PICARDIE NATURE

  

STATUT DE L'ŒD|CNÈME CRIARD Burhinus œdicnemus EN PICARDIE :

ELEMENTS PRELIMINAIRES POUR LA CONSERVATION DE L'ESPÈCE EN PICARDIE
> Février 2009 - POLE OBSERVATOIRE FAUNE

LA IlÉaIon

   
  

ÉTUDIER - AGIR - SENSIBILISER

Association régionale de protection de la Nature et de l'Environnement
membre de France Nature Environnement, agréée par les ministères de l‘Éc0logie et de l‘Éducation Nationale
Picardie Nature BP5o835 - Fsooos Amiens cedex 1 — Tél. 03 62 72 22 5o
contactcäpicardie-naturemrg - www.picardie-nature.urg
Association loi 1901 déclarée en préfecture le 04 mars 1970 - siège social : 14 Place Vogel - 80000 Amiens
Siret 381 785 120 00019 - APE 9104Z - Imprimé sur papier recyclé

   

ÉNÉRALî

Æ

L’AISNE

G1

 

CONSEIL

 

- Citations recommandées

Rapport entier
. GAVORY, L. (coord.) (2009). Statut de |‘Oedicnème criard Burhinus œdicnemus en Picardie : Eléments préliminaires pour la conservation de

l’espèce en Picardie. Picardie Nature. 43p.

Parties individuelles

. GAVORY, L. & COUVREUR, B. (2009). L‘Oedicneme criard Burhinus œdicnemus en Picardie en 2004/2005 : effectifs et répartition des couples
nicheurs et des stationnements post-nuptiaux, analyse. Statut de |‘œdicnème criard Burhinus œdicnemus en Picardie :

Eléments préliminaires pour la conservation de l’espèce en Picardie. Picardie Nature. 5-17.

. COUVREUR, B. (2009). L‘Oedicneme criard Burhinus œdicnemus dans le Sud Amiénois et le nord de |‘Oise de 1994 à 2005. Statut de |‘œdicnème
criard Burhinus œdicnemus en Picardie : Eléments préliminaires pour la conservation de l’espèce en Picardie.

Picardie Nature. 18-23.

. GAVORY, L. (2009). Statut de |’Oedicneme criard Burhinus œdicnemus en Picardie : synthèse et analyse des données disponibles (1758 à
2005). Statut de |‘œdicnème criard Burhinus œdicnemus en Picardie : Eléments préliminaires pour la conservation de l’espèce en Picardie.
Picardie Nature. 24-30.

. GAVORY, L. (2009).E|éments sur |’éco|ogie et la biologie de |’Oedicneme criard Burhinus œdicnemus en période de reproduction en Picardie :
présentation et analyse des données 2005 et synthèse des informations régionales disponibles. Statut de l’œdicnéme criard Burhinus œdicnemus
en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l’espèce en Picardie. Picardie Nature. 31- 34.

. GAVORY, L. (2009).Conservation et suivi de |’Oedicneme criard Burhinus œdicnemus en Picardie : Éléments préliminaires de réflexion et
premières propositions d'actions. Statut de l’Oedicnème criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de

l’espèce en Picardie. Picardie Nature. 35-43.

Crédits Photographies : Jean-Louis CORSIN, Michel TELLIA & Sébastien LEGRIS

Rédigé en 2007 et publié en 2009

Étude et rapport réalisés grâce au soutien financier de la Direction Régionale de |‘Environnement de Picardie et le Conseil Régional de Picardie

- Sommaire

Introduction

' L’ŒDICNÈME CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS EN PICARDIE EN
2004/2005 : EFFECTIFS ET RÉPARTITION DES COUPLES NICHEURS ET
DES STATIONNEMENTS POST-NUPTIAUX, ANALYSE ....................... .. p.5

Introduction

1) Recensement des couples nicheurs :
Collecte des données

2 Analyse des données

)
)
4) Discussion/Conclusion
5) Bibliographie

)

6 Remerciements

1. Détail de la répartition des couples par département, région
naturelle, commune et lieu-dit avec niveau de certitude de

nidification

' L’ŒDICNÈME CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS DANS LE SUD AMIÉNOIS
ET LE NORD DE L’OISE DE 1994A 2005 .......................................... .. p.18

Introduction

1) Secteur étudié, délimitation géographique

2) Résultats globaux

3) Etude de la répartition de ces sites favorables (carte 1)
4) Occupation interannuelle des sites favorables

5) Analyse de la cartographie des obstacles physiques

6) Essai de détermination des contraintes acceptables pour les sites
favorables

7) Influence de la nature du sol

8) Influence des cultures

9) Conclusion

10) Bibliographie

11 ) Remerciements

- STATUT DE L’ŒDICNÈME CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS EN
PICARDIE : SYNTHÈSE ET ANALYSE DES DONNÉES DISPONIBLES (1978
A2005) ......................................................................................... .. p.24

Introduction

1) Méthodologie

2) Résultats

3) Remerciements
)

4 Bibliographie

' ÉLÉMENTS SUR L’ÉCOLOGIE ET LA BIOLOGIE DE L’ŒDICNÈME
CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS EN PÉRIODE DE REPRODUCTION
EN PICARDIE : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES DONNÉES 2005 ET
SYNTHÈSE DES INFORMATIONS RÉGIONALES DISPONIBLES ........ .. p.31

Introduction

1) Méthodologie des relevés assurés en 2005
2) Résultats

3) Conclusion

4) Bibliographie

5) Remerciements

' CONSERVATION ET SUIVI DE L’ŒDICNÈME CRIARD BURHINUS
ŒDICNEMUS EN PICARDIE : ELÉMENTS PRÉLIMINAIRES DE RÉFLEXION
ET PREMIÈRES PROPOSITIONS D’ACTIONS .................................. .. p.35

1) Eléments préliminaires : traits marquants de l’écologie et de la
biologie de |’œdicnème criard en Picardie

2) Situation de Vœdicnème criard et de son habitat ou |’espèce
doit-elle faire l’objet de mesures de conservation en Picardie?

3) Prescription de gestion ou les mesures à prendre pour tenter de
garantir la conservation de la population régionale d‘œdicnéme criard
4) Remerciements

5) Bibliographie

Page 3

Statut de |‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie :é|éments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Introduction

Le présent rapport est une présentation des éléments de connaissance
accumulés dans le cadre de l'action « Statut de l'œdicneme criard
Burhinus œdicnemus en Picardie éléments préliminaires pour
la conservation de l'espèce en Picardie >>, menée par l'Association
Picardie Nature. Il a pour but premier de produire les éléments
d'information préliminaires pour intervenir en faveur de sa conservation

à l'échelle de la Picardie.

Objectifs

L‘œdicnème criard est une espèce considérée comme en déclin à
l'échelle de notre pays et vulnérable en Picardie et en Europe. Protégé
par la loi française, il est également inscrit à l'annexe 1 de la Directive

« oiseaux >>.

Le projet vise à dresser un état de la situation de la population nicheuse
de cette espèce dans notre région et de recueillir des éléments
d'information sur l'écologie de l'espèce en période de nidification.
Il s'agit ainsi de rassembler les premiers éléments indispensables
à toutes démarches de conservation visant cette espèce. Ils seront
compilés et mis à la disposition du plus grand nombre sous la forme

d'une brochure, de publications et de la mise en ligne sur le web.

Le contenu proposé de l'action est le suivant :

En 2004 et 2005, l'espèce a fait l'objet d'un recensement de ses
effectifs nicheurs à l'échelle de la France organisé par la Ligue pour
la Protection des Oiseaux et le CNRS. Dans ce cadre, le réseau
des ornithologues bénévoles de Picardie-Nature s'est mobilisé pour
rechercher cette espèce durant la période de nidification. Il s'agissait

ainsi d'améliorer la connaissance de son statut à l'échelle de la Région.

Le projet proposé s'appuie sur cette initiative nationale en la relayant
au plan régional. De plus, il cherche à compléter le travail des
bénévoles en ayant recours à des moyens humains complémentaires
sous la forme de temps de stagiaire. Deux aspects sont privilégiés : les
effectifs et leur distribution et l'écologie de l'espèce. Ces informations
seront synthétisées dans un document technique qui sera mis a la

disposition du plus grand nombre.

Description de l'action

L'opération a consisté a :

organiser les recensements de terrain et le retour des
informations mobiliser les observateurs bénévoles, diffuser la
méthodologie, répartir les secteurs de prospection, organiser des
sorties collectives de recherche, solliciter le retour des données :
contacts (téléphoniques, courriels...), information dans la feuille de

liaison...

. analyser les données collectées par les observateurs : saisir les

données dans une base de données, les compiler, les synthétiser...

. assurer des recherches complémentaires au moyen de temps

indemnisés/rémunérés en suivant deux axes :

1. recensement complémentaire sur les zones a plus forte
densité et moins connues : Sud-OuestAmiénois et Laonnois.

2. collecte de données sur la reproduction et l'écologie de
l'espèce : calendrier de la reproduction, succès de la couvaison et
de l'élevage des jeunes, identification des facteurs d'échec éventuels,
milieu utilisé (occupation du sol...). Elle s'appuie sur une méthodologie
qui consiste a suivre des couples durant des périodes continues à
différentes heures de la journée. Ce point sera mis en oeuvre par le
recrutement d'un stagiaire pour une durée de 5 mois (indemnisation,

frais de déplacement pris en charge, encadrement du stagiaire).

. rédiger un bilan des connaissances acquises, accompagné de

premiers éléments de réflexion au sujet de la conservation de l'espèce.

L'ensemble des informations et réflexions produites est formalisé sous
la forme d'un rapport, d'un à deux articles pour la revue naturaliste
L’Avocette et de la mise en ligne de ces supports sur le site web de

l'association.

Le présent rapport rassemble les éléments de connaissances
accumulés et expose les principales informations nécessaires pour

contribuer à la conservation de l'espèce dans notre région.

Il comprend cinq parties rédigées sous la forme de 4 articles dont 3

seront publiés dans des revues spécialisées :

L'œdicneme criard Burhinus œdicnemus en Picardie en
2004/2005 effectifs et répartition des couples nicheurs et des
stationnements post-nuptiaux, analyse.

. L'œdicneme criard Burhinus œdicnemus dans le Sud Amiénois et
le nord de I'Oise de 1994 à 2005.

. Statut de l'œdicneme criard Burhinus œdicnemus en Picardie :
synthèse et analyse des données disponibles (1758 à 2005)
Eléments sur l'écologie et la biologie de l'œdicneme
criard Burhinus œdicnemus en période de reproduction en
Picardie : présentation et analyse des données 2005 et synthèse des
informations régionales disponibles.

. Conservation et suivi de l'œdicneme criard Burhinus œdicnemus
en Picardie Éléments préliminaires de réflexion et premières

propositions d'actions.

Page 4

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardié

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- L’ŒD|CNEME CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS EN PICARDIE
EN 2004/2005 : EFFECTIFS ET RÉPARTITION DES COUPLES
NICHEURS ET DES STATIONNEMENTS POST-NUPTIAUX,
ANALYSE

Laurent GAVORY & Bernard COUVREUR

Résumé

Au cours des saisons 2004 et 2005, le recensement des couples
d'œdicnème criard réalisé à l'échelle de la Picardie a permis de
proposer une estimation du nombre de couples, accompagné d'une
carte de leur répartition. Il s'est appuyé sur un effort de recherche
jamais égalé mais qui n'a pas été exhaustif. Une fourchette
raisonnable de 100 à 115 couples peut être avancée, sachant que
vu les surfaces d'espaces favorables non prospectées, la population
régionale pourrait approcher les 150 couples. Ils ont une répartition
éclatée en 5 ensembles plus ou moins proches. Les densités y sont
finalement faibles, à l'exception de la partie Sud du Camp militaire de
Sissonne et ses cultures environnantes. De même, un seul ensemble
présente un effectif répondant aux critères de désignation d'une Zone
de Protection Spéciale: partie sud du Sud Amiénois et nord du Plateau
Picard. La répartition des couples semble conditionnée par la présence
de zones de cultures sur affleurement de craie blanche du crétacé
supérieur. D'autres facteurs tels que les densités de boisement et de
zones habitées et le climat ne semblent pas, dans leurs dimensions

constatées, conditionner la répartition des couples.

Mots clés: Oedicnème criard, Picardie, couples, effectifs, 2004, 2005.

Introduction

En Picardie, les couples nicheurs d‘œdicneme criard Burhinus
œdicnemus n'ont jamais été recensés de façon exhaustive, ni même
a l'échelle d'un des trois départements. Pourtant, récemment, deux
initiatives avaient été prises mais sans susciter une mobilisation
suffisante des observateurs pour assurer une couverture significative.
Le premier recensement régional avait été lancé en 1991 et 1992 pour
répondre à une enquête lancée au niveau national et le second avait
concerné l'Oise en 1995. Toutefois, la connaissance des effectifs et
de la répartition des œdicnèmes n'ont cessé de progresser, au cours
des deux dernières décennies avec l'augmentation du nombre des
observateurs et l'accroissement de leur intérêt pour les prospections
en plaine, notamment dans le cadre des repérages préalables aux

opérations de sauvetage de couvées de Busards gris (Circus cyaneus/

pygargus).

Ainsi en 2005, plusieurs estimations d'effectifs régionaux et des cartes
de répartition, sont disponibles : MOUTON (1986), GAVORY coord.,
(1995) et FLOHART (1 996). Elles se sont appuyées sur une compilation
des données collectées en continu sur plusieurs années par le réseau
d'observateurs. Ces données sont issues soit d'observations réalisées
au gré des inventaires menés par les observateurs bénévoles, soit
d'un recensement de l'ensemble des espèces nicheuses sur une aire

géographique donnée sans dénombrement des effectifs (présence!

absence, niveau de certitude de nidification) dans le cadre de

l'élaboration d'atlas.

De façon complémentaire, récemment, des dénombrements de
couples ont été assurés sur des zones géographiques réduites :
LITOUX (2002) sur la Basse Thiérache et sur une quinzaine de
communes des environs de Breteuil où une recherche systématique
des couples nicheurs a été menée par l'un d'entre nous sur environ 45
200 ha (COUVREUR, 2009b).

Aussi, dans ce contexte, en 2004 lorsque la Ligue Française pour
la Protection des Oiseaux lance une enquête afin d'actualiser les
connaissances sur la répartition et les effectifs de cette espèce en
France, nous avons jugé pertinent de rebondir sur cette initiative pour
mobiliser des moyens humains suffisants, en suscitant a nouveau la
participation d'observateurs bénévoles afin d'assurer un recensement
le plus exhaustif possible des effectifs de cette espèce a l'échelle
régionale. Le recensement devait se dérouler sur les deux années
2004 et 2005 et nous avons choisi de faire de la saison 2005 celle
du recensement principal qui devait être préparé par des recherches

menées en 2004.

L'objectif était donc de recenser les couples nicheurs de façon à
estimer la population régionale et a déterminer sa répartition. Il était
ambitieux, pour deux raisons principales. L'espèce possède un
habitat en Picardie (cultures tardives, jachères et pelouses calcaires)
(FLOHART (1997), MALVAUD (1996)) qui reste assez largement
distribué et vaste donc difficile à prospecter de façon exhaustive pour
quelques dizaines d'observateurs bénévoles disposant de 4 mois
(soit la période durant laquelle les couples peuvent être détectés). De
plus, |'Oedicneme criard est une espèce discrète car plutôt nocturne,
donc moins active le jour, et homochromique sachant très bien utiliser
son environnement (topographie, végétation) pour se dissimuler.
En complément, l'étude devait aussi porter sur le repérage et le
dénombrement de dortoirs diurnes postnuptiaux qui étaient connus
dans la région par quelques rares observations. Ces dortoirs, d'après
VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005) se constituent dès la fin
de l'été (fin août, début septembre). Les effectifs maximaux y ont été
notés sous nos latitudes (Angleterre, Allemagne) en octobre et les
oiseaux les abandonnent début novembre pour leurs quartiers d'hiver.
Ils rassemblent les individus ayant passé la période de reproduction
sur place et les jeunes, qui sont probablement rejoints, plus l'automne

avance, par des migrateurs.

P389 5

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Toutefois, les couples et leurs jeunes de la seule population située au
nord de la Picardie, en Grande Bretagne, donc susceptibles de passer
par notre région, ont le même comportement avec le même calendrier
d’uti|isation de ces dortoirs.

Leurs effectifs sont de l'ordre de plusieurs dizaines, plus rarement
des centaines d'individus. A cette époque de l'année, les Oedicnèmes
muent, notamment leurs plumes de vol (rémiges) devenant ainsi plus
vulnérables. Ils ont donc intérêt à se rassembler pour mieux résister
aux prédateurs plus nombreux à cette époque (jeunes émancipés,
migrateurs pour les oiseaux). Ces zones de rassemblement doivent
certainement être riches en nourriture pour permettre aux individus
d'assurer leur mue dans les meilleures conditions et de constituer des
réserves en vue de leur migration. Elles doivent aussi présenter une
végétation et une couleur du sol leur permettant de mieux se dissimuler.
Les localités de ces dortoirs changent peu au fil des années.

La présente note expose et analyse les données collectées au cours
des années 2004 et 2005. Elle se limite à une approche régionale
globale. Les informations sur la biologie et l'écologie obtenues à cette
occasion seront présentées et analysées dans une seconde note. De
la même façon, l'analyse de l'évolution des effectifs et de la répartition
de l'espèce dans la région fera l'objet d'une troisième note.

Photo : Puits-la-Vallée

 

page 6

Statut de Pœdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie :é|éments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

1) Recensement des couples nicheurs : Collecte des données

. Mobilisation des observateurs
Un appel a été lancé auprès des observateurs bénévoles de
l'association Picardie Nature (environ 70 personnes) au moyen d'une
annonce dans la lettre d'information, présentant la méthode et une
fiche de renvoi des données. En outre, ils ont été invités à informer
l'association en temps réel de leurs résultats au moyen d’internet ou

par téléphone.

A cela s'est ajoutée la participation en 2005 d'un observateur
permanent qui avait pour objectif premier de visiter les sites (lieux-dits)
où l'espèce avait été notée précédemment (depuis 1995 inclus). Pour
cela, une extraction des données existantes dans la base de données
de l'association a été réalisée (1995-2000), complétées par quelques
contacts avec les observateurs. Ils ont permis de dresser une liste des

sites qui figure en annexe.

. Recherche sur le terrain
Deux méthodes ont été employées pour repérer et dénombrer les

individus dans le respect des préconisations de l'enquête nationale :

. Le balayage aux jumelles
Il s'agit d'une prospection exhaustive de l'ensemble des labours et des
zones à végétation rase (cultures et prairies) en passant sur la totalité
des routes et chemins, en voiture ou a vélo, de la zone prospectée.
Dès qu'une parcelle favorable est présente (sol à nu, substrat

caillouteux...), un arrêt permet de balayer la parcelle auxjumelles.

La période idéale pour cette méthode de recherche se situe en début
de période de reproduction : avril et mai. Il s'agit d'un compromis
entre les arrivées des oiseaux, les dates de pontes et la vitesse de
croissance des cultures (en effet, quand les cultures de printemps
dépassent 10 cm, la détection des couveurs ou des oiseaux couchés
devient ardue). La recherche par cette méthode s'est effectuée durant
la journée par beau temps, en évitant les premières heures du matin
(éviter les 2 h suivant le lever du soleil) et les dernières de la soirée,
car a ces heures les oiseaux s'alimentent, généralement en dehors de
leur parcelle de ponte, ainsi que le créneau autour de midi a cause des

brumes de chaleur.

Le balayage est assuré à vitesse constante et rapide (par exemple, un
balayage a 180° sur une parcelle en labour prend entre 30 secondes
et 1 minute). L'observateur doit respecter ces temps standards. Les

couples et oiseaux seuls ont été différenciés.

L'observateur a relevé différents paramètres indiqués sur une fiche
standard de relevé. Cette méthode de recherche dite du « balayage
sur labours « a conduit immanquablement à rater un certain nombre

de couples.

. La Repasse
Elle consiste a passer, au moyen d'un magnétophone, le chant de
l'oiseau auquel les oiseaux proches vont répondre en se manifestant
(chant, vol...). La repasse a été utilisée préférentiellement durant
toute la saison entre 1 heure avant le coucher du soleil et une heure
après (soit deux heures par soirée). Dans ce cas, chaque point a été
échantillonné durant 5 minutes : 2 minutes d'écoute avant repasse, 1

minute de repasse, 2 minutes d'écoute après repasse.

. Organisation de dénombrements en simultané
Quelques dénombrements concertés des couples ont été organisés.
Ils consistent à rassembler plusieurs observateurs afin de prospecter
une zone où la densité des couples est importante et de pouvoir les
dénombrer de façon simultanée. Il s'agit ainsi de rendre l'évaluation de
l'effectif plus fiable. Dans la pratique, plusieurs observateurs se sont
partagés un secteur pour rechercher les espèces selon les méthodes
précédemment décrites. Ils ont noté l'heure de leurs observations et
les ont localisées sur une carte. Ensuite, une synthèse a été faite de
façon à déterminer précisément le nombre de couples, au moyen de

la compilation des cartes et de l'examen des heures d'observation.

. Recensement des dortoirs postnuptiaux
La recherche et le dénombrement des dortoirs postnuptiaux ne se
sont pas appuyés sur une méthodologie particulière. Les recherches
ont été assurées au moyen de prospections des zones occupées
par les couples nicheurs. Une fois repérés, ils ont fait l'objet de

dénombrements plus ou moins réguliers.

Page 7

Statut de |‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

2) Analyse des données

Le niveau de certitude de nidification a été évalué sur la base de la
grille proposée par YEATMAN-BERTHELOT (1994) :

A) Nidification possible
O1 - oiseau vu en période de nidification dans un milieu favorable

O2 - mâle chantant en période de reproduction

B) nidification probable

O3 - couple en période de reproduction
O4 - territoire occupé

O5 - parades nuptiales

O6 - sites de nids fréquentés

O7 - comportements et cris d'alarme

O8 - présence de plaques incubatrices sur un oiseau tenu en main

C) nidification certaine

O9 - construction et aménagement d'un nid ou d'une cavité

10 - adulte simulant une blessure ou cherchant à détourner un
intrus

11 - découverte d'un nid vide ou de coquilles d'œufs

12 - juvéniles non volants

13 - nid fréquenté inaccessible

14 - transport de nourriture ou de sacs fécaux

15 - nid garni (œufs)

16 - nid garni (poussins).

Pour réaliser l'évaluation des effectifs et dresser la carte de répartition
des couples, nous n'avons pas pu nous appuyer sur un recensement
exhaustif assuré au cours d'une même saison. Pour compenser cette
lacune, nous avons pris le parti de cumuler les couples notés au cours

de saisons différentes, principalement, 2005 et 2004.

Cette façon de faire induit un risque de prendre en compte deux fois
le même couple. En effet, en Picardie, les couples se répartissent très
majoritairement sur les zones agricoles, en particulier sur les cultures
tardives (betterave, maïs, pois...) (FLOHART (1997), MALVAUD
(1996)). Or, la répartition de ces dernières évolue d'une année à l'autre.
Aussi, même si les oiseaux sont très fidèles à leur site de reproduction
(VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005)), généralement, ils
peuvent ne pas s'installer au même endroit deux années de suite car
le couvert végétal ne leur est pas forcément favorable. Ils sont alors
obligés de se déplacer de plusieurs centaines de mètres. Ainsi, un

même couple change de site année après année.

De plus, il peut assurer 1 à 4 pontes de remplacement qui sont
généralement déposées dans les environs immédiats du premier nid
(200 a 300 mètres maximum) (VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS
(2005)). De ce fait, au cours d'une seule saison, un même couple peut

s'installer sur plusieurs sites proches les uns des autres.

Dans ces conditions, pour conforter notre estimation, nous avons

réalisé une cartographie de la totalité des couples signalés en 2004 et

2005 et avons examiné la situation de ceux les plus proches les uns des
autres. Nous l'avons assuré en tenant compte des données négatives
transmises par les observateurs et en considérant que ceux distants
de plus d'un kilomètre étaient différents. Par ailleurs, pour minimiser
les double-comptes induits par des pontes de remplacement, nous
avons examiné avec attention les dates des données et l'éloignement

des sites.

Deux fourchettes d'effectifs sont proposées pour dimensionner la
situation des années 2004/2005 :

. une minimaliste qui s'appuie exclusivement sur les observations
réalisées en 2004 et 2005, son minimum correspondant aux couples
nicheurs certains et probables cumulés avec prudence sur les deux
années, et son maximum étant obtenu en additionnant à l'évaluation

minimale, le nombre de couples nicheurs possibles.

. une maximaliste dont la détermination a consisté à prendre en
compte les effectifs potentiels sur les zones non prospectées en
2004/2005. Il s'agit des couples observés au cours des années
précédentes. Son minimum correspond au maximum de l'échelle
minimaliste, soit l'effectif de couples nicheurs possibles à certains notés
en 2004/2005. Son maximum est ce minimum augmenté du nombre
de couples qui étaient potentiellement présents sur des secteurs ou au
cours d'une période donnée. Sa durée a été déterminée en partant du
principe que la présence des couples est conditionnée par l'occupation
du sol dont principalement la nature des productions végétales, tout
en ayant conscience qu'elle n'est pas le seul facteur intervenant.
Ainsi, l'effectif régional serait proportionnel aux surfaces des types
de culture. Nous avons rassemblé les éléments chiffrés disponibles
à leur sujet. Nous avons comparé ceux des années 2004/2005 avec
ceux des années antérieures avec le souci de déterminer l'année de
rupture c'est-a-dire celle a partir de laquelle leurs surfaces évoluent
notablement. La période de prise en compte des données anciennes

aurait comme limite cette année de rupture.

Cette comparaison a été réalisée en remontant sur une durée
correspondant à 3 générations soit 27 années, une génération étant
estimée a 9 années (BIRDLIFE, 2004). Ce choix de 3 générations est
conditionné par l'objectif d'utiliser l'effectif régional (et son évolution
dans le temps) pour déterminer si l'espèce appartient a la liste
régionale des espèces menacées de Picardie. La méthodologie suivie
est celle proposée par |’Union Internationale pour la Conservation de
la Nature (IUCN) (IUCN, 2001) qui a considéré ce pas de temps pour

apprécier l'évolution de la population d'un taxon.

Il s'avère que la répartition et l'importance des cultures au sein de la
Surface Agricole Utile (SAU) évoluent sans cesse. Nous avons regardé
son évolution au cours des deux décennies précédant notre étude, et
plus particulièrment celle des types de culture utilisés par Burhinus
oedicnemus : les jachères et les cultures tardives (maïs, betteraves).
D'après l'|FEN (2005), AGRESTE (2007), il s'opère un point de rupture
en 1996, année où les surfaces en jachères ont diminué de près de

40% par rapport a 1993, année principale de leur mise en place pour

page 8

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

atteindre un niveau qui sera approximativement (4% en moins) celui
de 2005. D'une façon globale l'usage de la SAU a peu évolué entre
1996 et 2005.

Nous estimons que même si ce raisonnement est séduisant, il
s'appuie sur la prise en compte d'un facteur, certes important, mais
qui n'est pas ie seul à conditionner la présence des couples. En fait,
une combinaison de facteurs interviendrait : type de culture, état du
sol... De plus, ce facteur est regardé à l'échelle de la région alors que
la répartition des cultures à un niveau plus local (régions agricoles)
serait plus pertinente (mais nous n'en disposions pas). Toutefois, il
nous a semblé intéressant car plus à même d'approcher la réalité des
effectifs des couples présents en Picardie que de prendre en compte
la répartition des couples sur un pas de temps déterminé de façon

arbitraire.

in fine, pour déterminer le maximum de la fourchette maximaliste, nous
avons tenu compte des couples repérés durant la période 1996/2003

soit 8 années.

Les couples observés ont été présentés par régions naturelles
telles qu'elles ont été définies par BOULLET (in litt.) dans ie cadre
de l'inventaire des Zone Naturelles d'intérêt Ecologique Faunistique
et Floristique... ainsi que par régions agricoles définies par l'institut
National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE)
(ANONYME, 1989). il s'agissait ainsi de faciliter une future éventuelle
étude diachronique avec une approche plus précise à l'échelle de ces
deux échelons où d'une part, ie paysage, et d'autre part, les types de

cultures implantées peuvent évoluer de façon relativement homogène.

Concernant les dortoirs postnuptiaux, il faut souligner que malgré
des effectifs parfois conséquents (plusieurs dizaines d'individus),
leur découverte et leur dénombrement ne sont pas aisés. En effet,
ces oiseaux, discrets, mettent à profit leur homochromie ou profitent
de la végétation pour se dissimuler, notamment les couverts d'hiver

(légumineuses).

Les facteurs conditionnant la répartition des ensembles de

couples

Une fois la carte de répartition régionale établie, nous avons essayé
d'apprécier les corrélations qui pouvaient exister entre la répartition
des couples et certains facteurs (connus ou supposés) susceptibles
de conditionner leur présence à cette échelle. il s'agissait ainsi, entre
autres, d'identifier des facteurs indépendants de l'action directe des
activités humaines, donc difficiles à contrebalancer dans le cadre
d'actions de conservation. Dans un travail concomitant, nous tentons
d'analyser la situation a l'échelle de sites utilisés par des couples
pour nicher (GAVORY (2009 c)). A cette occasion, nous avons listé
les facteurs connus pour conditionner l'installation des couples. Nous
nous sommes appuyés sur cette liste pour déterminer les facteurs
intéressants pour mieux cerner les causes de la répartition a l'échelon

de la région.

Certains n'ont pu être pris en compte faute d'informations les

concernant. Nous avons ainsi pu confronter la répartition des couples
à 7 facteurs. Parmi eux, plusieurs ont fait l'objet d'une évaluation à
l'échelle d'ensembles de couples, tel que ceux constatés et figurant
sur la carte 1. Les couples qui ont servi de référence sont les nicheurs
notés en 2004/2005 c'est-a-dire ceux pour lesquels nous disposions

d'une localisation précise.

La liste des facteurs conditionnant l'installation des couples est la

suivante :

. la géologie : les couches affieurantes influencent généralement
la composition du soi. Nous avons déterminé pour chaque couple
la couche géologique sur laquelle se positionne son territoire. Pour
cela, nous avons utilisé la carte géologique de Picardie (MENESSIER,
1980).

. la topographie : plus particulièrement les variations d'altitude.
Nous avons confronté la répartition des couples avec la carte
IPSOMETRIQUE (MENESSiER,1980) pour tenter d'apprécier les
caractéristiques dominantes (densité de points hauts, importance des

dénivelés) de la topographie des principaux noyaux de couples.

. le niveau d'érosion des sols : elle affecte les sols en favorisant
l'apparition du substratum ou son incorporation au sol. Pour ce facteur,
nous avons fait de même que pour le précédent avec la carte des

aléas d'érosion des sois (IFEN, 2005).

. le climat: nous avons confronté la carte de répartition des couples
avec celle de la hauteur, de la fréquence mensuelle des précipitations
et du nombre moyen de jours de précipitations. Elles ont été tirées de
l'Atias de Picardie (ANONYME, 1989) seule référence régionale, hélas
ancienne, à laquelle nous avons eu accès.

. la densité de boisements : nous avons dénombré les unités

boisées à l'échelle des différents noyaux de couples.

. la densité d'habitations : nous avons procédé de la même façon
que précédemment en comptabiiisant le nombre de villages et hameau

fermes à l'échelle des différents noyaux de couples.

. le type de milieu utilisé par les couples : à partir de l'examen
des photos aériennes de Photoexploreur (institut Géographique
National) ou des informations transmises par les observateurs, nous
avons déterminé sur quel grand type de milieu se positionnait a priori
le couple avec son nid. Nous avons pour cela utilisé une typologie
large et simple : zone de culture (espace cultivé ou en jachère), zone
d'élevage (pâture, prairie), zone humide (espace en permanence ou
temporairement humide), zone urbaine/industrielle, zone sèche non

cultivée (pelouses calcaires, friche (espace n'ayant pas été cultivé)...).

P389 9

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

3) Résultats

Etat des recherches

Pour le recensement des couples nicheurs en 2004, une quarantaine
de séances d'au minimum une demi-journée a été assurée par 16
observateurs. Elle produit 69 citations (une date, un lieu, un effectif,
un ou des observateurs) positives et 7 négatives. 6 séances ont
été consacrées à la recherche et au dénombrement des dortoirs

postnuptiaux.

L'année suivante, 14 personnes se sont mobilisées pour assurer 25
séances de 3 à 4 heures pour la recherche et le suivi des couples
nicheurs. Elles ont été complétées par au moins 85 heures réparties
sur 44 séances consacrées à l'observation et la recherche de l'espèce
assurées par un stagiaire : C. DE FRANCESCHI. 33 dénombrements

des dortoirs postnuptiaux ont été assurés en sus.

En plus de ces recherches menées de façon individuelle, 3
dénombrements ont été assurés par plusieurs observateurs de façon

concertée et en simultané sur une zone donnée.

Sur ces deux saisons, la mobilisation des observateurs a été finalement
limitée et insuffisante pour vérifier l'ensemble des localités où l'espèce
avait été notée précédemment, voire pour assurer des recherches sur
des secteurs qui, potentiellement au vu des habitats présents, étaient
susceptibles d'accueillir des couples. Elle a toutefois été supérieure à
celle des enquêtes précédentes et a permis de vérifier une très grande
majorité des sites où des couples avaient été notés au cours de la

décennie passée.

Globalement sur les deux saisons, 106 sites ont été visités dont une
partie correspond à 80 % des sites connus (minimum 89 de 1995 à
2003). La couverture a été d'environ 80 % pour l‘Aisne, d'au moins 90
% pour l'Oise et de moins de 80 % pour la Somme. De plus, peu de
zones où l'espèce n'était pas connue ont fait l'objet de prospections
sans succès : Valois (environs de Nanteuil-le-Haudouin), environs de
Bray-sur-Somme  Toutefois, ces recherches en dehors des sites

connus sont restées hélas très ponctuelles.

Concernant les dortoirs postnuptiaux regroupant un effectif important
d'oiseaux, deux ont fait l'objet de dénombrements assez réguliers de
septembre à novembre (premier site : dénombrements 3 en 2004 et
4 en 2005, deuxième site : dénombrements 25 répartis sur 3 mois en
2005). De plus, certains secteurs accueillant l'espèce en période de
nidification et donc susceptibles d'héberger ces dortoirs diurnes ont
été prospectés (3 à 4 séances) : Sud Amiénois (environs de Breteuil),
zone entre Montididier et Compiègne (80/60), versants de la Vallée
de l'Hallue (80), mais sans succès. Ces recherches ont été largement
insuffisantes mais il est vrai que la surface à couvrir était immense et
la tâche ardue. Ces regroupements ne sont pas aisés à trouver, se

localisant plutôt dans des secteurs peu accessibles.

Les couples nicheurs en 2004 et 2005 : répartition, effectif

La carte 1 présente la répartition des effectifs en 2004/2005 sur la
région Picardie et le tableau 1 présente les effectifs par département,
par région naturelle et par région agricole. Le détail des localités et des

effectifs figure en annexe 1.

page 10

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

“KŒ
 a
/QK R”?
n“ . r
4 1.x‘ ' ÿ  ..I"‘-g.- rLr-ÆH-‘Am
\ *Vt_k  ri\lvlxç___.-v:.l_: ‘È :- q/ N- _ 

1 . 1:‘  s’  ;= r
äk‘-;_x.,_ï_‘ a '--Ë\ _ âÿrjfiîj/  t . 
Â Û [a m"“—:1y’ l‘ M  '. Üa’îf
E‘; L "x Ü r {M- E l ‘I J

/ x\_ . f  J L}

\ \\ .- ÏI-‘j  " -'\./- f. JIËJX

a ' = -—'*-' a” r’ "
ha 1.71. v‘ _ t1
 >
fana- b f; ,1?
kg‘; IIIIIIII.
v’ 21..

Carte 1 : Répartition des coup/es nicheurs d’œdicneme criard en Picardie en

2004/2005.
Région/département
Picardie
Aisne
Oise
Somme

Régions naturelles

Vermandois
Marlois-Nord Laonnois
Champagne
Soissonnais

Plateau Picard

Pays de Thelle

Valois

Sud-Amiénois
Ponthieu

Santerre

Régions agricoles
Saint-Quentinois/Laonnois
Champagne crayeuse
Soissonnais

Plateau Picard Sud

Pays de Thelle

Valois

Santerre

Plateau Picard Nord

Effectif :

fourchette minimaliste
76/102

24/30
16/ 1 9
36/53

1/1
11/15
12/14

0/0
14/16

1/2

1/1
23/35
9/13

2/3

12/16
12/14
0/0
14/16
1/2
1/1
2/3
32/48

Effectif :

fourchette maximaliste
102/116

30/37
19/20
53/59

1/3
15/19
14/16

1/1
16/17

2/2

1/1
35/37
13/14

3/3

16/21
14/16
1/1
16/17
2/2
1/1
3/3
48/51

Tableau 1 : Effectifs estimés d’Œdicnèmes criards en Picardie en 2004/2005

page 11

Statut de |‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie :é|éments préliminaires pour Ia conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Nous pouvons en tirer les deux fourchettes régionales suivantes.
La fourchette minimaliste est de 76 a 102 couples (arrondi a 75/100
couples) et la fourchette maximaliste de 102 à 116 (arrondi à 100/115

couples).

A partir de la carte de répartition des couples, il est possible de
déterminer deux paramètres de la population, notamment utilisés pour
son évaluation nécessaire pour juger de son appartenance ou non
a la liste des espèces menacées de la région. Il s'agit d'une part de
l'effectif, d'autre part de la zone d'occurrence et de la zone d'occupation
définies (UICN, 2001). La zone d'occurrence est la superficie délimitée
par une ligne imaginaire continue la plus courte possible englobant
tous les sites connus, déduits ou prévus de présence actuelle d'un
taxon, à l'exclusion des individus erratiques. Elle peut souvent être
mesurée par un polygone convexe minimum (le plus petit polygone
dans lequel aucun angle ne dépasse 180 degrés et contenant tous
les sites d'occurrence). Elle inclut la zone d'occupation qui est la

superficie occupée par un taxon, a l'exclusion des individus errants.

La zone d'occurrence est d'environ 1 160 100 ha soit 11 601 km2.
Quant à la zone d'occupation, les informations dont nous disposons
ne sont pas assez précises pour en faire la mesure précise. De ce
fait, nous avons considéré qu'un couple occupe 0,5 kilomètre carré
ce qui est une surface importante et correspond à des densités déjà
constatées dans les zones de culture. Nous avons considéré l'effectif
maximal de la fourchette maximaliste soit 116 couples ce qui nous

permet de proposer une zone d'occupation de 58 km2 soit 5 800 ha.

Les couples nicheurs en 2004 et 2005 : facteurs conditionnant

leur répartition

Nous avons confronté la carte de répartition des couples avec la
carte géologique. Les 102 couples se répartissent préférentiellement
sur les affleurements de craie blanche du crétacé supérieur : 92,2 %
sur craie blanche du crétacé supérieur, 5,9 % sur limon des plateaux
en place, 0,98 % sur alluvions récents du quaternaire et pour 0,98 %

l'affleurement n'est pas connu.

Nous avons fait de même avec la carte hypsométrique. Les couples se
trouvent principalement dans les secteurs vallonnés où les variations
d'altitude sont denses. Toutefois, ils n'occupent pas l'ensemble des

secteurs présentant ces caractéristiques et loin de là.

Concernant le climat, il n'apparaît pas de corrélation entre la répartition
des couples et la hauteur, la fréquence mensuelle ou le nombre moyen

de jours de précipitations.

85,3 % des couples ont leur territoire en zone agricole, 10,8 % sur des
friches calcaires (camp militaire) et pour 3,9 %, leur situation n'est pas
connue. Le tableau 2 rassemble les différents éléments d'information

obtenus sur les facteurs analysés par noyau de couples.

Marlois-Nord

Sud Amiénoisl Nord

Vimeu Estlouest

Champagne Laonnoisl Plateau picard Est Sud Amiénoisl
Plateau picard
Vermandois Ponthieu Est

superficie de la zone (km2) 143,5 316,5 695 4,5 320
nombre de couples 14 14 29 4 27
nombre de couples par km2 0,09 0,04 0,04 0,89 0,08
"/u surface boisée 26/50 % 0/25% 0/25% 0/25% 0/25%
nombre d'unités boisées

5,99 4,55 3,87 6,67 7,4
par 10 km2
nombre d’unités habitées

1,53 1,55 0,2 0 1,94
par 10 km2
nombre de villes et villages par

0,56 0,82 1,32 0 1,25
10 km2
nombre d’unités habitées isolées

0,98 0,73 0,63 0 0,69

(ferme...) par 10 km2

Tableau 2 : Eléments dÿnformation obtenus sur les facteurs analysés par noyau.

page 12

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Les dortoirs postnuptiaux en 2004 et 2005 : répartition, effectifs.

Les observations de regroupements postnuptiaux rapportées ont été
peu nombreuses dans la région. Quatre ont été repérés dont deux
aux effectifs modestes. Un a été noté dans le secteur de Gournay-
sur-Aronde/Ressons-sur-Matz (60) : 9 Œdicnèmes le 25/08/2004
à Gournay-sous-Aronde (SENGEZ P.) [com. pers.], 6 le 5/09/2005
(ROYER P.) [com. pers.], dans ce secteur, 8 le 18/09/2005 à Ressons-
sur-Matz (60) (W. MATHOT) [com. pers.] ; l'autre dans les environs
de Poix-de-Picardie : 12 le 8/09/2004 à Caulières (80) (FOURNIER

E.) [com. pers.].

Ils n'ont pas fait l'objet d'un suivi régulier.

En revanche, deux autres rassemblaient des effectifs importants et ont

été plus particulièrement suivis.

En 2004, des recherches ont été réalisées dans la région d‘Airaines (80)
et ont permis de découvrir l'existence d'un rassemblement important
à proximité de cette commune (BOUSSEMART A. & GAVORY L.). En
2004, 95 individus étaient dénombrés le 16/09, 35 le 17/09 et encore
94 le 2/10. L'année suivante, le 13/09, 23 étaient vus sur un premier
site et le 1/10, ils étaient 148 répartis simultanément sur les deux
sites distants de 4,5 kilomètres. Ils y étaient encore 14 le 6/10, date
de la dernière observation rapportée. Il est probable que ce groupe
fréquente un ou plusieurs autres sites non connus, où les individus
se répartissent. De plus, les stationnements se sont certainement

prolongés au-delà du 6/10, date du dernier recensement.

Un autre a été repéré en 2005 dans la région de Saint-Quentin (02)
(Origny-Sainte-Benoîte) par (ROUSSEAU C.) [com. pers.] et a été
suivi durant 3 mois. Il rassemblait 58 individus dès le 29 août et deux
individus étaient encore présents le 22 novembre. L'effectif maximum

a été relevé les 10 et 13 septembre avec 74 individus.

Enfin, il semble que tous les oiseaux ne se rassemblent pas en dortoir
comme peut le laisser supposer l'observation de 2 individus notés le
2/10/2004 à Surfontaine (Vallée aux loups) (02) (LE SCOUARNEC Y.,

com. pers.).

4) Discussion - Conclusion

Répartition, effectifs

Le recensement réalisé en 2004 et 2005, permet de disposer d'une
photographie satisfaisante du nombre et de la répartition des couples
pour ce début de XXI ème siècle, même si elle n'a pu être exhaustive,
en particulier en ne s'appuyant pas sur un contrôle de l'ensemble des

sites où des couples nicheurs avaient été notés précédemment.

L'examen de la carte 1 montre clairement que la répartition des
couples n'est pas homogène sur le territoire régional. 5 ensembles
distants d'au moins 10 à 20 km, au sein desquels aucun couple n'est
à moins de 5 km d'un autre et rassemblant plus de 3 couples, peuvent
être individualisés. Ils ont été nommés en fonction de leur localisation
dans une ou plusieurs régions naturelles : Champagne, Marlois-Nord
LaonnoisNermandois, Sud Sud Amiénois/Nord Plateau picard, Vimeu
Est/Ouest Sud Amiénois/Ponthieu Est et Plateau Picard Est et figurent
sur la carte 1 où ils ont été cernés en traçant une limite qui joint les
couples les plus extérieurs du noyau. Leur délimitation a facilité
l'évaluation de l'impact de certains facteurs conditionnant la présence

de couple en permettant la détermination de densité.

Ces noyaux regroupent plus de 85 % des effectifs régionaux. Ils
présentent des effectifs et des densités variables. Entre ces secteurs
de plus grande concentration se trouvent parfois des couples isolés.
Ces regroupements sont probablement davantage favorisés par
la présence de surface d'habitats favorables que par la nécessité
pour l'oiseau de créer des colonies lâches. Il est peu probable qu'ils
constituent des sous-populations et vu l'état des connaissances ils ne

doivent donc pas être considérés comme tels.

Il s'avère que les densités de couples restent faibles (0,04 à 0,89
couple au km2 dans les noyaux) puisque inférieures à 1 couple par
kilomètre carré et elles sont hétérogènes selon les zones. Nous avons
ciblé les secteurs à densité forte car ils pourraient être considérés
comme des zones prioritaires, où l'espèce pourrait faire l'objet
d'une attention particulière. Sur ces zones, pourrait être assurée la
conservation d'effectifs remarquables présents sur des surfaces
réduites, donc où des mesures pourraient être plus faciles à mettre en
oeuvre. Pour cela, nous avons délimité les espaces où un couple était
distant d'au maximum 1 kilomètre (1 couple/km2 qui est une densité
forte pour la France) d'un autre et qui regroupaient un minimum de
10 couples (environ 10 % de l'effectif régional). Seul un ensemble de
couples répond aux critères proposés. Il s'agit de la partie Sud du

Camp militaire de Sissonne (02).

Parallèlement, nous avons cerné les espaces regroupant un minimum
de 30 couples qui est le seuil proposé pour déterminer une Zone
Importante pour la Conservation des Oiseaux, susceptible de devenir
une Zone de Protection Spéciale au titre de la Directive dite «Oiseaux»
(ROCAMORA G., 1994). Pour cela, nous avons utilisé les ensembles
de couples dont aucun ne se trouvait à moins de 5 kilomètres d'un

autre. Seul un espace répond à ce critère ; il inclut les couples répartis

page 13

Statut de l‘œdicnéme Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

sur le Sud du Sud Amiénois et Ie Nord du Plateau picard «Vallée de
I'Avre et de la Noye» et les couples au Nord du Plateau picard dans

I'Oise. Il est indiqué sur la carte 1.

Concernant l'évaluation de l'effectif régional, nous avons proposé deux
fourchettes : une s'appuyant sur les effectifs dénombrés et une autre
basée sur les effectifs dénombrés augmentés d'une évaluation pour
les zones non prospectées, en s'appuyant sur les effectifs constatés
au cours de la décennie 1996-2003. Nous reprendrons cette dernière
fourchette estimant qu'elle est réaliste tout en considérant qu'elle reste
un minimum. Eu égard aux carences en prospections et en suivis,
qu'elles soient géographiques mais aussi temporelles (faute de temps,
le niveau de certitude de nidification d'un certain nombre de couples n'a
pu être amélioré), nous considérons que 116 couples est un minimum.
A ceux-là, s'ajoutent ceux des zones non prospectées et qui sont
favorables (zone de craie, avec dénivelé) : ouest du Sud Amiénois,
centre Ponthieu, Nord est du Nord-Est Amiénois, Vermandois, Pays
de Thelle) dont il est bien difficile d'évaluer les effectifs. La population
pourrait vraisemblablement avoisiner les 150 couples en ce début de

XXleme siècle.

Facteurs susceptibles d'influer sur la répartition de l'espèce à

l’échelle de la région

L'analyse proposée de quelques facteurs pouvant influer sur la
répartition des couples reste approximative et les résultats présentés

sont à considérer avec prudence. Notamment, seules certaines

dimensions de ces facteurs ont pu être analysées. De ce fait, il est

difficile voire impossible de conclure sur leur réel impact global.

Il apparaît que Ie type de substratum (couche géologique affleurante)
est discriminant : plus de 90 % des couples s'installent sur des
affleurements de craie blanche dont ils occupent assez largement les
surfaces disponibles de la région. Les territoires des couples sont à
plus de 80 % notés sur les zones de cultures. Toutefois, une faible
surface de la SAU picarde est utilisée. Il en est de même pour les
zones à relief qui concentrent les couples mais qui ne sont pas toutes

occupées, loin de là, notamment dans la partie tertiaire de la région.

Le climat ne semble pas influer sur la répartition des couples du moins

pas de manière significative.

Ces points avaient été relevés par FLOHART (1995) et surtout
MALVAUD (1996).

Enfin, certaines dimensions d'autres facteurs que nous supposions
influencer la répartition des couples apparaissent sans effet. Il s'agit
de Ia densité des boisements et des zones habitées... Du moins dans

les conditions proposées pour les étudier.

Les dortoirs post-nuptiaux
Deux dortoirs comptant des effectifs importants ont été découverts
à l'occasion de cette étude et deux autres plus modestes. Ils se

trouvaient dans des secteurs où les couples nicheurs sont nombreux.

page 14

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardié

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

5) Bibliographie

. ANONYME (1989) Tableau de Bord Régional de l‘Environnement
de Picardie. Cahier 1. Conseil Régional de Picardie, DRAF Picardie,
CAUE 02, CAUE 60, CAUE 80. Oise, 106p

. AGRESTE (2007) Le panorama du monde agricole, forestier et agro-
alimentaire. édition 2006, résultats 2005.

IFEN (2005) L’érosion des sols un phénomène à surveiller. Lettre
thématique mensuelle de |‘|FEN. 4p.

. COUVREUR, B. (2009) L’œdicnème criard Burhinus œdicnemus
dans le sud Amiénois et le nord de I’Oise de 1994 à 2005.

. FLOHART, G. (1996) œdicnème criard Burhinus œdicnemus in
COMMECY (X.), MERCIER (E.) & SUEUR, F. (1996) Atlas des
oiseaux nicheurs de Picardie (1983-1987) (3ème édition). L‘Avocette,
n° spécial, 241 p.

. GAVORY, L. (2009) Eléments sur I’écologie et la biologie de
I’œdicnème criard Burhinus œdicnemus en période de reproduction en
Picardie : présentation et analyse des données 2005 et synthèse des
informations régionales disponibles. Picardie Nature, doc. Multicop.

INSTITUT FRANCAIS DE L’ENVRIONNEMENT (2007-2005)
EIDER : décrire l'environnement dans les régions. IFEN, Paris, 17 p +
CD ROM & actualisation sur site web ifen..

. MALVAUX, F. (1996) L’oedicnème criard en France. Groupe
Ornithologique Normand, Colombelles. 140 p.

. MENESSIER, G. (1980) Géologie de la Picardie, stratigraphie,
évolution paléogéographique et structurale. CNDP, CRDP, Amiens.
119p.

. ROCAMORA, G. (1994). Les Zones Importantes pour la Conservation

des Oiseaux en France. LPO, Ministère de I’Environnement. Rochefort.

. UICN (2001) Catégories et Critères de I’UICN pour la Liste Rouge
Version 3.1. Commission de la sauvegarde des espèces de I’UICN.
UICN, Gland, Suisse et Cambridge, Royaume Uni. ii + 32 p.

.VAUGHAN, R. & VAUGHAN-JENNINGS, N. (2005) The Stone Curlew
Burhinus œdicnemus. lsabelline Books, Conrwell. 345p

6) Remerciements

Nous tenons a remercier

.Christophe DE FRANCESCHI qui, dans le cadre d’un stage, a assuré
la collecte de données ;

. Sébastien LEGRIS pour la compilation d’une partie des données et
la préparation des cartes ;

. Frédéric BLIN, Françoise DELCOURT, Sébastien MAILLIER et Jean
Marie THIERY pour la relecture du manuscrit et leurs suggestions ;

. les observateurs qui nous ont transmis leurs observations dans le
cadre de I’enquète ainsi que l'ensemble des collaborateurs du réseau
<<avifaune>> de Picardie Nature sans qui cette synthèse n’aurait pu être

réalisée.

Les observateurs participants en 2004 ont été BLIN F., ISANBRANDT
H., SENGEZ P., LESCOUARNEC Y., COMMECY X., BOUSSEMART
A., COUVREUR B., DECOUTTERE T., LEGRIS S., SEIGNEZ B.,
MATHOT W., ROUSSEAU C., BOUCHINET F., BAVEREL D., BARON
N. et FOURNIER E.

Et en 2005, BAS Y., BOUSSEMART A., COCHON F., COUVREUR B.,
DEFRANCSCI C., DE LESTANVILLE H., DENOYELLE D., LEGRIS
S., MALIGNAT P., ROUSSEAU C., ROYER P., SCUOTTO C., et
SEIGNEZ B.

page 15

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

An nexes

Annexe 1 : Détail de la répartition des coup/es par département,
région naturelle, commune et lieu-dit avec niveau de certitude de

nidification.

- Pour le département de I’Aisne, la fourchette minimaliste est
de 24 à 30 couples et la fourchette maximaliste va de 30 à 37

couples.

La quasi totalité des couples a été localisée dans la moitié nord de ce

département :

Vermandois :

Hauteville : 1 couple

A ajouter au minimum 2 couples notés sur d'autres sites au début des
années 2000.

1/1 couple -1/3 couples

Marlois-Nord Laonnois :

Châtillon-Iès-Sons (le Mouflet) : 1 couple

Ebouleau (L‘Epinette) : 1 individu (couple possible)
Ebouleau (Les Quatre arbres) : 1 couple

Erlon : 1 individu (couple possible)

Lappion : 1 couple (2004) (couple possible)

La Ferté-Chevrésis : 1 couple

Housset: 1 couple (2004)

Montigny-sur-Crécy: 1 couple
Origny-Sainte-Benoîte (Mont Courjumelle) : 1 couple
Origny-Sainte-Benoîte (Vallée de Guise) : 1 individu (couple possible)
Renansart : 1 couple (2004)

Ribemont (Vallée Caux) : 1 couple (2004)
Surfontaine (Fay le noyer) : 1 couple

Surfontaine (La Malmaison) : 1 couple (2004)
Surfontaine (Vallée aux loups) : 1 couple (2004)

Les environs de Sains-Richaumont, notamment les communes de Le
Hérie-la-Vieville, Monceau-le-Neuf et Faucouzy, Puisieux et Clanlieu,
Sons et Ronchères n'ont pas été prospectées alors qu'à la fin des
années 90, elles accueillaient des couples simultanément avec ceux
notés en 2004 et 2005. Aussi, nous estimons qu'il est possible d'ajouter
un minimum de 5 couples.

11/15 couples — 15/19 couples

Champagne :
Amifontainé (La Harpette) : 1 individu (couple possible) (2004)

Marchais: 1 couple

Couvron et Aumencourt : 1 individu (couple possible)

La Malmaison, La Selve, Sissonne (Camp militaire de Sissonné) : min.
10 couples.

Vivaise : 1 couple (2004)

A ceux-la s'ajoutent les couples sur l'ancien aérodrome d’Athies-sous-
Laon non prospecté en 2004/2005, encore 2 couples y avaient été
notés en 2003.

12/14 couples -14/16 couples

 
Des oiseaux y avaient été notés en 2003.

0/0 couple -1/1 couple

- Pour l’Oise, la fourchette minimaliste oscille entre 16 et 19

couples et la maximaliste entre 19 à 20 couples.

Plateau Picard :

Quatre noyaux distants peuvent être distingués :

Luchy (Forêt Ricard): 1 couple
Blicourt: 1 individu (couple possible)

Blicourt (Régnonval) : 1 couple

Bonneuil-les-eaux (Le Fond de Mont Plaisir) : 1 couple

Blancfossé (les Guissements) : 1 couple

Blancfossé (Bois de la Touée) : 1 couple

Croissy-sur-Celle (Carrière Randon) : 1 couple

Croissy-sur-Celle (Les Maresses) : 1 couple

Gouy-les-Groseillers (les Champs de pierres) : 1 couple
Gouy-les-Groseillers (la Fosse de Gouy) : 1 individu (couple possible)
Rocquencourt: 1 couple (2004)

Rouvroy-les-merles (La Vallée noire) : 2 couples

Gournay-sur-Aronde (La Remise de Schuy) : 1 couple
Gournay-surAronde (La Garenne) : 1 couple
Gournay-surAronde (La Montagne de Neufty) : 1 couple

Lataule (Montagne de la Garenne) : 1 couple

A ces couples peut être ajouté un minimum de 4 couples et 1 couple
pour les versants de la Vallée de la Brêche non prospectés.

14/16 couples — 16/17 couples

Pays de Thelle :
Méru : 1 individu (couple possible)
Lormaison : 1 couple

1/2 couples — 2/2 couples
Valois :

Verberie (Remise d'Herneuse): 1 couple

1/1 couple -1/1 couple

page 16

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- Enfin, pour le département de la Somme, la fourchette
minimaliste est de 36 à 53 couples et la maximaliste va de 53 à

59 couples.

 

Environs des vallées de la Sel/e et de /’Avre

Bacouel-sur-Selle : 1 couple

Le Bosquel : 1 individu (couple possible)

Chirmont (Les Watels chant) : 1 individu (couple possible)
Contre (Vallée Plaidoire) : 1 couple (2004)

Dommartin : 1 couple (2004)

Folleville : 1 individu (couple possible)

Hallivillers (Montagne Moinet) : 1 individu (couple possible)
Loeuilly (Les Côtes du Bois Duriez) : 1 individu (couple possible)
Loeuilly (La Vague): 1 couple

Mailly-Raineval (Vallée de Rouvrel) : 1 individu (couple possible)
Monsures (Rideau Jeanne Poule) : 1 individu (couple possible)
Moreuil (Le Champ Antoine) : 1 couple (2004)

Morisel (Le Blamont) : 1 individu (couple possible)

Nampty (Fond du Camp Broquet) : 1 couple (2004)
Quiry-le-Sec (Le Camp gargant) : 1 couple (2004)
Remiencourt: 1 couple

Remiencourt (La Haute Raie) : 1 couple

Rogy (Le Plein Soleil) : 1 individu (couple possible)

Rouvrel (Le Bois des sapins) : 1 couple

Sud-Ouest amiénois

Cavillon (Vallée d‘Oissy) : 1 couple

Condé-Folie (Les Blancs Camps ?) : 1 individu (couple possible)
Hangest-sur-Somme (le petit? bois d‘Airaines) : 1 couple
Hangest-sur-Somme (les Emolons) : 1 couple

Le Mesge (les Croupes) : 2 couples
Longpré-Les-Corps-Saints : 1 couple

Métigny (Le Valignot) : 1 couple

Oissy (La carrière) : 1 couple
Quesnoy-sur-Airaines : 1 couple (2004)
Riencourt (le Caux) : 1 couple

Soues (Vallée Jéremie) : 1 couple

Soues (Les Six) : 1 couple

Tailly-l’arbre à mouches (Fond du Quesnoy) : 1 individu (couple
possible)

Poix-de-Picardie : 1 couple

Sur ce secteur, les densités importantes complexifient l'analyse de la
présence/absence des couples ce qui nous amène à ajouter un effectif
maximal de 10 couples pour le premier ensemble et 5 couples pour le

second.

23/35 couples - 35/37 couples

m

Brucamps : 1 individu (couple possible)

Domart-en-Ponthieu (Vallée du Bois de la Tarte) : 1 individu (couple

possible)

Domart-en-Ponthieu (Le Mont grains) : 1 couple

Flesselles (La Queue de Rivery) : 1 couple (2004)
Franqueville (Le Marlis de Belleville) : 1 individu (couple possible)
Franqueville (Vallée de la Motte) : 1 individu (couple possible)
L’Etoile : 1 couple

Saint-Léger-les-Domarts (L’Ecce Homo) : 1 couple
Saint-Ouen (La Vallée Mouflers) : 1 couple (2004)

Surcamps : 1 couple

Yaucourt-Bussus (Fond du bois l’abbé) : 1 couple
Vaux-en-Amiénois (Fremont/le Bosquet) : 1 couple

Vignacourt (Le Bois Ducroquet) : 1 couple

Même remarque que précédemment mais 1 seul couple peut être
raisonnablement ajouté.

9/13 couples - 13/14 couples

 
Beaumont-Hamel : 1 couple (2004)
Daours (Le Wagny) : 1 couple (2004)

Ce secteur a été peu prospecté aussi un minimum de 3 couples a pu
passer inaperçu.

2/2 couples - 2/5 couples

Santerre :
Fouilloy (Mémorial australien) : 1 couple
Gentelles : 1 individu (couple possible) (2004)

Le Plessier-Rozainvillers (Les Croisettes) : 1 couple

Les territoires connus ont tous été prospectés.

2/3 couples - 3/3 couples

page 17

Statut de l‘œdicnéme Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- L’ŒDICNÈME CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS DANS LE SUD
AMIÉNOIS ET LE NORD DE L’0lSE DE 1994 À 2005
Bernard COUVREUR

Résumé

De 1994 à 2005 sur 51 communes réparties sur le Sud Amiénois et
le Nord de l'Oise entre Amiens(80) et Breteuil (60), de nombreuses
séances ont été consacrées à la recherche des couples d'œdicneme
criard sur une surface de 45 200 ha. Elles ont abouti à déterminer
un total de 45 sites favorables où une quinzaine de couples ont
été nicheurs certains ou probables au cours de 12 années. Leur
fréquentation a été relevée plus ou moins systématiquement année
après année. Leur occupation a varié de 22 % à 42 %. Les éléments
du paysage qui sont source de dérangement ou forment des écrans
représentent 27 % de la surface de la zone et les sites favorables en
comprennent peu. Par ailleurs, ces derniers sont surtout situés en
haut de versant des vallées et sur des secteurs écorchés où la craie
affleure. Au final, la zone d'étude est occupée par 12 650 hectares

d'espaces défavorables à l'espèce.

Mots clés : Oedicnème criard, couple, Sud Amiénois, Nord de l’Oise
1994/2005

Introduction

Habitant dans un secteur de plaine près de Breteuil (60), depuis 1991,
j'avais la chance, certaines années, d'être réveillé tôt le matin par les
cris des Œdicnèmes Burhinus œdicnemus. Depuis 1995, j'avais noté a
l'occasion de sorties ornithologiques la présence de ces oiseaux dans
quelques communes proches de chez moi. Mais c'est en 1998 que j'ai
décidé de rechercher cette espèce dans le Sud amiénois. La présente
note rassemble les principaux résultats que j'ai obtenus, complétés
de quelques observations faites par des ornithologues du réseau
«avifaune» de Picardie Nature et G. DEFRANSCHI qui a travaillé sur

cette espèce en 2005.

La recherche des Œdicnèmes n'est pas chose facile tant ces oiseaux,
qui dans notre région occupent essentiellement les espaces agricoles,
ont besoin de changer chaque année l'emplacement de leur nid en
fonction du type de culture présente. Ma disponibilité ne m'ayant pas
permis de faire des recherches assidues chaque année, j'ai plutôt
orienté ce travail de bilan sur la recherche des potentialités du territoire
prospecte plutôt que sur le nombre de couples annuellement présents.
Ainsi j'ai également été amené à rechercher les facteurs influençant
la présence ou non des Œdicnèmes en essayant de quantifier et de
cartographier les obstacles et contraintes qu'ils rencontrent dans

l'installation de leur nid et l'élevage de leurs couvées.

1) Secteur étudié, délimitation géographique (carte 1)

Le secteur étudié est compris globalement entre la vallée de la
Selle à l'ouest, la vallée de l'Avre à l'est et au sud la D 930 Breteuil-
Montdidier et son équivalent vers l'ouest, la D 65 Breteuil-Lavaquerie.
Au nord par contre, le secteur suivi se limite à une ligne imaginaire
située à une dizaine de km au sud de l'agglomération amiénoise.
Ce sont les prospections réalisées au nord de cette ligne qui ont
orienté ce choix puisqu'elles n'ont apporté aucun indice de présence
de l'espèce. Ceci s'explique probablement par la densification des
voies de communication qui induisent une circulation automobile
assez importante et continue de jour comme de nuit, par l'étendue
plus importante des villages, par la présence de plus grands secteurs
boisés que plus au sud et enfin par l'influence de l'éclairage urbain
qui, selon certains auteurs, gênerait l'oiseau. Ces facteurs cumulés
de réduction de l'espace favorable et de dérangement poussent les
Œdicnèmes à s'installer dans des étendues dégagées et tranquilles
plutôt éloignées de l'influence des activités humaines. Ce sont ainsi,
en quelques années, 39 communes du Sud-amiénois et 12 communes
contiguës du nord de l'Oise qui ont petit à petit pu être prospectées en
période favorable (avril/mai/juin/juillet) et qui représentent une surface
d'environ 452 km’ ou 45 200 ha.

11:.‘ 5 Donna-u-
GUIEŒN tt BIEN LnTS-IÏIDD llsdijbeau Jlflllüîül

   

Carte 1 : Répartition géographique des sites favorables

page 18

Statut de Fœdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie :é|éments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

2) Résultats globaux

Au total, 45 sites favorables à l'espèce ont été localisés et
cartographies : 10 dans |'Oise et 35 dans la Somme. Ces « sites
favorables >> sont des espaces où un couple a été observé qu'il soit

nicheur certain ou probable.

Ils ont été représentés sur carte par un point d'un rayon correspondant
à 250 mètres et qui représente l'emplacement moyen d'un nid avec
ses variations de localisation interannuelles, entouré d'un cercle d'un
rayon égal à 1 kilomètre, soit la distance approximative de portée des
chants et cris de l'oiseau (800 mètres selon GEROUDET (1992), au

moins 1 O00 mètres selon observations personnelles).

Ces sites favorables concernent 29 communes, soit un peu plus de
la moitié de l'ensemble des communes prospectées (51) ce qui peut
donner une idée de la densité relative de la population dans ce secteur.
Cependant il faut garder à l'esprit que des couples ont pu échapper
à la prospection, mais leur nombre doit cependant être assez réduit
compte tenu de l'effort de prospection et des conditions nécessaires à

l'occupation d'un secteur favorable.

3) Etude de la répartition de ces sites favorables (carte 1)

Un premier noyau de sites favorables (numérotés de 1 à 18) est situé
tout au long de la vallée de la Selle, des environs de Nampty au nord à
Blancfossé au sud. Là, 18 sites peuvent être regroupés, ils sont assez
proches les uns des autres (distance variant entre 1 et 4 kilomètres)
et semblent, dans le meilleur des cas, pouvoir être suffisamment en
contact pour permettre la formation des couples et le maintien des
liens sociaux. La présence de la vallée ne m'a pas semblé constituer
une rupture dans la continuité de cette population. Par contre, le
plateau situé vers l'est (Saint-Sauflieu/Essertaux/Bonneuil-les-Eaux),
occupé notamment par l'autoroute A16 et la N1 constitue peut-être une
barrière entre cette population et celles situées plus à l'est. Toutes les
observations réalisées sur ce secteur n’ontjamais permis de mettre en
évidence la présence de l'espèce sur ce plateau où les sols sont très
limoneux contrairement aux bords de vallées au calcaire affleurant
et aux cailloux apparents. Les biotopes ne semblant pas favorables,
mais l'oiseau ayant des mœurs plutôt nocturnes, il n'est pas possible

de conclure catégoriquement.

Un second noyau de sites favorables (numérotés de 22 à 31 et de 40
à 45) est localisé au nord/nord-est de Breteuil, en partie à cheval sur
la vallée de la Noye. 16 sites peuvent être regroupés, ils sont assez
proches les un des autres (distance variant entre 1 et 3,5 km, le plus
souvent 1 à 2 kilomètres). La encore la présence de la vallée ne semble
pas faire obstacle. Ce secteur, que j'ai pu suivre le plus souvent a
accueilli chaque année de nombreux couples qui occupaient presque

tous les sites favorables.

Un troisième petit noyau de sites favorables (numérotés de 19 à 21 ). Il
est localisé au nord-ouest d‘Ailly-sur-Noye (Jumel, Estrées-sur-Noye,
Grattepanche). Seulement 3 sites peuvent être regroupés, ils sont
cependant plus éloignés les uns des autres (environ 2,5 kilomètres),
les conditions d'occupation du sol ne permettant pas vraiment d'autres

possibilités.

Un dernier noyau de sites favorables (numérotés de 32 à 38) est localisé
entre Ailly-sur-Noye et Moreuil où 7 sites peuvent être regroupés. Ils
sont assez proches les uns des autres (distance variant entre 1 et 3
kilomètres), le cœur de ce noyau étant pourtant occupé par un village
de 240 habitants situé au sommet d'une butte au carrefour des vallées
de la Noye, de |'Avre et d'une vallée sèche descendant vers le nord-
est pour atteindre Moreuil. Dans l'hypothèse où des échanges existent
bien entre ces sites occupés presque chaque année, il est probable
que les oiseaux contournent ce petit bourg.

Sur ce secteur, comme plus au sud pour celui situé au nord de Breteuil,
la présence de la ligne de chemin de fer Paris-Amiens, très fréquentée,
pousse généralement les oiseaux à éloigner leur nid à au moins 1 km
sauf pour deux d'entre eux. Dans un premier cas, à Dommartin, la

distance par rapport à la ligne est réduite à 600 mètres environ.

L'étude du secteur montre que l'espèce ne peut trouver plus loin
les conditions de sols et de visibilité favorables et qu'il n'a donc pas
d'autres choix que de s'installer ici. Il doit donc s’accomoder de ce
dérangement qui est accentué par la présence de la D90 assez
passante et qui longe la ligne à 500 m du site de reproduction. Pour
le second cas à Quiry-Ie-Sec/Rouvroy-les-Merles, la distance est
encore plus réduite, en moyenne 100 à 300 mètres ; ici par contre
la voie ferrée est le seul facteur dérangeant du secteur et la position
des obstacles potentiels ne permet pas vraiment l'installation du nid
ailleurs si l'on considère les emplacements favorables voisins déjà
occupés (à vérifier dans les prochaines années par une prospection

plus poussée de ce secteur).

Enfin, un site favorable (numéroté 39) semble plus difficile à rattacher
aux autres. Ce site, situé à l'ouest de Sourdon, sur le versant de la
vallée est assez distant des autres (5,5 à 7,5 kilomètre). Là encore, les
conditions d'installation ne sont pas évidentes dans les alentours, et il

n'aurait été occupé qu'une année.

page 19

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

4) Occupation interannuelle des sites favorables

Tableau 1 :Etat de I’occupation par site favorable et par année durant la période 1994/2005

page 2o
Statut de Pœdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie :é|éments préliminaires pour la conservation de l’espèce en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature — Février 2009

L'examen du tableau 1 révèle que, sur la période étudiée, seuls 2 sites
favorables ont été notés 4 fois occupés, 8 autres l'ont été 3 fois, 12
autres l'on été 2 fois et les 23 derniers l'ont été 1 fois. Les grandes
variations dans la prospection de l'ensemble du secteur expliquent
probablement ces résultats. Retenons donc uniquement les 4 années
qui ont connu une pression d'observation élevée, 2004 et 2005 où
l'étude s'est déroulée et 1998 et 2000 où j'avais tenté un recensement
exhaustif sur l'ensemble de la zone d'étude. Il en résulte une fourchette
d'occupation comprise entre 10 (22%) et 19 (42 %) sites sur les 45

sites favorables.

5) Analyse de la cartographie des obstacles physiques

La présence d'une autoroute, d'une route à fort trafic, d'une voie ferrée
sont des facteurs limitant la surface disponible pour |‘œdicneme. Mais
bien d'autres facteurs sont aussi rédhibitoires comme la présence
des boisements, des fonds de vallées occupés par des plans d'eau et
des peupleraies, et des zones urbanisées qui interdisent l'installation
des couples. Par ailleurs ces obstacles obligent aussi les oiseaux
à s'en écarter suffisamment, mais la zone tampon a été, pour ce
secteur, impossible à évaluer tant les cas de figure sont multiples et
s‘enchevêtrent (taille des agglomérations et trafic induit, taille des
boisements : hauteur, largeur, densité). L'emprise de surface de ces
obstacles a été estimée à 6 733 ha soit 27 % du territoire d'étude
(carte 2).

6) Essai de détermination des contraintes acceptables pour les

sites favorables.

Pour le secteur qui nous concerne, l'analyse cartographique indique
ainsi que 27 % du territoire s'avère complètement indisponible pour

les oiseaux.

L'analyse individuelle de chacun des sites favorables montre une
faible tolérance aux obstacles précédemment cités, la moyenne étant
de 11 % d'obstacle présent dans le site, soit 1 km autour du nid, avec
un minimum de 0 % (2 cas) et un maximum de 39 % (1 seul cas
extrême, la donnée immédiatement inférieure étant de 26 %). 39 sites

comportent moins de 20 % d'obstacle.

7) Influence de la nature du sol.

Après avoir analysé les obstacles physiques à l'installation des couples
il convient de réaliser une analyse des substrats les plus favorables à
l'oiseau. Pour cela, l'observation de terrain ainsi que l'utilisation de la
carte géologique au 1/25000 du BRGM ont permis de visualiser, dans
un premier temps, que la très grande majorité des sites favorables
sont situés sur les rebords de vallées (sèches ou non), la où bien
souvent l'érosion fait apparaître le calcaire en surface, ou la où une
forte densité de cailloux sur une faible couche de limons permet à la

fois le drainage du sol, mais aussi de créer les conditions nécessaires

d‘homochromie où le mimétisme de l'oiseaujouera pleinement son rôle

de protection pour les adultes, les oeufs, les poussins et les jeunes.

Une première approche consistant à retenir uniquement les limons de
plateaux figurant sur la carte du BRGM a permis de cartographier les
zones aux sols a priori non favorables et qui sont principalement des

plateaux cultivés, à très faible déclivité, occupés par des limons épais.

Ainsi, sur le secteur étudié, l'analyse cartographique indique que 26 %
du territoire s'avère fort peu favorable aux oiseaux (carte 3). L'analyse
par site favorable fait apparaître une tolérance variant de 0 % (5 sites)

à 55 %. 31 sites montrent moins de 20 % de présence de limons.

Enfin, pour terminer cette analyse cartographique, il serait possible
de réduire encore l'espace disponible en excluant les secteurs qui ne
représentent plus que de très petites entités ne laissant pas l'espace
minimal à l'installation des couples. Ce travail pouvant s'avérer très
arbitraire, il a plutôt été choisi de tenter une approche par cumul des
facteurs négatifs jouant sur l'installation de l'espèce. Ainsi la zone
d'étude est occupée par environ 12650 ha d'espaces défavorables soit
28% de la surface (carte 4).

8) Influence des cultures

Les couples s'installent, dans ce secteur, exclusivement sur les
espaces cultivés. Les cultures de pois, de betteraves et de maïs
sont les plus fréquemment utilisées pour installer le nid, puisqu'en
période de couvaison, ces espaces sont assez peu perturbés par les
activités agricoles et très dégagés, les cultures étant à peine levées et
ne mesurant que quelques centimètres. Les oiseaux disposent ainsi
d'une excellente visibilité sur leur territoire. Autre élément notable, les
nids sont en général proches de couverts comme des jachères ou
de rares friches. Ces espaces apportent protection aux jeunes juste
après leur naissance et leur fournissent également une abondance de
nourriture, alors qu'au même moment les parcelles qui les ont vu naître
se voient arrosées de pesticides ou bien sont complètement envahies
par la croissance des végétaux. Enfin, les rotations annuelles obligent
également les oiseaux à changer l'emplacement des nids, cependant,
à l'échelle des noyaux de sites, les mêmes secteurs semblent occupés

d'année en année.

page Z1

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

  
   

P «no: 4. |-.U
m.‘ 5 Doum-u-
DE‘! BEN K EËGH IIÏSÂIM Pommeau JIIUWŒ

Carte 2 : Répartition géographique des sites favorables en fonction des obstacles potentiels

r-.«.n.- -n.-u-.
11:: r. bann-
CrtL-IGN L! IIGH Iiänflfl notant-au JflDlIDIDfl

Carte 3 : Répartition géographique des sites favorables vis-à-vis de la présence de limons de

plateau

 

Pnlnruu-Ivr

 

m- |-. uww- _
CIDEIŒNIKBIGH IIËSÂIDD muni: JFIDŒŒ - f

Carte 4 : Répartition géographique des sites favorables : cumul obstacles et présence de limons

de plateau

page 22
Statut de |‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie :é|éments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

9) Conclusion

L'étude réalisée sur ce secteur permet de montrer l'influence des
activités humaines sur l'utilisation de l'espace par les Œdicnémes.
La qualité et la diversité des paysages de ce secteur du Sud-
Amiénois semble pouvoir accueillir en moyenne une quinzaine de
couples chaque année. Malheureusement l'ensemble du territoire
de la Picardie ne peut en faire autant et il n'est donc pas possible
de généraliser ces résultats à l'ensemble de la région. Il est par
contre possible d'esquisser quelques éléments à prendre en compte,
notamment par le monde agricole et pour la gestion des infrastructures
de communication, afin de permettre à ce magnifique oiseau de

continuer à se reproduire dans notre région.

En premier lieu, il est nécessaire de garder un maillage suffisant de
friches et jachères indispensable à l'élevage des jeunes ; bien que
cette donnée n'ait pu être quantifiée ici, elle apparaît intuitivement
comme plutôt déterminante pour l'installation des couples. En second
lieu, les nouvelles infrastructures qui ont un impact significatif sur
l'occupation de l'espace (autoroutes, parcs éoliens, extensions
urbaines...) doivent prendre en compte la présence de l'espèce pour
permettre de sauvegarder les espaces qu'elle utilise. Espérons que
les politiques publiques mises en œuvre dans ces deux domaines

pourront prendre en compte cette espèce.

Liste des communes prospectées avec le nombre minimum de sites

favorables observés durant la période d'étude :

. Pour l’0ise

Blancfossé : 1 secteur favorable
Bonneuil-les-Eaux: 1 secteur favorable
Breteuil : aucun secteur favorable
Croissy-sur-Celle : 2 secteurs favorables
Esquennoy : aucun secteur favorable
Fléchy : aucun secteur favorable
Gouy-les-Groseillers : 3 secteurs favorables
Paillart : 1 secteur favorable
Rocquencourt: 1 secteur favorable
Rouvroy-les-Merles : 1 secteurfavorable
Sérévillers : aucun secteur favorable

Tartigny : aucun secteur favorable

. Pour la Somme

Ailly-sur-Noye : aucun secteur favorable
Belleuse : aucun secteur favorable
Bosquel : 4 secteurs favorables
Chaussoy-Epagny : aucun secteur favorable
Chirmont: 1 secteur favorable

Contre : 1 secteur favorable

Conty : aucun secteur favorable
Cottenchy : aucun secteur favorable
Coullemelle : aucun secteur favorable
Dommartin : 2 secteurs favorables

Esclainvillers : aucun secteurfavorable

Essertaux : aucun secteur favorable
Estrées-sur-Noye : 1 secteurfavorable
Flers-sur-Noye : 1 secteurfavorable

Fleury : 1 secteur favorable

Folleville: 1 secteurfavorable

Fransures : aucun secteur favorable
Grattepanche : 1 secteur favorable
Guyencourt-sur-Noye : aucun secteur favorable
Hallivilliers : 5 secteurs favorables

Hailles : aucun secteur favorable

Jumel : 1 secteur favorable
Lawarde-Mauger-l'Hortoy : 1 secteur favorable
Loeuilly : 2 secteurs favorables

Louvrechy : aucun secteur favorable
Mailly-Rainneval : 1 secteurfavorable
Merville-aux-Bois : aucun secteur favorable
Monsures : 1 secteurfavorable

Morisel : : 1 secteurfavorable

Nampty: 1 secteur favorable
Neuville-lès-Lœuilly : 1 secteur favorable
Oresmeaux : aucun secteur favorable
Quiry-le-Sec : 3 secteurs favorables
Remiencourt: 1 secteur favorable

Rogy : 1 secteur favorable

Rouvrel : 3 secteurs favorables
Saint-Sauflieu : aucun secteur favorable
Sourdon : aucun secteur favorable

Tilloy-lès-Conty : aucun secteur favorable

1o) Bibliographie

. GEROUDET, P. (1982) Limicoles, gangas et pigeons d'Europe.
Delachaux & Niestlé, Paris. 607p.

6) Remerciements

Nous tenons à remercier Frédéric BLIN, Françoise DELCOURT,

Sébastien MAILLIER et Jean Marie THIERY pour la relecture de la

note.

page 23

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- STATUT DE L’ŒD|CNÈME CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS

EN PICARDIE SYNTHÈSE ET ANALYSE DES DONNÉES
DISPONIBLES (1758 À 2005)

Laurent GAVORY

Résumé

L'évolution du statut de l'Oedicneme criard en Picardie de la fin du
XXème siècle au début du XXI ème siècle a été dressé sur la base de
l'examen des principales publications disponibles. Durant plus de 2
siècles, les données sont restées fragmentaires et n'ont pas concerné
la totalité de la région. L'espèce semblait toutefois commune. Pour
la période récente, sa situation est mieux documentée mais doit être
tout de même examinée avec prudence. Il s'avère que les effectifs
auraient amorcé une régression dès les années 1960 qui s'est
poursuivie jusque dans les années 1980 avant de repartir à la hausse
plus récemment. Au début du XXI ème siècle, la population serait
comprise entre 100 à 115 couples et pourrait tendre vers 150 couples.
Des dortoirs postnuptiaux ont été notés récemment et auraient cumulé
jusqu'à 230 individus en 2005.

Mots clés : Oedicnème criard, couple, effectifs, migrateurs, donfoirs

postnuptiaux, Picardie

Introduction

De catégorie faunique tourano-méditerranéenne, l'Oedicnème
criard présente une large distribution mondiale qui s'étend sur trois
continents : l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Il comprend 6 sous-espèces
dont la nominale Oedicnemus occupe la majeure partie du Paléarctique
occidental et donc la Picardie (DEL HOYO, 1996). Elle se répartit sur
la partie continentale de l'Europe, de la frontière de la Pologne à la Mer
Caspienne, à l'exception de la péninsule grecque où elle est remplacée
par la sous-espèce saharae. Elle est aussi présente sur le sud-est de
la Grande-Bretagne mais est absente de la Péninsule scandinave. La
population nicheuse de l'ouest de l'Europe (du nord de I'Adriatique au
Danemark) est estimée entre 110 000 et 170 000 couples (BIRDLIFE,
2004). En France, la dernière estimation date du début des années
1990, comprise entre 5 et 9 000 couples répartis dans la moitié sud
(MALVAUD, 1999). A cette époque, la Picardie n'hébergeait que 1 %
de la population nationale et était donc considérée comme une région
de faible importance pour la conservation de cette espèce à l'échelle

de notre pays.

La situation de l'Oedicneme criard a fait l'objet de deux analyses
diachroniques régionales : MOUTON (1986) et FLOHART (1996) dont
seule la dernière concernait les trois départements de la région. La
première traitait du Nord - Pas-de-Calais et de la Somme. La seconde
s'est appuyée sur une consultation partielle des références disponibles

et visait surtout à valoriser les observations réalisées de 1983 à 1987.

La présente note a cherché à compléter ces deux travaux et à les
actualiser pour in fine discuter de l'évolution des effectifs et de la

répartition de cette espèce et ainsi faire le point sur certains aspects

de la présence de l'espèce dans la région.

1) Méthodologie

Afin de retracer l'historique de la présence de l'espèce dans la région,
nous avons consulté les principales références bibliographiques
disponibles en nous appuyant sur SUEUR (1980), SUEUR (1988),
MULLER (1992), MULLER (1994). Nous avons parallèlement accédé
aux données accumulées de 1995 à 2003 présentes dans la base
gérée par Picardie Nature et avons sollicité les observateurs de terrain

afin qu'ils transmettent leurs éventuelles observations inédites.

Les régions naturelles citées sont celles proposées par BOULLET
in litt. dans le cadre de l'inventaire des Zone Naturelles d'intérêt

Ecologique Faunistique et Floristique.

2) Résultats

Malgré les efforts que nous avons pu consentir, nous avons peut-être
omis certaines références. Toutefois, nous estimons que la grande

majorité et les plus importantes ont été consultées.

Effectiflrépartition des couples nicheurs

Ils sont présentés par périodes que nous avons déterminées en
fonction de l'abondance des données et des références. La première
qui s'étend sur deux siècles et demi est la moins riche, contrairement

à la seconde, plus courte (trente années) et plus récente.

Période 1758 à 1970

La première mention de l'espèce dans notre région nous vient de
BUFFON (1758) qui rapporte la présence d'individus de septembre
à novembre au milieu des champs de Picardie et sa nidification dans

les dunes.

Dans I'Aisne, les premières mentions datent des années 1930.
TROUCHE (1936) le considère comme « un nicheur assez commun
dans le Tardenois >> où il l'a observé du 8 avril au 30 septembre. En
1939, dans le Camp militaire de Sissonne, CARPENTIER & EBLE
(1939) ne l'ont jamais vu mais l'ont entendu fréquemment le soir.
Plus tard, en 1965, deux couples étaient cantonnés sur les buttes
crayeuses situées sur la commune de Marchais (KERAUTRET,
1969). Cinq années plus tard, SCHIPPER (1971) les retrouve. Dans
le Vermandois, BOUTINOT (1981) le note en régression dans les

années 1960 sans proposer d'évaluation des effectifs.

Pour I'Oise, les informations sont très limitées. RASPAIL (1905)
précise qu'au début du XXème siècle « L’œdicnème nichait, il y
a encore quelques années dans une petite plaine aride, pierreuse,
entourée de carrières, située sur les confins du territoire de Gouvieux

et de La Morlaye, au point où se termine la forêt de Chantilly » (dans

page 24

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

la plaine dite « des usages >>).

Dans la Somme, MARCOTTE (1860) le note sur les dunes et zones
de galets du sud de la Baie de Somme. DE NORGUET (1866) le
considère comme assez rare et le connaît comme nicheur dans les
dunes ou les garennes de Saint-Quentin-en-Tourmont (80). Puis,
AUBUSSON (1911) signale sa nidification dans les dunes de Saint-
Quentin-en-Tourmont au Hourdel et en marge du Marais du Crotoy.
COCU (1929) note le 29 mars de nombreux individus de Merlimont
(62) à Cayeux (80). DUCHAUSSOY (1913) indique la capture de
l'oiseau au cours de 48 années de 1857 à 1905. VAN KEMPEN (1913)
mentionne un jeune en duvet à Bray en 1908. Enfin, fait surprenant,
l'espèce n'est pas signalée par trois auteurs qui ont pourtant observé
dans des secteurs favorables (versant de la vallée de la Somme)
(DUCHAUSSOY (1913), CONGREVE (1918) et COCU (1932)).

Pour la période allant de 1971 à 2005

Pour cette période, nous disposons de cinq études menées à l'échelle
régionale : trois atlas et deux enquêtes dédiées à cette espèce. A
cela s'ajoutent des recensements et études réalisés sur des portions
de territoires infra-départementales qui peuvent notamment aider à
déterminer des tendances d'évolution d'effectifs qui pourraient être
difficiles à jauger à l'échelle de la région. Enfin, pour la dernière
décennie (1995 à 2005), l'augmentation du nombre d'observateurs, la
mise en place d'une base de données et la conduite d'un recensement
en 2004/2005 a permis de proposer une évaluation des effectifs pour
ce début du XlXème siècle ainsi qu'une photographie de leur répartition
dont la précision n'avait jamais été aussi importante. Toutefois, des
portions de régions présentant des caractéristiques favorables n'ont

pas été prospectées.

A l'échelle de la région

Les deux atlas nationaux publiés à près de 20 ans d'intervalle
permettent le constat suivant. Pour la période de 1970 à 1975,
YEATMAN (1976) indique la nidification en Picardie de l'espèce sur 20
rectangles de 20 x 27 km (10 où il est nicheur certain, 9 probable et 1
possible). Ils ne seront que 8 pour la période 1985 à 1989 (5 certain,
1 probable et 2 possible) (YEATMAN-BERTHELOT & JARRY, 1994).
Pour la période 1983-1987, l'atlas régional signale également l'espèce
sur 8 rectangles de même taille (6 certain et 2 possible) (FLOHART
(1996)). Ce dernier, dans la monographie qu'il consacre à cette
espèce reprend MOUTON (1986) et BOUTINOT (1981) mais estime
que la population régionale devait être supérieure à 150 couples pour
le milieu des années 1980. Ces trois enquêtes mettent en évidence
l'existence de trois ensembles de couples :Amiénois (30/40 kilomètres

autour d’Amiens) et Plateau-Picard, Vermandois et Laonnois.

Plus récemment, MALVAUD (1996), dans le cadre d'une enquête
nationale fait le point sur le statut régional de l'espèce de 1980 à 1993.
Il constate une répartition en 3 noyaux dont un, le principal, rassemble
au moins 50 couples dans les environs d'Amiens, les deux autres plus

modestes se trouvant dans le nord de l'Oise et dans la partie est du

département de I'Aisne. Il estimait la population régionale entre 50
et 100 couples et la considérait en déclin et marginale par rapport
à la population nationale. GAVORY (coord.) (1995), pour la période
1990/1994 reprend la situation brossée par MALVAUD (1996) mais
l'affine à la lumière des données recueillies entre-temps, précisant que
l'Amiénois et la Champagne rassemblent entre 60 et 80 couples et que

le Plateau Picard dans l'Oise accueille 2 à 5 couples.

La base des données de Picardie Nature comprend 195 citations de
1995 à 2003 (date, lieu, effectif, observateur) qui correspondent à
un minimum de 89 localités différentes (territoire : couple/lieu) pour
un effectif d'au moins 100 couples si les couples nicheurs possibles
à certains étaient cumulés. Ces citations ne sont pas le fruit d'une
recherche dédiée sur l'ensemble de la région mais de séances
réalisées dans la majorité des cas au hasard. Aussi, ce chiffre ne
peut constituer une estimation de la population régionale pour cette

période. Pour les années 2004/2005, 227 citations ont été ajoutées.

Enfin, GAVORY & COUVREUR (2009) estiment, grâce à des moyens
jamais mobilisés pour rechercher cette espèce que la population
régionale est comprise entre 115 et 125 couples et qu'elle pourrait
avoisiner les 150. Ils constatent qu'elle se répartit en 5 noyaux distants
au sein desquels les couples sont proches les uns des autres (de moins
de 2/3 km) : Champagne, Marlois-Nord LaonnoisNermandois, Sud
Sud Amiénois/Nord Plateau picard, Vimeu Est/Ouest Sud Amiénois/
Ponthieu Est et Plateau Picard Est.

A l’écheIle des départements

Dans l'Aisne, THOMAS (1976) signale l'espèce sur la carte de l'institut
Géographique National au 1/50 000 de Chateau-Thierry (02). Pour la
fin des années 70 / début des années 80, DUPUICH (1983) estime la
population axonaise à moins de 10 couples mais pour les années 1983
et 1984, RIGAUX (1985) considère qu'elle en comprend un minimum
de 10. Plus tard pour la fin des années 1990, tout début des années
2000, LITOUX (2002) propose une fourchette de 30 à 50 couples pour
ce département sans préciser les modalités de son évaluation mais
en s'appuyant sur le recensement qu'il a effectué sur le Marlois, Nord
Laonnois et Basse Thiérache. En 2001, il y note un minimum de 16
couples au sud de Sains-Richaumont, entre la Vallée de l'Oise et la
Vallée de la Serre et estime alors la population de ce secteur entre 15
et 30 couples pour la période 1990 à 1999. Egalement, à un échelon
infra départemental, en Vallée de la Souche, BIGNON & GAVORY
(1988) constatent une stabilité depuis 1965, de la petite population (2

couples) installée sur trois buttes crayeuses et les cultures voisines.

Dans l'Oise, pour le début des années 1970, THOMAS (1976)
mentionne l'œdicnème comme nicheur probable sur la carte de
l'institut Géographique National au 1/50 000 de Clermont (60). Pour la
période 1980 à 1995, LE MARECHAL & LESAFRRE (2000), dans une
synthèse qui concerne la moitié sud de l'Oise et l'extrême sud-ouest
de l'Aisne signalent l'espèce sur les cartes au 1/50 000 de Clermont
et Creil sans aucune autre précision Plus récemment, FRANCOIS

(1997) précise qu'avant 1995, l'espèce était considérée comme un

page 25

Statut de l'œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

nicheur exceptionnel dans ce département avec une seule localité
accueillant 1 à 2 couples. Il rapporte la découverte d'un nouveau
noyau de couples : 4 chanteurs et un individu dans les environs de
Crèvecoeur-le-Grand et Breteuil auquel s'ajoutent 2 cantons, estimant
que cette population du Plateau picard avoisine la dizaine de couples.
Puis DE LESTANVILLE (1998) signale 1 à 2 couples dans la même

zone sur la commune de Blicourt.

Pour le département de la Somme, a la fin des années 1970 et au début
des années 1980, SUEUR (1983) estime la population départementale
a quelques dizaines de couples. Trois années plus tard, MOUTON
(1986) réalise une synthèse plus fouillée des données disponibles
pour la période 1950-1984. Il constate la disparition de l'espèce du
massif dunaire en 1977 après avoir noté 1 à 2 couples de 1973 a
1976 et il mentionne sa présence dans le Ponthieu, dans l‘Amiénois et
dans le Santerre estimant la population de la Somme à 50 couples au
début des années 1980 en s'appuyant sur les différentes synthèses

d'observations parues.

Sur un certain nombre d'espaces de ce département, plus

particulièrement étudiés, les situations suivantes ont été décrites :

. Sur les versants de la Vallée de la Somme entre Corbie et
Bray-sur-Somme, l'espèce est considérée comme un nicheur assez
rare par NEVEU & SUEUR (1978) qui signalent 1 à 2 couples sur
la commune du Hamel en 1977. lls y ont niché assez régulièrement
jusqu'en 2003 (NEVEU G., com. pers.) lls notent l'espèce du 4 avril
au 30 octobre et constatent la présence de groupes d'une dizaine

d'individus a l'automne.

. En bordure de la Vallée des Evoissons, ROBERT (1978) indique
que l'espèce ne niche plus à Famechon depuis 1974 mais que des
couples y sont observés régulièrement, notamment 3 couples du 3 au
25 mai 1978. Ailleurs, elle se maintient sur les terrains exposés au sud
où craie et silex affleurent. Le même auteur confirme sa disparition, 10
ans plus tard, (ROBERT, 1986) mais en signalera à nouveau en 1999
(ROBERT, com. pers.)

. Sur les versants des Vallées de l'Avre et de la Noye (triangle
Cagny, Dommartin et Hailles), l'espèce est notée sur les cultures entre
Fouencamps et Dommartin avec 1 à 2 chanteurs depuis 1986 (NEVEU
& ROYER, 1995) etjusqu'en 2004 (COUVREUR B., obs. pers.).

. Sur le littoral, de 1983 à 1987, l'espèce a été recherchée sans
succès dans le massif dunaire du Marquenterre (ETlENNE & al.,
1987) et aucun cas de nidification n'a été constaté plus récemment,
seules quelques observations de migrateurs sont rapportées (SUEUR
&Al., 1999).

. Sur le Sud Amiénois et Nord du Plateau Picard de 1994 à 2005,
COUVREUR (2008) note de 3 a 19 couples sur une zone de plus de
45 000 ha sur la base d'une recherche qui n'a pas été conduite de

façon systématique chaque année.

Stationnements postnuptiaux : dortoirs

Nous avons repris précédemment les principaux éléments de
connaissance régionale à leur sujet (GAVORY & COUVREUR, 2009).
La première donnée de stationnement est de SUEUR et NEVEU
(1978) qui indiquent des rassemblements d'une dizaine d'individus.
Ensuite, quelques observations ponctuelles : 14 fin septembre 1980
et même 28 le 26 octobre 1990 qui a longtemps constitué le record

régional jusqu'à récemment.

En 2004, un important dortoir est découvert dans la région d'Airaines,
cumulant jusqu'à 148 individus en 2005. Un second est en 2005 dans
les environs d'Origny-Sainte-Benoite pour un effectif maximal de 74
oiseaux. En 2005, les deux cumulent 222 individus auxquels peuvent
être ajoutés 8 notés dans les environs de Gournay-sur-Aronde dans

l'Oise, soit un total d'environ 230 individus répartis sur trois sites.

Dates d'arrivée et de départ

Le calendrier de la présence de l'œdicneme criard dans la région n'a
pas fait l'objet d'un suivi constant et de recherches actives d'individus
de façon à obtenir des dates extrêmes et encore moins des moyennes
significatives. Le suivi récent des stationnements postnuptiaux a
cependant permis de mieux cerner l'évolution des effectifs durant

l'automne.

Les dates extrêmes relevées sont les suivantes :
Picardie : 18 mars 1998/22 novembre 2005
Aisne : 1 avril 2002/22 novembre 2005

Oise : 18 mars 2005/6 octobre 1996

Somme : 1 avril 1998/8 novembre 1995

Nous ne proposerons pas de date moyenne d'arrivée dans le sens
où faire la moyenne des premières dates rapportées chaque année
ne serait pas significatif. En effet, les lieux de stationnement de
l'espèce ne sont pas visités suffisamment régulièrement pour que
les observateurs repèrent les premiers oiseaux dès leur arrivée. Par
contre, pour les départs, l'évolution des effectifs enregistrés sur le
dortoir de la région d'Origny-Sainte-Benoite en 2005 révèle que les
départs s'opèrent après le 10 novembre. Il est probable qu'ils soient
conditionnés par les premières gelées. lls pourraient donc s'opérer

plus tôt ou plus tard selon les années.

page 26

Statut de l'œdicneme Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Migrateurs

La présence de migrateurs peut être actuellement attestée uniquement
sur les sites où l'espèce ne niche pas, dans la mesure où les zones de
nidification ne font pas l'objet de suivi régulier pour suivre l'évolution

de leur effectif.

Les mentions proviennent surtout des sites littoraux faisant l'objet de
dénombrements réguliers des oiseaux. SUEUR et TRIPLET (1999)
proposent 13 mentions de 1975 à 1998, une en avril puis les autres de
la première décade de juillet à la première d'octobre, en sachant que
3 proviennent de 1995. Plus récemment, en 2000, 1 individu (le même
?) est noté à 3 reprises sur deux sites en juillet et en août: bas-champs

de Cayeux et Parc ornithologique du Marquenterre.

Les observations imputables de façon certaine à des migrateurs ou
des oiseaux en dispersion restent donc sporadiques. Il est vrai que
les oiseaux de la seule population susceptible de survoler notre
région sont ceux de Grande-Bretagne qui comptait en 2005, 307
couples (HOLLING et al. 2008). De plus, ces derniers ont le même
comportement que les oiseaux picards, restant rassemblés dans les
environs des sites de reproduction jusqu'en octobre. A cela il faut
ajouter que l'oiseau reste difficile à localiser, vu sa discrétion et sa
capacité à se dissimuler, d'autant plus qu'il fréquente des milieux qui

sont très largement distribués en Picardie (> 70 % de sa surface).

Discussion - Conclusion

Retracer l'évolution de la répartition et des effectifs de la population
nicheuse d‘Oedicneme criard de Picardie sur près de deux siècles et
demi est difficile, tant les données manquent ou sont fragmentaires.
Leur exhaustivité et leur fiabilité se sont considérablement améliorées
au cours des trente dernières années, mais seul le bilan récent
peut être considéré comme satisfaisant, même si il subsiste encore

certaines lacunes en matière de zones prospectées.

Pour la période 1758/1970, les informations sont peu nombreuses et
fragmentaires. Il est difficile de cerner avec précision la situation de
l'espèce, ceci malgré la progression de la pratique de l‘ornithologie dès
le début du XXème siècle. D'ailleurs, c'est de cette période qu'émane
la majorité des références disponibles. Durant la fin du XlXème
siécle et durant la première moitié du XXème, |’œdicneme criard est
signalé dans le département de l‘Aisne au niveau du camp militaire de
Sissonne et dans le Tardenois, dans un site de |'Oise et uniquement
sur le littoral, sur une localité de la vallée de la Somme dans la
Somme. Plusieurs auteurs indiquent que l'espèce est assez commune
ce qui pourrait expliquer, entre autres, l'absence de données plus
précises. Elle serait largement répandue et aurait peu attiré l'attention
à une époque où les espèces plus rares étaient plutôt recherchées.
Toutefois, après la seconde guerre mondiale, dans les années 60, elle
amorce une régression qui est constatée dans le Vermandois.

Pour la période 1971/2005, les informations deviennent plus précises
et permettent une approche certainement plus réaliste. Sur ces trente

années, le déclin constaté dans les années 1960 s'est poursuivi jusque

dans les années 1980 avec une régression de sa répartition entre
le début des années 1970 et le milieu des années 1980. Il semble
qu'ensuite la population se soit globalement stabilisée, voire a très
légèrement régressé. Pour la première moitié des années 1980, elle
est estimée à 150 couples (FLOHART, 1996). Dix années plus tard,
MALVAUD (1996) propose une fourchette de 50 à 100 couples pour
le début des années 1990, et GAVORY coord. (1995) la précise en
estimant qu'elle est d'un minimum de 62 couples et d'au maximum 85.
Une décennie plus tard, GAVORY & COUVREUR (2009a) proposent
une fourchette de 100 à 115 couples basée sur les couples observés,
estimant que cet effectif doit bordurer les 150 couples, soit le niveau
de population estimée pour le milieu des années 1980 c'est-à-dire 20
ans plutôt (FLOHART, 1996).

poursuite de la baisse des effectifs amorcée dans les années 1960

La situation peut apparaître claire :

jusqu'au début des années 1990 avec une baisse d'au moins 50 %,
puis remontée quasi d'autant jusqu'en 2004/2005. Néanmoins, pour
avoir coordonné l'enquête du début des années 1990, nous savons
qu'elle s'est appuyée sur des prospections assez lacunaires, voire
insuffisantes pour les sites de |’Aisne et de l‘Oise. Il en est d'ailleurs de
même pour les données qui ont permis l'estimation pour la décennie
1980 (FLOHART, op. cit.). Ces lacunes ont certainement travesti la
réalité et nous amènent à nous interroger sur la réalité des variations
d'effectifs constatées. D'ailleurs, les populations de l'espèce ont
visiblement une dynamique particulière, avec un temps de génération
long (9 ans) (BIRDLIFE, 2004) et une production de jeunes faible
(VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS, 2005). Dans ces conditions,
nous nous sommes interrogés sur sa capacité à doubler sa population
en une décennie. Nous avons réalisé une simulation très théorique
en partant de 75 couples avec les paramètres tirés de VAUGHAN &
VAUGHAN-JENNINGS (2005) pour des populations étudiées dans les
mêmes conditions (Europe moyenne, zone de culture intensive) :
production de 0,7 jeune par couple, une mortalité juvénile de 40 %
et adulte de 20 %, une première reproduction à un an pour 20 % des
oiseaux et le reste l'année suivante. Elle nous donne une progression

d'environ 10 % de la population sur une décennie.

D'autres facteurs ont pu naturellement intervenir sur l'évolution des
effectifs régionaux entre le milieu des années 1990 et celui des années
2000. Nous pouvons évoquer la venue d'oiseaux provenant d'autres
populations que la baisse de la population espagnole ou celle d'autres
régions de France rend plausible. D'autant que le nombre de couples
supplémentaires nécessaires pour doubler la population picarde,
environ 75, est modeste comparé à l'importance de ces populations.
Une amélioration des conditions locales aurait pu aussi contribuer à
favoriser la reproduction. Elle s'est certainement produite puisqu'en
1992 ont été mises en place les jachères, visiblement sur les sols
les moins productifs donc sur ceux que fréquente préférentiellement
l'espèce. Elles ont très certainement été favorables à |’Oedicneme
criard. Comme nous l'avons évoqué, le biais induit par le niveau de
connaissance est pour nous indubitable et nous estimons que nous
ne pouvons pas estimer une variation de 50 % des effectifs sur une
décennie. Dans ces conditions, nous considérons que sur les trente
dernières années, la population a globalement maintenu son niveau,

en passant probablement par une phase de baisse dont l'ampleur est

page 27

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

difficile à évaluer.

Ainsi, en Picardie, répartition et effectifde l'espèce semblent avoir suivi
le même schéma que dans les plaines cultivées du nord de l‘Europe
occidentale avec certainement des variations sur les dates de ruptures
induites par l'histoire de l'évolution du paysage agricole. Dès le début
des années 1970, YEATMAN (1971) constate la régression voire
la disparition de l'espèce dans certains pays européens et en rend
responsable la progression des cultures et de l'urbanisation des dunes,
mais il voit dans son installation dans les cultures une lueur d'espoir.
Ensuite, l'espèce maintient ses effectifs ou les conforte comme en
Grande-Bretagne (DEL HOYO & al. (1996), HAEGEMEIJER EJM &
al. (1997)).

L'évolution de la population régionale est liée principalement à
l'évolution du paysage agricole, en particulier pour les 3 dernières
décennies. MALVAUD (1996) constate au début des années 1990
une régression des effectifs, plus particulièrement dans les régions du
Bassin Parisien dont la Picardie. Il en rend responsable les mutations
récentes (des années 1950) de l'agriculture. Il considère que jusqu'à
la seconde guerre mondiale, le paysage agricole lui était plutôt
favorable (surfaces en jachères et en friche plus étendues, parcelles
de taille plus réduite entraînant une diversité des cultures), remarquant
que l'espèce est plus abondante dans les années 1990 dans les
rares zones où subsiste un environnement agricole présentant ces
caractéristiques. Ensuite, l'intensification des pratiques (extension des
cultures, développement du machinisme, utilisation de pesticides...) lui
a été néfaste en supprimant des zones de nidification, en réduisant des
disponibilités alimentaires, en détruisant des couvées et poussins...
Pour la décennie qui a suivi, il faut y ajouter l'évolution des surfaces
en jachères : quasi nullesjusqu'en 1993 où elles occupent plus de 120
000 ha pour descendre à 40 000 ha environ en 1998 et rester autour
de 65 000 ha à partir de 2002. (IFEN, 2005). Il faut donc peut-être
voir dans l'augmentation des surfaces de jachères le sursaut de la

population après 1993, date du recensement national.

L'évolution du paysage agricole est certainement importante mais nous
supposons que l'impact des tirs de cet oiseau ne doit pas être sous-
estimé, même si il n'est pas facile à mesurer. Jusqu'à sa protection
réglementaire, et même encore au moins une décennie après,
l'espèce a probablement subi des tirs. D'ailleurs elle est signalée dans
les tableaux de chasse publiés avant sa protection. La Picardie est
une région où le nombre de chasseurs a toujours été important. Sa
protection a certainement eu un effet bénéfique sur les populations
nicheuses. Plus récemment, comme MALVAUD (1996), nous pensons
que la chasse, telle qu'elle se pratique en plaine actuellement, c'est-
à-dire avec finalement un nombre de jours limité et peut-être une
pression plus diluée dans l'espace, est certainement dérangeante sur
les rassemblements postnuptiaux mais de façon ponctuelle. Elle ne
semble pas avoir contribué à la disparition, dès la fin septembre/début

octobre, de ceux notés en Picardie.

A propos des dortoirs postnuptiaux

Il faut souligner que ce n'est que très récemment que des effectifs
importants ont été notés. Il est probable qu'ils soient passés inaperçus
précédemment, les secteurs utilisés étant peu ou pas fréquentés par
les observateurs à l'époque où ils se constituent (septembre). Un
effectif total de 230 individus a été noté en cumulé à l'automne 2005.
Son importance peut laisser supposer, dans l'hypothèse où ces dortoirs
ne rassembleraient que des oiseaux locaux, qu'ils rassembleraient un

minimum de 80 couples avec leur progéniture.

Cet effectif peut être comparé à une estimation du nombre d'oiseaux
après la saison de reproduction sur le territoire régional soit un
minimum de 350 individus. Il est donc probable que d'autres dortoirs
existent. Vu son effectif, celui d’Origny-Sainte-Benoite doit rassembler
les oiseaux du Marlois, un autre pourrait se trouver dans le secteur
des couples de Champagne (zone du Camp militaire de Sissonne).
Dans la Somme, le dortoir de la région d'Airaines, avec son effectif
important, pourrait drainer les effectifs nicheurs de I‘Amiénois et du
nord du Plateau picard. Aussi, un dortoir serait à rechercher au nord-
est d‘Amiens. Enfin, il ne faut pas oublier que des oiseaux ont été
notés stationnant à l'automne de façon isolée. Une partie de l'effectif
resté sur place pourrait donc ne pas se rassembler en grands groupes

mais attendre ainsi le grand départ seul ou en petits groupes.

Les effectifs maxima des deux dortoirs peuvent être comparés à ceux
notés en Europe dont VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005) ont
fait la synthèse. Le record pour la période récente serait de 250 notés
en France en Crau, vient ensuite un effectif de 227 individus dans le
Maine-et-Loire mais un groupe de 300/400 individus avait été noté
au XVlll ème siècle en France. En Grande-Bretagne où la population
dépassait les 250 couples au début des années 2000, le dortoir le plus
important dénombré est de 97 oedicnèmes pour la période récente.
Il faut souligner que des dortoirs de l'importance de ceux notés en
Picardie avaient été précédemment observés dans des secteurs où
les populations sont plus importantes que celles nicheuses de notre
région. MALVAUD (op.cit) rapporte un total de 155 pour la région
Poitou-Charentes qui concentrait à cette époque plus de 30 % de la

population nationale.

page 28

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

3) Remerciements

Je tiens à remercier Bernard COUVREUR, Frédéric BLIN, Françoise
DELCOURT et Sébastien MAILLIER pour la relecture du manuscrit
puis Sébastien LEGRIS pour la compilation des données et la

production des cartes.

4) Bibliographie

. AUBUSSON, Magaud d‘. (1911) Liste raisonnée des Echassiers
et Palmipèdes observés dans la baie de Somme et sur les côtes de
Picardie. R. F. 0., 24 : 62-77.

.BIGNON, J.J. & GAVORY, L. (1988) Etude faunistique des Marais de
La Souche. DlREN/COP, doc. multicop.65 p et 6 cartes.

. BOUTINOT, S. (1981) Etude écologique de l’avifaune du Vermandois.
Structure, dynamique et évolution des populations depuis 1950. Thèse

d’Université. Université de Reims. 444 p.

. BOYD, A. W. (1919) Birds in the North of France, 1917-1918. Ibis,
11 : 56-57.

. CARPENTIER & EBLE (1939) Note de mai 1939 au Camp militaire
de Sissonne (Aisne). Alauda, XI : 175-180.

. COCU, G. (1932) Contribution a l’étude ornithologique de Picardie
(Arrondissement d’Amiens et d‘Abbeville). Bull. Soc. Lin. N. Fr., 25 :
217-234.

. COCU, G. (1933) Captures d’oiseaux peu communs en Baie de
Somme; ORFO, 3(1) : 90-94

. CONGREVE, W. M. (1918) Ornithological and Oological Notes Fron
the River Somme valley. Ibis, 10 : 348-362.

. COUVREUR, B. (2008) L‘œdicneme criard Burhinus œdicnemus
dans le Sud Amiénois et le nord de I‘Oise de 1994 a 2005. Picardie

Nature, doc. Multicop.

. COUTANCEAU, JP. & ROBERT, JC. (1986) Quelques éléments
faunistiques et floristiques dans la Vallée des Evoissons (sud ouest

amiénois, Somme). Picardie Ecologie série Il : 86 (2) : 119-139.

. DEL HOYO, J., ELLIOT, A. & SARGATAL, J. eds (1996) Handbook
of the birds of the world. vol. 3. Hoatzin to Auks. LYnx Edicions,

Barcelona. 821p.

. DUCHAUSSOY, H. (1913) Contribution à l’étude des oiseaux en
Picardie. Bull. Soc. Lin. N. Fr., 21 : 320-324.

. DUPUICH, H. (1983) Liste Rouge espèces d'oiseaux nicheurs rares
et menacées dans le département de l’Aisne. GEPOP, doc. multicop.
18p.

. ETIENNE, P., MOUTON, J., ROBERT, JC. & TRIPLET, P. (1987)
Avifaune du Marquenterre (Somme). Picardie Ecologie, série Il 87
(2) : 27-80.

. FLOHART, G. (1996) œdicnème criard Burhinus œdicnemus in
COMMECY (X.), MERCIER (E.) & SUEUR, F. (1996) Atlas des
oiseaux nicheurs de Picardie (1983-1987) (3ème édition). L’Avocette,

n° spécial, 241 p.

. FRANCOIS, R. (1997) Nouvelles observations d‘Oedicnèmes criards
dans le Nord-Ouest de I‘Oise. Le Pic Mar, n°2 : 16-18.

. GAVORY, L. (coord.) (1995) Oiseaux nicheurs menaces de Picardie.
COP/Picardie-Nature, Amiens. 60p.

. GAVORY, L. & COUVREUR, B. (2009) L‘œdicneme criard Burhinus
œdicnemus en Picardie en 2004/2005 : effectifs et répartition des
couples nicheurs et des stationnements postnuptiaux, analyse.

Picardie Nature, doc. Multicop.

. HAEGEMEIJER, EJM. & BLAIR, MJ. eds. (1997) The EBCC Atlas of
European Breeding Bird : Their Distribution and Abundance. T & AD
Poyser, Londre. 903 p.

. HOLLING, M., & RBBP (2008) Rare Breeding birds in the United
Kingdom in 2005. British bird 101, 276-316.

. DE NORGUET, A. (1866) Catalogue des oiseaux du Nord de la

France. Mem. Soc. lmp. Sci. de Lille.

. KERAUTRET, L. (1969) Notes sur l’avifaune de la zone humide de

Pierrepont- Sissonne (Laonnois-Aisne). Alauda, 37 : 37-42.

. LE MARECHAL, P. & LESAFFRE, G. (2000) Les Oiseaux d‘||e de

France. Delachaux & Niestlé, Paris. 343 p.

. MARCOTTE, F. (1860) Les animaux vertébrés de l'arrondissement
d‘Abbeville. Mémoire de la Société Impériale d‘Emulation d‘Abbeville,

Abbeville. 256 p.

MALVAUD, F. (1996) L‘œdicneme criard en France. Groupe
Ornithologique Normand, Colombelles. 140 p.

. MOUTON, J. (1986) L‘œdicneme criard dans le Nord de la France.
Le Héron. 4 : 33-40.

. MULLER, Y. (1992) Bibliographie d’ornithologie française, 1945-
1965. SPN, IEGB, MNHN, SEOF, Paris. 260 p.

. MULLER, Y. (1996) Bibliographie d’ornithologie française, 1966-
1980. SFF, SEO, SOF, MNHN, Paris. 407 p.

. NEVEU, G. et ROYER, P. (1988) L’avifaune de la confluence des

page 29

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

vallées de l’Avre et de la Noye (suite) 2ème période : 1977-1988.
L‘Avocette, 12 (3) : 95-165.

. NEVEU, G. & SUEUR, F. (1978)Avifaune de la Moyenne Vallée de la
Somme : secteurs de Bray-sur-Somme et Corbie. Les autres vertébrés.
L‘Avocette 2 (1) : 1-20.

. RAPSAIL, X. (1903) Une station ornithologique dans |‘Oise : nouvelles
observations sur les oiseaux ayant niché dans le périmètre du territoire
de Gouvieux. Mem. Soc. Zool. de Fr., 32-200.

. RIGAUX, T. (1985) Résultats 1983 et 1984 de l’enquête << limicoles

nicheurs >> en Picardie. L‘Avocette : 9(1) : 1-8.

. ROBERT, JC. (1978) L‘avifaune de la Vallée des Evoissons.

Documents zoologiques, l (2) : 21-50.

. SCHIPPER, W. (1971) Notes sur l‘avifaune de la zone humide de
Pierrepont- Sissonne (Laonnois-Aisne). Alauda, 39 : 204-208.

. SUEUR F. (1980) Bibliographie ornithologique de la Somme (1833-
1979). L‘Avocette, numéro hors série, supplément au n°7 de Picardié-
Nature, 59 p.

. SUEUR F. (1988) Bibliographie ornithologique picarde (1824-1985).
L‘Avocette, 12 : 1-76.

. SUEUR, F. & TRIPLET, P. (1999) Les oiseaux de la Baie de Somme.
SMACOPI , GOP, CLEL, RN Baie de Somme. 510 p.

. THOMAS, JP. (1976) Atlas ornithologique, mise au point pour la
région parisienne : 1970-1971-1972. Le Passer, 10 : 48-62.

. TROUCHE, L. (1936) L'année ornithologique en Tardenois. Alauda,
Vlll (1) : 54-85.

. VAN KEMPEN, C. (1913) Contribution à l’étude des oiseaux du Nord

de la France. Grau, Amiens. 61p.

WEATLANDS INTERNATIONAL (2006) Waterbirds Population
Estimates - Fourth Edition. Weatlands International, . Wageningen,
The Netherlands.

. YEATMAN, L. (1971) Histoire des oiseaux d‘Europe. Bordas, Paris.
363 p.

. YEATMAN, L. (1976) Atlas des oiseaux nicheurs de France.

.SOF, Paris. 281p.

.VAUGHAN R. & VAUGHAN-JENNINGS N. (2005) The Stone Curlew

Burhinus œdicnemus. lsabelline Books, Conrwell. 345p.

. YEATMAN-BERTHELOT, D. & JARRY, G. (1994) Nouvel atlas des
oiseaux nicheurs de France, 1985-1989. SOF, Paris. 775 p.

Photo : Œdicnème criard Burhinus œdicnemus

page 3o

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardié

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- ÉLÉMENTS SUR L’ÉCOLOGIE ET LA BIOLOGIE DE
L’ŒDICNÈME CRIARD BURHINUS ŒDICNEMUS EN PÉRIODE DE
REPRODUCTION EN PICARDIE : PRÉSENTATION ET ANALYSE
DES DONNÉES 2005 ET SYNTHÈSE DES INFORMATIONS
RÉGIONALES DISPONIBLES

Laurent GAVORY

Résumé

Dans le cadre du dénombrement des couples nicheurs, un relevé
d'informations sur certains aspects de la biologie et de l'écologie de la
reproduction de l'œdicneme criard a été assuré. Les résultats obtenus
sont restés modestes et ne reflètent que partiellement la situation
régionale. Les couples s'installent dans leur grande majorité (85,3 %)
en zone agricole. Sur 6 nids étudiés, jachères et luzerne sont préférées
pour l'installation qui a lieu à distance des points d'activités humaines
soit au minimum 45 mètres pour un chemin, 200 mètres pour les routes
et voies ferrées et 300 mètres pour les constructions. Les jachères
sont globalement les plus utilisées comme lieu de stationnement pour
l'alimentation et le stationnement. Des oiseaux en train de couver ont
été notés de la première décade de mai à la première d'août et des

poussins du 20 mai au 11 juillet.

Mots clés: œdicnème criard, habitat, reproduction, 2005

Introduction

Dans la perspective de proposer des mesures de conservation
pertinentes, nous avons cherché à mieux connaître les exigences
écologiques de l'espèce en région, notamment en décrivant son habitat
ainsi qu'en précisant les différents paramètres de sa reproduction.
Pour cela, nous avons réalisé une synthèse des informations publiées
en région, auxquelles nous avons ajouté des données collectées
au cours de la saison 2005 en suivant un modeste protocole. En
accompagnement du recensement des couples nicheurs, nous
avons en effet conduit une étude qui visait à appréhender l'usage
de leur territoire par quelques couples suivis pour l'occasion, et plus
particulièrement les types d'occupation du sol fréquentés en fonction
de l'activité de l'oiseau, ainsi que le déroulement et le succès de la
reproduction. Cette étude s'est particulièrement focalisée sur les lieux
d'installation du nid. Son objectif était certainement ambitieux en

regard des moyens d'investigation et du temps disponible.

La présente note présente et analyse les données collectées dans
le cadre de l'étude 2005, ainsi que celles disponibles dans la base
de données de Picardie Nature (1995-2005) et dans la bibliographie
régionale. Après une présentation de la méthodologie, les données et

leur analyse sont présentées par grand thème.

1) Méthodologie des relevés assurés en 2005

Durant la période de reproduction, et notamment durant la phase de
nourrissage des poussins, les oiseaux sont actifs de jour, mais aussi
au crépuscule et à l'aube et ils restent inactifs durant une bonne partie
de la nuit (VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005)). L'observation
des oiseaux durant la journée doit donc permettre de recueillir des
informations significatives sur l'habitat et le déroulement de la
reproduction. Elle devient de plus en plus difficile au fur et à mesure
de l'avancée de la saison avec la croissance de la végétation qui aide

les oiseaux à se dissimuler.

La zone d'installation du nid a été décrite selon les paramètres

suivants :

. type d'occupation du sol, en s'appuyant sur la typologie suivante :
prairie permanente, prairie permanente avec haie, prairie permanente
pâturée, prairie permanente pâturée avec haie, prairie temporaire
(ray-grass et autres mélanges), jachère, luzerne, betterave, maïs,
pois, céréale d'hiver, céréale d'été, pelouse calcaire, affleurement
calcaire, espace de sable.

. caractéristiques du sol (lorsqu'il était affleurant au niveau de
l'occupation du sol) au moyen de deux paramètres :

- la présence ou l'absence de petits et gros cailloux ;

- la pente globale du site, estimée en pourcentage et en prenant
en compte la totalité de la pente du point le plus haut au point le
plus bas de la zone sur la base de l'examen de la carte de l'institut

Géographique National.

De façon complémentaire, à partir de l'examen de Photo Exploreur de

l'institut Géographique National :

. l'angle de vue qui s'ouvre aux oiseaux à partir de la partie centrale
du territoire ou de nid a été évalué. Sa détermination a naturellement
tenu compte de la pente de la zone où ils se trouvaient ainsi que des

obstacles présents ;

. la distance par rapport à des points d'activités humaines

potentiellement dérangeantes a été mesurée.

Pour les zones utilisées pour l'alimentation, le stationnement (repos)

et la toilette, seul le type d'occupation du sol a été relevé.

Les données relatives à la reproduction ont été recueillies sans
protocole particulier, si ce n'est le suivi régulier de couples par passage
fréquent sur leur site de reproduction et avec un temps d'observation

prolongé à partir d'un même point.

page 31

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

2) Résultats

Les données collectées ont été très modestes, notamment en nombre.
Aussi, l'analyse qui en découle n'a qu'une valeur indicative et ne peut
pas être considérée comme reflétant la situation de la population
régionale. En fait, seuls deux couples ou emplacements de nid ont
été suivis. De même, 6 nids ont été localisés et leur emplacement
décrit, tout comme 35 territoires de couples nicheurs possibles ou
probables (ou localisations d'observations d'individus). De plus, il faut
avoir conscience que les informations collectées ont été biaisées,
notamment du fait que les oiseaux sont plus facilement repérables
dans des couverts à végétation basse. Enfin, l'analyse bibliographique
a fourni des informations modestes, l'espèce ayant été peu étudiée

dans la région.

Habitat

2004 et 2005,

étaient installés en zone agricole et 92,2 % sur substrat crayeux. Les

Sur les deux années sur 102 couples, 85,3 %
autres étaient sur des friches sur calcaire ou assimilées (GAVORY
& COUVREUR, 2009a). Cette situation avait été constatée sans être
chiffrée par FLOHART (1996) et MALVAUD (1996).

Emplacement du nid et d'élevage des jeunes poussins

Six emplacements de nids ont pu être localisés et décrits en 2005. Ils

étaient tous en zone agricole. Les éléments d'informations obtenus

figurent dans le tableau 1.

Rouvroy-les-
Auchy-la-Montagne Blancfossé (Bois Vigna-court (Bois
Localités Marchais (02) Blicourt (60) merles (60)
(60) de la trouée) (60) du Ducroquet) (80)
(2 couples)

type de culture carotte luzerne jachère luzerne jachères labour
Hauteur
(en centimètre) 5 cm (29/04) 10 cm (13/05) 10 cm (28/04) 0 cm (1/05) 15 cm (22/04) 0 cm (18/05)
(date)
cailloux petits petits et gros petits et gros petits et gros petits et gros petits et gros
Pente (en %) 3 4 15 3 7,5
position plr relief versant versant versant versant versant versant
exposition Nord Nord-Ouest Nord-Ouest Nord-Ouest Ouest Sud/Sud-Est
Distance du. Che-

150m 105m 55m 45m 85m 130m
min (en mètre)
Distance de la
route/voie ferrée 200 m 590 m 535 m 220 m 485 m 800 m
(en mètre)
Distance bâtiment

300m 1350m 490m 550m 1015m 1600m
(en mètre)
Champ de vision

360° 260 ° 310° 200° 280° 200°

(en degré)

Tableau 1 : Description de 6 sites dimplantation de nid d’œdicnème criard en Picardie en 2005

page 32

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Deux conditions sont communes à tous les emplacements : présence
de cailloux et installation du nid sur une pente qui est finalement assez
variable (3 à 15%) mais qui reste modeste. L'oiseau s'installe sur
des types de culture divers mais qui restent marginaux par rapport
aux proportions des différentes cultures au sein de la SAU régionale
(DRAF, 2006). Les jachères et les luzernes sont donc préférées ; en
tous les cas, les hauteurs de végétations relevées restent faibles (0 à
15 centimètres, avec une moyenne de 6,7 centimètres). L'exposition

varie aussi avec une préférence (réelle ?) pour les versants nord.

Enfin, concernant les distances par rapport aux zones d'activités

humaines,

. pour les chemins, elles varient de 45 mètres à 150 mètres avec une
moyenne de 95 mètres,

. pour les routes/voies ferrées, elles vont de 200 mètres à 800 mètres
soit une moyenne de 471,7 mètres,

. enfin, pour les distances des terrains bâtis, elles oscillent entre 300 et

1600 mètres avec une moyenne de 884,2 mètres.

Ces distances ne sont certainement pas uniquement le reflet du choix
des couples mais aussi et très probablement de la disponibilité de sites
favorables pour certains paramètres (couvert végétal et présence de
cailloux) et de la densité de ces éléments dans le paysage. Le champ
de vision est visiblement large, de 200 à 360 °.

Ces constats peuvent difficilement être généralisés du fait de

l'échantillon limité (n=6).

Alimentation Toilette Stationnement

Jachères 2 3 9
Labour 1

Betteravelma'is 1

Betterave 2 2 7
Ma'is 1 3
Luzerne 2 3
Prairie 2
permanente

Carotte 1
Pois 1
Céréale 1

Tableau 2 : Types d’occupation du sol utilisés pour l’alimentation, la

toilette, le stationnement de l’œdicnème criard en Picardie en 2005.

Type d'occupation du sol utilisé pour l’alimentation, le toilettage

et le stationnement

En 2005, 9 zones d'alimentation ont été localisées dont une partie
correspond aux abords immédiats du nid. Six types de cultures sont
notés, généralement à faible densité de couverture et à pousse tardive
ou à coupe régulière donc fréquemment basses. Luzerne, jachères et
betterave semblent préférées. Là aussi, il est difficile de généraliser vu

la taille de l'échantillon (n=9).

Type d'occupation du sol utilisé pour la toilette

Les éléments d'information relatifs à ce paramètre sont trop limités

pour tenter une analyse.

Ce type d'occupation du sol utilisé pour le stationnement a été
relevé à 27 reprises (tableau 4).

Il inclut les sites d'emplacement du nid, les lieux de stationnement
pour le nourrissage et la toilette qui sont naturellement des lieux de
stationnement. Les jachères représentent 33,3 % des cas, viennent
ensuite les betteraves avec 25,9 % puis maïs, prairie permanente,

luzerne, carotte, pois, céréales.

Déroulement et succès de la reproduction.

11 observations d'oiseaux couvant ont été réalisées. Elles sont

réparties par décade dans le tableau 3.

.. .. ..

Ü Ü Ü n-I
a a a .5 e s a z a <3
E E E E. E. E. E. E. E. m
F N E’! F N E’! F N t’! F
3 2 4 1 1

Tableau 3 : Répartition par décade des observations d’oiseaux couvant
en 2005 en Picardie

P389 33

Statut de l‘oedicn'eme Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Des oiseaux ont été vus en train de couver du 9 mai au 7 août ; la
majorité lors des deux premières décades de mai et juin, période
préférentielle de ponte. Début juin correspond à des pontes de

remplacement, tout comme la couvaison de début août.

Sur un des territoires suivis, le couple aurait subi la perte de sa couvée
à deux reprises. Sur un autre, un individu a été vu en train de couver
durant 2 périodes consécutives de mai à août. Dans ces deux cas,
nous n'avons pas la certitude qu'il s'agisse des mémes individus et
nous nous demandons si un couple peut en remplacer un autre sur un

même site au cours d'une même saison.

Deux nids ont été notés à une distance estimée à 75 mètres l'un à

l'autre.

Des poussins ont été vus (3 observations) du 20/05 au 11/07 sans
que leur âge ait pu être évalué. Une famille volante est notée le 11/07.
Pour 3 couples, le succès de la reproduction (jeune à l'envol) a pu être
constaté : 1 couple avec 1 jeune volant, 1 couple avec 2 et enfin 1 n'a

pas donné de jeune (moyenne: 1 jeune à l'envol par couple).

Enfin, un cas de prédation a été noté : la capture d'un poussin par une
Corneille noire Corvus corone corone le 20/06/05. De même, deux
nids ont été détruits lors du retournement d'une jachère par des engins
agricoles en mai (DE FRANCESCHI C. com. Pers.).

3) Conclusion

La synthèse des données relatives à la biologie et à l'écologie de
|'œdicneme criard en Picardie en période de reproduction s'est
essentiellement appuyée sur les données recueillies en 2005. La
bibliographie régionale et la base de données de Picardie Nature se
sont avérées être pauvres en données relatives à ces aspects. Les
résultats obtenus sont globalement peu significatifs mais constituent

des premiers éléments d'ores et déjà intéressants car indicatifs.

Pour installer leur nid, les oiseaux rechercheraient plutôt des jachères
ou de la luzerne sur sols caillouteux. Les territoires semblent assez
éloignés des points d'activités humaines, en particulier des habitations.

Les voies de communications semblent peu influer sur leur répartition.

Les couples peuvent couver jusqu'en août et il semble que les pertes
de couvée ou de poussins soient fréquentes mais que le succès de

reproduction soit de l'ordre de 0,7 individu par couple.

Il est certain que cette recherche mériterait d'être approfondie avec
la même méthodologie mais appuyée par une pression d'observation

accrue.

4) Remerciements

Je tiens à remercier:
- Christophe DE FRANCESCHI qui, dans le cadre d'un stage, a assuré

la collecte de données ;

- ainsi que Frédéric BLIN, Françoise DELCOURT, Sébastien
MAILLIER et Jean Marie THIERY pour la relecture du manuscrit et

leurs suggestions.

5) Bibliographie

. Direction Régionale à l'Agriculture et à la Forêt/DRAF (2006) Les
derniers chiffres annuels de l'agriculture picarde (2005).

Site web : http://draf.picardie.agricu|ture.gouv.fr.

. FLOHART, G. (1996) œdicnème criard Burhinus œdicnemus in
COMMECY (X.), MERCIER (E.) & SUEUR, F. (1996) Atlas des
oiseaux nicheurs de Picardie (1983-1987) (3ème édition). L’Avocette,

n° spécial, 241 p.

. GAVORY, L. & COUVREUR, B. (2009) L'œdicneme criard Burhinus
œdicnemus en Picardie en 2004/2005 : effectifs et répartition des
couples nicheurs et des stationnements postnuptiaux, analyse.

Picardie Nature, doc. Multicop.

MALVAUD, F. (1996) L’œdicnème criard en France. Groupe
Ornithologique Normand, Colombelles. 140 p.

.VAUGHAN R. & VAUGHAN-JENNINGS N. (2005) The Stone Curlew

Burhinus œdicnemus. lsabelline Books, Conrwell. 345p.

Page 34

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

- CONSERVATION ET SUIVI DE L’ŒDICNÈME CRIARD BURHINUS
ŒDICNEMUS EN PICARDIE : ÉLÉMENTS PRÉLIMINAIRES DE
RÉFLEXION ET PREMIÈRES PROPOSITIONS D’ACTIONS
Laurent GAVORY

Les premiers éléments relatifs à la situation de |’Oedicneme criard
Burhinus œdicnemus en Picardie, espèce en déclin en Europe,
inscrite sur les listes rouges régionale, nationale et européenne sont
inquiétants mais aussi motivants pour approfondir l'examen de sa
situation et déterminer si nécessaire les mesures à prendre. Tel est
l'objet de cette note qui proposera ainsi de répondre aux questions
suivantes :
|‘œdicneme criard est-il une espèce qui en Picardie doit faire
l'objet de mesures de conservation ? si oui avec quelle urgence ?
. si elles sont nécessaires, quelles sont ou seront les mesures à
prendre ?
enfin, en matière de suivi

quelle fréquence, quelle

méthodologie ? quelles sont les priorités ?

Pour cela, il est proposé d'évaluer la situation de l'espèce (répartition,
effectifs) et d'en apprécier les tendances et perspectives d'évolution,
notamment en examinant les facteurs qui la menacent et qui
l'impactent. La liste de ces facteurs sera dressée et leur impact
évalué, tout comme leurs tendances d'évolution. L'objectif sera donc
aussi d'identifier les facteurs sur lesquels agir et de tenter d'arrêter la
méthode d'actions.

A partir de là, un premier panel de mesures sera proposé.

1) Eléments préliminaires : traits marquants de l'écologie et de la

biologie de |’œdicneme criard en Picardie

Nous avons sélectionné les principaux éléments d'informations
relatives à la biologie et à l'écologie de l'espèce que nous avons
considérés comme importants â prendre en compte pour aborder sa

conservation.

En Picardie, l'espèce est migratrice et ses quartiers d'hiver sont mal
connus. Ces derniers sont très certainement situés au sud de l‘Espagne
et en Afrique du Nord. Un oiseau bagué dans |’Aisne ou dans la Marne
(non précisé) a été repris aux Baléares. L'espèce assure donc chaque
année des déplacements vers des régions où ses conditions de vie ne

semblent pas menacées.

L'espèce n'est pas inféodée à un type d'occupation du sol particulier,
un couple étant capable d'en changer au cours d'une même saison.
Toutefois, elle a des exigences assez précises qui restent rares dans
la région : sol sec plutôt caillouteux avec des espaces â végétation
rase ou clairsemée dans des ambiances chaudes et tranquilles. En
Picardie, elle trouve actuellement ces conditions en zones de culture
et il est probable qu'elle ait profité du développement des surfaces de
cultures tardives : maïs, betteraves... et de jachères.

Dans ces milieux très artificiels, il semble que la productivité des

couples soit néanmoins plus faible que dans des milieux plus naturels.

L’Oedicnème criard est globalement sensible à la présence humaine,
en particulier durant la période de nidification. La majorité des nids
est éloignée des routes ou des chemins. Le peu d'études existantes
indiquent des distances de 100 à 500 mètres. En Picardie, les
quelques informations disponibles donnent les valeurs suivantes: pour
200/800 mètres,

bâtiments divers : 300/1 600 mètres). Cependant, des situations où

les chemins : 45/150 mètres, route/voies ferrées :
l'oiseau s'installe â proximité d'installations humaines sont connues.

Il semble plus tolérant aux infrastructures linéaires qu'aux bâtiments.

Actuellement dans la région, les couples s'installent sur les jachères,
dans des luzernes ou sur des cultures à développement tardif, dans les

parties des parcelles où la craie affleure voire où le sol est caillouteux.

Les densités sont très variables, moins importantes dans les cultures,
notamment de ma'is, que dans les milieux semi-naturels (pelouses

calcaires).

L'espèce pond deux œufs, parfois un et beaucoup plus rarement
trois. Les jeunes volent à l'âge de 5 â 6 semaines et sont donc très
vulnérables durant une période assez longue. Le pourcentage de
couvées arrivant à l'éclosion est très variable : 73 % sur 128 couvées et
77 % sur 74 œufs en Grande-Bretagne, 67 % en Espagne sur 60 nids
(avec une forte prédation), 38,1 % éclos (avec une forte prédation).
Dans les cultures, certains auteurs avancent jusqu'à un tiers des
couvées et des jeunes détruits annuellement. En Picardie, un cas de

prédation et deux de destruction par engins agricoles ont été notés.

Les oiseaux retournent sur leurs lieux de reproduction l'année après
leur éclosion mais seuls 20 % se reproduisent. En fait, la grande
majorité se reproduira l'année suivante. Les oiseaux sont très fidèles
à leur site de nidification et reviennent l'occuper année après année.
Toutefois, ils le désertent lorsqu'il devient défavorable pour s'installer

sur un autre.

La période de reproduction peut être longue. Ainsi des pontes peuvent
être déposées de mars à fin juillet en France. Un couple peut assurer
plusieurs pontes de remplacement mais généralement assure une
seule couvée par saison. Un couple produit donc au maximum deux
jeunes. En Grande Bretagne, il a été estimé qu'une production de 0,61
jeune par couple suffit au maintien de la population. Les niveaux de
production de jeunes enregistrés oscillent entre 0,65 et 0,9 jeune par
couple dans 4 études anglaises (155 couples) et une étude espagnole

(12 couples).

61 % des jeunes survivent à leur première année et par an, 27 % des
adultes meurent (en Grande Bretagne, sur la base d'oiseaux bagues
et marqués). Le rôle que jouent des dortoirs postnuptiaux dans le

maintien des populations locales n'est pas connu.
Ces éléments ont été compilés après la consultation de VAUGHAN

& VAUGHAN-JENNINGS (2005), GAVORY & COUVREUR (2009) et
GAVORY (2009 b)

P389 35

Statut de |‘œdicneme Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

L’œdicnème criard est donc un oiseau spécialisé qui recherche
des conditions peu répandues : sol sec plutôt caillouteux avec
des espaces à végétation rase ou clairsemée dans des ambiances
chaudes et tranquilles. Suite à la disparition d’espaces naturels
favorables, il s’est installé dans les jachères et dans les cultures
à pousse tardive dont les surfaces ont progressé au cours de la
dernière décennie. Il est donc dépendant de l'implantation des
cultures dont l’évolution peut être rapide. Il a une production de
jeunes faible mais avec un taux de survie important. Migrateur,
il gagne ses quartiers d’hiver assez tardivement, certainement
en octobre/novembre. A partir de septembre, il se rassemble en

dortoirs diurnes.

Ses exigences écologiques et sa biologie font que la population
régionale peut être considérée comme sensible car dépendante

des productions agricoles qui peuvent évoluer rapidement.

2) Situation de Fœdicnème criard et de son habitat ou l’espèce

doit-elle faire l’objet de mesures de conservation en Picardie ?

Niveau de connaissance de la situation de l’espèce en région

La situation de la population nicheuse régionale a été clarifiée au cours
des deux saisons 2004 et 2005. Toutefois, malgré les efforts consentis,
son statut n'est pas connu de façon exhaustive et divers secteurs, qui
n'ont pas été visités, mériteraient des recherches complémentaires car
ils apparaissent favorables. Son évolution au cours des 25 dernières
années est bien documentée avec un niveau d’exhaustivité qui peut
permettre de considérer que des variations mises en évidence de 25

% seraient significatives.

Niveau de population et importance de la Picardie

L‘Oedicnème criard présente une distribution assez vaste (figure 1)
qui s'étend sur trois continents: l'Europe, l’Asie et l'Afrique. Au sein de
cette aire, 6 sous-espèces ont été déterminées. Burhinus œdicnemus
œdicnemus occupe la majeure partie du Paléarctique occidental. Plus
précisément, elle se rencontre sur la partie continentale de l'Europe,
de la frontière de la Pologne à la Mer Caspienne, à l'exception de la
péninsule grecque où elle est remplacée par la sous-espèce saharae
et de la Péninsule scandinave où elle est absente. La Grande-Bretagne
accueille une population dont la distribution est limitée au sud-est
de ce pays. Burhinus œdicnemus œdicnemus est donc présent en

France et a fortiori en Picardie.

L'espèce est considérée comme non menacée à l'échelle mondiale
(catégorie : Least Concern) et ne figure donc pas dans la Liste Rouge
des espèces menacées au niveau mondial (risque d'extinction)
(IUCN, 2008). Les effectifs de Burhinus œdicnemus œdicnemus ont
été estimés entre 122 000 et 206 000 couples, dont 110 à 170 000
couples pour la population d'Europe occidentale (Ouest de l‘Europe

du Danemark jusqu'à l'Ouest de la Mer Adriatique) et 12 à 36 000

couples pour la population orientale (Est de l‘Europe de l'est de la Mer

Adriatique au Danemark et à la Russie). Ces deux populations sont
constatées en déclin et leur niveau d'importance internationale est fixé
respectivement à 1 400 et à 240 individus. La population d'Europe
occidentale hiverne principalement dans la Péninsule ibérique, en
Afrique du Nord et au Sahel. (WEATLANDS INTERNATIONAL (2006))

En Europe, BIRDLIFE (2004) précise que l’œdicnème criard est
une espèce largement distribuée mais qui occupe son aire de façon
très clairsemée. L’Europe représente moins de la moitié de l'aire de
répartition globale de l'espèce (mais elle correspond à la quasi-totalité
de celle de la sous-espèce œdicnemus). La population européenne
est réduite et a subi un important déclin de 1970 à 1990. Bien que
quelques populations se soient stabilisées ou aient augmenté durant
la décennie 1990, ses effectifs continuent à régresser à travers
beaucoup de pays d'Europe, y compris dans leur bastion espagnol où

elles ont subi un déclin de plus de 30 %.

Cette régression continue et importante fait qu'elle est une espèce
considérée comme vulnérable à cet échelon et faisant donc partie de
la Liste Rouge Européenne. De plus, en termes de conservation, son
statut est considéré comme défavorable (SPEC 3 : espèce à statut
européen défavorable dont la majorité de la population mondiale se

trouve hors d'Europe)

En France, la dernière estimation date des années 1990 (MALVAUD,
1996). La population était comprise entre 5000 et 9 000 couples et
considérée en déclin (MALVAUD, 1999). Toutefois, l'espèce ne fait
pas partie de la Liste rouge des oiseaux menacés de France mais de
celle des espèces à surveiller intégrée dans la catégorie des oiseaux
en déclin. Elle est classée quasi menacée en 2009. De plus, elle est
classée dans la catégorie CMAP 3 : espèce dont la Conservation
Mérite une Attention Particulière, niveau 3 c'est-à-dire dont le niveau
de vulnérabilité est moyen en France comme en Europe. (ROCAMORA
G. & YEATMAN-BERTHELOT, 1999). L'estimation des effectifs est
considérée comme encore valide en 2000 (BIRDLIFE, 2004) mais ils

sont annoncés stables.

En Picardie, sa situation a été étudiée récemment en 2005, ses
effectifs ont été estimés compris entre 76 et 116 couples avec une
répartition très éclatée en 5 noyaux. Environ 10 à 15 % de la population
est localisée sur des sites semi-naturels et le reste en zone cultivée
(GAVORY & COUVREUR, 2009).

Elle figure donc dans la Liste rouge des espèces menacées en Picardie
(statut vulnérable) et en termes de priorité de conservation elle devrait
figurer comme espèce « moyennement prioritaire » (Picardie Nature,

à paraître).

Considérant que l'estimation nationale est actuellement encore valide,
notre Région hébergerait

. environ 1 % de la population nationale

. moins de 0,01 % de la population d'Europe occidentale.
Il est clair qu'elle n'est pas déterminante en termes d'effectif mais se

trouve en limite d'aire de répartition actuelle.

page 36

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

En résumé, I’œdicnème criard, notamment Ia population d’Europe
occidentale de la sous-espèce œdicnemus est en déclin avéré. La
France constitue un de ses bastions, deuxième population après
I’Espagne où les effectifs sont en fort déclin. D’ailleurs, I’espèce
est considérée à l'échelle de l’Europe en voie de disparition
puisqu’inscrite sur la Liste Rouge. Dans ce contexte, la Picardie
héberge une population qui est globalement marginale en terme
d’importance bien que située en limite d’aire de répartition. Son
statut « Liste rouge » serait vulnérable et le niveau de priorité de

conservation serait moyen.

Niveau de Protection

Actuellement, la protection réglementaire d'une espèce se concrétise
sous trois formes :
protection des individus, interdisant la chasse, la capture des
oiseaux quel que soit leur niveau de développement (œuf, pullis,
adulte) ou de leur nid ;
protection de leur habitat interdisant la destruction ou la
modification des sites, voire des habitats où l'espèce vit, plus
précisément se reproduit ;
. obligation de résultat en matière de conservation des habitats

de l'espèce.

A l'échelle mondiale, la France a ratifié plusieurs textes relatifs à la
conservation des oiseaux et qui concernent |'Oedicnème criard.
L'espèce est ainsi concernée par la Convention de Berne (Convention
relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel
de l’Europe) où elle figure à l'annexe 2 dans la liste des espèces
strictement protégées. Ce texte interdit donc sa capture, sa détention
ou sa mise à mort intentionnelles ; la détérioration ou la destruction
intentionnelles de ses sites de reproduction ou de ses aires de
repos ; sa perturbation intentionnelle, notamment durant la période
de reproduction, de dépendance et d'hibernation ; la destruction
ou le ramassage intentionnel de ses œufs dans la nature ou leur
détention ; sa détention et son commerce à l'état vivant ou mort, y
compris naturalisé et de toute partie ou de tout produit obtenu à partir

de l'animal.

L'Oedicnème criard est également concerné par la Convention sur la
conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage
dite Convention de Bonn qui est un accord très large. Il figure à l'annexe
2 qui énumère des espèces migratrices dont l'état de conservation est
défavorable et qui nécessitent la conclusion d'accords internationaux
pour leur conservation et leur gestion, ainsi que celles dont l'état de
conservation bénéficierait d'une manière significative de la coopération
internationale qui résulterait d'un accord international. Pour l'instant,

aucun des 6 accords signés ne le concerne.

L'espèce n'est pas concernée par la Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore sauvages menacées
d'extinction (CITES).

A l'échelon européen, elle bénéficie de protection dans le cadre de
la Directive 79/409 du 2 avril 1979 concernant la conservation des
oiseaux sauvages. Plus précisément, présente au sein de l'annexe 1,
elle doit faire l'objet de mesures de conservation spéciale concernant
son habitat, afin d'assurer sa survie et sa reproduction dans son aire de
distribution. Elles doivent prendre la forme de classement en zones de
protection spéciale (ZPS) des territoires les plus appropriés en nombre
et en superficie à sa conservation. Les États-membres doivent adopter
les mesures adaptées pour éviter dans ces zones de protection, la
pollution ou la détérioration des habitats ainsi que les perturbations
touchant les oiseaux, pour autant qu'elles aient un effet significatif eu

égard aux objectifs fixés par cette Directive.

Au niveau national, l'espèce est protégée en vertu de l'arrêté du 17
avril 1981, modifié depuis, qui interdit la destruction ou l'enlèvement
des oeufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou
l'enlèvement, la naturalisation des oiseaux d'espèces non domestiques
suivantes ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur
colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat.
A l'échelle de la Picardie, les protections réglementaires de sites

adoptées concernent peu cette espèce.

. aucun des espaces protégés (Arrêté préfectoral de Protection de
Biotope, Réserve Naturelle Nationale, Réserve Naturelle Régionale)
n'accuei|le de couples nicheurs d'œdicnème ;

. une seule Zone de Protection Spéciale n° FR2212006, Marais de

La Souche, accueille 1 à 2 couples.

En résumé, I’espèce bénéficie d'une protection qui doit permettre
de préserver les individus etleurs œufs des tirs, de la capture et du
ramassage. Par contre, la quasi-totalité des sites de reproduction
et de rassemblements postnuptiaux connus a travers la région ne

bénéficie pas de mesures réglementaires.

Page 37

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardié

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Niveau de conservation

Depuis une quinzaine d'années, une dynamique en matière de
gestion conservatoire d'espaces picards à fort enjeu en matière de
biodiversité a été lancée avec l'aide de |‘Europe, de l'Etat, de la Région
Picardie et des trois Départements. Elle a permis d'assurer la gestion
conservatoire de nombreux sites qui sont suivis et gérés par des
organismes spécialisés, sans pour autant bénéficier d'une protection

réglementaire.

Trois organismes assurent ces missions sur la majorité des sites
bénéficiant d'une gestion conservatoire a travers la région :
- le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie ;
- le Syndicat Mixte Baie de Somme-Grand Littoral Picard ;

- l'Office National des Forêts.

Sur ces surfaces, l’Oedicnème ne niche pas. Le Conservatoire des
Sites Naturels de Picardie tente de mettre en place un partenariat
avec le Ministère de la Défense sur le Camp militaire de Sissonne qui
pourrait ouvrir des perspectives sur un site où l'espèce est nicheuse.
De même, le Syndicat Mixte gère plusieurs dizaines d'hectares de
dunes et de levées de galets qui pourraient, moyennant quelques

interventions lourdes, peut- être être recolonisées par l'espèce.

Parallèlement, des mesures relatives a une gestion plus écologique
du territoire agricole ont vu le jour. Elles fonctionnent selon le mode
contractuel. Une aide financière de la collectivité permet de compenser
un manque à gagner induit par des pratiques peu rentables mais
favorables à l'environnement et plus particulièrement a la biodiversité.
Il s'agit des mesures «agriculture environnement» et de la démarche

« gestion de territoire » initiées par le Conseil Régional de Picardie.

De plus, d'une façon globale, la mise en jachères de terres a très
certainement favorisé la reproduction de notre oiseau, surtout qu'il est
vraisemblable qu'elles aient été implantées sur des zones à faibles
rendements, sur des sols caillouteux favorables à l'espèce. En 2005,
63 000 hectares étaient en jachères soit 5,36 % de la surface agricole
utile régionale.

D’une façon générale, l'Oedicnème ne profite pas du
développement de la gestion conservatoire des sites naturels.
Par contre, différentes mesures contribuant à favoriser la
présence de zones non cultivées (bandes « abri ») dans le
paysage agricole lui sont certainement favorables, sans qu'il
soit possible d'en mesurer l'impact réel. La mise en place des
jachères aura certainement eu un impact positif sur la population
régionale. Les perspectives de gestion conservatoire d'une partie
du Camp militaire de Sissonne, si elles se concrétisent devraient

lui être favorables et pourraient compenser les pertes.

Niveau de menace

VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS (2005) et d'autres auteurs ont
dressé une liste des facteurs susceptibles d’impacter les populations
de l'Oedicnème criard. En annexe 1, nous avons dressé la liste de
celles qui pour nous, étaient susceptibles de concerner la population
régionale. Nous essaierons d'évaluer leur impact sur la population
régionale en sachant que nous disposons d'éléments partiels car
elles n'ont pas été étudiées. Notre analyse débouchera donc sur des

hypothèses.

. Perte d'habitat

En Picardie, plus de 10 % de la population se reproduit sur des sites
dits naturels, surtout des pelouses calcicoles et le reste, soit plus de

85 % se trouvent sur des zones agricoles.

Les habitats semi-naturels concernés (pelouses calcaires, prairies
permanentes...) ont vu leur surface décroître régulièrement en un
peu plus d'un siècle et cette tendance continue. De 1992 à 2002,
les surfaces de landes, prairies naturelles et pelouses calcaires ont
régressé de 4 400 ha soit environ 15 % de leur surface en une décennie
(AGRESTE (2007), IFEN (2005)). Cette baisse n'a pu pénaliser qu'un
nombre très limité de couples. Il est fort probable que cette tendance

se prolonge mais avec une ampleur moindre.

Toutefois, elle n'a pas touché les deux principaux sites naturels utilisés
: les camps de Sissonne et de Couvron. Néanmoins, les perspectives

sur ces deux sites sont loin d'être positives.

Pour le Camp militaire de Sissonne (6 000 ha dont 2500 de milieux
ouverts), un des sites de nidification connu (hébergeant 1 a 2 couples)
doit être construit prochainement sur environ 60 ha ce qui induit
une activité qui pourrait rendre défavorable à l'espèce au minimum
une centaine d'hectares. De plus, le devenir de l'utilisation du reste
du camp n'est pas connu. L'espèce y est dépendante des activités
qui vont maintenir des espaces crayeux ou sableux à végétation
clairsemée. Il s'agit de l'entretien et de la fréquentation des pas de tirs
avec une utilisation réduite durant la période de reproduction d'avril
à juillet, l'entretien des abords de route  mais aussi les quelques
espaces broutés par les lapins. L'évolution de ce site, qui accueille une

des plus fortes densités régionales, devra être suivie.

La situation du Camp de Couvron (600 ha dont un minimum de 300
de milieux ouverts) n'est pas connue mais son maintien est loin
d'être assuré. Mis en vente, cette espace pourrait au mieux être mis
en culture (c'est déjà le cas pour partie) et au pire pour l'oiseau, être
construit pour être transformé en zone d'activité qu'il pourrait être
logique de développer pour compenser la perte économique induite
par le départ des militaires. Il est fort probable que ce site évolue de

façon défavorable à l'Oedicnème criard.

Pour les zones de culture, la tendance est plutôt a une baisse régulière

de 1 à 2 % sur une décennie ce qui représente tout de même entre

page 38

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

10 000 et 15 000 hectares. Cette régression se fait au profit des zones
urbanisées mais aussi des zones boisées, soit des milieux non utilisés
par l’œdicnème. Cette tendance ne lui est pas favorable, toutefois, il
est vraisemblable que ce grignotage de la surface agricole utile se
fasse en périphérie des zones urbanisées qui sont généralement
peu utilisées par notre oiseau. Ce phénomène pourrait néanmoins
ponctuellement soustraire des zones favorables à l'espèce (moins de

5 couples concernés ?)

. Dégradation de son habitat

Evolution globale du couvert végétal

Les espaces semi-naturels fréquentés sont aussi menacés par
une certaine déprise et plus localement par la forte régression
des populations de lapins qui contenaient le développement de la

végétation.

Les dunes et les levées de galets ont été désertées par l'espèce au
cours des années 60 et 70. Les premières restent encore aujourd'hui
défavorables. La forte régression des populations de lapins et la
plantation systématique des espaces de dunes non arbustives en pins
puis en oyats ont contribué à fermer le milieu par densification de la
strate herbacée ou progression des surfaces arbustives, notamment
par l’Argousier Hippophae rhamnoides. Actuellement, la dynamique
naturelle crée un nouvel espace de dunes au nord de la Baie de
Somme. Il est d'une surface importante, de plus, il bénéficie d'une
protection réglementaire qui devrait le soustraire à la fréquentation
humaine. Ainsi, les perspectives de sa recolonisation sont réelles.
Quant aux zones de galets, elles ont été mitées de mares à huttes puis
de gravières qui ont réduit considérablement les surfaces les rendant

inutilisables par Pœdicnème.

Concernant le Camp militaire de Sissonne, nous avons évoqué dans

la partie précédente les perspectives d'évolution des habitats.

Au sujet des zones agricoles, comme nous l'avons indiqué, deux
points sont à examiner avec attention : l'évolution des surfaces en
jachères et celles des cultures à pousse tardive : ma'is, betteraves...

Les jachères sont menacées, décriées par les agriculteurs
conventionnels. Leurs surfaces ne devraient pas résister longtemps,
notamment si une période de réduction de la production mondiale
intervient ou si les agro-carburants sont développés. En 2005, elles
couvraient 62 900 ha et étaient en progression de 18,2 % par rapport
à 2004. Poussées par la Politique Agricole Commune, leur surface a
très largement progressé en une décennie. Elles ont en 2008/2009

quasiment disparu.

Par contre, il semble que la tendance d'évolution des cultures à
pousse tardive est la suivante :

- les surfaces en maïs ont progressé de plus de 18 % en une
décennie (1992/2002)

- celles de betteraves sont stables sur le même pas de temps

- celles des protéagineux accusent une baisse importante (-37

% (1993/2003)). Globalement de 1992 à 2002, c'est une perte d'au
moins 42 000 hectares (d'après (AGRESTE, 2007)).

Enfin, un autre facteur est à examiner : l'érosion des sols. Dans
les endroits où elle est intense, elle peut permettre l’affleurement
du substratum (la craie) et globalement en Picardie le phénomène

s'accentue sans qu'il soit possible d'en mesurer finement l'ampleur.

Implantation des champs d’éoliennes

Le développement de l'éolien va engendrer la construction de
nombreux parcs d'éoliennes, en particulier sur les espaces cultivés. Il
s'agit de parcs comprenant un nombre modeste de machines (4 à une

vingtaine) mais qui seront nombreux.

Comme toutes les espèces, l’Oedicnème criard peut subir les impacts
de ce type d'installation qui sont principalement:

- collision avec les mâts et pales ;

- perte de milieu induite par le caractère dérangeant et l'emprise
des mâts ;

- changement des modalités d'usage de ces sites.

Peu d'éléments sont disponibles sur l'impact des éoliennes sur
l'œdicnème criard. MERIDIONALIS (2005) qui a tenté d'évaluer la
sensibilité de différentes espèces aux champs d'éolienne a considéré
qu'il serait impacté de façon forte par la perte d'habitat induite et de
façon moyenne par le changement de comportement qu'induirait la
présence des machines. Concernant le risque de collision, il indique
que l'impact est inconnu. LEKUONA et URSUA (2007) ont noté
à peu de reprises l'espèce dans les champs d'éoliennes (<1% des
observations) qu'ils ont étudiés (n=13) et les individus n'ont pas été

observés dans une situation à risque ou morts.

Nous n'avons pas trouvé de références relatives à un constat d'impact
d'éoliennes sur notre oiseau. Toutefois, les effectifs annoncés du
nombre de projets de parcs nous conduisent à les considérer comme
un facteur menaçant. Dans la mesure où ces oiseaux sont sensibles
au dérangement, ce serait un minimum de 25 hectares d'espaces qui
seraient rendus défavorables par machine. La confrontation de la carte
des gisements éoliens (EQS & METRIS, non daté) et de la répartition

des couples montrent clairement des points de correspondance.

. Pesticides

Nous disposons de peu d'éléments sur ces produits qui peuvent avoir
deux effets principaux :
- réduire les populations des espèces proies ;

- contaminer l'oiseau et impacter sa physiologie.
En Picardie où la grande majorité de la surface agricole est traitée en

agriculture conventionnelle, l'espèce est soumise à ce facteur sans

qu'il soit possible d'en mesurer les effets directs ou indirects.

Page 39

Statut de l‘œdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

. Perturbation

L‘Oedicnème criard est apparemment sensible aux dérangements
induits par la fréquentation de ses sites de reproduction. Toutefois,
aucun élément précis n'est disponible sur les seuils supportés. La
tendance actuelle est plutôt à l'accroissement de la taille des parcelles
agricoles et à la réduction des linéaires de chemins. Alors que la
tendance générale va vers une réduction du nombre d'interventions de
travaux agricoles, le développement des loisirs notamment motorisés
(développement des quads ...) peut laisser craindre un accroissement
de la fréquentation de certains chemins. Il est plus a craindre quelques

problèmes ponctuels qu'un phénomène d'ampleur.

. Mortalité par braconnage

(tir, piégeage, empoisonnement volontaire).

Peu d'éléments d'informations permettent d'évaluer ce facteur qui
n'est sans doute pas à négliger. La Picardie est une terre de chasse,
plus de cinquante mille permis. De plus, l'espèce est encore présente
au début de la période de chasse en plaine. Toute mortalité sur des
effectifs aussi faibles et dans un contexte de régression généralisée de
la population peut être négative. Elle est un facteur à prendre compte

mais certainement de foyer secondaire.

. Prédation

L'oiseau est soumis à la prédation de multiples espèces mais nous
disposons de peu d'éléments. Il est difficile d'en apprécier l'impact réel
mais en première approche nous en ferons un facteur secondaire de

menace.

Enjeux et Objectifs

Il ressort de l'analyse précédente que nous sommes en face d'une
espèce qui est considérée comme menacée à échéance moyenne
et dont le statut de conservation est plutôt défavorable. En Picardie,
sa situation apparaît stable mais elle y est tout de même présente
avec des effectifs réduits. L'analyse des menaces montre qu'elle est
sensible et son avenir reste incertain car dépendant de l'usage des
terres agricoles. Sa vulnérabilité est accrue par plusieurs traits de sa
biologie et son écologie : recherche des conditions finalement rares

pour installer son nid, niche au sol, produit peu de jeunes à l'envol...

Dans une analyse globale et plus superficielle que celle proposée,
l'espèce est considérée comme moyennement prioritaire (référentiel
faune de Picardie). Elle est confirmée par notre analyse plus
approfondie. Ce niveau fait que sa situation ne nécessite pas de
mesures urgentes (à 5 ans) d'ampleur et rapidement efficaces.
Néanmoins sa situation européenne et nationale fait qu'il s'agit d'une
espèce qui mérite un suivi régulier, tout comme la prise de mesures
complémentaires qui peuvent garantir le maintien de la population
régionale.

Par ailleurs, l'œdicnéme est certainement un élément original de la

campagne picarde par sa silhouette, le mystère qu'il dégage mais

aussi son chant émis plutôt en fin de journée. Fascinant, il peut
susciter un certain intérêt de la part de la population et constituer un

des symboles de la biodiversité sauvage des zones agricoles.

3) Prescription de gestion ou les mesures à prendre pourtenter de
garantir la conservation de la population régionale d’œdicnème

criard

Il est proposé de déterminer les mesures qui permettront le maintien

de la population régionale soit entre 100 et 150 couples.

Quelques objectifs opérationnels

intégrer l'espèce dans les objectifs de conservation des
gestionnaires d'espaces et s'assurer qu'il soit pris en compte au
maximum des possibilités ;
développer et encourager les opérations à petit budget qui
contribueront à favoriser cet oiseau : information/sensibilisation des
intervenants sur l'espace rural (agriculteurs et chasseurs), intégration
dans les dispositifs favorisant une agriculture plus respectueuse de
l'environnement ;
intégrer l'œdicnéme (surtout qu'elle fait partie des espèces
prioritaires européennes) comme une des cibles « biodiversité >> des
mesures prises en faveur d'une agriculture plus respectueuse en
particulier dans les secteurs de plus fortes densités de l'espèce
. assurer un suivi régulier de la population avec un pas de temps
d'une décennie minimum. Dans le cas où les surfaces de culture

évolueraient rapidement, un nouveau recensement seraitjustifié.

Mesures plus concrètes à prendre

. Protection des sites et habitats

Il nous semble indispensable pour garantir le maintien des populations
que les zones de plus fortes concentrations puissent être classées
en Zones de Protection Spéciale. Ainsi, l'ensemble des interventions
majeures (du moins celles nécessitant une autorisation administrative)
pourraient faire l'objet d'une étude d'impact avec une prise de décision
en phase avec ses conclusions (notice d'incidence) et l'agriculture
pourrait bénéficier des appuis financiers mis en place par I'Union
Européenne et relayés par I'Etat. Un secteur du Sud Amiénois pourrait

en bénéficier.

Dans les secteurs de reproduction connus ou ceux en présentant
les principales caractéristiques zone agricole présentant des
affleurements de craie, l'ensemble des décisions qui encouragent la
construction ou l'imperméabilisation des zones sont à éviter. Il est
indispensable que les Schémas de Cohérence Territorial confirment
la vocation agricole des secteurs favorables (qui doivent être précisés
à cette occasion) et que les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU) les
intègrent. In fine, il s'agit de garantir le caractère inconstructible des

secteurs propices à l'espèce.

page 4o

Statut de l'œdicnéme Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

. Gestion des habitats

Les cultures

Elles sont actuellement un élément clé du maintien de l'espèce.
Cependant, leur gestion dépend de choix assurés par l'exploitant mais
aussi par l'Europe dans le cadre de la Politique Agricole Commune.
Les interventions locales s'avèrent donc limitées. Dans ce contexte,
elles devraient être portées sur la mise en place de zones non
cultivées au sein des cultures. Ces ex clos, qui pourraient faire environ
un hectare seraient gérés, notamment par des pratiques culturales et
la fauche. La régression programmée des surfaces de jachères devra
faire l'objet d'une étude d'impact sur la population et pourraitjustifier la

prise de mesures compensatoires.

Llmplantation des parcs d’éoliennes doit être étudiée avec sérieux
pour limiter leur impact sur la population régionale d’Œdicnèmes
criards. Elle devra être précédée d'une étude d'impact qui devra
prévoir les moyens suffisants pour mettre en évidence la présence de
couples de l'oiseau ou de dortoirs postnuptiaux : relevés réguliers en
avril/mai, notamment au crépuscule et visite en septembre/octobre. Ce
type de recherche devra être exigé sur l'ensemble des zones connues
où l'espèce niche mais d'une façon globale sur l'ensemble des zones
agricoles de la partie crayeuse de la région, plus particulièrement dans
les secteurs vallonnés ou en haut de versant de vallée. Les zones
sensibles correspondent actuellement aux 5 noyaux de population

précédemment décrits.

Dans le cas de la présence de couples, nous suggérons que les
espaces favorables, zone d'érosion des sols avec zone pierreuse, ne

fassent pas l'objet d'implantation.

Impliquer les acteurs ruraux dans la préservation de cette espèce

Il est essentiel de faire connaître l'espèce au monde agricole
et l'encourager à assurer sa conservation de façon autonome,
notamment en évitant d'écraser les œufs lors des travaux agricoles.
Ce travail de sensibilisation pourrait se faire au moyen de plaquettes
et interventions, lors de réunions ciblées dans les secteurs à plus
fortes densités. Dans le cas d'une baisse importante de la population
régionale, le repérage des nids et leur signalement pour marquage
au sol, pourraient être encouragés. En Grande-Bretagne, ce type de

mesure a permis d'amener 37 % de jeunes de plus à l'envol.

Suivi de la population régionale

Elle doit être axée sur la population nicheuse et plus particulièrement
le recensement des couples nicheurs. L'idéal serait qu'il soit organisé
au cours d'une même saison. Il est vraisemblable que le cumul couple/
site sur plusieurs années induise une surestimation des effectifs car
l'installation des couples est conditionnée par la présence de culture
à pousse tardive et d'un sol caillouteux et crayeux, et donc contrainte

par la rotation des cultures.

Le pas de temps entre deux recensements régionaux est à caler
en fonction de l'élaboration de la Liste d'espèces menacées soit

au minimum une décennie. Durant la décennie qui précède le

recensement régional des couples, nous préconisons de consacrer
quelques soirées chaque année a rechercher l'espèce avec 3

objectifs :

- découvrir de nouveaux territoires/couples en prospectant en priorité
les zones qui sont a priori favorables et qui n'ont pas été visitées
jusqu'à présent: Nord de Péronne, Vermandois... ;

- contrôler périodiquement, au minimum à deux reprises durant la
décennie, l'occupation des territoires connus ;

- rechercher et dénombrer annuellement les dortoirs en y assurant un
minimum de deux passages, un avant l'ouverture de la chasse autour

de la mi-septembre et un autre plus tard, vers la mi-octobre.

Cette phase pourrait se faire avec l'appui d'observateurs pas forcément

chevronnés, l'espèce étant facile a déterminer.

L'ensemble de ces informations devra être accumulé dans une base
de données jusqu'au recensement régional. Pour l'organisation de
ce dernier, il en sera tiré l'ensemble des territoires (commune, lieu-
dit voir coordonnées) qui devront être contrôlés lors de la saison
du recensement. Ce contrôle devra être complété par des séances
plus prospectives consacrées à la recherche de nouveaux couples,
surtout si précédemment les zones jugées favorables n'ont pu être
prospectées. Pour cela, un plan de prospection pourra être établi
en superposant la carte géologique, la carte topographique et la
cartographie des territoires/couples connus de façon à cerner les
lacunes qui seront les espaces d'affleurement de la craie présentant
un certain dénivelé. Ces secteurs pourront être ensuite confiés a des

observateurs pour prospection.

Concernant la méthode de recherche, nous proposons de suivre celle

utilisée pour le recensement de 2004/2005.

Deux méthodes avaient été utilisées pour repérer et dénombrer les

individus :

Le balayage aux jumelles, qui consiste en une prospection exhaustive
de l'ensemble des labours et des zones à végétation rase (cultures et
prairies) en passant sur la totalité des routes et chemins du secteur
à prospecter en voiture ou à vélo,. Dès qu'une parcelle favorable est
présente (sol à nu, substrat caillouteux...), un arrêt doit permettre de

balayer aux jumelles la parcelle.

La période idéale pour cette méthode de recherche se situe en début
de période de reproduction : avril et mai. Il s'agit d'un compromis entre
les arrivées des oiseaux, les dates de pontes et la vitesse de croissance
des cultures (en effet, quand les cultures de printemps dépassent 10
cm, la détection des couveurs ou oiseaux couchés devient ardue). Elle
s'effectue durant la journée, en évitant les premières heures du matin
(éviter les 2 h suivant le lever du soleil) et les dernières de la soirée,
car a ces heures les oiseaux s'alimentent, généralement en dehors de
leur parcelle de ponte. De plus, cette recherche s'effectue par beau
temps en évitant le créneau autour de midi à cause des brumes de

chaleur.

page 41

Statut de l‘œdicnèmé Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardié

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Le balayage doit être assuré à vitesse constante et rapide (par exemple,
un balayage à 180° sur une parcelle en labour devait prendre entre
30 secondes et 1 minute). L'observateur doit respecter ces temps
standards. Les couples et oiseaux seuls ont été différenciés. Cette
méthode de recherche dite du « balayage sur labours « a conduit

immanquablement à rater un certain nombre de couples.

La Repasse consiste a passer, au moyen d'un magnétophone, le chant
de l'oiseau auquel les oiseaux proches vont répondre en se manifestant
(chant, vol...). Cette méthode est utilisée préférentiellement durant
toute la saison entre 1 heure avant le coucher du soleil et une heure
après (soit deux heures par soirée). Dans ce cas, chaque point est
échantillonné durant 5 minutes : 2 minutes d'écoute avant repasse, 1

minute de repasse, 2 minutes d'écoute après repasse.

En fait, il conviendrait d'user des deux méthodes de façon
complémentaire, la repasse permettant de repérer les couples, plutôt
en fin de journée mais aussi dans la journée avant les éclosions
et la recherche visuelle permettant de les localiser et donc de les
dénombrer avec plus de fiabilité. Ne pas se contenter d'un seul
contact auditif est d'autant plus nécessaire que les nids peuvent être
installés relativement prêts les uns des autres et que des individus non
nicheurs peuvent se joindre à un couple qui l'est. Aussi, il est certain
que l'objectif du recensement régional décennal serait de dénombrer
les couples nicheurs (couveur). Il devrait être alors conduit sur une
période courte en début de saison certainement deuxième quinzaine

d'avril.

Pour les secteurs à plus forte densité, l'organisation de dénombrements
concertés sera profitable voire indispensable vu la mobilité des oiseaux.
Ils consisteront, après avoir rassemblé quelques observateurs motivés
en fin de journée à les répartir sur des secteurs où les couples sont
assez rapprochés : Camp militaire de Sissonne (02), versant de la
Vallée de la Nièvre (80), Nord de Gournay-sur-Aronde (60)... Ensuite,

la même méthode de recherche sera appliquée.

Chaque observation de couple nicheur, au minimum nicheur probable,
devra faire l'objet d'une description de la zone de stationnement et de
la zone d'implantation du nid. De façon systématique, nous proposons
que soient relevés un certain nombre de paramètres : commune,
lieu-dit, coordonnées pour le nid, le type de culture, date, effectif,

comportement du ou des oiseaux, avancement de la reproduction...

4) Remerciements

Je tiens a remercier Frédéric BLIN, Françoise DELCOURT et Jean

Marie THIERY pour la relecture du manuscrit et leurs suggestions.

5) Bibliographie

. AGRESTE (2007) Le panorama du monde agricole, forestier et agro-

alimentaire. édition 2006, résultats 2005.

. BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004) Birds in Europe :

estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife

population

International. (BirdLife International Conservation Series N°12°

. EQS & METRIS (non daté) L'éolien en Picardie. ADEME, CRP. 23p.

. GAVORY, L. & COUVREUR, B. (2009) L'œdicnème criard Burhinus
œdicnemus en Picardie en 2004/2005 : effectifs et répartition des
couples nicheurs et des stationnements postnuptiaux, analyse.

Picardie Nature, doc. Multicop.

.GAVORY, L. (2009a) Statut de l'œdicnéme criard Burhinus œdicnemus
en Picardie : synthèse et analyse des données disponibles (1758 à
2005). Picardie Nature, doc. Multicop.

. GAVORY, L. (2009b) Eléments sur l'écologie et la biologie de
l'œdicnème criard Burhinus œdicnemus en période de reproduction en
Picardie : présentation et analyse des données 2005 et synthèse des

informations régionales disponibles. Picardie Nature, doc. Multicop.

. IFEN (2005) L'érosion des sols un phénomène à surveiller. Lettre

thématique mensuelle de I'IFEN. 4p.

. LEKUONA, J.M., & URSUA, C., (2007)Avian mortality in wind power

plants of Navarra (Northern spain)

MALVAUD, F. (1996) L’œdicnème criard en France. Groupe
Ornithologique Normand, Colombelles. 140 p.

. MALVAUD, F (1999). œdicnème criard Burhinus œdicnemus. Pp. —
in ROCAMORA, G. & YEATMAN-BERTHELOT, D. (1999). Oiseaux
menacés et à surveiller en France. Société d’Etudes Ornithologiques

de France et la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 560 p.

. ROCAMORA, G. & YEATMAN-BERTHELOT, D. (1999). Oiseaux
menacés et à surveiller en France. Société d’Etudes Ornithologiques

de France et la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 560 p.

WEATLANDS INTERNATIONAL (2006) Waterbirds Population
Estimates - Fourth Edition. Weatlands International, Wageningen, The

Netherlands.

. MERIDIONALIS (2005) Réactualisation et complément de I'AtIas
régional éolien, réalisé en 2000, concernant les données sur l'avifaune.
DIREN Languedoc Roussillon. doc. pdf. 25p

page 42
Statut de l'œdicnéme Criard Burhinus œdicnemus en Picardie : éléments préliminaires pour la conservation de l'espèce en Picardie
Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009

Annexe 1 : Liste des facteurs connus pour impacter les populations
d’Oedicnème criard d’après VAUGHAN & VAUGHAN-JENNINGS

(2005) et MALVAUD (1999)

Perte d’habitat, du fait de la progression des surfaces
imperméabilisées : route, parking, habitation, industrie...

Dégradation de l’habitat : disparition des jachères, déprise induite
par différents facteurs : déclin des populations de lapin, déclin
des activités de pâturage... ; évolution des pratiques agricoles :
intensification ; évolution de l’assolement ; recours aux céréales
d’hiver dont la poussée hâtive au printemps empêche Pinstallation des
couples, irrigation
. Pesticides entraînant la réduction des proies, voire contaminant les
oiseaux
. Perturbation par véhicule et chien
. Chasse et tirs d’individus adultes

Evenements météorologiques intenses : neige, averses de grêle,
pluies torrentielles
. Abandon de la couvée suite à la pousse de la végétation
.Ecrasement des œufs et des pullis par le bétail et les engins agricoles
(labourage, hersage...)

. Prédation. Elle a un impact réel sur les œufs et pullis.

En Espagne, sur 60 nids, 16 ont été prédatés par le renard, 3
probablement par Corneille. L'impact est plus important avant la mi-
mai (71,43 %), qu’après (22,73 %). Toujours dans ce pays, c'est 45,5
% des nids qui ont été prédatés par des oiseaux, Milans et Corvidés
pour 57,1 %, renards et blaireaux avec 37,1% et 5,7 % pour les

serpents.

page 43

Statut de Fœdicnème Criard Burhinus œdicnemus en Picardie zéléments préliminaires pour la conservation de |’espèce en Picardie

Observatoire Faune - Picardie Nature - Février 2009