7 années)

avaient été dénombrés.

Les observateurs, principalement bénévoles, pratiquant l’ornithologie
dans la région ont été sollicités. Ceux intéressés par le dénombrement
ont signalé en début de saison leur zone de prospection. En
réponse, ils ont été destinataires des localités où l'espèce y avait été
précédemment notée. Il leur a été proposé d'assurer entre la mi-mai
et la fin juillet, au moins deux passages sur chaque site connu ou
semblant favorable à l'espèce. Acette occasion, ils étaient encouragés
à y assurer des points fixes d'écoute et d'observation en début ou en
fin de journée. Le bilan de leurs observations (positives mais aussi
négatives) par site devait être consigné sur une fiche synthétisant les
informations relatives à l'état de leur recherche, aux milieux présents
et aux observations de l'oiseau réalisées.

En complément, en 2001, trois recensements concertés sur des

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

secteurs où les couples étaient denses ont été organisés (confluent
Avre/Noye, Boves/Hailles (80), zone de La Chaussée-Tirancourt/
Picquigny (80), zone de Morcourt/Etinehem (80)). Ils ont consisté à
répartir des observateurs sur des sites proches afin qu'ils dénombrent

simultanément les oiseaux.

En 2005, les observateurs bénévoles ont été sollicités sur les mêmes
bases, avec le conseil supplémentaire d'effectuer des points d'écoute
et d'observation sur une durée d'au moins 30 minutes. En complément
de leur intervention, des moyens ont pu être débloqués dans le cadre
d'un programme d'étude dédié à cette espèce. Ainsi, environ 300

heures ont pu être consacrées à l'observation de cet oiseau.

Le recensement tel qu'il a été conduit dans le cadre de notre étude
présente des limites qui doivent être soulignées et prises en compte
lors de la proposition d'estimation :

- l'espèce reste difficile à repérer et à dénombrer et elle peut
facilement passer inaperçue, surtout sur des sites assez vastes
comme parfois en Vallée de la Somme ;

- des sites ne sont pas accessibles car privés ou physiquement
difficiles d'accès (utilisation de la barque nécessaire). Ces lacunes ont
été listées ci-après ;

- les conditions météorologiques peuvent avoir un effet sur la
recherche : elles doivent être clémentes, en particulier pour entendre
les chanteurs. Leur impact peut être d'autant plus pénalisant que la
période de recherche de l'espèce est courte : 2,5 mois ;

- la forte densité des couples dans certaines zones, rend plus

difficile leur individualisation.

Analyse des résultats

Le niveau de probabilité de la reproduction a été évalué sur la base
de la codification des indices de reproduction utilisée par YEATMAN N-
BERTHELOT & JARRY (1994) et en tenant compte des prescriptions
de BOILEAU & BARBIER (1998).

L'estimation est proposée sous la forme d'une classe d'effectif et a été

conduite de la façon suivante.

Le minimum de cette classe d'effectif correspond au nombre
de couples nicheurs (probables, certains, mais aussi possibles)
observés, additionné à une estimation du nombre de couples présents
sur les sites partiellement ou non visités et ayant déjà fait l'objet de

signalement d'individus nicheurs.

Pour réaliser cette estimation, nous avons pris en compte l'effectif
maximum de couples nicheurs possibles recencé lors de relevés
réalisés au cours de ces 16 dernières années (1989/2004). Pour
2001, année où les effectifs étaient importants, nous avons considéré
comme estimation ce maximum. Par contre, pour 2005, où les effectifs

étaient globalement moindres, nous avons retenu la moitié de celui-ci.

Les « couples nicheurs possibles >> ont été pris en compte suite à un

constat réalisé en 2005. En effet, cette année-la, sur 4 sites, deux

observateurs ont assuré une pression d'observation importante alors
que sur ces mêmes sites, d'autres ornithologues se sont limités à 1 à
3 visites (soit ce qui a été condit sur la grande majorité des sites). En
comparant leurs estimations, nous avons pu constater que le nombre
de couples nicheurs probables et certains proposé par les deux
premiers observateurs était au moins égal, voire supérieur, au nombre
de couples nicheurs, probables et certains, mais aussi possibles,

fourni par les autres.

Le maximum de la fourchette est le minimum additionné à une
estimation du nombre de couples pour les sites qui n’avaientjamais pu
être visités mais qui ont été jugés favorables a l'espèce (à partir d'un
examen des photos aériennes de l'institut Géographique National).
Elle s'est appuyée sur la densité appréciée sur d'autres zones proches
présentant, a priori les mêmes caractéristiques, ceci pour l'année

concernée.

Cette façon de conduire l'estimation présente un certain nombre de
biais :

- intégrer les nicheurs possibles dans l'estimation de l'effectif
minimal est source possible de surévaluation, car des mâles non
reproducteurs peuvent chanter sans nicher (BARBIER com. pers., obs
pers). Nous estimons ce risque réel, mais très réduit vu le résultat de
la comparaison des estimations faites avec une intensité de recherche
différente en 2005 ;

- l'évaluation des densités et l'appréciation de la qualité du milieu
pour les sites non visités sont restées empiriques ;

- le fait de considérer comme vide de couples les sites ayant fait
l'objet de recherches infructueuses est susceptible de conduire à
sous-estimer les effectifs, car des individus peuvent facilement passer

inaperçus.

État des recherches
En 2001, 10 personnes ont répondu en transmettant 23 fiches et en
2005, 9 observateurs se sont mobilisés et ont formalisé 16 fiches. La

technique de la repasse a été très peu utilisée.

Au niveau de la couverture géographique, les lacunes ont varié selon
les années. Les principaux secteurs où l'espèce était connue nicheuse
et qui n'ont pas été prospectés sont : en 2001 et 2005 : vallée de
la Somme : Marais entre Péronne (Faubourg de Flamicourt) et Brie
(80), Marais de Saint-Christ-Briost à Offoy (80); Marais de la Souche :
Marais de Mobillau (Marchais, 02) ; Marais de Sacy-le-Grand (60) (les
deux tiers de la surface) ; en 2001 : vallée de la Somme : marais entre

Cappy et Eclusier-Vaux (80).

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

3) Résultats

Les résultats figurent dans le tableau 1 et la carte 2

mmi
Aisne 1o
Marais de la Souche 5
Vallée de la Somme :
Ham/St Quentin 3
Autres sites 2
Oise 6
Marais de Sacy-le-grand 5
Autres sites 1
Somme 74
Vallée de la Somme :
AbbevilleIAmiens 20
Vallée de la Somme :
Amiens/Péronne 30
Vallée de la Somme : Péronne/Ham 8
Vallée de I'Avre et de la Noye 11
Autres sites 5

2001

mafl

12

Nψ

82

20

32

11
14

mmi

Oà-hO

53

10

28

10

2005

Tableau 1 : Nombre de couplés de Blongios nain Ixobrychus minutus par zone géographique.

maxi

C0101

57

10

28

12

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Carte 1 : Localisation des principaux secteurs occupés par le Blongios nain Ixobrychus minutus en Picardie.

page 8

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

En 2001, sur 42 sites, 55 couples ont été dénombrés dont 29 nicheurs
possibles, 23 probables et 3 certains. En 2005, 46 couples, dont 23
nicheurs possibles, 17 probables et 6 certains, ont été notés sur 27
sites. Il faut ajouter que sur 17 autres sites, susceptibles d'accueillir
potentiellement environ 23 couples, aucun oiseau n'a été noté. Pour
la majorité d'entre eux, un effort certain a été fait pour rechercher
l'espèce. Néanmoins, il n'est pas impossible que quelques couples et/

ou chanteurs aient pu passer inaperçus sur ces zones visitées.

L'effectif estimé oscille donc entre 63 et 103 couples selon les années.
Ainsi, une classe d'effectif prudente peut être proposée pour la période
2001/2005 en s'appuyant sur la médiane des classes de ces deux

années, soit 66 à 96 couples.

Les couples de Blongios nains picards sont principalement distribués
sur la Vallée de la Somme qui concentre environ 65 % des effectifs
régionaux, et de ce fait sur le département de la Somme qui en

héberge plus de 80%.

4) Discussion - Conclusion

Les deux recensements organisés en 2001 et 2005 permettent
d'estimer les effectifs nicheurs de Picardie en ce début de XXI è siècle.
lls ont été conduits sur deux années au cours desquelles, les conditions
bathymétriques dont dépendent les surfaces de milieux favorables
à l'espèce ont été opposées. Cette situation a vraisemblablement
contribué à augmenter la pertinence de la fourchette proposée. En
outre, l'effort de recherche de l'espèce qu'ils ont généré n'avait jamais
eu d'équivalent par le passé. Cette estimation récente de 66 à 96
couples, place la Picardie, avec autour de 12 % de l'effectif national
(estimé entre 505 et 826 pour une moyenne de 670 (BARBIER &
MARION, à paraître), parmi les régions présentant un enjeu pour la
conservation de l'espèce en France. Dans ce cadre, les marais de la

Vallée de la Somme ont une responsabilité de premier plan.

L'effectif nicheur régional proposé pour la période 2001/2005 reste
éloigné de celui considéré pour la fin des années 60 : 240 couples
(BROSSELIN in DUHAUTOIS, op. cit.). Il est cependant supérieur à
l'estimation des années 80 et 90, respectivement 42 et 50 couples
(DUHAUTOIS, op.cit, COMMECY in COMMECY et al., op. cit.,
GAVORY, op.cit, SUEUR, op. cit.) progressant ainsi de 32 à 128,6 %
selon les effectifs comparés. Cette situation plutôt favorable ne doit
pas faire oublier que les effectifs qui ont régressé dans les années
60, se sont maintenus à des niveaux bas durant 2 a 3 décennies,
certainement du fait de conditions d'hivernage défavorables (KAYSER
et al., 1999). Or, durant cette période, les habitats naturels nécessaires
à l'espèce se sont visiblement dégradés et cela devrait limiter la portée

de cette remontée des effectifs.

Cette progression des effectifs régionaux s'inscrit dans une dynamique
constatée sur la plupart de son aire de répartition en Europe où depuis
15 ans le nombre de couples est stable voire en progression dans une

majorité de pays (BirdLife International, 2004).

5) Bibliographie

- BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004). Birds in Europe :

estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife

population

International. BirdLife International Conservation Series N°12.

- BOILEAU, N. & BARBIER, L. (1998). Aspects méthodologiques sur
les suivis des populations nicheuses de Blongios nain lxobrychus

minutus. Groupe d'Etude sur le Blongios Nain, rapport annuel n°2 :
22-31.

- COMMECY, X. (1996). Blongios nain lxobrychus minutus in
COMMECY X., MERCIER E. & SUEUR F. (1996). Atlas des oiseaux
nicheurs de Picardie (1983-1987) (3ème edition). L’Avocette, n°
spécial, 241 p.

- DUHAUTOIS, L. (1984). Hérons paludicoles de France : statut 1983.

Rapport SNPN/Ministère de l'environnement. doc. multicop. 37 p.

- GAVORY, L. (coord.) (1995). Oiseaux nicheurs menacés de Picardie.
COP/Picardie Nature, Amiens. 60p.

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2006). Blongios nain Ixobn/chus minutus
en Picardie : évaluation des effectifs nicheurs pour la période 2001 à
2005. Alauda 74(1): 171-176.

- KAYSER, Y., MARION, L. & DUHAUTOIS, L. - in ROCAMORA, G.
& YEATMANN-BERTHELOT (1999). Oiseaux menacés et à surveiller
en France. Listes rouges et recherche de priorités. Populations.
Tendances. Menaces. Conservation. Société d'Etudes Ornithologiques

de France/Ligue pour la Protection des Oiseaux. Paris. 560 p.

- SUEUR, F. (1998). Effectif nicheurs du Blongios nain lxobrychus
minutus en Picardie. 11. Groupe d'étude sur le Blongios nain, rapport

annuel n°1 :11.

6) Remerciements

Nous tenons à remercier l'ensemble des observateurs qui ont contribué
directement au recensement, en particulier ceux qui ont réalisé des
prospections dédiées à la recherche de l'oiseau, et ont renvoyé leurs
observations : BAVEREL Didier, BOUSSEMART Aurore, DAUMAL
Thibaud, CALMUS François, COMMECY Xavier, DELASALLE Jean-
François, FOURNIER Emmanuel, FRANCOIS Rémi, LALLUQUE
Olivier, LE KERVERN Arnaud, MAILLIER Sébastien, NANSOT Thierry,
NEVEU Gilles, NOEL Frédéric, ROYER Pierre ainsi que l'ensemble
des observateurs qui au quotidien alimentent la base de données de
l'association Picardie Nature et contribuent ainsi de façon essentielle à

la production de ce type de bilan.

Nos remerciements s'adressent également à la Direction Régionale de

l'Environnement de Picardie et au Conseil Régional de Picardie pour

P389 9

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain lxobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

le soutien financier qu'ils ont apporté au travail mené sur cette espèce
en 2005.

Enfin, nous sommes reconnaissants envers Luc BARBIER et Lo'ic
MARION pour la relecture de l’article paru dans Alauda et envers

Sébastien MAILLIER pour la relecture de la présente note.

 

Photo 2 : Etangs du Peraclet à Fouecamps

l page 1o
Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixubrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe 1 .' Nombre de couples de B/ongios nain lxobrychus minutus par site

Picardie

Département de l’Aisne

Vallée de la Souche
Marchais («Mobillau»)
Chivres-en-Laonnois, Liesse, Missy-
les-Pierrepont, Pierrepont («Marais
Saint-Boétien»)
Chivres-en-Laonnois («Marais aux
Blanc boulles>>)

Vallée de l’Aisne
Villers-en-Prayères

Vallée de l’Omignon
Etang de Vermand

Vallée de la Somme de Ham à Saint-

Quentin
Ollezy («Marais d‘O||ezy>>)
Saint-Simon («Les Etangs»)
Saint-Simon («Le Petit Marais»)
Annois (Le Grand Marais)
Saint-Quentin (Réserve Naturelle des

«Marais d‘|s|e>>)

Département de l’0ise
Marais de Sacy-le-Grand

Forêt d‘Ermmenonville (étang de I’Epine)

Département de la Somme
Vallée de I’Authie

Dominois

Vallée de la Bresle

Sénarpont

Vallée de la Somme d'Abbeville à Amiens

Mareuil-Caubert (Le Maçon, Petit
Marais)

Mareuil-Caubert (Les Quarante, Le
Marais du Vivier)
Fontaine-sur-Somme («Pré des Trois
fœtus»)

Lonpré les Corps Saint (Les Provi-
sions, Le Vacher, Les Trente)
Condé-Folie (La Dunette)

Bourdon (Marais du Château)
Belloy-sur-Somme («Petit et Grand
Marais»)

Picquigny (Marais communal)
Ailly-sur-Somme (<<Les grandes
aiguilles»)

Ailly-sur-Somme («Marais d'en Haut»)

Saint-Sauveur (gravière)

min 2001

90
10

max 2001

min 2005 max 2005
63 70
6 7
4 4
1 1
2 2
1 1
0 1
O 1
0 0
O 0
2 2
1 1
1 1
O 0
0 0
O 0
4 5
4 5
O 0
53 58
0 0
O 0
1 1
1 1
10 1 O
1 1
1 1
1 1
0 0
1 1
1 1
2 2
1 1
1 1
0 0
0 0

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Ailly-sur-Somme/Dreuil-les-Amiens

(«Le Pré des Corvées» et «Les 2 2 1 1
parcs»)

Vallée de la Somme d‘Amiens à Péronne 30 32 28 28
Rivery-Camon («Les Hortillonnages») 1 1 2 2
Camon («Marais d‘Hecquet») 2 2 3 3
Daours (Marais) 0 0 1 1
Corbie («Marais de la Barette») 2 2 3 3
Hamelet («Etang entre deux eaux,

Grand Etang») 1 1 O 0
Sailly-le-Sec («Marais de Vaux») 2 2 1 1
Le Hamel (<<La Seigneurie, Etang des

Bracheux») 2 2 3 3
Morcourt («Etang Florimond, Erang 1 1 1 1
du Bas»)

Morcourt («Marais à vaches, Etang de 1 1 O 0
la Hutte»)

Méricourt-sur-Somme, Etinehem 2 2 1 1
(«Marais des Tourberies»)

Méricourt-sur-Somme, («Marais du

Moulin») 1 1 2 2
Proyart (Sous les bois de Cateaux) 1 1 1 1
La Neuville-les-Bray (<<L‘Allée au foin») 2 2 1 1
La Neuville-les-Bray, Cappy («La

tourbière») 3 3 2 2
Cappy, Suzanne, Eclusier-Vaux

(Marais de Suzanne ; ensemble des 4 4 2 2
marais)

Eclusier-Vaux («Marais d‘Ec|usier») 1 1 1 1
Eclusier-Vaux («Marais de Vaux>>) 3 3 1 1
Frise (L‘angui||erie, Marais de Frise) O 1 1 1
Curlu (Eau de Curlu) O 1 1 1
Frise («La Grenouillère») 1 1 1 1
Vallée de la Somme de Péronne à

Ham 8 11 3 5
Doingt (Flamicourt) 1 1 1 1
Saint-Christ-Briost («Marais du 1 1 1 1
Gord»)3

Béthencourt-sur-Somme («Etang de

Monsieur l'Homme») 2 2 0 0
Eppeville 1 1 0 0
Voyennes/Offoy 3 3 1 1
Autres sites 0 0 2

Vallée de l’Avre 11 14 10 12
Amiens (Marais des Trois vaches) 1 1 0 0
Boves («Marais Saint-Nicolas») 1 1 1 1
Boves («Marais à scier») 1 1 2 2
Fouencamps (Le Paraclet) 1 1 1 1
Boves («Marais de Pavry>>) 1 1 1 1
Fouencamps (La Chapelle Saint-

Domice) 2 2 1 1
Hailles (Marais communal) 1 1 O 0
Thézy-Glimont («Marais communal») 2 2 1 1
Thennes (Gravières) 0 0 1 1

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Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Moreuil («Marais de Genonville») 1

Avre amont et Trois Doms 0 3

Vallée de l’Ancre 2 2 1 1
Heilly (Pré de la rue de Bonnay : étang 1 1 1 1
fédéral)

Treux 1 1 0

Vallée de l’Airaines 1 1 0 0
Longpré-les-Corps Saints (Basse 1 1 0 0
vallée de l‘Airaines)

Vallée de La Selle 1 1 0 1
Gravière de Loeuilly 1 1 0 1

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Eléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- STATUT DU BLONGIOS NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS
EN PICARDIE SYNTHÈSE DES PRINCIPALES DONNÉES
DISPONIBLES DE 1860 À 2005

Laurent GAVORY & Sébastien LEGRIS

Résumé

Pour la première fois, les principaux éléments de connaissance
accumulés sur la situation du Blongios nain Ixobrychus minutus
en Picardie depuis la fin du XIXème siècle ont été synthétisés et
discutés. Sur la base d'une quarantaine de références et des éléments
contenus dans les bases de données modernes, l'évolution de la
répartition et des effectifs de la population régionale a été analysée. Il
apparaît que la connaissance de ces deux paramètres n'a cessé de
s'améliorer en un peu plus d'un siècle. Jusqu‘après la seconde guerre
mondiale, l'espèce ne semble pas rare, sa population étant estimée
à un minimum de 170 couples. Elle déclinera ensuite pour atteindre
quarante à cinquante couples au milieu des années 1980. A la fin de
cette décennie, les effectifs amorceront une remontée qui les amènera
au début du XXI ème siècle à une population évaluée entre 66 et 96
couples selon les années. Des années 1970 aux années 2000, sa
répartition évoluera peu, la très grande majorité des couples étant
distribuée principalement sur la Vallée de La Somme et ses affluents
(02 et 80), les Marais de La Souche (Nord-Est de Laon) (02) et le
Marais de Sacy-le-Grand (60).

Mots clés : Blongios nain, Picardie, couple, XX ème siècle

Introduction

Le Blongios nain n'a jamais fait l'objet d'une analyse diachronique
poussée de la situation de ses effectifs nicheurs et de sa répartition
en Picardie. Le travail le plus abouti reste COMMECY (1996) qui
comprend toutefois un historique resté cantonné aux estimations
régionales disponibles. Proposées recemment, trois références traitent
d'effectifs régionaux : GAVORY (1995), SUEUR (1998) et GAVORY &
LEGRIS (2005) mais en évoquant très succinctement leur évolution

pour la période récente uniquement.

Dans ce contexte, la présente note propose une présentation du
statut (répartition et effectifs) de cette espèce depuis les premières
publications disponibles aux derniers recensements organisés en
2005. Après avoir synthétisé les principaux éléments recueillis, elle
en proposera une analyse dans le but premier de mesurer l'évolution
de la répartition et de l'importance des effectifs à l'échelle des trois
départements qui constituent la Picardie. Elle sera ensuite comparée
à celle des populations à l'échelon national et international et aboutira
à la détermination d'un éventuel effectif de référence qui pourrait
contribuer à évaluer l'état de conservation des populations, tout

comme l'impact des mesures de conservation éventuellement prises.

1) Méthodologie, état des recherches et limites

Les principales publications donnant des éléments d'information sur la
situation de l'espèce en Picardie, ou comprenant des observations la
concernant, ont été recherchées et compilées de façon certainement
non exhaustive. Nos recherches se sont focalisées sur les données
agrégées pour un espace géographique donné (département, canton,
commune, région naturelle ...) et pour une période. Elles se sont
appuyées sur les bibliographies régionale et nationale disponibles :
SUEUR (1980), SUEUR (1988), MULLER (1992) et MULLER (1996).
Pour la période récente de 1974 jusqu'en 1989, nous avons également
utilisé les synthèses d'observations régionales et départementales
parues dans les revues régionales. Toutefois, elles comprennent des
données synthétisées, donc le plus souvent imprécises (la date, la
commune, le lieu-dit l'effectif ne figurant pas systématiquement), voire
qui peuvent être erronées. Ces erreurs concernent les communes
indiquées car l'ensemble des observateurs ne vérifiaient pas
forcément la localisation de leur observation sur une carte comportant
les périmètres des communes. Le plus souvent, le village le plus

proche était indiqué.

Pour pallier ces imprécisions, nous aurions pu reprendre les données
brutes ayant servi à leur rédaction, surtout qu'elles n'étaient pas si
nombreuses. Cependant, elles ne figurent pas dans une base de
données et les fiches « papier >> renvoyées par les observateurs durant
ces deux décennies ont disparu. Il en est de même pour les archives
(les données brutes) des deux derniers recensements nationaux
(1970 et 1983) qui ne sont pas disponibles (COMMECY, com. pers.).

Nous avons pu consulter une quarantaine d'articles et de synthèses

d'observations.

Pour la période 1990 à 1994, nous avons constitué une base de
données, sur le modèle de celle de Picardie Nature (champs : date,
observateur(s), commune, lieu-dit, effectif (sexe, âge), comportement),
comprenant les observations récupérées dans les actualités publiées
par le Groupe d'Etudes Ornithologiques de l'Oise ainsi que les
observations de divers observateurs. La également, les données
brutes qui avaient été transmises par certains observateurs pour la
rédaction des synthèses des ardéidés (qui n'ont pas été produites)

pour ces 4 années n'ont pas été retrouvées (COMMECY, com. pers.).

Pour la période 1995 à 2005, nous avons consulté et utilisé la base
de données de Picardie Nature qui rassemble les observations
transmises par le réseau d'observateurs bénévoles de l'association.
Elle comprend la très grande majorité des observations recueillies
sur cette espèce. Concernant leur localisation, les observateurs ont

consenti a faire des efforts pour l'améliorer.

page 14

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

1995 1996 1997 1998
Citation positive 42 29 34 49 23

1999

2000 2001 2002 2003 2004 2005
45 97 27 26 32 1 01

Tableau 1 : Répartition du nombre de citations par année dans la base de données Picardie Nature

Toutefois, certaines imprécisions demeurent, dont une partie a pu être
corrigée après contact avec l'observateur. Cette base de données
comprend 505 citations (date, lieu, effectif, observateur) avec en 2005,
94 mentions négatives émanant de sites où l'espèce avait été notée
au cours de la décennie précédente. Elles se répartissent par année,

comme indiqué dans le tableau 1.

Les deux années de recensement sont marquées par un nombre
plus important de citations (39,2 % des citations). De plus, sur 10
années (1995 à 2004), 2005 n'ayant pas été prise en compte car les
recherches ont été menées cette année-là avec des moyens différents
de ceux mobilisés de 1995 à 2004 (non professionnels), il s'avère que
40,2 % des données (n=404) ont été transmises par un seul et même

observateur.

Ces deux constats tendent à montrer que l'espèce est peu
observée dans le cadre des séances menées habituellement par les
observateurs. Pour être trouvée, elle doit être recherchée activement
ce que ne fait pas la majorité des observateurs contributeurs à la
collecte de données en région. Cette situation doit nous conduire
à être très prudents sur l'interprétation des données collectées en
continu par le réseau et valorisées dans le cadre des synthèses
régionales et départementales. Les données accumulées dans les
années 1980, si ce n'est en 1989 et 1990 où un effort plus important
avait été consenti dans le cadre de l'actualisation des données de
l'inventaire des Zones Naturelles d'intérêt Ecologique, Faunistique
et Floristique, ont été réalisées en dehors d'une recherche poussée.
Même l'enquête nationale de 1983 ne semble pas avoir mobilisé
davantage d'observateurs pour la recherche des couples nicheurs de

cette espèce.

La localisation précise des observations est essentielle, qui plus
est dans la perspective d'apprécier l'importance et la répartition des
effectifs d'une espèce comme le Blongios nain dont les couples
se répartissent le long de vallées où les limites de communes sont
souvent très imbriquées. D'ailleurs, il n'est pas rare qu'une unité de
prospection (un espace (un étang, un marais) avec un même accès)
s'étende sur plusieurs communes et lieux-dits. Dans ces conditions, la
localisation précise sera déterminante pour individualiser les couples

et ainsi proposer une estimation plus précise des effectifs.

Certains sites fréquentés par l'espèce sont difficilement accessibles
physiquement (souvent privés). C'est le cas des Marais de Sacy-le-
Grand et des Marais de la Haute Somme ; en particulier le secteur
entre Péronne et Brie. Les estimations récentes ont tenu compte de ce
point en proposant une estimation faite au jugé du nombre de couples.
Elle s'est appuyée sur une extrapolation de densité relevée dans des

conditions similaires à la zone concernée.

Sur la période considérée, les variations de la quantité et de la qualité
de l'information sont très importantes. Elles n'ont cessé de s'améliorer.
Toutefois, en dehors des 4 recensements régionaux, l'espèce a fait
l'objet de recherches très hétérogènes dans l'espace et globalement

insuffisantes.

La qualité des trois recensements a très fortement évolué. Celui des
années 1970 s'appuie sur une estimation faite au jugé, certainement
après consultation des rares observateurs présents à la fin des
années 1960. Quant au recensement de 1983, la classe d'effectif qui
a été proposée semble s'être appuyée pour son minimum sur une
compilation des données recueillies jusqu'à cette date et pour son
maximum à une estimation faite au jugé. Elle ne semble pas avoir été
à l'origine de campagnes de prospections particulières, du moins c'est
ce qu'il ressort de l'examen des synthèses d'observation publiées pour
cette année-là. Enfin, l'estimation de la population régionale proposée
pour les saisons 2001 et 2005 s'est appuyée sur une campagne de
prospection qui a conduit à une visite de plus de 80 % des zones
favorables à l'espèce et les effectifs proposés se sont principalement
appuyés sur des observations. Pour de rares sites, l'estimation s'est

faite au jugé.

Dans ce contexte, il est certain que les variations d'effectifs
interannuelles sont très difficiles à déceler, même pour la période où
des synthèses sont disponibles. Seuls les deux comptages récents,
2001 et 2005 peuvent être considérés comme ayant une exhaustivité
suffisante pour permettre d'apprécier une évolution d'au minimum 10
%. DUHAUTOIS (1983) indique que le niveau d'incertitude a diminué
au fil des recensements : plus de 50 % pour celui de 1968, 30 % pour

celui de 1974 et moins de 20 % pour celui de 1983.
Dans le cadre de l'analyse conduite, le niveau de certitude de la

reproduction des couples nicheurs a été apprécié selon la typologie
proposée par YEATMAN & BERTHELOT (1994).

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

2) Résultats

La situation de l'espèce a été présentée au cours de 3 périodes qui ont
été déterminées en regard de la qualité et de la nature de l'information

disponible.

Période de 1860 à 1969

Pour ces 100 années, nous de disposons pas de dénombrement
global pour la région. Seules quelques indications sont disponibles sur

le statut du Blongios nain sur différents sites ou régions naturelles.

Dans le département de la Somme, il est considéré comme assez
commun par VAN KEMPEN (1912) à la fin du X|Xème siècle.

En Plaine Maritime Picarde (Somme), MARCOTTE (1860), sur
l'arrondissement d‘Abbeville, le considère comme commun dans les
marais boisés, où il niche dans les joncs, parfois sur les buissons et
souvent sur une vieille souche au bord de l'eau. Il est tué au Hâble
d'Ault de 1857 à 1905 (DE BAYENGHEM, 1913). AUBUSSON (1911)
(reprenant MARCOTTE (1860) ?) le considère comme commun dans
les marais boisés où il niche. Plusieurs captures de mâle, de femelle et
dejeunes sont effectuées du 1 au 8 août dans les renclôtures (COCU,
1929).

En Vallée de la Somme, entre Abbeville et Amiens (Somme),

Période de 1970 à 2000

GUYENCOURT in COCU (1932) considère, suite à des observations
effectuées en 1885, le Blongios nain nicheur commun de mai à
la mi-octobre. Au début du XXème siècle, il est considéré comme
commun entre Amiens et Abbeville mais comme plus rare près de
la côte (DUCHAUSSOY, 1913). Plus récemment, MARTIN (1973) le
considère comme non rare dans les marais entre Amiens et Abbeville,
et exceptionnel sur le littoral. Puis entre Amiens et Ham (Somme),
dans les Hortillonnages (Amiens, Camon, Rivery), durant la seconde
moitié du X|X° siècle, RATTEL (1890) ne mentionne pas l'espèce,
tout comme le Major W. M. CONGREVE qui a observé l'avifaune
de mars à juillet 1917 dans les environs de Péronne (CONGREVE,
1918). Le Capitaine A. W. BOYD qui fréquenta la zone à la même
époque fait le même constat (BOYD, 1919). Enfin, en amont de Ham
(Vermandois) (Aisne), plus récemment, BOUTINOT (1981) constate
une chute brutale entre 1957 et 1964 et s'interroge sur les causes de
ce fort déclin. Il ne propose pas d'estimation d'effectifs mais rapporte
le passage de 4 coup|es/10 ha (densité forte) en 1950 à 0,2 couple
pour la même surface en une quinzaine d'années. Dans les Marais de
la Souche (02) (Nord-Est de Laon), durant les années 1965 à 1968,
KERAUTRET (1969) considère l'espèce comme peu abondante, la

signalant à Pierrepont et à Mâchecourt.

Pour le département de |'Oise, les mentions sont rares. Une seule
provient des environs de Gouvieux (Oise) au début du XXème siècle,
de passage régulier ou accidentel (?) mais pas rarissime (RASPAIL,
1903).

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Carte 1 : Répartition du Blongios nain lxobrychus minutus en Picardie (d’après Servain & Morin et
al., 2003. Le Blongios nain. GEBN, LPO, GNFC, DIREN Franche-Comté) et en Picardie (1970 à

2000)

page 16

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Pour la région, la première évaluation des effectifs est de 230 couples,
(BROSSELIN (1974) DUHAUTOIS, 1984) ce qui doit correspondre a
la situation a la fin des années soixante, début des années 1970. lls
se répartissent ainsi :

- étangs et marais de la Somme : 150 couples

- étangs et marais de l’Aisne : 80 couples

- marais de Sacy-le-Grand : intégré dans l’lle de France :
effectif non signalé mais inférieur à 10 couples puisqu'il correspond a

celui des vallées de la Seine et de I'Oise.

Pour le début des années 1970, YEATMAN (1976) offre la première
carte de répartition régionale de l'espèce sur la trame des rectangles
du carroyage des cartes au 1/50 000 ème de l'Institut Géographique
National (IGN). Celle-ci est présente sur 16 rectangles. 4 où elle est
nicheuse certaine, 10 où l'est probablement et 2 où elle est nicheuse
possible. Sur ces rectangles, elle doit être présente sur les zones
humides suivantes pour les indications de nicheuse certaine et
probable : Marais arrière-littoraux, Basse Vallée de la Bresle, Vallée
de la Somme de sa source a son estuaire avec la basse vallée de

l'Avre, les Marais de la Souche et le Marais de Sacy.

Treize ans plus tard, un recensement est organisé. Il aboutira à une
nouvelle évaluation comprise entre 17 et 38 couples (DUHAUTOIS,
1984) qui se répartissent ainsi :

- étang et marais de la Somme: 11 a 25 couples

- étangs et marais de l’Aisne : 5 à 12 couples

- marais de Sacy-le-Grand (intégré par cet auteur dans
l'lle de France, DUHAUTOIS, com. pers): 1 à 2 couples. COMMECY
(1995) reprendra cette situation, l'atlas régional (1983/1987) n'ayant
pu apporter d'éléments suffisants pour proposer une estimation
actualisée. Il rappelle donc une estimation à 40 couples avec la
répartition départementale suivante : 25 dans la Somme, une dizaine
dans l’Aisne et moins de 5 pour I'Oise. Cet auteur souligne la forte
régression de l'espèce, qui amorcée dans les années 1970, s'est
visiblement poursuivie de 1983 à 1987. Elle se traduit, fort logiquement
par une évolution négative de sa répartition. Elle n'est plus signalée
que sur 9 rectangles correspondant aux cartes au 1/50 000 ème de
l'lGN. Elle disparaît donc de façon probable d'une partie des Marais
arrières-littoraux, de la Vallée de la Somme en aval d'Amiens et en
amont de Ham, de la Vallée de l'Oise et de l'Aisne, par contre elle
est signalée sur la Vallée de l'Authie. Fait surprenant, pour la même
période, une estimation supérieure << près de la cinquantaine « est
proposée par BACROT et al. (1984).

Puis celle du dernier Atlas national de 1985 à 1989 (YEATMAN-
BERTHELOT & JARRY, 1994) a quelque peu évolué en étant plus
proche de la situation de YEATMAN (1976) avec une présence de
16 rectangles dont 7 où elle est nicheuse certaine, 6 probable et 3

possible.

Les données disponibles dans les synthèses d'observations publiées
pour la région etlou les départements pour les années de 1974 à 1989

sont synthétisées dans le tableau 2 figurant sur les pages suivantes.

 
 
   
  
       
 

B l on gios n a i n
ixobrychus minutus

     

nom hJhéqurnue

nid. passible nid. pblbl: uifl- EBŒŒM TÜTÀL
du Humus Ü _
nartealiäüüfl 1 2.3!- IJ 0% zi-LSW. E 13.6% ÜIZËLSG
Carte 2 : Répartition du Blongios nain lxobrychus minutus d'après

l’Atlas des oiseaux nicheurs de Picardie 1983-1987 (COMMECY,
X. 1995)

 

uâv. pimente
O

   

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pmèluhlr: 52 45.: ‘i:
carmin: 45‘ ÊÙJ ‘il!

      
  

Carte 3 : Répartition du Blongios nain lxobrychus minutus d'après
le nouvel Atlas des oiseaux nicheurs de France (YEATMAN-
BERTHELOT,D. &JARRY, G. 1992) 1983-1987(COMMECY,X. 1994)

page 17

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain lxobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Région

Chivres-en-Laonnois

Sacy-Ie-Grand

Blangy-Tronville

Boves (non localisé)

Boves (Réserve
Naturelle)

Camon

Cayeux

Corbie

Etinehem

L’Etoi|e

_\

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‘u
O

2CE

‘u
O

P0

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P0

P0

1CE

P0

_\

P0

4PB

Somme

 

 

P0

_\
_\

1

Dreuil-Ies-Amiens

 

 

_\

à

 

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature — Février 2009

Fontaine-sur-
1 CE
Somme

Fouencamp

P0
La Chaussée-Tiran-
coud

Le Hamel
P0 P0

Long

Long le Catelet

P0 P0 P0 P0

2 PB 1 1
P0 P0 P0 P0

P0
1

P0

Tableau 2 : Nombre de couples par commune et niveau de certitude de reproduction. CE .' certain, PB .' probable, PO .' possible. 1 en face du

département et d’une année indique que la synthèse a été publiée et est donc disponible d'après les synthèses d'observations publiées de 1974 à 1989

Elles révèlent qu'au cours de ces 16 années, des couples ont été notés
sur 33 localités différentes avec des variations parfois importantes
relevées sur les sites visités chaque année et qui accueillent plus
d'un à deux couples, ils sont peu nombreux (n=4). L'effectif noté
sur ces 16 années serait de 39 couples sur la base d'un cumul des
effectifs maximaux relevés au cours de la période sur chaque site.
Si la même évaluation est assurée pour la période allant de 1983 a
1987, années de |‘At|as régional, 23 couples sont proposés pour 16
localités qui correspondent approximativement au minimum proposé
par DUHAUTOIS (1984). Le haut de la classe d'effectif est donc
une estimation dont les modalités d'évaluation auraient mérité d'être
précisées. Les effectifs notés chaque année de 1976 à 1987 oscillent
entre 3 et 9 couples, puis 16 et 10 en 1988 et 1989.

Ensuite, pour la décennie 1990,

- GAVORY (1995) propose un minimum de 50 couples sur la base
d'une synthèse des données collectées à la fin des années 80 et au
tout début des années 90, plus particulièrement de 1989 à 1993, sans

précision particulière sur la méthode utilisée.

- SUEUR (1998), ignorant la précédente référence et BACROT
(1984) ( ?), propose de réévaluer l'estimation de DUHAUTOIS (1984)
a 50 couples pour la période 1983 à 1998 (soit 15 années) dont 35
dans la Somme sans détailler la méthode et les données utilisées.
Il considère que durant cette période les effectifs se sont stabilisés.
D'ailleurs, il estime que leur baisse annoncée par COMMECY (1995)
pour les années 1984 à 1986 n'est pas réelle, mais qu'elle est liée
aux variations de détection des couples. Il fonde son analyse sur
le nombre de couples signalés dans les synthèses d'observations
parues de 1983 a 1987, puis en 1989. Un examen rapide des données
qu'elles proposent (tableau 2) révèle une situation qui est loin d'être
aussi claire. De plus, il est certain qu'à cette époque l'insuffisance
des données et des prospections ne permettaient pas de déceler une

variation de 25 %.

- enfin, dans la perspective d'une synthèse régionale qui n'a

finalement pas été publiée, une compilation des données collectées

au cours des années 1990 à 1995 a abouti à une fourchette de 56 à
87 couples (GAVORY inédit), supérieure à celle proposée par SUEUR
(1998). Elle s'appuie principalement sur les données disponibles dans
la base de données de Picardie Nature et est présentée en annexe
1. Le minimum est l'effectif qui semble être nicheur chaque année et
le maximum correspond a celui des années plus favorables (où les

niveaux d'eau sont plus hauts ?).

A une échelle inférieure à la région, la situation des effectifs est

la suivante.

Dans le département de l'Aisne, au début des années soixante-dix,
la population est estimée à 80 couples (DUHAUTOIS, 1984). Une
décennie plus tard, en 1983, elle est au minimum de 5 et estimée à 12.
DUHAUTOIS, (1984) et DUPUICH (1983) la considère inférieure a 10
couples et en régression. Pour cette même année, la synthèse publiée
ne mentionne aucune observation (COMMECY et Al., 1985).

Dans son principal bastion départemental, les Marais de la Souche,
SCHIPPER (1971) ne signale pas l'espèce après trois mois de
prospection en 1970 pour l'étude des Busards. Par contre, a la fin
des années quatre-vingt, la population de la vallée était estimée a un
minimum de quatre couples (BIGNON & GAVORY, 1988) suite a des
prospections réalisées en 1987 et 1988. GAVORY (1992) conclut que
sur ces zones humides, au cours des deux décennies 1970 et 1980,

ses effectifs ont peu varié.

Pour l’Oise, DUHAUTOIS (1984) ne mentionne pas d'évaluation
départementale pour le début des années 1970. Toutefois, il propose
une estimation inférieure à 10 couples pour les vallées de la Seine
et de |'Oise qui concerne pour partie ce département. Il évalue à 1
à 2 couples la population isarienne au début des années 1980. Plus
précisément sur le Marais de Sacy, son bastion départemental,
l'espèce n'est pas signalée par TOMBAL (1984) mais l'est ensuite
comme nicheuse possible par MERIAUX & TOMBAL (1985). Ces
derniers précisent qu'elle y nichait «il y a quelques années>> mais
que «sa présence actuelle est à établir>>, sans évoquer les effectifs. 4

couples seront ensuite signalés en 1988 .

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Dans la Somme, l'estimation de sa population passe de 150 couples
au début des années 1970, a 11 à 25 en 1983 (DUHAUTOIS, 1984)
puis 25 pour les années 1983 à 1987 (COMMECY, 1995), 35 pour les
années 1983 à 1998 (SUEUR, 1998) et enfin 44 à 67 couples pour
les années 1990 à 1995. Au début des années quatre-vingt, SUEUR
(1983) considère que l'espèce est en régression, mais que ses effectifs

restent à préciser.

En Plaine Maritime Picarde (Somme), SUEUR & COMMECY (1990)
signalent sa nidification dans les phragmitaies, mais le considère au
bord de l'extinction avec une seule mention d'un oiseau cantonné
entre 1980 et 1988. Puis, plus récemment de 1989 à 1998, deux à
trois cas de nidification y sont notés au Hâble d‘Ault, un en 1995 puis
un voire deux en 1998 (SUEUR et TRIPLET, 1999).

En Vallée de la Bouvaque (Nord d'Abbeville - Somme), dans les
années soixante dix, il est considéré comme nicheur possible
(MONTEL, 1981). En Vallée de la Somme entre Abbeville et Amiens
(Somme), SUEUR (1985) signale l'espèce dans un minimum de
4 sites, pour un minimum de 4 couples entre Erondelle et Amiens,
au début des années 80. Tandis que sur le tronçon Corbie/Péronne
(Somme), BACROT (1989) propose une estimation de 25 couples, en
s'appuyant sur des données collectées de 1985 à 1989. Sur le même
secteur, vingt ans plus tôt, NEVEU et SUEUR (1978) le considéraient
comme un nicheur estivant présent de fin avril à fin septembre, encore
bien représenté mais en diminution, signalant 2 couples à Bray-sur-

Somme et à Corbie en 1976 et 2 a 3 en 1977 au Hamel.

Pour la zone humide du confluent Avre/Noye (Sud d‘Amiens, sur
les communes de Boves, Fouencamps, Thézy-Glimont et Hailles),
NEVEU et ROYER (1988) proposent une estimation de 5 à 6 couples
pour la période 1977-1988, et estiment que de 1977 à 1994, le nombre
de couples n'a pas connu de variations, oscillant de 5 à 6 couples
(ROYER et NEVEU (1995)).

En Vallée de la Bresle (80), SANNIER (2001) affirme que la population
de cette espèce a régressé et qu'elle n'est plus « remarquée >> que
dans la région de Sénarpont, en amont de Neslette sur la commune

de Nesle-l'Hôpital, sans plus de précision.

Période de 2000 à 2005

Au cours de ces 6 années, deux recensements ont été organisés
(GAVORY & LEGRIS, 2006) et ont permis de fournir une estimation du
nombre de couples 66 à 96, qui s'appuie sur des effectifs constatés et
estimés sur les sites où l'espèce n'a pas pu être recherchée.

Le minimum correspond à l'effectif de couples (nicheurs certains,
probables et possibles) dénombré sur les sites visités, complété par
une estimation de celui potentiellement présent sur ceux qui n'ont
pas été visités mais où l'espèce avait été notée précédemment. Elle
s'appuie dans la majorité des cas, sur des dénombrements réalisés
précédemment.

Le maximum est défini par l'addition du minimum et d'une estimation
du nombre de couples qui pourraient être présents dans des milieux

favorables à l'espèce.

2001 2005
mini maxi mini maxi
Aisne 10 12 6 7
Marais de la Souche 5 5 4 4
Vallée de la Somme:
3 3 2 2
Ham/St Quentin
Autres sites 2 4 0 1
Oise 6 8 4 5
Marais de Sacy-le-Grand 5 7 4 5
Autres sites 1 1 0 0
Somme 74 82 53 57
Vallée de la Somme:
20 20 10 10
Abbeville/Amiens
Vallée de la Somme :
30 32 28 28
Amiens/Péronne
Vallée de la Somme:
8 11 3 5
Péronne/Ham
Vallée de I’A vre et de la
11 14 10 12
Noye
Autres sites 5 6 2 3
Picardie 90 103 63 70

Tableau 3 : Effectif minimum et maximum de couples de Blongios nain lxobrychus minutus par zones humides principales, par département et

pour la région Picardie pour les années 2001 & 2005.

Parallèlement des données ont été accumulées par les observateurs. Elles ne remettent pas en question la situation brossée à l'occasion de ces

deux recensements.

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain lxobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

3) Discussion - Conclusion

Jusqu'après la seconde guerre mondiale, dans les années 1960,
l'espèce est distribuée au minimum sur la Vallée de la Somme et les
Marais de la Souche avec des effectifs impossibles à évaluer. Elle
n'y semble pas rare jusque dans les années 1950, où son déclin est
constaté à la fin de cette décennie sur une petite partie de son aire de
répartition régionale. En fait, la situation de l'espèce de la fin du XlXe
siècle et jusque dans les années 1960 n'est que très partiellement
connue. Durant cette longue période, l'effort de recherche a été limité,
aucun recensement n'a été organisé et les données éparses restent
limitées et lacunaires dans le temps comme dans l'espace. De ce fait,
l'estimation proposée de 230 couples (sans les effectifs de |'Oise, avec
peut-être 235 ?) surprend, surtout qu'elle pourrait servir de référence
pour estimer le niveau de saturation des sites de la région et donc
pour mesurer la portée des mesures de conservation prises. Il est

vrai que vu la connaissance très partielle qui apparaît à la lumière

1974

1983 17 à 38 couples
1983 50 couples
1983/1987 40 couples
1985/1990 environ 50 couples
1990/1995 56 à 87 couples
1983/1998 50 couples

des éléments bibliographiques disponibles, elle apparaît incroyable.
D'ailleurs, l'incertitude de ce recensement national a été évalué à 30
% et par exemple, en région Nord-Pas de Calais, l'effectif proposé
pour cette période a été considéré comme surestimé (MARION & a|.,
2006). Dans ce contexte, quel crédit doit-on lui accorder ? Au début
des années 1970, si nous considérons qu'il y a eu surévaluation et que
le niveau de fiabilité était de l'ordre de 30 %, la population se situerait

plutôt autour de 170 couples.

Les trois décennies qui suivirent (1970-1980-1990) ont été marquées
par une amélioration de la connaissance des effectifs de l'espèce et
de leur répartition notamment au moyen, d'un recensement dédié en
1983 et surtout de l'essor de l’ornithologie de terrain, complétée par
l'intérêt porté par quelques observateurs à l'espèce. La multiplication
des données n'a pas pour autant facilité l'évaluation des effectifs

régionaux comme le montre le récapitulatif figurant dans le tableau 4.

minimum 230 couples (sans les effectifs de l'Oise), peut-être 235

Tableau 4 : Récapitulatif des estimations de la population régionale de Blongios nain lxobry-

chus minutus disponible par année ou période depuis 1974

D'ailleurs, l'absence du détail des observations utilisées ne permet
pas d'apprécier des variations fines (5l10%) de l'effectif total. Pour
le recensement de 1983, DUHAUTOIS (1984) estime son niveau
d'incertitude à 20 % et précise que de nombreuses vérifications sont à
assurer dans la région. Soulignons que pour le début des années 1980,
l'estimation proposée passe de 38 à 50 couples soit une variation de

plus de 25% entre deux estimations proposées au même moment.

La distribution des couples a évolué en cohérence avec la régression
des effectifs. Ainsi, entre les deux périodes des deux atlas nationaux,
l'espèce a disparu de 8 rectangles et est apparue sur 1, pour un
maximum de 17 rectangles occupés pour les deux périodes. Elle est
restée présente sur les principales zones humides fréquentées dans les
années 1980. Elle aurait disparu de la vallée de |'Omignon. Elle reste
quasi absente des vastes ensembles d'étangs issus de l'exploitation
des granulats et présents dans les Vallées de la Marne, de |'Aisne, de

|'Oise, du Thérain, des Evoissons, de la La Selle, de La Bresle 

L'évolution des effectifs estimés etlou constatés, révèle une baisse, un
effondrement devrions-nous écrire, de l'ordre de 80 %, entre la fin des
années 1960, début des années 1970 et le début des années 1980 où
les estimations sont très variables (plus ou moins 25 % : 38 à 50). Au
début des années 1990, une augmentation est perceptible, et nous
estimons à la lumière des observations effectuées à la fin des années
1980, qu'elle a du s'amorcer dès ce moment. Ensuite, l'estimation

proposée pour le début des années 1990 confirme une progression

de l'ordre de 50 %.

Toutefois, les situations brossées sur les rares sites suivis régulièrement
révèlent des variations interannuelles des effectifs dont l'appréciation
est certainement amplifiée par la présence de mâles se cantonnant
mais ne se reproduisant pas (BOILEAU & BARBIER (1999) , obs.
pers.). Ainsi, sur les zones humides de la confluence de |’Avre et de
La Noye dans la Somme, qui bénéficie d'une pression d'observation
importante depuis le début des années 1970 (mais qui n'a pas été
évaluée dans les publications qui lui ont été consacrées), il est
démontré une stabilité des effectifs durant près de 3 décennies avec
des variations interannuelles légères. La situation est similaire sur les
décennies 1980, 1990 et début 2000 avec une pression d'observation

bien moindre sur les Marais de la Souche.

Au début du XXI ème siècle, la connaissance de la répartition
des effectifs (Carte 2) s'est considérablement améliorée avec des
dénombrements d'une exhaustivité qui n'a pas eu d'égal par le passé,
même si il reste d'un niveau de certitude qui peut être estimé à au

moins 10 %.

2001 : 90 à 103 couples
2005 : 63 à 70 couples

Sur les deux zones humides suivies citées précédemment, les effectifs

constatés se sont légèrement accrus, notamment en 2001.

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Répartition du Blcngios nain en Picarde de 2001 à 2005-

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Carte 2 : Répartition du Blongios nain lxobrychus minutus en Picard/e de 2001 a‘ 2005.

La population régionale a globalement suivi le schéma d'évolution
de la population nationale. MARION & al. (2006) relèvent une chute
exponentielle des effectifs de 88 % entre 1968 et 1989, puis une légère
remontée entre 1995 et 1997, qui se poursuit en 2000 pour s'accélérer
fortement en 2003/2004. En Picardie, après une chute de près de 80
% entre le début des années 1970 et le début des années 1980, ses
effectifs se stabilisent au début des années 1980 autour de 50 couples,
et s'accroissent dès la fin de cette décennie pour progresser d'au moins
20 % au cours des premières années de la décennie 1990. Il semble
que cette progression s'est poursuivie ensuite avec des variations en
lien avec les conditions du milieu, en particulier la situation des niveaux
d'eau. Elle aboutit au début des années 2000 à un effectif compris
entre 66 et 96 couples. Il apparaît donc que la remontée des effectifs
date plutôt de la fin des années 1980, début des années 1990, que
des années 1995 comme le propose l'analyse nationale. En tout cas,

les effectifs ne sont certainement pas restés stables de 1983 à 1998

autour de 50 couples comme le propose SUEUR (1998). S'ils l'ont été
durant ces quinze années, l'effectif avoisinerait plutôt les 65 couples.

L'analyse conduite a montré que pour une espèce dont les effectifs
sont de l'ordre de la cinquantaine de couples ou de la centaine, les
connaissances restent fragmentaires et le manque de détail sur les
modalités précises d'estimation ainsi que sur l'effort de prospection
pénalisent une analyse objective et précise de la situation. Il est certain
que pour la période récente, la disponibilité d'une base de données
comprenant une majorité de données correctement géolocalisées a
été un élément précieux qui a permis une approche certainement plus

objective de la situation de l'espèce.

A ce niveau, les seules données compilées dans des synthèses
d'observations, sans aucune information sur l'effort de prospection et
sans retour possible sur les données de base, ont réduit la portée de

l'analyse pour deux décennies, année 1970 et 1980.

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

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- MONTEL, F. (1981). La vallée de la Bouvaque. L'Avocette, 5 (3/4) :
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1965. SPN, IEGB, MNHN, SEOF, Paris. 260 p.

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L'Avocette, 12 (3) : 95-165.

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page 23

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- RATTEL, TH. (1890). Les Hortillonnages d‘Amiens, cultures maraî-

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Pierrepont- Sissonne (Laonnois-Aisne). Alauda, 39 : 204-208.

1980 Numéro spécial

- SUEUR, F. (1980). Bibliographie ornithologique de la Somme (1933
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- SUEUR, F. (1983). Liste Rouge espèces d'oiseaux nicheurs rares et
menacées dans le département de la Somme. GEPOP, doc. multicop.
18p.

- SUEUR, F. (1985). Classification des zones humides de la portion de
la vallée de la Somme (Somme) comprise entre Erondelle et Amiens

en fonction de leur intérêt avifaunistique. GEPOP, doc. multicop. 18 p.

- SUEUR, F. (1988). Bibliographie ornithologique picarde (1824-1985).
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- YEATMAN-BERTHELOT, D. & JARRY, G. (1994). Nouvel Atlas des
oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société d’Etudes Ornitholo-

giques de France. p. 775.

- COMMECY, X., MERCIER, E. & SUEUR, F. (1995). Atlas des oi-

seaux nicheurs de Picardie. Numéro spécial de l’Avocette. p241.

5) Remerciements

Nous tenons a remercier Françoise DELCOURT et Sébastien

MAlLLlER pour la relecture du document.

page 24

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe 1 : Localisation des effectifs des couples du Blongios

nain lxobrychus minutus de 1990 à 1995 en Picardie.

Les effectifs ont été estimés par cumul des données collectées au
cours de ces 6 années. Leur estimation s'appuie donc pour leur
grande majorité sur des observations réalisées. La classe d’effectif
correspond au minimum noté au cours de la période et au maximum
relevé. Les observations ont été réalisées par L. GAVORY en dehors
des informations transmises par les observateurs mentionnés ainsi
que par V. BAWEDIN, P. ROYER pour certains sites de la Vallée de

la Somme.

Région Picardie : 56 à 87 couples

Département de l’Aisne : 12 à 15 couples

Vallée de la Somme de Ham à Saint-Quentin : 5 couples

Ollezy («Marais d’Ollezy») : 2 couples

Saint-Simon («Les Etangs») : 1 couple

Saint-Quentin (Réserve Naturelle des «Marais d’lsle») : 1 couple (S.
BOUTINOT com. pers.)

Vallée de La Souche : 3 à 5 couples
Marchais (<<Mobi|lau>>) : 1 couple
Chivres-en-Laonnois, Liesse,

Missy-les-Pierrepont, Pierrepont

(«Marais Saint-Boétien>>) : 2 à 4 couples

Vallée de l’Aisne : 1 à 2 couples

Villers-en-Prayères : 1 à 2 couples (J. LITOUX com. pers.)

Vallée de l’Omignon : 3 couples
Etang de Vermand :3 couples (S. BOUTINOT com. pers.)

Département de l’Oise : 0 à 5 couples

Marais de Sacy-Ie-Grand : 0 à 5 couples

0 à 5 couples (divers observateurs : GEOR 60)

Département de la Somme : 44 à 67 couples

Domaine maritime : 0 à 1 couple

0 à 1 couple

Vallée de l’Authie : 0 à 1 couple

0 à 1 couples (estimation pas d’observation durant la période)

Vallée de la Bresle : ?

Vallée de la Somme d’AbbeviIIe à Amiens : 10 à 15 couples
Mareuil-Caubert, Bray-les-Mareuil (ensemble des marais) : 2 à 4
couples (G. DELOISON com. pers.)

Fontaine-sur-Somme («Pré des Trois foetus) :0 à 1 couple (G. DEBAS

com. pers.)

Fontaine-sur-Somme, Long, Longpré-les-Corps-Saints, L’Etoile
(ensemble de fosses d'extraction de tourbe) : 3 couples
L’Etoile («Marais de |‘Etoile»): 1 couple

Bourdon (Marais du Château) : 0 à 1 couple
Belloy-sur-Somme («Petit et Grand Marais») : 1 couple
Picquigny (Marais communal) : 1 couple

Ailly-sur-Somme («Les Grandes Aiguilles») : 1 à 2 couples

Dreuil-les-Amiens («Le Pré des Corvées») : 1 couple

Vallée de la Somme d’Amiens à Péronne : 27 à 36 couples
Rivery-Camon («Les Hortillonnages>>) : 2 à 4 couples

Corbie («Marais de la Barette») : 1 couple

Hamelet («Etang entre deux eaux, Grand Etang) : 1 couple
Sailly-le-Sec («Marais de Vaux, Blanches terres») : 3 couples

Le Hamel («La Seigneurie, Etang des Bracheux») : 1 à 2 couples (G.
NEVEU, com. pers.)

Morcourt («Etang Florimond, Etang du Bas») :
COMMECY com. pers.)

Morcourt («Marais à vaches, Etang de la Hutte») : 1 à 2 couples

2 couples (X.

Méricourt-sur-Somme, Etinehem («Marais des Tourberies») : 1 à 2
couples

Etinehem («Hétuberne») : 1 couple

La Neuville-les-Bray («L’Allée au foin>>) : 2 à 3 couples

La Neuville-les-Bray, Cappy (<<La tourbière») : 4 à 5 couples

Cappy, Suzanne, Eclusier-Vaux (ensemble des marais) : 3 à 4 couples
Eclusier-Vaux («Marais d’Ec|usier>>) : 1 couple

Eclusier-Vaux («Marais de Vaux») : 3 à 4 couples

Frise («La Grenouillère») : 1 couple

Vallée de la Somme de Péronne à Ham : 2 à 3 couples
Saint-Christ-Briost («Marais du Gord») : 1 couple
Béthencourt-sur-Somme («Etang de Monsieur |‘Homme») : 1 à 2
couples (C. DANCOISNE com. pers.)

Vallée de I’Avre : 5 à 9 couples

Boves («Marais Saint-Nicolas») : 1 à 2 couples

Boves («Marais à scier») : 2 à 3 couples

Fouencamps (Le Paraclet) : 0 à 1 couple (G. NEVEU com. pers.)
Thézy-Glimont («Marais communal») : 1 couple

Moreuil («Marais de Genonville»): 1 à 2 couples

Vallée de I’HaIlue : 0 à 1 couple
Querrieu («Marais du Houllon») : 0 à 1 couple (P. MORONVALLE com.

pers.)
Vallée de I’Airaines : 0 à 1 couple

Longpré-les-Corps Saints (Basse vallée de I’Airaines) : 0 à 1 couple (P.
DOLPHIN, com. pers.)

page 25

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain lxobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- ELÉMENTS SUR L’ÉCOLOGIE ET LA BIOLOGIE DU BLONGIOS
NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS EN PÉRIODE DE REPRODUCTION
EN PICARDIE : SYNTHÈSE DES DONNÉES DISPONIBLES ET
RÉSULTATS DE L’ÉTUDE MENÉE EN 2005

Par Sébastien LEGRIS, Laurent GAVORY, et Emmanuel FOURNIER

Résumé

Peu d'éléments étaient disponibles sur l'écologie et la biologie du
Blongios nain en Picardie. Aussi, en 2005, 185 séances (295 heures
d'observation) ont été consacrées à la caractérisation de l'habitat et
différents paramètres de sa reproduction, principalement sur 5 sites de
la Somme. Les résultats obtenus constituent une première approche
qui reste partielle.

Les couples fréquentent surtout les marais tourbeux où leur territoire
oscillerait entre 8,5 et 33 ha. Le territoire s'organiserait autour de zones
en eau mais les oiseaux utiliseraient les végétations situées sur et au-
dessus de l'eau, principalement les bosquets de saules, les saulaies
et plus rarement les roselières inondées qui sont imbriquées les unes
dans les autres. Les oiseaux ont été vus principalement posés sur
un saule, ou plus rarement sur des roseaux situés à une interface
entre plusieurs types de milieu, le plus souvent eau et saule. Le peu
d'individus vus pêchant l'ont été sur des branches de Saule situées
au-dessus de l'eau. Le Saule est également le support le plus utilisé
par le mâle pour émettre son chant. Concernant le déroulement de
la reproduction, des chanteurs ont été entendus du 25 avril au 5 août
mais l'activité de chant est plus intense lors de la troisième décade de
mai et la première de juin et en soirée. Ponte et couvaison se déroule
principalement lors des deuxième et troisième décades de mai. Les
éclosions et la présence de pulli au nid se situent surtout en première
et deuxième décade de juin, puis les départs des jeunes du nid et leur
émancipation a lieu à partir de la troisième décade de juin.

Mots clés : Blongios nain, Picardie, habitat, calendrier de la

reproduction.

Introduction

Le Blongios nain est une espèce pour laquelle la région Picardie, eu
égard à l'importance des effectifs qu'elle héberge, a une responsabilité
particulière pour sa conservation à l'échelle de la France mais aussi
de |'Europe de l'Ouest (GAVORY & LEGRIS, 2009). L'espèce est
présente avec des effectifs limités et se trouve être considérée comme
menacée. Actuellement, trois espaces concentrent la majorité de
l'effectif régional : les vallées de la Somme et de la Souche et le Marais

de Sacy-le-Grand.

Les éléments disponibles sur sa biologie et ses exigences écologiques
en période de reproduction restent fragmentaires, notamment en
Picardie. Récemment, dans le cadre du Groupe de travail national
«Blongios», un certain nombre d'études a été lancé mais seul le
marais Audomarois (62) a fait l'objet d'une approche poussée. Même
si il est un marais tourbeux proche de ceux fréquentés par l'espèce en

Picardie, les résultats des études qui ont été menées ne peuvent être

transposés de façon pleine et entière à la situation picarde.

Aussi, dans la perspective de proposer des mesures de conservation
pertinentes, notamment en matière de gestion des habitats et plus
particulièrement de la végétation, nous avons proposé d'étudier les
territoires fréquentés par quelques couples de Blongios nain, plus
particulièrement les éléments de végétation présents et utilisés, tout
comme les supports exploités par les oiseaux pour ses principales
activités menées durant la période de reproduction. Il était également
nécessaire de synthétiser les informations relatives au déroulement,
ainsi qu'au succès de la reproduction de l'espèce. Les données
recueillies en 2005 ont été complétées par les données compilées par

le passé, notamment publiées.

La présente note rassemble les principaux éléments d'information

collectés en Picardie et en propose une analyse.

1) Méthodologie

Description des grands milieux fréquentés, des territoires et supports
liés aux activités essentielles.

Nous avons détaillé pour les deux années (2001 & 2005) les sites
où les recherches des couples ont été plus importantes et actives,
les types de milieux fréquentés selon une typologie qui s'appuie sur

l'origine de la zone humide, et plus particulièrement de la zone en eau.

Il s'agit :

- des étangs et marais tourbeux issus du tourbage : constitués
principalement d'étangs plus ou moins vastes (anciennes fosses
d'extraction de tourbe) comportant des herbiers à Nénuphars, des

roselières (phragmitaie, typhaie (plus rare) ainsi que des saulaies);

- des complexes marécageux ayant pour origine des barrages du
lit majeur : constitués par un cours d'eau au lit mineur large, circulant
entre des îlots plus ou moins vastes, constitués de saulaies et de
roselières (principalement des phragmitaies) et incluant des plans
d'eau parfois étendus (en amont des chaussées «barrage» où sont

présents des herbiers à Nénuphars) ;

- des gravières qui sont des étangs et très rarement des marais
sur granulats (sable et graviers) : anciennes fosses d'extraction de
granulats (sables et graviers) plutôt récentes (30 à 40 ans au maximum)
dont les milieux adjacents (roselières, saulaies) se développent sur un
substrat sablo-graveleux, plus rarement tourbeux

- des étangs de pisciculture : constitués généralement d'un ou
plusieurs plans d'eau (créés par creusement ou barrage d'un petit
cours d'eau) et d'une ceinture d'hélophytes (phragmitaie, typhaie...)

ou de saules Salix sp.
Au cours de la saison 2005, nous avons cherché à décrire les éléments

nécessaires à la reproduction des couples de Blongios nain avec deux

niveaux d'approche :

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- les éléments utilisés comme support pour assurer les principales
activités : installation du nid, chant, chasse et pêche, confort (repos et

toilette) 

- le territoire, plus particulièrement son occupation du sol et ses

différentes unités de végétation.

La description des supports utilisés a été conduite de la façon
suivante. Les oiseaux étaient recherchés dans le cadre de séances
d'observation à poste fixe d'une durée de 15 à 30 minutes. Dès qu'un
oiseau était repéré, ont été relevés : la date, l'heure, le sexe, l'âge
et son comportement (selon la typologie suivante : chasse/pêche,
toilette, chant, repos...). Ensuite le support sur lequel il se trouvait a
été décrit à deux échelles, la partie directement utilisée par l'oiseau
et l'élément du paysage auquel il appartenait pour cela. Les éléments
d'information suivants ont été notés :

- la nature du support (végétation, berge...), avec dans le cas d'un
élément de végétation vivant, une précision du genre ou de l'espèce ;

- la hauteur à laquelle se trouvait l'oiseau, évaluée au plus juste ;

- la densité de l'ensemble de végétation sur lequel il se trouvait
(dense, peu dense) ainsi que sa position par rapport à l'eau. Quand
l'oiseau était posé au-dessus de l'eau, la largeur de végétation
surplombant était calculée ;

- la proportion des grands types de milieux présents en périphérie
immédiate du point de stationnement, dans un rayon de 5/10 m,
évalué en pourcentage.

Le territoire a été considéré comme étant l'espace utilisé (posé mais

aussi en vol) par les oiseaux (couple et pullis), jusqu'à leur départ vers

leurs sites d'hivernage. Il a été délimité en cartographiant l'ensemble
des observations réalisées sur un même site durant la saison de
reproduction de la mi-mai à la mi-juillet, puis en les englobant dans un
polygone dont le périmètre relie les localisations les plus externes et
suivent le contour des unités de végétation ou de milieu utilisés.

Pour la description, cinq sites ont été étudiés. Ils ont été choisis pour
leur accessibilité par l'observateur et leur représentativité en terme de
milieux. Du point de vue initial, il s'agissait ainsi de couvrir le panel des
situations dans lesquelles s‘installaient les oiseaux dans la région :
type de milieux présents, étendues d'eau... En fait, il s'est avéré que
les situations étaient assez homogènes et que finalement la taille des

étendues d'eau constituait un facteur discriminant.

Chaque site devait faire l'objet de visites, les plus régulières et
fréquentes possibles au cours de la saison, et à chaque reprise les
contacts obtenus étaient cartographies. Dans un second temps, les
différents éléments constituant le territoire délimité ont été relevés.

Les différents types de support (eau, terres émergées) puis les
unités de végétation ont été cartographies et leur surface évaluée en
s'appuyant sur les photos aériennes des sites. Il en a été de même pour
les autres éléments d'occupation du sol présents. Ces cartographies
et évaluations de surface ont été assurées grâce à Photoexploreur de
l‘lGN comprenant des photos aériennes du début des années 2000.
Ainsi, pour chacune des unités, des polygones ont été tracés pour

permettre l'évaluation de leur surface.

     
    
 
    

commun-Jill

variée de l'arn-
el. de la Nager:

Piequlgny {murale

{Tnrnnn {Evlnrnls
rfHecquctj

. 4.-,
_ Lu Hamel {Etung

 es lirudieux;

 

Fmenlfiimps [les étangs
rlu Farucletl

m Répartition des sites étudiés

page 27

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Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Eaux libres

Nénupharaies
I Megaphorbiaies
Floselières
I Saulaies
l Végétation entretenue
l Huttes de chasse

Carte 2 : Relevé des habitats sur le marais d’Hecquet à Camon

Pour chaque unité de végétation ont été déterminés les éléments
suivants :

- ligneux (présence/absence) : essence, hauteur, extension en
centimètre des branches au-dessus de l'eau (par tranche de 50 cm),
la densité (dense, non dense), surface ;

- roselière : surface, âge de la formation (jeune, mature, âgée)
estimé en fonction de la présence de tiges anciennes et de l'importance
de débris au pied, le niveau d'inondation et la densité (dense, peu
dense) de tige;

- nupharaie : espèce, surface et densité (dense, peu dense)

- mégaphorbiaie : surface ;

- autres formations : surface.

Les différents types d'occupation du sol ont été relevés selon
l'ennoiement : les zones émergées et immergées. L'état d'ennoiement
a été estimé lors des visites, et correspond donc aux niveaux d'eau
de juin/juillet 2005. Dans les vallées de la Somme et de l'Avre, ils
varient peu au cours d'une même saison, en particulier pour les zones
humides qui ne sont pas en relation directe avec les cours d'eau. Une
unité a été considérée comme inondée lorsque plus de 50 % de sa
surface était ennoyée. Toutefois, dans la majorité des situations, l'unité
de la végétation était ou n'était pas dans sa totalité inondée. Ainsi, les
surfaces mixtes sont peu courantes. Cette situation est liée à l'origine
des plans d'eau choisis : fosse de tourbage creusée avec des pentes

abruptes ou des bassins de pisciculture (Fouencamps).

Ensuite, au sein de ces deux domaines ont été distinguées les unités
de végétation présentes et autres types d'occupation du sol. La
typologie utilisée était la suivante :

- Saulaie : formation constituée de Saules, surtout Salix cinerea ,'

- Peupleraie : surface occupée par des Peupliers Populus sp.
généralement plantés ;

- Autres boisements : surface occupée par des boisements aux
essences variées, le plus souvent de l'Aulne Alnus glutinosa ou du
Fréne Fraxinus excelsior;

- Roselière formations plutôt monospécifiques de Roseaux
Phragmites communis ou de Massettes Typha sp.

- Mégaphorbiaie : ensemble de hautes herbes à composition
diversifiée ;

- Nupharaie : herbiers à nénuphar le plus souvent blanc Nymphea
alba et plus rarement jaune Nuphar lutea ;

- Végétation entretenue : il s'agit de surfaces en herbe fauchées
régulièrement ;

- Végétation morte : généralement des arbustes morts présents
en berge ;

- Hutte de chasse et route.

Pour les deux domaines, en eau et émergés, nous avons évalué les
surfaces qui étaient inaccessibles par les personnes fréquentant les
lieux. Il s'agissait en fait, au cœur des zones en eau, des îlots et en

zones émergées, des secteurs très embroussaillés ou fangeux.

Enfin, nous avons dénombré les différentes unités par domaine

(émergé, immergé), de façon à essayer d'évaluer leur dispersion.

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Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Déroulé et succès de la reproduction

Des éléments d'information ont été collectés au fil des séances
d'observation menées en 2005 sans protocole particulier, hormis la
réalisation de points fixes d'observation de durée variable de façon
à se donner le plus de chances de détecter les oiseaux et d'observer
leur comportement. Parfois, la « repasse >> au magnétophone du chant
du mâle a été assurée pour inciter les individus à se manifester. Dans
ce cas, le comportement de chanteur n'a pas été pris car il n'était
pas spontané. Aux données collectées en 2005, nous avons ajouté
celles disponibles dans la base de données de Picardie Nature ainsi
que dans la bibliographie régionale disponible, essentiellement les

synthèses d'observations depuis 1976.

2) Résultats
État des recherches
Il s'est avéré que la bibliographie régionale offrait peu d'éléments

d'information concernant le déroulé de la reproduction de l'espèce,

ainsi que son écologie. Aussi, la très grande majorité des informations
sont issues des séances de terrain effectuées en 2005. Au cours de
cette année, 185 séances ont été consacrées à rechercher l'espèce
et se sont réparties comme indiqué dans le tableau 1. Une séance
correspond à une date, un créneau horaire et un lieu. Si un même
lieu a été visité à deux reprises au cours d'une même journée et si les
créneaux horaires sont éloignés, deux séances ont été comptabilisées.
Un total de 295 heures d'observations effectives a été consacré à la
recherche et à l'étude de 5 sites par deux observateurs (Sébastien
LEGRIS et Emmanuel FOURNIER).

L'étude des cinq territoires a été permise par 51 séances réparties sur
8 décades (tableau 2). Elle a été focalisée sur 5 sites : 4 en marais
tourbeux et 1 en pisciculture. Les sites situés sur des complexes
marécageux étaient peu accessibles, nécessitant l'usage d'une

barque ; de même pour les rares sites de gravières qui étaient privés.

Les relevés ont été effectués de jour.

2005 mai-1 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 août-1
nombre
_ 1 8 23 21 29 22 16 8 7
seances
Tableau 1 : Répartition des séances d'observation en 2005 par décade
2005 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juiI-1 juil-2 juil-3 août-1
Boves (Marais à Scier) 0 1 1 3 2 1 3 1 1
Camon
0 1 2 1 1 2 3 3 0
(Marais d’Hecquet)
Fouencamps 0 0 1 1 2 5 1 1 2
Le Hamel
0 0 0 1 1 0 4 2 1
(Etang des Bracheux)
P'c ' n
l qu'y y 0 0 1 2 0 0 2 O 0
(Marais communal)
Tableau 2 : Nombre de séances par décade et par site étudié
Grands types de milieux occupés en 2001 & 2005
La répartition des couples par grand type de milieu est résumée dans le tableau 3.
Complexe marécageux
Marais Tourbeux Gravières Divers
tourbeux
2001 60 23 6 1
2005 45 15 3 0

Tableau 3 : Tvype de grands milieux occupés en 2001 & 2005 par les couples

La très grande majorité des sites, 67 à 71 % (selon les années) sont
des marais tourbeux tels que décrits dans la méthodologie. L'espèce
est quasi absente des grands ensembles de gravières des vallées de

la région (5 à 6%) : Bresle, Selle, Evoissons, Oise, Aisne et Thérain...

qui représentent une part importante des surfaces de zones humides
de Picardie. De même, elle n'a pas été traversée le long des cours
d'eau comme BOUTINOT (1981) le signalait. Il est vrai que les rives

garnies de roseaux sont très rares.

page 29

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Description de territoires occupés

Cinq territoires, fréquentés par 1 à 3 couples, ont fait l'objet d’une description précise résumée dans les tableaux 4 et 5 et un exemple de carte

est proposé (carte 2).

nombre de couples
surface par couple (ha)
zone en eau

eau libre

roselières inondées
mégaphorbiaies
inondées

saules

nupharaie

huttes de chasse
surface de végétation sur
eau

surface inaccessible par
l'homme

total

zone émergée

saulaie

peupleraie

autres boisements
mégaphorbiaie
roselière

zone herbacée tondue
route

surface inaccessible par
l’homme

total

surface totale
surface totale

inaccessible

minutus en Picardie en 2005

surface
%
m2
Le Hamel
3
6,1
99 977,0 54,7
5 687,0 3,1
0,0 0,0
4 286,0 2,3
22 490,0 12,3
32 463,0 17,8
7 702,0 4,2
132 440,0 72,4
33 093,0 18,1
0,0 0,0
9 055,0 5,0
6 535,0 3,6
1 686,0 0,9
0,0 0,0
6 864,0 3,8
50 369,0 27,6
182 809,0 100,0
14 566,0 8,0

surface
%
m2
Picquigny
1
18,9
114 335,0 60,5
3 793,0 2,0
10 366,0 5,5
9 043,0 4,8
33 483,0 17,7
56 685,0 30,0
13 467,0 7,1
171 020,0 90,5
14 249,0 7,5
0,0 0,0
0,0 0,0
3 801,0 2,0
0,0 0,0
0,0 0,0
11 178,0 5,9
18 050,0 9,5
189 070,0 100,0
24 645,0 13,0

surface
%
m2
Camon
2
16,5
140 674,0 42,7
4 914,0 1,5
3 317,0 1,0
117 521,0 35,6
563,0 0,2
125 752,0 38,1
10 506,0 3,2
266 989,0 81,0
54 303,0 16,5
2 022,0 0,6
1 425,0 0,4
435,0 0,1
4 622,0 1,4
26 505,0 8,0
62 807,0 19,0
329 796,0 100,0
37 011,0 11,2

surface
%
m2
Fouencamps
1
20,9
82 857,0 39,7
11 304,0 5,4
5 744,0 2,7
7 849,0 3,8
0,0 0,0
24 897,0 11,9
8 755,0 4,2
107 754,0 51,6
10 064,0 4,8
15 572,0 7,5
0,0 0,0
16 474,0 7,9
1 656,0 0,8
57 371,0 27,5
290,0 0,1
101 137,0 48,4
208 891,0 100,0
9 045,0 4,3

surface
%
m2
Boves
2
4,2
41 794,0 49,1
624,0 0,7
0,0 0,0
4 500,0 5,3
307,0 0,4
5 431,0 6,4
0,0 0,0
47 225,0 55,5
21 194,0 24,9
0,0 0,0
7 237,0 8,5
2 526,0 3,0
6 498,0 7,6
474,0 0,6
27 626,0 32,4
37 929,0 44,5
85 154,0 100,0
27 626,0 32,4

Tableau 4 : Etat des surfaces des principales unités de végétation et type dbccupation du sol présents sur 5 territoires de Blongios nain Ixobrychus

page 3o

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Cinq territoires ont été décrits. Leur surface varie de 8,5 ha a 33 ha,
la moyenne est de 19,9 ha. Trois d'entre eux accueillaient plus d'un
couple. Si nous rapportons la surface à un couple, le territoire d'un

seul couple varierait de 4,2 ha à 20,9 ha selon les sites.

Les milieux qui les constituent se répartissent autour des zones en
eau. La grande majorité des surfaces de zones émergées sont en
fait les parties qui se sont trouvées incluses dans le polygone. Elles
sont survolées mais rarement utilisées directement. La part de celles
utilisées est difficile à cerner mais reste bien inférieure à la surface

totale proposée.

Les surfaces en eau sont importantes (entre 51,6 et 81 % de la
surface des territoires) avec une moyenne de 70,2 % et sont surtout
constituées d'eau libre qui représente entre 39,7 et 60,5 % également

de la surface totale.

Les étendues de végétation présentes sur l'eau ou au-dessus de l'eau
sont variables, de 6,4 % à 38,1 %. Les nupharaies sont également de
surface variable, d‘absente à couvrant 35,6 % de la surface totale du
territoire. Il s'agit d'un minimum dans la mesure où elles n'intègrent
pas les surfaces d'unités de végétation émergées qui s'étendent au

dessus de l'eau, essentiellement des saulaies.

Les roselières et les mégaphorbiaies occupent des surfaces mineures

(0,7 % à 8.1 %), qu'elles soient inondées ou pas, mais sont toujours
présentes.

Concernant la part inaccessible des territoires, elle oscille pour
les zones en eau, entre 0 et 7,1 % et 0,1 a 32,4 % de la surface
totale pour les secteurs terrestres. Elle semble donc ne pas être une
condition sine qua non. Cependant, les surfaces inaccessibles ne
correspondent pas complètement (loin de là !) à celles tranquilles,
surtout qu‘apparemment ce seraient celles situées aux environs
immédiats du nid qui seraient déterminantes (BARBIER & DELELIS,
2006). Dans ces conditions, l'intérêt de cette information peut être

considéré comme limité.

L'ensemble des surfaces mentionnées, notamment d'eau libre n'est
pas utilisé directement par les oiseaux. D'ailleurs, la situation des
deux territoires, Camon ou Fouencamps, où 1 couple est présent est
intéressante. Sur le premier, les zones utilisées peuvent être distantes
ce qui agrandirait le territoire alors que dans le cas de Fouencamps,
l'ensemble des espaces utilisés sont présents à de faibles distances
d'où un territoire moins étendu, d'autant plus qu'il a été surestimé
avec l'intégration de plus de 15 ha de peupleraie qui sont des espaces

interstitiels non utilisés et partiellement survolés.

Après les surfaces globales, nous nous sommes intéressés aux

effectifs et à la distribution des unités constitutives des territoires.

m Maris d’Hcquet a Cam

page 31

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

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Boves Camon Fouencamps Le Hamel Picquigny
n % n % n % n % n %

surface en ha 8,5 32,9 20,8 18,3 18,9
unité totale 29 82 95 50 34
unité/ha 0,29 0,4 0,22 0,37 0,56
boisement mélangé 5 17,2 1 1,2 2,0 2 5,9
boisement mélangé inondé 0 0,0 0 0,0 0 0,0 0,0
boisement mélangé s’éten-

dant sur l’eau 2 6,9 1 1,2 0 O O 0,0 2 5,9
boisement divers sec 3 10,3 0,0 0 0 0,0 0,0
état inconnu 0 0,0 0,0 0,0 0 0,0
saulaie 10 34,5 34 41,5 23 24,21 18 36,0 12 35,3
saulaie inondée 3 10,3 0 0,0 9 9,47 0 0,0 0 0,0
saulaie s’étendant sur l’eau 4 13,8 24 29,3 11 11,58 8 16,0 5 14,7
saulaie sèche 2 6,9 0 0,0 3,16 6 12,0 4 11,8
état inconnu 1 3,4 10 12,2 0 4 8,0 3 8,8
roselière 6 20,7 16 19,5 17 17,89 16 32,0 2 5,9
roselière inondée 5 17,2 12 14,6 15 15,79 12 24,0 2 5,9
roselière sèche 1 3,4 3 3,7 1 1,05 0 0,0 0 0,0
état inconnu 0 0,0 1 1,2 1 1,05 4 8,0 0 0,0
nupharaie 2 6,9 7 8,5 0 O 4 8,0 7 20,6
nupharaie à Na 2 6,9 7 8,5 0 0 4 8,0 6 17,6
nupharaie à N1 0 0,0 0 0,0 0 0 1 2,0 1 2,9
mégaphorbiaie 2 6,9 6 7,3 15 15,79 6 12,0 3 8,8
mégaphorbiaie sèche 0 0,0 0 0,0 3 3,16 2 4,0 1 2,9
mégaphorbiaie inondée 1 3,4 0 0,0 2 2,11 1 2,0 0 0,0
état inconnu 0 0,0 6 7,3 10 10,53 3 6,0 2 5,9
eau stagnante 3 10,3 2 2,4 32 33,68 1 2,0 2 5,9
eau courante 0 0,0 O 0,0 2 2,11 0 0,0 O 0,0
végétation morte 0 0,0 0 0,0 0 0 0 0,0 3 8,8
végétation tondue O 0,0 4 4,9 3 3,16 0 0,0 2 5,9
hutte de chasse 1 3,4 4 4,9 0 0 1 2,0 1 2,9

Tableau 5 .' Etat des effectifs d'unités de végétation et de types d'occupation du sol présents sur 5 territoires de B/ongios nain lxobrychus minutus

en Picardie en 2005

Le nombre d'unités par surface varie de façon importante, passant
de 0,22 à 0,56 unité par hectare. Les territoires sont des mosaïques
d'unités de végétation éclatées autour des zones en eau. A l'échelle
de notre analyse, les types d'unités de végétation sont finalement peu
diversifiés, essentiellement saulaie, roselière (phragmitaie et typhaie)

et nupharaie.

Les unités d'eau libre sont peu nombreuses mais vastes. Elles
constituent la matrice du territoire, ou plutôt le ou les éléments
centraux, autour desquels ou sur lesquels se répartissent les unités de
végétation. Les saulaies sont les plus représentées, viennent ensuite

les roselières. Ces deux dernières sont les plus nombreuses entre

41,2 et 64 %. La très grande majorité d'entre eux est soit inondée soit
pour partie sur l'eau. Les unités de nupharaie restent plus vastes que

nombreuses et constituent donc des unités étendues.

Cette situation est certainement en lien avec l'évolution redevenue
spontanée des milieux. Les plans d'eau creusés par l'homme ont peu
évolué en surface ce qui n'est pas le cas de la végétation en périphérie.
Les prairies, cariçaies et roselières certainement présentes à la suite
de l'exploitation (ou le creusement) mais aussi du pâturage qui y était
mené, ont fait place à des mégaphorbiaies et roselières qui se sont

progressivement boisées. Ce boisement s'est organisé en tâches.

page 32

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

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Supports utilisés et leur milieu environnant

La majorité des informations provient des 5 sites suivis.

Au total, l'oiseau a été observé à 135 reprises sur un support qui a été

décrit. Dans 81,5 % des cas, il était simplement posé, dans 17,8 % il

Saule Salix sp.
Aulne glutineux
Alnus glutinosa

Frêne Fraxinus

excelsior
Viorne Viburnus
sp.

Roseau commun
Phragmites com-

effectif
%

97
70,8

2
1,46

1
0,73

1
0,73

21

15,33

était posé et chantait, enfin dans 2,2 %, il pêchait et/ou chassait posé.
La description de l'ensemble des supports où un oiseau a été vu posé

est résumée dans les tableaux 6 à 8.

d

munis
—\ Massette Typha sp.
Patience d’eau
Rumex hydrola-
patum
Sureau noir
Sambucus nigra
arbre mort
cage à canar

7
5,11

1
0,73

5
3,65

_\

0,73 0,73

  Effectif et pourcentage par type de support (éléments de végétation) (n=135)

Les supports sont diversifiés (n=10). La majorité est constituée des
végétaux, surtout des arbres ou arbustes (74,5 %) et des roseaux
communs (15,3 %). Il est vrai que les oiseaux sont plus faciles a loca-
liser dans les arbres et arbustes que dans les hélophytes. Fait surpre-

nant, aucun oiseau n'a été vu posé sur des Nénuphars.

Les éléments en particulier arborés et herbacés ont été jugés comme

denses dans 71,1 % des constats.

La hauteur où l'oiseau était posé, par rapport au niveau du sol ou de
l'eau, a été évaluée dans 32 cas. Elle est présentée dans le tableau
7. Elle oscille entre 0,2 m et 4 m avec une moyenne de 1,9 m. Dans
plus de la moitié des descriptions, les oiseaux se trouvent à moins de

2 mètres de hauteur.

o/o,5 o,51/1 1,o1/1,5 1,5/2 2,o1/2,5 2,51/3 3,o1/3,5 3,51/4
effectif 8 5 2 5 2 4 4 2
Tableau 7: Hauteur des oiseaux vus posés par rapport au niveau du sol ou de l’eau par classe de 0,5 mètres
La situation des milieux présents dans les environs immédiats de l'oiseau est présentée dans les tableaux 8 et 9.

0 a:

g 3 2 .-

3 s o ë g a g .3 g ,, a: e % s

= ë ï a E -'= = ‘ñ " h ‘a ‘a ° ‘ë ï '=

N — .. -- m Ë " a: "‘ g _: f3 ä ‘l’ : m

r» ä a: s g g’ 9 .3 ‘a a - -.= = .2 g

m 3 V, u h :2 = g ‘g N 8 w .9 ‘a 5

w a: C fi ï 3 -D ‘a Ë Ë Té v N

m u 4g m u) ou ‘d! ou

s s o 9 â E «v ‘g a ‘g

“l h à > g > ‘g

effectif 95 42 1 2 4 16 6 6 9 24 1 1 2 1 1

% 44,8 19,8 0,5 0,9 1,9 7,5 2,8 2,8 4,2 11,3 0,5 0,5 0,9 0,5 0,5
Tableau 8 : Effectif et pourcentage par type de milieu environnant l'oiseau posé. n = 212.
P389 33

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Plusieurs types de milieux peuvent être présents simultanément. L'eau

est omniprésente et viennent ensuite les saulaies, les mégaphorbiaies,

eau

saulaie

autres boisements
phragmitaie

roselière atterrie

eau saulaie

eau mégaphorbiaie

eau phragmitaie

eau roselière inondée

eau roselière atterrie

eau autres boisements

eau tremblant à fougères des marais
eau végétation entretenue
saulaie phragmitaie
saulaie végétation rudérale
saulaie roselières atterries

saulaie branches mortes

eau saulaie mégaphorbiaie

eau saulaie phragmitaie

eau phragmitaie mégaphorbiaie

eau branches mortes mégaphorbaie
eau saule :

rejet végétation entretenue

eau saulaie branches mortes

eau saulaie cariçaie

puis les phragmitaies qui sont présentes dans 85,3 % des cas.

effectif %
7 6,8
1 1,0
1 1,0
1 1,0
2 1,9
26 25,2
15 14,6
6 5,8
6 5,8
4 3,9
3 2,9
9 8,7
1 1,0
1 1,0
1 1,0
1 1,0
1 1,0
4 3,9
5 4,9
3 2,9
2 1,9

1 1,0
1 1,0

Tableau 9 : Effectifs et pourcentage par assemblage de milieux constatés (n=135)

Les milieux environnant les oiseaux vus posés à travers la Picardie sont
assez variés avec 24 combinaisons, dont 16 où l'eau est omniprésente,
soit 91,3 % des cas. De plus, l'oiseau est souvent noté en situation
d'interface de 2 milieux (12 cas sur 24) ou de 3 (7 cas sur 24) soit un
total de 17 sur 24 et 88,3 % des constats.

Les combinaisons les plus fréquentes (58,3% des cas) sont eaul
saulaie (25,2 %), eau/mégaphorbiaie (14,6%) et eau seule (6,8%), eaul

phragmitaie (5,8%) et eau/roselière inondée (5,8%).

Alimentation : zone de pêche et de chasse et régime alimentaire

Des oiseaux ont été vus à trois reprises en train de chercher leur
nourriture. A chaque fois, ils étaient posés sur les branches d'un saule
peu dense au dessus de l'eau à une très faible distance, quelques

centimètres. Aucune information sur le régime alimentaire n'a été

collectée. L'un d'entre nous (LG) avait pu observer un individu capturer
un gardon Rutilus rutilus d'une dizaine de centimètres posé sur un

Nénuphar Nymphea alba.

Activité de confort: repos, toilette

L'activité de repos n'a pas été mentionnée et un oiseau faisant sa

toilette a été observé à une seule reprise. Il était posé sur un arbre mort

en bordure d'eau.

Page 34

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Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Poste de chant

24 postes de chants ont été décrits en totalité ou en partie. A trois re-
prises, la hauteur de leur position par rapport au sol a été évaluée :
1, 1,5 et 3 m. Les supports relevés sont notés dans le tableau 10. Le

Saule est très largement utilisé (75 % des cas).

saule phragmite patience d'eau arbre mort
effectif 18 4 1 1
% 75,0 16,7 4,2 4,2

  Effectif et pourcentage par type de support (n=24)

Dans 17 cas, les milieux environnants du poste de chant ont été relevés et indiqués dans les tableaux 11 et 12.

_ _ tremblant à I
_ autres branches _ _ roselrere _ megaphor-
eau saulaie _ phragmrtare _ fougere des _ _
boisements mortes atterrie _ brare
marars

effectif 16 5 1 1 1 1 4 2
% 51,6 16,1 3,2 3,2 3,2 3,2 12,9 6,5

Tableau 11 : Effectif et pourcentage de milieux (n=31) présent dans les environs des postes de chants (n=17)

Eau, saulaies et tremblant a fougères des marais, représentent 80,6 % des milieux relevés. L'eau est quant à elle toujours prépondérante avec
51,6 % des cas.

effectif %
eau 3 17,6
roselière atterrie 1 5,9
eau saulaie 4 23,5
eau mégaphorbiaie 2 11,8
eau phragmitaie 1 5,9
eau autres boisements 1 5,9
eau tremblant à fougères des marais 4 23,5
eau saulaie branches mortes 1 5,9

Tableau 12 : Effectifs et pourcentage par assemblage de milieux constatés (n=17)

Plus de 76 % des postes décrits se trouvent à l'interface de 2 à 3 milieux et dans près de 95 % des cas, l'eau est présente.

Déroulé et succès de la reproduction

- Période de chant
Nous avons essayé de mesurer l'intensité du chant (période quotidienne, nombre de chanteurs) en calculant la fréquence du nombre de chanteurs,
par séance et par décade durant l'année 2005, où l'espèce a fait l'objet de recherches plus poussées (tableau 13). Pour cela, nous avons tenu

compte des séances négatives qui concernaient des sites où l'espèce y avait été contactée au cours de la saison.

2005 mai-1 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2 juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 aout-1
nb séances 1 5 14 17 26 27 20 14 7 7
nb chanteurs 1 1 8 6 8 8 6 0 0 0

% 100,0 20,0 57,1 35,3 30,8 29,6 30,0 0,0 0,0 0,0

Tableau 13 : Nombre de séances, nombre de séances avec chanteur(s) noté(s) et pourcentage de séances avec chanteur(s) par rapport au

nombre de séances.

, P389 35
E|e'ments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Parallèlement, nous avons essayé de cumuler l'ensemble des
contacts recueillis, depuis les premières publications de synthèses
d'observations ornithologiques départementales et régionales dans
les années 1970. Cependant, le manque de précisions indiqué
dans la nature des contacts ne permet pas de réaliser l'exercice de
façon objective. De la même façon, nous avons essayé d'utiliser les
observations effectuées en 2001 mais, les données négatives n'ayant
pas été transmises, il n'a pas été possible de faire le rapport avec
le nombre de séances où des oiseaux ont été observés en train de

chanter et le nombre total de séances.

Matinée (avant 8 h 00 TU)
Nombre de séance
avec chanteur
Fréquence : séance avec chan-

0,18
teur/séance total

Tableau 14 : Nombre de séances total et avec chanteur(s) en 2005

- Lieu d'implantation du nid.

D'une façon globale, les dates extrêmes de chant sont le 25 avril et le
5 août sur la période allant de 1976 à 2005. Les oiseaux chantent de
façon plus intensive lors de la troisième décade de mai et la première
de juin, ensuite l'activité de chant se maintient jusque début juillet,
voire se prolonge ensuite, même si ce ne fut pas le cas en 2005. Dans
la journée, la fréquence des contacts avec des chanteurs est plus
importante en soirée qu'en début puis en milieu de journée comme

l'indique le tableau 14.

journée Soirée (après 18 h 00 TU)
2 16
0,04 0,25

Aucun nid n'a été localisé en 2005. BOUTINOT (1981) qui a pu localiser 23 nids dans les années 1950 précise qu'ils sont édifiés soit à quelques

centimètres de l'eau au sein des phragmitaies, soit dans les buissons de Saule. Il observe en 1952, un nid à 2 mètres de hauteur.

- Période de nourrissage des jeunes.

Nous avons tenté de déterminer le calendrier de la période de nourrissage (tableau 15) en étudiant sur 2005 la fréquence du nombre d'observations

d'adultes en vol, considérant qu'à cette période ils multiplient les allers et retours au nid, puis auprès de leurs poussins qui s'éparpillent rapidement

dans la végétation environnant le nid avant de voler.

mai-3
Freq. vol 0,50 0,40 0,20

juin-1 juin-2

juin-3
0,49

juil-1 aout-1

0,54 0,89 0,70 0,43

juil-2 juil-3

Tableau 15 : Fréquence de contact avec des oiseaux en vol par décade en 2005

En fait, la fréquence d'observation des oiseaux en vol est importante
en début de saison, probablement en lien avec les manifestations nup-
tiales (survol de territoire, parades en vol), puis elle se réduit lors des
deux premières décades de juin avec probablement la couvaison et
le début du nourrissage des poussins, puis croît progressivement au
cours des 3 décades suivantes pour atteindre son maximum lors de la
2ème décade de juillet. Elle baisse ensuite, tout en restant élevée au

cours de la 3ème décade de juillet.

- Pulli et succès de la reproduction
Peu d'informations ont pu être amenées. Au mieux, quelques observa-
tions de famille avec leurs jeunes. En 2005, malgré un grand nombre
d'heures d'observation, pullis et juvéniles n'ont fait l'objet que de 7

observations. Les premiers pullis ont été notés le 15/06 et ensuite,

lesjuvéniles du 20/07 au 2/08. L'examen des informations disponibles
de 1976 à 2005 a produit une trentaine d'observations de pulli et de
jeunes. La date la plus précoce notée est le 15/06/2005 mais seules
deux autres observations de juveniles ou pulli ont été réalisées au
cours du mois de juin. La majorité a été assurée en juillet et des pullis
sont notés jusqu'au 26/07. La majorité de ces informations provien-
nent de sites qui sont plus fréquemment visités par les observateurs.
Les sites de Boves, Camon et du Hamel cumulent 62 % des observa-

tions réalisées durant cette période.

Le succès de la reproduction est difficile à évaluer car les données
sont trop partielles. Le bilan obtenu sur les 5 sites suivis en 2005 figure

dans le tableau 16.

2005 nombre de couples nombre de juvéniles observés
Boves (Marais à Scier) 2 min minimum 4

Camon (Marais d’Hecquet) 1/2 2

Fouencamps 1 0

Le Hamel (Etang des Bracheux) 2/3 minimum 4
Picquigny (Marais communal) 1 0

Tableau 16 : Nombre de juvéniles observés par site suivi

page 36

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

De plus, sur l'ensemble des observations récoltées (1976/2005), les
observations de familles sont peu nombreuses. 5 ont été notées : 1 de
4, 3 de 3 et 1 de 2p. Des groupes de pulli âgés ou de juvéniles sont

aussi rares : un total de 8 réparti ainsi : 2 de 5, 5 de 2 et 1 de 3.

3) Discussion - Conclusion

En 2005, une pression d'observation de cette espèce sans précédent a
été exercée. Toutefois, les séances ont commencé assez tardivement,
notamment celles consacrées à l'étude des territoires, réduisant les
chances de découvrir des nids. D'ailleurs, aucun n'a été localisé

suffisamment précisément pour en permettre une description.

L'oiseau reste assez discret, passant une bonne partie de son temps à
couvert. De ce fait, les résultats présentés ont certainement surestimé
les situations où l'oiseau était à découvert. La raison en est évidente,
il était alors plus aisé à repérer. Il est donc possible que l'utilisation de

certains milieux comme les roselières inondées ait été sous-estimée.

Les surfaces des 5 territoires étudiés sont assez variables. En fait,
il a été assez difficile de les cerner, dans la mesure où la pression
d'observation a très certainement été insuffisante, pour garantir la
localisation exhaustive des zones utilisées par les oiseaux sur chaque
site. Aussi, les surfaces qui pourraient être utilisées par un même couple
restent difficiles à apprécier (4,2 à 32,9 ha). Toutefois, elles semblent
assez variables car les oiseaux, comme ce fut très probablement le
cas pour le site de Camon, sont capables de faire des déplacements
assez longs entre la zone du nid et/ou leurs jeunes, et les zones
d'alimentation. BOUTINOT (1981) avait constaté 0,2 couples pour 10
hectares et 4 pour la même surface en 1950. Ce constat est cohérent
avec les quelques éléments d'information disponibles (BOILEAU,
2001 ). Nous avons constaté sur les 5 sites étudiés, qui sont toutefois
à l'image de la situation régionale en matière d'effectifs relevés
(GAVORY & LEGRIS, 2009), que les couples ne sont pas présents
avec des densités importantes. L'espèce est rappelons-le, capable de
constituer des colonies lâches avec des densités parfois importantes
: 40 nids/100 ha, 5,3 nids/ha, 27 couples/5ha  (BOILEAU, 2001).
La Picardie se situerait plutôt dans la moyenne nationale avancée
par MARION (1994) : 1 couple/20 ha qui reste finalement faible. Les

conditions offertes ne seraient donc pas optimales (?).

Avec les éléments collectés, il est pourtant difficile de préciser la taille
minimale d'un territoire en toute rigueur. Ce point reste important à
déterminer et mériterait donc des investigations complémentaires. Il
est certain que les éléments décrits ne sont pas utilisés sur la totalité
de leur surface, seules les zones offrant un surplomb au dessus de
l'eau, et l'oiseau est apparemment prêt à réaliser des déplacements

assez longs pour gagner des secteurs propices.

En Picardie, l'espèce est assez sélective, utilisant des milieux tourbeux
dont les surfaces en eau sont issues d'activités anciennes (vieilles
d'au moins plus d'un siècle). Elle est quasi absente des gravières

créées plus récemment. Il est vrai que ces dernières, à de rares

exceptions, d'ailleurs parfois fréquentées par l'espèce, présentent
des caractéristiques qui lui sont peu favorables : absence de surface
importante de végétation au-dessus de l'eau (saulaie, roselière,

nupharaie) zones de tranquillité plus souvent inexistantes...

Globalement, sur les zones humides fréquentées par l'espèce, les
niveaux d'eau présentent de faibles variations durant la période de
nidification. Elles sont tamponnées par la présence de couches de

tourbe.

L'étude des 5 sites révèle que les couples utilisent des espaces où
l'eau est omniprésente, et dont les surfaces constituent la matrice du
territoire. Naturellement, ce sont les formations végétales et autres,
présentes au-dessus ou aux abords immédiats de ces zones en
eau, qui sont plus directement utilisées. Aussi, leur linéaire et leur
surface seraient un paramètre important (DELELIS & BOUIN, 2006).
Nos résultats ne permettent pas de dégager de valeurs proches par
couple ce qui pourrait être un argument pour valider cette hypothèse.
Les territoires étudiés sont composés de formations végétales peu
diversifiées, dont les saulaies et les nupharaies occupent la majorité
de la surface couverte, mais leur répartition au sein des territoires
est très éclatée. Ils sont en fait une mosaïque de saulaie, nupharaie
et roselières (pour ne citer que les formations directement utilisées)

répartie autour de surfaces en eau plus ou moins vastes.

Le Saule joue un rôle important, il constitue le support le plus utilisé,
notamment lorsqu'il surplombe l'eau. Il est très majoritairement utilisé
comme poste de chant, notamment lorsqu'il est situé à l'interface de 2

à 3 milieux dont l'eau libre, qui est présente quasi systématiquement.

Au sujet de l'importance des Saules pour le Blongios, MARION & al.
(2006) soulignent qu'ils devenaient omniprésents dans la majorité des
zones humides utilisées par l'espèce en France en ce début de XXI
ème siècle, alors que précédemment les roselières inondées étaient
plutôt recherchées. Ils vont jusqu'à se demander si les saulaies ne
seraient pas leur optimum. La situation picarde ne le confirmerait
pas eu égard aux densités apparemment présentes. Toutefois, leur
développement en berge, en augmentant les surfaces de supports
au-dessus de l'eau (probablement de façon importante ?) a peut-être
contribué à l'accroissement des effectifs constaté depuis au moins le

début des années 1990.

Les formations à hélophytes ou à grandes herbes aux pieds dans l'eau
seraient peu utilisées, d'ailleurs, elles occupent des surfaces limitées

sur les sites fréquentés (lien de cause à effet?)

Le caractère inaccessible des lieux tel qu'il a été envisagé dans

l'étude, ne semble pas être un facteur important.

Les oiseaux ont été observés utilisant fréquemment les zones en

interface entre la végétation et l'eau.

Page 37

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Des observations collectées sur le cycle de reproduction permettent
d'avancer le calendrier suivant :
- deuxième et troisième décade de mai = ponte et
couvaison

- 1ère et 2eme décade de juin = éclosion et présence des pullis
au nid ;

- 3è décade de juin et suivantes = départ des jeunes du nid et

émancipation.

BOUTINOT (1981) relate des deuxièmes nichées lors de la première
quinzaine de juillet à l'appui d'observations de nids garnis d'oeufs du

1 au 18 juillet.

Ce schéma peut être perturbé par les couvées de remplacement voire
les installations tardives. Des pulli observés fin juillet laissent supposer
des pontes déposées en début de ce mois. Il suit globalement celui
proposé par BARBIER & BOUIN (2006) pour les marais Audomarois,
constatant également une période avec une moindre activité juste
après les premières arrivées. Est-ce peut-être le temps nécessaire
aux oiseaux pour récupérer de leur migration de retour, certainement
très gourmande en énergie, le décalage de temps pour l'arrivée des

femelles 

Concernant la méthode d'étude, il faut souligner qu'il s'agit d'un
premier essai qui peut apparaître intéressant dans le contexte picard
et qui se préte a une étude qui pourrait être affinée. Les sites utilisés
par l'espèce sont relativement faciles d'accès par l'observateur, et leur
faible superficie ne permet d'accueillir qu'un faible nombre de couples.
De ce fait, il est possible de cerner les territoires et permettre de mieux
mesurer les besoins d'un seul couple. Par rapport à la méthodologie
initiale et notamment la conduite de relevés d'informations, plusieurs
sont à améliorer : assurer un pointage régulier des contacts sur un
même plan (photo aérienne de préférence) pour faire évoluer la
localisation des points d'observation, pour estimer au plus juste la
zone fréquentée par les oiseaux, et focaliser l'étude sur des sites où

un seul couple a été précédemment observé.

Par ailleurs, la réalisation de budgets d'activité pourrait être tentée
en évaluant le temps passé à chaque activité (du moins durant
la journée), notamment pour mettre en évidence le temps passé a

couvert, dissimulé, et mieux relativiser les résultats obtenus.

4) Bibliographie

- BOILEAU, N. (2001). Plan de restauration du Blongios nain. LPO,
doc. multicop. 53p.

- DELELIS, N. & BOIN, S. (2006). Typologie de l'habitat du Blongios
nain lxobryhus minutus dans le Marais Audomarois. Alauda 74 (1) :
65-75.

- MARION, L. (1994). Le blongios nain Ixobrychus minutus. in
YEATMAN

- MARION, L., BARBIER, L. & MORIN, C. (2006). Statut du Blongios

nain Ixobrychus minutus en France entre 1968 et 2004 et causes

probables de l'évolution de ses effectifs. Alauda 74(1) : 155-170.

5) Remerciements

Nous tenons a remercier Françoise DELECOURT et Sébastien

MAILLIER pour la relecture du document.

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- A PROPOS DE LA DIFFICULTÉ DE RECENSER LE BLONGIOS
NAIN IXOBRYCHUS MINUTUS : COMPARAISON DES RÉSULTATS
OBTENUS AVEC DEUX MÉTHODES DE DÉNOMBREMENT
Sébastien LEGRIS & Laurent GAVORY

Résumé

Les résultats de recensement de couples obtenus au moyen de deux
méthodes ont été comparés. La première prévoyait deux passages
minimum par site au cours de la saison et l'autre, 1 à deux passages
par décade. La comparaison révèle des différences notables sur 5

sites étudiés : 3 cas de sous-estimation et 1 cas de sur-estimation.

Mots clés .' Blongios nain, méthode de recensement des couples,

comparaison

2005 mai-2 mai-3 juin-1 juin-2
Boves
O 1 1 3
(Marais à Scier)
Boves
4 O
(Marais à Scier)
Camon
O 1 2 1
(Marais d’Hecquet)
Camon
1 1 1 1
(Marais d’Hecquet)
Fouencamps O 0 1 1
Fouencamps 1
Le Hamel (Etang des
O 0 O 1
Bracheux)
Le Hamel (Etang des 1 1
Bracheux)
P'c ' Ma a' c -
l quIgny( r IS om O 0 1 2

munal)
Picquigny (Marais com-

munal)

Introduction

Dans le cadre du travail mené en 2005, 5 sites ont fait l'objet d'un suivi
poussé avec une fréquence importante de passages. Parallèlement,
des observateurs y ont réalisé des observations dans le cadre du
protocole allégé que devaient suivre les bénévoles (GAVORY &
LEGRIS, 2006 a). Il comprenait un minimum de 2 passages au cours
de la saison, principalement en fin de journée. Ces derniers ont
transmis leurs observations dont les résultats ont été comparés a
ceux recueillis dans le cadre d'un suivi plus poussé qui avait comme
principal objectif d'approcher l'usage des sites par l'espèce (GAVORY
& LEGRIS, 2006 c). Il s'est appuyé sur un nombre de séances plus

importants avec des temps fixes d'observation plus longs.

Les couples pris en compte sont ceux considérés comme nicheurs

certains et probables.

L'état de prospection figure dans le tableau 1 et le tableau 2 résume

les résultats.

Tableau 1 : Nombre de visites par décade par site selon l'intensité du suivi en 2005

2005 Suivi régulier
Boves (Marais à Scier) 2 à 3 couples
Camon (Marais d’Hecquet) 2 couples
Fouencamps 1 couple

Le Hamel (Etang des Bracheux) 3 couples
Picquigny (Marais communal) 1 couple

Tableau 2 : Comparaison des effectifs de couples certains ou probables par site selon les modalités de suivi en 2005

juin-3 juil-1 juil-2 juil-3 aout-1
2 1 3 1 1 Suivi régulier
Suivi
1 1
sporadique
1 2 3 3 0 Suivi régulier
Suivi
1
sporadique
2 5 1 1 2 Suivi régulier
Suivi
1
sporadique
1 O 4 2 1 Suivi régulier
Suivi
sporadique
O O 2 0 0 Suivi régulier
Suivi
sporadique
Suivi sporadique
2 couples
1 couple
1 couple
1 couple
2 chanteurs (2couples)
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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

La comparaison proposée dans le tableau 2 montre clairement qu'une
sous-estimation est fréquente dans le cadre du protocole d'étude
allégé (3 cas sur 5) et donc les cas de surestimation sont plus rares
(1 sur 5). Dans le cas du marais de Picquigny, elle est liée à la prise
en compte d'un mâle chanteur noté en début de saison qui finalement
n'est pas resté cantonné. L'examen de la chronologie et de la nature
des contacts révèle que dans la majorité des cas, 3 passages ont été

nécessaires pour trouver les oiseaux au minimum nicheurs probables.

Ce constat encourage à une certaine prudence quant à l'analyse des
données, il semble notamment indiquer que le protocole standard
sous-estime l'effectif réellement nicheur et dans de rares cas, lorsque
les relevés ont été réalisés en début de saison, le surestime.

Aussi, dans le but d'améliorer les futurs recensements de l'espèce, ce
constat conduit à réaliser un minimum de 3 passages par site, une fois

que les couples sont installés c'est-à-dire en juin.

Notre constat ne fait que confirmer l'analyse proposée par MARION &
AI. (2006) et BARBIER, L. & BOILEAU N. (1999).

- BOILEAU, N. & BARBIER, L. (1999)Aspects méthodologiques sur le
suivi d'une population nicheuse de Blongios nain Ixobrychus minutus
(L.) . Rapport annuel n°2 GEBN : 22-31.

- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009a) Le Blongios nain Ixobn/chus

minutus en Picardie au début du XXI ème siècle : bilan des
recensements de 2001 et 2005. Alauda 74 (1) : 171-176;

- MARION, L., BARBIER, L. & MORIN, C. (2006) Statut du Blongios
nain Ixobrychus minutus en France entre 1968 et 2004 et causes
probables de l'évolution de ses effectifs. Alauda 74(1) : 155-170.

Nous tenons à remercier Françoise DELCOURT et Sébastien

MAILLIER pour la relecture du document.

page 4o

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- CONSERVATION ET SUIVI DU BLONGIOS NAIN IXOBRYCHUS
MINUTUS EN PICARDIE SITUATION DE L’ESPÈCE, ÉTAT
ACTUEL DES STATIONS ET PRESCRIPTIONS DE GESTION,
ÉLÉMENTS POUR LE SUIVI DES POPULATIONS.

Laurent GAVORY & Sébastien LEGRIS

Introduction

Le Blongios nain est une espèce considérée comme menacée
en Picardie depuis deux décennies et sa situation est la même
sur l'ensemble de son aire de répartition, notamment en Europe
Occidentale. Actuellement, la tendance est a l'amélioration de sa
situation avec un redressement de ses effectifs nicheurs constaté au

cours des 15 dernières années.

La Picardie héberge une population nicheuse importante et une
bonne part des effectifs nationaux (envirion 12%). De ce fait, elle a
une responsabilité importante pour la conservation de l'espèce dans
notre pays. Ces quelques éléments sommaires justifient l'intérêt de
se pencher sur sa situation dans la perspective d'évaluer la nécessité
ou non d'agir en sa faveur, et de mesurer le niveau d'urgence des
interventions qui seraient nécessaires. Il s'agit également de
déterminer les mesures a prendre : description, ampleur  et enfin,
d'arrêter les modalités de suivi de la population, afin notamment

d'apprécier la portée des actions engagées.

Dans ce contexte, la présente note propose d'évaluer la situation de
l'espèce (répartition, effectifs), d'en apprécier la tendance et d'évaluer
ses perspectives d'évolution, notamment en examinant les facteurs
qui la menacent. Leur liste sera dressée et leur impact évalué tout
comme leurs tendances d'évolution. Les facteurs sur lesquels agir

seront ainsi identifiés.

Ces éléments d'information et d'analyse permettront de répondre aux
questions suivantes :

- Le Blongios nain est-elle une espèce qui doit faire l'objet
de mesures de conservation en Picardie ? si oui, avec quelle
urgence ?

- Si des mesures sont nécessaires, quelles seront-elles et quelle
en sera leur ampleur ?

- Enfin, en matière de suivi de la population régionale etd’évaluation
des mesures prises, quels objectifs suivre ? Quelle méthodologie a

mettre en oeuvre ?

La présente analyse a été rédigée en s'appuyant largement sur
BOILEAU (coord.) (2001) que nous avons actualisée, en particulier
grâce aux actes du Séminaire National Blongios nain des 22, 23 et
24 juin 2005 (Alauda 74 (1) (2006) ) et aux diverses publications en
langue française et anglaise disponibles, ainsi qu'aux synthèses et
études réalisées en Picardie et produites simultanément à la présente

note.

1) Situation du Blongios nain et de son habitat ou l'espèce doit
elle faire l’objet de mesures de conservation en Picardie ?

Nous aborderons deux aspects : la situation des populations de
Blongios nain à différents échelons et l'importance de la Picardie
dans ce contexte, les menaces qui pèsent sur ses populations et son
habitat.

Niveau de population et importance de la Picardie
Pour Del HOYO & Al. (1993), l'espèce a une large distribution sur
4 continents, I'Europe, l'Afrique, l‘Asie et l'Australie et il identifie 5
sous-espèces mais VOISIN (1991) et INTERNATIONAL WETLANDS
(2006) n'en retiennent que 4. I. m. novaezelandiae, la cinquième,
est pour ce dernier auteur, une espèce qui est considérée comme
disparue car plus signalée depuis 1900. Deux sont africaines, I. m.
payesi se répartit au Sud du Sahara et I. m. podiceps est endémique
de Madagascar où ses effectifs sont estimés entre 3 O00 et 15 000
couples. I. m. dubius est cantonné à l'Australie et le Sud de la Nouvelle
Guinée. Enfin, la sous-espèce nominale, I. m. minutus présente en
Picardie se distribue assez largement de Europe occidentale où elle
est absente au Nord du 59° de latitude Nord (absente de Grande-
Bretagne et de Scandinavie). INTERNATIONAL WETLANDS (2006)
distingue 4 populations d’I. m. minutus, avec des aires de reproduction
et d'hivernage propres à chacune d'elles et donc a priori isolées les
unes des autres :

- Ouest de I'Europe et Nord-Ouest de l'Afrique (Algérie, Maroc et
Tunisie) qui hiverne en zone subsaharienne ;

- Centre et Est de I'Europe, régions de la Mer Noire, I‘Est de la
Méditerranée et la Vallée du Nil ;

- Ouest, Centre et Sud-Ouest de l‘Asie et région de la Mer
Caspienne ;

- Sud de l‘Asie.

Il n'existe pas d'évaluation des populations de la sous-espèce
minutus. Seule sa population de l’Ouest de I'Europe et du Nord-Ouest
de l'Afrique a était estimée. Elle est comprise entre 11 900 et 17 900
couples, et est considérée en déclin (INTERNATIONAL WETLANDS,
2006). Le « 1 % de la population » qui permet de définir les sites

d'importance internationale est estimé a 150 individus.

L'espèce a été évaluée dans le cadre de l'élaboration de la Liste rouge
des espèces menacées dans le Monde (IUCN, 2005) et elle y a été
classée dans la catégorie des taxons non menacés (Least concern :

faible risque).

En Europe, elle se répartit sur 28 pays et BIRDLIFE (2004) estime que
sa population totale (qui concerne donc deux populations proposées
par INTERNATIONAL WETLANDS (2006)) est restée stable durant
la décennie 1990 et est comprise entre 60 000 et 120 000 couples.
Toutefois, elle signale qu'elle se redresse d'une période de déclin et
n'a pas retrouvé son niveau de population antérieur. Elle ne figure
donc pas sur la liste des oiseaux menacés d‘Europe, y étant donc

classée comme non menacée.

page 41

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

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trends and conservation status).

En France, lxobn/chus minutus a fait l'objet d'un bilan récent sur
les saisons 2003 & 2004 (MARION & aI., 2006). Elle est loin d'être
présente sur l'ensemble de l'hexagone, absente de 4 régions
entières : Bretagne, Basse et Haute-Normandie, Limousin et de 15
départements. Ses effectifs restent modestes et compris entre 530
et 826 couples. Depuis 1968, ils ont fait l'objet de 7 estimations qui
mettent en évidence leur baisse exponentielle de 88 % entre la fin des
années 1960 et celle des années 1980, puis leur remontée légère et
progressive qui s'accélère au début des années 2000. Sur la base
de sa situation au milieu des années 1990, l'espèce avait été intégrée
à la Liste rouge des oiseaux menacés de France dans la catégorie
« En Danger » et son statut de conservation avait été considéré
comme défavorable ((SPEC 3 : espèce à statut européen défavorable
dont la majorité de la population mondiale se trouve hors d‘Europe)

(ROCAMORA, G. & YEATMAN-BERTHELOT, D. (1999)).

En Picardie, après avoir subi une baisse importante de ses effectifs
entre la fin des années 1960, début des années 1970 et les années
1980, ces derniers ont progressé pour atteindre un niveau, au début
des années 2000, resté bien inférieur à celui déterminé trente années
plus tôt. Ils sont passés de 170 à 240 couples, à environ 40 à 50
couples, pour actuellement osciller entre 66 et 96 couples (GAVORY

& LEGRIS, 2009b).

Carte 1 .' Situation du Blongios nain lxobrychus minutus en Europe ( d'après Birdlife International (2004) Birds in Europe .' population estimates,

Le Blongios nain n’est pas considéré comme menacé à l'échelle
planétaire et européenne. En Europe, ses populations restent
modestes (12 a 17 000 couples) et sont jugées comme stables, en
cours de redressement après deux décennies de fort déclin mais
sans avoir recouvré leur niveau des années 1960. C'est également
le cas en France où est constatée une remontée de ses effectifs
à partir du milieu des années 1990. Pour l’instant, il reste classé
sur la liste rouge nationale des espèces menacées comme « en
danger ». La Picardie, notamment le département de la Somme
possède des populations importantes estimées entre 66 et 96
couples soit 11,6 à 12,4 % de la population nationale. Elles lui
confèrent une responsabilité nationale, mais aussi internationale,
dans la mesure où en fin de période de reproduction, les 150
individus (seuil d'importance internationale) sont présents en
région, voire même certainement sur la Vallée de la Somme.
Leur dynamique est plutôt positive mais I’effectif relevé est resté
bien inférieur à celui estimé à la fin des années 1960, début des

années 1970.

Le Blongios nain est une espèce migratrice qui arrive en Picardie en
mai et repart en août. La zone d'hivernage de la population régionale
n'est pas connue précisément, tout comme celle de la population
d‘Europe occidentale. VOISIN (1991) estime que l'essentiel de la
population du Paléarctique occidental hiverne en Afrique de I'Est
(reprenant CRAMP & SIMMONS, 1977), mais que certains de ses
individus ont été notés en Afrique de I’Ouest. MARION & al. (2006)

émettent l'hypothèse d'une migration en boucle, descente par l’ltalie

page 42

Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain lxobrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

et la Sicile vers l'Afrique sub-saharienne et remontée par |’Espagne.
Toutefois, DE HOYO (1992) considère que la voie occidentale est
empruntée par un nombre important d'oiseaux, notamment espagnols,
portugais et français. Elle amènerait les oiseaux en Afrique occidentale
qui rejoindraient alors les populations de la sous-espèce I.m. payesi
qui reste indiscernable de l.m.minutus par l'observation. Après la
période de reproduction, ils sont donc obligés de réaliser plusieurs

milliers de kilomètres, et notamment traverser le Sahara.

Il faut souligner que l'état de conservation de l'espèce dépend donc
de ses conditions de vie sur ses lieux de reproduction mais aussi
d'hivernage. D'ailleurs, MARION & al. (2006) imputent l'évolution de la
population nicheuse française et même européenne à l'état des zones
humides d’Afrique sub-saharienne du fait des périodes de sécheresse

qui ont sévi au Sahel et plus récemment en Afrique de |’Est.

L’état de conservation de la population de cette espèce migratrice
dépend étroitement des conditions existantes sur ses lieux
d’hivernage qui restent mal connus, certainement les zones
humides sub-sahariennes d’Afrique de l’Est, mais aussi, pour

une faible part de ses effectifs (?), celles d’Afrique de I’Ouest.

Niveau de menace de la population régionale

BOILEAU (2001) a dressé la liste des menaces connues ou
potentielles de l'espèce en France. Nous avons repris celles qui
pouvaient concerner la population régionale et avons tenté d'en
affiner la description, voire de la compléter. Aussi, il sera question de
menaces potentielles et non constatées, aucune étude n'ayant été
réalisée à ce sujet en région et les observations effectuées en 2005

n'ayant pas apporté d'éléments d'information précis.

- Dérangements directs des couples.
L'oiseau n'est pas connu pour être particulièrement sensible aux
activités humaines. Toutefois, il semble qu'il ait besoin de portions
de son territoire où existe une certaine tranquillité, en particulier aux
abords immédiats du nid. Ainsi, certaines activités pourraient générer
des dérangements et entraîner l'abandon du nid. Plusieurs d'entre

elles peuvent être listées :

- travaux de gestion de milieux (fauche de roselières, coupe de
saules) réalisés du 1er mai au 15 août. Aucun constat de dérangement
n'a été fait. Au cours des deux recensements récents, les cas de travaux
dans les milieux utilisés par l'espèce sont restés peu nombreux. La

pression engendrée est probablement limitée ;

- activités de loisirs susceptibles d'entraîner une présence humaine
répétée et sur des temps continus (pêche de la berge ou embarquée
au sein des secteurs de nid : implantation de postes de pêche à côté
du nid, plus probable actuellement avec le développement de la pêche
à la carpe qui engendre du camping sur une longue période, activités
nautiques...). Nous avons pu constater la pratique d'activités de
pêche, notamment embarquées sur les sites à Blongios sans toutefois
avoir pu constater des dérangements. Il est vrai que nous n'avons pu

suivre le devenir des nids, faute d'avoir pu les localiser. Cependant,

DANCOISNE (in. Litt.) avait noté l'abandon d'un nid du fait de la

présence répétée de pêcheurs à proximité.

D'une façon générale, il est vraisemblable que les oiseaux organisent
l'utilisation de leur territoire en fonction des usages. Il est probable
qu'ils puissent être affectés par une fréquentation importante soudaine,
exceptionnelle : concours de pêche, fréquentation d'un habitat léger
de loisir pendant les vacances, camping 

Actuellement, il est donc difficile de mesurer la pression de
dérangement tout comme son impact sur la population de Blongios

nain.

- Destruction et dégradation de l'habitat
Un ensemble d'actions est susceptible de détruire ou de porter atteinte
aux sites ou à une partie de ses composantes, notamment celles

jugées nécessaires à l'espèce.

- le creusement de carrières (ou de fosses de tourbage) dans les
vallées tourbeuses (cas notés à Hangest-sur-Somme et en Vallée de
la Bresle), sur des secteurs où existent déjà des plans d'eau, souvent
des anciennes fosses de tourbage, bouleverse complètement le milieu
et aboutit à la création de zones humides défavorables à l'espèce :
berge entièrement accessible, surface de roselière ou de saulaie

inondée nulle à réduite.

- l'utilisation ou l'aménagement de plans d'eau à des fins de loisirs,
qui aboutit à la disparition de certaines formations végétales, voire
à une artificialisation des berges devenant plus faciles d'accès. De
tels cas n'ont pas été constatés sur des sites fréquentés par l'espèce
mais sur certains présentant avant aménagement des caractéristiques

favorables (Gravières de la Vallée de l'Aisne, Center Parcs de l'Ailette

..)

- le remblaiement, rarement de la totalité, mais parfois de parties
d'étang, telles que celles qui sontfangeuses ou inondées, plus difficiles
d'accès mais qui sont utilisées par l'espèce. Il s'agit d'un «grignotage
permanent et diffus» qui pourrait à terme (plusieurs décennies) induire
la disparition de surfaces de zones humides favorables certainement

importantes.

Au cours de ces 20 dernières années, des surfaces importantes
de zones humides (du moins des zones en eau) ont été créées en
Picardie du fait de l'exploitation de granulats. Ainsi, plusieurs vallées
ont vu leur nombre d'étangs et donc leur surface en eau augmenter
considérablement : Vallée de l'Oise, de la Serre, de l'Aisne, du Thérain,
de la Somme, de la Selle, des Evoissons, de |'Avre et un ensemble de
plans d'eau de plusieurs centaines d'hectares en marge des marais
arrières littoraux est apparu. Sur une trentaine d'années, à l'échelle de
la région, le solde des surfaces en eau est largement positif.

Il s'agit donc de plans d'eau jeunes dont les caractéristiques mais
aussi leur évolution naturelle pourraient laisser espérer la présence
de grandes zones favorables au Blongios nain. Cependant, même si
il est toujours difficile de prévoir, nous estimons qu'une part limitée de

ces plans d'eau est favorable ou pourrait le devenir à terme, ceci pour

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

les raisons suivantes :

- les plus anciens, qui ont 20, voire 30 ans, sont peu utilisés par
les couples de Blongios. LEGRIS & GAVORY (2009c) ont noté 3
couples présents sur une ancienne fosse d'extraction de granulat sur
44 couples étudiés en 2001 et 2 sur 25 en 2005. Or, dans plusieurs
régions françaises, des couples nichent sur des pièces d'eau de
même type ayant bénéficié d'un réaménagement aboutissant à des

plans d'eau aux caractéristiques favorables (lle de France) ;

- les caractéristiques des plans d'eau (pente abrupte, grande
profondeur ...) sont peu favorables au développement d'une végétation
utilisable par l'espèce, sauf éventuellement après une très longue
évolution. De plus, de rares exploitants n'ont que très récemment
assuré des réaménagements propices à la recolonisation par la

biodiversité, et notamment l'avifaune.

- ces plans d'eau ont des berges facilement accessibles aux
personnes ; il est possible, pour la grande majorité d'entre elles,
d'accéder à l'ensemble du linéaire de berge. En fait, ils répondent
souvent à un usage envisagé avant exploitation qui est la pêche, la
chasse et plus rarement les activités nautiques qui induisent un accès

complet aux abords de l'eau.

- ces types de plans d'eau sont creusés en majorité dans des
secteurs où l'espèce est absente et donc les plans de réamenagement
en tiennent peu compte, mais elle pourrait bénéficier des mesures

prises pour d'autres espèces.

Dans ce contexte, il nous apparaît peu prudent de miser sur les zones
humides créées récemment pour garantir le maintien de l'espèce en
région. Même si certaines gravières pourraient sûrement faire l'objet
d'interventions visant à les rendre plus favorables. Dans tous les
cas, les projets éventuels d'exploitation de granulats doivent intégrer
l'utilisation possible de ces types de plan d'eau par le Blongios nain

et leurs caractéristiques doivent être déterminées en conséquence.

- D'autres actions ont un effet moins radical sur les sites,
entraînant une détérioration partielle ou une dégradation des sites

fréquentés ou de l'habitat :

- les opérations de curage avec dépôt des produits de curage sur
les berges ont pour effet de modifier de façon radicale la topographie
de la berge en augmentant sa pente et en transformant la végétation
présente en rive. Les hélophytes disparaissent et les Saules Salix
sp. se réinstallent mais deviennent utilisables par l'espèce après
plusieurs années de développement. Les merlons de sédiments
consolidés avec leur pente souvent importante n'offrent plus de zones
de contact suffisamment étendues pour permettre le développement
d'hélophytes, voire l'installation de saulaies offrant des surfaces
importantes de branches au-dessus de l'eau. De plus, le curage fait
disparaître les zones d'atterrissement qui pourraient constituer à terme

des roselières, puis des saulaies inondées favorables à l'espèce.

- les confortements de berge ont globalement les mèmes effets, tout
en sachant qu'ils sont plutôt réalisés dans les secteurs d'ores et déjà
accessibles et moins fréquentés. Toutefois, dans certains secteurs, ils

ont contribué à faciliter l'accès à certaines berges.

Ces deux opérations qui ont approximativement les mêmes effets sur
l'habitat de l'espèce ont été notées surtout en Vallée de la Somme,
plus particulièrement en Haute Vallée et dans Les Hortillonnages. Il
est difficile d'en mesurer pleinement l'impact sur les populations de
l'espèce. Il aurait été intéressant d'évaluer les surfaces qui ont été
remblayées par dépôt de sédiments suite au programme important de
curage lancé au milieu des années 1990 pour réellement en mesurer

l'ampleur.

- la pollution des eaux de surface et des sédiments.
L’eutrophisation des eaux peut perturber (consommation d'oxygène)
les réseaux trophiques auxquels appartient le Blongios nain. Elle peut
aussi générer des quantités importantes de matière en suspension
qui vont troubler les eaux et perturber les activités de pèche à vue de

cet oiseau.

Certains produits peuvent aussi contaminer (PCB...) et affecter
ces réseaux trophiques, notamment les proies du Blongios. Leur
concentration dans les organismes pourrait perturber leur physiologie
et leur reproduction. Certaines zones de présence de l'espèce sont
concernées par une pollution au Polychlorures Biphényls (PCB). Il
s'agit en particulier des étangs de la Haute Somme où des niveaux de

pollution importants ont été relevés.

Il est difficile de mesurer pleinement la pression exercée par ces

pollutions sur les populations.

- l'impact de certaines espèces comme le Rat musqué Ondatra
zibethicus et le Ragondin Myocastor coypus dont les activités
modifient la physionomie de la végétation (déstructuration des îlots de

roselières...) voire la topographie des berges.

L'impact de ce facteur est également difficile à mesurer.
- la dynamique de la végétation. Différentes formations végétales
ayant les pieds dans l'eau ont tendance à se boiser et à s’assécher

parfois rapidement, par accumulation de matière organique.

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Le Blongios est certainement affecté par cette évolution. Cependant,
les territoires des couples semblent s'organiser en limite des zones
en eau et se trouvent de ce fait moins sensibles par exemple aux
évolutions des roselières. Ceci est d'autant plus vrai que l'oiseau
semble s'installer dans les saulaies inondées en bordure des étangs,

moins affectées par cette évolution.

L'impact de ce facteur est difficile a mesurer. Néanmoins, il est certain
que la régression des surfaces de roselières en eau et des saulaies
en rive lui serait préjudiciable. Ce point est important dans le contexte
où actuellement les mesures de gestion conservatoires adoptées dans
le cadre des plans de gestion des espaces protégés ont comme fil
conducteur l'ouverture des zones de marais pour favoriser les stades

jeunes de végétation : prairies tourbeuses, cariçaies, roselières...

- La situation des zones humides utilisées lors de ses migrations
ou en hivernage
Il ne faut pas oublier que durant 6 mois de l'année l'oiseau séjourne
sur des zones humides, en dehors de la Picardie, principalement
africaines, et pour la plupart méconnues, rendant difficile toute

interprétation.

- Prédation et mortalité
VOISIN (1991) mentionne la prédation d'oeufs par le Rat surmulot
Rattus norvegicus et BOILEAU (2001) le cas de capture d'1 adulte par
l'Epervier d'Europe Accipiter nisus. Il considère a la lumière de deux
études étrangères sur le suivi du devenir des couvées que la part de la
prédation des oeufs est réduite : 1,3 % en Espagne sur 153 oeufs et 20
% en Afrique du Sud sur 53 oeufs. Il en est de même pour les jeunes

qui sont relativement cryptiques.

Le nombre de données relatives à la mortalité de l'espèce en région est
limité. Sur 5 oiseaux pris en charge par le centre de Soins de Picardie
Nature entre 1993 et 2004, 4 ont été victimes d'un choc avec un objet
(dont un véhicule) et 1 semble avoir été empoisonné. Antérieurement,
un oiseau juvénile avait visiblement percuté un mât d'antenne d'une
usine près d'Amiens qui aurait pu entraîner sa mort, si il n'avait pas
été récupéré et soigné (obs. pers. 1990). BOILEAU (2001) rapporte 2

collisions avec des véhicules.

Quelques rares cas de braconnage nous ont été rapportés mais sans
preuve. De plus, le recul récent de la date d'ouverture de la chasse aux
oiseaux d'eau sur les zones humides intérieures réduira le risque de
tir d'individus tout comme la perturbation des zones de reproduction.
Il limitera en particulier le temps de présence de chiens en liberté qui
sont des prédateurs potentiels, en reculant d'au moins deux semaines
les travaux réalisés par les sauvaginiers pour préparer leur terrain de

chasse...

L'espèce est semble-t-il peu affectée par la prédation mais aucun

élément d’information n'est disponible à ce sujet en région.

D'une façon globale, il est bien difficile d’apprécier les pressions
que sont susceptibles d’exercer les principaux facteurs
de menaces connus ou potentiels sur l'espèce en région.
Globalement, elle est dépendante de portions de zones humides
qui peuvent évoluer rapidement et qui sont, de par leur situation
(en limite terre/eau) sensibles car utilisés dans le cadre de loisirs

aquatiques. En cela, elle est une espèce vulnérable.

Niveau de Protection
Actuellement, dans notre pays, la protection réglementaire d'une
espèce revêt 3 formes :

- protection des individus en interdisant la chasse, la capture
des oiseaux, quel que soit leur niveau de développement (œuf, pulli,
adulte) ou de leur nid ;

- protection réglementaire des sites où l'espèce est présente,
interdisant la destruction ou la modification des sites, voire des habitats
où l'espèce vit, plus précisément où elle se reproduit ;

- obligation de résultats en matière de conservation des habitats

de l'espèce à une échelle convenue.

A l'échelle mondiale, la France a ratifié plusieurs textes relatifs a la
conservation des oiseaux et qui concernent le Blongios nain. Il est
ainsi concerné par la Convention de Bern (Convention relative à
la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe)
où elle figure à l'annexe 2, dans la liste des espèces strictement
protégées. Elle interdit donc « sa capture, sa détention ou sa mise à
mort intentionnelles ; la détérioration ou la destruction intentionnelle
de ses sites de reproduction ou de ses aires de repos ; sa perturbation
intentionnelle, notamment durant la période de reproduction, de
dépendance et d'hibernation ; la destruction ou le ramassage
intentionnel de ses œufs dans la nature ou leur détention ; sa détention
et son commerce a l'état vivant ou mort, y compris naturalisé ou de

toute partie ou de tout produit, obtenus à partir de l'animal >>.

Il est également concerné par la Convention sur la conservation
des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage dite
Convention de Bonn, qui est un accord global. Il figure a l'annexe 2
qui énumère des espèces migratrices dont l'état de conservation est
défavorable, et qui nécessitent la conclusion d'accords internationaux
pour leur conservation et leur gestion, ainsi que celles dont l'état de
conservation bénéficierait d'une manière significative de la coopération
internationale qui résulterait d'un accord international. Enfin, l'oiseau
est concerné par I'AEWA : accord sur la conservation des oiseaux
migrateurs d’Afrique-Eurasie, qui invite les parties a entreprendre
un large éventail de mesures de conservation, décrites dans un plan
d'action approfondi, couvrant 235 espèces d'oiseaux dépendant
écologiquement des zones humides. Le Blongios nain est concerné

mais n'a pas pour l'instant fait l'objet d'un plan de conservation.

Notre ardéidé ne fait pas partie des espèces de la Convention sur le

commerce international des espèces de faune et de flore sauvages

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

menacées d'extinction (CITES).

Au niveau de |‘Union européenne, il bénéficie d'une protection dans le
cadre de la Directive 79/409 du 2 avril 1979 concernant la conservation
des oiseaux sauvages. Plus précisément, faisant partie de l'annexe 1,
il doit faire l'objet de mesures de conservation spéciales concernant
son habitat, afin d'assurer sa survie et sa reproduction dans son
aire de distribution. Elles doivent prendre la forme de classement en
zones de protection spéciale (ZPS), des territoires les plus appropriés
(en nombre et en superficie) à sa conservation. Les États membres
prennent les mesures appropriées pour éviter la pollution ou la
détérioration des habitats ainsi que les perturbations touchant les
oiseaux dans ces zones de protection, pour autant qu'elles aient un

effet significatif eu égard aux objectifs fixés par cette Directive.

Au niveau national, l'espèce est protégée en vertu de l'arrêté du
17 avril 1981, modifié depuis, c‘est-a-dire que la destruction ou
l'enlèvement des oeufs et des nids, la destruction, la mutilation, la
capture ou l'enlèvement, la naturalisation des oiseaux d'espèces
non domestiques suivantes ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur
transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur
vente ou leur achat sont des pratiques interdites.
Concernant la région, trois sites de nidification sporadique sont
concernés par des protections réglementaires :

- la Réserve Naturelle Nationale de l'Etang Saint-Ladre à Boves
(80),

- la Réserve Naturelle Nationale des Marais d'lsle à Saint-Quentin
(02),

- I'Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope de Blangy-Tronville
(80).

Par contre, une part importante des couples nicheurs notés en
Picardie est présente dans trois Zones de Protection Spéciale (selon
délimitation disponible sur le portail Naturel du Ministère de l'écologie
et du développement durable.

- Zone de Protection Spéciale n° FR2212006, Marais de La
Souche (2 410 ha), accueillant 2 à 4 couples ;

- Zone de Protection Spéciale n° FR2210026, Le Marais d'lsle (45
ha), accueillant 0 à 1 couple;

- Zone de Protection Spéciale n° FR2212007, Marais de la Somme

(5 243 ha), héberge 30 à 40 couples approximativement.

Ainsi, actuellement au moins 50 % de la population régionale sont
concernés par les diverses ZPS. Ce classement implique :

- en vertu du Code de l'environnement, que « les programmes ou
projets de travaux, d'ouvrage ou d'aménagement soumis à un régime
d'autorisation ou d'approbation administrative, et dont la réalisation
est de nature a affecter de façon notable un site Natura 2000, font
l'objet d'une évaluation de leurs incidences au regard des objectifs
de conservation du site. Ainsi, toutes interventions sur le milieu
(aménagement, opération d'entretien...) nécessitant une autorisation
administrative sont assorties d'une notice d'incidence obligeant le

maître d'ouvrage a réaliser une évaluation des impacts sur les espèces

et les habitats naturels concernés.

- que les ayant droit des parties de foncier concernées puissent
contractualiser avec l'Etat pour bénéficier de compensations
financières pour des travaux favorisant l'espèce et figurant dans le
Document d’Objectifs (DOCOB) de la zone ;

- une évaluation de l'état de conservation des espèces et habitats
d'intérêt communautaire tous les 6 ans qui vise à assurer que les

objectifs ont été atteints à l'échelle du pays.

Cependant, les mesures prises dans le cadre de ces ZPS n'en sont
qu'à leur début. D'ailleurs les Documents d'objectifs ne sont pas
disponibles. Le mode contractuel, mais surtout laissé au bon vouloir

des ayant droits, risque de limiter la conduite d'actions ciblées.

Plus concrète en matière de conservation, l'espèce est présente sur 7
sites gérés par le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie et pour
lesquels le Blongios nain fait partie des espèces à enjeu.

- Mareuil Caubert (Etang Le Maçon)

- Belloy-sur-Somme (Petit et Grand Marais)

- Ailly-sur-Somme (Les Grandes Aiguilles)

- Bourdon (Marais du Château)

- Hailles (Etang communal)

- Marais de Sacy-le-Grand (pour partie)

- Marais de la Souche (pour partie)
L'effectif concerné reste très limité, moins de 5 couples.
Sur ces sa situation

régions d'hivernage, réglementaire est

certainement moins confortable et d'ailleurs plus difficile à évaluer.

Sur le plan de la protection des individus, la situation est
favorable à l'espèce, par contre, une faible part des ses effectifs
régionaux est présente dans les sites protégés de Picardie tels
que les sites gérés par le Conservatoire des Sites Naturels de
Picardie. Par contre, elle est très importante dans trois Zones de
Protection Spéciale qui concernent les deux principales zones
humides où l'espèce est présente. Il s'agit d'un point très positif
qui devrait garantir le maintien des conditions écologiques
favorables à l'espèce à grande échelle et est certainement la
mesure réglementaire du moment la mieux adaptée. Toutefois,
elle ne met pas à l’abri la population des opérations de gestion
courante défavorables et ne garantit pas la prise de mesures de
gestion là où elles seraient éventuellement nécessaires ; la mise
en oeuvre de celles prévues dans les Documents d'objectifs

restant à l'initiative des ayant droit volontaires dans la démarche.

De par sa situation actuelle, et au vu de l'importance des
populations régionales, l'espèce peut être considérée comme
prioritaire d'intervention en Picardie. C’estd’aiIIeurs ce qui ressort
de son classement provisoire dans le référentiel faune de Picardie
( à paraître). D'autant plus qu'un certain nombre de facteurs
menaçants sont potentiellement actifs. Enfin, les populations
de Blongios nains restent actuellement peu concernées par
les mesures efficientes de protection de la nature (protection

réglementaires, sites gérés par le Conservatoire des Sites

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Naturels de Picardie). Cependant, plus de 50 % de la population
régionale se trouve en Zone de Protection Spéciale avec des
documents d'objectifs qui ne sont pour l'instant pas disponibles
et pour lesquels les premiers effets seraient ressentis d'ici 4 à
5 années. Ceci ne garantit pas un maintien de ses populations

régionales mais constitue un point favorable.

2) Prescriptions de gestion ou les mesures à prendre pour
tenter de garantir la conservation de la population régionale de

Blongios nain

En plus des éléments relatifs aux menaces pesant sur la population
régionale évoqués précédemment, nous avons produit des éléments
complémentaires sur son habitat qui sont suivis de prescriptions de

gestion.

Principaux éléments au sujet de l'habitat du Blongios nain en

Picardie

Nous avons essayé de synthétiser les principaux éléments disponibles

au sujet de l'habitat de l'espèce.

- Alimentation

Son régime alimentaire est assez éclectique et varie beaucoup d'un
lieu a l'autre et de la période (CRAMP & SIMMONS, 1977). Il est
surtout constitué de poissons dont la taille peut aller jusqu'à 13 cm
de longueur et 3,5 de large (GEROUDET, 1977), d’amphibiens et
d'insectes. Différentes espèces sont mentionnées et nous reprendrons
celles présentes dans notre région :

- poissons : Ablette Alburnus alburnus, Gardons, Chevaine
sp., Carpe Cyprinus sp., Perche Perca sp., Brochet Esox lucius,
Goujon Gobio gobio, et Perche soleil Lepomis gibbosus ;

- amphibiens : Grenouilles indéterminées Rana sp. ;

- insectes : Notonecte Notonecta sp., Naucore Naucoris sp.,
Courtilière Gryllotalpa gryllotalpa, Dytique indéterminé Dytiscus sp.,
Libellules des genres Libellula sp. et Aeshna sp.

- divers : des mollusques, des crustacés, des araignées, des
vers, des petits mammifères, des oeufs et pulli d'oiseaux nichant dans

les roselières.

En Suisse, GEROUDET (1978) mentionne la capture d'un mulot et
estime qu'il doit piller les nids de Rousserolles Acrocephalus sp. Plus
près de nous, sur l'étang du Romelaëre (62), BOILEAU (1996) note
sur 48 proies capturées : 74 % de poissons, surtout des Gardons
Rut/lus rutilus dont la taille préférée est comprise entre 5 et 10 cm ;
le reste étant constitué d'insectes divers. Dans l’Essonne, de jeunes
blongios ont été vus capturant des imagos de libellules (zygoptères et
anisoptères) ainsi que des papillons (CREUSOT et LE LUYER, 2000).

En Picardie, les éléments disponibles sont inexistants.

Le régime alimentaire du Blongios nain est assez éclectique mais
constitué d'animaux vivants divers. ll est donc un prédateur qui

se trouve en position élevée au sein des réseaux trophiques.

- Milieu de vie et son utilisation
L'espèce est inféodée aux zones humides et en particulier sur les eaux
douces littorales et continentales : rives des fleuves, des lacs et des
étangs situés dans les lits majeurs de cours d'eau, des plaines ou des
zones forestières qui présentent une végétation palustre dense, en
particulier des formations étendues de Typha sp. et de Phragmites
australis. Elle a été considérée comme une espèce tributaire de ces
roselières inondées. En fait, elle apparaît assez éclectique dans ses
choix et peut s'accommoder de marais boisés (avec des arbres et
arbustes inondés) aux surfaces de roselière modeste. En France,
une étude menée sur les grands types de milieux utilisés par l'oiseau
a confirmé cet éclectisme. Il s'agit de prairies humides, plaines
alluviales, marais salants côtiers, lacs de retenue, étangs boisés,
sablières, mares de chasse, étangs forestiers, gravières anciennes 
Il s'agit de zones à faible variation de niveaux d'eau (0,3 à 0,5 m) et

souvent de faible surface, la moitié des sites comptent moins de 5 ha.

Dans le Bassin parisien, soit dans des conditions proches ou similaires
de celles présentes en Picardie, l'espèce utilise pour nicher des
milieux d'origine et de physionomie très diverses. Dans le Nord-Pas-
de-Calais, elle s'installe dans les vallées alluviales et dans les massifs
forestiers où plus précisément, elle recherche des milieux d'origine
naturelle, comme les méandres abandonnés de cours d'eau et des
milieux issus de l'intervention de l'Homme. Il s'agit de fosses issues
du tourbage, de zones de maraîchage, d'affaissements miniers,
d'anciennes ballastières, de bassins de décantation de boues de
curage, de bassins de rétention d'eau, de réservoirs d'eau potable et
d'étangs de chasse (GODIN, à paraître). En lle-de-France, la diversité
est moindre, l'espèce niche sur des gravières où sont présents des
îlots de roselière pas forcément très étendus, des ligneux en berge et
naturellement des zones d'eau libre, sur les étangs souvent d'origine
artificielle (bassins de retenue, fosses issues du tourbage) et sur des
marais (alternance de boisements de saules, de surfaces en eau et de
roselières de superficie variable) situés en lit majeur de cours d'eau et
enfin, des étangs de parcs urbains présentant des roselières (BARTH
& LETURNEAU, a paraître).

Le Blongios nain est tolérant aux activités humaines, s'installant dans
des parcs urbains qui peuvent être très fréquentés mais aussi dans

des zones urbaines où les zones humides sont très éclatées.

En Picardie, les premiers éléments disponibles (LEGRIS & GAVORY,
2006) montrent que la majorité des sites fréquentés sont à plus de 70
% des marais tourbeux avec des zones en eau libre étendue, l'espèce
étant quasi absente des grands ensembles de gravières des vallées
de la région : Bresle, Selle, Evoissons, Oise, Aisne et Thérain... Les
couples y sont installés sur des territoires centrés sur des zones en
eau de taille variable dont les abords sont occupés par une faible
diversité de formations végétales, essentiellement des saulaies et des
roselières. La surface de végétation en surplomb au dessus de l'eau

est importante.

Pour capturer ses proies, l'oiseau assure des affûts ou prospecte

lentement son territoire en réalisant des arrêts fréquents. Il le fait en

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

utilisant un support situé à quelques centimètres au dessus de l'eau,
généralement de la végétation : Phragmite et Typha, branche de
Saule, branche morte, feuilles de Nénuphar Nymphea alba, mais aussi
simplement une berge de terre ou d'herbe. Dans la région, notamment
la Vallée de la Somme, la présence des saules semble jouer un rôle

positif.

Pour l'installation de son nid, il utilise les roselières mais aussi les
arbustes. Ainsi dans le Marais Audomarois, sur 8 lieux d'implantation
de nid décrits, 3 étaient sur des Saules (Sa/ix sp.), 3 sur des Aubépines
(Crataegus sp.), 1 sur un rosier/ronce (Rosa canina/Rubus sp.) et
1 sur un Sureau (Sambucus nigra). Ils étaient situés à moins de 2
mètres de l'eau ou sur la berge et a l'abri des vents dominants. Les
zones proches du nid ne comprennent pas toujours des roselières.
(DELELIS, N. & BOIN, S., à paraître). Le nid est généralement installé
au dessus de l'eau, souvent à une faible distance : 0,1 à 0,5 m dans
les roselières (GEROUDET, 1978), mais d'avantage quand les nids
se situent sur des arbres ou arbustes avec un record de 3 mètres de
hauteur (BOILEAU, 2001).

Toujours dans le Marais Audomarois, un territoire supposé de 3,1 ha
a été analysé autour de 8 nids. Les surfaces en eau constituent la
surface majoritaire (47 %), viennent ensuite une grande diversité de
milieux avec des surfaces de roselière n'occupent que 6,2 %. Ces
territoires sont occupés à 17,9 % par des jardins et espace de loisirs.
En leur sein, les linéaires de contact entre l'eau et la terre oscillent de
844 m à 1 520 m. Autre constante relevée, les herbiers a Nénuphars
sont présents sur la majorité des territoires mais avec des surfaces
variables de 0,5 à 22,2 %, pour une moyenne de 7,6% (DELELIS, N.
& BOIN, S., op.cit.).

L’origine de la zone humide n'est pas déterminante. Toutefois,
elle doit présenter une zone de contact terre/eau étendue et
une surface de végétation présente au-dessus de l'eau pouvant

varier. Elle doit être riche en proies.

- Dynamique des populations

Les informations la concernant sont peu abondantes. L'espèce est
monogame. La ponte est de 5 à 6 oeufs avec des extrêmes de 3 à 9
(CRAMP & SIMMONS (1977), VOISIN (1991). Elle est déposée a des
dates qui varient selon les latitudes mais qui s'étagent de mai à juillet.
La majorité des femelles ne font qu'une seule ponte, en dehors des
éventuelles pontes de remplacement. Des cas de deuxième couvée
ont été constatés mais ils semblent rares. Les données sur le succès
de la reproduction restent fragmentaires : 3,8 % de poussins morts
(n=133) et 10 % dans une autre étude (n=33).

En Picardie, l'étude menée en 2005 GAVORY & LEGRIS (2009c)
propose une surface par couple allant de 0,54 ha à 12,5 ha. Au niveau
national, la moyenne est d'environ 1 couple pour 10 ha (MARION &
a|., 2006).

Les données relatives à la dynamique de ses populations sont

insuffisantes pour permettre d'apprécier l'impact de ce facteur sur la

conservation de l'espèce.

3) Prescriptions de gestion et de suivi

Nous avons rassemblé un certain nombre d'éléments de conseil,
de suggestions relatives à la conservation de l'espèce en Picardie

rassemblés par grands objectifs.

- Garantir l'intégrité des sites fréquentés par le Blongios nain en

région Picardie

Du fait de la situation de l'espèce et de l'importance de ses populations
dans le contexte européen et national, l'ensemble des sites où elle
niche en région doit être conservé dans un état qui lui sera favorable.
Une fois cet objectif atteint, les sites présentant des caractéristiques
recherchées par l'espèce et proches de sites déjà utilisés pourront
faire l'objet d'opérations de restauration pour accroître les capacités

d'accueil des zones humides de la région.

Parallèlement, les plans d'eau qui pourraient être créés, notamment
suite a l'extraction des granulats alluvionnairès, devront faire l'objet de
réaménagements aboutissant à la présence de surfaces importantes
(de 0,5 à 1 ha) de végétation inondées (saulaiè, roselières) et de

l'ordre de 25 % du linéaire de berge inaccessible.

Les sites de reproduction de l'espèce doivent figurer dans l'inventaire
des Zones Naturelles d'intérêt Ecologique Faunistique et Floristique et
bénéficier d'une attention particulière de la part des autorités délivrant
les autorisations de travaux et d'aménagement. Ces sites devront
être impérativement épargnés. Ils ne doivent pas être complètement

transformés ou subir des interventions traumatisantes.

Aussi, plus de 90 % des sites de nidification doivent être suivis et
pouvoir bénéficier d'opérations, notamment de gestion, si elles
s'avèrent nécessaires. Aussi, vu la large distribution de l'espèce, la
prise de mesures réglementaires de protection forte (arrêté préfectoral
de protection de biotope ou réserve naturelle) seront difficiles à court
terme même si elles sont souhaitables. Toutefois, les quelques sites
où les densités de couple sont importantes : partie des marais de
la Souche et du marais de Sacy-le-Grand, quelques secteurs de la
Vallée de La Somme... devraient en profiter. Pour les autres, et au
regard des dispositifs en vigueur, ils doivent être au minimum inclus
dans une zone Natura 2000 qui dispose d'un document d'objectifs
dont les actions sont favorables au maintien de l'habitat du Blongios.
Cette intégration aura un impact dans la mesure où les actions
prévues seront mises en œuvre, c’est-a-dire qu'elles feront l'objet de
contrats avec les ayant-droits. Ces derniers restant libres de signer ou
pas le contrat, il n'y a donc aucune garantie sur la mise en œuvre des
actions prévues dans les Documents d’Objectifs. Cette situation serait

pénalisante pour les sites où une intervention est rendue nécessaire

de par la situation dégradée de l'habitat.

Dans ce contexte, nous préconisons un diagnostic sur l'état de

conservation des sites accompagnés d'une analyse des pressions

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Éléments de connaissances préliminaires pour la conservation des populations de Blongios Nain Ixabrychus minutus de Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

qu'y subit l'habitat du Blongios nain. Sur la base de cet état des lieux,
des priorités d'actions pourront être assignées à l'animation organisée
dans le cadre de l'élaboration des Documents d'Objectifs. Ensuite, un
suivi de l'état des sites devrait être mis en place avec une évaluation

systématique bisannuelle afin de recadrer les démarches.

- lnfluer a la baisse les facteurs menaçant l'espèce

Pour limiter la pression de dérangement, plusieurs préconisations :

- organiser l'usage de l'espace de façon a laisser des linéaires de
berge ou des parties de marais sans fréquentation ou du moins a
fréquentation très réduite durant la période de reproduction de la mi-
mai à la mi-août. Une opération plus générale «zone de tranquillité
pour les oiseaux» pourrait s'organiser avec les gestionnaires des
espaces, en particulier dans les Zones de Protection Spéciale. Ils
pourraient s'engager à ne pas fréquenter des linéaires de berges,
des portions de marais  durant 3 mois et apposer une signalétique
temporaire pour aider au respect de cette mesure, voire condamner
temporairement certains accès (suppression de passerelle, de
caillebotis...). Elle pourrait être contractualisée dans les Documents
d'Objectifs des Zones de Protection Spéciale, après avoir fait l'objet

d'un diagnostic par un spécialiste, discuté ensuite avec les usagers.

En Vallée de La Somme et dans les Marais de Sacy-le-Grand, cette
action devrait être facile à mettre en place car les sites offrent déjà de
nombreuses zones peu fréquentées favorables à l'espèce. D'ailleurs,
il est probable que cela contribue à accroître leur attractivité pour
l'espèce et donc l'importance des effectifs qu'ils hébergent. Par contre,
pour les Marais de la Souche, la multitude de propriétaires et surtout
la configuration des étangs (multitude de fosses de tourbage dont les
berges sont souvent facilement accessibles) risquent de rendre la
démarche plus difficile mais elle pourrait avoir des effets importants

sur les effectifs.

Cette mesure pourrait être élargie a d'autres oiseaux rares et menacés

fréquentant les marais utilisés par le Blongios nain.

- gérer la végétation de façon à créer des zones de tranquillité
permanente au moyen d'écrans naturels, en rendant certains secteurs

défavorables à la pratique de certaines activités...

- informer et sensibiliser les usagers sur la présence de l'espèce, en
la présentant et en expliquant sa sensibilité mais aussi en leur donnant
les informations pouvant les aider à analyser le comportement des
oiseaux. Cela devrait permettre de les motiver à adapter leurs
pratiques, en les aidant à apprécier si ils dérangent ou non les oiseaux

et en leur suggérant quelques conseils pratiques.

Concernant les opérations de gestion lourdes qui pourraient être
conduites sur le site, tels que les curages et les confortements
de berge, celles ci doivent intégrer la présence de l'espèce et être
réalisées dans des conditions devant éviter les impacts sur l'habitat

du Blongios nain. Les dépôts de sédiments sont à proscrire sur les

roselieres et saulaies inondées, même si elles sont peu étendues et

fragmentées.

- Gérer l'habitat du Blongios nain

Il est essentiel que l'espèce soit intégrée dans les objectifs des plans
de gestion et que ses besoins en arbustes et roselière inondés soient

pris en compte.

Les sites fréquentés ainsi que leur bassin versant doivent bénéficier
de mesures contribuant à l'amélioration de la qualité de leurs eaux, de
façon à maintenir une production importante d'invertébrés et surtout

de petits invertébrés aquatiques et une eau peu turbide.

En termes de gestion des habitats, les surfaces de végétation au-
dessus de l'eau doivent être maintenues, au minimum de 0,5 ha à 1 ha
par couple. Les niveaux d'eau doivent être gérés de façon à faiblement
varier et à ennoyer un maximum de surface durant la période de

nidification.

Les mesures prises pour enrayer la prolifération des Rats musqué et
Ragondins devraient être favorables indirectement au Blongios nain

tout comme celles relatives aux espèces végétales invasives.

Au sujet des sites d'hivernage et de leur conservation, le Blongios
nain pourrait constituer un trait d'union entre la Picardie et une région
africaine dans le cadre d'un projet de coopération décentralisé. Son
objectif pourrait être de contribuer à la conservation d'une zone humide
africaine où hiverneraient des oiseaux picards. Sa localisation pourrait
se faire au moyen d'un ou plusieurs oiseaux équipés d'une balise
satellite qui pourraient ainsi être suivis. Un projet d'éco-développement
de la zone étrangère concernée pourrait être ensuite monté et soutenu

par les collectivités locales concernées.

Un travail d'information et de sensibilisation des gestionnaires
d'espaces où l'espèce niche serait a mener afin de les amener et les
aider à prendre en compte sa présence, notamment dans leur pratique

de valorisation et de gestion de leur(s) site(s).

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4) Prescription pour un suivi indispensable des populations

Pour déterminer des modalités de suivi pertinentes et opérationnelles,
un certain nombre de points sont à souligner à la lumière des éléments
recueillis sur l'écologie mais surtout sur I’éthoIogie de l'espèce en
Picardie (LEGRIS & GAVORY, 2009c, 2009d) et de différentes
publications traitant des modalités de son recensement (MARION et
AI. (2006), BOILEAU & BARBIER (1999))

L'espèce est présente durant une période courte, arrivant vers la mi-
mai et repartant dès Ie mois d'août et elle est capable d'utiliser un
panel assez grand de zones humides, offrant des surfaces importantes
de végétation (roseau, saule...) surplombant des zones en eau. Ainsi,
en Picardie, elle est surtout distribuée au sein des marais tourbeux
(Vallées de la Somme et de ses affluents, Marais de la Souche, marais
de Sacy-le-Grand) qui représentent au moins 20 000 ha. Elle y a
été notée nicheuse sur une cinquantaine de sites différents. Ils sont
généralement de faibles surfaces et relativement faciles d'accès à
l'exception des marais de la Haute Somme (Bray-sur-Somme a Falvy)

et du Marais de Sacy-le-Grand.

Les variations interannuelles d'effectifs peuvent être importantes. Ces
différences sont vraisemblablement liées au niveau des eaux dont les
variations créent ou font disparaître des surfaces d'habitats parfois

importantes.

Au cours de sa période de présence, l'activité varie de façon
importante, en particulier les survols des sites. Ils sont fréquents en
début de saison (dernière décade de mai) puis à partir de la troisième

décade de juin etjusqu'à la troisième de juillet.

Les couples peuvent constituer des micro-colonies qui engendrent une
présence d'un nombre important d'individus et qui peuvent rendre le
dénombrement des couples plus difficiles. Quelques sites en Picardie

illustrent ce cas de figure : Boves, Cappy...

Des mâles peuvent se cantonner, notamment en début de saison sans
se reproduire. Par contre, les femelles sont plus discrètes mais leur
dénombrement pourrait permettre de déterminer assez précisément

le nombre de couples.

Les oiseaux sont capables d'effectuer des déplacements d'ampleur
importante (plusieurs centaines de mètres) entre Ie lieu d'implantation

du nid ou de stationnement des pulli et les sites de pêche et de chasse.

L'émission du chant est variable en intensité et dans Ie temps. En
fonction des mâles en Picardie, des chanteurs ont été notés du 25
avril au 5 août avec une forte intensité dès la troisième décade de mai

et un niveau soutenu durant le mois de juin et débutjuillet.

Le chant est plus souvent émis en début et en fin de journée. Il
apparaît qu'un point d'écoute d'1h45 serait nécessaire pour être
certain d'entendre l'ensemble des mâles présents en même lieu.

Certains mâles peuvent ne pas chanter. La portée du chant va de 50

m a 400/500 mètres (MARION & AI. (2006), obs. pers.). Les mâles
sont réactifs à la « repasse >> (émission du chant enregistré), avec des
réactions qui varient selon les individus mais qui sont généralement

immédiates.

Dans ce contexte, nous préconisons un recensement régional par
décennie qui devra comprendre une visite de l'ensemble des sites
favorables, avec parfois la nécessité d'organiser des dénombrements
concertés entre plusieurs observateurs dans les zones à forte densité.
3 visites par site seront nécessaires, dont 2 seront avantageusement
programmées durant les deux dernières décades de juin afin de
repérer les femelles nourrissant les jeunes et d'entendre les mâles
encore cantonnés. Elles devront durer au minimum 1 heure et être

programmées le matin ou le soir.

L'étude de l'habitat de l'espèce mériterait d'être poursuivie en
focalisant les recherches sur les sites qui auront deux qualités : faciles
d'accès et hébergeant un seul couple (voir liste en annexe) de façon
à cerner plus facilement l'étendue du territoire. La méthodologie visera
à localiser Ie lieu d'implantation du nid puis à localiser les portions des
sites utilisées pour ensuite cartographier les types d'habitats donc les

décrire et évaluer leur surface.
Parallèlement, les acteurs régionaux pourraient être porteurs ou

s'associer à un programme d'étude devant permettre de mieux

connaître l'aire d'hivernage de l'espèce.

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5) Bibliographie

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minutus en Picardie : Synthèse des principales données disponibles
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- GAVORY, L. & LEGRIS, S. & FOURNIER, E. (2009) Eléments sur
l’écologie et la biologie du Blongios nain en période de reproduction
en Picardie : synthèse des données disponibles et résultats de l'étude

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- GAVORY, L. & LEGRIS, S. (2009). A propos de la difficulté de
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- ROCAMORA, G. & YEATMAN-BERTHELOT, D. (1999). Oiseaux
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