HARMONIA

COCCINELLES Du MONDE

 

 

N°6 — JUIN 2011

TABLE DES MATIERES

Inventaires standardisés des macro-Coccinellidae sur des terrils charbonniers belges:
résultats de deux années d’études
Jean-François GODEAU, Mathieu DERUME & Christophe BAUFFE ......................................... .. 3

Les Coccinelles (Coleoptera Coccinellidae) de Polynésie française : état actuel des
connaissances
Vincent NICOLAS .................................................................................................................... .. 13

Notes on the overwintering of marshy forest ladybirds in Poland and on the colour
change in Sospita vigintiguttata throughout the winter
Jean-François GODEAU & Piotr CERYNGIER ........................................................................... .. 19

A la recherche de T ytthaspis sedecimpunctata (L.)
Vincent NICOLAS .................................................................................................................... ..25

Recommandations aux auteurs .......................................................................................... .. 28

Crédit photographique : Yvan Puntous (couverture, p18), Mathieu Derume (p12 en haut à
gauche), Jean-François Godeau (p12 en haut à droite et les 4 photos du bas), François
Stocman (p12 autres photos), Piotr Ceryngier et Jean-François Godeau (p23), Vincent Nicolas

(p26).
Les photographies sont 1a propriété de leur auteur. Leur copie et leur utilisation sont donc
soumises à autorisation.

Photo de couverture : Harmonia octomaculata (Fabricius, 1781)

ISSN 2102-67 69

Inventaires standardisés des macro-Coccinellidae sur des terrils
charbonniers belges : résultats de deux années d’études

>l<

Jean-François GODEAU * , Mathieu DERUME M & Christophe BAUFFE *

Résumé : Cet article présente les résultats d’inventaires standardisés des macro-Coccinellidae
réalisés en 2009 et 2010 sur 55 terrils charbonniers belges. La méthode utilisée permet à la
fois de déterminer la composition globale des espèces rencontrées par site et par type
d'habitat, mais aussi d'évaluer les densités d'individus par placette d'échantillonnage. Des
espèces rares à l'échelle régionale ont été observées (entre autres Chilocorus bipustulatus,
Vibidia duodecimguttata et Platynaspis luteorubra). Outre une espèce ubiquiste
(Coccinella septempunctata), les espèces les plus fréquentes sont liées aux habitats boisés
(Calvia decemguttata, C. quatuordecimguttata et Halyzia sedecimguttata), ceci s'expliquant
par la dominance d'habitats forestiers sur les terrils étudiés. Enfin, le cas de la Coccinelle
asiatique (Harmonia axyridis), espèce invasive fréquemment rencontrée dans notre étude, est
aussi abordé en termes de densité mais aussi en termes de fréquence des différentes formes
rencontrées.

Abstract : The present paper relates the results of standardized surveys of macro-
Coccinellidae performed during 2009 and 2010 on 55 belgian coal tips. The method that we
used allows to ascertain the global composition of species encountered per sites or per type of
habitat, as well as to assess the densities of specimens per sampling unit. Some rare species on
the régional scale were observed (e.g. Chilocorus bipustulatus, Vibidia duodecimguttata and
Platynaspis luteorubra). Additionally to one ubiquitous species (Coccinella septempunctata),
the most frequent species are connected to woodlands (Calvia decemguttata,
C. quatuordecimguttata and Halyzia sedecimguttata), which is explained by the dominance of
forests habitats on the investigated coal tips. Last, the case of the arlequin ladybird
(Harmonia axyridis), an invasive species often found during our study, is presented in terms
of densities as well as in terms of frequency of the different colour forms.

Mots-clefs: Macro-Coccinellidae, inventaires standardisés, terrils charbonniers, Belgique,
formes d’Harmonia axyridis.

Introduction

Le dernier charbonnage belge (Zolder, au nord-est du pays) a cessé ses activités en 1992. En
Wallonie (partie sud du pays), l’activité minière s’était déjà éteinte en 1984, après un lent
déclin amorcé à la suite de la seconde guerre mondiale.

Cette activité minière localement intense a donné naissance à plusieurs centaines de terrils
jalonnant la Belgique d’ouest en est, en un cordon venant du Nord-Pas-de-Calais et se
prolongeant vers la Ruhr, en Allemagne.

Actuellement, un projet Interreg IV intitulé «Agir pour la connaissance, l’évaluation,
l’interprétation et la gestion du patrimoine naturel et culturel du bassin minier franco-wallon >>
a notamment pour objet l’évaluation biologique des terrils de l’axe minier franco-belge. C’est

* jfgodeau@gmail.com
'5' Centre pour l’Agronomie et l’Agro-industrie de la Province de Hainaut (CARAH), Rue Paul Pastur, ll à 7800
ATH (Belgique) ; demme@carah.be

Harmonia, 6

dans ce contexte que les macro-Coccinellidae ont été étudiés sur les terrils, au même titre que
les oiseaux, les orthoptères, les batraciens et les reptiles.

Matériel et méthode

Seules les macro-coccinelles, c’est-à-dire les coccinelles identifiables à l’œil nu et reprises
dans la clé d’identification de Baugnée & Branquart (2000) sont intégrées dans cette étude.
Les larves de ces espèces ne sont, elles, pas comptabilisées pour des raisons de facilité et de
gain de temps.

De par l’hétérogénéité de leur substrat, de leur forme, de leur surface,...les terrils peuvent
présenter une multitude de micro-habitats. Aussi, afin de faciliter la réalisation des
inventaires, avons-nous décidé de regrouper les différents habitats au sein de trois grandes
entités, nommées empiriquement : milieu ouvert, milieu fermé (boisé) et milieu humide.

Sur chaque terril étudié, des placettes d’échantillonnage de 10 mètres de rayon ont été
délimitées dans chacun des trois grands milieux présents (ouvert, fermé et humide). En ce qui
concerne les milieux boisés, ce rayon pouvait toutefois être augmenté s’il n’était pas possible
d’y trouver assez de supports à battre.

Ces placettes ont été repérées sur carte à l’aide d’un GPS afin de permettre d’éventuels suivis
à plus long terme.

Au sein d’une placette, l’habitat devait être homogène. Par exemple en milieu ouvert, une
placette recouvrant entièrement un stade pionnier était préférée à une placette à cheval sur un
stade pionnier et une friche élevée.

Le nombre de placettes d’échantillonnage par terril variait en fonction de la superficie du
terril estimée couverte par les trois grands milieux (ouvert, fermé, humide). Pour chacun des
trois types d'habitats, le nombre de placettes varie entre l et 4, selon la proportion occupée par
un habitat sur le terril :

> Si la superficie du milieu est comprise entre l et 25% : l placette d’échantillonnage

> Si la superficie du milieu est comprise entre 25 et 50% : 2 placettes d’échantillonnage
> Si la superficie du milieu est comprise entre 50 et 75% : 3 placettes d’échantillonnage
> Si la superficie du milieu est comprise entre 75 et 100% : 4 placettes d’échantillonnage

Le plus souvent, deux types d'habitat étaient représentés, nous avons alors identifié 5 placettes
selon la répartition des superficies de chacun des habitats.

Dans les placettes, les échantillonnages ont été effectués à l’aide d’un filet fauchoir (en
milieux ouvert et humide) ou d’un « parapluie japonais >> (en milieu fermé).

L’objectif était de donner 8 fois 10 coups de filet dans les milieux ouverts et humides et de
battre 8 fois 10 branches en milieu fermé afin de standardiser l’effort de recherche.

Après chaque série de 10 battages et fauchages, les coccinelles étaient identifiées et placées
dans un récipient fermé jusqu’à la fin des relevés afin de ne pas fausser les chiffres en
capturant plusieurs fois un même spécimen. Une fois les recherches terminées, les coccinelles
étaient relâchées dans leur milieu de capture.

Dans chaque placette d’échantillonnage, le battage ou le fauchage a été suivi par 5 minutes
(milieux ouvert et humide) ou 10 minutes (milieu fermé) de recherche à vue (sans matériel)
afin d’éventuellement compléter l’échantillonnage standardisé.

Chaque terril a fait l’objet de deux sessions d’inventaires durant environ 2 à 3 heures chacune.
La première session d'inventaire s'étalait du ler mai à début juillet et la seconde session de
mi-juillet à mi-septembre, les deux passages étant espacés d'au moins un mois. De cette
manière, nous avons évité les espèces en transit pré ou post-hivernal pour nous concentrer sur
celles qui se reproduisent effectivement sur le site étudié.

Harmonia, 6

Résultats

Les résultats présentes portent sur les inventaires par échantillonnages réalises en 2009 et
2010 sur 55 terrils wallons (28 en 2009 et 27 en 2010). Au sein de ces 55 sites, nous avons
réalisé des échantillonnages dans 254 placettes : 170 en milieu boisé, 81 en milieu ouvert et 3
en milieu humide (Tableau 1).

 

 

 

 

Milieu boisé Milieu ouvert Milieu humide
Nombre de terrils avec cet habitat (+ 0 0 0
proportion des 55 sites) 54 (98’2 Æ) 35 (63’6 Æ) 3 (5’4 Æ)
Nombre total de placettes 170 (66,9 %) 81 (31,9 %) 3 (1,2 %)

 

 

 

 

 

Tableau 1. Nombre de terrils présentant un ou plusieurs types d'habitats différencié(s).
Répartition du nombre total de placettes.

Vingt-et-une espèces de coccinelles ont été recensées au cours de ces deux ans, ce qui
représente 2/3 de la faune régionale des macro-coccinelles (San Martin et al., 2006). Ce
résultat est identique à celui obtenu par Derume et al. (2007) lors d’une étude semblable
menée sur 25 autres terrils charbonniers. Un peu plus d'espèces ont été décelées en milieu
boisé qu'en milieu ouvert (Fig. 1). Soulignons que dans les milieux boisés et ouverts,
respectivement 7 et 3 espèces ont été trouvées sur plus de la moitié des 54 et 35 (cf. Tableau 1
et Figure 1) sites présentant l'un ou l'autre habitat.

Sur deux des trois sites comprenant des milieux humides, seulement 3 espèces ont été
observées : Anisosticta novemdecimpunctata (Linnaeus, 1758) sur les deux sites et seulement
2 individus d'Harmonia axyrydis (Pallas, 1773) et un de Psyllobora vigintiduopunctata
(Linnaeus, 1758) sur l'un de ces deux terrils.

Globalement, les espèces découvertes le plus souvent sur les 55 terrils sont des espèces à
tendance arboricole (Fig. 1). Ceci s’explique au moins partiellement par le fait que parmi les
terrils étudiés figurent deux fois plus de placettes en milieu boisé qu'en milieu ouvert (Tableau
1). Cette disproportion est révélatrice du fait que la grande majorité des terrils wallons ne sont
pas gérés, ou rarement avec l'objectif d'y favoriser la biodiversité. Une partie non négligeable
des terrils présente une végétation ayant évolue librement durant plusieurs dizaines d'années,
lorsqu'ils n'ont pas été plantés d'arbres lors de la cessation des activités minières.

Les inventaires ont également conduit à la découverte d’espèces considérées comme rares ou
très rares dans la zone étudiée (San Martin et al., 2006). Ces espèces sont :

> Chilocorus bipustulatus (Linnaeus, 1758): en Belgique, les données collectées
proviennent majoritairement de landes sèches et d’habitats connexes (Adriaens &
Maes, 2004; San Martin et al., 2006). Au cours de notre étude, cette espèce a été
découverte sur deux terrils constitués de vieux boisements et situés loin de toute lande.
Ces observations en rappellent d’autres effectuées en Belgique dans des parcs urbains
(San Martin et al., 2006) et confirmeraient que cette espèce peut aussi se comporter
comme une arboricole à tendance thermophile, comme c’est le cas dans d’autres pays
comme en Pologne (Bielawski 1959, obs. pers.) ou au Maroc (obs. pers.).

> Platynaspis luteorubra (Goeze, 1777): cette espèce spécialisée dont les larves se
nourrissent exclusivement dans des colonies de pucerons protégées par des fourmis du
genre Lasius (Vôlkl, 1995) a été rencontrée sur 11 terrils. Les captures ont notamment été
faites sur Cirsium arvense, Tanacetum vulgare et même une sur Betula pendula. Cette
espèce est peu commune et semble extrêmement localisée en Wallonie (San Martin et al.,

Harmonia, 6

2006). Il est cependant probable qu'elle soit aussi sous-détectée par rapport aux autres
macro-coccinelles, en raison de sa petite taille et de sa ressemblance avec les espèces du
genre Scymnus.

> Subcoccinella vigintiquatuorpunctata (Linnaeus, 1758) : cette espèce est la seule
phytophage que nous ayons rencontrée. Elle n’a été observée que sur un seul terril mais en
grand nombre (jusqu’à 95 ex. dans une seule placette le 16-07-2009). La présence de cette
espèce à cet endroit en un tel nombre s’explique probablement par le fait que ce terril ait
fait l’objet d’un ensemencement comprenant notamment des œillets (cultivar de Dianthus
ajÿ‘. carthusiana). En effet, Subcoccinella vigintiquatuorpunctata a été observée se
nourrissant de Dianthus sur ce terril. La consommation de Caryophyllacées telles que

Silene spp., Lychnis spp. ou Saponaria spp. par cette espèce est connue (voir entre autres
Richards et al., 1976 ; Wheeler & Henry, 1981).

> Vibidia duodecimguttata (Poda, l76l) : cette espèce mycophage est considérée comme
rare en Wallonie. En Flandre, l’espèce a été découverte pour la première fois de manière
certaine en 2010 à De Panne, le long de la côte (Johan Bogaert, communication
personnelle). Au moins jusque 2006, les données récoltées en Wallonie concernaient
majoritairement des individus capturés sur des sites calcaires, en particulier sur des
arbustes ou rejets ligneux bien exposés et situés en lisière de pelouses sèches dans des
régions du sud de la Belgique (Entre-Sambre-et-Meuse, Gaume), ce qui laissait présager
un caractère xéro-thermophile (San Martin et al., 2006). Ces dernières années, des
observations ont été reportées plus vers le nord au niveau des vallées de la Meuse et de la
Sambre. Dans le cadre de notre étude, cette espèce a été découverte sur l4 des 54 terrils au
moins en partie boisés (soit 26% !). En milieu boisé, elle arrive en 8me position des
espèces les plus fréquentes. Les individus ont tous été découverts sur des ligneux, à une
hauteur de 3 mètres maximum. Les essences sur lesquelles des individus ont été récoltés
sont Craetegus monogyna (16 exemplaires; 8 sites), Betula pendula (6 exemplaires; 4
sites), Carpinus betulus (2 exemplaires ; l site), Corylus avellana (l exemplaire ; l site),
Euonymus europaeus (l exemplaire ; l site) et Cornus sp. (l exemplaire ; l site). Il est à
noter qu’une larve a par ailleurs été découverte sur Carpinus betulus. Certains des arbres
et arbustes sur lesquels se trouvaient les individus étaient isolés et bien ensoleillés mais
d’autres étaient dans un sous-bois parfois nettement plus ombragé. Le caractère sec et
chaud des terrils pourrait donc expliquer cette relative abondance.

Légende des noms courts (valable pour tous les graphiques) :

ADABIP : Adalia bipunctata (Linnaeus, 1758) ; ADADEC : Adalia decempunctata (Linnaeus, 1758) ;
ANINOV : Anisosticta novemdecimpunctata ;APHOBL : Aphidecta obliterata (Linnaeus, 175 8) ; BRUQUA
: Brumus (Exochomus) quadripustulatus (Linnaeus, 1758) ; CALDEC : Calvia decemguttata (Linnaeus,
1758) ; CALQUA : Calvia quatuordecimguttata (Linnaeus, 1758) ; CHIBIP : Chilocorus bipustulatus ;
CHIREN : Chilocorus renipustulatus (Scriba, 1790) ; COCQUI : Coccinella quinquepunctata Linnaeus,
1758 ; COCSEP : Coccinella septempunctata Linnaeus, 1758 ; HALSED : Halyzia sedecimguttata
(Linnaeus, 1758) ; HARAXY : Harmonia axyridis ; HARQUA : Harmonia quadripunctata (Pontoppidan,
1763) ; HIPVAR : Hippodamia variegata (Goeze, 1777) ; PLALUT : Platynaspis luteorubra ; PROQUA :
Propylea quatuordecimpunctata (Linnaeus, 1758) ; PSYVIG : Psyllobora vigintiduopunctata ; SUBVIG :

Subcoccinella vigintiquatuorpunctata ; TYTSED : Yÿtthaspis sedecimpunctata (Linnaeus, 175 8) ; VIBDUO :
Vibidia duodecimguttata.

Harmonia, 6

 

 

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Figure l. Nombre de sites sur lesquels chaque espèce a e'te' e’chantillonne'e, dans les placettes en milieu forestier
(haut) et en milieu ouvert (bas). Couleurs des histogrammes : espèces prèdatrices en gris ; espèce invasive (H.
axyridis) en noir ; espèces non-prèdatrices (phytophages ou mycophages) en blanc

Milieu ouven - 2009 (sans recherche active)

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Fig. 2. Densite’s (nombre moyen d'individus par placette) mesure’es dans les habitats ouverts en 2009 et en 2010.
Attention, les sites inventorie’s sont diffe’rents chaque anne'e !

Harmonia, 6

Milieu boisé - 2009 (sans recherche active)

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Milieu boisé - 2010 (sans recherche active)

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CALDE
HALSE
CALOU
COCSEP

Fig. 3. Densités (nombre moyen d'individus par placette) mesurées dans les habitats boisés en 2009 et en 2010.
Attention, les sites inventoriés sont différents chaque année !

Parmi les espèces plus communes rencontrées dans les milieux ouverts (Fig. 2), on retiendra
la présence de deux pionnières à tendance thermophile (Coccinella quinquepunctata et
Hippodamia variegata) sur respectivement 9 et 14 terrils, soit 25% et 40% des 35 sites
présentant des milieux ouverts.

D’une manière générale, nos inventaires ont montré des différences de densités entre 2009 et
2010. Ainsi, dans les placettes installées en milieu forestier, les densités de coccinelles étaient
légèrement plus faibles en 2010 (moyenne: 0,58 ex. par placette d’échantillonnage) qu’en
2009 (moyenne: 0,97 ex. par placette d’échantillonnage), mais cependant non significatives
(Test de Mann-Whitney-Wilcoxon, valeur du test : W=122,5 et probabilité d'accepter
l'hypothèse nulle (pas de différences entre les densités de 2009 et 2010) : p=0,69). Dans les
placettes installées en milieu ouvert, seule Coccinella septempunctata a montré des densités
plus élevées en 2010 qu’en 2009 avec respectivement 4,9 et 2,5 ex. par placette
d’échantillonnage (Godeau et al., 2011)

Un des faits qui ressort de nos inventaires est la colonisation des terrils par la Coccinelle
asiatique (Harmonia axyridis). Cette espèce, observée pour la première fois à l’état sauvage
en Belgique en 2001 a depuis lors colonisé une grande partie du pays (Adriaens et al., 2008).
Harmonia axyridis a été rencontrée sur 46 (sur base du protocole strict) des 55 terrils étudiés
et constitue dès lors la troisième espèce trouvée par ordre décroissant de fréquence. En termes
de densités par placette d’échantillonnage, cette espèce était celle rencontrée en plus grand
nombre en 2009 dans les milieux boisés. Cette situation a évolué en 2010 puisque, toujours
dans les milieux boisés, elle avait reculé au 6eme rang (Fig. 3).

Sur les 406 individus d’Harmonia axyridis capturés au cours des inventaires standardisés
réalisés en 2009 et 2010, la forme a pu être notée dans 403 cas. Les différentes formes sont
notamment présentées par Iablokoff-Khnzorian (1982) et sont visibles sur le site «The
Arlequin Ladybird Survey >> (http://www.harlequin-survey.org/recognising.htm#) qui a pour
but le suivi des populations d’Harmonia axyridis en Grande-Bretagne. Trois formes ont été
rencontrées au cours de notre étude: succinea, spectabilis et conspicua. Selon Brown et al.
(2008), il s’agit par ailleurs des principales formes rencontrées en Europe. Comme le signale

Harmonia, 6

cet auteur, la forme « succinea >> est en fait un complexe dans lequel sont présentes plusieurs
sous-formes rouges-orangées comptant de 0 à 21 points noirs. Dans notre appellation
«succinea >> sont donc reprises ces différentes formes. Alors que l’origine des différentes
formes d’Harmonia axyridis est génétique (divers auteurs in Michie et al., 2010), les
variations de couleur au sein d’une même forme ont, elles, une origine au moins partiellement
environnementale. Ainsi, Michie et al. (2010) ont par exemple observé que lorsque la
température est élevée, la forme succinea présente des points plus petits et moins nombreux,
ce qui réduit la partie noire des élytres et donc réduit les risques de «surchauffe». A
contrario, si la température est basse lors de leur développement, le taux de mélanisme
augmente, ce qui permet une absorption plus rapide de la chaleur.

Dans le cas qui nous concerne, sur 403 exemplaires, 79,9% appartenaient à la forme succinea,
15,4% à la forme spectabilis et 4,7% à la forme conspicua. A l’instar de ce qui est constaté
dans d’autres pays européens (Brown et al., 2008; Steenberg & Harding, 2008; Guinet,
2009), nous avons constaté la prédominance de la forme succinea.

La représentation de ces formes dans les habitats ouverts et boisés est très similaire. Il serait
toutefois hasardeux d'analyser précisément des différences entre ces habitats, étant donné la

disproportion entre le nombre total d'individus rencontrés dans l'un et l'autre habitat (Tableau
2).

 

 

 

 

 

 

 

Milieu boisé Milieu ouvert Milieu humide
(N : 378) (N : 23) (N : 2)
succinea 80,4 % 73,9 % 50%
spectabilis 15,3 % 17,4 % -
conspicua 4,2 % 8,7 % 50%

 

 

 

Tableau 2. Proportion des différentes formes de H. axyridis trouvées dans les 3 types d'habitats
(le nombre total d'individus par habitat est mentionné entête de colonne)

Pour la Belgique, il est intéressant de noter que Adriaens et al. (2008), sur base d’un
échantillon de 748 données, ont obtenu des résultats assez similaires avec respectivement
72%, 19% et 5%, les 4% restant concernant des individus mélaniques non spécifiquement
attribués à la forme spectabilis ou conspicua. Les résultats obtenus par Mentens et al. (2005)
sur des agrégats hivernaux (N = 1.838) récoltés sur 3 sites de Flandre donnaient également
des ordres de grandeurs assez proches: 69,6% de succinea, 17,6% de spectabilis, 8,2% de
conspicua et 4,6% de conspicua/Spectabilis.

Pour l’anecdote, signalons en 2009 l’observation d’un cas de prédation directe sur un adulte
Harmonia axyridis par la punaise Arma custos (Fabricius, 1794).

Conclusion

Les inventaires réalisés montrent que les terrils présentent, dans l’ensemble, une faune des
macro-coccinelles variée. Ceci est sans doute en partie dû aux conditions abiotiques
particulières de ces milieux. Ainsi, la chaleur et la siccité liées à la couleur noire du schiste
favorisent des espèces thermophiles et xérophiles qui ne rencontrent pas forcément de telles
conditions dans les environs ou dont les habitats (semi-)naturels (par exemple les sablières)
ont régressé ou disparaissent. Le caractère minéral du schiste freine également la colonisation
végétale, ce qui a tendance à favoriser des coccinelles pionnières.

Enfin, l’absence de pesticides et d'exploitation forestière sur ces sites et localement,
l’imbrication des terrils dans un tissu urbain et industriel dense confèrent aux terrils un rôle de
refuge pour de nombreuses espèces, dont certaines sont très localisées ou rares en Belgique.

Harmonia, 6

10

Que l'on s'intéresse aux Coccinellidae ou à tout autre groupe animal, végétal ou fongique, il
est clair qu'une gestion appropriée des terrils doit viser à favoriser la mixité des habitats,
depuis les stades de végétation pionnière sur le socle minéral jusqu'aux forêts âgées.

Remerciements : le projet dans le cadre duquel a été réalisée cette étude est soutenu par le
Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) et le Service Public de Wallonie.

 

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Harmonia, 6

12

 

 

     

       
 

 

Terril des Viviers - Gilly

  

Terril du Quesnoy - Trivières

 

 

 

Hippodamia variegata

Harmonia, 6

13

Les Coccinelles (Coleoptera Coccinellidae) de Polynésie française : état
actuel des connaissances

Vincent NICOLAS *

Résumé : cet article établit une liste critique des 22 espèces de coccinelles citées de Polynésie
française à partir de la littérature disponible. Plusieurs observations récentes sont également
intégrées.

Abstract : the author gives a critical list of the 22 ladybirds species known from French
Polynesia, based on available publications. Several recent mentions are also incorporated.

Mots-clefs : Polynésie française, Coccinellidae, faune, lutte biologique, introduction.

La rédaction de cette note a été motivée par l'examen de spécimens présents d’une part dans la
collection du Musée d'histoire naturelle de 1a ville de Genève et d’autre part photographiés in
vivo dans l’archipel polynésien. Malgré ces quelques données originales, cet article constitue
avant tout une synthèse bibliographique réalisée dans 1e cadre de nos travaux sur les
coccinelles des territoires français d'outre-mer.

La Polynésie française

Ce territoire situé dans l'océan Pacifique est composé d'environ 120 Îles pour une surface de
3520 km2. On distingue 5 archipels (la Société, les Marquises, les Australes, les Tuamotu et
les Gambier) englobant 12800 km de récifs et de lagons. Ces terres d'origine volcanique
peuvent présenter un relief élevé culminant à 2241 mètres à Tahiti, la plus étendue des Îles.
Son éloignement des côtes continentales a favorisé la spéciation, aboutissant à un taux
d'endémisme de 60% pour les végétaux. Cette richesse est particulièrement fragile et
menacée, notamment du fait de la pression d'urbanisation, des espèces introduites invasives,

de 1a surexploitation de certaines espèces et de 1a pollution des eaux (Ministère de l'Outre-
Mer, 2006).

Liste commentée des espèces

Cette liste constitue principalement une synthèse des éléments cités dans la littérature (voir la
bibliographie en fin d’article). Une synonymie partielle est précisée lorsqu’une des sources
consultées n’utilise pas le nom actuellement considéré comme valide.

Sous-famille des Scymninae

Scymnus insularis Boheman, 1859

Cette espèce est décrite de Tahiti, aucune autre localité n'est connue. Korschefsky (1931) suit
la description originale de Boheman en inscrivant cette espèce sous 1e genre Scymnus dans
son catalogue, mais le genre exact mériterait peut-être d'être précisé.

* Rouillac, route 141 - 16150 ETAGNAC ; vince_nicolas@yahoo.fr

Harmonia, 6

14

Scymnus ocellatus Sharp, 1885

Décrit d’HawaÏ et indiqué de tout le Pacifique central (dont la Polynésie) par Paulian (1998)
et Nishida (2008).

Nephusfljiensis (Sicard, 1922)
= Scymnusfijiensis Sicard

Cette coccinelle est connue des Iles Fidji, de Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Guinée,
Nouvelle-Bretagne, Samoa et Iles Cook. En ce qui concerne la Polynésie, Chazeau (1982) la
cite de Tahiti, Tahaa et Huahine (archipel de la Société). Indiquée comme aphidiphage par
Hammes et Putoa (1986), il s'agit pourtant selon Chazeau (1987) d'un prédateur efficace du
Pseudococcide de l'hibiscus Maconellicoccus hirsutus (Green).

Cryptolaemus montrouzieri Mulsant, 1853

Prédatrice de cochenilles mais également de certains pucerons (Leeper, 1976), cette espèce
australienne a été introduite en de nombreuses localités. Son introduction en Polynésie est liée
à la lutte contre la cochenille Aspidiotus destructor Signoret (Hammes & Putoa, 1986).
Largement distribuée dans le Pacifique (Paulian, 1998) et indiquée de Tahiti par Nishida
(2008).

Stethorus siphonulus Kapur, 1948

Cette petite coccinelle est donnée entre autres comme prédatrice d’acariens T etranychidae.
Citée sans localité par Hammes et Putoa (1986) et de Tahiti par Nishida (2008). Ce dernier
l'indique d'Australie, du Pacifique et de Malaisie.

Rodolia cardinalis (Mulsant, 1850)

Autre espèce australienne introduite en de nombreux points du globe (Amérique du Nord,
Antilles, Europe, Inde, Sri Lanka, Canaries etc.), R.cardinalis est prédatrice de cochenilles.
Elle est généralement utilisée contre les espèces du genre Icerya. Hoyt (1957) indique deux
introductions dans la Société contre Icerya seychellarum Westw., l'une depuis les Etats-Unis
en 1902, l'autre d'origine inconnue en 1948. Delobel (1977) précise que la tentative de 1948 a
été effectuée par Boubée mais que l’espèce ne semble pas s’être établie dans l’archipel.
Cochereau (1972) signale son introduction à Mangareva (Gambier), Amanu et Hao (Tuamotu)
pour contrôler les populations d’I.seychellarum sur l’Arbre à pain. Enfin, Nishida (2008)
l'indique simplement de Tahiti.

Rodolia pumila Weise, 1892

A l’image de R.cardinalis, cette espèce a été introduite à Tahiti pour lutter contre la cochenille
[seychellarum (Delobel, 1977). Cette introduction date de 1963 et concerne des individus de
Guam (archipel des Mariannes). Répartition (selon Chapin, 1965) : Hong Kong, Chine,
Taïwan, Micronésie.

Cryptognatha nodiceps Marshall, 1912

Originaire de Trinidad, cette coccinelle a été utilisée en lutte biologique dans plusieurs
régions du monde, notamment contre la cochenille Adestructor. C’est le cas en Polynésie où
Delobel (1977) cite plusieurs tentatives d’introduction. La première en 1953 à Bora-Bora
suivie d’une deuxième vague en 1960 concernait des individus importés des Îles Fidji. Une
troisième tentative a été réalisée à Rangiroa à partir d’insectes trinidadiens. Malgré ces lâchers

Harmonia, 6

15

répétés, elle ne semble pas s'être acclimatée en Polynésie française. Le hupe, vent froid qui
descend la nuit de la montagne au cours de la saison fraîche, est évoqué comme cause du
blocage de la reproduction de C.n0diceps à Tahiti (Cohic, 1960).

Sous-famille des Chilocorinae

Chilocorus nigritus (Fabricius, 1798)

Autre espèce largement utilisée en lutte biologique, Cnigritus se nourrit de cochenilles,
notamment du genre Aspidiotus. Du fait des introductions répétées, sa répartition mondiale est
très étendue : Asie du Pakistan à la Chine et jusqu'en Indonésie, Togo, Kenya, Tanzanie,
Afrique du sud, Seychelles, Comores, Mascareignes, Brésil, archipels du Pacifique. Cité de
Tahiti par Nishida (2008) et sans localité par Hammes et Putoa (1986).

Sous-famille des Coccidulinae

Pseudoazya trinitatis (Marshall, 1912)

Coccidophage, cette coccinelle est originaire d’Amérique du Sud septentrional et peut-être de
Trinidad et des Antilles (Gordon, 1980). Elle a fait l’objet d’introductions multiples, mais
semble s’être rarement acclimatée. En Polynésie (Tahiti et Tuamotu), elle a été introduite en
1962 depuis Trinidad contre Adestructor. D'après Delobel (1977), cette coccinelle ne s'est pas
acclimatée dans l'archipel polynésien.

Apolinus lividigaster (Mulsant, 1853)
= Scymnodes chapuisi Weise, 1923
= Scymnodes lividigaster Mulsant

Paulian (1998) et Nishida (2008) indiquent la présence des deux espèces chapuisi et
lividigaster. Ceux-ci ont récemment été mis en synonymie et placés dans le genre Apolinus
(Poorani & Slipinski, 2009). Cette espèce est prédatrice de pucerons Aphididae et de
cochenilles du genre Ceroplastes. Elle est connue d’Australie, de Tasmanie et de Nouvelle-
Calédonie ; Leeper (1976) l’indique également des Iles Hawaï et Midway.

Rhyzobius lophanthae (Blaisdell, 1892)

Originaire d'Australie, cette espèce a été introduite en divers points du monde (voir Cloupeau

& Durand, 2010), souvent comme prédateur d'A.destruct0r. Elle est signalée à Tahiti (district
de Punaauia) dès 1959 (Cochereau, 1965).

Rhyzobiusfagus (Broun, 1880)
= Rhyzobius satelles Blackburn, 1892

Espèce présente en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, aux îles Tonga et
en Afrique. Cette répartition est donnée par Tomaszewska (2010), qui ne signale pas la
présence de l'espèce en Polynésie. Rfagus est uniquement citée sous le nom de R.satelles,
d'une part par Hammes et Putoa (1986) comme prédatrice de la cochenille Adestructor, sans
précision de localité, et d'autre part de Tahiti par Nishida (2008).

Sous-famille des Coccinellinae

Coccinella transversalis Fabricius, 1781
= Coccinella repanda Thunberg, 1781

Harmonia, 6

16

Cette espèce aphidiphage est représentée dans la collection du MHNVG par un spécimen
présentant une coloration inhabituelle pour cette espèce. Typiquement, C.transversalis est
rouge à jaune orangé et ornée de bandes d'un noir profond, bien que la description de Paulian
(1998) fasse état d’une couleur élytrale foncière jaune. Ici, la coloration des élytres est jaune
pâle et les motifs sont brun clair. Il pourrait s'agir d'un jeune imago ou peut-être d'une variété
chromatique particulière. Indiqué de Tahiti par Nishida (2008) et sans localité par Hammes et
Putoa (1986). Répartition : de l'Inde au Japon, Asie du sud-est, Australie, Nouvelle-Zélande,
Nouvelle-Calédonie, Polynésie.

Papeete - Etenu, 20-25-IV-1979 (A. de Chambrier leg. ,‘ V. Nicolas der.) ,‘ Hiva 0a, vers
Elaone, 26-111-2010 W. Puntous leg. ,‘ V. Nicolas det.).

Olla v-nigrum (Mulsant, 1866)
= Olla abdominalis (Say, 1824)

Cette espèce originaire d'Amérique du Nord a été introduite en de nombreuses localités du
monde, parfois sans succès. Son introduction en Nouvelle-Calédonie par les services de
l'ORSTOM a été autorisée en janvier 1987. Elle s'y est bien acclimatée et représente
aujourd'hui l'une des espèces les plus fréquentes et les plus abondantes sur l'Île. Prédatrice de

pucerons et de psylles, notamment Heteropsylla cubana Crawford (Hammes & Putoa, 1986).
Citée de Tahiti par Nishida (2008).

Coelophora inaequalis (Fabricius, 1781)

Aphidiphage, elle peut également consommer d’autres proies comme de jeunes sauterelles.
Cochereau (1972) recommande également cette espèce dans la lutte contre les psylles.
Répartition : Inde, Sri Lanka, Asie du sud-est, Australie, archipels du Pacifique, Antilles.
Indiquée de Tahiti par Nishida (2008) et sans précision de localité par Hammes et Putoa.
(1986).

Harmonia octomaculata (Fabricius, 1781)
= Harmonia arcuata var. octomaculata F.

Cette grosse espèce aphidiphage est présente au moins à Tahiti. Sa répartition couvre l’Asie,
l’Australie et les archipels du Pacifique.

Papeete - Etenu, 20-25-IV-1979 (A. de Chambrier leg. ,‘ V. Nicolas der.) ,‘ Vallée de Papenoo,
30-IX-2009 (Y. Puntous leg. ,‘ V Nicolas det.).

Harmonia lapeyrousei (Boisduval, 1835)

Indiquée de Polynésie (sic !) par Iablokoff-Khnzorian (1982), l'espèce est en réalité décrite de
l'archipel des Salomon, plus précisément de l'Île de Vanikoro, par Boisduval. Korschefsky
(1932) la donne de Nouvelle-Guinée, ce qui, sans être exact, est un peu plus proche de la
vérité.

Psyllobora vigintimaculata (Say, 1824)
= Halyzia vigintimaculata (Say)

Sous le genre Halyzia, cette espèce est citée de « Tahiti >> dans les listes établies par Nishida
(2008) sans aucune autre information. Il est possible que cette mention soit reprise de
Boheman (1859) qui décrit de Tahiti Psyllobora viginti—signata, synonyme de
P.vigintimaculata selon Korschefsky (1932). P.vigintimaculata est une coccinelle mycophage
présente du sud du Canada au Mexique et occupe la majeure partie des Etats-Unis (Gordon,

1985).

Harmonia, 6

17

Psyllobora vigintiduopunctata (Linné, 1758) var. vigintipunctata Fabricius, 1775
= T hea vigintiduopunctata vigintipunctata (F.)

Ce taxon mycophage paléarctique est cité par Paulian (1998) puis par Nishida (2008), ce
dernier le localisant à Tahiti.

Sous-famille des Epilachninae

L’étude de cette sous-famille est particulièrement complexe dans les zones océanienne et
pacifique. Les révisions successives (Dieke, 1947; Bielawski, 1963 ; Richards, 1983 ; Li,
1993 ; Jadwiszczak & Wegrzynowicz, 2003) ont combiné, recombiné, isolé les aberrations,
variétés, espèces, créant une grande difficulté de compréhension. Il faut dire que les espèces
sont très variables et il est vraisemblable que certains taxons insulaires soient en cours de
spéciation.

Deux espèces sont citées de Polynésie française, mais leur identité exacte reste peut-être à
confirmer.

Henosepilachna urvillei (Montrouzier, 1 861)

Paulian (1998) décrit et illustre ce qu’il nomme Epilachna boisduvali ab. urvillei
Montrouzier. Néanmoins, l'individu dessiné ne correspond pas à la description et se rapproche
davantage de Henosepilachna vigintioctopunctata (F.) ou espèce affine. Nishida (2008)
l'indique de Tahiti et de Raiatea (archipel de la Société).

Henosepilachna vigintioctopunctata (Fabricius, 1775)

Hammes et Putoa (1986) indique la sous-espèce pardalis de Tahiti, se basant sur l’étude de
Richards (1983) pour l’identification. Ces auteurs précisent que cette coccinelle phytophage a
une préférence marquée pour les solanacées mais qu’elle se nourrit également d’autres
plantes, en particulier des cucurbitacées et des poacées. Elle est décrite comme nuisible aux
aubergines et aux haricots cultivés. Delobel (1977), recommande son contrôle en Polynésie
par l'introduction de deux hyménoptères Eulophidae. Nishida (2008) cite également cette
sous-espèce des « Iles de la Société >>.

Conclusion

La faune des coccinellides de Polynésie française est très majoritairement composée
d’espèces introduites (accidentellement ou volontairement, selon Paulian, 1998) et à
répartition souvent étendue. Leeper (1976) dressait un constat identique pour l’archipel
d’Hawaï.

Les 22 espèces listées ci-dessus ne constituent probablement pas une liste exhaustive de la
faune réellement présente à l’heure actuelle. De plus, l’acclimatation de certaines d’entre elles
demeure incertaine et mériterait vérification. L’objectif est donc de pouvoir compléter cet
article ultérieurement grâce à une mission de prospection sur place et, si possible, l'examen
d'autres collections privées ou publiques.

Harmonia, 6

18

 

A
p

  

É

I ,.
Harmonia octomaculata Coccinella transversalis

 

 

 

 

Remerciements : je remercie le Museum d'Histoire Naturelle de la Ville de Genève et plus
particulièrement Giulio Cuccodoro pour le prêt de spécimens polynésiens, Yvan Puntous pour
la transmission de ses photos (http://images-du-pays-des-ours.blogzoom.fr/), Janakiraman
Poorani pour l'envoi de ses travaux ainsi que Bernard Bal pour la relecture de cet article.

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Harmonia, 6

20

Notes on the overwintering of marshy forest ladybirds in Poland and on the
colour change in Sospita vigintiguttata throughout the winter

>l<

Jean-François GODEAU * & Piotr CERYNGIER *

Abstract : We present the results of investigations performed in the Kampinos National Park
(central Poland) during the winter 2010-2011. Calvia quindecimguttata and C. decemguttata
were found in large numbers in the litter of both wet and dry forests. Sospita vigintiguttata
was not present in the litter of marshy forests. We determined that S. vigintiguttata leave the
litter layer when they switched into their black-and-yellow coloration pattern.

Résumé : Nous présentons les résultats des prospections réalisées dans le Parc National de
Kampinos (Pologne centrale) durant l’hiver 2010-2011. Calvia quindecimguttata et
C. decemguttata ont été trouvées en grande quantité dans la litière de forêts humides et
sèches. Sospita vigintiguttata n’était pas présente dans la litière des forêts marécageuses.
Nous avons mis en évidence que les individus de S. vigintiguttata quittent la litière lorsqu’ils
acquièrent leur coloration noire et jaune.

Keywords: Poland, ladybird overwintering, litter sampling, Alnus glutinosa, Sospita
vigintiguttata, Calvia quindecimguttata.

Introduction

The alder carr forests growing on marshy soils are known to host some rare ladybird species:
Sospita vigintiguttata (Linnaeus 1758) (e.g. Fürsch 1967, Palmeri et al. 1997, Iablokoff-
Khnzorian 1982) and Calvia quindecimguttata (Fabricius 1777) (e.g. Fürsch 1967, Iablokoff-
Khnzorian 1982, Durand & Cloupeau 2008). The ecology of these two species is
unfortunately poorly described in the literature, probably because these species are rare and
because their habitat is uneasy to investigate. The overwintering conditions of these species
are also poorly documented as marshy forests are usually flooded during the winter.

Sospita vigintiguttata is known to have two different colour patterns, one is brown-and-white
and the other black-and-yellow. Some authors proposed that these two forms are found
together in natural populations with different proportions depending on the location, similarly
to other polymorphic ladybird species (Bovie 1897, Dobzhansky 1937 in Kreissel 1959,
Iablokoff-Khnzorian 1982). Conversely, other authors noticed that all the specimens observed
in the autumn were brown-and-white whereas all those found in spring were black-and-
yellow, suggesting that the same individuals might acquire a new coloration during the winter
(Kreissel 1959, Fürsch 1967, Klausnitzer & Klausnitzer 1997).

We present here the results of investigations performed in central Poland during the winter
2010-2011. We provide the species composition of overwintering ladybirds and the change of
the coloration of Sospita vigintiguttata.

Study area and methods

Our study site was located in the Kampinos National Park in central Poland (Mazovian
province). It included an inland dune mostly covered by a mixed oak—pine forest (Querco

:*jfgodeau@gmail.com
Centre for Ecological Research PAS, Dziekanow Lesny, 05-092 Lomianki, Poland ; ceryngier@cbe-pan.pl

Harmonia, 6

21

roboriS-Pinetum) and a swampy area at the foot of that dune with the alder carr forest (Ribeso
nigri-Alnetum) growing there. In this alder carr patch, Sospita vigintiguttata and Calvia
quindecimguttata were previously observed to breed abundantly (Ceryngier & Godeau,
unpubl.).

Ladybird beetles were collected in both forest types, but the sampling effort was biased
towards relatively dry oak-pine forest, because the main part of the alder carr was flooded.
Therefore, the litter samples in the latter habitat could only be collected on ’islets’ emerging
above the water level and on the ridge of the flooded area. The site was Visited once a month
from November 2010 to April 2011. One Visit lasted up to 3 hours, besides in November
when three short Visits were performed instead of one.

The sampling was performed by means of a combination of the following methods:

> Visual search on the vegetation, in the litter and under tree bark,
> Winkler sieVing of the litter,
> beating of the branches of trees.

The collected ladybirds were identified and kept in Petri dishes in unheated glasshouse during
the winter. Once a month we checked ladybird mortality and parasitization (data not presented
here), and photographed S. vigintiguttata individuals to document their colour changes.

Results & discussion
Species composition of overwintering ladybirds

The most common species that we collected was Calvia quindecimguttata (39% of the litter-
collected ladybirds), followed by Calvia decemguttata (Linnaeus 1758) (25%),
S. vigintiguttata (13%) and Calvia quatuordecimguttata (Linnaeus 1758) (7%). Altogether,
S. vigintiguttata and the three species of Calvia represented 84% of the specimens found in
the litter (Table 1). When including all sampling methods, these four species remained the
most numerous. We also found Chilocorus bipustulatus (Linnaeus 1758) much more often on
trees (under bark) than in the litter.

Litter Above litter Total

Adalia decempunctata (Linnaeus 1758) 8 8 16
Anatis ocellata (Linnaeus 1758) 3 1 4
Anisosticta novemdecimpunctata (Linnaeus 175 8) 0 2 2
Calvia decemguttata (Linnaeus 1758) 47 20 67
Calvia quatuordecimguttata (Linnaeus 1758) 14 14 28
Calvia quindecimguttata (Fabricius 1777) 75 19 94
Chilocorus bipustulatus (Linnaeus 1758) 4 25 29
Chilocorus renipustulatus (Scriba 1790) 1 0 1
Coccidula rufa (Herbst 1783) 1 2 3
Exochomus quadripustulatus (Linnaeus 175 8) 3 0 3
Hippodamia tredecimpunctata (Linnaeus 1758) 0 2 2
Oenopia conglobata (Linnaeus 1758) 1 0 1
Oenopia impustulata(Linnaeus 1758) 1 0 1
Propylea quatuordecimpunctata (Linnaeus 175 8) 9 2 11
Sospita vigintiguttata (Linnaeus 1758) 25 15 40
T ytthaspis sedecimpunctata (Linnaeus 175 8) 0 1 1

Table 1. Numbers of individuals of ladybird species collected during the winter 2010-2011

Harmonia, 6

22

A comparison of the species found in the litter of alder carr and oak-pine forests (Figure l)
revealed that Calvia quindecimguttata and C. decemguttata were the most common in both
habitats. Surprisingly, no S. vigintiguttata was found in the litter of alder forest; only active
specimens were sampled on branches ofAlnus glutinosa (Linne) Gaertn. (1790) in November
(l specimen) and in April (16 specimens, at least some of them sexually mature).

We found 12 species in the litter of oak-pine forest and only 5 in that of alder carr. This
difference is probably partly due to the unequal sampling effort, however the conditions of
overwintering in such wet places, submitted to regular flooding, seem to be less suitable for
such species as e.g. Propylea quatuordecimpuctata, Adalia decempunctata or Anatis ocellata.

Our late winter and early spring observations indicate that S. vigintiguttata left the litter
before April, when C. quindecimguttata and C. decemguttata were still common in their
overwintering shelters.

 

Habitat
8 I Ribeso nigri-Alnetum
Ü Quercoroboris-Pinetum
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Figure l. Proportion of individuals of each species of ladybirds found
in the litter of dry (Querco roboris-Pinetum) and wet (Ribeso nigri-Alnetum) forests.

Symbols of ladybird species: CALQUI : Calvia quindecimguttata, CALDEC : Calvia decemguttata, SOSVIG
: Sospita vigintiguttata, CALQUA : Calvia quatuordecimguttata, PROQUA : Propylea quatuordecimpunctata,
ADADEC : Adalia decempunctata, CHIBIP : Chilocorus bipustulatus, ANAOCE : Anatis ocellata, EXOQUA
: Exochomus quadripustulatus, CHIREN : Chilocorus renipustulatus, COCRUF : Coccidula rufa, OENCON :
Oenopia conglobata, OENIMP : Oenopia impustulata.

The colour switching of Sospita vigintiguttata

S. vigintiguttata individuals kept in Petri dishes in the unheated glasshouse, as well as those
found in the field during the winter had brown-and-white pattern until March. White dots
slowly turned into yellow from February with the quickest changes in March. The brown
background colour started to switch into dark in March and the final deep black appeared
suddenly in April (Figure 3). Consequently, only few S. vigintiguttata with the black-and-
yellow pattern were found overwintering in the litter.

To briefly conclude this study, we observed that S. vigintiguttata does not overwinter in the
litter of its breeding habitat (alder carr forest) but at some distance where the soil is not
flooded. Conversely, C. quindecimguttata and C. decemguttata were found in large numbers
in the litter of both wet and dry forests. We could also deterrnine that S. vigintiguttata left the

Harmonia, 6

23

litter layer when they switched into their final coloration pattern. This occurred around
March-April in central Poland.

 

Figure 2. Marshy forests and associated habitats in Kampinos National Park in March (left) and in July (right)
Where breeding populations of Sospita vigintiguttata and Calvia quindecimguttata were found.

    

FEB 2011 MA'R 2011?;r .APR 20L11’ _<

,7

Figure 3. Series of pictures of two
individuals, one above and a second below,
of Sospita vigintiguttata collected in
November 2010 in the litter.

   

References

BOVIE A., 1897. Les Coccinelles de Belgique. Annales de la Société Entomologique de
Belgique, 4l : 133-162.

DOBZHANSKY T., 1937. Übersetzt von Lerche W. 1939. Die genetischen Grunlagen der
Artbildung in KREISSL E., 1959. Zur Kenntnis der Käfer Steiermark (l. Beitrag) Familie
Coccinellidae (Kugelkäfer, Marienkäfer). Mitteilungen der Abteilung fiir Zoologie und
Botanik am Landesmuseum J oanneum in Graz. 46 p.

DURAND O. & CLOUPEAU R., 2008. CalVia (AnisocalVia) quindecimguttata (Fabricius,
1777) dans le Maine-et—Loire (F-49) (Coleoptera Coccinellidae). Harmonia, l : 17-19.

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FÜRSCH H., 1967. Coccinellidae, in FREUDE H., HARDE K.W. & LHOSE G.A.: Die
Käfer Mitteleuropas. Band VII. Goecke & Evers, Krefeld : 227-279.

IABLOKOFF-KHNZORIAN S.M., 1982. Les Coccinelles. Coléoptères Coccinellidae. Tribu
Coccinellini des régions Paléractique et Orientale. Société Nouvelle des Editions Boubée,
Paris. 568 p.

KLAUSNITZER B. & KLAUSNITZER H., 1997. Marienkäfer. Die Neue Brehm—Bücherei
451. Westarp Wissenschaften, Magdeburg. 175 p.

KREISSL E., 1959. Zur Kenntnis der Käfer Steiermark (l. Beitrag) Familie Coccinellidae
(Kugelkäfer, Marienkäfer). Mitteilungen Der Abteilung fiir Zoologie und Botanik am
Landesmuseum Joanneum in Graz. 46 p.

PALMERI V., RUSSO A. & LONGO S., 1996. On food preferences of CalVia
quatuordecimguttata and Sospita Vigintiguttata (Coleoptera, Coccinellidae) in Alder woods of

Southern Italy. Proceedings of the XX International congress of entomology . Firenze (Italy).
528 p.

Harmonia, 6

25

A la recherche de T ytthaspis sedecimpunctata (L.)

Vincent NICOLAS *

Résumé : cette courte note traite de quelques observations réalisées sur la coccinelle
T ytthaspis sedecimpunctata, notamment sur ses sites d'hivernage.

Abstract : This short note gives some observations on the ladybug Tytthaspis
sedecimpunctata, including its hivernation sites.

Mots-clefs: coléoptères, Coccinellidae, Tytthaspis sedecimpunctata, hivernage, Ruscus
aculeatus, bocage.

Récemment, un collègue novice me transmit ce commentaire avec la liste de ses captures :
« T ytthaspis sedecimpunctata est réputée commune et abondante, et pourtant je ne la trouve
qu’occasionnellement ! >>.

La réponse tient en une double question : où et comment la cherchez-vous ?

D’après la littérature, les milieux secs et sablonneux (notamment les prairies) sont nettement
privilégiés (Iablokoff-Khnzorian, 1982 ; San Martin & al., 2006 etc.). Néanmoins, d’après nos
propres observations, cette espèce fréquente également les prairies humides (y compris les
prés salés) mais aussi les roselières, les cariçaies, les mégaphorbiaies et autres habitats
humides. On la trouve également sur les jeunes arbustes, exceptionnellement sur des résineux
adultes (Nicolas, 2010).

Le fauchage de la végétation herbacée doit donc prendre le dessus sur le battage de branches
et la recherche à vue pour cette espèce.

A présent, poursuivons un peu plus loin le questionnement : comment la voir en abondance ?

Evidemment, la probabilité de la capturer en grand nombre est plus élevée là où les
champignons (Erysiphae) dont elle se nourrit abondent. A noter que le spectre de son régime
alimentaire peut être plus large avec la consommation de pucerons - Aphis gossypii Glov. -

(De Gunst, 1978), de thysanoptères, d’acariens et du pollen de plantes herbacées (Klausnitzer
& Klausnitzer, 1997).

Cette année semble très favorable à certaines coccinelles de la strate herbacée, dont
Tsedecimpunctata. J’ai récemment eu l’occasion d’effectuer des captures « miraculeuses >> de
cette espèce dans des cultures de blé rachitique du fait de la sécheresse et sur les bords de
chemin en zone calcaire (département de la Vienne). La densité estimée sur ces milieux
atteignait 30 à 50 individus au mètre carré fauché. Coccinella septempunctata L. et Scymnus
frontalis (F.) ont été simultanément récoltés en nombre important durant cette chaude journée.

Beaucoup de coccinellophiles gardent en mémoire l'illustration figurant en couverture de
l'ouvrage de Iablokoff-Khnzorian (1982) et montrant plusieurs individus de cette espèce

exploitant le pollen d'une marguerite. Pour ma part, je n'ai observé qu'une fois ces petites
agglomérations florales, sur une matricaire.

* Rouillac, route 141 - 16150 ETAGNAC ; vince_nicolas@yahoo.fr

Harmonia, 6

26

La recherche des concentrations hivernales apparaît comme une piste sérieuse pour observer
des effectifs remarquables. Je placerais en tête des meilleurs gîtes d'hivernage les bottes de
paille stockées en marge des prairies, hélas aujourd'hui fréquemment scellées dans du
plastique. Dans une moindre mesure, j'ai découvert que les buissons bas et denses de
Fragonnette, ou Fragon petit-houx (Ruscus aculeatus), que l'on trouve régulièrement dans les
haies du bocage de la Basse-Marche et de la Charente limousine sont susceptibles d'accueillir
des individus hivernants. Le type d'habitat prairial contigu est sans aucun doute déterminant,
mais je possède encore trop peu de données pour détailler ce point.

Dans ces abris, on trouve également l'ubiquiste C. septempunctata, plus rarement Rhyzobius
chrysomeloides (Herbst), Propylea quatuordecimpunctata (L.) ou encore Clitosthetus
arcuatus (Rossi).

Iablokoff-Khnzorian (1982) évoque lui aussi des «agglomérations hibemantes de 50 à 150
exemplaires sur une centaine de mètres carrés à basse altitude ». Nedvèd (2006) relate quant à
lui une agrégation estimée à 2000 individus dans les herbes au pied des façades sud et ouest
d'un bâtiment en République Tchèque. Les observations décrites ici concernent des densités
de l'ordre de 50 individus au mètre carré, mais sur des superficies à priori moindres. Enfin, en
Grande-Bretagne, Majerus & Kearns (1989) signalent une agglomération estimée à 10 000
individus.

Je ne recommande pas pour autant la prospection des sites potentiels d'hibernation au cœur de
l'hiver, afin de ne pas contribuer à la « casse» hivernale des reproducteurs du printemps à
venir. Néanmoins, il est possible d'effectuer ces recherches lors des premiers signes de
l'arrivée du printemps (courant mars). Il reste en effet beaucoup à connaître sur cette phase
délicate du cycle vital des coccinelles.

    

 

T ytthaspis sedecimpunctata

Ruscus aculeatus

Bibliographie
DE GUNST J.H., 1978. De Nederlandse Lieveheersbeestjes, Coleoptera — Coccinellidae.

KNNV, Hoogwoud. 120 p.

IABLOKOFF-KHNZORIAN S.M., 1982. Les coccinelles. Coléoptères Coccinellidae.
Boubée, Paris. 568 p.

KLAUSNITZER B. & KLAUSNITZER H., 1997. Marienkäfer. Westwarp Wissenschaften,
Magdeburg. 175 p.

Harmonia, 6

27

MAJERUS M. & KEARNS P., 1989. Ladybirds. Naturalists’ Handbooks 10. Richmond
publishing. 103 p.

NEDVED 0., 2006. Ephemeral overwintering aggregations of ladybirds in South Bohemia.
Silva Gabreta, 12 (3) : 151-155.

NICOLAS V., 2010. Un rassemblement spectaculaire de Vibidia duodecimguttata (Poda,
1761) et autres notes de chasse. Harmonia, 5 : 3-7.

Harmonia, 6

28

HARMONIA

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