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199 17 gouet, comestible gouet comestible
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SCIENCES PHYSIQUES.
M E M O I R E
SUR LES vmzruas NUMÉRIQUES DES NOTES DE LA GAMME
Par M. Demznuun.
:6 mms I897«
ON a écrit en France, depuis un demi·sièc1e, un grand
nombre de bons traités, véritablement élémentaires , sur
toutes les branches de nos connaissances. L’instruction en
est devenue plus générale, plus rapide et plus facile.
Uenseignement c'cr12 de la musique est seul resté statioir-
naire, ou plutôt, et sans excepter Pouvrage de d’Alembert,
il n’existait en France , avant 1818, aucun livre et peut-être
même aucune école où la musique fût méthodiquement
enseignée. Le plus aimable des arts se communiquait par
tradition , par imitation; on posait les règles, ou plutôt
on les imposait sans en rendre raison. On avait quelques
principes que Pon présentait en masse dans les solféges,
au lieu de les amener un à un pa1· une gradation logique
adroitement ménagée, et en ne supposant au_ lecteur ou
à l’élève d’autres connaissances que celles précédemment
acquises. En un mot, la pratique et Penseignement de la
musique étaient une routine presqufaveugle de laquelle on
ne voulait plus so1·tir quand on avait eu la force d’y
pénétrer malgré les obstacles. Il n’en sera plus de `même ·
à l’avenir , du moins il faut l’espérer, et l’c.z·posz7ion rl’une
nouvelle mëlhode p0url’e1zse1},rnenze1zt de la musique, publiée
en 1818 par Calin , promet à cet égard la plus heureuse

" ( 2 )
révolution. Cet excellent ouvrage, très—bien développé par
M. Geslin et par M. Jue , a fait sortir enfin la musique des
routes ténébreuses où elle se traînait péniblement.'Son
étude , éclairée du flambeau de la raison, dirigée à travers
les premières difficultés pa1· le guide toujours sûr de
l’analyse, est devenue enfin accessible à toutes les intelli-
gencesF,·et Penfance elle-même peut arriver'au but en
peu de temps. Calin n’a joui que de son bienfait; il est
mort à l’âge de 36 ans, avant que la reconnaissance
publique ait pu se manifester par Padoption générale de
son mode d’enseignement. Mais son ouvrage reste; ses
habiles commentateurs ne sont point restés au—dess0us de
leur maître, et tout fait présumer que la musique sera
cultivée en France aussi généralement qu’elle l’est en '
Allemagne et en Italie. Je considère le livre de Calin
comme la base , ou au moins comme le point de départ
de ceux qu’on écrira à l’avenir. Il est difücile en effet de
rien concevoir de plus simple et de mieux raisonné. Si
je ne me trompe point sur son influence actuelle et future
dans Penseignement raisonné de l7art»musical , il arrivera
que les erreurs, s’il en renferme, se propageront à la
‘faveur du grand nomb1·e de vérités qui les entoure `: le
chef de l’école sera loug—temps cru sur parole. Or, en
lisant attentivement Galin pour ma propre instruction,
j’ai cru remarquer une erreur; et bien qu"elle ne puisse
avoir une influence marquée sur les résultats, il suffit,
pour moi, que ce soit une erreur, pour que je me basarde
à la signaler. Si l’erreur est de,mon côté, je la partage
avec un grandnombre de physiciens. Ils y renonceront
avec imoi si l’ou veut bien prendre la peine de nous la
rendre évidente. Après ces loyales déclarations pour ce
qui me regarde, j'espère qu’on·ne se méprendra ni sur _
le ton sec et doctoral que je crois devoir prendre pour

( 3 ) '
abréger, ni sur mes motifs, ni sur mon véritable but:
je ne cherche que la vérité.
Voici le fait dont il s’agit:
Partout, dans sa méthode, Galin atiirme que les inter-
valles de même espèce entre les sons de la gamme sont
parfaitement égaux. Il déduit même ce résultat de compa-
raisons fort ingénieusement conduites entre ces sons.
Cependant, depuis Pythagore et Ptolemée, tous les phy-
siciens, tous les auteurs d’ac0ustique pure ou appliquée
à la musique, admettent Pinégalité d’ut à ré, de ré à
mi, etc. La différence, quoique légère, est sensible à ,
toute oreille exercée. Néanmoins pour la plus grande »
facilité de Pinstruction , pour ne point accumuler mal-
à-propos les difiicultés, on peut, sans inconvéniens,
admettre Pégalité en question; mais à la condition,
qu’arrivé à une certaine hauteur, on revienne sur ses
pas pour mieux vérifier ces premiers produits de l’obser-
vation et se ménager ainsi les moyens de rendre raison
de certains faits qui resteraient sans cela inexplicables.
Ce n’est point ce qu’a fait Galin. Non-seulement il persiste
dans cette erreur , mais encore il cherche à l’étayer de
calculs , nécessairement faux s’ils reposent sur des données
inexactes. Calin 1·emet donc en question, avec toute la
force de son autorité, la vérité des résultats adoptés
depuis des siècles. Il nie formellement que nous ayons
la connaissance exacte des longueurs des cordes qui rendent
les sons de la gamme. Aux résultats formellement niés il
oppose, page 80, une expérience qu’il promet pour la
suite, puis, à la page 162, il semble Pinvoquer sans '
l’avoir donnée; mais il se borne à en olfrir le résultat
comme une pure hypothèse. ` _
_ Je n’imiterai pas cette manière de discuter dont le reste,
de Youvrage de Calin est d’ailleurs parfaitement pur. A

( 4 )
des assertions et des hypothèses je tacberai de répondre
par le raisonnement aidé de Pexpérience. Entrous en
matière.
Deux cordes absolument eîgales en tout pom! donnent
`deux ·sons identiques : c’est l’unisson absolu. Cela est
pa1· trop évident.
De longs fragmens rl’une même corde métallique , coupés
è la même longueur, ont été trouvés de poids égaux, ce
qui annonce Puniformité de leur diamètre et de leur
densité. L’un d’eux, adapté à un sonomètre, 1·end l’octave
grave du si sur la quatrième corde du violoncelle accordé
sur le diapason d’acier. La longueur entre les cbevalets
fixes est exactenzenz de 1147 millimètres; elle fait donc _
120 vibrations en une seconde. Sous le milieu juste, exact,
de cette corde, je place un chevalet mobile qui, la tou-
chant à peine , n’en augmente point la tension; elle est
pressée sur l’arète aiguë de ce chevalet par une autre arète
aiguë. Tout étant parfaitement égal de chaque côté, je
fais résonner soit alternativement, soit simultanément, les
deux moitiés au moyen d’une peau Hexible passée dans
des tuyaux de plume. On fait ainsi vibrer les deux cordes
par un léger contact suliisant pour obtenir des sons peu
intenses, et c’est à des distances égales du milieu qu’o11
opère. Par ces précautions et beaucoup d’autres relatives
aux mesures et que j’omets pour abréger, ·on obtient des '
sons dont l'identité évidente pour l’esprit l’est aussi pour
l'oreille. Mais si l’on déplace le chevalet mobile de deux
millimètres à droite ou à gauche, la différence devient
· sensible aux oreilles les moins exercées, ainsi que je m’en
suis assuré sur plusieurs personnes. Si le déplacement du
chevalet n’est que d’un millimètre, il faut avoir l’o1·eille
assez délicate pour s’eu apercevoir immédiatement. La
personne soumise à cette épreuve fermé les yeux, soit

( 5 )
pour n’être pas distraite par les objets environons, soit
pour ignorer les déplacemeus feints ou’réels du chevalet
et éviter ainsi de se prévenir dans le sens du changement
qu’elle verrait opérer. Une oreille très-délicate est donc
sensible à cette légère ditt`érence. Admettons que,ce soit
la limite extrême de- la sensibilité de Foreille humaine,
et calculons les rapports entre ces deux sons si peu dif-
férens. Nous aurons
ï + 1 — 1149 — 81 ¤«$8¤7
%fi— 1 — 1145 —  
L’oreille la mieux organisée est donc sensible à une
différence de 4 vibrations sur 1149 ll ,
Pour comparer cet intervalle à celui représenté par le
comma connu §%, et que nous prendrons partout pour
11nité, nous dirons que l’o1·eille est à peine sensible à
un quart de ce comma, sur l’unisson.
Nous avons vu qu’un déplacement dela millimètres
était sensible aux personnes qui 11’avaie11t jamais essayé
de comparer des sons. No11s trouvons, pour les sons ainsi
comparés, l7ll”ll8l‘V3.llC
É -0- 2 _ 1151 _ 81 \¤»56¤
-%-2 — 1143 _  
Ces personnes là sont donc sensibles à une différence
de 8 vibrations- sur 1151, ou à un intervalle 11n peu
supérieur au demi-comma.
On peut donc atlirmer que toutes les oreilles sont sen-
sibles à un intervalle d’un comma entier, quand elles
comparent deux sons voisins de l’unisson et qu’elles les
entendent résonner alternatzbement. Je dis alternativement
parce que, dans la comparaison des sons simultanés,
l’o1·eille tolère de plus grandes dilïérenccs. L’erreur est
I

( 6 )
sensible pour un déplacement de Éumillimètres dans le
chevalet, ce qui répond à· 0,84 de comma. A 4 milli-
mètres elle est plus qu’évidente, et répond à 1 comma
et 12 centièmes. '
Il résulte de ces expériences, qn’un intervalle d’un
comma entre deux sons que l’on compare, est très—cer—
tainement appréciable et ne peut être négligé, au moins
sur des sons présentés comme égaux.
Il semble, d‘après ce résultat, que dans les comparaisons
faites sur les sons, dans la méthode de Galin, on devrait
s’apercevoir d’une dilïérence d’nn comma entre les inter- `
valles d’ut à ré et de ré à mi, si cette diiïérence existait
comme les physiciens le prétendent. 011 trouverait de
même les deux tétracordes
ut ré mi fa `
sol la si zut
inégaux, tandis que Pexpérience faite dans les cours n’y
laisse pas apercevoir la moindre différence. , _
Cette conclusion déduite de mes expériences ne serait
pourtant pas légitime. En eiïet, l’oreille n’est sensible
à l’intervalle du comma ë qu’autant qu’on lui donne à
juger deux sons invariables qu’on peut reproduire à
volonté; encore faut-il que leur répétition alternative soit
fréquente et rapprochée. ~Mais si l’on chante d’ab0rd ut
ré mi fa, puis sol la si 2 ut, en prenant même le sol
à l’unisson d’ut, il sera impossible de sentir les diltérences
en question , car les conditions exigées pour mettre l’oreillc
en état de bien juge1· du comma ne sont pas remplies, et
si même ces diiïérences , dont Calin nie Pexistence, étaient
doubles, il est fort douteux que ce mode de comparaison ·
soit propre à les mettre en évidence. ., i

( 7 )
Passons à l'octave. La corde A B
A lc B
de 1 I47 millimètres a été divisée au point C en deux parties
telles que CI} est rigoureusement le double de CA. Je;
fais vibrer CB et j’en chante l’unisson. Pendant que je
continue à faire vib1·er C B , je chante ut, mi, sol, 2 ut,
2 ut, 2 ut, .... et je tiens cet ut octave pendant que je
vais vibrer C A. L’unisson est parfait. L’0ctave me paraît
encore excellente, rigoureuse, si je fais vibrer alterna-
tivement ou simultanément, et sans chanter, les deux
iparties AC, CB de la corde, à l’aide de deux plumes
armées de peau, enfoncées dans les trous d’un morceau
de bois , et convenablement éloignées l’une de Yautre. Je
répète ensuite Pexpérience dans tous ses détails après avoir
reculé le chevalet d’ut1 millimètre vers A. L’erreur est
alors évidente; mais elle est moins sensible dans la simul-
tanéité des sons.
L’erreur est moins sensible quand le chevalet recule
d’autant vers la droite. Cela doit être. La corde CA
n’étant que la moitié de Cl}, une faible réduction sur
sa longueur amène une différence très—grande dans le son
qu’elle produit. Au contraire, la corde CB étant plus
longue, doit être raccourcie d’une plus grande quantité
pour faire sentir la même erreur.
J’ai fait un assez bon nombre cl’expériences pour
apprécier la sensibilité de l’oreille dans des circonstances
variées. Je ue rapporte ici, et sans développement, que I
celles qui ont trait au but que je me propose. J’en ferai
le sujet d’un mémoire que faurai l’l1om1eur de présenter
à la société, quand j’aurai accumulé plus de faits et
expérimenté sur un plus graud`nombre d’individus pris
dans toutes les classes. 4

( 8 )
Uexpérience précédente prouve que l’oreille est sensible
à une erreur d’un tiers de comma faite sur un intervalle
d‘octave. En elïet', on a
Q- 1-147 -•- 1 81 ¤»3¤
·-ï——————- = 2 X -—
+ 1147 — 1 ( 80 )·
Je divise ensuite la corde en deux parties telles que
CB soit à C·A comme 3 est à 2, et je place le chevalet
au point de division C. Je fais résonner continuellement
CD pendant que je chante ut, mi, sol, zut; zut,
sol , sol , sol. . . Je compare ce sol au son rendu par A C,
et j’ai Pnnisson parfait. Or, il est reconnu par tous les
praticiens, et par Calin lui-même, que tout le monde
a ou peut acquérir la faculté de chanter juste les notes
ut, mi, sol, zut; 2 ut, sol, mi, ut, de l’accord parfait.
Mais ici il n’est même pas utile d’avoir recours à Pinto-
nation. Les cordes CB, AC entendues ensemble ou sépa-
rément ne —laissent aucune incertitude sur l’accord de la
quinte. Le chevalet déplacé de moins d"un demi-milli-
mètre laisse de suite apercevoir la différence. J’insisterai V
sur ce point parce qu’il est capital. H
Pour mieux me mettre à l’abri de toute prévention ,
j’ai fait un grand nombre de fois Pexpérience suivante
pendant le silence de la nuit. Une lumière est éloignée
et me laisse voir à peine les mouvemens du chevalet,
marqués par un index qui glisse le long d’un double
décimètre dont les divisions sont absolument illisibles à
une si. faible lumière. Je fais résonner les deux cordes
à la fois ou séparément, et je tatonne jusqu’à ce que
l’accord me paraisse bien pur. Lorsque j’en suis content,
j’approche la lumière pour lire la division correspondante
à llindex; je le trouve très—souvent au point précis de
division. Je n’ai jamais trouvé un millimètre d’erreur,

( 9 )
bien que j’eusse soin de faire préalablement mouvoir le
chevalet à droite et à gauche pour me mettre tout—à-fait
dans Pignorance de sa position avant de faire vibrer les
cordes. J’ai trouvé le chevalet un peu plus souvent à
droite du point C qu’à gauche, et, dans ce dernier cas,
sa distance au point C était toujours plus petite qu’à '
droite. Cette circonstance serait favorable à l’opinion de
Calin , sur la valeur du rapport de quinte, si elle n’était
complètement expliquée par ce que j'ai dit page 7 , rela-
tivement à l’octave.
MM. Rebier, Baumann , Laurent, Delannoy, qui ont
la juste réputation d’avoir l’oreille extrêmement délicate
et juste, se sont prêtés à cette expérience. Plusieurs per-
sonnes absolument étrangères à la théorie et à la pratique
de la musique, parmi lesquelles je citerai le docteur
Chamberet, notre collègue, ont bien voulu se soumettre
aussi à Pépreuve. Toutes fermaient les yeux ou les détour-
naient alin de ne pas voir les mouvemens que je donnais
au chevalet pour dérouter leur oreille. Jamais je n’ai pu
tromper les artistes de plus d’un demi—millimètre. Les
autres déclaraient s’apercevoir du changement au moment
où le` chevalet était reculé au plus d’un millimètre vers
la droite. D’après cela nous devons conclure que l’oreille
d’un habile artiste est sensible à une erreur de quinze
centièmes de comma sur l’accord ou consonnance de
quinte, car on a A
+ 1147 — É- _ 3 80 ¤«!46!
-§- II47 -1--% T T  
Quant aux autres personnes, elles étaient sensibles à
trois dixièmes de comma sur cette consonuauce, car
è 1147 — 1 __ 3 So ¤«29î
-% 1147 -1- 1 — î  

· ( 10 )
Le rapport de quinte adopté par Galin, d’après son
hypothèse, est celui de Jîà 1. Comparons-le de
même à É-, nous aurons
·¢1___ 3 80 0,25ot
*/5 = î  
ou seulement un quart de comma. ·
On voit donc qu’nne oreille non exercée peut, dans
. des circonstances favorables , être sensible à l’erreur sur
la quinte qui résulte de Phypothèse de Galin , et que cette
erreur n’est point tolérée par l’oreille d’un artiste habile.
Ce qu’il y a de remarquable en ceci, c’cst que l’oreille
est excessivement exigeante sur la justesse de Paccord ou
consonnance de quinte, tandis qu’elle souffre de plus
grandes erreurs, quoique toujours très-faibles , sur l’uniss011
et sur Poctave. C’cst sans doute là une des raisons pour
lesquelles on accorde par quintes les instrumens à archet.
L’intervalle f pour la tierce majeure n"est point abso-
lument repoussé par Galin. L’expérience souvent répétée
et variée m’a rarement donné 2 millimètres d’er1·eur. Il
m’est souvent arrivé , au contraire, de trouver le chevalet
r au point de division. Cette consonnance est beaucoup
moins tranchée que celle de quinte, sans doute parce
qu’elle se rapproche davantage de l’unisson. Il faut une
attention soutenue pour la bien saisir.
Accordons cependant un mouvement d’un millimètre
vers la gauche. On aura ainsi, par l’erreur inaperçue,
% II47 -r- 1 _ 5 S1, 0-284
$1147-1 `î(É`)? `
c’est—a—dire un peu plus d’un quart de comma.
Ces expêriencesque iyàïfêtü ici, exigent ,` pour être

( M r)
bien faites, des soins minutieux. Une même corde donne
des sons qui peuvent paraître ditïérens s’ils sont d’inten—
sités inégales. Le point où 1’on pince la corde n’est pas
du tout indifférent, ainsi qu’on peut s’en assurer, par
exemple, sur la quatrième corde d’un violoncelle. Pincée
à son milieu précis , puis à un pouce de ce milieu, elle
donne des sons évidemment diiïérens (a). Hacléc perpen-
diculairement par son milieu , elle suit les mouvemens de
l’archet sans rendre aucun son. Ce fait remarquable s"est
offert à la suite de la pensée, qui se présente tout natu-
1·ellement, que pour rendre tout égal il fallait toucher
les cordes, dont je voulais comparer les sons , par leur
milieu exact. Tai reconnu ensuite qu’il convient de l’ex—
citer entre un nfœud et un ventre de vibration.
Il résulte des faits ci-dessus que l’oreillc, mise dans
les circonstances les plus favorables, est à·peu—près insen-
sible à une erreur d’un quart du comme   mais que,' t
dans les mêmes circonstances, elle reconnaît très-bien
Pexistence d"une erreur portée à`un comma entier.
Dans ces expériences, les erreurs insensibles à l’oreille
ont lieu dans les deux sens opposés. Si la corde est divisée
en deux parties très-inégales, comme pour chercher la
consonnancc de quinte ou d'octave, le déplacement du
chevalet peut s’étendre plus loin du côté dc la plus grande ·
partie, et proportionnellement moins loin' du côté de la
 
(cz) Le son qui·résulte des vibrations de la corde métallique du sono-
mètre, pincée E1 son milieu iusle, est présquïnsaisissable. Il est eommc ·
un mélange de sons diiférens et distincts que Foreille saisit et abandonne
tour·â-tour quand on en cherche l’unisson sur une liasse. Celui qui domine
le plus ou qu’on saisit le moins mal est à-peu-près l'oetave de l’ut dièse, `
l’ut grave étant donné par la corde entière; mais le résultat varie avec
le dianiètre , la tension et la nature de la corde. Ce phénomène mérite
d’êne étudié.

( 12 )
plus petite. Cette observation est certaine pour l’octave
et la quinte. Peut-on éviter d’en conclure que la position
précise du point réel de division est exactement déter-
minée par les nombres fractionnaires adoptés depuis si
long-temps , nombres que l’on a sans doute cherché mille
~ fois à vérifier ou à trouver en défaut?
Il est de p1·incipe reçu et évident pour tous ceux qui
mettent la main à l’œuvre, que jamais les expériences ,
les mieux faites ne donnent des résultats mathématiquement
identiques quand on les répète plusieurs fois sans rien
changée en apparence aux circonstances de l’opération.
Onitrouve des nombres qui tournent autour du véritable
en s’eu écartant plus ou moins, selon les plus ou moins
heureuses combinaisons de moyens et d’appareils. Si le
terme moyen entre tous ceux ainsi obtenus est très-voisin
d’un nombre entier ou d’une fraction très-simple, n’est-il
pas trës—probable que ce nombre est celui que la nature
a adopté? S’il fallait renoncer à cette manière de rai-
sonner, il t`audrait renoncer aussi à toutes les lois adoptées
en chimie, en physique, en astronomie, en mécanique.
Il est évident aussi, pour tous ceux qui se livrent à l’étude
des sciences, que la nature emploie toujours et partout
les moyens les plus simples, les plus symét1·iques, les
plus économiques dans la production de ses effets. On
est forcé d’admettre le principe de la plus grande sim-
plicité pour les cordes, qui donnent l’unisson, car il a
toute Pévidence d’un axiome, bien que l’0reille ne le
justifie pas d’une manière absolue, attendu que sa déli-
catesse n’est pas infinie. Le rapport dc 2 à 1 est certai-
nement le plus simple après celui de 1 à 1 ; il est admis
sans réserve pour l’octavc, et cependant Pexpérieuce ne
le donne pasjirrévocablement. A-t-on pou1· cela le droit
de substituer une hypothèse En ce qu’elle indique si

_ É
( 13 )
puissamment, toute imparfaite qu’elle est? A·t-on le droit
de prétendre, par exemple, que le rapport d’octave n’est
point exprimé par :4, mais bien par  E: 2,0004343
Il serait impossible de prouver par expérience la fausseté
de cette prétention , ont plutôt Pexpérience viendrait l’ap-
pnyer; mais comme elle appuierait également tout autre _
rapport aussi peu différent de 2 , il s’ensuivrait qu’on
aurait à choisir entre une infinité de nombres. Il n’y a
de ressource contre un pareil cahos que dans le principe
de la plus grande `simplicité.
Après le rapport de 2 à x , ,le plus simple est celui de
3 à 1. Les raisonnernens `précédens s’y appliquent mot â.
mot, avec cette légère différence que ce rapport étant
moins simple, n’est pas aussi évidemment celui choisi
par la nature. On est ainsi averti de ne pas abuser du  
principe de la plus grande simplicité; mais comme ici
on ne peut prendre de détermination sans y av0ir,recours,
on est forcé encore de Padopter. L’intervalle § pour la
quinte étant plus fortement indiqué par Yexpérience jointe
au principe, que tout autre qui en diffère assez pen pour
qn’on ne puisse pas en rendre l’erreur évidente, mérite
par cela même la préférence, d’autant plus que l’expé-
rience parle en sa faveur plushaut que pour Punisson
sur lequel pourtant personne, n'oserait élever un doute.
Si l’on_ admet É- pour Piutervalle de la quinte, il faut l
admettre % pour celui de la quarte, car elle n’est que ia
quinte grave_du son fondamental. Je me suis d’ailleurs
assuré par ,l’expérience que l’oreille__ne,tolère pas sur lui
une erreur plus grande qu’un _tiers de comma. _
En _abondant dans le sens de Galin et sans m’écarter
du principe de simplicité , fotfrjirai plus bas une gamme
peut-être plus séduisante que la sienne, et dans laquelle
. 2 '

( ~4 )
le mi serait représenté par
ty _ 81 F 5l Sr _
·· . i i `rïf Z î ’ï=
mais l’0reille ne tolérant pas sa comma d’erreur sur le
rapport ‘de tieruceniajeure, 'il faut absolument rejeter
cette gamme. *L’hypothèse de Galin conduit à un mi
représenté par ' î` 'F '   ·` M  
h 3x___ 5 8l 0,036 _
'/“ r î (TJ)-, A 1
La diiïérence avec'§ est si petite, qAu’elle est tout-à-
fait insensible à l’oireille ;_rnais aussi quelle complication!
On he saurait reconnaître là les lois de la nature. ` i
Ainsi j’adopte l’intervalle Qlpour la tierce majeure},
* parce qu’i[ est adopté par' Galin, parce qu’il est puis;
samment indiqué' par Pexpérieuce, malgré ses erreurs
inévitables, et parce qu’il obéit au principe de ·la plus
grande simplicité. Je repousse le rapport commensurable
§§, parce que ¢1’expérience le repousse elle-même; enllîu
je n’accepte pas le rapport«;-1Ãîà cause de son excessive
complication , bien que Pexpérieuce ne puisse pas décider
la question, `et parce qu’on peut en présenter une foule
d’autres`qui, aux mêmes titres, mériteraient la préférence.
Pour examiner le rapport Q de la sixte majeure, j’ai
divisé la corde en deux parties dans le rapport de 5 à` S.
Pai fait vibrer ila~plus grande en chantant l’unisson,
puis m’éleva'nt parrintonation jusqu’au la, ·j’ai toujours
obtenu l"unisson sur l’autre partie , sans pouvoir yrecon- \4
naître d’er1·eur. Si'je recommence en reculant le chevalet
d’un millimètre vers la gauche, ou de 1,5 vers la- droite,
l’erreur devient sensible. En-faisant vibrer les deux cordes .

( 15 )
à la fois , j’ai à t1ès—peu près les mêmes limites ·d’erreur.
Ces erreurs en sens contraires etauxquelles ·l’oreille est
sensible, sont donc . · r. -~ ~
§· ix47   1. — 5 (·8lM>°·A2É)9 i- I V _
%¤47—¤î`3·.,,8¤ À r  
-§— 1147 —- 1,5, 54· ( 80 )¤`Ã4¤ *
Bt T--- 2 - —-··
_—, 1147 + 1,5 3 81 ·
L’0reille ne peut donc, être trompée ,d’un ,demi—comma
sur l’inte1·valle de sixte. J —
_Des seulesvaleurs ut ;, 1 ,   :,,T§ , _sol, : Q, Lon
déduit, comme on sait, les_ autres notes _de la Fgamme.
En effet, Al’intervalle de tierce mineure, mi sol, est
-} x % :   Si donc l’on prolonge tantÀau—dessus qu’au-
dessous d’ut cette série de tierces alternativement majeures .
et mineures, on aura _ _ _ _ Ã ,_
15i_56 3 `,35·15"_ ..
*-:111]*-*-:-*:50 —' 2——·-· •
4 *4 5 2 2 4 8 — SIT,
5 6 5 5
%•g·:%, dwù grîyé; puis1.ë_:ë·;
· 1 5 5   , ,· » .
d’où lé? : E : larg-; :` É : fa.,Ce qui donne
I 4 5 , i 5 Sl, 15 9;
S   4 2 _S S _
611 fa la ut mi sol si ré. i '
Les sons de ·la gamme seraient donc ainsi donnés par
une suite d’aecords parfaits. Quelle analogie puissante en

(.16 )
t`aveur de nombres si simples, solidairesies uns des autres,
et dont la justification mutuelle est si évidente! Q11e
peut-ou désirer de plus régulier, cle plus symétrique?
Quelle complication voudrait-on substituer à une pa1·eille
uniformité ? I Ã
On a voulu faire·adopier la gamme
ut ré mi fa sol la to p, si 2ut,
ou 8 9 IO Il xz v13 14 15 16,
0;,, aê: êxê zü ,,
8 4 8 2 8 4 8
qu’on déduit des harmoniques du son fondamental. Certes
si l’on voulait abuser du principe de la plus grande sim-
plicité en n’êcontant 'que lui et récusant tout autre juge,
cette gamme, à ce titre, mériterait la préfé1·ence. Si
même les sons qui la constituent, comparés à ceux de la
gamme ordinaire, n"e11 ditféraient que d’une quantité
absolument insensible à l’01·eille, il n’y aurait point à
hésiter, et bien qu’elle ait un son de plus, il faudrait
admettre le tout comme satisfaisant ix-la-fois et l’oreille
et le principe.
Si la gamme était, comme une langue, le produit
d’une purei convention, elle s’altérerait avec le temps;
elle varierait avec les caprices des hommes et dit’férerait
d’u11 pays à l‘aut1·e. Il 11’en est point ainsi de notre
gamme, qui se retrouve identiquement la même dans
toute l’Europe. Elle est donc nécessairement naturelle,
et cette conséquence, bien loin d’être contredite par le
monocorde, est mise par lui ho1·s de doute, par cela
mê111e qu’en le divisant en parties ayant des rapports
très—simples, il en reproduit les sons avec une telle jus-
tesse , qu’il est impossible d’y reconnaître la plus légère
dilïérence. i ' A

( 17 )
Voyons donc si la gamme ci·dessus soutiendra l’épreuve
de Yexpérience, au point de n’oti`ri1· que des différences
également insensibles avec les sons correspondans de la
gamme naturelle. On trouve ·
Il 4 8o)‘1·Ã7 13 5 So *038 7 __5 (81):*4)*
î:§(Èi · î:§(É)’ Ã"Ã ÈS ·
Or, ces erreurs sont par trop grossières pour que le fa
et l’un des la puissent être substitués à ceux de la gamme
naturelle. ,
Cette gamme n’est donc point la gamme naturelle de
la voix humaine. Que devient, d’après cette conclusion
inévitable, le principe tant invoqué de la plus grande
simplicité? N’est-il pas ici complètement èn défaut? La
réponse n’est point embarrassante. Un principe, vrai en
lui—même, n’est pas faux pour avoir été mal appliqué,
et c’est le cas où nous nous trouvons. Les sons de la _
gamme que nous examinons sont identiquemeut Àrenclus
par les parties aliquotes des corps sonores dans les ins-
trumens à vent et à cordes; elle leur est donc naturelle
et non à la voix humaine, parce qu’il y a loin de l’ex—
trême simplicité de leurs formes à ce qui est pour nous
une extrême complication dans les organes de la voix.
C’est donc purement et simplement une fausse application,
ou seulement une méprise sur Papplication du principe,
puisqu’on veut tirer des organes composés de la voix
une gamme qui est naturellement rendue par des ins-
trumens d’un mode de construction tout-à—fait dilïérent.
Pour nous la faire adopter, on a dit que la nôtre n’était
qu’un préjugé de notre oreille gâtée par une mauvaise
habitude. C’est comme si l’on disait aux instrumeus:
Préférez notre gamme ut ré mi fa sol la si zut;

( 18 )
la vôtre n’est qu’un préjugé de vot1·e organisation , gâtée
par la mauvaise habitude qu’ozit vos cordes et vos colonnes
d’air de"se subdiviser en parties aliquotes. , ,
Il n’y a pas de sons rendus par une corde- qui. ne
puissentêtre rendusupar la voix, soit à l’unisson, soit
X l’ui1è   ses octavesl Béciproquement, il n’v pas de sons
renduslprar uneivoix qui ne puissent êt1·e rendus par une
même corde convenablement divisée. On peut donc con-
cevoir des" sons qui, pour être rendus par une corde',
exigeraient qu’on· la divisât en parties incommensurables;
j’en conviens; mais je me garderai bien d’en conclure
que notre sol soit "dans ice cas relativement à une corde
qui rendrait à vide la tonique de ce sol. Avant de con-
clure , j’examinerais. Or cet examen prouve que le sol
est rendu par les'} de la corde; d’un autre côté , une
erreur trèsminime sur ce point est appréciée par l’oreille;
je suis donc amené à conclure en faveur du principe de
la plus”grande simplicité, sans être obligé de découvrir
quelle connexité , quelles relations intimes’et secrètes il_
peut y avoir entre des organes si différens qui ont fait
entendre ces sons identiques. Si, après cet examen, on-
me prop0_se une division de la corde en parties incom-
mensurables, telle que je ne puisse non plus y découvrir
par l’expérience une erreur appréciable , je la refuserai ,
parce que je pourrai à mon tour proposer d’autres incom-
mensurables qui- rempliront e11core'· mieux les mêmes
conditions.     " · ` ”   ‘·'‘  
De_même`qu’il faut se tenir en garde sur les applications
d’un bon principe , de'mênie'il ne faut pas 'uabuserede
l’impuissance·où est’l’o1·eille d’apprécier de·très-petites
différences pour nous forcer d’accepter une expression com-
pliquée eifécliange d’une autre extrêmement simple et qui
remplit 'à souliait toutes les conditions. *-· ·` ' ‘`'' ;"·— F
’

( ï9 )
En nous proposant sa gamme, Calin nla pas exclu le prin-
cipe dela plus grande simplicité. C’est sur lui , au contraire,
· qu’il‘ s’étaie. Il dit, sans rapporter aucun fait ,— aucune
expérience qui le prouve , il dit , ou plutôt ilisuppose
que le demi-ton mineur est égal aux § du demi-ton majeur.
· Il suppose que les tons entiers sont égaux; enfin il admet
que I’octave est exactement rendue par la moitié de la
corde. Galin n’au1·ait peut—être pas fait cette dernière
concession s’il n’en avait eu besoin; mais passonsila
dessus. De la combinaison de ces trois relations , il déduit
Pexpression des notes de sa gamme. I
Soient d le demi-ton mineur , et D le demi·ton majeur:
on aura , d’après les suppositions ci-dessus, î
¢l3=D¤ et (Z5 D7=2,   _
d‘où l’on tire
31 ._ 3x .,._, f3:   J
D=·l/23, ll'; I/zî., dD ·»= l/9,5,
Il en résulte le tableau suivant: ' I

( =¤ )
V A L ESU R S " »
NOTES. . VALEURS. e _, _ . r DIEFÉHENCES.
_ ( A p ordinaires. _ ` .
Ut 1 = 1,00000 1 = 1,00000 ' 0,00000 ‘
II 7 .
Ré 2 = l,I1828 §··—= 1,12500 - 0,00672
Mi 2 : 1,2.5056 -§ = 1,25000 ,+ 0,00056
il ·
Fa 2 .·= 1,33733 Q = 1,33333 + 0,00400
2
ll
Sol 2 = 1,49552. § = 1,50000 -·— 0,00448 ' 7
, il I
 
La 2 = 1,67242 —§ : 1,66666 -1- 0,00576
Si 2, = |,87024 ài : I,875OO — 0,00476 '
Cette gamme diffère assurément très-peu de celle qui
est généralement admise; mais on voit que les valeurs
de ses notes sont très-compliquées. _
Pour la justifier, Galin dit que ce n’est point aux
divisions de la corde qu’il faut appliquer le principe de
la plus grande simplicité ; mais bien aux intervalles entre A
les tons entiers qu’0n supposera égaux pour rendre leur
rapport le plus simple possible, puis d’ad0pter le rapport
de 2 à 3 entre les demi-tons. Il faut donc choisi1·, selon
lui, entre admettre leuprincipe sur les divisions de la
corde et avoir des rapports incommensurablcs entre les

< 21 )
intervalles, ou Pappliquer aux intervalles et avoir des
rapports incommeusurables entre les parties de la corde.
· On va voir que le choix ne saurait être douteux et
qu’il doit être fait en faveur des divisions de la corde.
Selon les valeurs numériques ordinaires des intervalles
de la gamme, le ton majeur est §, le ton mineu_r ï- et,
le demi—ton majeur §. Or , i
9 [6 )l,89503 A jo 16 >!.63§5¤ 4 i _
_ E = (E , `Q = (E .
Si donc nous représentons par Tun ton entier et moyen
entre ces deux là , et par D le demi-ton majeur Që, nous
aurons T = D'·7’“77‘, puis "
T = D¤·:~87v5 l
. Ta = 1)},457550
` T3 = Dsussazs  
T4 î D6,g151uo ` l
T5 = Ds,61,zs-ys
' TG L: Dx¤,3;165o ' `
T7 == D"·‘°'i’5 , etc., etc. ' q A
Chacun pourra choisir parmi ces équations celle qui
conviendra le mieux à ses vues, en modiliant un peu
l’exposant de D. Si je voulais choisir la troisième, par
exemple, en atlirrnant, sans preuves, que trois tous
valent cinq demi—tons majeurs , et que d’ailleurs les tons '
entiers sont égaux entr’enx , j`aurois à combiner les
deux équations ,
T3·:D5 et T5D’=2 M ‘
pour en déduire une gamme que j’ott`rirais comme pré-
térahle à la gamme ordinaire. Or cette gamme est préci-
sément celle de_ Galin.,En_ ettet, des équations comtpilnées

( 22 )
d3=D’,d5DT=2 etdD:T
latroisrème donnezd = -5; mettantcette valeur dans les
•icux autres, 0n aura T3 : ED; et T5AD’ = 2.5. ._  
S’il·m’avai|: plu cle déclarer que quatre tons entiers
valent exactement sept demi-tons majeurs , j’aurais fait
une autre application du principe de simplicité , et
j’aurais eu V É   [ · `
. « s _J__ A
jm = 131 €1·r== 1>= = 2,;1·«»ù ·1* = z" et D = 2"Ã
puis le tableamsuivant: _ » ^ . z
VALEURS
NOTES. VALEURS. _ _ D1F1=·É11ENcEs.
ordinaires.
Ut 1 = 1,00000 1 = 1,00000 0,00000
4 , .
Bé 2 = 1,11945 ·% ; 1,12500 A- 0,00555
Mi 2-ÃT·= 1,25317 A § = 1,25000 -4- 0,003,17 i
Fa, A 2 :1,33663r §ra_1,333S3_: -1- 0,00330
Sol 2 = 1,49629 2 Q ·==-1,50000 =— 0,00371
4K .
La 2 :1,6750,3   ·}`: 1,66666 '-1- 0,00837
Si p I _2· É 1,67511 _   r=-= l,87§(?9`\ -1-,0,00011,

< 23 )
Ces valeurs , pour être plus' compliquées d’incommen-
surables et plus voisines des 'valeurs admises que celle dé
Calin , n’en sont pas pour cela plus admissibles, bien que les
_dift`érences soient, pour la plupart, inappréciables à1’oreille.
Les équations T4 i D7, T5 D' : 2 et d D : T que nous
venons d’employer donnent D3 : H4. 'Nos suppositions
reviennent donc à dire que quatre demi-tons mineurs
valent trois 'demi-tons majeurs. “ ·' ' _ —· i
On aurait encore desurésixltats très-satisfaisans si: l’ou
sùpposait=· 5 " " D     " '~ 5 "
· ,   ,T7 : D_‘= avec T5 D‘ : 2 , d’où dl: D5, _.
r Au lieu de comliiner Péquation de la f`0rme5_TI'i' :·Dtl
avec T5 Dv“ : 2 , ai pourrait la combiner avec l’une Ades
suivantes : I,   i I
` *1*:%-_'T3o;% ros?  
, `T’=·É—` 4 T4D·:—É— ·   "
T‘D:É T5D:É T;4D¤:.ï3·._ ,
I 3 W 18 _ '     V
On aurait des valeurs qui diiïéreraient toujours très-peu
des valeurs admises; "mais alors à quelle 'combinaison
donnera—t-on la préférence? Si l’on voulait prendre la peine
clé les épuiser toutes ‘et d’autres encore qu’on pourrait
également faire reposer sur_le principe de simplicité et
de Pégalité des tons entiers; on entrouverait sans°·doute
qui mériteraient d’être'approf`on<lies; tmaisl ce utravail Tnè
paraît trop peu utilepour j’aie le courage der Pentreprenclre.
Il me suflit d’avoir prouvé que si Galin trouve··,'1 avec

( 24 )
raison, sa gamme d’autaut meilleure qu’elle diffère moins
de celle que je défends , on peut en trouver une foule
d’autres qui, à ce titre , mériteraient la préférence sur
la sienne. — ` ' _, ‘
Il est pourtant une de ces combinaisons digne de quel-
qu’attention , et je m’y arrêterai un instant. Je dirai même
comment j’y ai été conduit.
C’est un fait' d’expérience journalière qu’alors qu’on —
monte tt l’octave de la tonique, l’oreille la désire si vive-
ment, à partir de la note sensible, qu’on hausse invo-
lontairement celle·ci comme pou1· arriver plus vîte à l’octave.
C’est de cette remarque que je suis parti pour calculer
une gamme en banssant la sensible d’un comma_et de
l’essayer ensuite, soit au sonomètre, soit sur unébasse
disposée comme j’aurai bientôt occasion de le dire en détail.
Une gamme jouée sur cette basse, avec le seul chan-
gement opéré sur le si,'était excellente; mais en la des-
cendant, le si paraissait un peu trop aigu. Cette dernière
remarque sutiisait pour faire renoncerà cette gamme. D’un
autre côté, cependant, beaucoup de praticiens prétendent
que le dièse et le bémol insérés dans un ton entier, sont ·
une seule et même note, ou qu’au moins la dilïérence est-
si faible qu’on peut les confondre, ainsi que doivent le
faire lm instrumens à archet qui jouent avec des instru-
mens à sons fixes. D’autres veulent même que le dièse
soit plus aigu que le bémol , ce qui a lieu en effet , comme
nous venons de le dire, quand cette note rliésée est sensible ·
et qu’elle conduit à. la tonique. On se rapprocherait de _
ces opinions en élevant un peu le si ; mais alors Pinter-
Valle ·du la au si deviendrait trop grand. De là à la pensée
d’élever le,la , puis le mi, il n’y a qu’un pas qu’on franchit
aisément quand on se permet d’innover.`J’ai donc eu ainsi
la gamme suivante : . ·. —

( 25 )
ut ré mi fa sol la si 2 ut,
9 5 81 4 ` S 5 81 15 81 ·
ou 1 - -·—— - — —·—- ——·—- 2
· 8 4 So 3 2 3 80 S 80
0,,, 2 É- é··§ îl É 2
1 V 8 64_ 3 ~ 2 16 128
Les intervalles successifs sont · · '
9 9 :16.80, 9. _ V 9 _ 1680
8 , 8 15 S1 S E 15.8l
9,_ 9 256 9_ 9 9 256
°“§ 8 248 8_8 8248
Les secondes sont donc toutes égales à %; les demi-tous
majeurs à gé; les demi—tous mîneursà Q-§§; les notes et
leu1·s intervalles ne sont que'des fonctions des puissances
de 2 et de 3; enlin le dièse est plus élevé que le bémol.
En eH`et,
p 9 15 S1 16 80
U': -—·—·—' ·É= ——·——'
“ 818881 "’ 15 817 È
i t' 15 ’ S1 = 81 ‘~"9‘
111* L=9(->.(—> = 2.)
°“ 1-é, 8 — 18 811 (So - '
Si Pon com`hine les équations T5 D" : 2 et Ta D .—:·. Q ,
on trouvera T :% et D : Q';. Cette combinaison reproduit
donc la gamme ci-dessus; mais Pexpérieuce s’opposc à ce
qu’ou la substitue à la gamme ordinaire, ainsi que je l’ai
fait voir aux pages 13`et 14. En laijouaut su1· la basse dont;
j’ai'pa1·lé plus haut, elle a séduit plus ·d’u¤ artiste à la _
première audition; mais ils ne tardaient pas à reconnaître
que le mi et le la étaient un peu trop hauts; bien quïils
fussent contents du si ., en montant. Cette gamine ne

( 26 )
soutient donc pas l’épreuve de l’o1·eille. Cela tient surtout
à ce que les tons entiers y sont égaux, tandis qu’ils ne
le sont pas dans la gamme naturelle.   `
Il résulte de nos expériences sur la sensibilité de Poreille,
que si les tons de la gamme naturelle ont entr’eux , comme
je le soutiens, une différence d’un icomma 5%] on doit
pouvoir la rendre sensible et déciclerla question par une
expérience directe facile à imaginer. C’est,ce qui a lieu
en etïet ; c’est ce qui me reste à faire voir smais je ne
veux arriver au but que par un long détour , en me`1iv1·ant
à des digressions et en reprenant les choses de Plusjhaut.
Propos0ns—nous de déterminer une série de sons qui ·
s’élevent du grave à Paigii au-dessus de 1’un quelconque
ws sons de la gamme , au-dessus'de sol, par exemple ,
comme ceux-ci s’éIèvent au-dessus de leurtonique ut. ill
suffira pour celade multiplier par É : sol ,,1:-1 série-de
fractions: '~ l, :·   ~,ï   _· . _ ,— ~'
. 9 5 4 V 3 5 15 ,- _
·ë,z E  E ”’
nous aurons ainsi i ·   é
S 27 515 » I2 9 15 45 6
Z E î î Z F 9 É · · Ã —
"S. *5 81  15 " ’ 9 5.; S15,·~ 3
°" Ã eâiïi É 2 ZE 2`Ã4" "î’ Ã'E·~«2' Z
ou sol A   ` ii   2utM 2v1‘é zrninr , Bi i` uvsol, '
ce qui fait voir qn’à l’exceptipn_de ·A et de B.,·.les sons
eherchés faisaienlrdéjà partie de la, gamme·d’ut. Qt _,_   ·
ou -§ . È, n’est qu’un la élevé du comma %; nous ·l’écrirons
ainsi : lac; B est aussi une note nouvelle : elle est la note
sensible de lanouvelle tonique. On la désigne par 2 fat,

( 27 )
et l’on, a 2 fa' : zœol · êè, ou f`a” : sol- §. On voit
donc qu’une note diésée a pour valeur les èâ de celle qui
la suit 'dans l’ordre diatonique ,' et elle est plus grave
qu’elle d’un demi-ton majeur; elle en est la note sensible.
D’après cette notion exacte du dièse, il n’yia jamais
lieu à'·diéser`le si, qui "est'lui-mêmeqsoncpropre~·dièse.§
quand la note qui le suit est un ut naturel dans la gamme
do11t _ce si fait partie , puisque si est _un demiyton majeur
plus grave que ut. En eiïet, on aurait si" : 2 ut · Q: % `
: si. De même , le mi est son propredièsé quand la note ..  
qui le suit immédiatement dans la_ gammegdont il fait ,
partie est un fa naturel ;i car mil est à un demi-ton
majeur au#dess`ous du fa; d’ailleurs’ oniaurait mi" i fa ><·
Nous aurons donc definitivement pou1··la gamme de sol ,
sol la" si ahut are, 2 mi ata" `asol,
qui suit exactement les intonations de`la gamme naturelle
d’ut. _   _ r »_ ;    
Dans cette gamme_qui_aisol pour tonique, la notevqui
suit diatoniquemeut le mi n’est pas,,un fa natu1·el,)c’est
un fa“. Un pareil mi peut êt1·e diésë , ret sa valeur est D H
ri1i":fa“x É =`sol>< É     É   Il
1G i6 · 16 W; 'i6 "
Pour arriver à d’autres gammes sans passgripala les
mêmes détails, nous remarquerons que la tonique de la
gamme nouvelle de sol est préèisément la dominante de
la gamme d’ut, d’où nous sommes partis; ique la sus-
tonique est affectée du comma c, _et _que la sensible est
diësée. D,&PIèS cela, pour`passe1· _de_ la gamme dejsol uà
celle, de sa dominante ré , il sutïira _d’écrire _d’abord.,
ré mi fa' »sol lac si 2.. ut _~ ~ 2 ré , q

(_ 28 )
puis d’aH`ecter la sus-tonique du comma c, parce que son
intervalle À ré doit être d’un ton majeur -2 , et enfin cle
diéser l‘ut qui devient sensible de ré. On aura donc
ré mi° fa' M sol lac si J 2. ‘ut“ l 2 ré.
Opéraut sur cette gamme en·ré comme sur la précédente,
il viendra d’abord ' .
la° 'si _: ut' _2 ré 2 mi°i 2 faf 2sol 2la°,
puis, enappliquant la règle A î _
la° sic 2 ut'; 2_ré i 2mi° 2fa' 2 sol' 2la°.
Ici ut', fa‘ et soliesont notes sensibles de ré , sol et la°. Si
l’on veut que cette gamme soit en la naturel et non en
_la”, il suiiira de diviser tous les sons par §§ , de-les abaiss`er
d’un comma c. On le fera en Pécrivant comme il suit :
la si 2 utf _2 réc_ 2 mi 2 fa,} 2s0|c“ 2 la.
Mais on doit se dispenser d’écrire le signe c du comma
qui abaisse le sol" , parce que ce sol' 11’entre pas comme
sol dan`s cette gamme, mais comme son nouveau, étranger
aux précédens; etexclusivement note' sensible dela dcr-
nière note, quelle que soit cette dernière. Au contraire,
il faut conserver le signe qu·i abaisse d’un comma le fa",
lequel fa*‘ était originairement la note sensible du sol.
Nous aurons donc pour la gamme dela, semblable è
celle d’ut , lu '
la si 2 utc" 2 rêc 2 mi 2 fac' 2 soli   la',
ainsi qu’on peut le vérifier par le calcul. , ·
‘En continuant ainsi on formera successivement les
gammes de mi, si, t`a‘, ul", sol", 1·é“ , la“, mi“,' si’,
fa" , etc. ,‘ etc. - .—

( 29 )
Nous venons de former les gammes dont les toniques
s’élèvent de quinte en quinte au—dessus de la première
tonique ut. Formons maintenant celles qui auront pour
toniques la suite des quintes graves d’ut, et couimenirons
par celle de fa. Pour l’obtenir il sutlira de multiplier par
g : fa la série des fractions ‘
9 5 4 S 5 15 .
1 É Ã É Ã N É É · z`
Nous aurons ainsi i  
4 3 ÉEÉ qmêëzi J
s 2 s eus “ “ ser Z “`§_
ou i '
fa sol la _D 2 ut- aréc 2 mi zfa.
Ces sons appartiennent à la gamme d’ut .j`à`l’exception
du réc et du son nouveau que j’ai désigné par D. Ce son
étranger à la gamme d’ut étant sons—dominanle dans la
gamme de fa, est plus aigu d’un demi-tou majeur que
celui qui le précède diatoniqnement. Or , de même qu’uue
note est diésée quand elle est plus grave d’un clemi—ton
majeur que celle qui la suit , de même nous dirons qu’une
note est bémolisée quand elle sera plus aiguë d’un demi- `
ton majeur que celle qui la précède dans l’orclre diato-
nique. Nous devons donc remplacer ici le D par une note
qui s’0lJtient en multipliant par É le la qui précède. On I
désigne ce nouveau son par si,, ou si bémol. En général,
le bémol d’un son n’est autre chose que le son qui pré-
cède, élevé d’un derni-ton ou multiplié par   D’après l
cela , il n’y a pas lieu à bémoliser lc fa et l’ut quand ils
sont précédés du mi et du si naturels dans la gamme dont
ils font parties; ils sont alors leur propre bémol. —

( 30 )
La gamme en fa naturel est donc
fa sol la sil, 2 ut 2 réc 2 mi 2 fa.
Si on la compare à celle d’ut, on verra , 1.° que sa
tonique est la quinte grave d’ut; 2.° que sa note bémo-
lisée est la sensible d’ut; 3.° enfin , que la note 1·é,
abaissée d’un comma, est la sus—tonique d’ut. On voit
donc que pour passer de cette gamme de fa à celle de
sil, , quinte grave de 2 fa, on écrira d’abord
si, zut 21'éc 2mi 2fa 2sol 2la 2si,,, e
puis on. atl`ectera d’un bémol la quatrième note, et l’on
abaissera la sixième d’un comma , ce qui donnera .
sib- autî 2 réc zmib 2fa zsolc 2la 2si,,.
En réitérant les mêmes opérations, et réunissant les
résultats à ceux obtenus précédemment, on formera le
tableau suivant :
. I i ¢
il V M ·

` ( 31 )
ut ré mi fa sol la ni 2 ut
sol lac si 2`Ut 2 ré 2 mi 2 fa" 2s0l
ré mi“ fa? sol lac si 2 ut" 2 ré
la si ut", 2 ré, 2 mi 2 fa", 2 s0l" 2 la
mi IT s0l“ la si 2 ut°,, 2 ré" 2 mi
si 2 ut’ 2 ré" 2 mi 2 fa" 2 sol“ 2 ]a“ zsi
fa" s0l'° la" si 2 ut" 2 ré‘* 2 mi° 2 fa“
ut" 1·é*"‘ mi" fa" s0l“° la" si' 2 u1."
s0l’ la“ ~ ' si", 2 ut", 2 ré" 2 mi°c 2 fa°" 2 s0l" ~
l‘é¤ mi' fu" s0l“ la" si" 2 ut“" 2 1·é“
la” si" 2 ui" 2 1·é“ 2 mi° 2 fa" 2$i)1“ 213}
mi" fam sol" 12** si“ 2 ut" 2 1·é“" _r 2 mi“
si' 2 ut"° 2 ré“ 2 mî" 2 fam 2 sol" 2 la" 2 si"
fa sol la si, 2 ut 2 rég 2 mi 2 fa
si, 2 ut 2 rêc 2 mi,,, 2 fa 2 sol, 2 la 2 si,
mi, fa'; sol la, si,° 2 ui; 2 ré 2 mi,
la, si,° 2 ut 2 ré, 2 mi, 2 fa 2 sol 2 Ia,
ré, mi, fa sol, la, · si, 2 ut 2 ré,
sol, la, si, 2 ui, 2 ré, 2 mi,, 2 fa 2 sol,
ui, ré, mi,c 2 f`a,,, W sol, la,c si, 2 nt,
fa, s0],° Ia, si,, 2 uf,° 2"xLÈi,' 2 mi, ï 2 fh,

( 32 )
Il ne faut pas perdre de vue que dans ces gammes les
deux dièses qui affectent les septièmes notes servent uni-
quement à indiquer qu’elles sont les notes sensibles des
huitièmes prises avec leur signe. Toute note qui porte
un seul dièse est la sensible de celle qui suit dépouillée
du même signe, excepté pour les mi‘ et les si“ qui sont
les notes sensibles de fa“ et de ut” , lesquelles sont ·les
notes sensibles de sol et de ré naturels. ' L,
De même les deux bémols qui affectent les quatrièmes
notes servent à indique1· qu’elles sont plus aiguës d’un
demi-ton majeur que les troisièmes prises avec leur signe,
bu qn’on peut les regarder comme des toniques relati-
vement à ces troisièmes qui seraient considérées, sous
ce point de vue , comme notes sensibles. Toute note qui
porte un seul bémol peut être regardée comme tonique
relativement à celle qui précède dépouillée du même signe,
excepté pou1· `les ut, et fa, qu’on peut traiter comme
toniques 1·elativement_ aux si, et mi, , lesquelles peuvent
être traitées comme toniques relativement aux la et réc.
D’ap'1·ès cela nous pouvons calcule1· les vaIeu1·s exactes
des notes qui portent plusieurs dièses ou plusieurs bémols.
Prenons ut"“ pour premier exemple. Nous aurons
il ut"" = ré” x   il
16 ;
" [ or 1·é” : mix É ‘
1G ,
, et mi : ê ·
4.;
  Il 5 15 ° ,
donc, en multipliant par ordre, ut":-Z   = 1¢°98b·»

( 33 )
cet ut"' est plus grave que ré 2 É = l,l25 , et plus
aigu que ré, == lg = 1,0666. l
1
Prenons pour second exemple ut'“‘*. Nous aurons
ut"” : ré" X É -
é 1,6 ,
  >
1·é““ : mi" X L
16 ,
mi" : th" X É 1
. ' 15
faq" ··· sol >< ïë 7
  _
sol = - .
2
Dc ces équations multipliées par ordre, on peut tirer,
3 5
;_° miu : ; • (-Èëyi :. l,318359;
5 3
2.° ré"' : È ·     1,2359.
Cettc valeur est comprise entre
mi : 1,25 et mi, : 1,20. —
3 5 4
3.° ut°“° : -4 -   = 1,1586.
2 16
Cet ut"“ est compris entre 4
ré : 1,125 et ré“ : 1,1725.

( 34 )
Prenons ut“"” p011r troisième exemple. Nous aurons
l utuuuuuz réuuun X É
16 ,
résuuu = miuuu X É
16 ,
111i“"   fa”““ X É
16 ,
5
f uuu î lau L
a so X IB 1
5
sol"' : l;1“ X L-
16 ,
la' 2 si X lâ
16 ,
z 2 ·—,
si X 15
16 ·
De là on tirera successivement,
6 15 3
1.° sol"- = 2 ·   :· *16479î
Ce sol ”“ est entre la : 1,666 et lab : 1,600. `
si 15 4
_ I 2_¤ fauvl = 2 _   : 1,5449; ,
c’est entre sol : 1,5000 et s0l” : 1,562.5.
5 5 i
se ,m1··=· = 2 - (L) = ¤,4484;
16
c’est entre Sûlg, : I,422l‘· et sol : 1,5000. I

( 35 )
5 G
L" ré““" : 2   : 1,3579;
16
c’est entre fa : 1,3333 et fa" : 1,4062.
5 7
5.° ut”“"'= 2 •   = 1,2730;
c’est entre mi : 1,2500 et fab = 1,2800.
Prenons la W, pour dernier exemple. Nous aurons
16
law, = solw, X -3
16
solbb : fab x E l
f _ _ 16 /
2. HI, — Hub X   ,
_ 6
` nn, : ré X È;
I _ 9
fé —· ê
d’où l’on tirera,
g 1B 3
1.° sol H, : —- -— : 1,3653; c’est entre fa et fa',
8 15 ·
6 Ã
2.° law, =_ â _   = 1,4563; c’est entre sol-, et sol.
On trouvera , dans le tableau suivant, les vraies valeurs
des notes de la gamme, celles de leurs dièses et bémols,
et toutes élevées ou abaissées du comma ë.

[ ( 36 ) `
80 *5 12 5
ulc : —, ré: ; L mine = I
81 .64 908
ut : 1 1-é¤C : É; fac = É
102 2
ul" : gl A mika : È fa = É
0 27
5 , .··
uI.“c : ÉÃ nub : É fa}: = fi
20
ut“ : É mi} : É fa¤c = É
200 1
8 . 100 ` 5
N : ïl = _ .. 4
"¤ 2048 ”"° si f"°- ”‘ 5;
, 56 ·
Fesc :'— ëg mi I. É f`a"° z g
I2
6
rés = È mic : È; solbc = 2%
729
réac =· g fau = g Still, = gé
0
réc É lâ fab = ï 80];,*: 2 É Y
2 z `
é = 2 f ¤ = É = E n
r 8 al, _ 125 solc 27
réa ï t   mi°c ;_- â gg] I = É
9 2
. 25 F 6 5 3
ré": : L ' ·- L —· ii
108 min —` 512 SOIE _ 160

( 37 )
s0l” ·; É Si . : É)- 2 ui : É
C 8 1 N 729 C 8 1
V 6
s0l“ = îî Sib :   2 ut : 2
1
s0I”° : É $ib“ = É 2 ut" = àà
labo : ` É sic = É- ïî·—··
81 27
8 1 5 656 1
lab = — si = — s0l“°" = -—
5 8 4096
la C — çi $11 —— É III. — --256°
b _ 50 __ 1 28 lm _ 2 1 87
4,00 _ 4096 N 2187
lac 2 % 2 Ut"; — 2 187 Iam —- E
la = É 2 Bh, = É? sim, = É
3 1 35 1 2 1 5
48 1125
"° 15 ““t"c 15 "tw 1024
5 Z15 151575
la“,, = E- si", = —- ut“" ·-—= --1
72 E4 131 072
ia' = É si" : É sibb : É _
1 02 I 7
364.5 32305 8 192
1 2 —— I E ï-- T. ·7·—*
au 2048 wc 1558.4 i !“*"*· 5515

( 38 )
Qu’on ne se hâte point de blâmer la longueur de
ces détails élémentaires , car ils vont servir lau but
que je me propose , et ils me donnent Poccasion de
rectifier une erreur qui se trouve répétée dans tous les
ouvrages d’acoustique que j’ai pu consulter. On y lit, en
eH`et , que pour diéser une note , il faut la multiplier
par -3, et la diviser par 3 pour la bémoliser. Cette
règle est vraie lorsqu’on vent insérer soit un dièse soit
un bémol entre ré et mi, ou entre sol et la, dont
Pintervalle est d’un ton mineur Ã}; mais elle est fausse ·
dans les autres cas._ L’erreur est tl’un comma sur une
l10t€ portant un ou deux dièses ou bémols. Elle s"élève
à trois commas si la note est chargée de cinq dièses ou `
de cinq bémols; elle est alors d’un tiers_de ton , car
-9- 8; 9,48141 10.- 8i 8,48lÃI ;·6— 81 5,19528 I
â-(sl, ;—(s), s-(rs)
Je vais â présent aborder plus directement mon sujet,
mais je continuerai de raisonner dans la supposition que
les tons entiers de la gamme ne sont pas tous égaux,
saut; à le prouver ensuite par Pexpérience directe.
Ie suppose qu’un chant soit écrit tout entier dans le
ton d’ut majeur; ie suppose que le chanteur qui l’exécute
ait une intonation parfaite, auquel cas_ l’exécuti0n ne
laissera absolument ïrien à désirer, et le caractère du
morceau sera rigoureusement déterminéf Si maintenant
le chanteur recommence le même morceau avec cette seule â
différence qu’il donne à la tonique ut, et par conséquent
à tous les sons, plus ou moins d’acuité ou de gravité;
que l’intervalle de la première tonique à la seconde soit
d’ailleurs d’un ton ou d’un demi-ton ou d’une fraction
quelconque de ton, il n’imp0rte, le caractère du morceau

( 39 )
n’en sera point changé. Qu’il soit chanté par un soprano,
un ténor, une basse-taille, si les intonations sont tou-
jours exactes, le morceau ne changera jamais de caractère.
Si la mesure est vite et le chant pétillant, si des paroles
folâtres Paccompagnent, il conviendra sans doute de~le
faire chanter par une jeune fille vive et légère, et ce
serait un contre—sens musical que de le faire chanter par
une voix grave et tremblottante; mais à part l’eti"et
qui pourrait résulter de cette opposition t1·op forte,
le` caractère musical du chant n’en sera point changé si
les intonations sont toujours pures et la mesure bien
observée. ·
Il n’en sera plus de même , en geizcïal, sur un instru- I
ment à archet, sur le violoncelle, par exemple. A chaque
changement de ton, le caractère du chant sera vaguement ,
mais sensiblement nuancé, et, dans certaines circonstances
que j’indiquerai, ces modifications pourront devenir évi-
dentes. La cause première de ces variétés d’eft`ets réside
dans Pinégalité des tons entiers de la gamme; la cause
seconde est dans le doigté de Partiste, que je ne suppose
pas être un virtuose célèbre. —‘
Comme la proposition que je viens d’énoncer est toute
paradoxale, je ne crois pas devoir en abréger la démons-
tration. `
Le nombre des sons diatoniques qn’on peut tirer d’une
seule corde du violoncelle , que je prends pour exemple,
est de quinze depuis le sillet jt1squ’au bas de la touche.
Si on y ajoute leurs dièses et leurs bémols simples, on
en aura 45, et par conséquent 180 pour les quatre cordes;
Voilà donc 180 poszïions (1) que l,31`lIi$t€ est obligé de se
(1) Ce mot a une acception restreinte parmi les musiciens instrumen-
tistes; je lui donne ici Tacceptiun la plus étendue. . -·

( 4¤ )
mettre dans les doigts, et si l’on tient compte maintenant
des positions bien plus nombreuses, bien plus compliquées ·
qu’il doit y ajouter sur deux , trois et même quatre cordes
à la fois; s’il faut encore que les positions changent pour
éviter les cacophonies, quand il joue avec des instrumens
à sons tempérés, où, entre deux sons, le dièse et_le
bémol se confondent, où tous les sons, enlin , sont plus
ou moins altérés, on sentira combien doit être long ,
pénible , difücultueux , le travail auquel il faut se livrer
sans relâche pour acquérir à force de temps, de patience
et de courage, la faculté d’aller placer les doigts précisément
aux points convenables et avec la vîtesse de l’éclair, sans ·
laisser , pour ainsi dire ,   la volonté , le temps de réliéchir
et de commander. Quand nous marchons , nous regardons
souventà nos pieds; nous choisissons Fendroit où nous
voulons les poser: en un mot, l’action de la volonté y
est souvent manifeste; il n’en peut pas être de même des
mouvemens du musicien. Telle doit être la force de l’ha—
bitude acquise , qu’il agisse pour ainsi dire , à son_insu,
sans que le premier moteur , la volonté, qui attend pour
se décider le rapport de l’œil et de l’0reille , paraisse
prendre part à l’action.
Peut-on maintenant exiger de l’artiste qu’il augmente
encore ces difiicultés déjà presqu’insurmontables? Ille
faudrait , cependant, pour qu’un morceau de chant joué
dans tous les tons ne perdît rien de son caractèreet que
tous les sons aient une justesse absolue. Si 1’on consulte ,
en elïet, le tableau des gammes dans tous les tons, page,3x ,
on trouvera huit sons qui doivent être élevés d’un comma
et neuf qui doivent être abaissés d’autant, à part ceux
qui sont affectés du double dièse. Si donc un morceau à
mouvement lent, écrit cn ut majeur , sans caractère bien '
déterminé, et où les mi et les la seraient un peu prb-

( 41 )
digués, était joué en ré après avoir été joué en ut, les
mi et les la joués comme notes naturelles seraient alors
trop graves d’un comma, d’où résulterait pour l’oreille
une inquiétude vague et prolongée qui ne laisserait plus
de doute sur lfaltération du chant primitif. Si le morceau
en ut contenait beaucoup de fa , de réiet d’ut , ces trois
notes deviendraient trop aiguës d’un comma quand le
morceau serait joué dans le ton de la majeur, et le chan-
gement de caractère serait bien plus prononcé, toutes
choses étant égales d’ailleurs.
Ce ne sont point des assertions que je viens d’énoncer,
ce sont des faits. M. Noguer a bien voulu composer un
court morceau andente , en ut majeur, et où il avait
un peu prodigué le mi et le la. Joué successivement en
ut et en ré , ce morceau a manifestement changé de
couleur , selon la déclaration des artistes présens que j’ai
déjà cités. M. Baumann , dont on a applaudi les pro-
ductions , avait, de son côté , préparé un morceau en ut,
qu’il a transposé et joué ensuite en la; les ut, les-ré et
les fa y étaient un peu multipliés , et l’etï`et a encore
mieux répondu à mon attente. MM. Noguer et Baumann ,
qui ont pris et repris la basse tour à tour , prennent
tant de soin , soit dans Penseignement , soit dans l’exé—
cution , à distinguer les dièses des bémols , que les recom-
mandations réitérées que je leur ai faites sur ce point,
pour l’acquit de ma conscience, étaient aussi inutiles
que déplacées. Je donnerai plus bas la preuve expéà-
mentale que ce n’est point à des altérations sur les notes
accidentées qu’il faut attribuer l’ett`et observé. C’est unique-
ment aux commas dont ces habiles artistes ne devaient pas
tenir compte, puisqu’ils\ exécutaient leur musique telle
qu’ils l’avaient écrite , ignorant d’ailleurs Pexistence de
ces erreurs d’un comma , attendu qu’on ne les a. signalées

( 42 )
nulle part que je sache , bien qu’elles se présentent
d’elles-mêmes la première fois que l’on compare les inter-
valles entre les sons de deux gammes dans le même mode.
Ces erreurs d’un comma n’existeraient pas et l’effet
observé n’aurait pas lieu si, comme le prétend Galin,
les tons entiers de la gamme étaient parfaitement égaux.
Ne suis-je pas en droit de conclure qu’elle est erronée
l’opiniou de l’auteur respectable et justement regretté que
j"ose me permettre de combattre.
Je vais ici au-devant d’une objection qu’on peut mc
faire. Ou peut me dire : si ces messieurs eussent été bien
pénétrés et du caractère de leurs morceaux et du sen-
timent de la tonalité , on n’eût observé d’auti·e nuance `
dans l’eH`et que celle qui peut provenir du plus ou moins
d’acuité ou de gravité dans les sons. Je réponds qu’il ne
U s':-igissaitj point d’une affaire de goût; il fallait, au con- »
traire, s’assujettir à jouer la note pure, mi, la, ut“,
ré, fa”, telle qu’elle était écrite , sans se permettre de
les modifier en mi°, laf, ut°,,, réc, fa“,,. Et d’ailleurs, si,
en ayant recours à l’intonation mentale et profitant de
la lenteur du mouvement pour soumett1·e le doigté aux
prévisions de l’oreille , on avait effacé les nuances obser-
vées, la conséquence serait également favorable ou défa-
rablé à. l’uue ou à l’autre opinion, sur les intervalles
entre les sous entiers de la gamme.
Un virtuose pourrait jouer le même ai1· dans différens
tous sans que l’intonation en soutïrît le moins du monde ,
sans qu’on pût observer d’autre dilïérence que celle qu’on
ne peut faire disparaître et qui dépend du degré d’acuité
des sons et de leur timh1·e. J’en conviens; mais que l’on
convienne aussi que les musiciens d’un talent o1·dinaire
ne peuvent transposer dans ce1·tains tons sans qu’0n s’en
aperçoive. C’est que le virtuose sait à propos élever ou

( 43 )
abaisser quelques—uns de ses sons d’un comma, et que
les autres , par suite de Pbabitude presqrfinvinciblement
contractée par leurs doigts, jouent les notes avec la même
intonation dans toutes les gammes. Or si les tons entiers
de la gamme, étaient parfaitement égaux, tout cela n’arri-
verait pas , et l’on est en droit d’eu conclure qu’ils ne
le sont pas. _
Un autre faitvvient à Pappuî de cette conclusion. Il
est des virtuoses qui accordent leur violon ou leur basse
par intonation et non par accords de quinte comme cela
se pratique généralement. En voici, ce me semble , la '
raison: si l’ut du violoncelle est au ton convenable, en
montant la troisième corde par accord de quinte, elle
sonnera le sol exact, parce que l’intervalle d’ut à sol est
une quinte juste Q. Par la même raison la seconde, montée
par.accord de quinte, sonnera le ré exact; mais si l’on
continue de même, la chanterelle sonnera le la" et non
le la natu1·el. Donc toutes les fois que`l’on jouera la
` chanterelle à vide , elle donnera un la trop élevé d’un
comma: il n’y a pas de remède à ce défaut. Au contraire,"
si l’on accorde la chanterelle par iutonation , elle fera
entendre â vide un la exact; mais quand on voudra
obtenir la consonuance de `quinte avec elle`et la seconde ·
corde, le lasera trop grave; or , il y a du remède à
ce défaut; il suffit de placer le doigt près du sillet. S’il
était bien constaté que des artistes célèbres accordent ·
leu1·s instrumens par intonation dans le but que je viens
d’indiquer, il ne serait plus possible de nier Pinégalité
entre des' tons entiers de la gamme. · ‘ I
L’erreur que je combats est déjà plus que vaincue;
mais comme elle remonte à des siècles, que Galin la
propage , et que la plupart des artistes ou Pignorent ou
ne veulent pas s’en occuper, ne sachant comment l’atta—

I ( 44 )
quer ou la défendre, je crois devoir prolonger encore
la démonstration.
La supériorité de talent d’un grand artiste , considérée
sous le seul rapport de la justesse des sons dans l’exé—
cution , dépend beaucoup , je le crois , du sentiment dont
il est pénétré; sans doute , son oreille et son intonatiorr
mentale sont ses guides indispensables; mais je pense
aussi qu’on doit accorder une bonne part à l’habitude
profondément contractée de placer les doigts ici plutôt
que là; de telle manière plutôt que de telle autre, dans
telle ou telle circonstance donnée et que les yeux recon-
naissent à la lecture. Un grand artiste peut jouer juste
sur un instrument très-discord, je le conçois pourvu
que lc mouvement soit lent; mais dans la vîtesse cela
me pxraît impossible , parce qu’alors la volonté seule ne
sutiit plus sans le concours de Phabitude. Pour jouer
devant le public un concerto rapide et diiiicile , un
virtuose l’étudie long-temps: il faut qu’il le mette
dans ses doigts. Pendant l’exécution une corde casse, il A
v prend le violon du maître d’orchestre ; alors, le plus
souvent, il n’est plus content de ce qu’il fait. Il peut
arriver cependant que les deux violons aient absolument
les mêmes dimensions , le même poids, la même forme;
mais ils diffèrent par un point qui gâte tout : la distance .
du clievalet au sillet est un peu plus grande ou plus
petite dans son instrument que dans le violon d’emprunt.
L’excellent doigté qu’il s’est fait et dont il a la profonde
habitude , ne convient plus à ces cordes qui ont d’autres
longueurs ; son oreille lui dit qu’il joue moins bien,
mais il n’a pas le temps d’apprendre à jouer mieuinz
dans ce moment critique, Phabitude, Hlle de la volonté,
est plus forte que sa mère (x). " _
(1) ll paraît qu'on était convenu , autrefois, de donner 36 pouces de

( 45 )
Les consonnances, et surtout les cordes à vide, sont
des guides , des repères indispensables po11r Pexécutant,
et l’on peut croire que sans ces moyens de comparaison
et de correction , le plus habile s’égarerait sensiblement.
L’erreur cependant ne saurait aller bien loin quand même
l’oreille cesserait d’entendre. En etïet , l’œil, le tact de
la main jcontre le manche, Phabitude de donner telle
ou telle étendue aux mouvemens , pour faire telle ou
telle note, suffiraient pour jouer encore avec une certaine
justesse. M. Baumann a bien voulu Ell faire l‘éprei1ve à
ma prière. Mais en employant la sou1·dine, en monillanl:
les crins de Parchet, en se bouchant les oreilles et en
s’enveloppant la tête , il lui a été impossible d’être entendu, J
sans entendre lui- même. Il a fallu avoir recours alu
procédé suivant, qui, malheureusement, ne permet que
` la vérification d’une note isolée. Afin d’irniter en tout
le jeu ordinaire et favoriser ainsi Pexactitude des mou-
vemens, on meut Parchet sur un double linge appuyé
sur les cordes ;_ on étouffe ainsi les sons qui pourraient
naître soit de cet arcliet, soit des doigts qui attaquent
diapason à la contre-basse, ii6 au violoncelle , 13 à l’:ilto et ra au
violon. Il y maintenant sur ce point des différences très-sensibles , ear:
fai vu des contre-basses où il était de 37 pouces et 1 à 3 lignes; des
violoncelles où il n’était que de ai pouces rt ligues; des altos où il
n’était que de I2 pouces et ro à rr lignes, et des violons où il était
de 12 pouces et 2 à 3 lignes. Cela posé, supposons qulau violon du
Vll'tll.0S€ les cordes al€Hl. Il PIHICCS jllSt€5 (IC lûllgllëllï, et q|l,Ell€S EH.
aient rn et 2 lignes au violon d`emprunt. Quand il veut faire un la
octave de la seconde corde, l'habiturle lui fait placer le doigt a6 pouces
juste du sillet sur son violon, et il fait vibrer une corde dc 6 pouces.
Sur le violon d.’en1prunt il ferait vibrer nue corde de 6 pouces et 2
lignes, ce qui lui donnerait un la trop grave de 2 eommiis et un
cinquième, Ou une erreur d’uu quart\dè_ tonf '
4

( 46 )
les cordes; alors , on joue sans rien entendre un morceau
quelconque en ut majeur , et après une dizaine de mesures,
plus ou moins; après avoir parcouru soit lentement,
soit rapidement, les diverses cordes et toutes les dis-
tances , on-s’arrête tout- à—coup sur une note dont on
donne le nom avant de la faire entendre et de la vérifier
sur la basse divisée dont je parlerai tout_à l’heure. cette
basse sert à donner l’intonation exacte de la note de
départ, inton:-ition que l’artiste prend sur sa basse avant
qu’0n étouffe les sons. C’est une précaution dont nous
avons reconnu l’utilité. Voici maintenant le résultat de
cette expérience souvent faite sur le violoncelle par
M. Baumann , et une fois sur le violon par M. Bebier.
Si le morceau est lent, quelle que soit la note sur
laquelle on s’arrête, on la trouve presque toujours juste
et rarement e11 €I'I'€lI1' d’un demi—comma, dans les posi-
tions faciles. Si après un grand nombre de mesures, on
s’arrête sur une note voisine du chevalet, l’erreur monte
quelquefois à un comma , et jamais à deux. Quand le
mouvement est très-rapide et que la main s’élance du
haut en bas de la touche pour attaquer la note à vérifier,
on trouve parfois une erreur de deux commas, si l’on a
joué long-temps avant de s’arrêter.
Quand on parcourt ditférens tons et qu’on s’arrête avant
d’être rentré en ut; quand le prélude est prolongé et
rapide; quand les` doigts franchissent toutes les distances ,
on trouve encore plus de notes justes que de fausses, et
l’erreur de ces dernières s’est quelquefois élevée jusqu'à
un demi-ton` majeur.
Enfin quand on réunit toutes les difficultés , celles des
changemens de ton et de modes ., de la vîtesse, des
grands intervalles , et qu’on se prive encore de la faculté
de jeter un coup—d’œil sur la touche qu’on parcourt avec

( 47 )
la rapidité del’éclair, on trouve des erreurs qui peuvent
s’élever à un ton entier , quand on se précipite du haut
de la toucher jusques près du chevalet. L’erreur ne s’élève
jamais à plus de deux commas dans ces cas extrêmes, si
l’on s’arrête brusquement sur une position aisée.
Ces expériences forcées prouvent évidemment que l’ha-
bitude a une très-grande part dans l’exécution sur des
instrumens à sons libres, puisqu’elle fournit des résultats
satisfaisans lors même qu’elle est privée du secours de
l’œil et de l’oreille. , _,
Dans un orchestre de théâtre où les instrumens à vent
se mêlent aux instrumens à archet, le_dièse d’une note
se confond avec le bémol de la note suivante, et si l’on
peut les différencier par la multitude de clefs et les arti-
fices ide Pembouchure, ils ne sont jamais bien purs,
surtout dans les tons autres que celui sur lequel l"ins-
trument a été construit. Les instrumens à archet sont
forcés dïimiter ces altérations, ce tempérament, et il en
résulte que les morceaux écrits dans certains mouvemens
et dans certains tous chargés de dièses et de bémols,
prennent une pâleur, une teinte sombre qui concourt
avec l’action dramatique à la production de l’eli`et prévu ..
par le compositeur. C’est ainsi que des imperfections se
transforment en beautés, et que l’art se crée des ressources ·
de sa propre indigence. Si, au contraire, chaque dièse,
chaque bémol, chaque note enfin prenait Pintonation
exacte qu’elle doit avoir dans le ton où l’0n_j0ue , l’exé-
cution ferait naître des sensations plus vives, plus pro-
forides, mais moins variées, peut—être, et pour les
nuancer autant, il faudrait avoir plus fréquemmentrecours
aux cliangemens de ton, de mode, et de mouvement; il ·
faudrait prendre plus de Soin pour faire pa1·ler on faire
taire tel ou tel instrument dont le timbre favorise plus
ou moins l’eft`et attendu.

( 48 )
Les tons des cor`des à vide dans Iles instrumens à archet
sont les plus brillans, parce que" ce sont——ceux-là qu’dn
joue le plus juste.··Les autres sont d’autant'plus ternes
que leurs notes accidentées sont plus nombreuses, et par
suite moins exactement ren dues. Ces distinctions n'auraient
pas lieu si l’exécuti0n était absolument parfaite dans' tous
les tons, et alors il serait impossible de s’àpercevoir
qu’un mo1·ceau incon11u a été transposé avant Pexécution.
Ces distinctions seraient moins saillantes., même dans
Pimparfaite exécution , si les tons entiers de la gamme
étaient tous égaux, car quinze notes au moins que l’on ‘
joue fausses seraient jouées justes. "
, En mettant toujours à part le changement cl’eft`et pro-
venant d’un changement de mode, ou de timbre` dans
les_sons, ou de gravité , 'qu’y a-t-il de plus uniformef
que le même air joué dans tous les tons sur la guitare?
Sur cetlinstrument on ne peut point jouer faux, les
gammes de tous les tons sont parfaitement égales, les
tons entiers sont tous égaux et valent deux demi—tons,'
car les sillets lixes sont distribués SUI` la touche suivant
la loi du tempérament égal. De ce que les gammes sont
parfaitement égales sur la guitare, il en résulte qu’un ‘
chant p1·end un caractère qui ne change pas malgré les
transpositions; mais ce caractere serait modifié si ce
chant était exécuté par une voix juste, et cette modi-
fication , toute à l’avantage de la voix,‘dont les gammes
sont-égales _aussi , mais où tous les tons ne sont ni égaux
entr’eux ni composés de deux demi-tons, provient de; ce
que tous les tons dela gamme sont égaux sur la guitare,
et de ce que toutes les notes y sont conséquemment un
peu fausses. E T
De toutes ces remarques, il résulte qu’en général, et
à part les cas particuliers , il y a peut-être plus d’avantages

·( 49 )
que d’iuconvéniens à jouer dans tous les tons les mi",
la°, réc, etc., comme des mi, la, ré naturels, et même
à estropier des dièses et des bémols, que de jouer dans
la rigueur mathématique; on y gagne plus de variété
d’etî'ets, mais on,y perd la vivacité du plaisir.'Quoi, qu"il
en soit,;cette`routine, au lieu d’appuyer l’opinion de
Calin , la combat, puisque ses etl`ets seraient moins variés
et moins saillans si les tous entiers de notre gamme
naturelle étaient parfaitement égaux.
Tai dit, tout-à-l’heure, que la touche' de la guitare
était divisée selon la loi du ternpérament égal. Tai cepen-
dant vu des guitares de prix où cette division était
manifestement fautive , tantôt en 11n seul endroit, tantôt
en plusieurs. Les guitares qui sortent de ll2\t€llCl: de
M. Delannoy, excellent luthier de notre ville , sont divisées
avec une grande justesse, ainsi que je m’en suis assuré
en calculant et vérifiant les distances du chevalet aux points
de division (cc). A ce mérite s’ajoutc celui également im-
(ll) Le diapason des guitares de M. Delauuoy est de 624 millimètres.
D’après cette donnée , les distances du chevalet aux divisions de la touche
sont en millimètres,
147,24 156,00 165,27 175,11 I85,5I 196,55 208,23 220,6t
223,73 247,63 262,36 277,96 294,49 312,00 330,55 350,2r
371,03 393,09 416,47 441,23 467,47 495,27 524,75 555,92
588,97 624,00. ' · » ·
Or, l'étendue du premier demi-ton moyen , savoir : 624 -— 588,97 :35,03
est à fort peu prêsrla dix-huitième partie de'624, car °î‘§‘: 34,6666,
Ainsi, sur un instrument Z1 cordes quelconque accordé d’après le tempé- .
rameut égal, le premier dcmi—ton moyen est à fort peu près la dix-huitième
partie de la longueur totale de la corde. C'est sur cette remarque qu'est
fondé le procédé géométrique suivant, employé par M. Delannoy, pour
construire le patron qui sert à distribuer les sillets sur la touche, ,·

( 50 )
' portant de la plénitude, de la tenue , de la rondeur et
du moëlleux des sons que l’on peut comparer à ceux de
la harpe. V D '
Si l’0n est curieux de savoir quelles sont les erreurs
des notes de la guitare, du piano, de Porgue, de la
harpe, accordés suivant le tempérament égal, il suflira,
pour se satisfaire , de jeter les yeux sur le tableau suivant :
A D F H M
î B
C `E G l , , `
AB est la longueur de la corde; on prend AD_ : î'§ AB. On élève
sur A B la perpendiculaire AC : AD : 34 2/3 ou 35. Ou tire CB.
En D on élève sur A B la perpendiculaire D E que l’on porte de D en F.
En F on élève F G perpendiculaire sur A B , on porte F G de F en H ....
et ainsi de suite. Il est évident que A C :. î'; AB; que DE LZ îë
DB; que FG : fg FB, etc., etc.
a"r

( 51 )
VaL" Rapports 5 Val." Rapports
Valeurs des valeurs Valeurs des valeurs
Notes. tem- tempérécs `Nnlcs. tem- lempérées
exactes. aux valeurs exactes. aux valeurs
pérées exactes· I .pé1·écs exactes.
t · I 64 É 80 ¤J•54
au 1 1 1 SO b 45 2 5
K 135 Tx; 81 0363 1 3 gz 50 mg;
ut E 2 § » sc 5 2 5 `
é [6 È-_ 80` 0,545 la 25 _â_ 8; 1,272 [
r " ÈÉ 2 Ã) S° 16 2 5)
L 80 0,181 8 L 8 0,636
ré É 2' ‘   _ lab E 2* *  
I É îëï Sl LYS! 5 È 8; 0,727
re" 64 2 (80) la 3 2 È;)
_ 6 .2 80 <~·7¤7 1 u 225 ig 3; mg:
, 2 I I- _î _î n I I. ___
mlb 5 8 1) a I28 " (80)
_ 5 A L 81 ¤·636 _ IG . 2 8; 0,ISl
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f 32 F? So LJ7? _ l5 Il 8[ 0,545
ab 25 2 8 I) S1 —§ 2 ·   ,,
I _ 675 _; 81 ¤»¤¤¤ 256 L $0 ¤,363
III.1°   2" 5; 2Hh, É 2**   A
fa É 2%; È 0,091 SP 2025 2% Si o,g05 I
3 80 1 024. 80
5 __ 8 A54 t
f`a‘* É; 2 ‘6' (-Eï;)0 2 ut 2 2 I

( 52 )
A l’inspection de ces valeurs on voit que sur l’orgue,
la harpe , le piano , la guitare, accordés selon le tempé-
rament égal, tous les sons, excepté les ut, sont plus ou
moins altérés. Il n’y a guères que les fa et les sol qu’on·
puisse regarder comme exacts. Les moins défectueux après
eux sont les ré et‘les si,. Les plus fautifs sont enfin les
fa, et les sol" : l’€1'I’€\ll‘ sur ces dernières; notes s’élève à
un comma et un quart. Or, il est de fait connu qu’il
est fort difficile à un violon , à une basse de se contraindre
assez pou1· bien accompagner une -guitare, un piano. il `
La raison en est facile à donner : si cette basse, si ce
violon a Phabitude de jouer mathématiquement juste, il
sera contraint de modifier toutes les notes, à la seule
exception des ut; il sera obligéde baisser celle—ci , de
hausser celle—là, d’un comma pour les unes, de plus ou
' moins d’un demi—comma_ pour·les autres. Ladifiiculté '
sera bien plus grande encore s’il joue habituellementiles
mic, lac, ut",,, réc, fa"c, etc., etc., comme s’ils étaient
des mi, la, ut”, ré, fa‘£,^etc., dans tous les tons. Les
erreurs, alors, pourraient s’élever à deux commas et un
quart : il n’y aurait pas moyen d’y tenir.,   _
La difficulté de bien accompagner un piano, une âui-
tare, est maintenant évidente; elle est, d’ailleurs, très-
connue, et elle p1·ouve invinciblement que si l’oreille
tolère une erreur d’un comma faite rarement sur des notes
qui passent avec vîtesse, elle est un supplice quand cette
erreu1·, réduite même à la moitié ou au tiers, a lieu
sur toutes ou presque toutes les notes qu’on lui fait
entendre. i · ·
C’est donc à tort que la généralité des maîtres et des
amateurs soutiennent et répètent que dans la pratique
l’oreille est absolument insensible au comma % , et qu’il
faut abandonner ces misères aux pédans, aux mathéma-
ticiens. Il est fâcheux qu’une méthode d‘enseignement
 

( 53 )
comme celle de Galin soit entachée d’une semblable erreur.
Il est temps de compléter, par d’autres expériences
directes , la preuve que les bons artistes sont plus pédans,
plus mathématiciens qu’on ne le pense. `
J’ai fait élever le sillet d’une basse et baisser le che-
valet pour [que la corde filée dont"j’ai' fait usage soit
exactement parallèle à la touche sur laquelle ïài collé un
papier blanc.'J’ai placé le chevalet à une distanc_e du sillet
telle que la longueur de la corde est exactement de 72
centimètres. Sur la ligne droite tracée sous la corde et
qui divise la largeur de la touche en deux parties égales,
j’ai porté les longueurs exactes descordes corresponë
dautes à toutes les notes du tableau page 9 et à celles ,
du tempérament égal. Aux points de`division fai tiré des
perpendiculaires de diverses couleurs , et le long desquelles
je place les bords d’une petite planche courbe ou chevalet
mobile et plat, et dont Pépaisseur 'est d’un à deux dixièmes
de millimètre moindre queqla" distance qui sépare la
touche de la corde.: Au moyen d’une lame de liège que
je place bord à bord sur ce chevalet et surla corde, je
suis sûr , en appuyant., de ne pointaugmenter la tension
de celle-ci et de ne point errer de plus d’un h deux
dixièmes de millimètre sur les longueurs qu’il convient
de lui donner dans les diverses expériences. · ' `
La cheville est si bien ajustée, qu’elle tient la corde
à une_ tension constante; mais comme cette tension peut
varier par d’autres causes, je vérifie le son avant et
après chaque expérience. En un mot, j’ai pris les plus `
minntieuses précautions pour évite1· toute erreur autre
que celles dues à la non absolue sensibilité de l’oreille.
_ PREMIÈRE Ex1:•Én1ENcE:
L’archet passe légèrement sur la corde; Partiste exercé

( 54 )
qui veut bien m’aider chante Punisson qu’il nomme ut.
Ma corde se tait, l’aide chante encore ut, ut, ut, puis
il chante le ré que je compare à celui de la basse : ces
deux ré sont jugés à Punisson parfait. Je fais entendre
de nouveau l’ut dont l’aide reprend l’unisson ; je me tais,
il chante ut, ré, mi; je compare ce mi qu’il tient au
mi de la basse, et nous sommes à l’unisson parfait. En
continuant ainsi, soit en montant, soit en descendant,
j’ai vingt fois vérifié, avec dilïérentes personnes , les sons
de la gamme donnés par les parties de la corde rigou-
reusement, divisée suivant les rapports depuis long—temps
adoptés.
Je répète Pexpérience précédente; mais cette fois, je
fais sonner le ré dont·l’aide prend l’unisson et qu’il
appelle ut. ll passe au ré qui correspond au mi" de ma
corde, et nous avons encore l’unisson. Son sol, qui
correspond à mon la", donne également l’unisson. »
Si je recommence. encore l’expérience en faisant entendre
le la que l’aide appelle ut, je reconnais de même qu’il
faut jouer 2. ut",,, 2. réc, 2 fa"c pour être à l’unisson de
ses mi, fa, la. I [ i Q
Si je joue avec intention un son trop aigu ou trop
grave d’uu comma, ou même d’un demi-comma, Partiste
s’en aperçoit à l’instant. Il se condamne d’abord, il de-
mande à recommencer : il y mettra toute son attention;
mais si je le trompe encore , il n’l1ésite point à m’accuser
de jouer faux, ce dont je conviens en lui montrant à
quelle petite distance du vrai point j’ai placé mon chevalet.
Peut—0n faire une expérience plus simple , plus niaise
et plus concluante que celle—là ! Ne faut—il pas être autre ~
chose qu’un entêté pour en récuser les résultats que chacun
peut obtenir s’il veut y mettre le soin convenable?
Mais poursuivons : r

( 55 )
La gamme de ma basse a été comparée à celle d’une
des meilleures guitares de Delannoy. Le propriétaire de
ce bel instrument a pu croire un instant avoir fait un
marché onéreux, tant les différences entre la plupart de
ses sons et les miens étaient sensibles , tandis que d’autres
sons paraissaient exacts; mais comme à l’aide du tableau
page 51 je pouvais lui prédire le sens et Pétendue des
erreurs que je pouvais même effacer à l’avance, il est
resté convaincu de Pexcellence de son instrument et de
Pinévitahle mauvais etïet du tempérament égal. Ce tempé-
rament est néanmoins le meilleur que l’0n puisse adopter
pour un instrument où l’on confond les dièses et les
bémols, et sur lequel on veut jouer dans tous les tons
et les modes usités.
DEUXIÈME EXPÉXUENCE:
Ma corde est à Punisson de l’ut du violoncelle que tient
M. Baumann. Il joue des préludes dans le ton de cette
corde, puis il s"arrête sur un son que je vérifie et que
je trouve toujours juste s’il joue avec lenteur;`mais qui
est rarement en erreur d’un comma si le jeu est très-
rapide et si les doigts franchissent les plus grands intervalles.
Il joue une romance connue dans un ton donné; par
exemple en ré. Il s’arrête sur un mi ou sur un la, et je
trouve qu’il a joué mic et la°. C’est Poreille, c’est le sen-
timent de la tonalité qui Pemportent ici sur·l’habitude.
Mais s’il promène un prélude dans dilïérens tons et avec
vitesse, et si, revenu en ré, il s’arrête brusquement sur
ces notes, elles sont identiques- avec le mi et le la naturels.
La même expérience a été répétée avec le même succès
dans dilférens tons, par M. Baumann sur la basse , et
par M. Rebier sur le violon. ·
Voici enfin Pexpérience la plus décisive. Elle a été faite,

( 56 )
répétée et variée vingt fois par MM. Baumann , Delannoy,
Rebier et Noguer. On`accorde (deux violoncelles avec la
plus grande exactitude. On a vu , dans la première partie
de ce mémoire, combien l’oreille est exigeante sur la
quinte. On joue par intonation avec tout le soin possible
et en 'recommençant jusqu’à ce que toutes les oreilles
soient pleinement satisfaites , une gamme sur la quatrième
corde, et l’on s’arrête sur le la, dontrl’aut1·e violoncelle
prend Punisson exact. Ce la, comparé à celui de la clian—
terelle ài vide, a été jugé trop bas, ce qui `doit être.
Pendant que l’autre violoncelle maintient ce' la de la
gamme d’ut , le premier fait entendre le sol de la troisième
corde à videà Il répète sol, sol, sol, ju'squ’à ce que Pin-
tonation d’ut soit elïacée; alors, en·chantant ut tout
jouant ce sol, on passe à la seconde note de la gamme
de sol, seconde note` qui est à sol ce que ré est à ut.
On s’ar1·ête sur `cette seconde note et`on la trouve, trop
aiguë en la comparant au la tenu par l’autre violoncelle,
mais on la trouve à l’unisson dula sur la chanterelleàvide.
·Etonnés· de ce résultat et craignant une surprise,·ces
messieurs ont `répété entr’eu.x cette expérience qui piquait
vivement leur curiosité. Ils sont restés convaincus que«le
la de la gamme d’ut était un peu plus grave que celui de
la gammewle sol. Dès-lors ils ont eux—mêmes provoqué
les expériences, et l’on a pu `voir que i’ai largement usé
de leur extrême complaisance et de leur temps. ~· .
Nous avons reconnu de même que le mi, de la gamme
de ré était plus aigu que celui de la gamme d’ut, etc., etc.
Voyez le tableau page 31. "
Je ne conçois pas comment ce procédé de vérification,
si simple et si précis , n'a pas été employé par Galin
avant d’afl·irmer avec tant de force et de persistance que
tousïles tons entiers de la gamme sont parfaitement égaux.

(57 )
 
N O T E
SUR LE NOMBRE DES MODES MUSICAUX.
Par M. DELEzENNE. i
A Mu x8:y. u Y
PAI vainement cherché, dans les nombreux ouvrages
que fai consultés, une définition complète du mode, en
musique. Le passage suivant, que j’extrais d’un article de
Framery, dans l’encyclopédie méthodique, est ce que-
j’ai rencontré de moins vague sur ce point.
« Mode signifie manière d’être : ce mot exprime un
» arrangement convenu dans une série de sons. Àinsi la
» gamme 'composée de deux tétracordes semblables est
» dans un mode, et le mode est invariable; car si on
» faisait un autre arrangement dans le tétracorde, ce
» serait un autre mode. Ainsi lawgamme de Blanville,
» mi fa sol la si ut ré mi, est dans `un autre mode
» que notre gamme ut ré mi fa sol la si ut, quoique
» composée des mêmes sons; mais ils sont dilïéremment
» disposés. La gamme mineure est dans deux modes
» à la.fois et peut-être dans trois. Le premier tétracorde
az enf est ordinairement invariable; mais dans le second
» la sixte et la septième sont majeures en montant et
» mineures en descendant; ce-qui fait bien deux modes
» distincts, puisque ce sont deux arran gemens diH`é1·ens._»
' Ce passage semble conduire tout naturellement à la
définition suivante : Un mode est une suite de sons dont
les ùzlervalles sont C€ll·Z‘ de la gammesdzte naturelle, disposés
dans un ordre quelconque.

( 58 )
Les intervalles successifs de la gamme sont
9 IO 16 g I IO 9 16
8 g 15 8 - g 8 IS
qu’on peut représenter par
a b c d f g h.
Il résulterait donc de cette définition du mode qu’il
pourrait y en avoir autant qu’il y a de manières diH'é—
rentes d’arranger entr’elles les sept lettres a b c d f g h.
Ce nombre d’arrangemens ou de modes s’éleverait à
1.2..%.4.5.6.7 ou 5040 si tous les intervalles étaient
inégaux; mais à cause que a:d: g, que b: f et
que c : h, le nombre des modes dilférens se réduit
à 2:0, car
l.2·3·4.5·6.7 = 5.6.7 = gui q b
1 .2.3Xl .2Xl .2
Si l’on ne veut pas tenir compte du comma Q dont
les tons majeurs et mineurs ·§ et $ dilïèrent _entr’eux, le
nombre de ces modes se réduira à 2I , car ' V
l.2.3.4I5 . 6.7 _ 6.7 _
1.2.3.4.5x 1.2 _ 1 .2 _ zh
Mais l’ordre arbitraire établi dans la succession des inter-
valles a b c d f g h, entre les sons d’un mode, ne suüît
pas pour le constituer. Pour qn’il soit praticable il faut
qu’il ait une dominante, c’est—à-dire que la cinquième note
d’une gamme d’un mode, quelconque , soit la quinte juste }
de la tonique. Or, une quinte juste f : —§.ë.§.§— est
nécessairement composée d’une tierce majeure %·Ã;°ï = É
et d’une tierce mineure â-É.? : É, car § x É: É. Si donc

( 59 )
nous commençons les gammes de nos divers modes par
une tierce majeure formée des intervalles ab ou b a, il
faudra la faire suivre par une tierce mineure formée des
intervalles est ou ac, ce qui donnera les quatre com·-
binaisons
(1)abca (2)abac
(S)baca (/r)baac.
Si nous les commençons au contraire par une tierce
mineure a c ou ca , il faudra la faire suivre par une tierce
majeure ab ou ba, nce qui donnera les quatre com-
binaisons ·
(5)acab (6)caba
(7)acba (8)caab.
Ainsi les quatre premiers intervalles de nos divers modes ·
devront être l’une de ces huit combinaisons.
Un mode doit encore remplir cette autre condition que
la cinquième note au-dessous de Poctave de la tonique
fasse une quinte grave juste aveclelle; cela nous conduira
de·11ouveau aux mêmes huit combinaisons par lesquelles
nos dilïérens modes devront se terminer; et comme dans »
chaque mode il n’y a que sept intervalles, on voit que
pour constituer nos modes il ne faudra écrire, à la suite
de l’une quelconque de ces huit combinaisons, que celles
qui commencent par la lettre qui termine celle-là, et
n’écrire qu’une seule fois cette lettre commune. Ainsi,
par exemple, à la suite de la combinaison (1) ou ab ca,
on ne pourra écrire que les combinaisons (1), (2), (5)
et (7). A`la suite de la combinaison (2), on ne pourra
écrire que les combinaisons (6) et (8); mais comme il .

' ( 60 )
faudra efïacer l’11n des deux intervalles c c , qui d’ailleu1·s
doivent entrer dans tout mode quelconque , ces deux
modes seront É1 rejeter. En un mot, il ne faudra con--
server que ceux dans lesquels Pintervalle a entrera trois
fois , la deux -fois et c deux fois. Nous aurons ainsi les
seize modes suivans que nous distinguerous par des lettres.
A abcabac E bacabac
B abcabca F bacabca»
C abcacab G bacacab
D abcacba H baoacba
I acbabac N cababac
K acbabca ‘O oababca
L acbacab Pm cabaoab-
_ M acbacba Q cabacba
. A ce tableau nous ajouterons celui des gammes d’ut
de ces seize modes. · , 7

( 61 )
A ut ré mi fa sol la si 2 ut
B ul: ré mi fa sol la sib 2 nlü
C ut ré mi fa sol lab sibc 2 ut
D ul: ré mi fa sol lab. si b 2 ut
E ut rêb mi fa sol la si 2 ut
F ut réc mi fa sol la sib 2 ut
À G ut réc mi fa sol lab si bc 2 ui
H ul: réc mi fa sol lab sib 2 ul:
l ut ré mib fa sol la si 2 ut
K ut ré mîb fa sol ‘ la sib 2 ul:
L ut ré mib fa sol lab sib° 2. ut
- M ut ré mib fa sol lab sib 2 ut
N ul: rëb mi b fa sol la si 2 ut
O ut réb mib fa sol la sib 2 ut
P b ut réb mi b fa sol lab Y sib“ 2 ut
Q ul: réb mi b fa. sol lab sîb 2 ut

( 62 )
A Pinspection de ces deux tableaux on reconnaît une
relation curieuse entre les modes A et Q, dont les inter-
valles sont rangés dans un ordre inverse. Il en résulte
que les intervalles entre les sons de la gamme montante ‘
ut ré, mi, fa sol la, si, zut, sont respectivement les
mêmes que ceux de la gamme descendante zut si la sol
fa mi ré ut. Cette propriété n’est pas exclusive aux deux `
modes A et Q; elle appartient aussi aux modes B et M,
C et H, E et P, F et L, I et O, qui sont également
inverses l’un de l’autre. Les seuls modes D, G, K, N
n’ont pas d’inverse; mais ils sont eux—mêmes leur propre
inverse, puisque les intervalles également éloignés des L
extrêmes y sont égaux.
Lorsqu’on définit le mode : une suzte de sons dont les
intervalles sont ceux de la gamme naturelle, dzZs·pose's dans i
un ordre quelconque , nous avons vu qu’il y a 210 modes
qu’0n peut réduire à 2I; . (
Quand on le définit : une suzte de sons dont les litter-
valles sont ceux de la gamme naturelle, disposés dans un
ordre quelconque, mats assujëtzis à cette contlitzon que les
Iquùztes grave et azguë de la tomque sozent justes, nous i
venons de voir qu’il y a en tout 16 modes.
Pour savoir si les conditions exprimées dans cette
dernière définition sutlisent pour constituer un mode,
il faut examiner! si les seize modes auxquels elles con-
duisent sont usités.
`Si l’on s’en rapportait à l’opinion émise par Framery
et citée à la page 57 , les trois modes mineures I, K, L,
ou au moins les deux modes I, L , existeraient réellement. ,
D’un autre côté on lit dans le grand ouv1·age de M. Choron,
Prùzcipes de composition des ecoles d’Italze :
« Il est diificile de méconnaître ]’cxistence d’un troisième
» mode dans lequel la sixte et la septième peuvent être

( 63 D
» majeures ou mineures selon les cas : c’est celui de la
»» cinquième note d’un ton mineur; mais comme il ne
» peut être principal et que les auteurs classiques 11"en
» ont jamais parlé, je me contente de l’indiquer ici sans
» en traiter à part d’une manière théorique. Uusage en
» apprendra l"emploi qui est très-fréquent. »
Par cette dernière phrase, M. Choron émet assez posi-
tivement Popinion que les modes N et P sont usités.
Il n’y a pas de doute sur l78XlSlI€l1C€ et l’emploi du
mode mineur L; M. Clioron et les musiciens compositeurs
que j’ai consultés, pensent qu’il en est de même du mode
mixte P. Quant aux modes I et N , leu1· usage n’est pas
aussi bien constaté, non plus que celui du mode mineur
K, ainsi qu’ou en jugera par le passage suivant extrait
de Pessai sur le doigté du wiolorzcelle, par le célèbre
M. Duport.
« Il y a une difficulté qui se présente dans l’ordre de `
» la gamme mineure: les uns veulent la sixième note
» majeure en montant, d’autres la veulent mineure.
» Dans les auteurs j’ai trouvé la sixte ou sixième note
» quelquefois majeure en montant, d’autres fois mineure.
» Dans les gammes lentes, elle se trouve plus souvent
» mineure en montant, et dans les gammes vîtes, plus
» souvent majeure, toujou1·s en montant. »
« On trouve aussi quelquefois la septième note majeure
» en descendant, quoiqu’elle se fasse plus souvent mineure. »
Or, il est de fait qu’on trouve dans Haydn, dans
Mozart et dans beaucoup d’autres auteurs, une foule de
passages en mode majeur, et où la septième seulement
est mineure , et d’autres passages où la sixte et la septième
sont mineures ensemble; cependant on n’a jamais conolu de
ce fait que les gammes B , C , D soie11t les types d’autant de
modes majeurs diH`ére11s, et que ces modes soient usités.

, ( 64 )
Par conséquent, ou bien les modes B , C doivent être
admis comme les modes I, K,' N, O, puisqu’ils ont
tous la sixtc majeu1·e pour les uns et la sixte avec la
septième mineures pour les autres., ou bien ils doivent
être rejetés to11s ensemble. Si nous nous déterminons
pour le dernier parti qui , dans l’état actuel de la question ,
paraît le plus raisonnable , nous serons amenés à conclure
(IUE si la définition qui nous a conduits auxseize modes
ci—dessus renferme des conditions essentielles, elle ne les
renferine pas toutes. `
Pour découvri1· quelles sont les conditions o1nises dans
cette définition , nous chercherons une propriété commune
aux modes A,`L, P, su1· lesquels il ne s’élève point _de
doute, et nous examinerons si cette propriété leur est
exclusive. `
Les sons des gammes A, L, P peuvent être disposés
dans l’ordre suivant:
A fa la ut mi sol si ré
L fa la, ut mi, sol sibc ré
P ré, fa lab ut mi, sol si,,“.
Dans cette disposition ils offrent une suite non inter-
rompue de tierces justes et alternativement majeures et
mineures, en commençant par une tierce majeure pour
les modes A et P, et par une tierce mineure pour le
mode L. ~
Cette propriété caractéristique appartient également
aux modes E, F, Q, Cal' ils donnent
E , réc fa la ut _ mi sol si"
F si, réc fa la ut mi sol
Q l si, ré, fa la, ut mi, sol

( 65 )
en commençant par une tierce mineu1·e pour les modes
E et Q, et par une tierce majeurne pour le mode F.
Il est impossible de disposer les sons desgammes des
dix autres modes en une suite non interrompue de tierces
alternativement majeures et mineures et justes.
Voici le tableau des gammes types de ces six modes.
A ut ré mi fa sol la si 2 ut
Modes majeurs. E ut réc mir fa sol la si zut U
F sol la si zut aré amizfa 2sol.
L la si ut réc mi fa sol zla
Modesmineurs. P mi fa sol la si zut zré ami
_ Q mi fa sol la si zut zréc zmi.
Ce qui caractérise un mode, ce qui le distingue plus
particulièrement d’un autre, c’est la place qu'0ccupe'nt,
dans la série des intervalles qui l`e constituent, les deux
semi-tons majeurs. Les divers arrangemens du ton ma-
jeur as et du ton mineur b y ont une influence inliniment
moindre : ils ne font pour ainsi dire que le nuancer
légèrement, puisque ces tons ne diffèrent que du comma §.
D’après cette considération, nous pouvons encore sup-
primer les modes E et Q comme étant respectivement
semblables aux modes A et P. Il ne nous restera ainsi
que les quatre modes A, L, F et P, parmi lesquels le
seul mode_F n’est pas généralement admis. Cependant,
deux habiles compositeurs que j’ai consultés à ce sujet,
m’ont déclaré qu’il se prête aux lois et aux combinaisons
de Pharmonie. Il est au mode majeur principal ce que le

( 66 )
mode cle Blainville est au mode mineur. En elfet, les
modes L et P ne diffèrent qu’en ce que la seconde est
majeure dans le premier, et qu’elle est mineure dans le
second; de même les modes A et F ne diffèrent guères
qu’en ce que le complément de la seconde est majeur
dans le premier, et qu’il est mineur dans l’autre. Enfin
si le imode mineur principal a, pour ainsi dire, son
mode accessoire , on ne voit pas pourquoi il n’en serait
pas de même du mode majeur. "
Cette discussion nous conduit enfin à une définition.
précise du mode.
Un mode est une suite cle notes dont les ùuervalles sont
ceux de la gamme naturelle, disposés clans un ordre quel-
conque ; mais asszqeîzes à ces deux conditions, 1.° qu’elles
puissent être rangées en une suzte de tierces justes alterna-
tzbenient majeures et mzheures; 2.° que les quàztes grave et
azguë de la tonique soient justes.
Si l’on range les gammes types des quatre modes dans
l’o1·dre ciwdessous, on remarquera que les notes situées
dans une même colonne verticale se suivent par tierces
justes majeures et mineures alternatives, excepté pour
les secondes qui commencent par deux tierces mineures
consécutives, et pour les septièmes qui finissent de même.
Cette disposition laisse encore voir d’autres propriétés
futiles. ’ i
L la si zut zréc zmi zfa zsol 2la
A ut ré bmi fa sol la si 2 ut
P mi fa sol la si ut ré mi
F sol la si zut zré ami zfa zsol.
, ~ I
1

( 67 )
Je donnerai, pour te1·miner, le tableau des gammes
dans tous les tons des quatre modes L, A, P, F. On
reconnaîtra, à leur inspection, que pour jouer abso-
lument juste dans ces modes, il faut que chaque octave
renferme respectivement 46 , 45 , 47 , 46 notes diH`érentes;
Il en faut 56 pour les seuls modes mineur L et majeur A
ensemble. Enfin il en faut BS pour les quatre modes.
Ce résultat est bien propre à prouver la nécessité d’un
tempérament, même pour les instrumens à sons libres,
et à faire sentir combien on s"éloigne de la perfection
dans le jeu des instrumens à sons fixes qui n’oî1t que
I2 notes clilférexites par octave. ‘ i

L ( 68 )
'I.Ii'l, Tél, Klik.], ifahl SOI', Iam, Sihb 2 Ut',
tél, mi l, fàl, soll, Ial, sill, 2 utl,° 2 tél,
mil, fa° s0ll,° lab si l,° 2 utl,° 2 tél,° 2 mil,
fal, Solbc lal,l,° sil,l, 2 utl,° 2 tél,l,° 2 mil,l,° 2 fab F
soll, lal, _ sil,l, 2 utl, 2 tél, 2 mill, 2 fal, 2 soll,
lal, silf 2utl,°Y 2 tél, 2 mil, 2 fal, 2 s0ll,° 2 lal,
sil, 2 ut 2 tél, 2 milc 2 fg 2 soll, 2.]al, 2 sil,
ut ré mil, fa sol lab sil,° 2 ut
‘ W
ré mic fa° sol la" sil,° 2 utc 2 ré
mi fa" sol la si 2 ut 2 ré 2 mi
fa sol lal, sil, 2 ul: 2 tél, 2 mil, 2 fa '
sol la° sil," 2 ut 2 ré 2 mil, 2 fa" 2 sol
la si 2 ut 2 réc 2mi 2 fa 2 sol 2 la
si 2 ut", 2 té 2 mi 2 fa! 2 sol 2 1a° ,2 si
ut°‘ ré“°· mi“ fa" sol" l lac si° 2 utt
:é* mi” fa" s0I" Ia" si 2 ut" 2 rét
mi“ fam »· sol" ]a" si“ 2. ut" _ 2 ré" 2 mi" A
(2* s0l“° Ia" si ` 2 ut" 2 ré 2 mi° 2 fa"
s0l‘* la* si 2 ut",l 2 té‘* 2 mi 2 fa" 2 s0I“
12* ·si" A 2 ut" 2 té" 2 mi“ 2 fa" 2 s0l‘*° 2 l2”
Si" 2 ut“*‘“ 2 ré" 2 mi" 2 fa“"° 2 s0l"° 2 la“° 2 si‘ '

 
A ( 69 )
utl; rël, mil,l, falc soll, 1al,c sil, 2 ull,
rél, mi l, fa soll, lal, sil, 2 ut 2 rél,
mil, fac sol lal, sil,“ 2 ut 2 ré zlmil,
fal, Solbc lal, sibl, 2 utl,° 2 Tél, 2 mil, 2 fal, i
$01l, lal, sil, 2 utl, 2 tél, 2 mile 2 fa 2 $01l,
lal, sil,° 2 pi; 2 rél, 2 mil, 2 fa 2 sol 213l,
sil, 2 ut 2 rëc 2 milc 2 fa 2 s01c 213. 2 sil,
ui: té mi fa sol la si i 2 uit
ré mi° fa" sol la" U si 2 ut* 2 ré
mi fa"' $01" la si 2 ut"`, 2 1·é“ 2 mi
fa $01 la sil, 2 ut 2 réc 2 mi 2 fa
s01 la“ si 2 ut 2 ré 2 mi 2 fa" 2 $01
la si 2 ut*c 2 ré 2 mi 2 fa“,, 2 s01" 2 la ,
si 2 ut" 2 1·é* 2 mi 2 fa" 2 $01* 21.3} 2 si
ut“ ré“° mi“ fa" s01“° 12** si* 2 u1" i
ré" mi“ fa" $01* la" si" 2 ut"“ 2 1·é*
mi* fam s01“* 12* si" 2 ut" 2 ré" 2 mi"
fa", s01‘*° la“ si 2 ut‘* 2 ré" 2 mi° 2 fa."
s0l* 12* si“c 2 i1t”c 2 rë" 2 mi‘*c 2 fa“ 2 s0l*
121* si" 2 ut“°' 2 1·é“ 2 mi" 2 fa" 4 2 $01*** 2 la"
si" 2 ut"': 2 ré" 2 mi“ A 2 fam 2 s01** 2 la" 2 si“

P ( 70 )
utb rébb mibb fam, , s0lb labb sim, 2 utb
réb mibb fab solb lab sim, 2 utb“ 2 réb
mib fab s0lb° lab sib° 2 utb° 2 rêb° 2 mib
fab 'solbb lam,° sibb 2 utb° 2 1·ém,° 2 mibb° 2 fab
solb labb sibb 2 utb 2 réb 2 mim, 2 fab 2 s0lb
lab sim, 2 utb° 2 réb 2 mib 2 fab 2 Solbc 2 lab
sib 2 utb 2 réb 2 mim, 2 fa 2 solb 2 lab 2 si b
ut rêb mib fa sol lab sib° 2 ut
ré mib fa': sol la" sib° 2 ut': 2 ré
mi fa A sol la si 2 ut 2 ré 2 mi
fa solb lab _sib 2 ut .2 réb 2 mib 2 fa.
sol lab sib° *2 ut 2 ré 2 mi b 2 fa° 2 sol I
la sib 2 ut 2 ré., 2 mi 2 fa 2 sol 2 la
si, 2 ut 2 ré 2 mi 2 Fa" 2 sol 2 la° 2 si
ut“ ré mi° f2“ s0l* la° si° 2 ut*
ré* mi i fa" $01* la" si 2 ut°° 2`Féu _
mi“ fa“ s0l”° la' si' 2 ut‘ 2 1·é"° 2 mi’
fa‘* sol la" si 2 ut“ 2 ré 2 mi° 2 fa”
sol" la si 2 ut",, 2`ré“ 2 mi 2 fa" 2 $01*
1a** si 2 ut* 2 ré“ 2 mi' 2 fa" 2 s0I“° 2 la"
si‘* 2 ut“ 2 xé*° 2 mi“ 2 fam 2 s01”° 2 la“° 2 si“
U

F . ( 7 1 )
utb rébc mibc fâbc solb labb sibbb 2 utb
rëb mibb fa solb lab sib 2 utb 2 réb
mîb fa sol lab sibc 2 ut 2 réb 2 mib
fab solb lab sibb 2 uîb° 2 réb 2 mibb 2 fab
\
solb labb sib 2 ulb 2 1·ëb 2 mibb 2 fate 2 solb
lab sîb 2 ul; 2 réb 2 mib 2 fa. 2 solb 2 lab
sib 2 ulb 2 réa 2 mibb 2 fa 2 solc 2 lûbc 2 sib
ut réc mi fa sol la sib 2 ut
ré mi fa" sol la° si 2 ut 2 ré
mi fa"b s0l‘ la si 2 ut‘*c 2 rëc 2 mi
fa sole la sib 2 ut 2 réc 2 mîbc 2 fa
sol ° la si 2 ut 2 ré 2mi 2 fa 2 sol
la si., 2 ut"c 2 réa 2 mi 2 fa“,, 2·s0lb 2 la ·»
si 2 uti, 2 ré” 2 mi 2 fa“ 2 sol' 2 la 2 si
ut" 1·é“ mi" fa" sol“° la“ si 2 ut° `
1·é“ mi"c fa" s0l‘* la" si" 2 ut‘* 2 1·é"
mi" fa“" sol" la" si" 2 ut“” 2 ré" 2 mi"
fal s0l“ la" si 2 ut" 2 ré" 2 mi 2 fa** ,
$01** 1a*b si‘*c 2 ut"b 2 ré" 2 mi"c 2 fa*c 2 $01* ·
la" si“c 2 u|;"“À 2 ré“ 2 mi““ 2 fa"" 2 s0l" 2 la“ `
si" 2 utlli 2 ré=l** 2 mil 2 fam 2 sol”|· 2 la" 2 sî“
 

( 72 ) _
 
OBSERVATIONS
SUR LA MACHINE PNEUMATIQUE . -
A DOUBLE CYLINDRE,
Par M. Victor D E 11 0 D E.
16 rivaux 1827. ~
On croit assez généralement que dans la machine pneu-
matique à double cylindre , Patmosphère tend à faire
descendre un piston avec une force précisément égale â.
celle qu’elle oppose à Pascension de Pautre.
Pour nous convaincre que c’est là une erreur, exa-
minons ce qui se passe pendant les mouvemens alternatifs
de la machine. ,
Pour fixer les idées, supposons le récipient de la ma- _
chinerayant une capacité exprimée par g “è°· °“‘”·; supposons
aussi la capacité de chaque corps de pompe égale à 1 ‘1ê°· °“l’·
Exprimons par 1 la hauteur quelconque du baromètre
pendant Pexpérience.
Enfin , prenons la machine dans une position telle , que
le piston que nous appellerons a·se trouve au bas du
cylindre A, ayant le moindre volume d’air sous lui; et le
piston que nous nommerons I: au haut du corps de pompe
B, ayant par conséquentsous lui un volume d’air égal
à Q du récipient et à la pression de 1. .
Cela posé, commençons le premier mouvement; voici
ce qui arrivera : «
La. soupape qui est au bas du« corps de pompe B, et
que nous appellerons b', se fërme;

( 73 )
La soupape semblable en A, et que nous appellerons
a' , .s·’0zwrc ; '
La soupape b' a interrompu la communication du réci-
pient avec le corps de pompe B;
·La soupape a' a ouvert la communication du corps de A
pompe A avec le récipient.
En continuant le mouvement, l’air contenu en B, ala
densité 1 , s’est échappé par la soupape b (1).
Et d’un autre côté , l’air du récipient s’étant dilaté dans
le corps de pompe, la densité intérieure a diminué et '
l’air extérieur presse su1· le piston a , pour le faire des-
cendre, avec une f01`CC égale à la différence de densité de
l’air extérieur ou 1 avec la densité de l’air intérieur.
Pour opérer le premier mouvement, il a donc fallu
vaincre ,
1.° Le frottement des deu'x pistons contre-les parois;
2.° Larésistance qu’opposait l’air contenu dans le corps
de pompe B B1 la descente du piston qui le comprime ,
résistance égale au poids de la soupape b , plus les
frottemens ;
3.° La différence de densité de l’air extérieur avec celui
qui se dilatait dans Ie corps de pompe A. _
Pour plus de simplicité , nous ferons abstraction des _
deux premières valeurs pour ne nous occuper que de la
troisième. Nous 1·aisonnerons donc comme s’il n’y avait
point de frottemens.
Pour connaître cette troisième valeur , il suffit de consi- _
dérer que la capacité du corps—de pompe a ayant été
ajouté à celle du récipient, l’air de ce récipient où 9
a occupé un espace comme ?,' et comme Ia densité est
(1) Par conséquent le poids de Patmcsphère n‘agi! point sur lui punr
le faire descendre. ` ,
x ‘ '

( 74 )
en raison inverse de Pespnce occupé par le même volume , ·
il s"en suit qu’ar1·ivé au terme de sa course, le piston u
avait sous lui de l’air à la pression $3. _ ·
On a donc eu à vaincre une résistance qui a augmenté
suivant une progression dont le dernier terme était -5
d’atmosphère.
Cet examen du premier mouvement nous apprend qu’on
a eu à vaincre , sans aucune conuzemation, une résistance
croissante , dont le maximum est È. F
Voyons ce qui se passera au second mouvement.
Souvenons-nous que le piston la est au bas de son corps
de pompe , le piston a en haut du sien, ayant sous lui
de Pair à $5- de densité.
Dès que les pistons sont mus , la soupape u se ferme
et laisse dans le corps de pompe de Pair à ;%,-, gui n’es‘
plus en communzbatzbn avec le rëczivient.
La soupape b s’ouv1·e et établit la communication du
récipient avec la capacité B. "
Le secondmouvement étant achevé , le piston lv a sous ·
lui de Pair qui, d’abord à % , a été dilaté d’une manière
identique à celle du premier coup de piston, c’est—à-dire A
de %;; la densité alors est donc de ;%, et par conséquent la
résistance qu’oppose Pair extérieur est de % , quantité qui
est également le dernier terme d’une progression croissante.
Voyons ce qui se passe de Pautre côté.
Le corps de pompe A renfermait de Pair à la densité ;%,-.
· Donc si le piston était abandonné à lui-même, il des-
cendrait jusqu’à ce que Pai1· fût à une égale densité,
en-dessus et en-dessous de lui; or , la pression extérieure
étant 1 , il descendrait 5 de la hauteur du cylindre, et
lâ il s’arrêterait. Il serait alors dans le même état qu’il était
au mouvement précédent et ne donnerait aucune compensation.
Mais dans les considérations que nous venons de pré-

( 75 )
senter sur le second mouvement , nous avons examiné
chaque piston comme agissant isolément, il faut actuel-
lement étudier leur ensemble.
Au lever du piston lr 1’air du cylindre A est à ëg, et
l’air du récipient, avec lequel b communique, est aussi
à la même pression TÈ. A cet instant il y a donc équilibre.
Mais dans l’instant indivisible qui suit celui-la , la densité
en A augmente et celle en B diminue; il n’y a plus
équilibre.
Voici comment il est rompu.
La force qui appuie en A pour faire baisser le piston
de 5 du cylindre, va en diminuant pendant ce trajet,
suivant une série dont le dernier terme est zéro.
La résistance en B suit au contraire uneprogression
ascendante qui augmente comme l’autre décroît. Au 20.°
du trajet l’ePt`et de la compensation sera donc entièrement _
neutralisé. l  
Cet examen du second mouvement nous apprend qu’on
a à vaincre, sans aucuzwjcompensatzbn, une résistance de
;% d’atmosphère pendant les £ du trajet.
Or , l’2l1' se dilatant toujours à chaque coup de piston ,
suivant la proportion que nous venons d’indiquer, c’est·
à—dire des és de ce qu’il était précédemment , on pourrait
toujours par le calcul assurer sa densité après n coups
d· piston ; de la on connaîtrait la résistance à vaincre,
puisqu’elle égale la différence intérieure avec Patmosphêre;
on déduirait aussi Peffet de la compensation ; car cet elfet
a lieu jusqu’à ce que l’air renfermé dans le corps de
pompe soit ramené à la densité de l’air extérieur. —
Pour ne pas compliquer la marche du raisonnement,
nous avons considéré comme nulles plusieurs forces qui,
cependant, devraient entrer en ligne de compte. A
(Pest ainsi que nous avons fait abstraction du frottement

( 76 )
des deux pistons ; que nous n’avons point tenu note de
la résistance qu’0ppose Pair pour soulever la soupape de
l’un d’eux.
Ces quantités , peu importantes à la vérité, finissent
cependant par se faire sentir lorsqu’on met en jeu la
machine pendant un espace de temps un peu considérable`.
Ioignons à cela l’eft`ort qu’exige'réellement l’ascension des
pistons , et nous pourrons nous rendre raison de la fatigue`
qu’on éprouve à manœuvrer la pompe pneumatique ,
fatigue qui , dès Porigine, avait donné un démenti formel
à la théorie qui établitiune compensation complète.
Cette observation recevra un degré d’intérêt de plus .,
quand on saura qu’un ingénieur a publié le plan détaillé
d’une machine considérable où la force motrice est une
_ application de cette prétendue propriété de compensation
dans la pompe pneumatique. Il a aecompagilé ce plan d’un
mémoire assez étendu où tout serait vrai, si le principe
sur lequel il s’appuie l’était lui-même. Nous ne savons si
le projet conçu a été mis à exécution; mais comme il
pourrait se faire qu’ou accordât à ces idées une confiance
que l’on trouverait cruellement déçue , nous nous sommes
empressés de rédiger cette notice. Puisse-t-elle être de
quelque utilité; on a plus d’un exemple , même dans
— notre ville , de ces sortes d’entreprises commencées
aveuglément sur la foi de fausses propriétés des machines ,
et qu’on est forcé d’abandonner lorsqu’il s’agit d’en venir
à Papplication. ·
M. Barrois , notrerparent et collègue , ayant appliqué
le calcul à déterminer la loi des résistances et des compen-
sations, nous osons dire que cette,notice, jointe à son
mémoire , sera de quelque utilité pour la science et
Pindustrie.

( 77 )
THEORIE ANALYTIQUE
DE LA MACHINE PNEUMATIQUE.,
` i Par IVI. TI1. BARRUIS.
2 Mars ISVB7. '
La machine pneumatique dont nous allons rechercher
les propriétés , est à double cylindre}; nous ue la snp—·
posons cependant ainsi que pourrliiçer les idées ; car nos
résultats seront: également applicables à une machine à
cylindre unique. Il suffira d’y compter pour un coup
de piston , une allée et un retour de ce piston. Pour
l’usage ordinaire, ces dernières machines sont incom-
modes, parce que la force motrice qui y est très-grande
en aspirant, est négative dans le retour du piston. Il
faudrait, pour éviter cet inconvénient, employer un
volant pour régulariser la force mot1·ice.
Nous n’ignorons pas que , _dans les petites machines,
les frottemens, dont Pévaluation est toujours incertaine,
sont très-considérables pa1· rapport à la force employée I
directement à faire le vide , et qu’ainsi il restera toujours
de l’incertitude sur la force totale; mais la connaissance
de cette force totale présente anjourd’l1ui un intérêt par-
ticulier , parce que d’après le mémoire que notre collègue
M. V."' De1·ode vient d’oft`rir à la société , un ingénieur _
a publié tous les plans d’une machine considérable des-
tinée à servir de moteur, et basée sur une prétendue
propriété des machines pneumatiques. M. Derode a cru
devoir prévenir le public contre une chimère qui pourrait
ruiner plnsieurs`fabric::ns trop conlinus. Son mémoire ·
6

< 78 )
remplit parfaitement son but , en mettant par des raison-
nemens à la portée de tout le monde, la fausseté du
prétendu" principe en évidence. Ici le manufacturier est
satisfait, le mécanicien géomètre peut ne pas l’être avant
de connaître les diverses circonstances du jeu de cette
machine intéressante : circonstances qui conduisent d’ail-
leurs à une application d’anal·yse assez remarquable.
Nous nous proposons de déterminer ici , en ayant égard
au frottement des deux pistons , mais en négligeant l’ett`et
du petit poids des soupapes , et le léger frottement que
leur jeu occasionne , ‘
x.° La force vive p qu’il~f'aut employer pour donner
un coup de piston , lorsque le baromètre du 1·écipient
est à une hauteurh, donnée. ‘
2.° La force vive qu’il faut pour donner un nombre
quelconque n de coups de·pistou , en commençant lorsque
le récipient est plein d’air à la pression atmosphérique.
. S." De comparer cette derniè1·e force avec celle que
l’on pourrait obtenir du vide opéré sous le récipient.
En Pemployant à monter de l’eau; en calculant l’ascen'sion
de l’eau par sa communication avec un espace vide , nous
n’aurous pas égard à la vapeur qui se produit dans
_ cette circonstance, parce que`nous ne choisissons l’as·
cension de l’eau que pour calculer d’nne manière plus
conimode tout l’etï`et dynamique que l’on peut obtenir
du vide opéré. ‘
Nous supposons que dans tous les instans le mouvement
change par degré insensible. Nous pourrons ainsi né pas
avoi1· égard À l’inertie des masses des pistons et des autres
pièces de la machine. '
` Nous désignerons par H la hauteur du baromètre dans
l’air atmosphérique. Ce baromètre , comme tous les autres ,
sera censé être à eau. Nous prendrons le décimètre pour

U
( 79 )
unité de longueur, et comme le décimètre cube d’eau
pèse un kilogramme , les pressions, qui seront celles de
colonnes d’eau, seront exprimées en kilogrammes, et
les forces vives en kilogrammes élevés à un décimètre
de hauteur. P _ , ,
Indépendamment des baromètres extérieur et intérieur
dont les hauteurs sont H et h, nous supposerons que
pendant le jeu de la machine, il existe dans chaque
cylindre un baromètre è eau , dont la hauteur variera
pendant la durée de chaque coup de piston. Nous repré-
senterons en général par h' la hauteur variable du baromètre
dans le cylindre où se fait Paspération, et.par h" celle
de celui où s’opère la compression jusqu’à la tension
atmosphérique, de llair aspéré par le c0up de piston .
précédent. V ·
Nous désignerons encore par Vile volume du récipient,
exprimé en décimètres cubes;
Par ·v celui de chaque cylindre ; ·
Par'Z la hauteur de chaque course de piston; ,
Par r le rayon de chaque cylindre, et par av le rapport:
de la circonférence au diamètre 2 on aura ainsi 1: : zi ra Z;
Et enliu parf le poids qui est sur le point de vaincre
le frottement du piston de chaque cylindre, dans une
longueur unitaire de son contour. Ce poids sera pour
chaque piston 2 zu rfi
Cela posé, considérons·la marche de la machine, et
désignons par 2. la hauteur , à partir du fond, à laquelle
se trouve le piston aspirant à un instant quelconque; h'
et h" sont à cet instant les hauteurs des baromètres placés
dans les deux cylindres. ,
Supposons maintenant que ce piston mo11te d’une hau-
teur iufinimentpetite ul z , et regardons la forcep comme
composée de toutes celles infiniment petites _qu’il faut déve- _

I
( 80 )
lopper dans tous instans de la course des deux pistons. ·
ll est clair : ·- · ’·
x.° Que la pression sur le piston aspirant est égale à
son aire multipliée, pa1· la diltérence (H -·-— h' ) entre la
hauteur du baromètre extérieur et celle de celui qui est
placé·à .l’extérieur du cylindre aspirant; elle est donc
ur! (H-IL'); x
2.;° Que sur le piston descendant, la pression de haut
en bas estzvr¤ (H-li"); J ·
I 3.° Que tandis que le piston aspirant monte de la hauteur
d 2., l’autre descend de la même hauteur.
La force vive d p, nécessaire pour opérer ce mouvement
infiniment petit d z ,_est donc en comptant le frottement
des deux pistons:
dprzwrî (H-h') dz—zr'r¤(H—-h") dz·;-4zrr_}`.dz.
Au commencement de la course les hauteurs h' et h" étaient
égales à lz; mais par -le mouvement qui a eu lieu, l’air
s’est dilaté dans le cylindre aspirant et dans le récipient,
et d’après le principe physique sur la dilatation ou la
compression des gaz permanens qui conservent la même
température; les hauteurs du baromètre sont en raison
inverse des volumes occupés par le même gaz :
on a donc Iii : -L2-li-,
— V +· w r= z
làans l’autre cylindre l’air se comprime jusqu’à ce que
h" soit égal à H , alors la soupape .d’évacuation se lève '
et l’ai1·' y passe pendant le reste de la course; mais pour
tout le temps de la compression , on a , en vertu du
principe de physique que nous venons de citer,
’ VI IL" = —ë—É·-•
Z —— z ,

( 81 )
Eu substituant ces deux expressions, il vient,
' h . V
= H - ———- cl E7
d P N rs ( V + zu r2 2. )
I Z
.. ars (H -— ;·· ) dz-r·4w rf.d:;
Z — z ·
ce qui donne en intégrant ~
I V A.
`p= ars îHz—— -i-î- l(V+z¤r¤z);
za r
—wr¤ É Hz-4-hZl(Z — z) ï +42:rfz-a-const: (1)
en comptant Ia force p à partir de Pinstant où la course
du piston commence, on a ·
I V
Co11st:: zz rl %L·ZV—«-ILZIZE
arri
et ·
h V V + w r= z
2 H Z — —— Z -»î—-
P wi  ( v ll
Z ...
- uraâ Hz-1-IzZl—%;+4·¤r·fz .
expression dans laquelle le p1·emier polimone exprime
la force exercée pour monter le piston aspirant à la
hauteur z; le second, la force qui a été fournie par la
descente du piston comprimant, et le dernier terme exprime
le frottement des deux pistons. Comme on veut avoir la
force exigée par une course entière de piston, les inté- ~
grales pour le premier polimone et le dernier, doivent
(r)! est ici , comme dansle reste de ce mémoire, la caractéristique des
Iugarithmes naturels ou népérîcns.

( 82 )
être prises jusqu’à z =Z, et celle du second polimone
ne doit être comptée que jusqu’au point où là soupape
d‘évacuation/ commence â se_ lever; car après cela les
pressions exercées par l’air en-dessous et en-dessus du
piston sont égales; mais l’air contenu dans ce second
cylindre., qui, au commencement, était à la pression IL,
sera comprimé àla pression atmosphériquell, l0rsqu’on aura
Z I2
Z — 2. : î _
H — h
ou z : Z -——-
,, H ’
on aura donc pour la force qu’exige un coup de piston,
lorsque le'har0mètre du récipient est à la hauteur Iz ,
/ IL V V+ ·¤ ra Z }
2 H Z- ·——· I-—-———
P W *· É   V ; .
I
··-·¤r• g Z   + Zh.lîîI- ê -o-4 ·¤r·fZ
en réduisant et, mettant ·v pour er re Z.
- V I
p:4¤rfz—o- < Vl .%É, -4-·v > h-—·vh.lî;-
qui est la formule cherchée. l _
Il est à remarquer que lorsque le vide est parfait,
ou que 71,::0, il n’y a_plus, pour donner un coup de
piston, €l’autre résistance à vaincre que celle du frot-
tement ; car il est d’aborcl évident qu’alors le terme
(V I -:-,53-, +*:1) h , s’évanouit , et on reconnaît
que-oh . l E- qui se présente sous la forme indé-

( 83 )
terminée 0 >< 0© est aussi nul: car en faisant Iz : É,
—- h 0 .l % devient  ; et en diiïérentiant
par rapport à t les deux termes de cette fraction pour
_ ·vH ·v , `
en trouver la véritable valeur, 1l vient ——-::— qui
Hz z 1
est 0 quand II est inüui ou que h : 0.
Il est Dfacile en effet de comprendre que lorsque le
vide est parfait, la pression de Pair sur les deux pistons
est toujours égale , et qu’ainsi le piston descendant fait
gagner la force nécessaire pour monter le piston aspirant.
(Test probablement cette propriété qui a trompé Pingénieur
inventeur de la grande machine dont nous avons parlé;
il aura cru que cela avait également lieu pour toutes les
tensions de l’air contenu dans le récipientî Lorsque le
vide est parfait les coups de piston que l’on peut donner
ne produisant aucun 'elïet, il n’est pas étonnant qu’ils
u’exigent pas d’aut1·e dépense de force que celle nécessaire
pou1· vaincre les frottemens.
Cherchons maintenant quelle force il faut développer
pour faire le vide à une tension déterminée h , en com-
mençant l’opération lorsque le récipient est plein d’air e K
atmosphérique. ll est clair que ce sera la somme des forces
qu’il faudra employer pour donue1· le nombre n de coups
de piston, qui fera le vide à la tension désignée. Or,
après le premier coup de piston , la tension de l’air sous
le récipient est H L- après le second H (—l-)’
· V+#v, V+ ·u 7 _
e V 3
après le troisième H ( ———— ) et ainsi de suite.
V + 7.: A

( Si )
Ou a donc
V fl
I : H i-—
L · ( V + ·v >
1 %
d'où l’on lire n = ··-·-··
V
[ _î
V -•- ·u
On voit par ces expressions,
1.° Que pou1· faire le vide parfait il faudrait un nombre
infini de coups de piston; car il faut pour cela que h soit
zéroetl’ona n: ——L\7¢l—==o©.
I ;
V +111 /
2.° Que le nombre de coups de piston restant le même , '
le baromètre du récipient reste toujours à la même
hauteur, lorsque les volumes du cylindre et du récipient
varient en conservant entre eux le même rapport. Car`
r I Q
on a I h : H ( I _'_ ï )
` V
Connaissant n par la dernière formule, il sullit , pour
avoir la force que nous cherchons, de prendre la somme ‘
de celles nécessaires pour donner les n premiers coups
de piston,-ou·la somme des valeu1·s de p dans lesquelles
on aura mis successivement pour h les hauteurs du baro-
mètre au commencement des divers coups de_piston;
savoir : .
V V 2 ' V —¤
Hp     ,`,···«~ H î'_—'Tn
V -+- rv W + v Y + o '

( S5 )
nro n n 1 orareer——-——.-:.¢z
O t ` ` f" t la ' V
uvea1s1,e asau pu g V+v ,
que la force exigée pour donner les n premiers coups .
de piston , est '
4¤rfZ+(VZœ+v)H —O
—•-4w2•·_fZ+(Vlœ+v)H¤ —1,rH¤¢ .la
-0-4wr/Z+(Vl¤+v)H«=——vHÀ§.la¤
—+-4¤rfZ+(Vlœ+v)H¢3—vHaî’•.l¢3
—i- 4 zz rfZ -•- (V l ce -+- 'u)H«"·‘(—1iH¤”".Za“".
Eu considérant cette suite dans le sens vertical, on
trouve que la somme des premiers termes est 4 ¤.Ãz.r:fZ;
que les seconds forment une progression par quotients
dont la somme est _, °`
I lî ul]
H (V l ou ·+· 12) —ï—
I -'¤¢· '
et que la somme des troisièmes termes est égale à la série A
—'uH.l¤¤1a+2¤¢=-1-3x3 ..... +(ïL-·l)¢¢”"â
qui peut aussi se sommer. Pour cela on fait
s=¤¢+2¤1¤-•-Su? ...... —•-(n—r)z"", V 1
. . . de . J
puis on multiplie les deux membres par —- et on intègre
a
le second : il vient alors _ ·
fs.·(l¤ a¢—a"_.
î-—:¢—s-¤z=+¤¢3 ..... —I-WI""-î——i7
Q · ¤¤ 1 — az

. ( 86 )
en difïéreutiant ensuite et supprimant le facteur :1 u
commun aux deux membres,-on a
J _ (1-u) (r—n«"")-4-n——¤s
nz `-. s ( [ —- 4; )$ ' a
d’où $=‘;ï1ïï‘)“"“,
( 1 -— ce )5
Si au lieu, de ne compter la force que pour rz coups
de piston , on la prenait pour un nombre infini de coups,
nombre qui est nécessaire pour avoir un vide parfait,
0n.auraît eu évidemment '
S du ne V . S I- I - et + en
¢ —x—¤¤ ' œ_(r—¤)=
et .s· : ——l-—·.
• ( ‘A — " )’ , ,
`Suhstituons maintenant dans 1’ex ression de la force
P .
employée pour les n. premiers coups de piston ., les sommes
que nous venons de trouver : il viendra
4¤rfZ+H(Vi¤+v):—ï'
I î N
_- H 7) l z o¢—1z¤¢¤-•-· (n—x)¤¢"+‘•
( 1 — =· )= '
En mettant dans cette ex ression our as sa valeur
P P
V ' _
ï- on trouve, après diverses réductions et Slm•
V + v _ ( e
plifications , ·
H V —
4 77lVfZ+ïî î HV'!   •I-· (v+7))nr*v";
pour Pexpression de la forceucherchée. _ ` "

( 87) ·
Si le nombre rr était infini on aurait, en substituant
dans Pexpression générale les sommes que nous avons
obtenues , _
4·¤z1,rfZ·•—-H lî —H»v lil
1 — œ ( 1 — on )%
= 4¤nrfZ -1- H QV-+-71),
force qui est celle infinie que le frottement a occasionnée ;
plus une autre qui est précisément la même que celle
qu’on pourrait obtenir au moyen du vide fait dans le
récipient et un des cylindres: car il est clair que ce vide
peut être employé à faire monter un volume d’eau (V-1-mf), ,
égal à celui du bide, à la hauteur H de la colonne d’eau
qui balance le poids de Yatmosphère. C’est un fait assez
remarquable qu’un nombre infini de coups de piston
n’exigent qu’une force finie.
Cherchons maintenant quelle force on pourrait obtenir
de la dilatation de Pair qui occupe le récipient et un des
cylindres, l0rsqu’on adonné n coups de piston, et que
la hauteur du baromètre est, d’après ce que nous avons vu,
. H l-..
(V + 11 )"
Pour cela supposons que la dilatation opérée soit em-
ployée à faire monter de Peau de manière à produire le
plus grand etïet dynamique possible, et que Peau soit
en mouvement pour monter dans le récipient. Désignons
par ac le volume rl’eau qui y est déjà entré, et par h
la hauteur variable du baromètre à Pinstant considéré.
A cet instant Peau peut entrer dans le récipient, en
s’élevant d’une hauteur au plus égale à (H - In), diffé-
rence entre les hauteurs des baromètres extérieurs et

( S8 )
intérieurs ; et le volume d’eau qui est entré dans cet
instant est dx : l’eH`et dynamique est donc
( H —-· h) d x.
Par Pintroduction du volume d’eau œ, l’espace occupé
par l’air se trouve réduit à V + ·v — .z·, et la hauteur la
vn
du baromètre est à sa hauteur primitive   ,
' en raison inverse des espaces occupés par l’air dans les
deux états. On 0. donc
h — H.V" V+··v _ H V"
—(V+v)" V+v-.z·—(V+v)"_"(V+:zJ—·z·)-
L’<-Elément de la force vive que le vide peut produire
est donc
H V" I
É H - · —————-——-— È d ac ,
(V+*v)""(V+·v—·x) _
dont Pintégrale est
H *n ;
H.z·+   l(V+;·u-ac) -1-const:
En commençant à compter la force lorsque x = 0 ou
lorsque l’eau est sur le point d’entrer, on a Y
c0nst::—É)—Fl(V+v). I
Ainsi la force comptée depuis l’origine jusqu’à l’instant
où il est entré un volume xp est "
H V" Z V + v —- x
x+_(V+·v)"" V+v ' l
Pour avoir toute la force que le vide peut produire,

( 89 )
il faut, prendre Pintégrale jusqu’à l’instant où Pair qui
occupe le récipient et le cylindre est à la pression atmos-
phérique. Or, en désignant par .z" ce, volume, il est clair _
que cela a lieu lorsque
V
H ...—ll._..
V-:-·u_-—.x'=(V·•-·v) (V-n-71)**,
' H
Vu
OU QUE ·Z"ZV•|-'ZJ-Eîzzîîl.
Sulistituant cette valeur pour .7:, on :1, pour la force
cherchée , .
. _ I V",
H 4 V , -~ —-————-
l( "`°’) (v···»»)··-·"` .
Vu
V" V+'v—-(V-|·'v—-—-———
——î l (V -1- ·u )'··*
( V + 7J ) V ·—i——·· ï-L
H V
= -··-—- V '· — Ve Ve I —ï
(V-i-·v)""   *7)) qîn V—o-vi'
expression identique à celle que nous avons trouvée de
la force nécessaire pour opérer le même vide, lorsque
le frottement est regardé comme nul.
Ainsi, quelque soit le nombre de·coups de piston
que Pon aura donné pour faire le vide , si les frottemens
sont nuls; en tirant du vide opéré le plus grand eH`et
dynamique possible, on retrouvera toujours exactement
_la force dépensée. _
On devait s’attenclre à cette dernière conclusion, car
s’il est impossible de gagner de la force vive, il ne l’est
pas moins d’en perdre autrement qu’en Pemployant
inutilement. '

( se ) ·
 
i ` M E T H 0 D E _
Pour determmer la quantité d’eau qu’un puits peut fournir,
et le mouvement de son nzveau pendant qu’on puise.
Par Th. Bannoxs.
sl MU !Ba6.
ON distingue deux sortes de puits : ceux qui sont forcés;
qu’on nomme pzdts artésiens, et ceux qui ne le sont pas.
Les eauat qui alimentent ces derniers tiltrent à travers les
couches supérieures de la terre en trop peu de temps
pour ne pas se ressentir de Pirrégularité des saisons;
aussi arrive-t-il souvent qu’elles manquent après avoir
été pendant long-temps plus que sufüsantes. En général- '
elles ne sont pas abondantes, et il arrive quelquefois
qu’elles_c0ntractent un goût et une odeur désagréables
par leur contact avec dilïérentes matières qu’elles ren-
contrent sur leur passage. Ces puits non forés étant `
construitsdans les couches mêmes qui contiennent les
eaux souterraines qui les alimentent, couches qui sont
le plus souvent de sable ou d’argile, reçoivent les eaux
de sources nouvelles au fur et à mesure que leur niveau
descend; et ces sources découlant irrégulièrement et à
des hauteu1·s dittérentes, il est impossible d’appliquer la
théorie au mouvement de Peau dans cette espèce de puits;
au moins tant qu’on ne connaîtra pas la force et le niveau
de chaque source; il n’y aura donc que Pexpërience directe
qui pourra faire connaître si un puits non foré peut
sutlire à Pusage auquel on·le destine. .
Les puzts artësiens sont ceux glans lesquels ou apercé q

( 91 )
avec la sonde du mineur ou du fontainier, un ou plu-
sieurs trous traversant les ditïérentes couches dont la
terre se compose, et dans lesquels on empêche l’entrée
des eaux provenant des couches supérieures de la terre,
de peur qu’en se mélant avec les autres, elles ne leur
donnent un mauvais goût. On a reconnu que'ce n'était
que dans les couches de calcaire craieux 'qu’il convenait \
de rechercher avec la sonde une eau bonne et abondante.
Cette eau, après avoir été très-long-temps à transsuder
à travers des couches sensiblement imperméables, pénètre
dans les parties où la pierre éprouve quelqu'altération,
et dans celles qui se trouvent à la jonction des différentes
couches de terrain. C'est à cause de ce long espace de
temps qu’elle emploie à arriver dans les couches qui la
contiennent, que le niveau des puits artésiens ne varie
que fort peu d’une saison à Pautre,. et même d’une année
pluvieuse à une année de sécheresse: c’est au moins ce
qui s’observe dans les départemens du Nord et du Pas-
de-Calais, où, dès qu’un de ces puits a pu une fois servir
à un usage, ou est certain qu’il pourra toujours le faire,
surtout si on puise continuellement en grande quantité; '
parce qu’alors l’eau en passant rapidement aggrandit les
fissures qu’elle traverse. Il arrive cependant quelquefois
qu’une source diminue sensiblement, indépendamment de
Pinfluence des saisons. On peut remédier à cet incon-
vénient avec un piston à soupape que l’on attache à une
perche ou à la tige d’une sonde., et que l’on fait mouvoir
dans la buse de forage. (Voyez Pouvrage de M. Garnier, ,
intitulé : de l'./(rl clzgfbntrzînzër sondeur ou des puzïs arteiviens.)
L"eau` des puits artésiens provient ordinairement des
terrains supérieurs; elle s’y infiltre àtravers des couches
sensiblement imperméables, et se trouve ensuite renfermée '
dans des couches perméables ix Peau contenues entre des

( 92 )
couches sensiblement imperméables dont elle suit la pente.
Elle se trouve ainsi conduite ordinairement vers les terrains
inférieurs. Lorsqu’elle rencontre un trou de sonde, elle
s’y élève à une hauteur qui dépend du niveau des eaux
supérieures , de la facilité avec laquelle elle peut s’écouler, I
ou dans quelque valléevoisine, ou dans d’autres trous .
de sonde, et peut-être aussi de l’action capillaire des
matières avec lesquelles elle se trouve en contact; à une
hauteur, enfivn, qui balance la pression qu’elle exerce
contre les parois des canaux qui la contiennent. C’est le ·
niveau qu’elle prend par l’eli`et de ces diverses causes,
et qui est particulier au trou de sonde, que j’appellerai
rzzbeau des eaux souterraines.
Lorsque les eaux souterraines arrivent dans un puits,
ce n’est qu’à raison d’une supériorité de leur niveau sur
celui du puits : elles coulent avec d’autant plus de vîtesse
que la dilférence est plus grande, et cette vîtesse reste
toujours la mêmepour une même différence de niveau,
parce que le volume des eaux souterraines étant très-grand,
et pouvant être regardé comme inlini par rapport à celui
qu’on tire d’un puits, conserve le même niveau, quel
que soit le temps pendant lequel on ait puisé. L’eau tra-
versant toujours les mêmes fissures, entre donc dans le
puits de même que si elle s"écoulait d’un·réservoir ayant
un niveau constant, let communiquant avec lui par une ,
ouverture de formeinvariable. Ainsi, d"après les principes
de Phydraulique, les volumes d’eau que la source fournit
à   puits arte'szen dans des tenzps egaux, sont er2tr’eu.z
comme les racines carrc'es des hauteurs dont le niveau przl
mitzf est _abazZsseÉ
,D’après le principe précédent, si l’on était parvenu,
par une observation exacte , à connaître le volume d’eau
V que la source pfournit par minute lorsque le niveau est ,

· ( 93 )
abaissé d’une hauteur unitaire, ou obtiendrait le volume
qui seraitifourni dans le même temps lorsque Pabaissemeut
serait d’une hauteur quelconque, en multipliant V par
la racine carrée de cetteliauteur. Voici un moyen propre
à obtenir V avec exactitude : nous regardons le puits
comme cylindrique, et nous représenterons Paire de sa
base par zz.
Supposons qu’0n ait tiré du puits, d’une manière
quelconque, une quantité d’eau aussi grande que les
moyens qu’on a à sa disposition l’ont permis, et qu’on
ait par-là abaissé le niveau dlune certaine hauteur que
j’appellerai Q, et qui ait été mesurée avec soin : qu’0n
cesse alors de tirer l’eau et qu’on observe le temps 4-
ilécessaire pour que la source ait remonté le nivéau des
trois quarts de la hauteur Q dont il avait été descendu;
a . V
je dis que V =  
7
En effet, supposons que l’eau étant en mouvement,
soit après le temps quelconque t , remontée de la hau-
teur :,. Pendant l’instant suivant infiniment petit dt,,le
volume d’eau fourni par la source sera V |/§ — z,
et Paccroissement de la hauteur étant rl z, ce volume est
égal à ¢z.dz; on a donc
_ . rl z
, (I [ = JL-i— I ·
· VV€—¤
ce qui donne en intégrant
2 zz . -— z
t = — —-—i<—,É-L + const:
z et t étant nuls à-la-fois, la constante est égale à
· 7

( 94 )
2 a — ,
î   I tt püI‘ CODSEKIIIBHIÈ '
_2 a ·- ——
,:1:-(V; ·- g/@—z.
V
Faisons maintenant 2. â s·, Z sera le temps observé ·:_:
nous aurons donc
a — zz. —
·r:-7 g/tf et V:—l/ê,
. X, · .,
comme nous l’avons annoncé. P ·
Nous allons maintenant donner une autre formule , qui,
avec les données de l’observation précédente, pourra faire
connaître toutes les circonstances de Pabaissement du
niveau d’un puits pendant le temps qu’ou pompe.
Pour cela, représentons toujours par rt Paire de la base
du uits et en outre dési nous
P 1 g
ParZ la profondeur de l’ouverture du tuyau d’aspiratiou
de la om e en-dessous du niveau des eaux souterraines
P 1 1
ou de celui que prend le puits lorsqu’0n est long-temps
· sans pomper;
Par 2 Pabaissement du niveau a rès r«u’on a om é
P 1 P P
pendant un temps quelconque t, un volume d’eau ·v par
minute, en commençant lorsque le puits est au niveau
des eaux souterraines ; .
-Et enfin par T le temps le plus long pendant lequel la
pompe devrait fonctionner pour remplir le but auquel on
la destine.
Considérons maintenant le mouvement de Peau après
un temps quelconque t. Pendant Pinstant suivant, inti-
niment petit rlt, le volume d’eau aspiré par la pompe
est ru . d t , et Pabaissement du niveau étant z_, celui fourni

( 95 )
par la source est V   . cl L : iliîî . dt; leur dif-
  I
férence < ru — É ) . dt est égale au volume d'eau
T
infiniment petit a . vl z qui se trouve de moins dans le
puits après Pinstant dt : on n donc,
,1, Z _2·_;t;._ = iii:.
·v·-zz}/C: ·rv—a|/zz
h ·r ·
Faisons maintenant pour intégrer cette équation
v v — a   : .70,
nous aurons en ditïérentiant l’équati#.m,
a¤Cz:.(·r1,¤—.z·)•,quîen estdéduite, i
2 ‘|’ ’U 2 ”
a.d'z:— ——--d.7c+—-xd·z:·
#1 ê #1 C '
et en substituant dans Péquation primitive
dt : - î Éî ,,_ ij d _, , r
zz C .z· a Z
puis en intégrant , et représentant par l la caractéristique _
des logarithmes naturels ,
:2. ·: v 2 r x
t:.- —--l.z·+-î+c0nst:
#1 C #1 ê
ou en substituant pour sc sa valeur

( 96 )
L=—ë;gl(«p-ai/Ã)-«··¥ï"i-Llëî-—r·const.
z‘et t étant nuls lorsqu’on va commencer à pomper ,
·on a `
C0z1St:ï?l(¢v)—ïï9 ·'
, aë eê '· ~·
et par conséquent
,=-ï1,:2;;¤£âi-2,\/L,
aë ' ·r v ·§
On peut, à l’aide de cette formule et de Pobservation
faite sur le temps r que lasource emploie à faire remonter
le niveau des trois quarts de" la hauteur Q dont il avait
été descendu, x·econ11aît1·e facilement si un puits artésien ,
dont l’eau a la hauteur Z au-dessus du trou du tuyau
d’aspiration , peut fournir pendant le temps T un volume
d’eau v par minute : car , en mettant dans la formule Z
pour z, 2 donnera le temps après lequel le niveau sera
descendu à l’ouverture du tuyau d’aspiration, et suivant`
qu’il sera plus ,grand ou moindre que T, le puits sera
ou ne sera pas suiïisant pour son emploi. S’il est insuiiisant ,
on connaîtra le temps pendant lequel il est possible de
pomper un volume d’eau rv pa1· minute; ou si on voulait
Papprofondir d’autant qu’il serait nécessaire pour qu’il
pût remplir le but proposé, il suttirait de remplacer t par
T, z donnerait la profondeur que devrait avoir l’ouve1·- `
ture du nouveau tuyau d’aspiration eu—dessous du niveau
ordinaire; · ` I
Pour plusieurs usines , et notamment pour les machines
à vapeur , la pompe doit aller constamment, ou au moins i

( 97 ) I ·
pendant un temps très-long. Il est clair que plus on pompe,
plus le niveau descend; mais pour que t ne devienne pas
imaginaire, il faut que ·r v — zz |/îz soit constamment
positiiî Ainsi le niveau ne peut jamais être pins bas que
celui dont la profondeur est déterminée par la racine de
z. dans Péquation ·: 7; —- zz   : 0, qui est
·:.’ ·v’ 'v‘
Z z ——- OU. ·—•
az C V2
Telle est la limite des niveaux; suivant qu’elle sera plus
petite ou plus grande que Z , la pompe pourra ou ne
pourra pas puiser pendant un temps indéfini. A cette
limite le niveau reste stationnaire et la source fournit
exactement ce ne la om e enlève : car lors ue l’abais·
ti P P 7 (l
sement de l’eau est z, la source fournit
—— zz __ ·— T2 au
V}/2 = É;/za et pour z: -îq c’est
1- zz C
il   7 .1)
_·‘* ··î.: :- 'U-
' ·r zz |/ C
Quoique l’al.«aissemeut du niveau ne puisse jamais
_ _ _ ·:’ 'vz _
atteindre la l1m1te îq lorsque la pompe aspire un
 
grand volume (Veau par rapport à celui contenu dans le
puits, cet abaissement devient bientôt très-proche de
sa limite, et reste alors sensiblement stationnaire. C’est
ce qui s’oliserve dans les puits des machines à vapeur ,
et ce que notre t`ormule indique également, comme on
peut le reconnaître dans Papplication suivante. ··
Soit un puits dont llaire de la base égale -3 mètres

( 8)
‘carrés, et dans lequel, aprîs avoir fait baisser le niveau
de 0“‘*‘·, 81, il soit remonté des trois quarts de cette
hauteur en vingt minutes. D’après notre première for-
mule, si le niveau restait constamment abaissé de imë"',
la source fournirait par minute gli? , ou 0, 135
mètres cubes, et pour un abaissement quelconque, elle n
fournirait 0, 135 mètres cubes , multipliés par la racine
carrée de cet établissement.
Supposons maintenant que le puits étant à la hauteur
ordinaire , on en tire par minute trois hectolitres d’eau,
ou 0, 300 mètres cubes; en appliquant notre seconde for-
mule on trouvera que le niveau sera descendu des hauteurs
marquées à la première colonne du tableau suivant, après
les temps marqués à la seconde. ,
À Mètres d’abaissement après, ‘ Minutes.
' 0, 09 • 1, 00
· 0, 25 2, 96 B
0, 49 i 6, 25
0, 81 q 11, 28
1, 00 14, 60
1, 44 23, 36
i 2, 25 44, 33
3, 24 1 heure 24, 00
4, 00 2 18, 51
4, 41 3 13, 09
( 4, 84 5 57, 00
4, 937. jamais.
On remarque dans ce tableau qu’après 2 heures 18 min.
le niveau est déjà descendu de 4 mètres , et que jamais
cependant il ne descendra de 4, 937 mètres.
Notre formule peut encore servir â calculer le temps
  v

< 99 )
nécessaire pour faire certains épuisemens. Si, par exemple ,,
on voulait faire descendre le niveau du puits précédent
de 4 mètres. On verra d’abord que puisque sa source
fournit 0, 135 mètres cubes lorsciue lfabaissement du niveau
est de 1 mètre , elle fournira l0rsqu’il sera descendu de 4
mètres , o, 135 .   ou 0, 270 mèt.cub. : c’est le volume
d’eau qu’i1 faudra continuellement tirer par minute pour
maintenir Pépuisement lorsqu’il sera fait , et il serait
impossible de le faire si l’on n’aspirait par minute un
volume d’eau plus grand. En se donnant ensuite pour v
dit`f`érentes valeurs , on formera le tableau suivant :
 VOLUMES D’EAU TEMPS EMPLOYÉS v0LU1\1Es D’EAU
i tirés pour faire baisser tirés pour opérer 
par minute. le niveau de4mèt. Pépuisement.
2, 70 hectol. infini. Infini. `
· 3, oo ·2. h. 1S, 51 m. 415, 53 liectol. i
‘ 4, 00 59, oz ' 236., 08
5, 00 38, 15 195, 75 7
On voit par la troisième colonne l’écon0mie q11’il y a
à opérer les épuisemens avec le plus de promptitude qu’il
est possible.

( 100 )
` I?
D E S C Pt I P TI 0 N
D’une mécanùjue à creuser et couper les tables rondes
en marlvre.
Par M. VEBLY [ils, architecte.
15 nîacizmnniz 1826.
LE temps que l’on passeaà tailler les tables en marbre
étant très-long, et la main—d’œuvre 'coûtant beaucoup,
j’ai pensé qu’une mécanique pouvait aisément remplacer
le sculpteur. ‘
Cette mécanique serait construite de la manière suivante:
A une forte poutre on fixerait une barre de fer de S p,
centimètres carrés, terminée à sa partie supérieure par
Ill'! T (planche 1."’) , et à son inférieure par une partie
ronde avec écroux et rondelle. A cet arbre serait sus-
pendue une roue en bois, placée horizontalement,
garnie au-dessus d’une armure dentelée, et au-dessous
d’un rabot en fer A, portant à chacune de ses extré-
mités B le profil dela moulure que l’on désirerait donner
à la table. Ce profil est lui-même terminé par une partie
courbée et aiguë qui doit servir de scie.
Cette roue serait mise en mouvement par une roue de
rencontre et une manivelle à volans; une forte table
serait placée au-dessous de cette roue; elle porterait la
pièce de marbre à creuser. 'Avant de mettre la machine
en mouvement, on pose du sable et I’on jette de Peau
sur la pièce de marbre, aün de Puser, creuser et scier,
et l’on continue ainsi jusqu’à parfaite confection.

( 101 )
M E M O I H E _
Sur I’e'la.s·tzbzïe' de l’aù·, employée comme ressort , et sur son
npplzbatzbn au perf:ctz'omzenzent de quelques maclzùzes.
Par M. DEL1SLE·
ro smrrruxmz 1826.
IL arrive souvent en mécanique que l’0n accumule en
peu de temps une certaine quantité de force pou1· la
mettre en réserve et la dépenser ensuite peu-à—peu; c’est
ce qu’on fait en montant une montre, une pendule à
ressort ou à poids, ou toute autre machine semblable.
Souvent aussi il est nécessaire d’ajoutcr successivement,
et avec le temps, un certain nombre d’eH`orts dont la
somme, mise instantanément en jeu , produit un eH`et
subit de percussion , ou imprime à des corps une vîtesse
extrême, mais de courte durée; quelques machines à
battre les pieux, les fusils à vent, beaucoup de machines
à ressorts ou à contre-poids ottrent des exemples d’une
semblable disposition. ,
Les moyens employés le plus ordinairement pour accu-
muler les élémens d’une grande puissance , sont les
contre-poids et les ressorts métalliques ou autres. Les'
cordes élastiques tordues sont tellement abandonnées,
que, malgré 'notre supériorité sur les anciens dans les
sciences mathématiques, nous en sommes réduits, pour
sauver notre amour—propre, à nier, ou au moins à
révoquer en doute les eitets des machines avec lesquelles
Archimède défenclit Syracuse. Enfin l’air comprimé dont
'

( 102 )
’ on pourrait tirer si grand parti, n’est guères employé
que dans le très-petit 11ombre de fusils à vent qui existent,
et pour les réservoirs d’air des machines hydrauliques.
Ce moyen cependant est susceptible d’une foule d’appli-
cations utiles; 1.° comme ressort d’amortissement de
Forces vives qn"0n aurait intérêt à détruire , il offrirait
une résistance toujours croissante, sans jamais être absolue,
et qui n’aurait d’autres limites que la solidité du'vase
dans lequel s’opérerait la compression ; 2.° comme 1·éser-
voir de forces accumulées pou1· un certain usage.; il ne
présenterait , il est vrai , ainsi que les ressorts ordinaires, _
qu’nne force décroissante, mais qu’on pourrait toujours
rendre constante ou même croissante, suivant qu’on le
jugerait convenable. i
Une des principales causes de destruction, dans un
grand nombre de machines, est la manière brusque avec
laquelle on arrête presque tout-à-coup un mouvement,
souvent très-considérable, pour le faire cesse1· entièrement
ou lui donner ensuite une direction contraire : dans des
manœuvres semblables, exécutées la plupart du temps
sans précaution , il arrive fréquemment que les machines
se détraquent; les dents des roues, les chaînes ou autres
pièces se brisent, et on dépense beaucoup en temps et
en argent pour remettre les choses en état. Différentes
dispositions ont été proposées pour remédier à ces incon-
véuiens; mais sans les décrire ni prétendre les critiquer,
nous exposerons celle que nous croyons pouvoir être
utile dans beaucoup de circonstances. —
Cette disposition consiste en un axe nz la (pl. 2,fg. L")
dont la position peut varier suivant les localités, mais
dont Vextrémité qui porte la roue dentée zz peut faire
un mouvement suîiilsunt pour engrèner ou désengrèner àj

( 103 )
volonté cette roue (a). Le même axe porte aussi un
pignon b dont les ailes engrènent la crémaillière cd;
cette dernière sert de tige à deux pistons c, d, hermé-
tiquement ajustés dans les cylindres ef et gh qu’ils
peuvent parcourir librement, sauf la résistance que doit
leur opposer Pair atmosphérique qu’ils renferment, les
extrémités de ces cylindres par lesquelles entrent les
pistons étant seules ouvertes. Les pistons sont percés
parallèlement à leur axe d'un ou plusieurs petits trous
fermés sur les bases de ces pistons par des cuirs un peu
tlcttans qui, servant de soupapes, permettent à Pair
d’entrer dans les cylindres, mais non pas d’en sortir.
Enfin une petite ouverture n, pratiquée à chaque cy-
lind1·e, détermine l’endroit où la compression de Pair
doit commencer à avoir lieu. Au reste les cylindres sont
fixés invariablement avec toute la solidité convenable à
la force de la machine, et un contre-poids i maintient
ou ranime les pistons à égales distances de Paxe du '
pignon I:. `
Dans cet état de choses, si on engrène la 1·oue a avec
Pune des roues de la machine en mouvement, le pignon b
imprime1·a un mouvement de translation à la crémaillièrc
cd, et Pun des pistons, celui d par exemple, compri-;
mera Pair contenu dans le cylindre gh, et de cette com-
pression résultera une résistance toujours croissante jusqu’à
la cessation complète de tout mouvement. Dans cet instant
commence la réaction de Pair comprimé dans le cylindre
g h , laquelle oblige la machine à marcher en sens contraire,
(zz) Les deux extrémités de Paxe pourraient également tourner dans
des crapautiines fixes I, m, et la roue a être constamment engrènéc,
sauf à Pajuster de manière à lui permettre de tourner indépentlannnent
de son axe , auquel un cliquet la lixerait lorsque l'un et Pautrc devraient
tourner en même-temps. ‘ r

( IO4 )
ensorte que le moteur, quel qu’il soit, aura peu de peine
à produire, dans cette nouvelle direction, une quantité
de mouvement égale à celle que possédait tout le système
dans sa direction primitive. Lorsque l’air enfermé dans
le cylindre n’a plus de ressort , on désengrène la roue a
pour la laisser sans mouvement jusqu’à ce qu’il soit
nécessaire ·de l’employer à un nouveau changement de
direction.
Pour faire cesser entièrement le mouvement Ide la
machine il faut empêcher l’air comprimé de réagir; c’est
à cet usage que sont destinés les robinets kk, par lesquels
on laissera échapper l’air lorsque tout le système étant
en repos se trouvera, au moment de commencer à se
mouvoir, dans une autre direction; dégageant alors la
roue a, le contre-poids z' 1·amenera les pistons à des
distances égales de l’axe ab; c’est-à—dire en nn.
Si l’appareil que nous venons de décrire n’avait pour
objet que de détrui1·e à volonté le mouvement dans une
machine qui agirait toujours dans le même sens, il est
évident qu’il ne faudrait alors qu’un seul cylindre à
1·obinet au lieu de deux. Un appareil analogue, mais `
beaucoup plus simple , pourrait être adapté aux machines
dont le moteur produit naturellement un mouvement de
va-et—vient, dont on aurait à l‘€d0l1t61‘ des secousses à
chaque changement de direction, comme dans quelques
machines à vapeur dont le mouvement n’est pas transformé.
Soit A   2) le cylindre de la machine , B la verge
du piston, C le balancier mobile autour du point D;
E et F seront deuic cylindres à air, de la nature de ceux·
décrits ci—dessus, solidement unis à la machine; G et H
les pistons de compression , et enfin n l’endroit de chacun
des cylindres échancrés E et F où commence la pression.
Il est évident que chacun de ces cylindres étant convena-

( 105 )
blement placé relativement à la course du piston B,
toute percussion de ce piston dans le cylindre â vapeur
à chaque extrémité de sa course devient impossible, et
que, de plus, la force employée à comprimer Pair dans
un certain sens est immédiatement restituée au mouvement
de la machine dans le sens opposé, circonstance qui tend
à accélérer et à régulariser ce même mouvement.
Quant à la force des cylindres , à leur longueur et au
diamètre qu’il convient de leu1· donner, ils dépendent,
ainsi que les dimensions de la roue et du pignon, dc
Pappareil   1.'°) , de la puissance des machines aux-
quelles les appareils seront destiués, et du temps plus ou
moins long que l’on pourra accorder au changement de
direction ou à Panéantissement du mouvement.
Nous I'CI“|]21l‘qtl8l’0DS ici que, quoique mathématiquement
parlant, le ressort de l’air doive rester toujours le même
(saufles ditï`érences causées par les variations de lawcolonne
atmosphérique et de la température), il n’en est pas
moins vrai que , dans la pratique , on ne doit pas espérer
de conserver à ce ressort une longue durée; en etï`et,
quelles que soient les précautions prises pour rendre
imperméables le piston et le robinet, la déperdition qui
ne peut manquer d’avoir lien resserre, dans des limites
assez étroites en durée, l’usage que l’on peut faire de
l’élasticité de l’air en qualité de ressort.
Dans l’une des notes d’un mémoire sur la navigation
par la vapeur, adressé à Son Exc. leministrc de la
marine en juin 1823 , on avait établi sur le même
principe une disposition,qu’on croyait propre à amortir
les effets du 1·ecul des pièces d’artillerie. La commission
chargée de l’examen du mémoire ayant trouvé que,
quoiqu’il y aurait beaucoup d’inconvéniens à employer
Pappareil proposéà bord des vaisseaux, il pourrait

( 106 )
réussir dans d’autres situations et méritait une attention
particuliere? On transcrira ici la description de cet
appareil, non pour appeler du jugement très—bien mo-
tivé de la commission, mais pour livrer au domaine
public ce même appareil, ou tout autre qu’onpourra
déduire du même p1·incipe pour le perfectionnement des
machines. ·'
« On propose, pour détruire la force vive du recul,
>¤ de placer à chacune des extrémités des bragues un
» cylindre en fer coulé aa' (Hg. 3), 0uve1·t seulement
» à l’un de ses bouts; le fond de ce cylindre , dont on
» voit le plan en a", est débordé par quatre oreilles
» percées chacune d’un trou : dans les trous bb entrent
» et sont fixées à vis et écrous les branches bb', qui
» glissent librement dans les trous b’b' d’une plaque en ·
» fer b" de même figure que le fond du cylindre, et
» au milieu de laquelle est assujettie à vis et à épau-
» lement la tige du piston c: les branches bb' se réu-
» nissent au-dessus de la plaque b" pour recevoir un
» crochet rl avec lequel on. doit saisir Parganeau. Les
» branches ee' , fixées dans les trous e e de la plaque b"
»» avec vis et écrous, glissent à leur tour dans les t1·0us
» e’e’ des oreilles du fond du cylindre, et se réunissent
» au-dessous de ce fond pour embrasser l’anneauf qui
» doit unir cette espèce de pompe à l’une des extrémités
» de la brague. i
» Cela posé, lorsque la brague fe1·a,eH`ort pour arrêter
» le recul de la·pièce, le piston glissera dans le cylindre
» en comprimant l73.i1‘ enfermé dans l’espace ac, ainsi
» la force vive du recul t1·ouvant une résistance toujours
» croissante, mais non absolue , agira constamment par
» pression et finira pa1· s’amortir entièrement sans causer
» aucun `désordre. Lorsqu’0n 1·emettra la pièce en batterie,

( *07 )
» Pélasticité de Pair comprimé repoussera le piston; mais
» comme il pourrait arriver que ce dernierneùt, pendant
» la compression , laissé échapper un peu d’air, un ressort
» à boudin d’une force convenable Pobligera à reprendre
» sa position primitive, et Pair perdu sera remplacé par
» celui auquel un petit trou traversant le piston donnera
» passage : ce petit trou sera fermé par un cuir légè-
>• rement flottant, (inté par ses extrémités à la base infé-
¤~ rieure du piston. »
La compression de Pai1· peut donc être employée avec
avantage pour arrêter une machine en mouvement dans
un certain sens , et commencer à lui donner une impulsion
contraire sans occasi0nne1· de secousses destructives , et
aussi à arrêter t0ut—à—t`ait la machine en détruisant le
ressort de Pair au moyen de robinets. Mais s’il ne s’agissait
que d’arrêter simplement une machine graduellement et
sans retour en sens inverse , on pourrait, au lieu d’air,
employer de Peau dont le peu de compressibilité serait
remplacé par Pécoulement qui aurait lieu, par un ou
plusieurs petits oriüces. Le piston ab (fg. 4) entrerait
par le bout ouvert ce d’un cylindre cd, lequel cylindre
serait enveloppé d’n¤e bache efremplie d’eau. Le piston I2
occuperait habituellement Peutrée ci du cylindre, où il
serait ramené et maintenu par un contre-poids ou un
1·essort. Au moment où Pon voudrait en faire usage`pour
ar1·éter la machine, s0it`au moyen d’un appareil sem-
blable ou analogue a celui représenté par la figure 1.'°,
soit de toute autre manière appropriée à la localité, ce
piston refoulerait Peau contenue dans le cylindre avec
·une force égale à celle qu’on aurait à détruire dans la
machine, et obligerait cette eau à passer du cylindre
dans la bache par les petits orifices g, g, g, avec la vîtesse·
due à une hauteur représentée par la force à détruire.`

( 108 )
Mais cette force ira toujoursi en décroissant en même-
temps que là résistance augmentera, car le piston_, en.
avançant, bouchera successivement to11s les orifices qu’il
rencontrera jusqn'au d€1`l’\l€1‘ inclus (si le mouvement
n’a pas été détruit avant qu’il l’ait atteint) ; passé lequel
orifice tout mouvement devra cesser. Il ne s’agira donc
que de prop01·tionner la force et la grandeur du cylindre,
ainsi que la surface et le nombre des orifices, à l’efl`et à
produire. _ _
Le mouvement détruit, on 1·endrait indépendant de la
machine en repos le piston ab , qpe le contre-poids ou
le ressort ramenerait en cz`. L’eau de la bache pouvant
rentrer dans le cylindre , non-seulement par les orifices
gg, mais encore par un ou plusieurs trous h ménagés
dans la base fermée de ce cylindre, et à l’égard desquels
un cuir flottant, placé intérieurement, ferait l’of’lice de
soupape.
Si la force qu’on aurait à détruire était douée d’une
grande vitesse, on se1·ait obligé d’employer des cylindres
à air d’une certaine longueur, autrement ces cylindres
éprouveraient à la [in du mouvement une secousse assez (
vive : au surplus la nature de la machine qu’on aura à
traiter indiquera si on doit rendre cette secousse la
moindre possible en allongeant les cylind1·es, ou si l’on
doit, au contraire, en' les tenant assez courts, leur faire
supporter cette commotion pour rendre le temps d’arrêt
de la machine d’autant plus brusque et presque instantané.
Dans tous les cas , et particulièrement dans le dernier,
il y'aura un grand dégagement de calorique dont on ne
peut, sans le secours de l’expérience, apprécier les effets.
Cependant il est probable que si Pair co1nprimé dans les
cylindres était fort humide, la chaleur développerait aussitôt
rune grande force de répulsion dont il serait peut—être
_ ’ possible de tirer avantage.
/

( 109 )
N O T E
Sur l’assazizz3·senzent des ëlzzblzîrsemens cïzazpffîâ par le moyen
de la vapeur.
`Par M. 'DELISLE.
30 novzmnr x826.
Dans les établissemens où l’on réunit un grand nombre
d’individus, on apporte ordinairement assez peu d’attention
dans le choix des moyens de chauffer et surtout d’aérer
les espaces occupés. La plupart de ces établissemens sont
maintenant chaulïés pax: la vapeur; satisfait de pouvoir,
à peu de frais et d’uue manière commode et sûre , élever
la température des lieux de rassemblement, on n"a pas
remarqué les dangers de la stagnation de Pair, parce il
qu’en entrant dans les ateliers ainsi chaufïés, on éprouve
une sorte de suftocation; on est tenté de l’attribuer à
Pélévation de la température, tandis que cette élévation V
y est souvent moindre que dans un antre lieu , où
cependant on respire librement.
Les grands courans d’air que forment les foyers ouverts
et les poêles se trouvant supprimés , les gaz produits par
l’expiration et la transpiration des individus enfermés
ne trouvant plus aucune issue , ont bientôt vicié l’air
dans lequel ces individus doivent cependant vivre quinze
heu1·es au` moins Sur vingtëquatre. Il est vrai que dans
quelques établissemens on renouvelle l’air sans incon—_
vénient , soit par des ventouses plus od moins multi-
pliées , soit en ouv1·ant de temps à autre les portes ou ,
les fenêtres ; mais dans les filatures de coton ces moyens
` S
x

( ixo )
ne sont pas praticables; aussi lorsque la température
extérieure oblige à tout fermer soigneusement et à chautter
les salles à la vapeur, l’altération de la santé des ouvriers
se manifeste promptement par la pâleur et la perte de
l’appétit , auxquelles se joignent bientôt des accidens plus
graves; il n’y a d’autre remède à ce mal que l’établis-
sement d’un courant d’air assez puissant pour que son
renouvellement ait lieu en raison du nombre des ouvriers
et de la quantité d’air nécessaire à la consommation de I
chacun ;' mais la ditïiculté consiste à empêcher que ce
courant ne nuise à la qualité du coton, qui exige une
température assez élevée et peut—être aussi une certaine '
humidité.
Pou1· obtenir deux résultats qui semblent inalliables au `
premier abord; il faut disposer tellement les choses que
U le courant soit sutiisant et continuel, sans qu’ilen résulte '
aucun mouvement sensible dans l’air delatelier, et que
sa température et son humidité soient constantes.
Le courant peut être établi a11 moyen de ventilateurs
semblables à celui représenté sur le dessin ci-joint , et
placés de distance en distance; chacun d’eux expulsera, i
à chaque mouvement de va ou de vient du levier, une
quantité d’air égale au volume du prisme triangulaire formé
par le déplacement du diaphragme mobile.
Il ne sufârait pas quelles ventilateurs chassassent autant
d’air de la salle que les hommes qui l’l1abitent en con-
somment, ou plutôt en vicient par la respiration ,
1.° parce que cêt 'air chassé ne serait pas précisément et
uniquement celui qui vient d’être exhalé à l’instant par
les ouvriers; :·..° parce que la transpiration d’hommes
qui travaillent , produit aussi des gaz délétè1·es en quantité
inconnue et qu’on croit devoir évalue1· à quat1·e ou cinq
fois celle provenant de Pexpiration, eu égard à l’odeu,r
/

( 111 )
qui accompagne ces gaz. D’aprês ces considérations , on
estime la quantité d’air`à expulser de l’atclier, e11 un
certain temps , à neuf fois au moins celle nécessaire à la
consommation des hommes pendant le même temps , pour
que le séjour de cet atelier soit réputé sufiisamment sain.
D’autres considérations pourraient autoriser à modifier
Pévaluation ci-dessus; dans le cas où les salles seraient
fo1·t élevées, peut-être le coefficient 9 serait-il un peu
fort, comme aussi serait-il trop faible dans le cas con-
traire , qui est lc plus fréquent ; au surplus Pexpérience,
q.u’on fera bien de consnlle1· , indiquera les limites con- ·
venables aux différentes localités.
Il n’y a rien de plus variable diun individu à l’autre,
et même dans une seule personne, que la quantité d’air
introduite dans ia poitrine à chaque inspiration , et pour
la détermine1·, la_tl.1éorie et l’exp'érience sont également
en défaut: nous admettrons cependant les données ap-
proximatives de Thomson avec d’autant moins de scrupule
que l’erreur ici ne saurait être dangereuse. Supposons donc ,
avec cet auteur, 20 inspirations par minute et 655 centi-
mètres cubes d’air inspiré chaque fois, on aura pour _
une minute 13100 centimètres cubes; pour une heure
· 786 décignètres cubes, ou 786 litres, c’est-à-dire à peu
près uuflkilogramme, et enfin , pour un jour, 18864 i
décimètres cubes ou litres , environ 24 lcilogr. Supposons
que les `hommes enfermés dans une salle soient au nombre
de trente, nous aurons, pour la totalité des aspirations
pendant une minute , ISIOO centimètres X 30 :393000,
et pour une seconde , 6550 centimètres cubes, quantité ·
qui, multipliée par 9, donne 58950 centimètres cubes,
ou, en nombre rond , 60 décimètres cubes ou litres d’air
à chasser de l’atelier par chaque seconde. Si donc deux
ventilateurs devaient expulser ces 60 décimètres, il faudraitt
I i

( 112 )
qu’à chaque seconde le déplacement du diaphragme de
l’un et de l‘autre décrivît 11n solide de 30 décimètres.
On fera remarquer ici que les calculs ci—dessus ne
mé1·itent pas une grande confiance , et q11e si on pouvait
doubler ou tripler le mouvement de l’ai1· sans occasionner
de courant _déf`avorable , et sans trop abaisser la tempé-
rature, il ne faudrait pas hésite1· à chasser de la salle, _
à chaque seconde, 4 ou 6 décimètres cubes d’air par V
homme au lieu de deux. On remarquera encore que,
toutes choses égales d’ailleurs, l’expulsion de l’air devra
être moindre lorsque la température extérieure se1·a très-
basse, et devra augmenter lorsque la salle sera éclairée
artilîciellement; au surplus Pexpérience apprendra dans
quelles circonstances il sera conve11able de faire jouer
tous les ventilateurs , ou de suspendre legmouvement de
quelques-uns. · '
Ce n’est point assez de chasser au_-dehors Pair vicié
de l’atelîe1·, il faut aussi donner accès à l’air extérieur
'qui doit remplacer le premier, sans qu’il produise de
cou1·ans nuisibles par la vitesse et la température; on
atteindra ce but en offrant à cet air extérieur des ouver-
tures nombreuses et fort petites , et qui, si elles étaient
fort rapprochées dans quelques endroits, pourraient de
plus être masquées intérieurement par un caneîgis qui
diviserait encore le courant. `
Après avoi1· pourvu au renouvellement de l’air respi-
table, il convient de s’0ccuper de celui de 'Phumidité ,
s’il est vrai qu’elle soit nécessaire à la filature du coton.
Le chauffage àl a vapeur en fournit immédiatement le Z
moyen par Pouverture d’un certain nombre de robinets
adaptés au tuyau conducteur; un thermomètre et un-
hygromètre serviraientà régler la température et le degré
d’humidité que Pexpërieuce appreuclrait être les. plus
convenables. i

( 113  
C’est à des ventilateurs ·de l’espèce de ceux décrits
dans cette note, que les médecins de l’hôpital militaire
de Dunkerque attribuèrent en partie la faiblesse de la
mortalité dans cet hôpital, en 1814 ; cependant il recevait
directement tous les malades qui arrivaient par mer de
la Hollande, de Hambourg, etc., et n’évacuait au dehors
que les hommes en état d’être transportés.
n
(Eg. 5 , 6 , ;· , planche 2.) Ventilateur horizontal.
(Fig. 8 ) Ventilateur vertical , n’occupant aucune place dans l`atelier;
ou peut le mettrc dans une croisée inutile. ·
a b. CoH`re. .
c d. Diaphragme mobile composé d’un châssis couvert d'une toile et
de papier collé dessus.
c e. Pivot du diaphragme.
e   Levier qui donne le mouvement au diaphragme de rl en g, et lui
fait décrire à chaque oscillation le prisme triangulaire c d g, cuhant
environ So décimètres.
h. Ouverture des côtés du coffre et par lesquelles entre l'air; ces
ouvertures sont fermées intérieurement par des bandes de peau chamoise, ·
assez épaisses, qui se recouvrent comme ou le voit en i.
k. Ouvertures qui laissent échapper l’air au dehors; elles sont fermées
extérieurement comme les précédentes. i   —
lm. Châssis couvert d’un canevas pour divise! l'air et arrêter la pous-
sière. De semblables châssis doivent garantir les côtés du ventilateur
horizontal.
ri. Contrepoids qui ramène le diapliragmede la figure 8 dans la position
verticale. Quoique les dimensions soient les mêmes dans les dcux ven-
tilateurs , le ldernier ne chasse au dehors, à vitesse égale, que lat
moitié de l`air qu`expulserait le ventilateur horizontal.

( 114 )
N O T E ·
Sur les anzélzbmtzbus dont es! susceptzhle le syszème actirel
des ëgozîts de la ville de Dwzlrerque. K
` Par M. DELISLE.
a5 0'c r o nan ¤8¤6.
. Les gaz délétères qui s’exl1alcnt pendant les chaleurs de
l’été par les bouches des nombreux égoûts de la ville sont
bien certainement l’une des principales causes des maladies
qui aûligent en ce moment la population de Dunkerque.
Cette cause 11’est , à la vérité , que secondaire , et demeure
presqu’inaperçue lorsqu’une haute température , long-temps
prolongée , ne favorise pas la fermentation putride des
matières végétales et animales qui s’accumulent dans les
conduits, ou lorsque des pluies abondantes viennent de
temps à autre recouvrir ces matières ou les entraînera
avec elles.
L’établissement d’un grand réservoir d’eau au moyen
duquel on formerait des courans rapides dans les conduits
souterrains, ne me semble pas praticable, attendu qu’aucun
aiiluent n’amène d’eau près de la ville à une hauteur assez
considérablerpour atteindre le but, et que dans le cas
même où la chose serait possible , les conduits existant
ne pourraient supporter les etïorts de l’eau qui les détrui-
raient eu peu d’l1eures.
Quelques·unes des bouches des égnûts ont déjà été disposées
convenablement sur un principe de saine physique; mais
chacune de ces bouches ai occasionné une dépense assez,].
forte , dépense que les ressources de la ville ne permettraient

( 1 15 ')
pas de faire en une seule année., ni peut-être en quatre,
à toutes les autres bouches qui la réclament. J’ai cru
remarquer en outre que les ouvertures des nouveaux
appareils sont assez petites pour faire craindre Pengorgement
dans le cas d’une pluie très-considérable ou d’un dégel
subit.
Ces considérations m’engagèrent à chercher un _mode
moins dispendieux de fermer ces foyers de destruction
par une application plus simple du princ_ipe déjà mis en ·
usage. C’est le résultat de ces recherches que je vais exposer
succinctement dans'l’espoir qu’un autre pourra encore
trouver mieux , et mettra ainsi Padniinistration dans la
possibilité de remédier promptement au mal sans excéder
ses moyens. —
Les châssis en bois des anciennes bouches sont généra-
lement assez mauvais , et devraient, pour la plupart., être
renouvelés si on les déplaçait; mais la plupart aussi pour-
l`àl€|]t encore servir plus ou moins de temps si on n’y
touchait pas, ce'qui zlimiuuerait d’autnnt la dépense à
faire immédiatement. L’opération qui imc paraît conve-
nable., consisterait seulement e11 une ouverture à faire
au-dessus. de chaque embranchement et près du châssis
de la grille; à construire., dans Pembrancliement même,
un petit mur d’une brique et demie, avec mortier de
ciment ou de tras, et bien lié avec les murs latéraux;
ce petit mur·s’éleveraît jusqu’à 15 ou zo centimètres de
l’intrados de la voûte ou du dessous des madriers qui
couvrent Vembranchenxent, il serait soigneusement enduit:
des deux côtés avec le même mortier. A 15 ou zo centi-
mètres de ce petit mur, ·et à io centimètres en contrebas
 
Nota. On pourrait aux deux petits murs substituer deux plaques en fer
c¤ulé,soig¤œusemem eucnmées dans les parois de 1'cmbranclnunem.

( U6 )
de sa surface supérieure, on placerait un madrier en chêne
(ou une pierre ) , enchassé avec soin , par chacun de
ses bouts , dans les parois verticales de Pembranchement,
et sur ce madrier, qui aurait 22 centimètres de largeur,
on éleverait un autre petit mur d’une brique, en même
mortier que ci-dessus , jusqu’à aflleurer le dessous du
châssis de la grille; après quoi, replaçant les madriers
ou reconstruisant la voûte , `on comblerait Pexcavation.
Ce travail étant fait , toutes les matiè1·es plus pesantes
que l’eau se déposeront dans le fond du réceptacle, d’où
on les extraira de temps en temps par l’0uverture qu’0li`rira
la grille , rendue mobile si elle ne l’était d’avance :
llextraction faite , les habitans des maisons voisines
se1·ont tenus de verser une quantité d’eau telle , que sa
surface atteigne le déversoir de l’appa1·eil. Pour que cette
quantité d’eau ne soit pas trop considérable et plus souvent:
renouvelée , on remplira , s’il y nlieu , la partie inférieure
du réceptacle jusqu’à ne laisser que 20 ou So centimètres
d’espace entre le dessous du madrier et le pavé du nou-
veau fond ; enfin , quelques débris de pavés de grès auront
été placés au pied du mur inférieur , pour`que le déver-
sement continuel de l’eau ne dégrade pas la maçonnerie.
Il résultera de ces dispositions que les miasmes putrides
ne pourront plus s’épancher que par les embouchures
inférieures des égoûts, et que la ville se trouvera garantie
de la malignité de leur influence'; cependant ces miasmes
ainsi concentrés pourraient compromettre les ouvriers
chargés des réparations; mais en faisant , au besoin ,
usage de chlorure de calcium, et en rfentreprenant des
travaux ~un peu considérables de 'cette espèce que vers la
tin de Phiver , on évitera aisément tous les dangers qu’ils
pourraient offrir.
A. Conduit priaripal (planche 2, fg. g).

( H1 }
 
B. Embrànchemem. , Il
C. Grillc.
D. Mur à construire dans Yemlarannhement, sur 1 f ou si briques.
E. Madrier et petit mur gu‘il soutient.
F. Pavé du nouveau fond du réceptacle. .
G. Exhaussemens des'murs latéraux lle Pemhranchement et madriers
gtfils supportent.
H. Déversuir.
I. Tas de débris de pavés pour rompre la chûtc de l'eau.

( IIS   ,
 
, N O T E
SUR LE PHYTOLACA.
Par M. KUHLMANN. I
3 uovnnnma 1816. `
J’ai fait quelques tentatives pour appliquer sur les tils
ou tissus la belle couleur pourpre des baies du phytolaca.
Voici en peu de mots les résultats que j’ai obtenus:
Le suc pourpre des baies du phytolaca éprouve par
les réactifs , les modifications suivantes :
Les acides , même concentrés , né font qu’aviver davan-
tage ·sa couleur pourpre , et ne lui fout éprouver aucune
altération par un contact prolongé.
Les alcalis faibles fout virer sa couleur au violet, et —·
les alcalis caustiques et concentrés la détruisent entièrement
en quelques heures.
Le proto sulfate de fer en contact avec le suc de phy- n
tolaca lui donne une belle nuance violette; mais la déco-
loration a lieu par un contact prolongé, probablement
parce qu’en se peroxidant le fer absorbe de Poxigène à
la matière colorante , et détruit ainsi l"harmonie de ses
principes constituaus.
Le chlore agit sur cette couleur comme sur toutes les
autres couleurs végétales. `
Tant que j’ai cherché à fixer la couleur du phytolaca
sur le lin , le coton ou la laine , mes efforts ont été inu-
tiles; ces corps ont totalement refusé de s’en charger ,
quel mordant que j’aie employé. J’ai été un peu _plus
heureux pour la soie. '

( Mo )
Le mordant d’alun m’a fourni, à la teinture , une couleur
hortensia assez agréable , et préparée par le permuriate
d'étain,‘la soie s`est teinte en un lilas foncé.
Ces deux nuances , très-faciles à obtenir , résistent fort
bien aux réactifs chimiques, et sous ce rapport peuvent
être considérées comme des couleurs fort solides et con-
venables pour la teinture des soies; mais dans la teinture
de ces couleurs il faut éviter avec précaution de porter
le bain à Pébullition ; car , par cette température élevée , la
couleur_du phytolaca brunit et S,3ltèl'€· Je n’ai pas encore '
pu éprouver la tixité de ces couleurs par l’action directe et
prolongée des rayons solaires; mais je crains que cette
iniluence ne soit, comme c’est l’ordiuaire , analogue à celle
d’une température élevée, et dès—lors le phytolaca serait à '
rejeter totalement du nombre des matières teintoriales.
J’ai toujours cru à propos de vous communiquer ce
peu d’observations : ce sont des faits qui, connus, peuvent .
épargner la perte d’un temps employé à d’ultérieures
recherches sur cette matière. Dlaillenrs, la connaissance
des 1·ésultats infructueux forme aussi partie d’une étude
approfondie. .
 
J’ai pu me convaincre depuis que ces craintes n`étaiénl que trop fondées,
Faction prolongée de la lumière faisant éprouver à ces couleurs une allé-
ralion sensible. _ I
’ .
· f

r ( 1.,20 )
 
N O T I C E
SUR LA FABRICATION DE L’ACIDE SULFURIQUE.
Par M. KUHLMANN. _
3 Avnxr. 1827.
UEXPLICATION des réactions chimiques qui stopêrent .
lors dé la combustion du soufre dans les chambres
vitrioliques , est un des titres Iles plus honorables acquis
au nom scientifique de M. Clément Desormes.
Lafabrication de l’acide sulfurique, confiée le plus
souvent à' des manufacturiers chimistes, a été l’objet de
tant d’observations., qu’il est aujourd’hui peu d’arts in-
dustriels qui, ayant été autant étudiés, soient par con-
séquent aussi perfectionnés.
Néanmoins 100 parties de soufre qui, théoriquement,
doivent fournir, par leur combinaison avec Poxigène, "
249 parties d’acide sulfurique anhyclre , et par conséquent
328 parties d’acide à G6° de Beaunée ou 1840` de densité,
ne rendent, dans la fabrication courante, que deux cent
soixante et au plus deux cent quatre-vingt-dix parties
d’acide concentré. Une grande différence se remarque dans
la quantité de produit qn’obtient telle fabrique et telle
autre, et dans la même fabrique, avec les mêmes pro-
cédés de fabrication , la quantité d’acide obtenue d’une
même quantité de soufre, varie beaucoup sans que, le
plus souvent, le fabricant puisse se 1·endre compte d’une
pareille différence. ·
Ayant souvent réfléchi sur cette anomalie, je vais
aujourd’hui consigner lc résultat de mes observations

( 12x )
à cet égard. Il existe dans la fabrication de l’acide sulfu-
rique deux méthodes qui diffèrent l’une de l’autre, en
ce que dans la première, dite à combustion continue,
le soufre se brûle extérieurement par un petit courant
d’air, qui fait pénétrer l’acide sulfureux dans la chambre
de plomb où cet acide se transforme en acide sulf11-
rique, par Pintermédiaire du gaz nitreux. L’acide sulfu-
1·ique formé est absorbé par une couche d’eau qui couvre
le fond de la chambre et qui se charge peu-a-peu d’acide ,
jusqu’à ce qu’il se soit produit de Palcide sulfurique de
40 ou 45 degrés de densité, après quoi Pacide n’est
plus absorbé avec autant de facilité, ce qui nécessite de
maintenir toujours le liquide au fond de la chambre à
une densité assez faible, par des additions successives
d’eau. Ce procédé présente Pavantage d’nn travail continu
et régulier; à mesure qu’il pénètre dans la chambre
vitriolique une certaine quantité d’acide sulfureux, il
s’écbappe, par une cheminée établie à l,€Xl1`êI'I1llé de
l’équipage, une quantité de gaz convenable pour pro-
duire le courant. Cette cheminée entraîne, outre l’azote
de l’air et l’acide nitrieux superflu, une grande quantité
d’acide sulfureux et d’acide sulfurique non condensé;
néanmoins le fabricant donne quelquefois la préférence`
à ce moyen de fabrication ,' parce qu’avec une chambre
de plomb àcombustion continue, l’on peut brûler une
plus grande quantité de soufre dans un même laps de
temps que dans une chambre à combustion intermittente
de même dimension , et cet avantage contrebalance en partie
celui d’une combustion mieux utilisée. L’acide que l’on` .
retire de ces chambres est beaucoup plus coloré que celui
produit par le deuxième moyen de fabrication. ·
Cette seconde méthode ,— que je C1’OlS préférable , est dite
à combustions intermittentes. Des chaudières nommées

( 122 )
patères, disposées sur_un autel dans l’intérieur de la cham-
bre , reçoivent un chargement de soufre en quantité pro-
portionnée à la capacité dela chambre; ce soufre est allumé,
et la production d’acide nitreux est provoquée à mesure
de la combustion. La chambre hermétiquement close, se
1·emplit bientôt. de vapeurs d’acides nitreux et sulfureux ,
et lorsque la totalité du soufre est convertieen acide'
sulfureux, une grande quantité de vapeur d’éau est lancée
dans la chambre avec assez de force pour y [établir
un mouvement dans les gaz. Une petite pression a
presque toujours existé jusqu’ici dans la chambrefmais
bientôt la vapeur d‘eau se condensant et entraînant avec
elle l’acide sulfurique produit par son secours , il s’établit
une'1·aréfaction telle qu’il est nécessaire de laisser péné-
trer dans l’intérieu1· une certaine quantité d’air pour'
rétablir l’équilibre. Au bout de quelques heures de con-
densation; l‘acide sulfurique condensé étant tombé sous'
forme de pluie, Pathmosphère intérieur est presque tota- I
lement dépouillé d’acides sulfureux et sulfurique; cet
atmosphère consiste principalement en azote et en
deuioxide d’azote, tout Poxigène ayant servi à con-
vertir le soufre en acide : alors·des‘portes latérales et
des soupapes sont ouvertes pour renouveler l’air' dans
la chambre et' recommencer une nouvelle opération.
L’acide qui se produit ainsi est dans la plupart des fabriques
à une densité de 45 à So" , et sa coloration est beaucoup
moins grande que celle de l’acide préparé par la première .
méthode. La densité de l’acide dans ces chambres à com-
bustions intermittentes peut cependant varier considéra-
blement; car lorsque par quelque travail intérieur l’on
a vidé une chambre, avant de recommencer les opéra-
tions, l’on est _dans l’usage de couvrir d’eau le fond de
la chambre à un ou deux pouces de hauteur, afin rde

( 123 )
protéger les plombs. Tai remarqué que dans ces derniers
cas, le soufre des premières comlziustionsîlne produisait
presque pas d’acide sulfurique; que le résultat était un
liquide fort coloré et ayanti une odeur d’acide sulfureux
beaucoup plus ‘marqnée que le produit de fabrication
ordinaire; je reconnus que du degré de l’acide renfermé-
dans la chambre dépendait beaucoup la quantité d’acide
sulfurique retirée du soufre , et que si la conden-
sation des vapeurs avait lieu plus facilement lorsquerle
liquide, au fond des chambres , était peu concentré,
c’était parce que la plus grande partie de l’acide sulfureux `
était absorbée en pure perte , et haussait ainsi le degré des
eaux ; le fabricant qui évalue la quantité d’acide concentré
qu’il doit obtenir d’ap1·ès la quantité d’acide faible, est
induit en erreur, dans cette circonstance , car je me suis
convaincu que de Pacide ainsi coloré perdait jusqu’a 10 ,
p. § dans la concentration, tandis qu’avec les mêmes
moyens ‘de concentration, je ne perds que 2..% à 3
p. %, en agissant sur des produits plus purs.
Ce qui précède vient aujourd’l1ui éclairer sur,les résultats
comparatifs que produisent les deux moyens de fabrica-
tion et sur les différences qui peuvent exister, selon les
circonstances , dans les quantités du produit obtenu.
Dans la combustion continue, j’attrihue une grande perte
' à cette absorbtion, car le liquide ne peut jamais être
fortement concentré, et par conséquent doit se colorer
facilement. W
Dans Pétablissement que j’ai fondé à Loos, persuadé
que pour pe1·dre le moins possible d’acide sulfureux
par dissolution , il fallait mettre les gaz de la combus-
· tion en contact avec le liquide le plus concentré, je fais
monte1· la densité jusqu’à 54 et même 56°, et non seu-
lement j’obtiens des résultats plus satisfaisans, mais encore

·· ( 194 )
mon produit presqu’incolore blanchit plus facilement à
la concentration et acquiert des qualités plus vendables.
Il est cependant une limite à laquelle il faut s’arrêter;
c’est le point où l"acide dans les chambres deviendrait
assez concentré pour attaquer plus facilementles plombs
et les soudures. L’inc0nvénient que je viens de signaler
serait beaucoup moindre si tout l’acide sulfureuxi pro-
- duit était au moment de sa p1·oduction converti en acide
sulfurique; mais la quantité d’acide nitreux mise en
contact n’est pas assez grande; elle suftit seulement pour
opérer cette conversion en 130 opé1·ations successives,
servant d’auxiliaire pour porter pen à peu Poxigène de
l’air sur l’acide sulfureux.
Jeme suis convaincu que la colo1·ation de l’acide dans
les chambres vitrioliques était bien due à l’absorbtion
de l’acide sulfureux, par une expérience directe. En fai-
sant passer un courant de gaz sulfureux par de l’acide
sulfurique parfaitement incolore, ce liquide se colore en
brun; l’absorption et la coloration sont d’autant plus '
grandes que l’acide sulfurique est à un moindre degré I
de concentration. Depuis long-temps j’avais 1·emarqué_
qu’en chauffant' de l’acide sulfurique avec du l'D€1‘Cll1`C , le
liquide surnageaut se colorait en un brun foncé, comme
si des matières organiques avaient été introduites dans '
l’acide : Cette coloration est encore évidemment due à
la dissolution d’une certaine quantité d’acide sulfureux
dans le liquide; car l’él1ullition prolongée de ce liquide ' `
le décolore, de même que`l’addition d’un peude salpêtre
ou d’acide nitrique. L’acide nitreux` qui se produit dans
ce dernier cas convertit”l’acide s'ulfureux en acide sulfu- ·
rique et` la décoloration a lieu`subitement ; le même effet
se produit sur dé liacide coloré.
Un inconvénient non moins' grave que Pabsorption de

( 125 )
Pacide sulfureux a lieu quelquefois dans la fabrication '
de l’acide vitriolique, et peut faire varier la quantitépde
produit; c’est la production des fleurs de souûe. Cette
production résultant du manque cl’oxigène lors de la ·
combustion, provient de ce que les capsules renfermant
le soufre ont été chaulfées trop rapidement, et que l’oxi-
gène de l’air des chambres n’a pas pu avoir accès en
assez grande quantité pour brûler tout le soufre et le
convertir en·acide sulfureux. De la lieur de soufre se
forme et elle vient se jeter dans l’acide. Ce soufre n’ayant ,_
pas une densité beaucoup plus considérable que celle de
l’acide, est tenu en suspension si intimement, que j’étais
d’alJ0rd disposé à croire qu’il se dissolvait : entraîné avec
le liquide dans les vases de concentration, l’action de
l’acide agit su1· lui pendant Pébullition et le transforme
en acide sulfureux, aux dépens d’une grande quantité
d’oxigène qu’il lui cède, étant décomposé lui-même
partiellement en cet acide gazeux. J’ai même remarqué
plusieurs fois que du soufre s’échappait aussi à l’état
de vapeur et venait se condenser contre les parois inté-
rieures des vases distillatoires, affectant une forme cris- l
talline. La perte uejîpeut faire le fabricant par ce vice
dans Popération egitrès-considérable; car , non-seulement
il n’utilise pas le soufre sublimé, mais encore il perd
— deux fois autant d’acide pur pour chasser ce soufre dans
la concentration. Je ·dis deux fois autant, car pour
transformer en acide sulfureux cent parties de soufre , il
faut gg,4o d’oxigène qui, enlevés à l’acide sulfurique,
transforment zoo p21‘l§lBS de cet acide seclen acide sulfu- _
reux. Cette perte est donc plus considérable encore en
acide à 184o' de" densité; en outre le gaz sulfureux se `
produisant à la température de Pébullition de l’acide T
V 9
'

«
( 126 ) '
concentré, se sature à cette haute température de vapeurs
d’acide, et les entraîne avec lui.
V Il est aussi essentiel de pousser la concentration jusqu’à
· ce que tout le soufre soit converti en acide sulfureux;
car, tant qu’il en reste des traces, Pacide sulfurique ne
peut se décolorer, la cause de production d’aeide sulfureux .
n’ayant pas cessé. Ces dernières considérations sur la fabri-
cation de l’acide sulfurique me permettent aujourd’bpi de
résoudre un problême dont la solution m’embarrassait
beaucoup; voici le fait: _ · _
Un blanchisseur de cette ville ayant fait venir de Rouen
de l’acide sulfurique faible, dit eau de chambre, dans le
désir d’épargner les frais de concentration , se servit de
cet acide pour la préparation du chlore; mais il fut bien-
tôt arrêté dans ses essais par un obstacle très—grave. Il
trouva dans ses tubes de dégagement et dans,les cuves où
la dissolution de chlore se faisait, d’assez fortes quan-
tités de soufre capables d’entraver ses opérations. Ce résultat
qui, d’abord, me semblait incro_yable,·est anjourd’hui
‘tont expliqué , si nous admettons la possibilité de trouver
dans des acides mal préparés une forte dose de soufre;
car le chlore formant avec le soufre du chlorure de
soufre, peut avoir entraîné ce corp? combustible , et
bientôt t’avoir abandonné par le contact de l’eau. `
Un seul essai infructueux peut sulïire pour discréditer
un procédé utile et économique; Cal', depuis que de
pareils résultats ont été obtenus, malgré l’avantage d’une
économie de pres de IO p. § qui 1`éSHltB de l’usage des acides
non concentrés, le fabricant en question a renoncé à leur
empioi en protestant contre les innovations. '
a . ‘ · .

( 127,)
 
~ M É M 0 1 R E
SUR LES PRINCIPES COLORANS DE LA GARANCE.
Par M. KUHLMANN.
x.¤‘* ium l8É7·
Un grand nombre de travaux ont déjà été consacrés à
l’étude de la matière colorante de la garance; je fis en’
14823 , au laboratoire de M. Vauqnelin , une suite d’expé-
riences sur cette racine, et mes résultats ont été vérifiés
depuispar MM. Robiquet et Colin , qui, le 22 août 1826,
firent lecture , à la société philomatique, d’un mémoire
consignant leurs nouvelles observations.
J’avais remarqué que la matière colorante de la garance , ·
peu soluble dans l’eau, était entièrement séparée de sa
dissolution dans ce liquide, au moyen d’une faible addition
d’acide sulfurique; que le précipité orange qui avait lieu ,
contenant cette matière colorante, la cédait à Faction de
l’alcool et qu’il en résultait une dissolution de couleur e
orangée. Un peu d’acide sulfurique resté adhérent au
précipité orange, se trouvait entraîné dans la dissolution
alcoolique , et dans le but de l’en séparer , je proposai
de mettre cette dissolution alcoolique en contact avec un peu
de bicarbonate de potasse pulvérisé; l’action du bicarbonate I
de potasse ayant fait vire1· la dissolution à une·}Jelle
couleur rouge ,· je pensais avoi1· obtenu la matière colo-
rante pure, et ce qui m’al’fermissait dans cette opinion,
c’est que par une évaporation convenable de mes disso-
lutions alcooliques , il se formait à la surface du liquide
un produit ayant Paspect cristallisé.
 

I ( 123 )
MM. Hobiquet et Colin, en répétant mes expériences,
ont trouvé que le produitique j’ai obtenu retenait une
certaine quantité de carbonate de potasse , et qu’il devait
à cet excès d’alcaÈi sa nuance rouge. Je me suis depuis
convaincu de mon erreur; elle est résultée de l’opinion
que j’avais , et qui est généralement admise, que le
bicarbonate de potasse est entièrement insoluble dans
l’alcool concentré. Si l`alcool retient un pen de potasse
en cette circo ustance, c’est probablement en faveur d’nne
matière grasse p articulière que renferme la garance. MM.
Robiquet et Colin donnent un procédé de préparer la
matière colorante_de la garance , qui présente des diiïé-
rences avec celui que j’avais imaginé d’abo1·d. Ils remarquent 4
aussi, dans cette substance , la propriété de cristalliser
par sublimation , et proposent de l’appeler alizarine..
Telles étaient les données queles sciences avaient fournies
aux manufacturiers, et l’on devait espérer de voir bientôt
jaillir des applications utiles de ces principes préliminaires.  
C’est dans cette vue que j’ai entrepris ce nouveau travail,
dans lequel je me suis principalement proposé de séparer ,
toute la' matière colorante de la garance , et déterminer
ainsi la quantité qu’un poids donné de garance en contient.
L’espoir de contrib'ner par mes observations à éclaircir
des questions qui intéressent si puissamment un grand
nombre (Parts industriels , me lit oublier , en cette cir-
constance ,‘·tou'tes les difficultés que devait me présenter ·
un pareil travail, difiicultés qui ne sauraient être appréciées
que par les personnes qui ont fait quelques tentatives C
dans le but‘de résoudre ces questions. Il me semblait
d'ab0rd qù’une matière pure ayant été obtenue par MM.
Bobiquet et Colin , il ne 1·estait plus qu’à déterminer la
quantité de cette matière que renferme un 'poids donné
de garance, mais j’entrevis bientôt Pimpossîbilité de me

( 129 )
servir du procédé de ces savans chimistes pour cet objet.
Dans mou analyse chimique de la garance , publiée en
iS23., je remarquais une couleur jaune très-soluble dans
l’eau , eu outre de la matière que MM. Robiquet et Colin
ont appelée alizarine et qui jouit de peu de solubilité dans
ce liquide. _ `
Pour obtenir cette dernière matière , je proposai de
procéder à un lavage préalable de la garauce à Peau
froide pour séparer la plus grande partie de cette matière
colorante que j’appelais fauve et sur laquelle je ue crus pas
essentiel de faire beaucoup d’essais, la croyant inutile
dans la teinture. MM. Robiquet et Colin observent
dans leur mémoire qui forme une vérification du mien
que la première eau de lavage contient déjà de la matière
colorante, et ce lavage étant fait avec peu d’eau, ils ont
obtenu une liqueur brune qui s’est prise en gelée après
quelque temps de repos. C’est de cette gelée convenable-
ment traitée par l’alcool, l’acide sulfurique et l’étl1er,
ou par Pétber seulement qu’ils ont retiré l’alizarine
dans son état de pureté. Je fus étonné en répétant
ces expériences du peu (l,îlllZHl`lî1C que je retirais des _
garances , et dans le but d’épuiser la garance de toute
la matière colorante, je procédai a un second lavage W
à Yeau; la liqueur fut encore colorée, mais plus faible-
ment, et n’ayant plus de viscosité comme `aa premier
lavage., il ne se produisit plus de gelée, de"so1·te qu’il
n’y eut plus moyen d’en retirer de Palizariue : la garance
cependant ne s’était pas décolorée; elle avait acquis
une couleur d’un `rougeviolacé assez foncé pour ne
pas me laisser de doute sur l’existence d’uue grande
quantité de couleur dans ce produit. Je renonçai donc ii
trouve1· dans le proeédé de MM. Bobiquet et Colin les ··
élémens nécessaires pour parvenir au but proposé, et

\
( 130 )
après plusieurs tentatives fabandonnai le lavage à Peau ; car
il me semblaitque par Pintermédiaire de ce véhicule une
certaine quantité de couleur se fixait plus intimement sur I
la racine et la soumettait â `une véritable teinture.
Je dus recourir à un dissolvant différent et je trouvai
dans l‘alcool toutes les propriétés requises pour enlever à
la racineqde garance toute la couleur quelle contient, sans
que Pinconvénient _dont je viens de parler se produise;
en effet, jamais dans le cours des lavages à l’alcool, la
garance ne prend la couleur violacée qui se produit par
Peau., et ce qui est à remarquer, et à l’appui de mon
assergon , c’est qu’il est extrêmement difficile d’épuiser ’de
tonte couleur par le lavage alcoolique la garance lavée
préalablement à Peau sur laquelle, par conséquent, il s’est
fixé de la matière colorante , tandis que de la garance qui
n’a pas subi l’action de cet agent se décolore avec la plus
grande facilité.
De'termz}zer la quantité dlalzàarzize.
Je traite donc la garance par l’alcool à chaud; la disso- '
lution que j’olJtiens est tellement colorée qu’elle est d’un
brun foncé, quoique de couleur orangée, l0rsqu’elle est ·
étendue. Par plusieurs lavages successifs à l’alcool , j’extraîs
de la garance toute la matière colorante , et il ne reste `
après ces lavages qu’une poudre grise qui , à la teinture, ne
fournit Èasela moindre trace de couleur. Il est toutefois
nécessaire pour parvenir à ce résultat de procéder à un
grand nombre de lavages. Bien certain d’avoir dans mon `
liquide tous les principes colorans, feu fis un examen
hiensérieux : ce liquide étendu d’eau devenait laiteux ,
Faction des alcalis faisait virer sa couleur au rouge violet
et l’acidc lui donnait u11e nuance orange plus Vive.
Je concentrai ma liqueur alcoolique, et pour ne pas
pendre l’alcool employé, je le recueillis par voie de dis~

( 131 )
tiltatiou ; après avoir chassé la totalité de l’alcool, je versai
dans mon liquide devenu visqueux une petite quantité
d’acide sulfurique et je l’étendis d’eau; par ces additions
il sei produisit un dépôt insoluble orangé et extrêmement
abondant, dans lequel je dus naturellement reclierclier la
présence de l’alizarine, ayant déjà remarqué la précipi-
tation de ce principe colorant ,·· de ses dissolntions par i
l’3.Ctl0ll d’un acide. `
La liqueur acide qui surnageait le précipité était d’un i
jaune citron, et je m’assurai par des essais multipliés qu’elle
ne contenait plus une quantité notable d’alizarine. Certain
d’avoir séparé par cette précipitation toute‘l’alizarine ren-
fermée dans la garance , je lavai ce dépôt orange par
/ décantation et à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’aux réac-
tifs il n’y eut plus dans les eaux de lavage d’indice de la
p1·ésence de l’acide sulfurique. Ces eaux de lavage devenaient
· entièrement incolores et n’entrainaient pas sensiblement
d’alizarine, ce corps jouissant d’une presqu’entiè1·e iuso- l-
lubilité dans l’eau froide. Mon précipité orange bien ,
lavé` fut recueilli sur un filtre, traité pa1· l7étl1€l' qui le
dissolvit presqu’entièremcnt , et la dissolution étherée laissa
déposer par évaporation des cristaux d’alizarine bien carac-
térisés; en soumettant ce précipité orange convenable-
ment desséclré à la distillation sèche , l’alizarine se sublime
et cristallise contre les parois intérieures de la cornue
ou du tube en belles et longues aiguilles brillantes d’un
jaune doré. ’ `
Une circonstance rend cette dernière opération assez
délicate : la garance renferme une grande quantité d’une
matière poisseuse acidule qui, étant insoluble ou peu i
soluble dans l’acide sulfurique faible, reste mêlée à l’ali-
zarine et se décompose pendant que t’alizarine se sublime
lors de la distillation. Il est à craindre que `la décom-
position de cette matière grasse n’entraîue aussi la décom-

( 132 )
posit_ion d’une partie de Palizarine; car j’ai trouvé des
garances qui contenaient tant de cette matière, que la
distillation de toute la masse de ce résidu insoluble ne me
fournissait presque pas de cristaux d’alizarine. Il serait facile
d’éviter la présence de cette matière dans le précipité orangé,
en laissant un peu d’alcool dans 1’extrait avant de le
délayer dans l’eau acidulée; mais cet alcool, en facilitant
la solubilité de la matière grasse, augmenterait aussi
celle de l’alizarine, et ne permettrait pas en conséquence
de l’obtenir en totalité. Cette matière grasse semble bien
intimement combinée à Palizarine , car quelque tentative
que j’aie faite pour l’isoler de la matière colorante rouge,
sa dissolution acquérait toujours, par l’action des alcalis,
une couleur rouge vineuse qui pourrait bien appartenir à
cette substance ellejmême. Cette matière acquiert par ·l’ac-·
tion de l’acide sulfurique une couleur verte. En traitant par
des lavages à l’alcool ou à I’éther un mélange d’alizarine
et de cette matière grasse , les premières portions d’alco0l
ou d’éther se chargent de la plus grande partie de la
matière grasse , et l’évapo1·ation spontanée de ces liqueurs,
au lieu de donner des cristaux d’a.lizarine bien nets, ne
donne qu’une espèce de végétation de couleur brune,
grasse au toucher et acquérant une couleur vineuse par
l’action des alcalis : les parties qui ont subi 11n ou deux
premiers lavages donnent ensuite des cristaux b1·illans et
se subliment presqu’entièrement par la chaleur.
D’après ces considérations l’on voit que ,· poura déter?
miner bien exactement la quantité d’alizarine, il faudrait
pouvoir éviter les inconvénicns signalés; mais comme il
est difficile de s’y soustraire entièrement, je crois plus
convenable de laisser un peu d’alcool dans l’ext`1·ait et
de perdre ainsi un peu d’alizarine.; que-de recueillir ce
produit mêlé d’une grande quantité de matière étrangère.
A S’il s’agissait de préparer l’alizariue sans avoir égard

( 133-)
aux quantités que renferme une garance donnée, il serait
à/mou avis convenable de laver d’abord la garance à
grande eau pour séparer les parties très-solubles, et de
traiter ensuite-la garance lavée et séchée par Palcool,
ainsi qu’il est dit précédemment. Il est vrai que par ce
procédé l’on perd un peu d’alizarine, mais la quantité
n’eu est pas considérable, et le lavage du précipité orangé
résultant de l’action de l’acide sulfurique faible su1· l’ex-
trait alcoolique deviendrait beaucoup plus facile, la plus
grande quantité de la partie jaune que renferme la garance
ayant été séparée d’ab0rd par le lavage à l’eau.
L’on voit, d’après ce qui précède, que par le procédé
de MM. Robiquet et Colin , l’on ne saurait extraire de
la garance qu’une petite quantité d’alizarine, puisque
pour préparer Palizarine en grand je néglige ces quan-
tités. Le premier lavage aqueux de la garance semble
toutefois entraîner une plus grande quantité d’alizarine
que les lavages suhséquens, probablement parce que cette
matière tinctoriale se dissout en faveur du liquide visqueux,
ainsi que l’observent MM. Robiquet et Colin; peut-être
aussi s’y trouve—t—elle à l’état d’une division extrême, ce
qui expliquerait la coagulation qui a lieu dans les pre- ·
mières eaux de lavage. Je reproduis facilement `la même
coagulation en délayant dans une petite quantité d’eau
l’extrait alcoolique de garance; la liqueur , d’abord trouble,
se prend au bout de quelques heures en une masse trem-·
blante , ayant la consistance d’une gelée de groseille (ii).
Examinons maintenant les p1·opriétés de l’alizarine, en
(lt) Je dois remarquer ici que dans le cours de mes expériences il m'eS%
arrivé d‘0b\enir, sans pouvoir depuis reproduire le même résultat, une
matière blanche un peu jaunâtre, insoluble dans l`ea.u , soluble dans l'aleool
et l’èxl1er, n'acquérax11 aucune couleur; par les acides ui par les alcalis gp
enliu cristallisêe en paillettes micacées, semblables, quant à la forme, aux ·
paillettes cristallines de Talizarine que MM. Robiquel et Colin obtiennent

,( 134 )
rappelant celles que MM. Robiquet et- Colin ont déjà
consignées : /~ -
.Pr·oprie'le's de l’alz`zarùze. .
, La couleur de l’alizarine est d’un jaune doré ressemblant
assez à la couleur de la gomme gutte; elle cristallisé
facilement en paillettes par évaporation de sa dissolution
éthérée; elle cristallise en belles aiguilles brillantes par
la distillation sèche; à froid elle jouit d’une presqu’entière·
insolubilité dans Peau; à chaud il ne. s’en dissout pas
beaucoup, et ses dissolutions aqueuses ont une nuance
rosée. Sa dissolution dans l’éther est très-facile; sa solu-
bilité dans l’alcool est assez grande, moindre cependant
que dans l’éther. L’action de l’eau sur la dissolution
alcoolique concentrée en sépare la plus grande partie
d’alizarine; cette séparation est plus prompte encore par
le secours d’un`acide; l’alcali au contraire facilite sa
dissolution et lui donne une belle nuance bleue violacée.
L’essence de térébenthine la' dissout aussi parfaitement bien.
Tous 'ces caractères rapprochent cette substance de
la nature des matières résineuses. À raison de sa p1·esqu’in-
solubilité dans l’eau, cette substance u’a pas de saveur
bien marquée, _et son odeur faible ne présente aucun
caractère tranchant.
Ap1·ès avoir séparé le principe colorant purifié de la
garance, je voulus aussi essayer quels résultats il me
donnerait à la teinture. _
Tobtins de fort beaux violets, mais la couleur rouge
que me fournit Palizarine employée comme matière
tinctoriale, affectant toujours une nuance bleuâtre après
Pavivage, et ayant fait des efforts inutiles pour obtenir
par Yévaporation de la solution èlliérée de cette matière coloranle. Je crois
seulement rue rappeler que ce produit s'est formé dans de l`eau pure , dans
laquelle j'nvais clélayé de la gelée dont il vient d'ê\rc question.

( 135 )
sur coton la belle couleur écarlate dite rouge d’Andrinople,
je dus rechercher si la garance ne renfermait pas un autre
agent qui pût modifier la couleur fournie par Pàlizarine;
je reviens à l’opinion que j’ai émise dans mon premier
travail sur la garance, qu’il existait dans cette racine un
second principe colorant que fappelai fauve. Dans le désir
de recueillir sur sa nature et ses propriétés quelques
données, je soumis à dilïérens essais la liqueur jaune
acidule provenant du lavage de Pextrait alcoolique, et dans
laquelle je devaislnaturellement la rechercher.
'L’action de Pamrnoniaque donnait à cette liqueur une
couleur aurore: j’y versaî de Pacétate de plomb, ce qui
développait un précipité abondant de sulfate de plomb,
que je séparai par le filtre. La liqueur Hltrée était d’uu
jaune orangé pur , et à mon grand étonnement je vis
qu’une addition d’amn10niaque précipitait dé cette disso-
lution une belle, laque rose; je m’aperçus que cette laque
était bien formée par cette couleur que fappelais jaune `
ou fauve, en combinaison avec l’oxide de plomb; car
cette laque lavée à grande eau, légèrement ammoniacale,
étant traitée de nouveau par l’acide sulfurique faible, la
couleur se reproduisait dans son premier état, c’est-à-
dire ,, redevenait d’un jaune de citron. Je n’ajoutai
que la quantité d’acide sulfurique nécessaire pour
convertir l’oxide de plomb en sulfate, et isoler par con-
séquent le principe colorant. Ma liqueur , légèrement
, acide et d’un très-beau jaune de soufre, fut saturée par
un peu de sous-carbonate de potasse, et la dissolution
colorée prit une belle nuance d’un orangé couleur de
feu. Pévaporai la liqueur jusqu’à siccité, et pendant cette
évaporation je remarquai les faits suivans :
Que la liqueur orange exposée à la chaleur fonçait
considérablement eu couleur; que contre les parois de
la capsule il se déposait des couches de la matière des-

( 136 )
séchée, effectuant une très-belle couleur rose qui dispa-
raissait par la redissolution. Le p1·oduit obtenu à l’état
d’extrait convenablement desséché fut traité par l’alcool
bouillant qui se cliargea d’une couleur jaunne un pen oran gée,
y et qui entraîna tonte la matière colorante pure , ne laissant
dans la capsule que des _parties insolubles d’une couleur
brune, Ma liqueur alcoolique fut évaporée à l’air, et me
fournit un extrait visqueux que je considère comme la
matière colorante jaune dans son état d’isolement. A
_ Xanlhùie. _
Quoique mon opinion ne soit pas encore bien basée
sur cette matière, pour éviter de longues pér.iph1·ases, .
j’appellerai , dans la suite de ce mémoire, cette matière
colorante jaune xanthine de ë»v9a·; jaune , brillant, couleur
de feu, ce nom, désignant bien les diH`érentes nuances
que prend cette matière par l,Zllllll.1EllCB des agens chimiques.
Avant d’étudier les propriétés de cette substance, je _
vais décrire le moyen de la préparer, auquel, après
quelques essais, j’ai donné la préférence sur celui que
je viens de consigner. î-
Après avoir préparé une dissolution alcoolique des
principes solubles de" la garance , l’avoir évaporée
jusqu’à entière siccité, je traite l’extrait que j’obtiens
par de l’eau froide, qui dissout la xanthine, et laisse
dans un état d’insolubilité Palizarine et une grande partie
de la matière grasse. Je_ Iiltre la liqueu1· jaune sufiisamment
étendue d’eau, et y verse un excès d’acétate de plomb.
Par cette addition se développe aussitôt une précipitation
très-abondante d’une combinaison de l’oxide de plomb,
avec la matière grasse et Palizarine qui ont pu être dissous.
Ce précipité étant séparé par le filtre; dans le liquide qui
a une couleu1· orange , je verse dc l’eau de Baryte jusqn’à
ce qu’il y en ait un petit excès sensible au papier réactif.

( 137 )
Par cette addition il se développe un précipité extrêmement
abondant d’oxide de plomb, entraînant avec lui toute la
xanthine, et si exactement, que le liquide surnageant
est entièrement décoloré. Ce précipité est d’nne couleur
rose ou rouge d’autant plus foncée que l’on a ajouté une
plus faible quantité d’acétate de plomb en excès , et que
par conséquent la fécule colorante se trouve répartie sur
une moindre quantité d’oxide de plomb; je lave â l’eau
distillée par décantation ; mais à mesure que l’excès d’alcali
disparaît, j’ajoute aux eaux de lavage , avant leur emploi,
quelques gouttes d’eau de Baryte, et je P1‘éVi€IlS parfai-
tement de cette manière la redissolution de la matière
c0lo1·ante qui s’eFfectuerait un peu sans cette précaution.
Il reste bien un peu de Baryte après le lavage, mais
cette Baryte doit en être séparée par Faction de l’acide
sulfurique- que je fais réagir, comme dans le procédé
déjà décrit, sur`le précipité rose. Par Paddition d’un ·
petit excès d’acide sulfurique, la couleu1· rose se détruit,
il se dépose du sulfate de plomb, et la liqueur jaune
surnageante, qui est légèrement acide, doit être saturée
par Peau de Baryte. Par cette saturation la liqueur, de
jaube qu’elle était, prend une couleur aurore très—riche,
et il se forme un léger dépôt de sulfate de Baryte. La
saturation complète de l’acide ayant eu lieu par la Baryte;.
sans qu’il soit nécessaire de filtrer, j’évapore à siccité la
liqueu1· orange, et je traite l’extrait obtenu par de l’alcool
bouillant. L’alcool ne dissout que la xanthine , laissant
, dans u11 état d’insolubilité une matière étrangère de
couleur brune, le sulfate de Baryte, et même le peu de
Baryte qu’on a pu mettre en excès. La dissolution alcoo-
lique dtune belle couleur jaune orangée, parfaitement
neutre et dépouillée de tous corps étrangers, étant éva-
` porée, fournit la xanthine dans l’état de pureté, sous ,
la forme d’un extrait orange. '

. ( 138 )
Voici quelles. sont les propriétés les plus saillantes de
cette matière particulière :
_ Proprieîës de la xwztlzzhe. .
Elle est très-soluble _dans l’eau, sa dissolution a_ une
saveur sucrée, laissant dans la bouche une amertume
fort désagréable; elle est soluble dans l’alcool et peu
soluble dans l’éther;' les alcalis fout virer. à l’orange,
rougeâtre sa dissolution, et les acides la font virer ··au i
jaune citron. L’acétate» de plomb neprécipite pas la
xanthine de ses dissolutions , ni le sous-acétate, ni aucun
des sels métalliques que j’ai essayés; mais elle est en-
traînée et forme des laques rouges ou roses d’un grand
éclat, avec différens oxides métalliques que l’on précipite
de sa dissolution mêlée au sel métallique. La xanthine
pure appliquée sur du coton mordaucé lui communique
une couleur orange fort brillante, et 1’on n’y>remarque
aucun œil ·bleuâtre; cette nuance forme une ·'opp'osition
tranchée avec celle fournie par llalizarinc qui est toujours
bleuâtre ; aussi la xantbine , dans la teinture , semble-t-elle
jouer un rôle des plus, essentiels. Quoique directement
la xanthine ne fournisse qu’une couleur orange au coton,
il est possible que, par l’etl`et `dcs avivages, cette couleur
se transforme en rouge ou rose., car nous avons vu que
sa dissolution pouvait donner des laques roses ou rouges,
et qu’uue haute température influait sur Pintensité de ses
nuances. . _ 5 "
Il est même possible_qu’en combinaison avec l’alizarine ,
la xanthine éprouve dans sa fixation des modifications par-
ticulières , car du concours des couleurs violettes et oranges
qu’at¥ecteut isolément les deux principes colorans, par
Pinfluence des alcalis , il devrait résulter une nuance
sombre , les trois couleurs primitives se trouvant 1·éunies.,

< 139 )
tandis qu’il est peu de couleurs aussi vives que celle du
rouge d’Andrinople. ‘
La quantité de xantbine varie dans les différentes
garances; celles de Hollande, de Provence , et surtout
celles d’Alsace, en contiennentplus que les garances de
Chypre , de Smyrne , de Barbarie; c’est du proportionne-
ment de ces deux matières colorantes dans les garances
que résulte le plus ou moins d’aptitude de ces garances
pour telle teinture, ou telle autre. ,
Cozzszlzïratzbrzs generales sur les Zeziztures de gamhce, et
prirzczjmlemént sur le rouge d’Andr·1iz0pIe.
Dans le cours de ces expériences sur les principes colorans
de la garance, je n’ai jamais pe1·du de vue le but principal
de mes essais , j’ai comparé ces résultats de laboratoire
avec ceux que me donnent journellement les garances_dans
l’emploi que j’eu fais en fabrique. J’ai émis l’opini0n que
les deux principes colorans concouraient à la forma-
tion des belles nuances que nous fournit la garance.
Dans les rouges pleins d’un ton orangé , la xantliine
semble jouer un rôle des plus importans. Quant aux
violets, il paraît que Palizarine presque seule con-
court à leur formation , et que `la xanthine est inutile ,
quelquefois même nuisible à la pureté de la couleur.
Qu’on admette ou non Pinlluence de la xanthine dans
la teinture, il est toujours constant que les principes
colorans de la garance dans leur état d’isoleme11t sont
jaunes, et qu’i]s ne deviennent rouges que par leur combi-
naison avec le mordant d’alamine, et violets avec le m01·-—
dant de fer. C’est ce qui résulte bienxévidemment de
Pexpérience suivante zjîimaginai de fire bouillir du coton
teint en rouge d’Andrinople, et parfaitement avivé, dans
de Véther sulfurique ,' et je ne fus pas peu surpris de voir
le coton iléchir de nuancé et pâlir; tandis que l’étl1er se

( ¤4¤ )
colorait, non pas en rouge, mais en jaune orangé; examinant
cette liqueur étherée,j’y décovuvris la présence·del’àlizarine
réunie à la gcanthine. La même expérience faite sur du
_ coton teint en violet lme fournit de même une liqueur
orange , renfermant presque Palizarine seule, et le coton
dépouillé de sa couleur resta avec son mordant vferrugineux.
Je fis les mêmes expériences sur du coton teint sans avoir
été préparé aux bains huileux , et le résultat fut le même , ·
seulement l’étl1er se chargea moins facilement de couleur , _
parce qu’il n’existait plus en combinaison avec la couleur ,
la partie huileuse qui, dans le premier cas, en se dissolvant
, dans l’étber entraînait avec elle la solution de la matière
colorante. Il n’est donc plus de doute ; les matières colo?
rantes de la garance., oranges toutes deux dans leur état
d’isolement, prennent différentes couleurs plus ou moins
vives en se combinant à ditférens oxides métalliques. Nous
avons dit que la couleur violette ne semblait pas réclamer
pour sa formation toute la quantité de xanthine qui se
fixe dans le rouge : lors donc qu’avec un bain de garance
nous teignons en violet, nous obtenons d’abord des violets
plus ou moins fauves , selon que la garance employée
présente dans sa composition plus ou moins de xanthine.
Pour donner ensuite à ce violet sa couleur vive et pure,
nous devons chercher à séparer la xanthine qui s’est fixée.
Quel moyen employer ? j’éprouve ici une grande satis-
faction a expliquer Faction des bains acidules que j’emploie
depuis long—temps pour aviver les violets. Qu’arrive-t·il
lorsque je fais bouillir du coton teint en violet dans
une eau légèrement acicluléel par l’acide sulfurique ? la
xanthine se dissout, tandis que Palizarine reste, et si
par Faction momentanée de l’acide sa couleur est virée
au fauve , la couleur violette reparaît avec plus de vivacité
par un bain de savon subséquent. Des résultats analogues

( 14¤ )
sont obtenus pour les couleurs roses ; car pour les dépouiller
de la nuance orange qu’elIes contractent il la teinture , l’on
est dans l’usage de les passer dans un bain bouillant de
crême de tartre, ou dans de l’acide sulfurique faible,
lorsqu’on agit sur des cotons huilés. La connaissance de
cette action réciproque qu’exercent dans la teinture les
deux parties colorantes , et les notions acquises sur leurs
propriétés particulières, m’ont suggéré de tenter en grand
l’essa.i suivant : persuadé qu’une grande quantité de xanthine
nuit dans la teinture des violets, je tentai un moyen
d’enlever à la garance une grande partie de sa xanthine et
j’y parvins par plusieurs lavages à l’eau froide , en opérant
sur la garance comme on opère sur le safran. J'eus
toutefois l’attention de faire servir mes eaux de lavage
jaunes pour la teinture du rouge ordinaire : la garance,
ainsi lavée à plusieurs reprises, avait acquis une nuance
violacée et ne contenait plus qu’une petite quantité de
xanthin'e; je la fis servir à la teinture des violets, et '
j'obtins sans avivage une couleur des plus vives , infini-
ment plus agréable que celle que me fournissait la même ·
espèce de garance qui n’avait pas été soumise au lavage·
Les différences dans les résultats obtenus des garauces lavées
ou de celles non lavées sont assez marquées pour que je
ne désespère pas de voir un jour ce procédé généralement
adopté pour les couleurs délicates , les lilas , les violets,
et peut-être les roses. Ce sera aussi un moyen de pouvoir
se passer au besoin des alizaris de Smyrne ct de Chypre,
dont la qualité, est de contenir moins de xanthine, qualité
que nous pourrons faire acquérir à nos garances de Pro-
vence en donnant un lavage préalable , et affectant toutefois
a la teinture en rouge les eaux de lavage pour ne pas
eprouver de perte. ·
·La connaissance acquise des- propriétés des matières
io

( ¤4¤ )
colorantes de la garance pourra aussi nous être de quelque
secoursn dans l’analyse d’uu grand nombre d’opérations
que le teiuturier exécute machinalement parce qu’il en
a reconnu ·l’eHicacité. Quoique je m’écarte un‘ peu ·du
p1·incipal sujet de ·ce mémoire , je ,vais passer en revue
les dilïérentes opérations que comprend la teinture de [
garance.
, 2 Jllordans.
Les matières colorantes de la garance ont une forte
tendance à se combiner avec un grand nombre de corps et
à leur communiquer diverses nuances. Sans Papplication
_ d’aucun mordant un tissu trempé dans un bain de garance
se colore en un rouge violacé; la racine elle-même
acquiert par l’intermérliaire de l’ea.u une autre couleur,
en vertu de la fixation d’une certaine quantité de sa matière
eolorante. Cetteattraction est grande, snrto_ut pour quel-
ques oxides métalliques ., Palumine, l’oxicle de fer. De l’alun
en gelée qu’on fait bouillir avec les principes colorans de la
garance , prend une couleur rouge : cette couleur se porte
sur le tissu lorsqu’on l’a imprégné d’un mordant alumi-
neux : la laque violette se fixe sur le tissu lorsqu’il a reçu
un mordant de fer. ·
‘ _ AIzm· '
Un fait qui est notoire dans la teinture de garance',
c"est que si le mordant appliqué est acide ou n’est pas
convenablement saturé , les couleurs`olJtenues sont pâles,
les rouges sont bleuâtres , et la raison est facile à trouver :
ne vie:1t—elle pas de ce que la xanthine. ne se fixe pas
facilement lorsqu’il existe une petite quantité d’acicle dans
le bain, et de ce que Yalizarine acquiert plus d’insolu—
bilité par l’eH"et de cet acide. Aussi, s’agit-il d’avoir un
rouge plein, nous donnerons un mordant d’alun saturé;

( 143 )
le rouge doit-il être clair et bleuâtre, nous laisserons son
acidité à l’alun. De là je conclus que l’on a tort toutes
les fois que pour obtenir des roses bleuâtres l’on sature
le mordant, car en lui laissant 1m ·peu d’acidité, Pon
préviendrait plus spécialement la fixation de la xanthine.
De ce qu’il est nécessaire pour obtenir des couleurs
bien nourries de dépouiller le mordant de tout l’acide
qu’il retient , je déduis une explication de la manière
d’agir des bains de craie ou de bouze de vache que l’on
donne assez habituellement aux tissus mordancés par l’acé-
tate d’alumine avant de les soumettre à la teinture; j’ai
employé même avec avantage pour la teinture des éche-
veaux cle coton des bains `de soude après l’alunage , afin
d’éviter l’excès d’acide. Dans la teinture des cotons en 61
et surtout celle en ronge d’Anclrinople, l’0n est clans l’usage
de donner avant Papplication du mordant d’alun un bain
chaud de noix- de galle; quel est le but de cette noix de
galle? Sert-elle de mordant? Je ne le pense pas; la noix
de galle, à mon avis , a pour unique but de former avec
Palumine une combinaison insoluble dans Peau qui se fixe
sur le coton et permet plus facilement le lavage de l’acide
qui devient libre n’étant plus retenu à Pétat salin. i
Noix de galle. X
La noix de galle est tellement indispensable dans la
teinture en rouge d’Andrinople foncé , que même les roses _
sont pâles et violacés si le mordant d’alun n’a pas été
fixé par le bain astringent. '
La noix de galle , dont le but est de faciliter la fixation
sur les tissus d’une plus grande quantité d’alumine , devient
à peu près superflue lorsque nous remplaçons l’alun par
l’acétate d’alumine qui cède plus facilement sa base au
tissu. ·

( 144 )
Dans les imprimeries d’indiennes l’on est dans l’usage
de passer les toiles imprin1ées en mordant d’acétate d’alu—
mine , dans de l’eau tiède où l’on a délayé de la bouze de
vache. Je pense que cette bouze de vache renferme quelque
p1·incipe astringent, et qu’elle fixe le mordant de même
que la noix de galle. I
Apprëls huzïeuœ.
Les apprêts huileux dans la teinture en rouge d’Andri·
nople ont pour but non-seulement de servir de mordant
pour la couleur de la garance, mais surtout de donner
à la couleur rouge du coton la propriété de résister aux
agens chimiques dont Paction s’exe1·ce pendant les avi-
vages et les rosages. Je dis que l’apprêt huileux agit comme
un véritable mordant; en elïet, du coton huilé sans pré-
paration d’al11n ni de noix de galle , fournit à la teinture
une couleur rouge assez foncée , solide , mais sans éclat.
L’apprêt huileux agit aussi par la grande tendance qu’il
donne au coton à se combiner avec les oxides qui servent
de mordant. Je citerai à l’appui , que du coton huilé,
trempé dans une terrine renfermant une dissolution de
sulfate de fer , absorbe en un instant le fer , et avec une
telle avidité., que les parties qui ont d’abord touché le
bain sont les plus colorées : de là viennent souvent des
taches dans la teinture. En trempant dans cette terrine
de la même manière du coton non huilé , le même eiïet
n’a pas lieu àbeaucoup près.
Ualiinité de l’l1uile pour la matière grasse est telle.,
que je fis un jour l’essai d’agite1· du coton huilé dans de `
l’ean contenant si peu de fer , que le prussiate de potasse ' ,
le rendait à peine sensible; le coton soutira le fer à
ce degré de division et la teinture de ce coton présenta
du lilas. Ce même coton acquérait, en le trempant

( 145 )
dans une dissolution de prussiate de potasse légèrement
acidulée , une couleur d’un bleu de ciel bien nourri,
tandis que du coton non huilé , passé dans le même
mordant , ne présenta aucun résultat, ni par la teinture
de garance , ni par l’action du prussiate de potasse. Ces
considérations me rappellent un fait qui m’ét0nna beau-
coup et qui prouve que cette aflinité pour les oxides
métalliques , doit exister non-seulement dans les corps
gras, même aussi dans les corps résineux. Dans une cuve E
en cuivre, renfermant de l’eau, on avait abandonné une
branche de bois résineux; au bout de quelque temps, sans
que la liqueur de la cuve présentât aux réactifs une quantité
appréciable desel de cuivre, les parties résineuses extérieures
de ce bois s’étaient colorées en un beau vert , dû à l’oxide
de cuivre. Il faut donc qu’ici Patlinité de la résine pour
le cuivre oxidé ait été assez grande pour soutirer les
parties métalliques de la liqueur à mesure de leu1· dissolution.
Teinture ct avivages.
Lc garauçage est encore dans la teinture une opération.
dont peut dépendre la qualité de la couleur'; nous voyons
qu’il est utile de faire arriver graduellement le bain de
_garance à la température élevée, et de donne1· à cette
opération toute la durée nécessaire pour que la matière
colorante alizarine, peu soluble dans l’eau , puisse avoir A
le temps de se fixer peu à peu , la dissolution devant
avoir lieu à fur et mesure de la combinaison des partie
dissoutes. _
Mais pourquoi dans la teinture des cotons en rouge
emploie-t-on le plus souvent le sang de hceuî';. ce sang
a-t—il pour but d’entraîner , e11 se coagulant, quelque
partie nuisible , ou est-il destiné à tenir plus facilement

< 146 ) ·\
en suspension l’a.lizarine insoluble , et hâler ainsi sa
dissolution. Cette dernière opinion mé semble la plus
raisonnable, sachant qu’il est indispensable., pour main-
tenir toujours la garance en suspension , d’agiter le bain
pendant toute la durée de la teinture, en y manœuvrant
le coton. La teinture ne pourra pas présenter les résultats
désirés , si la saturation de mordant n’a pas été conve-
nable , c’est-à—dire, s’il prédomine de l’acide. Pour prévenir
cet inconvénient, je prends souvent le parti de donner
d’abord un bain de teinture avec une très-faible portion
de garance ; le coton ne gagne dans cé bain qu’une
couleur très-pâle; mais au deuxième bain la couleur
devient plus nourrie que si l’on avait réuni dans un
seul bain toute la garanee. Un simple bonzage me semble
pouvoir produire le'même elïet.
Pendant la teinture , la température s’élève peu à peu
jusqu’au bouillon ; arrivé au bouillon, la plus grande
quantité de la garance doit être Iixée; mais l’action
d’une vive ébullition développe mieux la couleur et lui
donne plus d’inteusité. C’est surtout Pavivage qui découv1·e
— la couleur; car, jusqu’alors, nous n’avions qu’une nuance
plus ou moins orangée et peu foncée. Cet avivage donne
aussi à la couleur plus,de fixité; c’est ce qui résulte
bien évidemment d’un essai que j’ai fait dernièrement.
Dans l’habitude de donner un bain acidulé aux violets
et lilas, qui doivent avoir un œil bleuâtre , j’ai toujours
grand soin de ne donner ce bain acidule qu’après un
premier avivage au savon; m’étant avisé de donner ce
bain acidule avant l’action de ce bouillon de savon , lje
trouvai ma couleur entièrement détruite; et cette même
couleur , traitée comme je le fais habituellement, résista ·
convenablement; la même_cliose a lieu pour les bains

( 147 )
acidules des roses: avant Favivage Faction de Facide se
fait sentir plus énergiquement. L’action des agens chi-
miques qui entrent dans le bain d’avivage, influe beaucoup
sur les résultats, mais Faction de ces produits ne serait
pas à beaucoup près la même, si laihaute température
ne leur servait pas d’auxitiaire.
Itsera d’autant plus facile de donner à du coton rouge
une grande vivacité, que la matière colorante sera fixée
plus intimement sur le coton et sera mieux garantie
contre Faction des bains alcalins, pour que~l’on puisse sans
inconvénient élever la température dans les avivages. _
Je dois naturellement rappeler ici la grande utilité des ·
bains huileux. Il ne me sera pas difficile de démontrer
que Fhuile agit puissamment, en arrêtant Faction des
bains alcalins et acides; il me sutlira de citer le fait
suivant, dans lequel cette force conservatrice est fournie
à la couleur par une autre matière , qui, comme
Fhuile , est difticilemeut atteinte par les acides et les
alcalis. Après la teinture d’un échantillon de coton nou
huilé, et avant de le soumettre à aucun avivage, j’en
imprégnai une partie d’une dissolution alcoolique de
résine laque ( gomme laque ) , et j’avivai le tout ensemble ~
après avoir fait sécher. Je vis flécliir avec rapidité la
c0uleu1· qui n’avait pas été garantie par lé bain résineux,
tandis que celle qui avait reçu cette préparatioii persista
long-temps sans perdre de son intensité , et acquit de
la vivacité.
Je borne à ces (liil?é1`€l'|S raisonnemens mes observations
sur les teintures de garance; il se peut que j’aie avancé
quelqu’opinion basardée, mais j’ajouterai pour ma jus-
tification que je n’ai nullement la prétention de créer
des théories nouvelles; qu’en consignant des idées que

( 148 )
m’a suggérées la pratique de la teinture, je ·n’ai eu en vue
que Pavancement d’un art qui contribue si puissamment
à la prospérité de notre industrie. ·
_ - I
 
La société industrielle de Mulirausen a décerné à l'auteut de ce mémoire
une médaille dïncouragcment.

( 149 )
 
N O T I C E ·
Sur les mojens de déterminer la qualùé et Ia valeur de la
garance. I
Par M. Kuunmamv.
1.** JUIN |82y. '
Tnouvzn un moyen prompt et facile de déterminer
comparativement la valeur d’une garance à une autre,
c’est le but que je me suis proposé dans ce petit sup-
plément de mon travail sur les garances.
La garance cultivée dans diiïérens climats présente,
relativement à ses propriétés tinctoriales , des ditïérences
si considérables, qu’il n’est pas de genre de teinture où — 1
l’on puisse employer sans préjudice toute garance indis-
tinctement. L’on n’emploie pas avec le même résultat
des garances de Provence et des garances d’Alsace, des
garances de Hollande et des Alizaris de Cliypre. Ces ·
différentes garances sont distinctes dans le commerce , et
leur valeur cotée diH`éremment est dans un rapport assez
constant.
Il existe en outre, dans les garances de même espèce
et tirées du même pays, plusieurs qualités qui peuvent
encore présenter à l’empl0i des différences bien variées.
Ces dilïérences dans les qualités proviennent du plus ou
moins de réussite dans les récoltes, mais surtout des
diverses méthodes de préparer cette racine pour son
emploi dans la teinture. Aussi les garances portent-elles
dans le commerce plusieurs dénominations pour les dis-
tinguer les unes des autres, et le teinturier qui en fait

( 150 )
usage les achète sur la foi d’une marque ou d’une quali-
fication, faute d’avoi1· le moyen d’en examiner à priori
la qualité. Ce 11"est donc que par la non réussite de ses
opérations qu’il acquiert une expé1·ience bien coûteuse
sur le produit qu’il a acheté, sans pour cela être à même
d’éviter à l’avei*1ir de pareils désagrémens.
Un moyen prompt et facile de déterminer compara-
tivement le pouvoir colorant d’une garance à une autre,
serait pour la teinture une acquisition précieuse, et la
recherche d’un procédé aussi utile est bien digne de fixer
notre attention. I
= La solution de cette question présente bien des difli-
cultés , et si je ne me puis glorifier de les avoir applanies,
du moins j’aurai la satisfaction d’avoir dirigé mes etïorts
vers un but aussi utile; je m’empresse donc de consigner
mes observations sur·cet objet. —·
·La garauce renferme une couleur jaune oraugée à
laquelle j’ai donné le nom de Xanthine (iuvâag), et une
autre couleur qui devient bleue par Piniluence des alcalis,
et que MEI. Robiquet et Colin out appelée Alizarine. `
· Laiquantité de ces deux principes colorans, que je
crois également utiles dans la teinture, n’est pas dans
le même rapport dans ltoutes lesgarances du même pays,
et à plus forte raison dans les garances de climats différens.
Dans la même racine, telle partie cofntient plus de matière
orangeque telle autre. · ·
-Ces garances étant livrées dans le commerce le plus .
souvent à l’état-Qjoulu, il est ditliciler de s’apei·cevoir
·d’ab0rd 'si, dans la poudre? de garance, il n’a·pas=·été
introduit par fraude des matières étrangères. —·
Les caractères extérieurs doivent être écartés entièrement
dans 'l’examen=des garances. en poudre, car le degré de
coloration de ce produit dépend du degré d’hm11idité `et

( ISI )
des différentes préparations que l’on peut faire subir à
cette matière dans le but d’en foncer la couleur.
`Uu procédé de déterminer la valeur tinctoriale compa-
rative de plusieurs garances, doit non seulement indiquer
la richesse colorante, mais encore le rapport entre les
quantités d’alizarine et de xauthine 'que` renferment ces
garances. ` ` '
Le concours de ces deux matières colorautes complique
singulièrement la question. Ce n’est pas seulement l’in-
tensité de la couleur qu’il s'agit de déterminer, ctest
encore la nuance que cette garance devra`fournir à la
teinture. Un moyen sûr S€1`3.lt tl’isole1· les deux principes
c0lo1·ans qui sont d’uue préparation longue et diflicile;
mais il ne peut pas convenir, car avant tout il s’agit de
trouver un procédé simple et facile.
Depuis que je m’occupe un peu dela teintu1·e , souvent,
pour apprécier la valeur d’une garance, j’ai pris le parti
de l’essayer par la teinture `d’un petit écheveau dc coton
passé au m01·dant; et en proportionnant` la quantité de
garance à la quantité de coton en poids, j'étais parvenu
à me créer un mode d’essai` assez régulier. ]’obtenais
avec différentes garances des nuances variées d’après les-
quelles je pouvais juger par comparaison. Malheureusement
ce procédé est un peu lent et présente cet inconvénient
qu’il ne m’indique pas, en employant le mordant de
rouge, quel résultat l’on doit obtenir pour les mordans
ferrugineux; de sorte que souvent je me trouvais dans
la nécessité de répéter mes essais comparatifs de`teinture
avec du coton ayant reçu un mordant de fer. J e remontrais
quelquefois des garances qui, sans présenter des résultats
bien favorables pour la teiutu1·e en rouge, donnaient de
belles nuances de violet au second moyen d’essai. .
Les incouvéniens que je vous signale m’ont engagé à

( 152 )
porter mes vues su1· un autre moyen, et après plusieurs
essais infructueux qu’il est inutile_de relater ici, je me
suis arrêté au procédé suivant, qui me semble 1·empli1·
l’objet de la question : je pèse exactement un gramme de
racine de garance convenablement divisée, je l’introduis
ensuite dans uiielfiole ou un petit ballon, et je verse
dessus un peu d’alcool que je fais bouillir un instant
avec la garance; la liqueur prend une couleur fauve très-
foncée, et après quelques minutes de repos je décante
et verse une nouvelle quantité d’alc0ol sur la garance;
je fais bouillir; je décante de nouveau , et ainsi de suite,
je produis quatre lavagês successifs qui n’exigent que
So à 40 grammes d’alcool , et qui déponillent entièrement
la garance de sa matière coloraute. Je réunis toutes les
liqueurs alcooliques dans une éprouvette (*) graduée, et
j’y ajoute autant d’eau qu’il en faut pour arriver à 100
degrés., c’est—à-dire au volume de 100 grammes d’èau
distillée, la graduation présentant un gramme par degré.
Je verse ensuite dans la liqueur jaune ou fauve quelques
gouttes de dissolutionide potasse ou d’amm0niaque , j’agite
la liqueur, et d’après Pintensité de la couleur et la nuance
plus ou moins bleue qui se produit, j’évalue la propriété
colorante de la garance. D’aprës l’intensité je juge dela
quantité de matière colorante, et d’ap1·ès la nuance je `
juge de la propo1·tion entre la quantité d’alizarine et de
xanthine. Pour faire des essais comparatifs de différentes
garances, il suüit d’avoir plusieurs cloches alizarimétriques,
et d’opérer en même-temps sur les diliférens échantillons
de garance pour comparer les nuances obtenues.
 
  Cette éprouvcttc graduée, que fappclle alizarimêtre, n’est autre
chose qu’une cloche à pèse-liqueur, présentant une échelle de graduation
par millilitres ou grammes d‘eau distillée.

( 153 )
S’il s’agissait de juger seulement de Pintensité des
nuances, ce qui a lie11 toutes les fois qu’0n doit opérer
sur différentes qualités de la même espèce de garance,
je p1·op0se1·ais de prendre pour point de départ une qualité
dont le prix soitconnu, de lui faire marquer 100 degrés
à Palizarimëtre pour servir de termede comparaison , et
de faire les autres essais comparatifs en ajoutant l’alcali
avant d’3l‘l'ÃlV€l' à 100 degrés, et ne mettant de l’eau que
jusqu’à ce qu’on ait atteint le degré de coloration de
Palizaritype, d’en mettre jusqu’au-delà de 100 degrés, si
la garance était plus riche en couleur. La valeur compa-
rative se1·a de tant p0u1· cent en plus ou en moins du
prix de la garance servant de point de comparaison, que
Palizarimètre marquera plus de 100 degrés ou moins de
100 degrés.
Quant aux conclusions que l’on tirera de ces essais
relativement à la qualité tinctoriale des garances essayées,
rien de plus facile, car plus la garance contiendra d’ali—
zarine , plus aussi elle conviendra p0u1· la couleur violette.
L’on objectera peut-être que ce procédé d’essai exige,
de la part de l’opérateur, un œil exe1·cé à juger des
nuances et de l’inte11sité des couleurs : je répondrai à
cela que les personnes dans le cas de faire ces so1·tes
d’essais seront le plus souvent des teinturiers, qui ne
doivent pas éprouver de diilicultés à cet égard.
Du reste_ les résultats sont assez trancliés ’par mon p1·o-
cédé alizarimétrique, pour qu’il ne soit pas même nécessaire
d’avoir u11 œil bien exercé pour en juger. Tai donné la
préférence à ce moyeu d’essai sur u11 grand nombre que
j’ai te11té , parce que seul il m’a présenté la facilité et la
promptitude dans Pexécution, caractères indispensables à
un appareil d’essai qui doit servir à un fabricant.

( 154 )
 
A EXAMEN CHIMIQUE
D’une concretion retz}·e'e d’wze tzmzcur .sz2ue’e un peu au-dessous
de la partzb zuzlërùzzre de l’h_ypoc0ndrc droit ¢î’zmef21nnzc.
Par M. LACABTEHIE.
18 MAI ISB7.,
CETTE concrétion , presque ovoïde et de la grosseur
d"une noix., avait ses extrémités un peu tronquées. Exa-
minée extérieurement, elle était verte et olïrait par inter-
valle des points blancs. Divisée transversalement, on a,
observé quatre couches concentriques : chacune avait une
ligne d’épaisseur et était d’une couleur dil`t`é1·ente. La
première, externe , était verdzîlre, la seconde, d’un jaune
pâle, la troisième, blanche, et la quatrième était d’un
jaune un peu plus intense que la seconde. Elle était
insipide, inoclore, et pesait 8 grammes.
Coupée longituclinalement, cette concrélion présentait,
à la partie centrale de l’une de ses extrémités, une véri-
table géode dont les cristaux partaient de la circonférence
de la quatrième couche et venaient, en convergeant,
composer, par leu1· réunion, un faisceau de longues
libres droites, tellement accolées les unes aux autres ,
qu’elles semblaient ne former qu’un seul et même corps.
Après ce premier examen, nous avons séparé avec beau-
coup d’attention les divisions cristallines, nous les avons .
explorées , et voici ce qu’elles nous ont présenté de
particulier.
Toutes étaient recouvertes d’une couche extrêmement
mince d‘une substance brune, et sur laquelle existaient

( 155 )
des corpuscules blancs qui, vus à la loupe, étaient hérissês
d’une foule de petits filets déliés incolores, opaques, et
dont la nature, était semblable à celle de la troisième
enveloppe. Cet instrument nous lit apercevoir plusieurs
petites lames blanches micacées et disséminées sur divers
points.
- Quoique cette coucrétion se laissait 1·ayer par l’ongle,
on ne pouvailrcependant pas la briser en la comprimant
fortement entre les doigts , mais on la réduisait facilement I
en poudre par la trituration , particulièrement sa partie _
centrale, dont la compacité était moins grande que celle
des couches qui la précédaieut.
· Pressée entre les dents, elle les empâtait à la manière
de la ·cire. ·
Les propriétés physiques de cette concrétion nous étant
bien connues , nous l’avons soumise à l’action de différens
agens chimiques et nous avons observé , 1.° que l’eau
n’en dissolvait pas la plus petite quantité; 2.° que l’alcool
et l’éther exerçaient su1· elle une action dissolvaute marquée,
surtout à l’aide de la chaleur; 3.° qu’approcl1ée de la
flamme d’une bougie , elle s’enflammait comme les résines V
en répandant beaucoup de fumée noire; 4.° qu’exposée I
à une température de 130 à 137° c., elle entrait en
fusion; et si l’on augmentait la chaleur de manière à
la porter à Pébullition, elle se réduisait en vapeurs
blanches, en exhalant une odeu1· analogue à celle des
graisses; 5.° traitée par les acides sulfurique, nitrique
et hydro-chlorique, il n’y avait pas effervescence, mais
chacun d’cux déterminait sur la partie jaune une couleur
trës—distincte. Le premier a offert successivement trois
couleurs: verte, jaune verdcître et rouge jbncé; le second
a développé uu beau wzblet, et le troisième a donné lieu
à un rouge ormzgci Nous fe1·ons bientôt connaître le

( 156 ) ·
corps qui, avec ces acides, jouit de la faculté de pro-·
duire cette série de phénomènes. ·
D’après ce qui précède, bien que nous n’avions agi
que sur une très—petite quantité de ce corps , nous avons
pensé que nous étions suffisamment éclairés pour en
entreprendre l’analyse. Du reste, une matière jaune inso-
luble , restée sur le filtre , nous lit prévoir, par une
quantité très—minime, que sa composition ne pouvait
être que très—peu compliquée; c’est ce que les expé1·iences
suivantes nous ont confirmé.
Quelques grammes de cette concrétion, traités par l’alcool
bouillant, ont été presqu’entièrement dissous, et la liqueur
filtrée a fourni, par le refroidissement et sans qu’elle
ait été préalablement évaporée, une grande quantité de
cristaux rayonnés qui, en se réunissant, prenaient la
forme de lames blanches et brillantes. Cette matière cristal-
line était sans odeur et sans saveur ; elle était insoluble dans
l’eau, soluble dans l’alcool, mais plus à chaud qu’à froid.
La potasse liquide n’a pu en opérer la dissolution;
Pammoniaque caustique s’est comportée de la même
manière que cet alcali. _
Quoique ces propriétés nous 'suffisaient pour que nous
eussions de fortes présomptions de croire que ces lames '
nacrées fussent de la cholesterine, il nous restait encore,
pour n’avoir aucun doute -sur sa nature, à nous assurer
si, traitée par l’acide sulfurique concentré, elle deviendrait
rouge orangé, et jaune amère et astrzizgente par l’acide
nitrique. Les essais que nous avons faits à ce sujet nous
ont donné, des résultats qui coïncidaient parfaitement
avec ceux que M. Chevreul a obtenus; conséquemment
nous ne pûmes plus douter que cette substance ne fût
de la cholesterine. p
Cette ,matière'lamelleuse étant évidemment reconnue

( 157 ) ·
pour de la cholesterine, nous avons recueilli la partie
jaune dont il a été fait mention plus haut, et nous
l’avons soumise à I’action de l’eau bouillante. Ce véhicule
ne l’a point attaquée, du moins il est resté incolore, et
les 1·éactifs par lesquels il a été interrogé n’ont'fhit naître
aucun changement; ce .qui nous a indiqué que l’eau
avait été tout—à—fait sans action.
Uinsolubilité de cette matière jaune dans l’alc0ol et
Peau nous fit penser qu’elle pouvait être de la même
nature que celle de la matière jaune de la bile; mais
les réactifs , avec lesquels‘ elle fut mise en contact, dé-
montrèrent qu’i’l n’y avait aucune similitude entre leurs
caractères chimiques, et nous allons rapporter les expé-
riences qui constatent qu’il n’existait point identité entre ~
ces deux substances. V
Brésumant que l’insolubilité de cette matière jaune était
due à son union intime avec un ou quelques sels, nous
.l’av0ns fait bouillir avec de l’acicle nitrique très-étendu
d’eau , et, après quelques secondes d’ébullition, nous
avons eu, sans apparence de décomposition d’acide, une F
liqueur incolore, et qui, cette fois, a précipité par
Pammoniaque , l’0xalate d’ammoniaque, les nitrates de
mercure et d’argent et le s0us—acétate de plomb. Chaque
précipité a été 1·ecueilli et nous avons reconnu, par divers
essais, que l’acide phosphorique et la chaux combinés
ensemble étaient, avec une autre substance dont il sera.
parlé plus tard, les seuls corps avec lesquels elle était unie.
,Etant parvenu à constater la présence du phosphate
calcaire , je traitai alors la matière jaune, non par l’eau,
puisque la solution saline n’avait pris aucune teinte jaune ,
mais par l’alcool. Ce dernier véhicule ne fut pas plutôt
en contact avec cette substance jaune}, qu’il se colora,
en dissolvant toute la quantité qui lui avait été soumise.
Il

( 158 ) A
La grande'solubilité de ce principe colorant dans l’alcool
ne permit plus d’admettre Panalogie que j’avais cru pou-
voir d’abord établir entre lui etvla matière jaune de ·la
bile, et les faits suivans me firent encore voir combien
elle s’en iéloignait. '
Cette matière jaune, bien desséchée, est passée succesè
sivement du ver! au jaime ·ver·a':îl1·e, et de celni—ci au
1·0uge_fI7rzcë; par son contact avec l’acide sulfurique, elle
a pris une couleur ·ui0Iette'par l’acide nitrique, et ormzgéc
pa1· l’acide hydro-chlorique. Ces couleurs étaient abso-
lument semblables à celles que nous avons signalées en
commençant ce travail-, et qui avaient été développées
dans la‘même circonstance sur _la concrétion. La potasse
liquide n’en a dissout qu’une très-petite quantité, et le
solntum n’a point précipité 811 flocons bruns rverdcîlres
par les acides. Projetée sur des charbons ardens, elle·n’a. _
pas répandu d’odeur fétide; chauffée fortement dans un A
tube de ve1·1·e, uneipartie s’est vaporisée et l’autre a été
décomposée en donnant lieu à une vapeur épaisse. Deux
morceaux de papier, l’un de tournesol rougi et l’autre
de curcuma, placés alternativement sur l’extrémité ouverte
de Pappareil, 117ont éprouvé aucun changement. Si cette
concrétion eût été, plus riche en matière. jaune, nous
l’eussions distillée; mais la quantité était si petite qu’il
ai fallu la fractionner considérablement pour avoi1· toutes
'les données que nous venons d’exposer. Nous pouvonis
cependant présumer , par les papiers colorés qui sont
restés intacts et par l’odeur qui s"est exhalée lorsqu’on `
l"a projetée Slll' les charbons ardens , qu’elle n’aurait pas
fourni de carbonate d’amni0uiaque. - l
Puisque les age_ns chimiques nous donnaient avec cette
matière jaune desirésultats opposés à ceux qu’ott're la
matière jaune de la bile, nous avons cru .,`ne connaissant

( 159 )
aucune autre substance avec laquelle on pût la comparer,
devoir la regarder comme étant d’une nature particulière.
En faisant; évaporer la solution alcoolique jusqu’à siccité
dans le but de connaître l’action des acides sur la matière
jaune, je remarquai, sur ditïérens points de cet extrait,
une inliuité de globules de mercure. Témoin rl’un fait
aussi important et craignant qu’0n en doutât, je pré-
sentai â MM. les professeurs et aides-majors de l’hôpital,
ainsi qu’à la société des sciences de cette ville, la capsule
qui contenait la matière dans laquelle se trouvait dissé-
miné Ie mercure.
La présence de ce métal dans cette concrétion ne laissait .
aucun doute sur le traitement que cette femme avait subi;
mais ce traitement avait—il été spécialement prescrit pour
la tumeur dans laquelle cette matière c0ncre?z'omze'c avait
été rencontrée, ou pour une maladie tout-à-fait syphi-
litiqne? D’après les informations que je 1·ecueillis près
de M. Léonard, chirurgien-major, deuxième professeur,
qui me pria d’analyser cette concrétion, je puis certifier
que la femme qui est l’objet de cette observation patho-
logique a fait usage du mercure à. l’intérieur et à
l’extérieur,,·et que ce médicament n’a point été ordonné
dans Pintention de combattre cette dernière maladie,
mais bien pour faire disparaître des ulcères syphilitiques
situés aux parties génitales; et M. Léonard ne sut que
la person11e était porteur d’une tumeur que lorsque
l’aH`ection vénérienne fut radicalement guérie.
Je ne sache pas que ce métal ait été encore démontré
dans une concrétion , du moins toutes les analyses que
j’ai consultées et faites sur un très-grand nombre de ces
corps anormaux n’en font nullement mention. V
La marche que j’ai suivie ne peut donner aucun doute
sur le vé1·itable état sous lequel le mercure existait dans

( 160 )
la concrétion. Les diverses expériences auxquelles la
matière jaune a été soumise 11’auraient pu déterminer
une revivitication , en— supposant qu’on· voulût admettre
le me1·cure à` l’état de sel. _ »· •»
lle dois faire observer que ce métal n’était _contenu que
dans la quatrième couche, ce dont je me suis convaincu
en examinant séparément les trois premières. _ ·‘ i
En résumant cette analyse on voit, 1.° que la con-
crétion était composée en grande partie de cholestérine;
en elfet, elle en constituait à elle seule les 7]8; 2.° que
ce prizzc1}2e ùmnëdial organique était coloré par une matière
jaune qui formait une_ sorte de laque avec le phosphate
de chaux, lequel la rendait insoluble dans l’alcool;
3.° que cette laque renfermait le mercure dans une
division telle qu’il n’a pas été possible de le découvrir,
même avec un microscope; et 4À°. entln, que ce métal
n’a été. véritablement décélé que lorsque la matière jaune ,
séparée du sel calcaire par l’acide nitrique étendu , a été
amenée en consistance d’extrait sec.  

( 161 )
 
SCIENCES NATURELLES.
ESSAI HISTORIQUE ET CRITIQUE
SUR LA` PHYTONYMIE,
0U NOMENCLATURE VEGETALE. Ã
A Par M. FÉE.
sg riavmxn xflsy.
« LA Botanique, disent les détracteurs de cette inté-
ressante partie de l’hist0ire naturelle, est une science de
mots; elle fatigue la mémoire, glace Yimaginàtion et tue
le génie. ¤ Cette accusation , si souvent répétée , est injuste;
la physiologie végétale, qui étudie les lois parhlesquelles
vivent les plantes, admet toute l’étendue des hautes con-
ceptions humaines, et doit être considérée comme la plus
importante branche de la botanique. Les plantes naissent,
viventnet meurent; la nature leu1· fait parcourir la série
de phénomènes à laquelle les êt1·es les plus élevés dans —
l’échelle de la c1·éation sont soumis invariablement. Etudier
la structure et Porganisaiion des végétaux, suivre leur
développement successif , déterminer les causes de leu1·
dépérissement et celles de__ leur mort, lvoilà la philosophie
_de la science. Elle est indépendante des systèmes et ne
veut de mots que ceux qui servent à peindre les idées;
sa marche est lente, mais sûre; toute entière dans la `_
nature,;elle ne demande que des observateurs attentifs
qui sachent deviner ses œuvres et lès célébrer dignement.

( 162 )
Celuijlà est vraiment botaniste quitapprécie convena-
blement la physiologie ,végéta.le. C’est elle quiiéclaire de
son flambeau Pagriculture, source féconde de la prospérité
des états, et Phorticulture à laquelle l’homme doit ses plus
innocens plaisirs. Elle guide le praticien dans le choix
et la récolte des substances admises dans la thérapeutique,
le colon dans l’élection des terrains propres à assurer la
naturalisation d’une foule de végétaux précieux. Pourrait-on
nommer encore science de mots, une science Fondée sur
des faits,;°et si riche en applications importantes?
Mais après avoir étudié la structure intime des végétaux ,
il faut encore apprendre à les connaître et à les classer.
Alors commence la partie technique de la botanique, que
nos savans ont peut-être en etïet un peu trop hérissée
de mots.
C’est sans doute ici le lieu d’examiner si la botanique
peut, ou non, être mise à la portée des gens du monde;
nous nous prononcerons pour la négative et nous dirons
pourquoi. `
’ Les sciences diffèrent des arts, en ce que les premières
sont le résultat des opérations de l’esprit et le fruit de
Pobservation; les arts ne sont que Pœuvre de la*main
ou Papplication de théorèmes isolés. Les sciences se lient
. entr’elles par une série non interrompue de raisonnemens;
les arts sont fondés surtout sur des faits isolés, dont on
profite sans’s’inquiéter toujours des causes qui les ont
produits; ceux-5là ne sont susceptibles que de perfec-L
tionnenietnt, tandis ·que les autres le sont d’agraudis-
sement. On peut donc savoir un art plus pu moins
parfaitement , tandis qu’on ne peut connaît1·e une science
qu’après 811 avoir saisi Penserhble. Si nous appliquons
ces vérités à la botanique ,` nous _verrons que l’étude ‘
d’uue` plante suppose celle cl’uu système et celle des organes

( 163 )
qui servent à le baser : or, n’est-ce pas là la botanique
toute entière? ` W
C’est ce qui explique `comment il arrive qu’on trouve
si peu de personnes ayant des demi-connaissances sur
cette matière, et ce qui a fait cesser ·de compter la
botanique parmi les sciences faciles. Il est vrai que
chaque jour on semble ajouter à ces difticultés par les
vicissitudes de systèmes aussitôt reuversés qu’imaginés.
Il n’est guères aujourd’hui de botaniste qui ne soit no-
vateur_; des gen1·es inn0mb1·ables sont créés à l’aide de
genres_démemhrés ou détruits; la phytonymie ou nomen-
clature végétale u’ayant point de règles fixes, et chaque
auteur. travaillant pour son compte, il en résulte une
synonymie effrayante qui fera de la botanique un laby-
rinthe inextricable. T
Les amis de cette science, vivement afiiigés d’un tel
état de choses , peuvent prévoir Pinstaut on la botanique
sera abandonnée par tous les bons esprits; c’est pour
retarder, autant que nos faibles moyens nous le permettent,
cette décadence prochaine, que nous voulons faire un
examen critique de la phytonymie, et proposer quelques
règles moins arbitraires que celles qui sont suivies
maintenant. V
Les premières plantes que Yhomme nomma, furent
celles qui âtü1'ë‘1`€l1t son attention par des propriétés
nuisibles ou des propriétés bienfaisantes. Ces mots pri-
mitifs devaient indiquer les usages auxquels ces plantes
étaient appliquées, le rôle qu’elles jouaient dans l’écoî-
nomie civile et religieuse des nations, etc. On conçoit
que ces noms doivent perdre leur origine dans celle de
la langue des peuples: Qüwwësfagzzs, dérivé de ¢»£»y«• je niange;
/Epi;-ws avena qui vient de Bpépz, alzbzent, parce que cles
plantes fournissaient u11e nourriture aux hommes avant

( 164 )
que les céréales fussent établies en cultures régulières;
voilà probablement quelques—pns des noms primitifs
grecs. Quant aux noms hébraïques ou égyptiens, on sait
peu de chose sur la manière dont on les forma. Il est
probable cependant que la marché de l’esprit humain dut
être uniforme chez tous lespeuples, et que les noms
caractéristiques prédominèrent chez tous. On nomma
d’abord Herbe, herba, mie, la plupart des graminées;
Champignon , fungus, pdxns, tous les champignons; Fou-
gère, Jiflix, vr·rs)sç, toutes les fougères; mais aussitôt que
l’on eut reconnu la flexibilité et la tenacité dn Iqygeuîn
Sparlum, il fut nommé Kuâwuprov, lin propre 21 fcure des
liens; quand on se fut aperçu que le capillaire, étant
plongé dans l’cau, ne s’hurnectait pas, il reçut la quali-
fication d’/Idiantuzn , oîâiwron, qui ne peut s’/'zumqecler, etc. etc.
L’lzczb1ïat, la durée des fleurs, des ressemblances exté-
I rieures avec certaines parties d’animaux connus, servirent
principalement à établir cette nomenclature vacillante.
Malheureusement la nécessité de nommer les plantes I
dut précéder la science botanique; et, comme cette
nomenclature p1·imitive ne put être le résultat d’une
convention consentie par tous les auteu1·s, elle se sur-
chargea de noms qui Pembrouillèrent, et la tirent ce
que nous la voyons aujourd’hui.
L’Orient, si anciennement civilisé, no`us olïrira sans
doute, dans ses divers dialectes, Fétymologie de plusieurs
noms de plantes admis plus tard dans les langues grecque
et latine; mais , malgré le séjour prolongé des Anglais
dans l’Inde, peu (l,0lIi'1'îlgéS sont encore traduits, et
ceux.qui le sont ne peuvent éclairer qu’un fo1·t petit
nombre de questions étymologiques. · r i
La Bible a énuméré un assez grand nombre de plantes,
et l’on voit que toutes celles qui s’y trouvent mentionnées

` ( 165 )
sont des plantes utiles; témoins; Polivier, dont la colombe
messagêre de paix rapporta un rameau en signe de récon-
ciliation entre le ciel et la terre; le safran, le nard, le
galbanum, le baumier , la canelle, le ladanum , le santal,
le bois d’aloës, mis au rang cles parfums les plus exquis,
et dont quelques-uns même étaient exclusivement réservés
au Seigneur et brûlés devant l’Arche Sainte; le papyrus,
dont les ltuniqtles servaient dès-lors à faire du.papier, et
les tiges à la construction de barques légères, mais sufii-
santes pour la navigation intérieure; le coton, connu
sous le nom de Byssus, et dont.,les Hébreux savaient
faire des étoffes moëlleuses; le liguier, le jujubier, la
vigne, l’amandier, le grenadîer , le pistacliier et le dattier,
qui croissaient dans leurs vergers et leur donnaient des
fruits; l’orge , le froment, Pépautre , le sorgho, comptés
parmi leurs céréales ; l’ail , l’ognon , Péchalotte, le
corchorus olzïorziis , la lentille , la fève , le melon , la
citrouille, qui composaienlrla presque totalité de leurs
légumes; le solarium ùzsanzuzz, la mandragore; nommés
parmi leurs poisons les plus redoutables; le cumin, la
coriandre, le cassini lzgzzea, la canelle, la nielle, fort
estimés comme condimens; les narcisses, le lawsonàz,
le lys, cultivés à cause de la fragrance de leurs; fleurs.
Peu de noms hébreux se t1·0uvent dans la nomenclature
moderne; on y voit cependant Byssns qui vient de Bntz;
Cassin de Kelzioth, Hyssopzzs (1) de Ecaob, et quelques
autres que nous omettons à dessein.
 
(r) Salomon qui connaissait, dit-ou, depuis le cèdre jusqu’à Yhyssope,
ne nous a laissé aucun traité qui puisse justifier à. nos yeux. ce prétendu
savoir. Les modernes, aiin ‘de chercher une opposition plus grande entre
le cèdre et l'l1yss0pe , ont prétendu que cette dernière plante était une
petite mousse du genre Gymnoslomum , nommée aujuurd'l1ui Gymnoslomum
truncm'u.lum; mais des voyageurs out, avec plus de raison , désigné le
Thymbm spicnla de Linné : labtée commune sur les murs dc la cité sainte.

( 166
Le peuple Hébreu, dont la gestinée fut si singulière,
et chez lequel se perd le berceau de notre religion, n’a
exercé cependant qu’une faible infiuence sur notre- civili-
sation; il n’en est pas `de même des Musulmans, qui
menacèrent plusieurs fois l’Eur0pe de la subjuguer. Les
Maures, établis dans l’Espagne â laqiielle ils donnèrent
des maîtres, passèrent les Pyrénées, et si ·le bras de
Charles-Martel ne les eût écrasés dans les plaines de Tours,
la France fût devenue peut-être musulmane, et notre
langue ainsi que nos mœurs eussent été ,— sinon _chan_gées, `
'du moins modifiées et rendues méconnaissables.
Séparés des Espagnols par une barrière insurmontable ,
par la religion , les ,Maures donnèrent aux vaincus une
marque de tolérance bien rare, et que les soldats de
Cortez et ceux de Pizarre xfimitèrent pas, lorsqueïla
faiblesse des Indiens et Pimperfection de leurs a.1·mes de
guerre , livrèrent un nouveaufmonde à l’Espagne. Mais
si les Arabes laissèrent le culte du Christ aux peuples de
la péninsule , ils n’en modilièrent pas moins la langue,
qui reçut quelques—unes des lettres gutturales des Maho—,
métans. Avicenne., Averrhoës , Abulfadli ., _éc1·ivi1·ent
plusieurs ouvrages importans su1· la médecine , Palchimie
et l’histoire naturelle. L’Europe entière , plongée dans les
ténèbres de la plus profonde ignorance , adopta les noms
des plantes qui s’y trouvaient mentionnées, ainsi que -
les termes scientifiques qui y étaient employés.
L’influence que, dans le moyen âge , les Arabes-Maures
exercèrent sur l’Eur0pe fut prodigieuse; celle que les
Arabes de l’Arabie proprement dite firent sentir à la Grèce ,
et celle-ci à l’Italie, ne furent guères moindres. Eux seuls
communiquaient avec l’Inde par la Perse; le commerce
des parfums et celui des médicamens étaient en entier
dans leurs mains; circonstance qui explique pourquoi

£ 167 )
les écrits de Théophraste et ceux de Dioscoride con-
tiennent un si grand nombre de noms de substances dont
Pétymologie se trouve dans les langues semitiques; tels`
_ sont :`AgaIIzzchi, Azadcrach , Balasan, Ban , Bonducj
Fagarah, Hlzamamah ,` Jasmin. , Kali, Kaizkïzarzz, Kharulz,
Kobebah , Kolon, Jllahhalcb , Sakhr, Sandal, Sebestan,
Semmhl, Tanuzr-hendi , et une foule d’autres , presque tous
introduits dans la langue grecque , à laquelle nous les I
avons 'empruntés. Le peuple arabe a été long-temps en
possession du droit É‘l’impose1· des noms aux plantes. Les
Mahométans sont dans cette croyance , que Dieu parla
arabe à Adam en lui faisant connaître les vertus médici- U
nales des végétaux , qui prirent leur nom de leurs pro-
priétés afin que Papplication en devînt plus facile àl’homme.
La langue hiéroglyphique des égyptiens est à peu près
perdue; mais si les travaux de M. Champollion-Figeac
étaient suivis de succès , il est probable que l’ou trou-
verait plusieurs noms égyptiens de plantes dans la langue
des Arabes ; car ces peuples ont communiqué de tout temps
avec les nations répandues sur les deux rives du Nil. l
Les Grecs du temps d’Homère, n’avaient encore dans
leur langue aucun nom d’origine arabe; les Homérides
(Homère, Hésiode, Orphée) mentionnent beaucoup de
plantes, dont les noms sont primitifs; nous ne répon-
drious pas néanmoins que quelques-unes de ces plantes,
originaires de l`Europe, n’aient donné leurs noms à la
la langue arabe. ` ·
Homère célèbre plusieurs plantes utiles et plusieurs
plantes agréables; mais peu de ces noms sont passés
dans la nomenclature moderne; on y retrouve pourtant
l’â¤'¢$ïs>.¤; , qui n’est plus pour·nons la [leur des tombeaux;
le Ãpiis, chêne , qui nous donne Pétymologie de notre
mot Druide ; le ïâvaâ , grand roseau , connu des bota-

(· 168 )
nistes sous le nom d’Aru1zd0 Doiilwc , et qui est si commun
dans le midi de l’Europe·; le_7m-:3;, sorte de rhamnée
dont le ifruit était si agréable qu’il étaignait le doux
amour du sol natal; le mwiaêvmes, platane , dont la
feuillet, avec ses nombreux sinus, nous présente une 1·es· i
semblance si exacte avec la figure du Péloponèse. Hippo-
crate , Théophraste, Dioscoride et Pline , sont les pères
de la nomenclature du moyen âgei Parmi le trèsîgrand
nombre de plantes que décrivent leurs ouvrages , il en _,
est dont les noms perdent leur étymologie dans la nuit
des temps., et qu’on tenterait vainement d’expliquer.
Quelques savans ont mis Pancienne langue celtique à
contribution. Dans le nombre des étymologies que cette
langue fournit, il en est d’ingénieuses; mais le plus
grand nombre 4d’entr’elles est loin d’êt1·e satisfaisant :
vouloir tout expliquer est sans doute un travers de l’esprit
humain; cependant, comme on lui a dû d’importantes
découvertes, ce travers doit paraître excusable.,
Il existe deux nomenclature botaniques : l’une qu’on
veut. avec raison rendre universelle; l’autre particulière
à chaque pays et dont la réforme est presque impossible: ~
celle—là est la nomenclature vulgaire; la première, la
nomenclature scientifique. `
Les sciences suivent tardivement les progrès de la civi-
lisation et ne s’étalJlissent que quand les premiers besoins
sont satisfaits , et lorsque l’agriculture ardonné À la société
ce bien-être sans lequel tous les efïorts de l’_esp1jit
humain doivent se diriger vers les arts mécaniques. Il
s’ensuit quetoutes les nomenclatures ont dû commencer
par être des nomenclatures vulgaires. La langue des
peuples méridionaux, plus souple, plus 1·iche ou plus
harmonieuse que_ la nôtre, dût fournir des noms vul-
gaires faciles à retenir; aussi les écrivains ne firent—ils
aucune dilticulté de les adopter. Ce qu’ils ont fait , nous

( 169 )
n’eussions pas manqué de le faire; mais le moyen de
conserver à des plantes les noms de bonnet à crapaud ,
bmuzet à rvaches, toupie à cochons , morsure du dzhble,
craclzat de lune , archee céleste , etc. etc. ? Il a donc
fallu (les noms populaires donnés dans tous `les pays
étant aussi 1·idicules les uns que les autres) que les
modernes cherchassent dans les langues mortes, des
noms plus convenables. Le latin et notamment le grec
s’ofl`rirent d’abord; car, après les temps de barbarie ,
c’était dans les manuscrits grecs et latins qu’il fallait
'recueillir les débris des sciences , auxquelles le fanatisme
et Panarchie la plus complète nous avaient rendus étran-
gers, Le latin surtout devint la langue des hommes ins-
truits; dès-lors l’Europe entière, rangée sous une même
bannière et parlant la même langue scientifique , marcha "
à la conquête de la vérité.
Il eût été nécessaire de n’adopter comme noms bota-
niques que les noms anciens qui pouvaient, avec cer-
titude , être rapportés à des plantes connues. On négligea
cette sage précaution; aussitôt une nomenclature arbi-
traire de noms bouleversa les traditions nominales, donna
lieu à d’interniinables controverses et à des dissertations
sans nombre, où la vérité se perdit au milieu des opi-
nions les plus contradictoires et des systèmes les plus
extravagans.
Il est rare que les noms donnés par Théophraste et `
ses successeurs, et adoptés pa1· les modernes , désignent
une même plante ; ainsi l’O:zolea, le Crepzs, l’Eb»-
chrysunz de Pline, de Galien et de Tliéocrite, ne sont
ni des fougères ni des synanthérées, comme on le voit A
dans la nomenclature actuelle. Ce grave inconvénient,
ainsi que le désir mal dirigé, (l1lIlll]lS€l' pour des genres
distincts, des noms qui chez les anciens n’étaient em-

( 110 >
ployés que comme noms synonymes d’un`e seule et même
plante, élevèrent entre la botanique ancienneet la bota-
nique moderne, des diflicultés insurmontàbles qui nuisent
à Pinterprétation des auteurs , et souvent même la rendent
impossible. · · ` 2
Toutes les nomenclatures anciennes ou modernes ,
établies~pour les diverses branclies de l’l1lSt0ll`E·!lB.ll1I'Bl.l8
organique, et particulièrement pour la botanique, ren-
ferment, outre' les noms d’une origine inconnue ou incer-
taine , des noms patronymiques , des noms vulgaires
nationaux auxquels on a donné des désinences latines ou
grecques, des noms destinés à rappeler quelques parti-
cularités remarquables de la plante, des noms de durée ou
de localité, ou enfin qui indiquent le rôle économique,
médical, etc. ·
Les noms patronymiques peuvent être divisés en noms
dogmatiques et en noms propres historiquesf » '
Les noms dogmatiques appartiennent presque tous à la
mythologie grecque. Dans l’enfance du monde, les temples
furent toujours élevés dans les lieux ombragés. Après t
avoir consacré aux dieux la fontaine et la grotte mysté-
rieuse, ilétait naturel de mettre sous leur protection les
arbres qui les ombrageaient; c’est à cette profonde véné-
ration qu’on eut long-temps pou1· les forêts , qu’elles durent
peut-être leur conservation. En attachant l’existence d’une
Dryade ou d’une Hamadryade à celle d’un arbre , on
Jempêchait sa destruction. Les premiers législateurs des
hommes établissaientleurs dogmes sur de grands prin-
cipes d’hygiène ou d’économie publique; pour faire aimer
les plantes , ils les souxnirent, avec tout le monde orga-
_nisé, à Pinflnence des fables; elles furent associées aux
mystères des cultes;'en Égypte, on alla même jusqu’à
en adore1· plusieurs; en Grèce, on se conteuta de les

( 17* )
dédier aux dieux, et ces dédicaces étaient raisonnées. Le
hêtre, jàgus des Latins et qvwyéc des Grecs, qu’on doit
regarder comme le roi des forêts , fut consacré au roi
des dieux , qui reçut de là le surnom de Phëgone; l’oli-
vie1·, symbole de la paix, de la clémence, et en général
de toutes les vertus paisibles , fut dédié à Minerve, déesse
de la sagesse. Apollon, qui dispense Pimmortalité aux
poëtes et aux guerrie1·s , fut couronné des feuilles du
laurier toujours vert. Enfin on consacra le cyprès à Pluton ,
sans doute à cause de Pimmobilité de ses rameaux qui,
par leur disposition pyramidale et leur sombre couleur,
paraissent autant de monumens funèbres élevés en Phon-
neur du dieu des ombres.
L’étymologie de plusieurs noms génériques rappelle `
des fictions mythologiques : Hyacinthe , Adonis, Narcisse,
Cyparisse , Myrsiné, Daphné , Myntha , donnèrent leur
nom à des plantes. Pline`nous fait connaître la Mercu-
riale, la Centaurée , la Circée; Dl0SC0l'ld€ parle de la
Némésis.
Les modernes ont souvent puisé leurs noms de genres
dans la mytholwiei, et le choix qu"ils ont fait annonce
en générahbeaucoup d’esprit et de discernement. C’cst I
ainsi qu’ils ont nommé Cerbera, du nom du chien des
enfers dont la morsure causait la mort, une plante rangée
parmi nos plus violens poisons; Danais , une autre plante
·dout les pistils, organes femelles, paraissent traiter les
étamines, organes mâles, comme les Danaïdes ont traité
leurs maris. Atropos , l’une des trois Parques, a donné
son nom à l’/Ilropa, solanée dont les effets sont souvent
mortels. C’est 'dans les forêts qu’il faut chercher la
Diazzclla des modernes; dans les eaux qu’on trouve leur
Nymphaza et leur Nayns; leur Protea a des feuilles satinées
qui modifient leurs formes comme Protée savait modifier
les siennes, etc. etc. `

( ¤72 )
Dans les premiers siècles de Péglise, les Chrétiens
placèrent les plantes sous la protection des saints, comme
les mythologues les avaient misesqlsous celles de leurs
divinités; mais la sévérité d’un dogme de vérité inter-
disant toute fiction , aucun lsouvenir ne put s’attacher à
ces noms qui, rejetés des botanistes , ne furent conservés
que comme des dénominations spécifiques vulgaires; telles
sont les plantes nommées œil du Christ, oreille de Judas,
bqyau du diable, herbe de la Sainte Trinité, Lysde St. Brjuno,
soulier de _N0tre-Dame, traduction bizarre du Cyprzivedium
des Grecs, ejaine du Christ, jîuïe du diable, et une foule
d’autres encore plus extraordinaires , qui se ressentent de
la barbarie du moyen âge. On trouve néanmoins dans
la nomenclature moderne quelques-uns de ces noms;
tels sont ceux de Passgflora, Angelzba, Gratiola, etc. etc,
A La nomenclature ancienne nous montre quelques noms
historiques; ce fut aux rois que l’0n lit d’abord la dédi-
cace de plantes nouvelles; Théophraste _et Dioscoride
DOUS ont C0llSEt‘Vé les 110mS de l'vl)çi7\7«€tz, de l'¤üa·m·wptor, ·
de la Àvnyâwar, ·de^la ysvvravi, du reuixpsor, CODSa.ç1`éS Ã ia.
mémoire d’Achille, d’Eupator, de Lysixwque, de Genius l '
et de TBUC€1`;,E1lPhOfhE, médecin du roi Iuba, a donné
SOI! IIOIH à.l'2v$Ép,6m. ·,
Clnsius est le premierauteur qui, après la renaissance
des lettres, offrit llcxemple d’une dédicace botanique. Cet
honneur fut rendu à Co1·tusus, son ami; Tonrnefort
imita quelque temps après Clusius, et créa _.le genre
Bigmmia, du nom du célèbre et savant abbé Bignon.
Depuis ces botanistes , les noms patrouymiques se sont
multipliés à l’inlini_; Padulation lit ,iutroduire dans la »
synonymie une .foule de grands noms, et l’amitié une
foule de noms obscurs. '
On trouve_,comme génériques, 'plusieurs noms qui rap-

< ¤7?> )
pellent des dames : telles sont les genres Blackwellia,
Monsonzh, Pommereulùz , "MBFIIQIZH, Lilzertia, etc. Ces dédi-
caces sont très-méritées. Lady Blackwell consac1·a son
immense fortune à Pachèvement d’une iconographie bota-
nique , qui est encore aujourd’hui l’un des ouvrages les
plus complets que nous possédions et le plus souvent
cité. Lady Monson découvrit dans ses voyages un grand,
nombre de très-belles plantes; on lui doit, entr’autres
découvertes, celle· de la sensitive : singulier hasard qui
fait trouver par une femme celle de toutes les plantes qui
mérita le mieux l’épitl1ète de pudique! M.‘“° Pommereul
se distingua ·par plusieurs travaux botaniques estimés;
M.°u° Mérian a acquis de la célébrité comme entomo-
logiste  enfin M.°'H° Libert, née Belge, a su enrichir la
Flore nationale d’u¤e foulc de plantes nouvelles, appar-
tenanttoutes à des genres difticiles. —
Les noms tirés des langues vivantes , set latinisés, ne «
peuvent donner lieu à aucune observation intéressante.
Des relations' plus étendues dans des pays lointains et
inconnus aux anciens, ayant agrandi considérablement
le domaine de la botanique, il en est résulté dans la
» nomenclature Pintroduclion •:l’une foule de noms vulgaires ,
empruntés p·resque tous aux idiômes des peuples chez
lesquels croissaient les nouveaux végétaux. Malheureu-
sement ces noms Qdurs et barbares sont difficiles à retenir
et à prononcer.
A Le fàczbs, la couleur , Podeur , `la saveur, Phnbztat,
une ressemblance plus ou moins grande avec quelques
parties d’animaux connus , la symétrie, la durée, quel-:
ques singularités remarquables et plusieurs autres consi-
dérations, ont.donné_naissan,ce aux, noms. caractéristiques `
dont nous ferons connaître Pinconvénient; ce sont pour
la plupart des adjectifs devenus substantifs : asyzer, Aspem ;
12

( I74`)
crassus , Cra.s·.suIa ; glaber, Glabrarzkz; Izirtus , Hîrtella;
fœtzrlzrs , Fœtùlia ; (,;lll}yJ]lOI'llIÉllS ,” Cmizphorosina ; moschatzzsi,
Jllosc/zntellirm , etc. Il est des ·noms qui indiquent l’usage
rnédicinal : Tussilago, Scropïzulmjiq, qui calme_ la toux
( tzmùn ) i, qui guérit les scrofules ( .s·ç1·0phulqe ) ; ,Alcea
vient de éA»»î, remedfum; Lapsçma , idejumîfu, purgq ,
etc. etc. D’autres rappellent l’emploi économique ;;The0- V
lzroma aè 9:5;, dieu q, et de Bpâpm, aliment, semble dire
aliment des dieux. Sapizztéus est syncopé de Sapo indzbus,
savon indien , etc. etc. ·   p '
` Il serait trop long et trop fastidieux de faire connütre `
toutes les données qui ont servi à établir la nomencla-
ture bonatique; il paraîtra sans doute plus intéressant
de faire remarquer les divers changemens qu’elle a subis.
On peutreconnaitre deux époques principales à lanor
menclature : celle des Ànoms spéciiiques et celle des noms
de genres. Lapremière époque s’élend de .Théopl1raste
à Clusius,ic’est-à-dire , sur un espace dep plus de_1S
siècles; la deuxième époque se divise" naturellement en
deux périodes : celle de la noméiiclaturerdes genres, qui
date de Clusius` et s’étend jusqu’Ei Linné, et, celle de la
nomenclature des genres et des espèces, ou la·nomen—
clature Iiinnéenne. _ , .e
· Clusius , le premier, réunit les plantes sous un nom
commun, qualifié de générique, mais sans y adjoindre
d’abord d’épilhète caractéristique. On accompagna bientôt!
ce nom del qualilications vagues ; tellesl sont.celles de
major, mîrzur , media , mas , fœnzùzq, prùmr , secgrula,
altem; Bauhi11 et Tournefort proposèrent les premiers
ces innovations; ce sont elles , mais su1·tout les phrases
concisesqui se trouvent dans les ouvrages de ces grands
botanistes, qui préparèrent l’établissement de la nomen-
clature linnéenne , ainsi nommée du nom Linné qui la

< 175 )
fonda. Ce grand homme, honoré du titre de prince des
botanistes., mais qu’il serait bien plus juste de qualifier
de prince .·des naturalistes , établit Ia langue méthodique
que l’on parle a.ujourd’hui dans les sciences. Il réduisit:
chaque dénomination à deux noms , dont 1’un est commun
à toutes les espèces dénommées , et l’autre sert de signe
distinctif à chacune d’elles. Guiton-Morveau et Lavoisier
ont fait Papplipation la plus heureuse de cette métliode
à la chimie. · ‘
Le grand avantage de la nomenclature liunéenne est
de soulager la mémoire ., en permettant d’exprimer en
_deux mots ce qu’on ne pouvait rendre qu’à l’aide d’une
phrase plus ou moins longue. Ainsi ·Linné nomma
ALSINE medùz., ce que G. Bauhiu appellait ÀLSINE cha-
mœdry_f0lz`a josczzlziv pedzbulis oblongis zizsidentibus; CAM-
PANULA media., ce que le même auteur nommait CAM-
PANULA vbzrlgalforjblizlr urticœ , 'vcl major et asjverzbr, etc.
etc. Linné a donc , en simplifiant si prodigieusement la
synonymie., et en la rendant régulière., offert le plus
puissant moyen de mnémonique que le génie ait jamais
pu donner à l’homme. Aussi dans Phypothèse même où
le naturaliste suédois aurait borné sa carrière scientifique
à la création de sa nomenclature ., son nom n’en serait-il
pas moinsplacé à côté des plus grands noms : tant une
nomenclature sage et raisonnée a d’infiuençe sur la marche
des sciences. . `
' Linné s’appropria comme noms génériques., la plupart
des inoms adoptés avant lui; mais s’il profita des travaux
de ses devanciers ., il mit tant d’habileté dans le parti
qu’il en tira ., tant dÈ\discernement dans le choix des
matériaux déjà préparés *, que personne ne peut lui
refuser le titre de créateurî Il donna une grande vogue
aux dédicaces botaniques , et personne n’a su mieux que

( ¤76 )
lui combiner les rapports qui les motivent. En voici un
exemple entre plusieurs que nous pourrions choisir :
deux frères illustres qui, sans voir jamais s’altérer les
nœuds. d’une amitié d’autant. plus sainte qu’elle était
accompagnée d’une plus étroite consangninité , et d’autant
plus ditiicile, à rendre durable qu’ils ambitionnaient une
même sorte de gloire , Jean et Gaspard Bauhin , donnèrent
leur nom à un genre de légumineuse remarquable par
la disposition de ses feuilles , composées de deux lobes
étroitement unis et portés sur un seul pétiole. Linné
n’a-t-il pas évidemment cherché à immortaliser Pamitié
fraternelle, et à en présenter Pimage? C’est ainsi que
de nos; jours on a donné_le nom de Humlwoldtztz laurzi
fblia à une plante de Ceylan, dont les feuilles lancéolées
et toujours vertes sont semblables à celles du laurier;
comme po11r avertir la postérité que les contemporains
d’un, grand homme n’attendent pas. toujours sa mort
pour lui décerner une couronne.
On a reproché à Linné d’avoir nommé Bu/bnia, une
plante près de laquelle aime à se cacher le plus hideux
des reptiles , afin d’outrager , par.un 1·approchement inju-
rieux, celui de ·qui l’on a dit : Majestati naturœ par
ùzgénùmz. Une foule d’auteurs ont répété cette assertion
mensongère, que·nous ne cliercherions pas à réfuter si
plusieurs contemporains u’avaient paru -y ajouter foi,
en lui donnant place dansides ouvrages qui sont entre
les mains de tout'le_monde. · . ` t
Cette imputation odieuse a pris naissance dans la diffé-
rence de mérite des deux grands hommes. i H
wUn savant aussi méthodique 'que Linné, ne pouvait
guères apprécier le principal mérite de ,Bu_ti`on , celui
d’avoir~ une imagination brillante, à laquelle il dut ce
style enchanteur dont le naturaliste suédois ne pouvait

( *77 )
goûter les charmes. De. son côté, Button poûvait-il
apprécier des travaux qui semblaient mettre des entraves
au génie , et qui tendaient à faire substituer des phrases
synoptiques et des méthodes , à ces expressions éloquentes
qui le placèrent si haut comme écrivain. Mais, quoique
suivant une 1·oute ditïérente, trop de gloire fut le partage
de ces deux hommes pour _supposer que l’uu d’eux put
commettre une injure grossière, et que l’autre pût croire
qu’elle fut réellement commise. " `
Nous avons appris de M. de Rosen, vieillard octogé—
naire , `compatriote et disciple de Linné dans les dernières
années de la vie de ce grand natura°liste , qu’il s’iudignait '
avec tout le feu de la jeunesse de ce que l’on pût croire
à la possibilité d’un outrage dont Button aurait été l’objet.
» Button, disait Linné, n’a point reculé les bornes de
» la science, mais il sut la faire aimer; n’est-ce donc
» pas aussi la servir utilement? » It ajoutait que s’i|
n’avait pas cru devoir dédier une plante à l’un de ses
antagonistes (1) , du moins n’avait-il jamais voulu l’in—
jurier. Le caractère honorable du vieillard de qui nous
tenons cette anecdote et celui du savant illust1·e dont il '
est fait mention, disposent à croire que cette dénégatiou
' était sincère, et nous l’accueillons. La gloire des grands
hommes appartient à la postérité toute entière, et quand
i_l faut venger leu1· mémoire, il serait odieux d’eutendre
demander quelle fut leur patrie ; en travaillant à agrandir
la sphère des connaissances humaines , ils sont devenus
citoyens du monde.
i Les auteurs qui ont adopté la méthode linnéenne, (
ne sont pas d’accord sur le mode à suivre relativement
(1} Ce u'est point Buffmia qu’il faut lire, mais bien Bufonîa, comme
]'a toujours orthographié Liuué. -

( 178 )
à la formation des noms génériques. Adanson exigeait
xles_noms. qui ne portassent avec eux aucune signifi-
cation; et l’on assure que, pour mieux suivre cette
méthode, il tirait au sort les syllabes qui devaient les
former. Bergeret, au contraire , voulait q·u’un 'inot pût
donner tous les caractères du genre; pour parvenir la;
son but, il désignait chaque organe et ses principales
modifications par des lettres. Il résulta de cette mé-
thode des noms aussi difliciles à prononcer qu’à retenir;
nous n’Qen citerons que trois ou quatre par égard pour ,
des oreilles françaises; ce sont leslm0ts`a§jzb0l:a:nai}zn·
terzïron , ausgwagyczbaeba , khoqcyabùz/zzzshez , ·weIy’Xva—
fuam'zae;`1e nom de la rose , jîâàbv des grecs, rosa des
latins, si douxdans toutes les langues, se trouve être
l’nn de ces` quatre noms. · "
Il nous semble nécessaire de choisir pour noms généi '
riques, des mots d’une longueur médiocre, d’une proë
nonciation facile, sans signification arrêtée, à moins .
que le genre n’oH"re un caractère très-remarquable qui
puisse garantir jusqu’à un certain point contre la possi-
bilité de le retrouver dans un autre genre. ‘
Il nous serait facile de démontrer que tous les noms
caractéristiques sont vicieux ; s’il fallait justifier les noms
debhenoporlùmz, patte d‘oie; de myosotis, oreille de
souris; de saururus , queue de lézard; d’andr0p0g01z ,
barbe d’l1omme, on serait fort embarrassé. '
Les noms qui rappellent la saveur ou la couleur, ne
sont pas plus justes ; une foule de plantes méritent les
noms de pîcrzk (m»¢p6;)' amer ; de glyczize (yhvxéç) doux;
de blxtum ()37uirev) insipide; un grand nombre d’entre
elles peuvent se nommer crassulzz, asperugo ; il en est e
à peu près de même des trzhlmm, crucùznella , etc., et
des noms qui indiquent Pkabgïat : la Parrzassia ne vient

< *79 )
pas exclusivement sur le Parnasse , et se plaît surtout
dans les terrains bas et humides de l’Europc ; le Smyrnzizm
etle Smnolzgs se trouvent ailleurs qu’à Smyrne et à Samos .,
et nos jeunes paysannes n’0nt pas besoin d’aller à Colchos
pour recueillir le Colchzyue. l
Les noms qui rappellent les propriétés médicales, sont
souvent plus dangereux ., car ils consacrent les plus gros-
sières croyances: la pzzlnzoizaire , l"ar·1És~tbl0cIze , la scro-
phulaire , l’a.vplenù=:, ne gnérissent, ni ne, soulagent les
maladies indiquées par leu1· origine étymologique. Il
est de ces noms dont l’absurdité est parfaite; ceux de
lziemcizmz et de chelzklomhm en sont un exemple: ils _
dérivent d’«'èP«i et de pgmïniu, épervier et_hiroudelle .,
parcel qu’une croyance populaire voulait que le suc de
ces_ plantes servîtt à ces oiseaux pour rendre la vue à .
leurs petits, s’il arrivait qu’ils naquissent aveugles.
Malheureusement ces noms qui ne justifient pas leur
origine étymologique et ont Pinconvénient de présenter
C des idées fausses, sont nombreux. Comment y remédier
aujourd’hui? cela u’est plus guères possible ., et peut-être
le bien qui en résulterait serait- il inférieur à tous les
inconvéniens ; mais cetteiréforme , maintenant impossible
ou dangereuse, peut s’el}`ectue1· plus tard avec facilité.
Cinquante mille plantes sont aujourd’hui connues; ce
n’est guères, d’après des supputations exactes, que le
tiers environ de celles qui figureront dans nos ouvrages
généraux. Commençons donc à adopter une marche régu-
lière , afin qu’un jour les noms vicieux ., formant une
faible minorité relativement à la masse ,` puissent être '
changés sans qu’il en résulte un bouleversement total.
Nous pardonnera—t-on d’émettre à ce sujet quelques idées
que nous croyons propres àtracer la route qu’il faudrait
suivre désormais P .

( 180 )
Ifabscnce , la présence et le nombre des cotylédous
dans les plantes, les ont fait séparer en acogyletlones,
nz07zoco§yle'do1;es. cl: di- ou potycotyleïlones; nous voudrions
que toutes les désinences des noms de familles , propres
à chacune de ces classes, fussent régulières; que , par
exemple:   _
Les acotylédones eussent la terminaison ren i : fucz`,
fmgz', musci, etc._; _
Les monocotylédones, celle en a : amoma, gmnzûza,
carzba, etc.; · _ ~ ~
Les polycotylédones, celle en œ : ·vzïzbeœ_, gultœwe ,
myrmpeœ , czislaçeœ , crucürœ , etc. V
Peu de changemens seraient nécessaires pour arriver
de ce côté tr la plus grande régularité possible, et ces
shangemens sont faciles et sans danger.
Quant aux noms génériques, nous voudrions qu’à
l’avcnir on donnât aux genres acotyléclous de nouvelle
formation , une terminaison en 'ltlll; aux genres mono-
cotylédons une désinence en a; aux genres dicotylédons
une désinence en u.s·. '
On conçoit que, par ce moyen , on ne pourrait nommer
un genre , ni désigner une famille sans qu’on apprît en
même temps à quelle grande division du règne végétal
ils appartiennent.
Nous avons toujours pensé que , pour des plantes remar-
quables par la simplicité de leurs organes, pour les
cryptogames par exemple , des noms caractéristiques étaient
possibles et présentaient même de Pavantage sur les autres.
C’est ce que nous avions cherché à établir dans un mé-
moire lu à la société de pharmacie de Paris ,en 1820;
nous proposions d’adjoindre au nom du genre, celui
de la famille ; mais , ayant connu plus tard que M. A. du
Ifetzt- Thouars avait adopté cette innovation dans _une

( 181 )
monographie des orchidées, où Pon voit qu’il nomme
rymbidorcluiv , ce qu’on appelait seulement qymlzùlûnn ;
disorchzk , ce qu’011 appelait disa, etc., nous suspendîmes
toute publication à ce sujet. C’était à la famille des
mousses que nous avions appliqué cette nomenclature. Il
en résultait des noms qui semblaient t1·ès—propres à servir
de mnémonique , ainsi qu'qn,·pourra en juger par les
exemples qui suivent : nous nommions le genre phascum,
atretolzryum (mousse imperforée); le sphagnum, diato-
mobryum ( mousselà capsule coupée en travers); le
wezîvsùz , odontoxybrywn (mousse à dents aiguës) , etc.
Nous avions réservé au genre bryum , le nom de luyoqypus ,
pour indiquer que cette mousse était le type nominal `
et fondamental de la famille. Celte méthode est certai-
nement applicable à la cryptogamie , mais elle ne peut
être présentée que par une personne dont Pautorité soit
du plus grand poids et appuyé d’un grand ouvrage.
Ce que nous avons fait pour les mousses, et ce que
M. A. du Pelzï—Th0uars a fait pour les orchidées, prouve
' que cette dernière règle peut s’étendre à'toutes les familles
du règne végétal ; mais la nécessité où l’on se trouverait
alors de changer une foule de noms beaucoup trop longs
et qu’il faudrait former péniblement d"après les lois
grammaticales, arrêtera bien des gens; il devient par
cela indispensable ·d’y renoncer pour la cryptogamie
même; car il n’est pas convenable d’appliquer à l’une des
parties de la botanique , une règle qu’on ne voudrait
point étendre à toutes. Cependant, le moyen d’intro—
duire peu à peu ce mode de nomenclature , serait de s’en
servir dans les monographies, genre de travaux où la syno-
nymie est souvent renouvelée en entier.
Nous avons indiqué les noms caractéristiques pour la
cryptogamie , et çeux—ci pourraient devenir exclusifs;

( n8z )
mais nous croyons qu’on doit presque se les interdire pour
la phanérogamie, à cause de la multiplicité des organes
et de la presque impossibilité où l'on est de trouver un
caractère saillant; les noms patronymiques sont à coup
sûr les meilleurs, à moins que Pon ne puisse trouver
uù caractère différentiel absolu, ce qui est fort rare.
Les auteurs modernes semblent avoir adopté cette base
pour leur nomenclature, et l’on peut s’en assurer dans
le prodrôme de M. Decandolle et dans la partie bota- n
nique du voyage de M. de Humboldt, où Pon trouve
un si grand nombre de dédicaces botaniques. Cette marche,
loin de contrarier les idées pilosophiques , s’accorde
très—bien avec elles. r À `
Il est°digne, en effet, du siècle où nous vivons, d’at—
tacher Pimmortalité à des êtres dont la reproduction est
assurée pour toute la durée`du globe; on s’arrête avec
intérêt devant ces homonymes des grands hommes. Qu’une
plante s’appelle potygonum, asperula , chrysdiztlwnzum , et
vous aurez seulement 1’idée d’un végétal à plusieurs ge-
nouillures , à surface rude ou à' fleurs jaunes: on parle
seulement à vos sens; mais, si ces plantes se nomment
Hzjvpocratzh , Aristotelzh., Catania, H}·gilz`a , soudain des
idées morales et religieuses se réveillent en vous : c’est
Hippocrate, Aristote, Caton   'Virgile; et supposant un
instant réels les dogmes de Pythagore , vous cherchez
dans des plantes consacrées à ces hommes à jamais illustres ,
l’utilité , la grâce ou la beauté. ' ‘ Q
On s’est'astreint de nos jours à donner auxigenres
de nouvelle -formation , des noms de botanistes, ide
voyageurs ,`·dè naturalistes ou de médecins; il paraît
juste sans doute de récompenser de préférence ceuir qui
se sont livrés 'à l’étude de la nature , ou qui l’ont favo-
risée. Mais pourquoi ne pas accorder le même bonheur

( 183 )
aux hommes qui ajoutent à la gloire nationale , soit
dans les lettres, soit dans les sciences, soit dans les
arts? Cependant que cet honneur si grand de donner
son nom Erquelques-uns des êtres de la création , 116
soit accordé qu’à ceux qui en sont réellement dignes
et qui développentrde grands talens ou de grandes vertus.
Ne tirez pas de l’oubli les noms qui ne méritent pas
d’en sortir; n’oubliez'pas que, dispensateurs d’uue sorte
d’immortalité, vous devez vous servir de ce droit pour
récompenser ou pour punir ; Hétrissez du nom de Néron
ou de Caligula , les Upas de Java ou les Euphorbes des
déserts africains , afin que leur nom seul, en inspirant
l’eli`roi , puisse avertir le voyageur de pe qu’il doit redouter
de plantes qui ont reçu des noms en horreur dans la
mémoire des hommes. On peut craindre, il est vrai,
en prenant des noms propres pour la base de la nomen- -
clature phanéroganique , de voir· promptement s’épuiser
lesànoms illustres; car les noms génériques se multiplient
avec‘une telle rapidité que l’on peut porter En près de
9,000 ceux qui ont été créés depuis la renaissance de
la botanique jusqu’à nos jours; chaque auteur se croit -
l’arbitre du travail des auteurs qui l‘ont précédé; comme
il est possible en botanique de faire successivement dé
chaque organe le caractère fondamental d’u¤ genre , on
conçoit combien il devient facile d’édifier et de détruire;
Il serait bien temps de mettre un terme à tant d’inno—
vations , et ce qui nous reste à dire sur les moyens
d’arriver à ce résultat, pourra passer pour une utopie;
mais on me la pardonnera en faveur d’un zèle ardent ,
pour une science que faime. Je voudrais donc , et plusieurs
botauistes ont exprimé le même désir, qu’il fût possible
d’assembler une sorte de congrès botanique dans l’une
desprîncipales villes de l’Europe; et nous ne pensons

' ( ·84)
pas qu’il fût indigne de la sollicitude des Souverains de
favoriser un semblableiprojet; chaque contrée y enverrait
ses botanistes les plus éclairés , qui travailleraient de
concert à faire un .synops1Ãr· de toutes les_plantes connues ,
en proposant les innovations qu’il leur paraîtrait conve-
nable d’adopter dans Pintérêt de la science; c’est alors
qu’on pourrait établir la nomenclature sur des- bases
durables; le travail de cette grande commission serait
adopté comme un code, et les innovations subséquentes
seraient repoussées comme on repousse les innovations
de langage; aussi l’on ne verrait plus comme cela arrive
trop souvent, un hypnum devenir un leptorlon, un nec/cem,
un octolzlepharum, un orthotrzbhum , puis un pilotriehum ,
un pofytrzehum , un pterigymmdrum, un pterogonùrm , et
enfin un laszh; ou bien encore un apzi¢m’ passer suc-
cessivement dans `les genres czbuzarùz, pastùzaea , peuce-
dmzum , seselz', spzelmqnnia , tragoselzizum , trzizia , pour
figurer définitivement dans le genre pzhzpùzella. On m’ob-
jectera peut-être la difïiculté de faire recevoir ce travail
comme définitif; mais, comme il deviendrait nécessai-
rement· le plus parfait que l’on possédât, il` trouverait
dans cette perfection même une cause suffisante d’adoptîon.
Il serait_bien entendu que ce congrès devrait se réunir
d’époque en époque pour sanctionner les améliorations
et les découvertes faites ou proposées _dans l’intervalle
du temps écoulé.
Il résulterait nécessairement d’une marche semblable, ~
que les auteurs dont la vie s’éc;oule à débrouiller les
synonymies , à signaler les doubles emplois , ou à rectifier
les inexactitudes , ditigeraient leurs travaux vers des F
branches non moins importantes des connaissances l1u—
maines ; certes la botanique est une science du plus haut
intérêt, et cependant il est douteux qu’elle rapporte e11 utilité
réelle tout ce qu’on y dépense d’inteI|igcncc ct d_c temps.
la

( 185 )
 
OB SEHVATIONS
Sur le lV[ucor crustaceus, Bulle C/1. Egerita crustacea,
De C. Fl._jî·.” Oidium rubens, Lùzk. Obs. Sepedonium
I `caseorum, Lùzk. Spec. Sp 0`reudonema caseï, Desmaz. Jllënz.
Par M. J.—B.-1-I.—J. DEs1v1Az1E111zs.
_ 15 nxâcenxxme 1826.
Dans un mémoire particulier j’ai prouvé, il y a peu
de temps, que cette cryptogame avait été mal observée
par Bulliard, et que De Candolle, dans sa Flore, en la
plaçant dans le genre ./Egerzïa de Persoon, ne paraissait
pas l’avoir étudiée, puisqu’il reproduit. presque littéra-
lement la description de l’auteur de l’Hz3t0z}·e des Cham-
pignons de la France. J’ai fait remarquer que le genre
Egerzïa, qui a pour type l’/Egerzïa candzkla du Synopsis
jùngorum, n’0fFre aucun filament et n’appartient pas à la
famille des Byssoîdées; que l’.«Egeritzz pallzïla, du même
ouvrage, pourrait bien n’être qu’une variété de l’/Egerim
cmzdida; que les ./Egerim aurmzlùz et cimmbarziza, de
De Candolle, étaient des Sporalrichuriz ; enfin, que la
place des Egerzïa puzzctybrnuk, epzlxylon , De C.; pczraszï-
tzba, Biv: ; cœsia, Pers: , et perszcùuz , Fries , me paraissait
encore très—incertàine, parce que ces p·coductions—n’0nt
pas été décrites ou étudiées der manière à lever tous les
doutes.   — ` ,
J’aî dit encore, dans lc même Mémoire, qu‘aprês ,
Dc Candolle , Link , que j’ai cité plus haut , avait exiamîné

( 186 )
au microscope la cryptogame dont il est ici question,
et l’avait placée dans le genre Oidzüriz., caractérisé par
des flamens lgyssoikles, rameuœ, erurelacës en toqqfès, et I
dont les ea:treWteÉs sont composeës cl’artzZ·ulati0ns ovoikles qui,
en se separaut, semblent tlevenzï autant de sporules. J’ai
ajouté que ce rapprochement plus heureux prouvait
cependant que Link n’avait pas encore saisi exactement
Porganisation de cette production singulière; et, soit
qu’il en observa plus tard des individus adultes ou en
mauvais état, soit qu’il prétéra s’en rapportera ce qu’avait
dit Bulliard sur la ressemblance que l’on pouvait trouver
entre ses Mucor crustaceus et chrysospermus , le professeur
de Berlin , dans la continuation du Species de Willdenow,
place enfin notre petite fongosité dans le genre Sepedonium.
qu’il avait créé pour le second Mucor de Bulliard, dont
la structure est encore très-différente de celle du premier,
ainsi que me l’a démontré un examen microscopique
soigné et souvent répété. C’est d’ap1·ès cet examen que I
fai créé le genre.Sporendonema,· et que j"ai reconnu que “
l’espèce unique qu’il I‘€Ili`€l'.l'I1€ jusqu"à présent a pour
caractères essentiels : des tubes ou fflamens courts, sùnples
ou rnmeux, continus, presque hyalàzs, dresseîv, groupeîr,
de È de nullfmèlre de grosseur, contenant dans leur ùzte'-
rieur, et presque toujours dans toute leur etendue, de très-
grosses _sporules rougenîtres, arrondzes, un peu ùzegales en
dzamètreet souvent jar! serrées et comprùnees les unes contre
les, autres, mais placees bout à bout sur une seule ligne , 'tle
manière que les filamens paraissent comme pourvus de `clozsons
très-rapproche'es. La sortie des sporules a lieu par le
sommet des filamens qui, après la dissémination, de-
viennent tout-·à-fait hyalins et un peu plus étroits.
Quelquefois aussi les sporules sont mises en liberté par
la destruction de la menlbrane excessivement mince qui

( 187 )
constitue ces mêmes lilamens. Le Sporendonema casei,
dans l’état frais, a un aspect velouté, et non glabre,
comme le dit Dé Candolle de toutes ses Egérites. ll naît
blanc, se développe lentement et reste long-temps beau
sur la croûte des fromages , où il s’éténd en larges plaques
d’un rouge de cinabre des plus vifs. Dans cet état, il se
conserve parfaitement bien dans les collections crypto-
gamiques.
M. Léman, qui, dans le Dictionnaire de Levrault, a
parlé de 1’Oùlàm1. rubans sans se douter que cette Byssoïde
était 1’1Egerita crustaceu. de De Candolle , pense que cet
Oztliunz pourraît être une espèce de Trichoderma; mais
on voit, par ce qui précède, combien cette opinion
est erronée. —
Uorganisation du Sporendonema casei est d’autant plus
remarquable qu’elle vient corroborer Popinion que j’ai
émise ailleurs sur la naissance interne des sporules de
plusieurs plantes de la même tribu. En eH`et, mes 1·echerches
m’ont prouvé depuis long-temps que toutes les Byssoîdées
ne sont point exospores, et je pense même aujourd’hui
que lorsqu’on aura observé avec plus de persévérance et
d’exactitude le mode de développement des sporules dans
la famille entière , on trouvera qu"elles sont toutes formées
et renfermées quelquefois, pendant un temps assez long, _
dans l’intérieur des tubes, et qu’elles se répandent au
dehors, ou par Pextrémité supérieure de ces tubes, ou
par leur destruction. Un grand nombre de faits, recueillis
dans mes observations mic1·oscopiques , viennent à l’appui
de cette opinion que je développerai dans un mémoire `
spécial , où je démontrerai aussi les rapports intimes que
cette organisation établit entre plusieurs Byssoîdes et
quelques Hydrophytes filamenteuses, continues ou arti-
culées. _ »

( 188 )
Ex2x.1c.·.·1·1o1~: nus mouxms. (Planche 3.)
A. Sporezidoncma cascz', de grandeur naturelle, vu sur la
croûte d’un fromage salé.
B4 Filamens, vides ou remplis de sporules`., vus à la
lentille (Yun millimètre de foyer. `
C. Qùelques-uns de cès filamens, viis à la lentille d’un
demi-millimètre de foyer. On remarque danslcette
' figure plusie`11·rs'sf•'oi·ules sorties des tilamens.

( 189 )
 
SUR LE PILOBOLUS CHYSTALLINUÉ
D E ·T 0 D E ,
ET LE SCLEROTIUM STERCORARIUM
· DB DE CANDoLL1·:. l
Par M. Dmsmazxnnns.
l I9 JANVIER I8zy. /
Je viens de lire dans les Annales des Sciences naturelles
du mois d’octobre dernier, une Notice de M. Durieu de
Maisonneuve, sur le Püobolus crystallzhzas de Tode, que
Scopoli, dans son Flora carnzblzba, publié en 1772 (tome 11,
p. 494) , signala le premier, je pense, sous le nom de
Mucor OLIZQIMIZS. Bien que cette notice ne renferme rien
d’impo1·tant qui n’ait été dit, ou par les botanistes que
je viens de citer , ou par Wiggers, Relhan , Dickson,
Bolton , Bulliard, Roth , Persoon , Sowerby , de Candolle ,
Nées, Fries, Link et un grand nombre d’autres Myco-
logues qui nous ont donné même de ice. Pzîobolus neuf
ou dix ligures plus ou moins bonnes; bien que M. Durieu.
de Maisonneuve nous laisse ignorer la.contexture de son
pédicelle et de la membrane vésiculeuse qui en est une
continuité; bien qu’il se taise sur ce que l’on peut voir
sous la lentille dans le liquide qu’eIleic0ntient ; sur l"01·=-
ganisation intime du corps charnu et noir (rporzmge),
qui la surmonte; sur la forme et la grandeur Ade ses
sporules , dont Bolton et Nées ont donné des figures
dilïérentes et. assez médiocres; enfin , sur d’autres détails
· 13 `

(é 1 0, )
microscopiques , d’autant plugis essentiels à connaître , qu’il
_n’est pas possible aujourd’l1ui d’aborder avec assurance
les tamilles des plantes` cryptogames aphylles sans avoir
le microscope sous les yeux; la notice dont il est ici.
question me paraît recommandable en ce qu’elle peut
contribuer à fixer les opinions diverses que l’on aémises
sur ce que devient, dans l’état adulte, le petit corps
charnu , je veux dire sur la manière dont il se sépare
du pédicelle renilé qui le soutient : cette notice , d’ailleurs,
prouve dans son auteur le talent assez rare de bien observer V
à la vue simple et de décrire avec précision , exactitude A
et clarté , ces espèces polymorphes et insidieuses qui, p
si souvent, viennent se jouer de nos systèmes.
Quoiqu"il en soit des omissions que je viens de faire
remarquer , et qui sont importantes dans une mono-
graphie, ce n’est point pour m’occ11per plus au long
desicaractères du Pilabolus crystallixzus et pour chercher
à déterminer sa place encore très-incertaine dans l’ordre
naturel, que j’ai écrit cette note; je me propose de faire
connaître ailleurs les observations que je possède sur ce
charmant petit être ; mon but aujourd’hui est de réclamer
en Afiaveur du pauvre Sclerotium stércorarùrm , sur l"exis-
tence duquel`M. Durieu de Maisonneuve conserve quelques
doutes , en supposant qu’il` pourrait bien n’être que le
peïùlzàm du Püobolus .,>·Ol)S€I‘Vé après la èiziymritiorz de son
Pëcëplack jirgace. i
Malgré le nombre prodigieux de végétaux cryptogames
dont on surcharge , souvent mal à propos, le catalogue
des êtres naturels , je suis trop déSil'€llX d’y voir main~
tenir les bonnes espèces, les espèces hien caractérisées,
pour ne pas prendre la défense de cette humble fongosité,
et neipas prouver que de Candolle, dont le tact est, 
fin et si sûr en botanique, n’a point Énconsidérémenti

( 191 )
mentionné, déc1·it et figuré (1), une espèce imaginaire,
reconnue depuis la publication de la Flore française et
du tome second des Mémoires du museum, par le profond
Mycologue suédois dans son Systcriza mycologzbum , et
que j’ai fait·paraître en natu1·e, il y a deux ans environ,
dans les Plantes cryptoganzes du nord de lai France. Si
je cite ici cet ouvrage, c’est pour donner des preuves
matérielles et palpables de l’existence de cette Sclérotacée ,
dont on trouvera de complets et beaux individus au N." 30
du premier fascicule de la collection. A la première ins-
pection de ces individus , on verra combien est immense
la distance qui sépare le Püolaolus de Tode du Sclerotium
stercorarziun °dont on doit la découverte à Léon Dufour.
Après le savant lichénographe que je viens de nommer`,
j’ai obse1·vé un grand nombre de fois le Sclerotium ster-
comrium, en mai, juin et juillet, dans les bouses de _
vaches, mais là seulement   Lorsque ces bouses ont `
été réunies en tas dans iles prairies , on trouve notre fungus
dans son intérieur, à plusieurs pouces et même à plus
d’un pied de profondeur. A ces indications exactes de
station, j’aj0uterai, en terminant ici ma petite récla-
mation, que ses péridium ou tubercules sont globuleux,
bosselés , ou un peu aplatis et de forme irrégulière.,
offrant toujours un enfoncement particulier très-1·emar-
qiiable, et quinze à vingt fois, au moins, plus gros
que les sporanges du Pz`lolzoIz.¢.s·, c’est-â-dire, de la grosseur
d’un pois ou d’une petite noisette. Uenveloppe ou l’épi-
derme des péridium naît lilanche , passe au roux, au
brun,puis au noir mat. Elle est souvent un peu cliagrinée ·~
(1) Mêm. du Mus., iSx5, pl. (Ã , fig. ly, a et L. (
(sn) De Caudulle indique ce Sclerotium sur la terre mèmewecouverle
par les houses.

( ¤9z )
ou rngueuse dans un âge avancé ., mais constamment
indéhissente et fortement adhérente à la chair qui est
compacte, ferme, d’un blanc assez pur et de nature
parenchymateuse et homogène. (Pest dans les parties de
cette chair les plus voisines de Penveloppe, qu’après bien
des essais infructueux je suis parvenu enfin , à l’aide du
plus fort grossissement d’un honnmicroscope , à découvrir
des sporules extrêmement petites et hyalines. Mais comme
dans cette position elles sont peu développées, je n’ai
su apprécier exactement leur forme ; cependant je la crois
sphérique. Il aurait été à désirer que je pusse les observer
lorsqu’elles se trouvent répandues à la surface même de
la plante; mais on conçoit que la station qu’elle s’est
choisie s’o.pp0sera toujours à cettenobservation., et que
par les lavages successifs'qu’on doit lui faire éprouver
pour la dégager entièrement des parties de la bouse qui
lui restent attachées, on enlève les corpuscules 1'€P|'O—
ducteurs qui doivent la couvrir extérieurement I0rsqu’elle
est arrivée à son parfait développement. `
» ·7\

( 193 )
 
A N O T I C E ,
SUR LES PRODUCTIONS NATURELLES DE L’iLE DE JAVA.
Par M. A. FÉE.
3 rtvnnzn x8¤y.
AVÃNT que Java soit définitivement soustraite à la
domination hollandaise, nous croyotis utile de faire
connaître quelques-unes des particulariteés qui se rattachent
à l’histoi1·e naturelle d’un pays qui, avant peu, n’aura.
plus de relations directes avec notre vieille Europe.
La plupart des détails que nousallons donner à nos-. A
Iectiursvseront empruntés au célèbre ouvrage de MM.
Battles (1) et Crawfurd. Ce livre, peu ou point connu·
en France, a été publié tout récemment en Angleterre
sous le titre de description de Java et des autres îles de
Parchipel indien. Les auteurs méritent la plus grande i
confiance, tous deux ayant long—temps habité Java lors-
de Poccupation anglaise. M. Raffies y exerça les hautes
fonctions de gouverneur général, et M. Crawfurd celles
de résident à la cour du sultan¢Amang-Kou.
J Jziiia est, comme chacun sait, une île de Parchipel
indien , située entre les 6° et g° latitude sud et les I02° 4o"
et ll3° 4o’ longitude est. Elle regarde au ·nord l’île de
Bornéo, au nord-est les Célèbes, à l’est les îles de Ball
et de Madura, et au nord-ouest Sumatra. Elle a de 40
à 60 lieues de largeur sur 260 de longueur, et une super— ,
iicie de 15,000 millescarrés. .
lr) Cc savant aduulnistxatcur vieu! dc mourir i Londres.

(-194 J '
Vue en mer, Java présente l’aspect d‘un vaste amphi-
théatre qui s’abaisse du midi Au nord. Un archipel de
I petites îles qui proviennent d’alluvions formées aux dépens
des montagnes intérieures, s’étend le long des côtes septen·
trionales; les côtes méridionalesisont fort escarpées et
d’nn abord cliiiicile. Plusieurs chaînes de montagnes par-
courent la terre ferme. On y voit un grand nombre de
volcans , et s’il faut en croire le rapport des voyageurs ,
les éruptions du Vésuve et celles de l’Etna sont peu de
chose comparées aux éruptions du Tankuban-Prahou, du `
Sambawa et du Pçpan. On nomme ainsi les principaux
volcans de l’île. `l_ ,r
On conçoit qu'avec une semblable constitution géo-
logique, Java doit être désolée par les tremblemens de
terre. Les désastres de Palerme et de Lisbonne Ndont
l’Europe garde un si triste souvenir , ont présenté moins
d’horreurs en mille ans que Java n’en·a olïert en cin- t
quante. Ainsi devient redoutable une île où la nature étale
ses plus riches parures et se mont1·e prodigue de ses dons._ 4
Uétymologie du nom de l’île doit prendre place dé- -
sormais dans les fastes botaniques. On prétend, sur le
continentrinclien , qu’elle/ vient du mot Jawa-wut, nom d’un
Panzbum. qui faisait jadis la base de“l’alimentation des
habitans. Suivant Popiniop la plus accréditée de _nos jours,
l’île des `Jabodins, dont les Grecs et les Romains font -~··«
mention, serait, non Sumatra, comme on l’a cru long-
temps, mais bien Java. Ce n’est point ici le lieu d’exa—
miner la validité de cette opinion hypothétique etlpourtant
vraisemblable. Le zodiaque des peuples de l’Inde est le
même que le nôtre , et les signes en sont disposés dans le
même ordre : c’est comme en Europe le Bélier, le Taureau ,
les Gémeaux, le Papillon , le Lion , la Vierge , la Balance ,
le Scorpion, le Sagittaire , la Chèvre (ou le Capricorne),

( 195 )
le Pot à l’eau (ou le Verseau), et les Poissons. Cette
particularité établit incontestablement Pantiquité `des
relations qui ont existé entre l’Inde et l’Europe.`
Java n’a jamais été possédée en entier par les Hollandais,
aujourd’hui menacés de se voir enlever cette riche colonie.
On a écrit à tort, dans plusieurs journaux , que des soldats i
Français passés au service du roi des Pays-Bas en l8I5,v
et envoyés à Java, avaient, en embrassant la rcause des
sultans tributaires des Hollandais , préparé les revers des
armes belges; il n’eu est rien. Des rcuseignemens positifs
. que nous devons à M. le comte Albéric de N. .......
tendent à prouver que nos compatriotes restèrent fidèles
à leurs nouveaux drapeaux, et qu’ils rendirent même de
grands services à la puissance qui les avait adoptés. Le
mal est donc ailleurs; la mauvaise admînistrationdes
gouverneurs , Péloignement de la métropole, Pinsalubrité
de la capitale et les progrès que les naturelsont fait dans
les arts européens, voilà les principales causes de la
décadence de la dominati_on hollandaise à Java. Quoiqu’il
en soit , il ne reste maintenant aux Hollandais que le
territoire de Batavia, grande et.belle ville honorée du
nom de la métropole, et qui renferme une population
nombreuse décimée chaque armée par le cholera-morbus.
Avant de faire connaître les productions naturelles de '
Java, disons un mot de ses hahitans. On trouve parmi
eux plusieurs races _d’l10mmes évidemment distinctes;
cependant la seule race vraiment aborrigène est la. race
tannée; c’est donc la seule dont nous parlerons sous le
nom de Javanais ou de Javans. -
La taille des Javanais n’excède pas 4 pieds io pouces; ·
les Femmes out deux pouces de moins ; la tête fait un peu
plus du sixième de la hauteur totale du corps ; les cheveux
sont longs, roides et uoirsi les yeux, peu ouverts, `

, ( -96)
sont de couleur noire. Les cheveux blonds ou rouges,
les yeux bleus ou gris, sont regardés comme des mons-
truosités. On a remarqué que les pieds et les mains étaient
bien moins développés que chez les hommes de la race
caucasique; les doigts des pieds s’écartent en éventail et
ont quelque chose de la souplesse des mains de derrière
des quadrumanes, ce qui peut être attribué à Phabitude
de marcher sans chaussures. L’angle facial n’a que 80-82°.
La bouche est fort grande et la cavité buccale très-vaste.
Les narines sont aussi fort ouvertes. Peut-être ce système
respiratoire est-il combiné de manière à permettre l’ins··
piration d’une plus forte colonne d’air atmosphérique,
afin de compenser l’etfet de sa dilatation , résultat néces-
saire d’une grande élévation de température, du moins
est—il certain que tous les peuples équinoxiaux ont une
bouche bien plus fendue et des narines bien plus ouvertes
que chez les races d’h0mmes qui vivent loin de la ligne.
Nous abandormons cette observation à la sagacité des
physiologistes. P ( î
Les Javanais diffèrent certainement des Chinois. Le
caractère de leur physionomie tend plutôt à les rapprocher
des Siamois et des peuples du royaume d’Ava. La taille,
Pexpression des traits, la couleur de la peau, sont sem-
blables. A Siam et à` Java, un amant qui veut louer sa
maîtresse, ne trouve rien de mieux pour lui plaire, que
de comparer son teint à l’éclat de l’or. Ce n’est. plus la i
reine des fleurs qui fournit le terme de comparaison ,
c’est le 1‘0.l des métaux.
Quoique la vie soit sensiblement plus courte à Java
qu’en Europe, néanmoins Pépoque de la puberté et celle
'cle l’entier développement est la même, ce qui semble
contrarier cette loi naturclle de laquelle il résulterait que
la durée de la vie est en raisoxrdirecte de la durée de p

( *97 )
Paccroissement. MM. Raiiles et Crawford prétendent que
les Javanaises sont fécondes toute leur vie. Cette assertion
trouvera sans doute des contradicteurs , et nous la répétons
ici sans lui donner notre approbation.
Examinons maintenant les êtres des deux règnes qui
présentent de Pintérêt au naturaliste , et ajoutons, s’il se
peut, quelques faits nouveaux à la masse de ceux destinés
à faire prévaloir un jour la loi des analogies, seul moyen
de préparer Punîon nécessaire des sciences chimiques! et
des sciences naturelles.
On trouve à Java des tigres , des chacals , des rhino-
céros , plusieurs belles espèces de cerfs inconnues à i
l’Europe , une multitude de singes de toutes grandeurs ,
etc. Les forêts sont remplies de perroquets; l’énorme
casoar , Pélégant oiseau de paradis, dont les belles plumes
sont devenues un objet assez important de commerce,
Pargus faisan , ainsi qu’une multitude de gallinacées, s’y
font remarquer. Les rivières et les côtes de la mer sont
très-poissonneuses. Le caïman infeste les eaux douces, et
des serpens de toutes les grandeurs et de toutes les nuances,
cachés dans la sombre épaisseur des bois, se font redouter
des êtres vivans , tantôtà cause de leu1· force prodigieuse
et, de leur dimension gigantesque, tantôt à cause de l’ac—
tivité de leur venin. .
L’éléphant , le chameau ," le cheval, le buffle, l’âne ,_
la chèvre et le porc y ont été transportés et s’y trouvent '
à l’état domestique. , · V .
Java fournit au commerce une belle` lacque que 1’0n ·
recueille sur divers arbres, et notamment sur les Jîcus;
de la ci1·e , de l’écaille de tortue , une assez grande quan-
tité d’ambre gris et des perles.
Les nids de Phirondelle salangane, Hfrwzdo esculczzm

( ¤98 )
L. (1), que la gourmandise des Chinois paye si cher ,
abondent dans les cavernes de la côte sud et se trouvent
â des profondeurs perpendiculaires de plusieurs centaines
de pieds. P0u1· parvenir à les recueillir, il faut braver
d’assez grands-dangers et montrer une certaine întrépidité.
Armé d’une torche de caoutchouc allumée , mais dont la
Hamme est cachée par une sorte de petit_ chapiteau , le
Iavauais qui va à la recherche des nids de _salangane se
laisse glisser dans Piutérieur des crevasses ténébreuses,
soutenu par une longue corde, il tatohue , et lorsqu’ilv
croit toucher un nid, il découvre satorchc, la flamme
b1·ille un instant, et le nid est détaché. Si la torche était
toujours enflammée , les oiseaux effrayés quitteraient pré-
cipitamment leur asile pour n’y plus revenir.
On ramasse les nids d’hirondelles deux fois chaque
année. Les plus blancs sont les plus estimés; on vend
comme qualités inférieures ceux qui sont tachetés de sang
ou mêlés de quelques plumes. Cinq cents grammes de ces
nids valent ordinairement 300 francs (2);
La quantité de végétaux qui couvre le sol de Java est
vraiment prodigieuse. On trouve des plantes depuis le bord
des mers jusqu’au' fond des volcans; elles disputent le
sol aux flots de l’Océan et aux neiges des montagnes,
et comme si ce n’était pas assez d’envahir la terre entière,
on voit l’arbre gigantesque se couvrir de lianes; la liane
nourrir des orchidées et des loranthus. Ces végétaux ,
ramitiés à l’infini , font en quelque sorte un vaste buisson
 
(I) Rostrum nigrum; cnrpux supra fuscum , subtus albirlum ; cazurln apice
glba; pedes fuxci. Linn., I p., édit. Gmel., I., xoxj.
(s) L’opini0n de MM. Battles et Crawfurd semble sfélcigner de cette
des pliarmncologues, qui veulent que ccs nids soient élaborés avec des
thalassiophytes du genre gelizlium, passés à l`é|.at mucilqgineux par suite
¢l'unc décomposition.

·1, gv.
( *99 5
d’une forêt entière : et la hache seule peut s'y ouvrir
un passage.,
On cultive à Java plusieurs variétés de l’Or_yza sauva, L.
Le riz est pour les Javanais ce qu'est le froment pour
nous. L’excédant de la récolte passe sur le continent indien.
Le froment est cultivé dans l’île; nous ferons remarquer
en passant qu’il y est nommé trigo. Ce nom est portugais
et espagnol, ce qui semble indiquer que l’époqne de l’in—
troduction defcette graminée à Java ne remonte pas plus
haut que Pexpédition de Yasco de Gama dans l’Inde. Le
Jawa-wut, Pambnm üalzbzmz i" Linn. , et le maïs, Sagur1g(1),
sont aussi au nombre de leurs céréales. _
Ou trouve en grande culture Pigname, et l’on donne
ce nom à Java aux racines des Dàzscorea rrnahylla, Linn..
et D. alala, Linn. , le manioc, Jalropha Jlrîanjhot, L.,
aussi célèbre comme poison que comme aliment. `Le
gouet, comestible, Amm, escalenlum, L. La pistacl1e de «
te1·re asiatique, Araclziv aszëztzba, Lour. FI. Coch. 522,
espèce très—voisine `de notre arachide, et qui , comme
elle, renferme dans ses Semences une huile douce que
l’on extrait avec beaucoup d’avantages. Plusieurs haricots,
les Phasolus ma.:cz'mu.s, Linn. , et radialus , Linn. La
batate , Convolvulus Batatas, L. , dont la racine féculente
 
  L'0pinion la plus vraisemblable est celle qui veut. que le mais soit
indigène du nouveau monde. Cependant nous ferons remarquer que le
mot mexicain mahy, adopté par les Européens , ne se retrouve dans aucun
du nombreux dialectes de l`_0rient; nous ajouterons encore que l'ou nc
peut préciser à Java l‘èpoque de lîimroduction de cette belle graminée
parmi les plantes céréales. Peut—on regarder comme possible que la tra-
dition nomiuale soit déjà perdue, lorsque l’ou voit que le froment a
conservé à Java le nom portugais de trigo (triticum), et n'est—il pas
raisonnable de supposer que le mais cst propre aux continens de l'Asie et
de l’Amériquc.

( zoo )
et sucrée cst alimentaire et pe11t, par la fermentation,
donner des boissons estimées et, de l’alcool. Le basilic
tubéreux, Ocymum tuberosum, dontlles racines charnues
et succulentes prennent place parmi les légumes (1). Le;
cocotier, Cocos nucüra, Linn. Enfin le sagouïer, auquel`
on doit la fécule si connue sous le nom de sagou, et qui
mérite bien que nous en disions quelque chose; '
Le sagouîer est un arbre de la famille des palmiers 
nommé par Rottboll Mctrozylon Saga; c’est le Sagas
Humphii de Willdenow. On en reconnaît quat1·e variétés-,
qui sont le sagouïer cultivé, le sagouïer sauvage, le
sagouïer inerme et le sagouier épineux. Les botanistes
n’ont jusqu’ici décrit que le type. Le sagouier cultivé et
le sagouîer inerme sont les seuls que l’on exploite avec
quelque avantage. L0rsqu'ils ont atteint ‘l"âge de 14-16
ans, on les abat, on les coupe par tronçons que 1’on
fend pour en retirer plus commodément la moëlle, qui
est lavée à grande eau. Ce liquide se charge de la fécule;
on le passe à travers un tamis à mailles peu serrées, on
laisse reposer, on décante, et l"on a le sagou, qu’il ne
s’agit plus que de faire égoutter et solidilier dans des '
moules de terre chauffés. La forme de ces moules est
tantôt arrondie et tantôt cylindrique , ce qui donne au
sagou qu’on tr0uve_sur les_marchés l’aspect de petits
gâteaux arrondis ou celui de longues baguettes assez
semblables aux pâtes d’Italie destinées à faire le macaroni.
Le marc fibreux qui reste sur les filtres sert à engraisser
les porcs; on l’entasse par monceaux afin de favoriser le
développement d’un champignon charnu très-estimé des A
friands, qui cependant lui préfèrent une grosse larve d’un
(1) Cest la seule labiée qui soit alimentaire; les autres ue servent que
de coudiment. ·

( 201 )
goût exquis. Elle se 'vend sur les marchés et ne se trouve
que dans le marc de la moëlle des sagouiers.
Quand on destine le sagou à l'exportation , 011 le broye
à l’aide de meules fort semblables à celles qui servent à
parler l’orge ; il prend alors Paspect de la graine de coriandre
et passe dans le commerce de l’Europe (1).
Le sagouïer n’est que naturalisé À Java, mais il y vient
bien. Les autres possessions hollandaises de l’lnde abondent
en sagonïers. Ceram en oiïre de vastes forêts, ainsi que
Sumatra. Le sagou qui se prépare dans la province de
Siak est fort estimé; les grains sont gros et moins durs
que celui qui nous arrive en Europe. `  
La famille des palmiers renferme encore deux arbres
importans   l’un est l’arec , Areca Catechu, L. , que nous
avons cru devoir~ nommer ailleurs Areca Betel, parce que
son fruit, qui ne fournit point le cachou de nos phar-
macies, entre dans. la composition du bétel, sorte de ~
masticatoire fort célèbre dans l’Inde; l’autre est le rondier ·
ou lantar , Arenga saccImr_üra, Lahill. , dont la sève r
fermentescible donne une liqueur vineuse agréable.
Les plantes oléifères de Java sont le Cwzarium commune,
Linn. , de la famille des térébenthacées; indépendamment
de l’huile fixe contenue dans son amande, l’écorce laisse
exsuder une téréhenthine qui se solidilie en perdant son
huile essentielle; il en résulte une résine qui ne dilïère
point de la résine des Moluques, dammar-pzdi des indi-
gènes, laquelle est produite par le Canarium. balsamüèrzem
de Willdenow. Nous avons parlé de Parachide, il nous
reste à nommer le ricin , Bzbùzus commumls, Linn., qui
(1) MM. Raiiles et Crawfurd annoncent qu‘ils »n’0nt vu employer nulle
part le procédé indiqué par Humpb , procédé qui consiste à faire subir nnc
*0rte dc totréfncliou à la féculc dans de grandes bassiues de cuivre nu de tôle.
`

( 202 ) ~
fournit l’huile à brûler la plus fréquemment employée
à Java. i `
Les arbres fruitiers des Javanais sont,nomlgreux; ils
possèdent l’a1·bre à pain , `Artocarpus inczlm, Lînn. fils,
le mangoustan , Garcmùz Mangostana , Linni , de la famille
des guttiférées dont le fruit est si estimé dans l’lnde qu’il
y a reçu le nom de roi des fruits; le dourian, Durio
zibethimus, Lin;1. , le jacquîer, Artocarpus Jaca, Lamk;
le manguier, Jlfangpîzra milzëa, Linn.; les goyaviers, '
Psidùzm pyryèrzan , Lina. , et pomzkrum , Clus.; le papayer,
Carica Papayn, Lînn.; les anones, Amma squamom, Lînn.,
l asiatica , Lînn. , murzbatd , Lînn. , etc. ; les bananiers, Musa
pamdzkzkzca, Lînn., semùzgfêra, odorata, et nana, Lour.
Plusieurs czïrus , le tamarin ,’Tamarz}zrlus ùzdica, Lînn.}
les anacardes, Anacardium occidentale , Lînn., Yet le
Semecarpus Amzcardzùm, Lînn.
Les produits végétaux que Java fournit au commerce
sont en grand nombre; voici les principaux d’entr’eux:
Les amomes, l’arrac`k, le benjoin; les bois d’aloës,
le café , le camphre de Sumatra , le caoutchouc, le copal ,
le gengembre, le géroHe, la muscade et le macis, le
poivre noiret le poivre bétel, le sagou, le sandragon,
la résine du Dammara, les santaux, le tamarin, le sucre
de canne, etc. etc. ' ce
MM. Baiiles et Crawfurd éclaircissent peu de points
obscurs de Phistoire de ces produits, et cependant 1·ien
n’est plus embrouillé que Porigine de nos amomes, de ,
nos bois d’aloës, de nos santaux, de nos sandragons, etc.
Les botanistes ne connaissent que le fruit du camplirier
de Sumatra; Parhre qui donne la résine copale n’a point
encore été trouvé. Le mode de préparation du caoutchouc W
·a donné lieu à plusieurs contradictions; quoique nos
aauteurs se taisent surzces questions importantes, on leur`

(, 203 )
doit la connaissance de quelques particularités curieuses.
Le luenjoiu, Sgyrax berzsoùz, L., est uu arbre qui se
plaît dans les plaines, au boxid des rivières. C’est en
pratiquant des incisions à son écorce qu’on obtient le
baume qui porte le nom de benjoin; il est d’ahord fluide
et blanchâtre, puis solide et rufescent; à douze ans
l’arbre est épuisé et doit être abattu.
Le camphre de Sumatra est produit par le Drgyobalanops
nromcztica (1), Gœrtgt. , arbre dont la synonymie est fort
embrouillée. On ne le trouve point à Java, mais il y-
arrive de Sumatra pour les besoins de ses habitans. b
Les limites géographiques de ce camphrier sontipeu
étendues; il ne se trouve qu’à Sumatra et à Bornéo,
vers le 3° de latitude boréale. Le camphre est d’abord
liquide et sort à l’aide d’une simple incision. Cette huile
essentielle est très-recherchée des Indous et des Persans;
mais elle est fort rare. On a cherché à prouver qu’elle
servait aux Egyptiens à Pembaumement des momies. Si
cette assertion pouvait être prouvée, elle donnerait une
nouvelle preuve de Pancienneté des relations qui ont existé
entre l’Egypte et les îles de Parchipel indien.
Ce n’est point à l’aide d’incisions qu‘0n obtient le
camphre à Sumatra, ce procédé donnerait de faibles pro-
duits à cause de la rapide volatilisation de cette huile
 
(r) pryobalazwps Camphora, Colebroolce; Dipterocaqzus aromnlàa,
Goçrln. Fil.; D. indica , Gœrtn.; Pterigium teres , Corr. ann. mus. VIII,
p. 39; , L G5. Capour Barros des Malais, Inno des lxabiiaus de Sumatra.
Les genres Dryolmlanops, Diplerocarpus et Pierigium ont été établis sur
un fruit appartenant à la collection du célèbre Banlss; nous les réuuissans
ici dans une même synonymie, car c’est à tort que les pharmncologues ,
l¤S'0n| Nnëidëtêl comme distincts. '

_ ( 2<>4 )
essentielle  On lc recueille à Pétatlconcret en abattant
le campbrier à ·une certaine période de sa vie. La valeur
du camphre de Sumatra est à celui du Japon comme
x : 2o`, et les sortes commerciales sont entr’eIles ::25 : 14
et :: -14 : 4. _ [ _
Le caoutchouc de Java est fourni principalement par
le Bleus elastzbaa, Linn. l J
L’huile volatile des feuilles du Nlelaleuca Leucadendron,
Linn. , connue en Europe sous le nom de cajeput, est à`
vil prix à Java, Varbre qui lai fournit y formant de vastes
forêts. On Pobtienf par distillation. `
Le agéroilier, Caryaphyllus aronuztzbur, Linn., a été
transporté à Java, mais il n’y `est pas dans un état pros-
père; il est, comme on sait, originaire des Moluques,
et réussit trës—bien tt Amboine. La'culture en a fait dis-
tinguer cinq variétés: le géroliier royal, le g. femelle,
le g. à tronc pâle, le g. loory et le g. sauvage; celui-ci
n’est point estimé. ‘ ·
Un géroflier vigoureux dotme par au de 5 à 20 livres
de fleurs. On a vu un de ces arbres parvenu au diamètre
de 8 pieds environ, fournir jusqu’à Go livres de fleurs.
Quelque temps avant sa mort (2) il en produisit 140 livres;
 
(1) Ilécoulement d’une huile essentielle aussi légère et aussi iluide
IIl8Sl. PBS SHTIS €X€l'[IPiE, El Cellli que ]l0I.lS iillûllâ Citûf DORS SEXE fûllllli
par la famille dcs laurinées. Le journal des sciences d’E«limbourg parle
d’une huile éthérée native de laurier, dont la légèreté est prodigieuse.
On fohticnt par l‘incisiou de l’écorce d’un Zaurus qui forme de vastes
forêts dans la région située entre l'Orénoque et le Parima. Les lralzitans
dela Guyane espagnole nomment improprement cette huile, huile de Sassafras.
Il Clt IIBUIFCJ de SUPPDSEI qlllëilû SB (}0ilCl‘êl€ avec i€ ÈGHIPS CD HUB SOl'l€
de cnrnpl1re.F  
(s) La durée moyenne de la vie d‘un gérollier est d’euvirou ceut ans. .

( 205 )
mais ce fait isolé· doit être regardé comme` étant un véri-
table phénomène. '
Lorsque les Moluques appartenaient aux Hollandais,
elles livraient annuellement au commerce de l’Eur0pe de
2 à 3 millions de clous de gérolle. Auj0urd’hui que la
culture du géroflier est répandue dans plusieurs colonies,
ces mêmes îles n’en ont versé, pendant les années 181/,,
1815, 1815, 1817 et 1818, que 360 mille livres.
Il en a été de même du muscadier: dans la seule année
1615 il est sorti de Banda 400,000 livres de noix (amandes)
muscades et 150,000 livres de macis, tandis que l’exp0r—
tation n’a été , de 1811 à ISI4 , que de :115,000 livres
de noix et 253,000 livres de macis  
L’indig0, tel que le préparent les Javanais , est dans
un état semi-liquide. On ne pratique point à Java le
procédé suivi par les Européens dans leurs colonies; on
se contente de faire macérer les feuilles et les Qeurs des
indigotiers dans l’eau , puis de faire bouillir le maecralum
avec de la chaux vive. Les plantes qui servent à obtenir
(1) ll résulte de ont aperçu qu’une grande quantité de rqtrscades aldti
être- brûlée. Voici sur quels calculs nous basons notre assertion. Le fruit
du muscadier étant supposé composé de quinze parties , le macis ou
arille y entre pour deux, la coque pour cinq et.,l`au1ande pour huit,
d'où il suit que 253,000 livres de macis n`out _pu être fournies que
par I,0l9,000 livres d·Bll|.3Btl8$· Or, Banda 11`ayant livré au commerce
que ar5,ooonlivrcs, il reste ygy,¤oo livres dont il faut justîtîer. Si
l’ou suppose qu'elles aient scrvi à l'extractiou du beurre de muscade,
V il faut. admettre que l‘on a versé dans le commerce 96,040 livres de
ce produit, car 5oo grammes de noix rnuscades donnent Go grammes l
d'l1uile concrète. La consommation du beurre de muscade 11'est pas assez
considérable pour justifier l’emploi de 96,0,00 livres d`un aromateudont
les USIECS Sûnl U'èS·b0l’l]éS , SI.lI.`lDI1i qtlâlld DH SOI`|gC HIÃX ÃIIHDIÉUVTES (IC]
falsificateurs qui triplent toujours les produits susceptibles d’être altéré:
en y introduisant les s/3 de substances étrangères. 4 `
1 ,

( 206 ) ·
Pindîgo sont d’al,»ordl'I1zrl1gr_yfëz·a/11127,Linn., puis le Manix- '
Janin tinctorzh ., de la Rtmillc des apocinées. La culture de ces
deux végétaux est fort soignée par les Javanais. On les
sème en juillet; la première coupe a lieu en septembre.
, Un article d’importation très—important est fourni par
le poivre noir. L’arbustc qui fournit cette·baie'se plaît
sur les montagnes granitiques; il'réussit moins bien sur
les montagnes de formation secondaire. Le p0ivrier` est
en plein rapport dès la cinquième année; il décroît vers
la quatorzième etrmeurt vers la vingtième. Chaque pied
rapporte environ Soo grammes de fruits dessécliés.
‘Le massoî est un arbre fort commun à Java; on l’y·
nomme duin; son écorce est`un comestique recherché.
· Quelqueslocalités de l73.l‘Cl`liPCl indien fournissent des
substances estimées : le santal se plaît sur les montagnes
de Timor; la résine copale abonde à Palawan; et le`laurier
sassafrasœrfest pas rare à Banca.
» Le docteur Horstield a publié la liste des agens thé1·a-
peutiques usités à Java; tous appartiennent au règne
végétal. Ce n’est guères qn’en Europe que l’0n se sert '
des,minéraux on des animaux comme remèdes. Cette
, listelétabiîe sur les propriétés les plus marquées (1), ,
constitue en entier la matière médicale des Javanais;
elle·est^ trop importante pour que nous ne nous em-
pressionsi pas de la donner. _,
  lt   oflhiinportance to establish by experimental enquiry lheer
degree of. cflîcacy and utility. Dac!. Horsfelrt, ·

( =¤7 >
MATIÈRE MÉDICALE DES JAVANÀIS.
l. STIMULANS.
Acorzzs Cnlanzus (1) , Linu. -— Anzonzum Cardczmomum ,
Linn. ; A. Zcrumbeth et A. Zùzzzïzar, Linn. (2) — Aàzzidœ
Allughas , Bosc (3). —- Anqyric Protiunz , Linn. — Baccharzk
ùzdica, Linn. — Curcuma rolunda , Linn. — Kœmpfèria
Gczlanga et rotzuzda, Linn. — Lzzurus ]\TalaI7athr·um, Lil'|l'1·
— Piper Cubeba, Linn. ; P. longum, Linn.; P. medium,
Jacq.; P. peltatum , Linn. (4). — Solanum indzbum, Lima.
(5). — Tacca pinrzatzfida , Lim':. — T/Hex Negundo , Lînn. ;
V. trg]Zora, Vahl. - I*Vintera aromatzba, Murr.; W.?
Melambo ...... ? _ .
2. STIMULANS DOUX ABOMATIQUES.
Arzdropogon Schœmmthus, Linn. — Ocymum Basilzbum,
Linn. — O. gratzissimunz EI: terzuàïqrurn, Linn. .
3. STIMULANS NAKCOTIQUES.
Opium, en javanais Apium. — Damrzz jèrox, Linn.;
D. fasluosa , Limi. -— Caizizabis sativa, Linn._(G). — Mani}-
permum Cocculus', Linn. — Salmzum, mlgeum, Linn. —
Slrychnos Coluizrziza , Linn. — Cerlwera Jilanghzzs, Lim"!.
 
(I) Sans doute la variété usiaticus radice fenuiurc , Thez. zeyl. VI,
le uaembu de Ilheed. malab. Il, gg; I., 48.
(2) On en connaît à Java Jeux variétés, le grand cl le petit; il y :1
des sous-variétés distinguées par la couleur. È
(3) C'es\ le Zinziber nigrum de Gœrmcr.
(A) Le docteur Horsfield parle encore d‘un piper tcrreslré que nous ne
connaissons point. Q
(5) C'est lc Solanum torvum de Swartz.
(6) Le chanvre , plante économique pour nous , Iigure dans ia matiere
médicale de guns les peupics de l’Inde.

( `2D8 )
4. STIMULANS TOPIQUES.
Cassziz alain, Lirm. — Euphmîlzia Tzbarullz`, Linn. —
Iron; coccùzezz, Linn. — Guilandùza Morzizga, Linn. e
Plumbago rosea , Linn. Plusieurs lahiées et plusieurs
ombellifères européennes cultivées dans l’Inde. ii
5. 'œomzqvns. .4
Arzktolochzîz irzdzba, Lirm. ·=- Chzbmmthus spzbatus. .... ?
Brucea suinalrenuîr, Spreng. — Gmelùuz aszîzizbzz, Lînn.
— Lobelùz Plumiefz`, Lim!. — Mclolhria ùzdzba, Linn'. —
Mzhzusops Elengi , Linn. — Ocymium tuberosum. . L . . .  
— Ophioxylon serpentùzunz, Lirm.; O. Spmz ...... ? —
Ophzbrrhiza Mughos, I:lflI). — Oxalzîr sensüzlra, Linn. —
Sozzlmhm amara , Linarck. — Talvermi czlryblùz , Linn. - ,
Volkamerzz irzcrmziv ,i Linn.
6. ASTBINGENS.
Areca Catcchu , Linn; (x) è Eglë Marmèlos, Corr, —
Eschzhomerze grandylora ........ ? — Cellzir orzènlalzîr ,
Linn. — Camarùuz cquzkclùiblzka, Linn. fils. — Garcùzia
Mmgoslana , Linn. — Guarea glabra et macrophylla ,
WahL - Irz0cm·pu.r edulis, Forst. — Lawsonia zhermzk,
Lînn. — Mclastoma malalmthrzba, Linn. — Phyllwzthus
Emblzba , Litm. — M0rz'nda citryïnlùz , Linn. — Nclumlzium
speczbsum   Willd. — Psùïium p_yi·#rum, Linn. — Piero-
cazyaus Draco (2), Lirm. — fTecz0nia`gmndir, Lînn. —
Sterculia fœtida , Linn. — Salzdoricum ùzdicum,`Cavanîi. (3).
(1) Peut-être veut-on ici parler du cachan ihing-temps attribué   ce
palmier, mais que l’0·sait être préparé avècles fruits du Mîm0.xa=Calechu, L.-
(n) C‘est de la résine sangdragnn dont on veut ici parler.
(3) Le docteur Horsfield compte encore parmi les astringeus, mais hàus 4
désigner d`espèce , un mimosa, un tcrminalia et un tctmccra.
` /

( 20g )
7. DXUHÉTIQUES.
Bromelzh Ananas, Lim]. — Cmzariunzj cozmmme , Liun.
·—- Cyperus rotnndus , Linn. — Elœocarpus larzceolatus. . . .?
— Escnbccïrùz alzissima. — Hydrocogylc nsùztùsa, Linn. —
Plgyllarzthns Mïuri et urùzaria , Lili!]. — Polyscias umbcllala,
F orsi. — Splzœranlhus zizdicns , Limi.  
8. ANTHELMINTIQIÉJES.
Dolichcs rzarzbns 2 Linn. — Datum astuosa, Lim].
P _ •
— Pmzgium Humplnï (S) .... ? — Mehh Agedarach el M.
Azadirachm , Linn. — Oplgyoxylon. serpentàzum, clic.
9. CATHAHTIQUES.
Basella rulzm, Linn. - Ca.ssz'a Fzlvtula, L. — C. Sophom,
Linn. —— Cerlzcra Ilïanghas , Lim]. — Croton, Tzlglùtm, L.
—.DaiÃs aclandra, Lim]. — Ezqahorbzâ Tibamlli, Lim!. ;
E. neràfblia , Lili!]. — Excœcarz}1 Agallccha , Lim']. —
Jatmpha Curcm , Lim]. — Plumcrùz obtusa, Linn. -
Bzbùzus commun:} , Linn. — Tamarùzdus irzdzba, Lim].
10. ÉMÉ:¤1QU1;s.
./Isclepùzs giganlca , Linn. — Boerhaavia diandra, Lint].
— Czbca dzktzbha, Linn, — Crùzum aszbticum, Limit--
Justzbùt Gcndarussa, Lint'}. - Illûrzosa scandcm , Linn.
:1. ÉM0LL11:Ns.
Abrus recat01·1'us Lim]. — Acal ha h` ùla , Lim].
P 2 .7]] mp
(1) Ajoutez à cette liste une artemisia, un crotnn, un indigafëm, un
ruellla, un smilatz, un sambncus, in S. japonîca? cl. une Verbcsîna.
(sn) Ou sait que ce iemède agit ¢l’une manière mécanique. I
(3) Le pangi est un arbre des Muluques qui ne peut être encore rapporté
à une famille connue.

( z12_ )
mugissement et de tourbillons de fumée. Les intermîttences,
si Pon peut donner ce nom à de c0urtes_·inter1;uptions;
n’excèdent pas cinq secondes. Les Javanais redoutent
beauçoup le voisinage de ce volcan; qui forme d’immenses
mares d’une boue liquide ,· noirâtre et fétide. Nous avons
dit quîon en retîrait de Phydroçhlorate de soude.
Il y .a quelques mines de diamans à Java, mais,elles
sont abandonnées.

( .213 )
 
 
INSECTES DIPTER`ES I
DU NOHDL DE `LA FRANCE.
Plalypézzîzes, Dolzbhopodes , Empzïles , Hybotzkles.
Par J. NIACQUART.
DIPTÈRES TANYSTOMES. '
La grande tribu des Diptères Tanystomes, instituée
par M. Latreille , dans ses familles naturelles, comprend
les insectes de cet ordre, à antennes triarticulées , dont
le suçozï el les pzzdvex sont z'nsc'reÉs· très -prês de Forigùze
de la trompe , à Pentreîz de la cavale' buccale. Elle se dis-
tingue, par ce caractère, de la tribu des Athéricères ,
dans laquelle ces organes ont leur insertion à une distance
notable de la bouche. Il résulte de cette conformation
que chez les Tanystomes la trompe est ordinairement
plus saillante; elle est en même temps munie de quatre
et même quelquefois de six soies, au lieu de deux. Plus
longue et plus fortement constituée, elle donne plus
souvent à ces insectes la faculté de se nourrir de proie
et de se repaître du sang des animaux. Au développement
très—prononcé de la trompe se joint celui des autres parties
du corps. C’est ainsi que les antennes qui dans les Athé-
ricères sont assez fréquemment de deux a1·ticles distincts,
en ont ici généralement trois ; et le troisième se divise
dans plusieurs familles en plusieurs Usegmens qui cons-
tituent un plus haut degré de composition. Les pieds
sont souvent robustes, couformés pour saisir la proie;
et trois pelottes aux tarses accompagnent toujours l’orga-·

( 2.14 ) -
nisatio_n la plus développée. Les ailes , considérées sous
le rapport de la réticulation., obéissent à la même loi.
Elles présentent ordinairerrient le plus-grand nombre de
nervures qu’elles semblent comporter dans cet ordre.
Enlin les Larves même participent à cette espèce de~
progression. La tête au lieu d’être molle, sans forme
déterminée et pourvue seulement d’un appareil de succion ,
prend ordinairement la cofnsistance écailleuse ; et la bouche
se munit d’organes propres à broyer des alimens solides.
Elles difïèrent encore des Larves des Àthéricères en se
dépouillant de leur peau pour passer à l’état de nympbest
Cependant cette supériorité des Tanystomes n’est pas
toujours- aussi prononcée; elle est pen sensible dans
quelques-uns., se manifeste graduellement , et ne paraît
dans tout son développement que dans un petit nombre.
Ces Diptèresforment donc une série continue qui présente
divers degrés;d’organisation , ,et 'se lie·très-bien à qcelle
formée par les.Athéricères,_dont.elle n’est réellement que
la suite. Il n’en· est pas ainsi de la sectiouîdes Némocèresl,
ou Tipulaires, qui , supérieure à oellexdes Tanystomes,
doit les suivre.; mais dont le type est trop: ditïérent pour
que Pon n’aperç`oive pas une solution de.continuité.
La tribu que nous allons décrire contient la plupart -·
des familles de Diptèr`es* les plus remarquables , soit pa1·
la grandeur, soit par lesparticularités de la conformation
et des mœu1·s. Nous y trouverons les Dolicl1opes_ aux
riches couleurs métalliques; les Empides si bien organisés
pour saisir la proie; les Taons et les Asiles , ennemis
redoutables de nos bestiaux; les Anthrax aux ailes lugubres;
les Vésiculeux donthle nom n’exprime que faiblement la
biza1·1·erie de Porganisation ; les Stratiomes aw thorax
armé et do11t le.preniier âge se 'passe rlalisvleseaux;
les Leptis enfin qui reproduisent en granwle`psirtie,' dans

( 215 )
une de leurs larves, l’instinct si singulier du Fourmilion.
Les travaux de Fabricius , de MM. Latreille,iFallèn,
Wiedemann , et Meigen surtout, ont répandu beaucoup
de lumière sur ces insectes , et l’étude en est devenue
agréable par ·la `facilité de reconnaître les caractères.
Puissions—nous bientôt en dire autant des Athéricêres",
et particulièrement des Muscides qui, plus diiliciles à
distinguer entr’elles à cause des différences plus minu-
tieuses de`leurs organes, réclament une investigation plus
approfondie. M. Meigen a déjà rempli partiellement une
tache aussi ardue , et nous faisons des vœux pour qu’il
termine son excellent ouvrage. Celui de M. Hobineau-
Desvoidy, annoncé à-la—fois comme le premier essai
d’un jeune homme ,· et comme une production _extraor-
dinaire de Pobservation la plus approfondie unie à la "
patience la plus infatigable , achevera d’éclairer les obscu- ·
rités de cette partie de la science. ·-
· (Sm? le tableau syrzoptùjzw ) .. `

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( =¤7 )
PLATYPÉZINES ; PLATYPEZINJE, Fallèn , Meigen.
Dolzbhopodes , Latreille. ‘r
Caractère essentiel : Antennes de trois articles; troi-
sième sans divisions , comprimé en palette, Trompe
cachée; palpes cylindriques ou rènflés à Pextrémité. Tarses
postérieurs dilatés.
Corps oblong. Tête hémisphérique. Front linéaire dans
les mâles, très·large dans les femelles. Trompe retirée
dans la cavité buccale, épaisse, submembraneuse; tronc
court , cylindrique; lobes terminaux assez grands et
épais; lèvre supérieure très-courte, conique (la langue
et les soies n’ont pas été observées ). Palpes de deux
articles , en massue ou cylindriques. Antennes droites ,
avancées, insérées vers le milieu de la hauteur de la
tête; les deux premiers articles très-courts, presque
cylindriques; le troisième comprimé , ovale ou pointu/;
stylé terminal, de trois articles dont les deux premiers
sont très—courts et peu distincts, et ·le dernier long et
sétacé. Yeux d’un rouge brillant. Yeux lisses insérés sur
le vertex. `
Thorax sans suture , ovale; écusson presque quadran—
gulaire. Abdomen ovale ou cylindrique ; organe cdpulatéur
des `mâles peu développé. Pieds .de longueur médiocre ;,
postérieurs plus épais, à tarses plus ou moinsdéprimés.
Balanciers découverts. Ailes couchées; cellule médiastine
s'étendant jusque vers Pextrémité de l’aile; marginale
et sous-marginale atteignant l’extrémité; trois discoïdalesç
Pantérieure interne courte;~l’antérieu1·e externe un' peu
plus longue; la troisième longue ; trois ou quatre pos-
térieures; anale un peu allongée. (Pl. 1 ,_]îg. 1 , 2.)
Les Diptères Tanystomes qui se rapprochent le plus ;
des Athéricères sont ceux qui ont à-la-fois la trompe
terminée par des lèvres épaisses , et lesantcnnes à dernier

( 218 )
article, comprimé en palette. La famille des Platypézines et
celle des Dolichopodes offrent la réunion de ces caractères.
Leur organisation paraît plus simple que celle des autres
Tanystomes , et ces motifs me déterminent à les placer en
tête de cette section. Les rapports _de conformation qu’elles
présentent entr’elles ont porté M. Latreille à les com-
prendre_ dans la·même famille. C’est Fallen qui les a
séparées. Meigena suivi_ son exemple , et je crois devoir
adopter cettefclassification. En effet , ces rapports sont
te_llement aiïaiblis par les_diH`érences_ qui,les,/distinguent
dans leur habitus , et dans quelques-uns de leurslorganes _
en particulier, qu’il n’est guères possible de considérer
ces Diptères comme appartenant à la même famille
naturelle,. 4, ·.
Les principaux caractères qui séparent les Platypézines
des Dolichopodes consistent dans la forme des palpes ,
dans celle de Pabdomen et de Porgane copulateur, dans
la dilatation des tarses postérieurs et dans la réticulation
des ailes. La forme de la cellule médiastine et la distance
entre les bases de la sous—marginale et de la première pos-.
térieure., établissent une grande ressemblance entre: ces
ailes _et celles des Muscides ;"enIin le mode de' dévelopa
pement paraît différer également, les la1·ves vivant dans
les champignons. _» ‘ ' .
, Cetteipetite.fami_lle , remarquable par la beauté de.
quelques .espèces', u’est_ composée que de deux genres,
les Platypvèzes et les Callomyies. Meigen y a joint les
Qyrtornesrqui me semblent apparteninaux Empides. .· -

( 2l9 )
TABLEAU DES GENRES.
Troisième arliclc des antennes ovale ........... PLATYPÈZE.
Troisième article des antennes pointu .,.......· CALLOMYIE.
PLATYPÈZE ; PLA'rY1>EzA. '
Plaçypeza, Meig., Panzer , Fall. , Lat. fam. nat.- Doh-
clzopm, Fab. Syst. ant]., Lat. gen.
Palpes en massue, velus à Pextrémité. Troisième a1·ticle
des antennes ovale. Yeux d’un ro11ge sanguin. Thorax peu
élevé. Abdomen elliptique, assez plat. Tarses postérieurs
à articles à—peu-près d’égale longueur; les quatre premiers
élargis. Trois cellules postérieures. (PZ. 1,fîg. 1.) 'i ~
Le nom de Platypèze que Meigen a donné à ce genre,
indique le caractère le plus saillant de ces petits Diptères.
Les articles des tarses postérieurs sont singulièrement
aplatis et disposés en toit les uns sur les autres. Les
nervures des ailes présentent une disposition semblable
àrcelle que l’on observe dans le. gen1·e Psilope, parmi
les Dolichopodes, en conservant cependant la marque
distinctive de la famille.
Les Platypèzes se trouvent particulièrement dans lesî
haies, au lmois de septembre. Elles cou1·ent avec vitesse r
sur le feuillage. Suivant Fallèn , elles se développent dans
les champignons. , A .
1. PLATYPÈZE fascié; P. frzsciata, Meig., Fall. , Panz.
D’un gris clair. Abdomen à bandes noires. Balanciers
jaunes. ‘Pieds obscurs. F `
Dolichopgs ffiuciatus, Lat. gen. 4 , ZÀ92.; Fab. Syst. anti.- S
271 , 22. ' »
A T- - ' Long.` 2 l. ,
Thorax d’nn gris noirâtre. Abdomen d’un gris bleuâtre;
premier segment à bande noire à la base; suivans à
bande noire `au bord postérieur , élargie- au milieu et:.

( aw )
atteignant le/bord antérieur ; le dernier sans bande. Pieds
d’un brun testacé. Balanciers jaunes. Ailes légèrement
obscures. ,
Assez ra1·e.
2. PLATYPÈZE noir; P. alra, Fall., Meig. _
Noir. Balanciers et pieds noirâtres.
, Long. 1 l. ·
Front de la femelle d’un brun noirâtre. Balaucîers et
pieds d’un noir de poix; ailes hyalines ; la nervure pos·-
térieure dela cellule discoïdale interne s’étendant jusqu’au
bord interne de Paile. I.
Bare. V ‘
CALLOMYIE; CA1.r.oMY1A. ’
Callomyzîz, Meig. , Panz., Fall. , Lat. fam. nat., Wiede-
_ mann. - Dolzchopus, Fab. Syst. aut]; , Lat.` gen.
Palpes cylindriques. Troisième article des antennes
pointu.»Yeux d’un rouge ardent. Thorax élevé. Abdomen
allongé, cylindrique', comprimé , arqué; organe copn-
lateur appliqué sous le ventre. Tarses postérieurs à preniier
article aussi long que les autres réunis. Deux cellules
postérieures. (Pl. 1; fg. 2.ï) ·
' Les.Callomyies ont les tarses postérieurs rhoins dilatés
que les Platypèzes., etle premier article en est beaucoup ,.
plus long. Les palpes , les antennes ,· le thorax , Pabdomen,
les ailes présentent d’autrès caractères; mais ce qui dis—·
tinguesuïtout ces Diptères. c’est* la beauté à laquelle
ils doivent leur nom; ce sont les taches argentéeswlu
thorax let les bandes oraugées de Pabdomen qiil ïcorènt
les femelles. _ ` ·~ '
Ces insectes, très-rares partqutfvivent sur le feuillage
comme ·les»·Platypèzes, et ne paraissent également que
vers=la lin—de:l’été.·On ne connaît pas leur jeune âge; `mais
les nombreux rapports q1i’ils ont avec le genre précédent

( 221 ) `
fait présumer que les champignons nourrissent leurs
larves. , ,
CALL0M1·xE agréable; C. amœna, Meig.
Pieds jaunes; postérieurs noi1·s. Balanciers fauves. Ab-
domen noir (mâle); on : thorax noir à trois taches argentées_
Abdomen antérieurement fauve, postérieurement noir à
bande argentée (femelle).
Long. 2 l. i
Mâle : Noir. Pieds antérieurs d’un jaune de miel; cuisses
d’u11 brun noirâtre ; postérieurs d’un brun noirâtre.
Balanciers fauves. Ailes liyalines.   -
Femelle: Épistome et front d’un bleu pâle. Tliorax
noir; une bande arquée d’un bleu pâle argenté , de chaque
côté, et une troisième devant Pécusson , unissant les
autres; flancs de la même couleur; écusson noi1·. Les
trois premiers segmens de l’Abdo1nen d’un jaune orangé;
les quatrième et sixième d’un noir velouté; le cinquième
d’un bleu pâle argenté à ligne dorsale noire. Pieds anté-
rieu1·s fauves; postérieurs l]O]ll'S à cuisses fauvesr,
Bare. - ..
D0 LIC H OPODES ; Domcno Pom ; Latreille, Meigen,
Fallèn. . _ r
Caractère essentiel : Antennes de trois articles; troisième ,
sans divisions, comprimé en palette. Trompe peu sail-
lante; dernier article des palpes déprimé et_memlJ1·aneux.
Corps oblong , ordinairement d’un vert métallique. Tête
hémisphérique , déprimée ;, bords latéraux 'et linlférieurs
ciliés. Épistome étroit dans les mâles. Front ortliiiairement
assez large dans les deux sexes, un peu enfoncé ., à, sillon
longitudinal. Trompe peu saillante , submembraneuse, plus
épaisse etilapparente dans les femelles que dans les mâles ;
tronc (caulils) court, épais`, caréué e;..«1«S.0..s; lobes ter-
' I3

· ( 2.22  
minaux seuls saillans , allongés , lforizontaux , divisés par
une fente en—dessous. Lèvre supérieure large à sa base ,
pointue à Pextrémité, écliancréelen-dessous; langue subu-
liforme, pointue. Deux soies (mâchoires) suivant·Latreille ,
plus courtes que la lèvre supérieure. Palpes insérés à la
base de la lèvre supérieure , rapprochés , petits , de deux
articles; premier cylindrique, caché ; deuxième déprimé ,
membraneux, ordinairement ovale, recouvrantla base de
la trompe. Antennes insérées ordinairement aux deux tiers
de la hauteur de la tête , rapprochées, dirigées en avant ;
premier article obconique; deuxième cyathiforme , très-
court; troisième [de diverses formes , ordinairement com-
primé; style dorsal ou terminal. Yeux ovalaires, verts,
bleus ou pourpres. Yeux lisses insérés au vertex sur un
tubercule , accompagnés de plusieurs soies longues et
épaisses. '
Thorax sans suture , assez élevé, ovale , muni de fortes
soies; poitrine saillante; écusson hémisphérique. Abdomen
cylindrico-conique, comprimé latéralement vers l’extré- `
mité , pointu dans les femelles , termi11é dans les mâles par
un organe .copulateur très-développé, Héchi et appliqué
sous le ventre, composé: 1.° d’une base épaisse , cylindrique
ou ovale; 2.° de deux appendices tantôt tiliformes , tantôt
lamelliformes; 3.6 de deux autres appendices sétiformes,
' plus petites, quelquefois peu distinctes, situées entre les ‘
premières; 4.° d’une pointe cornée, insérée au bord anté- __
rieur et inférieur de la base. Pieds grêles , ordinairement
allongés ; hanches antérieures assez allongées , nues ; cuisses
ordinairement nues; `jambes munies de soies; tarses line-
ment velus; articles décroissant g1·aduellement de longueur;
deux ongles et deux pelottes très-petits. Cuillerorns petits ,
bordés de longs poils. Balanciers découve1·ts. Ailes couchées;
cellule médiastine très-petite, à la base de l’aile , et fermée;

( :iz3 )
marginale s’étendant depuis la base jusques près de l’ex-
trémité, droite et étroite; sous-ma1·ginale semblable à la
marginale , prenant naissance à Pextrémité de la discoïdale
externe; deux discoïdales; l’externe très—pelite et étroite,
ne s’étendant querjusques versule sixième de la longueur de
l’aîle; l’interne longue, triangulaire , s’étendant depuis la
base de l’aile jusqu’à la moitié au moins de la longueur;
ordinairement trois postérieures; la première superposéwe
à la discoïdale externe , semblable à la sous-marginale ., à
nervure interne ordinairement lléchie vers les deux tie1·s de
sa longueur ; la deuxième superposée à la cliscoïdale interne,
en trapèze, élargie à Pextrémité; la troisième superposée
à l’anale; anale fort petite et fermée. (Pl. 1 , fg. 3-8.)
Les Dolichopodes sont de petits Diptères remarquables
par l’éclat de leurs couleurs, par la délicatesse de leur
organisation , par la vivacité de leurs mouvemens et par la
profusion avec laquelle la nature les otïre à nos yeux.
Rarement nous arrêtons nos regards sur le feuillage d’un
arbrisseau sans voir un de ces petits êtres , brillant comme
une éméraude enrichie d’or , animer la scène par l’agilité
de sa course , et nous charmer par sa beauté. Voisines dela
_ famille précédente , et se rapprochant comme elle des
Atliéricères par plusieurs rapports , elles appartiennent aux
Tanystomes par l’insertiou du suçoir et des palpes à l’entrée-
de la cavité buccale. Je considère ce suçoir, ainsi que M.
Latreill-e, comme composé de quatre pièces , quoique llexi
trême ténuité de ces organes , et la elitiicul-té de les séparer
soient telles que je n’ose·rais affirmer les avoir bien 'vues, et
que Meigen rapporte n’en avoir reconnu que deux , en con-
venant toutefois qu’il peut y en avoir quatre. La trompe
ordinairement peu saillante , mais s’allongeant quelquefois
en tube, établit alors une autre ressemblance avec les
familles suivantes, et Phabitude de se nourrir de proie y
est encore conforme.
\

( M4 )
Les rapports que les Dolichopodes présentent avec les
Athéricères', et particulièrement avec les Muscides , cou-
sistent dans le système réticulaire des ailes , plus simple
que dans les autres Tanystomes; dans la forme de palette
que prend le troisième article des antennes ; dans l’insertiôn
souvent dorsale du style qui Paccompagne. De plus, les
larves ont la tête charnue et de‘ forme variable. Cette famille
me paraît donc servir de t1·ansition entre ces deux grandes
sections des Diptères , quoiqu’elle se _lie mal avec celles
entre lesquelles je crois devoir la placer pour former la série
linéaire. M. Latreille , en la mettant entre les Leptides et les
Asiliques , me semble l’avoir placée trop haut dans l’éclJelle
des êtres, et Meigen , trop bas, en la raugeant entre les
Conopsaires et les Syrphies. i
Autant les Dolicbopodes olîrent de diliicultés â les coor-
donner aux autres Diptères , autant ils se lient étroitement
entr’eux, malgré les nombreuses modifications que pré-
sentent leurs organes. La longueur de leurs pieds qui leur a
donné leur nom; les belles couleurs métalliques dont ils
sont ornés; ,la conformation des lobes qui terminent leur
trompe ; 'celle de leurs palpes , et le développement exté-
1·ieu1· de l’organe copulateur des mâles forment un ensemble
de caractères communs à tous, que l’ou ne trouve réunis
dans aucun autre'Diptère. En effet, les lobes terminaux
de _la trompe qui sont ordinairement réunis ,en-dessous
par une membrane, sont ici divisés dans toute leur con- J '
vexité, et peuvent librement se dilater et s’ouvrir. Cette
anomalie est peut-être moins grande `qu’elle ne paraît
l’être : en comparant ces lobes ,à ceux de la trompe des
Empides, par eiçemple, _on peut croire que la'partie divisée,
qui est toute supérieure dans ces dernières,,'se courbe dans
les··D_olicl1opodes , devient antérieure et même inférieure,
tandis, que la partie, réunie par une membrane y est réduite
K

( 2.25 )
à pen de chose. Les palpes , par leur forme foliacéc , par
leur nature presque cornée, et par·lenr position qui leur
donne souvent Papparence d’une=.lèvresupérieure bifide ,
ne ressemblentà aucun de ces organes connus, et changent
même de destination. L’appareil copulateur n’est gnères
moins extraordinaire , et l’0n ne voit que dans cette famille
ces larges serres armées d’ongles recourbés qui ne donnent
sans doute tant de moyens à l’un des sexes que pour vaincre
une résistance également forte dans l’_autre.·· r
Plusieurs des organes qui ont cles rapportsplus ou
moins intimes avec ceux des autres familles, ont cependant
un caractère qui leur est propre. C’est ain·si que la réti-
culation des ailes, quoique semblable au premier abord
à celle d’uu grand nombre de Muscides, en diffère par
la forme des cellules médiastine et `anale,‘et par les bases
toujours réunies des sous-marginale et première postérieure.
Les modifications que présente l’organisation des Doli«
chopodes, en atïectent plus ou moins toutes les parties
et même ]’hal>itus , tantôt un peu épais _et·ramassé , mais
le plus souvent svelte et plein de légéreté. Le·vert mé-
tallique qui les colore prend toutes lesrnuances; il se
combine avec le pourpre, l’or, l’azur, pour produire
les effets les plus brillans. Dans quelques espèces un léger
duvet vient en amortir l’éclat; dans d’autres, une épaisse
couche d’argent cache un fond non moins riche. Le gris
de perle qui revêt les flancs s’étend plus ou moins sur
Pabdomen en se fondant avec le vert. Quelquefois le corps
semble couvert de 1’acie1· le plus poli. Enfin, dans un
petit nombre d’espèces, toute cette beauté disparaît, et
l’on aperçoit à peine une légère·teinte métallique sur un
fond gris ou jaune. , r
Chaque organe se modifie également. Les antennes,
toujours la partie la plus changeante de l’organisation,·

( 226 )
varient dans la forme du troisième article, rond dans
les uns, ovale dans d’antres K et quelquefoisallongé. Le
style, tantôt dorsal, tantôt `apical, formé d’un ou de
deux articles de diverses dimensions, se singularise dans
le sybistrome nodicorne par un renllement à l’extrémité. I
de chacune de ces parties. La trompe`est toujours plus
épaisse et plus saillante dans les femelles. Elle s’allonge
en` tuyau, cylindrique dans l’Orthochile et dans une espèce
de Dolichope.· Les yeux, quelquefois velus comme ceux
de quelques autres Diptères, sont tantôt contigus dans
la partie supérieure, tantôt dans Pinférieure, et souvent
séparés par 'le,front ou par Pépistome, surtout dans les
femelles. Uorgane copulateur des mâles se diversifieupar
la présence ou Pabsence des serres écailleuses, ou par le
nombre et les dimensions des filamens qui entrent dans"
la composition dezcet appareil. Dans le Médétère orné,
Pabdomen , » excessivement court, est terminé par deux
membranes creuses, boursouflées et fort extraordinaires.
Les ailes olïrent peu de variété dans la disposition des
cellules. Le` genre Psilope a une nervure de plus qué les
autres. La flexion de l’externo—médiaire est plus ou moins
sensible, et paraît déterminée le plus souvent par un
point convexe à la surface supérieure , concave à l’in—
férieure, que je n’ai observé dans aucune autre aile de
Diptère. Dans le genre Hydrophore , la flexion et le point
convexe disparaissent entièrement. Les pieds enfin se
modifientplus que les autres organes, et ils ont beaucoup
de rapports avec ceux des Empides. Les tarses s’allongent
en s’atténuant dans les uns, s’épaississent dans d’autres;
une partie de leurs articles prennent la forme de disque,
de fuseau, de massue; ils se garnissent de cils,.s’épa-
nouissent en plumasseaux. Dans quelques—uns, les jambes ’
sont bizarrement contouruées; mais toutes ces singularités

( 227 )
n’appartiennent qu’aux mâles. Les pieds prennent alors
de nouvelles destinations, et deviennent sans doute auxi-
liaires de l’organc copulateur.
Les habitudes de ces insectes, qui sont peu connues,
laissent entrevoir quelquesrdilîêrences analogues à celles
de leur organisation: Le plus grand nombre vit sur le
feuillage des taillis , des buissons et des plantes herbacées;
d’autres courent sur le tronc des arbres , sur la terre,
sur les murs humides. Ils y montrent beaucoup ^d’agilité,
et j’en ai vu qui marchaient en arrière et de côté avec
beaucoup d’aclresse. Quelques-uns se posent sur les lieurs
et se nourrissent de leurs sucs. Les autres paraissent vivre
de proie en faisant la chasse aux petits inseçtes.`Cependant
les especes nombreuses qui fréquentent le feuillage ne se
montrent jamais occupées de ce soin, et c’est vraisem-
blablement au vol qu’elles chassent, comme beaucoup
d’autres insectes. Quant à celles qui habitent les troncs
des arbres et les murs, on les voit poursuivre leur p1‘0lB
en courant, et deux observations remarquables faites ,
l’une par M. Latreille, l’autre par Fischer, directeur de
Pacadémie impériale de Moskou, nous apprennent de
quelle manière elles en font leur nourriture. Ces savans
naturalistes ont vu le Médétère muselier dilater et ouvrir
les lèvres de sa trompe pour y introduire un acarus
qu’il semblait avaler; ce que l’on ne pourrait admettre
qu’en méconnaissant non-seulement les lois de l’analogie,
mais encore Pimpossibilité physique qu’apporterait à cette
manière de se nourrir l’existence du suçoir qui ne permet
le passage dans Pœsophage qu"aux matières fluides. L’on
ne peut donc douter que la nutrition ne s’opère de la
manièrepropre aux autres\Diptêres; et il. est três-pré-
lsnmable que la faculté accordée aux Dolichopodes d’in—
troduire leur proie dans l,llltél'l€'Ul" dc leur trompe, n’est

( 228 )
autre chose qu’un moyen de la mettre à portée du suçoir,
et_ de l’assnje|tir,"de sorte qu’ils puissent en tirer toute
la substance et en rejeter ensuite les P2.1‘tl€S solides. Au
surplus,'il’on ne sait pas si cette manière singulière de I
se nourrir est commune à d’autnes Dolichopodes; mais
cela me paraît` probable 'par la raison que je me suis
assuré q11e tous ces Diptères ont, comme le Médétère
inuselier, la faculté d’0uvrir les lèvres de leur trompe.
Ces Diptères paraissent depuis le mois de mai jusqu’en
0ctob1·e ; quelques-uns n’ont qu’une existence très·1imitée ;
d’autres se montrent d’abord dans les premiers j0u1·s du
printemps,'et une seconde fois en automne, cé qui indique
alors deux générations dans la même année. Nous les
voyons très-rarement accouplés, et il est probable qu’ils
s’unissen‘t dans les airs.
Nous ·ne connaissons, sur le développement de ces
insectes, que les observations faites par Degeer sur le
Dolichopode à crochets. Elles ne présentent rien de parti-
culie1·. Les larves sont terrestres, vermifo1·mes, à tête de
forme variable comme celle des Athéricères. Les nymphes ,
plus courtes , laissent apercevoir sous leur enveloppe toutes
les parties de l’insecte adulte. .
Comme les Dolichopodes ne sont communs que dans
les lieux frais et ombragés , on peut conjecturer qu’ils
ont besoin d’une terre humide pour leur développement.
(Test peut—être par la même raison qu’ils paraissent appar- .
tenir au Nord; car, de toutes les espèces européennes
décrites parlVleigei1 , aucune n’est prop1·e au midi, tandis
que les régions septentrionales en foisonnent. M. Von-
wiuthem, de Hambourg, excellent observateur, lui en a
fait connaître. un grand nombre d’espèces des bords dè
la mer Baltique. -Il a eu aussi la bonté _de m’en commu-
niquer plusieurs qui m’ou`t otfert beaucoup de rapports
avec celles du nord de la l·`ranc,e.

( 229 )
TABLEAU SYNOPTIQUE DES GENRES. )
, Style des an-
tennes api- `
cal ......· . . .... CHRYSOTE.
Stylc des an- ‘
3; auiclc tenncsinséré
des antennes PRS de la i
a1.mndî_ base. . · · ..... · · · DIAPHORE.
~ i Style tles an- .
tenttcsinsérê ’
Près clel`ex-
Organe trémité .......· F · PSlLOPE.
copulatettr
des mâlfë Sfartielecles '
En atzpencltccs antennes
üt¤f¤¤¤e¤· pointu ........... rommïnogg,
l Style des nn-
3.* article Bfartîcledes tenues apl-
des antennes antennes Cal' ‘ ` ' ' HYDROPHORE
. ovale . ovale arron- S _] d
ou allongé. <li. ..... tb E ES lm.
· tetttlcâ clor-
sal. . .... MEDÉTÈRE.
Sfarticledes ·
antennes ,
» . lbrtallongê. . · . . . . . . ÃRHAPHIUM.
Sfarticledes `
antennes nl-
Iongé. Style
biarticulé. .... . .... SYBISTHOME.
Trompe
Organe courte- Bfartîcle des
copulateur amcfmcs
des mâles cordtfornte.
à nppemlices 4 Slylc S““'
Mme], ple. ..... . . . . . . . DOLICHOPE.
liformes. '
Trompe
allongée ...... . . . . . . . . .... ORTOCHILE.

( 230 )
CHRYSOTE; Cumcsorvsr
Chrysotug, Meig. — Dolichopus , Wiedemann`. — JVIu.sca ,
Fabricius.
Epistome des mâles presque nul; celui des femelles assez
large. Front s’élargissant vers le vertex. Palpes ovales,
ciliés. Troisième article des`antennes rond, velu; style
apical, allongé, incliné , nu à la base, velu vers l’ex—
trémité.
Organe copulateur des mâles replié et_cacl1é dans une
rainure du ventre; appendices extérieures courtes, lili-
formes, velues. Pieds assez courts; cuisses postérieures
comprimées; jambes peu garnies de soies. Ailes diver-
gentes; nervure interne de la première cellule postérieure
parallèle à l’externe. ( Pl. 1 , fig. 3.)
Suivant l’0rdre ordinaire que nous offre la nature, les
caractères propres à une famille ne se présentent inté-
gralement que dans une partie des genres dont elle est
composée. Ils s’oblitèrent dans lesautres en se rapprochant
de ceux des races voisines, et en concourant ainsi à cette
progression que nous admirons dans la chaîne des êtres.
(Pest pa1· cette raison que nous commençons la description W
de nos Dolichopodes par le genre Chrysote , etlque nous
la terminerons par les Orthocliiles, formant ainsi une
série ascendante avec les genres intermédiaires, dont les
places respectives se coordonnent d’une manière plus ou
moins satisfaisante aux deux extrémités. I
Les Chrysotes sont les plus petits des Dolichopodes.
Leur faciès dilîèrei de celui des autres membres de la
famille, particulièrement par le peu de longueur des pieds
et par la position divergente des ailes, ce qui leur donne
l’apparence de petites mouches.i L’organe copulateur des
mâles, si compliqué dans la plupart des autres genres,
paraît fort simplifié, réduit à des dimensions fort exiguës ,

( 231 )
et renfermé habituellement dans une rainure du ventre.
Cependant on distingue les deux appendices filif`ormes que
nous retrouverons plus développées dans les genres suivans.
Les Chrysotes diffèrent encore des autres Dolichopodes
par la nullité de Pépistome dans les mâles. Le troisième
article des antennes, arrondi comme dans les Diaphores
et les Psilopes, se distingue par l’insertion apicale du style.
Enfin, la nervure interne de la première cellule postérieure
des ailes n’est nullement fléchie du côté extérieur, comme
dans la plupart des autres genres.
Ces petits Diptères sont fort communs depuis le mois
de mai jusqu’au mois d’aoùt sur le feuillage. Ils y courent
'avec agilité et appliquent souvent leur trompe sur la sur-
face, paraissant suce1· la miellée qui y est·1·épandue. Ils
y brillent des plus riches reflets. Ce sont de petites éme-
raudes vivantes dont la vivacité des mouvemens accroît
encore l’éclat des couleurs. Ils doivent leur nom·à la
richesse de leur livrée. ‘
1. CH11¥S0'J3E négligé; C. neglcclus, Meig.
D’un vert doré. Pieds fauves; tarses noirs.
Dolzbhopus ncglectus , Wiedem. Zool. Mag. 1 , 74 , zz.
Long. 1 } l.
Mâle: d’un vert doré vif`. Épistome un peu distinct
vers les antennes. Antennes noires. Yeux d’un vert doré
à reflets d’un bleuâtrc clair. Côtés du thorax d’un cendré
bleuâtre. Pieds d’un fauve clair; tarses obscurs; hanches
antérieures blanchâtres; postérieures cend1·ées. Balanciers
blancs. Ailes hyalines à reflets irisés. "
Femelle : Épistome assez large , blanchâtre. Cuisses
antérieures à moitié postérieure d’un noir métallique.
Assez rare. _
2. CHRYSOTE abondant; C. copiosus, Meig.
D’un vert adoré. Pieds noirs; jambes fauves. ,

( 232 )
Long. 1 àl.
Semblable au précédent. Cuisses d’un11oir métallique;
tarses bruns; jambes fauves; postérieures d’un brun noi-
râtre dans les mâles seulement. -
Fort commun 'aux mois de juillet et abût.
3. CBRYSOTE nigripède; C. nrgrqjves, Meig. ·
D’un vert doré, ou d’un bleu d’acier. Pieds 11oi1·ât1·es`; _
jambes testacées. I
Dolzbhopur uigràzes, Fab. Syst. antl. 269 , 12.
Jtfusca nzgrzpes, Fab. Ent. syst. 4, 341 , 122. .
 -——- Geotl`. N.° 56.
~ Long. 1 l.   .
Mâle : D’un vert d0ré.Épist0me nul`. Front vert. Cuisses
d’un vert métallique noirâtre; jambes et tarses ?1l`lté1`i€lll'S
testacés '; postérieurs noirâtres.
Femelle : D’un vert doré olivâtre. Épistome blanchâtre.
Front olivâtre. .
Commun au mois de juillet.
4. CHPJSOTE lœsus; C. lœszrs, Meig. -
D’un bleu (l,3.CiCl‘. Pieds iioirâtres'.
Dolzbhopus lœsus, Wiedem. Zool. Mag. 1 ., 75, 21. ‘
Long. 1 l.
Mâle : Dessus du thorax et de l’abdomen ¢l’1m bleu violet
à reflets verts; côtés d’u11 vert bleuâtre. Cuisses noires
à reflets verts; jambes et tarses noirâtres.
Femelle : Épîstome blanchâtre. '
Assez rare. "
.5. CHBYSOTE cuivreux; `C. czqarezzs, Nobis.
D’un vert cuivreux. Pieds noirs. - " _
É} Long. 1 , 1 §l. — · A
Mâle : Yeux verts à reflets cuivreux. Fl'0l]tZ vert. Thorax
cl‘un ve1·t cuivreux; partie posté1·ie1u·e `et écusson sans
reflets rouges; côtés ardoisés. Abdo111eu d’1m vert cuivreux.

( 233 )
Pieds noirs à reflets métalliques; lianches antérieures
d’un jaune pâle à reflets obscurs. Balanciers d‘un jaune
pâle. Ailes légèrement obscures. —
Femelle : Palpes et épistome d’un gris blanchâtre. Thorax
d’un vert légèrement cuivreux. Abdomen vert sans reflets
cuivreux. Hanches antérieures noirâtres ; deuxième article
jaunâtre.
Fort commun au mois de mai, dans les haies.
6. Cnnxsowa bicolor; C. bzbolor, Nob. A
Thorax d’un bleu violet. Abdomen et cuisses d’un vert
métallique; jambes fauves. ·
Long. % l.
Femelle: Épistome et thorax d’un bleu violet. F1·ont,
abdomen et cuisses d’nn vert métallique. Second article
des hanches fauve, ainsi que l’extrémité des cuisses et
les jambes.
Bare.
DIAPHOBE ; Dmrnohus.
Diaphorus , Meig. 4
Épistome assez large. Front très-court et triangulaire
dans les mâles. Palpes fo1·t petits et ciliés. Antennes insérées
au tiers de la hauteur de la tête; troisième article patelli-
forme, arrondi, velu ; style assez long, dorsal, arqué,
velu. Yeux eontigus sur le front.
Organe copulateur des mâles peu saillant; appendices `
extérieures filiformes, courtes, velues; nervure interne t
de la p1·emière cellule postérieure des ailes nullement
fléchie. (Pl. 1 ,fg. 3.)
Les Diapbores ont, comme les Chrysotes; un .·caractère
qui les distingue de tous les autres Dolichopodes; c’est
l’insertion beaucoup plus basse des antennes. Ils sont
d’ailleurs voisins du gem·e précédent, et n’en diffèrent
que par la position parallèle des ailes , par l’insertion

( 234 )
dorsale du style des antennes et par la situation des
yeux. Tandis que dans les Chrysotes, ces organes sont
contigus sous les antennes, dans les mâles , et séparés
en-dessus par un large front ; cîest le contraire dans les
Diaphores. L’épist0me est large et le front réduit à un
petit espace triangulaire où se trouvent les yeux lisses.
C’est de cette disposition insolite dans les Dolichopocles
que M. Meigen a tiré le nom de ce genre.
Ces petits insectes diii`èrent encore des Chrysotes par
leurs couleurs fort rembrunies , malgré quelques reflets
métalliques. Les yeux sont d’un très—beau pourpre] Nous
trouvons les Diaphores dans les bois.
1. DLAPHUBE ceinture jaune ; D. flavocùzctus , Meig. y
Long. 1 Q-l. _
Mâle : Noir â reflets verdâtres. Épistome noi1· à reflets
blancs. Antennes noires. Deuxième segment de l’abdomen
et quelquefois_la base du troisième d’un jaune rougeâtre
transparent. Pieds antérieurs fauves, à cuisses noires ,
fauves à l’extrémité en-dessous; intermédiaires fauves a
moitié antérieure des cuisses noire; postérieurs noirs à
moitiéantérieure des jambes fauve ; wpelottes `· cles tarses
antérieurs plus grandes. que .celles des postérieurs. Ba-
lanciers blaucsa Ailes d’un brun rougeâtre pâle. '
Assez rare. . _ , _ I
2. DIAPHOBE bimaculé; D. Izzinaculatus, Nob.
· D’un ·vert métallique obscur. Deuxième segment de
l’abdomen,à,tache;jaune de chaque côté. ’ s
Long. 1 f l. · .. J ·
· Mâle: Épistomeg noir. à reflets blancs. Thorax d’un
vert métallique. Ab.domen noir à reflets verts ; lune tache,
jaune de chaque côté du deuxième segment. Pieds fauves;
hanches noires; cuisses antérieures noires à moitié pos-
térieure fauve en—dess0us; postérieures noires; jambes-

( 235 )
postérieures En extrémité noire; tarses antérieurs à extré-
mité obscure; postérieurs entièrement noirâtres. ·
Je ne l’aî trouvé qu’une seule fois. '
PSILOPE; Psuorus.
· Psilopus , Megerle , Mei g. — Dolzbhopzm, Fab. , Wiedem.
Epistome ordinairement large dans les deux sexes.
Trompe assez saillante. Palpes ovales , élargis vers l’extré-
mité, ciliés et munis d’une soie. Troisième article des
antennes patelliforme, velu; style dorsal, inséré près de
Pextrémité, long, incliné et velu. (
Abdomen long et menu; organe copulateur des mâles
à base épaisse, cylindrique: appendices extérieures fili-
formes, quelquefois dilatées à leur base. Pieds fo1·t longs
et menus dans les; mâles; hanches et cuisses antérieures
ordinairement munies d’un rang de soies; jambes presque
nues. Quatre cellules posté1·ieures aux ailes`; nervure interne
de la première bifurquée vers l’extrémité , très—flécl1ie et
se rapprochant fort de l’externe au bord postérieur;
deuxième formée de cette bifurcation , courte et large;
troisième comme la seconde dans les autres Dolichopodes.
(Pl.1,_fg.  » .
Les Psilopes se rapprochent des deux genres précédens
par la forme brève et arrondie du troisième article des
antennes; ils ont également les appendices de- l’abdomen
Iiliformes, mais beaucoup plus saillantes et développées.
Cependant leur abdomen et leurs pieds, longs et menus,
leur donnent un faciès très-dilïérent; et les nervures de
leurs ailes présentent une modification qui ne se ren-
contre dans aucun autre genre de cette famille. La nervure
qui sépare les deux cellules postérieures se hifurque à
l’endroit où elle fléchit ordinairement, et forme ainsi
une nouvelle cellule, ce qui donne aux ailes une dispo-
sition semblable à celle des Platypèzes et de quelques
Pipuncules. _

( 236 )
Quoique les Psilopes soient peu nombreux en espèces,
leur organisation se modifie sous plusieurs rapports. La
tête et Pépistome s’élargissent plus ou moins. Les ailes
se dilatent quelquefois d’une manière inusitée. L’organe
copulateur des mâles présente des appendices extérieurs
tantôt assez courts et terminés par deux petits crochets, ·
tantôt fort longs, très—velus et munis près de leur_basc
d’une expansion a1·mée de pointes. Les pieds ditïèrent
·encore entr’eux. Les hanches et les cuisses antérieures ,
nues dans les uns, se munissent dans les autres d’un
rang de soies roides qui paraissent défendre les approches
du corps, ou d’une touffe de longs Hlamèns qui 1·ap—
pellent assez. bien la mode des engageantes de nos aieules.
Les tarses antérieurs ont quelquefois le quatrième article
très—élargi du côté extérieur et bilobé; d’autr€$ fois les
troisième et quatrième articles des t:u·s`es intermédiaires '
s_ont rentiés et d’un blanc de neige, terminé de noir.
Les mâles sont plus grands que les femelles. , ·
Ces `diverses particularités de leur conformation , lia
délicatesse extrême de leurs organes et l’éclat de leurs
couleurs légèrement amorti_par un duvet soyeux, font
de ces petits êtres des mignatures charmantes où la nature
s’est complue à réunir, le fini le plus précieux à tout le
brillant de sa palette.
Leur nom, qu’ils doivent à Megerle, a rapport à leurs
jambes nues , ltognparées à celles, ordinairement velues,
desiautres genres çle cette famille, .· _.
g, PSILOPE platyptère; P. plutyplera, Meig.,   .. ·
. Tête blanche. Pieds pâles. (Mâle) : tarses intermédiaires
à extrémité blanche et noire. Ailes/larges. ,  
Sagyra_plal_y;Jtcjrja;, Mcig. KI. ` '   _·r
Dolichopzgs platypterus, Fab. Syst. antl.'27o. zo., _- .»
_ ·   . q ,. ,_·Long. 2.-:-1.. V ,- ,.,;

( 237 )
Mâle: d’un vert métallique. Palpes et épistome blancs;
ce dernier étroit, s’élargissant vers les antennes. Front
blanc. Antennes d’un jaune pâle; dernier article et style
obscurs. Yeux bruns à reflets violets. Thorax violâtre à
rellets grisâtres et trois lignes vertes. Abdomen à longs
poils;,appendices de l’organe_ copulateur assez courtes,
épaisses , velues. Pieds d’un jaune pâle; intermédiaires et
postérieurs fort allongés; hanches antérieures blanches,
munies antérieurement d’un rang de soies; cuisses anté-
rieures munies d’une toutïe de poils à llextrémité en-
dessous; troisième et moitié antérieure du quatrième
article des tarses intermédiaires blancs; le troisième un
peu élargi; moitié postérieure du quatrième et le cin-
quième noirs; jambes postérieures obscures avec la base
et l’extrémité pâles. Balanciers d’un jaune pâle. Ailes étroites
à la base, très-larges à l’extrémité.
Femelle: trompe et palpes roussâtres; épistome et front
d’un gris blanchâtre. Yeux d’un vert doré..Abdomen moins
brillant; poils très-courts. Pieds moins longs, entièrement
jaunes; hanches antérieures en—devant et cuisses antérieures
en-dessous munies d’un rang de soies. Ailes de largeur-
médiocre. ;
M. Meigen , qui décrit la femelle, ne parle pas de ces
soies, quoiqu’il en fasse mention dans la description
d’autres espèces. _
Assez commune aux mois de mai et de juin.
2. PSILOPE nerveux; P. nervosus, Meig. ‘
· Nervure postérieure de la cellule discoi'daIe"interne
des ailes fort arquée. (Mâle) : tarses antérieurs bilobés à '·
Pextrémité. 4
Dolzbhopu.s·"nerv0sz¢s, Lehmann. Dissert. 4o.·
-_ Long. 3 l. '
Mâle : d’un vert doré brillant à duvet jaune. Tête large,
~ 16

( 238 )
déprimée. Trompe et palpes jaunes. Epistome et front
très-larges, blanchâtres, à reflets verts. Antennes fauves;
extrémité du troisième article brunâtre.¢Abdomen couvert
de poils longs, soyeux, jaunes; b0!`(l>POSlÃél`l€U1' des
segmens noirâtre; organe copulateur noir; les appendices
extérieures fort allongées, couvertes de poils longs et fins
(paraissant flexibles et charnus), munies prés de leur _
base inte1·ne d’ùne saillie armée de deux pointes. Pieds
d’un fauve clair; hanches blanchâtres; antérieures ciliées
des poils blancs du côté extérieur; cuisses antérieures
munies à leur base d’une toulfe de longs` poils blancs
du côté inférieur; tarsesbrunâtres; premier article dés
antérieurs fort allongé; quatrième noir, fort court,
dilaté et bilohé. Nervureinterne de lapremiêre cellule
postérieure des ailes onduleuse; son prolongement qui
forme la deuxième cellule postérieure court et finissant
loin de Pextrémité de l’aile; nervure postérieure de la
cellule discoîdale interne fort arquée. ‘ . _ `
' Femelle moins brillante; La partie brune des antennes
plus grande. Pieds simples; hanches jaunes. "·
Bare.   · .
3, PSILOPE pleureur; P. Zugens, Meig.
Pieds roussâtres; tarses obscurs; hanches et cuisses
antérieures à poils en-dessous. ' ,§ ,
Long. 2. l. \ _   _,
Mâle : d’un vert doré brillant, a duvet jaune. Epistome
et front blanchâtresn à reflets verts. Antennesjaunes êt-
troisième article noir. Tliorax d’un'vert doré ‘à reflets
bleus. Appendices extérieures de l’organe _copulateur assez
courtes. Pieds d’un fauve clair; hanches intermédiaires
et postérieures d’un gris clair; cuisses antérieures `munies-
d’un rang de soies en-dessous; tarses obscurs. »
Feinelle': long, 1 Q l.- Hanches jaunes. ` ` ,
Assez rare, à la fin de juin, dans les prairies. À

( 239 >
4. PSILOPE triste; P. çozztrirtmzs , Meig.
Abdomen d’un vert cuivreux ; bord antérieur des
segmens obscur. Pieds pâles. (Mâle) : quatrième article des
tarses antérieurs à extrémité bilobée,'noire.
Dolzbhopus cozztrzklarzs , Wiedem. Zool. Mag. 1 , 72 , rg.
— Long. S l.
Mâle: D’un vert métallique. Trompe et palpes d’un
fauve pâle. Épistome d’un 'blanc argenté. Front d’un
gris verdâtre pâle. Antennes fauves; troisième article
noirâtre en-dessus. Thorax fond vert doré, revêtu d’un
duvet gris olivâtre. Abdomen d’un vert métallique peu
luisant; souvent le bord antérieur des segmens d’un brun
violet et le postérieur roussâtre   appendices fauves. Pieds
d’un fauve pâle. Hauclies antérieures blanchâtres; qua-
trième article destarses antérieurs noir , à base fauve,
muni extérieurement d’uu appendice noir , ovale et COIII-
primé, inséré vers le milieu de l’article, et s’étendant
jusques vers l’extrémité ; pelottes très-petites , blanchâtres ;
tarses postérieurs noirs; premier article fauve. Balanciers
jaunes. Ailes liyalines; nervure transversale droite.
Femelle : Épistome d’un gris olivâtre. Abdomen sans
bords bruns. Pieds simples. "
Bare. Un individu mâle que j’ai reçu de M. Vonwinthem
a l’abdomen assez velu; ceux de ce pays l’ont nu.
PORPHYROPS ; Ponrnïnors.
Porpîryrops , Meig. — Dolzbhopus A, Lat. , Fab. , Wiedem. -— V
]lIu.x·ca , Cmel. ‘
' Épistome des mâles étroit.Front enfoncé. Palpes arrondis,
fO1`t ciliés. Troisième article des antennes comprimé,
plus ou moins ovale , pointu; style inséré àl’extrémité
ou·près de l’extrémité , allongé, incliné, velu. Yeux
velus. A
Organe copulateur des mâles à base courte; appendices

( 240 )
extérieures filiformes, velues du côté extérieur; deux
autres petites appendices lamelliformes, cornées, oblongues,
nues, situées sous les premiers. Pieds de longueur mé-
diocre; nervure interne de la première cellule postérieure
des ailes ordinairement fléchie. (Pl. 1 ,_jîg. 7.) ,
Après avoir décrit les Dolichopodes dont le troisième
article des antennes est arrondi, toutes les autres vont
nous olïrir cet article ovale plus ou moins allongé. Celles
qui se rapprochent le plus des précédentes sont les
. Porphyrops. Meigen, qui a institué ce genre, lui a
assigné pour caractères la forme pointue du troisième
article des antennes, le style d’une seule pièce qui Pac;
· compagne et les yeux velus. Cependant le premier s’aifaiblit
dans qu’elques—uns; le second me paraît peu exact, ayant
aperçu dans d’autres deux articles au style; et le troisième i
n’est guères plus propre à distinguer ce genre, par la
raison qu’il n’est pasapparent dans les petites espèces.
ll en 1·ésulte que les Porphyrops, tels que les a carac-
térisés leur fondateur, se- confondent quelquefois avec
le genre Médétère; et je crois devoir proposer un léger i
_ changement dans la circonscription de ces deux genres,
alin d’éviter cette confusion. Meigen a subdivisé les
Porphy1·ops `en trois sections, d’après les diversesinser-
tions du style desantennes, à Pextrémité, ou près de
Pextrémité , ou à la base du troisième article. En reportant
cette dernière section parmi les Médétères dont le style
est également dorsal, ces deux genres me paraissent dis-
tingués par un caractère plus constant, moins difficile
. à apercevoir; et de plus, les espèces que comprend cette »
troisième ·section 'sont précisément celles qui, par la
forme du troisième article des antennes et par leur faciès,
ont le plus de rapports avec ce dernier genre.
Les principales espèces de Po1·phyrops joignent aux

( Mu )
riches couleurs qui ornent toute la famille , une nouvelle
parure dont l’éclat ajoute encore à leur beauté; c’est une
espèce de glacis d’un blanc satiné qui revêt, soit l’ab—-
domen seul, soit tout le corps, et dont les reflets
argentins se mêlent de la manière la plus agréable au
vert doré qui les décore. La belle couleur pourpre de
leurs yeux a donné lieu au nom qu’ils portent;
1.FSlyle des antennes inséré près de Pextrémité. —
1. PORPHYBOPS diaphane; P. dùzplmmzs, Meig.
Abdomen d’un blanc argenté; premiers segmens à
bandes interrompues d’un jaune diaphane. Epistome noir.
D0lich0pu.s· dùzphmzzzs, Fab..Syst. antl. 270, 18.
Jlïusca dùzphana, Fab. Spec. ins. 2, 448, 70, Ent. syst.
supp. 554, 126. 4
——————- Gmel. Syst. nat. 2852, 229. ·
Long. 3 l. V
Mâle : trompe et épistome noirs. Front noir à reflets
blancs. Vertex et antennes noirs. Yeux d’un brun rou-
geâtre. Thorax vert à reflets bleus; côtés argentés. Abdomen
d’un blanc argenté à reflets bleuâtres; deuxième segment
d’un vert métallique à reflets argentés, et une grande
tache jaunâtre transparente de chaque côté; une semblable
tache au troisième segment; organe copulateur noir.
Pieds noirs; cuisses velues du côté inférieur; jambes
jaunâtres. Balanciers blanchâtres. Ailes hyalines. x
Femelle : le blanc du front plus distinct. Antennes plus
courtes. Thorax à reflets argentés. Quatrième segment de
l’abdomen à taches jaunes comme les précédens. Extrémité
des cuisses jaune.
Assez commun aux mois de mai et juin, et ensuit.;
à la fin d’août. , ( , ,
2. POBPHYHOPS argyrius; P. argyràw, Meig.
Thorax et abdomen argentés. (Mâle) 1 deuxième segment

( 242 )
à bande interrompue d’un jaune diaphane. Epistome blanc.
l Long. 2 1.
Mâle : épistome un peu plus large que dans Pespèce
précédente, noir à reflets blancs. Front également blanc.
Tborax argenté à reflets verts dorés. Abdomen argenté
à reflets ardoisés; deuxième segment à bande interrompue
d’un jaune diaphane; troisième etquatrième jaunes enè
dessous. Pieds bruns; jambes jaunes; postérieures brunes
à base jaune. , _ A
Femelle : deuxième, troisième et quatrième segmens
de ·l’abd0men à bande jaune interrompue; la première ‘
n’est pas arrondie du côté de l’écusson comme dans lfespèce
précédente. Pieds jaunes; hanches noires; extrémité des
cuisses et des jambes postérieures noirâtre, ainsi que les
tarses. ` — '
' Assez rare.
3. Ponrnrnors vêtu; P. vestzïus, Meîg.
Thorax d’un vert doré. Abdomen argenté. Pieds fauves;
cuisses intermédiaires à base , et postérieures â extrémité
noirâtres. i- "
Dolzbhapus vestüus, Wiedem. Zoo]. Mag. 1, 75, 24."
' Long. 1 Q l.
·Epistome argenté à reflets noirs. Front argenté à reflets *
d’un vert noirâtre. Troisième article des antennes grand;
style assez court. Thorax d’un vert doré. Abdomen argenté
à base noirâtre. Pieds fauves;. hanches noires; cuisses
intermédiaires à base obscure; postérieures à extrémité
`noirâtre. ' _ ~ `
Assez rare.
' 4. PORPHYHOYS quatre—bandes; P. 4 'vzïtatus, Meig.
Abdomen fauve à bandes noires. Antennes et pieds jaunes.
(Mâle) : 3.° et 4.“ articles des tarses antérieurs noirs , pennés; _
dernier blanc. `

( 143 )
Dolzbhopus quadr_Mzscz'atus , Fab. Syst. antl. 269, 16.
Jtfnsca qzzarlrzfzxcîata, Gmc],. Syst. _nat. 5 , 2852 , 228;
·` Fab. Ent. syst. 4,, 342, 126. ,
· Iiong. 3 l. · i
Mâle : épistome étroit, blanchâtre. Front d’un gris '
cendré. Antennes jaunes ; troisième article plus court que
le second, presque rond. Thorax d’un gris obscur avec
deux lignes noirâtres , courtes; écusson jaune à base noire.
Abdomen long, presque cylindrique, fauve; trois bandes
et extrémité noi1·es. Pieds d’un jaune pâle ;, premier et
deuxième articles des tarses antérieurs également longs;
troisième et quatrième fort courts, noirs, penués de
chaque côté; cinquième petit et blanc. ,Ailes brunâtres.
Femelle: front noi1·. Tliorax jaunâtre à deux lignes _
obscures. Abdomen fauve à quatre bandes noires inter-
rompues qui finissent en pointe sur les côtés; tarière
articulée ., allongée. Pieds jaunes,_simples. , ·
Rare. _
5. POBPHYROPS versicolor; P. ·vcrsic0l0r , Meig.
Abdomen d’un vert cuivreux changeant en blanc. Pieds
jaunes; cuisses antérieures obscures.
Long. 3 l. `
Femelle : palpes, épistome et frontgris à reflets argentés.
Thorax a légers reflets blancs, et quatre bandes cuivreuses ’
dont les intermédiaires sont linéaires. Dernier segment
. de l’abdomen entièrement blanc ; les autres d’un vert doré Il
à reflets blancs, surtout sur les côtés. Cuisses antérieures
noirâtres en—dessus seulement; intermédiaires jaunes;
postérieures à extrémité noire. Ailes presqu’l1yalines ;
nervure transversale très-faiblement bordée de jaune. ·
Assez commune dans quelques bois , au mois mais Ie
116 connais pas le mâle. I I '._
6. Pouruxnors pieds fauves; P. fLllt'l)JES, Nob.

( ==44 )
Abdomen d’un vert doré. Pieds fauves. Ailes obscures.
Long. 2 l.
Femelie : d’un_ vert doré. Trompe et 'palpes noirs. Partie
inférieure de l’épistome grise, convexe;partie supérieure
bronzée. Front d’un bleu d’acier. Antennes noires; style
biarticulé. Pieds fauves; derniers articles des tarses obs-
curs. Balanciers fauves. Ailes obscures, surtout au bord
extérieur.
Assez rare , au mois de juillet. _
7,.. POBPHYROPS ventre-jaune; P. _/lavzvenlris, Nob.
Abdomen' d’un vert doré, changeant en blanc sur les
côtés; dessous jaune. Pieds jaunes.
` Long. 2 Q 1.
Femelle : d’un vert doré; palpes, épistonie et front gris
à reflets argentés. Antennes noires. Thorax à légers refiets
blancs et bandes cuivreuses peu distinctes. Bord antérieur
des segmens de l’abdomen cuivreux , postérieur noirâtre;
côtés argentés ; les trois premiers segmens du ventre d’un
jaune pâle. Pieds jaunes; hanches ardoisées; antérieures
jaunes ; extrémitémles cuisses et jambes postérieures noi-
râtres; tarses noirâtres; premier article des antérieurs
jaune. · l
Assez rare , au mois de mai. Je ne connais pas le mâle.
8. POBPHYROPS annelé; P. amzulatus , Noh.
D’un vert doré. Pieds jaunes; cuisses postérieures à
extrémité noire. Ailes brunâtres. , ·
' Long. 2 l. '
Mâle : épistome argenté. Front vert. De longs poils
V derrière la tête , en-dessous. Côtés du thorax et de l’abdo-
men à reliets argentés. Appendices filiformes, longs, noirs,
velus. Pieds d’un jaune pâle ; cuisses postérieures à extré-
mité noire; jambes et tarses_ postérieurs noirs. Ailes bru-
nâtres'; bord extérieur plus foncé ; nervure transversale
, bordée de brun.

( 145 )
Je ne l’ai trouvé qu’une fois, au mois de juillet.
1:. Style des antennes inséré à l’extrémité.
g. PORPHYBOPS commun; P. commumir, Meig.
Appeudices de l’abdomen arquées. Pieds `noirs; jambes
postérieures ferrugineuses.
Long. 2. Q l.
D’un vert métallique obscur. Epistome argenté ., fort
étroit dans le mâle. Front d’un bleu d’acier. Thorax d’un
vert quelquefois bleuâtre. Abdomen d’un vert métallique;
appendices du mâle allongées, arquées. Pieds noirs; jambes
p0stérieures_plus ou moins fauves à extrémité noirâtre.
Ailes légèrement brunâtres.
Bare.
IO. POBPHYBOPS des bois; P. ncrnoralzîv, Meig. .
Front d’un bleu d’acier. Pieds fauves; jambes posté-
rieures et tous les tarses noirâtres. Ailes obscures;
Long. 1 §l. .
Femelle : d’un vert métallique obscur. Épistome large;
partie inférieure , ainsi que les palpes, d’un blanc hleuâtre.
Front d’un bleu d’acier , brillant. Pieds fauves; hanches
intermédiaires et postérieures et jambes postérieures d’un
fauve obscur ; tarses noirâtres. Ailes brunes; nervure
interne de la première cellule postérieure point Héchie.4
Assez rare. ,
11. Ponrx-1Yn0PS tarses—pâ.les; P. pallzïarsis, Nob. I
Front blanchâtre. Pieds fauves; tarses obscurs. Ailes d’un
roussâtre pâle. `V A A
Long. 1 § I.
Femelle : d’un vert métallique doré. Trompe et palpes
noi1·s. Épistome et front blancs. Antennes noires. Pieds ‘
fauves; premier article des hanches intermédiaires ardoisé;
tarses postérieurs obscurs. Ailes _d’un hriîn roussâtre pâle ;
nervure interne de la première cellule postérieure lléchie.

_ ( 246 )
Je ne l’ai trouvée qu’une fois.
12. POHPHYHOPS rufipède; P. rzgîpes, Meig.
Front vert à reflets blancs. Pieds fauves. Ailes obscures.
· Long. 2 Q l.`  
Femelle : d’un vert métallique obscur. Palpes d’un gris
cendré changeant en noir, à bord blanc. Épistome blanc.
Front vert à reflets blancs. Pieds fauves; hanches inter- ·
médiaires etlpostérieures cendrées; tarses antérieurs à
extrémité obscure; postérieurs entièrement noirâtres. Ailes
brunes. ,, , I
Assez rare , au mois de juillet. , .
13. Ponrnxnors élégant; P. elegmztulus, Meig. r
Extrémité de l’abdomen d’un bleu d’acier.
Long. 3 I; _ ·
;Mâle : d’un VE1't doré. Épistome d’un_ blanc argenté.
Front d’un vert métallique. Thorax d’un vert obscur à reflets
dorés. Abdomen d’un ve1·t métallique; sixième segment et
organe copulatèur d’un bleu d’acier; appendices Hliformes
jaunes, renflées au milieu. Pieds jaunes ; —tarses obscurs; —
jambes postérieureset extrémité des cuisses noirâtres. Ailes
d’un brun rougeâtre clair. j
Bare. ' I
14. POBPHYBOPS brillant; P. uzïz`du.g , Hob. A
Cinquième segment de Pabdomen d’un noir bleuâtre.
Pieds jaunes ; cuisses postérieures à anneau noir. ,
_ Long. 3 l. * '
~·Femelle : d’un vert métallique. Trompe et palpes noirs.
Épistome et front d’un noir légèrement bleuâtre. Antennes
noires ; troisième article assez court. Yeux à reflets blancs
formés par les poils qui en recouvrent la surface. Thorax
d"un vert doré; une tache argentée de chaque côté (vue
en face); côtés noirs à reflets argentés. _A1»·10mèn d’un
vertlégèrement cnivreux; côtés à reflets blancs; cinquième
segment d’un noir bleuâtre, glabre; sixième à extrémité
I

( 247 )
brune, et terminé par un rang de petites pointes. Pieds
jaunes; hanches noires à reflets argentés; tarses noirâtres ;
cuisses antérieures noires en—dessus; intermédiaires à base
noirâtre; postérieures terminées pa1·,un anneau noir;
jambes postérieures à extrémité noirâtre. Ailes légèrement
brunâtres. , `
Je n’ai observé qu’une femelle.
15. Ponrnxnors latipède; P. lrmpes, Nob.
Jambes postérieures dilatees.
Long. 2 l. '
Femelle : d’un tvert métallique obscur. Épistome étroit,
noirâtre. Antennes noires; troisième article allongé, co-
nique, Hanches et cuisses noires; jambes fa11ves; posté-
rieures épaisses , élargies ve1·s Pextrémité; moitié posté-
rieure noire ; tarses noirs; premier article des antérieurs
et intermédiaires fauves. ·
Assez rare, au mois de juillet. ,
16. PORPHYROPS des rives; P. rzparzns, Meig.
Pieds fauves ; cuisses noires ; posté1·ieures à base fauve.
Long. 2. l.
Femelle : d’un vert métallique obscur. Trompe et palpes
noirs. Épistome gris changeant en blanchâtre. Frontjvert
doré; un léger duvet gris et deux lignes noires, Vll en
face. Abdomen cuivreux. Pieds fauves; hanches cendrées;
cuisses noires; antérieures à base et extrémité fauves; -
intermédiaires à extrémité fauve; postérieures à moitié
antérieure fauve; jambes postérieures à extrémité obscure;
tarses noirâtres. .
Assez rare , a11x mois de juin et de juillet.
17. PORPHYROPS palmipède; R. palmxjves, Meig.
Pieds jaunes; ta1·ses intermédiaires dilatés à l’ext1·émité.
î Long. 1 Q].
Mâle: d’un vert métallique obscur. Épistome blanc.

( 148 )
Front vert. Troisième article des antennes allongé. Ventre
jaune. Pieds d’un fauve clair; tarses intermédiaires â pre-
mier article très-long; deuxièmetrès-court; troisième et
quatrième courts , aplatis , ciliés; cinquième simple; les'
trois derniers noirs; jambes postérieures en massue etè
extrémité noire; tarses très-courts , noirs. Ailes brunâtres.
Rare.
18. POBPHYBOPS pallipède; P. pallzjves, Meig. .
Abdomen à taches latérales fauves à la base. Pieds fauves;
tarses obscurs. U `
D0I1`ch0pu.s’ pnllzpes, Fab. Syst. antl. 266, 2.
.Mu.s·czz pzzllzjres, Fab. Ent. syst. 4, 340, 116.
_ Long. x 5 l. . _
Mâle : d’un vert métallique. Épistome blanc. Fro11t bleu
d’acier. Troisième article des antennes elliptique, pointu.
Deuxième et troisième segmens de l’abdomen à taches
latérales fauves; ventre jaune. Pieds fauves; hanches anté-
rieures jaunes; les autres cendrées; extrémité des cuisses
postérieures noirâtre ; tarses obscurs. Ailes presqu’l1yalines.
Femelle : deuxième segment de l’abclomen seul marqué
de'tacl1es fauves.
Assez rare, au mois de juillet.
HYDROPHORE; Hxnnornonus.
Hydrophorus, Fatlèn. —- Medetcrus , Meig.
Trompe épaisse , saillante. Palpes ciliés. Épistome assez
large dans les deux sexes. Une ligne élevée, transversale , '
vers le milieu. Antennes fort courtes, épaisses; premier
et second articles cylindriques; troisième fort petit, ovale;
style terminal, incliné, d’un seul a1·ticle distinct.
Abdomen assez court; organe copulateur des mâles
ordinairement â base très-saillante , longue , fléchie sous ·
le ventre , terminé par quatre appendices assez courtes:
deux extérieures légèrement renflées vers Pextrémité; deux '

\
( =49 )
intérieures sétacées. Pieds un peu allongés , nus; premier
article des tarses postérieurs plus court que le deuxième.
Ailes de longueur médiocre; première cellule postérieure
se rétrécissant depuis l’extrémité de la discoîdale jusqu’à
l’extrémité de l’aile. (Pl. 1 , fg. 6.)
Je crois devoir adopter le genre Hydrophore institué
par Fallen et omis par Meigeu, qui en a compris les
espèces parmi les Médétères, les caractères qui les dis-
tinguent de ces derniers me paraissant avoir, par leur
ensemble , toute l’importance requise pour être génériques.
Ils consistent dans la briéveté des deux premiers articles
des antennes et la petitesse du troisième; dans le seul
article distinct et Pinsertion apicale du style; dans la
conformation de l’organe copulateur des mâles, et dans
la disposition des nervures des ailes dont la modification ,
quoique légère, est cependant caractéristique et propre ‘
Ét ce seul genre. Ces ailes d’ailleurs n’0ft`rent pas à leu1·
surface la petite tumeur que l’on observe dans la plupart
des Médétères. "
L’Hydrophore jaculus, qui est le type du genre, vit
sur les troncs d’arbres et sur les murs. Il y montre de
la vivacité, et j’ai quelquefois admiré la dextérité avec
laquelle il marche, même sur la surface du verre , en avant,
en arrière 'et de côté. Il paraît chasser à la course les ,
petits insectes dont il se nourrit. C’est sans doute à cette
agilité et au séjour habituel sur l’écorce des végétaux
qu’il doit le nom de Jaculus que M. Fallèn a emprunté
de Pline. Les anciens nommaient ainsi up petit serpent
qui s’éIançait de dessus les arbres. Quant au nom géné-
rique d’Hydrophore , je ne sais quel rapport avec Peau
a pu y donner lieu.
1. Hynrrornoms jaculus ; H. jaculus , Fall.
D’un gris clair. Épistome blanchâtre. Thorax à trois

( 250 )
bandes vertes (mâle ). Pieds noirâtres; genoux jaunes.
Medeterus jaculus, Meig. 4, 662 -
" A '· Long.1}l. ' ·’
Mâle : Épistonie et front blanchâtres. Style des antennes
long. Thorax d’un gris mat; trois bandes étroites d’nn
vert métalliques Abdomen d’un gris cendré à reflets
métalliques ;'organe copulatenr noir. Pieds noirâtres à
gelnomiri jaunes ;'cuisses postérieures larges. Balanciers
blancs. Ailes hyalines. ' “ ‘·
Femelle: Épistome obscur à reflets d’un vert bleuâtre
1·ecouvert·d’un duvet grisâtre. Ã ~ '
Assez contimun depuis l-e mois de juillet jusqu’en octobre. l
2. HYJJROPHOBE à bandes cuivreuses; H. œnezirzïtatàs,
Nob. - ,' ' . ~
D’un grisverdâtre. Épistome bleu ou vert, à bande
transversale grise.:Thorax à trois bandes cuivreuses. Pieds
fauves; cuisses obscures. i
r' Long. 2 l.
Mâle: D’un gris olivâtre , faiblement métallique. Trompe
et·`palpes noi1·s. Épistome d’nn bleu d’acier très-luisant,
divisé au-dessus de la ligne élevée par une bande grise.
Frontid’u1i gris verdâtre clair. Antennes noires. Thorax à
trois bandes cuivreuses , peu luisantesj intermédiaire
divisée par une ligne verte. Appendices de l’abdomen
d’nn brun clair. Pieds d’nn brun roussâtre clair ; hanches
et partie antérieure des cuisses d’nn 'brun noirâtre. Ba-
lanciers pâles. Aileslhyalines; point de nervure anale. ~
j Femelle: Épistome d’nn vert brillant, bleuâtre dans la
partie postérieure. Bandes du thorax d’un cuivreux plus
brillanti Tr   ·—·»   · . .,
Rare. · ~  
S. HYDBOPHOBE nébuleux'; H. nèbulosus, Fall.· 4
D’un vert métallique obscur. Ailes ponctuées de brun. ,

( 251 )
Medeœrzis nebuloszu , Meig- 4 , GS.
Long. 1 l.
‘MâIe : Épistome d’un blanc grisâtre. Front d’un noir
luisant. Derrière de la tête `cendré. `Style des antennes
court. Thorax à deux bandes obscures (vu en face).
Organe copulateur peu saillant. Pieds noirs à reflets d’un
vert métallique; tarses obscurs. Balanciers blancs. lAiles
parsemées de points obscurs ent1·e les nervures ., plus
nombreux au bord extérieur.
Bare. · ' . ·
4. HYDBOPI·IOItE des troncs; H. trwzcorum.
Cendré. Épistome bleu ou vert inférieurement. Thorax I
à trois bandes. Pieds noirâtres; genoux jaunes.
Medeterzzs trwzcorum, Meig. 4 , 67.
. .. . . Long, 1 1. ;
Mâle: Dlun cendré légèrement roussâtre. Épistome gris
dans sa partie supérieure, d’un vert métallique (bleu
suivant Meigen) dans Pinférieure avec un sillon de chaque
côté. Tborax à trois bandes d’un b1·un clair peu distinctes
(verdâtres suivant Meig. ). Abdomen gris; appendices
courtes. Pieds d’un' brun noirâtre ; genoux noirs.
Bare.
MÉDÉTÈRE; MEn1;·rE1ws.. . .. · ·
Medeterzzs, Fischer , Meig. -— Dolzbhopzzs, Fab. ,· Lat. ,
Fall. — Jlfusczz, Fab. Ent. syst., .Gmel., Panz._. · __
. Tête.`un peu arrondie postérieurement. Trompeépaisse
et saillante. Palpes larges , tantôt. ciliés , tantôt nus.
Épistome des mâles étroit, quelquefois linéaire , élargi
dans la partie supérieure ; celui des femelles large , souvent
divisé par une ligne élevée, transversale, vers la moitié
de sa hauteur. Premier article des antennes ordinairement
conique; troisième ovale, quelquefois pointu dans, les
mâles, légèrement velu; style inséré vers_la base du

( 252 )
troisième article , ordinairement biarticulé ; premier
article court et horizontal; deuxième allongé et incliné.
Abdomen, souvent assez court; organe copulateur des
mâles souvent peu distinct; deux appendices ordinairement
filiformes. Pieds allongés et menus, surtout les posté-
rieurs; cuisses ordinairement nues; jambes ordinairement
peu garnies de·pointes. Nervure interne de la première
cellule postérieure peu Héchie ; souvent un point convexe
à la surface supérieure et sur la nervure interne de la
première cellule postérieure. (Pl. 1 ,_fig. 5.)
Par les motifs énoncés à l’article Porphyrops, nous
admettons un changement aux caractères donnés aux
Médétères par Meigen, et, à la forme ordinairement
ovale du troisième article des antennes, à la confor-
mation biarticulée du style, nous ajoutons l’insertion de
ce style sur le dos de l’article, ce qui distingue plus
nettement ce genre, et permet d’y comprendre plusieurs
Porphyrops de Meigen, qui nous paraissent appartenir
très-naturellement aux Médétères. =
` Ce genre est géné1·alement composé de petites espèces
qui attirent peu les regards, mais dont l’organisati0n ,
vue de près, olïre dans sa délicatesse extrême plusieurs
particularités plus ou moins remarquables. Le troisième
article des antennes est ordinairement allongé dans les i
mâles, et la base du style s’al1onge de même pour en
atteindre l’extrémité, et prendre de-là une direction
inclinée. Les jambes des mâles se hérissent quelquefois
de cils ; elles sont tantôt dilatées, tantôt arquées ou·torses,
et, leur offrant plus de moyens de saisir les femelles,
semblent n’être ainsi formées que pour suppléer au peu
de développement des organes copulateurs. Les ailes pré-r
sentent souvent vers l’extrémité un point convexe à la
surface supérieure, concave à Pinférieure, que nous n’avons

( 253 )
observé dans aucune autre aile d’insectes. Nous avions
pensé qu’il pouvait provenir du contact des genoux pos-
térieurs; mais il est facile de voir qu’ils rfarrivent pas
si avant.
Plusieurs espèces plus grandes s’écartent du type géné-
rique par d’autres modifications. Aux couleurs sombres ·
de la livrée ordinaire, quelquefois entièrement privée
d’éclat métallique , le Médétère royal oppose la plus riche
parure. Le Rostratus présente une trompe três—épaisse et
fort saillante; et c’est cet insecte que MM. Latreille et
Fischer ont vu élargir l’ouverture de cet organe et y ·
introduire sa proie qu’il semble avaler. Enfin le Notatus
mâle est très-remarquable par les appendices des jambes
antérieures, par la briéveté de Pabdomen, et surtout par
la conformation bizarrement insolite de l’0rgane cop ulatenr.
Les Médétères vivent, les uns su1· les herbes, les autres
sur les troncs des arbres et sur les murs. Ils paraissent
la plupart dans les mois de juillet et d’août;«quelquesL
uns jusqu’au mois d’octobre. Dans plusieurs petites espèces ,
la même année voit naître deux générations, l’une au
mois de mai, l’autre en août.
L MÉDÉTÈHE royal; M. regius, Meig.
D’un vert métallique pâle. Abdomen à bandes noires.
Dolichopus regfus, Fab. Syst. anti. 267, 5. Lat. Gen.
crust. 4, 292.
Jllusca virens, Panz. 94, 16. l
Long. 3 lignes. ·
Mâle : d’un vert métallique. Trompe et palpes noirs à
reflets blancs. Epistome large à reflets blancs; partie
inférieure convexe. Antennes noires. Thorax à reflets
blancs; quatre bandes d’un brun cuivreux; les deux
latérales interrompues; Pintervalle entre les intermédiaires
olivâtre, ·B0rd antérieur et côtés des quatre premiers
17

( 254 )
segmens de Pabdomen à reflets blancs; bord postérieur
noir; les derniers noirs à reflets cuîvreux; appendices
filiformes, noires à longs poils roussâtres. Pieds longs,
d’un vert métallique obscur ; hanches antérieures longues;
tarses noirs; deuxième article des antérieurs plus court
que les suivans, muni de petites pointes en—dessous.
Balanciers jaunes. Ailes hyalines; b01·d extérieur noirâtre `
vers l’extrémité; une tache noirâtre dans la première
cellule postérieure vers les deux tiers de la longueur; un
petit point blanc à Pextrémité , bordé intérieurement de
brun.
Femelle : épistome d’un bleu d’acier en-dessous, vert
en-dessus. Palpes d’un gris noir, bordes de blanchâtre.
Les ailes n’ont que la petite tache noirâtre du milieu.
Deuxième article des tarses antérieurs de la longueur des
suivans. " -
Assez rare, sur les murs, au mois d’0ct0bre.
2. MÉDÉTÈHE muselier; DI. rostrazus, Fischer, Nleig.
Epistome à tache bleue. Thorax à trois bandes obscures.
Dolichopus rostrazus , Fab. Syst. antl. 269 , 15. Lat. Gen.
crust. 4., 293.
Musca rostraza, Fab. Spec. ins. 2, 448 , 68. Ent. syst.
4, 342, 125. Gmel. Syst. nat. 5 , 2852 , 227.
_ Long. 2 l. i
Mâle: d’un ve1·t métallique. Trompe épaisse, fort sail- —
lante et d’un noir luisant ainsi que les palpes. Epistome
large; une tache d’un vert foncé, luisant, en-dessus; "
une petite surface d’un bleu d’acier très-brillant, en- r
dessous. Style des antennes long. Thorax d’un blanc ·
grisâtre à trois bandes d’un vert obscur; les latérales
larges, changeant en gris sur les côtés. Abdomen d’un
vert doré, couvert d’un duvet gris; organe copulateur
épais, noir; appendices filiformes, arquées, ferrugineuses.

( 255 )
Pieds fauves. Balanciers d’un jaune pâle. Ailes l1yalines.
· Rare.
S. ll/IÉDÉTÈHE noté; M. notatus, Meig. '*
Thorax à bandes. Abdomen très—court. Ailes cendrées`.
Base jaunâtre; IlC1‘VlI.l'€S bordées de brun. il
Dolichopus zwmtus, Fab. Syst. antl. 269, to.
Jtlusczz notam, Fab. Spec. ins. 2, 448, 65. Ent. syst. 4,
341 , 120. Gmel. Syst. nat. 5, 2851 , 225.
Long. 2 l.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Epistome d’un brun
cuivreux, un peu rétréci vers le l1aut; deux petites lignes
longitudiuales qui se rejoignent à la base des antennes.
Front d’un gris noirâtre. Yeux lisses assez grands. Antennes
noires; premier article allongé, menu, épaissi vers l’ex-
trémité. Tliorax d’un ve1·t métallique obscur, changeant '
antérieurement en gris; une bande d’un gris clair au
milieu, avec deux lignes d’un brun noirâtre, très—rap¢
prochées; poitrine épaisse. Abdomen fort court; les deux
derniers segmens dilatés en-dessous; organe copulateur
anomal, sans base distincte; deux grandes appendices
d’un blanc jaunâtre, insérées à la partie supérieure du
dernier segment, larges-, membraneuses, creuses; ciliées
en-dedans, arquées du côté intérieur , et terminées cha-
cune par un tilament de même couleur, recourbé en-dessus.
Pieds d’un vert métallique obscur; antérieurs assez courts; _
cuisses renflées vers la base, munies, du côté extérieur ,
de fortes pointes plus longues et plus nombreuses vers
Pextrémité; jambes courtes, renflées au milieu, munies
d’une forte dent bitide et de plusieurs pointes du côté
intérieur, et prolongées par une saillie conique et pointue;
pieds intermédiaires fort allongés; cuisses grèles', lun peu
arquées; jambes légèrement ciliées et terminées du côté
intérieur par une touffe de soies frisées; tarses allongés;

( 256 )
premier article cilié; pieds postérieurs fort allongés;
jambes terminées par une petite pointe. Balanciers d’un
' jaune obscur. Ailes cendrées, jaunâtres vers la base;
nervures bordées de brun noirâtre; une petite tache sur
celle de la première cellule postérieure; deux petites taches
conlluentes sur la nervure transversale de la. discoîdale.
Femelle : d’un vert cuivreux. Épistdme plus large., noir
dans la partie supérieure , d’un gris jaunâtre dans l’infé—
rieure. Point de ligne au bord des yeux. Thorax à bande
noirâtre. Point de dents ni de touffe depoils aux jambes.
Nervures des ailes à bordure plus large. ,
J’ai trouvé plusieurs fois ce singulier insecte sur les
murs, au mois d’oct0bre.
4. NIÉDÉQTÈBE biponctué; M. lzzjaunclatus , Meig.
Tl1OI`3.X noir. Abdomen d’un vert métallique. Ailes
cendrées à deux points obscurs.
I}oIzblz0pus brjmrzclatus, Lehmann Dissert. , 41. '
I [ Long. 1 §, 2 l. ‘
Mâle ; palpes d’un gris noirâtre. Épistome d’un bleu
d’acier avec un sillon jaune en-dessous. Front noir. Thorax
d’un noir luisant à reflets ve1·ts. Abdomen d’un vert doré
obscur, d’un bleu ardoisé sur les côtés enrdessous ; organe,
' copulateur â base d’un noir luisant, renflée en-dessus,
terminée par quatre pointes jaunes; deux appendices la-
melliformes , elliptiques ., noires. Pieds noirs à reflets
métalliques. Balanciers jaunes. Ailes cendrées; une petite
tache brune à la cou1·bure de la nervure interne de la pre- ‘
mière cellule postérieure; une tache semblable sur la ner-
vure transversale.
Femelle : épistome d’un vert métallique changeant en · `
gris et àhlarge sillon , dans la pa1·tie supérieure, d’un blanc
argenté dans Pinférieure. Front d’un vert métallique chan-

( 257 )
geant en noirâtre. Thorax vert à reflets bruns. Taches
des ailes peu distinctes. ,
Assez rare.
5. MÉDÉTÈRE appendiculé; M. appendiculatus, Nob.
Pieds jaunes. Organe copulateur du mâle jaune Q appen-
dices filiformes bordées de longues soies.
Long. 2 l.
Mâle: d’u11 vert métallique. Trompe et palpes noirs.
Épistome et front blancs. Antennes noirs ; troisième article
allongé à pointe obtuse. Style à premier article assez long ;
organe copulateurtrèsrléveloppé; base renüée., jaune dans
la partie postérieure ; appendices filiformes jaunes à extré-
mité noire , bordées de ’soies fort longues et recourbées;
deux autres appendices filiformes plus petites et nues;
enfin deux petites lames étroites, légérement velues. Pieds
d’un jaune pâle ; derniers articles des tarses noirâtres.
Ailes brunâtres; un point convexe.
Je ne l’ai trouvé qu’une fois au mois d’août , dans
un bois. Y '
G. MÉDÉTÈHE prodrome; Ill. prodromus, Meig.
Olivâtre. Front d’un bleu d’acier. Pieds ferrugiueux.
Ailes obscures.
Long. 1 l.
Femelle :Trompe peu saillante. Épistome assez étroit,
d’un gris clair. Front noirâtre à reflets d’un blqz d’acier.
Thorax d’un vert obscur olivâtre à reflets bleus et deux
lignes obscures peu distinctes. Abdomen d’uu vert noi-
râtre sale , grisâtre en-dessous. Pieds ferrugineux à tarses
obscurs. Balanciers jaunâtres. Ailes brunes ; un point con-
vexe à la surface supérieure, concave à l’inf`érieurc.
Rare.
7. MÉDÉTÈBE curvipëde; M. curvzjms , Meig.

( 258 )
Olivâtre. Pieds ferrugineux ; (mâle) : premier article des
tarses intermédiaire très-court. Ailes obscures. `
Dolzüzopzzs czrrvàoes , Fall. Dolzbhop. 20, 27. · .
, Long. 1 l. ` 2
Mâle : d’un vert noirâtre assez luisant. Palpes blanchâtres.
Épistome très-étroit en-dessus , blanc ; un point doré à la
base des antennes. Front d'un bleu d’acier à reflets verts.
Troisième article des antennes allongé, Pieds fauves; au-
térieurs nus; intermédiaires: cuisses ciliées en-dessous '
dans leur moitié postérieure , ` amincies et légèrement
arquées à Pextrémité; jambes ciliées en-dedans dans toute
leur longueur, et en-dehors vers Pextrémité , légérement
torses , amincies à la base, ensuite renflées; premier article
des tarses très-court; deuxième long; pieds postérieurs:
cuisses finement ciliées en-dessous ; jambes presque nues.
Balauciers jaunâtres. Ailes brunâtres; un point convexe.
Femelle : jambes intermédiaires simples. . ,·
Assez commun dans les prés au printemps, et une
seconde fois au mois d’août jusqu’en octobre.
8. MÉDÉTÈBE jambes torses; M. scambus, Meig.
Pieds fauves; jambes postérieures du mâle noires, di-
latées., ciliées. Ailes obscures.
Dolichopzzs scamlzus , Fall. Dol. rg, 26.
Long. 1 § l. `
Mâle : d’un vert métallique très—obscur. T1·ompe peu dis-
tiucte. Épistome linéaire dans le haut, un peu élargi vers
la trompe , jaunâtre , ainsi que les palpes. Front très-
luisaut, noi1· à reflets bleuâtres ; un point doré à la base
des antennes. Pieds fauves; intermédiaires : hanches noires;
jambes noirâtres à base fauve, menue; le reste dilaté,
cilié du côté exté1·ieur; premier article des tarses fort
court, mais prolongé par une pointe garnie de soies; le
deuxième long , menu , ainsi que les suivans, et cilié du côté

. ( 259 )
extérieur; hanches et tarses postérieurs noirs. Balanciers
fauves. Ailes brunâtres; un point convexe. _
Femelle : épistome assez large, d’un gris roussâtre.
Troisième article des antennes court; style horizontal.
Jambes intermédiaires simples.
Assez rare.
9. MÉDÉTÈRE éperonné; M. calcaralus , Nob.
Pieds jaunes; jambes postérieures échancrées et munies
d’une appendice. Ailes hyalines.
Long. § l.
Mâle : d’un vert métallique ObSCU1'. Épistome linéaire ,
blanc. Front ve1·t. Antennes noires. Thorax vert à reflets
bleus. Pieds d’un jaune pâle; premier article des tarses
antérieurs légérement renllé à Pextrémité et garni de poils
vers la base en-dessous; jambes postérieures échancrées
vers le milieu du côté intérieur, et munies au bord pos-
térieur de Péchancrure d’un petit pédicule surmonté d’une
petite massue comprimée et feuilletée; cuisses postérieures
noirâtres en-dessus à l’extrémité. Balanciers jaunes. Ailes
hyalines.
Femelle : Pieds simples.
Assez commun, au commencement de juillet.
10. MÉDÉTÈBE nain; M. pusillus, Meig.
Olivâtre. Pieds noirs; tarses antérieurs dilatés à l’ex~
trémité. Ailes hyalines.
r Long. —§ l. ' `
Mâle : épistome noir. Front d’un bleu d"acier. Troisième
article des antennes assez pointui Thorax d’un vert noi-
râtre à deux bandes obscures. Abdomen moins foncé.
Pieds d’un vert noirâtre; les deux derniers articles des
tarses antérieurs légèrement dilatés; pieds intermédiaires:
cuisses ciliées en-dessous ;A jambes ciliées en-dehors,

( 260 )
rentlées près de la base du côté intérieur. Balanciers
jaunâtres. Ailes légèrement cendrées.
Rare. E
11. MÉDÉKÉÈBE ventre fauve; M. jlrlviventris, Nob.
Côtés et dessous de l’abdomen fauves.*·Pieds jaunes. ,
' Long. 1 § l. I
Femelle: d’un vert métallique doré. Palpes, épistome,
et front d’un gris légérement cuivreux. Antennes noires-;-
troisième article arrondi. Les quatre premiers segmens
de Pabdomen fauves en-dessous et sur les côtés, ide sorte
que, sur les trois premiers , il ne reste de vert qu’une
bande dorsale et le bord postérieur. Pieds jaunes; derniers«
articles des tarses postérieurs obscurs. Balanciers jaunes.
Ailes roussâtres. `
Assez 1·are. ` ai
12. MÉDÉTÈBE bifascié; M. bgîzscztzlus, Nob.
Deuxième et troisième segmens de Pabdomen jaunes à
bord postérieur d’un vert métallique. Pieds jaunes.
A Long. 1 l. _ _
Mâle : d’un vert métallique. Trompe et palpes noirs.
Epistome argenté. Front d’un bleu d’acier. Antennes noires.
Deuxième et troisième segmens de l’abdomen jaunes à
bord postérieur vert. Pieds'et balanciers jaunes. Ailes
hyalines.
Rare, au mois de juin. '
13. MÉDÉTÈBE délicat; M. lezzellus, Meig.
Abdomen jaune; deux cavités à Pextrémité du thorax.
Dolzbhopus ienellus; Wiedem. Zool. Mag.,1 , .73, 20; ·
Long. 1 } l. .
Mâle : trompe saillante. Palpes et épistome blancbâtres.
Troisième article des antennes court, obscur. Thora):
jaune à reliets d’un V€1't métallique. Abdomen ferrugineux;
base du quatrième segment brune; organe copulateur

( 261 )
jaune, épais, saillant et point fléchi en·dessous. Pieds
d’uu jaune pâle. Balancîers pâles. Ailes allongées, légé-
`rement jaunâlres; un point convexe.
Femelle: thorax d’un vert métallique grisâtre, mat.
Commun dans les bois, aux mois de juilletret d’août.
Les femelles sont beaucoup plus nombreuses que les mâles.
14. MÉDÉTÈBE annulipède; JW. dI’L}Zlll¢C6`·
Pieds fauves. Base des cuisses antérieures à bande
noire; troisième a1·ticle.des tarses postérieurs cilié.
Porplryrops azmulzjaes, Meig. 4 ., 56. A ,
F . Long. 1 l. r·
Mâle : d’un vert métallique obscur. Palpes et épistome e
blancs. Front noirâtre. :Troisième article des antennes
velu. Thorax d’un vert métallique grisâtre; trois bandes
noirâtres peu distinctes. Organe copulateur caché. Pieds
fauves; cuisses antérieures à—petite bande noire près de
la base; postérieures noirâtres en—dessus ; depuis le milieu
jusqu’à l’extrî=:'mité_; moitié postérieure des jambes pos-
térieures noire; tarses antérieurs obscurs; base du premier'
article jaune; postérieurs noirs; les deux premiers articles
très—l0ngs; le troisième muni du côté eutérieur de longs
poils. Ailes brunâtres; un point convexe. ·» 'A ‘ t
Femelle : tarses postérieurs sans poils.
Rare.
15. MÉDÉTÈBE hanches-jaunes; JW. Jîavicoxa.
Hanches et pieds jaunes; tarses·obscurs. ·
P0rph_yr0ps_flavzbo.xa , Meig. 4, 57. · A
Long. 1 l. . · ,
Mâle : d’un vert métallique brillant. Thorax d’un ve1·t
noirâtre très-luisant. Abdomen jaunâtre en—dessous. `Picds,.
jaunes; tarses obscurs. Balauciers d’un jaune clair. _Ailcs·
brunâtres. " r·
Rare. ' #· ·

( 262 )
16. MÉDÉTÈBE pygméc; Jll. pygmœus, Nob.
Pieds jaunes; moitié des cuisses antérieures , jambes _
et tarses postérieurs noirâtres.
_ Long. % l.
· Mâle: d’un vert métallique. Trompe saillante. Palpes
et épistome 'blanchâtres; ce dernier fort étroit. Front
d’un vert métallique obscur. Troisième article des antennes
pointu. Thorax d’un vert métallique assez brillant. Ab-
domen d’un vert plus obscur; appendices saillantes, fili-
formes , un peu coniques. Pieds jaunes; antérieurs: jambes `
finement ciliées dans la moitié postérieure; cuisses_à
moitié antérieure noirâtre; pieds postérieurs noirâtres;
cuisses à base jaune; jambes un peu épaisses; les trois
premiers articles des tarses un peu dilatés; troisième cilié
du côté extérieur; toutes les hanches et les tarses noirs.
Balanciers blanchâtres. Ailes légèrement brunâtres; un
point convexe. ·· ' j
"Rare. Je n'aî pas observé la femelle. Ji
BHAPHIUM, Bmœnzum. ~ · · _
Bhaphàam, Meig. `
Palpes ovales, allongés , à base étroite, ciliés à l’ex-=
trémité. Antennes plus longues que la tête; les deux
premiers articles fort courts; troisième long, en alène ,
conique , moins long dans les femelles; style terminal
court , de deux articles; le premier fort court.
Organe copulateur des mâles à base courte et 'ovale.
Appendices extérieures ordinairement filiformes, biarti-
culées , velues, assez courtes; intérieures très—menues,
de la longueur des précédentes. Jambes peu munies de
soies. Ailes ordinairement obscures; nervure interne de
la première cellule postérieure peu ou point fléchie.
(Pl.· 1 ,_f7`g. 3.)
On reconnaît d’abord ce genre à la longueur des antennes

( 265 )
~clont la forme aplatie en lame, au point qu'elles en
sont transparentes , a donné lieu au nom de Pthaphium
(Bbapbirlion ). Assez souvent arquées an côté intérieur' et
prolongées par un style court et divergent, elles Fres-
semblent alors aux cornes élégamment lléchîes de quelques
Antilopes. Les autres organes caractérisent peu ces petits
insectes. _
Ils fréquentent particulièrement les·bois aquatiques et
se posent sur le feuillage. La couleur rembrunie , quoique
métallique , de leur corps et souvent de leurs ailes, attire ·
peu nos regards.
1. RHAPHIUM longicorne; H. langzbornc, Meig.
D’un vert olive. Antennes du mâle de la longueur de
l’abdomeu. `
` /· Long. 3 l.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Épistomie d’un blanc
blenâtre. Front d’un bleu d’acier. Antennes noires, dela
longueur de Pabdomen dans le mâle. Pieds noirs.; jambes
antérieures brunes. Balanciers blancs. Ailes obscures ,
surtout au bord extérieur; la nervure transversale bordée
debrnn noirâtre. ·
La femelle a les.antennes beaucoup plus courtes.
Bare.
2. RHAPHIUM obscur; H. calzgüzosum, Meig.
D’un vert olivâtre. Appendices du mâle courtes. Extré-
mité des cuisses postérieures, jambes et tarses obscurs.
" Long. x l. -
Mâle : d’un vert métallique olivâtre. Épistomc d’un
blanc argenté. Antennes noires. Appenclices extérieures de
l’abdomen fort comprimées , à base étroite, fort élargies
vers le milieu , et terminées en pointe. Pieds fauves;
i cuisses postérieures noirâtres en-dessus, depuis le milieu

( 264 )
jusqu’à Pextrémité ; jambes et tarses postérieurs noirâtresa
Ailes obscures.
Assez rare.
3. BHAPHIUM cuivreux; H. CIQJVEUJIZ , Nob., , ~
D’un cuivreux foncé. Appendices du mâle allongées.
Extrémité des cuisses postérieures, jambes et tarses obscurs.
-· Long. 1 Q Al.
Mâle : épistome noir. Front d’un bleu noirâtre. Thorax·
d’un vert métallique noirâtre. Abdomen cuivreux ; appen-
dices extérieures assez allongées , de deux articles d’éga1e
longueur; le premier noir, le deuxième d’un brun clair;
intérieurs très-distincts. Pieds fauves; cuisses postérieures
noirâtres en-dessus , depuis le milieu jusqu’à Pextrémité;
jambes et tarses postérieurs noirâtres. Ailes brunâtres.
Nervure interne de la première cellule postérieure rap-
prochée de,‘l’externe vers Pextrémité.
Je'ne l’ai trouvé qu’une fois. ' «
4.. BHAPHIUM xiphias; ”H. x1}7hia.s· , Meig.
Diun vert cuivreux. Front d’un noir luisant. Tarses
obscurs. " V" A' '
  Long. x i l. ' ' ` '
Mâle : Épîstome d’un blanc argenté. Front noirâtre
très-luisant. Antennes noirs. Pieds d’1in fauve clair; hanches
antérieures d’un jaune pâle ., les autres ardoisées ; tarses·
et extrêmité obscurs. Les postérieurs pr'esqu’entièrement
bruns. Ailes d’un gris brunâtre. ' '
Rare. il ' A * Il ' 4°
S. RI-IAPHIUM fascié ; B. fasciatum, Meig. V _
Dîun, vert »_métallique .foncé. Deuxième et troisième
segmens de l’abdomen fauves. ·
' V _ _ Long. 1 l. J
Mâle : Épistome blanc. Front d’un bleu d’acier. Deuxième
et troisième segmens de lïabdomein fauves avec une ligne

( 265 )
dorsale et le bord postérieur d’un vert métallique noi-
râtre. Appendices fauves. Pieds jaunes ; tarses légérement
obscurs. Ailes brunâtres.
Long. x §— l.
Femelle : Épistome assez large , noirâtre. Front bleu.
Antennes un peu moins longues. La ligne dorsale de
l’abdomen plus large et point de bord postérieur vert.
Hanches intermédiaires et postérieures noires; extrémité
des cuisses noire; jambes munies d’1in rang de petites
soies noires, très-rapprochées du côté extérieur.
Je l’ai trouvé plusieurs fois. Dans la description de
Meigen , le corps est noir; il n’est pas fait mention de
la femelle.
SYBISTBOME; SYBISTROMA.
Sybzklroma , Megerle , Meig. — Dolzbhopur , Ahrens ,
Lehmann.
Épistome des mâles étroit. Palpes petits et ovales.
Trompe des mâles peu saillante, ciliée en-dessous. Les
deux premiers articles des antennes courts et cylin- `
driques; le troisième oblong, assez allongé , fort com- _
primé, terminé en pointe obtuse; style fort allongé, .
inséré vers le milieu., auprès de Pextrémité, de deux
articles dont le premier est le plus long.
Organe copulateur des mâles allongé , accompagné de
deux appendices courtes , dilatées , à base étroite , élargies ·
et aplaties en palette à l’extrémité , bordées de cils.
Quatre autres appendices filiformes. Tarses antérieurs ou
intermédiaires dilatés à l’extrémité. Nervure interne de la
première, cellule postérieure légèrement fléchie. (Pl. 1 ,
fig. 5.) · r
Les Dolichopodès que nous avons décrits jusqu’ici ont
tous, à bien peu d’excepti0ns près , l’orgat1e copulateur
des mâles accompagné d’appendicesr extérieures filiformes.

i ( 266 )
Les trois genres dont il nous reste à parler ont ces
appendices en forme de lames bordées au côté intérieur
de soies roides et recourbées qui paraissent singulièrement
appropriées aux fonctions qn’elles ont à 1·emplir. Dans
les Sybistromes ces lamelles sont/courtesu, à base étroite ,
et les soies sont elles—mêmes peu allongées. Quand on
écarte 'ces deux appendices , on en découvre entr’clles
quatre autres [iliformes également courtes.
Ce genre a, comme les Médétères et les Rhaphium,
le style des antennes biarticulé; mais le premier article
assez épais à sa base et plus long que le second , cons-
titue un caractère fort remarquable; de _plus, ces deux
articles, quelquefois noueuic à l’extrémité, présentent
alors une grande singularité, dont nous ne retrouvons
d’exemple, parmi les insectes de ce pays, que dans une [
espèce de Cicadaire. (Tettigonia patellifera., Nob. )
Le peu d’espèces de Sybistromes connues ont les tarses
diversement modifiés dans les mâles , par des renflemens I
en forme de disque ou de palette ciliée. ` 4
. Ces petits Diptères vivent dans les bois , sur le feuil-
lage des arbres. A
1. Synisrnomn nodicornel; S. n0€tzb0rni.s·_, Meig. '
D’un vert métallique obscur. Style des antennes très-
long. Articles renilés à l’extrémité. Tarses iutermédiai1·es
des mâles dilatés à Pextrémité. I
. · Long. 2 l. _ ,
Mâle : épistome linéaire; front d’un vert métallique ,`
quelquefois bleu. Antennes noires ; troisième articlealtougé ,
conique, comprimé; style inséré près de Pextrémité, '
dirigé obliquement en avant, incliné à l’extrérnité. Pre-
mier article long d’une ligne, assez épais dans la pre-
mière moitié , terminé par un rentlement ovale; deuxième
article long d’une demi-ligne, terminé par une petite

( =67 )
expansion aplatie et blanche. Abdomcn comprimé; base
de l’organe copulateur allongé , noir; appendices lamelli-
formes ferrugineuses, bordées de noir. Pieds ferruginenx;
hanches noirâtres; tarses intermédiaires : premier et
deuxième articles allongés et menus; deuxième renilé;
troisième et quatrième noirs, courts , élargis et finement
striés; cinquième court et blanc`; ongles très-petits, noirs;
tarses postérieurs noirâtres, à Pexception du premier
article. Balanciers blancs. Ailes assez obscures.
Je trouve assez souvent des mâles et jamais de femelles
au mois de mai. · _ »
2. SYMSTBOME discipède; S. discrjzes, Meig.
D’un vert métallique obscur. Style des antennes long,
sans renflemens. Tarses antérieurs des mâles dilatés et
arrondis a l'extrémité.
Dohbhopus dzlvcàaes, Ahrens, faun. cur. 4, 24. Lehmann
dissert. 40. » , ,
Long. 2 Q l.
Mâle : épistome très-étroit, blanc ainsi que lesfpalpes
et le front. Antennes noires ; troisième article trigone,
pointu ; style inséré au milieu .du dos; premier article
une fois plus long que le second, et formant un angle
obtus avec celui—pi. Organe copulateur à base fer1·ugi—'
neuse; appendices lamelliformes, petites, blancbâtres,
bordées de noir; deux appendices intérieures Eliformes,
jaunes, à longs poils. Pieds allongés, jaunes; tarses
antérieurs: quatrième et cinquième articles noirs; le
d€l'lli€1' élargi en forme de disque; tarses postérieurs
noirâtres, à l’exception du premier article. Balanciers
blancs; ailes obscures. .
Femelle : êpistome assez large. Premier article du style
des anteimes plus court que le second, et ne formant
pas tl’angle. , "
Rare.
I

( 268 )
DOLICHOPE; DOLICHOPUS. ·
Dolzbhopus, Lat. , Fab. Syst. anqtl. , Harris , Meig. , Fall. ,
Wiedem. -—Nemotelus, Deg. Hhagzb, Scl1r. — Jtîusczz,
Linn. , Gmel., Geolî , Fab. Spec.? ins., ent. syst. ,>Panzl
Epistome assez large dans les mâles, plus large dans
les femelles. Palpes petits , arrondis , à cils peu distincts.
Troisième article ;des antennes cordiforme , un peu com-
primé; style dorsal allongé , pubescent. Organe copulateur
des—mâles grand, allongé, accompagné, 1.° de deux ’
grandes appendices lamelliformes , ovalaires, membra- ·
neuses, munies inférieurement de soies longues, roides,
recourhées en crochets du côté intérieur; z.° de deux
autres appendices insérées entre ces derniers, courtes,
biarticulées; premie1· article étroit à la base, épaissi
vers Pextrémité, arqué en—dedans ;' deuxième article fort
court, menu et dirigé en-dehors; 3.° de deux autres
appendices insérées à Pextrémité de la rainure. Hanches
munies de soies vers Pextrémité en-devant ; cuisses nues;
jambes, et surtout les postérieures, munies de 'soies du
côté extérieur. Nervureinterne de la première cellule
postérieure des ailes fléchie. (PI. r , jîg. 7.) '
Ce genre, institué primitivement par M. Latreille pour
la famille entière, dont à la vérité un ·bien·petit nombre
d’espèces étaient connues, et renfermé maintenant dans
les bornes étroites des caractères génériques ci-dessus
énoncés, est cependant fort nombreux encore. Très;-facile
à distinguer des autres, surtout par la forme de Pappareil
copulateur des 'mâles, il se diversitieynon par la forme
et la couleur générale du corps, qui sont assez cons-
tantes, mais par la combinaison des couleurs et quelques
modifications peu importantes que présentent divers
organes. Les antennes sont tantôt noires et tantôt fauves "
à extrémité noire; le dernier article, ordinairement

( 269 )
arrondi , s’altonge quelquefois en pointe aiguë; et le style
qui Paccompagne devient parfois distinctement velu;
Pépistome, terne dans les femelles, brille d’un blanc
argenté ou d’un jaune d’or dans les mâles; la trompe
s’allonge en tube dans une seule espèce qui se rapproche
fort du genre Ortochile; le front, le thorax et Pabdomen
dont le vert le plus éclatant est la livrée ordinaire,
prennent dans quelques-uns le bleu d’acier , ou une nuance
intermédiaire. L’organe copulatenr, plus apparent que
dans aucun autre Diptère, surtout par les deux larges
serres armées d’ongles recourbés qui Paccompagnent,
se diversifie par la grandeur et par la couleur tantôt
jaune, tantôt noire, de ces appendices. Un examen
approfondi montre de semblables modifications dans les
autres parties' plus tenues de cet appareil si développé.
Les pieds varient également de couleur, et quelques
légères modifications dans la forme , qui sont l’attribut des
mâles, les rendent peut—être les auxiliaires de l’organe
générateur. Les tarses de chacune des trois paires ont à
leu1· tour une partie de leurs articles dilatés et ciliés.
Tantôt c’est le premier de ces articles , et alors la jambe
est beaucoup plus menue et un peu plus allongée que
les autres; d’autres fois ce sont les derniers, et dans ce
cas », au lieu de la jambe ciest le premier article qui est ,
aminci et allongé. Enfin les ailes se modifient par la
flexion plus ou moins prononcée de la nervure interne
de la première cellule postérieure, par la couleur tantôt
hyaline, tantôt rembrunie, et quelquefois pa1· nue jolie _
tache blanche qui se dessine sur un fonttobscur, et
relève la beauté de Pinsectc. ~ ·
Les Dolicbopes commencent à pardître au•commen—
cement idu mois de mai, et nous cessons de les voir
vers ln. fin d’août. Nous les trouvonsdans les jardins,
18

( 170 )
les bois et les prairies. Ils se tiennent le plus souvent
sur le feuillage des arbrisseaux; quelques espèces se posent
sur les herbes; d’autres , «en petit nombre, sur les fleurs
de quelques plantes ombellifères. Enfin, Geoffroy a observé
que le Dolichope noble a la faculté de courir sur la sur-
face des eaux comme la Punaise hydromètre. Ils paraissent
aimer les rayons du soleil, et ils n’y brillent pasmoins
que ces gouttes de rosée qui prêtent tant d’éclat et de
fraîcheur au matin d’un beau jour. Ils font leur nourri-
ture des petits insectes; mais quelques espèces vivent du
suc des fleurs; ils abondent particulièrement dans les
lieux aquatiques, par la raison peut—être que les larves
se développent plus heureusement dans une te1·re humide.
Celle du Dolichope à c1·ochets, observée par Degeer, est
blanche, menue , lisse, luisante , longue- d’environ huit
lignes. La tête est de forme variable et ordinairement
enfoncée dans le premier segment. Lorsqu’elle s’allonge,
il paraît antérieurement deux petits tubercules bruns qui
peuvent se mouvoir comme des mandibules, et qui
s’unissent intérieurement à deux longs vaisseaux noirs
qui s’étendent jusqu’au troisième segment ou ils·s’élar-
gissent. On remarque une petite pointe entre les machoires
et une petite pièce triangulaire, noire, au premier seg-
ment. Le corps atténué antérieurement est formé de douze
sègmens dont le dernier est ridé longitudinalement. Il se
termine par deux crochets et il est muni sur le dos de
deux élévations charnues, au côté intérieur desquelles est
un point fauve, et qui communiquent à deux vaisseaux
d’un blanc argenté, s’étendant intérieurement le long du
dos. L’0n• ne peut méconnaître à ces traits des stigmates
avec leurgtrachées. Les segmens ont en-dessous de'fausses
pattes charnues. Les nymphes sont d’un blanc jaunâtre,
beaucoup plus courtes et plus épaisses que les larves. On

( 271 )
reconnaît sous leur enveloppe toutes les parties du corps
de Pinsecte parfait. En avant de la tête , on distingue,
plusieurs petites pointes ferrugineuses dont les deux
intermédiaires sont plus longues et ressemblent aux deux
mauclibules d’un bec d’oisean. Au bord antérieur du thorax
se trouvent deux espèces de cornes assez longues, recour-
bées en S, deprimées au milieu , pointues a Pextrémité ,
et prolongées `par une appendice tiliforme qui fait un angle
avec la corne qui lui sert de base. L’abdomen est conique,
obtus, de neuf segmens. Du deuxième au huitième, il y
a au—dessus de chacun une rangée transversale de soies rou-
geâtres; ces nymphes , et surtout leur abdomen , sont dans
une agitation continuelle.
x. DOLICHOPE noble; D. nobilzïalus, Lat., Fab., Meig.,
Fall.
Ailes obscures à extrémité blanche. ·«
Satyra noluïzïaia, Meig. Kl. 3. _
Bhagzb zzobilüata, Schr. Faun. boic. 3, 100, 2397. Ã
Murca nobilzïata, Linn., Gmel. , Fab. Spec. ins. , Ent. syst.
MuscajN.° 55. Geoit`, ·
Long. 2 Q1.
Mâle: d’un vert métallique doré. Trompe noire. Palpes
et épistome d’un blanc argenté. Front d’un vert métal-
lique; une petite tache jaune de chaque côté du bord anté-
rieur. Antenues noirâtres. Côtés du thorax ardoisés. Organe
copulateur noir; appendices brunes à la base, très-larges,
triangulaires, terminées en pointe allongée. Pieds fauves,
hanches ardoisées; antérieures jaunes , argentées en avant;
tarses noirâtres; jambes postérieures terminées de noir.
Balanciers d’un jaune clair. Moitié postérieure des ailes
brune; une petite tache blanche à Pextrémité. '
Femelle : épistome de la même largeur; ailes moins
brunes; tache blanche moins distincte.

( 271 )
Assez commun. Suivant Geolïroy , il court t1·ès—bien
sur la surface des eaux dormantes et tranquilles.
2. DOLICHOPE à lamelles noires; D. nigrilamellatus, Nob.
Epistome blanc; antennes, appendices de Pabdomen et
pieds noirs. ' »
. Long. 2 f l.
Mâle : Palpes gris. Epistome et front blancs. Antennes
noires. Thorax d’un vert doré; bord antérieur et côtés à
reliets blancs; quatre lignes d’un vert un peu glauque,
dont les latérales sont peu distinctes. Côtés de l’abdomen
à rellets blancs : organe copulateur noir à reflets blanchâ-
tres; appendices noires, étroites, à soies très-denses. Pieds
noirs; hanches à reliets argentés. Balanciers d’un blanc
jaunâtre. Ailes légèrement obscures.
_ Femelle : palpes noirs. Epistome plus large, et abdomen
simple. ,
Bare , aux mois de mai et juin. .
3, DOLICHOPE noirci; D. atratus, Meig., Hottm.
Pieds noirs. Ailes rembrunies postérieurement.
Long. 2 Q I.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Epistome assez étroit,
blanc. Front vert. Th01·ax d’un vert noirâtre légèrement
métallique. Abdomen d’un vert métallique à`rel`lets d’un
gris clair; bord postérieur des segmens noir; appendices
d’un blanc sale à petit bord noir. Pieds noirs; hanches
ardoisées; jambes et premier article des tarses postérieurs
à soies nombreuses du côté extérieur. Balanciers blancs.
Moitié postérieure des ailes brune. (Rare.)
Femelle : épistome plus large, moins de soies au premier
article des tarses postérieurs. Ailes un peu moins obscures.
4. DOLICHOPE picipède; D. pzbrjues, Winth. , Meig.
Bord postérieur des segmens de l’abdomen noir. Pieds
noirs. Ailes brunâtres. ·
Long. 2 Q I. .

< 273 )
Mâle : d’un vert métallique obscur. Epistome d’un blanc
argenté. Front d’un noirâtre luisant. Thorax d’un vert doré‘
obscur. Abdomen à reflets ardoisés; bord postérieur des
segmens noir; appendices blanches , légérement bordées de
noir. Pieds d’un noir de poix; hanches ardoisées; jambes
et premier article des tarses postérieurs à soies nombreuses
du côté extérieur. Balanciers blancs. Ailes entièrement d’un
brun clair plus foncé au bord extérieur.
Femelle : épistome large. Front d’un bleu d’acier à reflets.
blancs. (Rare.)
5. DOLICHOPE bleu d'acier; D. Chalylzeus, Wied., Meig.
Bleu. _Pieils fauves; tarses noirs.
,_ Long. 3 l.
Mâle 1 d’un bleu d’acier. Palpes noirs. Epistome d’un- `
bleu argenté. Front d’un bleu d’acier. Thorax de la même
couleur, à reflets d’un vert doré, et trois bandes obscures.
Abdomen antérieurement d’un bleu d’acier à reflets verts ,,
postérieurement d’un vert doré; ligne dorsale et bord
postérieur des segmens noirs. Pieds fauves; extrémité des _
jambes postérieures et tous les tarses noirs, à l`exceptiorr
du premie1· article fauve des antérieurs. Balanciers.d’un
jaune clair. Ailes presqu’hyalines. (Rare.)
6. DOLIGHOPE bicolor; D. bzbolor, Nob.
Thorax bleuà reflets verts. Abdomen d’un vert dorél
Antennes noires. Pieds fauves.
Long. 2 Q l.
Mâle : épistome d’un jaune do1·é; f1·0nt d’un vert métal-
lique recouvert d’un duvet jaune. Antennes noires; troi- ·
sième article à pointe obtuse. Thorax et écusson d’un bleu
métallique à reflets verts, plus ou moins distincts. Abdomen
d’un vert doré; appendicesjaunes à large bord noir. Pieds.
d’un fauve pâle; premier article des hanches inlermédiaires

( 274 )
et postérieures ardoisé; tarses postérieurs noirâtres; pre-
mier article fauve. Balanciers jaunes. Ailes presqu’hyalines;
nervure interne dela première cellule postérieure, fléchie
plus près de la nervure transversale que dans les autres
espèces. h
Bare.
7. DOLICHOPE poli; D. nzïztlus, Fall., Meig.
Antennes noires à base fauve. Pieds fauves à tarses
noirs. Nervure interne de la première cellule postérieure
des ailes, Iléchie en angle droit.
Long. 2 % l. ·· "
Mâle: d’nn vert métallique doré. Palpes et épistome d’un
jaune pâle. Front vert à reflets violets. Lesldeux premiers
articles des antennes fauves; le troisième nbir. Thorax
d’un vert légèrement hleuâtre; écusson violet à bords verts.
pieds fauves; hanches intermédiaires et postérieures ar- _
doisées;·tarses noirâtres, à l’exception du premier article
des antérieurs et des intermédiaires. Balanciers jaunes. Ner-
vure interne de la première cellule postérieure des ailes,
fléchie en angle droit. ·
Meigen , dans la phrase spécifique, donne à cette espèce
les antennes noires, et Fallen les décrit à base pâle. -
Je ne l’ai trouvé qu’une fois.
SÃ Domcriorn à crochets; D. wzgulatus, Lat., Fab. syst.
antl., Meig. , Fall. ·
Épistome blanc. Antennes noires: Pieds fauves; hanches
et tarses noirs. ~ ’
Nemolelus œneus. Deg. ins. 6, 78, i5. '
Jliïusca ungulata, Linn. , Gmel. , Fab. Spec. ins., ent. syst. ,
Panz.
Musca N.° 54. Geoft`. 2, 522.
Schranclr. faunuboic. 3, 12.3, 2457- `
—»— aust. 947.
Long. 3 l.

( 275 )
Mâle : d’un vert métallique doré. Palpes noirâlres. Épis-
tome blanc. Antennes noires. Abdomen vert à retlets d’uu
gris ardoisé. Appendices lamelliformes d’un jaune pâle.;
légérement bordées de noir. Pieds fauves; tarses noirs;
hanches antérieures noirâtres dans la moitié supérieure;
les autres d’un noir ardoisé; jambes postérieures termi-
nées de noir. Balanciers d’un bleu jaunâtre. Ailes grisâtres.
Femelle : épistome un peu plus large; une petite éléva-
tion de chaque côté en-dessous.
~ Assez commun.
9. DOLICHOPE cuisses ciliées; D. czZz]%nzm·atus, Nob.
Épistome blanc. Antennes fauves à troisième article noir.
Pieds jaunes; cuisses postérieures à longs poils du côté
postérieur, dans les mâles.
Long. 3 l. ·
Mâle : d’uni vert métallique. Palpes jaunâtres. Épistome
d’un blanc argenté. Front vert. Antennes fauves; troisième
article noirâtre. Yeux d’nn brun rougeâtre. Côtés du tho-
rax et de l’abdomen à reflets d’un gris argenté; écusson
quelquefois bleuâlre. Appendices jaunes, bordées de noir.
Pieds jaunes; hanches antérieures argentées; premier article
des intermédiaires ct postérieures ardoise; tarses noirs;
premier article des intérieures et intermédiaires jaune;
cuisses postérieures à longs poils jaunes du côté postérieur, -
depuis le milieu jusques vers Pextrémité; extrémité des
jambes postérieures noire. Balauciers jaunes. Ailes l1ya—
lines.
Femelle : épistome grisâtre. Cuisses postérieures sans
poils. l
Je considère comme variétés de cette espèce, des indi-
vidus un peu plus petits qui ont les deux premiers articles
des antennes noirs en-dessus.
Commun. _

( 276 )
lo. DOLICHOPE uigricorne; D. nzgricornzls, Meig.
Épistome · blanchâtre. Antennes noires. Pieds fauves ;
hanches antérieures blanchâtres. `
Long. 2 Q l.
Mâle : d’un vert métallique doré. Palpes fauves. Epistome
d’un blanc jaunâtre. Front d’un vert doré à retletsviolets.
Antennes noires. Abdomen vert à reflets d’un gris ardoisé;
appendices lamelliformes d’un jaune pâle , légérement bor-
dées ide noir. Pieds fauves; tarses noires; premier article
des antérieurs et intermédiaires fauves; hanches antérieures
fauves à reflets blancs antérieurement; les autres d’un noir
urdoisé. Balauciers jaunes. Ailes grisâtres.
Femelle : épistome blanc. Front d’un vert dOl'é à reflets
blëmcs.
Peu commun.
1 u. Do1.1cHorE· pallipède; D. pallzpes, Nob.
Épistome blanc. Antennes noires. Appendices de 1’abdo-
men tronquées, peu ciliées. Pieds pâles; tarses noirs.
_ Long. 1 § l.
Mâle : palpes roussâtres. Épistome d’un blanc argenté,
creusé au milieu. Front d’un vert métallique à reflets blancs.
Antennes noires. Thorax vert à reflets bleus. Abdomen
d’un vert métallique foncé; appendices un pen plus dila-
tées sur les côtés qu’à 1’ordinaire, tronquées carrément à
Pextrémité, d’un jaune pâle, à peine bordées d’un petit
liseré noir, et terminées par des cils très-courts et droits.
Pieds d’un jaune très-pâle; premier article des hanches
intermédiaires et postérieures ardoisé ; tarses antérieurs et
intermédiaires noirâtres à premier article jaune; cuisses
postérieures à petites taches noires à Pextrémité en-dessus;
extrémité d_es jambes et tarses noirs. Balanciers pâles. Ailes
liyalines. ·
Assez commun. A '

( 277 )
12. DOLICHOPE simple; D. simplcx ,. Meig.
' Épistome blanc. Antennes noires à premie1· article fauve.
Pieds jauues; tarses noirs.
Long. 2. l.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Épistome d’u11 blanc
argenté. Antennes de la longueur de la tête; premier article
fauve; les deux derniers noirs. Appendices lamelliformes
blanchâtres, très·légérement bo1·dées de noir. Pieds jaunes;
hanches intermédiaires et postérieures d’un noir grisâtre;
tarses noirs; premier article des antérieurs jaune. Ailes
eendrées. `
Femelle 1 les trois articles des antennes fauves, mais «
bordées de noir en-dessus; troisième à extrémité noire.
Rare. ·
13. Domcrrorz bifurqué; D, bzïurcalus, Nob.
Épistome jaunâtre. Antennes noires. Appendices lamelli-
formes à large bord noir et soie bifurquée. Pieds fauves.
Long. 2 Q I. -
Mâle : d’un vert métallique. Trompe et palpes noirs.
Epistome jaunâtre à reflets argentés. Antennes noires. Ap-
pendices lamelliformes allongéesyblanches, à`la1·ge bord
noir à Pextrémité; cils courts; une soie bifurquée à l’ex-
trémité du bord extérieur. Pieds fauves; premier article
des hanches ardoisé; celui des antérieures fauve , à base
noirâtre et poils noirs; tarses noirs. Balanciers fauves.
Ailes hyalines. `
Assez commun ., au mois de juin.
14. DOLICHOPE large bord"; D. Ialilimbalus, Nob.
Epistome blanc. Antennes no_ires. Appendices lamelli—
formes à large bord noir. Pieds jaunes. (
Long. 1 àl.
Mâle : d’un vert métallique. Trompe noire. Palpes fauves.
Épisîome argenté. Antennes noires. Appenclices lamelli—

( 178 )
formes arrondies, à bord noir assez large, et cils courts.
Pieds jaunes § hanches intermédiaires et postérieures ardoi-
sées; tarses noirâtres. Balanciers jaunes; Ailes hyalinesj
Assez rare.
15. DOLICHOPE nain; D. mmu.s·,‘ Nob. '
Epistome blanc. Antennes noires. Appendices de l’ab-
domen étroites. Pieds fauves. ·
Long. 1 Q l. A
Mâle: d’un vert métallique foncé. Épistome d’un blanc
argenté. F1·ont vert à reflets blancs. Antennes noires.
Appendices de l’abd0men jaunes, étroites, peu ciliées.
Pieds fauves ; hanches intermédiaires et postérieures
3l‘\']0lSéES; cuisses postérieures à petite tache obscure—à
Pextrémité en-dessus; moitié postérieure des jambes et
tarses postérieurs noirâtres. Balanciers fauves. Ailes légé-
rement grisâtres. ,·
Femelle : épistome d’un blanc jaunâtre.
Commun au mois de mai.
16. DOLICHOPE à petites lames; D. pawzïamellmus, Nob.
Épistome noir à reflets blancs. Antennes noires. Appen-
dices de Pabdomen petites et étroites. Pieds jaunes;
cuisses noires.
' Long. 1 f l.
Mâle: d’un ·vert métallique foncé. Palpes noirs. Épis-
tome noir à reflets blancs. Front vert à retlets blancs.
Antennes noires. Appendices de l’abdomen petites, jaunes,
très—étr0ites, presque Hliformes. Hanches ardoisées; cuisses
et tarses noirs; jambes jaunes. Balanciers jaunes. Ailes
pr'esqu’hyalines. . K
Je ne l’ai trouvé qu’une fois, au mois de mai.
17. DOLICHOPE à lames- étroites; D. sublamellalus, Nobl
·Epistome blanc. Antennes noires. Appendices de Pab-
domen petites et étroites. Pieds jaunes.
Long. 1 Q- l.

(279 )
Mâle : d’un vert métallique. Palpes noirs. Epistome
blanc. Front vert à reflets blancs. Antennes noires. Appen-
dices de l’abd0men petites, étroites, jaunes. Pieds jaunes;
hanches intermédiaires et postérieures ardoisées; extré-
mité des jambes postérieures et tarses noirs. Balanciers
jaunes. Ailes presqu’hyalines.
Je ne ]’ai trouvé qu’une fois , au mois de juin.
18. DOLICHOPE mélanope; D. melarznpus, Meig.
Epistome blanc. Antennes et pieds noirs. Dernier article
des ta1·ses antérieurs dilaté dans le mâle.
Dolzbhopus mfgrzjyes, Fall. Dolic. 10, 3.
Long. 2 Q l.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Epistome d’un blanc
argenté. Front vert. Antennes noires un peu plus courtes
que la tête. Abdomen à reflets d’u11 gris ardoisé; bord
postérieur des segmens noir; appendices lamelliformes
jaunâtres à large bord noir. Pieds noirs; hanchesqar-
doisées; tarses antérieurs très-menus; le dernier article
dilaté. Ailes légérement cendrées.
Femelle : pieds simples.
ig. DOLICHOPE à palette; D. patellalus, Fall. , Meig.
Pieds fauves; tarses noirs; antérieurs jaunes; dernier
article patelliforme, noir, dans le mâle.
Long. 2 fl. ,.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Epistome d’un blanc
argenté: Front vert. Antennes noires; premier article fauve F
en-dessous. Thorax quelquefois à 1·eflets d’un bleu d’acier.
Abdomen changeant en gris bleuâtre; ligne dorsale et
bord postérieur des segmens noirs; appendices jaunâtres,
bordées de noi1·. Pieds fauves; hanches intermédiaires et
postérieures ardoisées; tarses antérieurs allongés , menus;
le dernier article dilaté en forme de bouclier, noir à

( 280 )
base blanchâtre; tarses intermédiaires noirs à base jaune;
postérieurs noirs. Ailes hyalines.
Rare. '
20. DOLICHOPE plumipède; D. plunzjveè, Fall., Meig.
Thorax ferrugineux. Abdomen olivâtre. Antennes noires
à base fauve. Les quatre derniers articles des tarses pos-
térieurs courts, noirs, dilatés dans les mâles.
Long. 2 } l.
Mâle_: palpes noirs. Epistome d’un blanc argenté. Front
ferrugineux. Antennes noires; premier article presque
triangulaire, jaune en-dessous, quelquefois entièrement
jaune, ainsi que le deuxième. Thorax à fond ferrugineux,
changeant en vert obscur; côtés d’un' jaune brunâtre.
Abdomen d’un vert obscur à rellets'd’un gris blanchâtre;
bord postérieur des segmens noir; appendices noires.
Hanches noirâtres; cuisses noires; antérieures plus ou
moins fauves à Pextrémité; jambes fauves à extrémité
noire; tarses antérieurs à premier article menu, fauve,
et les suivans noirs, courts, aplatis et velus; ta1·ses
intermédiaires et postérieurs noirs; les premiers à base
fauve. Balanciers blancs. Ailes hyalines; nervure trans;-
versale arquée, bordée de brun; un point brun à la
courbure de la nervure interne de la première cellule
postérieure.
Femelle : les quatre derniers articles des tarses postérieurs
courts, mais point aplatis. M
Rare.
21. DOLIIJHOPE planitarse; D. plamïarsis, Fall. , Meig.
Antennes noires. Cuisses antérieures et pieds postérieurs
noirs; dernier article des tarses intermédiaires noir,
dilaté dans les mâles.
Long. 2 l.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Epistome étroit,

( 281 )
d’un blanc argenté. Front vert. Antennes noires ; troisième
article allongé; style inséré près de Pextrémité. Abdomen
à reflets a1·doisés; bord postérieur des segmens obscur;
appendices blanches, bordées de noir. Hanchesr d’un gris
obscur; pieds antérieurs ferrugineux à cuisses noires;
dernier article des tarses intermédiaires noir, dilaté;
pelottes épaisses et blanches; pieds postérieurs _noirs;
jambes et premier article des tarses fortement velus. Ailes
cendrées.
Rare.
22.. DOLIGHOPE penné; D. pemzatus, Meig.
Epistome jaune. Antennes noires à base fauve. Deuxième
et troisième articles des tarses intermédiaires courts , dilatés,
ciliés, noirs, dans les mâles.
Long. 2 Q l.
Mâle : d’un vert métallique doré, obscur. Epistome
étroit, d’uu jaune doré. Front vert à reflets d’un bleu
d’acier. Antennes plus courtes que la tête, noires; p1·e-
mie1· article fauve. Abdomen à reflets gris; ligne dorsale
et bord postérieu1· `des segmens quelquefois noirs; appen-
dices d’un jaune pâle, bordées de noi1·. Pieds fauves;
tarses antérieurs noirs, à premier article jaune; inter- `
médiaires noirs à premier article fauve, menu; deuxième
et troisième courts, larges, ciliés. Balanciers d’un jaune
clair. Ailes cendrêes.
_ Femelle : Epistome d’un jaune pâle. Tarses simples.
Rare.
23. DOL1cH0rE pénnitarse; D. penzuîarszk, Fall., Meig. ,
Epistome jaune. Antennes fauves, noires à Pextrémité.
Pieds fauves; tarses noirs ;,premier article des intermé-
diaires cilié dans les mâles. ·
Long. 2 § l.
Mâle : palpes et épistomc d’un jaune do1·é. Front d’un

( 282 )
vert métallique. Antennes‘fauves; troisième article â
extrémité noire, ou entièrement noir. Abdomen à reflets
gris sur les côtés; appendices d’un jaune pâle, bordées
de noir. Pieds fauves; hanches intermédiaires et posté-
rieures ardoisées; jambes intermédiaires fort me11ues;
extrémité des postérieures noire; tarses noirs; premier
article des antérieurs fauves; celui des intermédiaires cilié
des deux côtés. Balanciers jaunes. Ailes légérement obscures.
Femelle : palpes jaunes. Epistome jaune ou blanc. Tarses
intermédiaires simples. .,
Commun. ·
24. DOLICHOPE marqué; D. sîgmzlus, Meig.
Epistome doré. Antennes noires à base fauve. Pieds
fauves; deuxième et troisième article des tarses inter-
médiaires noirs; les deux derniers blancs.
Long. 2 Q I. ·
Mâle : d’un vert métallique doré. Palpes et` épistome V
d’un jaune doré. Front vert à reflets d’un bleu d’acier.
Antennes noires; premier article fauve à ligne noire
en-dessus. Côtés du thorax et de Pabdomen à reflets l
ardoisés; appendices d’un jaune pâle, bordées de noir.
Pieds fauves; hanches intermédiaires et postérieures à
premier a1·ticle ardoisé; tarses noirs à premier article .
fauve; inte1·médiaires à premier article long , ‘menu;
deuxième et troisième courts, un peu épaissis , légérement
ciliés; les deux derniers d’un blanc argenté en—dessous.
Balanciers fauves. Ailes légérement brunâtres.
Je ne l’ai trouvé qu"une fois.
25. DOLICHOPE populaire;   popularzk, Wiedem., Fall.,
Meig.
Epistome jaune. Antennes fauves , noires à Pextrémité.
Pieds fauves; (mâle) : troisième et quatrième articles

( 2.83 >
des tarses intermédiaires courts, dilatés, ciliés, noirs;
dernier très-petit, blanc.
Long. 2 Q- l.
Mâle : Epistome étroit d’un jaune doré. Front d’un
vert métallique. Antennes fauves; troisième article noir.
Abdomen à 1·eflets gris et à ligne dorsale noi1·e; appen-
dices blanchâtres, bordées de noir. Pieds fauves; hanches
intermédiaires et posterieures ardoisées; tarses antérieurs
à extrémité noirâtre; intermédiaires : premier et deuxième
articles menus, fauves; troisième et quatrième courts ,
épais, ciliés des deux côtés, noirs; cinquième petit,,
blanc; tarses postérieurs noirs. Ailes presqu’hyalines.
Femelle : épistome blanchâtre. Tarses intermédiaires
simples, jaunes, à extrémité noire. .
26. DOLICI-[OPE chrysozygos; D. clzrysozygoq, Wiedem.,
Meig. l
Antennes jaunes à extrémité noire. Pieds fauves. Jambes
postérieures à demi-noires. Tarses antérieurs annelés de
blanc dans les mâles.
Long. 2 l. [
Mâle : d’un vert doré. Epistome d’un jaune doré. Front
vert. Antennes jaunes; troisième article noir en-dessus
et à Pextrémité. Côtés et dessous de l’abdomen à reflets
ardoisés; appendices noires. Pieds fauves; hanches inter-
médiaires et postérieures ardoisées; premie1· et deuxième
articles des tarses antérieurs te1·minés par un anneau
blanc; cuisses postérieures à extrémité noire; moitié
postérieure des jambes et tarses noirs. Balanciers jaunes.
Ailes légérement obscures. _
Femelle : épistome plus large, d’un blanc grisâtre,
soyeux. Tarses antérieurs sans anneaux. ,
Assez commun dans les fortifications de Lille , à la fin
de juin. `

( 284 )
Je rapporte à cette espèce un individu femelle que m’.1
communiqué M. Carcel, de Paris. Il a le corps d’un vert
doré   reflets rouges; le thorax, vu en arrière, offre
deux lignes de cette couleur; les cuisses postérieures ont
l’extrémité noirâtre en-dessus, et les jambes n’ont guères
que le quart de leur longueur fauve.
27. DOLICHOPE acuticorne; D. zzcuticornir, Fàll., Meig.
Antenhes noires en-dessus , fauves en-dessous; troisième
article allongé, pointu. Pieds pâles; extrémité des jambes
postérieures et tarses noirs. A
Long. 2. l.
Mâle : d’un vert métallique à reflets bleuâtres. Palpes
et partie inférieure de Pépistome d’un blanc argenté;
partie supérieure d’un jaune doré. Front d’un vert mé-
tallique. Antennes à côté supérieur et extrémité noirs,
inférieu1· fauve; premier article un peu allongé, conique;
troisième terminé en pointe longue, légérement dirigée
en—dessus. Côtés du thorax et de Yabdomen à reflets gris;
appendices de ce dernier jaunes , bordées de noir. Pieds
d’un jaune pâle; hanches antérieures argentées; les autres
ardoisées; tarses postérieurs noirâtres. Ailes hyalines;
bord extérieur épaissi à l’extrémité de la nervure marginale.
28. DOLIGHOPE germain; D. germarzus, Fall., Meig.
Epistome blanc. Antennes noires, obtuses. Pieds fauves;
extrémité des jambes postérieures et tarses noirs. Ailes
obscures. ·
Long. 2 l.
Mâle: épistome d’un blanc argenté, quelquefois jan-
nâtre. Front d’un vert métallique. Antennes noires; troi- .
sième article obtus; Thorax d’un vert métallique idoré;
écusson et abdomen d’un vert bleuâtre; côtés à reflets
gris; appendices assez étroites, arquées, noires, bordées
de soies courtes. Pieds fauves; hanches intermédiaires et

( 285 )
postérieures ardoisées; tarses antériems noirs   premier
article Fauve; postérieurs noirs ainsi que l’extrémité des
jambes. Balanciers d’un jaune clair. Ailes rembruhies.
Femelle : épistome d’un jaune grisâtre; ailes un peu
plus obscures.
Assez rare.
29. DOLICHOPE du cerf`euil; D. chœrophylli, Meig.
Epistome jaune. Antennes noires , pointues. Pieds ferru-
igineux; extrémité des jambes postérieures et tarses noirs.
Ailes noirâtres. _ —» ”
Long. 2 l.
Mâle: peu diH"érent de l’espèce précédente. Epistome
d’un jaune de soufre. Antennes noires; troisieme article
court, pointu. Un point noir à Pextrémité des jambes
postérieures. Ailes noirâtres.
Femelle: épistome quelquefois blanchâtre.
En été ., sur fleurs du chœrophyllum , de Yœgopodium,
etc. Je nc Pai pas encore observé dans ce pays.
30. DOLICHOPE cuivreux; D. cupreus, Fall., Meig.
Epistome blanc. Antennes, appendices de Pabdomeri et
pieds noirs. Jambes jaunes. 1 `
Long. 2 L
D’un vert emétallique obscur. Épistome blanc. Front
noirâtre à reflets blancs. Antennes noires, courtes. Thorax
d’un vert noirâtre, luisant. Abdomen d’un vert doré,
obscur, sans ligne dorsale ni bord postérieur des srgmens,
noirs; appendices du mâle noires. Pieds noirs; hanches
ardoisèes; antérieures à deuxième article jaune; cuisses
à extrémité jaune; jambes jaunes; extrémité des posté-
rieures noire; tarses noirs; premier article des anté-
rieurs jaune. Balanciers d’un jaune clair. Ailes légérement
brnnât/res. '
Je le porte avec doute parmi les D. indigènes.
*9

( 286 )
Sr. DOLICHOPE bronzé; D. zœrosus, Fall., Meig. »
Épistome noir (mâle). Blanchâtre (femelle  Antennes l
noires. Pieds ferrugineux; hanches noirâtres.
Dolzbhopus microcerus? Wiedem.
Long. 1 § l.
Mâle : d’un vert métallique noirâtre. Épistome étroit,
noirâtre. Front vert. Antennes courtes, noires. Côtés du
thorax noirâtres. Appendices de Yabdomen noires. Pieds
ferrugineux; hanches noirâtres ; antérieures jaunes à
Pextrémité; cuisses postérieures quelquefois brunes dans
la partie supérieure; tarses à extrémité noire. Ailes légé-
rement grisâtres.
Femelle : épistome large , d’un blanc grisâtre.
Assez commun partout, il doit se t1·ouver ici.
32. DGLICHOPE nigripenne; ·D. rzzgrrjvcmulr , Fall., Meig.
Trompe allongée. Pieds noirs; jambes antérieures fauves.
Ailes obscures.
Long. 1 Q 1.
Mâle : d’un vert métallique obscur. Trompe noire, de
la longueur de la moitié de la tête , menue, cylindrique,
perpendiculaire. Palpes atteignant la moitié de la longueur
de la trompe, ovalaires, noirs. Épistome noir à reflets
blanchâtres. Front vert. Côtés de l’abd0men à reflets gris;
appendices noires; Pieds noirs; jambes antérieures d’un
fauve obscur. Balanciers jaunes. Ailes obscures.
Au commencement d’aoùt, assez commun.
ORTHOCHILE; OBTHOCHILE. ' _
Orthochzîe , Lat. , Meig.
Épistome des mâles assez large. Trompe saillante, plus
longue que la tête, cylindrique , menue , presque perpen-
diculaire, velue; lobes terminaux petits, à peine" plus
épais que la trompe; palpes s’étendant jusqu’à la moitié '
de la longueur de la trompe , pointus, ciliés. Troisième A
article des antennes ovale arrondi; style dorsal long,

( =87 )
incliné, velu. Organe copulateurdes mâles accompagné
de deux appendices lamelliformes petites, pointues, ciliées
du côté intérieur. Pieds légérement velus. Nervure interne
de la première cellule posté1·ieure des ailes fort rapprochée
de l"externe, vers Fextrémité. (Pl. 1, fg. S.)
Le petit insecte qui fo1·me seul le genre Qrthochile
dil·l`ère des autres Dolichopodes par la longueur , la
fo1·me menue et cylindrique, et la direction perpendi-
culaire de la trompe. Les lobes terminaux qui jusqu’ici
étaient grands, épais, et la seule partie saillante del cet
organe, sont très-petits et au moins aussi menus que la
tige. Les palpes, suivant la condition de la trompe,
s’allongent de même et en atteignent la moitié de la
longueur; l’O1·thochile a d’ailleurs tous les autres caractères
de la famille , et ressemble surtout au genre précédent.
Cette anomalie dans Porgane de la nutrition paraît être
une transition qui unit la famille des Dolichopodes à
quelque autre; mais comme la place qu’occupent ces
Diptres dans l’ordre naturel est très-ditlicile à déter-
miner, celle que MM. Latreille, Duméril, Lamarck,
Meigen', lui ont donnée dans leurs classifications, dilfère
suivant la divergence de leurs opinions sur l’organi-
sation de la t1·ompe et le plus ou moins d’i1np0rtance
qu’ils acc01·dent à tel ou tel organe. D’après les motifs
que j’ai exposés dans les généralités de la famille, les
Dolichopodes me paraissent, dans l’0rdre ascendant,
devoir précéder les Empides , et le genre Orthocliile,
par la longueur et la direction de la trompe, semble
se rapprocher de ces dernières.
OBTHOGHILE bleu-I10ir; O. 11zgr0cœJ·m’e1z.s·, Lat. , Meig.
Z Long. 1 f l. ' `
Mâle : Épistome blanc. Antennes noires. Thorax d’un

( 288 )
noir bleuâtre luisant. Abdomen d’un vert métallique
obscur; appendices fauves. Hanches ardoisées; cuisses
n0ires_ à extrémité fauve; jambes fauves; postérieures
noires à moitié antérieure fauve; tarses noirs. Ailes
brunes à reflets dorés. —
Je crois sans certitude que cet insecte se trouve dans le
nord de la France   · `
 
(1) Les autres familles des Diptères Tanystomes ont été insérées dans
les recueils des travaux de la société, savoir: les Empides et les Hybotides
réunis, dans celui de 1822; les Asîliques, jusqu'aux Tabanieus inclu-
sivement, dans celui de 18:5. Les Tipulaires ]'ont été dans celui de
ISS3 et :824. · · ` _

( 289 )
 
TABLE ALPHABETIQUE
n xa s
GENRES ET DES ESPÈCES.
i Pages. · Pages
C.u.1.01v¤:11¤:. DoL1cn01·1z cnivreux. . 285
———— agréable., . 221 —i cuisses-ciliées. . 275
Cnnysomz. --—— du cerfeuil. .... 285
————-- abondant. 231 -ï— germain ....... 284
' -——— bicolor. . . 233 -—— larges bords. . . 277
—-———-— cuivreux. . 232 ——-—- marqué ....... 282
-——ï- lœsus ..... 232 ———- mélanope.. 1. . . 279
——-—— négligé. .. 231 ·——-— nain .......... 278
———-—-- nigripède. 232 -—-î·Ilîgl`îCO1'D,€. .... 276
DIAPHOBE. ——- nigripenne. . . .r 286
——·—-· lJimaculé... . . 234 ·——— noble ......... 271
-ï-ceinture-jaune 234 —--—-— noirci ......... 272
DOLICHOPE. ; -—-— pallipède ...... 276
——i à crochets. . .... 274 -——• penné. ........ 28: ,
-——— acuticorne ..... 284 -—-—— pennitarse ..... 281
·î àlamelles noires. 272 ·—— picipède ...... 272
·-—— à lames étroites. 278 —-— planitarse. -. . Z . 280
i à palettes ...... 279 ·-—- plumipède ..... 280
—-—— à petites lames. 278 -——-- poli., ......... 274
·ï- hicolor ........ 273 —— populaire. ..... 282
-i bifurqué ...... 277 -———— simple . ....... 277
——— bleu d’acier .... 273 Hynnornone.
ï- bronzé ........ 286 —-—- à bandes cuiv.S°s 250
-——- chrysozygosa. . 283 ï-= des troncs. .... 251

( =9¤ )
Pages. Pages.
Hynnornonz jaculus. . 249 Ponruynors des b0is.. 245
-— nebuleux ...... 250 ·-— des rives ..... . . 247
RIÉDÉTÈHE. —··-· di aphane ...... 241-
··-——- annulipètle. . . . 261 -—--i élégant. ....... 246
·+ appendiculé .... 257 L-- latipèdc ....... 247
-i— bifascié ....... 260 ——-— pallipède ...... 248
·——- bipunctuéu .... 256 -——- palmipède .... . 24.7
·—· curvipèdc. .... 257 -—— pieds-fauves . . . 243
.ï- délicat ........ 260 ·-—- quatre-bandes.. 242
-——e-- éperonné ...... 259 —-—-— rufipède ....... 246
——— hanchesjaunes. 261 -— tarses·pâles .... 245
———— jambes torses. . 258 ——— ventre jaune. . . 244
--—-— muselier. ...... 254 ——— versicolor ..... 243
` .-î- nain .......... 259 -— vêtu .......... 342
-i— noté. .- .... . . . . 255 PSILOPE·
·—î proclrome. .... 257 -—ï nerveux ....... 237
î- pygmée. . . .... 262 ——-— platyptère ..... 236
——-g- royal. ........ 253 —— plcurcun. ..... 238
-  ventre-fauve. . . 260 î triste ...... ‘. . . 239
OBTHOCHILE. o RHAPHIUM.
î- bleu noir,. . . . . 287 —i— cuivrcux. ..... 264
P1.Amy1·ÈzE. ·-·- fascié ......... 264
-5 fascîé ......... 219 —i longicorne .... . 263
--—— noir .........· 220 —— obscur ........ 263
Porœrxvnors. —— xiphias ..... . . . 264
î- annelé ...... . . 244 SYBISTBOME.
-—-—— argyrius ....... 241 î- discipède. ..... 267
 .b1:i11ant ....... 246 ——— nodicorne ..... 266
-—— commun ...... 245 ·

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( 19- )
 
~EXPLICATION DES FIGURES.
P L A N c H 12 1.""
Figure 1. Aile du PLATYPÈZE fascié; P. fasczhla.
ï 2. ·——— CALLOMYIE agréable; C. amœna.
-———- 3. -•—— CHKYSOTE&h0Dd3Ht8; C. abundans.
DIAPHOBE ceinture jaune; D. jîavocinctus.
EHAPHIUM obscur; H. calzgùzoszun.
———- 4. ———- PSILOPE platyptère; P. plagypterus.
-—— 5. î MÉDÉTÈHE royal ; M. regizzs.
SYBISTBOME nodicome; S. nodzbornis.
—— 6. ———— Hynnornonn jaculus ; H. jaculus.
-ï- 7. —-—- D0mc1~101·1z à crochets; D. zmgulazus.
` ' Poiuzmmors dîaphane; P. diaphanus.
-i- 8. l- ORTHOCHILE bleu n0ir;\ O. nùgrocœruleus.

(V =9= )—
 
SCIENCES MEDICALES.
0 B S E R V A T I O N
D'wze eâvqztion ariomale prise pour la petzïe verole, survenue
che: un eiyîzrzt qui avuzï eu la vaccùzel
 
Par C.—D. DEGLAM1. '
3 Mns 1826.
Ma lille aînée, âgée de lhuit ans, d’une constitution
délicate , ayant été presque constamment malade depuis sa
naissance , fut vaccinée à Page de deux ans. Elle eut deux
boutons sur quatre piqûres. On luî prit du vaccin dont on
inocula d’autres enfans, qui eurent une vaccine régulière.
La santé de ma lille s’était beaucoup améliorée depuis
plusieurs mois. Elle habitait la campagne et prenait un
embozi point remarquable.
Le 17 février IS2.4, elle se lève avec de la fièvre, une
douleur à Pépigastre et des envies de vomir : la langue
était rouge à sa pointe, et le reste couvert d’un enduit
JDUKIIIBIJX blanc-jaunâtre. Elle avait peu dormi, et s’était
plaint d’un malaise général. La fièvre continua toute la
journée : il y eut une exacerhation prononcée durant la nuit
suivante.
Le 18, je ramenai ma fille en ville : elle eut de nouvelles
envies de vomir et une lièvre très-forte. Il y eut, pendant
lejour, somnolence, rêvasserîe; le s0ir,'·paroxysme vio-
lent, léger délire, soubresauts, agitation extrême. —
Le 13, rémission prononcée, vomissemens de mucosités.
l

( =9î`• )
La journée s_e passe tranquillement. Vers le soir, éruption
brusque et générale de petits boutons à la surface du corps,
plus apparente au visage et aux mains. La petite est assez
gaie : la nuit est bonne.
Le zo , apyrexie complète; éruption plus considérable;
boutons rouges, confluens aux joues , les uns sphériques,
d’autres coniques ou lenticulaires; quelques-uns déprimés
à leur sommet légèrement concave au centre. ·
Le 21 (troisième jour de l’éruption ) , plus grand nombre
de boutons , surtout à la face; démangeaison légère; point
de'fièvre; goût de manger ; yeux larmoyans à cause de la
naissance de petits boutons sur les paupières.
Le 22 (quatrième jour de Péruption), apparition de
nouveaux boutons, principalement au visage, aux mem-
bres supérieurs, aux cuisses et aux jambes; peu à la poi-
t1·ine, un seul au ventre et au pied droit; démangeaison_ _
très-g1·ande, insupportable par momens. Les boutons les
plus anciens augmentent sensiblement de volume, mais
11’atteignent pas la grosseur des boutons varioleux. Ils
olïrent une aréole rouge assez large; leur sommet, qui
n’est presque pas. déprimé chez la plupart, et qui renferme
un peu de sérosité purulente, prend une couleur roussâtre. '
Le 23 (cinquième jour de Péruption), démangeaison
légère , disparition de quelques boutons qui s’étaient
montrés le jour précédent; brunissement des aut1·es, qui
contiennent une matière purulente; appétit, gaîté : l’en··
faut s’occupe à coudrei
Le 24 (sixième Àjour de lléruption) , dessication des
boutons les plus volumineux; disparition des plus petits ,
de ceux dans lesquels il n’y avait pas de pus. Continuation l
de Pappétit et de la gaîté.
Lez5 (septième jour de Péruption , et neuvième de la
maladie) , retour à fa santé; beaucoup moins de boutons:

( 194 )
ceux qui restent conservent presque leur forme; les croûtes
qui les constituent sont très-sèches et d’un brun-foncé.
Ces croûies tombèrent successivement et laissèrent -v0ir
des cicatrices 'rougeâtres et enfoncées, analogues à celles
de la petite vérole, mais moins larges , moins arrondies,
t1·ès·irrégulières et plus profondes dans un point de, leur
surface. Les dernières croûtes tombèrent le g mars suivant,
et les cicatrices, qui perdirent successivement leur cou-
leur rougeâtre, sont 'encore aujourd"hui , 20 février 18:iG,
très-apparentes. .
MM. les docteurs Roux, Martin ,Doyen et Dupont, qui
furent priés d’examiner l’éruption et de la caractériser ,
la regardèrent comme la petite vérole , surtout M. le pro-
fesseur Roux , qui en vit une semblable à Hambourg, chez
un enfant qui avait été également vacciné, et qui fut con-
sidéré comme tel par un célèbre médecin de cetteville. A
Mon bon et judicieux confrère Doyen observa quelques
éruptions analogues à celle qui fait l’objet de cette observa-
tion durant Pépidémie variolique qui a régné à Lille à la tin
de 1’an 1823 et au commencement de l’année 1824. Il les
considéra comme des petites véroles bénignes, avortées
ou modifiées par Pinüuencerque la vaccine exerce sur les
individus auxquels on l’a inoculée.
Quant à moi, je ne `puis partager Popinion de mes esti-
mables confrères. Je n’ai vu et ne vois dans l’ensemble des
phénomènes qui ont précédé , accompagné et suivi l’exan-
thème dont il est question , qu’une éruption anomale qui -
olfre plus de ressemblance avec‘ la varicelle qu’avec la va-
1·ioIe. En effet, la fièvre, la sensibilité de Pépigastre, les
nausées , les vomissemens , le délire , les soubresauts , l’agi-
tation extrême, etc., qui sont les prodromes ordinaires de
la petite vérole, se font aussi quelquefois remarquer danslla
varicelle , lorsqu’elle doit avoir une grande intensité. L’é1·up-

( 295 )
tion brusque et générale est celle de cette dernière maladie,
ainsi que la forme des boutons , dont quelques-uns seulement
ressemblèrent à ceux de la petite vérole. La dessication s’est
opérée, comme dans la varicelle, le cinquième jour; mais,
au lieu de produire des espèces d’écailles , comme cela a lieu
ordinairement, elle a fourni des croûtes très-dures , brunes
et polies , qui tombèrent successivement, et laissèrent des
cicatrices ineffaçables , comme dans la variole.
Il me paraît donc évident que ma petite n’a pas été atteinte
de la petite vérole, mais bien d’une sorte de varicelle in-
tense qui a olïert plusieurs anomalies qui lui ont donné
de la ressemblance avec la. variole. Qui ne sait que les
maladies peuvent présenter une foule de variétés ou d’ex- ·
ceptions qui les rendent parfois diihciles à reconnaître, et
même méconnaissablesï Pourquoi n’en serait-il de même
des éruptions variolique et varicelleuse?
Ce sont sans doute des exanthêmes analogues que Pon
observa chez des sujets vaccinés, et que l’on prit pour la
petite vé1·ole. Du moins  e ne sache pas qu’il existe un fait
bien avéré de variole chez un individu qui a eu une vaccine
régulière (1). Dans tout ce que j’ai lu , et dans tout ce que
j’ai entendu dire à cet égard , j’ai toujours remarqué une
grande obscurité. Tantôt la régularité de la vaccine·n’avait
pas été sufiisamment constatée; tantôt l’on n’avait plus revu
les sujets après Pinoculation vaccinale; d’aut1·es fois, je
cherchai en vain dans les observations les signes caractéris-
tiques de la variole. L’on avait jugé, non d’après Pensemble
des phénomènes, mais d’après un ou deux symptômes isolés.·
(1) Au moment où l’0n imprime cette observation , je donne des soins à
l\l.°“· Lcleux , [ille du rédacteur principal de l’Écbo du Nord, qui vient
d'êtte attaquée de la variole, quoiqu’elle ait été vaccinés avec du vaccin
pris à une vache et qu’on lui cu ait pris ensuite pour inoculer plusieurs
enfans.

Q 296 )
 
DE LA MULTIPLICITE
DES PIGATURES DRAHTÈHES, _
Ou experiences servant à démontrer qu’0n peut lzer tons
les gros troncs arteïzels sans zzccaszbmzer la mort.
Par M. Scoumigmmsiv.
j x8 mx ¤82y.
L’un de nos plus célèbres chirurgiens modernes, Scarpa,
a dit que tout le corps peut être considéré comme une
anastomose de vaisseaux, un cercle vasculaire. Ainsi que
le remarque l’habile anatomiste de Pavie , si on lie l’aorte
sur un cadavre , immédiatement au—dessous de sa cour-
bure, et qu’0n pousse ensuite une injection fine dans ‘
lapportion supérieure du vaisseau , cette injection passe
dans les artères des extrémités inférieures (1). Hodgson
a assisté à la répétition de cette expérience sur un sujet
d’envi1·on quatre ans; Partère fut liée au-dessus de la
cœliaque et l’0n injecta. de l’eau dans l’a0rte ascendante.
Uartére tibiale fut ensuite divisée à la hauteur de l’arti—
culation tibio;-astragalienne; Peau. qui y avait pénétré en
sortit en assez grande quantité (2). `
La nature avait, pour ainsi dire , déjà fait ces expé-
riences curieuses; les annales de la science renferment
plusieurs exemples de diminution considérable et même
d’0hlité1·ation du calibre de l’aorteV, sans que pour cela
(1) Béfl. el. observ. anat. chir. sur Yancv., trad. Delpech , page 68.
(2) Hodgsuu, Malad. des, art. et des veines, mmc x." , pag. 339 , trad-
Breschet.

( 297 )
la circulation ait cessé de se faire dans les membres
inférieurs.
`Stenzel’ rapporte l’histoire d’un homme dans le cadavre
duquel il trouva deux tumeurs stéatomateuses, formées
dans la substance des membranes de l’aorte, immédia-
tement au·-dessous de sa courbure; elles oblitéraient
presqu’entièrement la cavité du vaisseau, et cependant
le corps de cet homme portait tous les signes de la
force et de la santé.
Meckel , dans les cadavres de deux sujets , trouva l’aorte.,
au—dessous de sa courbure , tellement épaisse et resserrée,
que le sang poussé par le cœur n"avait pu passer qu’en·
petite quantité et avec de grandes diilicultés.
M. A. Séverin parle de la dissection d’un anévrisme
de·l’artère cœliaque chez le sujet duquel il trouva l’artère V
aorte , au-dessus des artères rénales, complètement remplie
par une concrétion.
Voilà sans doute de grands exemples qui nous montrent
les ressources de Yéconornie. Mais lorsqu’on réfléchit sur
les causes qui ont amené ces résultats et sur les circons-
tances qui les ont accompagnés, on arrive bientôt à se
demander s’il est probable que Part puisse atteindre la
· naturei Le plus grand nomb1·e des chirurgiens ont com-
mencépar douter, et même des objections nombreuses
les avaient fait pencher vers la négative. Sans s’arrête1·
à la théorie, Atsley Cooper a consulté Pexpérience; il
a fait, sur plusieurs chiens, la ligature de l’artère aorte
avec succes , et Béclard a obtenu le même résultat en
répétant la même opération. C’était sans doute beaucoup
que de détruire ces préventions inspirées par une crainte
en quelque sorte louable; mais étaient-ce là toutes les
ressources de la nature? Toutes nos espérances devaie11t-
elles s’arrêter aux limites posées par la hardiesse du

( 298 )
chirurgien anglais et de Pauatomiste français ? Des expé-
riences nouvelles pouvaient seules répondre; nous les
avons faites , `et je viens en présenter les résultats.
PREMIÈRE OBSERVATION.
Le 26'octobre 1826, un chien barbet adulte , noir .,
de taille moyenne , fut fixé convenablement sur une table
pendant qu’on incisait la portion. de peau correspondant
à la direction de l’ar|;ère fémorale , immédiatement après
son passage sous l’arcade crurale; l’artère étant découverte
fut liée avec un fil de soie simple serré par deux nœuds;
le fil fut coupé à une ligne environ au-dessus des nœuds ,
la plaie rapprochée et ses bords maintenus en contact
par trois points de suture.
Immédiatement après cette première opération , l’art.ère
carotide primitive gauche fut découverte et liée comme
la précédente; la plaie fut maintenue rapprochée de la
même manière.
Ces deux opérations faites le matin vers huit heures
déterminèrent de l’abattement du1·ant toute la journée;
le chien reste couché, il boit, mais ne mange pas. Le
lendemain il se lève, marche et mange un peu de soupe;
le surlendemain il mange davantage. Le quatrième jour
après l’opération l’appétit ordinaire et la gaîté ont '
reparu. Les déjections alvines n'ont éprouvé aucune
modification.
Huit jours après Popération les plaies sont presque
entièrement cicatricées., à peine s’il reste à l’une et à
l’autre d’elles une petite nlcération superficielle de deux
à trois lignes d’étendue. L’animal étant repris et replacé
sur la table , la seconde carotide primitive fut liée comme
la précédente et la plaie refermée de la même manière.
Immédiatement après Popération le chien alla se coucher;

( 299 )
il tenait la tête basse et pendaute; quand on Pappelait
il ne répondait pas : dans la jou1·née il ne prend qu’un
peu d’eau sans toucher au manger qui lui est offert.
Le xlendemaiu il paraissait aussi abattu que la veille", `
levant à peine la tête quand on l’appelle. Le troisième
jour il se lève , sort de son nid pour se débarrasser de .
ses excrémens; il éprouve alors plusieurs vomissemens
de mucosités blanchâtres et visqueuses. Le quatrième,
jour il prend un peu, de soupe et de bouillon. Le septième
et le huitième jour il éprouve de nouveaux vomissemens
semblables aux précédens , ce qui ne»l’empêche pas de
manger un peu de pain. Le douzième jour la plaie était
cicatrisée. Tout le temps que dura son inappétence , le ,
pouls senti à l"artère fémorale saine battait avec une _
telle vitesse qu’il me fut toujours impossible d’eu compter
les pulsations.
Depuis le moment de la de1·nière ligature jusqu’au
quinzième jour suivant, le chien parut toujours triste ,
abattu; lo1·squ’il était à une place, il y1·estait quoiqu’on
l’appelât avec force; si on le frappait, il faisait trois
ou quatre pas, puis s’arrêtait; sa gaîté, qui auparavant
était très-vive, avait disparu en entier. Peu a peu cepen-
dant tous ces phénomènes cessèrent et un mois après
Popération ou ne pouvait pas soupçonne1· que les fonctions
de ce chien eussent jamais éprouvé la moindre, lésion;
il sautait et montrait, comme avant les opérations de
ligature , la gaîté la plus folle.
A cette époque la seconde a1·tè1·e crurale fut liée comme
]es précédentes; cette opération sembla influer un peu,
le premier jou1·, sur son état précédent, mais le leu-
demain , il n’y paraissait plus; il mangeait et courait
comme antérieurement. Six jours après une première
axillaire fut liée , quoique la plaie de la cuisse ne fût

( 300 )
pas entièrement guérie. Ainsi que pour la dernière liga-
tu1·e sur la cuisse , cette opération eut quelqu’influence
sur lui` le premier jour , mais bientôt cet effet disparut.
Huit jours après, la dernière axillaire fut liée , l?0pé—
ration fut longue et très—doul0ureuse. L’animal éprouva
pendant quatre jours la plupart des phénomènes qui
avaient suivi la ligature de la seconde carotide; il fut
I triste , refusa de manger , vomit plusieurs fois et boitait ·
quand on le forçait à marcher. Ces accîdens cessèrent com-
plètement et pour toujours le dixième jour après cette
dernière ligature; sa santé s’est atîermie., il a repris
toute sa gaîté et a acquis un embonpoint marqué. ~
Anj0urd’hui il vit encore (1) et ne présente aucun signe
qui puisse le faire distinguer des autres chiens.
Ainsi nous voyons, sur cet animal, un exemple de-
la ligature de tous les gros troncs artériels; les deux
carotides primitives, les deux axillaires et les deux c1·u5
rales. Toutes ces opérations ont été faites à peu de dis-
tance les unes des autres, et en cinquante-deux jours
les artères ont été liées. —
Je néglige à dessein tous les phénomènes physiologiques
que la diminution du sang a produits dans le cerveau .,
ainsi que d’établir des rapprocheméns entre cie fait , les
suivans et ceux des autres expérimentateurs qui ont lié
les deux carotides , pour ne m’occuper que de ce qui tient
aux opérations elles—mêmes.
- DEUXIÈME OBSERVATION. _
Les mêmes expériences furent répétées sur un chien
barbet adulte. Nous lui liâmes successivement et dans
l’espace de quarante-trois jours les deux carotides /primi··
 
(1) io février 1827.

( 3o: i) _
tives, les deux axillaires et les deux crurales ; il supporta
ces opérations plus facilement que le précédent; les
fonctions cérébrales ll’OlllS été entravées que durant fort
peu de, jours ., et sa santé était parfaitement rétablie
lorsque nous nous décidâmes à lui faire la Ligature de
l’aorte ventrale. L’opé1·ation fut longue, extrêmement
douloureuse :` dans les elïorts violens que faisait l’animal,
l’estomac, la rate et la plus grande partie des intestins
sortirent de la cavité abrlominale; ils étaient en partie
étrauglés par les bords de l'ouverture , et ce ne fut qu’avec
la plus grande difliculté que je parvlns à les faire rentrer.
Après de nombreuses ditlicultés vaincues , je parvins enlin
à passer un til de soie autour de l’81‘lèl'€, et aussitôt je
lis une suture aux parois abdominales. Dès que Panimal
fut libre je mtapperçns qu’il avait les me_n1bres postérieurs
en partie paralysés. Il faisait des efforts pour marcher,
mais il ifavançait qu’avec une grande ditiiculté. Je le fis
mettre dans son nid , en lui otfrant à boire et à manger ;
il but un peu, resta couché toute la journée, et mourut
dans la nuit. ·
Uouverture du cadavre me démontra que la ligatm·e
avait compris Partêre aorte et la veine cave. ·
Cette expérience infructueuse ne devait point me dé-
courager ;' pouvant éviter une grande partie des accitlens
qui l’avait accompagnée, je me cléterminais à la_recom—
mencer. . .
` TROISIÈME OBSERVATIOVNA. V
Je pris un chien gritfon , d’une taille aw-dessus de
la moyenne , et jc lui liai successivement toutes les ·
artères, en variant l’0rdre d'applicati0n que ïavais suivi.
Les, deux premières ligatures furent placées , le même
jour , sur l·es artères fémorales. après leur passage sous
z ` 20

( 302 )
l’arcade crurale. Il n‘en résultai, le premier et le second
jour après Popération, qu’t1n peu de gêne dans les mou-
vemens des membres postérieurs, un pen d’abattement et
de diminution de liappétit. Le quatrième jour, l’animal
marche et remplit toutes ses fonctions avec régularité. Huit
jours après cette opération , la carotide primitive droite fut
liée gie premier jour, manifestation d’un peu d’abattement
qui disparaît le lendemain. Six jours après la ligature de la
carotide, je liai une des axillaires. L'opération ayant été
longue et douloureuse , le chien fut malade deux jours; mais
bientôt son appétitreparut. Dix jours après la première axil-
laire, je liai la seconde caroticle primitive :l’opérati0n ter-
minée, le chien avait perdu une partie de sa vivacité; il ne
mangea pas , et resta couché toute la journée : mais le len-
demain il sé mit à marcher et à manger assez bien. Quoi-
qu’il portât la tête un peu basse , il était loin d’avoir cet air
abattu et stupide que nous avons fait remarquer chez le
sujet de notre première observation. Levingtième jour,
après la ligature de la dernière carotide, je liai la dernière
axillaire. Les suites de cette opération n’eurent rien de
remarquable; le chien fut malade à peu près deux jours :
enfin les fonctions se rétablirent parfaitement; et depuis
cette époque jusqu’au i5 décembre, c’est—à-dire l’espace
d’un mois environ, l’animal n’a pas éprouvé la nroindre
altération dans sa santé; il a recouvré sa vivacité et sa
gaîté première, et rien ne pouvait faire soupçonner que
tous les gros tr011cs artériels fussent liés. Je recommençai
alors la ligature de l’ao1·te ventrale   Cette opération `
(1) Je suivis eu tout le procédé d’Astley Cooper , c'est-â-dire que je
fendis la ligne blanche, j'écartai les intestins , je rléchirai le péritdiue
sur le côté de ]’aorte , et je passai au—dessous cl`elle , à l’aide de Taiguille
de Deschamps, un til de soie simple lié comme pour les autres artères.

( 303 )
longue et douloureuse étant terminée assez heureusement,
je rapprochaî les lèvres dela plaie par une suture, et
j’abandonnai Panimal à lui—même : aussitôt il tomba sur
son train de derrière, qui était paralysé; les deux pattes
étaient pendantes, et suivaient tous les mouvemens qu’on ,
leur imprimait. Porté dans son nid, il resta couché toute
la journée sans vouloir boire ni manger. Vers le soir du
jour de l’opération , la patte droite commença à être moins
paralysée : le lendemain matin· les deux pattes étaient sen-
sibles, faisaient des mouvemens, mais n’étaient point assez
fortes pour soutenir l’animal..Dans la journée le chien prit
un peu d’eau et de bouillon. Le troisième jour il se lève,
sort de son nid, et fait des elïorts pour uriner. Nous
remarquâmes qu’il ne pouvait plus, comme dans l’état .
ordinaire, lever la cuisse; il écartait les pattes de der-
rière, les fléchissait et laissait tomber son urine goutte â
goutte   Ce ne fut que le quatrième jour qu’il parvint à
expulser ses excrémens; ce fut aussi ce jour-là qu’il com-
mença à manger un peu de pain. Quoique les extrémités
postérieures pnssent porter Panimal, elles chevauchaient
un peu l’une sur l’autre pendant la marche. Le cinquième
jour, il mange un peu plus que la veille; le sixième jour,
il mange , devient caressant et reprend de la force et de la
gaîté. Le septième jour au matin , nous le trouvâmes mort
et_ déjà presque froid. Je fus fort étonné de clet accident;
mais 1’autopsie m’en fit bientôt connaître la cause.
Aulopszb cadaveïzëjue.
En ouvrant l’abdomen , je trouvai une inflammation très-
étendue et très-vive du péritoine; tous les intestins ad-
héraient entre eux, et avec lè',,grand épiploon , au moyen
 
(1) Symptômes qui dénolent l'exis\<·nee d’uue pérîtouile.

( ?>¤4 )
cl’une exsudatiou albnmineuse membraniforme assez dense.
Au-dessous du paquet intestinal, se trouvait une grande
quantité de sang qui s’était épanché en partie dans le
pérîtoine, et en ipartie derrière : il formait des caillots
fibrinenx entourés de fort peu de sérosité. Cet épanche-
ment de sang auquel est due la mort subite de l’auimal,
provenait de la rupture de l’aor·te, qui, après s’être dilatée
immédiatement au-dessus de la ligature , s’ulcéra et finit
par se rompre. La membrane muqueuse intestinale était
pâle; examinée avec soin dans toute son étendue, il ne
se trouva aucune de ces taches rouges si fréquentes chez?
les chiens. , Il A
Le cœur, les poumons et_ les autres viscères ne m’ont
point offert d’altération sensible. ,
Quoique cette obsevation laisse encore quelque chose à
désirer, je la_regarde cependant comme concluante. Remar-
quons, en effet, que la circulation s’était rétablie dans les
membres postérieurs ;Ãce qui nous est démontré par la,
cessation de la paralysie; q11e les symptômes de la péri-
tonite diminuaient sensiblement; que l’appétit revenait;
que la gaîté reparaissait; que toutes les fonctions, en un
mot, tendaient vers le retour de leur rhythme normal,
et que très-probablement elles allaient y parvenir , lors-
qu’un accident imprévu a tout—à-coup amené la mort. Que
s’agissait-t-il de prouve1·, en etïet? que la vie peut conti-
nuer malgré les_ entraves les plus grandes apportées au
cours du sang. L’expérience , ce me semble , le démontre;
l’animal n’a pas vécu long-temps, il·est vrai; cependant
la durée. de son existence sultit pour attester que la mort:
n’est pas due aux changemens imprimés à la marclieu du_
ws-, L . î • . a    
ll ne sutlisait pas d’:1voiî démontré qu’on peut priver
Yécouomie de ses`grEmds canauoiivasculaires, il lallaititaire

( 305 )
connaître la route que le sang avait prise pour entretenir la
vie dans les tissus; des injections étaient nécessaires; nous
les avons faites. En voici le résultat :
La carotirle droite, étant examinéela première , je trouvai
qu'elle avait été liée précisément au milieu de sa longueur.
L’a_yant isolée avec soin de toutes les parties, environ-
nantes, je remarquai que l’injection avait pénétré dans
tout le tube artériel ., excepté dans l’étendue ide dix lignes, `
où l’artère était oblitérée par suite de la ligature qui avait
été placée. Uinjection, en pénétrant dans cette artère, fit
vo·ir qu’elle formait deux cônes opposés par leur sommet
et séparés par la portion oblitérée : celle-ci n’était plus
qu’un cordon cylindrique celluleux., formé par le pro-
longement des tuniques artérielles clénaturées. Les artères
thyroidiennes supérieures, ainsi que toutes celles qui se
rendent au con età la face, étaient injectées; la matière
de Pinjection pénétra dans Pophtalmjque, et alla remplir
les artères nombreuses et très-déliées cle la clioroîde (rl.
L’artèrè Câl'Oti(lE gauche présenta_ les mêmes dispositions z
ni l’un ni l’autre de ces vaisseaux ne laissaient_écl·iapper
de rameau qui, du bout inférieur, allât se continuer avec
le bout supérieur, et y transmettre le sang. Les artères
vertébrales avaient donc du fournir seules le Sang au cer-
veau., à la face et à la plus grande ipartie du cou , en le
faisant cheminer dans une direction contraire àl sa marche
habituelle. N’est-il pas remarquable que ceslchangemens
importans dansle cours du sang u’aient amené aucun]
trouble dans l’exercice des fonctions?
Les artères vertébrales m’ont paru un peu plus volumi-
neuses que dans l’état normal ; cependant elles ne l?él‘aient:
point assez pour_ que cela fût très-sensible.
(x) Celte pièce est conservée au cabinet anatomique dc Yliôpîtal IIhllL\-
taire de Metz.

n
( 306 )
lies artères axillaires , de inême 'que les artères carotides ,
n’étaient interrompues que dans l’étendue de huit à dix
lignes} Pinjection avait pénétré dans les collatérales, et
était venue 1·emplir , en suivant un cours contraire à l’état
normal, 1è tronc de Partère humérale, au—dessous de la
ligature. U · —
Les deux artères crnrales olïraient la même disposition
que les précédentes. , ` —
Résultat somrnazre. ·
1.° Tous les gros troncs artériels ont été liés à trois
chiens;   ont très-bien supporté Popération, et ont repris
leur santé habituelle.
2.° A ces ligatures nombreuses a été jointe celle de
Partère aorte ventrale. Le premier sujet a succombé aux
suites de l’opération mal faite; le second a vécu six jours,
et n’est mort que par suite d’un accident extraordinaire.
3.° L’injection a démont1·é que les anastomoses ont sup-  
pléé aux gros troncs vasculaires; que ceux-ci n’étaient
oblitérés que dans l’étendue de huit ou dix lignes; qu’au-
dessous de l’endroit lié, le sang leur était apporté par les
anastomoses, et qu’il devait circuler dans le reste de leur
longueur. L '" _
Quelles conséquences pouvons—nous tirer de ces faits
nouveaux? C’est à Pexpérience et à la sagacîté des chirur-
giensihabiles que j’en appelle : je crains Penthousiasme
autant que l’erreur; il y conduit toujours , lors même qù’il
repose sur des faits vrais. Une vérité exagérée n’est déjà
plus, en etïet, une vérité. ~
Reprenons donc pour un instant la question toute en-
tiere : i
Les artères carotides primitives l, Ales deux axillaires, les
deux crurales et l’a0rte ventrale ont été liées sur un même

( 3¤7 )
chien. Ces expériences faites avec_ succès, peuvent-elles
nous promettre le même résultat chez Phomme? Y a—t·il
entre le chien et l’homme une grande analogie d’organi-
sation ? ( _ *
Il' ne faut point une longue étude `d’anatomie comparée
pour reconnaître qu’il y a entre le chien et Phomme une
grande analogie d’orgauisation : sans doute il a un cœur
semblable au nôtre pour la forme; il a des artères divisées
à-peu-près de la même manière; il a des memb1·es qui
correspondent ·à ceux que nous avons. Mais ,,d’un autre
côté, quelle diH`érence n’observe-t-on pas sous le rapport
du volume de ces membres. Les nôtressont partout ar-
rondis, musculeux, recevant une grande quantité de sang;
ils sont éloignés du centre circulatoire, et leur position et
leur longueur s’opposent à un retour prompt et facile des
fluides. Chez le chien, au contraire,.la portion supérieure
des membres fait pour ainsi dire partie du tronc; leur
partie inférieure est maigre, presque entièrement tendi-
neuse, n’ayant besoin que de peu de sang pour vivre;
ajoutez à cela que leur position les rapproche du centre
circulatoire, dont Pactivité est bien plus considérable que
chez nous. Si nous joiguons à ces considérations anato-
miques Pextrême susceptibilité du système nerveux de
l’homme , et sa funeste imagination , qui le fait t1·embler
pour le danger passé, et lui en fait redouter, pour l’avenir,
d’autres dix fois plus terribles, nous apprécierons à-peu- I
près la fâcheuse position de Phornme dans toute espèce
d’opérations, et notamment dans celle dont nous nous oc-
cupons. _
Ces raisons, quoique d’un grand poids, ne sauraient
arrêter indéfiniment. Si Porganisation de l’hommc est dé-
favorable aux opérations, elle offre cependant des res- ,_
sources qui ont quelquefois surpassé nos espérances: nous

( 308 )
en avons un exemple dans les ligatures d’artères, qui sont
incontestablement une des plus belles conquêtes ’de·'la
cliirurgié moderne. Il n’y a que peu d’années qu’on»a osé
arrêter le cours du sang dans les gros troncs artériels:
Pexpérience -en avaitidémontré la possibilité chez le chien ;
mais on ¤nl6sait‘point l’entreprend1·e sur l’homme. Une cou-
rageuse hardiesse ‘ai surmonté des craintes qui paraissaient
fondées, et des succès brillans ont reculé les' bornes de
l"a1·t   On a `vu successivement les opérateurs entree
prendre la ligature de l’axillaire , de la crurale , de l’iliaque
externe ,"de l’iliaque primitive, de lacarotide , etenfin de
l’aorté"abdot1iinale. I il ’
Serait-ce*tro`p s’avancer, que de croire que nos expérien-
ces ‘servirontîà`a>ttgmenter encore la hardiesse des chirur-
g—iens ? Ne serait-il pas possible, chezcertains individus qui,
par suite dlnne organisation malheureuse déjà observée,
voient les artères des membres devenir anévrismatiques,
d’entr>eprendre· la ligature de toutes les artères malades, et
d'espé1·er le succès?   " `
Si nous `i1’avions que nos expériences pour appui, nous
n’oserio'ns pasérnettre notre opinion ; mais Ia question est
déjà résolue à'moitié par 'la chirurgie elle—inême. Hodgson ’
cite un-homme à qui Everard Home tit, prour 'un anévrisme
poplité, la ligature de l’artère fémorale droite : cinq se-Ã
maines après , ·un anévrisme de l’autre jambe s’étant déve-
loppé, l’artère fémorale gauche fut liée; le malade guérit
complètement de ses atïeictions (2). A cet exemple nous pou- _
vons joindre celui du docteur Freer, de Birmingham, qui
lia , dans l’espace de quelques mois, l’artère iliaque droite
 
(1) Ce ll'€Sl.` quel vers le. commencement! du 18.° siècle qulune méthode
hnrxlie et éclairée a été appliquée à la cure des anévrismes des membres,
(2) Hpdgspn, ouv. cité, pag. 412-i3, tom. L".

( 309 )
pour un auévrisme inguinal et la fëmorale gauche pour
un anévrisme développé au jzirret, du même côté. Ces—=~
faits , et cb ne sont pas les seuls, sembleraient donc nous
autoriser à ne point hésiter à répondre. Cependant, tout
en penchant vers l’aHirmative , il me semble d’une sage
réserve de ne point prononcer définitivement. Nous remet- ,
tons au temps et à Phabileté des chirurgiens à décider la
grave question que nous venons de soulever; heureux si
nos expériences peuvent un jour otïrir Pespérance à des
victimes qui, dans Pétat actuel de Part, semblent n’av0ir
plus qué. la mort à attendre!
 
· Nota, Ces expériences ont eupour témoins MM. les chirurgiens-major!
Bobillier, Grauval; M. Moreau, aide-major; M. Philippe, clxirurgien—sous—
aide. La plupart des oilieiers de santé de l'hopizs1 en ont vu les résultats, et.
M. le professeur cl`nna\omie Héuot, ia tonstaté avec moi la disposition des
anaslomoscs artèrielles. ` E

( 310)
 
SCIENCES ECONOMIQUES.
’ E S S A I
SUR LA DÉFINITION DES MOTS BICHESSE ET VALEUR. F `
EXAMEN de quelques opinùms e2·0nomzques,
Par M. ALEX. Dmymmcounœ.
x8 Ma: i8:7.
La fin du siècle dernier a vu paraître une nouvelle science
dont,les bases étaient, pour ainsi dire, restées inaperçues
jusque là. Cependant les vérités pratiques qu’elle a mises au
jour sont d’une utilité inappréciable. Cette science est celle
de Péconomie politique.
Adam Smith est le, fondateur d’une école nouvelle; il a
laissé' bien loin derrière lui les économistes de l’école de
Quesnay, qui regardaient la terre comme la source unique
des richesses sociales. Le premier, il a observé un grand
nombre de faits , en les coordonnant de manière à en tirer
les plus belles conséquences. Plus on étudie cet auteur,
plus on s’aperçoit qu’il a soulevé le voile qui couvrait la
plus grande partie des vérités économiques fondamentales.
Malheureusement il n’avait aucun devancier, et malgré la
profondeur de son génie, il n’a pu réussir à se faire des ·
idées bien nettes de toutes les parties de son sujet. La mé-
thode analytique, la seule par laquelle il pouvait arriver à
la connaissance des faits, se fait trop 'sentir dans son

( 3ll )
ouvrage. M. Say, en suivant les traces de Smith , a su
ajouter à ses découvertes, et nous a donné un traité où la
plupart des principes de l’économie politique sont présentés
avec beaucoup plus de concision et de clarté. ·MM. Ricardo
et Malthus ont aussi contribué , pour leur part, à élever le
monument que la science consacrait au bonheur de l’l1u-
manité.
En lisant attentivement tous les bons ouvrages qui ont
paru sur l’économie politique, on est frappé d’une pensée.
Au milieu des contradictions continuelles qu’0n- y trouve ,
on s’aperç0it facilement qu’on n’est pas éloigné de s’en-
tendre sur le fond des choses. La discussion s’établit le plus
souvent sur des mots dont Pacception n’est pas la même
dans les différens ouvrages. C’est ainsi qu’on n’a pas en-
core réussi À s’accorder sur une bonne délinition des mots
richesse et valeur.
Nousallons essayer, s'il est possible, de jeter quelque
jour sur cette matière délicate. C’est en vain que nous vou-
drions travailler à perfectionner la science , si nous ne
sommes pas d’acc0rd sur les mots qui serviront ii exprimer ‘ I
nos pensées. _
Je demande pardon aux écrivains distingués que je me
verrai forcé de combattre , duton doctoral que je paraîtrai
prendre quelquefois : je n’en rends pas moins hommage à
leurs talens distingués. Je professe pour euui le respeét qu’un
élève doit à ses maîtres, et qu’on doit à leur rare mérite.
Adam Smith , qui a tant écrit sur la nature des richesses ,
ne dit nulle part, explicitement, ce qu’il entend par richesse.
Il en est de même des mots travail et valeur, qu’il emploie
souvent dans le sens vulgaire. Il en est résulté qu’une foule
de passages , pour Pintelligence desquels ces mots deman-
daient à être employés dans un sens bien défini, sont
extrêmement diffus. r l `

( S12 )
M. Say a senti qu’eu faisant uu livre sur les richesses ,
il fallait débuter par définir le mot: aussi son livre com-
commeuce-t-il par ceux·ci : ' '
« Si l’on observe ce que les hommes nomment des ri-
» chesses, on trouve qu’ils entendent par~la une quantité
» quelconque de choses qui ont— une valeur ipar ellesi
» mêmes, commeides terres, des métaux, des monnaies,
=» des grains, des étoffes, des marchandises de toutes les
» sortes ....... En `résultat, il ‘n’y a richesse~ que là oh se
» trouvent des choses qui ont une valeur réelle et intrin-
» sèque. La richesse est enproportion de cette valeur; elle
ww est grande, si la somme des valeurs dont elle se com-
» pose est consiclérabie; elle est petite, si__les valeurs, le
» sont. » (Traité d’économie politique ,` tom. I.", pag. 1
et 2 , 4.*2 édition.) · F · '
· Il est malheureux que_cette définition des richesses dé-
pa1·e un livre aussi bien fait que celui de lVl. Say; il est
également malheureux qu’en ayant montré lui-même, dans
une foule d’endroits., le côté faible , il n’ait pas cherché à
' la rendre moins défectueuse. "
M. Ricardo en_ a montré l’inexactitude· d’une manière
bien précise. « M. Say, dit-il , me paraît avoir été singu-
» lièrement malheureux dans sa définition des richesses et .
» de la_valeur, dans le premier chapitre de son excellent
=» ouvrage. Voici eu résumé son 1·aisonnement : »·Il cite
la définition que j’ai extraite plus haut du livre de M. Say`;
puis continuant sa citation, il transcrit les phrases sui-
vantes de M. Say. · ` · `
«.Deux choses ayant une valeur égale ......... , sont une
» une richesse égale. Maintenant, si l’on cl1ercl1e d’où
' » vient aux choses leur valeur, on trouve qu’elle naît des
» usages auxquels elles sont propres ..... Cette faculté qu’out
» de certaines choses de pouvoir satisfaire aux divers he-

( 313 )
» soins des hommes, qu’on me permette de la nommer
» utilité ..... Je dirai que·créex· des objets qui ont une utilité
» quelconque, c’est crée1· des richesses, puisque l’utilité de
»· ces choses est le premier fondement de leur valeur, et
» que leur valeur est de la richesse ........ Mais on ne crée
» pas ces objets ........ La production n’est point une créa-
» tio11 de matière, mais une création d’utilité. Elle ........
» se mesure suivant la valeur qui naît de l’utilité qu’ou lui
» trouve ...... L’estimation générale de l’utilité cl’un objet
» \cn particulier peut se faire au moyen de la quantité
» d’autres objets qu’on consent à donner eu échange de
» celui-là. Cette évaluation , résultat du débat que les
» personnes qui composent la société fout de leurs conve-
» nances réciproques , forme ce que le célèbre Adam Smith
» appelle la valeur échangeable des choses; ce que Turgot
» nomme valeur appréciative, et ce que nous pouvons
ix désigner par le nom de valeur. »
M. Ricardo continue e11 ces termes : « Voilà les expres-
» sions de M. Say ;«mais, dans son examen des richesses
» et de la valeur, il a confondu deux choses qu’on devrait
» toujours- tenir séparées , et qu’Adam Smith nomme valeur
» d’u!1'l1ïë et valeur ëchangealzle. Si, au moyen tl’une ma-
» chine perfectionnée, je peux, avec la même quantité
» de travail, faire deux paires de bas au lieu d’uue seule,
» je n’ôte rien à~l’uIz`lùë'de chaque paire de has, quoique
» j’en diminue la valeur. Si donc j’ai précisément la même
n quantité d’l1abits, de souliers , de bas et de toutes autres '
» choses que par le passé, j’aurai précisément la' même
» quantité d’objcts utiles , et je serai par conséquent aussi
» riche, si l’utilité était law mesure des richesses; mais
» j’aurai , Somme totale , moins. de valeurs , puisque mes
» has n’aurout que la moitié de leur ancienne valeur. L’uti·
·· lité u’est donc pas la mesure de la valeur échangeable ......
 

( 314 )
» Si nous demandons à M. Say en quoi consiste la ri-
» chesse , il ·rép0nd que c’est dansala possession des objets
» qui ont une valeur. Si, ensuite, nous lui demandons
» ce'qu’il entend par valeur , il nous dit que les choses
» ont de la valen1· à proportion de leur utilité. Si nous
» lui demandons encore par quels moyens nous pourrons
» estimer l’utilité des choses, il nous répond que c’est
» par leur valeur. Ainsi donc il setrouve que l’utilité est lai
» mesure de la valeur, et la valeur la mesurelde l’utilité; »
Adam Smith a dit : « Un homme est riche ou Èpauvre
» selon le plus ou moins de choses nécessaires, utiles ou
» agréables à la vie, dont il peut se procurer la jouissance. » _
M. Ricardo pense comme Adam Smith, que la délinition de
la richesse doit comprendre toutes ces choses. — `
M. Malthus n’est pas du même avis. Dans un chapitre "
fort bien fait, où il expose les diverses définitions du mot `
richesse, il finit par refuser ce nom à tous les objets imma-
tériels; ainsi il ne veut pas que le savoir du publiciste,
la science du médecin, le talent du chanteur ou"du co-
médien, fassent partie dela richessenationale. Il craint,
dit-il, de donner à ce mot un sens trop étendu; il pense
qu"en le restreignantde la sorte , il s’applique1·a fort bien
à tous les objets que nous avons ordinairement en vue en ` _
parlant de richesses. Il reproche à ce_ genre de richesses de
ne pouvoir s’accumuIer. Cependant les objets immatériels
dont nous venons de parler sont non-seulement des pro-
duits accumulés sur la tête des individus qui les possèdent,
aussi bien que les marchandises le sont dans le magasin du
négociant, mais ils n’ont pu s’y accumuler qu’en échange
des produits bien matériels qui ont payé les études de ces
divers artistes. Le médecin est possesseur d’un véritable
capital de savoir dont on lui paie tous les jours les inté-
rêts. Le publiciste, le chanteur, sont dans le même cas.
I

' ( 315 )
A la vérité, Pordonnance du premier, les idées du second ,
la chanson du troisième , sont consommées au moment où
elles sont produites; mais elles n’en sont pas moins des
richesses; elles n’en sont pas moins des choses fort utiles
ou agréables , dont la privation se ferait sentir , et qui
viennent contribuer à augmenter la somme de notre bien-
être. Tous les jours leurs producteurs reçoivent en échangé
des richesses bien matérielles, auxquelles M. Malthus ne
voudrait pas refuser ce nom.
M. Say, en donnant le nom de richesses à tous les objets
qui ont une valeur, a compris dans cette définition tous
les produits immatériels. Le grand inconvénient que nous
parait avoir sa définition, c’est d’impliquer l’idée de valeur ’
à la richesse ,·`quoiqne, le cas de la distribution de la ri-
chesse excepté, yaleur soit constamment opposée à richesse.
C’est ce que nous démontrerons facilement en parlant du
mot valeur.
Nous pencherions donc à donner de la richesse cette
définition plus générale qn’en a donnée implicitement Adam
· Smith. Nous appellerions richesse:
L’abondance des choses nécessaires , utiles ou agréables à
la vie. '
On pourra reprocher à cette définition, de comprendre
non-seulement les richesses sociales, mais encore les ri-
chesses naturelles dont l’économie politique n’a pas à s’oc-
cuper. Nous répondrons que le but de Péconomie politique
étant de faire connaître les lois générales les plus avanta-
geuses à la production , celles quiltendent En rapprocher le i
plus possible les richesses sociales des richesses naturelles,
nous ne trouvons pas _grand inconvénient à ce que celles—ci
soient comprises dans leur définition. '
(Pest ainsi que la connaissance des lois de la nature, et
leur application à la production , par l’industrie, ont aug-
menté en quelque sorte la quantité de richesses naturelles

( 3¤6 )
dont nous jouissons, en faisant concourir la force du vent,
le poids de l’eau , celui de Fatmosphère , la force expansive
de,la vapeur, les propriétés des métaux, à nous procurer
une foule de choses dont nous avions été privés jusque-là.
Toute portion de richesse sociale nous paraît devoir être
nommée produit, puisque toujours cette portion résulte
de la production qu’une industrie en a faitea `
_Si M. Say n’a pas été fort heureux dans sa définition de
la richesse , _il a mieux apprécié le mot valeur chaque fois
qu’il en a parlé relativement à la distribution des richesses
dans la société. C’est anssilla selnlc acception dans laquelle
ce mot ait un véritable sens. Aussi long-temps qn’il s’agit de
' production et de consommation de richesse , sans échange
intermédiaire de produits, la richesse peut se concevoir,
abstraction faite de tonte idée de valeur. En eH`et , quand un
cultivateur, par exemple, cultive_du lin pour la consom;
mation de sa maison , la valeur de ce lin, la quantité d’au-
tres produits qu’il pourrait 1·ecevoir en échange, lui est
indifférente : que cette denrée soit chère ou bon mar-
ché , son revenu n’augmente ni ne diminue. Il est seul juge
compétent pour décider si la satisfaction qu’il retire de
de sa toile vaut la peine qu’il s’est donnée pour la produire.
Il en est de même de la partie de ses autres produits qu’il
destine à la consommation de sa ,maison; que le blé soit F
cher ou bon marché, il ne peut en résulter pour lui ni perte
ni bénéfice 'sur la portion qn’il doit inévitablement con-
sommer. i
Il en est tout autrement quand un produit n’est pas des-=
tiné à la consommation de son producteur :ce qu’il importe
alors à celui—ci , c’est la quantité du produit qu’il désire
consommer et que le sien pourra lui procurer parl’écl1ax1ge,
c’cst la valeur de ce produit. . _
(Pest ainsi que M. Say a tres-bien défini la valeur d’une

é ( 317 )
chose,` « la qantité de toute autre chose qu’on peut obte-
nir, du moment qu’on le désire, en échange de la chose
dont on veut se défaire. »
La valeur est donc essentiellement une relation existante
entre deux choses; c’est une propriété qui leur est com-
mune , et que l’on ne peut pas appliquer à chacune d’elles
séparément ; c’est le résultat de la comparaison defces deux
choses ; c’est une équation dont chacune de ces deux choses
est un membre. i l
Dans le langage ordinaire , le mot valeur est souvent pris
dans un autre sens , dans le sens de richesse; c’est ainsi que
l’on dit qu’on a des valeurs en porte-feuille; que Pon est
d"autant plus riche que l’on a plus de valeurs. C’est pour
avoir souvent confondu les deux sens du mot valeur, qu’on
a jeté beaucoup de difficultés dans Pétudeilde la science des
richesses. C’est ce qui est arrivé à M. Say , dans sa défini- '
tion de ce dernier mot.
Evitons donc de nous servir du mot valeur dans toute
antre acception que celle où nous venons de le prendre
d’après M. Say. . _
Quand nous parlons de richesses, nous faisons presque
toujours allusion à la consommation des produits que nous
avons en vue; nous mesnrons, en quelque sorte, la satis-
faction que cette consommation est susceptible de nous
procu1·er.
Quand nous parlons dela valeur de ces produits, nous
nous occupons , non de leur consommation , mais de leur
distribution par le moyen de Péchange. Il est donc bien
essentiel de ne pas confondre ces deux ordres d’idées.
Ce que la valeur mesure , ce n’est pas la richesse , c’est la.
quantité de choses que nous donnons; le sacrifice que nous
sommes obligés de faire pour nous procurer un produit
par le moyen d‘un échange. Elle ne mesure donc pas ip
" 2l

( 318 )
quel point le produit obtenu est lui-même utile ou agréa-
ble, à quel point il peut être considéré comme richesse.
Cela est si vrai, qu’il n’est ni moins utile ni moins agréable,
lorsque, par un concours de circonstances quelconques ,
le sacrifice que nous devons, faire est diminué. I1 joint,
au contraire, aux avantages que nous l11i connaissons déjà , [
celui de s’obtenir au prix d’1m moindre sacrifice. `/
La valeur des produits destùzeis à la consommazzbn d’une
nation mesurant l’étendue du sacrifice qu’elle est obligée
de faire pour se les procurer, il s’ensuit qu’elle devient
d’autant plus riche qu’elle possède une plus grande quan-
tité de ces produits ayant une moindre valeur. Elle serait
immensément riche, si elle possédait en quantité indéfinie
tous leslobjets de sa consommation ayant zéro de valeur.
C’est notre position relativement à quelques richesses natu-
turelles, telles que Pair, la lumière.
Ne pe1·dons cependant pas de vue que le mot valeur
n’exprime qu’une relation entre deux ou un plus grand
nombre de produits. La valeu1· ne fait que comparer en-
tr’eux les sacrifices qu’il faut faire pour se procurer deux
objets différends. Ainsi, lorsque dans un temps et dans un _
lieu déterminé, un_ produit coûte six francs et un aut1·e
trois francs, on pourra dire que l’un impose à son con-
sommateur un sacrifice double de l’autre. Si l’on nous
demandait ensuite une mesure absolue dui sacrifice imposé
par trois francs, nous n’en posséderions pas.
M. Say dit : (article valeur- de son épitome, 4.° édition
du Traité d’économie politique) « Les deux foudemens
» de la valeur sont: `
» x.° L’utilité qui détermine la demande qu"on en fait;
» z.° Les frais de sa production, qui bornent l’étendue
» de sa demande. »
Ces considérations nous p,araissent incomplètes. Pour ne

( 319 )
pas discuter sur les mots , voyons d’al>ord ce que M. Say
appelle utilité dans les choses. « C’est, dit—il, la faculté
» qu’out les choses de pouvoir servi1· à l’homme , de quel-
» que manière que ce soit ...... Le prix est la mesure de
» Putilité qu’elle a au jugement des hommes; de la satis—
» faction qu’ils retirent de sa consommation. L’utilité ainsi
» entendue, est le fondement de la demande qui est faite
» des produits, et pa1· conséquent de le1u· valeur. Mais la
» valeur ne monte pas en proportion que l’utilité est
» grande; elle monte en proportion que la chose est moins
» otterte, et elle est d’autant moins offerte, que ses frais
» de production sont plus considérables. ~» '
Ainsi M. Say dit que le prix est la mesure de l’utilité , et
que cependant le prix , la valeur en monnaie, ne monte pas
en '> pIOPOl'l1i0I] que l’utilité est grande. Or , qu’est-ce ,
qu’une mesure qui ne mesure pas ? Il y a dans tout ceci
un sentiment du vrai auquel M. Say n’a pu échapper; mais
l’idée fausse qu’il avait conçue de la richesse , l’a empêché
de découvrir la vérité. /·
L’utilité est bien , comme le dit M. Say, la faculté qu’onl:
les choses de pouvoir servir à l’l1omme de quelque manière
que ce soit; mais ce genre d’utilité_ ne nous paraît pas
être celui qui détermine toujours la demande des produits.
L’utilité d’un carrosse , par exemple , est de pouvoir trans-
porter commodément un individu quelconque , un roi
comme un simple particulier , d’un endroit dans un autre.
Que la valeur d’un carrosse soit égale à celle de xooo francs,
tout individu possédant xooo francs se trouvera à 'même
(ll3.Cl1Bt€l` un carrosse. Le l'0i en achetera dix, vingt, pour en
avoir, non—seulèment pour lui, mais pour tous les gens
attachés fi. son service. Le simple particulier, possédant:
2000 francs, continuera d’aller à pied, et ne voudra pas q
même d’un seul carrosse , bien qu’il puisse en acheter deux.

( 320 )
En etfet, il a une nombreuse famille , et son premier be-
soiu est de la faire subsister : comment pourrait—il, en
descendant de son carrosse , supporter la vue de ses enfans
mourant de faim? Loin d’acheter un carrosse, il se sou—
viendra qu’il a failli manquer de blé, faute de pouvoir le
payer le prix,qu’on en voulait; il verra que ses enfans,
que lui-même, ont besoin d’être décemment vêtus avant
d’aller en carrosse : il achetera, je suppose , du blé pour
1000 francs et des habits pour la même somme. Nous,
voyons qu’il y a dans chaque chose, pour chaque individu ,
un genre d’utilité dilïérent, suivant sa position; une utilité
relative à cette position. Qu’il nous soit permis d’appeler
la première utilité absolue , la deuxième utilité relative.
C’est toujours cette dernière utilité qui décide chez un
individu , si telle ou telle chose doit être demandée par lui
en échange de telle ou telle autre qu’il possède. C’est par
suite de laqcomparaison qu’il fait, par rapport à lui, de
l’utilité relative de la chose qu’il veut vendre et celle de la
chose qu’il veut acheter , qu’il se décide à faire un échange.
Pour quhin échange puisse avoir lieu , il faut donc que
les possesseurs de deux produits., comparant, chacun de
leur côté , Putilité rclative du produit/qui leur est offert à
celle du produit qu"ils offrent , trouvent qu’il y a plus
d’utilité relative pour eux dans l’objet qui ne leur appar-
tient pas encore , et Péchange a lieu.
Dans la société, telle que nous la connaissons, deux
choses sont presque toujours olfertes et demandées, pré-'
seutées en échange par un grand nombre de personnes à la
fois. Il s’établit pour chacune de ces choses une utilité'
relative moyenne , qui fait la base de l’olï`re et de la de-~
mande qui en est faite. ·
L’utilité relative d’une chose varie par suite de plusieurs
circonstances susceptibles de la modifier. A

( 32l )
Tous les objets sont rangés par chaque individu dans un
ordre d’utilité relative particulier., que le climat, les goûts 1
le caractère, les mœurs, la position sociale et une foule
d’autres circonstances sont susceptibles de faire varier à
l’inlini. À '
Tous les produits ont UD degré dilïérent d’utilité rela-
tive pour chaque individu. Chacun les range., ainsi que
nous venons' de le dire, suivant une échelle particulière. __
Le produit qui' occupe le premier degré est celui qui est
considéré comme le plus nécessaire à l’existencc de l’in—
dividu; le dernier est celui dont le sacrifice lui imposerait
la moindre privation.
Quand un objet est snrabondant dans les mains d’un
individu ., la portion de ce produit qui est surabondante
est renvoyée par lui aux derniers degrés de son échelle
d’ntilité relative.
Un individu cherche toujours à échanger le produit
qui occupe le dernier degré de son échelle contre un l
produit qu’il juge capable d’occnper mieux sa place on _
l’une des précédentes. Si Pexpérience m’avait appris qu’il
me suttit, pour ne pas être exposé à manquer de blé.,
d’avoir ma provision de deux ans , et que je me trouvasse
avoir celle de trois ans ., je placeraiscette portion srira- ,
bondante aux derniers degrés de mon échelle d’utilité
relative, et je saisirais la ppemière occasion d’échanger
ce blé contre tout antre produit que je regarderais comme
plus utile on dont j’épr0uverais un besoin plus immédiat. '
La Surahondance d’un ou de tous les objets rangés par
nous dans notre échelle d’utilité relative , nous permet
d’étendre cette échelle à un plus grand nombre de pro-
duits, du moment où nous trouvons à échanger cette
partie surahondante.
La disette d’un ou de tous les objets qui faisaient partie

( 322 )
de cette échelle, en supprime toujours un ou plusieurs
degrés. V _ '
L’abondance et la rareté des objets ne sont donc des
élémens de la valeur que par l’influence qu’elles exercent
sur l’utilité relative; elles augmentent ou diminuent la
quantité offerte et demandée de chaque produit, en chan-
geant son utilité relative.
t Un objet n’est susceptible d’utilité relative pour un
individu que lorsqu’il se trouve Slll'db0lld’3l’Ill'D€Ut pourvu "
de tous ceux qui le précèdent dans l’échel1e qu’il·s’est
faite. Une mère de famille qui aime mieux donner à ses
enfans une bonne éducation que de se parer de bijous
précieux, vendra ces derniers pour leur acheter des-livres.
Pour elle les hijous ¤’ont plus d’ntilité relative. La coquette
en jugera diB`éremmeut. W · V
Une nation, prise en masse, se forme comme un indi-
vidu une échelle d’utilité relative qui varie suivant ses
mœurs. Elle peut l’étendre chaque fois qu’elle est sura-
bondamment pourvue de tout ce qui en avait fait partie
jusques-là; elle est obligée de la 1·estreindre dans le cas
contraire. De-là vient que dans les disettes et les calamités
publiques, certains produits cessant d’être demandés,
· n’ont plus de valeur.
Tout produit est une portion neïcssaîre de la richesse
nationale, non en raison de sa valeu1· , mais en raison
de son degré d’utilité relative. Je dis portion nécessaire,
parce que tous les produits qui le suivaient dans l’ordre
établi cessent d’être des richesses , quelque soit du reste
la valeur qu’ils aient pu avoir dans un autre temps, du
moment où ce produit et ceux qui le précèdent absorbent
les facultés productives de la nation.
Lorsqu’un produit est destiné à la consommation d’un
llldividu , il fait partie de sa richesse au même titre, il

( 32.3 )
en est portion nécessaire en raison de son degré d’ulilité
relative. Lorsqu’il n’est pas destiné à sa consommation,
mais à être échangé, il üit partie de sa richesse en
raison de sa valeur., en raison de la quantité de produits
de sa consommation qu’il est susceptible de lui faire
obtenir en échange. '
Un objet très—rare., quelque soit d’ailleu1·s son utilité l
absolue , sera susceptible d’utilité relative et souvent d’une
grande valeur, dans une société abondamment pourvue
de tous les agrémens de la vie; il sera sans valeu1· dans
une société pauvre. La valeur du plus gros diamant de
la couronne du Roi de France est considérable; il en
aurait, sans doute., une bien petite' dans les parties du
globe habitées par des peuples sauvages , dénués de tout.
Peut-être ne trouverait-on pas à Péchanger contre un
mauvais arc pOlll' la chasse. vi l
Ce sera donc l’utilité relative telle que nous venons de
la définir et non l’utilité absolue des objets qui déter-
minera , non-seuleme11t la quantité demandée , mais encore
la quantité offerte de chaque produit. _
Nous avons vu de quelle manière Pabondance et la
rareté des produits agissent sur leur utilité relative. Les
frais de production viennent aussi la modiüer en déter-
minant l’abondance ion la rareté des choses. l
Voyons ce qn’il convient d’appeler _/rais de production.
M. Say les délinit « la valeur échangeable des services
» productifs nécessaires pour qu’un produit ait Pexistence ».
Cette définition des frais de production ne répond pas à
'l’idée que nous nous en faisons; elle n’établit pas de
différence ent1·e le prix de vente et les frais de production ,
` car ce prix n’est jamais que Pexpression de la valeur
échangeable des services productifs qu’il doit payer. Nous
aimerions mieux dire que les frais de production forment

( 324 >
le taux le plus bas auquel tous les services productifs
nécessaires pour qu’un produit ait l’existence peuvent
être obtenus; ce que Smith appelle le prix naturel, et
que MM. Malthus et Sismogdi appellent, suivant nous.,
plus convenablement prix nécessaire, prix au-dessous
duquel lei produit ne serait pas olïert.
Remarquons d’ab01·d que les frais de productio_n sont,
par leur nature, aussi variables que la valeur possible
des services productifs dont ils se composent; le prix
nécessaire d’un produit n’a rien de plus stable que son
prix de vente; il ne diffère de celui-ci qu’en ce que ce
dernier peut lui être supérieur pendant un temps plus ou
moins long, tandis qu’il ne peut lui être long-temps
inférieur sans que la production soit abandonnée.
Tous les p1·oduits sont le résultat du concours des
services productifs de l’industrie, des capitaux et des
agens naturels.
Il a été bien établi que la valeur des services productifs I
de l’industrie et des capitaux, comme celle de toutes les
choses susceptibles de faire la matière d’un échange,
augmente en raison inverse de la quantité,ofl`erte et en
raison directe della quantité demandée , et qu’elle diminue
dans les circonstances contraires. Z
Ces services productifs ne pouvant jamais être offerts
en quantité indéfinie, ne pourront jamais être sans valeur.
Il n’en est pas de même des services productifs des
agens naturels.
Certains agens naturels nous_ sont présentés · par la
nature en quantité indéfinie; leurs services productifs I
sont gratuits, personne ne peut se les approprier. Tout
individu possédant le capital et Pindustrie nécessaires pour
les faire travailler au profit de la société, peut s’en em-
parer, §`elles sont la force du vent dans un grand nombre

( 325 )
de cas, la pesanteur de Patmosphère, la force expansive
de la vapeur d’eau. Nul ne consentirait à payer d’un
moulin à vent, d’une pompe, d’une machine à vapeur,
une somme plus forte que celle que coûterait leur éta-
blissement, sous le prétexte que l’elt`et de ces 'macbines
est obtenu par 1’air et la vapeur. Il lui suffirait de
prendre ces agens dans le réservoir commun par les
moyens déjà employés.
D’autres agens naturels ne nous sont pas présentés par
la nature en quantité indéfinie, ils sont le plus souvent
appropriés ; leurs services productifs sont gratuits ou ne
le sont pas suivant les circonstances. Telles sont les terres
cultivables , la pesanteur de l’eau dans les chutes d’eau , etc.
Si le prix d’un produit est plus élevé que celui des ser-
vices productifs de Pindustrie et des capitaux qui ont
conc0u1·u à sa production, les se1·vices productifs de
Pagent naturel app1·oprié qui les a aidés seront payés.
Tel est le fermage des terres de première qualité, le
loyer des chutes d’eau convenablement .·placées. Sinon,
les services productifs de l’agent naturel ne seront pas
payés. Tels sont les services productifs de la terre dont
les produits ne suffisent pas pour payer nn fermage; tels
seraient les services productifs d’une chute d’eau faisant
mouvoir une usine qui ne serait pas susceptible d’être
louée à un taux supérieur à l’intérêt dn capital dépensé
dans sa construction. `
Le prix des services productifs d’un agent naturel sera
d’autant plus élevé que le prix du produit obtenu par
son concours sera supérieur à celui des, services pro-
ductifs de l’industrie et des capitaux par lesquels il a
été- secondé; d’autaut plus élevé que cet agent se trouvera
dans des circonstances plus favorables! à la production.
Quand Papprovisionnement d’une ville requiert la mise

( 326 )
en culture de toute sa banlieue ,' le blé y est payé à un
prix tel qu’il suftit pour rembourser les avances du culti-
vateur exploitant la piece de terre la plus mauvaise et
la plus éloignée. Si ce prix était moindre, cette pièce
ne pourrait plus être cultivée , Papprovisionnement
nécessaire ne serait pas produit. Les services productifs
de toutes les autres pièces de terre de meilleure qualité
sont d’autant mieux payés que ces terres sont plus fertiles
et plus près de la ville, et cela parce que la même dépense \
de services productifs en industrie et en capitaux sur ces
bonnes terres, donne un produit plus fort. » '
Dans les pays fort peuplés comme le‘nôtre, les ser-
vices productifs de la terre sont presque toujours payés.
Les terres susceptibles d’être mises en culture sont le
plus souvent affermées. Celles qui ne le sont pas appar-
tiennent à un homme 1·iche qui ne se soucie pas de les
exploiter; il les laisse en pâturages ou en bôis, et dans
cet état elles peuvent déjà lui donner un fermage. Mais
si elles étaient si mauvaises ou leu1· produit si peu
demandé qu’on n’en obtîut que de quoi payer les soins
des gardiens au taux ordinaire de leurs salaires ou la
dépense de clôture au taux ordinaire de Pintérêt des
capitaux, la terre ne ·pourrait'pas être alfermée, et le
produit obtenu pourrait être considéré à juste titre comme
ne comprenant 1·ien pour les services productifs de la
terre.
Il est encore_des cas où le propriétaire d’une terre ne
pouvant se contenter du fermage qu’elle lui rapporterait _
en la.laissant en pâturages ou en bois., la met lui-même
en culture , quoiqu’appliquée à ce nouveau service, elle
ne soit pas susceptible de payer un fermage. C’est pour
lui, faute d’un autre emploi plus lucratif, un moyen de
tirer parti de son industrie et de son capital; emploi qui

( 327 )
le fera subsister comme il aurait fait subsister le fermier
auquel il aurait consenti à céder les services productifs
de sa terre à titregratuit.
Les services productifs de la terre sont encore gratuits
lorsque la quantité de terres est tellement au-dessus de la
demande qu’on en fait, qu’il ne vaut pas la peine de s’en ap-
p1·oprier une portion.M. de Humboldt rapporte que, dans les
Llazzos de Caraccas, les propriétaires des bestiaux igiiorent
totalement le nombre de têtes qu’ils possèdent; ils ne con-
naissent que celui des jeunes bestiaux, qui sont marqués
tous les ans d’une lettre ou d’un signe propre à chaque
troupeau. Ces troupeaux paissent toujours pêle-mêle, et
trouvent presque constamment une nourriture abondante.
Dans les pampas de Buenos—Ayres, un cheval sauvage vaut
une demi—piastre; dans les Llanos de Carraccas , deux à trois
piastres (io à 15 francs). Ce prix suffit pour couvrir les
frais de production. Dans notre arrondissement de Lille,
un cheval de même qualité vaudrait probablement 3 à
400 francs; et ce prix n’y suüt pas pour"couvrir les frais
de production : aussi n’y fait-on pas d’élèves. C’est qu’ici
tous les genres de services productifs sont beaucoup plus
chers que dans les plaines presque désertes de l’Amérique
méridionale. `
Nous venons d’indiquer quelques circonstances de nature
à influer sur le prix des services productifs d’un agent
naturel.,Ce genre de services productifs est le seul qui
puisse quelquefois s’obtenir gratuitement. Les services pro-
ductifs de l’industrie et des capitaux seront bien ou mal
payés; mais ils_le seront toujours , parce que personne ne
consentira jamais à travailler gratuitement pour un autre.
L’amour du repos domine Phomme; lorsque ses besoins
ou ses goûts ne le forcent pas à travailler pour lui, il se
repose.

( 328 )
Concluons de ce que nous venons de dire sur les frais de
production : que le prix des services productifs d’un agent
naturel ne fait pas partie constituante indispensable des
frais de production de ce produit. Nous avons vu qu’il est
seulement indispensable à la quantité demandée du pro-
duit, et qu’il est tel concours de circonstances où ces
services productifs pourraient être obtenus gratuitement. _
Lorsque les frais de production seront inférieurs au prix"
obtenu pour le produit, les services productifs se1·ont bien
payés, la production sera encouragée, le produit deviendra
plus abondant. ··
Lorsque le prix d’nn produit ne couvrira pas ses frais
de production, les services productifs seront mal payés,
la production sera découragée, et le produit deviendra `,
plus rare. '
L’abondance et la rareté des produits sont donc intime-
ment liés à la proportion existante entre le prix de ces
produits et leurs frais de production.
En nous résumant, nous dirons que la valen1· des choses
est déterminée par les quantités offertes et demandées de
ces choses;
Que cette quantité est déterminée à son tour par leur
utilité relative; .
Que celle—ci est l’utilité absolue des produits , comparée
aux moyens de se les procurer ;  
Que Pabondance et la rareté des produits n’ont d’in-
fluence sur leurs prix que par la manière do11t elles modi-
lient leur utilité relative;
Que les frais de production n'ont d’inl`lnence sur les prix
que par celle qu’ils exercent sur l’abondance et la rareté des
produits. , t
De l’importance_accordée à ces divers élémens rie la
valeur , sont venus plusieurs systèmes pour rendre raison

( 329 )
des prix. MM. Say et Malthus sont d’opinion que les prix
sont toujours réglés par les quantités offertes et demandées.
M. Ricardo ne peut nier I’influence de ces deux élémens;
mais il soutient que les frais de production règlent en der-
nière analyse le prix des choses, parce que la concurrence
finit toujours par niveler ces deux quantités. Smith pense
que la quantité de travail est la l1’1€SI.l1'€ réelle de la valeur de
toute marchandise. Ce que nous avons dit plus haut indique
assez que nous nous rangeons de l’avis de MM. Say et
Malthus. Les quantités offertes et demandées nous paraissent
régler en dernière analyse la valeur des choses. Ces deux
causes immédiates sont modifiées par l’utilité relative,
Pabondance, la rareté et les frais de production. Chacune
de ces causes réagit su1· les autres, et c’est de leurs concours
simultanés que naît Pexpression de leur effet, la valeur.
Avancer avec M. Ricardo que les frais de production règlent
définitivement la valeur des produits, c’est tomber, suivant
nous, dans un cercle vicieux. Lorsque le prix cl’un produit
égale ses frais de Pl'0dUCtlOD , ceux-ci ne sont que Pexpres-
sion de la valeur des services productifs qui ont concouru
à former le produit. Or, cette valeur n’est-elle pas fixée ,
par les quantités offertes et demandées de ces services pro- '
dnctifs? h ·
Il n’arrive que trop souvent qu’il y ai des obstacles in-
surmontables pour que le prix des choses se nivèle avec
leurs frais de production. Pour obtenir cet elïet, il faut
nécessairement qu’il y ait libre concurrence ent1·e les
produeteurs, puisque ce sont leurs oiïres simultanées qui l
doivent réduire les prix. Si un seul individu se trouvait
possesseur d’une marchandise , il est clair qu’il n’y aurait
d’autres bornes à ses prétentions que la faculté de payer
des demandeurs. Qu’une société, par exemple, obtienne
le privilège de se faire fabricante de tabac à Pexclusion de

( 330 )
tout autre producteur; qu’une loi oblige tous les cultiva-
teurs, sous les peines les plus sévères, à lui livrer tous
leurs tabacs au prix qu’elle voudra les payer, rien ne pourra
l"obliger à baisser le prix de cette denrée , que l’impossi—A
bilité dans laquelle elle placerait les consommateurs de cette
poudre d’en faire usage, en la tenant à un prix au—dessus
de leurs moyens. Elle cherchera à obtenir de son -privi-
lége un effet maximum en réglant le prix de manière à ne
pas trop nuire à la consommation; elle cherchera , comme
on le dit vulgairement, à plumer la poule sans la faire
crier.
L’effet des monopoles n’est pas toujou1·s également ex-
clusif; mais il a toujours pour résultat de maintenir le
prix des produits au-dessus des frais de production aux-
quels la libre concurrence au1·ait donné lieu. Bien sou-
vent cet eiïet l1’€SÈ pas obtenu en augmentant les bénéfices
des producteu1·s, mais seulement en substituant une ma-
nière de produire désavantageuse à une manière avanta-
geuse. Par exemple , il y a nombre d’années que le dépar-
tement du Nord et la Belgique étaient en possession de
la fabrication des huiles de graines que la France con-
sommait. Depuis 1814, P0lll` protéger cette fabrication;
Padministration a établi un droit prohibitif sur celles de
Belgique, en même temps qu’elle mettait un droit un peu
moindre, mais aussi à-peu-près prohibitif sur les graines
oléagineuses, pour en protéger la culture. Le p1·emier effet,
de ces lois a été de mettre le consommateur français à la
merci des producteurs, en faveur desquels la prohibition
avait lieu; en conséquence les huiles se sont soutenues à
un prix de 20, 30, 40 et 50 p. °/0, plus élevé que dans
un pays voisin. Le consommateur a perdu cette différence ,
qui a été gagnée par les producteurs. Toutefois la concur-
rence nationale dans toutes les professions a ramené les~

( 351 )
· bénélices au taux ordinaire, et le propriétaire de la terre,
seul, e11 vertu de l’espèce de monopole qu’il lui est pos-
sible de faire de son agent naturel, a profité de ces lois.
Il n’en tirera pas cependant tout le profit qu’il pouvait en .
espérer; le haut prix des huiles a encouragé la culture du
colza et de la navette dans une foule de terrains où cette
plante ne pouvait pas être cultivée auparavant : l’eH`et de
ces plantations s’est fait vivement sentir dans ces dernières ,
années; nous avons vn la récolte de notre département
manquer deux fois de suite sans que le prix des graines
s’en ressentît. Ce commerce, pour lequel notre localité
possède une foule d’avantages, s’éloigne de nous, et con-
tinuera à_s’en éloigner aussi long-temps que le haut prix p
des huiles encouragera la culture des graines dans des pays
moins favorisés que nous : sous l’empire de ces lois que
nous avons provoquées, nous finirons peut-être par perdre
la moitié de nos consommateurs, à leur grand détriment
ainsi qu’au nôtre, Si ce genre de commerce était resté libre ,
nous aurions été les entremetteurs naturels,d’échanges avan-
tageux avec la Belgique; nous lui aurions fourni d’autres
produits français en échange des huiles que l’on n’aurait_
pas produit dans les autres parties de la France où cette
p1·oduction est moins avantageuse que dans les Flandres i
française et belgique : les consommateurs les auraient ob-
tenues à bien meilleur compte, et notre département ne
se verrait pas sur le point de perdre une bonne partie de
ce commerce. En propageant la culture des plantes oléagiy
neusesedans des terrains où cette culture ne peut se soutenir
qu’à la faveur du liant prix des huiles , lemonopole n’a eu
d’autre elïet que de substituer une manière moins avanta-
geuse de produire à une autre plus avantageuse; savoir,
l’échange libre des produits que la France fabrique à meil-
leur marché que la Belgique, contre des huiles que celle-ci

( 332 )
fabrique à meilleur compte par suite des avantages de
position qu’elle partage avec notre département. Elle aurait
reçu nos vins, nos modes , nos porcelaines , nos glaces,
en échange de ses huiles et de ses toiles. Les deux pays
auraient fait, comme avant leu1· séparation, un commerce
réciproquement avantageux.
Les frais de production, c’est-à-dire le taux le plus bas
auquel la libre concurrence pourrait faire obtenir les ser-
vices productifs nécessaires pour fo1·mer un produit, ne À
règlent donc pas constamment la valeur des choses. l
Revenons à l’examen de quelques opinions des écono-
mistes que nous avons déjà cités. M. Say a très-bien réussi
à relever l’industrie commerciale dans l’opinion, en prou=-
vant qu’elle contribuait à la production de la richesse, j
comme toutes les autres industries; que son objet était de
donner aux produits une façon productive en les trans-
po1·tant des lieux où ils étaient trop abondans, dans
ceux où ils l’étaient moins. Mais là , comme dans beaucoup _
d’autres endroits de son excellent ouvrage, il a confondu
comme synonimes les expressions de valeur et de richesse.
C’est ainsi qu’il dit du commerce :« C’est une façon pro-
_ » ductive donnée au produit par le commerçant, et dont
» il résulte une création de valeur qui constitue l’espèce de
» p1·oduction qu’on doit à l’industrie commerciale. » La
valeur d’un objet, dans un lieu quelconque, ne dépend ·
pas précisément du transport de cette denrée dans ce lieu;
il y a plus, cette valeur sera d’autant moindre, qu’on y
en transportera davantage, toutes les autres circonstances
restant les mêmes. La valeur d’une marchandise dans un
lieu, dépend, comme nous l’avons vu , des quantités of-
fertes et demandées de cette marchandise, comparées aux
quantités offertes et demandées de celles qu’on veut recevoir
en échange. La valeur de cette marchandise est un fait en

( 333 )
partant duquel le commerçant juge s’il lui est ou ne lui est
pas avantageux d’expédier. ll ne crée pas cette valeur, il
l’accepte; et cela est tellement vrai , que tous les jours des
négocians maladroits ou malheureux font des expéditions
de marchandises dont on ne veut ni ne peut rembourser les
frais de transport, et qui donnent de grosses pertes. Du
moment où ce négociant a expédié un produit d’uue utilité
absolue, il a créé sur les lieux une richesse pour quelqu’un;
mais si Putilité relative de cet objet n’est pas appréciée sutii-
samment pbur couvrir ses frais de production , ceux à qui il
aura vendu gagneront tout ce qu’il perdra. Ils auront été
mis par lui à même de consommer un produit qu’ils n’au-
raient pu consommer , s’il n’avait pas fait le sacrifice dc
le do1mer à un prix inférieur à celui de production, La
richesse produite sera la même; mais sa distribution aura
été telle, que Pexpéditeur n’y aura pas trouvé la part qui
devait lui revenir. Il ne sera pas tenté de recommencer
un genre de production auquel il ne trouverait pas son
compte. Si le produit était susceptible d’être vendu à un
consommateur disposé a rembourser les frais de produc-·
tion , il y a eu simplement mauvaise distribution. Si per-
sonne n’était à même de le faire, c’est une preuve que ce
produit n’é_tait pas d’une utilité relative sullisante, et que
sa production doit être abandonnée pour le moment.
M._ Say, dans une note relative àla page 2 du r.°' vol. de
l’ouvrage de M. Ricardo, dit: « la valeur, cette qualité abs-
» traite par laquelle les choses deviennent des richesses ou
» des portions de richesses, était une qualité vague et arbi- I
» traire que chacun élevait ou abaissait à son- gré selon
»i l’estime que chacun faisait de sa chose , mais du moment
» qu’on a remarqué qu’il fallait que cette valeur fût re-
» connue et avouée, pour qu’elle devint, une richesse réelle ,
n la science a eu dès—lo1·s une base lixe: la valeur courante
az

( 334 )
» et échangeable des choses., ce qu’on appelle leur prix
» courant, lorsque Pévaluation en est faite dans la monnaie
» du pays. » · _ _,
Est—il bien vrai de dire qu’il fallait que la valeur d’une
chose fùt reconnue et avouée pour qu’elle devînt une ri-
chesse réelle? M. Say cite un peu plus bas l’exemple du gros
cultivateur du Kentucky qui consomme lui-même les pro-
duits»de ses terres; certes leur valeur n’a besoin d’être
reconnue de personne pour qu’ils soient considérés par lui
comme des richesses, et il en est de même chaque fois qu’une
chose doit être consommée par son possesseur sans échange
préalable. Que le morceau dc pain qui doit me sauver la vie;
vaille un franc ou un million de francs ., la chose m’est fort
égale si je dois inévitablement le consommer. La valeur
d’une chose ne doit être prise en considération que lo1·squ‘il
s’agit de savoir ce qu’elle produira à son possesseur en
denrées de sa consommation par Péchauge qu’il en peut
faire. Cette valeur règle la portion de denrées de sa con-
sommation qu’il peut se procurer en échange et à cause de
cela il est obligé d’en tenir compte chaque fois qu’il ne
prod uit pas directenzent ce qu’il désire.
On a posé ent principe que la fortune d’un état se com-
posant de la somme des fortunes des particuliers, ce qui
était vrai de l’une était vrai des autres; que ce qui favorisail;
légitimement la fortune des particuliers était également
favorable à la fortune nationale. Il est cependant essentiel
d’établi1· une différence entre ces deux choses. V
I La plus grande partie des produits de la consommation
d’une nation est obtenue par le moyen de l’industrie et du
commerce intérieur, la quantité de ces produits qu’elle
obtient par le commerce extérieur est toujours minime rela-
tivement à sa consommation totale..Elle consomme elle-
, même latotalité de ses produits. La valeur, à Pétranger,

( 335 )
des produits qui lui servent de moyen d’écbange pour
obtenir les denrées de sa consommation qui sont l’objet de
son commerce extérieur est donclaseule valeur qu’il lui soit
avantageux de ne pas voir diminuer.
Un particulier n’est pas dans le même cas. Le plus souvent
il ne produit lui·même qu’une partie minime des produits
qu’il consomme. ll obtient la plus grande partie de ces
produits par voie d’échange (par son commerce extérieur
avec ses compatriotes), il ne consomme qu’une t1·ès·petite
partie des produits qu’il fabrique. Suivant qu’il est déten-
teur d’une quantité plus ou. moins forte de ces produits, sa
fortune est susceptible d’éprouver plus ou moins de chan-
gement par celui de leur valeur. Il a bien intérêt, comme
sa nation, à ce que tous les produits baissent de prix , qu’iIs
soient obtenus de la nature par un moindre sacrifice; mais
ce qui lui est préjudiciable, c’est que le produit dont il est
détenteur baisse au profit de ses compatriotes, avant qu’il
ait pu Péchanger contre ceux qu’il doit consommer et que
les moyens plus économiques de le produire lui soient
connus. .
Il n’est pas étonnant qu’on ait été porté à confondre
souvent la valeur avec la richesse. C’est sous le manteau de la `
valeur que cette dernière se présente dans une foule de
rapports d’individn à individu. Les richesses sociales s’étant
trouvées jusqu’ici fort inégalement partagées, le soin de la I
conservation du capital social a toujours été Poccupation
du petit nombre. La division des occupations nous engage
aussi très-souvent à conserver une masse de denrées dont
nous ne devons consommer qu’une- partie presqmfinsignii
fiante. C’est ainsi que le négociant en denrées coloniales,
le spéculateur en blés, le spéculateur en huiles, conservent
souvent une très—grande masse de ces denrées. Ce qui leur
importe pour obtenir de la société le remboursement de

( 336 `)
leurs avances, c’est la valeur de ces denrées. Pour eux, il
s’agit de la conservation de leurs richesses. Mais la- société I
qui doit consommer ces denrées nlest pas dans le même cas;
· ce qu’iI lui importe, à elle , c’est leur quantité, au moyen
de laquelle elle sera plus ou moins bien pourvue. Son
intérêt est même que leur abondance soit si grande qu’elles
nlaient qu’une petite valeur et que leurs détenteurs en les
produisant à bou compte puissent les céder à bas prix.
Pour quela production d’uue denrée soit encouragée, ilfaut
qu’_elle donne un grand bénéfice à son producteur ou tout
au moins un bénéüce sullisantpour qu’il ne cherche pas
un autre emploi de son capital et de son industrie. Ce but
· peut être atteint de deux maniè1·es, en provoquant uneaug—
mentation de la valeur 'de ce produit relativement à celle de
tous les autres ou bien encore en faisant diminuer la valeur
de tous les autres par rapport à lui, ce qui 1·evient au
même pour la quotité de Pencouragemenl; donné. Exami-
nons lequel 4 de ces deux moyens est le plus favorable à la
richesse publique.
On n’a pas eu de mal à persuader à ceux qui confondaient
les idées de valeur et de richesse qu’il était plus avantageux
de faire augmenter la valeur du produit _qu’on voulait
protéger, c’était en mêmeitemps augmenter la richesse.
C’est ainsi que l’école de Quesnay en était venue à ce principe
absurde que « la non valeur avec Pabondauce n’est point V
» richesse. La cherté avec pénurie est misère. Ifabondance
» avec cherté est opulence. » Bien que cette erreur ne soit
pas celle de plusieurs économistes qui ont confondu. les
deux idées dans un grand nombre de cas, elle a été long-
témps, elle est encore actuellement une idée généralement
reçue chez le vulgaire. Chaque fois que les partisans du
systéme prohibitif ont voulu favoriser un genre de produits,
ils n’out pas trouvé d’autre moyen que de soustraire les

( 337 )
producteurs indigènes à la concurrence étrangère en en
prohibant l’importation. Par—là ils donnaient inne plus
grande valeur au produit qu’il s’agissait de protéger. Il est
vrai que cette augmentation de valeur tournait au détriment
de tous les consommateurs du produit, mais celà, dans
leur systême était pen tle chose parce qu’an moins le prix
était payé à un producteur indigène et l’argent ne sortait
pas du pays. Les anglais peuvent se vanter d’avpir eu , dans
ce genre , une supériorité bien marquée et d’avoir poussé le
systéme prohibitifaussi loin 'qu’il était possible de le faire.
Il fallait une sauté économique aussi robuste que la leur
pour ne pas succomber à l’expérience de leurs lois sur les
céréales. En proliibant les grains étrangers dans un pays. _
aussi populeux et dont le sol est généralement ingrat on a
fait payer le pain au consommateur anglais à 50 p.%an
moins au-dessus du prix auquel la libre concurrence l’aurait
établi ; on a dirigé les capitaux vers une agriculture ruineuse
puisqu’elle s’exerçait sur des terres stériles qui étaient loin
de 1·endre à leurs industrieux cultivateurs une récolte pro-
portionnée à leurs labenrs; on a privé l’industrie anglaise
d’uu débouché plus avantageux de ses produits manufac-
turés, etc. Son avantage supposé était d’empêcher l’Angle—>
terre d’être tributaire de la Pologne pour ses blés , comme
si l’Angleterre avait pu se dispenser de lui payer ce pré-
tendu tribut sans que la Pologne cessât de son côté d’être
tributaire de l’Angleterre pour ses produits manufacturés,
ou plutôt comme si on était tributaire de son vendeur ’
quand on fait avec lui un libre échange. C’était encore afin- `
de mettre ses terres en valeur; comme si., prendre dans la
poche du consommateur pou1· mettre dans celle du proprié-
taire de terre , prendre en un mot au pauvre pour'donuer
au riche était nn acte avantageux pour re pays. Ce dernier
avantage est encore regardé connue tel par une foule de
L

( S38·)
gens éclairés. Nous avons vu dernièrement M. Moreau de
Jonnês en faisant., comme ou l’a dit fort élégamment ,
Pinventaire du genre humain, regretter pour la France que
le produit net de ses terres fût dans une si petite proportion
avec leur produit brut, comparativement à l’Angleterre.
Le gouvernement Anglais a-t-il augmenté la richesse de
l’Angleterre en provoquant les mesures dont nous venons cle
parler dans Pintérêt de Pagriculture? Il nous semble que
ces mesures ont eu un résultat tout opposé. On a fini par
produire la même quantité de grains qu’auparavant , seule-
ment on a changé le mode de production. En cnltivant les ·
grains en concurrence avec les fermiers de la Pologne, les
fermiers anglais avaient été obligés de laisser en bois et
l paturages toutes les terres trop mauvaises pour soutenir
cette concurrence. Les grains que ces terres ont produit
depuis coûtaient au moins 25 francs Phectolitre à leurs
producteurs. Ils étaient achetés auparavant su1· les marchés
rl’Europe avec des produits des manufactures anglaises et
ne revenaient dans les ports d’Angleterre qu’à 12 ou 15 fr.
l`l1ectolitre. La nation anglaise a perdu sur cette po1·tion
toute la dittérence entre ces deux prix. Uaugmentation de
valeur éprouvée par les grains produits sur les terres ancien- ~
nement cultivées est passée de la poche des consommateurs
dans celle des propriétaires ou du tisc. (Pest comme si ,
possédant de bonneslterres, l’Angleterre avait 1·enoncé à
leur culture pour ne cultiver que les plus mauvaises. Cette
manière d’eucourager la production d’un objet en cherchant
à en augmenter la valeur est donc essentiellement nuisible
à la prospérité nationale. _
Nous avons dit qu’il .y avait un autre moyen dÈencoura·-
gement, celui de faire diminuer la valeur de tous les autres
produits par rapport à celui dont on voulait encourager la
production. L’ett`et sera nécessairement le même pour ce

( 339 )
produit, mais il sera bien différent pour la ricl1esse natio-
nale. Pour arriver à ce résultat, il faut faire ensorte que la
production, ed général, jouisse de la plus grande facilité,
que Pinstruction généralement répandue fasse découvrir les
lois de la nature favorablesàla production, qu’il y ait sûreté
et protection pour. toutes les propriétés afin de faciliter
Paccumulation des capitaux et l’application de ces lois; il
faut encore que chaque industriel, mis en possession des
moyens les plus avantageux de produire, ait la liberté de
les employer; en un mot, que la société constituée pour la
production ait la liberté la plus illimitée dans Pexercice de
ses fonctions productives. Dans cet ordre de choses , la faci-
lité de la production de chaque objet en particulier en fait _
Pabondance, et Pabondance de tous les produits est ~un
encouragement à la consommation et à la reproduction de
chacun d’eux. _
Cet ordre de choses mène à la prospérité générale , Pautre
y apporte des obstacles èoutinuels. V `

( 34¤ )
 
·LIT`TrERAT_URE.
A E L O G E I i
DE PLINE LE NATURALISTE ,
Pari lVl.'~A. F ÉE. ·
Nec ulli fuit vitio Deos colere,
` qll0qlI0 ll’l0(l0 possel.
‘ Pmxin, lîv. 1.•' Préface.
I. QUE des savans, laborieusement livrés à l’étude, nous
aient donné d’importans ouvrages sur une matière spé-
ciale qui a usé leur vie entière; que ces ouvrages étonnent
par leur étendue et nous paraissent devoir excéder les
bornes ordinaires de l’existence humaine, je pourrai
néanmoins comprendre que le travail et les veilles aient
produit de pareils résultats. Solitaires au milieu du
monde, et s’occupant du bonheur des hommes en pa-
raissant les fuir, ces savans ont 1·arement quitté leurs V
occupations chéries. Avares d’un temps employé à con-
quérir une gloire utile, trop convaincus de la briéveté
de la vie, ils ont sacrifié, sans regret, dignités et for-
tune, persuadés qu’ils étaient qu’il vaut mieux instruire
les hommes que les gouverner. Ainsi, ne déviant jamais
de la règle de conduite que leur traça la plus saine
philosophie, il leur a été donné <l’é1ever aux sciences
des monumens qui attestent à la postérité quel fut leur
amour pour elles., Mais que des hommes entraînés dans
le tourbillon des atïaires ou des plaisirs, aient pu, tout ~
à la fois, remplir des emplois et cultiver les sciences;

( 34¤ )
qu’ils aient pu sacrifier aux grâces et à la philosophie`,
se montrant hommes du monde par les agrémens de
leur esprit, hommes cl’État par la solidité de leur jugement,
et qu’indépendamment de qualités si' opposées, ils aient
étonné le monde par la prodigieuse variété de leurs
connaissances et par la multiplicité de leurs ouvrages,
voilà ce qui doit surprendre Pimagination, et ce qui,
donnant à l’homme un juste sentiment d’orgueil, doit
le rassurer sur ses destinées futures; lui, à qui Dieu a
départi une intelligence si supérieure à celles de tous
les êtres de la création.
Pline doit être placé dans le petit nombre des hommes
doués par la nature de cette merveilleuse activité des
facultés intellectuelles, qui donne naissance aux travaux
destinés à faire époque dans l’histoire des nations. Cette _
qualité naturelle n’expliquerait pourtant qu’imparfaitemeut
encore comment il put conduire à lin cette foule <l’écrits,
entrepris pour la' plupart au milieu du tumulte des camps
ou de Pagitation des cours, si nous n’avions appris que
Pline, juste appréciateur du temps., savait que la persé-
vérance seule achève ce que le génie coneoit   Combien
tlillûmlïies sont nés, à qui il n’a manqué, PCUF illuStl'€l`
leur pays , que de s’être dit: « Le présent nous appar-
tient, l’avenir est À la Providence. » ·
On n’est pas toujours d’accord sur la patrie des grands
i hommes; plusieurs villes se disputent l’honneur d’avoir
vu naître Homère (2). Musée, Orphée, et plusieurs autres
poëtes de Fantiquité, n’ont plus pour nous de patrie;
et Dioscoride, Pline et quelques autres naturalistes plus
rapprochés de nos temps, ne nous ont point indiqué,
dans les ouvrages qui nous sont parvenus cl’eux , le lieu
de leur naissance ; comme pour nous apprendre que ceux
qui ont travaillé à instruire ou à civiliser les hommes,

( 342 )
doivent être regardée comme des cosmopolites qui n’out
point de patrie exclusive, parce qu’ils appartiennent au
monde entier. _
Cirrus Pmmus Sncuunus , naquit, suivant Suétone,
à la nouvelle Côme, ancienne colonie des Romains,
dans Ie pays des Insubres; suivant d’autres , il vit le
jour à Vérone; et, suivant une dernière opinion, a
Rome. Son père se nommait Celer, et sa mère Marcella.
Quelques savans ont cherché à prouver que la famille de
Pline était d’origine— grecque, et qu’il fallait éc1·ire Plyne, _
et non Pline, comme il est `d’usage de Porthographier (3).
ll paraît mieux établi qu’il naquit l’an 23 de I.-C. , la
neuvième année du règne de Tibère, sous le consulat
de Cornelius Cethegus et de Vitellius Varro : son édu-
cation fut soignée, s’il est permis de l_a juger par les
fruits qu’elle rapporta; sa naissance dut être illustre;
car, bien que le génie et les talens sachent rapprocher
les distances, le caractère austère et peu_ courtisan de
Pline l’eût empêché de réussir auprèsndes grands , s’il ne
se fût de bonne heure trouvé leur égal (4). _ »·
Le peu que nous savons de la vie de Pline nous a été
appris par Suétone (5) et par Pline le jeune , qui parle
de son illustre parent avec le respect et la tendresse d’un
(ils. C’est à ce dernier que nous devons 11n récit circons-
tancié de la mort du célèbre naturaliste son oncle. Il
s’adresse, comme on sait, à Tacite *, et Pinvite à immor-
taliser ce glorieux trépas. Nam video morti ejzu, si cele-
bretur a te, ùnmortalem gloriam essc proposzlrtm. C’est à ce
même Pline le jeune **' que nous devons une liste des
ouvrages de Pline l’ancien. Les titres \qu’il nous fait con-
+‘ _.(.°uius Plinius Tacilo syn S. Lib. VI, Éplsl. 1G.
**' (`aius Plinius Cœ¢·iliu`li1aI'r.‘u suo S. Lib. 111, aïpisl. 5.

( 343 )
naître en indiquent Pimportance , et en font vivement
regretter la perte.
Un passage du septième livre de l’Histoire Naturelle, nous
apprend que Pline était en Afrique à vingt-un ans: on
ignore en quelle qualité. Quelques années après, il eut le
commandement d’un corps de cavalerie, avec le titre de
Pray%ctus alœ; il servit avec distinctio11 en cette qualité
pendantles guerres de Germanie, sous Pompoûius Secundus, 4
poète tragique latin , son parent et son ami, qui fut consul
l’an 40 de J.-C. Pendant cette campagne,   écrivit un livre
technique sur Pexercice équestre dujavelot °, ouvrage es-
timé alors , et qui aurait augmenté nos connaissances sur la
tactique militaire des Anciens, Il se démitàvingt-quatre ans ..
de sa charge de commandant de la cavalerie , revint à Rome,
s’occupa de jurisprudence, et plaida avec succès diverses
causes; à trente ans, il publia la vie de Pomponius Se-
cundus *"*; peu d’années après, il donna son Histoire des
des guerres de la Germanie jusqu’à la mort de Drusus—
Néron *‘”*(B); un motif pieux le déterminaà entreprendre
cet ouvrage: Pombre du Drusus (si l’on en croit Pline le
jeune), lui apparut en songe, et lui ordonna de sauver sa
gloire de l’oubli. Pline eût résisté à l’ordre d’uu despote ; il
céda sans peineà l’avis secret d’un héros ami des hommes ,
plus grand encore par ses vertus privées que par ses vertus
guerrières. Il eiît dédaigné de servir la puissancé, mais il
crut qu’il fallait servir la ve1·tu; et la piété conduisit le V
burin de l’histoire, Il avait à peine quarante ans, Iorsqu’il
écrivit son Traité sur l’Homme d’étude (Sîz¢di0si)’*"‘**; ou
 
* De Jaculaiiane equeslri , lib. 1.
** De Vita   Pomponii Secunzli, lib. il.
M" Bellorum Germtwiœ, lili. xx. ` q
*"“** Studiusi, lib. xxx.

( 344 )
nommait ainsi à Rome les personnes qui se consacraient à
l’étude des lois. Il paraît qu’il avait suivi dans cet impor-
tant ouvrage le plan de Quintilien: il prenait son élève au
berceau , et ne le quittait que lorsqu’il l’avait conduit à la
perfection de 1’art. Son livre était enrichi de nombreux
fragmens des' plus célèbres plaidoyers prononcés à Rome-
Cinq ans aprë, il acheva son discours sur les équivoques
du langage (Dubiz'sernz0nzÉs·)**; Cet ouvrage était remarquable
par une grande liberté d’expression , et paraissait avoir été
dicté par la haine la plus prononcée contre les oppresseurs
des peuples. Pline écrivait avec un courage qui ne trouvait
qu’un très·petit nombre d’i.mitateurs , surtoiit à l’ép oque où
Néron, régnant parla terreur, commandait la servitude, si
nécessaire à la tyrannie. Vers le même tems , il écrivit son
Histoire Romaine , qui était la continuation de celle d’Auti—
dius Bassus **". Il eut besoin, dans cet ouvrage, de toute la
prudence de Pâge mûr, pour éviter les écueils où s’eXpo—
sent ceux qui écrivent sur des évéuemens contemporains.
Esprit supérieur, il augmenta sa réputation sans risquer sa
sûreté , la où de moins habiles auraient compromis 1’une et
l’autre; car l’on sait combien il est dangereux , pour le repos
et pour la gloire , de chercher la vérité , quand les passions
des hommes sont intéressées à Pobscnrcir. Quelque tems
après la publication de ce dernier ouvrage, il fut nommé
augure, et ensuite procurateur dans l’Espagne cîtérieure.
Il acquit dans l’exercice de ces importantesifonctions de
n0uveaux` droits à la reconnaissance de ses concitoyens,
en faisant supporter plus patiemment le joug de Rome aux
peuples conquis. On croit que précédemment il avait exercé
* Dulvii scrmnnis , lib. VIII. I
M A [ine Aufdii Basri, lib xxxi. `

( 345 )
le même emploi en (Qermanie et dans la province de Nar-
bonne; mais ce fait n’est pas sutiisamment prouvé. Après
avoir géré les affaires en Espagne, pendant trois ans, il
obtint son rappel à Rome , où il revint l’an 71 de notre ère.
Ce fut alors qu’il visita la Grèce, et qu’on suppose qu’il
connut Dioscoride (7), qui, comme lui, tlorissait sous
Néron. A son retour à Rome, il adopta son neveu, Pline le
jeune (8), et s’occupa de mettre en ordre ses immenses
matériaux sur les sciences naturelles, fruit de ses lectures
et de ses observations particulières. Il les publia sous le
titre d’Histoire Naturelle°, à deux époques différentes,
mais assez rapprochées l’une de I’autre. C’est le seul de ses
ouvrages qui nous soit parvenu; tous les autres u’ont pu,
malgré leur importance, traverser les siècles de barbarie '
qui nous.séparent des Romains. Ils 0nt‘eu le sort de ces
frivoles productions qui n’auraient jamais dû naître, et
dont l’oul»li'fait justice aussitôt qu’elles sont nées (9).
L’Histoire Naturelle a du sa conservation à Pimportancc
générale du sujet qui en fit rapidement multiplier les
copies. Tel est llavantage d’écrire sur des sciences aux- ·
quelles se rattachent les premiers besoins de l’I1omme. Des
révolutions peuvent saper l’éditice social; des guerres,
renverser les empires: les cohquérans, qui trop souvent
triornphent pour détruire, s’occupent encore des sciences
utiles en portant une main sacrilége sur les monumens des
beaux—arts. Palais, temples, cirques, tout disparaît; ils
abandonnent à la poussière des bibliothèques , ou livrent I
aux flammes ces manuscrits, fruits ignorés des loisirs d’un
peuple dont tous les besoins sont satisfaits; mais ils
respectent la cabane du laboureur, l’atelier du tisserand , et
 
* Nalurœ Hislnriarum , lib. XXXYIL

( 346 )
le peu d’écrits vraiment utiles que dicta l’amour du bien.
Ainsi trouvèrent grâce à leurs yeux les écrits des Pline et
des Columelle; ainsi seraient conservés par un vainqueur
ignorant et barbare les écrits immortels du philautrope et
vertueux Parmentier. Oui, si le sol de notre belle patrie
était envahi par ces hordes à demi sauvages, qui, vivant
sur les confins de I’Europe et de l’Asie, semblent n’appar-
tenir à aucune de ces deux parties de la terre; si leur bras
impie brisait les monumens de notre gloire passéeqet de
notre gloire présente, il est u11 tombeau qui aurait droit à
leurs hommages. Respecté par ces farouches étrangers, ce
tombeau recevrait encore une fleur; et l’on y lirait gravé
dans tous les idiômes: A l’a1m' des hommes.
Rassasié de grandeurs et de gloire , Pline n’av:1it encore
rien perdu de cette activité d’esprit qui lui fit enfanter
tant d’ouvrages utiles; parvenu à l’âge où Phomme ap-
pelle, par un instinct secret , ce repos qu’il ne doit trou-
ver qu’au-delà de la vie, il travaillait comme s’il avait
du chercher à sauver de l’0ubli ce nom qui ne devait plus g
périr. Commandant de la llotte de Misène, il montait en
cette qualité un vaisseau liburnien ; _car alors les plus
grands citoyens de Rome n’avaient point de sinécures. Il
habitait quelquefois , près de la mer , une maison de cam-
pagne , et s’y trouvait lorsque le sein de la te1·1·e fut ébranlé
par d’horribles secousses qui annoncèrent, avec la pre-
mière éruption du Vésuve(1o), le dernier jour de Pom-
peïa et d’Herculanum , et les funé1·ailles de vin gt-cinq mille
citoyens. Aux calendes de septembre, et vers la deuxième
heure après midi, il parut unemuée d’une forme et d’une
grandeur extraordinaire : Pline , couché au soleil, étudiait,
suivant sa coutume ; il se lève afin d’observer ce phénomène.
La nuée pa1·tait du Vésuve, et avait de loin la forme d‘un
arbre, dont le tronc, prodigieusement prolongé , aurait ·

< 347 )
été ramitié vers son sommet. Pliue commande aussitôt
qu’on équipe les galères , et se met en mer, poussant droit
vers la nuée, afin de secourir la garnison de Rétina, qui
se t1·ouvait la plus exposée. Pendant la route , il dictait
avec calme les observations que lui faisait naître cet atfreux
prodige. Rien "ne put arrêter son intrépide navigation;
en vain les navires. se couvraient d’une cendre épaisse et
brûlante; en vain d’él10l'm€S fragmens de pierres et de
rocs calcinés menaçaient ses jours , il ne s’arrêta que
lorsque la. marche des vaisseaux devint impossible. Une
partie de la montagne, en s’écroulant, présentait de nou-
veaux écueils et un nouveau rivage. Son pilote lui donna
le conseil de gagner la_pleine mer; mais il s’y refusa
constamment. Ne pouvant secourir Rétina, .il ne perdit
pas encore l’espoir d’être utile. Lajîartwze ,' dit-il, favorise `
les gensrle cœur; tournez vers Pomporzàvzus : ce dernier
était à Stahies. Pline arrive, débarque, et passe la
nuit avec Pomponianus, auquel il donne 'Pexemple du
courage; il soupe, prend un bain , et dort tranquillement.
Bientôt on le réveille : chacun était résolu de gagner la `
campagne pour éviter d’être enterré sous les cendres. On
se met donc en route, et on parvient à gagner le bord
de la mer; mais elle était si agitée, qu’il ne fut pas
possible de se rembarquer. Pline se coucha un moment `
sur une voile qu’on ·étendit pres du rivage. A peine y
reposait-il, que Péruption redouble de fureur; tout le
monde prend la fuite; lui se lève, appuyé sur deux es—
claves, mais retombe aussitôt, sutt`oqué_ par les vapeurs _
sulfureuses que le vent avait poussées de ce côté. Ainsi
périt ce grand homme , à l’âge de cinquante-six ans , dans
une de ces catastrophes qui font époque dans la mémoire
des hommes. Ainsi fut martyr de l’un de ses plus épouvan-
tables phénomènes, Pohservateur et Phistorien 'deila na-

( $48 )
ture; mais son ombre doitlen être consolée, car c’est à
l’étude deicette même natnre qu’il a dû Pimmortalité (11).
Pline , si l’on en croit une fort ancienne peinture (12),
avait la physionomie spirituelle et le regard sévère; sa
figure était belle, quoique maigre; ses yeux fort grands.
Il avait le nez aquilin, la bouche fortement prononcée;
et le menton creusé d’une fossette ; sa poitrine était large ,
et tout dispose à croire, d’après_son buste, que sa taille
était élevée.
La nature des occupations de Pline nous fait assez con-
naître quelle dut être la douceur de ses mœurs. Des habi-
tudes vicieuses sont incompatibles avec des goûts simples.
Pour pouvoir étudier les sciences naturelles, il faut un
esprit dégagé du joug des passions tnmultueuses; le carac-
' tère du naturaliste doit se ressentir de la douceu1· de ses
travaux; cherchant à s’instruire en instruisant les autres,
il appo1·te, dans son commerce avec eux, Pindulgence et
i la philanth1·opie du sage; respecté de tous, il n’est envié.
de personne, car ses écrits sont plus utiles que brillans, et
sa gloire plus solide qu’éclatante. Aussi, les écrivains cone
temporains de Pline ont respecté cet homme ,~ qui vécut_
dans les cours en conservant la pureté de ses mœurs·primi—
tives et Pindépendance du philosophe. Chacun des ouvrages?
qu’il publia honore 'son cœur. Son Histoire de Pomponins
Siecundus, ainsi que celle de Drusus-Néron, fut écrite
pour sauver de l’o ubli la mémoire de deux grands hom-
mes; son livre sur les Équivoques lit éclater son amour
pour son pays et pour la liberté. L’utilité générale dicta
tous ses autres écrits. Son Histoire naturelle ne contient
pas·un€ seule phrase qui ne puisse être avouée par un
homme de bien. Une ame v1·ai.rne11t romaine rappelait en
lui la grandeur de celle des héros de l’ancienne Rome.
Uintrépidité qu’il montra lors du désastre du Vésuve, nous ‘—

( 349)
apprend quelle dut être sa conduite;} la tête de ses soldats.
Humain, sobre, diligent , sa tranquille fermeté à Paspect
du trépas, témoigne que sa conscience était pure; car le
méchant craint la mort. Simple dans ses habits et dans ses _
mœurs, il avait un génie ardent qui ne l’empêchait point
d’apporter au travail cette application qui paraît incom=
patible,avec l’activité. Tout le temps qu’il'ne passait pas
à s’insti·uire, était un temps qu’il regardait comme perdu.
Il se mettait à l’étude, en hiver, à trois heures du matin',
et quelquefois même à minuit, ne donnant au sommeil
que le temps strictement nécessaire; encore i·egrettait=il
que la·f`aib1esse humaine Pobligeât à réparer ses forces (13).
Tel fut Pline, à qui Vérone éleva une statue, et qui , mort
à’cinquante—six ans, vécutplusieurs âges d’hommes pour
les- sciences qu’il cultivait, ayant su mettre à prolit tous
les instans d’une fugitive existence.
II. Quiconque entreprend de louer un grand homme,pent
toujours le faire dignement, quand il se borne à parler ou
de ses ouvrages ou de ses actions; car alors la faiblesse du
panégyriste est relevée par Pimportance de la matière , et
l’auditeur cesse de voir celui qui parle, pour ne plus s’oc- `
cuper que de celui dont on Pentretient. Pline , qui aurait
pu être pour nous Pline Phistorien, ou Pline le rhéteur,
n'est pour nous que Pline le naturaliste (x4); il ne nous
reste que Pouvrage qui lui _a valu cette qualification; tous
les autres ont disparu. Comme ces monumens renversée
par lamain du temps, dont Pexistence n’eût pas même été
soupçonnés, si une pierre, conservée par hasard, ne nous
apprenait que là fut jadis un temple, un palais, un arc
de tfiomphe , qui embellissaient cette terre maintenant dé-
serte; ainsi les ouvrages de Pline ont été détruits _; et nous
n’eu connaîtrîons même pas les titres, s’ils rfsvaient été
recueillis par son neveu. Admirons la modestie de lèur
_ a3 `
\

( 350 )
auteur, qui ne laisse point connaître dans son Histoire
Naturelle, le dernier de ses ouvrages, qu’il ait écrit un
autre livre. Esprit médiocre , et né dans ce siècle, il n’eût
pas manqué, comme il est d’usage, de renvoyer à son
précédent ouvrage, quelque différence même qu’i1 y‘eût·
entre les matières qu’il traitât. *
L’lIistoire Naturelle de Pline est l’Encyclopédie (15) des
Anciens. C’est un vaste recueil où se trouvent consignés
des descriptions exactes et des faits erronés, des récits naïfs
et des relations mensongères; partout la vérité y est à côté
de la table, et le philosophe sceptique a côté de l’enfant
J crédule »: mais , à travers les erreurs que justifie assez l’igno—
rance des temps où Pline écrivait, que de traits, d’anecdotes
et de renseignemens précieux! Quelle saine philosophie,
quelle imagination féconde, quelle douce philanthropie,
quelle étonnante sagacité! Pline annonce qu’il veut ins-
truire et non plaire; il voulait ainsi montrer à ses` lecteurs
qu’il dédaignait les formes pour le fond, n’ignorant pas
qu’aux yeux de ceux dont il devait briguer les sulfrages ,
on ne peut plaire qu’en instruisant. Son style, pourtant,
quoiqu’il en dise dans sa préface (16), loin d’être au-
dessous de la langue des Romains , est remarquable par la
variété des tours et des indexions; par une noble simpli-
cité quiélève jusqu’à lui les choses les plus ordinaires. Les
préamhules de ses livres, exempts d’une certaine rudesse ,
_ seul défaut qu’on reproche à sa manière d’écrire, sont re-
gardés comme des chefs-d’œuvre d’éloquence et de philo-
sophie, comme des qmorceaux d’une latinité digne du beau
siècle dAuguste. Aucune tache ne les dépare; ils sont de
tous les temps et de tous les lieux, et conviennent aux
lecteurs de toutes les classes. Jamais Pline n’est si éloquent
que lorsqu’il loue la vertu, ou que, frondantyle vice, il
siéleve avec Pindignation d’une ame vertueuse contre l’abus·

( 351 )
que l’on fait des dons dela nature. Le philosophe qui rêve
la perfectibilité de l’espèce humaine., s’étoune et s’atïlige
de l'€lÈl'OUV€l‘ encore dans notre siècle les hommes du siècle
de Pline. Le cœur humain doit·il donc rester stationnaire?
Ne ferons-nous pas en morale les progrès que nous faisons
en science, et devons-nous ret1·ouver les mêmes vices à des
époques différentes? Non, nous ne pouvons plus rétro-
grader en civilisation; chaque siècle doit son tribut au
siècle qui le suit; les générations se succèdent, mais l’im—~
prime1·ie est le lien qui doit les unir ent1·’elles. Il est donc
permis de croire que la perfection des lumières amenera.
la perfection des mœurs: l’arbre de la science n’est que
l’a1·bre du bien.
L’Histoire Naturelle de Pline est de tous les ouvrages
sur la même matière, celui qui justifie le mieux son titre.
Il est très-complet et assez méthodique (17). On peut le
considérer comme faisant trois parties distinctes, Cosmo-
graplzie, Géogmplzze, Hzklozre Naturelle. On trouve dans la
partie qui traite de cosmographie, u11 système planétaire
clairement développé : l’auteur y donne les dimensions
géométriques du monde, la théorie des marées, la cause
des éclipses, et Pexplication des phénomènes célestes. La
géographie est. ce que nous avons de plus complet en ce
genre; elle seule eût immortalisé son auteur, qui nous
met à même de juger où en étaient les_Anciens dans cette,-
partie des sciences. L’histoire naturelle comprend l’étude
des êtres que Pline classe en t1·ois règnes; division ad-
mise dans la Genèse et dans quelques autres livres de la
plus haute antiquité. De nos jours, on l’a remplacée par
celle des corps organiques et inorganiques , qui paraît
plus exacte; car il est moins diflicile de lixer les bornes de
la vie organique , que d’incliquer avec précision les limites
des règues animal et végétal qui paraissent se confondre

( 352 )
dans leurs de1·niers échelons. Son histoire des animaux
comprend quatre livres; elle est moins complète que celle
d’Aristote, mais renferme uu plus grand nombre de faits
curieux; il débute par Phomme, auquel il rapporte tout;
de l’homme, il passe à l’élépl1ant , qu’il 1·egarde.aprè_s lui
comme le plus noble des êtres; il étudie successivement
les autres animaux sans méthode, mais non sans intérêt: .,
les oiseaux, les poissons, les insectes, font l’objet de
_ livres séparés. Uéducation des abeilles et celle des vers à
_ soie y est traitée fort au long', à cause de son importance.
L’Histoire des plantes, qui succède à celle des animaux,
est la partie la plus étendue de l’ouvrage. Les plantes ont
été les premiers êtres qui ont fixé les regards et l’attention
de l’homme`: leur étude remonte à l’origine des sociétés.
L’homme, dans les temps primitifs, vécut de végétaux,
s’abrita sous le feuillage des grands arbres , bâtit des ca-
banes , se fit des armes pour la chasse , des canots pour la
pêche; il devint donc nécessaire qu’il apprîtià connaître
les_ plantes qui embellissaient sa terre d’exil, et qui ser-;
vaient ses plaisirs en satisfaisant ses besoins. Il déclara la
guerre aux animaux; mais combien de temps et de soins lui
fallut-il pour les façonner à son joug; il fouilla dans les
entrailles de la terre pour en arracher les métaux :` mais
par combien de travaux pénibles en acheta-t-il la conquête ! i
_ Les végétaux seuls S,0ii`l'lI`>€l1t à ses yeux,·le nourrirent en
santé ., le soulagèrent malade. La terre entière s’en couvrit:
on croirait que la nature , en mettant devant nous ses
vraies richesses, a voulu dérober aux yeux des hommes, et
le fer qui arme leurs mains, et l’or qui endurcit leurs
ctnurs. Pliue paraît prendre plaisir à parler des plantes;
il les décrit avec complaisance, loue leu1·'beauté, vante
leurs vertus, et nous apprend le rôle qu’elles ont joué dans
Phîstoire politique des nations. Sa vaste érudition n’est

( 353 )
jamais de la pédanterie ; il instruit, mais en amusa11t. Que
d’écrivains lui ont dû leur réputation d’érudition ! Que de
gros livres deviendraient de petites brochures, si l’on ren-
dait à César ce qui appartient à César!
Après avoir étudié le 1·ègne végétal, Pline s’occupe du
régne minéral, auquel il consacre sept livres. Il passe
successivement en revue les métaux, les terres, les pierres
et les marbres; il donne l’Histoire de la peinture et de la
sculpture en homme dont le goût est exercé. On admire _
dans cette partie de son Histoire Naturelle Phabileté à tirer
partie d’un sujet aussi aride. Là, comme dans tout son
ouvrage , on croirait que l’illustre naturaliste romain a
voulu prendre pour devise ce vers de Phèdre :
Nisi utile est quad facîmus, stulta est gloria.
Il écrivit pou1· être utile, et c’est là sans doute son plus
beau titre de gloire; car, quelque estime que l’on doive
avoi1· pour les savans qui créent cles méthodes, ou qui
débrouillent quelques points obscu1·s des sciences, _elle
doit céder à l’estime qu’inspirent ceux qui ont perfec-
tionné Pagriculture ou fait des découvertes dans lesfarts.
Ceux-ci, bienfaiteurs du genre humain, ont travaillé ·
pour tous les hommes; ceux—là 11’ont travaillé que pour `
un petit nombre d’initiés. Honneur éternel soit donc
' rendu à Pline`, lui, dont les écrits ont été dictés par la
philanthropie la mieux entendue; lui qui, voulant la
gloire, voulut la gloire utile!
On peut l'€P1'OCl`1€l‘ cependant à Pliiie sa trop·gy1nde
facilité à adopter les erreurs de son siècle, ou plutôt à
les consigner dans son liv1·e sans les réfuter, leur donnant "
ainsi une so1·te de consécration qui a nui long-temps
aux progrès des sciences naturelles. Nous pourrons aussi,
le blâmer d’avoir voulu trouver, dans toutes les substances

_( 354 )
du globe, des propriétés merveilleuses , ce qui rend sa
matière médicale monstrueuse, et ne permet guères d’en
tirer parti que sous le rapport historique. ri
Pline,'qu’on vent comparer à Aristote , à Théophraste·,
à Button , ne peut être comparé à personne. Le plan qu’il
a suivi ne ressemble à aucun de ceux qu’ont adoptés les
grands hommes que je viens de nommer. Ils se sont cou-· (
tentés de traiter quelques parties de l’histoire de la nature ,
tandis que Pline a tout embrassé. « Pline (dit Buffon)
semble avoi1· mesuré la nature et l’avoir trouvée t1·op
petite.} Son Histoire Naturelle comprend , outre l°histoire ·
des êtres , celle du ciel et de la terre,_la médecine, le
commerce, la navigation, l’l1istoire des arts libéraux et
mécaniques, Porigine des usages, enfin, toutes les sciences
naturelles et tous les arts humains; et dans chaque partie,
Pline est également grand. Son ouvrage , aussi· varié que
la nature, la peint toujours en beau. »·
Aristote semble avoir écrit pou1· les savans; Button , pour
les gens du monde; Pline, pour le peuple. Le premier a
voulu briller; le second , plaire ; le dernier instruire. Aris-
tote est profond; Button , élégant, Pline , grave. Mais, je
dois le dire, les ouvages du naturaliste grec, et ceux du ' ·
naturaliste français , seraient une perte irréparable~ pour le
philosophe et le littératenr, tandis que les ouvrages du
' naturaliste romain en seraient HIIB pour la société entière ,
autant que pour la science. On croirait que Pline, en
écrivant, prévoyait quelquegrande révolution sociale, et
qu’il wmulait empêcher Pentière dégradation de Pespèce
humaine, en préparant le dépôt de toutes les connaissances
utiles, qu’il rendit impérissables. Nous devons à l’ouvrage
de Pline de ne pas être descendus plus bas dans l’écl1elle_ de
la civilisation, lors du temps de barbarie (18); nous’lui
devons aussi d’être remontés plus vîte au rang que nous

( 355 )
occupons maintenant, ¥`puisqu’il nous oiïrit un point de
départ, déjà rapproché du but où nous nous eiïorçons
d’atteindre. `Nos premiers guides sont loin de nous; mais
ils ont préparé nos succès; consacrous donc à leur mé-
moire le tribut de louange que des maîtres doivent attendre,
et qu’ils ont droit d’exiger de notre reconnaissance.

( 356 )
~NOTES;· ~ N
(1) La continuité de travail expliquefacilernent comment
quelques auteurs ont tant écrit, quoique livrés à des occu-
pations qui paraissaient leur défendre un travail opiniâtre.
Cr0irait—0n , par exemple, que Voltaire ait pu donner la
îetalité de ses œuvres , en écrivant seulement une page et un
cinquième par jour? En voici la preuve. Quarante volumes
c€•mp0‘sent I’éditi0n de ses ouvrages par Délerville; le terme
muyen des pages de chaque volume est de 700, ce qui donne
un total de .28,000 pages. Or, Voltaire a vécu 84 ans; sup-
p0S0n·3 qu'il ait commencé àécrire à 20 ans et fini Ià 80,
DGHS aurons une carrière littéraire de 60 ans, ce qui fournit
465 pages par an, un peu moins d’une page et un cinquième
par jour; à peu-près deux pages d’une écriture ordinaire. V .
(2) Témoin ce distîque si connu: ·
Smyrne, Rhodes, Colophon, Salamis, China , Argus, Azhezrœ, ~
Orbis de pntriâ certat, Homere, tuâ.
(S) Les premiers botanistes ont été ]es_p0ëtes; c’est dans
lëllfâ Vêra qu’il faut chercher les premiers rudimens dela `
nomenclature des plantes; Homère en désigne un grand
I10ml21‘€ avec assez d’exactitude , pour qu’il ait été possible
È plusieurs savans commentateurs de les reconnaître. En
voici la liste qu’0I1 verra peul—être avec plaisir:
Auyngvs, Odyssée. Livre 13, vers 389 (cz}. Populus zzzgm. _,
(Linn.)
((9 LUTSKIUE IIOUS IIE Cilûflâ PRS 18 Pàâââgë, C`€5l· QUE la plante Eil-
Irèquemmcnn nommée. `

( 357 )
A»wA« (zz) (Pest lé fruit du Qucrcus IIe.z·. (Liml.)
Awpoâëzeg. Oclyss. L. 1 1, v. 539. Asphodelusramosus.
(Lirm.)
Axçîeç. Ozlyss. L. 14, v. 10. Cmtœgus .....
Àyçëpvîe. Otlyss. L. 17,`v. 208. Populus alba. (Linu.)
Bàmve;. C’est le fruit du Qll€I‘L‘lL·$`l'Ol1llf‘·(I..¤iIll'l.) _
Bévcè. C’est quelque espèce clu genre Hubus.
Aémê. Iliad. L. 5, v. 584. Ar·zu1d0D0m1.1·.(Lin11.)
A55;. Odyss. L. 14, v. 12. Diverses espèce deQue1·c11s.
Eiwlx. Odyss. L. 5, v. 477. Olea Europœa. (Linu.)
BMÉM. Iliad. L. 14, v. 2.87. Pùzus abtbs. (Linu.)
Bp=C1V90ç. Iliad. L. 13, v. 589. Pl:S'llIll sajùlzup. (Lim!.)
Eplriâs. C’est le Fz'cu.v Canba. (Liuu.) .
Éiœ aut Zinc. Iliad. L. 5, v. 196. Zea Jllalk. (Lîrm.)
Gplvr. Iliad. L. 21, v. 351. Diverses espèces du genre
Cm·c.1·. _
Guieu, . Odyss. I,. 5, v. 60. C’est le bois de divers
' Czïrus.
Inv. C’est le genre iGOIa.
1·:`£¤ç. Odyss. L. 10, v. 510. Diverses espèces du genre
Szzlizs.
KA£19pœ. C’est l’AIr1us olzlongala. (Willd.) 1 L
Kpmvzlu. C’est le Camus nmrcula. (Lîmt.) V
l<p19»E. Oclyss. L. 4, v. 604. Hordcum vulgarc. (Liuu.)
Kûuym. Iliad. L. 13, v. 589. lÃ},·1i«z satîva. (Linn.)
Kzizirpog, Otlyss. L. 21, V.39l . Cypcrus Pap_y1·us. (Linu.}
A~'7·roç. Otlyss.   9, v. SS. Zi2T·I;7}ll&.$‘ (Düdon) Iillzrznzuus
Lotus (Liml).
Meme. Iliad. L. 16. v. 767. Fraxzimns excelszbr. (Lîrm.}
(az) Nous ne donrlons pas Illlllllftàliûll de tous les paâsages Ol`! les plantes
sont111¤nti0n11écs , mais seulement ccllc du giassage où il èn èst qnxestionplxm
au long.

( 358 )
Méxav. Iliad. L. S, v. 306; Papnver somnyërum. (Linn.)
Il nomme l’Opium NnÈrzV·9·£;. i · `
Mïmv. C’est le genre Jlïalus. L
Mvgbm, IIiad.lL. 6, v. 39. Tanzania: Galliça. (Linn.)
Oyxm, C’est le genre Pyrus. · _ il il
Olwpx. Iliad. L. 5, v. 196. Trzîzbum spella. (Lina.)
11 anim;. » Iliad. L. 23, v. 328. Pàzus Pzbea. (Linn.)
I`It'·rvç. Iliad. L. 13, v. 390. Pàzus Larzlx. (Linn.)
1’I7««·n£m··m. C’est le Plazmzus orzërztalzlc. `(Linn.)
11-xméx. Iliad. L. 6, v. 419. Ulmw campeslrzk. (Linn.)
Hupâç. · Odyss. Lib. 4, v. 604. Trzïzbum hybernuriz.
(Lînn.) `7 _
Pwê. I Odyss. L. 7, v. 120. Pumba Grarzazum. (Linn.)
Zémm. Odyss. L. 5, v. yz. Viola odorjata et Apium
ç gmtveolens. (Linn.) i _
Exam;. Odyss. L. 5, v. /,63. Diverses Cypéracées.
¢n'Jr's. Iliad. L. 5, v. 693. Quercus ./Esculus. (Linn.) ·
Quxos. Iliad. L. 9, v. 5. Divers Fuczis. r ·
I(3) Les auteurs qui veulent que Pline s’écrive par y, le foint
dériver riz-B uü muisxv (a lavdrzdo). de ne rapporte cette éty-
mologie que porur prouver la futilîté de Pérudition , quand -
on Pemploie d’une manière aussi ridicule, ( '
(4) Pline était chevalier romain , et parent du consul
Pomponius Secundus par sa mère.  
(5) Quelques savans regardent la vie de Pline par Suétone
comme apocryphe. Cette vie n’oH`re du reste aucune parti-
cularité que Pon ne trouve dans les lettres de Pline le jeune
où il est question de son oncle.
. (6) M. le comte de Rezzonico, dans son savant ouvrage sur
Pline (Disqzaiszhbnes Plùzianœ), nous apprend que l’Hist0ire
des Guerres de Germanie, citée par Pline le jeune, par Sué-
tone et par Tacite , était déjà rare dutems de Symmaque.; Il
annonce , d’après Gessner, Thévet, Trisius et Fraitemberg ,

· - ( 359 )
que cetouvrage existe manuscrit à Augsbourg en Suabe, et
à Dortmund en Westphalie. La Popelinière (rr) dit positi-
vement que l’Histoire des Guerres de Germanie est à Mag-
delnourg. On doit donc conserver quelque espérance de
retrouver un jour ce précieux ouvrage.
(7) Avurzculzm mous idemgue per arloplzbnem païer, hzivtorùzs
et quùlem relzgioszîssinzê scrzjnsit, etc. Pline le jeune , Liv. v,
lettre 8. .
(S) Diosco1·ide était médecin dans la ville d’Anazarbe en
Cilicie; on ne sait pas où il naquit; Nil vivait sous Néron.
On ignore si Pline a copié Dioscoride , ou si ce dernieria
copié Pline. Il est impossible de vérilier ce fait; ce qu’il y ‘
a de certain, c’est que l’on trouve dans 'ces deux auteurs des
passages évidemment copiés par l’un des deux.
(9) Outre les ouvrages dont je viens de parler, Pline était
auteur de 160 Commentaires sur diverses matières ; ces
Commentaires étaient écrits sur la page et sur le revers en
caractères très-fins. Étant Procurateur en Espagne, il ref`usa·
de les vendre à Lartius Licinius qui lui en offrait 40,000 fr.
(Pline le jeune à Marcus, Livre 111, lettre 5).
(10) Si Péruption où Pline périt n’est pas la première,
ainsi qu’il est prouvé, puisque plusieurs auteurs (I:) qui
vivaient avant Pline, nous parlent du Vésuve comme d’un
volcan, il faut convenir que les éruptions qui ont précédé
la catastrophe de Pompeïa et d’He1·culanum, se perdent
dans la nuit des temps, et que même elles ont dû être fort
peu considérables. Je n’en veux pour témoignage que les
passages suivans des lettres de Pline le jeune à Tacite:
 
(a) Histoire des Histoires.
(b) Lucrèce qui vivait un siècle environ avant J.—C. Polybe qui mourut
Yan 123 avant J.·C. Diozlore de Sicile qui vivait snus Auguste. ‘

( 360 )
« Il était difficile de discerner de quelle montagne le nuage
sortait, Pévénement 21 prouvé depuis que c’était du Vésuve...
Tétais soutenu (Pline le jeune) par cette consolation peu-
raisonnable quoique naturelle à l’l1omme, de croire que
tout l’univers périssait avec moi ..... Plusieurs (des habitans)
croyaient qi1’il n’y avait plus de Dieux, tandis que d’autres,
implorant leur secours, comptaient que cette nuit était la
dernière et l’éternelle nuit dans laquelle le monde allait être
enseveli ..... Cependant on voyait lui1·e , de plusieurs endroits
du Yésuve, de grandes flammes et des embrâsemens dont
les ténèbres augmentaient l’éclat. Pline (l’ancieu), pour
rassurer; ceux qui Paccompagnajent, leur disait que ce
qu’il§ voyaient brûler était des villages que les paysans
alarmés avaient laissés sans secours. » Ces divers passages
ne permettent-ils pas de faire les réflexions suivantes?
Comment pouvait-on ignorer que le Vésuve était im volcan,
de manière à ne pas en reconnaître les elîets pendant l’érup-
tion? Comment Pline, qui a composé tant de volumes, ne
parle-t-il pas du Vésuve dans sa géographie? Pouvait-il ne
pas_avoir lu les écrits de Polybe , de Lucrèce, et des autres i
auteurs qui parlent de ce volcan? Comment y avait-il des
villes et des villages bâtis sur le sommet de la montagne, -
et, pour ainsi dire , à Pembouchure du cratère? Est-il
raisonnable de croire que lalave ait pu, à l’aide du temps, se
métamorphoser en terre végétale, assez complétement pour
qu’il y eût des jardins et des champs cultivés ?'Au reste, tout
ceci ne tend pas à détruire 1’opinion reçue, que Péruption
qui détruisit Herculanum n’estipas la première , mais seule-
ment la première constatée; je veux uniquement démontrer
que les éruptions primitives datent peut—être des premiers
tems dela formation du globe , et que, depuis des milliers
de siècles , le Vésuve ne vomissait plus de flammes. -
(11) Un grand nomh1·e d’auteurs anciens ne Pappeltent

( SG1 )
·que le martyr de la nature. Voici comment M. Faujas de
`St.-Fond s’exprime au sujet de cette mort : « Pline Pancien,
le célèbre Pline, connu sous le nom de Pline le naturaliste,
`fut victime de son goût pour Pobservation. Ce grand
homme, à qui l’on commence â rendre justice , périt sur le
champ d’honueur, et fut sutïoqué par Pincendie du Vésuve,
Pan 79 de notre ère. ”
(I2) Nous devons la gravure de cette précieuse peinture à
M. le comte de Rezzonico.
(13) Je crois qu’on verra avec plaisir ici Phommage que
Pline le jeune (a) a rendu à la mémoire de son oncle , dans
une lettre adressée à un de ses amis. Personne plus que lui
n’a le droit de louer ce grand homme auquel il dut une
partie de sa gloire, et par qui il fut honoré du doux nom
de fils. " '
« Tant de volumes , écrit-il à Macer après lui avoir
donné la liste des ouvrages de son oncle , tant de recherches
apssi laborieuses étonnent votre imagination , surtout de la
part d’un homme occupé. Vous vous récrierez bien plus ,
quand vous saurez qu’il a quelque temps plaidé des causes,
qu’il est mort à Pâge de 56 ans, et que, depuis sa sortie]
du barreau jusqu’à sa mort, il a été accablé parle fardeau
des affaires publiques , ou distrait par l’amitié des princes;
mais il était d’un génie , ardent et d’une vigilance sans
exemple; en effet , il commençait à veiller des la fête de
Vulcain..': ....... On peut dire que nul homme ne fit une
plus grande épargne de sommeil .... . ...................
Après avoir rempli les devoirs de son état, il drinnait à l’é—-
tude le reste de son temps. Dans 1’été et dans ses momens de
(ci) il avait dix-huit, ans lorsque son oncle mourut, et était comme lui à
Misène, de sorte qulil fut le témoin de cette horrible catastrophe.

( 362  
loisir, il s’étendait au soleil, après un court repas d’alimens
simples,et d’une digestion facile; après quoi il.faisa'it des
extraits de ses lectures. ll lisait beaucoup , persuadé qu’il
n’est point de si mauvais livre dont on ne puisse tirer quelr
que parti. Après s’être retiré du soleil, il prenait volontiers
un bain froid, faisait un goûter, et dormait ensuite quel-
ques heures; il se mettait de nouveau au travail jusqu’au
souper, et alors on lui faisait une lecture. Un jour il re-
procha une interruption , motivée sur une faute de pronon-
ciation qu’avait faite le lecteur, tant il était économe du
temps ! ..... Dans la retraite , le bain û·oid faisait diversion
à ses études, et, pendant ce bain, il écoutait des lectures.
En voyage il se faisait accompagner d’un secrétaire muni
de tablettes pour lui dicter ses observations. . . ...........
Quand vous vous rappelez combien il a lu`et écrit, n’êtes;
vous pas tenté de croire qu’il n’a jamais cultivé l’amitié des
princes, ni exercé aucune charge? D’un autre côté, quand
on vous apprend quelle assiduité il mettait dans ses études,
n’êtes-vous pas disposéàcroire qu’il n’a pas eu tout le temps
nécessaire pour écrire autant qu’il l’a fait? Mais quoi, rien
de plus contraire à l’étude que tant d’occupations , et réci-
proquement rien d’imp0ssible a une pareille passion pour
l’étude.   ' _
(14) On lui donne souvent Pépithète de mëdecziz, et il la
mérite. Son langage annonce qu’il n’était pas étranger à la
médecine: outre qu’il indique constamment les vertus des
plantes et des diverses parties des animaux, il donne en
abrégé une·histoire de la médecine et des maladies, et fait
l’éloge_d’Hippocrate. _
(15).Jam ommlz attàigenda , quœ Grœci ui: s·y»«mA¤r:œs5`sn=¢;
vocmzt, et tungen, zlgnota au! inserm zhgenùkfacta. (Prœfirad
Vespns). _ A
(16) Voici ses expressions : Slerili materzâ _rerum mzturàï,

( 363 )
Izœc sordidzÃs·.sz}mz sm' parle ul plurùmzrum rerum. aut rwslzbzir
vocalzzzlztv aut exlermk, ùnà Imrbaris, etùzm cuni honoris pne-
_f21!zb1zep0nen(hÉ9.(Prœfat. ad Vespm.) `
(17) Voici le Plan de l’Histoire Naturelle de Pline:
I. Cosmographie. (un Livre.)
§. I." Élémens. l
§. II. Planètes.
§. 111. Système harmonique des astres.
§. iv. Phénomènes célestes. " A
§. V. Théorie des marées, etc., etc.
II. Géographie. (4 Livres.), «
§. I.'"` Premier, second et troisième Golfes d’Europe.
§. II. Description de l’Afrique.
§. III. Description de l’Asie. g
III. Histoire Naturelle proprement dite. (31 Livres.)
§. I." Règne animal. W
1. De Phomme.
Génération.
Conception.
Hommes extraordinaires.
H. Quadrupèdes.
III. Poissons.
IV. Oiseaux.
V. Reptiles et Insectes.
V1. Matière médicale animale.
§. 11. Règne végétal.
Plantes odorantes.
' De la vigne.
Arbres fruitiers.
sauvages.
Agriculture. .
Matière médicale, végétale.
§. ux. Règne minéral. i

. ( 364 )
Métaux.
Marbres et Pierres. _
Perles. a `
Arts qui se lient au règne minéral.
(18) Bien ne prouve mieux la grandeur des services que
Pline a rendus à la science , que le nombre de naturalistes
formés à son école. Au commencement du XVI.¤ siècle , il y
avait dans plusieurs villes célèbres d’Europe, des Profes-
seurs entretenus des deniers - publics , pour commenter
l’Histoire naturelle de Pline. qu
·î'i`Ã; f i ·

( 365 )
LE PALAIS ET LA CHAUMIEHE.
Pai- M. Duxgmunn.
,  
” n riêvmsn x8¤y. A " `
De ce palais, chef-d’œuvre du canton,
Admirons le hardi portique; »
La colonnade , lei fronton,
Tout y respire un goût attique. '
Qu’en 'penses-tu , les habitanus
De cettevdemeure élégante
Doivent, ami, couler de doux instans? [
Et,l’étiquette fatigante '
Que le rang doit leur imposer,.
Ne sufïit point pour te désabuser `
Du charme de leur existence: « ·.
Oui, tu voudrais qu’il fût en ta· puissance
(Je lis ce désir dans tes yeux) M   .
De troquer ton modeste asyle, · - ~ L
Où pourtant tu sais vivre heureux,
Exempt de tout devoir servile ,
Contre ce fastueux logis'; a A
Au risque, avec les biens, d’en épouser les peines.
Mais pénètre sous ses lambris,
Vois-y les misères humaines
Jointes aux implacables haines
Qu’eut`antent les rivalités: 4
A Vois-y les tourmens suscités
Par le venin de la hideuse envie
Qui, ravalaut les plus hauts faits, ·-
Ternîrait la plus belle vie
, 24

_ ( 366 )
Et fait un crime des succès; t _ W
L’ambition, cette basse orgueilleuse,
Ici hautaine, ailleurs respectueuse,
Bampaute afin de s’élever.
De ces poisons tu voudrais t’abreuver!
Non,‘tu n’en peux avoirvla honteuse faiblesse.
~ Crois—tu que la félicité
Soit dévolue à la seule richesse? '
Non, chaque état offre son beau côté;
Ami, celui qui t’a~vu naître
Est père de la liberté : ·. ,_
Toi", si digne de la eonnaître, `  
Uabandonuer pour'de brillans hochetsl
_ Non-, poursuis en paix, ta carrière ,
Méprise der hargueux roquets;
Conserve toujours ‘—ta chaumière ,
Tes goûts simples et vertueux,
Du bonheur ils sont la bannière.
Que le vain luxe de la terre V ‘
` Ne te .fascine_p0int~ les yeux: ‘ 1
Voisetu ce tombeau} somptueux? J ` · _
Que couvre-t—il? de la poussière. `

_ ( 367 )
 
EA B LE.
L’ESCARGOT ETLA CHENILLE.
Par M. DUHAMEL.
xy Aout x8zg.
Ses télescopes seuls sortis de sa coquille,
Un escargot voyait en pitié la chenille,
Couverte d’un duvet léger,
Grimper le long d'xme charmillet
,« Comment de place oser bouger,
» Étant si frêle et sans défense? __
» Quant à moi, grace à ma prudence,
¤ Ie cours le monde sans danger:
» Si je veux m"élever à la cime d’un chêne ,
» Je m'y fixe par mon enduit; ~~
» S’i1 me plaît de rester en plaine , r `
» Avec moi portant mon réduit,
» Je m°y retire au moindre bruit,
n Et dès-lors crains peu Polïensive. » ·
ll parlerait encore: un jeune enfant arrive,
Voit la chenille et prétend la saisir; _
Mais, sur un fil imperceptible
Qui ne trompe point son- désir, ·‘
La pauvrette se glisse en son réseau paisible.
Uenfant en perd la trace, apperçoit Pescargot,
Et l’écrase à coups de sabot. ,
Le garant le plus sûr n’est pas le plus visible.

( 368 )
LA MEDECINE CUHATIVE.
_ Par M. DUHAMEL,
il ry sour I8î7·
L’homme put , auxijours d’abondnuce ,
Esclave de S3'PHSSl01'l,' ' '"
Pou1· trop avoir fêté sa panse, ` _ V . _
S0l1H'l'll‘ d’une indigestion. V ' i W ,· si V
Mais quand, par des épis étiques ,
Le ciel sourit au médecin , · _
Lors plus d’affections gastriques; _
Ah! quel bonheur! on meurt de faim. l
Un Esculape à face lilême',
Des mets friands sage ennemi,   · · —
Vous fait prolonger le carême · — U
Long-temps après la Saint-Remi', ·
Mais aussi la cure est entière,   ”
Gaster rejette jusqu’au pain : ' ‘ `
' L’esp1jit repousse la m·atière;~
Ah! quel bonheur! on meurt de faim.
Bientôt cette douce doctrine`! Ã ·
Fera cesser tousnbs loesoius   A `_ I
De plâtres nous aurons larmine, " î
' Mais nous dirons, exempts ‘de soins :
« Brislons lespoêlons, 1eS_mgrmug_s ,
» ·Chassons`let1jaiteur assassin'; L A
¤» Plus de rago1its—,/pluvsiklei galstrites;
" Ah! ‘Ã'ë*’l ï!99!‘€“¤‘.ï.¢•¤ msmit de:faim· »

( 369 )
ELOGE DU` PARAPLUIE.
Par M. VAISSIÈHEV `
20 IÃNVIKK ¤8a6. W
. A Maille ÉM1L1E*##.· J  
VOUSh le voulez, belle Émilie,
Vos désirs pour moi sont des lois;
Je chauterai le parapluze, ,
C’est uu sujet de votre choix; ,.  
Mais lorsqu’ainsi je m’exécute, ·
' Daignez être mon Apollon; . t
Soutïrez qu’à mon sujet j’attache votre nom,
C’est le moyen, ·je crois , d’cn faire un, pamchuze.
Je vais donc commence1·, silence...”., écoutez lyien :
Le parapluie, à Lille, a droit à mon hommage;
Je n’en ai jamais mieux apprécié Pusage —·
Que depuis qu’0n‘m’a pris le mien. ·»
Avant tout .... ,·peri'iiettez de grâce,
Que cet alïreux malheur ici trou. sa place.
Jugez si mes regrets doivent être cuîsans!
Je le traînais depuis deux ans!
Et je l’avais payé .... vingt francsil
Ce n’était point un parapluie antique, v_ ‘
A vîrole, à ramage, un vrai garde boutique;
Pour abriter les gens on n’a rien 'vu de tel;
ll eût été d’un prix unique. L
Lors du déluge universel. · P L i
On pouvait avec lui se moquer de la grêle; A- ·
Mais on le trouvait un peu lourd ,

( 370 >
Parce qu’il u’avait point cet air mesquin et frêle
De ses pareils, les élégans du jour ....
` Au demeurant, il m’était fort utile
"Et nfaccompagnait dans la ville
Où vous savez, ainsi que m0i,_
` Qu’on en trouve souvent l’en1ploi.
Par prudence, au spectacle, où l’on donnait un drame,
(C’était, je crois, Les Remords d’zm bigame) il
Je l’avais apporté, croyant, pour mon malheur ,
I Que ce meuble était de rigueur. ·
Blotti dans un coin du parterre, Q
Je comptais m’en servir pour esquiver les pleurs ‘
Qu’un beau dénouement d’Angleterre '
Devait faire couler des yeux des spectateurs;
· Mais ma précaution, grâce au jeu des acteurs, •
Ne fritnullement nécessaire. ,
Pour m’enidébarrasser, pendant Robùz des bozk,
Je le donne à Pouvreuse, et dlelle je reçois r
Le numéro qui m’indique sa place. · ··
Le spectacle fini,,_je( m’avance .... ô disgrâce!
Mon parapluie à—peine est par moi demandé,
Que l’ou mlen présente   dont la. maigreur m’étonne;
Du mien le Qnds. était consolide'; ·   · "
C’est unjrois pour cent qu’on me donne! ' _
^Et l’on me force à corzvertzr
Que j’y veuille ou non consentir! _
Fut-il ·jamais·sort plus funeste? ,
V Contre cet échange, aujourd’hui, r ` ·
Soulïrez que ma muse proteste; · V
Mon parapluie était mon guide et'mon appui;
Pylade n’eût pas plus regretté son Oreste;
C'est un ancien ami dont hélas! il ne reste · '
Que le souvenir .... et l’étuil r

( 371 )
Eh bien! je veux du moins faire pa1·ler de lui;
Je veux, à ce meuble modeste,
Rendre un hommage solennel; - ,
Je me, sens embrasé d’une flamme céleste;
Il faut qu’il devienne immortel !!
Mais quoi, belle Émilie, uu élan piudarique
Semhle sur tous vos traits appele1· la critique!
Dois-je donc, en style naïf,
` Vous faire un éloge bien fade À
De ce pavillon portatif ‘
Que Pon oppose au temps maussade?
Allons, soit, j’y consens; mais, pour heni parler mieux,
Voulez—vous avec moi suivre ces amoureux?
Il est bon quelquefois d’observer la jeunesse.
Un parapluie aussi leur sert-il d’entretien ?' · ‘ "
Non , mais il `sert à leur tendresse ;' [
Il couvre une main que l’on presse, ` ` ' '
Et dissimule une caresse ’ l ` ·
A la maman qui n’en voit rien. 4
Cette belle qui, dans la rue., _ I
Voudrait passer inaperçue, î
S’en sert pour voiler ses attraits. `
Ce débiteur, qu’un recors suit depres,
Grâce à son parapluie esquive une entrevue
Dont il redouterait l’issue. _
Bref, un pareil sujet doit aux faiseurs de vem
Présenter des tableaux diversi »
_ Que de remarques il fait nütre!
Parfois, l’hiver, à ma‘fenêtre_,  
D’après leur parapluie, en voyantles passans,
Je cherche à deviner les gens.
Ce snlzïazre étroit, dont la couleur m’attriste,. · »
Couvre sans doute un égoïste. ï
»

( 37; )
Ce phzïanthrope bleu de Hai,
` Par la place qu’0n y ménage,
Me dénote un quidam qui vise au mariage,
Ce vert doit couvrir, je le gage,
Quelque solliciteur d’emploi. . .
Ce vieux rzïlard à grand ramage
Est celui d’un prêteur sur gage.
A ce jaune-souci je connais un jaloux.
Enfin je crois, belle Émilie, p f
Qu’on ferait sur un parapluie vp
Autant de madrigaux qu’on en a fait dessousÀ
Ce n’est pas tout .... même en'Ãmorale
Il pourraît servir au besoin.
On peut le comparer, du moment qu’on l’étale,
Alu mérite qu’en vain la critique ravale, , 2
Mais qui finit toujours par sortir de son zcoin.
Des bons amis de cou1· il nous peint le caprice;
Et tel qui, dans un temps propice,  
Traîne un parapluie en tous lieux-, f
` Lorsque Ie temps est nébuleuxr `
N’en a pas un à son service;.
En politique encore il offre un trait nouveau: _
De plus d’un code c’est Pimage;   ·É
On le ferme quand il »_fa.it beau, —i
On l’ouvre dans un temps d’orage. \
Enfin , il a tant de vertus, · ·
Qu’on ne peut lesnier à moins d’êlre imbécille;
Et de tous les pam connus, _ ,'
C’est `1e__pm·a le plus utile; W ·  D
Sa forme est agréableet doit plaire au Français; i `
Mais un' Chinois surtout ne le quitte jamais.
Que de dr0its·n’a-t-il pas à l’estime des belles? I
ll est le père des ombrelles;

( 373 )
. Lui—même du soleil garantit leurs attraits;
Il est .... mais je le vrois, ce discours vous ennuie;
Tout autre éloge est superflu,
Cependant à dessein je me suis étendu, ‘
Car je soutiens , qu’en fait de parapluie,
Le long vaut mieux que l’exigu.

( 374 )
LE ROÈTE ET LAd MUsE.._' r s
·' Pan M. V. Danone. _` d W'  '
L r6 ràvnrnn 18ny.
1. n 2 0 B r xs. ' '
Sans vouloir dérouler les fastes de Phistoire.! ,
Des héros de la Grèce illustrons la mémoire ......
.......... (Il farrëte ).. , .. ...,............
Peignons de leurs tyrans les barbares fureurs!
.......... (IZs’an·ëte)....,..,...,... ......
Flétrissons à jamais ces monstres destructeurs ,
Que suivent en tous lieuxla mort et Pesclavage!
La croix a disparu de ce sanglant rivage. ........
.......... ( Il süzrrëte encore   . .............
Quand je suis tout de feu, d"où vient cette froideur,
Muse, blamerais—tu ma généreuse ardeur?
L A M U s E. f
Eh quoi! tout neuf encor à poursuivre la rime,
Crois-tu pouvoir tracer 'un tableau si sublime ?' '
Ton zèle serait vain , modère tes transports;
Du chantre de Messêne écoute les accords ; `
Tu sentiras fléchir la téméraire audace
Qui te po1·te à franchirles degrés du Parnasse.
Le silence est pour toi le parti le plus SUI'.
Ignoré , tu jouis d’un bonheur calme et pur. — '
Pourquoi vouloir rimer! quel vertige Pégare?

( 375 )
Ne crains-tu point le sort de l’imp rudent Icare?
Vois par mille chagrins tes jours empoisonnés;
Tous tes lecteurs déçus , à te perdre acharnés;
Le bon goût te blamer et même Pignorance
Payer par des sifllets ta folle confiance. A
Suspends , au nom du- ciel , un sinistre dessein!
_ Pour mettre sur ses pieds un modeste quatrain
D’un registre en entier tu noircis la surface
Et tu voudrais!.... C’est trop! écoute-moi de grâce.
Je vois déjà sur nous pl.euvoir,les_quolibets: r
Tu persiste toujours. .... Eh bien! fais des couplets. ..... ·
Contre des auteurs morts aiguise une épi gramme ;
Fais des souhaits de I’an. . . . . un épître àsta femme .... _ p
De pareils vers du moins personne n’est jaloux.
Encor. . r . . par sureté tiens les sous les verroux;
Où plutôt n’écris point. . . . . laisse en repos ta verve.
Pourquoi vouloir rimer en dépit de Minerve ..... j
Et d’un cerveau tendu fatiguer les ressorts? _
Le vers aimé des Dieux coule et naît sans efforts; , _
Chaque mot tour—à—tour vient tomber à sa place. . ·
A de nobles pensers il wait joindre la grâce ..... _
Heureux! cent fois heureux! l’auteur de ces écrits ,
· ll entraîne les cœurs, il touche les esprits.
C’est ainsi qu’un ruisseau dont l’onde fugitive
Suit sur un sable d’or les contours de la rive, p . ~
Dans les détours du bois court, se cache et s’enfuit, ·
Se dérobant trop tôt à l’œil qu’il a séduit. _- »
Tu connais ces auteurs dont la France s’honore , · -
Et toi , rimeur obscur , incertain météore ,
Dont la faible lueur arrive à peine aux yeux, ·
Irais-tu sans pâlir te placer auprès d’eux i' .
Si tu ne craignais pas l’écueil que  e signale ,
Songe qu’il en est un dont Papproche œt fatale,

( 376 >
Un écueil où toujours tu seras arrêté,
Tele dirai-je enfin? La médiocrité. ‘
`i'` ` L E P o Ex E.
‘ Le conseil est fortbon !· .... et jeiveux y souscrire. _
Convenez cependant. . .r. . il est bien doux d’écrire ,
Et le laurier du Pinde a de puissansïappas l   .
D’ailleurs on fait des>vers`,"on ne les montre pas! Y ' E " V K
On lit à ses amis quelque pièce légère, il   ·'   A
V0ilàt0ut..‘.Q'Ã  ......   ....... ` '
.... . . ‘. . Mais peus soi , si l’on estgplùs sévère ,
_Qu’0n veuille d’un"censeur écouterllesiavis, I F "
Sous le sceau du secret, il prend vos inanuscrits`, ·
Il consulte pour vous des personn`es'prudefites, il " 'A
Mais sans aller plus loin L'. . . Q           . .
........... _. . .' ....   Mesfables sont charmantes!
Eh! qui vous dit qu’o11 songe 'à les faire imprimer'? ` il
Après tout. .   . Si l’auteur à‘si1‘sè?ài1;e aimer,   K _ I ·
Si le genre a su plaire et le sujet séduire ,"4 " " K
Pourquoi ne pas tenter`?. . ,   qui pourrait-il_ nuire  A
A lui tout seul morbleu L .... Sixpposez   enliiil i
Qu’0ublié dans la route, il 'serperdeeu clieminl r A
Il ferait là , ma foi , ce_ que fit plus (Yun autre ! 'V `_ i
Ce n’est pas que je veuille ici eme faireiapôtrewl `
De tel ..... qui du public, en tous lieuxs rebute S '
Ne dut qu’à ses alïrontsAqùelquéicélélirité    
Ou de tel autre encor, qui sèche et se `consume ,
Les ciseaux à la main, pour formerhun volume .....
Mais qui sait! L’on 'a` vu plus dîun sot'parvenil·" "
Pour avoir surimer! .... `. Si j’allais réussirlli.   .
Non pas à mettre au jour quelqu’illu/sire merveille i

( 377 )
Qui m’élève au-dessus de Racine ou Corneille , ~
Et_marque sans délai ma place au Panthéon.
Je prétends seulement ..... Faites comparaison :
Piron commença-t—il par la Métromanie? .
Racine pa1· Esther , ou bien par Athalie? _, _
Un fleuve à sa naissance est un faible ruisseau .....
La reine des cités fut cl’abord un hameau! .....
Le plus vaste incendie est fils d’un étincelle !
Eh! qui pourrait blâmer une cause aussi belle?
Quel monstre a méconnu le charme des beaux vers ? ....
Le poëte à ses pieds voitvvenir l’univers _
Rendre un brillant hommage au transport qui l‘anime ,
Il est tout à-la-fiois vif, enjoué, sublime .....
Son luth harmonieux sait chanter tour-F1-tour _ Q
Les héros et les dieux, les belles et l’aniour·. .· . . .
Il étonne, il séduit, illcommande, il soupire .....
Tout eèdeàses accens, reconnaît son empire; ~
C’est un astre éclatant qui lance mille feux! `
Alors son souvenir, chez nos derniers neveux, ' ,
Comme un accord divin , arrivant d’âge en âge ·
Traversera les temps sans ombre et sans nuage.
D’un génie inspiré qu’importe11t les couleurs F
La voix de la discorde apaise les horreurs, ' ,
Elle suspend du moins sa fureur assassine. , — _
Au nom de Casimir, au nom de Lamartirfe, [
N’a-t-on pas vu chez nous s’unirjtousllesl partis . . .
Pour joindre leurs bravos aux bravos de Paris? · ·
Exista-t-il jamais   plus noble victoire !... . . ' ·
Le poëte n’ign0re aucun genre de gloire
On répète ses chants dans le sein des grandeurs,
S’il gémit avec nous , c’est pour sécher nos pleurs.
Tel au sommet d’un roc , où la vague plaintive·
Vient en sedéroulant expirerf sur là rive, W li `
v

( 378 ) `
Quand le Barde formait ses magiques accords,
Si les vents apportaient sa voix , loin de ces bords ,
Au pilote égaré surtla plaine liquide,
Entraîné malgré lui , par un courant rapide,
Le malheureux nocher qui sillonne les mers
Croit entendre un instant les célestes concerts ..... "
Il s’arrête! .... Penché sur sa rame élevée
Il prête avidement une oreille attérée k ·
Cherchant encor le son, qui déjà s’est enfui; ' ` _
En vain les flots amers s’élèvent'près de lui , .
Les monstres , les écueils qui parsèment sa route , ` `
Il n’aperçoit plus rien , il jouit , il écoute .... .. V
Muse , le feu sacré n’est point entre mes mains, E
Mais il n’est refusé qu’aux vulgaires humains;
Et si par mes efforts j’arrivais à Patteindre! ' J
Un Zoile oserait s’eE`0rcer de Péteindre! V
Voudrait-ilétouH`e1· à son premier soupir ‘ _
Quelque cygne —nouveau ?Ã . . . -Sans aller m’éblouir ' `
Ne puis-je pas tenter ce qu’0nt fait d’autres hommes?
Il est tant d’imm0rtels dans le siècle où nous sommes,
Je répondrais peutë-être à la postérité ‘
De dérober un nom à Pimmortalité. "
Sans doute tu diras, que bien haut je m’élève; »'   'V
Que tous ces beaux projets ne sont rien moins qu’uu rêve,.
Tu ris. . . . . Ie gagerais qu’il est plus d’un rimeur '
Qui tient pareil discours dans le fond de son cœur. —
Moi du moins franchement je t’0uvre ma pensée. V ‘
LA MUSEE '-  
Je vois que sans retour ta cervelle est blessée. .... ,
J’y consens, écrivons ..... Si pourtant des censeurs

( 379 > v
Déclarent ton ouvrageattentatoire aux mœurs
Comme ayant attaqué Péglise gallicane!
Attends un jugement par lequel on condamne
Le sieur **‘* à Iarprisou .... ,. le terme est expiré
Après vingt-quatre mois te voilà libéré. . ·
Craîgnant d’être repris pour fait de récidive _
Tu tâches de calmer ta diction trop vive;
Tu cours chez tes amis , croyant t’y consoler.
Mais ce n’est pas ainsi qu’il fallait calculer!
L’un fait en te voyant une mine à la glace;
Il ne t’attendait pas. . . . . Il postule une place
Et dans ce temps. . .Parf`ois. . .IIc1·aindrait. . .Tu comp1·endS_
Il s’éloigne à ces mots. .... Le marquis par ses gens
Se fait toujours nier quand tu viens à sa porte.
Bientôt les créanciers, désolante cohorte, · _
Fpndent pour séquestrer un bien que tu n’as`plu.;, _ l
Et dont tout le restant ne vaut pas dix écus.
Les procès, les tourmens, la honte, la misère, ' V
Voilà, voilà le fruit cl’un caprice éphémère.
Tu restes confondu , tu ne me réponds rien? ..... ·
De prévenir ces maux, connais-tu le moyen?
Connais-tu le moyen, dans cerudeîesclavage
De plaire à tout venant, au fou tout comme au sage? I
,_ LE roùrn,    
Plaire au fou! plaire au sage! Oh c’est trop·lm’esc1·imer;
C’en est fait, Muse, adieu, je ne veux plus rimer.

( 380 )
 
` HORACE A SEXTUS.   · .
rnanucrxou LIBRE inn La 1V.c om: nv 1.°F uvmz. ~
Le retour du printemps et lu brzeveté de la vù; nous engagent à
_   ruîus dzi¤ertù·
Par MQ DYZÈLATTHE. » é_  
A ·' . nzévxim _xBÃ6. ·· ~ » ·
Le triste hyver a prisla fuite., i L · I A L ii
Zéphyr et le printemps ramènent les amours: · . _—
Aux Bots qu’un léger vent agite
De nouveau le noclier va confier ses jours. — g
On voit bondir dans la prairie A '
Et béliers et brebis, fatigués du bercail; ` F ‘
Abandonnant la métairie, ·
Be colon dès l’auro1·ea repris son trairail. `
A Quand de sa lumière argentée W
La timide Phœbé blanchit1’azur des cieux,
7 Des graces Vénus escortée ·
Appelle la décence   ses aimables jeux. p
Tandis que frappant en cadence
Leurs pas sont répétés par un écho lointain , ‘
De l’Etna le cratère immense
S’embrase en mugissant aux ordres de Vulcain.

( 38: )
De myrte frais ou de verveine
Couronnez votre front; et parez vous des Heurs
Que de Zéphir la douce haleine
Orne , en les caressant, des plus tendres couleurs.
Protégës, par un vert feuillage,
Immolons au dieu Faune un jeune et tendre agneau:
S’il le préfère, notre hommage
Peut encor s’acquitter par le sang d’un chevreau. .
La pâle mort à tous fatale
Va du chaume au palais, semant le même deuil,
Et frappe dans sa marche égale
Les pauvres et les rois qu’e1le appelle au cercueil.
Bornons, Sextus, nos espérances;
A chacun de nos jours accordons des plaisirs:
Le temps fuit, et nos jouissances
Nous laisseront du moins d’aimables souvenirs.
Bientôt, hélas! au sombre empire
Notre ombre descendra par arrêt du destin.
Adieu les ris , adieu la lyre!
En ces lieux point de chants, point de roi du festin.
.25

(· 382 )
' DE LA BRIEVETE DE LA VIE ·
ET SUR L’EMP LOI QU’ON EN DOIT FAIRE.
Par M. DELAMRE.
Jsnvszn x8s6.
Denqs jours le fleuve orageux `
Passe comme les traits du rapide tonner1·e: "
'Rien n’arrête son cours , et l’homme , sur la terre
Venu sans le vouloir, en sort contre ses vœux.
Du néant ton âme élangzée
Sur son état à peine ouvre les yeux,
Que déjà la mort vient: sa main pâle et glacée
Va fermer ta paupière à la clarté des cieux .....
Sous le froid monument qui renferme ta cendre
L’univers est pour toi, comme s’il n’était pas;
Avec toi tout Huit , tout a paru descendre
Au sombre empire du trépas.
Dans un cercle d’amis et sous un vert feuillage
Bacchus n’égaîra plus tes refrains pétillans ; _
Une épouse chérie, aussi belle que sage ,
` Ne viendra plus , dans leurs jeux agaçans l
Aider à te tromper tes folâtres enfans. "
La tu n’entendras plus les oiseaux, les fontaines,
Le doux printemps n’aura plus ses douceurs,
Les zépbyres légers, sur leurs tièdes baleines ·
Ne t’apporteront plus l’encens de mille fleurs.
La mort plane sur toi: dérobe à la tourmente ,
Qui bâllote à son gré les fragiles humains, . ' "

( 383 )
Ces plaisirss que derdieux Péquité bienfaisante
A versés sur la terre en versant les chagrins.
Ainsi quand la voute éthérée'
Réfléchit eu grondant Péclair pâle et vengeur,
Notre globe frémit , et muet de terreur
Il révëre des dieux la colère sacrée .....
Mais lèur soleil vainqueur et radieux
Nous dérobe à Forage et rend le calme aux cieux.
Jouîs de tes amis , jouis de la nature ,
Vois tes enfans bondir sur la verdure;
Que leurs bras enfantins dans leurs tendres contours ,
Enlàçant mollement les auteurs de leurs jours,
Te fassent prodiguer des baisers à leur mère ,
Et qu’en applaudissant une union si chère ,
Leur babil innocent et leurs joyeux propos
T’enseignent le bonheur dans le sein du repos.
Méprise ces lauriers, que Phumaine faiblesse
Recneille par sa gloire au prix de sa sagesse:
Que feront à ton corps , privé de sentiment,
Ces honneurs qu’on rendra moins à toi qu’à ton rang?
F Près du maibre pompeux, qui couvre le grand homme
De ses descendaus c’est Porgueil
Qui remplit l’otHce du deuil; K
Ils rendent ces devoirs au mortel qu’on renomme;
Ils Poubliruient, s’il n’avait qu’un cercueil!

(.384 )
 
ODE BACHIQUE.
V Par M. Danamrnn.
mrvxnn 18:6. ,
Viens à ma voix, dieu du Permesse !
Accours et d’une sainte ivresse `
Pénëtre, embrase tous mes sens; —
Je ne célèbre point les fureurs de la guerre,
Les faveurs, les dédains d’une jeune bergère,
Je chante de Bacchus les charmes tout-puissans.
i Coulez, nectar, coulez encore ! · V
Ce 11,ESt point en vain que fîmplore
Un regard de mon Apollon:
Quand unsecours divin vient ëçhauffer ma veine, ‘
Quand je bois à longs traits laliqueur de Silêne ,
Ce sont autant de flots d’imagination!
il Si notre vie est une rose
~Qui se flétrit, à peine éclose, ,
Au moindre souffle des autans,
Le vin, consolateur des coups de la fortune,
Dissipe des soucis la cohorte importune,
Qui sans lui] flétrirait nos rapides instans.
Où cours-tu, mortel téméraire?
Veux-tu rencontrer la chimère,
Qui se plaît à tromper tes vœux? '

( 385 )
.Saisis avec transport la coupe parfumée;
En rêve de bonheur sa vapeur transformée
Comblera tes désirs et tu seras heureux,
_ Je n’irai point de la puissance ·
Forcer la superbe assistance
` A m’acc0rder quelque faveur :
Près d’elle l’on n’0btient souvent que des outragesz
Mais quand au jus vermeil j’adresse mes hommages,
J’ai contre tous les maux un puissant protecteur.
Qui rend l’h0mme intrépide et brave?
Qui fait oublier à l’esc1ave
Le poids injuste de ses fers?
Et si Lise par fois souiïre quelque licence, .
Qui m’inspire l’audace , à Lise Pimprudence ?. . .
C’est le vin, c’est le dieu que célèbrent mes vers! ·

. ( 386 )
TRADUCTION LIBRE
DE LA SEPTIÈME DES ÉPODES D’HO,RACE.
AU PEUPLE ROMAIN.
Par M. Dm,A1··rnE.
nuvxnn 1826.
" Où courez-vous, citoyens jnhumains?
_ Pourquoi le âglaiveest-il entre vos mains?
Malheureux! où vous pousse une coupable rage!
Contre qui s’arme donc votre aveugle courage?
Songez, songez au moins que vos funestes coups
Tomhent sur les enfans de la mère patrie!
11 semble que de Rome un ennemi jaloux
Ait soufflé dans vos cœurs sa haine et sa furie.
Ainsi le Tibre ira dans l’Océan V
Porter encor des flots grossis de sang!
Le frère jouira. du meurtre de son frère, `
Le fils, ô crime 2lH`l'CUXi immolera son père! ’
Carthage, applaudis—toi! tropheureuse cité —
Quels seront tes transports, lorsque tu vas apprendre
Que Pempire romain gémit ensanglanté?
Ah! je crois déjà voir se ranimer ta cençire!`
Non, ce n’est point par de pareils exploits _
Que Rome au monde a pu dicter des lois:
Quand le Parthe vaincu, pour échapper aux chaînes,

( 387 )
Fuyait honleusement les phalanges romaines,
Quand le Breton captif de nos consuls vainqueurs
Suivait le char pompeux par la route sacrée, '
La république alors aux troubles, aux fureurs ,
Par ses propres enfans était-elle livrée?
· Quel est le crime 011l’horrible attentat
Qui fait armer Pétat contre Pétat?
A tous les animaux le tigre redoutable
Beconnaît cependant et souffre son semblable.
D’où vient, répondez-moi, ce triste égarement?
Surpris et pâlissans vous gardez le silence .....
Je le vois, oui, la mort de Bémus innocent `
Des Dieux a jusqu’à nous étendu la vengeance!

( 388 )
 
C H A N T G R E C. W
  '
4 Par M. DEL.vr1·nE. _
E JANVIER x8¤6. W
Tambourgi! Tambourgi! ta musique guerrière
Réveille les héros qu’e]le appelle aux combats; '
Enfant de Timari, saisis ton cimeterre.
La patrie est esclave et réclame lton bras.
Ah quiun fier Suliote est brillant de courage!
Comme un torrent, des monts dans la plaine il descend. V
Pour la gloire il renonce à son troupeau sauvage,
Aux charmes d’une amante, au bonheur d’un amant.
Tambourgil etc.
Quand d’un frère toujours nous punissons l’oH`ense,
Un vaincu recevrait les honneurs d’un ami?
Notre fer veut du sang, le sang de la vengeance,
Le sang qui nous insulte au cœur d’un ennemi!
Tambourgil etc.
Quittez, nobles guerriers, dont s’h0nore la Grèce,
Et les autres profonds et la chasse des bois. _
Liberté! que ce mot par sa magique ivresse
Ranime vos aïeux et marchez à leur voix. _
Tambourgil etc.
Loin de nous les plaisirs qu’achète la richesse!

( 389 )
Le fer brille en nos mains; qu’un lâche aît besoin d’or:
Sur le sein (l’une mère, expirant de détresse,
Tremble, jeune beauté, pour ton plus cher trésor.
Tambourgi! etc.
Qu’une vierge captive en sa crainte a de charmes!
Les accords de sa voix passent tous dans mon cœur, ,
Quand son luth arrosé de ses timides larmes
Chante un père tombé sous mon glaive vengeur.
Tambourgi! etc. ··
Aux bouts de l’horison faperçois les pirates,
Ces frères courageux dont l’asile est les mers;
Nos captifs enchaînés au fond de leurs frégates
Apprendront àleur tour ce que pèsent des fers. _
Tambourgil etc. I
Quiconque du visir veut servir la querelle
Doit ignorer les noms de crainte et de pitié.
La patrie a des droits et le soldat pour elle
Bompt les liens du sang et ceux de Pamitié. "
Tambourgi! etc.
Faut-il vous rappeler une ville surprise,
Et les cris des vaincus, et les chants des vainqueurs?
Femmes, enfans, vieillards, tout périt dans Prévise,
Et la seule beauté sut attendrir nos cœurs.
Tambourgi! etc.
Sélictar du fourreau tire son cirneterre.
Patrie! avec orgueil contemple nos elïorts:
Prépare un chant de gloire et Phymne funéraire;
Vainqueurs nous reviendrons , vaincus nous serons morts!
Tamhourgi! etc.

( 390 3
 
LE CIMETIÈRE DE' VILLAGE.
· o ELEGIE
IMITÉE DE L’ANGLAIS on ouai:.
Par M. .F É E.
rg ocronns issy.
La cloche au loin s’entend et par des sons funèbres
Annonce que le jour a faitiplace aux ténèbres; · .
L’étable hospitalière a reçu les troupeaux ,
Plus de jeux au village , aux champs plus de travaux ; '
Le soleil a cessé d’éclairer nos campagnes
Et de ses derniers feux il dore nos montagnes: . `
Déjà brille Arcturus. Reine de l’univers ,
La lune au front d’argent s’élève dans les airs,
Le silence et la nuit règnent sur la nature,
Des insectes aîlés commence le murmure
Et de nos frais vallons l’aspect·délicieux .
Dans l’ombre enseveli disparaît à mes yeux. · ·
Tout se tait ..... ; mais quels sons attristent mon oreille ,
Qui peut veiller enco1·.àl’heure oii tout sommeille? -
C’est toi, triste hibou dontiles sinistres cris · ;
D’une terreur soudaine ont glacé mes esprits.
Est-il quelque cercueil que tu doives défendre,
Mes pieds dfun mort fameux ont-ils foulé.la cendre?
Où suis-je et dans quels lieux mes pas m’ont-ils conduit?
L’if au sombre feuillage entoure ce réduit-; .
Je vois les murs d’un temple et mou regard avide ·
I

( 391 )
Découvre des tombeaux cachés sous l’herbe humide.
Salut, trois fois salut ,·asile révéré ,
Aux larmes, à la mort, au repos consacré !
Laisse-moi méditer sur ces tombes modestes,
L’homme de bien n’est [plus; interrogeons ses restes:
Là , sous ce froid gazon , gît peut-être un mortel
Dont la lyre savante eût chanté l’Éte1·nel;
Un Newton sans compas , un Milton dont la vie
S’écoula doucement à l’abri de Penvie;
Un Hampdem ennemi de Pinjuste pouvoir,
Un Cromwelinconnu, fidèle à son devoir. ‘
Pauvre , mais satisfait; ignoré , mais tranquille;
Dédaigné des humains , son bras leur fut utile.
Jamais Pambition ne troubla ses plaisirs;
Il sut, pour être heureux , limiter ses desirs;
Conduit par la nature au bout de sa carrière ,
Il pouvait sans effroi., regarder en arrière; ,.
Sage sans le savoir; vertueux sans eH`ort,   .
Avec le front du juste il attendit la mort. `·
Elle vint! Au retour dela saison nouvelle,
Les échos ont redit les airs de Philomèle, — -
Le chant aigu du coq a salué le jour, '
La rose a refleuri; pour chanter son amour,~
Daphnis a composé quelques 1·imes légères;
Nos rivages ont vu les danses des bergêres
Et Zéphir empressé de porter de doux sons,
Jusqu’en ces tristes lieux répéta leurs chansons.
Mais ici tout s’est tu; la prodigue nature
N’accorde à des tombeaux qu’une pâle verdure.
O vous! Dieux protecteurs des rustiques travaux,
_Unissez à ma voix vos champêtres pipeaux.
Tai quitté les cités, suivez—moi sous Pombrage ;
Qui chante la vertu doit chanter·a·u village.

( 392 )
Ce luth mélodieux qui vibre sous mes doigts, '
N’a jamais célébré de sinistres exploits.
Bergers, vos oppresseurs ont eu toute ma haine;
Comme vous j’ai maudit leur fureur inhumaine.
Accourez donc, quittez ce fertile coteau;
Venez parer de fleurs un modeste tombeau.
C’est lui, c’est votre ami, que va chanterlma lyre;
Ses bienfaits sont nombreux , je veux vous les redire:
En un terrain fécond il changea ce marais ,Y ·
Vous lui devez cet ormeet son ombrage frais;
Voyez de ce rocher jaillir cette fontaine ,
Son cours qu’il dirigea fertilisa la plaine;
C’était là qu’il venait goûter un doux sommeil,
Ou contempler nos champs au lever du soleil.
Sur le pin orgueilleux élancé vers la nue ,
Il essaya ses coups ; sa robuste charrue , '
/ Dans le sein de la terre ouvrit de creux sillons, ·. .
Et son bras les joncha d’abondantes moissons ,
Lorsqu’aux brillantes fleurs qui parent sa couronne ,
Flore voit préférer les trésors de Pomone.
Il cultiva long-temps le champ de ses aïeux: I
Un COUl‘3g€ indompté se peignait _dans ses yeux ,
Soit qu’aux glaçons du n01·d il exposât sa tête , I
Pour étayer l’ormeau courbé par la tempête ,
Soit que de nos étés bravant l’âpre chaleur,
Sur le penchant des monts , sans abri protecteur, .
Sans toît hospitalier, dédaignant les orages ,
Il guidâtgses troupeaux aux lointains pâturages,
Ses jours étaient comptés ainsi que ses travaux;
Il le savait : pour lui la mort c’est le repos ,
C’est le sommeil du juste, et pourtant il balance;
Dans la nuit du cercueil avec peine il s’élance;

( 393 )
Sa mourante paupière appelle la pitié,
Son cœur en se glaçant invoque Pamitié ;
On dirait qu’au tombeau sa dépouille mortelle
Doit garder de la vie une faible étincelle;
Dans les bras de ses fils enfin il expira.
Il naquit , il mourut ..... Le monde Pignora!
Ah! ne le plaignons pas , Pinexorable histoire
N’a point Hétri son nom ni maudit sa mémoire.
Le bien te fut facile , ô mortel dédaigné !
Et qu’importe après tout qu’un despote ait régné,
Qu’on ait chanté sa gloire; un pompeux mausolée
Peut~il flatter encore une ombre désolée ;·
Et quand l’homme n’est plus, pense-t-on que Porgueil
Puisse étendre ses droits au-delà du cercueil! [
Non; le voile est tombé , la mort se fait entendre ,
La vanité nous quitte avant que d’y descendre.
Celui que vous pleurez voulait vivre en vos cœurs ,
Il attendait de vous quelques modestes fleurs,
Une pierre et son nom paraissaient lui sutbre. ,
Les voilà! grands du monde, app rochez, je vais lire:
` E P 1 T A P H E. t
« Ici gît un humble mortel
n Qui , dans la solitude ,
» D"honorer toujours l’Éternel
» Fit son unique étude.
» Il reçut de son créateur U
» Une ame aimante et pure;
» Il fit consister le bonheur
» A suivre la nature.

( $94 )
» Il soulagea le malheureux
»·Et lui donna des larmes;
» Du plaisir touchant d’être‘ deux
» Il sut goûtem les charmes}
» Passant, de‘ses fils épertlus
» Anjourd’hui sache apprendre ,'
» Qu’il faut imiter ses vertus
» Pour honorer sa cendre; »·

( 5215 )
A MON ILLUSTRE AMI LECOMTE DE size.
Par l\’l..CAJ\llBEHLYN..
à MA1 18ày. i
NON te musa silet ,î tua qui, vir,À fata dicabas
Oppresso Hdus Lodoico ., avellere cœdi
Boxjbonidam ardebas, tu caedi oblatus eidem; _
Sed fatis obstare potens immitibus umquam
Quis fuit? ah ferro L0d0ix· jugulante sub umbras
Volvitur înnoeuus! funebri obtecta cupressu
Gallia tune omnis gemuit; solantur et ornant _
Alïlictam tua tanta fides, facundia, vîrtus;
Laudes fama tuas a falce revellet iniquâ!
Ludovico Hispmziarum lilzeratori.
Liber ego nimis ad solium si vadere tento,
Des humili veniam vatî precor, optime princeps,
Musa etenim mea Borbonîos celebrate peroptat,
Gaudebitque tuo semper de muuere grata ,
Munere de maguo, mihi quad, Lodoice, dicabas,
Te nostrâ quando coutemplabamur in urbe
Felices, hilarisque triump]1atu1·a cariebam
Lilia, ad immensos sapiens quo ducis honores;
Centùm fama tubis tua gesta recentia clamat.
Hesperiûm tellus ab atroce tyrannide Corsi
Libera spirabat, genti Fernandus amatos
Jura dabat, sed Parthenopes ex igne rebelli
Garbo superstes ad alpinos incendia montes

( 396 ) .
Jecerat, et rediviva hinc carbonaria pestis ‘
Ad pavidum e lugente Pado prorupit Iberum:
Primitùs asserpîf timida, illicb prosilit audax,
Praevîus est terror, tnrbasque scelesta scelestas ·
Excitat, et tactu maculans quasi fœda Celœno
Dim venena vomit, creat et fnvet inde rebelles,
Et solium quatit , in solium grassatur anhela,
Begnabant ubi liliferâ de stirpe benigni
Reges; quis credat! sceleri quîs credat inulfoï
Ausa fuit stolidam Fernando imponere legem ,
Legem , ridiculos quœ vult reges sine sceptro, a
Queis legatur inops et spreta impunè potesias , I
Nam priüs irrisos tum perdere perfida mens est;
Experti scelus id Galli per saecla dolebunt , -
Expertî pariter Padus, Apenninus , Iberus
Congemuêre, trucesque hoirent evolvere casus,
Triste pudet tentasse scelus, semperque pudebii:....-
Insidias et cœpta pater quandoque supremus '
Impia non cohîbet, sed yindex fulgura differt
Apta magis justo donec sonet hora furori.
Sœva per hesperios Hagrant incendia tractus, ,
Et mala faiali de pixide cuncta. recursanf; I
Hœccine dona refers, heu carbonaria pestis ?
Sed vigilans adsiat numen ne pectora virus
Denuô commaculet, luctusque propaget acerbes; `
Conciliis haec in celsis arbitria perstant ,
Et venerands celer , Lodoix, mandata capessis ,
Lilia fulciri per lilia frustiüs an qnîd?
Infidas spondens ad munia cogere turbas , '
Fernando advolifas patronus, fœdera juras
Et firmus juras diadema insigne tnêri,
Sed monitîs optans fatuos sedare tumultus , '
Usque, tibi Martis commîssa flagclld coërces;

< 397 )
Seductos voce ad sceptrum revocare patemâ
Crehrù tentabas, sed surda rebellio mansit,
Obduraja bono sic ausa resistere regi ,
Usque adeône rapîs, vesana. superbia , mentes ?
Lilifera. aërios scandebant agmina montes,
Immensosque ad conatus stupuêre pyrenesf
Gallica jam puhes ventura trophœa canebat,
Visa et ubi fuerat, vis seclitiosa refugit,
Ad latebtasque probrum et rabiem latûra remotas,
In Gadetanos se muros injicit, undè '
Clamat et insanit, nisuque furente reluctans _
Sacpiüs et frustrà tellurem sanguine inundat;
Intereà dux Borbonius ferit agmina et arces;
Mitis et alta viget, viget inconcussa viro mens,
Hunc mirantur, amant omnes, omnesque sequuntur
Impulsi qub spes et amor virtusque trahebant;
Impavidum medios mavortius ardor in hostes
Sœpe lulit, sed amica Minerva tegebat amatum.,
Adstabatque parata truces inliihêre sorores.
Hispalis et Gades, quœ rex convicia passus
Sit vester, vos plus aliis vidistis, et orbî
Dicetis, fuso verba inter singula fletu!
Intrepidus domitor ierramlvictricibus armis '
Pervolat Hesperiam, nec erant ohsistere lanio ·
Qui potuêre cluci,·quas dat generosus olivas ’
accipiunt; rogilant Fernandi ut vincnla rumpat ....
Quamque diu abjecit Èuribunda rebellio pacem ·
Per tela atque ignes, sub bomborumque boatu
Imposuit victor, meute aversante, severus;
Seditio extremum Lernaea ut bcllua virus
Tum vomitans animam stygias efllavit ad umbras,
Et vitam veniamque imploravêre rebelles;
Austrinis omen subitb resplendet ab cris,
26 A

( 398 )
Gaudia spemque favens omen porteudit Ibero ,
Et nimbos penetrans densâ è caligine mergit;
Jamque suis redit, ecce redit làm séegiê vocatus l
Femaudussub Franciadûm tutamiiicrsospes; '
Exopiatus aclest p'0st horrida vincula lilxer,
Liber io Fernandus adest, hüc vota fereufes
Accurrunt omnes, speciàre et tangere regem
Ardent, et reducem durn‘ gral:1banturv·,`acerv0s
Thuris alunt, fipres, plausus ,· soleunia miscent
Jubila, et ad solium, plopulo acclamanie, reduchns
Bex tibi magnauinwque tuo, Lodoice, nepoli
Promere. de`t0t0 ndn' cessat peciore gmtes, · I
Quas sociis resonat clamoribus omnis lberus;
Testari properat genti Fernandus amorem ,
Et validè sensum lacrymis test:-xiur oboriis;
Regia sic ailes perniciter 'œthera findit,
Et volat ad lpullossub vulturis ungue gemenles,
Voce diù matrem qui lamentante vocârant,
Caucaseosque uno dum dejicit impcie fures,
Clangit ovans, querulosque fovet tuirice sub alâ
Natos, qui viles saevire docentur in hostes.
Lans œtemà tibi durabit, ô inclyte Princeps,
Aiîlictoîâui xhissus eras solamen Ibero,
Et celer herculeis siernebas ictibus hydram;
Intrepidus, prudens, alacer tu jussa secutus
Regis es cximii, qui per te vincula rumpens
Fernandi, regem hesperiis pacemque dat orbi;
Quœ Bellona dedit, Princeps, servato trophaea,
Insigncm Clio te proclamavit in armis,
Et tua Mncmosynes in templo gloria vivet.
Dignus ut in ierris eœli statuare minister,
Beges ante alios, Lodoix, seleclus ad ingens
Munus eras, et vim miram cum lumine sancto

( 399 )
Dum superi tribuêre, tibi sua fulmina nnmen
Credîdit omnîpotens , et jussa superna ufacessens
Arbîter indictus tua das arbîtria regnîs,
Hesperiamque basî potîs es fulcire novatâ;
Accîpe vota Iubens, flexo qua: poplite, gratœ
Conclamant gentes, cœlestîa munîa compte,
Ultor Borhoniûm tu Francia: es ultor et orbîs!
Laudes ad quasvis alter Lodoicus olympî
Ducet, namque throno semper cœlestis amîcus .
Adstat et omnîgenos èoncedet amanter hbnores;
Marmor et aes et ebur dicenl: praeconîa mundo ,
Et tua per populos nunquam morietur imagol
Joann. Bapt. Guzïl. Eque: CAMBEHLYN, ab Amougzès
ordzhi Flandrùu Orzènlalzlf equeslri, ordizzzïzzza quoque
· Leomk Bclgzbz', Legiomk Hoqzorartlzr Phœntcù adscrjvlus,
aureo Borzwsàxz numzkmatc ùwîgnttus. "

( 400 ) _
 
AGRICULTURE.
Seîmce publzijue tenue Ie 4 novembre 1826 , pour Ia distribzttîorf ·
des prix enfzweur de l’e'c0n0mze rurale. `
Le 4 novembre 1826, â imidi, jour et heure désignés
pour la distribution des prix proposés en faveur de_l’amé—
lioration et du perfectionnement de diverses branches de
l’économie rurale locale , la société , présidée par M. le con-
seiller-d’Etat, préfet du Nord, comte de Murat , s’est réunie
dans la salle du Conclave , à l’hôtel de la mairie ; la séance ,
honorée de la présence des divers membres de l’adminis—
tration municipale et d’un grand nombre de citoyens dis-
tingués dans la magistrature, les sciences, les arts et le
commerce , a commencé en p1·ésence d’un nombreux audi-
toire, par un discours de M. Duhamel, président titulaire
de la société. M. Macquart ayant lu ensuite le compte
rendu des divers concours , a proclamé les noms des culti-
vateurs qui ont mérité les récompenses proposées dans les
programmes , et ils sont venus les recevoir des mains de
M. le préfet. La séance s’est terminée par la lecture du pro-
gramme des prix proposés pour 1827.
DISCOURS DE M. DUHAMEL,
Prdszïlezzt tztulazre de la societe', g
vmomomcà ne mm ma 1..m Saxur-Cannes, 4 Novmnnu 1826.
Messieurs , bien que lîarrondissement de Lille puisse être
cité comme un modèle de culture , le premier magistrat

4¤¤ )
du département et les ailministrations locales ont senti
qu’il n’en était pas moins susceptible d’importantes amélio-
rations , sous ce rapport même. '
(Test à leur sollicitude que la Société des Sciences , de
l’Agriculture et des Arts de Lille doit_d’avoir pu donner
.quelque extension à cette branche importante de l’économie
publique, en éclairant les cultivateurs sur les besoins de
l’industrie , à laquelle ils peuvent être appelés à donner 1u1
nouvelessor, en lui procurant les matières premières
qu’elle emploie.
_ Dans nos campagnes point de jachères ; le prix des loca-
tions est tel qufil faut que les hommes laborieux qui cul-
tivent la terre fassent incessamment succéder une récolte
productive à une autre récolte, non-seulement pour se
procurer une honnête aisance , mais même pour ne pas
entièrement s’obérer. Comment vouloir qu’au milieu d’oc- _
cupations si continues, ils puissent songer à introduire
dans leur culture , à connaître seulement les végétaux pré-
cieux que d’infatigalJles voyageurs nous apportent successi-
vement des contrées lointaines , et s’enquérir des produits
agricoles que réclament nos manufactures? C’est donc à
des économistes plus au courant des nouvelles scienti-
fiques , plus au fait des p1·océdés des arts , qu’il appartient `
de les leur indiquer. ,  
La tache de la Société s’est bornée à ce soin, et il
est bien doux pour elle de voir qu’il suüise de leur
signaler quelque céréale qui promette des avantages , quel·
A que objet de culture utilcàl’inclustrie, pou1· que de zélés
agriculteurs s’empressent à seconder ses vues. _
L’on pourrait même penser que les primes otïertes sont
des encouragemens superflus pour la plupart d’entre eux ,
quoique nous soyons loin de croire que ce moyen d’éu1u—·
lation doive être jamais négligé.

( 4¤¤ )
Une contrée célèbre par la qualité supérieure de houblon
qu’elle verse dans le commerce, a fait naguères partie du
territoire de la France ; depuis qu’elle en est séparée , nous
sommes tributaires de Pétranger, pour ce seul article , cl’une
somme de 1,500,000 francs par année. ·
L’on crut voir que le sol de plusieurs cantons de l’arron-
dissement de Lille avait la plus grande analogie avec celui
de Poperingue. Un appel Afut fait aux cultivateurs; des
primes, pour`la culture du houblon ,blanc , furent offertes
et méritées dès la première année. i
De nouvelles primes vont être distribuées pourle produit
de ces premières plantations et pour Pétablisscment de
houblonnières nouvelles. La quotité et la qualitédes pro-
duits ont dépassé l’attente de vos commissaires et les plan-
tations nouvelles donnent les plus belles espérances ; aussi,
outre les primes annoncées, plusieurs médailles seront
accordées pour la bonne culture de cette plante. '
L’on doit le dire ici, Messieurs, quelle que soit la bonté
du sol qu’ils cultivent, c’est su rtoutà la scrupuleuse attention
que nos voisins ont toujours eu de n’admettre que la variété
du houblon blanc sans aucun mélange , qu’ils doivent la
réputation de supériorité non contestée dont jouit celui
qu’ils livrent à la consommation. Et nos compatriotes
seraient-ils moins jaloux d’obtenir la même confiance des
consommateurs ? Non , sans doute, et jamais ils n’en-
courerotit le reproche d’une insouciance aussi contraire à
leurs véritables intérêts: ils apprécieront l’import.ance de
l’ax·ticle du programme qui exclut du concours toute hou-
blonnière dont ne seraient point soigneusement extirpées
les tiges de houblon rouge. ` , È
Peu riche en paturages , cet arrondissement paraîtrait ne
devoir point `offrir en bestiaux les ressources dont il a
besoin; l’attentive activité de ses agronomes a su néan-

( 4¤?> )
moins , par des cultures intercalaires, suppléer à ce défaut,
et rendre nombreuse. Pespèce bovine: l’on devait d’autant
plus regretter de, voirnde pareils soins en partieperdus par
l’essence même de la race qu’ils élèvent. Mais à peine eut-on
signalé les taureaux de pu1·e 1·ace hollandaise comme les plus
propres à relever celle de ce pays, que plusieurs cultivateurs
en firent venir à grands frais. Vous avez, Pan dernier,
couronné ces premiers eB`orts; des prix vont être aujour-
d’hui décernés à ceux qui ont présenté cette année au .
concours les plus beaux taureaux de la race indiquée.; La 1
condition de les faire servir, par croisement, à régénérer
la race bovine dans le pays est toujours obligatoire; _et
bientôt vous aurez à couronner les produits de ce croise-
ment. - ,
La garance a été autrefois cultivée dans les environs de
Lille, et même une rue de cette cité portait le nom des
Moulins-à-Garance : le déplacement de Pindustrie avait
totalement fait abandonner la culture de cette plante tinc-
toriale. Mais depuis que l’un de nos manufacturiers, sans
être arrêté par le préjugé qui attribuait à_ nos eaux des
qualités nuisibles à CEl`t3il'l€S teintures, appelant à son aide
les lumières d’un chymiste distingué , est parvenu à teindre il
en rouge d’Andrinople aussi bien que dans les teintureries
les plus renommées pour cette couleur, la consommation de
la garance a fait sentir le besoin de sa culture. La Société :1.
du la provoquer; des primes ont été offertes , une instruc-·
tion sur la formation des garancîêresa été imprimée , Pon a,·
fait venir du midi les semences nécessaires aux premiers
essais , et, quoique leur arrivage se fût fait attendre , deux
cultivateurs en ont ensemencé des terrains convenablement
disposés a cet effet.
Leurs noms seront proclamés; cependant, comme la
garance se sème en pépinières, les prix ne seront délivrés.

( 404 )
que du moment où la transplantation opérée olfrira des
garanciêres de l’étendue exigée par le programmé Les mé-
dailles qui accompagnent les primesleur seront néanmoins
accordées. A
La société a décidé d’en décerner une au cultivateur qui `
amontré le plus de zèle pour Pintroduction de nouvelles
· céréales dans le' pays. Nous devons à ce zèle Pacclimatation
de l’Av0ine de Géorgie qui l’emporte sur toutes les autres
non seulement par Pabondance de ses graines , mais aussi
par leur poids. La solidité de son chaume lui donne la
faculté de mieux résister aux vents et aux pluies et assure .
d’autant plus sa récolte.
Le programme des prix destinés aux années prochaines est
déjà rendu public, nous n’avons point à nous en occuper
ici: Nos ltîagistrats, en daignant présider à la distribution
de ceux qui vont être décernés, prouvent combien ils ont
en estime la profession appelée à les obtenir.
C’est par un.sentiment analogue que l’on a choisi pour
cette solennité, le jour de la fête d’un monarque qui se
plaità honorer'l’agriculture ainsi que Pindustrie manu-
facturière; sources fécondes d’où découle la prospérité
'd’un pays. » i

( 405 )
 
EXTRAIT L
DU COMPTE RENDU DES DIVERS CONCOURS
OUVERTS PAB 'LA ÉOCIÉÉIEÉ-·
» Lesprzfz et encouragemens .suz'vans , proposés dans le programme
de la Societé pour 1826, ont eîé décernés :
I.
x.° Un prix· de la valeur de (leux cents francs , à M. Heel-
clebaut , cl’Houplin, possesseur du plus beau taureau de race
hollandaise présenté au concours.
2.° Un, prix de la valeur de cent cinquante francs, à M.
Masquelier-Boet, de Sainghin-en-Mélautois , possesseur
du plus beau taureau de même race après le précédent. . -
Mention honorable à M.“‘° V.° Desruellc et à M. Becquet
(Maurice), cultivateurs à Lomme, et possesseurs de tau-
reaux de race hollandaise très-propres à Pamélioration de
Pespèce bovine.
ll. _ ’
Une médaille de la valeur de trois cents francs, à M. Leroy
(Jeau—Baptiste), d’Houplines,' propriétaire de la houblon-
nière plantée en 1824 et 182.5 , la plus étendue, la mieux
cultivée, et auteur de la meilleure notice sur la culture du
houblon. '_
Accessit: M. Liénart (Placide), de Frelinghien ; M. Lecomte-
Lepoutre , de Bousbecques. s —

_ ( 406 )
HOUBLONNIÈRES PLANTÉEE EN 1826-
1.° Une médaille de la valeur de deux cents francs, au
cultivateur qui, en 1826, a établi la plus belle houblonnièrc
dela contenance de qnatre—vingts ares et au-dessus.
Aucun concurrent n’ayant rempli les conditions du pro-
gramme , cette médaille n’est pas distribuée. il
2.° Deux médailles de cent francs chacune, à MM. Leroy
(J'ean·Baptiste) et Lecomte-Lepoutre , tous deux déjà cités ,
pour avoir établi, en :826, les deux plus belles houblon-
nières dela contenance de quarante à quatre-vingts ares.
3.° Une médaille de la valeur de cinquante francs , à M. •
Van Esland, de Wervick (France), pour une jeune houblon-
nière plantée en 1826, et de la contenance de vingt à qua-
rante ares. `
Le programme pour 1826 annonçait comme devant être
décernées quatre médailles de la même valeur: il n’y a pas
lieu à la distribution des t1·ois autres.
Encouragenuws pour la culture- du houblon.
· Médailles d’argent , à MM. Pou-illicr, `de Deulémont;
Théry, de Comines; Després, de Comines; Lambin, de
Wervick; Liénart, de Deùlémont. _ V A U
  · I I l. ·' _
La transplantation des pépinières de garance n’étant pas
enc01·e opérée, la Société accorde provisoirement à MM.
Lecomte-Lepoutre déjà cité, et Berthelot, de Seclin , chacun
une médaille d’argent, comme auteurs des premières ten-
tatives faites pour introduire dans Parrondissement de Lille
la culture de cette plante tinctoriale. Les prix indiqués au
programme pour les garancières ne seront distribués qu’au
printemps prochain , époque où la contenance de ces garan-
cières pourra être constatée. A ·

( 4¤7 )
I V.
Une médaille d’argent, A M. Descamps, de Croix, pour
avoir introduit dans‘· Parrondissement de Lille quelques
espèces oulvariétés précieuses de céréales, et avoir, par ses
succès, puissamment contribué à la propagation de leur
culture. ,
 
P R O G R A M M E '
Des prix propose} enjàveur de I’ëcononz1'e rurale, pour être
dëcemeiv en IS27 et 18aS.
La Société, dans sa séance publique qui aura lieu le 4
novembre 1827, dans la salle du Conclzwe, hôtel de la Mairie,
déceruera les prix suivans: V
. ' I.
1.° Un prix de la valeur de cent cinquante francs, au
cultivateur qui aura introduit ou élevé dans Parrondisse-
ment le plus beau taureau de race hollandaise pure, ou de
race métisse hollandaise flamande.
2.° Un prix de la valeur de cent francs, au propriétaire
du taureau le plus beau après le précédent.
3.° Un prix de la valeur de cent francs , au cultivateur qui
aura élevé la plus belle génisse de race hollandaise pure, ou
de/race croisée hollandaise flamande. .
. 4.° Deux prix de la valeur de cinquante francs chacun,
aux cultivateurs qui auront élevé les deux plus belles génisses ·
après la précédente. ~
Les taureaux devront êl1·e âgés de deux à quatre aus, et
être destinés à faire pendant un au le service de la monte.

( 408 ) `
Les prix seront mis en dépôt jusqu’à Paccomplissement de
cette dernière condition. _
L’âge exigé pour les génisses, sera d'un an à deux: la
Société désire qu’on les destine à la reproduction , et qu’elles
ne soient saillies qu’après Page de trois ans accomplis.
. I·I. _
Un prix de la valeur de trois cents francs, au propriétaire
dn troupeau de moutons faisant des élèves , qui introduira
dans Parrondissernent le plus beau bélier à laine longue , de
race anglaise on hollandaise, destiné à l’amélioration de Ia
race à laine indigène. A
I I I. p I
1.° Une médaille de la valeur de deux cents francs, au
propriétaire de la houblonniêre la mieux cultivée, et qui
fournira en 1827 les meilleurs et les plus abondans produits.
2.° Deux médailles de la valeur de cent cinquante francs
chacune, aux cultivateurs possédant les houblonnières les
plus méritantes après la précédente.
3.° Une médaille de la valeur de cent 'cinquante francs ,
au cultivateur qui établira en 1827 la plus belle houblon-
nière de la contenance d’au moins quarante ares. _
4.° Quatre médailles de la valeur de cinquante francs
chacune, aux propriétaires des quatre plnsibelles houblon-
nières établies en ,1827, et de la contenance de vingt à qua-
rante ares. ` ‘ i ' '
Ne seront admises au concours que les houblonnières
plantées exclusivement en houblon à tiges blanches. Les
plantes de houblon à tiges rouges trouvées accidentellement
dans les houblonnières, devront être coupées avant le 15
juillet. _ ·— «   i

( 4<>9 )
IV. I
LA SOCIÉTÉ ntcenuemt EN 1828,
Une médaille de la valeur de deux cents francs , à Pauteur
des meilleures expériences comparatives sur l’action fer-
tilisante du plâtre , de la chaux, des cendres, de la suie et
du noir animal des raüineries de sucre, appliqués comme
amendemens sur les prairies artificielles de luzerne, de
saînfoin et de trèfle. __
La Société désire que le plâtre   la chaux, les cen-
dres,etc.., soient employés dans les expériences sur des_
surfaces égales de chacune des prairies artificielles citées; «
que Ie poids de toutes les coupes fourragères, recueillies
sur ces surfaces diversement amendées, soit noté avec exac-
titude; et que les concurrens en déduisent le mérite respectif
des amendemens, sous les deux rapports principaux de
Pintensité d’acti0n et de l’économie.
Uintroduction des garancières dans nos culturesvient
d’être opérée par quelques cultivateurs zélés. Ces premières
tentatives donnent l’espoi1· de naturaliser dans nos cam-
pagnes une nouvelle branche d’industrie agricole que la
Société aura fait naître, et qu’elle s’etl`orcera de 1·endre
. prospère par de nouveaux encouragemens.
Des prix seront proposés dans le prochain progra.mme,
en faveur de la culture de cette plante.
`  
(r) Le plâtre doit être semé sur les prairies artificielles , lorsque les tiges
ont déjà quelques pouces d’élévatiou; ou doit choisir un temps humide; un »
le sème dans lu proportion de deux à quatre hcctolitres par hectare.

( 4¤¤ )
Époque.: de la vërzficatzbn des sujets admis au concours.
r.° Pour les bêtes bovines et à laine , le jour, l’heure et le
lieu qui seront indiqués par M. le Préfet pour la distri-
bution des primes pour l’amélioration des chevaux.
2.° Pour les houblonnières, dans la dernière quinzaine
du mois d’août , *et immédiatement après la récolte du
houblon. V w
I I
CONDITIONS GENERALES. ~
· Il ne sera admis au concours que des cultivateurs domi-!
ciliés dans Parrondissement de Lille.
Les personnes qui désirent concourir pour les médailles
accordées err faveur des cultures, devront faire connaître
leur intention à la Société , avant Ie 1." août, par une
lettre d’avis adressée à son Secrétaire-général. _
Des Commissaires délégués par la Société seront appelés à
constater, en se transportant sur les lieux, Pétat des cultures
admises au concours, et désigneront les bêtes hovines et le
bélier à laine longue qui mériteront les prix.

( /11 1 )
· R A P P O R T I — '
Sur les travaux de la comnizbszbn düzgriculture , pendant
l’am2e'e 1826 et le prenuerrseniestrc de l’année I827,
Par M. Loxsnr.
Opérer d’heu1·euses innovations dans un pays justement
célèbre par l’a1·t de multiplie1· et d’alterner d’abondantes et
précieuses récoltes, vaincre la méfiance des cultivateurs
pour tout perfectionnement qui s’éloigne de leur routine
journalière , créer et se former un appui de l’opi11ion pu-
blique, telle était la tâche délicate de votre commission
d’agric11lture, lorsqu’elle fut appelée par Pallocation de
sommes destinées à fonder des prixi en faveur de l’économie
rurale, à exercer une influence favorable sur la prospérité
de nos fertiles campagnes. Dans cette circonstance, il était
urgent que dès son début, elle pût gagner la confiance et
se populariser chez les agriculteurs; la plus grande circons-
pection lui était donc imposée dans le choix des sujets de
prix à admettre dans ses programmes, aussi a-t-elle reconnu
cette nécessité, en ne proposant aux concours que des amé-
liorati0ns' d’une utilité locale bien_ évidente et dont les
résultats prompts, faciles et peu dispendieux entrainassent,
par leurs succès, Pencouragement etla conviction de leur
utilité. Les détails que je vais avoi1·l’ho·n1ieur de soumettre à.
la Société , la c0nvaincr011tqu’elle aatteint le but qu’elle se
proposait. i

( 4¤= )
Il était désirable que la France:s’aft`ranchît du tribut qu’elle
paie annuellementàl’étrangerpourPimportation duhoublon:
des circonstances heureuses invitaient à naturaliser la cul-
ture de cette plante dans nos exploitations rurales; le fer-
mier, certain de soutenir avantageusement la concurrence,
par le droit considérable qui frappe sur ce produit agricole,
à son entrée dans le royaume, ne pouvait hésiter dans une
contrée où sa consommation est si usuelle, à entreprendre
cette précieuse conquête que semblaient d’ailleurs réclamer
notre climat tempéré ét humide, et notre sol généralement
fertile, limoneux et profond. Votre commission d’agri-
culture se rendant Pinterprète d’un besoin bien senti, a cru
devoir enrichir nos assolemens déjà si variés, en provo-
quant par d’honorables distinctions, les cultivateurs de
Parrondissement à admettre les houblonnières au nombre l
deleurs cultures. Sa voixa été entendue! et vous avez, dans
votre dernière séance publique, couronné les heureuses
tentatives des agronomes , à qui nous devons cette nouvelle
branche d'industrie rurale.
Des diverses variétés du houblon cultivé, celle qui par
Pabondance de son principe actif et la délicatesse de son
arum obtient dans le commerce une préférence justement
méritée , est la variété à tzges blanches ; c’est aussi celle qui a
été recommandée et adoptée pour la formation des hou-
blonniêres établies dans Parrondissement. Elle fournit, il
est vrai, une moins grande quantité de cônes que la variété
à ages rouges, mais la valeur que lui donne sa supériorité
est une ample compensation.
Le mode de plantation du houblon , les soins et les opé-
rations qu’il réclame durant le cours de sa végétation,
l’époque etles procédés de sa récolte, ne dilïèrent pas essen- e
tiellement dans nos jeunes houblonnières, de la méthode
ein usage depuis un temps immémorial pour les houblon-

( 413 )
nières, si renommées , de Poperingue. L’habileté et l’intel=·
ligence quenos cultivateurs ont mises dans Padoption et
Pexécutionlde tout ce qui tient àila culture proprement
dite du houblon, méritent des éloges et ne laissent rien à
désirer. L’art d’obtenir une prompte etibonne dessication
des cônes, exige-une expérience qu’ils acquerront en peu
d’années et qui leur permettera de rivaliseravantageuse-
ment avec leurs inaîtres les planteixrs Je houblon, de Pope-
ringue. Les travaux et. les dépenses consacrés par quelques
uns de_nos fermiers à la construction de tourelles, attestent
Pimportance qu’ils y attribuent, et sont un garant du succès
qui les attend.
Ainsi donc, les tentatives faites pour introduire la cul-
ture du houblon dans Parrondissement ont complétement
réussi; non seulement la végétation de cette plante est forte
et vigoureuse sur notre sol , mais encore Pabondance et la
qualité de ses produits sont très-satisfautes. Des échan-
tillons du houblon indigène ont été déposésisur le bureau
de la commission", et il a été reconnu qu’il égalait les
~ meilleurs houblons versés dans le commerce. Employé à la
fabricationde la boisson du pays, on`a_ constaté qu’il con-
servait la même supériorité en lui communiquant la saveur
et la durée que l’on recherche en elle. i
Olivier de Serre', le patriarche de Pagricultnre française,
écrivait sur Ia En du seizième siècle, que l’une des cultures
les plus lucratives était celle de la gararzce , et que lameil-
leure venait de Flandres. Des traditions nombreuses cons-
tatent en effet que cette plante tinctoriale y était cultivée
avec beaucoup de succès , et que l’ancienne châtellenie de
Lille en faisait un commerce important. Ce genre d’indnstrie l
agricole paraît avoir commencé à péricliter chez nous , vers
le milieu du siècle dernier, et son extinction totale fut *
achevée dès les premières années de la révolution. Les
27 `

( 414 l
causes qui_ont amené ce résultat sont assez obscures, la
seule donnée certaine que nous possédions à cet égard
consiste dans la dépréciation graduelle, constante et pro-Y,
gressive dans laquelle tomba la garance pendant le laps de .
temps iudiqué.`Àujourd’hui que l’art dè tixier la matière
colorante de cette racine sur les tissus est parfaitement
connu, que les diverses, industries qui en font ( usage
prennent en France , et notamment à Lille et dans les villes
environnantes, une extension considérable, et que la con-
sommation de cette denréeva toujours en croissant, il_
parait important de rappelerdans nos campagnes un genre
de culture autrefois si ilorissant. C’est dans cette vue q11e la
commission aprovoqué des essais en petit pour reconquérir
une culture qui intéresse à la fois Pagridulture et le com-
merce. ` _
Deux propriétaires intelligens ont, dès 1825 et d’api·ès
les instructions de la Société, établi des garaucières; l’un
est M. Berthelot, de Seclin , que la mort a enlevé avant qu’il
pût obtenir aucun résultat; l’autre est M. Lecomte-Lepoutre,
de Bousbecques, dontles travaux ne pourront être jugés que
su1· la tin de Pautomne , lors de la récolte. Sa garanciére est
dans l’état le plus satisfaisant , et tout nous porte à croire
que nous aurons Er vous entretenir, l’année prochaine, de .
ses succès.
Plusieurs espèces ou variétés de céréales , parmi lesquelles
on doit particulièrement citer le froment Lamas, l’avoine
de Géorgie et Pavoine rouge de Toscane, ont été, par les
enpouragemens et lesôconseils de la commission , propagés
dans Parrondissement autant qu’elles méritaient de 1’être.
La commission 11’oubliè pas que c’est aux lumières et au
q zèle d’un de ses membres, M. Descamps, de Croix, qu’elle
doit les 'expériences comparatives qui constatent leurs
qualités, et qu’il apuissamment contribué, par son in-

( 415 )
lluence sur les cultivateurs , à leur en faire adopter la
culture; aussi se plaît==elle à lui témoigner ici toute sa re-
connaissance. `
L’éducation des animaux domestiques a été l’objet des
méditations de'votre commission. L’exploration de notre
i agronomie locale l’a convaincue, que de toutes ses parties
elle était celle qui avait fait le moins de progrès, et qui
pourtant était susceptible d,3.I1`léll0l`î1t·lOl'lS plus mar-
quées; c’est cette persuasion qui l’a déterminée à faire tous
ses etl`0rts pour donner à cette branche dc l’écon omie rurale,
Pimpulsion qu’elle réclame pour arrive1· à des perfection-
nemens désirables.
L’e’Iève des chevaux , encouragé par le gouvernement qui '
a intérêt à la multiplication et à la régénération de la race ,
nepouvait manquer Cl,8XCZll81` un vifintérêt à votre section
agricole; mais déjà en possession de faveurs spéciales, il
lui a paru plus avantageux et plus équitable d’appliquer
une partie de la modique somme qui lui est allouée à pro·—
voquer l’amélioration des autres espèces domestiques.
i L’espêce bovine se recommande aux soins de l’h0mme,
par des services et des produits si variés, qu’on peut la
- considérer comme l’une des sources les plus fécondes dei
richesses rurales. La race dite flamande ou fiandrine, qui est
indigène dans Parrondissement, quoiqu’étant l’une des plus ·
précieuses que nourrisse le sol français, est pourtant no-
` toirement inférieure à la race hollandaise et à quelques races
de nos voisins d’0utre-mer. Des croisemens judicieux entre
notre espèce bovine et ces races perfectionnées, promettaient J
donc des résultats avantageux , et c’est pour accomplir cette ' ,
amélioration que la commission a proposé des prix en`·
faveur des propriétaires qui importeraient les plus beaux
taureaux de race hollandaise pure , et qui les destineraient
àla reproduction. Le succès a suivi ses prévisions, et tout

( 416 )
annonce que dans quelques années notre race bovine régé-
nérée se distinguera pa1· Pampleur de ses formes, une
'grande aptitude à prendre Pengrais, et surtout par une·
secrétion laiteuse extrêmement abondante.
La grande division des propriétés ter1·itoriales, et
par suite le peu d’étendue des exploitations rurales
dans la moitié nord-ouest du département, s’0pposei·ont
probablement toujours â ce que l’éducation des bêtes à
laine y prenne une extension considérable, cependant la
race colossale qu’0n élève dans cette riche contrée, n’en
mérite pas moinslune attention spéciale. Déjà recomman-
dable par son volume éno1·me et par une grande facilité de
prendre l’engr¢izl¢, elle avait excité la sollicitude de votre
section d’agriculture, pour l’amélioration de salaine longue,
mais dure et grossière, et c’està sa prière que vous avez
plusieurs fois renouvellé infructneusement lademande au
gouvernement d’obtenir un ou plusieurs béliers suscep-
tibles de perfectionner la race sous ce rapport. L’un de vos ' ·
co1·respondans, lVI.le vicomte Sosthène de La Bochefoucault,
vient, par un trait de générosité qui mérite toute notre
reconnaissance et rappelle d’heureuses traditions de famille,
de combler, par le' don d’un bélier de race New—Leicester,
le vœu que nous vous avonssi souvent émis. Des mesures
ultérieures seront prises pour rendre ce beau cadeau aussi
profitable que possible aux intérêts généraux du pays et à i
ceux particuliers de votre Société.
Les progrès réce11s,de la mécanique ont donné naissance
à un certain nombre de machines rurales nouvelles, ou au '
perfectionnement de plusieurs instrumens aratoires déjà '
connus. Il était important de fixer Pattention de nos agri-
culteurs sur celles de ces innovations qui présenteraient
dans leur adoption des avantages plus marqués, appliqués
à notre svstème d’agronomie. C’est ce_ qui a été fait en

( 417 )
admettant dans vos programmes des prix à distribuer en
faveur de l’agriculture, ce problème llllé0l'll€·P1‘àttgl1€·
Une machine ingénieuse destinée à couper les racines,
qui pendant l’hiver forment la base de la nourriture des
bêtes à cornes, a été acquise par la commission pourservir
de modèle et être décernée comme prix. Ilàété reconuuque
cette machine solide et peu coûteuse, coupait en trois mi-
nutes un hectolitre de pommes de terre ou de carottes, et
qu’elle était très-propre à prévenir les inconvéniens qui
résultent de Padministration de ces alimens, l01‘S(Il1,llSllC
sont qu’imparfaitement divisés; ces avantages ont déterminé
plusieurs fermiers à en établir de semblables. `
Depuis que le dernier rapport de la commission d’agri—
culture vous a été lu, plusieurs de ses membres ont rendu
compte des essais ou des expériences auxquels ils se sont
livrés.
M. Heddebault,de Thumesnil , a cultivé comparativement
la betterave rouge commune avec la betterave mcclzarine ,_
et il a reconnu que celle—ci, tout aussi abondante en produits.
que la première, était beaucoup plus nutritive et qu’elle·
donnait au lait et surtout au beurre des vaches qui en- t
étaient nourries, des qualités évidemment supérieures. Sa
racine est, il est vrai, tout-à—fait souterraine et son ex-
traction un peu plus laborieuse, mais ce reproche ne peut
empêcher la p1·éférence qu’0n lui doit.
  Lecomte .,_de Bo`usbecques,%1 fait des expériences et des
observations intéressantes sur la culture et la disseccation
du tabac ; comme elles sont encore incomplètes, nousavons
cédé à son désir de ne vous les faire connaître que lors¢··
qu’elles'seront plus digues de vous être présentées.
M.`Wfattelle, de Badinghem, a plusieurs fois constaté
queilorsque faisant succéder_à` une récolte de tabac une
plantation de colza. et que celle-ci , par une exubéuance de

( 418 )
végétation assez commune , les terres trop grasses., venait à
verser, il était avantageux de la faucher une , et dans quel-
ques cas, deux fois; après cette opération la récolte est
encore belle et abondante. ,
.- Le même cultivateur nous a communiqué le procédé
qu’il met en usage pour la conservation des fruits à pépins,
il consiste à les placer dans des tonneaux bien secs qu’il _
ferme hermétiquement. Des pommes et des poires ont été
présentées, un an apres leur récolte, à la commission; elles
avaient la fraîcheur, le coloris et la consistance des fruits _
qu’on viendrait de cueillir. (_
Des pertes multipliées se sont fait sentir dans le courant
de l’été surles bêtes à cornes , par l’elï`et-de la méléorisation;
la commission d’agriculture a cru qu’en donnant de la
publicité à Pinstruction suivante, on contribuerait à di-·
minuer le nombre de victimes que cette affection enlève
annuellement, — ,
I N STBUCTI ON `
Sur la meîebrzlmtiozz des bêtes à cornes, '
Cette maladie, désignée vulgairement parles noms d’en..
tonnement et d’er_Wure, consiste dans un dégagement de gaz
qui s’échappe des alimens dans le rnmen (pause) elle.se
reconnaît à la distensiou énorme de cet estomac, surtout
très—remarquable au flanc gauche; à la difliculté de respirer
qui va jusqu’à la sutfocation; à la rougeur des yeux qui
sortent de leurs orbites; les nazeaux sont très-dilatés, les
vaisseaux de la tête gorgée, quelques éructations sonores se

( 4¤9 )
font entendre, le pouls est petit et serré. Ces symptômes
s’accroissent rapidement, et après un temps généralement
très-court la bête tombe et meurt aspliyxiée.
La cause la plus fréquente de la météorisation consiste—
dans l’usage du fourrage vert des prairies artificielles. Le
moyen le plus simple de prévenir cette maladie est de faire
précéder l"usage de cette nourriture par des alimens secs.
Tftülléê/Hûllt. — Lorsque la sutibcation n’est pasimminente,
les boissons alcalines, telles que l’eau de CllZ1llXi,l3. lessive de
cendres, l’eau de savon, mais surtout Pammoiitaque liquide
(alcali volatil) doivent êt1·e recommandésf Ce dernier médi-
cament s’administre à la dose de deux à trois gros,(un quart ·'
d’once à un quart d’once et demi) qu’0n étend dans un litre
d’eau commune; si la diminution des symptômes ne sur-
vient pas assez promptement, on répète Padminislration du
même breuvage de temps-en-temps. A
L’état de la bête malade fait-il c1·aindre l’aspl1yxietrès·
prochaine , on doit s’empresser de faire évacuer le gaz qui ··
distend Pestomac en introduisant une sonde creuse et élas-
tique dans Pœsophage jusqu’à ce viscère,_ oi: si l’on ne ··
possède pas cet instrument, de faire la ponction du_ rumen ; `
cette opération se pratique à l’aide d’un trois-quart ou`
simplement d’un instrument tranchant _qu’on plonge dans
1é flanc gauche, à quatre doigts environ de la dernière côte
età environ six pouces des apophyses transverses desver-
tèbres du tomber; on plonge ensuite une canule dans
l’ouverture qui en résulte et on a soin de la dégorger de
. temps à autre pour faciliter la sortie du gaz. Quand la mé-.
téorisation est guérie, on ferme la plaie par un pointàde
suture; g V i`

( 4:0 )
 
NUMISMATIQUE.
Sal Majesté '(Iliarles X a daigné faire présentlàLla^Soçiété
d’une collection de médailles "de son règne et de celui de
Son auguste frère’Loui§ XVIII. r
M. le vicomte dela Roicliefoucault, `toujours bienveillant
pour la Société, a sollicité et obtenu dela munificence
royale une collection de `médaillescliuiegnilezcle Louis`XIVi,
au nombre de 399.
M. le maire de Lille a envofyélun éeéin 1·énI`ermant trois
médailles frappées pour il'eh_tré'e de S.   Charles X dans
` nos murs , et MM. les otïicièrs de la Monnaie de Lille ont
oiïert deux médailles frapjiées sous les yeux din Roi, dans
cet établissement.   _ __ U _ , _
M. Leclerq a généreusenient V donné à la’Société une -.
nombreuse collection devlmédailles antiques `èrecques et
romaines, ainsi, que des vases et des Èragrnens de cimens ,_
des mêmesitemps. _ _ 9 W
M. Wat1·elos a Adonnémune jolie suitelde médaillesîantiques.
M·.'Verly ifils a donné des iniédaillesi etnmoniiaies obsi-
dionales du siége de Lillè en! i708. ‘
M. Hocbart; de Roubaix, possesseurid’in1 riclie et magni-
fique médailler, a' fait domà la Société des médailles antiques
de dix-huit règnesi Elles sont toutes d’ une belle conservation.
M. St.-Georges, ollicier `d’état-major, a fait parvenir à
la Société `de médaille;-ret autres objets antiques trouvés
dans l’ancienne ville de Therouanne.
Enfin la Société a acheté diverses belles médailles antiques
et modernes.
Tous ces objets , étiquetés et classés, sont exposés aux ·
regards du public, dans le Musée.

O
( 42l )
 
OUVRAGES IMPRIMES
Euvomis A LA`SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 1826
· ET LES Six PEEMIERS Moxà DE l827·
OUVRAGES COMPOSÉS ~
un rss mmnnns nn sa somirû.
BOTTIN. Quatrième rapport sur les mémoires de la
Société 1·oyale des antiquaires de France, 1 volume in-8.° 1
Paris 1826. _
- Éloge historique de M. Barbié du Bocage , membre de
l’I11slitut et de la Société royale des antiquaires, brochure
in-8.° Paris , 1826.
BOSSON. Mémoire sur Pinfluence physique du déboise—
ment des forêts , qui a obtenu l’accessit à Pacadêmie de
Bruxelles , brochure in-8.° Paris , 1826.
DE BREBISSON. Catalogue méthodique des crustacés
' terrestres, Huviatiles et marins, recueillis dans le départe-
ment du Calvados, du 14 mai 1825.
T- Description succinte des orchidies aqui croissent na-
turellement dans les environs de Falaise, lue à la séance
publique de la Société Linnéenne du Calvados, le 7 juin 1824.
CAMBERLYN. Eyclcpi immortali genio, in-8.° Gand,
1824. t
· CORDIER (membre de la Société d’améliorati0n des~

(
( 422 )
laines  Notice Sl.|l‘l’l1IlPO1`l3il0l'1 et Péducation des moutons
à longue laine et su1· l’emploi de leur toison à la filature
d_e Marcq , 1 volume in-8.° Paris, 1826. _
DELALANDE (inspecteur des domaines). Dissertation
sur Sama1·ohriva , ancienne ville de la Gaule, brochure
in-8.° St.-Quentin, 1825. V
— Essai historique sur ·les antiquités du département de
la Haute-Loire, 1 volume in-8.° St.—Quentin , 1826. `
—— Mémoire en réponse au rapport fait à, la Société aca-
démique de Douai sur l’ouvrage intitulé Dissertatzbrz sur
Samarobriva, ancienne ville de la Gaule; présenté à la
Société de ·St.-Quentin , par M. Maugon Delalande, inspec-
teur des domaines , brochure in—8.° St.-Quentin , 1827.
DESBRIERES ( pharmacien aide·major aux armées ).
Nouveaux secrets des arts et métiers recueillis et mis par
ordre , 2 volumes in-8.° Paris, 1819.
DESMAZIERES. Description des cryptogammes du IlOl`•ll
de la France, la 3.e fascicule, in-4.° Lille _, 1826.
-·- Plantes cryptogammes dunord dela France , 4.e fasci-
cule , in—4.° Lille, 1827. ‘ (
DESRUELLES (docteur en médecine de la faculté de
Paris ). Traité sur la coqueluche d’après·`les principes
de la doctrine physiologique, ouvrage couronné par la
Société médicale-pratique de Paris , 1 volume. in—8.°
Bruxelles , 1827. · ·
DUHAMEL. Fables suivies de quelques Idyles , 1 volume
in—12. Lille, 1825. _ «_ —
. DUMÉRIL (de Pacadémie royale des sciences de l’Ins—
, titut ). Considérations générales sur la classe des insectes ,
1 volume in—8.°_avec planches co]o1·iées. Paris , 1823.
DUMORTIER (directeur du jardin botanique de Tour-
nai). Observations, botaniques dédiées à la Société d’l1or—
ticulture de Tournai,·brochure in-8.° îfournai , 1822. _

_ _ ( 413 )
FEE. Eïoge de Pline le naturaliste, lu à la Société de
pha1·macie, dans sa séance du 15·mars 1821, brochure
in-8.° Paris, i821. , il
- Recherches sur le lotos des anciens extrait de la Flore _
de Virgile , composées pour les classiques latins, brochure
in-8.° Paris, 1822.; _ .,
GARNIER (professeur de mathématique et d’ast1·onomie
à l’université de Gand) et QUETELET (professeur de
mathématique, de physique et d’astronomie àl’atl1énée de
Bruxelles, et membre de Pacadémie de la même ville ). COI'-
respondance mathématique et physique, n." 6. 1825.
GARNIER. Notice sur les météores, brochure i11—8.°'
Gand ,.1826, _
GEOFFROY-St.-HILAIRE. Considérations générales sur
les mamifères , 1 volume in-12. Paris, 1826.
—Des femelles de faisans à plumage de mâles; obser-
vations faites sur le faisan à collier, le faisan argenté et le
faisan commun. Paris, 1825. l
HÉCART. Notice sur la traduction française du Manuel
'd’Épîctète , in-I2. Valenciennes, 1826.
HURTEL-D’ARBOVAL. Dictionnaire de médeci·ne vété-
rinaire; ouvrage utile aux_ vétérinaires, aux 0mC]l€1‘S de ,
cavalerie, aux propriétaires, aux fermiers et à toutes les
personnes chargées du soin et du gouvernement des ani-
maux domestiques; le 1.°‘É volume reçu en 1826 et deux
autres e11 1827, in-8.° Paris.
JULIEN. Le tombeau d’une Philhellène , l élégie adressée \
à MF Anna Wheclé1·, irlandaise , amie dévouée de la cause
des Grecs , sur la mort de sa fille Henriettev
— L’Amé1·ique.
-··— Coup-·d’œil sur les progrès. des sciences ,~ des lettres. et
des arts en 1826.

( 424 )
-—Épître en vers à M. Vnndernac (W. D. T. ) ancien
ministre de la république Batave. ¢ _
KUHLMANN. Analyse chimique de la racine de garance ,
brochure in-8.° A
LABARRAQUE (pharmacien de Paris). De l’emploi du
chlorure ct'oxide de sodium et de chaux, brochure in—8.°
Paris, 1825. —_
LAMBERT. Tableaux comparatifs de diverses nomen-
clatures chimiques, in-£°
LAPOSTOLE (membre de plusieurs académies et sociétés
savantes), Traité des parafoudres et des paragrèles en
cordes de paille, 3.° supplément, in-8.° Amiens, 1826.
—-Parafoudres et paragrèles en cordes de paille, liro-
chure in—8.° Amiens , 1826.
LEGLAY (secrétaire perpétuel de la Société d’émn—`
lation). Recherches su1· l’Église métropolitaine de Camb1·ai ,
in-4.? Paris , 1825.
· ' LÉONAHD ( docteur en médecine ). De Palaitement
considéré comme moyen pophitatique et curatif des
maladies de femmes en couche ; thèse soutenue à la faculté
demédecine de Paris , le 17 août 1822.
LESTIBOUDOIS (docteur en médecine, professeur de
botanique à Lille). Botanographie élémentaire , ou prin-
cipes de botanique et del physiologie (végétale, 1 volume
iu—8.° Lille , 1826.
MOREL DE VINDÉ. Considérations sur le morcellement
des propriétés territoriales en France, mémoire présenté à
Pacadémie des sciences le 1.è' mai 1826, brochure in- E
8.° Paris", 1826. I
MOURONVAL DE VALENCOURT (de Valenciennes,
docteur en médecine de la faculté de Paris  Recherches et
observations sur le purigo , faites à Phôpital de St.-Louis ,
brochure in-8.° Valenciennes , .1826. (

( 425 )
NICOLSON. Description des machines À vape11r et détail
des principaux changemens qu’elles ont éprouvés depuis
Pépoque de leur déouverte et des améliorations qui les ont
fait parvenir à leur état actuel de perfection , 1 vol. in—8.°
Paris, 1826.
RODET [ils (vétérinaire en chef des hussards de la garde- '
royale  Recherches de l’aH`ection maladive à laquelle on
donne le nom de pousse, brochure in·8.° Paris, 1825.
SCOUTETTEN (docteur-médecin de la faculté de Paris ,
aide-majo1·_ à. l’hôpital d’instruction de Metz  Mémoire et
observations sur plusieurs opérations nouvelles. Brochure
in-8.°   j
VAISSIERE. Mon Kaleîdoscope , joujou de circonstance,
pièce de vers, in-8.° Paris, 1818. _
— Discours prononcé à la séance publique della société
d’agriculture de Cahors ,`le 25 août 1821.
VÃNDERHAGHEN (docteur en médecine eten chirurgie).
Dissertation sur Pariévrisme de l’artè1·e carotide au tronc
cephatique, thèse, soutenue à la faculté de médecine de
Paris , le 3 août 1815.
ENVOIS DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
ARRAS. Mémoire de la Société royale, pour l’encourage—
ment des sciences, des lettres et des arts; séance publique
du 23 août l824,. 1 volume in-S.° Arras , 1825.
—- Programme des sujets de prix, pour l’année 1826.
BESANCON. Académie des sciences, belles lettres et
arts , compte rendu des travaux de cette académie dans sa
séance publique du 28 janvier 1826.
-— Compte rendu des travaux de cette académie , pendant
l’année l826 , brochure in-8.° Besançon, 1827.

( 426 )
BORDEAUX. Académie royale des sciences , belles lettrés
et arts ; rapport sur les travaux de cette académie , fait dans
sa séance publique du 25 mai 1826, 1 volume in—8.° B0r~
_ deaux, 1826. l `
BOULOGNE-SUR-MER. Société d’ag1·iculture , du com-
merce et des arts; compte rendu des travaux de cette société
dans sa séance publique du ‘ I825·
· — Procès-verbal de sa séance publique du IO octobre
1825. `
BRUXELLES. Société de Flore. Procès-verbal de la l1ui=
tième exposition de février 1826.
CAEN. Société royale d’agriculture et du commerce.
Programme d’un prix qui·sera décerné en 1827, pour le
meilleur mémoire ou le meilleur procédé sur (le moyen
de détruire Pinsecte connu sous le nom de puceron. Caen,
1826. ` V
—· Rapport fait à cette Société, _sur les troupeaux
mérinos que possède M. de Polignac, dans le département
du Calvados , en 1827. ’
— Rapport fait à cette Société, sur l’extrait du second —
cours gratuit de M. Lombard, relatifà Péducation et à la
conservation des abeilles, par M. Revel de la Brouaize. 1820.
—— Rapport fait à cette Société, sur la fabrique de fro-
mage de Hollande, établie àVaraville, dans le département `
I du Calvados , par MM. Scribe et Comp. 1822. ¤ .r
—Description de la fête pastorale de Bleuville, près Caen,
donnée par M. de Polignac. . I
— Rapport fait à cette Société, sur les plaques de por-
celaine dela fabrique de M. Langlais, destinées à indiquer
les noms des rues et le numéro des maisons, par M. Paltu.
1823. W
-—— Rapport fait à cette Société, suri la`chaux hydraulique
et notamment sur celle du Calvados, par M. Paltu. 1824.

( ·l=7 )
·-—· Notice' historique sur M. Thierry, pharmacien et
membre de la Société de Caen , par M. l\’I.-J.-V. Lamouroux.
Caen, 182,4. I
— De la pêche, du parcage et du commerce des huîtres
en France, par M. L’air, secrétaire de la Société de Caen.
1826.
— Rapport sur Pexposition publique des produits des
arts du Calvados, pendant l’année 1819, par M. L’air,
Secrétaire de ladite Société.
_— Discours sur la seconde exposition des produits des
arts du département du Calvados, par M. L’air, brochure
in—8.° Caen. 1825. i
— Progranime des prix proposés par ladite Société, dans
sa séance du 15 février 1822, pour le meilleur mémoire su1·
l’étal: actuel de Pagriculture du Calvados et sur le perfec-
tionnement dont elle est susceptible. ,_
CAMBRAI. Mémoire de la Société d’émulation, pour
l’année 1825, 1 volume in-8.° Cambrai, 1826.
— Médailles et monnaies du Cambresis, en Il planches,
brochure in-8.° Camb1·ai, 1826.
CHALONS. Société dlàgflûullillfê, commerce, sciences
et arts du département de la Marne; ·procës-verbal de sa _
séance publique, tenue le 25 août 1825. .
CHARTRES. Société d’agriculture d’Eure-et—Loire, ex-
posé destravaux-de cette Société dans sa séance publique
du 1.°' décembre 1826. '
DIJON. Académie des sciences, arts et belles lettres,
compte rendu des travaux de cette académie , dans sa séance
publique du 20 août 1826,.1 volume in-8.° Dijon, 1825.
DOUAI. Mémoire de la Société centrale d’agriculture,
sciences et arts du département du Nord, pour 1825,
1 volume in-8.° Douai, 1825. `
EYREUX. Société d’agriculture , de médecine et sciences

( 428 )
accessoires du département de l’Eure; journal publié par
les membres de cette Société ; le n.° I2 de 1826. ’
— Journal publié par les membres de cette Société; le
n.° 4 de 1824 et le n.° 8 de 1825.
FOIX. Journal d’agriculture et des arts du département
de l’A1·riège. Année 1826. I
GAND. Société royale des beaux arts, des lettres, d’agri-
culture et de botanique; recueil des travaux de cette Société,
sous le titre de messager des sciences et des arts, pour 1824
et 1825, 2 volumes in-8.° Gand., _
LYON. Académie royale des sciences, belles lettres et
arts, compte rendu des travaux de cette académie, pen-
dant le 1.°' et le 2.° trimestre de 1825.
MACON. Société d’agricultu1·e , sciences et belles lettres ,
compte des travaux de cette Société , pour Pannée 1825.
- Compte rendu des travaux de cette Société, pendant
'l’année 1826 , par M. Mottin, secrétaire perpétuel de cette
Société, 1 volume in-8.° Macon, 1827.
METZ. Société de médecine du département de la Mo-
selle; rapport sommaire sur les mémoires qui ont été
envoyés au concours ouvert par cette Société pour 1825.
-Programme du prix proposé par [la susdite Société,
pour 1827. · V
— Société des lettres,sciences et arts, et d’agriculture ;
compte rendu des travaux de cette Société, dans sa séance
publique du 15mâi 1826. ' ‘
NANTES. Société académique du département de la
Loire-Inférieure; journal de la section de médecine de cette
Société; le mois de mars 1825 , mars et juillet 1826. ·`
' — Mémoire inédit de cette académie , pour l’annéc 1826,
1 volume in-8.° Nantes 1826. U '
—Journal de la section de médecine de cette Société;
les 2.° et 3.° volumes de 1827, faisant les 7.° et S.¤ livraisons.
· l

( 429 )
PARIS. Société d’encou‘ragement pour Pindustrie natio-
nale, programme des prix proposés pour être décernés
en 1826, 27, 28 et 3o, in-4." 1825.
— Athénée 'des arts. Rapport fait par M. L. D. Fabre P'
au nom de la commission nommée dans sa séance
du K7 novembre 1826, pou1· examiner les nouvelles lampes
hydrgstatiques de lfinvention de M. Theloider. Paris, 1827.
—~ Societe' (l,CIlCOllI’€lgEI7lClZé pour l’ù1dustrz`e nalionale . Pro-
gramme des prix proposés pour être décernés en 1827,
28, 29 et 30. .
- Socze'te' Lùznëenrze. Compte rendu des travaux de cette
Société pour les années 1821, 22, 24, 26 et programme
des prix proposés pour 1827 et 1828, et rapport fait par
cette Société sur l’utilité des paragrèles.
— Soczb'tc' de gëograpïzzë. Réglement de cette Société.
Paris, 1827.
POITIERS. Société (l,3gl`iCI.lllCl.Il`€, belles—letlres, sciences
et arts du département de la Vienne, bulletin publié par
cette Société, n.°S 20, 21 et 22. Poitiers. 1827. In-8.°
ST.-QUENTIN. Société des sciences, arts et belles-lettres,
statuts et réglemens de cette Société, brochure in-8.° 1826.
ROUEN. Bulletin analytique des travaux de la Société de
médecine de Rouen , brochure in—8,° 1825.
STRASBOURG. Société royale des sciences, agriculture
et arts du département du Bas-Rhin, journal publié par
cette Société , 1 volume in—8.° Strasbourg, 1825.
TOULOUSE. Société royale d’agric11lture du département
de la Haute—Garonne ,1 p1·ocès··ve1·bal de la séance publique
de cette Société, du 24 juin 1826.
TOURS. Société d’agriculture , sciences et arts , et belles-
lettres du département d’Indre-et—Loire, Annales de cette
Société, 5 cahiers du tome 5 pour 1826. w
— Société d’agriculture,· sciences et arts, et belleâ-lettres
2

( 430 )
du département d’Inclre-et-Loire, le cahier de décembre
1826 el: ceux de janvier, février et mars 1827. ·
TROYES. Société d’agriculture ., sciences et arts du dépar-
tement de l’Aube , Mémoires de cette Société, 4..ftrimestre
1825 et 32 trimestre 1826, sous les n.°‘ 16 , 17, 18 et 1g.
— Mémoires de cette Société , 4..** trimestre 1826 et
1.“" trimestre ‘de*1S27. ' ' 1 _'
VERSAILLES. ,lVIém0ires de la Société centrale d’ag1·i-
·culture et des arts, publiés depuis sa séance publique du 17 ·
juillet 1825 jusqu’à celle du 25 juillet 1826 , 1 volume in-8.°
Versailles, 1826. ' ~ —
OUVRAGES ENVOYÉS PAR LE GOUVERNEMENT.
' s_c1ENc'ES ET ARTS. N "
DEScB1PT10N des machines et procédés spécifiés dans les
brevets d’inventi0n , de perfectionnement et d’importatio11 , ,
dont la du1·ée est expiréè, publiée d,3Pl‘èS les ordres de
I S. Exc. le·Ministre de lillliélïiëlll', par M. Cbristiari, direc-
teur du Conservatoire royal des arts- et métiers, 2 volumes
in-/,.° avec planches, formant·les` tomes IO et 1 1.     F
AG·BICU,1'.lTjU_BE.  
ANNALES de Fagriculture t`ranç;aîse,( par MM. Bosc et f
Tessier; année 1826, 4 volum`esjinï8.f’> "   /  
MÉMOIRES d,ë1gl`iC'|JlltU1'€,f dtiêconrtuliier.1t|.11·a]'c etldorries-
tique?       et    
pour Pànnéé 1825,, 1_`v0lu111e       .'l l.i ,'``l'  
RAPPORT          Sa
` /

( 431 )
séance publique du 4 avril 18:25, sur le prix à décerner à
la traduction d’un ouvrage étranger sur Yagriculture.
PROGRAMME de la séanceipublique de la Société rovale
d’agriculture du 4 avril 1826.
 
» ENVOIS DIVERS. •
  • .
BONNAFOUS. Opuscule écrit en italien su1· I’introduction
des chèvres du Thibet. Turin, 182j.
GOUVENAU. Table exacte dela pesanteur spécifique des
mélanges d’alc0oI et d’eau faite par centième de volume,
précédée de la description de quelques aréomètres à Pusage
de cette table.
LE DIMANCHE. Journal littéraire et récréatif à l’usage de
Padolescence et de lajeunesse des deux sexes , 7.°' livraison. _
Paris, 1826.
GUERRIER DE DUMAST. Chids, la Grèce et l’Europe,
poëme lyrique, suivi de la traduction d’une épître grecque
moderne adressée , en 18:10, par N.—P. Piccolas à G. Glaracé ,
l’une des victimes du massacre de Chids, iu—8.° Paris,
1822.
LE PROPAGATEUR AVEYRONNAIS. Recueil périodique
de ce que l,3gl'lCUltUl`€, les sciences et les arts Olllfêllll
d’intéressant, par une Société d’ag1·iculteurs et de négociaus,
in-8.° Rodez, 1827.
NAULT. Rapport s11r les annales du moyen âge, lu à
l'académie des sciences et belles—lett1·es de Dijon , bro-
chure in—8.° Dijon, 1826.
NOTICE sur les ouvrages de Jérémie Bentliam, suivie
d’une analyse des pièces relatives à la codification , in-8.°
Paris, 1826.

< 432 )
HISTOIRE du I9.€ siècle; siége de Missolonghi, demi-
feuille in-8.° Lille, 1824. V ~
`PAYEN, CHEVALIER ET CHAPEL. Mémoire sur le
houblon, sa valeur réelle, sa culture, sa récolte et son
usage , brochure in-8.° Paris, 1826. V V
PUGH. Observations sur le calorique et sur la lumière,
brochure in,-8.° 1826.   W
RAPPORT GÉNÉRAL Sl1I’ les travaux du conseil de I
salubrité de Paris, pendant Pannée`1820.
RAPPORT GÉNÉRAL sur les travaux du conseil de É
salubrité des Paris, pendant Pannée 1825.
RAPPORT GÉNÉRAL sur Pétablissement et les premiers
travaux du conseil de salubrité de la ville' de Lyon, du 24
août 1824. ‘ — [
SENAC. Projet de société d’amélioration des animaux
domestiques, brochure in—8.° 1826, /
YILLARMOIS. Observations sur les forêts.

( 433 )
 
_ L I S T E C
l D E s · I
MEMBRES DE LA SOCIETE DES SCIENCES,
DE UAGRICULTURE ET DES ARTS ,
D E LILLE , I
AU x.·· Jumu xâay.
MEMBRES HONORAIRES.
MM. le Comte DE MURAT, Préfet du département du Nord.
Le Comte DE MUYSSART, Maire cle Lille.
- LAMBERT, ancien Commissaire en chef des poudres.
SACHON , Receveur municipal.
MEMBRES RÉSIDANS.
B U R E A U.
Prekùlenz. ........... M. MACQUART, Propriétaire.
Vice-Prekùfent ........ M. FEE , Pharmacien-major à l’hô-
pital militaire d’instruction de
Lille. '
Secrétaire-geizeïal. .... M. TH. BARROIS , négociant.
Secrétaire de carre.s72.°'. M. DELEZENNE , Professeur.
Tre'.s0rzbr. ........... M. VERLY fils, Architecte.
Bilvhblhëcairc. . . . ..... M. MALLET , Commissaire des
poudres et salpêtres.

( 434 )
MM. lj‘EUVION_. fils, Négociant et Fabricant.
DUHAMEL , Pharmacien.
CHARÉENTIER, Pharmacien en chef de Phôpital
militaire d’inst1·uction de Lille.
BUHETTE·MABTEL, Propriétaire.
DESMAZIEBES, Propriétaire. , _
LIÉNARD, Professeur   l’Aca2iémie de dessin.
DEGLAND., Docteur en médecine.
LOISET, Médlecin—Vétérinai1*e.
VAIDY, Médecin en chef de Phôpital militaire d’ins—
truction de Lille.
CHAMBERET , Médecin en second del’hôpital militaire
d’instruction de Lille.,
LESTIBOUDOIS (THÉM. ) , Docteur en médecine et
Professeur de botanique. — ,
LORAIN, Avocat. I _ p
MUSIAS, Notaire. 4 A · X l l _
KUHLMANN, Professeur de chimie. l` "
MURVILLE, Docteur en inédecin`ë.'. (_ " i
BAILLY, Docteurfen ii·léclccizie".'   · A »
HEEGMANN , Négociant? ‘
MABTEAU, Sëc1·étaii·e.cn,chef de la mairie.
DEMESMAY, Négociant. , l
DELEBECIQ, Architecte.
LACAHTEBIE, rProfesseurr en pharmacie à Pliôpital
militaire^d’iust1·i1ction..
LESTIEOUDOIS (ÃT.—B.) , Docteur en chirurgie.
DAMBRICOUBT, Négociant. ,
DELATTRE, Maître de pension.
DESBRIÈBES , Pharmacien à Phôpital militaire d’ins·
truction de Lille. A r V

( 435 )
MEM B·I·lE S BESIDANS AGRICULTEUBS.
MM. HOCHART, Cultîv. etPr0p1·iét. , à Allérmes.
LECOMTE, id. à Bousbecques.
`DESCAMPS, icl. à Croix.
DELOBEL , id. à Sailly-lez—Laxmoy.
HEDDEBAULT , id. à Faèhes.
LOBIDAN, id. à Flers.
BEGHIN , `_ id. à Thumerîes.
ADAM, id. à Obert.
WATTELLE, id. à Radînglxemf
POTTIER , id. à Allennes-lez·H.
DELECOURT (L.), id. à Lomme.
DELECOUHT (J.-B.), id. à Lomme.
LEPERS QFBANQ.) , id. à Flers.
BBULOY (Vmc. ) , id. à Croix. A
DESQUIENS   , id. à Ascfq.
MOHTllEUX(M1C.) , id. à Goudecourt.
DEBUCHY ( FBAN. ), id. à Noyelles.
COBDONNIER , I ix]. à Anstaîng.
LEFEBVRE (A. ) , id. à Ronchiu.
CHUFFART (LB.), id. à· Ascq.
DESPATURES , icl. à Marcq-en—B.
MASQUILLIER , id. à Willems.
LIÉNARD, _ icl. à Ammppcs.
BONTE , ' id. à Fle1·s.
MEMBRES CORRESPONDANS.,
MM. BECQUET DE MÉGILLE , Maire de Douai.
DUQUESNE , Pyopfîétaire , à Douai.,
V POTTlER,'anclel1 Employé à la Préfeclure dp Nord,
a Dàma.    1 A

( 436 )
MM. BOUVET, Ingénieur-Géographe , à Aix-la-Chapelle.
LALANDE , à Bruxelles. ~ · '
VANMONS, Chimiste, à Bruxelles.
BEYNABD ., Pharmacien , à Amiens. V
` LAPOSTOLLE, Pharmacien , à Amiens. .
BOTTIN, àParis. .
HÉCART, Secrétaire de la mairie, à Valenciennes.
POIRET, Naturaliste , à Paris. ,
DRAPIER , Inspecteur des ponts et chaussées , à Paris.
TARANGET , ancien Recteur de l’Académie de Douai.
LIONN E , Professeur de chimie à l’Académie de Turin.
BALBIS , Professeur d’histoire naturelle , à“Turin.
DEKIN, Professeur d’histoire naturelle, à Anvers.
FAQDET, Pharmacien , à Amiens.
WOETS , Compositeur de musique, à Paris.
ADVENIEZ-FONTENILLEQ , Capitaine du gé-nie ,_ à
Paris.
LEMAISTRE , ancien Inspecteur général des poudres ,
à La Fère.
VANDENZANDE, Professeur de physique et de chimie ,
p à Luxembourg.
VANDIER , Médecin , à Douai.
DEQUEUX—SAIl\lT-HILAIRE , Propriétaire, à Dun-
kerque. _i
SALADIN, Professeur de mathématiques , à Strasbourg.
COUPBANT, Oliicier de santé , à Armentières.
VANWYN , Archiviste, à La Haye.
DARGELAS, Naturaliste., à Bordeaux.
MABRU, Natnraliste, à Clermont—Ferrant.
LABOURÉE , Membre de la Société médicale de Bor-
deaux. · V l · ~
. BEAUDET-LAFARGE, Naturaliste, à Maringue.
LUCAS'lfils, Professeur aux galeries‘d’hist0ire natu-
relle , à Paris. i

( 437 )
MM. BONVOISIN , Membre de l’Académie de Turin.
DEBAZOCHES, Naturaliste, à Falaise.
LATREILLE, Naturaliste, à Paris.
DOUETTEJHCHARDOT, Propriétaire, à Langres.
CHAUDRUC, à Agen.
GUILBERT, Littérateur, à Rouen.
BUGOT, Propriétaire et Cultivateur, à Champigny.
BONELLI, Naturaliste, à Turin.
MOSSIER, Naturaliste, à Clermont-Ferrant.
LIÉGEARD aîné, Littérateur, à Oudenarde.
BOCKMANN, Professeur d’histoire naturelle, à Got·
tingue.
C.-J. JOCKISCH, Naturaliste, à Nuremberg.
SCHREIBERS, Naturalîste, à Vienne.
DUPONCHEL, Chimiste, à Liége.
LAIR, à Caen.
CHENEVIX, de l’Académie royale de Londres.
MASCLET, dé l’Académie linnéenne de Londres.
KIHBY, Naturaliste, à Londres.
GREVEAU, Oflicier en retraite.
LECOMTE DE LOUXBOURG , Naturaliste, à Francfort.
MARCEL DE SERRE , Naturaliste, à Montpellier.
LÉONHART, de la Société_ des sciences, àl Hanau.
GAEBTNEB, de la Société des sciences, à Hanau.
LE BARON DE DELVICSENHUSEN, Colonel retiré,
à Francfort.
NEUBURG, Médecin, à Francfort.
BOEHING, Médecin, à Deux-Ponts. i
M. FLAVIER, à Strasbourg. · *
H. GABASSIGNY , à Toiruno. _ ~·
BODRIGUES, à Bordeaux.
PETERSEN, Naturaliste suédois:  
WICART, Peintre, à Florence. . _:

( 438 )
MM. DUHAMEL, Inspecteur général des mines, à Paris.
FARREZ, à Cambrai. ` · · '
COQ, Commissaire des poudres et salpêtres, à Paris.
BRULOY, ancien Pharmacien en chef desarmées.
NOEL, à Paris. A
LAUMOND , Inspecteur général des Mines, à Paris.
CHABRIER , Naturaliste, à Montpellier.
FRANCOIS DE NEUFCHATEAU , à Paris. `
TESSIER, Membre de l’Institut, à Paris. _
GUILMOT, Bibliothécaire, à Douai. · r
TORDEUX, Pharmacien ,   Paris.
SPRUNGLI, Naturaliste, à Berne. I
E. SCHERER , Naturaliste , à Saint-Gall, en Suisse.
ZOLIKOFFER, Docteur en médecine , à Saint-Gall,
en Suisse. Ã
GRAFFENHAUER, docteur en médecine, â Strasbourg.
GRÉTRY neveu, Littérateur, à»Paris.
RICHARD fils , à’Épinal. l ' ‘ ’
RONDI, Professeur de minéralogie au Musée d’his-
toire naturelle , à Paris. V " _
P DELARUE,iSecrétaire de la Sociétéïde médecine, à
' Évrenx. `   " i ' V
ZEISTERS , Docteur en médecine, à Hanau.
MONHEIM , Docteur en médecine, à Aix-la-Chapelle.
DESMARQUOY, Docteur en médecine, àSt.—Omer.,· ·
DUQUESNE, Agronome , à Mons.
MONESTIER , Miuéralogiste , ix Mont-Ferrant.
BOINVILLIERS, correspondant de Plnstitut, à Paris.
LAUGIER, Professeur de chimie, à Paris.
BOSC, Naturaliste, ài Paris. ,  
FAYET, Chirurgien·Major.
DESSEAUX—LEBBETON. _ " ·  
BAILLON, Naturaliste, uà Abbeville. `

( 439 )
MM. le comte CHAPTAL, Pair de France, à Paris.
DUBUISSON, Ingénieur des imines. ‘
HURTREL-DARBOVAL , Médecin—Vétérinaire , à Bou-
logne-sur-Mer. #
DUCELLIEB, Ingénieur, à Douai.
MASQUE LEZ , ex-Capitaine d’artillerie légère ,iài Loos.
J.-L. BARRÉ , Chef de bataillon d’artillerie, â Cambrai.
BODENBACK, Médecin, à Bruges.
JOHN SINCLAIR, Agronome, à Londres.
VITALIS, ancien Professeur de chimie, à Paris.
YVART, Membre cle l’Institut , à Paris. ·
CHAUVENET, Otiiciendu génie , à Bitche.
CLEBE , Ingénieur des mines, à Valenciennes. .
PIHOREL, Docteur en médecine , à Falaise.
COMHAIRE, Littérateur, à Liège. I
COGET aîné , à Thumeries.
LEJEUNE, Docteur `en médecine, àÈLiége.
ONEZYME—LEROY, Homme de lettres, à Valenciennes.
CHAHPENTIEER, Docteur en·médecine,·à Valen-
ciennes. ' I
DUTHILUEUL , Propriétaire, à Douai.
PEYRE neveu , architecte , à Paris.
DELISLE, Caxiitaine du génie, à Dunléerque.
LOISELEUR DES LONGCHAMPS , Docteur en mé-
deciue , à Paris.
ARCADE BURGOT, à Calais.
VILLERMÉ, Secrétaire de la société médicinale
rl’émulation, à Paris.
DASSONNEVILLE , Docteur en médecine , à Aire.
PALLAS, Docteur en médecine , là Paris.
DE SAYVE, à Paris. `
DESRUELLES, Docteur en médecine , à Paris.
NILO , Docteur en médecine de la faculté de Paris , ·
à Paris.
I

( 440 )
MM. SCOUTTETEN , Docteur en médecine, à Metz.
POIRIER-SAINT-·BRICE , ingénieur des mines , à
, Paris. ·
DESSALINES D’ORBIGNY , Professeur d’histoire
naturelle , à La Rochelle. , '
CARETTE, Capitaine du génie , à Paris. ‘
RODET, vétérinaire en chef aux hussards de la
garde royale, à Paris. · _ ` '
BRISSEZ, Oiîicier de sauté , à Wavrin. ·
HEUSMANN, Médecin, à Louvain.
LEVY, Maître de pension , ' Rouen.
TRACHEZ, Docteur en médecine , à Strasbourg.
DELALANDE', Receveur des domaines, à Saint- ·
Quentin. O
JUDAS, Pharmacien en chef de Phôpital militaire
de Metz. _
DE PRONVILLE , Bibliothécaire, à Versailles.
GARNIER, Professeur de mathématiques , à Gand.
DESMYTTÈRE , Propriétaire, à Cassel. "
BRA, Statuaire, à Paris.
LE Vicoivrre. DE LA ROCHEFOUCAULT, directeur
_ des beaux-arts , au ministère de la inaison du Roi.
DUMORTIER, Directeur du jardin botanique , à
Tournai. _ ·— il  
LÉONARD fils, Chirurgien au 7.° régiment de chas-
seurs à cheval. · ,
COLLADON fils, à'Paris. “
MAURONVAL, Docteur en médecine, à Bapaume.
NICHOLSON, Ingénieur mécanicien, à Londres.
GEOFFROY DE ST.-HILAIRE fils, Naturaliste au
Jardin du Roi. ·· , »
ZANDYCK., Docteurlen médecine, àDunke1·que. '
DEBODE (Julien), à Loos. / , '

( 441 )
MM. JULLIEN , Rédacteur de la Revue encyclopédique , à
— Paris. ' » ^
DUBRUNFAUT., professeur de chimie , à Paris.
DUMÉRIL, Membre de Plnstitut, à Paris.
BOSSON , pharmacien , à Mantes.
LE BAPr0N DE GOETHE, Ministre-d’État, à Iéna.
LE Banorr DE LENZ, Conseiller-d’État, à Jéna.
LE CHEVALIER DE KIBCHOFF , Docteur en médecine,
à Anvers. A
MARCHAND DE LA RIBELLERIE, Sous-Intendant
militaire adjoint, à .T0urs. "
KUHLMANN, Architecte.
LE CHEVALIER DE CAMBERLYN , à Gand.
DE BREBISSON père , à Falaise.
LA BARAQUE , Pharmacien , à Paris.
LE GLAY, Secrétaire de la Société des Sciences, à
Cambrai. r
TASSAERT, Chimiste , à Anvers.
DE BREBISSON fils, à Falaise.
· MATHIEU DE DOMBASLE, Agrouome, à Roville.
ALAVOINE, Propriétaire, à La Bassée. _
LEBONDIDIER, Chimiste, à Béthune.
MÉRAT, Docteur en médecine, à Paris.
HOCHART , Receveur des contributions ,` à Roubaix.
DE GESLIN, professeur de musique, à Paris. ‘
BAILLY DE MERLIEUX, Secrétaire du'C0mité de
rédaction de la Société _d‘h0rticulture,'à Paris.

( 442 )
 
LISTE DES SOCIETES CORREISPONDANTES.
ALBY. Société d’agriculture dn départementclu Tarn.
ANGOULEME. Société d’agriculture, des arts et du
comme1·ce du département de la Charente; ·
ARRAS. Société royale pour Pencouragement des sciences,
des lettres et des arts.
AVESNES. Société d’agriculture. 4
BESANCON. Société d’z-igriculture, des Arrêter dn com-
merce. · . ' —   `
BESANCON. Société lilire d’ag1·icultu~re ,V arts et com-
merce du département du Doubs.  
BESANCON. Académie des sciences, bellesêlettres et
arts. » " il C
BORDEAUX.·Académie royale des sciences, belles—lettres
et arts. ‘ · n' ( *·   A
BOULOGNE-SUR-MER. Société d’agriculture , du com-
merce et des artts. =’ Y` "   '   il
BRUXELLES.·'Société de Flore. ' ‘ " A ' -
CAEN. Société royale d’agricultux·e et du commerce. ·
CAMBRAI. Société'd’émulati0n.W T  Il `
CHALONS-SUR—1\/IARNE. Société >d’&1gl`ICl.lIIlll`€,` aits et
commerce de la Marne.
CHAUMONT. Société d’agriculture , arts et commerce
du département de la Haute¢Marue.
DIJON. Académie des sciences et belles-lettres.
DOUAI.-Société centrale d’agriculture, sciences et arts.
DOUAI. Société des Amis des arts.

( 443,)
DOUAI. Société médicinale.
DUNKERQUE. Société d’ag1·iculturc.
EVREUX. Société d’agriculture , sciences et arts du
département de l’Eure. · ·
ÉVBEUX. Société d’agx·icultu1·e , de médecine et des
sciences accessoires. ~
FOIX. Société d’agriculture et des arts du département
de l’Arriège.
GAND. Société royale des beaux-arts , belles-lettres,
agricultureret botanique.
INENA. Société de minéralogie. , .
LIEGE. Société libre d’émulatiou et d’encouragement
pou1· les sciences et arts. " , '
LYON. "Académie royale des sciences , belles-lettres
et arts. .
LYON. Société de médecine. . '
MACON. Société d’agriculture, des sciences, arts et
Iielles—lettres. V
MANS (LE  Société royale d’agriculture , sciences
ct arts. ' /
MARSEILLE. Académie des sciences, belles-lettres et arts.
METZ. Société d’agriculture , des lettres, sciences et
arts du département de la Moselle.
~ METZ. Société des sciences médicinalesdu département
de la Moselle. ~ ,
MEZIERES. Société libre- d’ag1·icultu1·e , arts et com-
merce du département. des Ardennes'. · ‘
MONTAUBAN. Société des sciences, agriculture et belles-
lettres du département de Tam-et-Garonne. -
NANTES. Société des sciences ,, lettres ,·arts et'Éagri-
culture. A _ ,4 .
PARIS. Société morale chrétienne. . · ·'   Q
· PARIS. Société d,8gI’.ICI1llUl'èdll département dela Seine.

( 444)
PARIS. Société des inventions et découvertes.
PARIS. Athénée des arts. ' A V
PARISÃ Société 1·oyale d’agriculture.> '
PARIS. Société d’encouragement et de Pindustrie na-
tionale. i ' ~·
PARIS. Société médicinale d’émuIation.
PARIS. Société d’e1icouragement pour Pîndustrie na-
tionale. " '
PARIS. Société ·Linnéenne. ‘
PARIS. Société d’horticulture. ' A ` ‘
POITIERS. Société d’agrîcultu1·e , belles-lettres , sciences
et arts du département de la Vienne.
RODEZ. Société d’agriculture et de négocians du dépar-
tement de l’Aveyron.
ROUEN. Académie royale des sciences , belles-lettres
_ et arts. ·
* ROUEN. Société libre d’émulation. L
SAINT-QUENTIN. Société des sciences, arts et belles-
lett1·es.
SAINT-ETIENNE. Société d’agriculture., arts et com-
merce de la Loire-Infé1·ienre.
STRASBOURG; Société d’agriculture, sciences et arts
du Bas-Rhin. — '
STRASBOURG. Société des sciences, agriculture et arts
du Bas-Rhin. `
TOULOUSE. Académie des jeux floraux.
TOULOUSE. Société royale (Il3gl'LlCUItLIl'€. '·
TOULOUSE. Académie royale des sciences,,insc1·iptions
et belles-lettres. ' K A A "
TOURS. Société d’agriculture du départementd’Indre— ‘
et-Loire. ' . " `
TOURS. Société d’agriculture, sciences, arts et belles-
lettres `du département d’Indre-et-Loire. ï · ` A
l /

( 445 )
TROYES. Société d’agricnltnre, sciences et arts du
département de l’Aube. ·
YALENCIENNES. Société des sciences, arts et com-
merce. _
VERSAILLES. Société de médecine.
Après la liste des ouvrages imprimés, composés par les
membres de la Société, on a omis la liste suivante des
ouvrages manuscrits également composés par lesmembres
de ·la Société : »
KUHLMANN. Sur les combinaisons de l’acide cbromiqne _
avec la potasse.
E. PALLAS. Observations sur les sangsues relativement `
à la manière de les conserver pour les employer plusieurs
fois. .
— De quelques expériences comparatives qui ont été
faites sur le sang veineux et sur celui tiré des vaisseaux
capillaires de la peau par les sangsues, etc.
— Observation de gastro-entero-encephalites.
—Observatious sur la reproduction des sangsues.
MOUBONVAL DE WARLENCOURT et J.-B. LEVIEZ.
Nutice sur une épidémie du croup uni à une angine plia-
ryngienne qui a régné dans diverses communes de l’ar-
rondissement d’Arras pendant les années 1822 et 1823.
BRISSEZ. Observation sur un accouchement quadruple,
précédé d’une hémorrliagie considérable, occasionnée par
Pimplantation d’un placenta sur l’oril·ice interne de l’uterus.
ZANDYCK. Rapport à M. le sous<préfet du 1.°' ar1·on—
dissement·du No1·d sur les maladies qui ont régné à
Dunkerque pendant les mois de juillet , août, et septembre _
1826. _

( 446 )
— Quelques rétléxions sur un cas de grossesse extra-
uterine. ' H
Vxcœon DEBODE. Int;-oduction·à Pétude de Pharmonie,
ou recherches sur les bases de cette science.
(Nulm Cel ouvrage vient d`êtrc imprimé en r volume in·B.°)
MORONVAL. Quelques observations de médecine.
VAISSIÈRE. Sur la conservation du tabac.
MARCHANT DE LA BIBELLEBIE. La feuille d’automne.
I- A ma Mie ., notre avenir.
VAISSIÈRE. La défense des bonnets de coton. .,
HÉCART. Dictionnaire rouchi-français.
-MACQUART. Notice sur M. Derinchicourt.
` La Société a reçu·en mai dernier, ‘de M. le docteur
' l`lÉB.AT , membre correspondant , une note relative à un
genre nouveau fondé sur une plante récemment décou-
verte en Espagne , et nommée par ce botaniste Dunèua
spzbata ; cette note intéressante sera insérée dans le prochain
volume. ’

( 447 >
 
TABLE DES MATIERES.
P H Y S I Q U E. '
Pages.
Mémoires sur les valeurs numériques des notes de
la gamme; par M. Delezezine .................. 1
Note sur le nombre des modes musicaux; par M.
Delezemze ............................. . ...... 57
Observation sur- la machine pneumatique à double
cylindre; par M. Viktor Derode ................. V 72
Théorie analytique de la machine pneumatique; par
Ml Th. Barrozk. ............. ` ........,.... A .... 7 7
Méthode pour déterminer la quantité d’eau qu’un
_ puits peut fournir, et lemouvement de son niveau
pendant qu’0n puise; par M. Th. Barroù. ....... go
Description d’une mécanique â creuser et couper les
tables rondes en marbre; par M. Vcrly fils. ..... 100
Mémoire sur l’élasticité de l’air, employée comme
ressort, et sur sonapplication au perfectionnement
de quelques machines; par M. Delisle. ......... rox
Note sur Passainissemeut des étahlissemens chaulïés
par le moyen de la vapeur; pa1· M. Delisle. ..... 109
Note sur les améliorations dont est susceptible le
système actuel des égoûts de la ville de Dunkerque;
par M. Delisle ............. » ................. II4
_ ÉHIMIE
Note sur le phytolaca; par M. Kuhlzmzmz. ......... 118
Notice sur la fabrication de l’acide sulfurique; par

( 448 )
rage.,
M. Kuhlmama. ................................ 120
Mémoire sur les principes colorans de la garance;
par M. Kuhlmann ..... . ................ I. ,..,.. 127
Notice sur les moyens de déterminer la qualité et la
valeur de la garance; par M. Kuhlmamz. ........ . 149
Examen cliimique d’une concrétion retirée d’une*
tumeur située un peu au-dessous de la partie an-
térieure de Phypocondre droit d’une femme; pa1·
M. Ldcartcrie. ................................ 154
HlSTOlBE NATURELLE. l
Essai historique et critique sur la phytonymie on ·
nomenclature végétale; par M. Fe'e.. ............ 161
Observation sur le Jlïucor "cruivlaceus., Bull. Ch.
Egerzïn crusmcea, de C. Flu fr.° Oùlùmz mbens,
Link. Obs. Sepedonùmz caseorzmz, Link. Spec. Spo-
rendozzema caseï, Desmaz. Mém.; par M. Dcsmazùzres. 185
Sur le pibolus crystallinus de Tode, et le sclerotium `
stercorarium de De Candole; par M. Dcsmazz'ere.v.. . 189 ,
Notice sur les productions naturelles de l’île de Java;
par M. Fée. ...... . ......... . ....... , .......... I93`-
Insectes diptères du nord de la France; par M.
.M¢zcgu¢trt. . ............ p ............. . . . .·..... 213
M É D E c 1 N E.
Observation d’une éruption anomale p1·ise_ pour la
petite vérole, survenue chez un enfant qui avait
eu la vaccine; par M. Dcglamz', ................ 292 l
Expériences servant à démontrer qu’on peut lier tous
les gros troncs artériels sans occasionner la mort;
par M. Séoulelterz. ........ . .... . ............ ;. . 296

( 449 ) PW
ÉCONOMIE POLITIQUE.
Essai sur la définition des mots richesse et valeur;
‘ par M. Alex. DamI2ric0m·t.. ..................... 510
LITTÉRATURE.
Éloge de Pline le naturaliste; par M. Fée;. ..... 2 . . 340
Le Palais·et la Chaumière; par M. Duhamel ....... 365
L’ESCH]`g0t et la Chenille; par M. Duhamel ........ 367
La Médecine curative; par M. Duhamel, ......... , 368
Éloge du Parapluie; par M. Vaissière .... . .... . .,. . . 369
Le Poëte et la Muse; par Metor Dèrode ....   . .   374
Horace à Sextus , traduction libre de la IV.° ode du
1.°" livre ; par M. Delatlre. . , ......... `. , . . . .·.. 389
De la briéveté dela vie et sur Pemploi qu"0`Il en doit
faire; par M. Delattren . . . , ..... . . ,   ...... A . . . 382 `
Ode bachique; par M. Delattreu . . . .... W .......... 3 84
Traduction libre de_la septième des épodes d’Horace; ·
par M. Delaltre. .. . . . . . . L . ..... ._ .............. 386
Chant grec; par M. Delattre .................... 388
Le Cimetière de village; par M. Fée ............. 390
A mon illustre ami le comte de Sèze ; par M. Canzlacrlyn. 395
IA GBICULTUBE.
Séance publique tenue le 4 novembre 1826 pour la
distribution des prix en faveur de Péconomie ru-
rale ....... : . » ..................... . ......... 400
Extrait du compte rendu des divers concours ouverts
par la Société. ................................ 405
Programme des prix proposés en faveur de Péconomie
rurale pour être décernés en 1827 et 1828 ....... 407

( 45¤ )
^ ' · Pages.
Rapport sur les travaux de la commission d’agrîcul—
ture , pendant Pannée 1826 et le premier semestre
de l’année 1827 ,Ipar M. Loiret ..........·...... 411
Instruction sur la météorisation des bêtes à cornes;
par M. Lozlset ....... . .......... Ã. .. . . .7 ........ 418
Dons faits à la société .... ,. . . . ./ .... " ............. 42o
Ouvrages imprimés, composés par les membres de
la société pendant l’année 1826 et les six premiers
mois de 1827 ..... -Ã ..... J ............... Z .... 421
Envois des sociétés correspondantes. . .l ........... 425
Ouvrages envoyés par le Gouvernement ........... 430
Envois divers ....·. . ................ A ......... ··.. 43i
Liste des membres de la société des sciences , de l’agri—
culture et des arts , de Lille ....... . ........... 433
Liste des —mernb1·es correspondans ............ _ ..... 435 '
Lister des sociétés correspondantes. . . ,_. ...... . .... 442
Ouvrages ou mémoires manuscrits composés par les
membres de la·Société. .. ._ .... ; .............. ;` 445
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